Marechal Dictionnaire Des Athées Anciens Et Modernes.
Marechal Dictionnaire Des Athées Anciens Et Modernes.
Marechal Dictionnaire Des Athées Anciens Et Modernes.
Sylvain Maréchal
(1750-1803)
(1833)
Dictionnaire
DES ATHÉES
ANCIENS ET MODERNES
DEUXIÈME ÉDITION
Augmentée des suppléments de J. Lalande ; de plusieurs articles inédits, et d’une notice nouvelle
sur Maréchal et ses ouvrages, par J. R. L. Germond.
Mise en page sur papier format : LETTRE (US letter), 8.5’’ x 11’’)
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
DICTIONNAIRE
DES ATHÉÉS
ANCIENS ET MODERNES.
IMPRIMERIE DE J. B. BALLEROY
À BRUXELLES
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
DICTIONNAIRE
DES ATHÉES
ANCIENS ET MODERNES,
PAR SYLVAIN MARÉCHAL.
DEUXIÈME ÉDITION
AUGMENTÉE DES SUPPLÉMENTS DE J. LALANDE ;
DE PLUSIEURS ARTICLES INÉDITS, ET D'UNE NOTICE NOUVELLE SUR
MARÉCHAL ET SES OUVRAGES,
PAR J. B. L. GERMOND.
Bruxelles,
CHEZ L'ÉDITEUR, RUE DES SOLS N° 7.
MDCCCXXXIII.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
AVIS DE L'ÉDITEUR
Table des matières
Nous avons donc rétabli tous les noms, sauf deux, dont notre
gratitude nous a fait un devoir de ne point trahir le secret ; nous avons
suivi le nouvel ordre projeté, et ajouté les articles inédits, sans
néanmoins les indiquer spécialement pour ne réveiller aucune haine
contre leurs auteurs : toutefois nous avons négligé tout ce qui n'était
que correction de style pour conserver le texte original publié du
vivant de Maréchal, texte que nous avons dû préférer ; nous y avons
enfin ajouté quelques notes et réflexions que nous avons cru
nécessaires, soit à l'intelligence de ce texte, soit à la connaissance des
personnages nommés, et nous avons fait précéder le tout d'une notice
nouvelle sur Maréchal et ses ouvrages, rédigée sur les documents les
plus authentiques et les mieux choisis.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Nous n'avons pas besoin de faire ici une profession de foi ; nous
avons eu quelquefois occasion de prouver que nous étions loin
d'adopter les principes de Maréchal, quoi que nous puissions penser
de son caractère. Nous nous en tiendrons seulement à ce que nous
avons dit dans le cours de l'ouvrage, auquel nous renvoyons ceux qui
voudraient connaître le fond de notre pensée.
NOTICE NOUVELLE
SUR LA VIE ET LES OUVRAGES
DE SYLVAIN MARÉCHAL
Table des matières
1
Melle Maillard, actrice de l'Opéra, représentait la déesse de la raison dans les
cérémonies publiques.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Nous nous sommes un peu plus étendu sur cet ouvrage, parce que
c'est celui qui pour ainsi dire perdit MARÉCHAL dans l'opinion
publique et détermina le genre de sa réputation.
lesquelles il développa ces principes avaient encore une grâce qui les
faisait excuser même de celles qu'ils intéressaient le plus :
C'est ainsi qu'il s'exprimait, et l'on retrouvait souvent dans les vers
qui lui échappaient à cette époque, le charme et l'harmonie de ses
premiers ouvrages. Il revint peu à peu de cette prévention contre les
femmes, en appréciant de plus en plus celles qui l'entouraient, et dans
la société desquelles il apportait autant d'agréments que lui-même en
trouvait. Seule, Mme Gacon-Dufour, qui vivait dans l'intimité de cette
société, ne voulut pas laisser passer la loi sans discussion ; elle
répondit, et sa réponse légèrement acrimonieuse fit croire au public
qu'elle avait été blessée ; mais Mme Gacon-Dufour était loin de
penser ce qu'elle disait, et leur amitié n'en fut point altérée.
il appela sa femme qui vint près de lui pour la dernière fois. Viens,
dit-il, ma Zoé, viens, ton amitié me réchauffe ; mes vœux sont
remplis, je meurs au milieu de tout ce que j'ai de plus cher. Déjà sa
vue s'était éteinte, mais il avait encore toute sa raison. Je vous entends,
disait-il à ceux qui l'entouraient, mais je ne vous vois plus, la nuit est
venue pour moi. Il mourut entre les bras de Mme Dufour, le 18 janvier
1803, vers le milieu du jour, à l'âge où revenu peut-être de ses erreurs
et de ses préjugés philosophiques, des illusions et des chimères qu'il
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
s'était créées, il eût pu réparer le tort qu'il avait fait à sa réputation, car
en définitive ses écrits n'en avaient fait ni à la religion ni à la société.
S'il n'avait jamais fait de meilleurs vers, il est douteux qu'on parlât
de lui aujourd'hui.
à la postérité.
Outre tous les ouvrages déjà cités et quelques poésies légères qui
parurent dans l'Almanach des muses, telles que la Consigne à mon
portier, l’Épître à Zoé, MARÉCHAL en publia beaucoup d'autres dont
quelques-uns sont aujourd'hui très difficiles à trouver. Voici le détail
des plus connus.
MOYSE PARAIT,
ET SON GÉNIE
PLUS PUISSANT QUE CELUI DE SÉSOSTRIS
LAISSE UNE EMPREINTE
QUE LE TEMPS N’A PU EFFACER.
IL CRÉE
UN PEUPLE ET UNE RELIGION
DONT ON PARLE ENCORE.
11 novembre 1832.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
DISCOURS PRÉLIMINAIRE,
ou
RÉPONSE À LÀ DEMANDE :
QU'EST-CE QU'UN AT H É E ?
ECCE VIR.
DIEU n'a pas toujours été : il fut un temps pendant lequel l'homme,
vivant dans sa famille, ne connaissait d'autre autorité que son père.
Alors il avait peu de besoins, ayant peu de désirs. Ce n'était point une
brute, un barbare, un anthropophage, ainsi qu'on a voulu le faire
entendre. Ce n’était pas non plus un citadin poli et faux, vaniteux et
servile : c'était un Homme, dans toute sa plénitude, ignorant l'art
d'écrire, peut-être même celui de parler, mais sachant vivre ; c'est-à-
dire, aimant son père, sa femme et ses enfants, travaillant pour eux,
avec eux, et mourant dans leurs embrassements. Son champ paraissait
à ses yeux tout l'univers. Réglant ses occupations sur la marche du -
soleil et sur la fécondité de la terre, ses bras et son coeur faisaient
toute sa fortune et tous ses plaisirs. Ne soupçonnant rien au-dessous
de la couche végétale du sol qu'il cultivait, l'homme d'alors existait,
étranger aux sciences et aux vices, aux vertus sociales et aux forfaits ;
mais tout à la nature, mais tout à l'innocence.
Les voyageurs ont retrouvé quelques faibles traces de cet âge d'or.
Il n'est point une chimère. Les poètes l'ont rendu douteux, en le
surchargeant d'ornements factices ; mais cet heureux âge a lui.
Le véritable Athée n'est point cet homme d'état qui, sachant que la
chimère divine fut imaginée ; pour en imposer aux hommes peuple,
leur commande au nom de ce Dieu dont il se moque.
Le véritable Athée n'est point cet homme vil qui, flétri depuis
longues années du caractère indélébile d'imposteur sacerdotal, change
d'habit et d'opinion., quand ce métier infâme cesse d'être lucratif, et
vient impudemment se ranger parmi les sages qu'il persécutait.
Le véritable Athée n'est point assis non plus sur les fauteuils de ces
sociétés savantes dont les individus mentent sans cesse à leur
conscience et consentent à dissimuler leur pensée, à retarder la marche
solennelle de la philosophie, par ménagement pour de misérables
intérêts personnels, ou pour de pitoyables considérations politiques.
Le véritable Athée n'est pas tant celui qui dit : « Non ! je ne veux
pas d'un Dieu. » que celui qui dit : « Je puis être sage, sans un Dieu. »
Docteurs ! que votre Dieu existe ou non, vous voyez que l'homme,
pour peu qu'il s'interroge et qu'il sache apprécier ses ressources
personnelles et intérieures, n'a nul besoin de sortir hors de lui pour
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Bonnes gens rassurez-vous sur le sort des Athées. Ils sont loin
d'envier vos jouissances. Ils en ont de plus réelles et de plus pures.
Avec le bon esprit de ne s'occuper ni du passé qui n'est plus, ni de
l'avenir qui n'est pas encore, bornés au présent qui seul leur appartient,
leur intérêt bien entendu est dans le meilleur emploi possible du
temps ; ils prennent pour règle de conduite la Nature, qui ne connaît
point de lacune et qui ne trompe jamais.
Bonnes gens ! Rassurez-vous donc sur leur compte. Les bons, les
vrais Athées sont amants, époux et amis beaucoup plus sûrs que les
autres hommes. Ils sentent, ils jouissent avec plus d'énergie. La vie
présente étant tout pour eux, ils mettent leur étude à en tirer le parti le
plus avantageux ; et l'expérience leur apprend qu'ils ne sauraient en
abuser, sans se porter dommage à eux-mêmes les premiers.
3
Il y a quelques années, un prêtre avait ouvert un avis qui fit sourire, un moment, les
hommes graves ; c'était de soumettre le métier de prêtrise au droit de patente.
Une telle mesure ne peut convenir dans un ordre de choses qui reposerait tout entier
sur les mœurs. Malheur à une république qui ferait ressource des produits du
libertinage et du mensonge. Les femmes de mauvaise vie et les prêtres ne doivent
point être imposés, comme on impose les professions utiles et honnêtes, dont on
protège le libre exercice.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
4
Car le déiste, s'il est conséquent à ses principes, ne doit différer du Catholique
Romain, que du plus au moins.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
pour remplir les devoirs que lui imposent ses relations avec le reste
des êtres. La soirée venue, il en passe les moments paisibles au milieu
de sa famille, avec un ami, et se livre aux délassements, digne salaire
d'une journée laborieuse et utile. Un doux repos l'attend pendant la
nuit ; il s'endort, satisfait de n'avoir laissé aucun vide dans sa journée,
modelée sur le cours du soleil.
5
Le Déiste, le Théiste, et tout autre sectaire, qui admet une religion, pourrait être
désigné sous l'expression vulgaire : Ecce homo.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Si plusieurs de ces Athées dont les noms ont été recueillis dans ce
répertoire, revenaient au monde, que ne ferait-on pas pour être admis
dans leur intimité, partager leur bonheur facile et sans remords ?
Lequel d'entre nous regretterait sa journée, s'il en avait passé les
premières heures dans l'école de Pythagore ou d'Aristote ; puis
acceptant l'hospitalité chez Anacréon, Lucrèce ou Chaulieu, et après
s'être promené dans les jardins d'Épicure ou d'Helvétius se laisserait
surprendre par la nuit entre Aspasie et Ninon ? 6
« Il ne faut rien moins qu'un Dieu, ou l'idée d'un Dieu, pour remplir
le vide du coeur de l'homme, pour occuper sa pensée. Celui qui n'y
croit pas doit n'en être que plus ambitieux, plus remuant. Ce n'est qu'à
force d'honneurs ou de jouissances matérielles qu'il peut se donner le
change, et exister sans dégoût sur la terre.
Répondons à cela.
D'ailleurs, sur une population de cent mille têtes, il n'en est peut-
être pas cinquante qui se soient donné la peine de raisonner leur
croyance. Le peuple la reçoit sur parole. Il est catholique, comme il
serait Athée, si ses ancêtres l'eussent été. Dieu ressemble à ces vieux
meubles qui, loin de servir, ne font qu'embarrasser, mais que l'on se
transmet de la main à la main, dans les familles, et que l'on garde
religieusement, parce que le fils l'a reçu de son père, et son père de
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
son aïeul.
Il serait bien temps de briser une bonne fois ces vieux ressorts
politico-religieux, que tout le monde est d'accord de trouver
insuffisants, et si peu favorables à la perfectibilité humaine.
Prêtres d'un Dieu, fruit d'un adultère9, vous osez bien nous dire :
l'athéisme, démoralise !...
7
L'heureuse contrée que celle où l'on pourrait se passer de prêtres et d'espions !
8
Expressions empruntées au plus éloquent des écrivains modernes. Voyez l'invocation
du lévite d’Éphraïm.
9
On a remarqué que les fondateurs des trois principales religions du monde, Moyse,
Jésus et Mahomet, ont été des enfants illégitimes.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
un peuple. Vous, qui permettez journellement que sur tous les tréteaux
grands et petits, on tourne en ridicule la foi conjugale : vous, qui dans
le jeu des loteries, tendez un piège aux malheureux…
Don Quichotte.
10
La machine de Marly, par exemple.
11
Il est affligeant de voir dans les meilleurs ouvrages, dans les livres les mieux
pensés, combien les auteurs sont différents et au dessous d'eux mêmes, quand leur
plume tombe sur le mot Dieu. Le cerveau de l'écrivain se paralyse sur le champ, et
cette tête si profonde, si vigoureuse sur tout autre sujet, semble se détraquer pour ne
devenir que l'écho verbeux et machinal des augures, principalement quand ceux-ci
ont pour eux le vent de l'opinion populaire. Newton en est un déplorable exemple.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Trois mots de talisman 12 ont suffi pour faire des cultes et des
révolutions. Il ne faut pas que cela arrive davantage. Ne donnez plus,
ne souffrez plus du moins le spectacle de tels scandales. Rejetez tous
ces systèmes qui en sont la cause ou les suites. Tout n'a-t-il pas été dit,
en fait de science divine et politique ? Passez maintenant à des objets
positifs et qui vous touchent de plus près. N'avez vous pas la morale
domestique, et l'expérience traditionnelle.
Profitez des fautes de vos pères ; ne sacrifiez pas comme eux les
choses aux mots. Occupez-vous vous-mêmes de vos affaires
personnelles. Surveillez ceux d'entre vous chargés du soin de vos
12
Toutes les religions dérivent de l'astrologie.
HORUS… Ouvrage allemand qui parut en 1783.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
intérêts extérieurs. Vos agents ne sont pas fâchés que la foule tienne
sans cesse les yeux levés au ciel ; pendant ce temps, elle ne prend pas
garde à ce qui se passe sur la terre. »
Depuis bien des siècles, les nations de presque toutes les contrées
ne sont point satisfaites de leur condition ; elles en appellent à un être
surnaturel qui doit descendre sur la terre pour y changer, ou du moins
améliorer, l'état des choses.
Je le répète ; tous les noms cités par nous n'appartiennent pas à des
Athées. Les véritables Athées ne se trouvent point en aussi grand
nombre ; mais j'ai cru pouvoir leur adjoindre des autorités prises chez
leurs ennemis.
D'ailleurs nous n'avons cité que ceux dont les œuvres imprimées
sont par conséquent in publico jure, et ceux qui nous ont paru
sensibles à la honte de demeurer plus longtemps confondus dans la
tourbe des hommes à préjugés.
« Vous avez raison, quant aux prêtres qui trafiquent encore des
choses saintes. Mais ceux qui prudemment ont laissé croître leur
tonsure pour se mêler dans les rangs civiques et courir les nouveaux
bénéfices : ces gens-là ont contracté un esprit de corps qui ne mourra
qu'avec eux ; ils vous en feront sentir les effets à la première occasion.
