Theorie Des Ressources

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INTRODUCTION

FRANCK BRULHART
Université Aix-Marseille 2, Toulouse Business School
GILLES GUIEU
Université Aix-Marseille 2, CRET - LOG
LIONEL MALTESE
Université Aix-Marseille 3, Euromed Management
FRÉDÉRIC PRÉVOT
Euromed Management

Théorie
des ressources

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Débats théoriques et applicabilités

L
a théorie des ressources a connu un en témoignent par exemple l’argument
formidable développement dans le fondé sur le principe de tautologie déve-
domaine du management straté- loppé par Porter (1991) ou la « conversa-
gique depuis les premières propositions de tion » entre Priem et Butler (2001) et Barney
Wernerfelt (1984), l’énoncé des principes (2001). Pourtant, un rapprochement est pos-
fondamentaux par Barney (1991) et l’argu- sible entre la théorie des ressources et les
mentation de Conner (1991) pour élever positionnements de certains de ses détrac-
l’approche par les ressources au rang de teurs (Saïas, Métais, 2001). De fait, la théo-
théorie. En France, elle a été diffusée dans rie des ressources est aujourd’hui l’une des
les années quatre-vingt-dix en particulier théories les plus mobilisées dans le
sous la forme de synthèses (Arrègle, 1996 ; domaine du management stratégique
Koenig, 1999), et beaucoup plus rarement (Métais, 2004 ; Foss et Ishikawa, 2007). En
sous la forme d’applications empiriques outre, elle a permis le développement de
(Durand, 2000). La théorie des ressources a différentes approches qui visent à explorer
fait l’objet de critiques virulentes, comme des concepts fondamentaux comme la

DOI:10.3166/RFG.204.83-86 © 2010 Lavoisier, Paris


84 Revue française de gestion – N° 204/2010

connaissance ou les compétences. On En premier lieu, Frédéric Prévot, Franck


relève en particulier l’approche par les Brulhart, Gilles Guieu et Lionel Maltese
connaissances (Knowledge-Based View) proposent une synthèse des perspectives
développée dans le numéro spécial du Stra- centrales en management stratégique, issues
tegic Management Journal coordonné par de la théorie des ressources : le management
Spender et Grant (1996), l’approche par les stratégique des compétences, la théorie fon-
capacités dynamiques (Dynamic Capabili- dée sur les connaissances, les capacités
ties) dont les éléments fondamentaux pro- dynamiques et l’approche relationnelle.
posés par Teece et al. (1997) sont actuali- Bien que reliées, ces cinq perspectives pré-
sés par l’article de Teece (2007), et sentent des spécificités. Pour chacune, sont
l’approche par les compétences (Compe- identifiés les fondements théoriques, les
tence-Based Management) qui s’appuie sur concepts clés, les développements récents,
l’article de Prahalad et Hamel (1990), et les auteurs principaux. Ainsi, c’est une quête
qui a été diffusée par Sanchez et Heene de la diversité – bien plus qu’un bilan – qui
dans de nombreux ouvrages ou articles est menée, afin de susciter le développement

