GuideTechnique LCPC GTINPONT
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GuideTechnique LCPC GTINPONT
techniques et mthodes
des laboratoires des ponts et chausses
Experimental dynamic assessment is a very popular technical and scientific field in civil engineering. The design
of light and flexible structures requires assessing correctly their serviceability in regards of dynamic loadings. Guide technique
These guidelines are dedicated to introduce the essential concepts and principles that base dynamic testing on
Investigations et valuations
bridges. It insists on the instrumentation aspects as well as on the objectives of these investigations. Dynamic
tests are indeed performed for various reasons: vibration tests, structural analysis, diagnosis, comfort.
These guidelines are divided into 4 chapters, with an additional chapter of examples. The first chapter is an
ISSN 1151-1516
Rf : GTINPONT
Prix : 45 Euros HT
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Guide technique
Fvrier 2009
avec la participation de :
Prix : 45 HT
Ce document est proprit du Laboratoire Central des Ponts et Chausses et ne peut tre reproduit,
mme partiellement, sans lautorisation de son directeur gnral (ou de ses reprsentants autoriss).
2008 - LCPC
ISSN 1151-1516
ISBN 978-2-7208-2522-0
N DOI/Crossref 10.3829/gt-gtinpont-fr
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Sommaire
1. INTRODUCTION.....................................................................................................................5
1.1. PRINCIPES GNRAUX ......................................................................................................... 5
1.2. CHAMPS DAPPLICATIONS .................................................................................................... 7
1.2.1. Ouvrages en construction.......................................................................................... 7
1.2.2. Ouvrages en cours de rception ............................................................................... 8
1.2.3. Ouvrages en service.................................................................................................. 9
1.2.4. Suivi local ou global ? ...............................................................................................11
1.3. DOCUMENTS DE RFRENCE ............................................................................................. 13
BIBLIOGRAPHIE..................................................................................................................... 99
4
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
1. Introduction
Identification
Analyse dynamique
des caractristiques vibratoires
valuation dynamique
Incertitudes d'valuation
FIGURE 1
Incertitudes dans les processus dvaluation dynamique.
Dmolition
FIGURE 2
Cycles de vie dun ouvrage et types dinvestigations dynamiques.
6
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Les mesures de vibrations sont effectues des fins diverses, mais quatre grands domaines
dapplication peuvent tre dfinis :
h les tests de vibration qui jouent un rle vital dans la dtermination de la rsistance dun composant
aux environnements vibratoires susceptibles dtre rencontrs. Ils permettent en fait dvaluer les
sollicitations comme par exemple les contraintes induites par des sollicitations rapides rptes pour
estimer lendommagement par fatigue de certaines pices de ponts, ou les coefficients de majoration
dynamique ;
h lanalyse structurale qui constitue une mthode efficace se basant sur les mesures de vibrations
pour dterminer le comportement dynamique dun ouvrage. Il sagit alors de construire un modle
mcanique de la structure partir des essais ou de comparer prdictions numriques et rponses
mesures. Ce second cas doit conduire une meilleure comprhension du fonctionnement de la
structure, une meilleure dfinition des marges de scurit, des hypothses moins restrictives,
une rduction des coefficients de scurit ;
h la surveillance de comportement, ou diagnostic, pour analyser un comportement structural anormal.
Intuitivement, des modifications des paramtres dynamiques (masse, rigidit, amortissement) lie
notamment des dgradations, doivent conduire des changements du comportement vibratoire ;
h les mesures de confort qui concerne les mesures de vibrations transmises lhomme par la
vibration des structures. Dans ce cas, il sagit de comparer les niveaux de vibration mesurs des
seuils acceptables dits de confort.
Ces diffrents types dinvestigations dynamiques se dclinent diffremment suivant le cycle de
vie dun ouvrage (Fig. 2). De mme, les choix mtrologiques, de mise en uvre exprimentale et
dvaluation diffreront suivant les objectifs recherchs.
Il est enfin galement souhaitable de suivre le comportement dynamique dun tablier en cours de
construction lorsque, notamment, des flaux trs importants sont mis en jeu (Fig. 3). Ce suivi peut
tre particulirement utile dans le cas douvrages construits en zones sismiques ou ventes pour
lesquels une prise de dcision est ncessaire lorsquune amplitude limite risque dtre dpasse.
FIGURE 3
Suivi dynamique du viaduc de Verrires en construction.
FIGURE 4
8
Essai de rception du viaduc de Millau.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
FIGURE 5
Surveillance dynamique du pont dIroise pour la vrification de son aptitude au service.
FIGURE 6 9
Investigations dynamiques pour la vrification de lintgrit structurale du pont Noir.
CHAPITRE 1 INTRODUCTION
FIGURE 7
Investigations dynamiques pour la vrification de lintgrit structurale du pont de Merle.
Dans le cas douvrages exceptionnels ou innovants, il est de plus en plus rpandu de surveiller le
comportement long terme de louvrage ou de certains lments structuraux. Cest ainsi que des
tests de vibrations sont souvent raliss pour apprcier le comportement la fatigue de parties
douvrages, ou pour valuer des coefficients de majoration dynamique qui dpendent largement
des conditions de trafic et de la qualit de la route.
Les conditions environnementales peuvent galement influencer le comportement dynamique dun
ouvrage. Cest notamment le cas de la temprature, mais aussi de lenvironnement vibratoire mme
de louvrage.
Enfin, les essais dynamiques peuvent tre galement utiliss pour le suivi structural (Fig.8). Il
sagit dans ce cas de vrifier si le comportement vibratoire ne saltre pas au cours du temps. Pour
cela, il est ncessaire de sparer les variabilits lies la temprature des variabilits lies une
modification structurale. Le suivi conjoint en temprature est donc recommand. Couples avec
des mthodes appropries, les investigations dynamiques permettent lvaluation du comportement
structural, soit par actualisation directe dun modle de calcul (tche souvent dlicate), soit par une
comparaison relative entre indicateurs ad hoc, ne ncessitant pas la connaissance a priori du lieu
dendommagement, le nombre de capteurs de mesures pouvant tre rduit et ne se situant pas
ncessairement proximit de lendommagement.
10 FIGURE 8
Surveillance dynamique pour le suivi structural du pont dAvesnes-sur-Helpe.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
4 5
2 3 6 7
a. Plan dinstrumentation.
FIGURE 9
Investigations dynamiques pour lidentification du comportement structural du pont A. Dovali.
11
CHAPITRE 1 INTRODUCTION
Cest notamment le cas lorsque des investigations dynamiques consistent valuer lendommage-
ment par fatigue dassemblages, la variation de tension dans un cble, des ouvertures de fissures
Lanalyse globale vise apprcier le comportement gnral dun ouvrage (Fig.10).
FIGURE 10
Investigations dynamiques pour lvaluation du risque dendommagement par fatigue du pont de Chevir.
Le choix dun niveau local ou global conditionnera le nombre de capteurs et le niveau de dtail de
linformation recherche. La mesure de la rponse vibratoire dun lment de structure ncessite
gnralement un programme spcifique dinstallation de linstrumentation. En particulier, si des
dispositifs dexcitation spcifiques ou de montage de capteurs doivent tre mis en uvre, il est
indispensable de sassurer quils ne modifient par le comportement de llment (Fig.11).
FIGURE 11
Investigations dynamiques pour lidentification
du comportement local dune suspente du
pont dAssat.
12
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
13
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Typologie 2.
des investigations
dynamiques
0,5 s
1s
FIGURE 12
Actions dun piton sur un ouvrage.
Dans le cas des pitons, des phnomnes dadaptation et de synchronisation aux vibrations de
louvrage peuvent apparatre : cette raction tend dans un premier temps rduire linconfort
produit par la vibration de louvrage, mais cre dans un second temps des actions de rsonance qui
amplifient les vibrations.
La ralisation dinvestigations dynamiques est donc recommande pour ce genre douvrages. En
particulier, lvaluation des frquences et des niveaux dacclration (ou de vitesse) est utile pour
apprcier laptitude au service des passerelles vis--vis de problmes de confort (Fig. 13). Ces
informations sont alors comparer avec les critres dinconfort donns par la norme ISO 2631 par
exemple.
FIGURE 13
Exemple dinvestigations dynamiques sur la passerelle Solfrino.
16
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Flche dynamique
Flche statique
Flche mdiane
FIGURE 14
Flches mi-trave sous le passage dun vhicule.
Sur la base de la figure 14, plusieurs coefficients de majoration dynamique pourraient tre
proposs :
(2.1)
(2.2)
Cette disparit dans les coefficients de majoration dynamique est la consquence du fait que la
rponse statique nest pas ncessairement la mme que la rponse mdiane, et que les rponses
maximales statique et dynamique ne sobtiennent pas aux mme points. Il est enfin gnralement
plus classique et plus ais de recourir des mesures de dformation (Fig. 15) pour dterminer
les coefficients de majoration dynamique. Ces coefficients de majoration dynamique sont 17
traditionnellement obtenus par le passage dun vhicule de charge connue (Fig. 16). Cependant,
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES
outre le choix dune dfinition, les coefficients de majoration dynamique varient beaucoup en fonction
de certains paramtres [Carracilli, 2000] et peuvent ainsi conduire des conclusions errones. La
littrature [Bakht & Pinjarkar, 1990] rapporte une dispersion des rsultats pour un mme vhicule.
Ceci sous-entend que le coefficient de majoration dynamique nest pas une donne dterministe,
mais doit tre analys dans son caractre probabiliste.
FIGURE 15
Instrumentation du pont de Bruneseau pour la dtermination de
CMD.
10 t 10 t 6t
FIGURE 16
Passage de vhicule talon sur le pont de Merle.
Quelques rgles doivent cependant tre respectes pour la ralisation dessais avec vhicules isols.
En premier lieu, les coefficients de majoration dynamique dcroissent avec le poids du vhicule. Il
est donc recommand dviter de raliser des essais avec des vhicules faiblement chargs. En
second lieu, les coefficients de majoration dynamique dpendent fortement de lloignement des
charges par rapport au point de mesure. Prenons pour exemple un pont cinq poutres supportant
trois voies de circulation ; deux poutres supporteront le poids du vhicule dessai alors que les
deux poutres opposes seront peu charges. Si linstrumentation pour la mesure des coefficients
de majoration dynamique est localise sur ces deux poutres, lamplitude de ces coefficients sera
18 alors beaucoup plus importante que celle mesure au niveau des poutres charges. En dernier lieu,
il est essentiel de vrifier que les coefficients de majoration dynamique ne sont pas perturbs par
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
des effets extrieurs. Cest notamment le cas lorsque le vhicule peut exciter lun des modes de
vibration de louvrage, amplifiant ainsi la rponse de ce dernier (Fig. 17).
7,5
6
Jauge j1
Camion 60 km/h
4,5
1,5 2,74
0
0 4 8 12 16 20
Frquence (Hz)
FIGURE 17
Mise en vidence dune mise en rsonance dun ouvrage par
le passage dun vhicule.
Le Guide des preuves douvrages dart publi par le SETRA prconise de contrler les effets
dynamiques qualitativement par des preuves simplifies sous charges roulantes :
parmi les vhicules utiliss pour les preuves par poids mort, un nombre gal celui des voies
de circulation est conserv, en choisissant ceux qui comportent les essieux les plus lourds. Ces
vhicules tant disposs de front et dans le mme sens, on les fait circuler de bout en bout du pont
une vitesse adapte aux exigences de la scurit ;
un essai de freinage sur louvrage peut tre organis avec un vhicule lourd de plus de 19 t.
Cet essai permet dapprhender dventuels mouvements anormaux (mise en bute des joints,
dformations irrversibles des appareils dappuis, etc.).
Les dfinitions prcdentes des coefficients de majoration dynamique sous charge connue ne sont
pas toujours reprsentatives des valeurs relles rencontres sur les ouvrages. Ils ne constituent
pas des valeurs finales utiliser dans des calculs de conception ou dvaluation. Une valeur
reprsentative du coefficient de majoration dynamique ne peut tre fournie que pour des donnes
sous conditions normales de trafic et sur de longues priodes de temps. Aussi, pour tre ralistes
[Carracilli, 2000], il convient non pas de se limiter un seul vhicule, mais dtudier les configurations
de trafic qui ont gnr les effets maximaux :
(2.3)
)
max,dyn est leffet
) maximal mesur sous trafic (dformation,
) flche, etc.) sur une priode de temps
donne et stat est leffet statique au mme instant. max,stat est leffet statique maximal sur la
priode de temps donn. Pour un ouvrage, ces dfinitions, outre leur meilleure reprsentativit
du phnomne dans la plupart des cas (ligne dinfluence longue ou implication de plusieurs voies
de circulation), prsentent lavantage dviter la coupure du trafic. En revanche, elles ncessitent
limplantation dune station de pesage proximit de louvrage et dun logiciel de calcul permettant,
partir des lignes dinfluence de louvrage, de calculer les effets induits par ce trafic mesur [Cremona
& Carracilli, 2002]. La figure 18 donne un exemple de calcul du coefficient de majoration dynamique 19
l3 en plusieurs points dun ouvrage en fonction de la priode de retour des charges de trafic.
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES
1,3
1,25
1,2
1,15
1,1
1,05
1
100 101 102 103 104 105
Priode de retour (en semaines)
FIGURE 18
Exemple de dtermination de coefficient de majoration dynamique sous trafic.
de contrainte induits par les sollicitations. Ces historiques peuvent tre constitus de cycles trs
compliqus avec des moyennes de contrainte variables.
Il est donc possible de mener un calcul temporel de la rponse de la structure, puis dappliquer un
algorithme de comptage des cycles dtendue de contrainte de type rainflow (ou mthode de la
goutte deau) sur les enregistrements disponibles (Fig. 20), sous rserve quils soient reprsentatifs
dun endommagement en fatigue (journalier, hebdomadaire, etc.). Une autre approche consiste
modliser de manire probabiliste les distributions dtendues de contrainte (Chapitre 4).
Contrainte (MPa)
5
-5
Journe du 25 novembre - 17 h 50/18 h 50 - Jauge11
-10
2 3 4 5 6 7
Indice de temps (x 105)
Contrainte (MPa)
5
-5
FIGURE 19
Instrumentation du pont de Chevir pour du calcul en fatigue.
FIGURE 20
Exemple dhistogrammes de
rainflow en plusieurs points de
mesure (3 semaines).
21
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES
Bien que les progrs en informatique permettent aujourdhui de mener des calculs complexes sur
de simples ordinateurs personnels, la premire approche requiert des temps de calcul qui peuvent
parfois tre importants. Suivant lune ou lautre de ces deux approches, les modles de calculs
dendommagement par fatigue pourront tre diffrents (loi de Miner, loi de Paris, etc.).
(2.4)
(2.5)
0
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Numro du mode
FIGURE 21
22
Comparaison exprience/modle de corde vibrante
pour deux cbles de pont haubans.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Lanalyse des frquences propres verticales peut stendre aux modes transversaux et longitudi-
naux.
Lhypothse de comportement du cble en corde vibrante est difficile valider pour des cbles
prsentant des conditions dancrage particulires (effet dinertie par la prsence de culots) ou des
cbles courts (effet de rigidit non ngligeable). Des extensions du domaine dapplication de la
mthode vibratoire des cbles ont t proposs par divers auteurs sur la base dun nombre rduit
de frquences propres [Siegert & al, 2005], [Gautier & al, 2005]. Linfluence de la longueur du cble
instrument et des conditions aux limites peut aussi tre judicieusement value par lanalyse
des dformes modales, ce qui implique dquiper le cble de manire extraire ces dformes
modales, avec une concentration un peu plus forte au droit des ancrages.
suffisante dinformations disponibles durant lidentification. Ceci implique que tous les modes de
libert pertinents peuvent tre mesurs. Cette hypothse est relier au problme dobservabilit et
est conditionne par les proprits des signaux dexcitation.
Lanalyse modale exprimentale a donc pour but lidentification des paramtres modaux dune
structure partir dinvestigations dynamiques, ce qui implique [R6 180] :
la dtermination du nombre de modes prsents dans une bande frquentielle danalyse,
pour chaque mode :
lvaluation de la pulsation propre complexe = a + i b o est la pulsation propre du
systme dissipatif (cf. Annexe A),
la dtermination du vecteur propre complexe associ normalis {},
Pour raliser ces objectifs, des investigations dynamiques sont effectues sur la structure en un
certain nombre de points judicieusement choisis pour former des dformes significatives (Fig. 22).
Ces investigations sont ralises en appliquant des excitations (Chapitre 3) de nature diffrente
(choc, alatoire, sinusodale). On parle danalyse modale oprationnelle lorsque lexcitation est
ambiante (environnement, charges dexploitation, etc.).
b. Investigations dynamiques sur pont rail (excitation exerce par passage de TGV).
FIGURE 22
Exemple dinvestigations dynamiques en vue dune caractrisation modale.
Les nombreux efforts de ces dernires annes ont donc conduit construire toute une srie de
mthodes et de techniques permettant didentifier les solutions propres complexes (puis relles)
24 partir dessais vibratoires. Ces mthodes se divisent en deux grandes familles, frquentielles et
temporelles suivant le domaine danalyse.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
FIGURE 23 25
Exemple de recalage manuel dun modle aux lments finis (pont dAvesnes-sur-Helpe).