13
Quelques Athées connus ne sentent pas assez toute la dignité de leur opinion.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
DICTIONNAIRE
DES
ATHÉES,
ANCIENS ET MODERNES
Les noms encore cités dans les suppléments ont été incorporés,
écrits en vert, au texte du dictionnaire.
-A-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Cet infortuné théologien était bien plus philosophe que son siècle.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
14
Abbadie né en 1658 est célèbre par un Traité de la religion chrétienne dans lequel il
combat l'athéisme. Ce fut, dit-on, parce que cet ouvrage était estimé que Maréchal
n'y répondit que par un persiflage.
Il mourut en Irlande en 1727. Édit.
15
Ouvrage que Sylvain Maréchal publia avec son Almanach. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Il eût mieux fait de suivre le conseil du, sage : cache ta vie. D'après la
conduite qu'on tient à leur égard, il est étonnant que la philosophie trouve
encore des sectateurs.
N.B. Ils n'ont jamais fait mal parler d'eux dans l'histoire.
Dans les îles Mendoca, mer du sud, les Français ni les Anglais
n'ont pu rien découvrir à Santa-Christina, qui rappelât l'idée d'une
religion, d'une croyance, d'un culte. L'île est pourtant peuplée, et les
habitants doux, pacifiques. (Fleurieu, Voyage de Marchand, in-4°,
tom. I, pag. 150.)
Vixit, dit Luther, per inde atque cum corpore sit totus periturus.
C'est-à-dire : Il vécut comme un homme qui ne croit pas à
l'immortalité de l'âme.
ALEMBERT. (d') Soyez sûr que votre religion est fausse, si la vérité
n'en est pas plus claire que le jour.
ALEXANDER, Aphrodisiensis.
C'est-à-dire : Amaury a soutenu que Dieu est Tout ; que Tout est
Dieu. Le créateur et la créature sont même chose.
N.B. C'est ainsi qu'on qualifiait, en ce siècle là, une opinion qui ne tend
qu'à humaniser les hommes, en les bornant aux seuls rapports établis entre eux par
la nature.
Si tous ceux qui ont dit que la longue prospérité des méchants est
une raison de douter de la Providence, étaient Athées, il y aurait bien
des Athées parmi les auteurs. Bayle, Dictionn.
Il existe une vieille moralité anglaise, qui n'est pas tout à fait
insignifiante : Dieu, dit-elle, est un bon homme.
Hélas ! Cela n'est que trop vrai, s'écrieront les bonnes âmes en
soupirant, et voilà pourquoi nous sommes dupes.
En tous cas, si Dieu est un bon homme, ses ministres ne sont rien
moins que de bonnes gens.
N.B. Presque tous les grands capitaines sont Athées. Les guerres, même
les plus justes, témoignent contre une Providence.
ANONYMES (auteurs)
N.B. À quoi donc celle-ci peut-elle servir ? Pourquoi multiplier les êtres
sans nécessité ?
ARÉTIN, (P.) dit le Fléau des princes, n'avait épargné Dieu dans sa
publique médisance, que pour ce qu'il n'en connaissait point.
Lamothe Levayer.
N.B. Nous citons Arétin, comme l'un des cent mille exemples qui prouvent la
nécessité d'une doctrine double, tant que les lois feront la guerre à la pensée.
Dès qu'il y a eu des gens qui ont su faire des statues, il y a eu chez
les peuples des divinités. Lettres Chin. XXXII.
Quelle philosophie !
Aristote dit que tous les premiers habitants du monde ont cru à la
matière existante par elle-même, et indépendante d'aucune cause
extérieure. Physic. 1.
ARNAUD, élève d'Abailard, moine Italien, fut brûlé vif à Rome pour
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
avoir prêché dans les montagnes de la Suisse, que si Dieu existait, son
règne et celui de ses ministres n'étaient point de ce monde, par
conséquent que le clergé ne devait posséder aucuns biens fonds.
N.B. Intenter un procès criminel à une femme pour cause d'athéisme !...
On ne reconnaît pas dans ce procédé le peuple aimable d'Athènes. C'est que le
fanatisme religieux dénature tout.
N.B. Si les femmes entendaient leurs intérêts, elles préféreraient pour ami
ou pour époux, un Athée à tout autre homme.
Cette preuve est si vague que j'ose citer encore M. Aubert dans le
Dictionnaire des Athées.
AUGUSTIN. (St) Dieu est un être dont on parle sans en pouvoir rien
dire.
-B-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
BALBUS, (G. L.) stoïcien. Rien n’existe que l'univers. Le monde est
Dieu.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
S'il était un Dieu dans le ciel, il n'y aurait point de tyrans sur la
terre... Quand un législateur annonce une loi, sans se mettre en peine
de consulter celles de la nature, et qu'il veut la faire exercer au nom de
Dieu, c'est qu'il sait que ce vain fantôme ne le démentira pas…
N.B. La foi ou la croyance en Dieu ne serait donc que le digne fruit des
siècles ténébreux ou barbares ! Il faut bien qu'il en soit quelque chose, car
cette opinion n'a point l'évidence pour caractère. Dieu, enfant de la nuit,
selon l'expression d'Hésiode, doit nécessairement se dissiper comme un
fantôme à mesure que le jour de l'instruction s'insinuera dans les yeux de
l'homme. Plus nous grandirons, plus nous ferons d'infidélités à la théologie.
S'il eût obtenu encore 76 ans de vie, dit Bartholin, je doute qu'il eût
pu venir à bout d'une question si obscure.
Bertholinus, de leg. libris. dissert. VI.
N.B. Quand on en est encore au doute sur l'âme, quelle idée peut-on se
faire d'un Dieu ?
17
Henri Basnage de Beauval, de Rouen, avocat en Hollande, auteur d'un écrit intitulé :
De la tolérance des religions. Mort en 1710. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
BAYLE, 19
18
Baudeau, fameux économiste, coopérateur de Quesnay, Mirabeau le père, Dupont,
etc. Édit.
19
Bayle, né dans le comté de Foix, persécuté pour ses principes, jusques après sa
mort, s'était retiré en Hollande où il mourut en 1706. De tout temps cette contrée
offrit un asile à la philosophie. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
La crainte des hommes, fait que l'on s'abstient de mille choses dont
on ne s'abstiendrait pas, si on ne craignait que la vengeance divine.
Diction, P. Arétin note. AA.
Il n'est pas vrai que les- païens eussent les mêmes secours que les
Athées pour conserver le repos de la république.
Rép. aux quest. d'un prov. tom. 1V. pages 15. 19.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Un pareil témoignage n’est pas suspect. Que peuvent faire de plus les
déistes ?
BÉDAS. (Les) Ces tribus, dans l'île de Ceylan-, unies pour la défense
commune, ont toujours vaillamment combattu pour leur liberté et
n'ont jamais attenté à celle de leurs voisins.
N.B. Mais non un honnête Athée. C'est ce jésuite qui soutint que les
premiers magistrats d'une nation sont comptables à d'autres encore qu'à
Dieu.
N.B. C'est à cause de cela que les théologiens mettent tous leurs soins à
recommander la foi aveugle, ou le non usage de la raison. Le simple bon sens
est la pierre de touche infaillible pour reconnaître le mauvais titre de cette
vieille monnaie qui circule au type d'un Dieu.
Les déistes ou les théistes, comme on voudra, qui ne sont que des
théologiens honteux de l'être, semblent redouter moins les suites de la
discussion ; mais pour l'ordinaire au troisième argument, ils passent dans le
camp des Athées, ou capitulent, afin d'éviter d’être confondus avec les
docteurs qui combattent plus pour leurs autels que pour leur Dieu.
N.B. Ce n'est pas comme de véritables Athées et dignes de l'être que nous
citons des cardinaux, des prêtres, des théologiens pris en flagrant délit, et
abjurant avec leurs amis la doctrine qu'ils prêchent au vulgaire. Mais les
autorités de ces gens-là, prouvent du moins qu'ils n'étaient pas dupes, avant
d'en faire. Elles expliquent en outre comment les préjugés se propagent ;
c'est qu'il est des gens qui en vivent. C'est que la société civile est si mal
organisée, que dans son sein et sous sa sauvegarde, il y a tout à gagner à être
l'apôtre du mensonge, tout à craindre à se montrer l'ami de la vérité.
Le préjugé est si fort que malgré l'expérience de tous les jours, l'on
ne peut persuader qu'un Athée soit un honnête homme. Habitué à ne
faire le bien que par crainte, le vulgaire s'imagine que l'esprit humain
n'a pas d'autre mobile... Comme si la vertu n'était pas à elle même sa
récompense. Comme si un génie assez fort pour secouer les préjugés,
n'annonçait point un caractère assez sublime, une âme assez noble
pour faire le bien...
20
Surnommé le Mogol, parce qu'il fut huit ans médecin de l'Empereur des Indes.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Bèze ne voit pas plus un Dieu dans le ciel que dans le calice, dit un
plaisant du temps.
G. Biel déclare que l'on ne connaît pas évidemment qu'il faut qu'il
y ait un premier être. Dissert. 2. quest. 10.
Natura est vis activa seu motrix ; hinc natura etiam dicitur vis
totius mundi, seu vis universa in mundo.
De Deo, anima et mundo ; dilucid. phil.
La Nature est une force active et motrice. On pourrait appeler la
Nature la force universelle.
C'est-à-dire : nous lui avons entendu dire que, dans le vrai, Dieu
n'était rien.
BOCCACE. (J.) Pour la religion, je crois que Boccace n'en avait pas
et qu'il était parfait Athée. G. Naudé.
l'Académie Française.
Note fournie par Lalande.
BON-SENS, (L'Auteur du) livre qui ne saurait être trop lu. Dès les
premières pages on trouve ce mot plein de sens : « La théologie n'est
que l'ignorance des causes naturelles, réduite en système ».
21
« Les Athées, disait-il, sont moins dangereux que les théologiens. » Donc, selon lui,
les Athées ne laissaient pas que d'être dangereux.
Bolyngbrocke n'était rien moins qu'Athée. Il s'élevait contre la théologie et les
théologiens, mais non contre la divinité. Que de noms, on pourrait justifier de
l'imputation de Maréchal en établissant cette distinction, ou même en lisant en
entier les ouvrages qu'il cite. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Les docteurs de l'école ont trouvé à répondre, tant bien que mal, au
philosophe métaphysicien ; ils n'ont eu rien à répliquer aux
argumentations du bon sens.
On ne peut admirer assez que cette idée ait pu se former dans l'âme
de tant de gens si éloignés les uns des autres, et si différents entre eux
en humeur, en éducation, en coutumes, et en génie. Bayle.
Bossuet avoue que : les nations les plus éclairées et les plus sages,
étaient les plus ignorantes et les plus aveugles sur la religion.
N.B. C'est tout ce que pouvait dire un prélat qui s'était constitué le père
de son église.
Ils prétendent que les âmes ne sont autres choses que les germes ou
les semences des êtres. Ils disent aussi dans leur symbole, l’âme est
Dieu ; V. Sonnerat, Voyage aux Indes.
Tout Ce qui parait à nos yeux, n'est qu'une seule et même chose,
qui est Dieu même, comme tous les nombres 10, 20, 100, 1000, etc.
ne sont qu'une même unité répétée.
doctrine… Il n'est pas un déiste qui n'ait quelquefois des doutes sur
l'existence même de la divinité. »
Bibliot. Franc., 3e année, n° 12.
J. Brunus fut brûlé vif à Rome, l'an 1600, pour avoir enseigné que
la vertu était la seule bonne, la seule véritable religion.
athéiste à sa mort...
Avant que de rendre le dernier soupir, il fit venir ses plus chers
disciples, (connus sous le nom de Bauddistes) et leur assura qu'il avait
caché jusques à ce moment la. vérité sous des expressions figurées et
métaphoriques ; mais qu'il ne reconnaissait réellement d'autres
principes éternels que la Nature, d'où tout était sorti, où tout
retournait.
Obs. prél. de l'Êzour-Védam. Hist. des Huns. t. 2. p. 224.
BUDÉ, (Guill.) de Paris, estimait que disputer sur les questions les
plus graves, les plus importantes de la théologie, était perte de temps
mal employé. Est. Pasquier.
N.B. Donc celui qui ne veut ni perdre son temps, ni le mal employer, doit
laisser là Dieu. Dieu ne mène à rien.
BUDDEUS. (J. Fr.) Quid vero mirum, quod successu fere careant
susceptœ contra atheos disputationes, cum forte plerique qui contra
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
atheos disputant in eamdem classem sint referendi, licet ipsi hoc non
credunt, nec sibi persuadeant.
V. de spinosismo ante Spinosam.
BULIDON. Né à Paris…
23
Auteur d'un ouvrage intitulé : Mémoire artificielle. Voltaire dit de lui que c'est le
seul jésuite qui ait mis une philosophie raisonnée dans ses ouvrages.
Il est mort en 1737. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Jadis, les Rois envoyaient aux carrières le sage qui les contredisaient.
Les prêtres se sont constitués les singes des rois.
24
« Quoi qu'en puissent dire les ATHÉES de Paris, je vais aujourd'hui, avec grand
plaisir, assister au Te Deum qui va être chanté dans la Cathédrale de Milan. »
Lettre de Bonaparte aux consuls, 14 Juin 1800, à l’occasion de la bataille de
Marengo. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
-C-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
César soutint, en plein Sénat, qu'il n'y avait plus rien après la mort ;
Caton le réfuta, comme le rapporte Salluste dans le discours de Caton.
Il n'était pas le seul à Rome, à en juger par ces vers de Juvénal :
Esse aliquos manes et subterranea regna
Nec pueri creddunt. II, 149.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
La philosophie, disent les poètes, est fille du ciel ; elle est pour moi
fille du génie et de la vertu. Idem.
N.B. C'est qu'il n'avait pas besoin de cela pour devenir parfait.
CATONS (les deux) sont placés par des hommes d'une autorité grave
au nombre des panthéistes, ou matérialistes.
N.B. Car il n'est pas nécessaire d'avoir composé des in-f° comme Bayle, des
in-4° comme Spinoza pour être admis au portique des hommes sans Dieu :
une morale douce, une philosophie pratique et quelques vers aimables,
enfants d'une imagination libre et dégagée de tout préjugé, doivent suffire
pour caractériser l'Athée, ami des seuls plaisirs que donne la Nature en
dédommagement des maux de la politique.
CELIUS.
poème des Jardins de Betz, par une note qui contient l'éloge d'un
Athée parfait honnête homme.
N.B. Que pouvait-on dire de plus significatif pour des lecteurs qui savent
lire ?
Dieu n'a jamais été si bien servi par les poètes, que l'Amour.
26
Chaulieu fit plusieurs pièces sur la Mort ; l’une dans les principes du Christianisme,
l'autre dans les principes du Déisme et la dernière dans ceux d’Épicure. Dans la
troisième il s'exprime ainsi :
Aux pensers de la mort accoutume ton âme :
Hors son nom seulement ; elle n'a rien d'affreux.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
S'il faut entendre par Athée l'homme tolérant qui s'élève au-dessus
des préjugés, qui n'est d'aucune secte religieuse, qui n'admet d'autre
culte que celui des lois, dont la vie consiste dans l'exercice des vertus
sociales, la probité, la philanthropie, la recherche du vrai, la perfection
de la raison… Certes le Dictionnaire des Athées comprendra les
philosophes de tous les temps, de tous les pays, etc. Jusques à présent,
ces mots d'Athée et d'Athéisme ne sont réellement que des
dénominations vagues, indéfinies, insignifiantes, qui ont servi de
prétexte à toutes les sectes, à tous les sots, pour calomnier et
persécuter ceux qui ne partagent pas leurs opinions, ceux qui
n'encensent pas leurs idoles.
