GuideTechnique LCPC GTINPONT

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 128

GT Inpont.

qxd 23/01/2009 09:10 Page 1

techniques et mthodes
des laboratoires des ponts et chausses

Investigations et valuations dynamiques des ponts


Lvaluation dynamique exprimentale des ouvrages est une discipline aujourdhui en vogue dans le gnie civil.
La conception de structures toujours plus souples et flexibles ncessite dvaluer leur aptitude au service vis-
-vis de sollicitations dynamiques.
Ce guide technique a pour vocation de prsenter les principaux concepts et principes qui motivent la ralisation
dinvestigations dynamiques sur les ponts. Il insiste donc autant sur les enjeux mtrologiques et
dinstrumentation que sur les finalits des investigations. Les preuves vibratoires sont en effet effectues des
fins diverses : tests de vibration, analyse structurale, surveillance et diagnostic, mesures de confort.
Ce guide est divis en 4 grands chapitres, complt par un chapitre dexemples. Le premier est un chapitre
introductif, prcisant le cadre oprationnel des investigations dynamiques. Il intresse directement les matres
douvrages ou les gestionnaires douvrages. Le second chapitre synthtise les objectifs principaux motivant ces
investigations et les applications pratiques. Il est destin aux bureaux dtudes susceptibles de proposer des
preuves vibratoires des matres douvrages ou des gestionnaires. Le troisime chapitre traite de la mise en
uvre oprationnelle des investigations dynamiques : il concerne notamment les laboratoires ou entreprises en
charge de linstrumentation des ouvrages. Enfin, le quatrime chapitre effectue une prsentation des mthodes
dvaluation dynamique. Il offre ainsi aux bureaux dtudes, laboratoires et entreprises un aperu des mthodes
danalyse offertes ce jour et dusage courant.
Ce guide est donc destin tout acteur du gnie civil souhaitant approfondir ses connaissances dans le
domaine des investigations et des valuations dynamiques.

Experimental dynamic assessment is a very popular technical and scientific field in civil engineering. The design
of light and flexible structures requires assessing correctly their serviceability in regards of dynamic loadings. Guide technique
These guidelines are dedicated to introduce the essential concepts and principles that base dynamic testing on

Investigations et valuations
bridges. It insists on the instrumentation aspects as well as on the objectives of these investigations. Dynamic
tests are indeed performed for various reasons: vibration tests, structural analysis, diagnosis, comfort.
These guidelines are divided into 4 chapters, with an additional chapter of examples. The first chapter is an

dynamiques des ponts


introduction which highlights the operational framework of the dynamic tests. Bridge managers will find the
essential features of dynamic assessment. The second chapter synthesizes the principal objectives which
motivate tests and present practical applications. It is dedicated to design offices that can advice bridge
managers to perform dynamic tests. The third chapter is related to the practical implementation of dynamic
investigations: consultants and laboratories in charge of bridges instrumentations can find valuable information.
At last, the fourth chapter is a general presentation of the methods and techniques for analysing data. This
chapter provides a general overview of todays techniques for design offices, laboratories and contractors.
These guidelines are therefore intended to any civil engineer who wishes to improve his knowledge in the field
of dynamic testing and assessment.

ISSN 1151-1516

Rf : GTINPONT
Prix : 45 Euros HT
Conformment la note du 04/07/2014 de la direction gnrale de l'Ifsttar prcisant la politique de
diffusion des ouvrages parus dans les collections dites par l'Institut, la reproduction de cet ouvrage est
autorise selon les termes de la licence CC BY-NC-ND. Cette licence autorise la redistribution non
commerciale de copies identiques loriginal. Dans ce cadre, cet ouvrage peut tre copi, distribu et
communiqu par tous moyens et sous tous formats.
Attribution Vous devez crditer l'Oeuvre et intgrer un lien vers la licence. Vous devez indiquer ces
informations par tous les moyens possibles mais vous ne pouvez pas suggrer que l'Ifsttar vous
soutient ou soutient la faon dont vous avez utilis son Oeuvre.

Pas dUtilisation Commerciale Vous n'tes pas autoris faire un usage commercial de cette
Oeuvre, tout ou partie du matriel la composant.
(CC BY-NC-ND 4.0)
Pas de modifications Dans le cas o vous effectuez une adaptation, que vous transformez, ou
crez partir du matriel composant l'Oeuvre originale (par exemple, une traduction, etc.), vous
n'tes pas autoris distribuer ou mettre disposition l'Oeuvre modifie.

Le patrimoine scientifique de l'Ifsttar


Le libre accs l'information scientifique est aujourd'hui devenu essentiel pour favoriser la circulation du
savoir et pour contribuer l'innovation et au dveloppement socio-conomique. Pour que les rsultats des
recherches soient plus largement diffuss, lus et utiliss pour de nouveaux travaux, lIfsttar a entrepris la
numrisation et la mise en ligne de son fonds documentaire. Ainsi, en complment des ouvrages
disponibles la vente, certaines rfrences des collections de l'INRETS et du LCPC sont ds prsent
mises disposition en tlchargement gratuit selon les termes de la licence Creative Commons CC
BY-NC-ND.

Le service Politique ditoriale scientifique et technique de l'Ifsttar diffuse diffrentes collections qui sont
le reflet des recherches menes par l'institut :
Les collections de l'INRETS, Actes
Les collections de l'INRETS, Outils et Mthodes
Les collections de l'INRETS, Recherches
Les collections de l'INRETS, Synthses
Les collections du LCPC, Actes
Les collections du LCPC, Etudes et recherches des laboratoires des ponts et chausses
Les collections du LCPC, Rapport de recherche des laboratoires des ponts et chausses
Les collections du LCPC, Techniques et mthodes des laboratoires des ponts et chausses, Guide
technique
Les collections du LCPC, Techniques et mthodes des laboratoires des ponts et chausses, Mthode
d'essai

www.ifsttar.fr

Institut Franais des Sciences et Techniques des Rseaux,


de l'Amnagement et des Transports
14-20 Boulevard Newton, Cit Descartes, Champs sur Marne
F-77447 Marne la Valle Cedex 2
Contact : diffusion-publications@ifsttar.fr
Investigations et valuations
dynamiques des ponts

Guide technique

Fvrier 2009

Laboratoire Central des Ponts et Chausses


58, bd Lefebvre, F 75732 Paris Cedex 15
Ce document a t rdig par :

M. Christian Crmona (LCPC),

avec la participation de :

M. Yves Gautier (CETE Sud-Ouest),


M. Renaud Leconte (CETE Lyon).

Pour commander cet ouvrage :

Laboratoire Central des Ponts et Chausses


DISTC-Diffusion des ditions
58, boulevard Lefebvre
F-75732 PARIS CEDEX 15
Tlphone : 01 40 43 50 20
Tlcopie : 01 40 43 54 95
Internet : http://www.lcpc.fr

Prix : 45 HT

En couverture : preuves de chargement dynamique sur le viaduc de Verrires.

Ce document est proprit du Laboratoire Central des Ponts et Chausses et ne peut tre reproduit,
mme partiellement, sans lautorisation de son directeur gnral (ou de ses reprsentants autoriss).
2008 - LCPC
ISSN 1151-1516
ISBN 978-2-7208-2522-0
N DOI/Crossref 10.3829/gt-gtinpont-fr
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Sommaire
1. INTRODUCTION.....................................................................................................................5
1.1. PRINCIPES GNRAUX ......................................................................................................... 5
1.2. CHAMPS DAPPLICATIONS .................................................................................................... 7
1.2.1. Ouvrages en construction.......................................................................................... 7
1.2.2. Ouvrages en cours de rception ............................................................................... 8
1.2.3. Ouvrages en service.................................................................................................. 9
1.2.4. Suivi local ou global ? ...............................................................................................11
1.3. DOCUMENTS DE RFRENCE ............................................................................................. 13

2. TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES ....................................................... 15


2.1. MESURES DE CONFORT ..................................................................................................... 15
2.2. VALUATION DES SOLLICITATIONS .................................................................................... 17
2.2.1. Dtermination de coefficients de majoration dynamique ......................................... 17
2.2.2. Dtermination de contraintes induites et dure de vie en fatigue............................ 20
2.2.3. Dtermination de tensions dans les cbles ............................................................. 22
2.3. ANALYSE STRUCTURALE.................................................................................................... 23
2.3.1. Analyse modale exprimentale ou oprationnelle ................................................... 23
2.3.2. Identification structurale........................................................................................... 25
2.3.3. Vrification de laptitude au service ......................................................................... 26
2.4. SURVEILLANCE DU COMPORTEMENT ................................................................................ 27
2.4.1. Dtermination de linfluence des paramtres environnementaux............................ 27
2.4.2. Vrification de lefficacit de mesures de renforcement .......................................... 28
2.4.3. Identification de comportements vibratoires anormaux ........................................... 30
2.4.4. Vrification de lintgrit structurale pendant et aprs un phnomne
exceptionnel ............................................................................................................. 30
2.4.5. Diagnostic dendommagement ................................................................................ 30

3. PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES ........................................... 35


3.1. CHOIX DUNE SOURCE DEXCITATION................................................................................. 35
3.1.1. Essais sous conditions contrles........................................................................... 36
3.1.2. Essais sous vibrations ambiantes ........................................................................... 38
3.2. CHOIX DES DONNES ACQURIR .................................................................................... 40
3.2.1. Choix de la grandeur mesurer .............................................................................. 40
3.2.2. Choix mtrologique.................................................................................................. 40
3.3. CAPTEURS .......................................................................................................................... 41
3.3.1. Mesures de dformation .......................................................................................... 42
3.3.2. Mesures de dplacement ........................................................................................ 46
3.3.3. Acclromtres ........................................................................................................ 50
3.3.4. Vlocimtres ............................................................................................................ 52
3.4. FIXATION DES CAPTEURS ................................................................................................... 53
3.5. ACQUISITION DES DONNES .............................................................................................. 58
3.5.1. Principes technologiques......................................................................................... 58
3.5.2. chantillonnage ....................................................................................................... 58
3.5.3. talonnage et bruit de fond ..................................................................................... 60
3.6. PLAN DINSTRUMENTATION ................................................................................................ 61
3.7. PRPARATION, ORGANISATION ET REPORTAGE DUNE INVESTIGATION
3
DYNAMIQUE ....................................................................................................................... 64
4. PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES .................................................... 65
4.1. ANALYSE DES SIGNAUX BRUTS ......................................................................................... 65
4.1.1. Amplitudes maximales et histogrammes deffets .................................................... 65
4.1.2. nergie, puissance moyenne, densits spectrales de puissance ........................... 66
4.1.3. Dtermination des dpassements de niveaux......................................................... 69
4.1.4. Dtermination des rainflows .................................................................................... 71
4.2. ANALYSES TEMPS-FRQUENCE ......................................................................................... 74
4.2.1. Spectrogramme ....................................................................................................... 74
4.2.2. Ondelettes ............................................................................................................... 75
4.3. IDENTIFICATION MODALE ................................................................................................... 77
4.3.1. Relation entre modes solutions complexes et solutions relles .............................. 80
4.3.2. Validation des rsultats de lanalyse modale exprimentale ................................... 80
4.3.3. Actualisation de modle .......................................................................................... 82
4.3.4. Indicateurs de modifications structurales ................................................................ 82

5. MISES EN UVRE PRATIQUES........................................................................................ 89

BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................... 99

ANNEXE A : LEMENTS DANALYSE VIBRATOIRE .......................................................... 101


A.1. PROCESSUS STATIONNAIRES - PROCESSUS ERGODIQUES ............................................ 101
A.2. MOYENNE VARIANCE ..................................................................................................... 102
A.3. COVARIANCE CORRLATION ......................................................................................... 102
A.4. DRIVE DUN PROCESSUS STOCHASTIQUE .................................................................. 103
A.5. DENSIT SPECTRALE DE PUISSANCE.............................................................................. 104
A.6. DPASSEMENTS DE NIVEAUX .......................................................................................... 105
A.6.1. Dpassements moyen dun niveau ....................................................................... 106
A.6.2. Priode de retour .................................................................................................. 106
A.6.3. Facteur de pointe .................................................................................................. 107
A.7. CALCUL PRATIQUE DES DENSITS SPECTRALES DE PUISSANCE .................................. 109

ANNEXE B : CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE ..............................111


B.1. RAPPEL DANALYSE MODALE ........................................................................................... 111
B.1.1. Oscillations libres ................................................................................................... 111
B.1.2. Dcrment logarithmique .......................................................................................112
B.1.3. Oscillations forces harmoniques ..........................................................................113
B.1.4. Oscillations forces alatoires ...............................................................................115
B.1.5. Fonctions de rponse.............................................................................................116
B.2. MODES PROPRES DE VIBRATION ......................................................................................117
B.2.1. Solution de lquation homogne non amortie .......................................................117
B.2.2. Orthogonalit des modes propres de vibration ......................................................118
B.2.3. Choix dune base de mode propre .........................................................................119
B.2.4. Matrice de transfert ................................................................................................119
B.3. MTHODES PRATIQUES DIDENTIFICATION MODALE EN ANALYSE MODALE
EXPRIMENTALE ............................................................................................................. 120
B.3.1. Appropriation modale ............................................................................................ 120
B.3.2. Identification des fonctions de transfert................................................................. 120
B.3.3. Exponentielles complexes amorties ...................................................................... 120
B.3.4. Mthodes didentification entre/sortie.................................................................. 121

ANNEXE C : SPCIFICATION DES CAPTEURS................................................................ 123

4
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

1. Introduction

1.1. Principes gnraux


La ralisation dessais vibratoires a t formalise pendant et aprs la seconde guerre mondiale,
la construction davions ayant t un lment moteur du dveloppement de ces essais dont
lobjectif tait dapprhender des phnomnes particuliers conduisant certaines dfaillances sous
sollicitations rptes et rapides. Les essais modernes ne sont que des prolongements plus ou
moins sophistiqus de ces toutes premires investigations. Ainsi, en Suisse, la ralisation dessais
dynamiques sur les ponts routiers de plus de 20 m de porte a dbut dans les annes 1920 ; ces
tests taient effectus en faisant circuler sur un ouvrage un vhicule calibr diffrentes vitesses.
Il ne faut pas confondre essais ou investigations dynamiques et valuation dynamique. Les essais
dynamiques visent effectuer des mesures de grandeurs physiques (acclrations, dplacements,
vitesses, dformations, etc.) variant rapidement au cours du temps. Ces investigations dynamiques
galement appeles mesures de vibration recouvrent deux familles diffrentes :
1. les preuves dynamiques, qui sont ralises de manire ponctuelle des instants donns de la
vie de louvrage,
2. la surveillance dynamique, qui consiste acqurir de manire continue ou sur seuil les grandeurs
physiques dimportance.
La ralisation dinvestigations dynamiques rpond des objectifs dvaluation qui portent sur :
1. la vrification de la performance structurale en phases de construction, de rception et de ser-
vice,
2. lapprciation de laptitude au service en phase de rception et de service,
3. la dtermination des caractristiques vibratoires pour calibrer un modle numrique et pour le
diagnostic,
4. le retour dexprience.
Lvaluation dynamique vise donc tirer des mesures rsultant des investigations dynamiques
une information susceptible dapporter une apprciation plus pertinente de la performance dun
ouvrage sur son cycle de vie (construction, rception, service). Suivant linstant dans le cycle de
vie, la mesure, lacquisition, le traitement de linformation seront diffrents et ne correspondront pas
ncessairement aux mmes objectifs.
Comme dans tout processus de mesure et dvaluation, il ne faut pas ngliger la part reprsente
par les incertitudes et les erreurs (Fig.1). Les objectifs prcdents mettent en vidence limportance 5
des investigations et des valuations dynamiques tout au long du cycle de vie dun ouvrage (Fig. 2).
CHAPITRE 1 INTRODUCTION

Investigation et/ou surveillance dynamique

Mesures de vibration Modlisation structurale

Incertitudes de mesures Incertitudes de modlisation

Identification
Analyse dynamique
des caractristiques vibratoires

Incertitudes d'identification Incertitudes d'analyse

valuation dynamique

Incertitudes d'valuation

FIGURE 1
Incertitudes dans les processus dvaluation dynamique.

Cycle Objectifs des investigations Type d'investigations Aspects pratiques


de vie et/ou de la surveillance dynamique dynamique Type d'analyse

Dfinition des plans


Anticipation Choix mtrologique
Conception d'instrumentation
de la performance structurale (capteurs, systme d'acquisition)
(construction, rception)

valuation des sollicitations Choix de la source d'excitation


Construction Contrle d'excution (ambiante, impact, harmonique)
Surveillance de comportement

Validation Analyse structurale Choix de la mthode exprimentale


Rception d'acquisition des donnes
de la performance structurale Mesures de confort
(sur seuil, continue)

Analyse structurale actualise


Suivi
Service Surveillance de comportement Choix de la mthode
de la performance structurale
valuation des sollicitations d'analyse du signal
(temporel, frquentiel)
valuation des sollicitations
Vrification Analyse structurale
Maintenance
de l'aptitude au service Surveillance de comportement Choix des mthodes d'valuation
Mesures de confort (identification modale,
actualisation structurale
Choix des mthodes de rparation Analyse structurale actualise diagnostic d'endommagement,
Rhabilitation Vrification de l'efficacit Surveillance de comportement calcul la fatigue)

Dmolition

FIGURE 2
Cycles de vie dun ouvrage et types dinvestigations dynamiques.

6
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Les mesures de vibrations sont effectues des fins diverses, mais quatre grands domaines
dapplication peuvent tre dfinis :
h les tests de vibration qui jouent un rle vital dans la dtermination de la rsistance dun composant
aux environnements vibratoires susceptibles dtre rencontrs. Ils permettent en fait dvaluer les
sollicitations comme par exemple les contraintes induites par des sollicitations rapides rptes pour
estimer lendommagement par fatigue de certaines pices de ponts, ou les coefficients de majoration
dynamique ;
h lanalyse structurale qui constitue une mthode efficace se basant sur les mesures de vibrations
pour dterminer le comportement dynamique dun ouvrage. Il sagit alors de construire un modle
mcanique de la structure partir des essais ou de comparer prdictions numriques et rponses
mesures. Ce second cas doit conduire une meilleure comprhension du fonctionnement de la
structure, une meilleure dfinition des marges de scurit, des hypothses moins restrictives,
une rduction des coefficients de scurit ;
h la surveillance de comportement, ou diagnostic, pour analyser un comportement structural anormal.
Intuitivement, des modifications des paramtres dynamiques (masse, rigidit, amortissement) lie
notamment des dgradations, doivent conduire des changements du comportement vibratoire ;
h les mesures de confort qui concerne les mesures de vibrations transmises lhomme par la
vibration des structures. Dans ce cas, il sagit de comparer les niveaux de vibration mesurs des
seuils acceptables dits de confort.
Ces diffrents types dinvestigations dynamiques se dclinent diffremment suivant le cycle de
vie dun ouvrage (Fig. 2). De mme, les choix mtrologiques, de mise en uvre exprimentale et
dvaluation diffreront suivant les objectifs recherchs.

1.2. Champs dapplications


Les investigations et les valuations dynamiques peuvent concerner un ouvrage tout au long de son
cycle de vie. En fonction des grandes tapes de cycle de vie, elles nauront pas les mmes finalits,
et les outils danalyse pourront tre diffrents.

1.2.1. Ouvrages en construction


Afin de confirmer certaines hypothses introduites en phase de conception, il peut tre recommand
de conduire des investigations dynamiques en construction sur louvrage ou une partie de ces
lments. Ces essais peuvent apporter des lments utiles notamment pour les ouvrages construits
en zone sismique, pour les viaducs prsentant des formes architecturales particulires ou pour
les pylnes douvrages. Les essais sur fondations peuvent procurer des informations utiles sur les
conditions gotechniques.
Pour des fondations superficielles, il nest pas courant de raliser des essais dynamiques. Par
contre, pour des fondations sur pieu, lusage dessais dynamiques est assez rpandu pour vrifier
certaines hypothses de construction. Dans le cas de viaducs, ils peuvent permettre de fournir un
ensemble de donnes gotechniques dans le sens longitudinal de louvrage, et ainsi didentifier les
variabilits des caractristiques de sol. Les essais verticaux sur pieu permettent de dterminer les
frquences et les amortissements dans la direction verticale (mesure dimpdance) ; ils ncessitent
cependant un excitateur suffisamment puissant. Les essais horizontaux sur un pieu (ou un groupe
de pieux) doivent prcder les essais verticaux cause de possibles altrations du contact entre le
pieu et le sol en couche superficielle. Le nombre de capteurs ncessaire dpend de la dformabilit
du bloc de fondation (pour un groupe de pieux).
Des essais dynamiques sont galement utiles pour des piles sujettes des risques de flambement.
Pour des piles souples, des excitations naturelles ou impulsionnelles peuvent tre utilises. Pour
des piles raides, il est prfrable de recourir des essais avec excitateur pour couvrir une bande
de frquence pertinente. Les conditions dinteraction sol-structure peuvent galement affecter les
frquences et les modes propres. Il est prfrable de mesurer les dplacements en haut, la base
et sur les faces de la pile. Pour les cules, les essais dynamiques doivent tre mens lorsque les 7
remblais sont mis en place. De tels essais sont utiles pour des ouvrages en zones sismiques.
CHAPITRE 1 INTRODUCTION

Il est enfin galement souhaitable de suivre le comportement dynamique dun tablier en cours de
construction lorsque, notamment, des flaux trs importants sont mis en jeu (Fig. 3). Ce suivi peut
tre particulirement utile dans le cas douvrages construits en zones sismiques ou ventes pour
lesquels une prise de dcision est ncessaire lorsquune amplitude limite risque dtre dpasse.

FIGURE 3
Suivi dynamique du viaduc de Verrires en construction.

1.2.2. Ouvrages en cours de rception


Lorsque louvrage est termin, des essais dynamiques peuvent tre effectus pour vrifier certaines
hypothses sur le comportement structural de louvrage et pour servir de base des valuations
dynamiques futures (Fig. 4). Une application aujourdhui rpandue consiste raliser des essais
vibratoires sur les haubans dun pont pour contrler leur tension (ceci sappliquant galement aux
suspentes de ponts suspendus). Ces mesures peuvent galement sappliquer aux ouvrages en
cours de construction, notamment pour vrifier le profil de louvrage. Il nest pas non plus rare que
des essais de freinage ou de rception faisant intervenir des poids lourds roulant diffrentes
vitesses soient prescrits pour apprcier qualitativement le comportement dynamique dun ouvrage.

a. Vue gnrale de louvrage. b. Systme daccroche du cble c. Acclromtre.


de mise en vibration.

FIGURE 4
8
Essai de rception du viaduc de Millau.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Louvrage termin, il est alors possible de dterminer le comportement dynamique du tablier


(continuit, conditions aux limites, dispositifs damortissement). Le nombre de points de mesure
doit tre suffisamment dtaill pour dcrire de faon adquate les modes propres. Pour identifier
les modes de flexion et de torsion, il est ncessaire de localiser au moins deux capteurs dans
une mme section. Les mesures de niveaux vibratoires peuvent tre dune aide prcieuse pour
des ouvrages (passerelles par exemple) pour lesquelles des risques dinconfort ou de fatigue sont
susceptibles dintervenir.

1.2.3. Ouvrages en service


Les objectifs dinvestigations dynamiques pour un ouvrage en service sont nombreux. Ils peuvent
viser apprcier laptitude au service (Fig. 5), lintgrit structurale dun ouvrage (Fig. 6), mais
galement la compatibilit dun ouvrage avec son environnement, ou la confirmation dhypothses
de conception (Fig. 7). Ce dernier cas concerne les ouvrages soumis laction du vent. La rponse
de louvrage et les conditions environnementales (vitesse et direction du vent) sont alors mesures,
puis compares avec les rsultats de calculs obtenus avec les mmes donnes environnementales.
Des investigations dynamiques peuvent galement tre ralises dans le cas du suivi douvrages
proximit desquels des tirs lexplosif (mines, carrires, etc.) sont raliss.

a. Vue gnrale de louvrage. b. Acclromtre mont sur hauban.

FIGURE 5
Surveillance dynamique du pont dIroise pour la vrification de son aptitude au service.

a. Vue gnrale de louvrage. b. Capteur vlocimtrique.

FIGURE 6 9
Investigations dynamiques pour la vrification de lintgrit structurale du pont Noir.
CHAPITRE 1 INTRODUCTION

a. Vue gnrale de louvrage. b. Capteur acclromtrique.

FIGURE 7
Investigations dynamiques pour la vrification de lintgrit structurale du pont de Merle.

Dans le cas douvrages exceptionnels ou innovants, il est de plus en plus rpandu de surveiller le
comportement long terme de louvrage ou de certains lments structuraux. Cest ainsi que des
tests de vibrations sont souvent raliss pour apprcier le comportement la fatigue de parties
douvrages, ou pour valuer des coefficients de majoration dynamique qui dpendent largement
des conditions de trafic et de la qualit de la route.
Les conditions environnementales peuvent galement influencer le comportement dynamique dun
ouvrage. Cest notamment le cas de la temprature, mais aussi de lenvironnement vibratoire mme
de louvrage.
Enfin, les essais dynamiques peuvent tre galement utiliss pour le suivi structural (Fig.8). Il
sagit dans ce cas de vrifier si le comportement vibratoire ne saltre pas au cours du temps. Pour
cela, il est ncessaire de sparer les variabilits lies la temprature des variabilits lies une
modification structurale. Le suivi conjoint en temprature est donc recommand. Couples avec
des mthodes appropries, les investigations dynamiques permettent lvaluation du comportement
structural, soit par actualisation directe dun modle de calcul (tche souvent dlicate), soit par une
comparaison relative entre indicateurs ad hoc, ne ncessitant pas la connaissance a priori du lieu
dendommagement, le nombre de capteurs de mesures pouvant tre rduit et ne se situant pas
ncessairement proximit de lendommagement.

a. Vue gnrale de louvrage. b. Acclromtre.

10 FIGURE 8
Surveillance dynamique pour le suivi structural du pont dAvesnes-sur-Helpe.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

1.2.4. Suivi local ou global ?


Le choix de ltude dun lment de structure ou de louvrage dans son ensemble est naturellement
conditionn par le niveau dinformation recherch (Fig. 9).

4 5

2 3 6 7

Acclromtres longitudinaux Acclromtres verticaux (aval)

Acclromtres verticaux (amont) Acclromtres transversaux

a. Plan dinstrumentation.

b. Vue gnrale de louvrage. c. Modes propres identifis.

FIGURE 9
Investigations dynamiques pour lidentification du comportement structural du pont A. Dovali.

11
CHAPITRE 1 INTRODUCTION

Cest notamment le cas lorsque des investigations dynamiques consistent valuer lendommage-
ment par fatigue dassemblages, la variation de tension dans un cble, des ouvertures de fissures
Lanalyse globale vise apprcier le comportement gnral dun ouvrage (Fig.10).

a. Vue gnrale de louvrage. b. Instrumentation par extensomtrie.

FIGURE 10
Investigations dynamiques pour lvaluation du risque dendommagement par fatigue du pont de Chevir.

Le choix dun niveau local ou global conditionnera le nombre de capteurs et le niveau de dtail de
linformation recherche. La mesure de la rponse vibratoire dun lment de structure ncessite
gnralement un programme spcifique dinstallation de linstrumentation. En particulier, si des
dispositifs dexcitation spcifiques ou de montage de capteurs doivent tre mis en uvre, il est
indispensable de sassurer quils ne modifient par le comportement de llment (Fig.11).

FIGURE 11
Investigations dynamiques pour lidentification
du comportement local dune suspente du
pont dAssat.
12
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

1.3. Documents de rfrence


Ce document est destin fournir des recommandations dune part pour la mise en uvre
exprimentale dinvestigations dynamiques et dautre part pour lexploitation des donnes mesures
en vue de raliser une valuation dynamique. Il sappuie pour partie sur divers documents issus de
la normalisation internationale :
NF ISO 14963, Mechanical vibration and shock, guidelines for dynamic tests and investigations
on bridges and viaducts.
ISO 14964, Mechanical vibration and shock, vibration of stationary structures, specific requirements
for quality management in measurement and evaluation of vibration.
ISO 18649, Mechanical vibration and shock, evaluation of measurement results from dynamic
tests and investigations on bridges.
NF E 90-020, Mthodes de mesurage et dvaluation des rponses des constructions, de matriels
sensibles et des occupants.
ISO 5348, Fixation mcanique des acclromtres,
ISO 2631, Exposition of human exposure to whole body vibration.

Des documents de porte nationale servent galement de rfrence ce document :


Passerelles pitonnes, valuation dynamique du comportement vibratoire sous laction des
pitons, SETRA.
Mthode dessai LPC n 35, Mesure de la tension des cbles par vibration, LCPC.
Guide des preuves douvrages dart, SETRA.

13
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Typologie 2.
des investigations
dynamiques

2.1. Mesures de confort


Les actions dynamiques ne constituent pas seulement un risque vis--vis de la scurit structurale
et de laptitude au service pour les structures, mais aussi de linconfort pour les usagers. En effet, le
corps humain est si sensible aux vibrations quen gnral, les limites de tolrance sont atteintes pour
des niveaux de vibrations beaucoup moins svres que ceux qui pourraient affaiblir mcaniquement
un ouvrage.
Les informations disponibles sur la sensibilit humaine aux vibrations proviennent de sources
diverses, la plupart du temps issues dtudes dans le transport terrestre ou arien. Cependant,
le problme de la dfinition de critre de confort vis--vis des vibrations de ponts est souvent
trs diffrent des problmes rencontrs dans lindustrie ou le transport, lune des caractristiques
principales tant le faible temps de sjour des usagers sur un ouvrage (et donc dexposition aux
vibrations) en comparaison avec ces autres secteurs. Une exception existe cependant, elle concerne
les passerelles pitonnes.
Except le passage au pas de troupes, qui traditionnellement interrompent leurs pas cadencs
lors de la traverse dun pont, les ponts conus pour supporter des charges de trafic sont peu
susceptibles de vibrer sous laction des pitons. Laction des pitons comme source dexcitation
concerne donc essentiellement les passerelles. Ces actions peuvent entraner des phnomnes
vibratoires complexes qui ne sont gnralement pas prjudiciables pour la structure mais peuvent
crer une sensation dinconfort pour lusager. Deux ouvrages marquants rcents en sont de bons
exemples puisquils ont t ferms pour remise niveau (par ajout de systmes amortisseurs)
aprs leur inauguration. Il sagit de la passerelle Solfrino Paris dont les frquences de vibrations
transversales en prsence de foules taient gnantes pour lusager et la passerelle du Millenium
Londres. Les volutions esthtiques, techniques et technologiques conduisent une recherche
de structures de plus en plus lances. Dans ces conditions, laction dynamique des pitons dont
lintensit est ngligeable vis--vis de la rigidit de la structure devient aujourdhui suffisante pour la
mettre en vibration. Si les structures nouvelles intgrent ds leur conception une tude dynamique
visant limiter ces effets, que ce soit par une rigidit suffisante ou par lajout damortisseurs, il peut
tre important de raliser des mesures de confort sur les structures anciennes.
La marche normale dun piton se fait avec une frquence de 2 Hz avec un cart-type de 0,175 Hz.
Ceci implique que 50 % des pitons marchent des frquences comprises entre 1,9 et 2,1 Hz. Pour
des coureurs, la frquence slve 3,5 Hz et est rarement dpasse. Deux personnes ensemble
marchent en gnral au mme pas ce qui augmente les forces dynamiques exerces. Une excitation
potentielle extrme (vandalisme) est parfois considre : elle correspond la mise en rsonance 15
par un groupe de personnes marchant ou courant en phase.
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

Les frquences dexcitation donnes ci-dessus correspondent laction verticale de la marche. En


fait, la marche dun piton induit galement des forces latrales et de torsion provoques par le
non alignement des points dappui et donc des points daction des forces (Fig. 12). La frquence
dexcitation est alors centre autour de 1 Hz et peut baisser suivant la congestion ou non de
louvrage.