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES
FIGURE 24
Vrification du comportement local des rotules du pont de Merle.
La vrification de laptitude au service peut galement porter sur lestimation des dplacements,
des vitesses ou des acclrations maximales (Fig. 25). Cette vrification est fortement lie
lapprciation du confort, du risque de rupture dlments (amortisseurs de hauban par exemple),
ou de chocs (amplitudes excessives damortisseurs dynamiques accords).
FIGURE 25
Vrification des acclrations maximales journalires du tablier du pont de Caronte.
26
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
FIGURE 26
volution de la premire frquence propre du pont Z24 avec la temprature.
Une tude rcente, mene par le LCPC [OA57] sur une poutre dpose du VIPP de Merlebach
(Viaducs traves Indpendantes Poutres prfabriques en bton Prcontraint par post-tension), 27
a montr que cette variation pouvait atteindre 5 %. La figure 27 met en vidence la variation des
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES
deux premires frquences rf = f f0C de la poutre par rapport la temprature. On constate que
les frquences identifies tendent dcrotre avec la temprature. Il semble notamment que la
temprature a un effet plus marqu sur le premier mode que sur le second. La correction thermique
de la premire frquence correspond un ordre de grandeur identique celui induit par une perte
complte de prcontrainte dans cette poutre. En consquence, sans apprentissage de linfluence
thermique, une perte de prcontrainte peut tre dtecte tort ou non dtecte.
Linfluence de la temprature sur les dformes modales doit tre galement apprcie. La littrature
montre que cette influence est moins sensible que pour les frquences (en raison notamment du
caractre normalis des dformes modales), sauf lorsque des changements de conditions aux
limites (comme par exemple le blocage des appuis) peuvent intervenir. La figure 28 donne le
diagramme derreur (valeur moyenne 1 cart type) des mesures ralises en comparaison aux
dformes modales pour la temprature de rfrence de 0 C : le coefficient de variation varie pour
le premier mode de 0,5 % 4 %, et pour le second mode de 7 % 12 %.
FIGURE 27 FIGURE 28
volution des deux premires frquences de la poutre dpose du VIPP Influence de la temprature sur les dformes modales de la poutre
de Merlebach en fonction de la temprature. dpose du VIPP de Merlebach.
a. Bielles dappui du pont-rail PK 075 + 317. b. Resserrage des bielles dappuis par cl dynamomtrique.
Aprs resserrage 6,50 8,48 13,64 17,39 0,04 0,05 0,05 0,01
d. Modification des dformes (en reprsentation dveloppe suivant les trois lignes de mesures).
FIGURE 29
Influence dun renforcement sur les caractristiques modales du pont-rail PK 075 + 317.
29
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES
annes 1970 et au dbut des annes 1980. Le manque de connaissance du lieu dendommagement
et linaccessibilit de certaines parties de structures rendaient la situation un peu diffrente par
rapport dautres ouvrages. Il a ainsi t constat que les conditions denvironnement comme le
changement du niveau deau qui ajoute une masse significative la structure, le bruit dquipement
et la variation de la masse qui se produit par le changement du niveau de fluide dans le rservoir,
pouvaient influencer les rsultats. Lindustrie arospatiale a galement commenc tudier
lutilisation des techniques dvaluation dendommagement bases sur des mesures vibratoires
dans les mmes annes que lindustrie ptrolire. Ds le dbut des annes 1980, la communaut du
gnie civil a rapidement suivi les tudes menes sur les techniques dvaluation dendommagement
et a commenc les appliquer aux chemines puis aux ponts notamment.
Lun des avantages des mthodes vibratoires qui ne sont pas bases sur des modles numriques
(MNBM) est quelles ne ncessitent pas la connaissance a priori du lieu dendommagement, le
nombre de capteurs de mesures pouvant tre rduit et ne se situant pas ncessairement proximit
de lendommagement. Cet avantage provient du fait que la mesure des caractristiques dynamiques
(les dformes propres, les frquences et les coefficients damortissement) est indpendante de la
localisation des capteurs de mesure sur louvrage.
Rytter [Rytter, 1993] propose de classer les mthodes de dtection dendommagement en quatre
niveaux :
dtermination de lexistence dun endommagement dans la structure (niveau 1),
localisation dun endommagement (niveau 2),
quantification de la svrit dun endommagement (niveau 3),
prdiction de la dure de vie rsiduelle (niveau 4).
Les mthodes MNBM se classent en gnral aux niveaux 1 et 2. Lorsque les mthodes sont
couples avec un modle numrique (mthodes NBM), les niveaux 3 et 4 peuvent tre obtenus ;
cest le cadre de lidentification structurale (Section 2.3.2).
De nombreux auteurs ont tudi le changement de frquence comme indicateur dendommagement.
Les changements des proprits structurales causent des modifications sur les frquences propres
de la structure ; les frquences dcroissent en fonction dun endommagement croissant (perte
de rigidit). Une analyse priodique des frquences et de la dtection de dcalages frquentiels
peut mettre en vidence cette perte de rigidit lie la prsence dendommagement. Cependant,
lanalyse des dcalages frquentiels est souvent dune utilit pratique trs limite [Cremona, 2004]
en raison de la faible sensibilit des frquences aux faibles endommagements et leur sensibilit
aux effets thermiques.
Les dformes propres dune structure sont souvent utilises pour lvaluation des endommagements,
au travers de coefficients de corrlation entre modes comme le coefficient MAC (Modal Assurance
Criterion - MAC) ou le coefficient de corrlation des points de mesure (Coordinate Modal Assurance
Criterion - COMAC). Ces coefficients expriment la corrlation existant entre deux dformes
propres mesures (Chapitre 4). Lutilisation des dformes propres, et des coefficients MAC et
COMAC, reste assez mitige pour la dtection dendommagement. Les tudes menes ont mis en
vidence une sensibilit plus importante des modes propres en prsence dun endommagement
[OA47]. Cependant, un aspect pratique ne doit pas galement tre perdu de vue : il est plus difficile
didentifier des dformes propres que des frquences. L o quelques capteurs suffisent, il est
ncessaire dutiliser plusieurs capteurs pour assurer un maillage fin de la structure afin didentifier
les dformes propres. De plus, les phnomnes locaux sont capturs par les frquences leves
tandis que les basses frquences tendent caractriser le comportement global de louvrage et
seront donc moins sensibles des modifications locales du comportement de la structure. Dun point
de vue exprimental, il sera donc plus difficile dexciter de hautes frquences causes des niveaux
dnergie mettre en uvre, ce qui implique la plupart du temps davoir recours de lanalyse
modale oprationnelle. Les dformes propres sont enfin moins sensibles aux effets thermiques
que les frquences, sauf si les effets dus la temprature se traduisent par une modification des
conditions aux limites.
Les coefficients damortissement constituent des indicateurs peu fiables pour la dtection
dendommagement ou de modifications structurales ; lune des raisons rside dans lhypothse 31
damortissement visqueux quivalent, souvent utilise, rarement vrifie. Cependant, la prsence
CHAPITRE 2 TYPOLOGIE DES INVESTIGATIONS DYNAMIQUES
FIGURE 30
Exemples de mthodes de dtection dendommagement appliqu au pont rail PK 075 + 317.
FIGURE 31
Visualisation du coefficient COMAC.
33
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Principes 3.
de ralisation
des essais vibratoires
pylnes) peuvent tre excits plus aisment quavec une technique excitation contrle. Il faut
galement tre attentif ce que la source dexcitation ne modifie par le comportement structural
de louvrage. Ainsi, un excitateur trop lourd pour une passerelle pitonne conduira identifier des
caractristiques modales errones (influence de la masse). De mme, linteraction fluide-structure
pour des ouvrages lancs conduira identifier des amortissements perturbs par lamortissement
arodynamique.
La slection dune excitation pour des essais vibratoires est donc un problme essentiel suivant
lanalyse que lon poursuit. Dans le cas o seuls des niveaux de vibration sont recherchs, la mesure
sous excitation ambiante restera la plus pertinente car reprsentative des conditions de service de
louvrage !
FIGURE 32
Exemple dexcitateur masse excentre et balayage en frquence.
Un premier type de dispositif attach est lexcitateur masse excentre (ou communment appel
balourd) qui met en uvre une masse tournante excentre. Ce systme a t largement utilis
lors dessais sur ouvrages. La masse excentre gnre une force dynamique au travers dun
axe tournant sur lequel est monte une masse dont le centre de gravit est une distance de
laxe. Le dplacement gnrant leffort peut tre circulaire ou rectiligne. Lamplitude est constante
suivant la masse et la vitesse de rotation. Le dispositif peut tre opr pour diverses frquences
en changeant la vitesse de rotation de laxe. Ce type dessai dynamique sappelle essai sinus
fixe. Dans un premier temps, il est ncessaire deffectuer un sinus bas niveau de manire reprer
grossirement la position des modes, puis chaque mode est excit lun aprs lautre (Fig.32b). Le
contrle des vitesses de balayage est essentiel pour obtenir des rsultats satisfaisants. Il convient
36 galement de sassurer quexciter prs dune rsonance ne risque pas dendommager la structure.
Le systme le plus simple utilise une seule masse ; dautres systmes en utilisent plusieurs. Ils ont
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
lavantage de gnrer des sollicitations suivant plusieurs directions. Ces excitateurs gnrent des
efforts sinusodaux proportionnels au carr de la vitesse de rotation, ce qui permet de traiter des
excitations au-dessus du Hertz, mais plus difficilement au-dessous du Hertz.
Les actionneurs lectrodynamiques et hydrauliques gnrent des efforts plus importants que les
balourds. La force est cre par raction au travers du dplacement dun vrin haute pression. La
pression est fournie par un systme hydraulique. En service, le systme consiste en un actionneur
hydraulique servocontrl qui dplace une masse. Le poids de la masse peut tre modifi afin
dobtenir des amplitudes deffort diffrentes. Lactionneur procure des vibrations de niveaux levs
diffrentes frquences (flexion, torsion). Une action statique initiale peut galement tre applique et
des signaux complexes peuvent tre gnrs. Cependant, les niveaux diminuent avec la frquence
dexcitation. Ces excitateurs restent cependant moins courants que les balourds et sont relativement
onreux de conception (Fig. 33).
Certains de ces dispositifs permettent de gnrer des excitations alatoires dans une bande de
frquences allant de quelques Hertz plusieurs dizaines de Hertz. Cest notamment le cas des
excitateurs hydrodynamiques utiliss par lEMPA.
FIGURE 33
Exemple dexcitateurs lectrodynamiques et hydrauliques.
Le moyen le plus simple dexciter une structure est dappliquer un choc par un marteau instrument
ou non (Fig. 34a) ou par une masse suspendue que lon laisse tomber. Un choc est un phnomne
transitoire, cest--dire quil se distingue dune excitation harmonique (phnomne priodique
qualifie par une amplitude et une frquence) et dune excitation alatoire (qualifie par ces
caractristiques statistiques). Dans le lcher dune masse, lexcitation impulsionnelle dlivre peut
tre modifie en changeant la masse. La plage de frquence peut galement tre modifie en
changeant la tte du marteau par exemple. La fonction impulsionnelle consiste en un spectre large
sur une courte priode. La largeur de cette fonction dtermine le spectre tandis que la hauteur
et la forme contrlent lnergie. Les bruits de mesure peuvent tre parfois trs importants car la
priode et trs courte par rapport la dure denregistrement. Ces systmes sont rarement utiliss
sur les ouvrages car les masses doivent tre parfois importantes et des endommagements locaux
peuvent survenir. Un autre mcanisme dexcitation consiste relcher la structure dune position
dforme (Fig. 34b). Cette position est obtenue par des cbles relchs par goupille explosive ou
par un systme hydraulique. La rponse est fortement conditionne par les dformes statiques.
Cest lune des mthodes les plus simples pour mesurer les frquences propres et les dcrments 37
logarithmiques.
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
sollicitations extrmes (sismes de grande amplitude, tornades, ouragans, explosions, etc.). Les
excitations accidentelles ne peuvent donc pas tre considres comme des excitations couvertes
par les investigations dynamiques en raison de leur caractre non prdictif.
Le vent turbulent est une source dexcitation basse frquence (0-1 Hz). Lexcitation est alors
approche par une description statistique (spectre). Une cause derreur qui nen est pas
ncessairement une et que lon oublie frquemment, rside dans le fait que certaines sources
dexcitation extrieure introduisent des phnomnes de couplage entre elles et la structure. Ainsi,
le vent exerce des sollicitations arolastiques couples avec le dplacement du pont. Pour des
ouvrages trs sensibles aux effets du vent, le systme dynamique identifi nest plus le systme
structural mais un systme coupl fluide-structure. En effet, linteraction fluide-structure se traduit
par lintroduction de termes de raideur et damortissement ajouts (appels raideur et amortissement
arodynamiques). Les coefficients damortissement estims partir dessais dynamiques in situ
peuvent diffrer fortement des paramtres structuraux. Dans le cas de phnomnes particuliers
(chappements tourbillonnaires notamment), certains lments de structure (haubans) peuvent tre
amens vibrer des frquences trs leves (10 et 50 Hz).
Le trafic routier excite en gnral des modes suprieurs 2 Hz (pouvant mme aller jusqu 30 Hz).
Le spectre est cependant en gnral concentr autour dune plage de frquences (2-6 Hz). Le trafic
routier induit galement des phnomnes de couplage puisque chaque vhicule peut tre considr
comme des systmes secondaires (masse, ressort, amortisseur). Des remarques similaires peuvent
tre faites pour le trafic ferroviaire.
Except le passage au pas de troupes, qui traditionnellement interrompent leurs pas cadencs
lors de la traverse dun pont, les ponts conus pour supporter des charges de trafic sont peu
susceptibles de vibrer sous laction des pitons. Laction des pitons comme source dexcitation
concerne donc essentiellement les passerelles (Chapitre 2), verticalement (avec une frquence
dexcitation autour de 2 Hz) ou latralement (frquence dexcitation proche de 1 Hz).
Le bruit micro-sismique constitue des actions sismiques de trs faibles amplitudes toujours
prsentes la surface terrestre. Elles peuvent tre modlises comme une squence de transitoires
de courtes dures. Cette source dexcitation est dusage restreint car les micro-sismes sont
souvent damplitudes trs faibles, donc dtectables par des capteurs trs sensibles et pouvant tre
masqus par du bruit ambiant. Lexcitation sismique est quant elle une action transitoire dune
dure trs courte (10 s). Laction est induite par le mouvement du sol ; sa connaissance (mesure)
peut tre ralise en plaant des acclromtres ou des vlocimtres mme le sol (de prfrence
en champ libre pour viter des interactions sol-structure). Lapplication de cette source dexcitation
est trs limite puisquun tremblement de terre est un vnement rare. Les mesures dynamiques
ncessitent donc une surveillance continue.
Le tableau II rsume les avantages et les inconvnients de chaque type dexcitation suivant divers
critres.
Acclration
Analyse de forces (si acclrations proportionnelles)
Dimension rduite du capteur
Vitesse
Analyse de vibrations en corrlation avec un bruit acoustique (pression proportionnelle la vitesse de vibration de
surface)
Analyse de vibrations o le spectre est plus uniforme que pour le dplacement ou lacclration (balourds)
Dplacement
Amplitude importante du dplacement
Dplacement donnant une indication sur les niveaux de contraintes
Analyse de mouvements relatifs
Dformation
Variation significative des contraintes
40
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Paramtres
Acclration, Vitesse, Dplacement, Dformation, Inclinomtres, Pression
Caractristiques du mouvement
Bande de frquence, Amplitude, Dphasage, Direction, Amortissement, Dure
Rfrence de la mesure
Relative (interne/interne), Relative (externe/interne), Absolue
Conditions environnementales
Temprature, Humidit, Champs lectromagntiques, Milieu agressif, Radiations, Ensoleillement
Capteurs
Caractristiques lectroniques (sensibilit, prcision, linarit, bande passante, rponse en frquence et en phase), Carac-
tristiques physiques (dimension, masse), Isolation, Conditionnement, Alimentation
Fixation
Influence de la fixation sur le capteur, Influence de la fixation sur la structure, Nombre de points de mesure, Place dispo-
nible, Accessibilit pour linstallation et la maintenance, Facilit dinstallation, Dfaut de montage par rapport la direction
de mesure
Systme de mesure (conditionneurs, amplificateurs, filtres, analyseurs)
Caractristiques lectriques (I/O), Alimentation, Interfrences, Nombre de voies de mesure, Temps rel
Transmission des donnes
Cble coaxial, Fibre optique, Bluetooth, WIFI, GSM, GPS
Systme denregistrement
Temps rel, Caractristiques lectriques (ratio signal/bruit), Portabilit, Numrisation et filtrage, Corrlation entre informa-
tion enregistre et grandeur physique, Redondance, Alimentation
talonnage sur site
Capteurs, Systme de mesure
Analyse des donnes
Manuelle ou automatique, Format de prsentation
3.3. Capteurs
Il existe de nombreux types de capteurs et/ou sondes disponibles pour mesurer presque nimporte
quel paramtre. En outre, les chercheurs continuent dvelopper de nouvelles technologies et
des techniques qui permettent des mesures plus fiables, plus prcises pour un cot rduit. Afin
de choisir et dvaluer les capteurs parmi tous ceux disponibles dans le commerce, quelques
rappels terminologiques de base sont ncessaires. Une comprhension fondamentale des critres
considrer lors du choix de la mtrologie est galement ncessaire.