Les dieux, dit Chérémon, sage d'Égypte, ne sont que les vertus de
la Nature répandues dans tous les corps qui la composent.
Porphyr. ad Janeb. epist.
CHILI. (Les peuples du) Chilinses neque Deum norûnt, neque illius
cultum… post obitum nihil hominis putant super esse.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Murgravius VIII.
27
Le texte de cet ouvrage est de Sylvain Maréchal ; on y reconnaît toujours et partout
son idée prédominante. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Ceux que l'on appelle Dieux, dit Cicéron, ne sont que les natures
des choses.
Vouloir que Dieu ne soit pas même tout ce qu'il y a de plus subtil ;
insister sur son immatérialité absolue ; en faire un esprit pur ; c'est
l'égaler à rien, c'est nier son existence, c'est être Athée. Clarke, dans
ce sens, et tous ceux qui pensent comme lui sont des Athées.
Philosop. de la polit, t. 2. p. 2,
par F. L. Descherny, Comte du St-Emp.
N.B. On a observé déjà, que selon Hésiode, Dieu est fils de la nuit.
Ce n'est pas l'incrédulité qui, dans les croisades, porta les chrétiens
aux débauches et aux excès les plus horribles...
Lett. manusc. à mad. Cheminot.
Dans les trois premiers, l'on ne trouve que l'athéisme ; car c'est le
ciel qui y tient lieu de la plus haute divinité ; et on n'y promet d'autre
bonheur que dans cette vie.
Dict. hist. Et. crit. par l'abbé Baral, 1758.
CUBIÈRES (Dorat) serait Athée, dit il, mais il nous faut des Dieux à
nous autres poètes.
de la Nature.
S'il est avec le ciel des accommodements, Molière, Tart. on ne devrait pas
s'en permettre aux dépens de la raison.
-D-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
ERRATA.
Dans les livres imprimés sous le règne des censeurs de police, partout
où se trouve le mot superstition, lisez religion.
Il soutenait qu'il n'y a rien de réel que les Atomes, et que tout le
reste ne consiste qu'en opinion.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
J'ose bien dire, (s'écrie Bayle à ce sujet) que cette erreur ne sera
jamais celle d'un petit esprit, et qu'il n'y a que de grands génies qui
soient capables de les produire.
N.B. Il eut les honneurs des funérailles publiques et d'une statue ; ce qui
est assez rare dans l'histoire des Athées pour être remarqué.
ECCE VIR.
« Dieu est tous les êtres ; et pas un des êtres. » Spinoza eût avoué
cette opinion.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
28
On sait cependant que le fameux sonnet qui lui fut attribué, finissant par ces vers :
Tonne, frappe, il est temps ; rends moi guerre pour guerre ;
J'adore en périssant la raison qui t'aigrit,
Mais dessus quel endroit tombera ton tonnerre
Qui ne soit tout couvert du sang de Jésus-Christ.
n'était pas de lui, mais de l'abbé de Lavau, encore jeune.
Il faut également rejeter comme n'étant pas de lui plusieurs mots contre la religion,
qu'on lui prête avec aussi peu de motifs. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
raison ; d'où est venu sans doute ce mot : Croire est une courtoisie. C'est
l'obsequium fidei des théologiens.
Pour ce qui est de l'état de l'âme après cette vie, j'en ai bien moins
de connaissance que M. Digby… Je confesse que par la seule raison
naturelle, nous pouvons bien faire beaucoup de conjectures à notre
avantage et avoir de flatteuses espérances ; mais non point aucune
assurance. Lettre de Descartes à la Princ. Elisabeth.
« Dieu n'est que l'être ; l'être de tout ce qui a l'être ; l'être de tout ce
dont on peut dire : cela est… en physique, mathématique, morale…
Dieu c'est l'être. L'être c'est Dieu. L'être est son nom essentiel. »
Athées. 29
[Bouguer, (page XCVII) parle d'un serpent qu'on peut faire sécher
pendant dix ou douze ans, et le rappeler à la vie en le jetant dans une
eau bourbeuse exposée au soleil. Le sentiment de Descartes, sur l'âme
des bêtes, lui paraît appuyé par ce fait singulier.]
29
Voltaire combat fortement le reproche d'être Athée qui fut fait à Descartes par ses
ennemis. Cependant il mourut à Stockholm en 1650, loin de la France qui le
repoussait. Que de génies n'a-t-elle pas ainsi éloignés de son sein, par esprit de
fanatisme. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Lorsque c'est la religion qui fait haïr, il n'y a point de haine plus
forte, ni plus injurieuse. Hist. de la philos, tom 2. p. 226.
N.B. C'est pourquoi les théologiens bien avisés ont introduit sur leurs
bancs la trop fameuse formule de l'école pythagorique : Jurare in verba
magistri. Le maître l’a dit : magister dixit.
qu'il y eût des Dieux. Il donna des lois aux Mantinéens aussi justes
que celles de Solon et de Lycurgue. Bayle.
nomme vivants...
Il tenait pour maxime qu'on doit faire en sorte d'être aimé de tout le
monde ; mais qu'il ne faut lier une amitié très étroite qu'avec les
honnêtes gens.
Celui qui ne croit pas en Dieu, n'en est que plus obligé d'être
honnête homme et bon citoyen. Ent. sur le Fils nat.
Pensées.
Quand quelqu'un veut exprimer une action mal faite ou faite avec
tiédeur, il dit : comme pour l'amour de Dieu.
30
Par Sylvain Maréchal.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Entre les partisans d'une première cause, il en est peu qui soient
d'accord sur sa nature et sur ses attributs. Et cette diversité n'est pas
une faible présomption de la vanité de leur hypothèse.
Dial. sur l'âme, par les interloc. de ce temps là, 1771.
LIVRE À FAIRE.
Cuncta plena sunt Deo : tout est plein de Dieu. Ces trois mots
renferment tout le système des spinosistes.
N.B. Les prêtres catholiques ne se doutent peut-être pas qu'ils ne sont que
les échos des prêtres Gaulois, leurs devanciers ; l’Eucharistie semble être la
fille perdue de la doctrine secrète des Druides. Ce pain consacré, qui est Dieu,
et les miettes de ce pain rompu entre les doigts du célébrant, qui sont autant
de Dieux, n'offrent-ils pas l'hiéroglyphe de la Nature, divinité suprême des
Druides, et des éléments, Dieux subalternes de la nation Gauloise, et fractions
du grand Tout divinisé...
DUFOUR. (Gacon) J'ai déjà parlé de cette dame qui a fait des
romans ; qui a remporté un prix sur les abeilles ; qui a travaillé pour la
Bibliothèque physico-économique. Nouvellement, Recueil pratique
d'économie rurale et domestique, par Mme Gacon Dufour, de
plusieurs sociétés littéraires, 1804 ; De la nécessité de l'instruction
pour les femmes, 1805 ; Manuel de la Ménagère.
Le tout est plus grand que ses parties. Il n'y a personne qui se
puisse jamais persuader le contraire. Or, renonciation, il y a un Dieu,
n'est point de cette nature. Car, il s'y en est trouvé, qui entendant la
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Il était d'usage dans les écoles de souffler ainsi le froid et le chaud,
pour exercer l'entendement. Il arrivait de là qu'en quittant les bancs, on était
devenu ergoteur et pointilleux. Mais les têtes saines y trouvaient l'avantage
de reconnaître la vanité des opinions religieuses et la nécessité de s'en tenir
aux seules vérités de fait. On n'a jamais argumenté pour ou contre les quatre
règles de l'arithmétique.
N.B. On a prétendu qu'il fallait de bonne heure parler d'un Dieu aux
enfants ; que les idées religieuses sont la pierre angulaire d'une bonne
éducation, comme de toute autre institution humaine. L'intéressante femme
dont le nom se trouve ici, fut élevée loin de tout culte ; elle assistait
quelquefois au service divin, comme à un spectacle populaire, sans y prendre
d'autre part que celle de la curiosité. Tous les devoirs, toutes les vertus
domestiques étaient pratiquées par elle, sans contrainte, sans efforts ; c'était
l'ouvrage de sa mère. Dieu n'y fut pour rien.
...Le grand livre de la Nature, ouvert à tous les yeux et où tous les
yeux peuvent et doivent lire leur religion… Quoi ! les trônes sont
renversés, et les autels restent debout encore ! (Murmures subits de
quelques membres. L'abbé Ichon demande que l'opinant soit rappelé à
l’ordre.) Des tyrans outragent la Nature, brûlent sur les autels des
Dieux un encens impie ! (Mêmes rumeurs ; la grand» majorité de
l’assemblée les couvre par des applaudissements)... Croyez-vous
donc, Citoyens Législateurs, fonder et consolider la République avec
des autels, autres que ceux de la patrie ? (De nombreux
applaudissements s'élèvent dans toute l'assemblée et dans les tribunes.
Quelques membres s'agitent avec violence. On demande que les
Évêques qui interrompent soient rappelés à l’ordre. Vous nous
prêchez la guerre civile, s'écrie l'abbé Audrein. J. Dupont veut
continuer. Mêmes interruptions de la part d'un petit nombre de
membres : Ducos ; Je demande que la liberté des opinions soit
prohibée, attendu qu'elle pourrait être extrêmement funeste à
certaines personnes.) J. Dupont : La Nature et la Raison, voilà les
Dieux de l'homme ; voilà mes Dieux. L'abbé Audrein : - On n'y tient
plus.- Il sort brusquement de la salle. On rit. Admirez la Nature,
cultivez la Raison ; et vous ; Législateurs ! Si vous voulez que le
peuple Français soit heureux, hâtez vous de faire enseigner ces
principes dans vos écoles primaires… Il est plaisant de voir préconiser
une religion dans laquelle on enseigne qu'il vaut mieux obéir à Dieu
qu'aux hommes… Les prêtres sont d'autres tyrans qui étendent leur
domination à une autre vie, dont ils n'ont pas plus d'idée que des
peines éternelles, auxquelles des hommes ont la trop grande bonté
d'ajouter quelque croyance. (Applaudissements) En vain Danton nous
disait-il piteusement, il y a quelques jours, à ce sujet, que le peuple
avait besoin d'un prêtre pour rendre le dernier soupir. Eh bien ! pour
détromper le peuple, je lui dirais : Danton veut vous laisser asservi à
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Il n'en résulta aucun désordre. Ce fait répond à bien des calomnies.
N.B. Cela devait être ainsi, les Anciens n'ayant d'autre divinité qu'elle.
Ce sont les femmes, les enfants, les vieillards et les malades, c'est-
à-dire, les êtres les plus faibles, qui sont les plus religieux, parce que
chez eux la raison décroît en proportion de l'affaiblissement du corps,
mais je dis que les preuves par lesquelles on veut prouver qu'il existe
sont absolument nulles. Je ne dis pas que le monde n'a jamais
commencé ; mais je dis que rien ne prouve qu'il ait commencé ; et en
cela, je pense à-peu-près comme Saint Paul, (Épître aux Hébreux,
C. I, v. 3) qui dit que c'est la foi seule qui nous l'apprend ; Dieu même
n'est prouvé que par la foi. Je ne dis pas, il n'y a dans la Nature que la
matière pensante ; mais je ne dis pas qu'il y ait autre chose. Je
n'attaque pas l'existence de Dieu ; mais seulement les mauvaises
preuves qu'on en apporte ; de manière que la question reste toute
entière. Je ne cherche point à détruire, mais je prouve que rien n'est
solidement construit dans ces importantes questions. »
Les sages, les hommes instruits de tous les pays, ont dit à tous les
théologiens du monde : parlez clairement, parlez raisonnablement, et
nous vous croirons.
-E-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
N.B. Nous croyons avoir déjà remarqué que les Arabes sédentaires, peuple
éclairé depuis longtemps, ont professé la plus haute philosophie. C'est de
l'Orient que nous vient la lumière.
N.B. Ils avaient une moralité aussi pure que leur doctrine. C'étaient de
véritables sages.
se déclarer.
N.B. Ils sont deux fois sages ceux-là qui se conduisent de manière à ne
craindre la persécution qu'autour de leur tombeau ; mais ils ne sont sages
que pour eux.
N.B. C'est cette doctrine qu'on dévoilait aux initiés, après les plus rudes
épreuves, pour s'assurer de leur discrétion. Car, dès ce temps là, comme
encore aujourd'hui, on ne trouvait pas qu'il fût prudent de tout dire au
peuple. On produisait pompeusement sur les autels l'erreur et le mensonge ;
on cachait la vérité au fond des puits creusés tout exprès derrière le
sanctuaire des temples de Memphis et de Thèbes.
Il n'y a point d'autre Dieu que les quatre éléments... Il n'y a pour
tout que les quatre éléments qui sont Dieu, qui sont l'homme, qui sont
toutes choses…
Il disait qu'il y avait des Dieux, par pure politique, et pour ne pas
exciter la haine qu'un athéisme reconnu lui aurait attirée.
Naigeon d'après Posid. le stoïc.
Il est difficile de nier qu'il y ait des Dieux : oui, en public ; mais
discourant en particulier, rien de si facile.
N.B. Presque tous les philosophes ont sacrifié à la peur. Presque tous du
moins ont préféré leur tranquillité personnelle au triomphe de la raison.
C'est ce qui fait que la philosophie ancienne, et la moderne aussi, sont pleines
de tant de contradictions. Il faut une clef, pour pénétrer dans le vrai sens des
systèmes de la plupart des sages. On les croit inconséquents ; ils ne sont que
dissimulés. Ils ont peur.
Épicure, (dit Garasse dans son style) Épicure, qui était tout de lard,
croyait que l'âme fût matérielle et corporelle.
ÉRASME. Luther dans ses colloques de table, page 377, parle bien
mal d'Érasme. Il le dépeint comme un Épicurien et un Athée.
Il est certain que l'idée de Dieu nous échappe de tous côtés, quelle
se dérobe à toutes nos recherches.
De l'Égalité, ou la philos, de la pol. tom. II. p. 4.
J'ai vécu avec bien des Athées… Je leur aurais confié mon
honneur, ma vie, ma fortune. Je n'en dirai pas autant des dévots.
Idem. p. 9.
N.B. Non seulement il le peut ; mais il le doit même, pour être conséquent
à ses principes.
ESPRITS FORTS, (les) C'est le nom que l'on donne aux Athées ; ils
ne le désavouent pas. Il leur faut en effet une certaine force d'esprit,
pour- lutter contre un préjugé devenu imposant par sa haute antiquité,
et par son influence presque générale. Mais,
L'erreur pour être vieille, est-elle moins l'erreur ?
À L'ÊTRE SUPRÊME
PROTECTEUR DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
AU BON SENS
LÉGISLATEUR DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE.
Voyez Diagoras.
« Tu vois cet Éther qui est en haut, qui est sans bornes, et qui
entoure la terre de ses bras humides : crois-le Jupiter, crois-le Dieu » !