0,5 s
1s

FIGURE 12
Actions dun piton sur un ouvrage.

Dans le cas des pitons, des phnomnes dadaptation et de synchronisation aux vibrations de
louvrage peuvent apparatre : cette raction tend dans un premier temps rduire linconfort
produit par la vibration de louvrage, mais cre dans un second temps des actions de rsonance qui
amplifient les vibrations.
La ralisation dinvestigations dynamiques est donc recommande pour ce genre douvrages. En
particulier, lvaluation des frquences et des niveaux dacclration (ou de vitesse) est utile pour
apprcier laptitude au service des passerelles vis--vis de problmes de confort (Fig. 13). Ces
informations sont alors comparer avec les critres dinconfort donns par la norme ISO 2631 par
exemple.

a. Essais vibratoires. b. Niveaux dacclration divers points de mesure.

FIGURE 13
Exemple dinvestigations dynamiques sur la passerelle Solfrino.

16
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

2.2. valuation des sollicitations

2.2.1. Dtermination de coefficients de majoration dynamique


La notion de coefficient de majoration dynamique est une donne assez abstraite pour laquelle
il nest pas ais de fournir une quantification claire. De nombreuses tudes ont t menes pour
dfinir ce coefficient, notamment pour lintroduire dans les rglements ou les normes de calcul
douvrages. Cependant, de nombreuses discussions subsistent quant sa dtermination.
Ds 1931, Fller a propos de dfinir le coefficient de majoration dynamique comme une fraction
de leffort statique qui dpasse cet effort statique. Reconnaissant que cet incrment deffort nest
pas ncessairement le mme que l incrment de contrainte , une autre dfinition fut propose,
celle de considrer le coefficient de majoration dynamique (CMD) comme la fraction de contrainte
statique quivalente faisant que la contrainte relle dpasse la contrainte statique.
Il faut cependant convenir de labsence duniformit dans le calcul de ce coefficient de majoration
dynamique, ce qui explique lexistence de diffrentes approches pour le calculer. La figure 14 donne
un exemple des problmes poss pour la dfinition de ce coefficient sur la base de mesures de
flches.

Flche dynamique
Flche statique
Flche mdiane

FIGURE 14
Flches mi-trave sous le passage dun vhicule.

Sur la base de la figure 14, plusieurs coefficients de majoration dynamique pourraient tre
proposs :

(2.1)

(2.2)

Cette disparit dans les coefficients de majoration dynamique est la consquence du fait que la
rponse statique nest pas ncessairement la mme que la rponse mdiane, et que les rponses
maximales statique et dynamique ne sobtiennent pas aux mme points. Il est enfin gnralement
plus classique et plus ais de recourir des mesures de dformation (Fig. 15) pour dterminer
les coefficients de majoration dynamique. Ces coefficients de majoration dynamique sont 17
traditionnellement obtenus par le passage dun vhicule de charge connue (Fig. 16). Cependant,
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

outre le choix dune dfinition, les coefficients de majoration dynamique varient beaucoup en fonction
de certains paramtres [Carracilli, 2000] et peuvent ainsi conduire des conclusions errones. La
littrature [Bakht & Pinjarkar, 1990] rapporte une dispersion des rsultats pour un mme vhicule.
Ceci sous-entend que le coefficient de majoration dynamique nest pas une donne dterministe,
mais doit tre analys dans son caractre probabiliste.

FIGURE 15
Instrumentation du pont de Bruneseau pour la dtermination de
CMD.

1,50 m 1,35 m 3,90 m

10 t 10 t 6t

FIGURE 16
Passage de vhicule talon sur le pont de Merle.

Quelques rgles doivent cependant tre respectes pour la ralisation dessais avec vhicules isols.
En premier lieu, les coefficients de majoration dynamique dcroissent avec le poids du vhicule. Il
est donc recommand dviter de raliser des essais avec des vhicules faiblement chargs. En
second lieu, les coefficients de majoration dynamique dpendent fortement de lloignement des
charges par rapport au point de mesure. Prenons pour exemple un pont cinq poutres supportant
trois voies de circulation ; deux poutres supporteront le poids du vhicule dessai alors que les
deux poutres opposes seront peu charges. Si linstrumentation pour la mesure des coefficients
de majoration dynamique est localise sur ces deux poutres, lamplitude de ces coefficients sera
18 alors beaucoup plus importante que celle mesure au niveau des poutres charges. En dernier lieu,
il est essentiel de vrifier que les coefficients de majoration dynamique ne sont pas perturbs par
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

des effets extrieurs. Cest notamment le cas lorsque le vhicule peut exciter lun des modes de
vibration de louvrage, amplifiant ainsi la rponse de ce dernier (Fig. 17).

7,5

6
Jauge j1
Camion 60 km/h
4,5

1,5 2,74

0
0 4 8 12 16 20
Frquence (Hz)

FIGURE 17
Mise en vidence dune mise en rsonance dun ouvrage par
le passage dun vhicule.

Le Guide des preuves douvrages dart publi par le SETRA prconise de contrler les effets
dynamiques qualitativement par des preuves simplifies sous charges roulantes :
parmi les vhicules utiliss pour les preuves par poids mort, un nombre gal celui des voies
de circulation est conserv, en choisissant ceux qui comportent les essieux les plus lourds. Ces
vhicules tant disposs de front et dans le mme sens, on les fait circuler de bout en bout du pont
une vitesse adapte aux exigences de la scurit ;
un essai de freinage sur louvrage peut tre organis avec un vhicule lourd de plus de 19 t.
Cet essai permet dapprhender dventuels mouvements anormaux (mise en bute des joints,
dformations irrversibles des appareils dappuis, etc.).

Les dfinitions prcdentes des coefficients de majoration dynamique sous charge connue ne sont
pas toujours reprsentatives des valeurs relles rencontres sur les ouvrages. Ils ne constituent
pas des valeurs finales utiliser dans des calculs de conception ou dvaluation. Une valeur
reprsentative du coefficient de majoration dynamique ne peut tre fournie que pour des donnes
sous conditions normales de trafic et sur de longues priodes de temps. Aussi, pour tre ralistes
[Carracilli, 2000], il convient non pas de se limiter un seul vhicule, mais dtudier les configurations
de trafic qui ont gnr les effets maximaux :

(2.3)

)
max,dyn est leffet
) maximal mesur sous trafic (dformation,
) flche, etc.) sur une priode de temps
donne et stat est leffet statique au mme instant. max,stat est leffet statique maximal sur la
priode de temps donn. Pour un ouvrage, ces dfinitions, outre leur meilleure reprsentativit
du phnomne dans la plupart des cas (ligne dinfluence longue ou implication de plusieurs voies
de circulation), prsentent lavantage dviter la coupure du trafic. En revanche, elles ncessitent
limplantation dune station de pesage proximit de louvrage et dun logiciel de calcul permettant,
partir des lignes dinfluence de louvrage, de calculer les effets induits par ce trafic mesur [Cremona
& Carracilli, 2002]. La figure 18 donne un exemple de calcul du coefficient de majoration dynamique 19
l3 en plusieurs points dun ouvrage en fonction de la priode de retour des charges de trafic.
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

Coefficient de majoration dynamique I3


1,45 Jauge g1
Jauge g4
1,4
Jauge g7
1,35

1,3

1,25

1,2

1,15

1,1

1,05

1
100 101 102 103 104 105
Priode de retour (en semaines)

FIGURE 18
Exemple de dtermination de coefficient de majoration dynamique sous trafic.

2.2.2. Dtermination de contraintes induites et dure de vie en fatigue


Le soudage est le processus dassemblage le plus classique utilis dans les grandes structures
mtalliques actuelles. Cest particulirement le cas des ponts mtalliques et notamment des ponts
mixtes. Bien que des amliorations considrables aient t apportes aux techniques de soudage,
il faut convenir que ces dernires peuvent introduire des dfauts, des concentrations de contrainte
et des contraintes rsiduelles qui les rendent notamment sensibles la fatigue. Il est galement
reconnu que le processus de fatigue est un phnomne alatoire : pour preuve, la dispersion
des rsultats issus des tests en laboratoire. Des alas additionnels, comme la modlisation de la
propagation de fissure, des charges de service et des conditions dinspection, jouent aussi un rle
trs important. Les vibrations induites par les sollicitations extrieures (trafic, vent, etc.) peuvent
donc accentuer le risque dendommagement par fatigue.
Les lments structuraux douvrages mtalliques sont en gnral soumis des contraintes de
service largement infrieures aux contraintes limites du domaine lastique. Cependant, des
dfaillances ou ruptures locales peuvent apparatre en prsence de discontinuits gomtriques
comme dans le cas de cordons de soudure ou de connexions rivetes. Ces points chauds sont
alors le lieu de contraintes plus leves et rptes sous leffet des charges dexploitation. Ceci
explique la susceptibilit de ces assemblages dvelopper des fissures de fatigue.
Le phnomne de fatigue dans les ponts est nanmoins un problme de fatigue nombre de cycles
lev avec des tendues de contrainte faibles de sorte que les dformations restent dans le domaine
lastique lexception des soudures o des contraintes locales se concentrent. Le matriau au
voisinage des cordons de soudure peut donc tre le sige de micro-dformations plastiques.
De nombreuses tudes et recherches ont t menes depuis ces cinquante dernires annes. Dans
la plupart des rglements, le concept de base reste la loi dendommagement cumul propose par
Miner et amliore pour tenir compte des tendues de contraintes variables. Un effort trs important
a t notamment port sur ltude de la fatigue durant ces vingt dernires annes. Le chapitre
fatigue de lEurocode 3 et le guide de 1996 sur la fatigue dans les ponts mtalliques [Eurocode,
2003] en sont les reflets. Cest donc dans ce cadre rglementaire quil est prconis de mener
ltude en fatigue, sachant cependant que la prsence de micro-dformations plastiques au niveau
des soudures (et donc la phase dinitiation et de propagation de petites fissures) est mal reprsente
par le modle de Miner et les courbes de Whler, et que le processus dendommagement par fatigue
nest pas linaire.
Linstrumentation par jauges de dformation dun ouvrage et lenregistrement continu des signaux
20 constituent une source de donnes utile pour lvaluation de la tenue la fatigue dun ouvrage
(Fig. 19). Cependant, lendommagement par fatigue reste dpendant de la nature des historiques
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

de contrainte induits par les sollicitations. Ces historiques peuvent tre constitus de cycles trs
compliqus avec des moyennes de contrainte variables.
Il est donc possible de mener un calcul temporel de la rponse de la structure, puis dappliquer un
algorithme de comptage des cycles dtendue de contrainte de type rainflow (ou mthode de la
goutte deau) sur les enregistrements disponibles (Fig. 20), sous rserve quils soient reprsentatifs
dun endommagement en fatigue (journalier, hebdomadaire, etc.). Une autre approche consiste
modliser de manire probabiliste les distributions dtendues de contrainte (Chapitre 4).

Contrainte (MPa)
5

-5
Journe du 25 novembre - 17 h 50/18 h 50 - Jauge11
-10
2 3 4 5 6 7
Indice de temps (x 105)

Contrainte (MPa)
5

-5

Journe du 26 novembre - 17 h 50/18 h 50 - Jauge11


-10
2 3 4 5 6 7
Indice de temps (x 105)

a. Jauges de dformation. b. Exemple dhistorique de variation de contrainte.

FIGURE 19
Instrumentation du pont de Chevir pour du calcul en fatigue.

FIGURE 20
Exemple dhistogrammes de
rainflow en plusieurs points de
mesure (3 semaines).

21
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

Bien que les progrs en informatique permettent aujourdhui de mener des calculs complexes sur
de simples ordinateurs personnels, la premire approche requiert des temps de calcul qui peuvent
parfois tre importants. Suivant lune ou lautre de ces deux approches, les modles de calculs
dendommagement par fatigue pourront tre diffrents (loi de Miner, loi de Paris, etc.).

2.2.3. Dtermination de tensions dans les cbles


La mesure de tension dans les cbles (suspentes ou haubans) par mise en vibration est aujourdhui
un outil oprationnel la disposition des laboratoires et bureaux dtudes pour le suivi des tensions
dans ces cbles. Cette mthodologie fait lobjet de la Mthode dessai LPC n35 du LCPC. Ce
document explicite la thorie mathmatique ainsi que les limites actuelles de cette technique la
rservant aux seuls cbles longs.
Le principe de la mthode consiste mettre le cble en vibration par une excitation transitoire et
mesurer la rponse libre laide dun acclromtre. La relation entre tension et frquence est une
formule complexe qui dpend de la rigidit de flexion du cble, de sa masse linique, de sa longueur
entre ancrages et de ses conditions aux limites. La dtermination de la frquence doit donc se faire
avec une trs grande prcision afin dviter dintroduire, ds la source, une erreur de mesure venant
dcaler le calcul de la tension.
En appliquant un modle de corde vibrante, les frquences propres obtenues par lanalyse du
spectre de la rponse sont relies la tension par lexpression :

(2.4)

o n est lordre du mode de vibration, T la tension du cble, m sa masse linique et L la longueur


entre extrmits fixes. Pour appliquer ce modle avec une erreur sur la tension infrieure 2 %, la
mthode dessai recommande de vrifier que lcart entre les sept premires frquences propres
mesures reste constant (Fig. 21). Cette condition implique la mesure dau moins sept frquences.
Dans le cas o lon souhaite utiliser le modle de la corde vibrante avec la premire frquence
propre seulement, il convient de vrifier que leffet de la rigidit peut tre nglig :

(2.5)

Frquence propre verticale (Hz)


8
Cable 1 - exprimental
7
Cable 1 - corde vibrante
6 Cable 2 - exprimental
Cable 2 - corde vibrante
5

0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Numro du mode

FIGURE 21
22
Comparaison exprience/modle de corde vibrante
pour deux cbles de pont haubans.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Lanalyse des frquences propres verticales peut stendre aux modes transversaux et longitudi-
naux.
Lhypothse de comportement du cble en corde vibrante est difficile valider pour des cbles
prsentant des conditions dancrage particulires (effet dinertie par la prsence de culots) ou des
cbles courts (effet de rigidit non ngligeable). Des extensions du domaine dapplication de la
mthode vibratoire des cbles ont t proposs par divers auteurs sur la base dun nombre rduit
de frquences propres [Siegert & al, 2005], [Gautier & al, 2005]. Linfluence de la longueur du cble
instrument et des conditions aux limites peut aussi tre judicieusement value par lanalyse
des dformes modales, ce qui implique dquiper le cble de manire extraire ces dformes
modales, avec une concentration un peu plus forte au droit des ancrages.

2.3. Analyse structurale

2.3.1. Analyse modale exprimentale ou oprationnelle


Lanalyse modale exprimentale est constitue dun ensemble de techniques et de mthodes
labores pour amliorer la connaissance du modle dynamique des structures relles. Un problme
important en dynamique des structures rside en effet dans la dtermination prcise des paramtres
qui caractrisent les modes principaux dune structure. Ces paramtres (frquences propres,
dcrments logarithmiques, modes propres) sont alors des inconnues : leur connaissance permet la
validation et lamlioration du modle de comportement dynamique de la structure et danalyser une
partie de cette dernire qui peut tre difficile de modliser analytiquement. De ce fait, lidentification
modale est lestimation de ces caractristiques partir des mesures des signaux dexcitation et
de rponse. Une telle dtermination rend possible la prdiction du comportement de la structure
dans toutes les situations comparables a priori celles des essais. Ceci est particulirement le cas
des structures comportement linaire puisquil est possible de dduire la totalit des rponses
pour tout type dexcitation partir de la connaissance de la rponse des excitations particulires
synthtises dans la matrice de transfert du modle.
La ralisation de mesures et dessais vibratoires ou dimpact est pratique depuis trs longtemps,
il est vrai dune manire fort intuitive et trs pratique. Les charpentiers de marine, par exemple, ont
toujours tenu compte des impacts rptitifs du vent et des vagues dans la conception des vaisseaux
en bois. Les essais vibratoires nont cependant t formaliss que pendant et aprs la seconde
guerre mondiale. La construction rapide davions a t un lment moteur du dveloppement de ces
essais dont lobjectif tait dapprhender des phnomnes particuliers comme le flottement des ailes
davions. Ce phnomne dinstabilit dynamique li au couplage arolastique entre lcoulement
et la structure conduit, certaines vitesses, des vibrations excessives pouvant engendrer la
destruction de lappareil. La connaissance des caractristiques dynamiques de la structure joue un
rle essentiel pour vrifier labsence dinstabilit sous des conditions prescrites.
Les premires techniques introduites (Annexe B) ont t dveloppes dans les annes 1950 : ce
sont les mthodes dappropriation modale qui consistent appliquer la structure un ensemble de
forces excitatrices harmoniques, rparties en amplitude et en phase, donnant une rponse de la
structure proportionnelle un mode propre donn du systme conservatif associ. Si elles sont trs
fiables (lexprimentateur voit le mode propre identifi), elles sont dune mise en uvre difficile
et les moyens dexprimentation sont inapplicables dans le cas dinvestigations dynamiques sur les
ponts.
Il est ncessaire ce stade de prciser trois hypothses de base, utilises en pratique dans
les tudes dynamiques de structures de gnie civil. Ces hypothses sont indpendantes de la
technique didentification, et visent fixer les proprits physiques des structures ou systmes
qui ont t tudis. La structure a un comportement linaire, impliquant lexistence de fonctions
de transfert. La seconde hypothse concerne linvariance temporelle des paramtres physiques
(paramtres modaux). Cette caractristique mrite quelques commentaires : linvariance temporelle
est en gnral inadquate pour certaines applications industrielles ou mcaniques. Les valeurs
des paramtres peuvent varier, et dans de tels cas, la procdure didentification peut tre vue 23
comme une procdure de poursuite de ces paramtres. La dernire hypothse stipule une quantit
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

suffisante dinformations disponibles durant lidentification. Ceci implique que tous les modes de
libert pertinents peuvent tre mesurs. Cette hypothse est relier au problme dobservabilit et
est conditionne par les proprits des signaux dexcitation.
Lanalyse modale exprimentale a donc pour but lidentification des paramtres modaux dune
structure partir dinvestigations dynamiques, ce qui implique [R6 180] :
la dtermination du nombre de modes prsents dans une bande frquentielle danalyse,
pour chaque mode :
lvaluation de la pulsation propre complexe = a + i b o est la pulsation propre du
systme dissipatif (cf. Annexe A),
la dtermination du vecteur propre complexe associ normalis {},

le passage des solutions propres complexes ( )


,{} du systme dissipatif aux solutions pro-
( )
pres ,{} du systme conservatif ; ces dernires solutions pourront alors tre compares
aux rsultats de calculs aux lments finis,
la dtermination des coefficients damortissement.

Pour raliser ces objectifs, des investigations dynamiques sont effectues sur la structure en un
certain nombre de points judicieusement choisis pour former des dformes significatives (Fig. 22).
Ces investigations sont ralises en appliquant des excitations (Chapitre 3) de nature diffrente
(choc, alatoire, sinusodale). On parle danalyse modale oprationnelle lorsque lexcitation est
ambiante (environnement, charges dexploitation, etc.).

a. Investigations dynamiques sur la passerelle Solfrino (excitation exerce par balourd).

b. Investigations dynamiques sur pont rail (excitation exerce par passage de TGV).

FIGURE 22
Exemple dinvestigations dynamiques en vue dune caractrisation modale.

Les nombreux efforts de ces dernires annes ont donc conduit construire toute une srie de
mthodes et de techniques permettant didentifier les solutions propres complexes (puis relles)
24 partir dessais vibratoires. Ces mthodes se divisent en deux grandes familles, frquentielles et
temporelles suivant le domaine danalyse.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

2.3.2. Identification structurale


Lidentification structurale a pour objectif de fournir des informations sur le comportement de
louvrage (rsistance, dure de vie, etc.), cest--dire de quantifier les paramtres dun modle
analytique partir de donnes exprimentales (dans le cadre de ce guide, partir dinvestigations
dynamiques). Il sagit donc de conceptualiser, de modliser, de concevoir des expriences pour
mesurer et quantifier le comportement structural aussi bien que les phnomnes, afin de prendre
des dcisions. Les tapes dune approche par identification structurale sont proches de celles du
processus scientifique : hypothses, conception dexpriences, validation.
Le concept didentification structurale pour une intgration effective de la recherche analytique
et exprimentale a t propos depuis les annes 1980. Il sagit dun concept de diagnostic qui
permet la caractrisation rationnelle et lvaluation des installations civiles dans leur environnement.
Parmi les utilisations potentielles de lidentification structurale pour la gestion des ponts, on trouve
lvaluation de ltat et de la performance. Lidentification structurale requiert des outils analytiques,
exprimentaux et informationnels. Ces outils sont implments pour acqurir des donnes qui sont
alors intgrs pour supporter des analyses ralistes. Linformation qualitative et quantitative provenant
dessais exprimentaux forme la base dun modle analytique raffin et ajust aux donnes. la
diffrence de laronautique o cette dmarche est largement utilise, son application au gnie civil
reste encore marginale et se limite essentiellement des actions de recherche. Les rsultats qui
y sont prsents sont trs prometteurs, mais ces travaux chouent sur lobjectif essentiel qui doit
prvaloir dans le processus didentification structurale : quels efforts, numriques et exprimentaux,
entreprendre pour obtenir des rsultats utiles pour lingnieur ou le matre douvrage ?
Lajustement de modles sur des donnes exprimentales et la production de rsultats utiles pour
lingnieur et le gestionnaire sont hautement dpendants du type et du niveau de lvaluation
recherch. Lune des lacunes de lidentification structurale aujourdhui est sans nul doute cette
absence dintgration entre dmarche analytique et tudes exprimentales, couples par les
difficults de linstrumentation de structures en service et relles.
Le processus de modlisation et danalyse dune structure ancienne partir dinvestigations
dynamiques (ceci ne se limite pas aux seuls essais dynamiques et peut se gnraliser dautres
types dinvestigations, notamment statiques) constitue un problme inverse trs diffrent de celui
mis en uvre dans la conception dun ouvrage neuf. Mme si les principes de la mcanique sont
satisfaits, ce problme inverse conduit quelquefois des solutions inconsistantes, violant certains
principes physiques. Pour quune solution (lunicit nest jamais acquise) ait un sens physique, il est
ncessaire dajouter des contraintes au problme inverse : cette dmarche sappelle compltude.
Rendre un problme complet requiert une formulation soigne des paramtres et des contraintes,
ce qui oblige analyser les spcificits de louvrage.
La figure 23 donne lexemple dun recalage de modle initial aux lments finis prenant mal en
compte les conditions aux limites de la structure dune part, et le module de dformation global
dautre part.

a. Structure initiale. b. Comparaison entre modle initial c. Recalage du modle.


et essais dynamiques.

FIGURE 23 25
Exemple de recalage manuel dun modle aux lments finis (pont dAvesnes-sur-Helpe).
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

2.3.3. Vrification de laptitude au service


La vrification de laptitude au service ne consiste pas seulement sassurer que les caractristiques
modales sont suffisamment voisines de celles retenues dans la conception de louvrage. Les
investigations et les valuations dynamiques apportent en effet des informations particulirement
importantes sur le fonctionnement global dun ouvrage et permettent de vrifier si ce dernier se
comporte correctement sur le plan structural pendant sa dure de service. Elles servent donc
vrifier que les spcifications nominales de fonctionnement sont satisfaites et dtecter les dfauts
latents ou ponctuels (Section 2.4.3).
Cette vrification peut donc porter sur plusieurs aspects trs diffrents. Le premier vise notamment
apprcier si le fonctionnement global de louvrage est conforme ce quil doit tre. Cela concerne
notamment le fonctionnement de certaines parties douvrage, comme les joints, rotules ou les
appuis (Fig. 24).

FIGURE 24
Vrification du comportement local des rotules du pont de Merle.

La vrification de laptitude au service peut galement porter sur lestimation des dplacements,
des vitesses ou des acclrations maximales (Fig. 25). Cette vrification est fortement lie
lapprciation du confort, du risque de rupture dlments (amortisseurs de hauban par exemple),
ou de chocs (amplitudes excessives damortisseurs dynamiques accords).

FIGURE 25
Vrification des acclrations maximales journalires du tablier du pont de Caronte.

26
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

2.4. Surveillance du comportement

2.4.1. Dtermination de linfluence des paramtres environnementaux


De nombreuses variations dans lenvironnement de louvrage peuvent affecter lidentification des
paramtres modaux. Il nest donc pas possible de faire limpasse sur ce problme qui conditionnera
lutilisation des rsultats des investigations dynamiques.
Parmi les nombreuses variations environnementales (humidit), les fluctuations thermiques
semblent sans nul doute les plus significatives. Les rares tudes ont montr [Cremona, 2004] que
des variations sur les frquences de lordre de 4 5 % pour un changement de temprature de
15 C taient envisageables. Une correction dans lestimation des frquences mesures est donc
ncessaire. De nombreux chercheurs ont suggr, la suite de ltude de plusieurs ouvrages
sur des priodes de plus de six mois, une relation linaire entre la temprature ambiante et les
frquences propres des ouvrages.
De faon gnrale, ltablissement dune loi de correction ne peut se faire quau travers dun suivi
simultan de la temprature et des frquences propres. Il est cependant utile de comprendre a priori
pour quelles raisons les paramtres modaux sont sensibles la temprature. Le type de construction
et les matriaux utiliss ont un effet sur la faon dont la structure vibre. Chaque matriau a ainsi
un coefficient thermique dexpansion, et sera donc affect diffremment selon les variations de la
temprature extrieure. En particulier, certaines parties de la structure ou certains quipements sont
trs sensibles ces changements : appuis noprnes, joints de dilatation, mais galement surface
de roulement suivant son paisseur et son type.
Les tudes exprimentales effectues par lEMPA et lUniversit Catholique de Louvain [Peeters &
al, 2001] sur le pont Z24 (ouvrage de 53,3 m en bton prcontraint de lautoroute A1 Berne-Zurich
liant Koppigen et Utzenstorf) ont apport quelques renseignements intressants et complmentaires
sur la sensibilit des paramtres modaux aux variations climatiques. En particulier, il a t not une
variation de prs de 10 % sur les deux premires frquences pour une variation thermique allant
de 5 C 35 C. On constatera cependant que pour des essais raliss entre 15 C et 30 C, cette
variation nest que de 2,5 % (Fig. 26).

FIGURE 26
volution de la premire frquence propre du pont Z24 avec la temprature.

Une tude rcente, mene par le LCPC [OA57] sur une poutre dpose du VIPP de Merlebach
(Viaducs traves Indpendantes Poutres prfabriques en bton Prcontraint par post-tension), 27
a montr que cette variation pouvait atteindre 5 %. La figure 27 met en vidence la variation des
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

deux premires frquences rf = f f0C de la poutre par rapport la temprature. On constate que
les frquences identifies tendent dcrotre avec la temprature. Il semble notamment que la
temprature a un effet plus marqu sur le premier mode que sur le second. La correction thermique
de la premire frquence correspond un ordre de grandeur identique celui induit par une perte
complte de prcontrainte dans cette poutre. En consquence, sans apprentissage de linfluence
thermique, une perte de prcontrainte peut tre dtecte tort ou non dtecte.
Linfluence de la temprature sur les dformes modales doit tre galement apprcie. La littrature
montre que cette influence est moins sensible que pour les frquences (en raison notamment du
caractre normalis des dformes modales), sauf lorsque des changements de conditions aux
limites (comme par exemple le blocage des appuis) peuvent intervenir. La figure 28 donne le
diagramme derreur (valeur moyenne 1 cart type) des mesures ralises en comparaison aux
dformes modales pour la temprature de rfrence de 0 C : le coefficient de variation varie pour
le premier mode de 0,5 % 4 %, et pour le second mode de 7 % 12 %.

FIGURE 27 FIGURE 28
volution des deux premires frquences de la poutre dpose du VIPP Influence de la temprature sur les dformes modales de la poutre
de Merlebach en fonction de la temprature. dpose du VIPP de Merlebach.

2.4.2. Vrification de lefficacit de mesures de renforcement


Similairement aux investigations dynamiques en phase de construction et de rception, la ralisation
dessais vibratoires permet de qualifier leffet dactions de renforcement sur un ouvrage. Pour cela,
la rponse de louvrage doit tre enregistre avant et aprs renforcement. Si ce dernier seffectue
sur une dure relativement longue (par exemple, renforcement par prcontrainte extrieure), il est
ncessaire de corrler les mesures avec les variations environnementales les plus significatives
(la temprature notamment), ce qui implique dinstrumenter louvrage sur la dure (plusieurs mois)
pour corriger les caractristiques modales identifies de ces influences, ou dfaut de raliser les
investigations dans un tat thermique similaire.
Si lon se limite aux seules caractristiques modales (amortissement, frquence, dforme propre)
pour apprcier le changement de comportement, il convient de sassurer que le renforcement a
une relle influence sur ces paramtres. Dans le cas contraire, il est recommand dutiliser dautres
indicateurs (Section 2.4.4) plus prcis. La figure 29 illustre un exemple dapplication de renforcement
28 douvrage (sur la journe) par resserrage des bielles dappuis et les modifications apportes sur les
caractristiques modales identifies.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

a. Bielles dappui du pont-rail PK 075 + 317. b. Resserrage des bielles dappuis par cl dynamomtrique.

Frquences propres Coefficient damortissement


(Hz) (%)
Mode 1 Mode 2 Mode 3 Mode 4 Mode 1 Mode 2 Mode 3 Mode 4
Ouvrage intgre 5,86 8,73 13,10 16,93 0,03 0,01 0,01 0,01

Aprs resserrage 6,50 8,48 13,64 17,39 0,04 0,05 0,05 0,01

Changement (%) 10,92 - 2,86 4,12 2,72 33,33 400 400 0

c. Changement des frquences et des coefficients damortissement induit par le resserrage.

d. Modification des dformes (en reprsentation dveloppe suivant les trois lignes de mesures).

FIGURE 29
Influence dun renforcement sur les caractristiques modales du pont-rail PK 075 + 317.

29
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

2.4.3. Identification de comportements vibratoires anormaux


Lidentification de comportements vibratoires anormaux a t lune des principales raisons du
dveloppement de la surveillance vibratoire dans les systmes mcaniques. Dans le cas des ponts,
la dtection de comportements anormaux est fortement lie lapprciation de laptitude au service
des ouvrages (Section 2.3.3), et peut donc tre vue comme le non respect des caractristiques
nominales de fonctionnement. Une acquisition simultane des conditions environnementales
(temprature, vent, etc.) est essentielle pour correctement apprhender ces comportements
vibratoires anormaux (cest notamment le cas des vibrations excessives de haubans de pont).

2.4.4. Vrification de lintgrit structurale pendant et aprs un phnomne


exceptionnel
Il est gnralement admis dinstaller des sismographes denregistrement de fortes secousses
sismiques proximit douvrages et des capteurs sur les lments critiques. Cette surveillance
dynamique a pour objectif non seulement dacqurir des informations sur le comportement de louvrage
au cours dun sisme, mais aussi de permettre sa requalification aprs vnement (retrofitting). Ce
type de vrification sapplique galement au cas dautres vnements exceptionnels ou accidentels,
comme les chocs dobstacles, les explosions ou les vnements climatiques extrmes. Les mesures
vibratoires ralises dans ces conditions ne constituent pas des investigations dynamiques au
sens o ce guide les dfinit, mais des vnements dynamiques spcifiques. Il est donc en gnral
trs difficile daccder ce type dinformation en raison du caractre exceptionnel de lexcitation
(Chapitre 3) qui admet gnralement une priode de retour de plusieurs centaines dannes.

