07 Chapitre V
07 Chapitre V
07 Chapitre V
– Chapitre V –
Symétries
Une symétrie est une propriété d’invariance d’un objet par une transformation de l’espace.
I. Symétries d’orientation
L’opération de symétrie d’orientation la plus simple est l’identité, qui transforme un point
quelconque en lui-même. L’identité est la seule transformation qui puisse superposer un
objet asymétrique sur lui-même. Les autres opérations de symétrie d’orientation sont les
rotations, les réflexions, l’inversion et les roto-inversions (uniquement à 3D).
1
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Les rotations sont caractérisées par un axe de rotation u et par la valeur de l’angle de
rotation ϕ [Figure 1a].
Les rotations étant des isométries, la valeur absolue du déterminant de R u, ϕ vaut 1 quels ( )
que soient u et ϕ .
( ) (
Les rotations transforment le trièdre direct u x , u y , u z en un autre trièdre direct u x ', u y ', u z ' , )
et ne changent donc pas l’orientation de l’espace. Ce sont des opérations propres de
symétrie. Cela se traduit par une valeur positive déterminant de R u, ϕ : + 1 . ( )
L’élément de symétrie est l’axe de rotation porté par u . Celui-ci peut être d’ordre fini n
(rotations d’angle 2π n ) ou infini (symétrie de révolution). A deux dimensions, l’élément de
symétrie est un point.
I-1-b. Inversion
L’inversion est une opération de symétrie qui transforme un vecteur en son opposé [Figure
1b].
x' x −1 0 0 x
y' = I y = 0 − 1 0 y .
z' z 0 0 − 1 z
2
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L’inversion ne laisse qu’un point invariant. A deux ou trois dimensions, l’élément de symétrie
est ce point. L’ordre de l’élément de symétrie est de 2.
( )
Il s’agit d’une rotation R u, ϕ immédiatement suivie de l’inversion I [Figure 1c]. Par
convention, on n’utilise que les roto-inversions construites à partir de rotations propres
d’ordre fini n.
( ) ( ) ( )
La matrice associée est notée R u, ϕ = I .R u, ϕ = R u, ϕ .I . Dans le repère orthonormé
(u , u , u ), l’effet d’une roto-inversion d’angle ϕ , d’axe u
x y z z et de centre O s’écrit :
( )
Le déterminant de R u, ϕ vaut − 1 . Les roto-inversions transforment le trièdre direct
(u , u , u ) en un trièdre indirect (u ', u ', u '), et constituent donc des opérations impropres
x y z x y z
de symétrie.
I-1-d. Réflexion
La transformation en réflexion se fait par rapport à un plan miroir. Elle est représentée par la
( )
matrice σ u1 , u2 , où u1 et u2 sont 2 vecteurs non-colinéaires définissant le plan de
( )
réflexion. Dans le repère orthonormé u x , u y , u z , l’effet d’une réflexion par rapport au plan
(u , u ) passant par l’origine s’écrit :
x y
x' x 1 0 0 x
(
y' = σ ux , u y )
y = 0 1 0 y
z' z 0 0 − 1 z
3
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En tant que roto-inversion particulière, la réflexion est une opération impropre de symétrie.
( )
Le déterminant de σ u1 , u2 vaut donc nécessairement − 1 .
(a) (b)
(c) (d)
Figure 1 : (a) Représentation d’un triangle équilatéral. Celui-ci se superpose à lui-même lorsqu’on lui applique
une rotation d’angle 2π/3 autour de l’axe perpendiculaire à la page. (b) Représentation d’un octaèdre régulier :
polyèdre dont les 8 faces sont des triangles équilatéraux tous identiques. Celui-ci admet un centre d’inversion.