De manire gnrique, un capteur est un dispositif qui convertit lnergie dune forme en une autre.
Lnergie dentre est celle des phnomnes physiques mesurs : mcanique, thermique, lectrique,
magntique, radiante et chimique. Dans la plupart des applications de surveillance de sant, les
variables dintrt sont gnralement associes de lnergie mcanique. Ces variables incluent
lacclration, les efforts, la distance, la vitesse, et la pression. Lnergie de sortie est habituellement
lectrique (tension, courant, etc.) ou mcanique. Elle peut tre dcrite sous une forme analogique
ou numrique. Les sorties analogiques sont les plus communes, mais elles doivent tre converties
en format numrique pour pouvoir tre traites par ordinateur, et pour les archiver. Nimporte quel
capteur se composera au moins de deux composants discrets, llment sensible et son botier.
Llment sensible est le mcanisme fondamental de transformation de lnergie dune forme 41
sous une autre. Un capteur simple contient gnralement un seul lment sensible tandis que des
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
capteurs ou sondes complexes incorporeront plus dun lment. Le botier comprend llment
sensible et toute la connectique et lectronique ncessaires cet lment.
Si la premire tape du choix de mtrologie pour une application particulire est de caractriser les
paramtres dentre et lenvironnement dans lequel ils seront mesurs (Section 3.2), un ventail
de capteurs peut tre identifi. Afin de choisir les diffrents capteurs, il y a plusieurs critres
importants qui doivent tre considrs. Ces critres peuvent tre rpartis en trois catgories : les
caractristiques de performance technique du capteur, les contraintes environnementales et les
considrations conomiques. Lobjectif en valuant ces critres est de choisir la mtrologie qui
sera la plus compatible avec les variables identifies et les contraintes environnementales. Ceci
assurera que les capteurs choisis maximisent la fiabilit et lefficacit des mesures tout en rduisant
au minimum lincertitude.
Les caractristiques de performance dun capteur dcrivent sa manire de se comporter dans des
conditions typiques dutilisation (statiques et dynamiques). Les caractristiques de base sont :
la sensibilit qui indique le niveau de changement en sortie du capteur en rponse un changement
en entre,
la rsolution qui est le plus petit changement en entre conduisant un changement en sortie,
ltendue qui reprsente la diffrence entre les valeurs de sortie maximales et minimales,
la linarit qui caractrise la proportionnalit de la rponse en fonction de lentre,
lhystrsis qui est la diffrence entre deux lectures de la sortie pour le mme point, lun partant
de zro, lautre partant de lamplitude maximale,
lexactitude ou justesse qui reprsente lcart entre la valeur mesurer et la valeur en sortie du
capteur,
la rptabilit qui indique lcart entre des mesures successives de la sortie du capteur dans des
conditions environnementales identiques,
la reproductibilit qui est la capacit dun capteur maintenir la mme sortie en rponse une
entre constante sur une priode de temps,
la rponse en frquence qui indique dune part le changement du rapport entre/sortie pour une
plage de frquences du signal harmonique dentre, et dautre part du dphasage entre la sortie et
lentre,
la bande de frquence dutilisation qui est la bande de frquence dans laquelle lutilisation du
capteur donnera une valeur correcte 5 %,
la frquence de rsonance du capteur, cest--dire la frquence ne pas exciter sous peine de
destruction du capteur,
la sensibilit transverse qui est la mesure, donne dans une direction orthogonale laxe de
mesure principal du capteur, en pourcentage de la mesure maximale principale.
Les contraintes environnementales qui doivent tre considres dans le choix des capteurs incluent
souvent la temprature, lhumidit relative, la dimension, le conditionnement (protection, tanchit,
etc.), lisolation (interfrences lectromagntiques, foudre, vibration, etc.), et les effets thermiques
(compensation de la rponse en temprature du capteur par rapport la mesure). Les considrations
conomiques les plus importantes sont le cot, la disponibilit, la fiabilit, la facilit dinstallation et
les besoins associs en acquisition de donnes.
42
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
JAUGES DE DFORMATION
Les jauges de dformation [R1 850] les plus couramment utilises se composent dun film mtallique
mince dpos sur une feuille plastique non conductrice. Deux pattes permettent la connexion
au systme de conditionnement. Le principe de fonctionnement est bas sur le rapport entre la
rsistance du conducteur et son changement de longueur. Ces jauges sont disponibles dans un
certain nombre de modles et de configurations pour des mesures de dformation intrieures et
extrieures. Les jauges de dformation colles sont appropries aux mesures de courte dure
ou pour de la surveillance intermittente de dformation changeant rapidement avec le temps.
De ces dformations, les contraintes se dduisent selon le type de jauge (Fig. 35) employe
(unidirectionnelle, bidirectionnelle, rosette, chanette).
FIGURE 35
Exemples de jauges de dformation.
Les rsistances usuelles sont de 120 , 350 , 700 et 1000 (jusqu 5 k pour des applications
spciales). Le circuit de conditionnement couramment employ est un pont de Wheatstone qui
mesure le changement de rsistance plutt que la rsistance elle-mme. Il convertit ce changement
en tension. La sensibilit dpend de la tension dentre et du type de circuit (quart, demi ou pont
complet). Ltendue de dformation est habituellement de 5 % (jusqu 10 % pour certaines
dentre-elles). Dans la mise en uvre pratique, diffrents points doivent tre traits avec prcision.
La jauge nest sensible que dans la direction des fils conducteurs ; son orientation par rapport
la dformation tudie doit donc tre ralise avec soin. La taille dune jauge donne la rsolution
spatiale du capteur ; si lon cherche avoir un maximum de dformation, la dimension du capteur
va limiter le maximum apparent, en fonction du gradient de dformation. Enfin, dans le cas de
matriaux htrognes (comme le bton), la taille de la jauge doit tre en regard de la dimension de
la cellule lmentaire du matriau.
Les jauges de dformation peuvent tre utilises pour des mesures dynamiques mais aucune
frquence de coupure nest clairement identifie. La mesure de signaux basse et moyenne
frquences (les cas les plus courants en essais dynamiques) ne pose donc pas de problme pour
les jauges de dformation. Pour la mesure dun phnomne rapide, il est recommand dutiliser des
jauges de dimension infrieure au sixime de la longueur donde.
Les variations de temprature rencontres dans les ponts (- 30 + 40 C) produisent des
changements de rsistance en raison du changement de la rsistivit et de la dilation thermique de
la jauge. Il est donc recommand dutiliser des jauges compenses en temprature.
Les jauges de dformation soumises des chargements cycliques exhibent des comportements
hystrtiques dont lamplitude dpend de la jauge elle-mme mais galement de la colle. Lcart
entre dformations croissantes et dcroissantes slve quelques micro-dformations. Ces cycles
de dformation peuvent affecter la fiabilit long terme de la jauge (fatigue) et sa stabilit. Le cot
de ces capteurs est relativement bon march. Les jauges de dformation sont lies llment par
collage (ou soudage parfois) assurant le transfert de la dformation de llment la jauge (Fig. 36).
La surface doit donc tre prpare avec soin pour permettre une bonne adhrence. La colle est la 43
plupart du temps de type cyanoacylate ; pour permettre des mesures de longue dure (lutilisation
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
FIGURE 36
Implmentation de jauges de dformation sur ouvrage.
FIBRES OPTIQUES
Les capteurs fibre optique [R412] sont des composants attractifs en raison de leur prcision,
stabilit long terme, de leur capacit de multiplexage, de leur protection contre les interfrences
lectromagntiques, de leur tendue dusage en temprature Plusieurs technologies sont
aujourdhui disponibles, bases sur des caractristiques diffrentes (modulation de lintensit,
changement de polarisation, dcalage de longueur donde). Elles peuvent tre intrinsques lorsque
la fibre est simultanment un capteur et un dispositif de guidage de la lumire, ou extrinsques
lorsque la fibre assure seulement le rle de guide. Ces capteurs sont sensibles divers paramtres,
comme la temprature, les vibrations, les dformations La technologie de mesure par fibre
optique prsente un certain nombre davantages de lgret, de durabilit et de sensibilit. Ils
sont galement inertes face la plupart des agressions chimiques et leur flexibilit demploi les
rend utilisables dans des environnements svres en les incorporant dans la structure sans tre
intrusifs.
Dans les mthodes de mesure conventionnelles, les connexions lectriques sont souvent perturbes
par des sources dinterfrences (lectromagntiques, bruits lies aux perturbations atmosphriques,
etc.). Dans un systme de mesure par fibre optique, les effets dinterfrences lectromagntiques
en sont absents. Ceci est dimportance dans le cas dinvestigations exprimentales proximit de
lignes haute tension. Les fibres optiques liminent galement les effets de couplage capacitif des
lignes de transmission. En raison de lisolation lectrique du capteur, le systme est protg de la
plupart des bruits extrieurs.
Leffet des paramtres environnementaux sur les proprits optiques des fibres peut tre value
au travers des changements des proprits du rayon lumineux guid. Ceci rend les fibres optiques
particulirement intressantes pour de nombreuses applications dans la surveillance des ouvrages,
y compris pour des investigations dynamiques moyen ou long terme.
Il existe une grande varit de systmes de mesure fibres optiques, de principes et de
44 caractristiques diffrentes. Lune des limitations pratiques de ces systmes est le cot des
systmes dinterrogation et leur capacit tre utiliss pour des mesures dynamiques.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Les rseaux de Bragg (Fig. 37a) permettent une modulation priodique de lindice de rfraction de
la fibre en lexposant une lumire ultraviolette. En injectant une telle lumire dans la fibre divise
en lments formant le rseau, une bande troite de longueurs donde sera rflchie alors que les
autres traverseront llment du rseau. Ce systme offre un potentiel de multiplexage qui permet
doprer plusieurs signaux sur une mme fibre optique (>100 signaux) en plusieurs points, ce qui
autorise la mesure de dformation et/ou de temprature en diffrents lieux le long dune mme fibre.
Ce nombre de rseaux dpend de la largeur du spectre de la source lumineuse et de leur tendue
de mesure. Les rseaux de Bragg peuvent tre utiliss en remplacement de jauges classiques de
dformation, et peuvent tre inclus directement dans le matriau (bton). La rsolution est de 1 def
et ltendue de mesure est de 50000 def. Cependant, cette tendue est fonction du nombre de
rseaux ; ainsi avec 5 rseaux, ltendue maximale sur chaque rseau sera de 10000 def, avec
10 rseaux de 5000 def. Ltendue de temprature oprationnelle varie de - 40 C + 100 C. Les
rseaux de Bragg ne demandent pas de calibration priodique et sont dune grande stabilit et
rptabilit sur le long terme sous rserve de lintgrit du support dattache (voir plus loin). La
frquence de coupure de ces capteurs est de quelques kHz ce qui est largement suffisant pour
la plupart des applications de gnie civil. Bien que les fibres optiques offrent une bonne flexibilit,
les rayons de courbure infrieurs 20 mm doivent tre vits. Les fils de connexion doivent tre
protgs pour prvenir toute perte de signal. Bien que les rseaux de Bragg soient sensibles la
temprature, cet effet peut tre discrimin de la dformation mesure en utilisant un rseau spar
de compensation.
Les capteurs de Fabry-Prot (Fig. 37b) sont des jauges de dformation point unique bases sur la
mesure par interfromtrie dun vide entre deux rflecteurs. En tension (compression), la dimension
de ce vide augmente (diminue) et dcale le spectre rflchi vers des longueurs donde plus (moins)
importantes. La justesse et la rsolution de ce type de capteur dpendent de ltendue maximale
de mesure, soit entre 0,025 % et 0,01 % de cette tendue. Cette tendue varie de 1000 def
10000 def. La frquence de coupure habituelle (mme si des options pour laugmenter existent)
est de 20 Hz, ce qui rduit srieusement les utilisations pratiques en vibration des structures.
FIGURE 37
Exemples de systmes dinterrogation par fibres optiques.
Un autre capteur utile pour des mesures dynamiques de variation de longueur est bas sur le
principe de micro-flexion. Lorsquune fibre est suffisamment flchie, la lumire en son cur ne
rencontre plus la gaine optique un angle gal ou suprieur langle critique. Dans ce cas, la
rfraction totale interne ne se produit plus et une partie de la lumire schappe de la gaine optique.
La variation de lintensit transmise est proportionnelle la dformation de la structure sur laquelle
est mont le capteur. Un tel systme, parmi les plus anciens, est relativement simple, mais dpend
fortement de la temprature, de la calibration du systme et deffets non linaires entre intensit et
allongement.
Linstallation des capteurs fibre optique peut tre ralise intrieurement ou extrieurement au 45
matriau. Il est cependant ncessaire de garantir un bon contact mcanique entre le capteur et
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
la structure et de protger mcaniquement les fibres. Dans le cas de capteurs de base courte,
il est souvent difficile dajouter des couches de protection supplmentaire aux fibres sans altrer
leur rponse. Dans ce cas, le capteur doit tre coll ou noy dans la structure directement. Ainsi,
il est possible de coller des rseaux de Bragg des armatures de renforcement avant coulage du
bton. Dans dautres situations, le capteur de mesure de dformation est noy ou enrob dans
un autre matriau qui est mcaniquement compatible avec le matriau environnant. Lorsquune
fibre est compltement noye dans le matriau ou dans un matriau support, des parasites
peuvent apparatre dans les composantes de la dformation perpendiculaires la fibre. Ceci est
particulirement vrai pour les rseaux de Bragg pour lesquels une pression radiale pourra changer
lindice de rfraction de la fibre. Ce changement doit tre interprt avec soin et non pas comme
une variation de la dformation axiale. La superposition de deux rseaux de Bragg permet dliminer
cet effet parasite. Dans le cas de capteurs longues bases, deux installations sont possibles. La
premire (couplage total) consiste mettre la fibre en contact mcanique avec la structure sur
toute sa longueur. La seconde vise attacher la fibre par ses seules extrmits la structure et
de la prtendre (couplage partiel). Dans le cas dun couplage total, la dformation entre la fibre et
le matriau sera distribue sur toute la longueur. Ce couplage est prconiser lorsque les fibres
peuvent tre directement noyes dans le matriau sans risque de rupture. Le couplage partiel offre
lavantage dune meilleure protection. Les efforts sont transmis aux seuls points dattache de la
fibre. Un soin particulier doit tre apport dans le choix des colles afin dassurer un bon contact
mcanique et dviter tout glissement. Le collage sur gaine acrylate est proscrire. Le retrait de la
gaine mcanique conduit cependant une rduction de la rsistance la traction de la fibre. Les
gaines polyamides sont plutt conseilles.
Dans la majorit des cas, notamment pour des ouvrages en cours de construction, linstallation des
capteurs fibre optique constitue une difficult ne pas sous-estimer.
CAPTEURS POTENTIOMTRIQUES
Ces capteurs (Fig. 38a) consistent relier mcaniquement la partie douvrage un curseur se
dplaant le long dune rsistance lectrique. La variation de rsistance est alors directement
proportionnelle la position du curseur. La prsence de ce curseur mcanique est gnralement
source de bruit li lusure rgulire de la lamelle mcanique venant frotter sur une piste conductrice
(constitue la plupart du temps dune matrice polymre charge en particules conductrices). La
rsolution est de 0,1 % de ltendue de mesure, celle-ci pouvant aller de 0,1 mm plusieurs dizaines
de centimtres. La frquence maximale dutilisation est directement dtermine par la vitesse
maximale de dplacement du curseur sur la piste (de lordre 1000 Hz). La dure de vie dun tel
capteur est conditionne par lusure de la lamelle (108 manuvres), ce qui a conduit dvelopper
des capteurs sans curseurs mcaniques dits sans contacts. Dans le cas dun curseur optique, une
contre-piste photoconductrice spare la piste rsistive de la piste de contact. claire, cette piste
passe dun comportement isolant un comportement conducteur. Le spot dclairement agit donc
comme un contact mobile. La bande de frquence de ce capteur dpend du temps de rponse
du matriau photoconductif (de lordre de la dizaine de millisecondes). Dans le cas dun curseur
magntique, cest un aimant qui se dplace au-dessus dune piste magntorsistive oprant par
effet Hall. Le champ magntique cr par laimant modifie alors la rsistance des pistes ; une
compensation thermique est gnralement ajoute et la bande de frquence stend jusqu une
dizaine de gigahertz.
CAPTEURS CAPACITIFS
Ces capteurs (Fig. 38b) sont bass sur la variation de capacit dun condensateur dont lune des
deux armatures doit tre fixe la structure pour en mesurer son dplacement. Ce sont des capteurs
46 robustes et fiables, mais de course limite (5 250 mm avec une rsolution de 2 10-8 %). Ils ne sont
pas utiliser dans des conditions pouvant affecter lisolement lectrique.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
a. Potentiomtrique. b. LVDT.