2.4.5. Diagnostic dendommagement


Lide de base dans toutes les techniques de dtection dendommagement par essais vibratoires
rside dans lide que les paramtres modaux (frquences, coefficients damortissement,
dformes propres) mesurs sont fonction des proprits physiques de la structure (rigidit, masse,
amortissement). De ce fait, les modifications pouvant intervenir sur les proprits physiques ou
mcaniques doivent tre dtectables au travers de changements des paramtres modaux, identifis
par analyse modale exprimentale ou oprationnelle.
En gnral, les effets dun endommagement dans une structure peuvent tre classs comme linaire
ou non linaire. Une situation dendommagement sera dite linaire, si la structure initialement
lastique linaire reste lastique linaire aprs lendommagement. Les changements des proprits
modales sont causs par le changement des gomtries et/ou des proprits matrielles de la
structure, mais la rponse de la structure peut tre toujours modlise en utilisant les quations
linaires du mouvement. Lendommagement sera non linaire, si la structure initialement lastique
linaire se comporte de faon non linaire aprs que lendommagement se soit produit. Un exemple
dendommagement non linaire est la formation dune fissure de fatigue qui souvre et se ferme
sous lenvironnement normal de vibration.
Dans le cadre de ces recommandations, seuls des endommagements linaires sont considrs.
Ces derniers reprsentent la majorit des dsordres prcoces des ouvrages. La non linarit
intervient dans la plupart du temps pour des degrs dendommagement svres. Les cas pratiques
qui pourront tre traits par les mthodes indiques en Annexe C, se placeront dans le cadre de
cette hypothse, tant conscients cependant que certains degrs dendommagement dpassent sa
limite de validit.
Les mthodes linaires peuvent tre classifies en mthodes bases sur modle (MBM) et les
mthodes non bases sur modle (MNBM). Les MBM supposent que la rponse de la structure
value sera dans une certaine manire compare un modle numrique. Les mthodes qui
ne ncessitent pas de modle prdfini sont souvent bases sur le changement des paramtres
modaux (dformes propres, frquences et coefficients damortissement) et leurs drivs ou bien
sur le changement de matrices particulires comme celles de flexibilit et de rigidit.
30 Les dveloppements modernes sur lidentification dendommagement par des essais vibratoires
proviennent des tudes effectues sur plateformes off-shore par lindustrie ptrolire dans les
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

annes 1970 et au dbut des annes 1980. Le manque de connaissance du lieu dendommagement
et linaccessibilit de certaines parties de structures rendaient la situation un peu diffrente par
rapport dautres ouvrages. Il a ainsi t constat que les conditions denvironnement comme le
changement du niveau deau qui ajoute une masse significative la structure, le bruit dquipement
et la variation de la masse qui se produit par le changement du niveau de fluide dans le rservoir,
pouvaient influencer les rsultats. Lindustrie arospatiale a galement commenc tudier
lutilisation des techniques dvaluation dendommagement bases sur des mesures vibratoires
dans les mmes annes que lindustrie ptrolire. Ds le dbut des annes 1980, la communaut du
gnie civil a rapidement suivi les tudes menes sur les techniques dvaluation dendommagement
et a commenc les appliquer aux chemines puis aux ponts notamment.
Lun des avantages des mthodes vibratoires qui ne sont pas bases sur des modles numriques
(MNBM) est quelles ne ncessitent pas la connaissance a priori du lieu dendommagement, le
nombre de capteurs de mesures pouvant tre rduit et ne se situant pas ncessairement proximit
de lendommagement. Cet avantage provient du fait que la mesure des caractristiques dynamiques
(les dformes propres, les frquences et les coefficients damortissement) est indpendante de la
localisation des capteurs de mesure sur louvrage.
Rytter [Rytter, 1993] propose de classer les mthodes de dtection dendommagement en quatre
niveaux :
dtermination de lexistence dun endommagement dans la structure (niveau 1),
localisation dun endommagement (niveau 2),
quantification de la svrit dun endommagement (niveau 3),
prdiction de la dure de vie rsiduelle (niveau 4).

Les mthodes MNBM se classent en gnral aux niveaux 1 et 2. Lorsque les mthodes sont
couples avec un modle numrique (mthodes NBM), les niveaux 3 et 4 peuvent tre obtenus ;
cest le cadre de lidentification structurale (Section 2.3.2).
De nombreux auteurs ont tudi le changement de frquence comme indicateur dendommagement.
Les changements des proprits structurales causent des modifications sur les frquences propres
de la structure ; les frquences dcroissent en fonction dun endommagement croissant (perte
de rigidit). Une analyse priodique des frquences et de la dtection de dcalages frquentiels
peut mettre en vidence cette perte de rigidit lie la prsence dendommagement. Cependant,
lanalyse des dcalages frquentiels est souvent dune utilit pratique trs limite [Cremona, 2004]
en raison de la faible sensibilit des frquences aux faibles endommagements et leur sensibilit
aux effets thermiques.
Les dformes propres dune structure sont souvent utilises pour lvaluation des endommagements,
au travers de coefficients de corrlation entre modes comme le coefficient MAC (Modal Assurance
Criterion - MAC) ou le coefficient de corrlation des points de mesure (Coordinate Modal Assurance
Criterion - COMAC). Ces coefficients expriment la corrlation existant entre deux dformes
propres mesures (Chapitre 4). Lutilisation des dformes propres, et des coefficients MAC et
COMAC, reste assez mitige pour la dtection dendommagement. Les tudes menes ont mis en
vidence une sensibilit plus importante des modes propres en prsence dun endommagement
[OA47]. Cependant, un aspect pratique ne doit pas galement tre perdu de vue : il est plus difficile
didentifier des dformes propres que des frquences. L o quelques capteurs suffisent, il est
ncessaire dutiliser plusieurs capteurs pour assurer un maillage fin de la structure afin didentifier
les dformes propres. De plus, les phnomnes locaux sont capturs par les frquences leves
tandis que les basses frquences tendent caractriser le comportement global de louvrage et
seront donc moins sensibles des modifications locales du comportement de la structure. Dun point
de vue exprimental, il sera donc plus difficile dexciter de hautes frquences causes des niveaux
dnergie mettre en uvre, ce qui implique la plupart du temps davoir recours de lanalyse
modale oprationnelle. Les dformes propres sont enfin moins sensibles aux effets thermiques
que les frquences, sauf si les effets dus la temprature se traduisent par une modification des
conditions aux limites.
Les coefficients damortissement constituent des indicateurs peu fiables pour la dtection
dendommagement ou de modifications structurales ; lune des raisons rside dans lhypothse 31
damortissement visqueux quivalent, souvent utilise, rarement vrifie. Cependant, la prsence
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES

dendommagement peut induire des augmentations des coefficients damortissement en raison de


frottements accrus au droit des zones dgrades.
Les tudes sur lutilisation directe des paramtres modaux ont mis en vidence la faible sensibilit
des frquences et une certaine potentialit des dformes propres dtecter et/ou localiser des
endommagements. Pour accentuer la sensibilit des dformes propres servir dindicateurs
dendommagement, divers indicateurs du 2nd ordre ont t proposs. Une autre faon dutiliser
les dformes propres pour obtenir des informations sur la source des changements vibratoires
est dtudier leurs drives. Il y a en effet une relation directe entre la courbure des dformes
propres et les dformations de flexion. La diminution dnergie de dformation modale entre deux
degrs de libert structuraux sobtient notamment par lanalyse de la courbure des dformes
propres mesures. Une autre classe de mthodes de dtection dendommagement pour estimer les
changements du comportement de la structure utilise la matrice de flexibilit (inverse de la rigidit).
La mthode nexige pas un modle analytique de la structure et seules quelques frquences propres
et modes propres, avant et aprs endommagement, sont ncessaires. En combinant certains
aspects des mthodes de courbure des dformes propres et de flexibilit, une autre mthode de
dtection dendommagement peut tre construite ; lide gnrale est que la perte de la rigidit
localise cause laugmentation de courbure de flexibilit au mme point. Le changement de la
courbure sobtient alors par la flexibilit, au lieu des dformes propres. Enfin, lun des indicateurs
les plus prometteurs et sensibles est le changement de lnergie de dformation. Lun des avantages
de cette mthode est que seul un petit nombre de modes de vibration peut tre utilis pour obtenir
de bons rsultats. Cette mthode est dveloppe pour de faibles endommagements car elle repose
sur une linarisation des nergies de dformation aprs endommagement.
Les mthodes prcdentes sintressent aux lieux o des changements dans leurs valeurs sont
maximaux. Lorsquun seul endommagement est prsent, il sagit donc de dterminer le lieu o ces
indicateurs atteignent leur maximum. Lorsque plusieurs endommagements sont prsents, il faut
rechercher tous les maxima locaux qui vont identifier les lieux dendommagement. Paralllement,
ces indicateurs sont des fonctions croissantes de lendommagement. La quantification absolue
de lendommagement partir de leurs rsultats ne parat pas apprciable en ltat partir des
tudes menes. La comparaison relative entre deux situations donnes dun mme ouvrage permet
cependant dvaluer lvolution de lendommagement au cours du temps. Le Tableau I synthtise
les avantages et les inconvnients de chacune des mthodes prcdentes. La figure 30 donne un
exemple dillustration de ces diverses techniques sur louvrage de la figure 29, et montre, dans le
cas prsent, que les techniques peuvent fournir des rsultats diffrents, la mthode de flexibilit
tant souvent beaucoup moins sensible aux conditions aux frontires. Il convient cependant dtre
vigilant sur les rsultats obtenus par ces diffrentes techniques, rsultats qui combinent plusieurs
modes (dans le cas prsent, 4 modes). Une analyse mode par mode permet de mettre en vidence
des comportements particuliers qui peuvent tre filtrs dans une combinaison globale. Enfin, une
modification structurale localise peut modifier les modes propres de telle manire que dautres
dtections loignes de la zone modifie peuvent apparatre. Cest notamment le cas de la figure 30
o, en partie courante de louvrage, des modifications apparaissent. Elles sont dailleurs identifiables
sur les dformes modales et par le coefficient COMAC (Fig. 31).

TABLEAU I - Synthse de la performance des mthodes de dtection

Mthode Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3 Niveau 4

Frquences D/+ D/+ D/++ D/+++


MAC D/+ D/+ D/+
COMAC L-/+ L-/+ L-/+ L-/+
Flexibilit L-/+ L-/+ L-/++ L-/++
Courbure de dformes propres L-/+ L-/+
Courbure de flexibilit L/+ L/++ L/+++ L/+++
nergie de dformation L/+++ L/+++ L/+++ L/+++

D : Dtect L : Localis L- : Localis avec dautres localisations


32
+ : Peu sensible ++ : Sensible +++ : Trs sensible
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

FIGURE 30
Exemples de mthodes de dtection dendommagement appliqu au pont rail PK 075 + 317.

FIGURE 31
Visualisation du coefficient COMAC.

33
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Principes 3.
de ralisation
des essais vibratoires

3.1. Choix dune source dexcitation


Les sources dexcitation dynamiques peuvent tre classes de plusieurs manires. La typologie
classique consiste sparer les excitations dites de choc ou dimpact des excitations dites vibratoires.
Les excitations vibratoires impliquent lapplication rptitive defforts sur un nombre assez important
de priodes naturelles de la structure. Les chocs ou impacts sont par contre caractriss par des
vnements transitoires de courte priode (de la milliseconde la minute). cette diffrence de
dure dapplication de leffort, sajoute galement une diffrence sur lamplitude. Une excitation
vibratoire est en gnral dun niveau damplitude plus faible mais se produisant plusieurs fois, alors
quun choc ou un impact induit des acclrations parfois leves sur une courte dure, qui, si elles
se produisaient en plus grand nombre, conduiraient trs certainement la ruine de louvrage. On
dnomme souvent les excitations dynamiques par chocs ou impacts, excitations impulsionnelles
ou transitoires. Les excitations vibratoires sont appeles excitations forces. La catgorie des
excitations forces englobe des excitations trs diffrentes :
Excitation priodique : dans ce cas, une force harmonique est applique au moyen dun actionneur.
Ce dernier peut tre hydrodynamique, lectro-mcanique, mcanique comme un excitateur
masse excentre ou simplement un pendule invers attach au tablier de louvrage ;
Excitation large bande : des actionneurs hydrauliques ou lectro-mcaniques sont utiliss afin
dexciter la structure sur une bande de frquences assez large. Les signaux dexcitation peuvent tre
des bruits blancs ou des signaux multi-harmoniques. De mme que pour lexcitation priodique, ce
type dexcitation est dfini par lexprimentateur et est donc contrlable ;
Excitation ambiante : dans ce dernier cas, lexcitation assurant la mise en vibration de louvrage
provient du trafic ou du vent. Cette excitation ne peut ni tre contrle ni tre mesure avec confiance.
Elle reste donc le plus souvent indtermine ou connue au travers de quelques statistiques.

Ces sous-catgories se distinguent par la nature contrlable ou non par lexprimentateur de


lexcitation.
Le recours une source dexcitation ou une autre nest pas neutre et chacune prsentant des
avantages et des inconvnients peut ne pas tre adapte un ouvrage donn. Ainsi, lutilisation
dune excitation contrle permet de reconstituer les fonctions de transfert du systme, mais oblige
la plupart du temps fermer louvrage la circulation si lon ne veut pas perturber les mesures par la
prsence dune excitation (le trafic) intempestive. Cela ncessite galement de choisir une priode
o le vent est faible. Inversement, raliser des essais sous sollicitation ambiante permet de se passer 35
dexcitateur et de bnficier dune nergie plus importante. Des lments structuraux (comme des
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

pylnes) peuvent tre excits plus aisment quavec une technique excitation contrle. Il faut
galement tre attentif ce que la source dexcitation ne modifie par le comportement structural
de louvrage. Ainsi, un excitateur trop lourd pour une passerelle pitonne conduira identifier des
caractristiques modales errones (influence de la masse). De mme, linteraction fluide-structure
pour des ouvrages lancs conduira identifier des amortissements perturbs par lamortissement
arodynamique.
La slection dune excitation pour des essais vibratoires est donc un problme essentiel suivant
lanalyse que lon poursuit. Dans le cas o seuls des niveaux de vibration sont recherchs, la mesure
sous excitation ambiante restera la plus pertinente car reprsentative des conditions de service de
louvrage !

3.1.1. Essais sous conditions contrles


Lexcitation contrle implique lapplication dune excitation de niveau connu des frquences
connues. Les essais avec vibrations contrles prsentent lavantage de supprimer les effets de
bruit dans la rponse mesure. Lexcitation est ralise au moyen de dispositifs de vibration qui
transmettent une force dynamique la structure. Les essais sous sollicitations contrles partent
du fait que si les actions sont connues et la rponse mesure, il est alors possible de remonter aux
caractristiques dynamiques et la fonction de transfert de louvrage. Lors dessais sur ouvrages
rels, les dispositifs de vibration sont gnralement monts sur la structure (Fig. 32a).

a. Excitateur masse excentre. b. Recherche dune frquence amortie.

FIGURE 32
Exemple dexcitateur masse excentre et balayage en frquence.

Un premier type de dispositif attach est lexcitateur masse excentre (ou communment appel
balourd) qui met en uvre une masse tournante excentre. Ce systme a t largement utilis
lors dessais sur ouvrages. La masse excentre gnre une force dynamique au travers dun
axe tournant sur lequel est monte une masse dont le centre de gravit est une distance de
laxe. Le dplacement gnrant leffort peut tre circulaire ou rectiligne. Lamplitude est constante
suivant la masse et la vitesse de rotation. Le dispositif peut tre opr pour diverses frquences
en changeant la vitesse de rotation de laxe. Ce type dessai dynamique sappelle essai sinus
fixe. Dans un premier temps, il est ncessaire deffectuer un sinus bas niveau de manire reprer
grossirement la position des modes, puis chaque mode est excit lun aprs lautre (Fig.32b). Le
contrle des vitesses de balayage est essentiel pour obtenir des rsultats satisfaisants. Il convient
36 galement de sassurer quexciter prs dune rsonance ne risque pas dendommager la structure.
Le systme le plus simple utilise une seule masse ; dautres systmes en utilisent plusieurs. Ils ont
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

lavantage de gnrer des sollicitations suivant plusieurs directions. Ces excitateurs gnrent des
efforts sinusodaux proportionnels au carr de la vitesse de rotation, ce qui permet de traiter des
excitations au-dessus du Hertz, mais plus difficilement au-dessous du Hertz.
Les actionneurs lectrodynamiques et hydrauliques gnrent des efforts plus importants que les
balourds. La force est cre par raction au travers du dplacement dun vrin haute pression. La
pression est fournie par un systme hydraulique. En service, le systme consiste en un actionneur
hydraulique servocontrl qui dplace une masse. Le poids de la masse peut tre modifi afin
dobtenir des amplitudes deffort diffrentes. Lactionneur procure des vibrations de niveaux levs
diffrentes frquences (flexion, torsion). Une action statique initiale peut galement tre applique et
des signaux complexes peuvent tre gnrs. Cependant, les niveaux diminuent avec la frquence
dexcitation. Ces excitateurs restent cependant moins courants que les balourds et sont relativement
onreux de conception (Fig. 33).
Certains de ces dispositifs permettent de gnrer des excitations alatoires dans une bande de
frquences allant de quelques Hertz plusieurs dizaines de Hertz. Cest notamment le cas des
excitateurs hydrodynamiques utiliss par lEMPA.

a. Excitateur lectrodynamique. b. Excitateur hydraulique.

FIGURE 33
Exemple dexcitateurs lectrodynamiques et hydrauliques.

Le moyen le plus simple dexciter une structure est dappliquer un choc par un marteau instrument
ou non (Fig. 34a) ou par une masse suspendue que lon laisse tomber. Un choc est un phnomne
transitoire, cest--dire quil se distingue dune excitation harmonique (phnomne priodique
qualifie par une amplitude et une frquence) et dune excitation alatoire (qualifie par ces
caractristiques statistiques). Dans le lcher dune masse, lexcitation impulsionnelle dlivre peut
tre modifie en changeant la masse. La plage de frquence peut galement tre modifie en
changeant la tte du marteau par exemple. La fonction impulsionnelle consiste en un spectre large
sur une courte priode. La largeur de cette fonction dtermine le spectre tandis que la hauteur
et la forme contrlent lnergie. Les bruits de mesure peuvent tre parfois trs importants car la
priode et trs courte par rapport la dure denregistrement. Ces systmes sont rarement utiliss
sur les ouvrages car les masses doivent tre parfois importantes et des endommagements locaux
peuvent survenir. Un autre mcanisme dexcitation consiste relcher la structure dune position
dforme (Fig. 34b). Cette position est obtenue par des cbles relchs par goupille explosive ou
par un systme hydraulique. La rponse est fortement conditionne par les dformes statiques.
Cest lune des mthodes les plus simples pour mesurer les frquences propres et les dcrments 37
logarithmiques.
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

a. Impact. b. Cble tendu et dcoup.


FIGURE 34
Exemples dessais dynamiques avec rponse transitoire.

3.1.2. Essais sous vibrations ambiantes


Le recours des essais sous excitation ambiante est aujourdhui de plus en plus populaire parce
quils permettent de mesurer la rponse dune structure en service. Laugmentation des capacits
des systmes dacquisition et de stockage de donnes ont galement largement favoris le
dveloppement de ces essais.
Lexcitation peut tre cause par le vent, le trafic de pitons ou de vhicules ou par toute autre
charge dexploitation. Puisque lexcitation est inconnue, certaines hypothses doivent tre mises
sur sa nature. Lhypothse de base reste que les sollicitations sont des processus stochastiques
stationnaires avec une densit spectrale de puissance suffisamment riche (cest--dire avec une
bande de frquence suffisamment large) pour que toutes les frquences propres pertinentes de
la structure soient excites. Si cette hypothse est valide, seule la rponse de la structure est utile
pour estimer les paramtres dynamiques. Une connaissance incomplte de lexcitation entrane
galement limpossibilit de dduire les matrices gnralises de masse et de rigidit.
Bien que lestimation des frquences et des dformes propres puisse tre obtenue avec une
bonne prcision, lestimation des coefficients damortissement est par contre entache derreurs.
Ces dernires proviennent de plusieurs sources. La premire est linvalidation de lhypothse
de stationnarit. Vient ensuite un mauvais choix dans les procdures de traitement du signal ou
danalyse modale. Enfin, certains modes peuvent tre assez mal excits. La fonction de transfert
peut galement tre modifie par lamplitude de lexcitation. Cela peut donc conduire des variations
dans lestimation des coefficients damortissement puisque lamortissement structural dpend de
lamplitude des vibrations. Mais, inversement, de faibles niveaux dexcitation peuvent ne pas tre
pertinents pour prdire la rponse dynamique de hauts niveaux dexcitation. La raison principale
rside dans le degr de non linarit exhib par des structures relles. Labsence de contrle de
lexcitation rend donc plus dlicat lexploitation des mesures de vibration. Mais il est vrai que des
essais sous excitation ambiante sont faciles de ralisation puisque la structure est en service, quon
limine tout dispositif contraignant et que lon favorise la corrlation entre rponse de louvrage et
conditions normales dutilisation.
Il faut ce stade distinguer deux types dexcitations ambiantes : les excitations de service et les
excitations accidentelles. Les excitations de service sont les excitations que louvrage subit en
conditions normales dexploitation (vent, trafic, etc.) ; elles ont des priodes de retour trs faibles
38 et correspondent des sollicitations frquentes. Les excitations accidentelles sont des sollicitations
exceptionnelles admettant des priodes de retour trs grandes ; elles sont souvent associes des
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

sollicitations extrmes (sismes de grande amplitude, tornades, ouragans, explosions, etc.). Les
excitations accidentelles ne peuvent donc pas tre considres comme des excitations couvertes
par les investigations dynamiques en raison de leur caractre non prdictif.
Le vent turbulent est une source dexcitation basse frquence (0-1 Hz). Lexcitation est alors
approche par une description statistique (spectre). Une cause derreur qui nen est pas
ncessairement une et que lon oublie frquemment, rside dans le fait que certaines sources
dexcitation extrieure introduisent des phnomnes de couplage entre elles et la structure. Ainsi,
le vent exerce des sollicitations arolastiques couples avec le dplacement du pont. Pour des
ouvrages trs sensibles aux effets du vent, le systme dynamique identifi nest plus le systme
structural mais un systme coupl fluide-structure. En effet, linteraction fluide-structure se traduit
par lintroduction de termes de raideur et damortissement ajouts (appels raideur et amortissement
arodynamiques). Les coefficients damortissement estims partir dessais dynamiques in situ
peuvent diffrer fortement des paramtres structuraux. Dans le cas de phnomnes particuliers
(chappements tourbillonnaires notamment), certains lments de structure (haubans) peuvent tre
amens vibrer des frquences trs leves (10 et 50 Hz).
Le trafic routier excite en gnral des modes suprieurs 2 Hz (pouvant mme aller jusqu 30 Hz).
Le spectre est cependant en gnral concentr autour dune plage de frquences (2-6 Hz). Le trafic
routier induit galement des phnomnes de couplage puisque chaque vhicule peut tre considr
comme des systmes secondaires (masse, ressort, amortisseur). Des remarques similaires peuvent
tre faites pour le trafic ferroviaire.
Except le passage au pas de troupes, qui traditionnellement interrompent leurs pas cadencs
lors de la traverse dun pont, les ponts conus pour supporter des charges de trafic sont peu
susceptibles de vibrer sous laction des pitons. Laction des pitons comme source dexcitation
concerne donc essentiellement les passerelles (Chapitre 2), verticalement (avec une frquence
dexcitation autour de 2 Hz) ou latralement (frquence dexcitation proche de 1 Hz).
Le bruit micro-sismique constitue des actions sismiques de trs faibles amplitudes toujours
prsentes la surface terrestre. Elles peuvent tre modlises comme une squence de transitoires
de courtes dures. Cette source dexcitation est dusage restreint car les micro-sismes sont
souvent damplitudes trs faibles, donc dtectables par des capteurs trs sensibles et pouvant tre
masqus par du bruit ambiant. Lexcitation sismique est quant elle une action transitoire dune
dure trs courte (10 s). Laction est induite par le mouvement du sol ; sa connaissance (mesure)
peut tre ralise en plaant des acclromtres ou des vlocimtres mme le sol (de prfrence
en champ libre pour viter des interactions sol-structure). Lapplication de cette source dexcitation
est trs limite puisquun tremblement de terre est un vnement rare. Les mesures dynamiques
ncessitent donc une surveillance continue.
Le tableau II rsume les avantages et les inconvnients de chaque type dexcitation suivant divers
critres.

TABLEAU II - Avantages et inconvnients du type dexcitation

Critre Excitateur Transitoire Ambiant


Frquences + + +
Dformes propres + + +
Amortissements - + +/-
Niveau vibratoire durant les essais - - +
Cot dinvestigation - +/- +
Excitation basse frquence - + +
Excitation haute frquence + + +/-
Surveillance continue - - +
Surveillance priodique + + +
Contrle de lamplitude de vibration + + -
+ : pertinent - : non pertinent +/- : dpendant du cas considr 39
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

3.2. Choix des donnes acqurir

3.2.1. Choix de la grandeur mesurer


Les systmes modernes dacquisition en dynamique des structures nont rellement dbut quavec
lapparition des acclromtres dans les annes 1950. Ces derniers sont aujourdhui les plus
couramment employs dans les mesures de vibration bien que dautres dispositifs puissent tre
utiliss (gophones pour les vitesses, voire jauges de dformation pour les contraintes et mme
GPS rcemment). La slection du paramtre mesurer (dplacement, vitesse, acclration,
dformation) peut reposer sur la rgle de platitude qui consiste retenir le paramtre pour lequel
le spectre est le plus uniforme possible [Harris & Piersol, 2002]. En effet, toute augmentation de la
rponse sur une frquence influencera de la mme faon les niveaux de vibration et les contraintes
sur lamplitude de mesure des capteurs seront limites. titre dexemples, le tableau III propose
quelques principes gnraux de slection.

TABLEAU III - Quelques principes pour le choix de la grandeur mesurer

Acclration
Analyse de forces (si acclrations proportionnelles)
Dimension rduite du capteur
Vitesse
Analyse de vibrations en corrlation avec un bruit acoustique (pression proportionnelle la vitesse de vibration de
surface)
Analyse de vibrations o le spectre est plus uniforme que pour le dplacement ou lacclration (balourds)
Dplacement
Amplitude importante du dplacement
Dplacement donnant une indication sur les niveaux de contraintes
Analyse de mouvements relatifs
Dformation
Variation significative des contraintes

3.2.2. Choix mtrologique


Ltape mtrologique [Harris & Piersol, 2002] consiste en gnral dfinir lobjectif des essais et
les grandeurs physiques recherches (dplacement, acclration, contrainte, etc.), mais aussi de
prciser les facteurs non lis lquipement qui influenceront le choix de linstrumentation et des
techniques de mesure. Il sagit notamment de la qualification du personnel, des cots, du temps
disponible pour les essais, du planning, et des mthodes disponibles pour lanalyse des donnes, la
validation et la prsentation des rsultats.
la lumire de cette analyse, les facteurs importants qui conditionnent le choix de lquipement sont
prsents dans le tableau IV. Les capteurs peuvent tre classs de quatre manires distinctes :
suivant les quantits mesures : acclromtre, vlocimtre, capteur de dplacement, jauges de
dformation, inclinomtres, etc.,
suivant leur principe physique de fonctionnement : rsistif, capacitif, inductif, piezo-lectrique,
etc.,
suivant le caractre relatif ou absolu de la mesure,
suivant la dure de la mesure.

40
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

TABLEAU IV - Quelques facteurs importants conditionnant linstrumentation dynamique

Paramtres
Acclration, Vitesse, Dplacement, Dformation, Inclinomtres, Pression
Caractristiques du mouvement
Bande de frquence, Amplitude, Dphasage, Direction, Amortissement, Dure
Rfrence de la mesure
Relative (interne/interne), Relative (externe/interne), Absolue
Conditions environnementales
Temprature, Humidit, Champs lectromagntiques, Milieu agressif, Radiations, Ensoleillement
Capteurs
Caractristiques lectroniques (sensibilit, prcision, linarit, bande passante, rponse en frquence et en phase), Carac-
tristiques physiques (dimension, masse), Isolation, Conditionnement, Alimentation
Fixation
Influence de la fixation sur le capteur, Influence de la fixation sur la structure, Nombre de points de mesure, Place dispo-
nible, Accessibilit pour linstallation et la maintenance, Facilit dinstallation, Dfaut de montage par rapport la direction
de mesure
Systme de mesure (conditionneurs, amplificateurs, filtres, analyseurs)
Caractristiques lectriques (I/O), Alimentation, Interfrences, Nombre de voies de mesure, Temps rel
Transmission des donnes
Cble coaxial, Fibre optique, Bluetooth, WIFI, GSM, GPS
Systme denregistrement
Temps rel, Caractristiques lectriques (ratio signal/bruit), Portabilit, Numrisation et filtrage, Corrlation entre informa-
tion enregistre et grandeur physique, Redondance, Alimentation
talonnage sur site
Capteurs, Systme de mesure
Analyse des donnes
Manuelle ou automatique, Format de prsentation

3.3. Capteurs
Il existe de nombreux types de capteurs et/ou sondes disponibles pour mesurer presque nimporte
quel paramtre. En outre, les chercheurs continuent dvelopper de nouvelles technologies et
des techniques qui permettent des mesures plus fiables, plus prcises pour un cot rduit. Afin
de choisir et dvaluer les capteurs parmi tous ceux disponibles dans le commerce, quelques
rappels terminologiques de base sont ncessaires. Une comprhension fondamentale des critres
considrer lors du choix de la mtrologie est galement ncessaire.
De manire gnrique, un capteur est un dispositif qui convertit lnergie dune forme en une autre.
Lnergie dentre est celle des phnomnes physiques mesurs : mcanique, thermique, lectrique,
magntique, radiante et chimique. Dans la plupart des applications de surveillance de sant, les
variables dintrt sont gnralement associes de lnergie mcanique. Ces variables incluent
lacclration, les efforts, la distance, la vitesse, et la pression. Lnergie de sortie est habituellement
lectrique (tension, courant, etc.) ou mcanique. Elle peut tre dcrite sous une forme analogique
ou numrique. Les sorties analogiques sont les plus communes, mais elles doivent tre converties
en format numrique pour pouvoir tre traites par ordinateur, et pour les archiver. Nimporte quel
capteur se composera au moins de deux composants discrets, llment sensible et son botier.
Llment sensible est le mcanisme fondamental de transformation de lnergie dune forme 41
sous une autre. Un capteur simple contient gnralement un seul lment sensible tandis que des
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

capteurs ou sondes complexes incorporeront plus dun lment. Le botier comprend llment
sensible et toute la connectique et lectronique ncessaires cet lment.
Si la premire tape du choix de mtrologie pour une application particulire est de caractriser les
paramtres dentre et lenvironnement dans lequel ils seront mesurs (Section 3.2), un ventail
de capteurs peut tre identifi. Afin de choisir les diffrents capteurs, il y a plusieurs critres
importants qui doivent tre considrs. Ces critres peuvent tre rpartis en trois catgories : les
caractristiques de performance technique du capteur, les contraintes environnementales et les
considrations conomiques. Lobjectif en valuant ces critres est de choisir la mtrologie qui
sera la plus compatible avec les variables identifies et les contraintes environnementales. Ceci
assurera que les capteurs choisis maximisent la fiabilit et lefficacit des mesures tout en rduisant
au minimum lincertitude.
Les caractristiques de performance dun capteur dcrivent sa manire de se comporter dans des
conditions typiques dutilisation (statiques et dynamiques). Les caractristiques de base sont :
la sensibilit qui indique le niveau de changement en sortie du capteur en rponse un changement
en entre,
la rsolution qui est le plus petit changement en entre conduisant un changement en sortie,
ltendue qui reprsente la diffrence entre les valeurs de sortie maximales et minimales,
la linarit qui caractrise la proportionnalit de la rponse en fonction de lentre,
lhystrsis qui est la diffrence entre deux lectures de la sortie pour le mme point, lun partant
de zro, lautre partant de lamplitude maximale,
lexactitude ou justesse qui reprsente lcart entre la valeur mesurer et la valeur en sortie du
capteur,
la rptabilit qui indique lcart entre des mesures successives de la sortie du capteur dans des
conditions environnementales identiques,
la reproductibilit qui est la capacit dun capteur maintenir la mme sortie en rponse une
entre constante sur une priode de temps,
la rponse en frquence qui indique dune part le changement du rapport entre/sortie pour une
plage de frquences du signal harmonique dentre, et dautre part du dphasage entre la sortie et
lentre,
la bande de frquence dutilisation qui est la bande de frquence dans laquelle lutilisation du
capteur donnera une valeur correcte 5 %,
la frquence de rsonance du capteur, cest--dire la frquence ne pas exciter sous peine de
destruction du capteur,
la sensibilit transverse qui est la mesure, donne dans une direction orthogonale laxe de
mesure principal du capteur, en pourcentage de la mesure maximale principale.