(c) Représentation d’un tétraèdre régulier : polyèdre dont les 4 faces sont des triangles équilatéraux tous
identiques. Le tétraèdre admet un axe de rotation impropre d’ordre 4 passant par les milieux de deux arêtes
non adjacentes, (X1X2). Le point G peut être obtenu en appliquant une rotation d’angle 2π/4 autour de cet axe,
immédiatement suivie d’une inversion par rapport au point I. Il est important de noter que la présence d’une
roto-inversion d’angle 2π π/n n’implique la présence ni d’une rotation d’angle 2π π/n, ni d’un centre d’inversion.
Les roto-inversions sont des opérations de symétrie à part entière. (d) Représentation d’un prisme à base
triangulaire isocèle. Celui-ci se superpose à lui-même après réflexion par rapport au plan passant par C, F et le
milieu du segment [AB].
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• Associativité : ( XY )Z = X (YZ )
L’ordre du groupe {Oi } est égal au nombre de ses éléments. On appelle position générale
les coordonnées d’un point M se situant en dehors de tout élément de symétrie. Lorsqu’on
applique l’ensemble des opérations de symétrie du groupe au point M , on obtient n
positions générales équivalentes où n est l’ordre du groupe.
On peut montrer que les éléments de symétrie du groupe {Oi } concourent en un point. Ce
point, invariant par l’application de n’importe quelle opération de {Oi }, peut être vu comme
l’origine d’une demi-droite, pour laquelle on recherche les orientations équivalentes via
l’étude des symétries d’orientation. L’existence d’un point de concourance des éléments de
symétrie d’orientation du groupe {Oi } est à l’origine de l’appellation groupe ponctuel de
symétrie.
1
Les mathématiciens étendent la notion de groupe bien au-delà des symétries. Ainsi, l’ensemble des nombres
entiers relatifs forme un groupe muni d’une loi de composition interne associative basée sur l’addition, et d’un
élément neutre (0). En outre, chaque entier n possède un élément symétrique, -n, tel que n + (-n) = 0
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Prenons l’exemple d’un triangle équilatéral dans l’espace à deux dimensions [Figure 2]. Les
éléments de symétrie sont le point (A3) [support d’une rotation d’angle 2π 3 ] et les trois
droites (m1), (m2), (m3) [supports de réflexion]. Les opérations de symétrie correspondantes
sont la rotation d’angle 2π 3 notée R(2π 3) , la rotation d’angle 4π 3 notée
R 2 (2π 3) = R(4π 3) , l’identité notée E , et les trois réflexions σ 1 , σ 2 et σ 3 .
Figure 2 : Visualisation des éléments de symétrie d’un triangle équilatéral dans l’espace à deux dimensions. Le
groupe ponctuel de ce triangle, d’ordre 6, contient 6 opérations de symétrie dont l’identité, et on dénombre 6
positions générales équivalentes par symétrie.
R(2π 3) R(4π 3) E σ1 σ2 σ3
R(2π 3) R(4π 3) E R(2π 3) σ2 σ3 σ1
R(4π 3) E R(2π 3) R(4π 3) σ3 σ1 σ2
E R(2π 3) R(4π 3) E σ1 σ2 σ3
σ1 σ3 σ2 σ1 E R(4π 3) R(2π 3)
σ2 σ1 σ3 σ2 R(2π 3) E R(4π 3)
σ3 σ2 σ1 σ3 R(4π 3) R(2π 3) E
Tableau 1 : Table de multiplication des opérations de symétrie du triangle équilatéral (Élt ligne x Élt colonne)
6
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Une fois nommés, les éléments de symétrie sont associés à une direction : l’axe de rotation
pour les rotations et roto-inversions, la normale au plan miroir pour les réflexions.
Reprenons l’exemple du groupe du triangle équilatéral. L’élément d’ordre le plus élevé est
l’axe de rotation propre d’ordre 3 , noté 3 . Viennent ensuite les droites support des
réflexions σ 1 , σ 2 et σ 3 (ordre 2), notées m . Les trois droites support sont équivalentes par
rotation d’angle 2π 3 , et correspondent donc à une seule direction. Le groupe d’espace
s’écrit 3m .