FIGURE 38
Exemples de capteurs de dplacement.
CAPTEURS INDUCTIFS
Ces capteurs inductance variable se divisent en deux familles, selon quils incluent un entrefer
variable ou un systme bobine/noyau mobile. Ces systmes sont particulirement sensibles aux
interfrences lectromagntiques. La course est encore plus limite que dans le cas des capteurs
capacitifs (de lordre de 0,1 50 mm). Ils sont gnralement abandonns au profit des capteurs
transformateur diffrentiel.
CAPTEURS LVDT
Le principe du capteur transformateur diffrentiel (LVDT Linear Variable Differential
Transducers) repose sur la variation dinduction dune bobine conductrice lie aux variations de
champ magntique. Le capteur est construit autour dun aimant magntique (cur) entour dune
bobine primaire, soumise un courant alternatif, elle-mme place entre deux bobines secondaires
montes en srie ne voyant que le courant induit par la premire bobine. Le mouvement de laimant
perturbe alors le champ induit. Si le dplacement est faible (laimant ne sort pas des bobines), la
tension est proportionnelle au dplacement. Par symtrie, cette tension est nulle lorsque laimant
est centr par rapport aux bobines. La direction est donne pour un changement de phase de 180
par rapport la position centrale. La sensibilit de ce capteur est donne en mV/V par rapport
ltendue maximale. Le signal dentre est gnralement harmonique, damplitude allant de 0,5 V
10 V et de frquence porteuse de 1 kHz 30 kHz. Des conditionneurs spcifiques sont requis
avec les capteurs LVDT cause des hautes frquences dentre et de la dmodulation du signal de
sortie. Le signal peut tre transmis sur de longues distances avec une faible attnuation. Au-del
de 50 m, une calibration spcifique du capteur et de son cblage est obligatoire. Les tendues
des capteurs LVDT vont de 0,1 mm 500 mm. La rsolution dpend de cette tendue. Pour de
petites tendues, la rsolution peut atteindre 0,01 m. Cependant, les effets thermiques et de bruits
parasites limitent la rsolution pratique 1 m. La gamme de frquence des capteurs est limite par
la gamme de frquence de leur entre. Un ratio de 10 1 est ncessaire entre la frquence porteuse
et la frquence du signal de sortie. Avec une frquence dexcitation de 5 kHz (ce qui est classique),
la frquence de coupure du capteur va jusqu 500 Hz. Ces capteurs oprent pour des tempratures
allant de - 20 C + 150 C. La temprature produit un dcalage de zro et une modification de la
sensibilit, avec des erreurs infrieures 0,01% / C de ltendue de mesure. Lerreur de linarit
est de 0,5 % de ltendue du capteur. Elle peut tre rduite 0,1 % pour certains systmes.
Les capteurs LVDT sont des capteurs robustes qui fournissent des sorties stables, sous rserve
dtre correctement monts. Ce montage repose sur une connexion rigide (tige) une base ; les
dplacements sont mesurs relativement cette base. Les supports mtalliques sont habituellement 47
visss la structure. Afin dviter tout frottement, la tige doit se dplacer le plus proche possible de
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
laxe de fixation du capteur. Dans le cas dinvestigations dynamiques plusieurs millions de cycles,
des capteurs non guids doivent tre utiliss pour liminer tout effet de frottement. Lhumidit et la
poussire peuvent pntrer dans la tige et les bobines et ainsi rduire la mobilit de laimant par
friction. Les capteurs LVDT ont habituellement une protection mtallique qui les rend insensibles
aux champs lectromagntiques.
CAPTEURS OPTIQUES
La mesure optique de distance ou de dplacement est
souvent divise en deux types de systmes, passifs
ou actifs. Les mthodes passives utilisent la lumire
ambiante pour positionner un objet dans lespace. Les
mthodes actives (mthodes interfromtriques, temps
de vol, etc.) ont recours leur propre source de lumire.
Une autre classification consiste sparer les mthodes
bases sur des traitements dimage des mthodes
dites directes. Les techniques directes donnent une
distance par rapport une cible alors que les mthodes
traitement dimage doivent calculer la distance sur la
base dalgorithmes bass sur le mouvement de diverses
parties de la cible. Enfin, une troisime classification
vise distinguer les mthodes en fonction du nombre de
vues ncessaires au calcul de la distance (monoculaire
ou multiples).
Les mthodes interfromtriques (Fig. 39) procurent des
mesures de distance de haute rsolution. Dans cette
technique, un faisceau laser est divis en deux, lun
tant rflchi par la cible, le second rflchi par un point
FIGURE 39
de rfrence connu. Lorsque ces deux faisceaux sont
Exemple de capteur laser de dplacement. combins, des franges dinterfrence sont obtenues et
la position de la cible peut tre calcule en fonction de
leur nombre. Une rsolution de 100 nm peut tre utilise. Le dsavantage essentiel de la technique
rside dans le comptage des franges. Une alternative, base sur de linterfromtrie multiples
longueurs donde (lumire blanche), a t dveloppe afin de fournir des mesures absolues de
distance, mais un cot plus lev. Ltendue de mesure est de 0,1 500 mm avec une rsolution
de 0,25 % ; la frquence de coupure est de 500 Hz, ce qui est largement suffisant pour les applications
aux ponts.
Dans les systmes temps de vol (pulsed time-of-flight TOF), une impulsion lumineuse ( = 100 ps)
est envoye dans une fibre qui contient un rflecteur semi-transparent. Le rflecteur produit une
srie dimpulsions dun retard de quelques diximes de nanosecondes selon la longueur du capteur.
Le cot de cette technique reste trs lev pour des investigations dynamiques classiques.
camras, il est alors possible dacqurir des sries dimages stockes sur disque pouvant tre
traites ultrieurement volont. Lutilisation de traitement dimages (Fig. 40) permet ainsi de suivre
le dplacement de plusieurs cibles. La prcision des rsultats est fonction du champ. Elle est de
lordre du dixime de millimtres pour un champ de quinze mtres, sous rserve dun support stable
des camras. Des zooms grossissants peuvent tre mis en uvre afin daccrotre la prcision de
mesure sur certaines zones dtude. Lutilisation de camras mcano-optiques ou lectroniques
associes avec des logiciels de traitement dimages permet aujourdhui den faire un systme de
mesure de bande de frquence tendue (jusqu 10 kHz).
b. Image acquise.
a. Camra optique.
FIGURE 40 49
Mesure de dplacement par camras optiques et traitement dimages.
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
3.3.3. Acclromtres
Les acclromtres [R1 812] sont probablement les capteurs les plus utiliss en mesures de
vibration. Leur taille rduite, leur large gamme de sensibilit et dtendue, les bandes de frquences
utilisables et leur montage les rendent particulirement attractifs. Ces capteurs sont sensibles aux
forces dinertie ; la mesure dacclration est donc base sur le principe dune masse sismique
agissant sur un ressort attach un support, soit en traction, soit en flexion, soit en cisaillement.
Lorsque la masse est soumise une acclration, elle produit une force dinertie qui agit sur le
support. Cette force est le produit de la masse sismique par lacclration. Le composant mcanique
se met alors vibrer, cette vibration tant capte par les composants sensibles et transforme
en signal de sortie du capteur. Les proprits de base dun acclromtre sont donc celles dun
oscillateur un degr de libert (cf. Annexe B). Dans le cas dune excitation harmonique, lamplitude
de la rponse de la masse sismique sert caractriser les proprits de lacclromtre. Dans une
bande de frquence au dessous de la frquence propre de lacclromtre, le rapport damplitude
entre le mouvement du support et celui de la masse sismique est de lunit. Ceci signifie que les
pics dacclration des deux objets sont les mmes. La limite suprieure de la bande de frquence
de lacclromtre dpend du coefficient damortissement . Des valeurs suprieures lunit
rduisent cette bande de frquence, alors que de faibles valeurs amplifient les vibrations autour de
la frquence propre, conduisant des erreurs de mesure. Les acclromtres sont gnralement
conus avec des coefficients damortissement de 0,7. Cette valeur maximise la limite suprieure
de la pulsation de lacclromtre 0,4 . Au-del, la rponse est trop attnue et lacclromtre
se comporte comme un filtre passe-bas. Idalement, les acclromtres sont capables de dtecter
des mouvements trs basses frquences, mais en pratique le bruit de mesure impose une limite
de mesure lamplitude de ce mouvement. Le mouvement de la masse sismique est dphas par
rapport au mouvement du support. Cependant, en concevant des acclromtres avec un coefficient
damortissement 0,7, cette distorsion sattnue de manire significative car le dphasage en
dessous de la frquence propre est presque proportionnel la frquence dexcitation. La rponse
dun support soumis une excitation avec plusieurs composantes frquentielles sera reproduite
par la masse sismique avec une constante de retard. Ce retard devra tre considr avec attention
dans le cas o les investigations dynamiques sont menes avec plusieurs acclromtres de
caractristiques diffrentes.
Dans le cas des investigations dynamiques sur les ponts, les acclromtres basse frquence et
faible amplitude conviennent dans la majorit des cas. Les types dacclromtres les plus communs
sont les acclromtres pizolectriques avec ou sans lectronique interne, les acclromtres
capacitifs et les servo-acclromtres. Le choix dun acclromtre repose sur lamplitude
mesurer, sa sensibilit, sa rponse en frquence, sa sensibilit thermique, et les contraintes de
cblage.
ACCLROMTRES PIZOLECRIQUES
Ces capteurs reposent sur leffet piezolectrique (Fig. 41a) : un cristal de quartz ou un matriau
cramique produit sous leffet dune dformation une charge lectrique. Cette sortie est lie un
ralignement des particules charges positivement et ngativement aux faces opposes du cristal.
Pour de faibles dformations, le nombre de particules charges saccumulant la surface du cristal
est proportionnel la dformation impose. Si la dformation du cristal reste dans le domaine
lastique, la charge lectrique produite est donc proportionnelle la force extrieure applique. La
masse sismique est connecte llment sensible pizolectrique, produisant une force lorsquelle
est soumise des acclrations. La sensibilit, la rsolution, ltendue et la bande de frquence
dpendent de la conception de lacclromtre mais surtout de la masse sismique : plus la masse
est leve, plus la sensibilit est importante, la rsolution meilleure, la bande de frquence et
ltendue plus rduites.
Comme le signal de sortie dun acclromtre est une charge lectrique, il est trs sensible
aux conditions environnementales, ce qui ncessite de connecter ces acclromtres
des conditionneurs par le biais de cbles courts et protgs. Ceci explique que beaucoup
dacclromtres pizolectriques sont lectronique intgre pour vhiculer le signal sur de
longues distances. Les acclromtres pizolectriques couvrent une tendue allant de trs
50 faibles amplitudes des mesures de chocs et dimpacts ( 5 ms-2 10000 ms-2). Les vibrations
induites par le trafic routier produit des acclrations infrieures 100 ms-2, ce qui est largement
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
couvert par ce type de capteurs. La sensibilit varie de 50 mV/ms-2 1 V/ms-2 et la rsolution de 10-5
2 10-3 ms-2 RMS. Ltendue de frquences varie quant elle de 0,1 Hz 50 kHz, ce qui est largement
suffisant pour les investigations dynamiques sur les ponts. Comme signal prcdemment, la limite
frquentielle suprieure est conditionne par la masse sismique. La limite frquentielle infrieure
dpend des circuits lectroniques utiliss pour le conditionnement du signal. Enfin, si la rsolution
est importante, ltendue de mesure est rduite. Une bonne performance basse frquence est
ncessaire si lacclration mesure est utilise pour calculer vitesse et dplacement par double
intgration.
Ltendue de temprature pour les acclromtres pizolectriques est comprise entre - 50 C
et 100 C. Les acclromtres faible amplitude et haute sensibilit et haute rsolution ont des
plages de temprature oprationnelles allant de - 20 C 60 C. Le signal de sortie est dailleurs
affect par la temprature, la sensibilit changeant avec cette dernire. Cet effet est infrieur 1 %
si lacclromtre fonctionne dans la plage de temprature oprationnelle. En dehors, linfluence
est plus grande ; les acclromtres pizolectriques haute sensibilit exposs au soleil peuvent
ncessiter une protection. Les acclromtres pizolectriques oprent dans leur plage de
frquence avec une dviation damplitude maximale de 2 3 % de lamplitude nominale.
La taille et le poids des acclromtres pizolectriques diffrent normment dun capteur un
autre, jusqu 60 mm de largeur, 80 mm de hauteur et 1 kg de poids. La taille et la dimension, sauf
cas particuliers, ne constituent pas un problme gnralement dans les applications en gnie civil. La
calibration doit tre ralise systmatiquement avant chaque srie de mesures de grande prcision.
Sous rserve dutiliser ces capteurs dans leur tendue de mesure et de temprature, ils peuvent
tre stables et fiables sur plusieurs annes. Ils restent nanmoins sensibles au vieillissement.
Pour la surveillance continue du comportement vibratoire douvrages, il est recommand de raliser
une calibration tous les cinq ans. En raison du scellement des capteurs lors de leur fabrication,
humidit et poussire ne constituent pas de problme. Cest en gnral le connecteur et le cble qui
sont les points faibles et mritent une protection adapte.
a. Pizolectrique. b. Capacitif.
FIGURE 41
Exemples daccclromtres.
ACCLROMTRES CAPACITIFS
Les acclromtres capacitifs (Fig. 41b) utilisent en gnral deux capteurs capacitifs de dplacement
qui mesurent le dplacement de la masse sismique par rapport un support. Cette mesure du 51
dplacement est ralise au moyen dun condensateur cartement ou surface variable (cest--dire
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
le changement de capacit est li soit lcartement entre deux plaques, soit un changement de
surface). Leur sensibilit, rsolution, tendue et bande de frquence dpendent de leur conception
mais aussi de la masse sismique. Plus cette masse sera importante, plus la sensibilit sera accrue,
meilleure sera la rsolution, et plus faible seront les tendues de frquences et damplitude.
Le signal gnr par les acclromtres capacitifs est de faible tension, ce qui permet de le
transporter sur de longues distances par des cbles ordinaires. Ces capteurs couvrent des
amplitudes allant de 20 ms-2 2000 ms-2 (pic pic). Les mesures sous charges de trafic sont donc
couvertes par ces lments ( amax 100 ms-2). Pour ces applications, les acclromtres capacitifs
offrent de bonnes caractristiques de sensibilit (10 mV/ms-2 100 mV/ms-2) et de rsolution (2 10-4
2 10-3 ms-2 RMS). Comme ces capteurs intgrent la mesure statique de lacclration gravitationnelle,
il est ncessaire dannuler cet offset laide dun conditionnement appropri. La bande de
frquence des acclromtres capacitifs va de 0 Hz quelques kHz, ce qui est satisfaisant pour les
applications de gnie civil. La frquence de coupure est donne par la frquence propre du systme
masse/ressort. Ces capteurs sont donc appropris pour des mesures trs basses frquences.
Cette bonne performance basse frquence est particulirement utile lorsque les acclrations
mesures sont utilises pour calculer les vitesses et les dplacements.
Ltendue de temprature pour les acclromtres capacitifs est comprise entre - 40 C et 80 C. Ce
changement de temprature induit un dcalage du niveau dacclration 0 Hz pouvant atteindre
3 % de ltendue maximale. De mme, leur sensibilit transverse est infrieure 5 % de ltendue
maximale. Les acclromtres capacitifs (1D comme 3D) sont de dimension et de poids rduits
(30 mm/100 g). La calibration doit tre ralise systmatiquement avant chaque srie de mesures
de grande prcision. Sous rserve dutiliser ces capteurs dans leur tendue de mesure et de
temprature, ils peuvent tre stables et fiables sur de nombreuses annes. Ils restent nanmoins
sensibles au vieillissement.
ACCLROMTRES ASSERVIS
Les acclromtres capacitifs et pizolectriques sont des capteurs non asservis : ils fonctionnent en
boucle ouverte, la force tant mesure par la connaissance du dplacement de la masse sismique.
Pour des mesures de haute prcision trs basses frquences, il est parfois prfrable dutiliser
des acclromtres asservis, cest--dire fonctionnant en boucle ferme. Dans ces capteurs,
la force dorigine inertielle applique la masse sismique est compense par une force gale et
oppose cre par un systme moteur dont la commande constitue la mesure de lacclration.
Cette boucle ferme tend ltendue de mesure (5 50 ms-2), augmente la linarit et amliore la
rponse frquentielle et la sensibilit transverse (0,05 %). Largement utiliss dans les rseaux de
mesures sismiques, ils permettent davoir de grandes sensibilits (100 500 mV/ms-2) et rsolutions
(3 10-5 ms-2 RMS) des frquences trs basses. Une telle performance nest pas gnralement
ncessaire pour des investigations dynamiques sur des ponts.