Les contraintes environnementales qui doivent tre considres dans le choix des capteurs incluent
souvent la temprature, lhumidit relative, la dimension, le conditionnement (protection, tanchit,
etc.), lisolation (interfrences lectromagntiques, foudre, vibration, etc.), et les effets thermiques
(compensation de la rponse en temprature du capteur par rapport la mesure). Les considrations
conomiques les plus importantes sont le cot, la disponibilit, la fiabilit, la facilit dinstallation et
les besoins associs en acquisition de donnes.

3.3.1. Mesures de dformation


La dformation est une mesure de la variation relative du changement de la longueur dun lment
sous une force applique. Il existe de nombreuses mthodes disponibles pour mesurer des
dformations. Les technologies les plus usites en dynamique sont les jauges de dformation. Les
jauges fibres optiques sont galement disponibles, mais dusage plus limit.

42
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

JAUGES DE DFORMATION
Les jauges de dformation [R1 850] les plus couramment utilises se composent dun film mtallique
mince dpos sur une feuille plastique non conductrice. Deux pattes permettent la connexion
au systme de conditionnement. Le principe de fonctionnement est bas sur le rapport entre la
rsistance du conducteur et son changement de longueur. Ces jauges sont disponibles dans un
certain nombre de modles et de configurations pour des mesures de dformation intrieures et
extrieures. Les jauges de dformation colles sont appropries aux mesures de courte dure
ou pour de la surveillance intermittente de dformation changeant rapidement avec le temps.
De ces dformations, les contraintes se dduisent selon le type de jauge (Fig. 35) employe
(unidirectionnelle, bidirectionnelle, rosette, chanette).

FIGURE 35
Exemples de jauges de dformation.

Les rsistances usuelles sont de 120 , 350 , 700 et 1000 (jusqu 5 k pour des applications
spciales). Le circuit de conditionnement couramment employ est un pont de Wheatstone qui
mesure le changement de rsistance plutt que la rsistance elle-mme. Il convertit ce changement
en tension. La sensibilit dpend de la tension dentre et du type de circuit (quart, demi ou pont
complet). Ltendue de dformation est habituellement de 5 % (jusqu 10 % pour certaines
dentre-elles). Dans la mise en uvre pratique, diffrents points doivent tre traits avec prcision.
La jauge nest sensible que dans la direction des fils conducteurs ; son orientation par rapport
la dformation tudie doit donc tre ralise avec soin. La taille dune jauge donne la rsolution
spatiale du capteur ; si lon cherche avoir un maximum de dformation, la dimension du capteur
va limiter le maximum apparent, en fonction du gradient de dformation. Enfin, dans le cas de
matriaux htrognes (comme le bton), la taille de la jauge doit tre en regard de la dimension de
la cellule lmentaire du matriau.
Les jauges de dformation peuvent tre utilises pour des mesures dynamiques mais aucune
frquence de coupure nest clairement identifie. La mesure de signaux basse et moyenne
frquences (les cas les plus courants en essais dynamiques) ne pose donc pas de problme pour
les jauges de dformation. Pour la mesure dun phnomne rapide, il est recommand dutiliser des
jauges de dimension infrieure au sixime de la longueur donde.
Les variations de temprature rencontres dans les ponts (- 30 + 40 C) produisent des
changements de rsistance en raison du changement de la rsistivit et de la dilation thermique de
la jauge. Il est donc recommand dutiliser des jauges compenses en temprature.
Les jauges de dformation soumises des chargements cycliques exhibent des comportements
hystrtiques dont lamplitude dpend de la jauge elle-mme mais galement de la colle. Lcart
entre dformations croissantes et dcroissantes slve quelques micro-dformations. Ces cycles
de dformation peuvent affecter la fiabilit long terme de la jauge (fatigue) et sa stabilit. Le cot
de ces capteurs est relativement bon march. Les jauges de dformation sont lies llment par
collage (ou soudage parfois) assurant le transfert de la dformation de llment la jauge (Fig. 36).
La surface doit donc tre prpare avec soin pour permettre une bonne adhrence. La colle est la 43
plupart du temps de type cyanoacylate ; pour permettre des mesures de longue dure (lutilisation
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

de jauges de dformation reste nanmoins peu adapte ce type dapplication), la polymrisation


complte de la colle est essentielle pour assurer une bonne prcision. Les jauges doivent galement
tre protges de lhumidit par un revtement adapt. Enfin, la sortie dune jauge de dformation
est un signal de faible tension ; il est donc trs sensible au bruit. Signalons que les jauges sont
galement sensibles aux dformations transverses qui entranent une erreur de mesure pouvant
slever 10 % de la mesure. Il est enfin galement possible de recourir des jauges soudes sur
des structures mtalliques. Ce procd prsente lavantage de supprimer les problmes lis au
fluage de la colle. La mise en uvre est toutefois plus longue et donc plus coteuse.

FIGURE 36
Implmentation de jauges de dformation sur ouvrage.

FIBRES OPTIQUES
Les capteurs fibre optique [R412] sont des composants attractifs en raison de leur prcision,
stabilit long terme, de leur capacit de multiplexage, de leur protection contre les interfrences
lectromagntiques, de leur tendue dusage en temprature Plusieurs technologies sont
aujourdhui disponibles, bases sur des caractristiques diffrentes (modulation de lintensit,
changement de polarisation, dcalage de longueur donde). Elles peuvent tre intrinsques lorsque
la fibre est simultanment un capteur et un dispositif de guidage de la lumire, ou extrinsques
lorsque la fibre assure seulement le rle de guide. Ces capteurs sont sensibles divers paramtres,
comme la temprature, les vibrations, les dformations La technologie de mesure par fibre
optique prsente un certain nombre davantages de lgret, de durabilit et de sensibilit. Ils
sont galement inertes face la plupart des agressions chimiques et leur flexibilit demploi les
rend utilisables dans des environnements svres en les incorporant dans la structure sans tre
intrusifs.
Dans les mthodes de mesure conventionnelles, les connexions lectriques sont souvent perturbes
par des sources dinterfrences (lectromagntiques, bruits lies aux perturbations atmosphriques,
etc.). Dans un systme de mesure par fibre optique, les effets dinterfrences lectromagntiques
en sont absents. Ceci est dimportance dans le cas dinvestigations exprimentales proximit de
lignes haute tension. Les fibres optiques liminent galement les effets de couplage capacitif des
lignes de transmission. En raison de lisolation lectrique du capteur, le systme est protg de la
plupart des bruits extrieurs.
Leffet des paramtres environnementaux sur les proprits optiques des fibres peut tre value
au travers des changements des proprits du rayon lumineux guid. Ceci rend les fibres optiques
particulirement intressantes pour de nombreuses applications dans la surveillance des ouvrages,
y compris pour des investigations dynamiques moyen ou long terme.
Il existe une grande varit de systmes de mesure fibres optiques, de principes et de
44 caractristiques diffrentes. Lune des limitations pratiques de ces systmes est le cot des
systmes dinterrogation et leur capacit tre utiliss pour des mesures dynamiques.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Les rseaux de Bragg (Fig. 37a) permettent une modulation priodique de lindice de rfraction de
la fibre en lexposant une lumire ultraviolette. En injectant une telle lumire dans la fibre divise
en lments formant le rseau, une bande troite de longueurs donde sera rflchie alors que les
autres traverseront llment du rseau. Ce systme offre un potentiel de multiplexage qui permet
doprer plusieurs signaux sur une mme fibre optique (>100 signaux) en plusieurs points, ce qui
autorise la mesure de dformation et/ou de temprature en diffrents lieux le long dune mme fibre.
Ce nombre de rseaux dpend de la largeur du spectre de la source lumineuse et de leur tendue
de mesure. Les rseaux de Bragg peuvent tre utiliss en remplacement de jauges classiques de
dformation, et peuvent tre inclus directement dans le matriau (bton). La rsolution est de 1 def
et ltendue de mesure est de 50000 def. Cependant, cette tendue est fonction du nombre de
rseaux ; ainsi avec 5 rseaux, ltendue maximale sur chaque rseau sera de 10000 def, avec
10 rseaux de 5000 def. Ltendue de temprature oprationnelle varie de - 40 C + 100 C. Les
rseaux de Bragg ne demandent pas de calibration priodique et sont dune grande stabilit et
rptabilit sur le long terme sous rserve de lintgrit du support dattache (voir plus loin). La
frquence de coupure de ces capteurs est de quelques kHz ce qui est largement suffisant pour
la plupart des applications de gnie civil. Bien que les fibres optiques offrent une bonne flexibilit,
les rayons de courbure infrieurs 20 mm doivent tre vits. Les fils de connexion doivent tre
protgs pour prvenir toute perte de signal. Bien que les rseaux de Bragg soient sensibles la
temprature, cet effet peut tre discrimin de la dformation mesure en utilisant un rseau spar
de compensation.
Les capteurs de Fabry-Prot (Fig. 37b) sont des jauges de dformation point unique bases sur la
mesure par interfromtrie dun vide entre deux rflecteurs. En tension (compression), la dimension
de ce vide augmente (diminue) et dcale le spectre rflchi vers des longueurs donde plus (moins)
importantes. La justesse et la rsolution de ce type de capteur dpendent de ltendue maximale
de mesure, soit entre 0,025 % et 0,01 % de cette tendue. Cette tendue varie de 1000 def
10000 def. La frquence de coupure habituelle (mme si des options pour laugmenter existent)
est de 20 Hz, ce qui rduit srieusement les utilisations pratiques en vibration des structures.

a. Rseau de Bragg. b. Fabry

FIGURE 37
Exemples de systmes dinterrogation par fibres optiques.

Un autre capteur utile pour des mesures dynamiques de variation de longueur est bas sur le
principe de micro-flexion. Lorsquune fibre est suffisamment flchie, la lumire en son cur ne
rencontre plus la gaine optique un angle gal ou suprieur langle critique. Dans ce cas, la
rfraction totale interne ne se produit plus et une partie de la lumire schappe de la gaine optique.
La variation de lintensit transmise est proportionnelle la dformation de la structure sur laquelle
est mont le capteur. Un tel systme, parmi les plus anciens, est relativement simple, mais dpend
fortement de la temprature, de la calibration du systme et deffets non linaires entre intensit et
allongement.
Linstallation des capteurs fibre optique peut tre ralise intrieurement ou extrieurement au 45
matriau. Il est cependant ncessaire de garantir un bon contact mcanique entre le capteur et
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

la structure et de protger mcaniquement les fibres. Dans le cas de capteurs de base courte,
il est souvent difficile dajouter des couches de protection supplmentaire aux fibres sans altrer
leur rponse. Dans ce cas, le capteur doit tre coll ou noy dans la structure directement. Ainsi,
il est possible de coller des rseaux de Bragg des armatures de renforcement avant coulage du
bton. Dans dautres situations, le capteur de mesure de dformation est noy ou enrob dans
un autre matriau qui est mcaniquement compatible avec le matriau environnant. Lorsquune
fibre est compltement noye dans le matriau ou dans un matriau support, des parasites
peuvent apparatre dans les composantes de la dformation perpendiculaires la fibre. Ceci est
particulirement vrai pour les rseaux de Bragg pour lesquels une pression radiale pourra changer
lindice de rfraction de la fibre. Ce changement doit tre interprt avec soin et non pas comme
une variation de la dformation axiale. La superposition de deux rseaux de Bragg permet dliminer
cet effet parasite. Dans le cas de capteurs longues bases, deux installations sont possibles. La
premire (couplage total) consiste mettre la fibre en contact mcanique avec la structure sur
toute sa longueur. La seconde vise attacher la fibre par ses seules extrmits la structure et
de la prtendre (couplage partiel). Dans le cas dun couplage total, la dformation entre la fibre et
le matriau sera distribue sur toute la longueur. Ce couplage est prconiser lorsque les fibres
peuvent tre directement noyes dans le matriau sans risque de rupture. Le couplage partiel offre
lavantage dune meilleure protection. Les efforts sont transmis aux seuls points dattache de la
fibre. Un soin particulier doit tre apport dans le choix des colles afin dassurer un bon contact
mcanique et dviter tout glissement. Le collage sur gaine acrylate est proscrire. Le retrait de la
gaine mcanique conduit cependant une rduction de la rsistance la traction de la fibre. Les
gaines polyamides sont plutt conseilles.
Dans la majorit des cas, notamment pour des ouvrages en cours de construction, linstallation des
capteurs fibre optique constitue une difficult ne pas sous-estimer.

3.3.2. Mesures de dplacement


Pour mesurer des dplacements [R1 800], de nombreuses technologies existent pour des essais
dynamiques : capteurs potentiomtriques, capteurs capacitifs, capteurs inductifs, capteurs
transformateur diffrentiel (LVDT - Linear Variable Differential Transducers), capteurs optiques, etc.
Chacune de ces technologies impose un point de rfrence.

CAPTEURS POTENTIOMTRIQUES
Ces capteurs (Fig. 38a) consistent relier mcaniquement la partie douvrage un curseur se
dplaant le long dune rsistance lectrique. La variation de rsistance est alors directement
proportionnelle la position du curseur. La prsence de ce curseur mcanique est gnralement
source de bruit li lusure rgulire de la lamelle mcanique venant frotter sur une piste conductrice
(constitue la plupart du temps dune matrice polymre charge en particules conductrices). La
rsolution est de 0,1 % de ltendue de mesure, celle-ci pouvant aller de 0,1 mm plusieurs dizaines
de centimtres. La frquence maximale dutilisation est directement dtermine par la vitesse
maximale de dplacement du curseur sur la piste (de lordre 1000 Hz). La dure de vie dun tel
capteur est conditionne par lusure de la lamelle (108 manuvres), ce qui a conduit dvelopper
des capteurs sans curseurs mcaniques dits sans contacts. Dans le cas dun curseur optique, une
contre-piste photoconductrice spare la piste rsistive de la piste de contact. claire, cette piste
passe dun comportement isolant un comportement conducteur. Le spot dclairement agit donc
comme un contact mobile. La bande de frquence de ce capteur dpend du temps de rponse
du matriau photoconductif (de lordre de la dizaine de millisecondes). Dans le cas dun curseur
magntique, cest un aimant qui se dplace au-dessus dune piste magntorsistive oprant par
effet Hall. Le champ magntique cr par laimant modifie alors la rsistance des pistes ; une
compensation thermique est gnralement ajoute et la bande de frquence stend jusqu une
dizaine de gigahertz.

CAPTEURS CAPACITIFS
Ces capteurs (Fig. 38b) sont bass sur la variation de capacit dun condensateur dont lune des
deux armatures doit tre fixe la structure pour en mesurer son dplacement. Ce sont des capteurs
46 robustes et fiables, mais de course limite (5 250 mm avec une rsolution de 2 10-8 %). Ils ne sont
pas utiliser dans des conditions pouvant affecter lisolement lectrique.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

a. Potentiomtrique. b. LVDT.

FIGURE 38
Exemples de capteurs de dplacement.

CAPTEURS INDUCTIFS
Ces capteurs inductance variable se divisent en deux familles, selon quils incluent un entrefer
variable ou un systme bobine/noyau mobile. Ces systmes sont particulirement sensibles aux
interfrences lectromagntiques. La course est encore plus limite que dans le cas des capteurs
capacitifs (de lordre de 0,1 50 mm). Ils sont gnralement abandonns au profit des capteurs
transformateur diffrentiel.

CAPTEURS LVDT
Le principe du capteur transformateur diffrentiel (LVDT Linear Variable Differential
Transducers) repose sur la variation dinduction dune bobine conductrice lie aux variations de
champ magntique. Le capteur est construit autour dun aimant magntique (cur) entour dune
bobine primaire, soumise un courant alternatif, elle-mme place entre deux bobines secondaires
montes en srie ne voyant que le courant induit par la premire bobine. Le mouvement de laimant
perturbe alors le champ induit. Si le dplacement est faible (laimant ne sort pas des bobines), la
tension est proportionnelle au dplacement. Par symtrie, cette tension est nulle lorsque laimant
est centr par rapport aux bobines. La direction est donne pour un changement de phase de 180
par rapport la position centrale. La sensibilit de ce capteur est donne en mV/V par rapport
ltendue maximale. Le signal dentre est gnralement harmonique, damplitude allant de 0,5 V
10 V et de frquence porteuse de 1 kHz 30 kHz. Des conditionneurs spcifiques sont requis
avec les capteurs LVDT cause des hautes frquences dentre et de la dmodulation du signal de
sortie. Le signal peut tre transmis sur de longues distances avec une faible attnuation. Au-del
de 50 m, une calibration spcifique du capteur et de son cblage est obligatoire. Les tendues
des capteurs LVDT vont de 0,1 mm 500 mm. La rsolution dpend de cette tendue. Pour de
petites tendues, la rsolution peut atteindre 0,01 m. Cependant, les effets thermiques et de bruits
parasites limitent la rsolution pratique 1 m. La gamme de frquence des capteurs est limite par
la gamme de frquence de leur entre. Un ratio de 10 1 est ncessaire entre la frquence porteuse
et la frquence du signal de sortie. Avec une frquence dexcitation de 5 kHz (ce qui est classique),
la frquence de coupure du capteur va jusqu 500 Hz. Ces capteurs oprent pour des tempratures
allant de - 20 C + 150 C. La temprature produit un dcalage de zro et une modification de la
sensibilit, avec des erreurs infrieures 0,01% / C de ltendue de mesure. Lerreur de linarit
est de 0,5 % de ltendue du capteur. Elle peut tre rduite 0,1 % pour certains systmes.
Les capteurs LVDT sont des capteurs robustes qui fournissent des sorties stables, sous rserve
dtre correctement monts. Ce montage repose sur une connexion rigide (tige) une base ; les
dplacements sont mesurs relativement cette base. Les supports mtalliques sont habituellement 47
visss la structure. Afin dviter tout frottement, la tige doit se dplacer le plus proche possible de
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

laxe de fixation du capteur. Dans le cas dinvestigations dynamiques plusieurs millions de cycles,
des capteurs non guids doivent tre utiliss pour liminer tout effet de frottement. Lhumidit et la
poussire peuvent pntrer dans la tige et les bobines et ainsi rduire la mobilit de laimant par
friction. Les capteurs LVDT ont habituellement une protection mtallique qui les rend insensibles
aux champs lectromagntiques.

CAPTEURS OPTIQUES
La mesure optique de distance ou de dplacement est
souvent divise en deux types de systmes, passifs
ou actifs. Les mthodes passives utilisent la lumire
ambiante pour positionner un objet dans lespace. Les
mthodes actives (mthodes interfromtriques, temps
de vol, etc.) ont recours leur propre source de lumire.
Une autre classification consiste sparer les mthodes
bases sur des traitements dimage des mthodes
dites directes. Les techniques directes donnent une
distance par rapport une cible alors que les mthodes
traitement dimage doivent calculer la distance sur la
base dalgorithmes bass sur le mouvement de diverses
parties de la cible. Enfin, une troisime classification
vise distinguer les mthodes en fonction du nombre de
vues ncessaires au calcul de la distance (monoculaire
ou multiples).
Les mthodes interfromtriques (Fig. 39) procurent des
mesures de distance de haute rsolution. Dans cette
technique, un faisceau laser est divis en deux, lun
tant rflchi par la cible, le second rflchi par un point
FIGURE 39
de rfrence connu. Lorsque ces deux faisceaux sont
Exemple de capteur laser de dplacement. combins, des franges dinterfrence sont obtenues et
la position de la cible peut tre calcule en fonction de
leur nombre. Une rsolution de 100 nm peut tre utilise. Le dsavantage essentiel de la technique
rside dans le comptage des franges. Une alternative, base sur de linterfromtrie multiples
longueurs donde (lumire blanche), a t dveloppe afin de fournir des mesures absolues de
distance, mais un cot plus lev. Ltendue de mesure est de 0,1 500 mm avec une rsolution
de 0,25 % ; la frquence de coupure est de 500 Hz, ce qui est largement suffisant pour les applications
aux ponts.
Dans les systmes temps de vol (pulsed time-of-flight TOF), une impulsion lumineuse ( = 100 ps)
est envoye dans une fibre qui contient un rflecteur semi-transparent. Le rflecteur produit une
srie dimpulsions dun retard de quelques diximes de nanosecondes selon la longueur du capteur.
Le cot de cette technique reste trs lev pour des investigations dynamiques classiques.

ENREGISTREMENTS DIMAGES PAR CAMRAS


La rsolution limite de la vision humaine en temps et en espace a conduit dvelopper des
moyens denregistrement dimages temps de pose court et haute cadence. Ces appareils
denregistrement dimages se rattachent en gnral trois catgories [R6 728] :
la classe normale correspondant des cadences de 24/25 images par seconde, jusqu une
centaine dimages par seconde,
la classe rapide correspondant des cadences allant dune centaine plusieurs dizaines de
milliers dimages par seconde,
la classe ultra-rapide avec des temps de pose infrieurs la microseconde ou des cadences
dpassant la centaine de milliers dimages par seconde.

Lapplication la mesure de dplacements (statiques ou dynamiques) douvrages est conditionne


48 par les conditions mtorologiques comme la pluie ou un clairage intensif de soleil dans laxe
de vise. Grce lajout de cibles sur une structure, et une triangulation au moyen de plusieurs
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

camras, il est alors possible dacqurir des sries dimages stockes sur disque pouvant tre
traites ultrieurement volont. Lutilisation de traitement dimages (Fig. 40) permet ainsi de suivre
le dplacement de plusieurs cibles. La prcision des rsultats est fonction du champ. Elle est de
lordre du dixime de millimtres pour un champ de quinze mtres, sous rserve dun support stable
des camras. Des zooms grossissants peuvent tre mis en uvre afin daccrotre la prcision de
mesure sur certaines zones dtude. Lutilisation de camras mcano-optiques ou lectroniques
associes avec des logiciels de traitement dimages permet aujourdhui den faire un systme de
mesure de bande de frquence tendue (jusqu 10 kHz).

b. Image acquise.
a. Camra optique.

c. Dplacement dynamique dune cible.

FIGURE 40 49
Mesure de dplacement par camras optiques et traitement dimages.
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

3.3.3. Acclromtres
Les acclromtres [R1 812] sont probablement les capteurs les plus utiliss en mesures de
vibration. Leur taille rduite, leur large gamme de sensibilit et dtendue, les bandes de frquences
utilisables et leur montage les rendent particulirement attractifs. Ces capteurs sont sensibles aux
forces dinertie ; la mesure dacclration est donc base sur le principe dune masse sismique
agissant sur un ressort attach un support, soit en traction, soit en flexion, soit en cisaillement.
Lorsque la masse est soumise une acclration, elle produit une force dinertie qui agit sur le
support. Cette force est le produit de la masse sismique par lacclration. Le composant mcanique
se met alors vibrer, cette vibration tant capte par les composants sensibles et transforme
en signal de sortie du capteur. Les proprits de base dun acclromtre sont donc celles dun
oscillateur un degr de libert (cf. Annexe B). Dans le cas dune excitation harmonique, lamplitude
de la rponse de la masse sismique sert caractriser les proprits de lacclromtre. Dans une
bande de frquence au dessous de la frquence propre de lacclromtre, le rapport damplitude
entre le mouvement du support et celui de la masse sismique est de lunit. Ceci signifie que les
pics dacclration des deux objets sont les mmes. La limite suprieure de la bande de frquence
de lacclromtre dpend du coefficient damortissement . Des valeurs suprieures lunit
rduisent cette bande de frquence, alors que de faibles valeurs amplifient les vibrations autour de
la frquence propre, conduisant des erreurs de mesure. Les acclromtres sont gnralement
conus avec des coefficients damortissement de 0,7. Cette valeur maximise la limite suprieure
de la pulsation de lacclromtre 0,4 . Au-del, la rponse est trop attnue et lacclromtre
se comporte comme un filtre passe-bas. Idalement, les acclromtres sont capables de dtecter
des mouvements trs basses frquences, mais en pratique le bruit de mesure impose une limite
de mesure lamplitude de ce mouvement. Le mouvement de la masse sismique est dphas par
rapport au mouvement du support. Cependant, en concevant des acclromtres avec un coefficient
damortissement 0,7, cette distorsion sattnue de manire significative car le dphasage en
dessous de la frquence propre est presque proportionnel la frquence dexcitation. La rponse
dun support soumis une excitation avec plusieurs composantes frquentielles sera reproduite
par la masse sismique avec une constante de retard. Ce retard devra tre considr avec attention
dans le cas o les investigations dynamiques sont menes avec plusieurs acclromtres de
caractristiques diffrentes.
Dans le cas des investigations dynamiques sur les ponts, les acclromtres basse frquence et
faible amplitude conviennent dans la majorit des cas. Les types dacclromtres les plus communs
sont les acclromtres pizolectriques avec ou sans lectronique interne, les acclromtres
capacitifs et les servo-acclromtres. Le choix dun acclromtre repose sur lamplitude
mesurer, sa sensibilit, sa rponse en frquence, sa sensibilit thermique, et les contraintes de
cblage.

ACCLROMTRES PIZOLECRIQUES
Ces capteurs reposent sur leffet piezolectrique (Fig. 41a) : un cristal de quartz ou un matriau
cramique produit sous leffet dune dformation une charge lectrique. Cette sortie est lie un
ralignement des particules charges positivement et ngativement aux faces opposes du cristal.
Pour de faibles dformations, le nombre de particules charges saccumulant la surface du cristal
est proportionnel la dformation impose. Si la dformation du cristal reste dans le domaine
lastique, la charge lectrique produite est donc proportionnelle la force extrieure applique. La
masse sismique est connecte llment sensible pizolectrique, produisant une force lorsquelle
est soumise des acclrations. La sensibilit, la rsolution, ltendue et la bande de frquence
dpendent de la conception de lacclromtre mais surtout de la masse sismique : plus la masse
est leve, plus la sensibilit est importante, la rsolution meilleure, la bande de frquence et
ltendue plus rduites.
Comme le signal de sortie dun acclromtre est une charge lectrique, il est trs sensible
aux conditions environnementales, ce qui ncessite de connecter ces acclromtres
des conditionneurs par le biais de cbles courts et protgs. Ceci explique que beaucoup
dacclromtres pizolectriques sont lectronique intgre pour vhiculer le signal sur de
longues distances. Les acclromtres pizolectriques couvrent une tendue allant de trs
50 faibles amplitudes des mesures de chocs et dimpacts ( 5 ms-2 10000 ms-2). Les vibrations
induites par le trafic routier produit des acclrations infrieures 100 ms-2, ce qui est largement
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

couvert par ce type de capteurs. La sensibilit varie de 50 mV/ms-2 1 V/ms-2 et la rsolution de 10-5
2 10-3 ms-2 RMS. Ltendue de frquences varie quant elle de 0,1 Hz 50 kHz, ce qui est largement
suffisant pour les investigations dynamiques sur les ponts. Comme signal prcdemment, la limite
frquentielle suprieure est conditionne par la masse sismique. La limite frquentielle infrieure
dpend des circuits lectroniques utiliss pour le conditionnement du signal. Enfin, si la rsolution
est importante, ltendue de mesure est rduite. Une bonne performance basse frquence est
ncessaire si lacclration mesure est utilise pour calculer vitesse et dplacement par double
intgration.
Ltendue de temprature pour les acclromtres pizolectriques est comprise entre - 50 C
et 100 C. Les acclromtres faible amplitude et haute sensibilit et haute rsolution ont des
plages de temprature oprationnelles allant de - 20 C 60 C. Le signal de sortie est dailleurs
affect par la temprature, la sensibilit changeant avec cette dernire. Cet effet est infrieur 1 %
si lacclromtre fonctionne dans la plage de temprature oprationnelle. En dehors, linfluence
est plus grande ; les acclromtres pizolectriques haute sensibilit exposs au soleil peuvent
ncessiter une protection. Les acclromtres pizolectriques oprent dans leur plage de
frquence avec une dviation damplitude maximale de 2 3 % de lamplitude nominale.
La taille et le poids des acclromtres pizolectriques diffrent normment dun capteur un
autre, jusqu 60 mm de largeur, 80 mm de hauteur et 1 kg de poids. La taille et la dimension, sauf
cas particuliers, ne constituent pas un problme gnralement dans les applications en gnie civil. La
calibration doit tre ralise systmatiquement avant chaque srie de mesures de grande prcision.
Sous rserve dutiliser ces capteurs dans leur tendue de mesure et de temprature, ils peuvent
tre stables et fiables sur plusieurs annes. Ils restent nanmoins sensibles au vieillissement.
Pour la surveillance continue du comportement vibratoire douvrages, il est recommand de raliser
une calibration tous les cinq ans. En raison du scellement des capteurs lors de leur fabrication,
humidit et poussire ne constituent pas de problme. Cest en gnral le connecteur et le cble qui
sont les points faibles et mritent une protection adapte.

a. Pizolectrique. b. Capacitif.

FIGURE 41
Exemples daccclromtres.

ACCLROMTRES CAPACITIFS
Les acclromtres capacitifs (Fig. 41b) utilisent en gnral deux capteurs capacitifs de dplacement
qui mesurent le dplacement de la masse sismique par rapport un support. Cette mesure du 51
dplacement est ralise au moyen dun condensateur cartement ou surface variable (cest--dire
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

le changement de capacit est li soit lcartement entre deux plaques, soit un changement de
surface). Leur sensibilit, rsolution, tendue et bande de frquence dpendent de leur conception
mais aussi de la masse sismique. Plus cette masse sera importante, plus la sensibilit sera accrue,
meilleure sera la rsolution, et plus faible seront les tendues de frquences et damplitude.
Le signal gnr par les acclromtres capacitifs est de faible tension, ce qui permet de le
transporter sur de longues distances par des cbles ordinaires. Ces capteurs couvrent des
amplitudes allant de 20 ms-2 2000 ms-2 (pic pic). Les mesures sous charges de trafic sont donc
couvertes par ces lments ( amax 100 ms-2). Pour ces applications, les acclromtres capacitifs
offrent de bonnes caractristiques de sensibilit (10 mV/ms-2 100 mV/ms-2) et de rsolution (2 10-4
2 10-3 ms-2 RMS). Comme ces capteurs intgrent la mesure statique de lacclration gravitationnelle,
il est ncessaire dannuler cet offset laide dun conditionnement appropri. La bande de
frquence des acclromtres capacitifs va de 0 Hz quelques kHz, ce qui est satisfaisant pour les
applications de gnie civil. La frquence de coupure est donne par la frquence propre du systme
masse/ressort. Ces capteurs sont donc appropris pour des mesures trs basses frquences.
Cette bonne performance basse frquence est particulirement utile lorsque les acclrations
mesures sont utilises pour calculer les vitesses et les dplacements.
Ltendue de temprature pour les acclromtres capacitifs est comprise entre - 40 C et 80 C. Ce
changement de temprature induit un dcalage du niveau dacclration 0 Hz pouvant atteindre
3 % de ltendue maximale. De mme, leur sensibilit transverse est infrieure 5 % de ltendue
maximale. Les acclromtres capacitifs (1D comme 3D) sont de dimension et de poids rduits
(30 mm/100 g). La calibration doit tre ralise systmatiquement avant chaque srie de mesures
de grande prcision. Sous rserve dutiliser ces capteurs dans leur tendue de mesure et de
temprature, ils peuvent tre stables et fiables sur de nombreuses annes. Ils restent nanmoins
sensibles au vieillissement.