Soit une sphère de centre O et de rayon R . L’ensemble des directions est représenté par
les demi-droites OM , M étant un point sur la sphère. Soit NS un des diamètres de la
sphère. Si le point M se trouve dans l’hémisphère du point N , sa projection
stéréographique est l’intersection du segment [SM ] avec le plan équatorial normal à NS ;
on la repère par une croix. Si M se trouve dans l’hémisphère du point S , sa projection
stéréographique est l’intersection du segment [NM ] avec le plan équatorial normal à NS ;
on la repère par un rond. [Figure 3].
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2 3 3 4 4 5 5 6 6
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2mm
Figure 4 : (gauche) Représentation des éléments de symétrie et des directions OMi équivalentes dans le groupe
2mm. L’axe 2 correspond à la droite (SN). Les deux plans miroirs ne sont pas équivalents entre eux. Sur le
dessin, ils se trouvent respectivement dans le plan de la page et perpendiculaire au plan de la page.
(droite) Projection stéréographique du groupe 2mm sur le plan équatorial perpendiculaire à (SN).
Un cristal périodique parfait est un objet de dimensions infinies caractérisé par des
symétries de translation, et susceptible d’admettre des symétries d’orientation.
Les opérations de symétrie admises dans les cristaux périodiques et mentionnées ci-dessus
sont appelées symétries de position. L’ensemble des opérations de symétrie d’un cristal
forme le groupe d’espace de ce cristal.
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Soit un réseau cristallin et un axe de rotation propre passant par le nœud situé à l’origine.
Nous recherchons les valeurs de l’angle de rotation permettant la transformation d’un
vecteur translation du réseau en un autre vecteur translation du réseau.
Commençons par établir le fait qu’un axe de symétrie n est toujours orthogonal à un plan
réticulaire :
• n ≥ 3 : si on applique cette rotation à un vecteur ti quelconque du réseau, au moins 3
nœuds seront générés, ce qui définit un plan réticulaire perpendiculaire à l’axe n [Figure
5a].
O
• n = 2 : si un axe d’ordre 2 ( A2 ) passe par le nœud à l’origine, alors un autre axe
i
d’ordre 2 ( A2 ) passe par le nœud situé à l’extrémité du vecteur ti . Un nœud M qui n’est
pas situé dans le plan défini par les deux axes se transformera en M O et M i par rotation
O i
autour de ( A2 ) et ( A2 ) , respectivement. Les points M , M O et M i définissent un plan
O i
réticulaire perpendiculaire aux axes ( A2 ) et ( A2 ) [Figure 5b].
i j
On se place maintenant dans un plan réticulaire. Soient ( An ) et ( An ) deux axes d’ordre n
passant par les nœuds i et j , nœuds premiers voisins sur la rangée qu’ils définissent et liés
par le vecteur du réseau tij . En appliquant l’opération de symétrie Ri (2π n ) à tij et
[R (2π n)]
j −1
à − tij , on obtient deux points P et P' tels que [Figure 5c] :
tij étant le vecteur le plus court sur la rangée définie par i et j , la condition de périodicité
s’écrit PP' = m tij . Soit :
1− m p
PP' = cos(2π n ) = =
2 2
L’ensemble des valeurs de p telles que − 1 ≤ p 2 ≤ 1 définissent chacune un angle de
rotation compatible avec la périodicité du réseau. Ceux-ci, au nombre de 5, correspondent à
des axes de rotation propre d’ordres 1, 2, 3, 4 ou 6 :
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(a) (b)
(c)
Figure 5 : (ab) Un axe de rotation d’ordre n est orthogonal à un plan réticulaire. (c) Construction servant à
démontrer que les axes d’ordre égal à 5 et supérieur à 6 sont interdits dans un réseau périodique. Figures
extraites d’un cours de Sylvain Ravy (http://www.lps.u-psud.fr/spip.php?article531).