Ces vers appartenaient probablement au Thyeste d'Euripide ; c'est du
moins dans son Thyeste qu'Ennius en avait inséré la traduction.
. . . aspice hoc
Sublime candens quem vacant omnes Jovem.
-F-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
N.B. Malgré ses opinions anti-religieuses, Fariabi jouit d'une haute estime
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. L'ouvrage n'a pas été achevé, mais l'intention de l'auteur est
suffisamment connue ; il ne voulait d'autre culte que celui de la vérité.
N.B. Cela n'est pas surprenant ; d'ailleurs, les femmes ne doivent pas plus
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
L'abbé Irail, dans son livre des Querelles littéraires avance que
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
D'ailleurs, ils étaient tous deux archevêques, tous deux à la Cour, tous
deux contemporains de Molière, persécuté pour son Tartufe. L'un né
ambitieux, voulait se conserver la dictature de l'église Gallicane. L'autre,
doué d'une âme plus douce, d'une imagination plus poétique, avait besoin
d'illusions. Et puis, les hommes de génie, pour la plupart, tels que Corneille,
Racine, le bon Lafontaine et autres, tout occupés de leurs conceptions
sublimes, ne daignent pas descendre de la hauteur où ils sont placés, pour
éplucher les articles de foi de leur enfance. Ils aiment mieux croire sur
parole, et s'en rapporter à l'opinion commune. Cela est plus commode et plus
sûr. Ils ont besoin de tranquillité. Pacem amant Musœ.
Les derniers discours de Fo, firent naître une secte d'Athées entre
les Bonzes. La secte de Fo fut apportée des Indes soixante-cinq ans
avant notre ère. (Abrégé de l'hist. des voyages, tome VIII, page III).
32
Cette Histoire des Oracles lui suscita une querelle assez violente avec les jésuites,
compilateurs de la vie des saints ; et quelques années après, le Père Le Tellier,
confesseur du Roi, la renouvela et dénonça à Louis XIV, Fontenelle comme un
Athée. Ce ne fut que par le crédit du Marquis d'Argenson, alors lieutenant de police,
qu'il évita la persécution prête à éclater sur lui.
Le reproche le plus juste que l'on puisse faire à Fontenelle, est d'avoir fait l'apologie
de la révocation de l'Édit de Nantes, blessure que la France n'a point encore
cicatrisée. N'avons-nous pas vu, de nos jours, justifier la St Barthélemy ! Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. D'ordinaire, les savants ne croient pas ; mais ils seraient bien aises
qu'il n'y eût qu'eux d'incrédules. Semblables aux amants exclusifs et jaloux,
on dirait qu'ils ne craignent rien tant que de voir leur doctrine devenir
populaire. L'amour-propre, plus que l'amour de la vérité, est le premier
chapitre de leur philosophie.
N.B. On peut bien croire que dans leurs apartés, il n'est pas question de
ces ridicules épreuves, admises dans les loges maçonniques ordinaires.
Pour faire voir que Frédéric était impie jusqu'à l'athéisme, on lui
imputa le livre des trois imposteurs. Moreri, Dict.
N.B. Plus on s'approche des prêtres, plus on s'éloigne de l'idée d'un Dieu.
N.B. Ce mot philosophique est tout aussi éloquent pour le moins que le
passage de Bossuet tant de fois cité ; il s'agit de la religion Égyptienne :
« Tout était Dieu, excepté Dieu même. » Hist. univ.
Il y a quelques-uns des ouvrages qu'on lui attribue, dont il n'est pas sûr
qu'il soit l'auteur ; mais la lettre de Trasibule à Leucippe, qui est
certainement de lui, est un chef-d'oeuvre de logique et d'éloquence, où
toutes les arguties des théistes sont pulvérisées.
L'objet d'une idée abstraite intellectuelle n'existe pas ; Or, Dieu est
l'objet d'une idée abstraite intellectuelle ; Donc Dieu n'existe pas...
Les objets de nos idées sont réels ou idéaux. Il est une règle
certaine, pour juger de la réalité ou de l'idéalité de ces objets. Il suffît,
pour en juger, de connaître la nature de l'idée.
Une idée sensible est le pur résultat de l'action d'un objet sur les
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
organes des sens. L'objet de l'idée sensible est donc un être réel, un
être qui a une existence individuelle ; car, pour agir, il faut exister.
L’idée de Dieu est une idée abstraite. Il est impossible de n'en pas
convenir. En voici l'origine et la formation.
de deux idées générales ; les rapports qui sont les objets de ces idées
sont faciles à découvrir.
L'idée générale de cause, ainsi que celle d'être, ne sont que deux
idées abstraites ; mais c'est de la réunion de ces deux idées, qu'on se
forme l'idée complexe, que nous disons être l'idée de Dieu.
Il vous est aisé d'observer, lui dirais-je, que tous les objets qui vous
environnent, ont une qualité commune, celle d'être. Dirigez votre
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Remarquez ensuite, que tous les corps qui s'offrent à vos yeux, en
agissant les uns sur les autres, produisent des effets divers. La
propriété de produire certains effets est donc une propriété commune à
tous les corps. Détachez par un acte de votre attention, ce rapport
général qui existe entre tous les corps ; désignez-le par le terme cause,
et alors vous aurez dans l'esprit l'idée abstraite de la cause, ou l'idée de
cause en général.
Ceci est d'une parfaite évidence car il est impossible que le même
être soit à la fois idéal et réel.
Il est donc démontré que Dieu n'est point un être qui ait une
existence individuelle. Les philosophes qui ont eu l'idée de Dieu n'ont
réalisé l'objet de cette idée abstraite, que parce qu'ils n'ont pas fait
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
-G-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
33
On sait que cet ouvrage est de Sylvain Maréchal, lui-même. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Cela veut dire, dans la langue de Bayle, que Gaffarel mérite les
honneurs de notre Dictionnaire.
N.B. Un homme d'État, digne de ce titre, ne doit croire qu'à la vertu des
lois. Malheur à une nation dont les magistrats suprêmes n'auraient d'autre
frein que la crainte de Dieu ! Ce serait le règne des prêtres.
N.B. Pour l'ordinaire, les alchimistes et les astrologues sont dévots ; les
chimistes et les astronomes ne le sont pas.
Ils disent que nos âmes sont des parcelles de l'âme générale,
comme nos corps sont des parties de l'univers.
Bnicker, Hist. philos.
N.B. L'athéisme s'est prononcé dans l'Inde et à la Chine, plus que partout
ailleurs. Les lumières datent, chez les Orientaux, d'une époque à laquelle les
autres nations ne peuvent atteindre. Voy. Lett. de Bailly à Voltaire.
N.B. Nos théologiens Français sont encore Gaulois sur ce chapitre, mais
sans le savoir, ou du moins sans en vouloir convenir.
34
Cette opinion appartient toute entière à Reimannus. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Bayle et mieux encore que lui, les bonnes mœurs des véritables
Athées de tous les siècles et de tous les pays, ont répondu à cette question
impertinente.
La première idée que les hommes ont eue de l'âme, est celle d'un
être matériel. Eod. loc.
Nos pères et docteurs ont souvent dit, non ce qu'ils pensaient, mais
ce que leur faisaient dire les circonstances et le besoin.
Lett. à Jérôme.
UN INTERLOCUTEUR.
Que mettrons-nous à la place des prêtres ?
RÉPONSE.
De bons magistrats, point menteurs.
L'INTERLOCUTEUR.
À la place des Dieux tant craints de nos ancêtres ?
RÉPONSE.
De sages lois, de bonnes mœurs.
35
L'auteur de cet opéra est Maréchal. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N'est-il pas certain que presque toutes les disputes savantes roulent
plutôt sur des sons, que sur des idées ? Toutes les controverses des
théologiens ne concernent-elles pas les différents sons qu'on peut
donner aux paroles ? Disc. XXXV. tom. 1.
GUER, Histoire critique de l'Âme des Bêtes par M. Guer, 2 vol. in-
8°. 1749. Il prouve fort bien que l'âme des bêtes est de même espèce
que la nôtre, c'est-à-dire de la Matière.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Les Athées doivent être de meilleurs citoyens que le reste des
membres d'un État politique ; par la raison qu'ils n'obéissent point à deux
maîtres, Dieu et la loi : ils ne reconnaissent que celle-ci au-dessus d'eux.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
-H-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
HARDOUIN, (le P.) prétend que les ouvrages des Pères de l'Église et
particulièrement ceux de St Augustin, ont été faits par une société
d'Athées, qui voulaient détruire le christianisme.
N.B. Jean Hardouin aurait dû clore par son propre nom, la liste de ses
Athées découverts. Athei detecti. Car, en reprochant à ses compagnons d'école
qu'ils font de Dieu une abstraction, que veut-il donc qu'il soit ?
aussi.
L'homme est son Dieu. Rien de commun entre ce qui se fait au ciel
et se passe sur la terre.
38
Maréchal lui-même avait fait des cantates pour la fête de la Raison. Voir sa Vie.
Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Il ajoute que tous les jésuites, qui certainement n'étaient pas des
sots, avaient soutenu cette opinion.
Il disait : le mal que font les religions est réel, et le bien imaginaire.
Les religions sont utiles, mais c'est aux prêtres et aux tyrans.
N.B. Le vandalisme des prêtres a fait bien du mal aux muses et aux
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
39
lettres.
Héraclite disait : Qu'est-ce que c'est que les hommes ? Des Dieux
mortels. Qu'est-ce que les Dieux ? Des hommes immortels.
Hésiode avait dans le fond les mêmes principes que les Athées
matérialistes. Naigeon.
Il ordonna que l'on mît sur son tombeau cette épitaphe ironique
composée par lui-même :
Ci-gît Hippon,
Que la Parque,
En le privant du jour,
À rendu semblable
Aux Dieux immortels.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
HOBBES, (Th.) était bon citoyen, bon parent, bon ami, et ne croyait
point en Dieu.
Diderot, trad. des Recher. sur la vertu, de Shaftesbury. Note 21.
Tout ce que nous concevons est fini, dit très bien Hobbes : le mot
infini est donc vide d'idées. Si nous prononçons le nom de Dieu, nous
ne le comprenons pas davantage. De Homine, cap. 3.
40
Voyez aussi Diagoras.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Hobbes mit tout en œuvre pour nous faire voir qu'il n'y avait rien
qui nous portât naturellement à une vie religieuse.
Shaftesbury, Essai sur la raillerie.
N.B. On dit que Hobbes mourut dévot ; il était plus que nonagénaire.
Nécessairement le génie se ressent de la caducité du corps, et cela même
confirme et justifie le matérialisme du philosophe.
S'il ne fut pas Athée, il faut avouer que son Dieu, diffère peu de
celui de Spinoza. Diderot.
De toutes les vertus morales, il n'y a guère que la religion qui fut
une matière problématique dans la personne de Hobbes…
N.B. Ni Dieu ni médecine !... Que nous sommes petits, nous autres nations
policées, à côté des Hottentots ! Proposons aux grammairiens un nouveau
synonyme : Sage et Sauvage.
HOUTEVILLE. (L’abbé)
Nos arrières neveux répugneront de croire ce que nous avons vu, ce que
nous voyons encore se passer dans la politique tant profane que sacrée.
de l'existence divine ; je dis peu, car ceux qui disent qu'il n'y en a
aucune se trompent.
N.B. Dans cette hypothèse, on se passe d'un Dieu et l'on abrège les
difficultés. Ce n'est qu'en simplifiant qu'on parviendra à s'entendre.
-I-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Atma, le Dieu des Indiens, est la nature entière : c'est Spinoza tout
pur. Les Égyptiens, en adorant un crocodile, un taureau, prétendaient
aussi adorer une partie de la nature.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Dans les Vedes, anciens livres des Indiens, publié par M. Anquetil,
en 1804, on voit que Brahm, ou Brama, est l'âme de la Nature ;
l'Éther, le plus subtil des éléments. Notre âme, c'est-à-dire, le souffle
et la chaleur vitale, l'étincelle qui brille dans notre esprit et allume le
feu du génie, est une portion de cet éther infini : cette portion suffit
pour animer nos corps, quelles que soient leurs formes, dans les divers
états de la vie par où nous passons, jusqu'à ce qu'elle se réunisse au
grand Tout dont elle fait partie.
que l'homme à l'existence, il n'était pas permis de les tuer, ni pour son
plaisir ni pour ses besoins. Partisan de Sangata, ou Athée, paraissent
être deux expressions synonymes dans la bouche des Brahmes
orthodoxes.
Notions pour servir à l'histoire de la philosophie
et des sciences en Asie, tirées des recherches Asiatiques,
par M. M. F. dans les archives littéraires de l'Europe.
Tom. 2. p. 315 et 316.
À peu près sous le même nom, Péruse vit aussi se former dans ses
murs, un cercle d'hommes qui se piquaient de la plus parfaite
neutralité en fait de religions. Ils n'en adoptaient aucune.
N.B. En effet, sur les mêmes fauteuils, siègent tour à tour, les Bernardin
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
de St-Pierre, les Collin d'Harleville, les Louis Mercier, les Delisle de Salles,
les Lareveillère-Lépaux, les Jussieu, etc. à côté des Lalande, des Naigeon, des
Monge, etc. Cette savante confrérie donne, au moins en cela, l'exemple de la
tolérance des opinions, La concordance, des principes serait peut-être tout
aussi édifiante. Cela viendra. L'Institut est jeune encore ; lui vienne la barbe,
nous le verrons sans doute déposer la robe de l'enfance, pour endosser le
manteau du philosophe.
L'Institut est loin de tout cela ; plusieurs de ses membres vont encore à la
messe. Corneille, et je crois même Tournefort, y allaient bien, nous le
savons ; mais nous savons aussi que les temps ne sont plus les mêmes.
C'est pitié de voir cent hommes choisis parmi les doctes de toute une
grande nation et délivrés de la triple inquisition sacerdotale, parlementaire et
ministérielle, faire si peu, se prononcer si faiblement contre les préjugés de
leur pays et de leur siècle, et s'empresser de rappeler les poids et les mesures
à l'unité, avant de l'avoir introduite dans la morale publique…
Il est égal de dire que l'âme est mortelle, ou d'assurer qu'elle est
corporelle. Mirabaud, le monde...
Sub sole, nil novum. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Toutes les
religions ne forment entre elles qu'un cercle vicieux.
-J-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Tel qui parle de Dieu, n'a pas d'autre idée de sa divinité, que celle
de la matière de l'univers. Dissert. sur l’exist. de Dieu, préface.
Les plus sages des païens se servaient de cette pensée, qu'il y a des
Dieux, autant qu'ils la croyaient propre à retenir le peuple dans la
crainte et dans le respect. Exist. de Dieu. In-4°.
JAPON, ce pays renferme une secte qui n’espère d’autre vie que
celle-ci, et ne connaît point d’autre substance que celle qui frappe les
sens… elle enseigne des choses qui ont beaucoup de rapport à
l'opinion de Spinoza.
JEAN. (St) Nous ne pouvons guère refuser une place ici à cet
évangéliste apocalyptique. Le début de son livre sera son titre : Dieu
est la parole. Deus est verbum.
Plus loin, Jean se dit venu pour rendre témoignage à Dieu, qu'il
appelle la lumière. Chap. I.
lumière, lux.
Ceci est mon corps, ceci est mon sang, dit Jésus-Christ en
présentant à ses apôtres du pain et du vin.