3.3.4. Vlocimtres
La vitesse [R1 810] est gnralement mesure par des tachymtres lectromagntiques. Un aimant
se dplace dans une bobine, induisant dans cette dernire une force lectromotrice proportionnelle
la vitesse de dplacement. Une autre technique consiste utiliser leffet Doppler-Fizeau : une onde
entretenue, de frquence connue, est dirige vers un point de louvrage en mouvement. Compte
tenu de la combinaison des vitesses, londe est rflchie avec une longueur donde diffrente. Ce
dcalage frquentiel, calcul par interfromtrie, permet destimer la vitesse de dplacement. Ce
type de mesure est utilise dans les vibromtres laser. Limite des bandes de frquences ne
dpassant par 500 Hz, en balayant lensemble dune structure, il est possible dobtenir un grand
nombre de points de mesure (Fig. 42).
52
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
FIGURE 42
Exemple de vlocimtres.
Le choix de la famille de support doit faire lobjet dune rflexion spcifique tenant compte :
de la nature de louvrage instrumenter :
ouvrages en bton,
pont caisson,
les piles,
Le choix de la fixation dpend de nombreux autres facteurs. Afin de mesurer des vibrations avec
prcision, il est essentiel de sassurer que les gammes frquentielles et dynamiques ne sont
pas limites par un mauvais montage, que la masse additionnelle du support naltre pas les 53
caractristiques vibratoires de llment de structure (ce qui parat peu probable pour les structures
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
de gnie civil), et que les points de mesure sont reprs avec prcision pour assurer la rptabilit
des mesures. Le choix du montage peut affecter chacune de ces conditions. Il convient donc de se
poser les questions suivantes pour orienter, dans le cadre dune tude donne, le choix du systme
de fixation :
quel est le niveau maximal de vibration que peut supporter le support ?
quelle est lincidence dune ralisation de nombreux perages dans la structure pour les vis de
fixation ? Est-ce tolr ou proscrit ?
quelle sera la difficult de nettoyer le capteur, son support et la structure aprs dmontage ?
quel est le cot du montage par rapport lensemble de lopration ?
En fonction de ces diffrents critres, certains supports peuvent apparatre plus ou moins adapts
au problme pos.
FIGURE 43
Acclromtre viss.
Le montage de capteur par vissage sur la structure ou sur un support intermdiaire permet :
davoir le systme avec une frquence de rsonance la plus forte et donc de mesurer des
frquences jusqu 50 k Hz (ce qui est par contre inutile en gnie civil),
de mesurer de hautes vibrations sans risque de desserrage,
de ne pas rduire la plage de temprature de fonctionnement du systme,
54 dobtenir des rsultats de prcision et reproductibles tant que le positionnement des capteurs peut
tre dupliqu de faon fiable.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
FIGURE 44
Capteurs monts sur supports colls.
FIGURE 45
Capteurs monts sur supports magntiques.
Ces supports sont utiliss pour des faibles niveaux dacclration, ce qui est le cas pour les ouvrages
de gnie civil et prsentent le gros avantage dtre facilement dplacs permettant de multiplier les
points de mesure. Ce systme de fixation nest pas forcment adapt pour mesurer des niveaux
dacclration levs comme des tests de choc car il y a un risque de relchement momentan du
support pouvant engendrer des imprcisions et un lger dplacement du support.
SUPPORTS MCANIQUES
Certaines situations impliquent la ralisation de supports spcifiques conus pour loccasion
(Fig. 46). Par exemple, lors de mesures dans les trois directions, il peut tre prfrable de raliser
un support unique et prrgl en orthogonalit, plutt que de disposer trois capteurs sur trois
56 supports spcifiques avec tous les risques lis aux erreurs de positionnement. De mme, dans
des structures complexes (dans les caissons mes inclines par exemple), lutilisation de
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
FIGURE 47
Capteur pos sur la structure.
Avantages Inconvnients
Fixation par vis - Pas de restrictions dutilisation - Lgre dtrioration de la structure (perage
- Rptabilit du positionnement par exemple)
Support mcanique - Possibilit de rglage fin (verticalit, horizon- - Dtrioration irrversible du support
talit, etc.) 57
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
3.5.2. chantillonnage
La conversion repose sur deux lments qui dfinissent la performance du conditionnement :
lchantillonnage et la quantification. Lchantillonnage est dfini par lintervalle de temps entre
deux mesures. Il sagit dune priode et son inverse est appel frquence dchantillonnage. La
quantification est la relation qui permet de passer de la mesure analogique et la valeur numrique.
Lchantillonnage et la quantification conditionnent lestimation des frquences, des dphasages et
des amplitudes.
58
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
te
1001
1000
0111
0100
0011
0010
0001
0000
Blocage de la valeur
FIGURE 49
chantillonnage et quantification.
Le choix de lchantillonnage est donc dune importance fondamentale pour disposer de donnes
de grande qualit, ce qui est une condition indispensable pour lvaluation dynamique, rendant les
investigations dynamiques particulirement svres en termes de qualit de linformation. Pour
atteindre cet objectif, de hautes frquences dchantillonnage (nombre de valeurs par seconde)
requirent des cartes dacquisition grande vitesse, autorisant lenregistrement de grandes
quantits de donnes.
Lchantillonnage est dcrit par la frquence, exprime en Hz, laquelle le signal analogique est
acquis et numris par la carte dacquisition.
La plupart des capteurs prsentent des frquences de coupure fc ; cette frquence correspond
la frquence pour laquelle lamplitude du signal de sortie est rduite dun facteur 2 et tombe
environ 71 % de lamplitude du signal dentre. Pour autoriser une rcupration du signal sans
dformation, la frquence minimale dchantillonnage est donne par le thorme de Shannon :
(3.1)
(3.2)
En pratique, cette condition nest pas suffisante pour assurer une bonne reprsentation des signaux.
Il est recommand davoir des frquences dchantillonnage suprieures :
59
(3.3)
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
La frquence de Nyquist dfinit une valeur limite au-dessous de laquelle des phnomnes de
recouvrement apparaissent sur la bande de frquences du signal analys. Cet effet sappelle le
repliement (Fig. 50). Pour le rduire, le signal analogique doit tre pass dans un filtre dit anti-
repliement qui est un filtre passe-bas ; il est recommand de prendre une frquence suprieure de
ce filtre gale 0,4 fois la frquence dchantillonnage.
FIGURE 50
Repliement.
Il sagit dune mthode rapide visant obtenir la sensibilit dun capteur. Cest lune des techniques
dtalonnage les plus couramment utilises : ltalonnage est ralis en comparant la sortie du
capteur talonn celle dun capteur talon. Cette technique est sense tre limite aux tendues
de frquences et damplitude pour lesquelles le capteur talon a t lui-mme talonn. Cette
technique est particulirement utilise pour ltalonnage dacclromtres, de vlocimtres ou de
capteurs de dplacements (mont sur un systme de vibration).
Pour des mesures de faibles acclrations, la force gravitationnelle peut tre utilise pour
ltalonnage. Cest lacclration qui est effectivement la plus stable, prcise et pratique pouvant tre
utilise comme rfrence. Ltalonnage est ralis en deux tapes : perpendiculaire et paralllement
60 la force de gravit. Pour des mesures de haute prcision, un support talonn doit tre utilis pour
sassurer dune orientation exacte perpendiculaire lacclration gravitationnelle.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Ltalonnage des capteurs (ou leur talonnage priodique) est indispensable pour disposer de
mesures pertinentes, stables et fiables dans la gamme dutilisation des capteurs. Cependant, le
capteur nest quun lment de la chane dacquisition, il est donc ncessaire dtalonner lensemble
de la chane dacquisition.
En laboratoire, il est souvent classique dtalonner la chane dacquisition en imposant
chaque capteur une entre contrle. Cette mthode est rarement utilise en pratique pour des
investigations sur site. Dans ce cas, les caractristiques de la chane complte sont soit dtermines
en combinant les caractristiques des composants individuels ou en utilisant un systme simulant la
sortie (voltage) dun capteur.
Il peut en effet y avoir un bruit de fond significatif la sortie du systme de mesure, mme en
absence de signal fourni par les capteurs. Ce bruit rsulte du couplage entre les circuits du systme
de mesure et lalimentation lectrique, par la sensibilit aux vibrations des lments (comme le
cblage) autres que les capteurs eux-mmes, de la slection impropre de composants du systme.
Le rapport signal/bruit que le systme peut atteindre nest alors pas rempli. Il est notamment
trs important de sassurer que le bruit ne provient pas du systme de fixation. Le cblage joue
galement un rle particulier ; les effets tribo-lectriques induits par des courbures excessives le
long dun cble peuvent engendrer des bruits de mesure qui peuvent tre particulirement gnant
pour des mesures trs prcises. Il convient notamment dtre vigilant sur la courbure des cbles en
sortie des capteurs (Fig. 51). Enfin, pour certains capteurs, lenvironnement lectromagntique peut
largement perturber la mesure.
FIGURE 51
Fixation des cbles en sortie de capteur.
permet didentifier une partie des dformes modales. Pour complter ces modes, une partie des
capteurs est dplace, les autres restant fixes. Ces points de rfrence faciliteront la reconstruction
des modes propres en servant damplitude modale de rfrence (Fig. 53).
Annot
10 1
9 2
8 3
7 4
6 5
Entrevaux
FIGURE 52
Maillage de capteurs en acquisition synchrone.
FIGURE 53
Plan dinstrumentation dcompos en phases dacquisition.
62
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
(3.4)
TABLEAU VI - Valeurs du coefficient F4 pour diverses conditions aux limites dune poutre
(3.5)
Comme F4, ne dpend pas de lchantillonnage mais du degr du mode (tableau VII).
TABLEAU VII - Valeurs du coefficient pour diverses conditions aux limites dune poutre
Ces expressions permettent cependant de tirer quelques lments importants sur lchantillonnage
spatial :
il diminue avec le degr du mode. Les hautes frquences requirent un plus grand nombre de
points de mesure que les plus basses,
les bornes dchantillonnage se rduisent avec le bruit ; une amlioration de la fiabilit des donnes
permettra de disposer de modes propres et de courbures de meilleure qualit,
lchantillonnage optimal augmente avec le bruit : afin damliorer la prcision de lestimation des
courbures, leffet du bruit doit tre compens par une rduction du nombre de points de mesures.
63
CHAPITRE 3 PRINCIPES DE RALISATION DES ESSAIS VIBRATOIRES
Lensemble des caractristiques des essais est rpertori dans un rapport dessai qui doit
comprendre :
une description des quipements utiliss (y compris ltalonnage) : elle doit prciser le type
dexcitation et la spcificit du dispositif de lexcitation lorsque celle-ci est contrle (on se rfrera
pour cela lannexe A de la norme NF ISO 14963), les spcifications des capteurs (Annexe C), la
chane de mesure et ses performances, le cble et les systmes de fixation utiliss ;
une description du mode opratoire de mesure et lemplacement des capteurs ; tous les problmes
rencontrs lors des essais, les conditions mtorologiques, les longueurs de cble doivent tre
consignes ;
une valuation de la qualit des donnes : il est recommand dapprcier le rapport signal/bruit
et la sensibilit de la chane complte de mesure. Si des traitements de donnes spcifiques sont
raliss (calcul de spectres, filtrage, etc.), les algorithmes de calcul numrique utiliss doivent tre
prciss en citant les rfrences ad hoc.
Le rapport dessai doit bien videmment galement spcifier les informations suivantes : lingnieur
assurant la ralisation des investigations dynamiques et du traitement des donnes, la date des
essais, les conditions environnementales (notamment la temprature), les essais et tudes de
rfrence dj ralises sur louvrage.
64
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Principes 4.
danalyse des essais
vibratoires
Acclration (mg)
40
20
-20
-40
0 200 400 600 800 1000 1200
Temps (s)
FIGURE 54 65
Acclration mesure, maximale et minimale dun point de tablier.
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
Le signal de la figure 54 peut tre condens pour fournir un histogramme dacclrations (Fig. 55).
Nombre de ralisations
12 000
10 000
8000
6000
4000
2000
0
-100 -50 0 50 100
Acclration (mg)
FIGURE 55
Histogramme dacclrations.
La valeur efficace du signal (Root Mean Square RMS en anglais) est la caractristique statistique
la plus simple et la plus significative obtenir puisquelle reprsente lintensit du signal. Cette
valeur efficace est la somme de la variance du signal et du carr de la valeur moyenne du signal :
(4.1)
(4.2)
Dautres reprsentations existent et sont plus souvent utilises que le spectre damplitude.
Ainsi, la reprsentation en spectre de puissance
2 2
N
( )
An + Bn2 permet de reflter la puissance du
signal sur chaque frquence (parfois exprime en chelle logarithmique dcimale en dB). Une
autre reprsentation (appele priodogramme) est celle de la densit spectrale de puissance
66
2
N fe
( )
An2 + Bn2 , souvent exprime en chelle logathmique dcimale en dB/Hz (Fig. 57).
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
-40
4
-60
3
-80
2
-100
1 -120
0 -140
0 1 2 3 4 5 6 7 0 1 2 3 4 5 6 7
Frquence (Hz) Frquence (Hz)
FIGURE 56 FIGURE 57
Spectre damplitude de la rponse ambiante dun hauban Densit spectrale de puissance de la rponse ambiante
de pont. dun hauban de pont.
Pour amliorer la reprsentation spectrale, une alternative (si lon dispose de signaux assez longs)
consiste dcouper le signal en segments, de calculer le spectre de puissance sur chaque segment
puis den effectuer la moyenne pour fournir un spectre de puissance moyen (Fig. 58).
Puissance (dB/Hz)
-30
-40
-50
-60
-70
-80
0 1 2 3 4 5 6 7
Frquence (Hz)
FIGURE 58
Densit spectrale de puissance moyenne de la rponse
ambiante dun hauban de pont.
Le fait que le signal chantillonn ne soit pas de longueur infinie mais finie (on parle de troncature
temporelle) va se manifester dans le calcul de la transforme de Fourier discrte par un talement
spectral appel tranage (leakage en anglais). La rsolution frquentielle de lanalyse en est
dgrade : deux composantes de X (f ) distantes de moins de fe/N seront mlanges et insparables.
Cette troncature se traduit implicitement par la multiplication du signal de longueur infinie par
une fentre rectangulaire (boxcar en anglais) de valeur unitaire et de longueur finie (la dure de
lenregistrement). La figure 59 illustre cet effet de troncature temporelle pour un signal harmonique.
Leffet de tranage sera dautant plus important que le signal sera court. Cet effet de tranage se traduit
par lapparition de lobes (dits principaux ou secondaires). La largeur du lobe principal influencera la
rsolution en frquences ; plus ce lobe sera troit, meilleure sera la rsolution. Pour distinguer deux
frquences f1, f2, lchantillonnage doit notamment respecter la condition de rsolution :
67
(4.3)
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
-3 -80
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0 100 200 300 400 500
Temps (s) Frquence (Hz)
FIGURE 59
Densit spectrale de puissance dun signal court priodique bruit.
Cette condition est particulirement importante pour des ouvrages trs souples qui prsentent un
grand nombre de frquences dans une bande trs rduite (exemple du viaduc de Millau pour lequel
les deux premires frquences thoriques sont espaces de 0,03 Hz). Ces problmes de rsolution
et de fentrage peuvent concerner les phnomnes transitoires souvent trs brefs en dure. La
hauteur des lobes secondaires joue sur le phnomne mme de tranage ; plus cette hauteur sera
importante, plus le tranage sera marqu.
Pour corriger ces effets, il est courant dappliquer une fentre qui va supprimer les discontinuits du
dbut et de la fin de la fentre rectangulaire. De nombreuses fentres temporelles sont utilises :
fentres de Hamming, Hahn, Parzen, Kaiser [Lalanne,1999]. Les avantages de chacune des
fentres offertes aujourdhui par les analyseurs commerciaux de spectres et les outils informatiques
ont t largement discuts dans la littrature. Ces avantages sont essentiellement lis la nature du
signal. Il ne faut surtout pas oublier que le remplacement de la fentre rectangulaire par une autre
fentre plus lisse modifie le signal (attnuation des extrmits) et donc rduit la dure effective du
signal, modifiant la rsolution attendue. Enfin, la densit spectrale de puissance doit tre corrige
par un facteur de compensation pour corriger la diffrence de surface lie lintroduction de la
fentre.
En pratique, les signaux utiliss lors des investigations dynamiques sont suffisamment longs
pour permettre de bonnes analyses frquentielles. Il convient enfin de souligner que les spectres
calculs par priodogramme sont des estimateurs et non les spectres exacts. Dans cette estimation,
une erreur statistique est donc introduite et son analyse est essentielle. En particulier la densit
spectrale de puissance avec fentre rectangulaire est un spectre biais, cest--dire que la valeur
moyenne de lestimation nest pas gale au vrai spectre quel que soit la longueur du signal. De plus
sa variance ne se rduit pas avec la dure du signal, ce qui fait que lestimation du spectre nest pas
consistante ; elle reste proportionnelle au carr du spectre cherch. Une alternative, due Welch,
consiste dune part moyenner (comme dans le cas de la figure 58) et dautre part appliquer des
fentres de pondration. Cette approche ne rduit ni le biais ni la variance mais prsente lintrt
de rduire les lobes secondaires au dtriment de la rsolution. La recherche de rduction de la
variance conduit en effet rduire la rsolution. Une alternative cette technique consiste faire se
recouvrir les spectres moyenns ; il ny a plus dcorrlation entre spectres.