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II-1-c. Roto-inversions
Le produit de l’inversion par les rotations propres compatibles avec la périodicité cristalline
permet d’établir la liste des axes de rotation impropres qui peuvent être rencontrés dans un
réseau : axes 1 (inversion), 2 (réflexion), 3 , 4 ou 6 .
( )
Une translation pure est notée E, t , tandis qu’une rotation pure, propre ou impropre, est
( )
notée O, 0 .
Dans ce paragraphe, nous cherchons à vérifier s’il existe des opérations de symétrie O, t ( )
applicables aux cristaux périodiques, qui ne soient ni des translations pures, ni des
opérations de symétrie d’orientation. En particulier, ces opérations ne doivent pas laisser de
point invariant : dans le cas contraire, celles-ci se rapporteraient à des opérations de
symétrie d’orientation.
Nous considérerons deux cas : 1) t perpendiculaire à l’axe de rotation supposé suivant (Oz ) ,
et 2) t parallèle à l’axe de rotation supposé suivant (Oz ) .
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(( ) )
S’ils existent, les points invariants par l’application de R u z ,ϕ , t ⊥ vérifient l’équation :
(( ) )
S’ils existent, les points invariants par l’application de R u z ,ϕ , t // vérifient l’équation :
La troisième équation du système montre que si le vecteur t // est non nul, l’opération de
(( ) )
symétrie R u z ,ϕ , t // ne laisse aucun point invariant. Nous venons donc de définir une
nouvelle opération de symétrie, qui n’est pas une opération de symétrie d’orientation,
appelée translation hélicoïdale.
( )
En appliquant n fois l’opération R(2π n ) , t // , on obtient la translation pure E , nt // . Le ( )
vecteur nt // doit être une translation du réseau pt i , où p est un entier et t i le vecteur de
translation le plus court dans la direction de l’axe de rotation. Le vecteur translation d’une
p ti
translation hélicoïdale s’écrit donc nécessairement sous la forme . On peut par ailleurs
n
2
Coordonnées de cet axe dans le plan (xOy ) , pour ϕ ≠ 0 :
xi [2(1 − cosϕ ) − sin 2 ϕ ]− yi [sin ϕ (1 − cosϕ )] xi sin ϕ + yi [1 − cosϕ ]
,
2(1 − cosϕ )
2
2(1 − cosϕ )
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pt
poser p < n 3. Le symbole associé à la translation hélicoïdale R (2π n ) , i est n p . Le
n
Tableau 2 donne la liste des translations hélicoïdales possibles et leurs symboles. La Figure 6
donne un premier aperçu de l’effet d’une translation hélicoïdale 4 3 sur une position
atomique. La Figure 7 permet de visualiser l’effet d’une translation hélicoïdale 41 au sein
d’un cristal de cristobalite.
21 31 32 41 42 43 61 62 63 64 65
Tableau 2 : Liste des axes hélicoïdaux et symboles associés.
Figure 6 : Transformations de la position d’un atome par les applications successives d’une opération de
symétrie 43 de direction [100]. La position atomique obtenue après 4 applications de l’opération correspond à
celle qui aurait été obtenue par application de la translation 3.
3
En effet, si ( )
p > n , le point M ' équivalent au point M par application de E , nt // se trouve translaté
p ti ( p − mn) ti
d’un vecteur . Or, M ' est strictement équivalent aux points translatés de , où m est
n n
( p − mn)ti
l’entier le plus grand vérifiant mn < p . On écrit donc la translation hélicoïdale R (2π n ) ,
n . Le
point M ' peut alors être obtenu en appliquant mn fois cette opération.