Il semble que Jésus-Christ ait voulu nous, faire entendre que ces
hommes, qu'on appelle communément Déistes ou Athées et qui n'ont
pas l'esprit gâté et perverti par la superstition, sont plus charitables et
infiniment meilleurs que ceux qui l'ont corrompu par les vices et les
cruautés qu'inspire la superstition...
Albert Radicati, Com. de Passeran, Recueil.
de pièc, cur. Londres 1749 in-8 p. 23.
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N.B. Il est certain que les mœurs et la doctrine de ce Dieu le fils, ont
dégoûté de Dieu le père. L'examen du Christianisme a fait beaucoup
d'Athées. Il n'y a peut-être jamais eu de système religieux plus indécent, plus
impertinent, plus révoltant que celui de Jésus. On ne voudra pas croire un
jour que les hommes aient porté si loin la stupidité. Il est vrai que les peuples
ne sont plus des hommes.
42
Fille du Marquis de Valière, à St-Georges de Bénin en Beaujolais. Édit.
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JUSTIN, (St) martyr. Ceux qui suivent la raison peuvent être regardés
comme très religieux, même quand ils seraient Athées.
St Justin décide qu'on ne doit pas dire que l'âme soit immortelle.
Dial. cum. Tryph.
-K-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Les observateurs qui nous les ont fait connaître, assurent très
positivement, qu'ils n'aiment ni ne craignent Dieu, et que l'idée d'une
Providence leur parait ridicule…
Vossius remarque que les plus sages dirent que la terre était ou un
animal, ou une partie du grand animal, qu'on appelle le monde.
Il ajoutait :
KOVAM. Nom d'une ancienne peuplade d'Égypte, qui vit sous des
tentes, hors des villes, sans professer aucune sorte de religion : On ne
dit pas que cette nation soit turbulente et sans mœurs. Bien au
contraire. Voyez Herbelot, Bibl. Or.
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N.B. Nous avons cité les noms de plusieurs peuplades Athées et nous
aurions pu en inscrire un bien plus grand nombre. En général, le peuple,
civilisé ou non, quelle que soit sa croyance, vit, dans le fait, comme s'il ne
reconnaissait pas de Dieu. Les seuls objets qui lui tombent sous les sens,
l'affectent réellement. Le vulgaire n'est pas métaphysicien.
-L-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Ce Dieu, selon vous, est un être moral, un pur esprit. Mais le moral
ne résulte-t-il pas d'une organisation physique ? Et de bonne foi,
voyez-vous le moral séparé de la matière ? Là-dessus, vous faites des
distinctions fines, ingénieuses. C'est ainsi que vous vous tirez de
l'embarras de faire à une demande très simple, une réponse simple,
claire et précise.
N.B. La Bruyère était très réservé, et fort attentif à ne pas blesser les
convenances ; Dieu ne se soutient dans le monde que par là. En général, les
meilleurs esprits, les têtes les plus saines se piquent de montrer leur
prudence, en sacrifiant à l'erreur, quand l'erreur est dominante. Si la vérité
perce dans leurs écrits ou dans leurs paroles, c'est comme malgré eux, ou à
leur insu.
43
Cela ne devrait pas suffire pour le ranger dans la classe des Athées, car La Bruyère,
à la fin de son livre des Caractères, parle contre eux ; et ce morceau est estimé,
quoique La Bruyère ne fût pas un théologien. Dans son chapitre des Esprits forts, il
s'exprime ainsi : « Quel plaisir d'aimer la religion et de la voir crue et soutenue, par
les Bacon, les Descartes, les Newton, les Grotius, les Corneille, les Racine, les
Boileau, les Turenne, les Daguesseau, l'éternel honneur de l'esprit humain ». Il y a
loin de là à l'athéisme, et La Bruyère en écrivant cela, n'avait pas de pensée de
derrière la tète, comme Montaigne, comme Pascal, ou comme Escobar et Loyola.
Édit.
44
Mathurin Veissière de la Croze, Bénédictin de Paris, né à Nantes en 1661, mort en
1739, à Berlin, où il s'était retiré pour penser librement. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. S'il est raisonnable, s'il est digne de l'homme de ne croire que ce
qu'on lui prouve, tous les géomètres doivent être Athées.
45
Alex. Lainez était né dans le Hainaut, en 1650. Il passa pour un poète singulier et
fut mis par Titon du Tillet au rang des plus illustres, entre ceux qu'il plaça sur son
Parnasse Français. Cependant, il reste peu de chose de lui, et il n'est guère
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
aujourd'hui connu, comme le Marquis de Saint-Aulaire, que par un madrigal qu'il fit
pour madame de Martel. Édit.
46
« La religion est fille de l'astronomie ; un astronome Athée ne peut être qu'un
insensé. » dit Young. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Il n'y a donc pas besoin de l'âme pour faire mon calcul, puisqu'une
cause matérielle peut le produire ; nous ne saurions jamais concevoir
l'action d'une substance immatérielle sur notre matière.
À la suite de mon quatrain sur Dieu, on pourrait ajouter celui que j'ai
fait contre les hommes : facit indignatio versum. Lalande
47
Malebranche fit deux vers en sa vie, pour lesquels il réclamait l'indulgence, au
moins en faveur de la rime ; le quatrain de Lalande, a, pour le même motif, droit à la
même bienveillance. Lalande n'était pas poète. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Les trois quarts et demi des croyants n'ont jamais examiné leur
croyance. On se passe Dieu de main en main, et sur parole, comme une
monnaie qu'on soupçonne tout au moins douteuse, et remplie d'alliage. Mais
si on a été trompé en la recevant, on n'est pas fâché que d'autres le soient
aussi. Et voilà comment Dieu a fait le tour du monde.
Après tout, il est égal pour notre repos que la matière soit éternelle
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
ou qu'elle ait été créée ; qu'il y ait un Dieu, ou point. Quelle folie de
tant se tourmenter pour ce qu'il est impossible de connaître, et qui ne
nous rendrait pas plus heureux, quand nous en viendrions à bout !
Idem.
N.B. On a traité La Mettrie de fou. C'est plutôt fait que de prouver qu'il
avait tort.
Il est soupçonné, dit Patin, d'un vice d'esprit dont étaient atteints
Diagoras et Protagoras. Bayle.
Les Athées éludent tous les arguments dont ils soutiennent n'y en
avoir aucun démonstratif, ce qui leur est rendu assez facile par les
règles d'une exacte logique.
sont servis de l'opinion vulgaire sur ce sujet, (laquelle ils ont non
seulement favorisée, mais accrue de tout leur possible), que pour
emboucher de ce mors le sot peuple, pour le pouvoir après mener à
leur fantaisie. Dial. de la divinité.
N.B. Ces philosophes, qu'on dit surannés, sont loin de mériter cette
disgrâce. Assurément le vulgaire bâillonné avec un Dieu, présente une image
aussi juste qu'énergique.
Son neveu cite l'une de ses réparties, qui mène à prouver son
matérialisme : « À table, la chaleur du vin fait sur mon âme, le même
effet que produit le feu sur l'encens. ».
Je dirais même très volontiers, que j'ai eu, quant à moi, beaucoup
plus à me louer des matérialistes que des chrétiens. Balance natur.
N.B. Le peuple est trop matière pour se faire une idée de l'esprit suprême.
Ses facultés intellectuelles sont trop obtuses pour lui permettre de pénétrer et
de se perdre dans les abstractions. Il lui faut un Dieu qu'il voie, qu'il palpe et
qu'il mange. Au surplus, s'il est vrai qu'il faille opter, je l'aime beaucoup
mieux Théophage qu’Anthropophage.
Th. Lau est le complice des vérités hardies, professées par Spinoza.
Dict. des rép. p. 110.
LEBRUN, de Grenoble.
48
Jean Leclerc, né à Genève en 1657, mort à Amsterdam en 1736, était auteur d'une
Bibliothèque universelle, dans laquelle il approcha de Bayle, qu'il cherchait à imiter.
C'est son meilleur ouvrage. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Selon lui dans toutes les choses du monde, la liaison des causes est
éternelle et nécessaire.
49
« Platon et Cicéron, chez les Anciens, Clarke et Leibniz, chez les Modernes, ont
prouvé métaphysiquement et presque géométriquement, l'existence du Souverain
Être ; les plus grands génies, dans tous les siècles, ont cru à ce dogme
consolateur. ».
Tel est le jugement de M. de Chateaubriand dans son Génie du Christianisme, sur
ces grands hommes jugés aussi par Maréchal ; après cela qui croira-t-on ? Qui
décidera si Platon, Cicéron, Clarke et Leibniz figurent à juste titre dans ce
Dictionnaire ? Bien d'autres s'y trouvent encore, en faveur desquels on pourrait
apporter de semblables témoignages. Mais c'est ainsi qu'on écrit, quand on écrit
sous l'influence d'une passion. Ab uno disce omnes. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
LÉON X. Pape.
Malgré ses apologistes, il passe pour Athée. Il avait pris des leçons
d'A. Politien.
Sainte Aldegonde lui écrivait ainsi : Nihil est in te quod non sit
suavissimum, si hocunum demas, quod nimiùm es Atheologus.
Descartes refusant une âme aux bêtes, indiquait son opinion sur
celle des hommes.
On n'a point recueilli ses vers. Ses vaudevilles impies étaient, dit-
on, fort gais. L'athéisme n'est pas aussi triste, aussi désolant qu'on
voudrait bien le faire croire. Cette opinion comporte tous les charmes
de la poésie légère, ainsi que tout le sublime de l'ode.
50
Né à Isque près Bruxelles en 1547, mort à Louvain en 1606. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
L'idée de Dieu n'est point innée. Entend. hum. p. 70. par. VIII.
Et cette autre :
LOMBARD de Langres.
LUCAIN, (M.A.).
IMITATION :
Le bon Rollin lui reproche de faire paraître dans ses ouvrages une
irréligion trop marquée. Le Chancelier Bacon met Lucien au rang des
Athées contemplatifs.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Cette injustice est prouvée par des arguments à quoi aucune raison
ni la lumière naturelle ne peuvent résister.
N.B. Garasse a raison d'en faire un reproche à Luther. Un bon Athée doit
abandonner l'hypocrisie à ses adversaires et ne .parler que comme il pense,
ou se taire tout à fait.
-M-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
religieux ne s'en cachaient pas. Sans cela, ils n'auraient pu se faire entendre
du peuple, qui ne croit fermement qu'à ce qu'il touche.
Il n'y eut jamais de plus grand Athée que ce Prince, qui n'adorait
que sa bonne fortune, qu'il reconnaissait pour l'unique divinité… Il se
moquait de toutes les religions. Maimbourg.
Il y a des gens qui ont écrit que ce Sultan était Athée ; cela pourrait
être vrai. Bayle.
en 1761.
prince.
Quand les pauvres lui disaient qu'ils prieraient Dieu pour lui, il leur
répondait qu'il ne croyait pas qu'ils eussent grand crédit au ciel, vu le
mauvais état auquel il les laissait dans ce monde… Bayle.
spirituel.
D'Argens, Phil. du Bon Sens, tom. II
Dans tous les pays de la terre, quelle qu'en puisse être la religion
dominante, le grand nombre est si fort maîtrisé par de vaines frayeurs
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
MANÈS prétend que l'âme est répandue confusément dans tous les
corps. Tout est esprit dans la nature. Lui et ses partisans soutenaient
que tout est animé, jusques aux pierres mêmes. Ep. ad Men.
N.B. Le poète Aratus, qui a exercé sa muse sur les mêmes sujets, professa la
même opinion. Selon lui, Dieu remplit tout entier l'univers.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Il n'y a qu'un seul monde qui comprend tout, un seul Dieu qui est
partout, une seule matière éternelle. VII. 8.
N.B. Est-il besoin d'avertir que dans ce passage, ainsi que dans presque
tous les écrits des anciens, Dieu, matière, nature, âme, monde, univers, etc.,
sont synonymes ?
MARCELINUS. (Amm.)
l'autre fait.
MARNÉSIA.
N.B. C'est précisément cette justesse d'esprit qui mena Du Marsais droit
à l'athéisme. Du Marsais a été un des Athées les plus fermes et les plus hardis
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Hardouin a raison. C'est être Athée que de reléguer Dieu parmi les
abstractions ; une abstraction n'est qu'une opération de l'esprit. Dieu ne
serait donc qu'un enfant perdu de l'imagination humaine.
Manille disait qu'il fallait seulement lire les autres poètes, mais
apprendre par coeur Lucrèce. Voici quelques-uns des vers qu'il fit à
l'imitation de son modèle :
IMITATION.
Ità fit ut, dùm ejus quasi membra carptim variis supplicationibus
prosequimur, totum colere profecto videamur.
C'est-à-dire : quand nous adressons nos invocations aux Dieux,
c'est comme si nous rendions un culte au grand Tout, dont ils sont les
membres.
MÉCÈNE. (C. C.) Il y avait des Athées sous le règne d'Auguste ; car,
parmi les conseils donnés à cet Empereur par Mécène, On remarque
celui-ci :
Voyez Baron.
Les Égyptiens, les Phéniciens, les Chaldéens, les Grecs, ont obtenu
très tard cette connaissance. La pure religion naturelle des anciens
Chinois est une chimère des Jésuites. (Milon, Esprit des journaux,
7 janvier 1781, p. 384.)
Il y avait bien des matières sur quoi son âme ne prononçait point :
« Cela est ainsi et ne peut être autrement. »
N.B. On sait ce que cela veut dire sous la plume de Bayle. Ces deux lignes
valent un brevet d'athéisme.
MÉLOS. Ile dont tous les habitants étaient Athées. Voyez Bayle.
Quel sujet à produire sur la scène, que l'Athée ! Et à quelles mains sûres
et vigoureuses est réservé l'honneur d'écraser ce personnage !...
Note de la Maison de Molière ; imité de Goldoni.
N.B. Personne n'a encore osé ramasser le gant. On sent du moins toute la
difficulté du sujet. C'est un hommage rendu aux principes de l'Athée.
Parmi la multitude, il est des hommes ici, (en Éthiopie) qui n'ont
point de culte.
MERSENNE. (le P. M.) Tous les anciens philosophes ont dit ce que
nous disons en cette maxime de théologie, que Dieu est présent
partout… C'est pourquoi nous pouvons dire que Dieu est le monde…
C'est lui qui est cette nature naturante.
L'impiété des Déistes, sec. par.
Nos géomètres croient parfois que Dieu existe, mais ils confessent et
assurent que par la raison, ils n'en peuvent être persuadés ou convaincus.
Epist. ad Flor. Crasium, 1645, trad. par Bayle.
Tant qu'il vécut, il donna tous les ans à ses paroissiens pauvres,
tout ce qui lui restait de son revenu ; et il savait vivre de peu. On lui fit
cette épitaphe :
CI-GÎT
JEAN MESLIER,
CURÉ
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
ET
N'EUT PAS BESOIN DE CROIRE EN DIEU
51
POUR ÊTRE HONNÊTE HOMME,
51
On a cru que Meslier dégoûté de la vie, s'était laissé mourir, en se refusant toute
espèce d'aliments, parce qu'il ne voulut pas même prendre un verre de vin.
On trouva chez lui trois gros manuscrits en entier de sa main et signés de lui,
intitulés : Mon testament. Sur l'enveloppe de l'un d'eux, il avait écrit et adressé à ses
paroissiens ces paroles :
« J'ai vu et reconnu les erreurs, les abus, les vanités, les méchancetés des hommes.