La valeur efficace du signal peut galement se dterminer partir de la densit spectrale de
puissance en liminant la composante continue :
(4.4)
68
o Px(f) est la densit spectrale du signal x(t).
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Dautres caractristiques utiles peuvent savrer trs utiles comme la densit spectrale de puissance
croise entre deux signaux ou la fonction de cohrence (Annexe A). La fonction de cohrence est
comprise entre 0 et 1 ; une valeur nulle indique que les deux signaux sont non corrls alors quune
valeur de 1 est caractristique dune corrlation parfaite. En gnral, la fonction de cohrence est
comprise entre ces deux valeurs en raison notamment de la prsence de bruit dans les mesures.
Cette fonction de cohrence est particulirement intressante pour vrifier que la structure se
comporte linairement vis--vis dune excitation dentre. En effet, si la fonction de transfert
(Annexe B) est linaire, la fonction de cohrence entre lentre du systme (excitation) et la sortie
(rponse) vaut 1. Toute valeur infrieure indiquera la prsence de non linarits ou que la rponse
est due dautres excitations que celle envisage.
x(t)
2,5
t
2
1 1,5
x(t) t
0,5
0
t
-40 -30 -20 -10 0 10 20 30 40
Acclration (mg)
FIGURE 60 FIGURE 61 69
Comptage des franchissements de niveau. Histogramme des dpassements de niveaux.
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
Pour les processus qui sont stationnaires gaussiens, la frquence moyenne des franchissements
+X ,a (nombre de franchissements par unit de temps) est alors donne par la formule de Rice :
(4.6)
1 X&
Le terme n0+ = est appele frquence moyenne, X& reprsentant le processus driv de X :
2 X
elle correspond la frquence laquelle lnergie est la plus concentre dans le spectre. Cette
frquence moyenne peut tre relie la densit spectrale de puissance par la relation :
(4.7)
Rappelons que 2X = xeff
2
= P (f ) df (eq.4.6 en supposant le signal centr). La connaissance de la
0
densit spectrale de puissance, et donc de la valeur efficace du signal et de la frquence moyenne,
permet de calculer la valeur moyenne du nombre de franchissements du niveau a sur la dure R :
a2 (4.8)
N X+ ,a = n0+ R exp 2
2 xeff
Le cas N X+ ,a = 1 fournit la plus forte valeur en moyenne du signal observe sur la priode R
(Fig. 62) :
(4.9)
a0/aeff
5
4,5
3,5
2,5
1,5
0,5
0
100 101 102 103 104 105
n0+ R
FIGURE 62
Valeur maximale en moyenne dun signal sur une priode donne.
La dure R peut sapprcier comme le temps moyen entre deux occurrences de la valeur a0. Ce
70 temps moyen est appele priode de retour et il est possible de dmontrer [Cremona, 2003] que la
probabilit de dpasser a0 sur une dure de rfrence T est p, cest--dire :
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
(4.10)
ce qui donne :
(4.11)
(4.12)
Les courbes de dpassements de niveaux sont utilises pour comparer la svrit de plusieurs
vibrations alatoires, pour valuer leur potentiel de dommage. Cette mthode se justifie si le signal
considr est une dformation (ou contrainte), une rserve prs que la relation entre le nombre
de pics et le nombre de dpassements de seuil nest pas immdiate. Dans le cas gnral, il est
prfrable de faire une analyse de comptage de cycles comme celle prsente dans le paragraphe
suivant. Ltude des dpassements de niveaux peut tre intressante dans ltude de confort ou de
risque dincursion du comportement dun lment de structure dans un domaine de comportement
non souhait (plastification).
des cycles dtendue de contrainte de type rainflow (ou mthode de la goutte deau),
modliser de manire probabiliste les distributions dtendues de contraintes.
Bien que les progrs en informatique permettent aujourdhui de mener des calculs complexes sur
de simples ordinateurs personnels, la premire approche requiert des temps de calcul qui peuvent
parfois tre importants. La seconde approche, moins coteuse et plus simple dutilisation, repose
cependant sur un certain nombre dhypothses quil convient de vrifier :
les processus de contraintes sont stationnaires gaussiens spectre troit,
le nombre de maxima locaux au dessus de la valeur moyenne du processus de contrainte est gal
au nombre de minima sous cette moyenne,
tous les extrema sont compts. Un maximum local est conjugu avec un minimum local et toutes
les interactions entre cycles sont ignores,
les maxima locaux au dessus de la moyenne du processus sont supposs endommageants.
La premire des hypothses est assure par le fait que le processus dexcitation est lui-mme
suppos gaussien et que le comportement structural est linaire. Cependant, en prsence de
non-linarits structurales, cette hypothse nest plus valable et un recours au calcul temporel
simpose clairement. La seconde et la troisime hypothses sadmettent assez aisment si
lhistorique de la rponse est suffisamment long. Enfin la dernire hypothse repose sur le fait
que les soudures (points chauds o lendommagement par fatigue est essentiellement valu)
sont le lieu de contraintes rsiduelles de traction importantes. Ces hypothses permettent
alors dcrire que la fonction densit des tendues de contrainte suit une loi de Rayleigh :
1 x 2
fX ( s ) = x exp
(4.13)
(2 X )
2 2 (2 )2
X
de contrainte donnes peut tre directement dtermin par lanalyse de lhistorique des contraintes.
Cet historique sobtient dans le cadre dun calcul temporel de la rponse. Cette analyse fournit un
histogramme, dit histogramme de comptage de cycles, qui donne ce nombre de cycles pour des
classes dtendue de contrainte prdfinies. Le calcul de cet histogramme seffectue au moyen de
mthodes dites mthodes de comptage de cycles, dont la plus connue est la mthode du rainflow
ou de la goutte deau. La figure 63 donne trois exemples courants dhistoriques de contrainte :
amplitude constante, processus stationnaire gaussien bande troite, processus stationnaire. Le
premier est le plus simple et le nombre de cycles est aisment identifi et les tendues de contrainte
sont les mmes pour tous les cycles. Dans le second cas, chaque dpassement du niveau moyen
correspond exactement un maximum local et un cycle est dfini comme lvolution du processus
de contrainte entre deux dpassements successifs du niveau moyen. Les tendues de contrainte
varient dun cycle lautre et suivent une loi de Rayleigh. Pour le troisime cas, les cycles et les
tendues de contrainte ne peuvent tre dtermins quen recourant des mthodes de comptage
de cycles.
FIGURE 63
Exemples dhistoriques de contrainte.
72 si son trajet doit lui faire franchir un minimum infrieur celui du dpart : le trajet sinterrompt alors
au maximum prcdent franchi.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
2. Sil sagit dun maximum : imaginons une goutte deau naissant lintrieur ( gauche) de ce
maximum, et faisons-la couler en suivant la pente descendante. Comme ci-dessus, son trajet naturel
est stopp dans deux cas :
si son trajet dbouche sur un autre trajet dj emprunt par une goutte antrieure,
si son trajet doit lui faire franchir un maximum suprieur celui du dpart : le trajet sinterrompt
alors au minimum prcdent franchi.
Chaque fois quun trajet est stopp, on comptabilise un demi-cycle en lui associant ltendue la plus
grande du trajet, cest--dire la diffrence entre le plus grand pic et la plus faible valle le long du
trajet.
La norme A03-406 [A03-406] prsente une mise en uvre diffrente mais aise de cette mthode
de comptage.
Une comparaison entre mthodes montre que la mthode du rainflow fournit les meilleurs rsultats ;
ceci explique pourquoi elle est couramment utilise. Elle est la seule mthode qui permet didentifier
les cycles lents et les cycles rapides. La mthode de comptage des pics surestime en gnral
les probabilits doccurrence des grandes tendues de contrainte tandis que la mthode de
comptage des tendues favorisera le comptage des petites tendues et donc leur assignera des
probabilits doccurrence plus grandes. En comparaison avec la mthode du rainflow, le comptage
des pics conduit une surestimation de lendommagement ; la mthode de comptage des tendues
tend par contre le sous-estimer. Il convient enfin de signaler quil est trs difficile dobtenir des
rsultats analytiques concernant la distribution statistique des tendues de contrainte issues dune
identification par la mthode du rainflow. Cette mthode est donc essentiellement utilise pour
dterminer les cycles et les tendues de contrainte de signaux exprimentaux ou numriques. Les
cycles identifis sont le plus souvent reprsents sous forme dhistogrammes (Fig. 65).
Contrainte
Temps
FIGURE 64 FIGURE 65
Principe de la mthode de la goutte deau. Histogrammes du rainfflow sur plusieurs jours en un point de
mesure.
Le critre de dommage par fatigue le plus utilis sous chargement damplitude variable est la rgle
de Palmgren-Miner :
T
m
n (sk ) T
E DTe (T ) =
Te N (s
k =1 k )
= DT
Te e
(4.14) 73
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
o n(sk) est le nombre de cycles subis sur la dure de mesure Te. Le nombre de cycles la rupture
(Ns) est habituellement fourni par les courbes de Whler. Ces courbes, qui diffrent suivant
lassemblage ou dtail, sont en ralit des courbes de fractiles 95 % : le nombre de cycles
la rupture donn correspond donc un nombre de cycles ayant une probabilit de 95 % dtre
dpass. Il sagit donc en quelque sorte dune sous valuation du nombre de cycles la rupture.
Classiquement, ces courbes sont dfinies par trois segments de droite :
N ( s ) = C S 3 S 3 C3 5 106
3
5 (4.15)
N ( s ) = C5 S
3C
3 5 106 S 5 C5 108
N ( s ) = 5C
5 108 S
4.2.1. Spectrogramme
Lune des premires ides est de considrer le signal comme stationnaire localement, dans une
fentre danalyse de dure approprie. La transforme de Fourier est applique pour chacune de
ces tranches du signal (en y appliquant une fentre pour limiter leffet de tranage). Ces tranches
fournissent des densits spectrales de puissance indexes par le temps utilis pour la datation
des tranches temporelles. Cette dcomposition temps-frquence sappelle un spectrogramme : en
thorie cest une surface indexe par le temps et la frquence, en pratique le spectrogramme est
reprsente en deux dimensions, la valeur des densits spectrales tant donne par un jeu de
couleur (Fig. 66).
La figure 66 reprsente le spectrogramme de la rponse acclromtrique dun pont rail. Plus la
couleur est sombre, plus lnergie est importante. Les zones noires indiquent donc la prsence des
frquences propres de la structure. Le train passe sur louvrage linstant t = 1 s ; avant cet instant,
le spectrogramme ne met en vidence aucune frquence dominante. Lors du passage du train
jusqu sa sortie, dans la bande de frquence 0-40 Hz, trois frquences sont identifiables (autour
de 4, 6 et 35 Hz). La mdiocre rsolution ne permet pas den avoir une meilleure estimation, mais
il est intressant de constater que les frquences 4 et 35 Hz disparaissent ds lors que le train
74 sort de louvrage. Les causes de cette disparition sont diffrentes ; la frquence 4 Hz correspond
lexcitation induite par les bogies sur louvrage (excitation priodique) tandis que la frquence
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
FIGURE 66
Spectogramme du passage dun TGV sur un pont-rail.
Cette reprsentation considre implicitement quun signal non-stationnaire peut tre vu comme
une succession de signaux quasi-stationnaires lchelle de la fentre danalyse. La rsolution
temporelle est alors fixe par la longueur de la fentre, la rsolution frquentielle ltant par la
largeur de la transforme de Fourier. Ces deux largeurs sont antagonistes : pour un signal fortement
non-stationnaire, la rsolution temporelle sera requise au dtriment de la rsolution frquentielle.
Inversement, si une analyse frquentielle fine est ncessaire, une fentre temporelle longue doit
tre utilise, rduisant de fait la rsolution temporelle. La transforme de Fourier ne permet donc
pas deffectuer une analyse locale en temps et prcise en frquence.
4.2.2. Ondelettes
Lanalyse en ondelettes a t dveloppe pour palier aux limites de la transforme de Fourier. Elle
adopte pour cela une fentre de dure moyenne variable (troite aux hautes frquences, large aux
basses frquences) en fonction de la zone spectrale analyser.
Londelette est la vibration la plus courte envisageable dans une plage de frquences donnes, ce
qui la rend trs concentre en temps ou en frquence. Lide de base est de dcomposer un signal
sur une famille de fonctions translates et dilates partir dune fonction mre appele ondelette.
Plusieurs ondelettes sont disponibles (Meyer, Morlet, Haar, Gauss), la famille scrivant :
1 t (4.17)
a a
+ 1 t
(4.18)
T (t , a ) = x ( ) d
75
a a
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
t est une variable de translation (temps) et a est une variable dchelle. Cette variable dchelle
peut tre relie une pseudo-frquence qui dpend de londelette utilise et de la frquence
dchantillonnage :
f
fa = c fe (4.19)
a
fc est la frquence centrale de londelette retenue. Ainsi, pour londelette de Gauss dordre 4, la
frquence centrale vaut 0,5 Hz. Lide derrire cette frquence centrale est dassocier un signal
purement harmonique une ondelette (Fig. 67).
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
-0,2
-0,4
-0,6
-0,8
-1
-5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
t
Ondelette de Gauss d'ordre 4
Signal priodique de pseudo-priode 0,5 Hz
FIGURE 67
Ondelette de Gauss dordre 4 et pseudo-frquence centre.
x 10-3
0,5
0 2,5
-0,5
chelle a
781
721
661 1,5
601
541
481
421
1
361
301
241
181
121 0,5
61
1
0,5 1 1,5 2 2,5
Temps (s) x 104
76 FIGURE 68
Scalogramme du passage dun TGV sur un pont-rail.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Ltape (r) est relative lexploitation des donnes, cest--dire la phase danalyse modale
exprimentale.
La figure 69 illustre ces cinq niveaux essentiels sur des essais raliss sur un ouvrage de ligne TGV.
Le premier niveau est le choix de la source dexcitation (point n, ici le passage dun TGV comme
source dexcitation). Le second niveau est dordre mtrologique et concerne le choix des capteurs
(point o, capteur acclromtrique et capteur de dplacement). Le troisime niveau prcise le
plan dinstrumentation (point p, nombre de capteurs et positionnement) tandis que le quatrime
niveau dtaille lacquisition des donnes (point q, enregistrement de la rponse temporelle ou
frquentielle). Enfin, le dernier niveau a pour objectif lidentification modale elle-mme : il sagit de
dterminer les modes propres exprimentaux de la structure (point r, dforme modale des modes
2 et 3).
Les caractristiques modales (frquences propres fk, coefficients damortissement k, dformes
propres k) reprsentent une forme de compression de donnes. Les proprits modales sont
estimes exprimentalement partir de signaux temporels. Ces signaux sont rarement utilisables
en ltat et ce volume de donnes est rduit un certain nombre de frquences, de coefficients
damortissement et de dformes propres. titre dexemple, un signal comportant 1024 valeurs, avec
100 points de mesure sur une structure constituera 102400 mesures. Ces 102400 valeurs mesures
peuvent se rduire 20 modes composs dune frquence, dun coefficient damortissement et
de 100 amplitudes modales, soient 2040 valeurs. Ainsi, le processus didentification modale est
donc un filtre et des informations essentielles sur ltat dune structure peuvent tre perdues. Il est
donc ncessaire de garder cet aspect lorsquon ralise une valuation dynamique base sur une 77
caractrisation modale.
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
78 FIGURE 69
Analyse modale exprimentale et identification modale (r).
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Un deuxime facteur suscitant quelques confusions rside dans le fait quun endommagement ou
une dgradation est un phnomne local. Les phnomnes locaux sont capturs par les frquences
leves tandis que les basses frquences tendent caractriser le comportement global de louvrage
et seront donc moins sensibles des modifications locales du comportement de la structure. La
faible sensibilit des basses frquences pour des rductions de rigidit de moins de 10 % est trs
souvent nonce. De plus, dun point de vue exprimental, il sera plus difficile si ce nest pas
impossible dexciter de hautes frquences causes des niveaux dnergie mettre en uvre.
La Transforme de Fourier Rapide (Fast Fourier Transform - FFT) constitue lalgorithme de base de
lestimation des fonctions de transfert dans les systmes modernes dacquisition. Son dveloppement
a rvolutionn le traitement du signal en facilitant le remplacement de filtres analogiques par des
filtres numriques robustes et rapides. Lanalyse frquentielle permet ainsi de rapidement gnrer
des densits spectrales et des fonctions de transfert. Ces fonctions sont alors utilises pour extraire
les paramtres modaux du systme. La FFT repose cependant sur des hypothses concernant les
squences de mesures. Ces hypothses peuvent cependant se ramener une des deux situations
suivantes :
le signal doit tre un transitoire sur la priode dobservation,
Si lune de ces conditions nest pas rencontre dans lhistorique du signal mesur, le spectre
rsultant pourra tre entach derreurs. Si lon compare ce qui tait disponible il y a seulement
une dizaine dannes, dnormes quantits dinformation peuvent aujourdhui tre traites pour
faciliter les analyses modales exprimentales et dans certains cas tudier certaines non linarits
structurales ou certains signaux particuliers.