14
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Figure 7 : Maille cristallographique de la cristobalite, l’une des formes cristallines de la silice SiO2. Celle-ci est
représentée en projection suivant c (haut) et a (bas). Les axes 41 présents dans cette structure ont été
représentés. Les tétraèdres SiO2 surlignés de rouge, vert, bleu et jaune se déduisent les uns des autres par une
suite de 3 translations hélicoïdales 41 : rotations d’angle 2π/4 immédiatement suivies d’une translation de
vecteur c/4. Des axes 21 peuvent également être trouvés suivant a et b, à l’altitude 7/8. Figures réalisées à
partir d’animations flash visibles sur le site web http://www.webmineral.com.
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Nous considérerons deux cas : 1) t parallèle à l’axe de rotation supposé suivant (Oz ) , et
2) t perpendiculaire à l’axe de rotation supposé suivant (Oz ) .
(( ) )
Cas 1) : opération de symétrie R u z ,ϕ , t // .
Ecrivons les coordonnées du point M ' transformé de M :
(( ) )
S’ils existent, les points invariants par l’application de R u z ,ϕ , t // vérifient l’équation :
(( ) )
S’ils existent, les points invariants par l’application de R u z ,ϕ , t ⊥ vérifient l’équation :
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x = x + xi
y = y + yi
z = −z
Ce système n’admet pas de solutions, ce qui signifie que l’opération R(π ) , t ⊥ ne laisse ( )
aucun point invariant. Cette opération, constituée d’une réflexion immédiatement suivie
d’une translation parallèle au plan miroir, est donc une nouvelle opération caractéristique
des cristaux appelée réflexion avec glissement.
( )
En appliquant deux fois l’opération R(π ) , t ⊥ , on obtient la translation pure E , 2t ⊥ . Le ( )
vecteur 2t // doit être une translation du réseau t i . Le vecteur translation d’une réflexion
ti
avec glissement s’écrit donc nécessairement sous la forme . Les vecteurs de glissement
2
possibles dépendent de l’orientation du plan miroir et du réseau de Bravais. La Figure 8
donne la liste des réflexions avec glissement possibles et leurs symboles. La Figure 9 donne
un premier aperçu de l’effet d’une réflexion avec glissement de type a sur une position
atomique. La Figure 10 permet de visualiser l’effet d’une réflexion avec glissement de type n
dans un cristal de marcassite.
Les coordonnées de ce point sont xi (1 + cos ϕ + sin ϕ ) + yi (sin ϕ [1 + cos ϕ ]) , − xi (1 + sin ϕ ) + yi (1 + cos ϕ ) ,0 .
4
(1 + cos ϕ )(1 + cos ϕ + sin ϕ ) 1 + cos ϕ + sin ϕ
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Figure 9 : Transformations de la position d’un atome par les applications successives d’une réflexion avec
glissement a de direction [001]. La position atomique obtenue après 2 applications de l’opération correspond à
celle qui aurait été obtenue par application de la translation .
(a)
(b)
Figure 10 : (a) Maille cristallographique de la marcassite, de formule chimique FeS2. (b) Projections suivant a
(gauche) et b (droite). Les miroirs n présents dans cette structure ont été représentés. On distingue deux
familles de miroirs, de normales b et c. La réflexion par rapport au plan de normale b est immédiatement suivie
d’une translation de vecteur (a+c)/2. La réflexion par rapport au plan de normale c est immédiatement suivie
d’une translation de vecteur (a+b)/2. Figures réalisées à partir d’animations flash visibles sur le site web
http://www.webmineral.com.
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Le groupe d’espace d’un cristal est formé par l’ensemble des opérations de symétrie de
position le superposant à lui-même.
Les opérations de symétrie de position possibles sont : les rotations propres (incluant
l’identité), les rotations impropres (incluant l’inversion et la réflexion par rapport à un plan),
les translations pures, les translations hélicoïdales et les réflexions avec glissement.
L’ordre d’un groupe d’espace est toujours infini, du fait de la présence de l’ensemble des
translations pures. Les positions générales équivalentes d’un groupe d’espace,
indénombrables, sont données en se limitant à une maille cristallographique ; les autres se
déduisent par l’application des translations du réseau.