Je les hais et je les déteste. Je n'ai osé le dire pendant ma vie, je le dirai au moins en
mourant et après ma mort ; et c'est afin qu'on le sache que j'écris ce présent
mémoire, afin qu'il puisse servir de témoignage à la vérité, à tous ceux qui le
verront, et le liront si bon leur semble. » Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
MEYER, de Berlin, m'a promis des notes sur les Athées d'Allemagne.
…Le menu peuple, plus il est ignorant, plus il veut se mêler des
affaires de la religion.
N.B. Mais tous les gens sensés n'osent pas encore en convenir tout haut.
Ont-ils raison ? Leur prudence est-elle louable et nécessaire ? L'expérience
ne prouve pas, ce me semble, qu'on gagne beaucoup à ne lever que le -coin du
voile. Après tant de siècles de ténèbres, d'erreurs et de mensonges, soi-disant
officieux, le moment ne serait-il pas encore venu de dire enfin : fiat lux !
civiles. Pourquoi des guerres entre des religions ? C'est que toutes sont
fausses. S'il y en avait une vraie elle n'aurait besoin que d'être
présentée ; tout le monde se rendrait ; tout ce qui fait dispute est
nécessairement une fausseté ; ou tout au moins une incertitude.
52
Milton ne garda pas cette indépendance en politique. Secrétaire de Cromwell et son
partisan déclaré, il fut l'un des plus ardents ennemis de Charles I. Il n'arriva point, de
son vivant, à la célébrité à laquelle il avait aspiré longtemps ; il mourut pauvre,
ignoré, sans gloire ; ce ne fut qu'après sa mort que l'Angleterre sut apprécier son
génie. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
La vertu a une base solide et la justice un but réel dans l'intérêt, ce garant
universel de nos engagements respectifs. Lett. de Cachet, tom. 1.
N.B. Mais en jouant à la chapelle, comme on dit, ces enfants mal élevés se
jettent à la tête leur hochet divin, et rougissent leur idole de leur sang.
MOJON, (le docteur Bernard) auteur d'une bonne dissertation sur les
Effets de la musique, tant en santé qu'en maladie, m'a dit plusieurs fois
qu'il était Athée.
LE PAUVRE.
À prier Dieu pour les honnêtes gens qui me donnent l'aumône.
DON JUAN.
Tu passes ta vie à prier Dieu ? Si cela est, tu dois être fort à ton aise.
LE PAUVRE.
Hélas ! Monsieur, je n'ai pas souvent de quoi manger.
N.B. L'Athée Espagnol Don Juan exista, mais non tel qu'il plut aux
auteurs dramatiques de le travestir sur le théâtre. La seule scène où l'original
était fidèlement copié, fut précisément celle que l'on proscrivit.
Molière ne peut parer au juste reproche qu'on lui peut faire d'avoir
donné à tous ses auditeurs des idées de l'athéisme, sans avoir eu soin
d'en effacer les impressions.
Obs. sur une com. de Molière, intitul.
Le Festin de pierre, Paris, 1665.
N.B. Lucrèce n'est point heureux dans notre langue. Trois poètes
Français entreprennent la traduction de son poème ; le manuscrit des deux
meilleurs, Hénault et Molière, est détruit par un valet et par un prêtre. Nous
n'avons pour nous en dédommager, que le travail médiocre du Membre de
l'Institut, Leblanc.
Les choses les plus ignorées sont plus propres à être déifiées, etc.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Montaigne dit qu'il faut avoir une arrière-boutique pour soi seul. Il
flottait sans cesse dans un doute universel.
sa vie.
Moyse, qui fut un des prêtres Égyptiens, enseigna que c'était une
erreur monstrueuse de représenter la divinité sous les formes des
animaux, comme faisaient les Égyptiens, ou sous les traits de l'homme
ainsi que le pratiquent les Grecs et les Africains. Cela seul est la
divinité, disait-il, qui compose le ciel, la terre et tous les êtres, ce que
nous appelons le monde, l'universalité des choses, la Nature.
Géogr. Strabo. XXVI. liv.
N.B. Et pourquoi donc faire un secret de cette doctrine ? Que diront nos
neveux de la circonspection puérile de leurs ancêtres ? Que de sujets de pitié
nous apprêtons à la vénérable postérité !
-N-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Diderot et Naigeon ont passé dix ans à faire imprimer les œuvres
suivantes :
La Théocratie, idem.
Mongez me déteste aussi pour l'avoir cité, parce qu'il a pensé qu'il
pourrait arriver un gouvernement où il serait sous le couteau. Je ne
sais pas prévoir les malheurs de si loin. Celui qui craint la mort n'est
capable d'aucune des grandes actions qui honorent l'homme ; ainsi je
n'estime pas les Athées qui cachent leur opinion ; ils ne me paraissent
pas dignes de notre secte. Cependant je dois cette justice à Naigeon, il
s'est toujours assez bien montré depuis son article Unitaire, dans
l'ancienne Encyclopédie, in-fol°, 1765, pag. 400, tome XVII, jusqu'au
Dictionnaire de Philosophie ; dans l'Encyclopédie méthodique, aux
articles : Académiciens, Cardan, Fatalisme, Fréret, Mirabeau, Ordre
de l'Univers, Stoïcisme, etc. ; mais il vient de supprimer une Préface
qui lui avait pris beaucoup de temps, et qui était déjà imprimée, pour
les Œuvres de Diderot. Le rétablissement de la religion catholique en
France lui a inspiré une nouvelle crainte.
53
Voir ce mot et celui Système de la nature. Édit.
54
Le christianisme dévoilé se trouve en entier dans les Œuvres de Boulanger, Paris,
1792, 8 vol. in-8°. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
…Un médecin célèbre m'a prié de ne pas le citer ici, parce qu'il y
aurait trop à perdre pour lui de se rendre odieux aux dévotes, dont il
est l'oracle. Il m'a paru que les plus grands médecins étaient de grands
matérialistes.
NATURE. Il n'est peut-être pas absurde d'avancer que tous les êtres
sont sortis du sein de la Nature, au moment de son développement,
sans aucun secours de cause quelconque, et par les seules qualités et
propriétés résultant du mélange des matières et du mouvement
général. Exam. des Relig., p. 18 et 19.
La Nature toute entière a été et est encore tenue par beaucoup pour
le vrai Dieu. Lamothe Levayer.
Naudé était un homme fort sage et fort réglé dans ses moeurs, très
sobre, ne buvant que de l'eau. L'étude faisait sa principale occupation.
Il parlait avec beaucoup de liberté, et cette liberté s'étendait
quelquefois sur les choses de la religion, d'une manière qui pouvait
faire concevoir de lui des idées désavantageuses. Il lui échappait des
expressions trop libres, surtout dans les débauches philosophiques où
55
Voyez encore le mot Dame plus haut. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
NEWTON. (Isaac)
Omni prœsens est Deus non per virtutem solam, sed etiam per
substantiam, nam virtus sinè substantiâ subsistere non potest… In
ipso continentur et moventur omnia…
56
Gabriel Naudé est auteur d'une apologie des grands hommes accusés de magie, le
seul de ses ouvrages qui soit demeuré. On aurait fait, a-t-on dit à ce sujet, un livre
bien plus gros des grands hommes accusés d'impiété depuis Socrate. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
NICOLE, (P.) de Chartres… Les lois naturelles sont Dieu même, etc.
N.B. Ce mot d'une femme vaut tout un bon livre. Une autre femme en a
composé un gros, pour prouver le contraire : mais dans les balances de la
57
Sylvain Maréchal. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
NOGARET. (Le Comte de) Voyez son Essai sur les Montagnes
(2 vol, in-8°, Amsterdam, 1786.), ouvrage excellent et trop peu connu.
Dans le chapitre 17 du livre VIII, l'auteur indique nettement les causes
très humaines des croyances religieuses. Il ne regarde toutes ces
croyances que comme des maladies morales de notre espèce
dégénérée. « Tous les systèmes d'invocation, les théogonies, tous les
genres d'idolâtrie, toutes les prétendues religions répandues depuis sur
la terre, sous tant de formes diverses ; en un mot, le culte, doit le jour
aux passions des hommes ; etc. etc. » (Tome II, page 415).
NOËL, brûlé à Metz, comme Athée. Il disait aimer mieux croire qu'il
n'y a point de Dieu, que de reconnaître celui des prêtres.
Voy. La couronne mystique de maître Jean Boucher, liv. II. ch. 26.
N.B. Les principes et les mœurs de la gent sacerdotale ont fait bien des
Athées.
Nougaret, de qui nous avons plusieurs bons ouvrages, m'a fourni des
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Mais est-il donc bien prouvé que la Raison fut insuffisante, et ait
besoin d'un supplément ? L'espèce humaine ressemblerait-elle au cheval de
la fable, qui implore du secours ? Hélas ! en réclamant l'assistance divine,
l'homme, en effet, s'est laissé brider, et a perdu son allure naturelle, pour
devenir un misérable cheval de manège, tournant sans cesse, les yeux bandés,
dans un cercle vicieux, sous la verge des hommes d'État et des hommes de
Dieu.
-O-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Ocellus écrivait près de six cents ans avant notre ère commune.
ODIN. Nom d’un soldat Scythe qui, chez les nations Celtiques, se fit
passer pour un Dieu, et qui ne reconnaissait d'autre divinité que son
cimeterre. Voyez Islandais.
« Tout ce qui n'est pas Dieu, n'est rien ; car Dieu est tout. »
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
OR. (L’)
ORCHOË, (les prêtres Chaldéens d') ville de Babylonie sur les bords
de l’Euphrate.
N.B. Un œuf existait donc avant Dieu. Hélas ! l'œuf d'Orphée est la
véritable boîte de Pandore.
Voyez les Hymnes qu'on lui attribue : quel qu'en soit l'auteur, il est
évident qu'il n'a chanté que la nature.
Dupuis, Abr. de l’Orig. des cultes.
Orphée, qui chanta que Dieu fit le ciel, ne le traite que de premier
né de toutes les créatures et lui donne l'air pour père. Bayle.
OVIDE. (P.)
IMITATION :
Quand je rencontre un sage malheureux
Je suis tenté de ne plus croire aux Dieux.
...Enfin l'homme naquit... soit qu'il ait été formé d'une semence
divine, soit que la terre eût assez de vertu pour faire naître son
monarque. Métam. liv. II. fab. II.
-P-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Muret regrettait Aon. Paléarius qui, à ce qu'il disait, avait été brûlé
pour son indiscrète ingénuité sur les matières de religion.
Mém. de De Thou, liv. I.
PALINGEN. (Marcel)
C'est-à-dire : C'est le besoin qu'on crut avoir des Dieux, qui fit
imaginer les Dieux. Zodiac vitœ hum.
Suivant ce sage Rhodien, jamais opinion ne fut moins fondée que celle de
l'immortalité de l'âme.
N.B. Les détails de ce récit font dresser les cheveux. Pauvre espèce
humaine ! Comme on te traitait au XVIe siècle ! Et tu n'en es pas quitte au
XVIIIe.
Si quelque chose existe, disait-il, outre tout ce qui est, ce ne serait pas un
être. Or, ce qui n'est pas, n'existe point dans la nature des choses.
Eusèbe, prœpar. evang.
l'existence de Dieu.
...Il faut avoir une pensée de derrière et juger du tout par là, en
parlant cependant comme le peuple.
Parmi les pensées de Pascal, il s'en trouve un assez grand nombre qu'un
Athée signerait sans peine. Encycl. méthod.
Dieu étant Caché, (chap. II.) toute religion qui ne dit pas que Dieu
est caché n'est pas véritable ; et toute religion qui n'en rend pas la
raison, n'est pas instruisante ; la nôtre fait tout cela.
N.B. Est-il nécessaire de répéter ici que le système de la fatalité, suivi par
tous les Anciens, et qui compte encore aujourd'hui tant de sectateurs, détruit
toute idée religieuse ? Un fataliste conséquent est nécessairement Athée.
sa prudence ordinaires.
DIALOGUE.
L'Évêque BOSSUET.
On vous a regardé jusqu'ici, monsieur, comme un esprit fort. Songez à
détromper le public par des discours sincères et religieux.
Le Sage PATRU.
Il est plus à propos que je me taise. On ne parle dans ses derniers
moments, que par faiblesse ou par vanité.
Spinoza lui-même s'étaye de l'Apôtre, qui dit que nous vivons dans
Dieu, que nous marchons, que nous sommes dans lui. In ipso vivimus,
movemur et sumus.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
59
Pélisson mourut en 1693. Les Protestants, dont il avait quitté la religion, ont
prétendu qu'il était mort avec indifférence ; les Catholiques, dont il avait adopté la
croyance, ont prétendu le contraire ; mais tous sont d'accord sur ce point qu'il
mourut sans sacrements. Qu'est-ce que cela prouve ? Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
de gros traités bien subtils, pour prouver aux hommes l'existence des
vertus domestiques ? Faut-il un catéchisme pour honorer son père ?
Le nouveau né qui sait de lui-même trouver le téton de sa mère,
apprend-il à la caresser, à la distinguer parmi plusieurs autres
femmes ? Devons-nous donc quitter la terre d'où nous sommes sortis,
sur laquelle nous existons, dans laquelle nous devons rentrer, pour
nous élancer vers le ciel où nous ne trouvons rien à palper, où
l'imagination elle-même se perd ? Restons plutôt en paix sous l'œil de
la Nature et ne nous cherchons pas de maître hors d'elle.
Les Pères de l'église croient à peine, que celui-là connaisse Dieu, qui ne le
connaît que par la raison et non par la foi… Ils ne comptent presque pour
rien la connaissance de Dieu que l'on a par la raison.
Huet, évêque d'Avranches.
Il est plus clair que le jour que tous les premiers Pères de l'église, ont fait
Dieu corporel, et que leur doctrine a été perpétuée chez les Grecs, jusque
dans ces derniers siècles. Phil. du Bon Sens, tom II.
La plupart des Pères de l'église ont soutenu que Dieu était matière.
Page XVI, préf. de l'Éther, poème.
N.B. Cette pauvre vérité a beau faire, et prendre tous les masques pour
tromper la vigilance de ses ennemis, elle finit toujours par être reconnue et
proscrite. Il ne lui reste plus qu'un parti, le seul qu'elle aurait dû employer,
c'est de se montrer à front découvert. Elle en imposerait. Du moins, on
n'aurait pas à lui reprocher de se compromettre par des travestissements
indignes d'elle.
Atheus Bonaventura,
Impius Peresius. Mersenne.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
... Cymbalum mundi fabulas fer qùas ea quœ de Deo verissima esse
dicimus et credimus rejicere velle videtur Bonaventura.
Théoph. Spizelius, Scrutinium atheismi, Ausbourg. 1663.
60
Bonaventure des Periers était attaché à Marguerite de Valois, sœur de François Ier.
Persécuté pour son ouvrage, il se tua d'un coup d'épée, dans le palais même de la
Princesse. Le Cymbalum mundi, écrit en latin, fut déchiré sans être compris ; puis on
le traduisit, on l'interpréta, commenta, disséqua ; on cria à l'impiété, à l'athéisme et
l'auteur perdit la tête. Enfin on lut l'ouvrage, et mieux jugé, il ne fit plus alors crier
qu'à l'ennui. Des Periers n'en était pas moins mort… Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Primus in orbe Deos fecit timor. Ce vers se trouve dans les fragments
de cet auteur, p. 676, édit. de Burman ; il se trouve aussi dans Stace,
qui le met dans la bouche de Capanée. (Théb. Liv. III, vers. 661.)