Un problme important en dynamique des structures rside donc dans la dtermination prcise des
paramtres qui caractrisent les modes principaux dune structure. Ces paramtres (frquences
propres, dcrments logarithmiques, modes propres) sont alors des inconnus : leur connaissance
permet la validation et lamlioration du modle de comportement dynamique de la structure,
danalyser une partie de cette dernire qui peut tre difficile de modliser analytiquement. De ce fait,
lidentification modale signifie lestimation de ces caractristiques partir des mesures des signaux
dexcitation et de rponse. Une telle dtermination rend possible la prdiction du comportement de la
structure dans toutes les situations. Ceci est particulirement le cas des structures comportement
linaire puisquil est possible de dduire la totalit des rponses pour tout type dexcitation partir
de la connaissance de la rponse des excitations particulires synthtises dans la matrice de
transfert du modle.
Durant ces dix dernires annes, de nombreuses tudes ont port sur le dveloppement de
mthodes didentification temporelle sans connaissance de lexcitation, ce qui est particulirement
bienvenu lors dessais sous excitation ambiante.
Les techniques classiques didentification cherchent dterminer les matrices de transfert du
systme, ce qui oblige travailler en rgime frquentiel. Des techniques de minimisation de type
moindres carrs sont alors utilises pour estimer les paramtres des fonctions de transfert. Les
rponses impulsionnelles sont ensuite estimes par dconvolution afin de disposer dun modle
temporel caractre prdictif. Cependant, les procdures de dconvolution sont trs sensibles
aux bruits de mesure et conduisent des oscillations numriques. De plus les signaux ne sont
pas connus de faon continue et pour des structures en service, les signaux dentre sont parfois
totalement inconnus et les paramtres modaux peuvent galement subir des modifications. Pour
ces diverses raisons, le recours des techniques didentification en rgime temporel est aujourdhui
de plus en plus courant. Les techniques classiques didentification en rgime temporel utilises
en gnie civil sont des techniques utilisant souvent des rponses impulsionnelles. Ceci simplifie
le dveloppement numrique des routines didentification, mais reste galement trs sensible aux
bruits de mesure. Le recours des mesures de rponse en rgime forc est plus dlicat de mise en
uvre, mais prsente lavantage dassurer une excitation permanente, destimer plus correctement
lensemble des modes pertinents, et dans le cas dexcitation ambiante, de placer la structure dans
son environnement de service. Pour des essais en laboratoire, le contrle des entres et le choix
des classes de ces dernires peuvent tre correctement organiss. Pour une structure en service,
lexcitation nest pas forcment connue, ou mme mesurable. Il est donc ncessaire de disposer de
techniques se limitant la seule connaissance et mesure de la rponse. Cest ainsi quun ensemble 79
de mthodes ont t dveloppes ces dernires annes pour rpondre cet enjeu. Tout un ventail
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
Les mthodes didentification permettent daccder aux solutions propres du systme dissipatif et
de l au systme conservatif associ. Il est rare que cette analyse soit une fin en soi.
(4.20)
La relation entre modes propres complexes et rels est moins vidente et nest simple que pour des
structures amortissement proportionnel (cest--dire pour lequel lamortissement est proportionnel
la masse et la raideur du systme). Il est en effet possible de montrer que :
(4.21)
Cette expression reste valide si la matrice damortissement gnralise est diagonale : les parties
relles et imaginaires du vecteur propre complexe ont mme amplitude et sont de signes opposs.
partie relle qui sannule (ou est damplitude trs faible) pour une composante k ,l 2 i (2 fk ) ,
il faut incriminer un problme de signe de la mesure ; il convient alors de prendre en compte un
retournement de signe dans le calcul.
Pour une matrice damortissement gnralise pleine, la relation (4.21) nest plus vrifie, mais le
reste approximativement en prsence de modes dcoupls, cest--dire distants dau moins trois
fois la largeur de bande (rsolution) frquentielle.
(4.22)
Un modle aux lments finis (lorsque disponible !) tant de dimension plus importante que le
nombre de points de mesure (cest--dire que la dimension des modes propres exprimentaux), la
matrice de masse utiliser est une matrice de masse rduite.
Si la condition (4.22) nest pas vrifie, trois raisons peuvent lexpliquer :
la prsence derreurs de mesure ou dapplication de la technique didentification,
Le coefficient MAC (Modal Assurance Criterion) procure galement une mthode pour dterminer
le degr de corrlation entre deux sries de mesure ralises sur un mme ouvrage. En gnral,
deux modes propres identifis sous des conditions dexcitation diffrentes prsenteront une partie
corrle et une partie non corrle lie une contamination due au bruit de mesure ou aux autres
modes. Le coefficient MAC cherche apprcier si deux modes donns sont corrls entre eux.
Supposons que A et B soient deux modes propres identifis par deux investigations dynamiques
menes sur le mme ouvrage. Le coefficient de MAC est alors dfini pour les dformes propres
par :
(4.23)
FIGURE 70 81
Coefficients MAC entre les quatre premiers modes dun ouvrage.
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
Une extension du coefficient MAC existe ; il sagit du coefficient COMAC (Coordinate Modal
Assurance Criterion). Ce coefficient cherche identifier le degr de libert (composante du mode)
qui contribue rduire la valeur du MAC entre A et B :
(4.24)
Lune des approches les plus intuitives consiste utiliser les coefficients MAC et COMAC pour
identifier des modifications structurales. Les modes sont compars deux deux, A et B
reprsentant respectivement le mode de rfrence et le mode propre modifi (par endommagement
ou rparation).
Une autre faon dutiliser les dformes propres pour obtenir des informations sur la source des
changements vibratoires est dtudier leurs drives. Il y a en effet une relation directe entre la
courbure des dformes propres et les dformations de flexion. Lexistence dun endommagement
dans une structure diminue la rigidit El de la partie fissure. Considrons une section de la poutre
dabscisse x soumise au moment de flexion M(x). La courbure, (x), en ce point, scrit :
M (x) (4.25)
( x ) =
EI
o E est le module dlasticit et l le moment dinertie de la section. La diminution de El mne
laugmentation de la courbure dans la section. Comme les changements de courbure sont
locaux et quils dpendent du taux de rduction de la rigidit El, le changement de courbure peut
tre utilis pour la dtection et la localisation des endommagements. La diffrence absolue de
la courbure de dformes propres de rfrence et teste dans la rgion de modification doit tre
maximale (Fig. 71c). Plus la rduction de la rigidit en flexion est grande (correspondant ainsi un
endommagement), plus le changement de courbure sera grand. Dans le cas o plusieurs modes
propres sont utiliss, les valeurs absolues du changement de courbure lie chaque mode peuvent
tre additionnes pour fournir un paramtre unique.
cf (x 10-4)
4
a - Courbure de flexibilit
a.
2
0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance (m)
f (x 10-3)
2
b - Flexibilit
b.
1
0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance (m)
Cdp (x 10-4)
4
c - Courbure de dforme propre
c. 2
0
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Distance (m)
FIGURE 71
Exemples de mthodes de dtection dendommagement sur une poutre VIPP de Merlebach.
Le changement absolu de la courbure des modes propres peut tre un bon indicateur
dendommagement pour un modle aux lments finis. En utilisant un schma aux diffrences
centres, les valeurs de la courbure en des points distants de la rsolution spatiale h peuvent tre
calcules partir des dformes propres :
(4.26) 83
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
Il convient cependant dtre prudent sur la dtermination des courbures. Le calcul de la courbure
obtenu par des dformes propres peut aboutir des erreurs inacceptables. Sazonov et Klinkhachorn
ont eu lide de conserver cette approche numrique mais se sont focaliss sur les effets de la
discrtisation spatiale (n = 1/h). En effet, lintervalle dchantillonnage est souvent choisi de faon
intuitive. Le nombre de capteurs nest pas rellement justifi ; seule une prcision suffisante est
recherche dans lacquisition des dformes propres. Par ailleurs, lide premire serait de croire
quen matire de dtection de dommages, une meilleure discrtisation devrait conduire de
meilleurs rsultats. Sazonov et Klinkhachorn contredisent ce principe. Ils indiquent que sil savre
vident pour lacquisition des dformes, ce principe ne peut tre tendu automatiquement aux
courbures. Ils mettent ainsi en vidence un intervalle optimal dchantillonnage h0 (Chapitre 3).
Une autre classe des mthodes de dtection de modification structurale pour estimer les
changements du comportement de la structure utilise la matrice de flexibilit. La mthode de
flexibilit nexige pas un modle analytique de la structure et seules quelques frquences propres
et modes propres (situation de rfrence et situation teste) sont ncessaires. Lexpression de la
matrice de rigidit et de flexibilit scrit :
n
K = M M = M
t
i2 i t i M (4.27)
i =1
n
1 t 1
F = = i t i (4.28)
i2
i =1
= [1, 2 ,..., n ] est la matrice des dformes propres, i tant le ime mode de vibration.
= [ 2i ] est la matrice diagonale des rigidits modales, i tant la ime pulsation propre. F est la
matrice de flexibilit.
La formulation de la matrice de flexibilit par cette mthode est approximative, car seulement un
petit nombre de modes (typiquement les modes de basses frquences) est mesur. Les pulsations
et les dformes propres peuvent sobtenir par calcul ou par mesure. En considrant lexpression
(4.28) on constate quavec laugmentation de la pulsation, la contribution modale sur la matrice de
flexibilit diminue, cest--dire quen augmentant le nombre de frquences, la matrice de flexibilit
converge rapidement. Avec seulement quelques frquences identifies, une assez bonne estimation
de la matrice de flexibilit peut tre obtenue (Fig. 71b).
La prsence dendommagements diminue la rigidit de la structure. Comme la flexibilit est linverse
de la rigidit, la rduction de rigidit doit augmenter la flexibilit de la structure. Le changement de
flexibilit peut donc tre utilis pour dtecter et localiser un endommagement (mthodes de niveau 1
et 2). Ainsi, si on enregistre des paramtres modaux partir de deux sries de mesure, lune pour la
structure non endommage et lautre pour la structure endommage, en utilisant lexpression (4.28),
la matrice de flexibilit F peut tre calcule dans les deux cas. Chaque colonne de la matrice de
flexibilit reprsente lensemble des dplacements nodaux dune force unitaire applique chaque
degr de libert. partir de ces matrices, on obtient la matrice de changement de flexibilit :
(4.29)
= F* F
dans laquelle F et F* sont respectivement des matrices de flexibilit avant et aprs endommagement.
Pour chaque degr de libert j (ou nombre de modes), en choisissant la valeur maximale de chaque
colonne de , on obtient :
j = max ij (4.30)
= Fi * Fi (4.33)
i =1
1 2 y (4.34)
U= EI ( x ) 2 dx
2 0 x
1 2i ( x ) 1 2i ( x )
Ui = EI ( x ) dx ; Uij = EI j ( x ) dx (4.35)
2 0 x 2
2 aj x
2
o El(x) et Elj(x) sont respectivement les rigidits en flexion de la poutre et de llment, aj et a tant
j+1
lnergie de dformation totale de la poutre, pour un mode propre donn, la fraction dnergie de
dformation Fij scrit : (4.36)
F ij = Uij / Ui
Des expressions identiques peuvent scrire pour le cas que lon veut comparer la situation de
rfrence prcdente. Il est alors possible de dmontrer [Cremona, 2004] :
(4.37i)
(4.37ii)
2
2 i
car El est continue et 2
est non ngative et intgrable. El est la rigidit moyenne le long de
x
la poutre de rfrence (de mme pour El*, rigidit moyenne le long de la poutre tester). Dans le
cas de faibles modifications structurales, la fraction dnergie F*ij et la rigidit moyenne El*, sont du
mme ordre que celles du cas de rfrence :
(4.38)
(4.39) 85
CHAPITRE 4 PRINCIPES DANALYSE DES ESSAIS VIBRATOIRES
j est lindicateur de modification structurale de llment j (Fig. 72a). Pour avoir des valeurs plus
reprsentatives et tre capable de les comparer, cet indicateur dendommagement est gnralement
normalis (Fig. 72b) :
(4.41)
4
a - Indicateur non normalis
2
-2
-4
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Position (m)
b. Indicateur normalis
z
2
b - Indicateur normalis
1
-1
-2
-5 0 5 10 15 20 25 30 35
Position (m)
FIGURE 72
Mthode de changement dnergie de dformation (poudre du VIPP de Merlebach).
Si lon synthtise les figures 71 et 72, deux lieux principaux dendommagement sont dtects : mi-
porte et au premier quart de trave. Ces deux cas correspondent la prsence de fissures sur la
poutre. On notera cependant la prsence de modifications dtectes par la mthode de changement
dnergie de dformation proches des premires zones, de signes opposes. La valeur positive de
lindicateur normalis z correspond une perte de rigidit, alors quune valeur ngative indique une
augmentation.
Les localisations de modifications structurales par les mthodes construites sur les modes propres
86 sont de faible rsolution spatiale ; elles permettent cependant dapprcier de manire suffisamment
prcise les zones aux forts gradients de changement de comportement mcanique.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Lindicateur normalis z doit tre compar un seuil de dtection zs ; les valeurs zj (j reprsentant un
lment) dpassant ce seuil de dtection correspondent alors des lieux de modification structurale.
Le choix de ce seuil est donc primordial pour correctement identifier les modifications structurales.
Choisi trop faible, des endommagements fantmes (fausses alarmes) seront dtects ; trop lev,
la non dtection est craindre. Pour un seuil de 2, la probabilit de fausse alarme sera de 2 %
environ. titre dexemple, si nous revenons la figure 72, seul lendommagement mi-porte sera
accept. Lautre cas sera rejet. Alvandi et Cremona (2006) ont propos danalyser ce seuil au
travers de simulations numriques et dune analyse statistique des probabilits de dtection et de
fausse alarme. Leur analyse conduit retenir un seuil de 1,5, ce qui correspond une probabilit de
dtection de 95 %.
87
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
5. Mises en uvre
pratiques
Le type dinvestigations dynamiques dpend fortement des objectifs recherchs (Fig. 2). Le
Chapitre 2 a montr que, selon ces objectifs, plusieurs types dinvestigations et dvaluations (ou
danalyses) dynamiques taient possibles. Ce chapitre fournit quelques exemples dapplications
les plus classiquement rencontres dans la ralisation dinvestigations dynamiques. Il convient
cependant dinsister sur la diversit des moyens mtrologiques disposition qui rend ltablissement
de rgles difficiles ; ces derniers doivent cependant tre conditionns par le type dinvestigation
dynamique retenu et par la nature des analyses raliser.
Le tableau VII tente de dresser quelques principes de base pour chaque type dinvestigations ;
il nest pas exhaustif et certains cas dtude peuvent mler plusieurs cas de base ou prsenter
des particularits. Nanmoins, ce tableau couvre la plupart des applications quun ingnieur pourra
rencontrer. Les exemples en fournissent une illustration.
90
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
91
CHAPITRE 5 MISES EN UVRE PRATIQUES
92
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
93
CHAPITRE 5 MISES EN UVRE PRATIQUES
94
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
95
CHAPITRE 5 MISES EN UVRE PRATIQUES
96
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
97
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
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100
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Annexe A
lments danalyse
Annexe A
vibratoire
y1(t)
5
-5
0 1 2 3 4 5 6 7
y2(t) t
5
-5
0 1 2 3 4 5 6 7
y3(t) t
5
-5
0 1 t0 2 3 4 5 6 7
t
FIGURE 73
Historiques de ralisations dun processus.
101
ANNEXE A LMENTS DANALYSE VIBRATOIRE
que le coefficient de corrlation entre deux variables Y (t) et Y (t + ) est seulement dpendant
du dcalage de temps .
Si Y (t) est un processus stationnaire dordre 2, il est dit ergodique sil vrifie les conditions
suivantes :
(A.1i)
(A.1ii)
Cette proprit est importante, car elle permet destimer les covariances et les esprances
mathmatiques en fonction de la seule connaissance dun historique de ralisation. Lergodicit
signifie donc que, pour un processus stationnaire, un historique, srie de ralisations n instants
diffrents, peut tre considre comme un n-chantillon dune variable Y (t) un instant t fix.
(A.2i)
(A.2ii)
(A.3)
102 (1) Sil y a seulement invariance des lois et des lois conjointes pour p = 2, le processus est dit stationnaire dordre 2. Ces conditions sont souvent
suffisantes dans la plupart des applications pour noncer lhypothse de stationnarit dun processus.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Due lhypothse de stationnarit, RYZ () ne dpend pas du temps t. Ainsi, si le temps t est remplac
par t - , il vient :
(A.4)
Si le processus Y (t) est utilis la place de Z (t), la fonction dinter-corrlation devient la fonction
dauto-corrlation :
(A.5)
Si = 0, une comparaison rapide entre les quations (A.4) et (A.5) permet de montrer :
(A.6)
(A.7)
Une autre fonction est souvent utilise ; il sagit de la fonction dinter-correlation rduite dfinie par :
(A.8i)
Lorsque Z (t) = Y (t), la fonction YY () se dnomme fonction auto-corrlation. Elle vrifie les
conditions :
- 1 YY () 1 ; YY (0) = 1 (A.8ii)
(A.9)
Comme la valeur moyenne dune intgrale est lintgrale de la valeur moyenne, lquation
(A.9) procure :
(A.10)
cest--dire E Y& (t ) = 0 .