Comme pour les groupes ponctuels, la convention de notation internationale pour les
groupes d’espace se rapporte au système de notation d’Hermann-Mauguin. Pour nommer
un groupe d’espace, on note tout d’abord le mode de réseau ( P , I , F ou C ). Suivent les
notations des opérations de symétrie de position précédemment définies, listées par
direction dans l’ordre précisé par le Tableau 3.
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Les 230 groupes d’espace sont répertoriés dans les tables internationales de
cristallographie5. Un exemple de fiche correspondant au groupe d’espace orthorhombique
P 2221 est donné en Figure 11. Les indications données dans chaque fiche comprennent :
• La notation d’Hermann-Mauguin du groupe et le numéro correspondant.
• Les diagrammes du groupe d’espace incluant une ou plusieurs projections des supports
de symétrie, et une illustration d’un ensemble de positions générales équivalentes au sein
d’une maille.
• Les coordonnées des positions générales et positions particulières équivalentes dans une
maille. Une position particulière se situe sur un élément de symétrie.
5
Référence de la dernière édition en date : « The International Tables for Crystallography », publié pour « The
International Union of Crystallography » par Springer (2005).
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La classe de symétrie d’un cristal est le groupe ponctuel qui lui est associé. On le déduit du
groupe d’espace en remplaçant les translations hélicoïdales et les réflexions avec glissement
par les opérations de symétrie ponctuelles dont elles sont dérivées.
Exemple : la classe de symétrie d’un cristal du groupe P 2221 est 222 .
Les projections stéréographiques des classes de symétrie cristalline, au nombre de 32, sont
représentées sur la Figure 12. Les classes de symétrie sont également appelées groupes
ponctuels cristallographiques.
Les classes de symétrie peuvent être réparties dans 7 systèmes cristallins en fonction de
leurs symétries (Tableau 4). A chaque système cristallin est associée une métrique
particulière de la maille cristallographique, déjà décrite au chap. III. Le type de maille
conventionnelle utilisé pour décrire un cristal doit être compatible avec ses symétries.
Dans un même système cristallin, la classe holoèdre désigne le groupe ponctuel de plus
haute symétrie. Celui-ci décrit la symétrie des réseaux de ce système cristallin. Le cristal,
obtenu par l’adjonction d’un motif aux nœuds d’un réseau, peut présenter une symétrie
inférieure à ce réseau (Figure 13), auquel cas sa classe de symétrie est un sous-groupe de la
classe holoèdre. Les classes holoèdres sont encadrées dans le Tableau 4 ; les autres classes
sont des sous-groupes de la classe holoèdre correspondante.
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Figure 12 : Les 32 classes de symétrie et leur représentation stéréographique, réparties au sein des 7 systèmes
cristallins. Les classes centrosymétriques (possédant un centre d’inversion), aussi appelées classes de Laüe,
sont au nombre de 11 et sont représentées sur fond coloré.
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(a) (b)
Figure 13 : (a) Visualisation des éléments de symétrie associés à la classe holoèdre du système cristallin
tétragonal, 4/mmm (groupe ponctuel associé à tous les réseaux tétragonaux, qu’ils soient centrés ou non).
(b) Exemple de cristal tétragonal appartenant à la classe de symétrie 4mm. Le motif de ce cristal entraîne la
perte du plan miroir d’axe c.
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Le principe de Curie permet de poser les conditions d’apparition d’un phénomène physique
et de simplifier sa mise en équation. Il repose sur l’analyse des directions équivalentes dans
un milieu matériel et son environnement.
Pour appliquer le principe de Curie, il faut être en mesure d’associer un groupe ponctuel aux
milieux et aux grandeurs physiques :
- Les cristaux périodiques sont simplement associés à leur groupe ponctuel
cristallographique ou classe de symétrie.