ACCLROMTRES ASSERVIS
Les acclromtres capacitifs et pizolectriques sont des capteurs non asservis : ils fonctionnent en
boucle ouverte, la force tant mesure par la connaissance du dplacement de la masse sismique.
Pour des mesures de haute prcision trs basses frquences, il est parfois prfrable dutiliser
des acclromtres asservis, cest--dire fonctionnant en boucle ferme. Dans ces capteurs,
la force dorigine inertielle applique la masse sismique est compense par une force gale et
oppose cre par un systme moteur dont la commande constitue la mesure de lacclration.
Cette boucle ferme tend ltendue de mesure (5 50 ms-2), augmente la linarit et amliore la
rponse frquentielle et la sensibilit transverse (0,05 %). Largement utiliss dans les rseaux de
mesures sismiques, ils permettent davoir de grandes sensibilits (100 500 mV/ms-2) et rsolutions
(3 10-5 ms-2 RMS) des frquences trs basses. Une telle performance nest pas gnralement
ncessaire pour des investigations dynamiques sur des ponts.

3.3.4. Vlocimtres
La vitesse [R1 810] est gnralement mesure par des tachymtres lectromagntiques. Un aimant
se dplace dans une bobine, induisant dans cette dernire une force lectromotrice proportionnelle
la vitesse de dplacement. Une autre technique consiste utiliser leffet Doppler-Fizeau : une onde
entretenue, de frquence connue, est dirige vers un point de louvrage en mouvement. Compte
tenu de la combinaison des vitesses, londe est rflchie avec une longueur donde diffrente. Ce
dcalage frquentiel, calcul par interfromtrie, permet destimer la vitesse de dplacement. Ce
type de mesure est utilise dans les vibromtres laser. Limite des bandes de frquences ne
dpassant par 500 Hz, en balayant lensemble dune structure, il est possible dobtenir un grand
nombre de points de mesure (Fig. 42).

52
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

FIGURE 42
Exemple de vlocimtres.

3.4. Fixation des capteurs


Il existe diffrents types de fixation des capteurs et globalement autant de supports que douvrages
instrumenter. Il est toutefois possible de se limiter, pour les ouvrages de gnie civil, cinq grands
types :
la fixation des capteurs par vissage,
la fixation des capteurs par collage,
lutilisation de supports magntiques,
lutilisation de supports mcaniques,
la simple pose des capteurs sur la structure.

Le choix de la famille de support doit faire lobjet dune rflexion spcifique tenant compte :
de la nature de louvrage instrumenter :
ouvrages en bton,

ouvrages mtalliques ou mixtes,

pont caisson,

pont poutres sous chausse,

pont poutres latrales, etc.

de la partie de louvrage instrumenter :


le tablier,

les piles,

de limportance du positionnement ou de lorientation du capteur dans les rsultats obtenir,


de la sensibilit des capteurs lenvironnement et leur compatibilit avec le format du support
(champs lectromagntiques, temprature, humidit),
du caractre rptable ou non de ltude (sera-t-il possible de rinstaller les capteurs aux mmes
endroits et avec la mme orientation ?).

Le choix de la fixation dpend de nombreux autres facteurs. Afin de mesurer des vibrations avec
prcision, il est essentiel de sassurer que les gammes frquentielles et dynamiques ne sont
pas limites par un mauvais montage, que la masse additionnelle du support naltre pas les 53
caractristiques vibratoires de llment de structure (ce qui parat peu probable pour les structures
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

de gnie civil), et que les points de mesure sont reprs avec prcision pour assurer la rptabilit
des mesures. Le choix du montage peut affecter chacune de ces conditions. Il convient donc de se
poser les questions suivantes pour orienter, dans le cadre dune tude donne, le choix du systme
de fixation :
quel est le niveau maximal de vibration que peut supporter le support ?
quelle est lincidence dune ralisation de nombreux perages dans la structure pour les vis de
fixation ? Est-ce tolr ou proscrit ?
quelle sera la difficult de nettoyer le capteur, son support et la structure aprs dmontage ?
quel est le cot du montage par rapport lensemble de lopration ?

En fonction de ces diffrents critres, certains supports peuvent apparatre plus ou moins adapts
au problme pos.

FIXAGE PAR VISSAGE


De manire gnrale, les capteurs sont fixs des supports intermdiaires laide de doubles tiges
filetes (Fig. 43) dont les diamtres dpendent de la marque et du type de capteurs choisis. Mais
il est galement possible de fixer directement les capteurs la structure. Toutefois, cette dernire
disposition nest pas forcment adapte aux ouvrages de gnie civil (difficile mettre en uvre, pas
de possibilit de rglage, etc.).

FIGURE 43
Acclromtre viss.

Le montage de capteur par vissage sur la structure ou sur un support intermdiaire permet :
davoir le systme avec une frquence de rsonance la plus forte et donc de mesurer des
frquences jusqu 50 k Hz (ce qui est par contre inutile en gnie civil),
de mesurer de hautes vibrations sans risque de desserrage,
de ne pas rduire la plage de temprature de fonctionnement du systme,
54 dobtenir des rsultats de prcision et reproductibles tant que le positionnement des capteurs peut
tre dupliqu de faon fiable.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

FIXATION PAR COLLAGE


Dans certains cas, il peut tre intressant de fixer le capteur par collage. Si ltat de surface nest
pas plan ou sil est utilis un capteur miniature, il nest pas difficile de mettre une couche de ciment
dentaire autour de lacclromtre lui fournissant un support ferme. Il est galement possible de
coller un support avec embout filet pouvant recevoir le capteur en un point de la structure, ceci
permettant de changer la position du capteur sans perdre la traabilit de la position initiale en vue
de rpter les mesures.
Le systme de fixation par collage prsente de nombreux avantages. Il peut tre utilis pour des
hauts niveaux de vibrations si les surfaces colles ont t soigneusement prpares. La fixation par
collage peut ou non fournir une isolation lectrique des capteurs. Pour lutilisation dans le domaine
du gnie civil, il ny a, a priori, pas de limitation en terme de temprature demploi en rapport avec
les caractristiques physiques des colles employes (habituellement < 80 C). Le collage profite de
plus dune bonne stabilit dans le temps.
Il existe sur le march, diffrents types de colle dont les caractristiques permettent une trs bonne
transmission des mouvements, vitesses ou acclration. Leur emploi sera fonction du caractre
dmontable que lon souhaitera avoir. dfaut dtre exhaustif, on pourra citer, comme systme de
collage, le salicylate de phnyle, les colles poxy, les colles cyanoacrylates, les ciments dentaires,
et les adhsifs doubles-faces (Fig. 44a et b).

a. Support coll au salicylate de b. Support coll la colle poxy.


phnyle.

FIGURE 44
Capteurs monts sur supports colls.

Le salicylate de phnyle prsente la particularit dtre facilement transportable (poudre blanche),


davoir une mise en uvre simplifie (liqufaction 40 C environ un simple rchaud suffit), en
ayant une rsistance trs importante la traction mais nayant aucune rsistance au choc permettant
ainsi le dmontage facile des capteurs. En contrepartie, il convient dtre trs vigilant ne pas
choquer le support sous peine de destruction de la fixation. Son emploi se limite de prfrence
aux surfaces planes, sa mise en uvre sur les parois verticales ntant pas aise. Lutilisation du
salicylate de phnyle se limite essentiellement aux tats de surface rugueux tel que le bton.
Les colles poxy sont galement faciles mettre en uvre, mais ne prsentent pas les avantages 55
de dmontabilit du salicylate de phnyle. Le dmontage des supports est relativement destructif
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

(arrachage de la peau du bton ou du complexe anticorrosion par exemple) et les supports ne


sont pas facilement nettoyables ce qui leur confre un caractre jetable. Ce dernier point est un
inconvnient de taille quand il sagit de multiplier les points de mesure.
Pour les petits capteurs, il est possible dutiliser des adhsifs doubles-faces si tant est que les
surfaces soient propres et plates. Cette technique est trs rapide et trs facile mettre en uvre.
Ce systme a lavantage disoler lectriquement le capteur de la structure et de ne pas ncessiter de
perage. Il est particulirement adapt aux capteurs ne disposant pas de trous filets leur base. Il
ncessite en outre une prparation des surfaces trs soigne afin davoir une adhrence rigide.

FIXATION PAR SUPPORT MAGNTIQUE


Linstrumentation dynamique des ouvrages mtalliques pose tout naturellement la question de la
faisabilit de fixer les capteurs laide daimant. Tout dabord, la structure doit tre ferro-magntique,
plate, libre de toute salet (salissures) et raisonnablement lisse (Fig. 45). Rapide mettre en uvre
et dmonter, aucune prparation particulire nest prvoir, ils noccasionnent aucun dommage
la structure ; en ce sens, cette solution semble la plus indique. Mais tous les capteurs ne sont
pas compatibles avec un montage sur supports magntiques du fait dune incompatibilit de leur
principe physique de fonctionnement (capacitif, inductif) avec la prsence dun champ magntique.
Leur utilisation se limite donc aux capteurs pizo-lectriques.

FIGURE 45
Capteurs monts sur supports magntiques.

Ces supports sont utiliss pour des faibles niveaux dacclration, ce qui est le cas pour les ouvrages
de gnie civil et prsentent le gros avantage dtre facilement dplacs permettant de multiplier les
points de mesure. Ce systme de fixation nest pas forcment adapt pour mesurer des niveaux
dacclration levs comme des tests de choc car il y a un risque de relchement momentan du
support pouvant engendrer des imprcisions et un lger dplacement du support.

SUPPORTS MCANIQUES
Certaines situations impliquent la ralisation de supports spcifiques conus pour loccasion
(Fig. 46). Par exemple, lors de mesures dans les trois directions, il peut tre prfrable de raliser
un support unique et prrgl en orthogonalit, plutt que de disposer trois capteurs sur trois
56 supports spcifiques avec tous les risques lis aux erreurs de positionnement. De mme, dans
des structures complexes (dans les caissons mes inclines par exemple), lutilisation de
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

supports mcaniques permet de saffranchir


de linclinaison des mes tout en disposant
des capteurs verticalement. Il convient par
contre dtre attentif ce que la rigidit de
ce support mcanique soit suffisante pour
ne pas perturber ou gnrer des vibrations
parasites. Sils sont bien conus (rigides), les
supports ont gnralement des frquences
de rsonance proche de 2000 Hz (ce qui
est trs largement suprieur aux frquences
tudies en gnie civil) ainsi que de faibles FIGURE 46
amortissements.
Capteurs monts sur supports mcaniques.

POSE DES CAPTEURS SUR LA STRUCTURE


Pour certaines tudes, dans la recherche de mouvements de trs faibles amplitudes, il peut tre
intressant de mettre en uvre des capteurs de trs grande sensibilit directement poss sur la
structure (Fig. 47).

FIGURE 47
Capteur pos sur la structure.

AIDE AU CHOIX DU TYPE DE SUPPORT


titre dexemple, le tableau V propose quelques principes gnraux de slection sur la base des
avantages et inconvnients de chaque famille de support.

TABLEAU V - Avantages et inconvnients des systmes de fixation

Avantages Inconvnients

Fixation par vis - Pas de restrictions dutilisation - Lgre dtrioration de la structure (perage
- Rptabilit du positionnement par exemple)

Fixation par collage - Rapidit de mise en uvre - Pas de rglage possible


- Selon les colles, pas de dtrioration de la - Paroi verticale ou horizontale obligatoire
structure aspect rversible

Support magntique - Rapidit de mise en uvre - Uniquement sur ouvrage mtallique


- Pas forcment compatible avec tous les
capteurs... uniquement les acclromtres
pizo-lectriques

Support mcanique - Possibilit de rglage fin (verticalit, horizon- - Dtrioration irrversible du support
talit, etc.) 57
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

3.5. Acquisition des donnes

3.5.1. Principes technologiques


Les capteurs prcdents produisent un signal de sortie analogique. Le traitement du signal est
cependant ralis par des ordinateurs, donc sous format numrique. Une opration essentielle
dans un systme de mesure est donc de convertir les signaux analogiques en signaux numriques.
Cette opration est gnralement assure par un dispositif dacquisition des donnes. Aujourdhui,
la solution prfre pour lacquisition de donnes
consiste opter pour une carte dacquisition
multivoies interface avec un ordinateur personnel
ou portable. Ces cartes (Fig. 48) sont disponibles
pour tous les bus classiques (PCI, ISA, PCMCIA,
USB).
Le signal analogique du capteur traverse dabord
un convertisseur de mesure qui transforme le signal
en courant lectrique. Lamplificateur amplifie alors
le signal pour augmenter son intensit et rduire
les effets de bruit. Il permet galement dadapter
le signal ltendue du convertisseur analogique/
numrique (CAN). Chaque voie de mesure peut
tre amplifie par une valeur (ou gain) diffrente.
Ces signaux analogiques sont alors dirigs vers
un chantillonneur-bloqueur, puis un convertisseur
FIGURE 48 analogique-numrique pour finalement produire
Exemple de carte dacquisition. des donnes numriques qui seront enregistres
dans une mmoire avant transfert via une interface
bus au PC. Un module de contrle coordonne les
diffrents appareils et synchronise les oprations.
Lchantillonneur/bloqueur (E/B) a pour mission de figer la valeur instantane du signal pendant
le temps que le convertisseur analogique/numrique (CAN) effectue sa conversion en codant
la valeur fixe en un nombre. Cette opration est rgie par un systme logique de commande
(microprocesseur). La conversion analogique/numrique est importante ds lors que lon vhicule
de linformation sur de grandes distances (par exemple dun point un autre dun ouvrage). Les
risques de perte en ligne sont alors inexistants.
Entre lchantillonneur/bloqueur et le convertisseur, ou aprs le convertisseur, il est classique
aujourdhui de trouver un multiplexeur. Le multiplexeur (MUX) permet de faire passer plusieurs
signaux dans une seule voie de mesures, ce qui induit cependant un dcalage entre le premier
signal et le dernier signal (de lordre quelques s quelques centaines de s), sans grande
consquence pour les applications en gnie civil. Le multiplexage peut tre frquentiel (pour lequel
les diffrents signaux sont transmis simultanment en se rpartissant sur la bande passante) ou
temporel (pour lequel la totalit de la bande passante est affecte squentiellement aux diffrentes
voies de mesures).
Le choix de la chane dacquisition est primordial lors dinvestigations dynamiques.

3.5.2. chantillonnage
La conversion repose sur deux lments qui dfinissent la performance du conditionnement :
lchantillonnage et la quantification. Lchantillonnage est dfini par lintervalle de temps entre
deux mesures. Il sagit dune priode et son inverse est appel frquence dchantillonnage. La
quantification est la relation qui permet de passer de la mesure analogique et la valeur numrique.
Lchantillonnage et la quantification conditionnent lestimation des frquences, des dphasages et
des amplitudes.
58
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Le convertisseur transforme la valeur de lchantillonneur/bloqueur en un flux de bits de longueur


donne (typiquement de 12 16 bits). Le signal analogique est donc converti en une fonction
escalier dont la hauteur des marches est constante et rsulte de ltendue du convertisseur. Plus ces
marches seront petites, plus le signal numrique pouse le signal analogique. Cette hauteur dfinit
la prcision de la conversion. Une frquence dchantillonnage leve amliore cette prcision
(Fig. 49).

te
1001

1000

0111

0110 Signal original

0101 Signal chantillonn

0100

0011

0010

0001

0000

Blocage de la valeur

FIGURE 49
chantillonnage et quantification.

Le choix de lchantillonnage est donc dune importance fondamentale pour disposer de donnes
de grande qualit, ce qui est une condition indispensable pour lvaluation dynamique, rendant les
investigations dynamiques particulirement svres en termes de qualit de linformation. Pour
atteindre cet objectif, de hautes frquences dchantillonnage (nombre de valeurs par seconde)
requirent des cartes dacquisition grande vitesse, autorisant lenregistrement de grandes
quantits de donnes.
Lchantillonnage est dcrit par la frquence, exprime en Hz, laquelle le signal analogique est
acquis et numris par la carte dacquisition.
La plupart des capteurs prsentent des frquences de coupure fc ; cette frquence correspond
la frquence pour laquelle lamplitude du signal de sortie est rduite dun facteur 2 et tombe
environ 71 % de lamplitude du signal dentre. Pour autoriser une rcupration du signal sans
dformation, la frquence minimale dchantillonnage est donne par le thorme de Shannon :
(3.1)

fe,min est appele frquence de Nyquist.


Cette condition peut se gnraliser ltude du comportement dynamique des ouvrages ; supposons
que le mode le plus lev recherch soit la frquence fmax. En appliquant le thorme de Shannon
il vient que la frquence dchantillonnage doit respecter la condition :

(3.2)

En pratique, cette condition nest pas suffisante pour assurer une bonne reprsentation des signaux.
Il est recommand davoir des frquences dchantillonnage suprieures :

59
(3.3)
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

La frquence de Nyquist dfinit une valeur limite au-dessous de laquelle des phnomnes de
recouvrement apparaissent sur la bande de frquences du signal analys. Cet effet sappelle le
repliement (Fig. 50). Pour le rduire, le signal analogique doit tre pass dans un filtre dit anti-
repliement qui est un filtre passe-bas ; il est recommand de prendre une frquence suprieure de
ce filtre gale 0,4 fois la frquence dchantillonnage.

FIGURE 50
Repliement.

3.5.3. talonnage et bruit de fond


Plusieurs techniques dtalonnage existent, suivant le type de capteur utilis. Cependant divers
principes gnraux peuvent tre noncs, notamment pour les acclromtres quil convient de
connatre. Il faut cependant distinguer ltalonnage du capteur de ltalonnage de la chane complte
dacquisition.

TALONNAGE PAR COMPARAISON

Il sagit dune mthode rapide visant obtenir la sensibilit dun capteur. Cest lune des techniques
dtalonnage les plus couramment utilises : ltalonnage est ralis en comparant la sortie du
capteur talonn celle dun capteur talon. Cette technique est sense tre limite aux tendues
de frquences et damplitude pour lesquelles le capteur talon a t lui-mme talonn. Cette
technique est particulirement utilise pour ltalonnage dacclromtres, de vlocimtres ou de
capteurs de dplacements (mont sur un systme de vibration).

TALONNAGE PAR CHAMP GRAVITATIONNEL

Pour des mesures de faibles acclrations, la force gravitationnelle peut tre utilise pour
ltalonnage. Cest lacclration qui est effectivement la plus stable, prcise et pratique pouvant tre
utilise comme rfrence. Ltalonnage est ralis en deux tapes : perpendiculaire et paralllement
60 la force de gravit. Pour des mesures de haute prcision, un support talonn doit tre utilis pour
sassurer dune orientation exacte perpendiculaire lacclration gravitationnelle.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

TALONNAGE DUNE CHANE DACQUISITION

Ltalonnage des capteurs (ou leur talonnage priodique) est indispensable pour disposer de
mesures pertinentes, stables et fiables dans la gamme dutilisation des capteurs. Cependant, le
capteur nest quun lment de la chane dacquisition, il est donc ncessaire dtalonner lensemble
de la chane dacquisition.
En laboratoire, il est souvent classique dtalonner la chane dacquisition en imposant
chaque capteur une entre contrle. Cette mthode est rarement utilise en pratique pour des
investigations sur site. Dans ce cas, les caractristiques de la chane complte sont soit dtermines
en combinant les caractristiques des composants individuels ou en utilisant un systme simulant la
sortie (voltage) dun capteur.
Il peut en effet y avoir un bruit de fond significatif la sortie du systme de mesure, mme en
absence de signal fourni par les capteurs. Ce bruit rsulte du couplage entre les circuits du systme
de mesure et lalimentation lectrique, par la sensibilit aux vibrations des lments (comme le
cblage) autres que les capteurs eux-mmes, de la slection impropre de composants du systme.
Le rapport signal/bruit que le systme peut atteindre nest alors pas rempli. Il est notamment
trs important de sassurer que le bruit ne provient pas du systme de fixation. Le cblage joue
galement un rle particulier ; les effets tribo-lectriques induits par des courbures excessives le
long dun cble peuvent engendrer des bruits de mesure qui peuvent tre particulirement gnant
pour des mesures trs prcises. Il convient notamment dtre vigilant sur la courbure des cbles en
sortie des capteurs (Fig. 51). Enfin, pour certains capteurs, lenvironnement lectromagntique peut
largement perturber la mesure.

FIGURE 51
Fixation des cbles en sortie de capteur.

3.6. Plan dinstrumentation


Une fois le choix des capteurs effectu, leur nombre et leur position doivent tre dtermins au
mieux pour rpondre aux objectifs finaux de lvaluation dynamique. Une connaissance, mme
imparfaite des modes propres de la structure, permettra de choisir au mieux limplantation des
capteurs en vitant notamment les nuds de vibration.
Intuitivement, un maillage fin de capteurs conduira une description amliore des dformes
propres de louvrage. Cependant, dun point de vue pratique, le recours un maillage synchrone
(Fig. 52) implique la mise en place dun grand nombre de capteurs et un systme dacquisition
autorisant le transfert dune grande quantit dinformations vers un systme de stockage de grande
capacit. Il nest pas toujours possible de disposer du nombre de capteurs souhait en acquisition
synchrone. Une alternative est donc de recourir des phases dacquisition (ou setups) qui consistent 61
effectuer une acquisition synchrone dun nombre rduit de capteurs. Cette phase dacquisition
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

permet didentifier une partie des dformes modales. Pour complter ces modes, une partie des
capteurs est dplace, les autres restant fixes. Ces points de rfrence faciliteront la reconstruction
des modes propres en servant damplitude modale de rfrence (Fig. 53).

Annot
10 1

9 2

8 3

7 4

6 5

Entrevaux

FIGURE 52
Maillage de capteurs en acquisition synchrone.

a. Vue gnrale de louvrage. b. Phase dacquisition.

acclromtre transversal ; acclromtre longitudinal ; acclromtre vertical


Les couleurs indiquent les phases dacquisition (points mobiles), la couleur noire indique les points de rfrences
(points fixes).
Les numros sur les piles indiquent les piles instrumentes dans chaque phase.

FIGURE 53
Plan dinstrumentation dcompos en phases dacquisition.

62
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Lchantillonnage spatial est un problme qui se pose systmatiquement au concepteur dessais


vibratoires. Il est intuitif que plus le maillage de capteurs sera resserr, plus les dformes modales
seront dtermines avec prcision. Cependant, si cette assertion est vraie pour les dformes
modales, elle se trouve tre errone lorsquil sagit de dterminer des courbures. Or, les courbures sont
des lments incontournables pour la construction dindicateurs dendommagement (cf. Chapitre 3).
Sazonov and Kinkhachorn (2004) ont point que les proprits des mthodes numriques utilises
pour le calcul des courbures et le bruit des mesures peuvent simultanment affecter la qualit de
leur valuation. Ils ont ainsi dvelopp quelques rgles, applicables seulement aux poutres, pour
dterminer lchantillonnage h0 spatial optimal en fonction dun niveau de bruit de mesure :

(3.4)

avec F4 donn par le tableau VI.

TABLEAU VI - Valeurs du coefficient F4 pour diverses conditions aux limites dune poutre

Conditions aux limites Mode 1 Mode 2 Mode 3

Encastr-encastr 0,0959 0,0126 0,0033


Simple-simple 0,4927 0,0307 0,0061

Cette rsolution spatiale dpend directement du bruit de mesure : en doublant lintervalle


dchantillonnage, leffet du bruit est rduit dun facteur 16. Mais, elle dpend galement du mode,
au travers du facteur F4 qui crot lorsque le mode augmente. Cependant, ce facteur est indpendant
de lchantillonnage spatial. Pour une poutre sur appuis simples, avec 1 % de bruit, le nombre
optimal de capteurs sera de 9 pour le second mode, et de 16 pour le quatrime. Lexpression (3.4)
peut tre complte par des intervalles dchantillonnage correspondant aux cas extrmes o le
calcul de la courbure est perturbe par le bruit et par les erreurs numriques dapproximation :

(3.5)

Comme F4, ne dpend pas de lchantillonnage mais du degr du mode (tableau VII).

TABLEAU VII - Valeurs du coefficient pour diverses conditions aux limites dune poutre

Conditions aux limites Mode 1 Mode 2 Mode 3

Encastr-encastr 0,4233 0,1446 0,0748


Simple-simple 1,2150 0,3039 0,1350

Ces expressions permettent cependant de tirer quelques lments importants sur lchantillonnage
spatial :
il diminue avec le degr du mode. Les hautes frquences requirent un plus grand nombre de
points de mesure que les plus basses,
les bornes dchantillonnage se rduisent avec le bruit ; une amlioration de la fiabilit des donnes
permettra de disposer de modes propres et de courbures de meilleure qualit,
lchantillonnage optimal augmente avec le bruit : afin damliorer la prcision de lestimation des
courbures, leffet du bruit doit tre compens par une rduction du nombre de points de mesures.

63
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES

3.7. Prparation, organisation et reportage


dune investigation dynamique
La ralisation dinvestigations dynamiques est ncessairement justifie par un ou plusieurs objectifs
(Chapitre 2). Il est donc ncessaire et fondamental de toujours positionner les essais par rapport
ces objectifs, ce qui conditionnera largement la nature et la quantit dinformation utiles. La
norme NF ISO 14963 (voir galement la norme NF E90-020) rappelle quil convient de prciser la
conception des investigations dynamiques. Celle-ci doit prciser :
louvrage examiner : mode dexploitation actuel, ge, tat, prsence de dommages structuraux,
phnomnes dynamiques particuliers constats. La description de louvrage est indispensable et
doit comporter les dtails de construction et dexploitation (rparations) pouvant avoir une influence
sur le comportement dynamique (joints, appareils dappuis, lments de liaison particuliers,
caractristiques de fonctionnement des lments structuraux, etc.).
lobjectif de lvaluation dynamique : cet aspect a t dcrit au Chapitre 2,
les mthodes adopter pour ltude : type dessai (nature de lexcitation), mode de traitement des
donnes, mthodes et algorithmes utiliser,
le plan dinstrumentation.

Lensemble des caractristiques des essais est rpertori dans un rapport dessai qui doit
comprendre :
une description des quipements utiliss (y compris ltalonnage) : elle doit prciser le type
dexcitation et la spcificit du dispositif de lexcitation lorsque celle-ci est contrle (on se rfrera
pour cela lannexe A de la norme NF ISO 14963), les spcifications des capteurs (Annexe C), la
chane de mesure et ses performances, le cble et les systmes de fixation utiliss ;
une description du mode opratoire de mesure et lemplacement des capteurs ; tous les problmes
rencontrs lors des essais, les conditions mtorologiques, les longueurs de cble doivent tre
consignes ;
une valuation de la qualit des donnes : il est recommand dapprcier le rapport signal/bruit
et la sensibilit de la chane complte de mesure. Si des traitements de donnes spcifiques sont
raliss (calcul de spectres, filtrage, etc.), les algorithmes de calcul numrique utiliss doivent tre
prciss en citant les rfrences ad hoc.

Le rapport dessai doit bien videmment galement spcifier les informations suivantes : lingnieur
assurant la ralisation des investigations dynamiques et du traitement des donnes, la date des
essais, les conditions environnementales (notamment la temprature), les essais et tudes de
rfrence dj ralises sur louvrage.

64
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Principes 4.
danalyse des essais
vibratoires

4.1. Analyse des signaux bruts

4.1.1. Amplitudes maximales et histogrammes deffets


La dtermination des amplitudes maximales dun effet sous chargement dynamique peut constituer
une connaissance indispensable pour apprcier laptitude au service dun ouvrage. Des niveaux
excessifs dacclration ou de dplacement peuvent ainsi conduire prendre des mesures
conservatoires pour un ouvrage (ajout damortisseur, limitation de vitesse, renforcement, etc.),
notamment en vue de rduire ces amplitudes qui peuvent conduire soit des risques dinconfort, soit
des risques dendommagement par fatigue. Ces problmes concernent notamment les structures
trs souples (haubans, passerelles, structures lances, etc.) sensibles aux effets dynamiques. La
figure 54 illustre lexemple de lacclration dun point de tablier.

Acclration (mg)
40

20

-20

-40
0 200 400 600 800 1000 1200
Temps (s)

FIGURE 54 65
Acclration mesure, maximale et minimale dun point de tablier.
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

Le signal de la figure 54 peut tre condens pour fournir un histogramme dacclrations (Fig. 55).

Nombre de ralisations
12 000

10 000

8000

6000

4000

2000

0
-100 -50 0 50 100
Acclration (mg)

FIGURE 55
Histogramme dacclrations.

La valeur efficace du signal (Root Mean Square RMS en anglais) est la caractristique statistique
la plus simple et la plus significative obtenir puisquelle reprsente lintensit du signal. Cette
valeur efficace est la somme de la variance du signal et du carr de la valeur moyenne du signal :
(4.1)

4.1.2. nergie, puissance moyenne, densits spectrales de puissance


Lutilisation de la transforme de Fourier rapide (Fast Fourier Transform FFT) permet de calculer,
pour une rponse X(t), les termes de la transforme de Fourier discrte [R1 156] :

(4.2)

o Te = 1/fe est le temps dchantillonnage et fe la frquence dchantillonnage. N est le nombre de


valeurs chantillonnes du signal X(t). Une fois les termes de la transforme discrte de Fourier
calculs, il est alors possible dexploiter ces rsultats de plusieurs manires.
2
La premire consiste tracer le spectre damplitude An2 + Bn2 et le spectre de phase arctan
N
(Bn/An). Le spectre damplitude est particulirement intressant pour dterminer les amplitudes
modales (Fig. 56).

Dautres reprsentations existent et sont plus souvent utilises que le spectre damplitude.
Ainsi, la reprsentation en spectre de puissance
2 2
N
( )
An + Bn2 permet de reflter la puissance du
signal sur chaque frquence (parfois exprime en chelle logarithmique dcimale en dB). Une
autre reprsentation (appele priodogramme) est celle de la densit spectrale de puissance

66
2
N fe
( )
An2 + Bn2 , souvent exprime en chelle logathmique dcimale en dB/Hz (Fig. 57).
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Amplitude (ms2) x 10-3 Puissance (dB/Hz)


5 -20

-40
4

-60
3
-80

2
-100

1 -120

0 -140
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
Frquence (Hz) Frquence (Hz)

FIGURE 56 FIGURE 57
Spectre damplitude de la rponse ambiante dun hauban Densit spectrale de puissance de la rponse ambiante
de pont. dun hauban de pont.

Pour amliorer la reprsentation spectrale, une alternative (si lon dispose de signaux assez longs)
consiste dcouper le signal en segments, de calculer le spectre de puissance sur chaque segment
puis den effectuer la moyenne pour fournir un spectre de puissance moyen (Fig. 58).

Puissance (dB/Hz)
-30

-40

-50

-60

-70

-80
0 1 2 3 4 5 6 7
Frquence (Hz)

FIGURE 58
Densit spectrale de puissance moyenne de la rponse
ambiante dun hauban de pont.

Le fait que le signal chantillonn ne soit pas de longueur infinie mais finie (on parle de troncature
temporelle) va se manifester dans le calcul de la transforme de Fourier discrte par un talement
spectral appel tranage (leakage en anglais). La rsolution frquentielle de lanalyse en est
dgrade : deux composantes de X (f ) distantes de moins de fe/N seront mlanges et insparables.
Cette troncature se traduit implicitement par la multiplication du signal de longueur infinie par
une fentre rectangulaire (boxcar en anglais) de valeur unitaire et de longueur finie (la dure de
lenregistrement). La figure 59 illustre cet effet de troncature temporelle pour un signal harmonique.
Leffet de tranage sera dautant plus important que le signal sera court. Cet effet de tranage se traduit
par lapparition de lobes (dits principaux ou secondaires). La largeur du lobe principal influencera la
rsolution en frquences ; plus ce lobe sera troit, meilleure sera la rsolution. Pour distinguer deux
frquences f1, f2, lchantillonnage doit notamment respecter la condition de rsolution :

67
(4.3)
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

Amplitude (mm) Puissance (dB/Hz)


3 0
-10
2
-20
1
-30
0 -40
-50
-1
-60
-2
-70

-3 -80
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0 100 200 300 400 500
Temps (s) Frquence (Hz)

FIGURE 59
Densit spectrale de puissance dun signal court priodique bruit.