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(Sanchez et al., 1996), ou, en France, par de recherches nouvelles fondées sur l’une
l’ouvrage coordonné par Quélin et Arrègle ou l’autre de ces approches.
(2000), et qui commence à être proposée Dans une perspective épistémologique, Ron
comme théorie indépendante de la théorie Sanchez et Aimé Heene distinguent
des ressources (Freiling et al., 2008). Ce « grande théorie » et « théorie intermé-
foisonnement ne doit pas apparaître diaire ». La première permet de construire
comme source de confusion mais plutôt une théorie applicable à tous les contextes,
comme une richesse. la seconde vise l’applicabilité dans des
Dans ce contexte, la première journée du contextes définis. Les enjeux épistémolo-
groupe thématique « Ressources, compé- giques de la construction d’une grande
tences, capacités dynamiques » de l’AIMS théorie sont illustrés par les deux théories
a été organisé à Aix-en-Provence le dominantes en stratégie : la théorie fondée
27 novembre 2009. Nous avons invité Ron sur la structure de l’industrie et la théorie
Sanchez, Aimé Heene et Jörg Freiling à y des ressources. Ils montrent alors que la
exposer les derniers développements de perspective fondée sur le management stra-
l’approche par les compétences, et lancé un tégique des compétences (Competence-
appel à communications. Trente papiers ont Based Management ou CBM) peut proposer
été proposés, quinze ont été sélectionnés les concepts fondamentaux nécessaires
pour présentation, desquels nous avons tiré pour intégrer et redynamiser les développe-
les trois propositions les plus abouties et les ments des théories en stratégie en prenant
plus novatrices. en compte les structures de l’industrie et les
Ce dossier comporte six contributions aux ressources des firmes. Jörg Freiling se pose
vertus différentes : cartographie des cou- ensuite la question de la nature de la firme.
rants (Prévot, Brulhart, Guieu, Maltese), Il rejette l’idée que la firme n’existe que
propositions théoriques (Sanchez, Heene ; parce qu’elle offre un havre de sérénité dans
Freiling ; Gherra), résultats empiriques un océan d’incertitude. S’appuyant sur la
(Fernandez, Le Roy ; Gardet, Mothe). Marketprozesstheorie, il renouvelle une
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théorie de la firme fondée sur la compé- théorie des ressources pour expliquer la
tence, plaçant au centre la notion d’am- coopération entre concurrents. En effet,
biance organisationnelle. Son rôle est dans le cadre des programmes spatiaux
double : protéger des menaces de la concur- coopératifs, les stratégies de conquête de
rence, mais aussi permettre le développe- marché et d’innovation passent par la
ment des ressources et compétences de la coopération entre concurrents lorsque
firme. Sandrine Gherra propose d’intégrer l’entreprise ne dispose pas des ressources
les principes de développement durable nécessaires à la réalisation de ces objec-
(efficacité économique, respect de l’envi- tifs. Élodie Gardet et Caroline Mothe
ronnement, équité sociale) au sein de la étudient le rôle des ressources et des
stratégie d’entreprise en mobilisant compétences dans l’évolution du degré
conjointement la théorie des ressources et de dépendance du pivot au sein de
des compétences et l’approche par les par- réseaux d’innovation. Souvent démunies,
ties prenantes. Là où la théorie des res- les PME mettent en œuvre des réseaux
sources et des compétences fait apparaître interorganisationnels pour valoriser leur

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les forces/faiblesses de l’entreprise en invention. L’examen de six cas de
matière de développement durable, l’ap- réseaux d’innovation pilotés par des
proche des parties prenantes en dresse les PME montre que le degré de dépendance
opportunités et les menaces. de la PME pivot évolue en fonction des
Anne-Sophie Fernandez et Frédéric Le ressources et des compétences néces-
Roy montrent le caractère central de la saires à l’avancement du projet.

BIBLIOGRAPHIE
Arrègle J.L., « Analyse Resource-Based et identification des actifs stratégiques », Revue
française de gestion, n° 128, mars-mai 1996, p. 25-36.
Barney J.B., “Firm resources and sustained competitive advantage”, Journal of Management,
vol. 17, n° 1, 1991, 1991, p. 99-120.
Barney J. B., “Is the resource-based view a useful perspective for strategic management
research? Yes”, Academy of Management Review, vol. 26, 2001, p. 41-56.
Conner K., “A historical comparison of resource-based theory and five schools of thought
within industrial economic: do we have a new theory of the firm?”, Journal of
Management, vol. 17, n° 1, 1991, p. 121-154.
Durand T., « L’alchimie de la compétence », Revue française de gestion, n° 127, janvier-
février 2000, p. 84-102.
Foss N.J., Ishikawa I., “Towards a dynamic resource-based view”, Organization Studies,
vol. 28, n° 5, 2007, p. 749-772.
Freiling J., Gersch M., Goeke C., “On the path towards a competence-based theory of the
firm”, Organization Studies, vol. 29, n° 8-9, 2008, p. 1143-1164.

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