- Toutes les directions sont équivalentes dans les liquides monoatomiques. On leur associe
donc le groupe ponctuel de la sphère ∞ ∞ .
m m
- Les cristaux liquides peuvent présenter un ordre orientationnel à longue portée
(cf. Chap. I). Dans ce cas, on associe au milieu le groupe ponctuel du cylindre ∞ m .
m
- Les grandeurs scalaires telles que la température, la pression ou l’énergie ont la symétrie
maximale ∞ ∞ .
m m
- Les vecteurs polaires, représentant les grandeurs électriques E , D et P ainsi que les
forces, ont la symétrie du cône ∞ m [Figure 14a].
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L3 Physique et Applications - Structure de la matière Claire Laulhé
Figure 14 : Groupes de symétrie de diverses grandeurs physiques. Figure extraite d’un cours de Sylvain Ravy
(http://www.lps.u-psud.fr/spip.php?article531).
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Le groupe d’espace du quartz est P3121 . Le groupe ponctuel associé est le groupe 32 du
système cristallin trigonal. L’intersection de ce groupe avec celui de la compression uniaxiale
symétrique donne le groupe 2 (on a supposé la contrainte appliquée suivant l’axe 2 du
quartz). Or, 2 est inclus dans ∞m : on observe dans le quartz l’apparition d’une polarisation
macroscopique dans une direction colinéaire à la contrainte de compression (Figure 16).
(a) (b)
Figure 16 : (a) Intersection du groupe ponctuel de la sphère (groupe de symétrie du SiO2 amorphe) avec le
groupe ponctuel du cylindre fini (groupe de symétrie de la contrainte uniaxiale symétrique). Le groupe
résultant contient plus de symétries que le groupe d’un vecteur polarisation, ∝m. Ce résultat étant valable
quelle que soit l’orientation de la contrainte, l’application du principe de Curie nous permet de conclure que la
silice amorphe ne peut présenter des propriétés de piézoélectricité. (b) Intersection du groupe ponctuel du
quartz, 32, avec le groupe ponctuel d’une contrainte uniaxiale parallèle à un axe 2 du quartz. Le groupe
résultant, 2, est un sous-groupe du groupe décrivant un vecteur polarisation, ∝m. L’application du principe de
Curie nous permet de conclure que la silice peut présenter des propriétés de piézoélectricité sous sa forme
cristalline quartz.
Figure réalisée à partir d’un cours de Sylvain Ravy (http://www.lps.u-psud.fr/spip.php?article531).
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L3 Physique et Applications - Structure de la matière Claire Laulhé
La cause est l’ensemble formé par le cristal et le faisceau de rayons X. Le groupe de symétrie
K de cet ensemble est l’intersection des groupes ponctuels du cristal ( 4 m ) et du faisceau (
∞m ) dans leur orientation particulière, soit K = 4 . L’effet, la diffraction, est caractérisée par
un groupe de symétrie contenant au moins tous les éléments de K . La figure de diffraction
admettra donc une rotation d’angle 2π 4 autour de l’axe du faisceau de rayons X (Figure
17).
Figure 17 : Représentation schématique d’une expérience de diffraction sur un objet de symétrie 4/m. La figure
de diffraction a une symétrie 4. Figure extraite d’un cours de Sylvain Ravy (http://www.lps.u-
psud.fr/spip.php?article531).
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Une propriété physique est une relation entre deux quantités mesurées.
Du point de vue mathématique, le cas le plus simple que l’on puisse examiner implique des
quantités mesurées et une propriété physique modélisables par des grandeurs scalaires.
Ainsi, la capacité calorifique C permet de calculer l’énergie à fournir pour élever la
température d’un milieu de ∆T : ∆E = C ∆T .