Cette condition est particulirement importante pour des ouvrages trs souples qui prsentent un
grand nombre de frquences dans une bande trs rduite (exemple du viaduc de Millau pour lequel
les deux premires frquences thoriques sont espaces de 0,03 Hz). Ces problmes de rsolution
et de fentrage peuvent concerner les phnomnes transitoires souvent trs brefs en dure. La
hauteur des lobes secondaires joue sur le phnomne mme de tranage ; plus cette hauteur sera
importante, plus le tranage sera marqu.
Pour corriger ces effets, il est courant dappliquer une fentre qui va supprimer les discontinuits du
dbut et de la fin de la fentre rectangulaire. De nombreuses fentres temporelles sont utilises :
fentres de Hamming, Hahn, Parzen, Kaiser [Lalanne,1999]. Les avantages de chacune des
fentres offertes aujourdhui par les analyseurs commerciaux de spectres et les outils informatiques
ont t largement discuts dans la littrature. Ces avantages sont essentiellement lis la nature du
signal. Il ne faut surtout pas oublier que le remplacement de la fentre rectangulaire par une autre
fentre plus lisse modifie le signal (attnuation des extrmits) et donc rduit la dure effective du
signal, modifiant la rsolution attendue. Enfin, la densit spectrale de puissance doit tre corrige
par un facteur de compensation pour corriger la diffrence de surface lie lintroduction de la
fentre.
En pratique, les signaux utiliss lors des investigations dynamiques sont suffisamment longs
pour permettre de bonnes analyses frquentielles. Il convient enfin de souligner que les spectres
calculs par priodogramme sont des estimateurs et non les spectres exacts. Dans cette estimation,
une erreur statistique est donc introduite et son analyse est essentielle. En particulier la densit
spectrale de puissance avec fentre rectangulaire est un spectre biais, cest--dire que la valeur
moyenne de lestimation nest pas gale au vrai spectre quel que soit la longueur du signal. De plus
sa variance ne se rduit pas avec la dure du signal, ce qui fait que lestimation du spectre nest pas
consistante ; elle reste proportionnelle au carr du spectre cherch. Une alternative, due Welch,
consiste dune part moyenner (comme dans le cas de la figure 58) et dautre part appliquer des
fentres de pondration. Cette approche ne rduit ni le biais ni la variance mais prsente lintrt
de rduire les lobes secondaires au dtriment de la rsolution. La recherche de rduction de la
variance conduit en effet rduire la rsolution. Une alternative cette technique consiste faire se
recouvrir les spectres moyenns ; il ny a plus dcorrlation entre spectres.
La valeur efficace du signal peut galement se dterminer partir de la densit spectrale de
puissance en liminant la composante continue :

(4.4)

68
o Px(f) est la densit spectrale du signal x(t).
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Dautres caractristiques utiles peuvent savrer trs utiles comme la densit spectrale de puissance
croise entre deux signaux ou la fonction de cohrence (Annexe A). La fonction de cohrence est
comprise entre 0 et 1 ; une valeur nulle indique que les deux signaux sont non corrls alors quune
valeur de 1 est caractristique dune corrlation parfaite. En gnral, la fonction de cohrence est
comprise entre ces deux valeurs en raison notamment de la prsence de bruit dans les mesures.
Cette fonction de cohrence est particulirement intressante pour vrifier que la structure se
comporte linairement vis--vis dune excitation dentre. En effet, si la fonction de transfert
(Annexe B) est linaire, la fonction de cohrence entre lentre du systme (excitation) et la sortie
(rponse) vaut 1. Toute valeur infrieure indiquera la prsence de non linarits ou que la rponse
est due dautres excitations que celle envisage.

4.1.3. Dtermination des dpassements de niveaux


En analyse vibratoire des structures, il est classique de sintresser la fonction de fiabilit
Wx(a,T) qui est la probabilit que la rponse X(t) de la structure soumise une excitation
alatoire, reste infrieure un seuil de niveau a (dterministe) pendant une dure de service T :
(4.5)

La fonction dtat limite de ce problme est donc tout simplement X(t) - a = 0.


Pour les processus stochastiques, rsoudre ce problme consiste caractriser la statistique des
valeurs extrmes. En particulier, il faut sintresser la statistique des franchissements de seuils
ou de niveaux. Pour une structure comportement linaire soumise une excitation alatoire, la
rsolution de ce problme est bien tablie. Ceci suppose cependant des hypothses sur la nature
du processus dexcitation : stationnaire, gaussien, de moyenne nulle.
La thorie des franchissements de niveaux est due Rice [Rice,1944]. Le principe de la thorie
consiste dfinir une fonction de comptage des franchissements (ou dpassements) dun effet a
Nx(a,t1,t2) associe une priode dobservation ou de scrutation (Fig. 60).
Appliqu au signal de la figure 60, il est alors possible de compter les franchissements croissants
pour les valeurs positives, et les franchissements dcroissants pour les valeurs ngatives afin de
former lhistogramme des dpassements de niveaux de la figure 61. Cet histogramme donne une
bonne image des variations de leffet, en liminant notamment les nombreuses valeurs successives
voisines dans les zones o leffet varie peu.

x(t)

Nombre de ralisations (x104)


a 3

2,5
t
2

1 1,5

x(t) t
0,5

0
t
-40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40
Acclration (mg)

FIGURE 60 FIGURE 61 69
Comptage des franchissements de niveau. Histogramme des dpassements de niveaux.
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

Pour les processus qui sont stationnaires gaussiens, la frquence moyenne des franchissements
+X ,a (nombre de franchissements par unit de temps) est alors donne par la formule de Rice :

(4.6)

1 X&
Le terme n0+ = est appele frquence moyenne, X& reprsentant le processus driv de X :
2 X
elle correspond la frquence laquelle lnergie est la plus concentre dans le spectre. Cette
frquence moyenne peut tre relie la densit spectrale de puissance par la relation :

(4.7)


Rappelons que 2X = xeff

2
= P (f ) df (eq.4.6 en supposant le signal centr). La connaissance de la
0
densit spectrale de puissance, et donc de la valeur efficace du signal et de la frquence moyenne,
permet de calculer la valeur moyenne du nombre de franchissements du niveau a sur la dure R :

a2 (4.8)
N X+ ,a = n0+ R exp 2
2 xeff

Le cas N X+ ,a = 1 fournit la plus forte valeur en moyenne du signal observe sur la priode R
(Fig. 62) :

(4.9)

a0/aeff
5

4,5

3,5

2,5

1,5

0,5

0
100 101 102 103 104 105
n0+ R

FIGURE 62
Valeur maximale en moyenne dun signal sur une priode donne.

La dure R peut sapprcier comme le temps moyen entre deux occurrences de la valeur a0. Ce
70 temps moyen est appele priode de retour et il est possible de dmontrer [Cremona, 2003] que la
probabilit de dpasser a0 sur une dure de rfrence T est p, cest--dire :
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

(4.10)

ce qui donne :
(4.11)

ou en terme de fonction de fiabilit

(4.12)

Les courbes de dpassements de niveaux sont utilises pour comparer la svrit de plusieurs
vibrations alatoires, pour valuer leur potentiel de dommage. Cette mthode se justifie si le signal
considr est une dformation (ou contrainte), une rserve prs que la relation entre le nombre
de pics et le nombre de dpassements de seuil nest pas immdiate. Dans le cas gnral, il est
prfrable de faire une analyse de comptage de cycles comme celle prsente dans le paragraphe
suivant. Ltude des dpassements de niveaux peut tre intressante dans ltude de confort ou de
risque dincursion du comportement dun lment de structure dans un domaine de comportement
non souhait (plastification).

4.1.4. Dtermination des rainflows


Dans ltude en fatigue, linformation pertinente sur les sollicitations est la variabilit des tendues
de contraintes. Deux approches sont possibles :
mener un calcul temporel de la rponse de la structure puis appliquer un algorithme de comptage

des cycles dtendue de contrainte de type rainflow (ou mthode de la goutte deau),
modliser de manire probabiliste les distributions dtendues de contraintes.

Bien que les progrs en informatique permettent aujourdhui de mener des calculs complexes sur
de simples ordinateurs personnels, la premire approche requiert des temps de calcul qui peuvent
parfois tre importants. La seconde approche, moins coteuse et plus simple dutilisation, repose
cependant sur un certain nombre dhypothses quil convient de vrifier :
les processus de contraintes sont stationnaires gaussiens spectre troit,

le nombre de maxima locaux au dessus de la valeur moyenne du processus de contrainte est gal
au nombre de minima sous cette moyenne,
tous les extrema sont compts. Un maximum local est conjugu avec un minimum local et toutes
les interactions entre cycles sont ignores,
les maxima locaux au dessus de la moyenne du processus sont supposs endommageants.

La premire des hypothses est assure par le fait que le processus dexcitation est lui-mme
suppos gaussien et que le comportement structural est linaire. Cependant, en prsence de
non-linarits structurales, cette hypothse nest plus valable et un recours au calcul temporel
simpose clairement. La seconde et la troisime hypothses sadmettent assez aisment si
lhistorique de la rponse est suffisamment long. Enfin la dernire hypothse repose sur le fait
que les soudures (points chauds o lendommagement par fatigue est essentiellement valu)
sont le lieu de contraintes rsiduelles de traction importantes. Ces hypothses permettent
alors dcrire que la fonction densit des tendues de contrainte suit une loi de Rayleigh :

1 x 2
fX ( s ) = x exp
(4.13)
(2 X )
2 2 (2 )2
X

o X est lcart-type du processus de contrainte X, X dnotant le processus dtendue de


contrainte.
Lorsque lon ne souhaite pas recourir des hypothses sur les squences des maxima/minima, ou 71
si le comportement de la structure est suppos non linaire, le nombre de cycles pour des tendues
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

de contrainte donnes peut tre directement dtermin par lanalyse de lhistorique des contraintes.
Cet historique sobtient dans le cadre dun calcul temporel de la rponse. Cette analyse fournit un
histogramme, dit histogramme de comptage de cycles, qui donne ce nombre de cycles pour des
classes dtendue de contrainte prdfinies. Le calcul de cet histogramme seffectue au moyen de
mthodes dites mthodes de comptage de cycles, dont la plus connue est la mthode du rainflow
ou de la goutte deau. La figure 63 donne trois exemples courants dhistoriques de contrainte :
amplitude constante, processus stationnaire gaussien bande troite, processus stationnaire. Le
premier est le plus simple et le nombre de cycles est aisment identifi et les tendues de contrainte
sont les mmes pour tous les cycles. Dans le second cas, chaque dpassement du niveau moyen
correspond exactement un maximum local et un cycle est dfini comme lvolution du processus
de contrainte entre deux dpassements successifs du niveau moyen. Les tendues de contrainte
varient dun cycle lautre et suivent une loi de Rayleigh. Pour le troisime cas, les cycles et les
tendues de contrainte ne peuvent tre dtermins quen recourant des mthodes de comptage
de cycles.

Amplitude constante Stationnaire gaussien Stationnaire quelconque


bande troite

FIGURE 63
Exemples dhistoriques de contrainte.

Trois mthodes sont couramment utilises : le comptage de pics, le comptage dtendue et le


comptage de rainflow. Ces mthodes fournissent des rsultats identiques lorsque le processus est
stationnaire gaussien bande troite. Des diffrences notables subsistent cependant dans ltude
de processus quelconques.
La mthode de comptage des pics consiste compter tous les maxima locaux au-dessus de la
valeur moyenne. Un maximum local est alors associ un minimum local (sous la valeur moyenne)
de mme tendue par rapport la valeur moyenne. Un historique de contrainte quivalent est alors
obtenu. Les cycles ainsi forms sont alors indpendants de leur position relative dans lhistorique
des contraintes. Dans ce processus de comptage, un certain nombre de cycles correspondant
des maxima locaux sous la valeur moyenne du processus peuvent tre ignors.
Dans la mthode de comptage dtendue, la diffrence entre deux extrema successifs est compte
comme un demi-cycle. Cette mthode utilise seulement une information locale de lhistorique des
contraintes puisque chaque extremum est associ avec les extrema le prcdant et le suivant.
Cette mthode de comptage prsente la caractristique de compter toutes les petites tendues de
contrainte, mais de casser certaines tendues plus larges en plus petites.
1. Lalgorithme du rainflow comptabilise des demi-cycles, cest--dire des boucles ouvertes dhys-
trsis du mtal soumis des chargements alterns. Lalgorithme est illustr par la figure 64 : pour
respecter limage qui donne son nom la mthode, laxe de temps est plac dans le sens vertical,
orient vers le bas, et donc laxe des contraintes dans le sens horizontal. Nous partons de lorigine et
considrons successivement chaque extremum local rencontr. Sil sagit dun minimum : imaginons
une goutte deau naissant lintrieur ( droite) de ce minimum, et faisons-la couler en suivant la
pente descendante. Cette goutte suivra son trajet naturel jusqu linstant final sauf dans deux cir-
constances o le trajet est stopp :
si son trajet dbouche sur un autre trajet dj emprunt par une goutte antrieure,

72 si son trajet doit lui faire franchir un minimum infrieur celui du dpart : le trajet sinterrompt alors
au maximum prcdent franchi.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

2. Sil sagit dun maximum : imaginons une goutte deau naissant lintrieur ( gauche) de ce
maximum, et faisons-la couler en suivant la pente descendante. Comme ci-dessus, son trajet naturel
est stopp dans deux cas :
si son trajet dbouche sur un autre trajet dj emprunt par une goutte antrieure,

si son trajet doit lui faire franchir un maximum suprieur celui du dpart : le trajet sinterrompt
alors au minimum prcdent franchi.

Chaque fois quun trajet est stopp, on comptabilise un demi-cycle en lui associant ltendue la plus
grande du trajet, cest--dire la diffrence entre le plus grand pic et la plus faible valle le long du
trajet.
La norme A03-406 [A03-406] prsente une mise en uvre diffrente mais aise de cette mthode
de comptage.
Une comparaison entre mthodes montre que la mthode du rainflow fournit les meilleurs rsultats ;
ceci explique pourquoi elle est couramment utilise. Elle est la seule mthode qui permet didentifier
les cycles lents et les cycles rapides. La mthode de comptage des pics surestime en gnral
les probabilits doccurrence des grandes tendues de contrainte tandis que la mthode de
comptage des tendues favorisera le comptage des petites tendues et donc leur assignera des
probabilits doccurrence plus grandes. En comparaison avec la mthode du rainflow, le comptage
des pics conduit une surestimation de lendommagement ; la mthode de comptage des tendues
tend par contre le sous-estimer. Il convient enfin de signaler quil est trs difficile dobtenir des
rsultats analytiques concernant la distribution statistique des tendues de contrainte issues dune
identification par la mthode du rainflow. Cette mthode est donc essentiellement utilise pour
dterminer les cycles et les tendues de contrainte de signaux exprimentaux ou numriques. Les
cycles identifis sont le plus souvent reprsents sous forme dhistogrammes (Fig. 65).

Contrainte

Temps

FIGURE 64 FIGURE 65
Principe de la mthode de la goutte deau. Histogrammes du rainfflow sur plusieurs jours en un point de
mesure.

Le critre de dommage par fatigue le plus utilis sous chargement damplitude variable est la rgle
de Palmgren-Miner :
T
m
n (sk ) T
E DTe (T ) =
Te N (s
k =1 k )
= DT
Te e
(4.14) 73
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

o n(sk) est le nombre de cycles subis sur la dure de mesure Te. Le nombre de cycles la rupture
(Ns) est habituellement fourni par les courbes de Whler. Ces courbes, qui diffrent suivant
lassemblage ou dtail, sont en ralit des courbes de fractiles 95 % : le nombre de cycles
la rupture donn correspond donc un nombre de cycles ayant une probabilit de 95 % dtre
dpass. Il sagit donc en quelque sorte dune sous valuation du nombre de cycles la rupture.
Classiquement, ces courbes sont dfinies par trois segments de droite :

N ( s ) = C S 3 S 3 C3 5 106
3
5 (4.15)
N ( s ) = C5 S
3C
3 5 106 S 5 C5 108

N ( s ) = 5C
5 108 S

Une courbe de Whler est caractrise par :


la rsistance S deux millions de cycles N , qui dfinit la catgorie de dtail dans les Eurocodes.
C C
Elle varie de 36 125 MPa (160 MPa pour les produits lamins) selon les dtails ;
la rsistance S cinq millions de cycles N , qui dfinit la limite de fatigue ou dendurance sous
3 3
amplitude constante ;
la rsistance S cent millions de cycles N , qui dfinit la limite de troncature sous amplitude
5 5
variable.

La dure de vie se dduit directement de lendommagement (4.14) :


Te (4.16)
T =
DTe

4.2. Analyses temps-frquence


La transforme de Fourier conduit parfois des difficults dinterprtation physique. Ainsi, si lon
se rfre sa dfinition, le calcul dune valeur frquentielle dpendra de la connaissance de toute
lhistoire temporelle du signal. Rciproquement, la transformation inverse de Fourier montre que
toute valeur du signal se rduit une superposition infinie dexponentielles complexes parfaitement
dlocalises dans le temps. Ce point de vue mathmatique est satisfaisant pour des investigations
dynamiques de rgime permanent, mais se rvle de porte limite pour des signaux transitoires ou
pour la dtection de comportement trs localiss dans le temps [Quinquis, 2002].

4.2.1. Spectrogramme
Lune des premires ides est de considrer le signal comme stationnaire localement, dans une
fentre danalyse de dure approprie. La transforme de Fourier est applique pour chacune de
ces tranches du signal (en y appliquant une fentre pour limiter leffet de tranage). Ces tranches
fournissent des densits spectrales de puissance indexes par le temps utilis pour la datation
des tranches temporelles. Cette dcomposition temps-frquence sappelle un spectrogramme : en
thorie cest une surface indexe par le temps et la frquence, en pratique le spectrogramme est
reprsente en deux dimensions, la valeur des densits spectrales tant donne par un jeu de
couleur (Fig. 66).
La figure 66 reprsente le spectrogramme de la rponse acclromtrique dun pont rail. Plus la
couleur est sombre, plus lnergie est importante. Les zones noires indiquent donc la prsence des
frquences propres de la structure. Le train passe sur louvrage linstant t = 1 s ; avant cet instant,
le spectrogramme ne met en vidence aucune frquence dominante. Lors du passage du train
jusqu sa sortie, dans la bande de frquence 0-40 Hz, trois frquences sont identifiables (autour
de 4, 6 et 35 Hz). La mdiocre rsolution ne permet pas den avoir une meilleure estimation, mais
il est intressant de constater que les frquences 4 et 35 Hz disparaissent ds lors que le train
74 sort de louvrage. Les causes de cette disparition sont diffrentes ; la frquence 4 Hz correspond
lexcitation induite par les bogies sur louvrage (excitation priodique) tandis que la frquence
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

35 Hz correspond une frquence propre de la structure trs amortie. La prsence de la frquence


6 Hz perdure une fois le train hors de louvrage : cest la rponse transitoire de louvrage pour
laquelle la frquence 6 Hz est la seule dominante. Une analyse de Fourier classique naurait pas
permis didentifier ces divers rgimes vibratoires.

FIGURE 66
Spectogramme du passage dun TGV sur un pont-rail.

Cette reprsentation considre implicitement quun signal non-stationnaire peut tre vu comme
une succession de signaux quasi-stationnaires lchelle de la fentre danalyse. La rsolution
temporelle est alors fixe par la longueur de la fentre, la rsolution frquentielle ltant par la
largeur de la transforme de Fourier. Ces deux largeurs sont antagonistes : pour un signal fortement
non-stationnaire, la rsolution temporelle sera requise au dtriment de la rsolution frquentielle.
Inversement, si une analyse frquentielle fine est ncessaire, une fentre temporelle longue doit
tre utilise, rduisant de fait la rsolution temporelle. La transforme de Fourier ne permet donc
pas deffectuer une analyse locale en temps et prcise en frquence.

4.2.2. Ondelettes
Lanalyse en ondelettes a t dveloppe pour palier aux limites de la transforme de Fourier. Elle
adopte pour cela une fentre de dure moyenne variable (troite aux hautes frquences, large aux
basses frquences) en fonction de la zone spectrale analyser.
Londelette est la vibration la plus courte envisageable dans une plage de frquences donnes, ce
qui la rend trs concentre en temps ou en frquence. Lide de base est de dcomposer un signal
sur une famille de fonctions translates et dilates partir dune fonction mre appele ondelette.
Plusieurs ondelettes sont disponibles (Meyer, Morlet, Haar, Gauss), la famille scrivant :
1 t (4.17)

a a

la transformation temps-chelle ayant alors pour expression :

+ 1 t

(4.18)
T (t , a ) = x ( ) d
75
a a
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

t est une variable de translation (temps) et a est une variable dchelle. Cette variable dchelle
peut tre relie une pseudo-frquence qui dpend de londelette utilise et de la frquence
dchantillonnage :
f
fa = c fe (4.19)
a
fc est la frquence centrale de londelette retenue. Ainsi, pour londelette de Gauss dordre 4, la
frquence centrale vaut 0,5 Hz. Lide derrire cette frquence centrale est dassocier un signal
purement harmonique une ondelette (Fig. 67).

1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
-0,2
-0,4
-0,6
-0,8
-1
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
t
Ondelette de Gauss d'ordre 4
Signal priodique de pseudo-priode 0,5 Hz

FIGURE 67
Ondelette de Gauss dordre 4 et pseudo-frquence centre.

x 10-3
0,5

0 2,5

-0,5

chelle a
781
721
661 1,5
601
541
481
421
1
361
301
241
181
121 0,5
61
1
0,5 1 1,5 2 2,5
Temps (s) x 104

76 FIGURE 68
Scalogramme du passage dun TGV sur un pont-rail.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Lanalyse en ondelette prsente galement un antagonisme entre rsolution frquentielle et


temporelle ; cependant la diffrence de la transforme de Fourier, les rsolutions frquentielles
et temporelles ne seront pas identiques en fonction du plan temps-frquence. Dans le cas de
changements brusques du signal, la transforme en ondelettes existera dans le domaine des
petites chelles et sera apte voir les dtails fins du signal, mais son support frquentiel sera
tendu (perte de rsolution frquentielle). Rciproquement, une rsolution frquentielle importante
nest possible quavec une ondelette analysante longue, au dtriment de la rsolution temporelle.
La figure 68 donne, sous forme de scalogramme, la reprsentation temps-frquence du signal de
la figure 66. Une ondelette de Dauberchies dordre 4 a t retenue. La figure 68 fait apparatre des
traces frquentielles marques pour les chelles 91, 581 et 721, ce qui correspond aux pseudo-
frquences de 32,1 Hz, 5,8 Hz et de 4,05 Hz. On constate que les frquences de 4,05 Hz durent
le temps du passage du train, alors que la frquence 5,8 Hz se maintient aprs la sortie du train
(transitoire).

4.3. Identification modale


Lidentification modale [Ewins, 2000] consiste identifier les caractristiques modales partir dessais
vibratoires sous excitation contrle ou ambiante. Pour cela, de bonnes investigations dynamiques
sont ncessaires et elles impliquent que linstrumentation et les techniques dacquisition utilises
soient appropries et cohrentes avec les objectifs de lvaluation dynamique. Les mthodes
didentification les plus sophistiques et les plus performantes resteront toujours en chec devant
des donnes de mdiocre qualit. Il est donc important de comprendre les principes fondamentaux
impliqus par la ralisation dessais vibratoires. Il est vrai que les mmes types de capteurs, de
cartes dacquisition sont employs aussi bien pour des tests vibratoires, lanalyse structurale, la
surveillance ou lvaluation du confort. En revanche, les sources dexcitation diffrent gnralement
dun cas un autre. Pour tre efficace et pertinente, la mise en uvre dessais vibratoires doit tre
prcde :
du choix des conditions dessais, notamment de la source dexcitation (n),
du choix des donnes acqurir sur une bande de frquence donne (o),
de la dfinition du nombre et de la localisation des capteurs (p),
de lacquisition et du traitement des donnes (q).

Ltape (r) est relative lexploitation des donnes, cest--dire la phase danalyse modale
exprimentale.
La figure 69 illustre ces cinq niveaux essentiels sur des essais raliss sur un ouvrage de ligne TGV.
Le premier niveau est le choix de la source dexcitation (point n, ici le passage dun TGV comme
source dexcitation). Le second niveau est dordre mtrologique et concerne le choix des capteurs
(point o, capteur acclromtrique et capteur de dplacement). Le troisime niveau prcise le
plan dinstrumentation (point p, nombre de capteurs et positionnement) tandis que le quatrime
niveau dtaille lacquisition des donnes (point q, enregistrement de la rponse temporelle ou
frquentielle). Enfin, le dernier niveau a pour objectif lidentification modale elle-mme : il sagit de
dterminer les modes propres exprimentaux de la structure (point r, dforme modale des modes
2 et 3).
Les caractristiques modales (frquences propres fk, coefficients damortissement k, dformes
propres k) reprsentent une forme de compression de donnes. Les proprits modales sont
estimes exprimentalement partir de signaux temporels. Ces signaux sont rarement utilisables
en ltat et ce volume de donnes est rduit un certain nombre de frquences, de coefficients
damortissement et de dformes propres. titre dexemple, un signal comportant 1024 valeurs, avec
100 points de mesure sur une structure constituera 102400 mesures. Ces 102400 valeurs mesures
peuvent se rduire 20 modes composs dune frquence, dun coefficient damortissement et
de 100 amplitudes modales, soient 2040 valeurs. Ainsi, le processus didentification modale est
donc un filtre et des informations essentielles sur ltat dune structure peuvent tre perdues. Il est
donc ncessaire de garder cet aspect lorsquon ralise une valuation dynamique base sur une 77
caractrisation modale.
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

78 FIGURE 69
Analyse modale exprimentale et identification modale (r).
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Un deuxime facteur suscitant quelques confusions rside dans le fait quun endommagement ou
une dgradation est un phnomne local. Les phnomnes locaux sont capturs par les frquences
leves tandis que les basses frquences tendent caractriser le comportement global de louvrage
et seront donc moins sensibles des modifications locales du comportement de la structure. La
faible sensibilit des basses frquences pour des rductions de rigidit de moins de 10 % est trs
souvent nonce. De plus, dun point de vue exprimental, il sera plus difficile si ce nest pas
impossible dexciter de hautes frquences causes des niveaux dnergie mettre en uvre.
La Transforme de Fourier Rapide (Fast Fourier Transform - FFT) constitue lalgorithme de base de
lestimation des fonctions de transfert dans les systmes modernes dacquisition. Son dveloppement
a rvolutionn le traitement du signal en facilitant le remplacement de filtres analogiques par des
filtres numriques robustes et rapides. Lanalyse frquentielle permet ainsi de rapidement gnrer
des densits spectrales et des fonctions de transfert. Ces fonctions sont alors utilises pour extraire
les paramtres modaux du systme. La FFT repose cependant sur des hypothses concernant les
squences de mesures. Ces hypothses peuvent cependant se ramener une des deux situations
suivantes :
le signal doit tre un transitoire sur la priode dobservation,

le signal est compos dharmoniques sur la priode dobservation.

Si lune de ces conditions nest pas rencontre dans lhistorique du signal mesur, le spectre
rsultant pourra tre entach derreurs. Si lon compare ce qui tait disponible il y a seulement
une dizaine dannes, dnormes quantits dinformation peuvent aujourdhui tre traites pour
faciliter les analyses modales exprimentales et dans certains cas tudier certaines non linarits
structurales ou certains signaux particuliers.
Un problme important en dynamique des structures rside donc dans la dtermination prcise des
paramtres qui caractrisent les modes principaux dune structure. Ces paramtres (frquences
propres, dcrments logarithmiques, modes propres) sont alors des inconnus : leur connaissance
permet la validation et lamlioration du modle de comportement dynamique de la structure,
danalyser une partie de cette dernire qui peut tre difficile de modliser analytiquement. De ce fait,
lidentification modale signifie lestimation de ces caractristiques partir des mesures des signaux
dexcitation et de rponse. Une telle dtermination rend possible la prdiction du comportement de la
structure dans toutes les situations. Ceci est particulirement le cas des structures comportement
linaire puisquil est possible de dduire la totalit des rponses pour tout type dexcitation partir
de la connaissance de la rponse des excitations particulires synthtises dans la matrice de
transfert du modle.
Durant ces dix dernires annes, de nombreuses tudes ont port sur le dveloppement de
mthodes didentification temporelle sans connaissance de lexcitation, ce qui est particulirement
bienvenu lors dessais sous excitation ambiante.
Les techniques classiques didentification cherchent dterminer les matrices de transfert du
systme, ce qui oblige travailler en rgime frquentiel. Des techniques de minimisation de type
moindres carrs sont alors utilises pour estimer les paramtres des fonctions de transfert. Les
rponses impulsionnelles sont ensuite estimes par dconvolution afin de disposer dun modle
temporel caractre prdictif. Cependant, les procdures de dconvolution sont trs sensibles
aux bruits de mesure et conduisent des oscillations numriques. De plus les signaux ne sont
pas connus de faon continue et pour des structures en service, les signaux dentre sont parfois
totalement inconnus et les paramtres modaux peuvent galement subir des modifications. Pour
ces diverses raisons, le recours des techniques didentification en rgime temporel est aujourdhui
de plus en plus courant. Les techniques classiques didentification en rgime temporel utilises
en gnie civil sont des techniques utilisant souvent des rponses impulsionnelles. Ceci simplifie
le dveloppement numrique des routines didentification, mais reste galement trs sensible aux
bruits de mesure. Le recours des mesures de rponse en rgime forc est plus dlicat de mise en
uvre, mais prsente lavantage dassurer une excitation permanente, destimer plus correctement
lensemble des modes pertinents, et dans le cas dexcitation ambiante, de placer la structure dans
son environnement de service. Pour des essais en laboratoire, le contrle des entres et le choix
des classes de ces dernires peuvent tre correctement organiss. Pour une structure en service,
lexcitation nest pas forcment connue, ou mme mesurable. Il est donc ncessaire de disposer de
techniques se limitant la seule connaissance et mesure de la rponse. Cest ainsi quun ensemble 79
de mthodes ont t dveloppes ces dernires annes pour rpondre cet enjeu. Tout un ventail
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

de techniques didentification existe : lAnnexe B prsente le principe de quelques-unes. Toutes ne


sont pas applicables aux investigations dynamiques en gnie civil et ont des mises en uvre plus
ou moins aises.
Lidentification modale a pour but lidentification des paramtres modaux dune structure partir
dinvestigations dynamiques, ce qui implique :
la dtermination du nombre de modes prsents dans une bande frquentielle danalyse,

pour chaque mode :


lvaluation de la pulsation propre complexe ,
k
la dtermination du vecteur propre complexe associ normalis ,
k
le passage des solutions propres complexes ( , ) du systme dissipatif aux solutions
k k
propres (fk, k) du systme conservatif associ,
la dtermination des coefficients damortissement .
k

Les mthodes didentification permettent daccder aux solutions propres du systme dissipatif et
de l au systme conservatif associ. Il est rare que cette analyse soit une fin en soi.

4.3.1. Relation entre modes solutions complexes et solutions relles


Les mthodes didentification modale permettant daccder aux solutions propres du systme
dissipatif, les utilisateurs cherchent souvent comparer les rsultats de mesure des rsultats de
calcul effectus dans la plupart des cas par lments finis. Se pose alors la question du passage
des solutions complexes du systme dissipatif aux solutions relles du systme conservatif.
En ce qui concerne les pulsations propres, le passage est immdiat entre la pulsation complexe k
et la frquence non amortie fk et le coefficient damortissement k :

(4.20)

La relation entre modes propres complexes et rels est moins vidente et nest simple que pour des
structures amortissement proportionnel (cest--dire pour lequel lamortissement est proportionnel
la masse et la raideur du systme). Il est en effet possible de montrer que :

(4.21)

Cette expression reste valide si la matrice damortissement gnralise est diagonale : les parties
relles et imaginaires du vecteur propre complexe ont mme amplitude et sont de signes opposs.