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
PHILOSOPHES anciens.
... Eos qui philosophiœ dent operam, non arbitrari Deos esse.
Cicero, de Invent.
N.B. Les prêtres de leur côté disaient et disent encore : Hors nous et nos
amis, nul n'aura de vertu.
Les divinités des Philosophes Égyptiens, comme celles de tous les autres
philosophes, n'étaient autre chose que le monde et les parties de l'univers.
Jacquelot, Exist. de Dieu, p. 250, in-4°.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
PHOCION. Les plus honnêtes hommes parmi les Anciens, ont été
fort sujets au libertinage de sentiments, (athéisme.) Les Aristide, les
Phocion, les Socrate, ces âmes raides et vertueuses, paraissaient assez
indifférents sur le chapitre de la religion. Qu'on dise après cela que
l'esprit d'incrédulité est une marque de débauche. Deslandes.
PIANEZZE. (Le Marquis de) Croire que Dieu n'est point, est un
sentiment moins outrageux pour lui que de le croire ce qu'il n'est pas
et ce qu'il ne doit pas être.
méchanceté humaine...
Pour être certain de son opinion, il faut lire ses Lettres, 4 vol.
61
Qu'aurait donc pensé Maréchal de Pigault-Lebrun, s'il eût connu son Citateur ?
Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Changer de religion, soit pour les individus, soit pour les États,
n'est en dernière analyse, que changer d'erreur. Un peu plus tôt, un peu
plus tard, toutes les religions doivent passer de mode ; Voilà de quelle
manière raisonnait Bacon, qui en valait bien un autre.
Lett. au Journ. du Voyageur, 21 messidor, VII.
Est-il rien qui plus honore la nature humaine que l'athéisme ? Pour
moi, je suis persuadé que, comme un être insensible à l'harmonie de la
musique et à tout plaisir des sens est un être mal organisé
physiquement, et maltraité par la Nature ; de même, tout homme qui
pense et qui ne reconnaît pas la seule Nature pour sa divinité, est
indigne de figurer parmi tous ceux de son espèce. Voilà ma profession
de foi. Pio.
Celui qui fait tant que de croire en Dieu, n'a pas de raison pour se refuser
de croire à l'immaculée conception de la Vierge Marie, et à tous les miracles
de son fils. Les absurdités se tiennent toutes par la main. Abyssus abyssum
invocat.
point.
Platon, avec toute sa spiritualité, admet une âme dans la tête, c'est la
principale ; une dans la poitrine et une autre sous le diaphragme.
L'irascible à son siège dans le cœur ; la concupiscible, entre le
diaphragme et le nombril.
N.B. Buffon n'osa point prendre les mêmes libertés, craignant la censure
sacerdotale.
Omnibus à supremâ die eâdem quæ antè primum ; nec magis à morte
sensus ullus, aut corporis, aut animœ, quam antè natalem...
Hist. nat. VII. 56.
C'est-à-dire : ce qui suit notre dernier jour est de même nature que ce qui
a précédé le premier. Le corps et l'âme n'ont pas plus de sentiment après la
mort, qu'ils n'en avaient avant la naissance…
Que voulait dire Plotin, quand il fit deux livres pour prouver :
unum et idem ubique totum simul adesse ? N'était-ce pas enseigner
que l'être qui est partout est une seule et même chose ? Spinoza n'en
demande pas davantage. Plotin mourut en disant : Equidem jam
enitor, quod in nobis divinum est, ad divinum ipsum quod viget in
universo redigere. Bayle, Dictionn.
N.B. La grande et belle expérience d'une République sans Dieu est encore
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
PLUTARQUE, Béotien.
POÈTES. Il est certain que les poètes les plus orthodoxes ont fort erré
sur la nature de Dieu. Bayle.
N.B. Jamais poète n'a résisté à une belle image, fût-elle contraire à un bon
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. D'où il résulte que le Polythéisme n'est encore que le système des
matérialistes, mis a la portée du commun des hommes.
tous les Dieux ; les hommes ne travaillent, n'agissent que pour lui, ne
sacrifient qu'à lui. Voyez le Théâtre d'Euripide.
fallait en entrant, donner quelques signes de religion pour n'y être point
traité comme un chien.
62
Pope mourut en chrétien, le 30 mai 1744. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Ils ont déjà tenu des séances solennelles et publiques, tantôt dans des
ci-devant églises, tantôt à l'ancien magasin de l'Opéra. Leur dessein serait-il
d'inaugurer la vérité partout où triompha trop longtemps le mensonge ?
N.B. Or, il ne peut y avoir deux éternels : l'ouvrage et l'ouvrier n'ont pas
la même date. Il faut donc que l'univers et Dieu ne fassent qu'un.
POSTEL. (Guill.) Ce n'est pas sans sujet que Postel, en son livre de
Orbis concordiâ, ne nomme point les religions autrement que du mot
persuasions. Lamothe Levayer, De la divin.
Nous prendrions en flagrant délit les auteurs les plus orthodoxes ou les
plus étrangers à cette matière.
L'une des deux lettres est terminée ainsi : « Si l'on existe après
cette vie et qu'il y ait du danger de la quitter sans permission, je
tâcherai d'obtenir une minute pour venir vous l'apprendre. S'il n'y en a
point, je conseille à tous les malheureux, c'est à dire à presque tous les
hommes, de suivre notre exemple. »
… Animum emendare
Incipiam… hortis, docte Epicure, tuis.
Dieu est le mot le plus plein de choses, car Dieu est Tout.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Dieu est seul, car il ne peut y avoir qu'un Tout. Le sage se tait sur
Dieu, et se contente de tracer sur le sable, l'unité. Voilà son Dieu…
Lucien (Invit. auct.) leur fait dire que Dieu n'est autre chose qu'un
nombre, et une harmonie.
N.B. C'est une belle et grande idée, de ne reconnaître d'autre Dieu que le
bon accord qui règne entre toutes les parties de l'univers, et qui devrait
régner de même parmi les hommes.
-Q-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Quelle plus grande scélératesse que celle de détruire Dieu, pour lui
substituer des idées abstraites, telles que la vérité, la lumière incréée,
etc.
l'athéisme.
N.B. Et voilà comme on traduit. Malheur à ceux qui jugent des originaux
d'après les copies ! Vaugelas appelle Providence ce que Quinte-Curce et tous
les stoïciens, et même toute l'antiquité désignaient sous l'expression de fatum,
constitutio æterna fati.
Vaugelas a rendu plus exactement fatum, cujus inevitabilis sors est X. 30.
-R-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
RABBINS (Les)
N.B. Si l'on épluchait avec quelque attention les poètes les plus
orthodoxes, on les surprendrait dans de lourdes contradictions. La nature
des choses est plus forte que celle des convenances. Naturam expellis furcâ…
Hor.
Disons aussi que les hommes, constitués comme ils le sont, méritent peu
qu'on prenne la peine de les instruire. Ils ne sont pas encore en état de
profiter du sacrifice que le sage pourrait leur faire de son repos et de sa vie.
Pourtant il faudrait commencer par quelque chose.
S'il peut y avoir un Athée, ce ne peut être que l'honnête homme qui
trouve le ciel dans son cœur.
Aven, du J. D'olbam ou les amours Alsaciennes.
63
« Donnez-moi trois lignes de l'écriture d'un homme, disait Laubardemont, et je le
ferai pendre. » Tout l'ouvrage de Maréchal n'est que le développement de ce texte.
Jamais dans ces vers, l'harmonieux et sincère auteur de la Religion et de la Grâce
n'a entendu faire une profession de foi, personnelle. Cette imputation ressemble
presque à celle que Lalande faisait à l'abbé Delille. Voir les suppléments. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Sans doute ! Et ce serait être un misanthrope par trop injuste, que
de ne pas croire à l'existence de ces honnêtes gens. Oui, sans doute ! Il est des
hommes qui n'ont d'autre divinité que leur conscience ; et le genre humain
n'aura pas le droit de se dire la première des espèces animées, tant qu'il ne
sera point revenu à cet état primitif des choses.
Une chose ne plaît pas aux Dieux parce qu'elle est bonne, mais elle
est bonne parce qu'elle plaît aux Dieux.
N.B. Raynal ne dit pas encore assez. Des hommes d'État croient avoir
tout fait en proclamant la liberté des cultes, et en ne souffrant aucune
religion dominante. Ce n'est pas tout : le gouvernement devrait s'abstenir de
faire pour les hommes de Dieu, ce qu'il ne fait pas pour les hommes de théâtre.
Est-ce que l'État fournit des salles de spectacle aux troupes de comédiens ?
64
Sylvain Maréchal. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
d'Épicure.
65
L'ouvragé de Reimannus n'est qu'un long et fastidieux traité de l'athéisme, en
général et en particulier, chez les Juifs, les Gentils, les Chrétiens et les
Mahométans, dans lequel il prend son histoire, même avant le déluge, et soulève
cette question de savoir si les Titans, les Géants, les Cyclopes et autres grands
hommes de cette nature n'étaient point des Athées ; et de là redescend à travers les
siècles, jusques au commencement du dix-huitième. C'est dans ce vaste répertoire,
où sont passés en revue tous les Juifs depuis Moyse et les prophètes ; tous les
Gentils, Égyptiens, Phéniciens, Cafres, Chaldéens, Arabes, Indiens, Éthiopiens,
Tartares ; tous les Grecs depuis Thaïes et Anaximandre jusqu'à Périclès et Aspasie
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
sa femme, Platon, Socrate, et tous ceux que nous appelons, aujourd'hui sages ou
philosophes ; tous les poètes Latins depuis Ennius jusques à Sénèque ; tous les
orateurs et historiens Romains ; les habitants du Chili, du Brésil, du Cap Horn ; tous
les modernes depuis Origène jusques à Machiavel, depuis Bonaventure Des Périers
et ses contemporains jusques à Rousseau ; enfin tous les hommes illustres des
différentes contrées ; répertoire, qui du reste a dû coûter à son auteur de pénibles
recherches ; c'est dans ce répertoire, disons-nous, que Maréchal a pris tous ses
Athées anciens. Le livre de Reimannus, écrit en latin, devait être aussi peu connu
de son temps qu'il était oublié du temps de Maréchal, et celui-ci en l'exhumant
presque secrètement assuma sur lui toute la responsabilité de ces rêveries
renouvelées des Grecs ; mais les torts qu'on lui impute se réduiraient à bien peu de
chose, à l'égard des Anciens du moins, si l'on rapprochait aujourd'hui son ouvrage
de celui de Reimannus.
Reimannus cependant, quoique écrivant et discourant sur l'athéisme, ne fut ni brûlé,
ni banni, ni persécuté. Il est vrai qu'il écrivait en 1725, et en Allemagne. Avant ce
temps, l'intolérance et le fanatisme avaient sans doute fait bien du mal, ils en firent
souvent encore après ; mais alors, on regarda peut-être Reimannus comme assez
puni par la peine qu'il avait prise de lire tous les ouvrages sur lesquels il avait bâti le
sien.
Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Le mot du bon homme qui ne manquait pas de sens, s'est accompli.
N.B. Cela est de toute nécessité. Qui dit religion, dit une science pleine de
mots, sinon absurdes, du moins inintelligibles. Est-il rien qui prête davantage
aux commentaires ? Plus on en disserte, moins on s'entend. Ces paroles ne
peuvent désigner que la religion... Deus tradidit mundum disputationibus.
Débats misérables et stériles ! Choc d'opinions, qui ne donna pas même
d'étincelles !
On a dit à vos pères que Dieu avait créé le ciel et la terre... Mais le
temps est venu de vous dire, d'après les Saintes Écritures, que Dieu est
lui-même la substance du ciel et de la terre… C'est Dieu qui est la
substance de tout. P. 5 et 6.
Il est temps de vous dire qu'il n'y a qu'un seul corps ; c'est le corps
du Seigneur, c'est le corps de la Nature toute entière. Page 26.
Le nom du Très Haut n'a que faire dans les choses de ce bas
monde. N° 78. 1791.
66
Journal rédigé par Prudhomme, auquel Maréchal fournit des articles pendant
quelque temps. Aux citations qu'il fait on reconnaîtra facilement sa plume. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
ROBINET. (J. B.) Il est à croire que l'ignorance des causes physiques
a fait naître la première pensée de recourir à une cause finale.... La
volonté d'un premier être n'a rien de physique ; et le philosophe n'y a
recours qu'à regret. De la Nat. 1re part.
N.B. C'est à cause de cela, dira-t-on, que les peuples sont mal gouvernés.
La religion serait un frein pour les premiers magistrats.
67
Rousseau (J. B.) fut encore un de ces génies malheureux que la Belgique a
recueillis, dans un siècle où tout ce qui montrait quelque hardiesse dans la pensée
était réduit à s'éloigner de la France ; toutefois, ce ne furent pas les opinions
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
l'âme, que j'ai le bonheur de croire, sans ignorer que la raison peut en
douter.
Je suis bien sûr au moins que cet être juste (Dieu) ne refusera le
bonheur éternel à nul incrédule vertueux et de bonne foi.
N.B. Gardons-nous pourtant d'honorer les prêtres du titre d'Athées ; ils n'en
sont pas dignes, puisque, voyant la vérité, ils persévèrent dans leur culte au
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
mensonge. Il n'est pire espèce d'hommes que celle de ces charlatans éhontés
qui, n'étant point dupes, passent leur vie à faire des dupes.
À. J. J. Rousseau.
Éloquent romancier, moraliste sévère,
Publiciste profond, écrivain plein de feu,
J'admire tes écrits, j'aime ton âme fière ;
Mais tu n'es qu'un enfant quand tu parles de Dieu.
Martin de Bussy.
N.B. Le préjugé religieux est-il donc une puissance avec laquelle la raison
doive traiter d'égal à égal ? Tous les hommes d'État semblent être d'accord
sur ce point ; ils prodiguent les marques de déférence au mensonge bien
reconnu pour tel. Et l'on parle d'instruction publique, d'un nouvel ordre de
choses ! Ne voit-on pas que c'est mettre le feu d'une main et vouloir l'éteindre
de l'autre main !
Cosmus Ruggieri obiit 1615 ; cùm anteà professus esset se, non
alios diabolos quàm inimicos quos quisque habeat, nec alium Deum
quàm principes qui bénéficia in alios conferre possent, credere.
-S-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
N.B. Dieu n'existe encore parmi nous que parce que nous en parlons
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
encore.
Pour prouver que nous ne devons pas agir dans la vue des
récompenses, ils assurèrent qu'il n'y en a pas après cette vie.
Condillac.
N.B. Comme les autres, les Sages de la Grèce avaient peur des prêtres et
des magistrats. Cette peur a retardé la science et là philosophie de bien des
siècles. Aujourd'hui même, assure-t-on, la vérité n'ose pas encore tout dire.
Bien des gens l'ont représenté comme un esprit fort, mais il garda
soigneusement ce qu'on appelle le décorum.