De manire analogue, la drive dune moyenne tant la moyenne de la drive, il vient :
(A.11)
Comme la fonction de covariance est paire, sa drive en 0 est nulle, ce qui donne 0 = RYY& (0 ) . 103
Ce rsultat montre quun processus stationnaire est non corrl avec sa drive. En drivant une
ANNEXE A LMENTS DANALYSE VIBRATOIRE
seconde fois lquation (A.11), aprs avoir remplac le temps t par le temps t - (grce lhypothse
de stationnarit), et en utilisant lquation (A.10), il vient :
(A.12)
(A.13)
(A.14)
Pour = 0, il vient :
(A.16)
La densit spectrale de puissance est cependant parfois source de confusion. En effet, lquation
(A.14) exprime la densit en termes de pulsation , + . On parle dans ce cas de densit
spectrale de puissance deux branches. Une autre formulation cohabite cependant avec cette
dernire : la densit spectrale une branche exprime en frquence f = 2 . Pour viter ces
difficults, il convient de revenir lquation (A.14). La densit spectrale de puissance est une
fonction paire par dfinition, ce qui permet dcrire :
(A.17)
(A.18)
WYY (f) est la densit spectrale une branche exprime en frquence. Elle est relie la densit
spectrale deux branches exprime en pulsation par lexpression WYY (f ) = 4 SYY () .
Dans la plupart des cas comme dans le cas des fluctuations du vent , cest la densit WYY (f) qui
est utilise et abusivement note SYY (f) .
forme un transitoire amorti, et que la densit spectrale dun bruit blanc est constante sur lensemble
des frquences.
FIGURE 74
Exemples de signaux, de fonctions dautocorrlations et de densits spectrales.
(A.19)
(A.20)
Y (t)
y
FIGURE 75
Processus stochastique et dpassement
dun niveau.
Comme les processus Y (t) et sont pris aux mmes instants, ils sont statistiquement indpendants,
et donc :
(A.22)
puisque la densit conjointe entre les processus Y (t) et Y& (t ) scrit : fYY& ( y , y& ) = fY& ( y& ) fY ( y ) .
Si le processus Y (t) est stationnaire gaussien (cest--dire stationnaire et suivant une loi normale),
est galement gaussien avec pour moyenne E Y& = 0 daprs lquation (A.10). La fonction densit
de Y& (t ) sobtient donc par :
(A.23)
En introduisant cette quation dans lquation (A.22), le nombre moyen de (y) dpassements
devient :
(A.24)
106
(A.26)
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
(A.27)
Lappellation priode de retour est consacre par lusage. Elle est cependant trompeuse, car elle
laisse penser que les occurrences de lvnement A de priode de retour R, se succdent avec une
priodicit R. Lexpression signifie quune priode de retour dcennale (10 ans) correspond une
probabilit de dpassement de 0,1 sur 1 an pour une valeur y (cest--dire FY (y) = 1 - 0,01 = 0,90).
Mais pour une priode de retour cinquentennale (50 ans), la probabilit de dpassement sur 1 an
de cette valeur est 1 - FY (y) = 1 - 0,98 = 2 %.
Soit T la dure de fonctionnement ou dusage de la structure. Considrons que cette dure soit un
multiple de la dure de rfrence : T = n . La probabilit que la valeur x soit dpasse durant les
n priodes de rfrence est donc donne par :
(A.28)
(A.29)
si la probabilit est faible. Nous avons montr quune probabilit de dpassement de 1 % sur 1 an
quivaut une priode de retour de 100 ans. Mais la probabilit de dpassement sur 100 ans de
cette valeur est par contre de 1 - FY (y)100 = 1 - 0,99100 0,634.
(A.30)
X&
avec 0+ = .
2
Si Rt (x) est la priode de retour de la valeur x, le nombre moyen de dpassements (x) sur la
priode Rt (x) est donc par dfinition (x) Rt (x) = 1. Daprs lquation (A.29), ceci conduit crire :
(A.31)
Lquation (A.32) exprime trs clairement que la valeur du facteur de pointe x a une probabilit
dtre dpasse sur la priode T. La drive de cette expression fournit donc la fonction densit des
maxima des facteurs de pointe sur T :
(A.33)
107
ANNEXE A LMENTS DANALYSE VIBRATOIRE
x2
avec = 0+ T exp
2
. La valeur moyenne du facteur de pointe maximal sur T, ainsi que lcart-
type, sont donns par les expressions :
(A.34)
( )
Or x = 2ln 0+ T 2ln() , ce qui se dveloppe en srie de la manire suivante :
(A.36)
(A.37)
+
car
0
ln exp ( )d = ( 0,5772 constante dEuler) [Spiegel, 1986]. Lcart-type du facteur
de pointe maximal sobtient de faon identique :
(A.38)
+ 2
car 0
(ln )2 exp ( )d = 6
+ 2 . Les expressions (A.37) et (A.38) sont dues Davenport
[Davenport, 1961].
108
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
(A.39)
avec :
(A.40)
(A.41)
109
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Annexe B
Concepts
Annexe B
en analyse modale
exprimentale
(B.1)
qui se rcrit :
(B.2)
c m
u (t)
x (t)
FIGURE 76
Schma dun oscillateur linaire
avec amortissement visqueux.
En insrant lquation (B.3) dans lquation (B.2) et en divisant par A exp(t), nous obtenons
lquation caractristique :
2 + 2 0 + 02 = 0 (B.4)
( ) (
x (t ) = A1 exp + 2 1 0 t + A2 exp 2 1 0 t
) (B.6)
Suivant la valeur du coefficient damortissement (et des conditions initiales x (t = 0), x& (t = 0) , divers
comportements dynamiques peuvent apparatre. Si < 0 , loscillateur est dit instable, car un des
termes de lquation (B.6) est divergent. Si < 0 , loscillateur est dit non amorti : le mouvement
est alors priodique avec pour priode T0 = 2 / 0 . Si 0 < < 1 , loscillateur est dit sous-amorti : le
mouvement est toujours priodique. La solution de (B.2) peut tre mise sous la forme :
(B.7)
avec d = 1 0 . A et dpendent des conditions initiales. Le cas = 1 est connu sous le terme
2
1,5
0,5
-0,5
-1
-1,5
-2
0 0,5 1 1,5 2
Temps (s)
FIGURE 77
Allure des oscillations libres suivant dun oscillateur simple.
(B.8)
112
(2) Le coefficient damortissement est ainsi dnomm amortissement au critique par rfrence la valeur 1.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
avec T = t 2 t1 = 2 / d . Vu la forme exponentielle de cette quation, il est intuitif den prendre son
logarithme, ce qui donne :
(B.9)
est connu sous le terme de dcrment logarithmique. Ainsi, pour dterminer la quantit
damortissement dun oscillateur, il suffit de mesurer deux dplacements conscutifs spars par
un cycle et de calculer le dcrment logarithmique. Le coefficient damortissement sobtient alors
aisment par :
(B.10)
Dans le cas o lamortissement est trs faible, lquation (B.10) peut sapprocher par :
(B.11)
y (t)
1
0,8
0,6
0,4
0,2
0
-0,2
-0,4
-0,6
-0,8
-1
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Temps (s)
FIGURE 78
Signification physique du dcrment logarithmique.
Pour rsoudre lquation (B.1) avec pour second membre (B.12), il est intressant de travailler en
notation complexe, ce qui revient tudier :
(B.13)
On recherche alors une solution de la forme x (t) = X(i)exp(it), ce qui se traduit par :
(B.14)
113
do :
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE
(B.15)
(B.16)
ce qui conduit :
(B.16i-ii)
8 3,5
7
3
6
2,5
5
2
1,5
3
1
2
0,5
1
0 0
0 2 4 6 0 2 4 6
114 FIGURE 79
Amplitude et dphasage de la rponse dun oscillateur sous excitation harmonique.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
(B.17)
Ceci montre que le maximum nest pas atteint la pulsation propre du systme, mais une pulsation
infrieure 0, suivant la valeur du coefficient damortissement. Si > 1/ 2 , il ny a dailleurs plus
de maximum. Si = 0, il y a discontinuit de lamplitude (elle devient infinie) = 0 . La figure 79
donne quelques allures de lamplitude et du dphasage en fonction du coefficient damortissement.
Lamplitude maximale est donne par lexpression :
(B.18)
(B.19)
(B.20)
(B.21)
En transposant lquation (B.1) dans le domaine de Laplace, lexpression de rponse peut tre
tire :
(B.22)
cest--dire :
(B.23)
Le terme
(B.24)
est appele de loscillateur. Les transformes de Laplace inverse des diffrents termes de lquation
(B.24) sont : 115
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE
(B.25)
(B.26)
(B.27)
(B.28)
Dans le domaine frquentiel, la fonction de rponse est donne par lexpression (B.27). Le
dnominateur de cette quation est un polynme du second degr en f. Ce polynme est
coefficients rels et admet pour racines les ples complexes et . Ceci permet donc dcrire :
(B.29)
Notons que la fonction de rponse frquentielle est une fonction complexe dune variable relle f.
Il est souvent opportun de dcomposer la fonction de rponse H (f) en une somme de fractions
rationnelles lmentaires introduisant les rsidus A et A :
(B.30)
(B.31)
De faon analogue la fonction de transfert frquentielle, la fonction de transfert H (s) peut tre
dcompose en une somme de fractions partielles exhibant les ples de loscillateur.
(B.32)
une solution particulire sous la forme q (t) = z (t) est recherche. est un vecteur indpendant
du temps qui constitue un facteur dchelle de la rponse z (t). En substituant cette expression dans
lquation (B.32), il vient :
(B.33)
Si la matrice K est suppose dfinie positive (cest--dire le dterminant de K est non nul), lquation
(B.33) peut tre rcrite :
(B.34)
Comme K ne dpend pas du temps, et en cartant la solution triviale z (t) 0, il est ncessaire
que :
(B.35i)
B.35ii)
o est une constante. Il est ais de dmontrer que cette constante ne peut tre que relle et
positive. En effet, si est dcompose en parties relle et imaginaire, et si lquation (B.35ii)
est pr-multiplie par la transpose conjugue de , la symtrie des matrices M et K conduit
lexpression :
117
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE
(B.36)
Chaque terme de est une forme quadratique dfinie positive : est donc bien rel et positif. Les
quations (B.35i) et (B.35ii) deviennent alors :
(B.37i)
(B.37ii)
Lquation (B.37ii) admet une solution non triviale si est solution de lquation :
(B.38)
Cette quation est une quation aux valeurs propres. Ses solutions 2k sont au nombre de n
(dimension des matrices de masse et de rigidit) et sont toutes relles positives. Le vecteur k
correspondant k est le mode propre ou dforme propre - associ la valeur propre 2k .
Lquation (B.37i) fournit une solution harmonique pour zk(t), solution temporelle associe au vecteur
propre :
(B.39)
k peut alors tre interprte comme la pulsation du mode k, la frquence propre fk tant dfinie par
k / 2 .
(B.40)
(B.41i)
(B.41ii)
(B.42)
puisque les matrices de masse et de rigidit sont symtriques. Comme les pulsations propres sont
deux deux distinctes, les conditions dorthogonalit sobtiennent (3) :
(B.43i)
(B.43ii)
118
(3) Les relations dorthogonalit se gnralisent aux cas de valeurs propres multiples. On dmontre quil est possible de choisir un ensemble de vecteurs
propres correspondant la valeur propre multiple de telle sorte que les relations dorthogonalit soient encore vrifies.
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Les quations dorthogonalit jouent un rle essentiel dans lexpression de la solution des quations
de la dynamique. Pour apprhender leur sens physique, il faut noter que (B.43i) reprsente le
produit des forces dinertie M k dues au mode k par le mode l. Lquation (B.43i) exprime donc
que le travail virtuel produit par les forces dinertie induit par le mode k dans un dplacement virtuel
dun mode diffrent est nul. De faon analogue, lquation (B.43ii) exprime que le travail des forces
lastiques induit par le mode k dans un dplacement virtuel dun mode diffrent est nul. Les formes
quadratiques :
(B.44i)
(B.44ii)
(B.45)
(B.46ii)
o kl = 1 si k = l, 0 sinon. Les modes propres sont dits orthogonaux par rapport la matrice de
masse.
Dautres choix, plus classiques, existent :
Normalisation unitaire avec composante arbitrairement positive : k = 1 et k ,m > 0 ;
(B.47)
G(f) est la fonction dimpdance du systme. Il est possible de dmontrer que chaque terme de la
fonction de transfert H(f) peut se dcomposer en une somme de fractions partielles introduisant
les diffrents ples du systme et leurs conjugus. En effet, pour un systme avec amortissement
proportionnel, il est possible dexprimer chaque terme de la fonction de transfert en une srie de
fractions rationnelle dont les dnominateurs sont des polynmes de degr 2 :
n
k ,r l ,r
Hkl (f ) = (B.48)
f f
2
r =1
4 f r 1 + i 2 r
2 2
119
r
fr fr
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE
Chaque dnominateur peut se factoriser en un produit de deux polynmes du premier degr comme
pour loscillateur simple :
(B.49)
ce qui permet destimer les ples du systme (et donc les frquences et coefficients damortissement)
et les dformes propres. Celles-ci sont souvent croises au travers dindicateurs pour vrifier leur
orthogonalit ou leur adquation avec un modle numrique. Afin de sassurer que tous les modes
dintrt sont identifis, plusieurs points dexcitation peuvent tre utiliss soit individuellement soit
simultanment.
possible dutiliser plusieurs expriences mais en conservant un point (ou capteur) de rfrence.
Une matrice dtat est forme partir des rponses et les ples sont calculs partir des valeurs
propres de cette matrice tandis que les dformes propres sont tires des vecteurs propres. Cette
mthode estime les modes propres partir de conditions initiales spcifiques. Plusieurs conditions
dessai (cest--dire conditions initiales si la mesure est un transitoire ou points dimpact si elle est
une rponse impulsionnelle) doivent tre utilises pour estimer tous les modes importants.
Bien que cette technique est base sur des rponses transitoires, elle peut tre utilise sous
excitation condition de remplacer la rponse par des fonctions dautocorrlations ou de dcrment
alatoire. Ces dernires peuvent tre vues comme des approximations des fonctions de corrlation
en ne recourant qu un nombre de valeurs limit des signaux (les valeurs retenues vrifient des
conditions dites de dclenchement).
Mthodes ARMA
Une des mthodes entre/sortie est la mthode ARMA qui consiste identifier un modle auto-
rgressif moyenne mobile (Auto-Regressive Moving Average), cest--dire un modle rgressif
entre lexcitation et la rponse :
(B.51)
Il est possible de dmontrer que tout systme dynamique peut se dcrire par ce type de relation
rgressive : les paramtres modaux (dformes propres, frquences propres et amortissements) se
dduisent des paramtres de ce modle. Les ples sont tirs des racines du polynme form par la
partie auto-rgressive tandis que les dformes propres sobtiennent partir de la partie moyenne
mobile.
Lestimation des paramtres du modle ARMA repose sur lhypothse que lexcitation est un bruit
blanc. Diverses mthodes existent pour raliser cette estimation : mthode de Yule-Walker, trs
utilise en statistiques des sries chronologiques, mthodes derreur minimale de prdiction.
Comme lexcitation est suppose tre un bruit blanc, les mthodes ARMA ont t employe dans 121
lestimation des caractristiques dynamiques de btiments excits par le vent.
ANNEXE B CONCEPTS EN ANALYSE MODALE EXPRIMENTALE
122
INVESTIGATIONS ET VALUATIONS DYNAMIQUES DES PONTS
Annexe C
Spcification
Annexe C
des capteurs
Chaque capteur doit faire lobjet dune fiche de spcification prcisant les lments suivants :
frquence de rsonance
Humidit
in situ (Oui/Non)
123
Document publi par le LCPC sous le numro C1502522
Conception et ralisation LCPC-DISTC, Marie-Christine Pautr
Dessins LCPC-DISTC, Philippe Caquelard
Photographies LCPC, VCE, EMPA, LRPC Bordeaux, LRPC Nice,
LRPC Lyon, SNCF, SITES
Impression Jouve N
Dpt lgal 1er trimestre 2009
GT Inpont.qxd 23/01/2009 09:10 Page 1
techniques et mthodes
des laboratoires des ponts et chausses
Experimental dynamic assessment is a very popular technical and scientific field in civil engineering. The design
of light and flexible structures requires assessing correctly their serviceability in regards of dynamic loadings. Guide technique
These guidelines are dedicated to introduce the essential concepts and principles that base dynamic testing on
Investigations et valuations
bridges. It insists on the instrumentation aspects as well as on the objectives of these investigations. Dynamic
tests are indeed performed for various reasons: vibration tests, structural analysis, diagnosis, comfort.
These guidelines are divided into 4 chapters, with an additional chapter of examples. The first chapter is an
ISSN 1151-1516
Rf : GTINPONT
Prix : 45 Euros HT