En multipliant k par 2 i (2 fk ) , la partie imaginaire sannule. Si, aprs multiplication, cest la

partie relle qui sannule (ou est damplitude trs faible) pour une composante k ,l 2 i (2 fk ) ,
il faut incriminer un problme de signe de la mesure ; il convient alors de prendre en compte un
retournement de signe dans le calcul.
Pour une matrice damortissement gnralise pleine, la relation (4.21) nest plus vrifie, mais le
reste approximativement en prsence de modes dcoupls, cest--dire distants dau moins trois
fois la largeur de bande (rsolution) frquentielle.

4.3.2. Validation des rsultats de lanalyse modale exprimentale


Une fois lidentification ralise, il est ncessaire de valider le modle modal identifi. Plusieurs de
ces vrifications portent sur les modes propres.
La premire consiste vrifier lorthogonalit des modes propres rels par rapport une matrice
de masse. En gnral, la matrice de masse utilise provient dun modle aux lments finis et
les modes propres sont normaliss de sorte que les termes diagonaux de la matrice de masse
80 gnralise soient unitaires. Avec cette forme de normalisation, lorthogonalit des modes propres
sera accepte si les termes en dehors de la diagonale sont dordre infrieur 10 % :
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

(4.22)

Un modle aux lments finis (lorsque disponible !) tant de dimension plus importante que le
nombre de points de mesure (cest--dire que la dimension des modes propres exprimentaux), la
matrice de masse utiliser est une matrice de masse rduite.
Si la condition (4.22) nest pas vrifie, trois raisons peuvent lexpliquer :
la prsence derreurs de mesure ou dapplication de la technique didentification,

une matrice de masse difficile relier des proprits physiques,


une rduction de la matrice de masse aux points de mesure peu raliste (ce qui est souvent le cas
de structures trs flexibles).

Le coefficient MAC (Modal Assurance Criterion) procure galement une mthode pour dterminer
le degr de corrlation entre deux sries de mesure ralises sur un mme ouvrage. En gnral,
deux modes propres identifis sous des conditions dexcitation diffrentes prsenteront une partie
corrle et une partie non corrle lie une contamination due au bruit de mesure ou aux autres
modes. Le coefficient MAC cherche apprcier si deux modes donns sont corrls entre eux.
Supposons que A et B soient deux modes propres identifis par deux investigations dynamiques
menes sur le mme ouvrage. Le coefficient de MAC est alors dfini pour les dformes propres
par :
(4.23)

Le coefficient de MAC indique le degr de la corrlation A et B . Le coefficient de MAC varie de


0 1, 0 pour aucune corrlation et 1 pour une corrlation parfaite. Ce coefficient ne valide que la
corrlation entre deux sries dinvestigation dynamiques, mais ne valide pas le mode propre. Une
valeur minimale de 0,9 est retenir pour considrer que la corrlation est vrifie. Les investigations
dynamiques fournissant gnralement n modes, il est classique de reprsenter les coefficients MAC
entre modes de deux sries de mesure sous la forme dune rprsentation tri-dimensionnelle de
type matricielle. Si les modes propres sont dcoupls et les deux sries de mesure sont parfaitement
corrles, cette reprsentation vaut 1 sur la diagonale et 0 en dehors. La nature de la reprsentation
indique le degr de corrlation entre modes des deux sries de mesure (Fig. 70). Sur cette figure,
on constate que les modes sont faiblement corrls entre eux, lexception des modes 2 et 4.

FIGURE 70 81
Coefficients MAC entre les quatre premiers modes dun ouvrage.
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

Une extension du coefficient MAC existe ; il sagit du coefficient COMAC (Coordinate Modal
Assurance Criterion). Ce coefficient cherche identifier le degr de libert (composante du mode)
qui contribue rduire la valeur du MAC entre A et B :

(4.24)

Le coefficient de corrlation COMAC, comme le MAC qui cherche le vecteur de la corrlation


travers deux modes, cherche la corrlation des degrs de libert travers les modes. Il donne ainsi
une corrlation entre modes propres mesurs pour chaque degr de libert. Dans le cas dune
parfaite corrlation entre les degrs de libert, le coefficient COMAC sera gal 1. Un grand cart
par rapport 1 peut tre interprt comme une perte de corrlation et donc comme un cart notable
entre A et B sur ce degr de libert.
Pour un systme dissipatif avec amortissement proportionnel, les coefficients des modes propres
complexes k prsentent une phase (arc-tangente de la partie imaginaire sur la partie relle de
la composante) valant 0 ou 180. Le coefficient MPD (Mean Phase Deviation) donne lcart de
chaque coefficient par rapport la phase moyenne.

4.3.3. Actualisation de modle


Disposant dun modle initial, deux stratgies sont possibles : la premire, couramment utilise,
est appele actualisation manuelle. Elle permet de comprendre et de conceptualiser souvent le
processus mme de lidentification structurale. Cette rsolution manuelle, ralise par lingnieur, est
impraticable sur les grands modles, mais devrait avoir le mrite dviter des solutions physiquement
irralistes. Cette pratique courante ne repose pourtant sur aucune mthodologie, et est laiss
au libre arbitre de lingnieur charg de recaler le modle. La figure 23 donne lexemple dun tel
recalage manuel sur un modle initial aux lments finis prenant mal en compte les conditions aux
limites de la structure.
Dans le cas de modle aux lments finis de grande taille, lactualisation se doit dtre automatique.
Ces mthodes peuvent tre ranges en deux groupes : les mthodes globales et les mthodes
locales. Les mthodes globales sont bases sur la correction des matrices de rigidit du modle
(statique), de masse et damortissement (dynamique) ; elles peuvent conduire des modles
fort peu significatifs bien que se calant bien aux donnes exprimentales, et ncessitent des
investigations dynamiques avec excitation contrle (Chapitre 3). Les mthodes locales sont alors
souvent prfres parce quelles offrent lavantage de localiser les rgions mal modlises ou
modifies du modle, et de slectionner les variables physiques dimportance pour la mise jour
du modle. Les mthodes consistent rduire au minimum les carts entre les donnes modales
exprimentales et numriques en ajustant les inconnus du modle. Dvelopps pour lanalyse
modale, ce sont les carts dans les modes propres qui sont gnralement minimiss, ce qui permet
dutiliser ces mthodes dans le cadre de procdures exprimentales non contrles. Des fonctions
dendommagement sont employes pour approcher la distribution de rigidit, rduisant efficacement
le nombre dinconnus [Teughels & al, 2003].

4.3.4. Indicateurs de modifications structurales


Les frquences propres et les coefficients damortissement constituent des indicateurs primaires
de modification structurale. Cependant, leur faible sensibilit aux endommagements les rend peu
mme dtre utiliss en pratique, sauf pour des niveaux dendommagement levs (Chapitre 2).
Ces indicateurs sont de plus de niveau 1 selon la classification de Rytter, et donc ne permettent
pas de localisation. Une alternative classique consiste recourir aux modes propres identifis,
82 offrant par l mme la possibilit de disposer de mthodes de niveau 2 (dtection et localisation de
modification structurale).
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Lune des approches les plus intuitives consiste utiliser les coefficients MAC et COMAC pour
identifier des modifications structurales. Les modes sont compars deux deux, A et B
reprsentant respectivement le mode de rfrence et le mode propre modifi (par endommagement
ou rparation).
Une autre faon dutiliser les dformes propres pour obtenir des informations sur la source des
changements vibratoires est dtudier leurs drives. Il y a en effet une relation directe entre la
courbure des dformes propres et les dformations de flexion. Lexistence dun endommagement
dans une structure diminue la rigidit El de la partie fissure. Considrons une section de la poutre
dabscisse x soumise au moment de flexion M(x). La courbure, (x), en ce point, scrit :
M (x) (4.25)
( x ) =
EI
o E est le module dlasticit et l le moment dinertie de la section. La diminution de El mne
laugmentation de la courbure dans la section. Comme les changements de courbure sont
locaux et quils dpendent du taux de rduction de la rigidit El, le changement de courbure peut
tre utilis pour la dtection et la localisation des endommagements. La diffrence absolue de
la courbure de dformes propres de rfrence et teste dans la rgion de modification doit tre
maximale (Fig. 71c). Plus la rduction de la rigidit en flexion est grande (correspondant ainsi un
endommagement), plus le changement de courbure sera grand. Dans le cas o plusieurs modes
propres sont utiliss, les valeurs absolues du changement de courbure lie chaque mode peuvent
tre additionnes pour fournir un paramtre unique.

cf (x 10-4)
4
a - Courbure de flexibilit
a.
2

0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance (m)
f (x 10-3)
2
b - Flexibilit
b.
1

0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance (m)
Cdp (x 10-4)
4
c - Courbure de dforme propre
c. 2

0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance (m)

FIGURE 71
Exemples de mthodes de dtection dendommagement sur une poutre VIPP de Merlebach.

Le changement absolu de la courbure des modes propres peut tre un bon indicateur
dendommagement pour un modle aux lments finis. En utilisant un schma aux diffrences
centres, les valeurs de la courbure en des points distants de la rsolution spatiale h peuvent tre
calcules partir des dformes propres :

(4.26) 83
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

Il convient cependant dtre prudent sur la dtermination des courbures. Le calcul de la courbure
obtenu par des dformes propres peut aboutir des erreurs inacceptables. Sazonov et Klinkhachorn
ont eu lide de conserver cette approche numrique mais se sont focaliss sur les effets de la
discrtisation spatiale (n = 1/h). En effet, lintervalle dchantillonnage est souvent choisi de faon
intuitive. Le nombre de capteurs nest pas rellement justifi ; seule une prcision suffisante est
recherche dans lacquisition des dformes propres. Par ailleurs, lide premire serait de croire
quen matire de dtection de dommages, une meilleure discrtisation devrait conduire de
meilleurs rsultats. Sazonov et Klinkhachorn contredisent ce principe. Ils indiquent que sil savre
vident pour lacquisition des dformes, ce principe ne peut tre tendu automatiquement aux
courbures. Ils mettent ainsi en vidence un intervalle optimal dchantillonnage h0 (Chapitre 3).
Une autre classe des mthodes de dtection de modification structurale pour estimer les
changements du comportement de la structure utilise la matrice de flexibilit. La mthode de
flexibilit nexige pas un modle analytique de la structure et seules quelques frquences propres
et modes propres (situation de rfrence et situation teste) sont ncessaires. Lexpression de la
matrice de rigidit et de flexibilit scrit :


n

K = M M = M
t
i2 i t i M (4.27)

i =1


n
1 t 1
F = = i t i (4.28)
i2
i =1

= [1, 2 ,..., n ] est la matrice des dformes propres, i tant le ime mode de vibration.
= [ 2i ] est la matrice diagonale des rigidits modales, i tant la ime pulsation propre. F est la
matrice de flexibilit.
La formulation de la matrice de flexibilit par cette mthode est approximative, car seulement un
petit nombre de modes (typiquement les modes de basses frquences) est mesur. Les pulsations
et les dformes propres peuvent sobtenir par calcul ou par mesure. En considrant lexpression
(4.28) on constate quavec laugmentation de la pulsation, la contribution modale sur la matrice de
flexibilit diminue, cest--dire quen augmentant le nombre de frquences, la matrice de flexibilit
converge rapidement. Avec seulement quelques frquences identifies, une assez bonne estimation
de la matrice de flexibilit peut tre obtenue (Fig. 71b).
La prsence dendommagements diminue la rigidit de la structure. Comme la flexibilit est linverse
de la rigidit, la rduction de rigidit doit augmenter la flexibilit de la structure. Le changement de
flexibilit peut donc tre utilis pour dtecter et localiser un endommagement (mthodes de niveau 1
et 2). Ainsi, si on enregistre des paramtres modaux partir de deux sries de mesure, lune pour la
structure non endommage et lautre pour la structure endommage, en utilisant lexpression (4.28),
la matrice de flexibilit F peut tre calcule dans les deux cas. Chaque colonne de la matrice de
flexibilit reprsente lensemble des dplacements nodaux dune force unitaire applique chaque
degr de libert. partir de ces matrices, on obtient la matrice de changement de flexibilit :
(4.29)
= F* F
dans laquelle F et F* sont respectivement des matrices de flexibilit avant et aprs endommagement.
Pour chaque degr de libert j (ou nombre de modes), en choisissant la valeur maximale de chaque
colonne de , on obtient :
j = max ij (4.30)

o les ij sont des lments de .


En combinant certains aspects des mthodes de courbure des dformes propres et de flexibilit,
lide peut tre mise que la perte de la rigidit localise cause laugmentation de courbure au
mme point. Le changement de la courbure sobtient alors par la flexibilit au lieu des dformes
propres. Les matrices de flexibilit, avant et aprs endommagement, peuvent scrire de la faon
suivante :
F = [F1 F2 L Fn ]
1 t
(4.31)
84 1
F = F
*
1
*
F 2
*
L F
n
* * * t
*
(4.32)
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

o les astrisques indiquent la structure endommage. F1 Fn (avec ou sans astrisques)


correspondent aux colonnes de la matrice de flexibilit. Le coefficient de la ime colonne reprsente
la flche de la structure, en appliquant la force unitaire au ime degr de libert. La mthode de
courbure de flexibilit analyse donc le changement de courbure de la flexibilit et reprsente la flche
de la structure lorsque tous les degrs de libert sont chargs par une force unitaire (Fig. 71a). Elle
correspond donc aux sommes des charges unitaires de flexibilit. Le changement de la courbure
scrit :

= Fi * Fi (4.33)
i =1

o et n reprsentent respectivement le changement de courbure absolu et le nombre de degr


de libert (ou dans le nombre de modes identifis). En appliquant, soit un oprateur de diffrence
centre pour mesurer lamplitude modale, soit un oprateur polynomial adapt lamplitude modale,
ultrieurement diffrenci, la courbure associe chaque chargement unitaire de la flexibilit peut
tre obtenue. Linterpolation peut encore se faire pour gnrer les degrs de libert supplmentaires
entre les capteurs.
Lune des mthodes les plus performantes ce jour, reposant sur lutilisation des modes propres,
est sans nul doute la mthode par nergie de dformation. Considrons dans un premier temps une
poutre de type Euler-Bernoulli, lastique et linaire, divise par NE lments et N nuds sur sa
longueur. Lnergie de dformation scrit :
L 2


1 2 y (4.34)
U= EI ( x ) 2 dx
2 0 x

o y est le dplacement vertical, El la rigidit en flexion et L la longueur de la poutre. Si le mode


propre i ( x ) est considr, les expressions des nergies de dformation de la poutre et de llment
scrivent respectivement pour ce mode :
L 2 a j +1 2


1 2i ( x ) 1 2i ( x )
Ui = EI ( x ) dx ; Uij = EI j ( x ) dx (4.35)
2 0 x 2
2 aj x
2

o El(x) et Elj(x) sont respectivement les rigidits en flexion de la poutre et de llment, aj et a tant
j+1
lnergie de dformation totale de la poutre, pour un mode propre donn, la fraction dnergie de
dformation Fij scrit : (4.36)
F ij = Uij / Ui
Des expressions identiques peuvent scrire pour le cas que lon veut comparer la situation de
rfrence prcdente. Il est alors possible de dmontrer [Cremona, 2004] :

(4.37i)

(4.37ii)

2
2 i
car El est continue et 2
est non ngative et intgrable. El est la rigidit moyenne le long de
x
la poutre de rfrence (de mme pour El*, rigidit moyenne le long de la poutre tester). Dans le
cas de faibles modifications structurales, la fraction dnergie F*ij et la rigidit moyenne El*, sont du
mme ordre que celles du cas de rfrence :

(4.38)

ce qui permet dobtenir :

(4.39) 85
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES

Le terme de droite de lexpression prcdente est indpendant du mode propre : en calculant la


valeur moyenne pour le nombre de modes disponibles, lexpression (4.39) devient :
(4.40)

j est lindicateur de modification structurale de llment j (Fig. 72a). Pour avoir des valeurs plus
reprsentatives et tre capable de les comparer, cet indicateur dendommagement est gnralement
normalis (Fig. 72b) :

(4.41)

o et sont respectivement la valeur moyenne et lcart-type de j.

a. Indicateur non normalis

4
a - Indicateur non normalis
2

-2

-4
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Position (m)
b. Indicateur normalis
z
2
b - Indicateur normalis
1

-1

-2

-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Position (m)

Un cercle indique les lieux de dtection dendommagement

FIGURE 72
Mthode de changement dnergie de dformation (poudre du VIPP de Merlebach).

Si lon synthtise les figures 71 et 72, deux lieux principaux dendommagement sont dtects : mi-
porte et au premier quart de trave. Ces deux cas correspondent la prsence de fissures sur la
poutre. On notera cependant la prsence de modifications dtectes par la mthode de changement
dnergie de dformation proches des premires zones, de signes opposes. La valeur positive de
lindicateur normalis z correspond une perte de rigidit, alors quune valeur ngative indique une
augmentation.
Les localisations de modifications structurales par les mthodes construites sur les modes propres
86 sont de faible rsolution spatiale ; elles permettent cependant dapprcier de manire suffisamment
prcise les zones aux forts gradients de changement de comportement mcanique.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Lindicateur normalis z doit tre compar un seuil de dtection zs ; les valeurs zj (j reprsentant un
lment) dpassant ce seuil de dtection correspondent alors des lieux de modification structurale.
Le choix de ce seuil est donc primordial pour correctement identifier les modifications structurales.
Choisi trop faible, des endommagements fantmes (fausses alarmes) seront dtects ; trop lev,
la non dtection est craindre. Pour un seuil de 2, la probabilit de fausse alarme sera de 2 %
environ. titre dexemple, si nous revenons la figure 72, seul lendommagement mi-porte sera
accept. Lautre cas sera rejet. Alvandi et Cremona (2006) ont propos danalyser ce seuil au
travers de simulations numriques et dune analyse statistique des probabilits de dtection et de
fausse alarme. Leur analyse conduit retenir un seuil de 1,5, ce qui correspond une probabilit de
dtection de 95 %.

87
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

5. Mises en uvre
pratiques
Le type dinvestigations dynamiques dpend fortement des objectifs recherchs (Fig. 2). Le
Chapitre 2 a montr que, selon ces objectifs, plusieurs types dinvestigations et dvaluations (ou
danalyses) dynamiques taient possibles. Ce chapitre fournit quelques exemples dapplications
les plus classiquement rencontres dans la ralisation dinvestigations dynamiques. Il convient
cependant dinsister sur la diversit des moyens mtrologiques disposition qui rend ltablissement
de rgles difficiles ; ces derniers doivent cependant tre conditionns par le type dinvestigation
dynamique retenu et par la nature des analyses raliser.
Le tableau VII tente de dresser quelques principes de base pour chaque type dinvestigations ;
il nest pas exhaustif et certains cas dtude peuvent mler plusieurs cas de base ou prsenter
des particularits. Nanmoins, ce tableau couvre la plupart des applications quun ingnieur pourra
rencontrer. Les exemples en fournissent une illustration.

TABLEAU VII - Caractristiques de base des investigations dynamiques

Type Catgorie Source dexcitation Grandeur physique Analyse


dinvestigations la plus frquemment la plus frquemment employe
mesure
Mesures _ Ambiante Acclration Amplitudes maximales
de confort Dpassements de niveaux

valuation des Dtermination des Ambiante Dformation Amplitudes maximales


sollicitations coefficients de majoration Dplacement Dpassements de niveaux
dynamique
Dure de vie en fatigue Ambiante Dformation Rainflow
Tension dans les cbles Ambiante Acclration Analyse spectrale
Impact
Analyse Analyse modale Ambiante Acclration Identification modale
structurale Contrle (impact, Vitesse
harmonique, etc.)
Identification structurale Ambiante Acclration Actualisation de modles
Contrle (impact, Vitesse aux lments finis
harmonique, etc.)
Aptitude au service Ambiante Acclration Amplitudes maximales
Vitesse Dpassements de niveaux
Dplacement Analyse spectrale
Analyse temps-frquence
Surveillance de Influence des paramtres Ambiante Acclration Identification modale
comportement environnementaux
Efficacit de mesures de Ambiante Acclration Identification modale
renforcement Contrle (impact, Actualisation de modles
harmonique, etc.) aux lments finis
Comportements anormaux Ambiante Acclration Analyse spectrale
Dplacement Analyse temps-frquence
Intgrit structurale Ambiante Acclration Identification modale
Vitesse
Diagnostic Ambiante Acclration Identification modale
Contrle (impact, Vitesse Analyse spectrale 89
harmonique, etc.)
CHAPITRE 5 MISES EN UVRE PRATIQUES

90
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

91
CHAPITRE 5 MISES EN UVRE PRATIQUES

92
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

93
CHAPITRE 5 MISES EN UVRE PRATIQUES

94
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

95
CHAPITRE 5 MISES EN UVRE PRATIQUES

96
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

97
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Bibliographie

A03-406, Fatigue sous sollicitation damplitude variable : mthode rainflow de comptage des cycles,
AFNOR, 1993.
ALVANDI A., CREMONA C., Assessment of vibration-based damage identification techniques, Journal of
Sound and Vibration, 292, 2006.
BAKHT B., PINJARKAR S.J., Review of dynamic testing of bridges, TRB Record 1223, TRB, Washington
D.C., USA, 1990.
CARRACILLI J., Coefficients de majoration dynamique des charges routires sur les ouvrages dart,
Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chausses, 229, 2000.
CARRACILLI J., CREMONA C., Calibration of dynamic impact factors from in situ measurements, Bridge
Maintenance, Safety and Management, IABMAS02, Barcelone, Juillet 2002.
DAVENPORT A.G., The application of statistical concepts to wind loading of structures, Proceedings of
the Institution of Civil Engineers, 19, 1961.
Eurocode 3, Conception des ouvrages mtalliques, 2003.
EWINS D.J., Modal Testing : Theory, Practice and Application, Research Studies Press, 2000.
GAUTIER Y., CREMONA C., MORETTI O., Estimation of cable tensions from frequency measurements,
Experimental Vibration Analysis of Civil Engineering (EVACES) Conference, Bordeaux, 26-28
octobre 2005, Presses LCPC, Paris, France, 2005.
HARIS C.M., PIERSOL A.G., Harris Shock anf vibration handbook, 5e dition, Mac Graw Hill, USA,
2002.
ISO 14964, Mechanical vibration and shock, vibration of stationary structures, specific requirements
for quality management in measurement and evaluation of vibration.
ISO 18649, Mechanical vibration and shock, evaluation of measurement results from dynamic tests
and investigations on bridges.
ISO 2631, Exposition of human exposure to whole body vibration.
ISO 5348, Fixation mcanique des acclromtres.
LALANNE C., Vibrations et chocs mcaniques : tomes 1-6, Hermes, Paris, France, 1999.
LIN Y.K., Probabilistic theory of structural dynamics, Krieger publishing, USA, 1976.
LPC 35, Mthode dessai LPC n35, Mesure de la tension des cbles par vibration, LCPC.
NF ISO 14963, Mechanical vibration and shock, guidelines for dynamic tests and investigations on
bridges and viaducts.
NF E 90-020, Mthodes de mesurage et dvaluation des rponses des constructions, de matriels
sensibles et des occupants.
OA47, Evaluation dynamique des ponts, sous la direction de C. Cremona, Presses LCPC, Paris, 99
France, 2004.
BIBLIOGRAPHIE

OA56, Suivi du comportement mcanique dune poutre de VIPP sous chargement : le cas du VIPP
de Merlebach, sous la direction de C. Cremona, Presses LCPC, Paris, France, 2007.
PEETERS B., MAECK J., DE ROECK G., Vibration-based damage detection in civil engineering : excitation
sources and temperature effects, Smart Materials And Structures, 10, 2001.
QUINQUIS A., Le traitement du signal sous Matlab : pratique et applications, Hermes, Paris, France,
2000.
R1 850 - LE GOR J.-L., AVRIL J., Extensomtrie, Techniques de lingnieur, Trait Mesures et
contrles.
R1 800 - DURAND S., Capteurs de dplacement, Techniques de lingnieur, Trait Mesures et
contrles.
R1 812 - DEVAL A., AMAND Y., Acclration, Trait Mesures et contrles.
R1 810 - MATON M., Mesure des vitesses et circuits associs, Trait Mesures et contrles.
R1 156 - CATZ C., Analyseurs de Fourier, Techniques de lingnieur, Trait Mesures et contrles.
R6 180 - PIRANDA J., Analyse modale exprimentale, Techniques de lingnieur, Trait Mesures et
contrles.
R6 728 - VRET C., Enregistrement rapide des images, Trait Mesures et contrles.
R412 - FESTINGER J.-C., Capteurs fibres optiques : prsentation.
RICE S.O., Mathematical analysis of random noise, Selected papers on noise and random processes,
N. Wax (ed.), 1944.
RYTTER A., Vibration Based Inspection of Civil Engineering Structures, PhD. Dissertation, Department
of Building Technology and Structural Engineering, Aalborg University, Danemark, 1993.
SAZONOV E., KLINKHACHORN P., Optimal spatial sampling interval for damage detection by curvature or
strain energy mode shapes, Journal of Sound and Vibration, 285, 2005.
SIEGERT D., DIENG L., BREVET P., TOUTLEMONDE F., Parameter identification of a hanger or stay-
cable model based on measured resonsant frequencies, Experimental Vibration Analysis of Civil
Engineering (EVACES) Conference, Bordeaux, 26-28 Ooctobre 2005, Presses LCPC, Paris, France,
2005.
SPIEGEL M.R., Formules et Tables mathmatiques, Schaum.
TEUGHELS A., DE ROECK G., SUYKENS J.A.K., Global optimization by Coupled Local Minimizers and its
application to FE Model Updating, Computers and Structures, 81, 24-25, 2003.

100
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Annexe A
lments danalyse

Annexe A
vibratoire

A.1. Processus stationnaires - Processus


ergodiques
Un processus alatoire Y (t) est une famille de variables alatoires indexe par un paramtre continu
ou discret t. Ainsi, pour linstant t = t0, Y (t0). A t = t0, Y (t0) ralise llment y (t0) : y (t0) est appel
ralisation de Y (t0). Pour un instant t fix, plusieurs ralisations sont donc possibles. En gnralisant
ce fait tous les instants, plusieurs familles de ralisation yi (t) peuvent tre construites. Elles
correspondent plusieurs historiques de la variable Y (t0). La figure 73 illustre ces historiques de
ralisation pour un signal (lindexation t est alors le temps).

y1(t)
5

-5
0 1 2 3 4 5 6 7
y2(t) t
5

-5
0 1 2 3 4 5 6 7
y3(t) t
5

-5
0 1 t0 2 3 4 5 6 7
t

FIGURE 73
Historiques de ralisations dun processus.
101
ANNEXE A LMENTS DANALYSE VIBRATOIRE

Soient p instants (ti )1i p . Le vecteur alatoire Y (t i )


1 i p
( )
a une loi conjointe et des lois marginales
pour chacune de ses composantes, les lois des variables Y (ti). Si la famille (ti )1i p est dcale
dun pas de temps ; le vecteur alatoire Y (t i + ) (
1 i p
)
admet une nouvelle loi conjointe. Si pour
toute famille de p instants, les lois conjointes restent invariantes de tout dcalage de temps , alors
le processus Y(t) est un processus dit stationnaire. Les consquences de cette condition sont
nombreuses ; il convient en particulier de citer (1) :
que les variables Y (t) ont alors toutes des lois identiques,

que le coefficient de corrlation entre deux variables Y (t) et Y (t + ) est seulement dpendant
du dcalage de temps .

Si Y (t) est un processus stationnaire dordre 2, il est dit ergodique sil vrifie les conditions
suivantes :
(A.1i)

(A.1ii)

Cette proprit est importante, car elle permet destimer les covariances et les esprances
mathmatiques en fonction de la seule connaissance dun historique de ralisation. Lergodicit
signifie donc que, pour un processus stationnaire, un historique, srie de ralisations n instants
diffrents, peut tre considre comme un n-chantillon dune variable Y (t) un instant t fix.

A.2. Moyenne Variance


Si le processus est stationnaire et ergodique, la moyenne et lcart-type se dduisent de la
connaissance dun historique y (t) du processus Y (t) par les quations (A.1) :

(A.2i)

(A.2ii)

A.3. Covariance Corrlation


Soient deux processus stochastiques stationnaires Y (t) et Z (t). La fonction dinter-corrlation entre
Y (t) et Z (t) est dfinie par :

(A.3)

102 (1) Sil y a seulement invariance des lois et des lois conjointes pour p = 2, le processus est dit stationnaire dordre 2. Ces conditions sont souvent
suffisantes dans la plupart des applications pour noncer lhypothse de stationnarit dun processus.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Due lhypothse de stationnarit, RYZ () ne dpend pas du temps t. Ainsi, si le temps t est remplac
par t - , il vient :
(A.4)

Si le processus Y (t) est utilis la place de Z (t), la fonction dinter-corrlation devient la fonction
dauto-corrlation :

(A.5)

Si = 0, une comparaison rapide entre les quations (A.4) et (A.5) permet de montrer :

(A.6)

On peut galement montrer que la fonction de covariance vrifie la double ingalit :

(A.7)

Une autre fonction est souvent utilise ; il sagit de la fonction dinter-correlation rduite dfinie par :

(A.8i)

Lorsque Z (t) = Y (t), la fonction YY () se dnomme fonction auto-corrlation. Elle vrifie les
conditions :
- 1 YY () 1 ; YY (0) = 1 (A.8ii)

A.4. Drive dun processus stochastique


Supposons que la fonction de covariance RYY () soit diffrentiable par rapport au temps , et que le
processus stochastique Y (t) puisse galement tre diffrenti par rapport t. Notons Y& (t ) et Y&& (t )
les drives premire et seconde de Y (t). Il vient :

(A.9)

Comme la valeur moyenne dune intgrale est lintgrale de la valeur moyenne, lquation
(A.9) procure :

(A.10)

cest--dire E Y& (t ) = 0 .
De manire analogue, la drive dune moyenne tant la moyenne de la drive, il vient :

(A.11)

Comme la fonction de covariance est paire, sa drive en 0 est nulle, ce qui donne 0 = RYY& (0 ) . 103
Ce rsultat montre quun processus stationnaire est non corrl avec sa drive. En drivant une
ANNEXE A LMENTS DANALYSE VIBRATOIRE

seconde fois lquation (A.11), aprs avoir remplac le temps t par le temps t - (grce lhypothse
de stationnarit), et en utilisant lquation (A.10), il vient :

(A.12)

Pour = 0, cette quation se simplifie en :

(A.13)

A.5. Densit spectrale de puissance


La densit spectrale de puissance dune variable alatoire Y (t) est dfinie comme la transforme de
Fourier de la fonction dauto-corrlation de cette variable :

(A.14)

La fonction dauto-corrlation est donc la transforme de Fourier inverse de la densit spectrale de


puissance :
(A.15)

Pour = 0, il vient :

(A.16)

La densit spectrale de puissance est cependant parfois source de confusion. En effet, lquation
(A.14) exprime la densit en termes de pulsation , + . On parle dans ce cas de densit
spectrale de puissance deux branches. Une autre formulation cohabite cependant avec cette
dernire : la densit spectrale une branche exprime en frquence f = 2 . Pour viter ces
difficults, il convient de revenir lquation (A.14). La densit spectrale de puissance est une
fonction paire par dfinition, ce qui permet dcrire :

(A.17)

Le changement de variable f = 2 conduit :

(A.18)

WYY (f) est la densit spectrale une branche exprime en frquence. Elle est relie la densit
spectrale deux branches exprime en pulsation par lexpression WYY (f ) = 4 SYY () .
Dans la plupart des cas comme dans le cas des fluctuations du vent , cest la densit WYY (f) qui
est utilise et abusivement note SYY (f) .