Les grandeurs physiques liées par une propriété peuvent être caractérisées par une
direction : celles-ci sont alors modélisées par des vecteurs. Dans le cas général, la propriété
physique du milieu dépend de la direction de ces vecteurs et doit être modélisée par un
tenseur. Prenons l’exemple de la conductivité électrique, liant la densité de courant j et le
champ électrique appliqué E . La relation s’écrit :
j x σ xx σ xy σ xz Ex
j y = σ yx σ yy σ yz Ey ⇔ j =σ E ⇔ ji = ∑σ ik E k
j σ σ zz E k
z zx σ zy z
L’expression de gauche explicite la forme matricielle du tenseur de conductivité. Sous sa
forme contractée, on note celui-ci σ , le nombre de traits indiquant le rang n du tenseur
(n = 2 ici).
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rang du
Propriété Grandeur Grandeur
relation tensorielle tenseur
physique physique 1 physique 2
ppté
Chaleur Quantité de Variation de
∆E = C ∆T 0
spécifique chaleur température
Variation de Variation de la ∆ P = p ∆T
Pyroélectricité 1
température polarisation
Susceptibilité Champ P = ε0 χ E
Polarisation 2
diélectrique électrique
Conductivité Champ Courant j =σ E 2
électrique électrique d’électrons
Conductivité Gradient de j = σ gradT
Flux de chaleur 2
thermique température
Dilatation ε =α T
Température Déformation 2
thermique
Piézoélectricité Contrainte Polarisation P=d σ 3
Modules ε =S σ
Contrainte Déformation 4
d’élasticité
Tableau 5 : Exemples de propriétés physiques pouvant être modélisées par un tenseur polaire de rang n. La
relation tensorielle caractérisant chaque propriété physique est donnée avec les notations suivantes : les
vecteurs (tenseurs de rang 1) sont soulignés d’un trait, les tenseurs de rang 2 et 3 sont soulignés de 2 et 3
traits, respectivement. Les grandeurs scalaires sont assimilables à des tenseurs de rang nul et sont représentés
non soulignées.
En vertu du principe de Curie, les propriétés physiques doivent posséder les symétries du
milieu dans lequel elles sont observées. Ainsi, un tenseur doit être invariant par l’application
de toutes les opérations de symétrie d’orientation du milieu.
La résolution de ce système d’équations permet d’établir des relations entre les différentes
composantes du tenseur. On obtient alors une forme réduite du tenseur, tenant compte de
l’équivalence des directions dans le milieu. Cette méthode de réduction des tenseurs est
appelée méthode de Neumann.
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0 0 0 0 0 0
On voit que l’étude des symétries permet de comprendre et prédire l’anisotropie des
propriétés physiques. Nous pouvons citer en exemple l’anisotropie de la conductivité
électrique dans le graphite (Figure 18a) et le phénomène de biréfringence dans les
matériaux non-cubiques (Figure 18b).
(a) (b)
Figure 18 : (a) La conductivité du graphite dépend fortement de la direction de mesure. Rappelant que le
graphite est un cristal du système hexagonal et que le tenseur de conductivité électrique est un tenseur
d’ordre 2, on peut démontrer que les valeurs de la conductivité suivant et
sont égales et diffèrent de la
valeur de la conductivité suivant .
[Valeurs de conductivité tirées de l’article « Electrical Conductivities of
Natural Graphite Crystals », Phys. Rev. 95 22 (1954), par W. Primak et L.H. Fuchs].
(b) Phénomène de biréfringence dans un cristal naturel de calcite (système trigonal → cristal uniaxe). Le
dédoublement de l’image est dû à la différence d’indice optique effectif pour les composantes et de la
lumière incidente. Ces deux composantes de polarisation n’ont pas le même angle de réfraction, ce qui
explique la formation de deux images. Les indices optiques se calculent à partir du tenseur de susceptibilité
diélectrique d’ordre 2 : la biréfringence ne peut donc être observée que dans des cristaux non-cubiques,
générant des tenseurs dont les éléments diagonaux ne sont pas tous égaux. [Photographie :
http://ressources.univ-lemans.fr/]
Ce repère est ici choisi relativement à la maille cristallographique , , , de sorte que le tenseur soit
6
diagonal.
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