104 La figure74 donne quelques exemples de signaux, de fonctions dauto-corrlation et de densits


spectrales. On notera que la fonction dautocorrlation dun signal stationnaire ressemble par sa
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

forme un transitoire amorti, et que la densit spectrale dun bruit blanc est constante sur lensemble
des frquences.

FIGURE 74
Exemples de signaux, de fonctions dautocorrlations et de densits spectrales.

De manire analogue la dfinition de la densit spectrale de puissance, la densit interspectrale


de puissance est dfinie comme la transforme de Fourier de la fonction dintercorrlation :

(A.19)

Contrairement la densit spectrale, valeurs relles, la fonction de densit interspectrale comporte


une partie complexe.
La fonction de cohrence se dfinit par :

(A.20)

A.6. Dpassements de niveaux


Dans ltude des processus stochastiques, il est souvent utile de connatre la probabilit quun
processus dpasse un niveau donn sur une priode de temps fixe. En gnral, des niveaux
levs correspondant des vnements rares sont les plus importants. La figure 75 montre la
ralisation dun processus. Un dpassement de niveau y (pour y > 0) linstant t1 signifie que le
processus Y (t) < y avant t1 et Y (t) > y aprs t1. 105
ANNEXE A LMENTS DANALYSE VIBRATOIRE

Y (t)

y
FIGURE 75
Processus stochastique et dpassement
dun niveau.

A.6.1. Dpassements moyen dun niveau


Le nombre de dpassement moyen par unit de temps du niveau y est not (y). Il est alors possible
de montrer [Lin,1976] :
(A.21)

Comme les processus Y (t) et sont pris aux mmes instants, ils sont statistiquement indpendants,
et donc :
(A.22)

puisque la densit conjointe entre les processus Y (t) et Y& (t ) scrit : fYY& ( y , y& ) = fY& ( y& ) fY ( y ) .
Si le processus Y (t) est stationnaire gaussien (cest--dire stationnaire et suivant une loi normale),
est galement gaussien avec pour moyenne E Y& = 0 daprs lquation (A.10). La fonction densit
de Y& (t ) sobtient donc par :

(A.23)

En introduisant cette quation dans lquation (A.22), le nombre moyen de (y) dpassements
devient :

(A.24)

Cette expression est due Rice [Rice, 1944].

A.6.2. Priode de retour


Il sagit dune notion trs utilise par les ingnieurs dans les problmes de dimensionnement.
Soit lvnement A dcrivant le fait quun processus Y atteint ou dpasse un niveau donn y. La
priode de retour R est le dlai moyen entre deux occurrences conscutives de lvnement A. Si
lvnement A a lieu au cours dune priode laquelle on affecte lindice i = 0 , la probabilit Pk
pour quil se produise nouveau au cours de la kme priode est donne par :
(A.25)

Le temps moyen R entre deux occurrences de lvnement A est donc :

106
(A.26)
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Il est facile de calculer la srie (A.26) :

(A.27)

Lappellation priode de retour est consacre par lusage. Elle est cependant trompeuse, car elle
laisse penser que les occurrences de lvnement A de priode de retour R, se succdent avec une
priodicit R. Lexpression signifie quune priode de retour dcennale (10 ans) correspond une
probabilit de dpassement de 0,1 sur 1 an pour une valeur y (cest--dire FY (y) = 1 - 0,01 = 0,90).
Mais pour une priode de retour cinquentennale (50 ans), la probabilit de dpassement sur 1 an
de cette valeur est 1 - FY (y) = 1 - 0,98 = 2 %.
Soit T la dure de fonctionnement ou dusage de la structure. Considrons que cette dure soit un
multiple de la dure de rfrence : T = n . La probabilit que la valeur x soit dpasse durant les
n priodes de rfrence est donc donne par :
(A.28)

ce qui conduit exprimer la priode de retour en terme de probabilit de dpassement et de la


priode T :

(A.29)

si la probabilit est faible. Nous avons montr quune probabilit de dpassement de 1 % sur 1 an
quivaut une priode de retour de 100 ans. Mais la probabilit de dpassement sur 100 ans de
cette valeur est par contre de 1 - FY (y)100 = 1 - 0,99100 0,634.

A.6.3. Facteur de pointe


Au lieu de sintresser au processus Y (t), considrons le processus rduit X(t) = (Y(t) - E [Y])/Y.
Ce processus est gnralement appel facteur de pointe. Dans ce cas, le nombre moyen de
dpassements dun niveau x, par unit de temps, est :

(A.30)

X&
avec 0+ = .
2
Si Rt (x) est la priode de retour de la valeur x, le nombre moyen de dpassements (x) sur la
priode Rt (x) est donc par dfinition (x) Rt (x) = 1. Daprs lquation (A.29), ceci conduit crire :

(A.31)

En conjuguant cette quation avec lquation (A.30), il vient :


(A.32)

Lquation (A.32) exprime trs clairement que la valeur du facteur de pointe x a une probabilit
dtre dpasse sur la priode T. La drive de cette expression fournit donc la fonction densit des
maxima des facteurs de pointe sur T :

(A.33)

107
ANNEXE A LMENTS DANALYSE VIBRATOIRE

x2
avec = 0+ T exp
2
. La valeur moyenne du facteur de pointe maximal sur T, ainsi que lcart-

type, sont donns par les expressions :

(A.34)

ce qui, aprs changement de variable, se simplifie en :


(A.35)

( )
Or x = 2ln 0+ T 2ln() , ce qui se dveloppe en srie de la manire suivante :

(A.36)

Les quations (A.35) conduisent alors :

(A.37)

+
car
0
ln exp ( )d = ( 0,5772 constante dEuler) [Spiegel, 1986]. Lcart-type du facteur
de pointe maximal sobtient de faon identique :

(A.38)

+ 2
car 0
(ln )2 exp ( )d = 6
+ 2 . Les expressions (A.37) et (A.38) sont dues Davenport
[Davenport, 1961].

108
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

A.7. Calcul pratique des densits spectrales


de puissance
Lestimation pratique de la densit spectrale de puissance fait appel la transforme de Fourier
discrte :

(A.39)

avec :
(A.40)

o fe = 1/Te est la frquence dchantillonnage. La transforme de Fourier discrte est en gnral


value aux points f = m fe/N, ce qui donne :

(A.41)

109
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Annexe B
Concepts

Annexe B
en analyse modale
exprimentale

B.1. Rappel danalyse modale


Le systme mcanique le plus simple est celui constitu par une masse, un ressort et un amortisseur
visqueux (Fig. 76). En appliquant les principes de la dynamique, le dplacement x (t) de ce systme
est la solution dune quation diffrentielle du second ordre :

(B.1)
qui se rcrit :
(B.2)

avec 2 0 = c m et 02 = k m . 0 et f0 = 0 / 2 sont respectivement appeles pulsation propre et


frquence propre de loscillateur et est le coefficient damortissement visqueux.

c m

u (t)

x (t)

FIGURE 76
Schma dun oscillateur linaire
avec amortissement visqueux.

B.1.1. Oscillations libres


Considrons le cas o le terme de force est nul. Une solution gnrale de lquation (B.2.) est
cherche sous la forme :
111
x(t) = A exp ( t) (B.3)
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE

En insrant lquation (B.3) dans lquation (B.2) et en divisant par A exp(t), nous obtenons
lquation caractristique :
2 + 2 0 + 02 = 0 (B.4)

qui a pour solutions :


(
= 2 1 0 ) (B.5)

La forme gnrale de lquation (B.2) est donc :

( ) (
x (t ) = A1 exp + 2 1 0 t + A2 exp 2 1 0 t
) (B.6)

Suivant la valeur du coefficient damortissement (et des conditions initiales x (t = 0), x& (t = 0) , divers
comportements dynamiques peuvent apparatre. Si < 0 , loscillateur est dit instable, car un des
termes de lquation (B.6) est divergent. Si < 0 , loscillateur est dit non amorti : le mouvement
est alors priodique avec pour priode T0 = 2 / 0 . Si 0 < < 1 , loscillateur est dit sous-amorti : le
mouvement est toujours priodique. La solution de (B.2) peut tre mise sous la forme :

(B.7)

avec d = 1 0 . A et dpendent des conditions initiales. Le cas = 1 est connu sous le terme
2

damortissement critique (2). Le mouvement est apriodique et dcrot en fonction du temps : de


mme pour le cas o > 1 qui correspond au cas dun oscillateur dit sur-amorti. La figure 77 donne
un aperu des allures de la rponse suivant divers coefficients damortissement.
y(t)
2

1,5

0,5

-0,5

-1

-1,5

-2
0 0,5 1 1,5 2
Temps (s)

FIGURE 77
Allure des oscillations libres suivant dun oscillateur simple.

B.1.2. Dcrment logarithmique


Une mesure utile de lamortissement dun oscillateur simple est la rduction de lamplitude du
mouvement aprs une oscillation. Considrons par exemple deux dplacements distants dun cycle
doscillations correspondant aux instant t1 et t2. Daprs lquation (B.7) et la figure 78, il est possible
dcrire le ratio x1 / x2 :

(B.8)

112
(2) Le coefficient damortissement est ainsi dnomm amortissement au critique par rfrence la valeur 1.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

avec T = t 2 t1 = 2 / d . Vu la forme exponentielle de cette quation, il est intuitif den prendre son
logarithme, ce qui donne :
(B.9)

est connu sous le terme de dcrment logarithmique. Ainsi, pour dterminer la quantit
damortissement dun oscillateur, il suffit de mesurer deux dplacements conscutifs spars par
un cycle et de calculer le dcrment logarithmique. Le coefficient damortissement sobtient alors
aisment par :
(B.10)

Dans le cas o lamortissement est trs faible, lquation (B.10) peut sapprocher par :

(B.11)

y (t)
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
-0,2
-0,4
-0,6
-0,8
-1
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Temps (s)

FIGURE 78
Signification physique du dcrment logarithmique.

B.1.3. Oscillations forces harmoniques


Considrons que lexcitation u (t) soit de type harmonique :
(B.12)

Pour rsoudre lquation (B.1) avec pour second membre (B.12), il est intressant de travailler en
notation complexe, ce qui revient tudier :

(B.13)

On recherche alors une solution de la forme x (t) = X(i)exp(it), ce qui se traduit par :
(B.14)

113
do :
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE

(B.15)

Lamplitude complexe X(i) peut scrire diffremment :

(B.16)

ce qui conduit :

(B.16i-ii)

8 3,5

7
3

6
2,5

5
2

1,5
3

1
2

0,5
1

0 0
0 2 4 6 0 2 4 6

114 FIGURE 79
Amplitude et dphasage de la rponse dun oscillateur sous excitation harmonique.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

X (i ) et sont respectivement lamplitude et le dphasage (par rapport lexcitation) de la


rponse. Lamplitude est maximale pour la pulsation :

(B.17)

Ceci montre que le maximum nest pas atteint la pulsation propre du systme, mais une pulsation
infrieure 0, suivant la valeur du coefficient damortissement. Si > 1/ 2 , il ny a dailleurs plus
de maximum. Si = 0, il y a discontinuit de lamplitude (elle devient infinie) = 0 . La figure 79
donne quelques allures de lamplitude et du dphasage en fonction du coefficient damortissement.
Lamplitude maximale est donne par lexpression :

(B.18)

Pour de faibles amortissements, il vient :

(B.19)

B.1.4. Oscillations forces alatoires


La transforme de Laplace dune fonction (t) est dfinie par :

(B.20)

En particulier, les relations suivantes se dduisent :

(B.21)

En transposant lquation (B.1) dans le domaine de Laplace, lexpression de rponse peut tre
tire :

(B.22)

cest--dire :

(B.23)

Le terme
(B.24)

est appele de loscillateur. Les transformes de Laplace inverse des diffrents termes de lquation
(B.24) sont : 115
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE

(B.25)

ce qui permet dcrire la rponse temporelle :

(B.26)

La fonction H (f) est appele fonction de rponse temporelle ou impulsionnelle de loscillateur.


Les termes dus aux conditions aux limites sont constitus dexponentielles dcroissantes (systme
amorti). Leur effet tend donc sestomper au cours du temps ; seule reste alors le premier terme de
lquation (rgime entretenu). Lexpression (B.26) peut galement tre transforme en frquentiel
par la transforme de Fourier. Il vient alors :

(B.27)

La fonction H (f) est appele fonction de rponse frquentielle de loscillateur.

B.1.5. Fonctions de rponse


La section prcdente a mis en vidence que le calcul de la rponse dun oscillateur simple sobtenait
au travers de fonctions particulires appeles fonctions de rponse. Ces fonctions sont dune
grande importance puisquelles caractrisent, suivant le domaine danalyse, les caractristiques
dynamiques de loscillateur, et donc sa rponse une excitation donne.
Lexpression (B.25) est souvent crite sous forme dune somme dexponentielles complexes
conjugues :

(B.28)

est le complexe conjugu de . et sont les ples de loscillateur. A et A sont dnommes


rsidus complexes. Les rsidus contrlent lamplitude de la rponse impulsionnelle, la partie relle
116 des ples la dcroissance temporelle et la partie imaginaire la frquence doscillation.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Dans le domaine frquentiel, la fonction de rponse est donne par lexpression (B.27). Le
dnominateur de cette quation est un polynme du second degr en f. Ce polynme est
coefficients rels et admet pour racines les ples complexes et . Ceci permet donc dcrire :

(B.29)

Notons que la fonction de rponse frquentielle est une fonction complexe dune variable relle f.
Il est souvent opportun de dcomposer la fonction de rponse H (f) en une somme de fractions
rationnelles lmentaires introduisant les rsidus A et A :

(B.30)

Cette dcomposition est trs utile en analyse modale exprimentale.


La fonction de rponse de Laplace est quant elle donne par lquation (B.24). Le dnominateur
de cette fraction rationnelle en s est un polynme du second degr coefficients rels qui admet
pour racines les ples et :

(B.31)

De faon analogue la fonction de transfert frquentielle, la fonction de transfert H (s) peut tre
dcompose en une somme de fractions partielles exhibant les ples de loscillateur.

B.2. Modes propres de vibration

B.2.1. Solution de lquation homogne non amortie


Afin de rsoudre lquation homogne dun systme non dissipatif :

(B.32)

une solution particulire sous la forme q (t) = z (t) est recherche. est un vecteur indpendant
du temps qui constitue un facteur dchelle de la rponse z (t). En substituant cette expression dans
lquation (B.32), il vient :
(B.33)

Si la matrice K est suppose dfinie positive (cest--dire le dterminant de K est non nul), lquation
(B.33) peut tre rcrite :

(B.34)

Comme K ne dpend pas du temps, et en cartant la solution triviale z (t) 0, il est ncessaire
que :
(B.35i)

B.35ii)

o est une constante. Il est ais de dmontrer que cette constante ne peut tre que relle et
positive. En effet, si est dcompose en parties relle et imaginaire, et si lquation (B.35ii)
est pr-multiplie par la transpose conjugue de , la symtrie des matrices M et K conduit
lexpression :

117
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE

(B.36)

Chaque terme de est une forme quadratique dfinie positive : est donc bien rel et positif. Les
quations (B.35i) et (B.35ii) deviennent alors :

(B.37i)

(B.37ii)

Lquation (B.37ii) admet une solution non triviale si est solution de lquation :

(B.38)

Cette quation est une quation aux valeurs propres. Ses solutions 2k sont au nombre de n
(dimension des matrices de masse et de rigidit) et sont toutes relles positives. Le vecteur k
correspondant k est le mode propre ou dforme propre - associ la valeur propre 2k .
Lquation (B.37i) fournit une solution harmonique pour zk(t), solution temporelle associe au vecteur
propre :
(B.39)

k peut alors tre interprte comme la pulsation du mode k, la frquence propre fk tant dfinie par
k / 2 .

B.2.2. Orthogonalit des modes propres de vibration


Seul le cas de pulsations propres distinctes sera ici trait, cest--dire k , l k l . Daprs
lquation (B.37ii), les vecteurs propres et pulsations propres correspondantes sont solutions de :

(B.40)

En pr-multipliant les quation prcdentes, respectivement par t l et t


k , il vient :

(B.41i)

(B.41ii)

La soustraction de ces deux quations conduit :

(B.42)

puisque les matrices de masse et de rigidit sont symtriques. Comme les pulsations propres sont
deux deux distinctes, les conditions dorthogonalit sobtiennent (3) :

(B.43i)

(B.43ii)

118
(3) Les relations dorthogonalit se gnralisent aux cas de valeurs propres multiples. On dmontre quil est possible de choisir un ensemble de vecteurs
propres correspondant la valeur propre multiple de telle sorte que les relations dorthogonalit soient encore vrifies.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Les quations dorthogonalit jouent un rle essentiel dans lexpression de la solution des quations
de la dynamique. Pour apprhender leur sens physique, il faut noter que (B.43i) reprsente le
produit des forces dinertie M k dues au mode k par le mode l. Lquation (B.43i) exprime donc
que le travail virtuel produit par les forces dinertie induit par le mode k dans un dplacement virtuel
dun mode diffrent est nul. De faon analogue, lquation (B.43ii) exprime que le travail des forces
lastiques induit par le mode k dans un dplacement virtuel dun mode diffrent est nul. Les formes
quadratiques :
(B.44i)

(B.44ii)

mesurent respectivement les contributions du modes k aux nergies cintique et de dformation.


Elles sont appeles masse et raideur gnralises. Ces quantits sont seulement connues un
facteur prs puisque lamplitude du mode propre k est indtermine.

B.2.3. Choix dune base de mode propre


Lindtermination sur les masses et raideurs gnralises peut tre leve en calculant le quotient
des deux expressions (appel quotient de Rayleigh) :

(B.45)

Lindtermination du vecteur propre k permet de choisir la forme la plus adapte au problme


tudi. Ainsi, parmi les choix possibles, lun consiste fixer la masse gnralise lunit, ce qui
transforme les relations dorthogonalit en :
(B.46i)

(B.46ii)

o kl = 1 si k = l, 0 sinon. Les modes propres sont dits orthogonaux par rapport la matrice de
masse.
Dautres choix, plus classiques, existent :
Normalisation unitaire avec composante arbitrairement positive : k = 1 et k ,m > 0 ;

Composante arbitrairement fixe lunit : k ,m = 1 ;


Composante maximale fixe lunit : max (k ,m ) = 1 .
m
Par abus de langage, la leve de lindtermination des modes propres est appele normalisation.

B.2.4. Matrice de transfert


Les proprits des fonctions de transfert des oscillateurs simples se gnralisent aisment aux
systmes par superposition linaire doscillateurs 1 degr de libert. La fonction de transfert est
alors coefficients matriciels. Ainsi, dans le domaine frquentiel, elle scrit :

(B.47)

G(f) est la fonction dimpdance du systme. Il est possible de dmontrer que chaque terme de la
fonction de transfert H(f) peut se dcomposer en une somme de fractions partielles introduisant
les diffrents ples du systme et leurs conjugus. En effet, pour un systme avec amortissement
proportionnel, il est possible dexprimer chaque terme de la fonction de transfert en une srie de
fractions rationnelle dont les dnominateurs sont des polynmes de degr 2 :


n
k ,r l ,r
Hkl (f ) = (B.48)
f f
2
r =1
4 f r 1 + i 2 r
2 2
119
r
fr fr

ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE

Chaque dnominateur peut se factoriser en un produit de deux polynmes du premier degr comme
pour loscillateur simple :

(B.49)

Pour un systme n degrs de libert, il y a n ples r et n ples r puisque le systme non


amorti admet 2n valeurs propres complexes deux deux conjugues.

B.3. Mthodes pratiques didentification modale


en analyse modale exprimentale

B.3.1. Appropriation modale


La mthode didentification par appropriation modale est lune des plus anciennes et elle reste trs
utilise pour des essais dynamiques au sol sur les avions. Dans cette technique, des actionneurs
sont rgls de sorte que lnergie dissipe par la structure soit contrebalance par lnergie apporte
par ces derniers. Lorsque ce rglage est atteint, les quations diffrentielles dcrivant la structure
se ramne celles dun systme homogne non amorti. Cette technique fonctionne trs bien en
prsence damortissement proportionnel.

B.3.2. Identification des fonctions de transfert


Cette technique est la plus couramment employe pour lestimation des paramtres modaux. Elle
consiste mesurer les fonctions de transfert du systme en un ou plusieurs points de mesure.
Lexcitation peut tre bande troite, large bande, dterministe ou alatoire. Une fois les
fonctions de transfert dtermines, une procdure didentification est applique pour extraire les
caractristiques modales. La dmarche la plus simple consiste caler un modle du type de
lquation (B.49) :
(B.50)

ce qui permet destimer les ples du systme (et donc les frquences et coefficients damortissement)
et les dformes propres. Celles-ci sont souvent croises au travers dindicateurs pour vrifier leur
orthogonalit ou leur adquation avec un modle numrique. Afin de sassurer que tous les modes
dintrt sont identifis, plusieurs points dexcitation peuvent tre utiliss soit individuellement soit
simultanment.

B.3.3. Exponentielles complexes amorties


Les mthodes dites exponentielles complexes amorties sont des techniques didentification
formules pour analyse la rponse transitoire dun systme ou dune structure soumis une action
de lcher (relchement brusque de la condition initiale). Elles peuvent tre nanmoins utilises
dans lanalyse des rponses impulsionnelles. Dans ce dernier cas, par construction des rponses
impulsionnelles, ces techniques permettent destimer des modes directement utilisables pour
calculer les rigidits et masses gnralises. Trois formes de mthodes sont les plus couramment
utilises : les sections suivantes les dcrivent brivement.

Mthode temporelle dIbrahim (Ibrahim Time-Domain method-ITD)


120 La rponse transitoire dune structure est mesure en diffrents points. Si pour des raisons de
limitations dquipement, la rponse ne peut tre mesure en tous les points simultanment, il est
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

possible dutiliser plusieurs expriences mais en conservant un point (ou capteur) de rfrence.
Une matrice dtat est forme partir des rponses et les ples sont calculs partir des valeurs
propres de cette matrice tandis que les dformes propres sont tires des vecteurs propres. Cette
mthode estime les modes propres partir de conditions initiales spcifiques. Plusieurs conditions
dessai (cest--dire conditions initiales si la mesure est un transitoire ou points dimpact si elle est
une rponse impulsionnelle) doivent tre utilises pour estimer tous les modes importants.
Bien que cette technique est base sur des rponses transitoires, elle peut tre utilise sous
excitation condition de remplacer la rponse par des fonctions dautocorrlations ou de dcrment
alatoire. Ces dernires peuvent tre vues comme des approximations des fonctions de corrlation
en ne recourant qu un nombre de valeurs limit des signaux (les valeurs retenues vrifient des
conditions dites de dclenchement).

Mthode temporelle polyreference (Polyference time-domain method)


La plupart des remarques formules pour la mthode ITD sappliquent la mthode polyrfrence.
La spcificit de cette mthode rside dans sa capacit traiter simultanment toutes les rponses
transitoires, relatives plusieurs points de rfrence ou conditions initiales. Lun des avantages de
cette mthode est sa capacit pouvoir dtecter des ples multiples ou voisins.

Algorithme de ralisation dun systme propre


(Eigensystem Realisation Algorithm method-era)
La mthode ERA est une technique qui consiste identifier dans un premier temps un modle
dtat du systme tudi. Une fois ce modle estim, les modes propres sont tirs des solutions
dun problme aux valeurs propres comme pour les mthodes prcdentes. De faon analogue
la mthode polyrfrence, la mthode ERA permet de traiter simultanment plusieurs conditions
initiales. Un des attributs de cette mthode est quelle inclut des indicateurs de prcisions pour
valuer les effets du bruit et une estimation sur le nombre de modes prsents au moyen dune
dcomposition en valeurs singulires.

B.3.4. Mthodes didentification entre/sortie


Il sagit de mthodes dont lobjectif est lidentification directe dun modle caractrisant le systme
dynamique pour une couple dentres (excitations) et de sorties (rponses) donn. Trois mthodes
peuvent tre dcrites de cette manire.

Mthodes ARMA
Une des mthodes entre/sortie est la mthode ARMA qui consiste identifier un modle auto-
rgressif moyenne mobile (Auto-Regressive Moving Average), cest--dire un modle rgressif
entre lexcitation et la rponse :

(B.51)

Il est possible de dmontrer que tout systme dynamique peut se dcrire par ce type de relation
rgressive : les paramtres modaux (dformes propres, frquences propres et amortissements) se
dduisent des paramtres de ce modle. Les ples sont tirs des racines du polynme form par la
partie auto-rgressive tandis que les dformes propres sobtiennent partir de la partie moyenne
mobile.
Lestimation des paramtres du modle ARMA repose sur lhypothse que lexcitation est un bruit
blanc. Diverses mthodes existent pour raliser cette estimation : mthode de Yule-Walker, trs
utilise en statistiques des sries chronologiques, mthodes derreur minimale de prdiction.
Comme lexcitation est suppose tre un bruit blanc, les mthodes ARMA ont t employe dans 121
lestimation des caractristiques dynamiques de btiments excits par le vent.
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE

Mthode des matrices structurales rduites


La plupart des mthodes cherchant estimer des matrices rduites de masse, de rigidit et
damortissement partir denregistrements sont en fait des approches indirectes estimant les
paramtres modaux dans un premier temps puis synthtisant des matrices rduites dans un second
temps. Cette approche permet de tenir compte de contraintes (ou dinformations) sur des termes
dans les matrices de masse, de rigidit ou damortissement, comme la symtrie ou la concentration
de termes non nuls sur une bande autour de la diagonale. Ceci constitue une diffrence sensible
avec les mthodes ARMA qui ne permettent pas dintroduire des donnes sur le modle.
La mthode des matrices structurales rduites prsente cependant des lacunes considrables. En
premier lieu, les matrices identifies ne sont pas uniques : il y a en effet plusieurs combinaisons
possibles. En second lieu, comme la plage de frquences est rduite, les matrices identifies sont
pondres pour ne reprsenter quun modle incomplet. Enfin, les matrices rduites ont souvent
aucun sens physique et peuvent tre fortement attaches derreurs induites par limprcision sur les
paramtres modaux estims.

Mthode du dcrment alatoire


La mthode dIbrahim peut sappliquer aux fonctions dautocorrlation des signaux de mesure,
car ce sont des fonctions exponentiellement amorties dans le temps. Lestimation des fonctions
dautocorrlation est trs consommateur en temps de calcul notamment sil y a plusieurs points de
mesure synchrones. Pour rduire ces temps de calcul, les autocorrlations ne sont calcules que
sur des tronons de signaux et non sur la totalit du signal. Ces tronons sont choisis en fonction
de paramtres ou conditions dites de dclenchement (par exemple, le dpassement dun certain
seuil). Ces approximations sont appeles fonctions de dcrment alatoire. Il est possible destimer
que lerreur commise par ces fonctions par rapport aux autocorrlations exactes. Cette technique
permet de rduire considrablement les temps de calcul (et les squences dacquisition) tout en
conservant une trs bonne qualit destimation des paramtres modaux.

Mthode des sous-espaces


Les mthodes de sous-espace consistent identifier un systme dynamique entre/sortie sans
la connaissance de lexcitation. Elles sont dutilisation rcente et repose sur des projections entre
espaces et sur lutilisation de mthodes numriques robustes de factorisation (QR, dcomposition
en valeurs singulires). Elles permettent dune part de rduire la taille des modles et dliminer
le bruit prsent dans les signaux traits. Une fois le modle rduit identifi, les caractristiques
modales en sont extraites directement.

122
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS

Annexe C
Spcification

Annexe C
des capteurs

Chaque capteur doit faire lobjet dune fiche de spcification prcisant les lments suivants :

Type (acclromtre, gophone, jauge de dformation, fibre optique, etc.)


Variable mesure (acclration, vitesse, dplacement, dformation, etc.)
Technologie (mcanique, piezo-lectrique, optique, rsistif, etc.)
Capteur : Fabricant
Rfrence :
Conditionneur : Fabricant
Rfrence :
Montage (mcanique, collage, etc.)
Caractristiques du cblage
Dimensions
Poids
Sensibilit
directe : S = __________%
transversale : Str = __________%
temprature : St = __________%

Caractristiques de la rponse frquentielle
rponse en frquence

frquence de rsonance

bande de frquences dutilisation

Plage dutilisation (environnement)


Temprature

Humidit

Type et nature de la calibration


laboratoire (Oui/Non)

in situ (Oui/Non)

prise en compte de la chane de mesure (Oui/Non)

123
Document publi par le LCPC sous le numro C1502522
Conception et ralisation LCPC-DISTC, Marie-Christine Pautr
Dessins LCPC-DISTC, Philippe Caquelard
Photographies LCPC, VCE, EMPA, LRPC Bordeaux, LRPC Nice,
LRPC Lyon, SNCF, SITES
Impression Jouve N
Dpt lgal 1er trimestre 2009
GT Inpont.qxd 23/01/2009 09:10 Page 1

techniques et mthodes
des laboratoires des ponts et chausses

Investigations et valuations dynamiques des ponts


Lvaluation dynamique exprimentale des ouvrages est une discipline aujourdhui en vogue dans le gnie civil.
La conception de structures toujours plus souples et flexibles ncessite dvaluer leur aptitude au service vis-
-vis de sollicitations dynamiques.
Ce guide technique a pour vocation de prsenter les principaux concepts et principes qui motivent la ralisation
dinvestigations dynamiques sur les ponts. Il insiste donc autant sur les enjeux mtrologiques et
dinstrumentation que sur les finalits des investigations. Les preuves vibratoires sont en effet effectues des
fins diverses : tests de vibration, analyse structurale, surveillance et diagnostic, mesures de confort.
Ce guide est divis en 4 grands chapitres, complt par un chapitre dexemples. Le premier est un chapitre
introductif, prcisant le cadre oprationnel des investigations dynamiques. Il intresse directement les matres
douvrages ou les gestionnaires douvrages. Le second chapitre synthtise les objectifs principaux motivant ces
investigations et les applications pratiques. Il est destin aux bureaux dtudes susceptibles de proposer des
preuves vibratoires des matres douvrages ou des gestionnaires. Le troisime chapitre traite de la mise en
uvre oprationnelle des investigations dynamiques : il concerne notamment les laboratoires ou entreprises en
charge de linstrumentation des ouvrages. Enfin, le quatrime chapitre effectue une prsentation des mthodes
dvaluation dynamique. Il offre ainsi aux bureaux dtudes, laboratoires et entreprises un aperu des mthodes
danalyse offertes ce jour et dusage courant.
Ce guide est donc destin tout acteur du gnie civil souhaitant approfondir ses connaissances dans le
domaine des investigations et des valuations dynamiques.

Experimental dynamic assessment is a very popular technical and scientific field in civil engineering. The design
of light and flexible structures requires assessing correctly their serviceability in regards of dynamic loadings. Guide technique
These guidelines are dedicated to introduce the essential concepts and principles that base dynamic testing on

Investigations et valuations
bridges. It insists on the instrumentation aspects as well as on the objectives of these investigations. Dynamic
tests are indeed performed for various reasons: vibration tests, structural analysis, diagnosis, comfort.
These guidelines are divided into 4 chapters, with an additional chapter of examples. The first chapter is an

dynamiques des ponts


introduction which highlights the operational framework of the dynamic tests. Bridge managers will find the
essential features of dynamic assessment. The second chapter synthesizes the principal objectives which
motivate tests and present practical applications. It is dedicated to design offices that can advice bridge
managers to perform dynamic tests. The third chapter is related to the practical implementation of dynamic
investigations: consultants and laboratories in charge of bridges instrumentations can find valuable information.
At last, the fourth chapter is a general presentation of the methods and techniques for analysing data. This
chapter provides a general overview of todays techniques for design offices, laboratories and contractors.
These guidelines are therefore intended to any civil engineer who wishes to improve his knowledge in the field
of dynamic testing and assessment.

ISSN 1151-1516

Rf : GTINPONT
Prix : 45 Euros HT

Vous aimerez peut-être aussi