68
St-Évremond avait adopté les principes d'Épicure, et il les professa toute sa vie. À
sa mort, arrivée en 1703, on lui demandait s'il voulait se réconcilier avec Dieu ; je
voudrais, répondit-il, me réconcilier avec l'appétit. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
69
Malgré ses principes peu religieux, St-Pavin n'en fut pas moins un homme de bien,
si l'on en juge par l'épitaphe suivante qui fut faite pour lui :
Sous ce tombeau, gît Saint-Pavin ;
Donne des larmes à sa fin.
Tu fus de ses amis peut-être ?
Pleure sur ton sort et le sien.
Tu n'en fus pas ? Pleure le tien,
Passant, d'avoir manqué d'en être.
Il mourut en 1670. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
ce qui est pris hors de la nature, n'a point de consistance, et doit perdre tôt
ou tard toute considération.
71
Aujourd'hui membre de la Chambre des députés, en France ; et auteur d'un ouvrage
sur les Noms Propres. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Tout ce qui a été, c'est Toi. Tout ce qui est, c'est Toi. Tout ce qui
sera, c'est encore Toi.
N.B. Il ne faut point être aveugle, pour avoir le droit d'exiger pareille
clause avant de croire. Est-ce pour répondre à ce défi que les prêtres
distribuent leur Dieu à table d'hôtes ? Certes ! Dieu existe, car on le mange.
N.B. Ce proverbe est faux. Le peuple est crédule, faute de lumière ; mais
il n'aime, pas qu'on le trompe. Qu'on porte devant lui le fanal de la vérité, il
marchera gaiement à sa lueur : malheureusement, on spécule sur sa
crédulité ; plus clairvoyant, on n'en ferait pas tout ce qu'on voudrait.
Dieu est le pont aux ânes ; qu'on nous permette cette expression
proverbiale et populaire !
impiétés.
SECTES. Les Anciens ont eu parmi eux des sectes entières qui
niaient absolument l'existence de la divinité.
D'Argens, Phil. du Bon Sens, t. II.
N.B. Les modernes, je pense, ne sont guère plus religieux que les anciens ;
mais je crois ceux-ci moins hypocrites.
Nihil natura est sine Deo, nec Deus sine naturâ, sed idem est
uterque.
C'est-à-dire : La Nature n'est rien sans Dieu. Dieu n'est rien sans la
Nature. Nature et Dieu ne font qu'un.
Vis Deum Natura vocare ? Non peccabis, non falleris ; ipse enim
est totum quod vides. Quœst. 11, 45.
Est aliquid quo sapiens antecedat Deum ; ille naturœ benifico, non
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
C'est-à-dire :
Rien n'est après la mort ; elle même n'est rien.
SERES. (Les) Apud Seras, lex est quâ cœdes, scortatio, furtum et
simulachorum cultus omnis perhibetur ; quare in amplissimâ regione,
non templum videas, non meretricem…
Mon père disait qu'il aimait Dieu, quand il était bien aise ; il me
semble que je suis sa fille. Lettre 455.
1713.
Ecce VIR.
Épitaphe :
Il n'y eut jamais homme de bien et de savoir qui n'ait été tourmenté
d'eux. Idem.
N.B. Je me défie d'une opinion qui porte ceux qui la professent à se fâcher
contre celui qui n'est pas de leur avis. L'arithmétique n'a point allumé de
bûchers, comme la théologie : tenons-nous en à l'arithmétique.
C'est comme s'il eût dit : « Il est permis aux prêtres de mentir. »
Socrate. Il me paraît prouvé qu'il était Athée, mais qu'il ne voulait pas
s'expliquer ouvertement. Il fut condamné comme Athée. Xénophon,
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
pour prouver qu'on avait eu tort de le faire périr, dit qu'il sacrifiait à
Esculape, mais il ne parviendra pas à déshonorer Socrate à ce point là.
On dit que je lui ressemble de figure, je crois du moins lui ressembler
par mes principes et mon amour pour la vertu.
Platon fait dire à Socrate, dans son Apologie : « Qu'on parle de lui
comme d'un sophiste habile, qui s'occupe de ce qui se passe dans les
cieux, qui cherche ce qui est caché dans les entrailles de la terre
ordinairement ceux qui s'occupent à ces sortes de sciences sont taxés
d'athéisme. »
Aristophane disait que Socrate avait détrôné Jupiter pour mettre les
nuées en sa place, et leur donner le gouvernement du tonnerre.
Athénée, liv. XI, p. 248, fait un reproche pareil à Platon.
Socrate, disant devant ses juges que le soleil et la lune étaient des
Dieux, nous prouve que les Dieux de Socrate étaient la matière et le
mouvement.
Voilà pourquoi j'ai pris Socrate pour mon patron et pour patron de
notre secte.
On remarque dans les pays étrangers qu'il n'y a pas dans tout
l'univers une race de créatures raisonnables qui paraisse aussi peu
susceptible de sentiments religieux que nos soldats Anglais. Idem.
N.B. Ce qui prouve du moins que l'idée d'un Dieu n'est pas très
nécessaire à la discipline militaire. Ce n'est pas le nom de Dieu qui a mené
nos phalanges républicaines à tant de victoires.
N.B. On pourrait dire que le Soleil est le père de la Divinité. Sans lui on
n'aurait peut-être jamais imaginé un Dieu.
IMITATION
Tout puissant Jupiter ! Dieu des Dieux ! Roi des Rois !
Toi seul es tout, père et mère à la fois.
N.B. Mais les fourbes n'avaient garde d'en convenir. Le mensonge les
engraissait. Pour nous servir d'une expression de carrefour, « à être honnête
homme et à dire la vérité il n'y a que de l'eau à boire. »
sentiment n'est pas nouveau. Il y a longtemps que l'on a cru que tout
l'univers n'est qu'une substance, et que Dieu et le monde ne sont qu'un
seul être.
C'est sur les lumières de la raison et non sur les usages ou sur la
législation (religieuse et politique) des peuples, qu'on doit juger de la
morale. Dissertationes, 1764.
N.B. On sait le cas qu'il faut faire de ces déclarations orthodoxes que les
écrivains, jaloux de vivre et amis du repos, se hâtaient de faire, quand ils
avaient le malheur d'habiter un pays d'inquisition ou de censure. Que de
beaux et de bons ouvrages sont entachés de ces sortes de satisfactions, tristes
fruits de la crainte !
STILPON, philosophe Grec. Bion lui ayant demandé dans une place
publique s'il était vrai qu'il y eût des Dieux : « Imprudent ! Lui
répondit-il, écarte la foule, et tu auras de moi une réponse ».
Les Stoïciens enseignaient que Dieu n'est rien autre chose que
l'âme du monde, lequel ils considéraient comme son corps, et tous les
Dieux ensemble comme un animal parfait.
Lamothe Levayer, Vertus des Pay. p. 275, in-4°
Il semblait que la nature humaine eût fait un effort pour produire cette
secte admirable, qui était comme ces plantes que la Nature fait naître
dans des lieux que le ciel n'a jamais vus. Les Romains lui durent leurs
meilleurs Empereurs. Montesquieu, Gr. des R. Ch. XVI.
Straton, qui présidait à l'École du Lycée, 297 ans avant notre ère,
enseignait que tous les êtres, même ceux qui ont de la raison, sont
produits nécessairement par une matière inanimée.
Il niait aussi bien que Démocrite, que le monde eût été fait par une
divinité.
Il enseigne que tout ce qui est, ou tout ce qui se fait, se fait ou a été
fait par des poids et des mouvements naturels. Cicéron.
Il confessait souvent (à ce que j'ai entendu de ceux qui lui ont été
familiers) qu'il désirerait croire en Dieu, mais qu'il ne pouvait.
Henri Estienne, Apol. pour Hérodote, XIV, p. 177, t. 1.
N.B. Presque tous les théologues ont laissé échapper des aveux qui tuent
leur Dieu.
73
Swift, Doyen de la cathédrale de Dublin, auteur du conte du Tonneau, plaisanterie
anti-religieuse, mourut fou. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
74
Sylvain Maréchal, auteur de ce Dictionnaire, Cet article est une espèce d'apologie
de l'auteur, rédigée par lui-même, mais avec une modération, un calme, qu'on
n'avait pas droit d'exiger, qu'on ne pouvait pas attendre d'un homme qui avait été
l'objet de tant de persécutions. Cela prouve au moins en faveur de son caractère.
Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
75
Tout ce qui se trouve entre les [ ] n'existe point dans la première édition. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
parties qui se soutiennent par leur accord, et dont les unes font la
fonction de causes actives, les autres de causes passives. »
-T-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
L'homme qui n'a point d'idée de Dieu, ou qui va même jusqu'à nier
son existence, ne peut au moins s'empêcher d'avoir l'idée des hommes,
76
Le Baron d'Holbach. Voir ce nom, pour cet ouvrage ainsi que pour le Système
social. Édit
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
de sa propre nature…
Ainsi, même sans idée de Dieu, l'Athée qui aura réfléchi sur lui-
même et sur la nature des choses, pourra se faire un système de
conduite plus sensé et plus honnête que celui des dévots…
Un tel Athée aura des principes plus sûrs et une conduite plus
honnête que ces saints personnages dont…
TARENNE. (G.)
…
Si de notre raison nous faisons quelque usage,
Nous connaîtrons que Dieu fut au commencement
Dans un seul tout, esprit, matière et mouvement.
…
Voilà le seul vrai Dieu, source de tous les êtres ;
Voilà la Trinité qu'adoraient nos ancêtres.
Page 8 d'un poème sur Dieu et sur la trinité
de la Nature, Paris, an VIII.
N.B. Or, ceux qui ne croient pas à la spiritualité de l’âme, s'ils sont
conséquents ne peuvent admettre la spiritualité de l’être suprême, comme on
dit.
Quoique Dieu, dit-il, soit un esprit, qui niera qu'il soit un corps ?
Un Dieu qui n'aurait pas de substance ne serait rien.
Ce que l'on conçoit bien, s'énonce clairement. Art poét. Ch. II.
Tertullien, tout fanatique qu'il était, convient que la loi divine est
inutile à la morale. De Coronâ mil.
N.B. Le curé Meslier et quelques autres Athées avant lui, semblent avoir
donné au philosophe Secrétaire perpétuel de l'Académie Française, l'idée de
cet expédient ingénieux, mais pusillanime.
Quoique Thalès, l’un des sept sages de la Grèce, eût donné dans un
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Plutarque nous dit que Dieu est l'âme du monde, suivant Thalès.
Cette opinion a fait dire à Thalès que tout l'univers était plein de
Dieux.
Ces bonnes gens, fort mal vus par les hommes religieux, inspirent
quelque intérêt aux philosophes.
Pour peu que les Théistes ou Déistes aient de logique, ils ne tardent
pas à devenir Athées ; ils sont sur le chemin.
Les grands artistes, les savants et les hommes les plus illustres de
l'Angleterre étaient dans cette société. Elle fut dissoute par un acte du
parlement.
Bacon, Organ.
N.B. Sans sortir de France, depuis qu'on s'y occupe beaucoup de sciences
exactes ; depuis que dans l'étude de la physique on marche au seul flambeau
de l'analyse et de l'expérience ; depuis que les bonnes méthodes sont trouvées
pour observer la Nature et ses phénomènes, on est devenu beaucoup moins
crédule : le nombre des Athées suit constamment la progression du nombre
des géomètres, des astronomes, des physiciens, des chimistes, en un mot de
tout ce qu'il y a de savants véritables. Encore un siècle de cet excellent esprit,
et l'on peut cautionner qu'en l'an 2000, on ne parlera plus de Dieu et des
prêtres que comme nous parlons aujourd'hui de l'ogre et des loups-garous…
Pour manger son Dieu, il faut bien croire un Dieu matériel. Pauvre
espèce humaine ! Que de folies il t'est passé par la tête !
Il dit que l'âme a une étendue formelle, comme depuis peu l'a écrit
saint Hyacinthe. La Mettrie, Abrégé des Systèmes.
font agir avec autant de force, que si nous agissions par le motif de la
crainte et de l'amour de Dieu.
Quatre Dial. at. À l'ab. Dangeau, Paris, 1684, in-12, 107.
77
C'est sur l'autorité du P. Garasse, que Maréchal place ici le poète Théophile, auteur
du Parnasse satyrique, recueil de poésies assez rare aujourd'hui. Maréchal avait
donc oublié que Garasse était Jésuite, et que Théophile auteur d'une satyre contre
les Jésuites, commençant ainsi,
Cette grande et noire machine,
Dont le souple et vaste corps
Étend ses bras jusqu'à la Chine etc.
Comptait pour ennemis tous les membres de cet ordre vindicatif ; ennemis qui le
firent brûler en effigie, bannir en réalité, et enfin mourir de chagrin.
L’opinion de Garasse, aurait au moins dû être suspecte ; il était juge et partie. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Pardon honorables lecteurs ! Mais cette citation nous met à même de
prévenir qu'on a joué plus d'une foi le mauvais tour aux Athées, de jeter
quelques-unes de leurs maximes dans des livres obscènes, afin de tâcher de
rendre synonymes les qualifications contradictoires d'impie et de libertin,
d'hommes sans Dieu et d'hommes sans moeurs. Ce manège atroce n'a que
trop réussi, beaucoup de lecteurs superficiels s'y sont laissé prendre.
N.B. Donc tous ceux qui ne croient point à la révélation, sont Athées, ipso
facto.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
…Bonum, sapientia, veritas, hœc omnia non aliud sunt quam Deus
ipse. Théol. Dogmat.
En vain la religion nous a-t-elle appris autant que les lois qui en
dérivent, que nous devons fuir le mal pour courir au bien, que nous
devons adorer Dieu,... un ascendant terrible semble nous maîtriser…
lois crim. in-8°. 1788, Init.
N.B. L'idée d'un Dieu n'est donc pas un frein assez fort pour nous
maîtriser, puisqu'il cède à un ascendant plus terrible. Que de choses il y
aurait à dire ! Nous aimons mieux nous en reposer sur la sagacité de nos
lecteurs.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
78
Toland mourut en disant : « Je vais dormir. » Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
TRASSARD…
L'un des hommes, dit Gordon, les plus illustres, les plus habiles et
les plus utiles, qu'aucun pays ait eu le bonheur de produire.
Antoine Collins lui attribue l'Histoire naturelle de la Superstition,
1709. On y prouve que la morale est la seule religion nécessaire à
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
l'homme.
Si l'on demande ce que c'est que Dieu, je réponds que ce mot nous
représente l'être universel… Dieu, c'est-à-dire la Nature... ou si l'on
veut l'assemblage de tous les êtres, de toutes les propriétés, et de
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
La crainte qui a fait Dieu, a fait aussi la religion. Ce traité des Trois
Imposteurs est un système d'athéisme démontré.
S'il est des Athées de système, leur système est mieux lié que celui
79
Peut-être Maréchal n'y trouve-t-il point de logique parce qu'elle commence ainsi :
Insipide écrivain, qui crois à tes lecteurs
Crayonner les portraits de tes Trois Imposteurs,
D'où vient que sans esprit tu fais le quatrième ?
Pourquoi, pauvre ennemi de l'essence suprême,
Confonds-tu Mahomet avec le créateur,
Et les œuvres de l'homme avec Dieu son auteur ?
Corrige le valet, mais respecte le maître.
Dieu ne doit point pâtir des sottises du prêtre.
Reconnaissons ce Dieu, quoique très mal servi.
Ce langage est-il donc dépourvu de logique ? Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
La religion ne doit pas être plus l'objet des lois que la manière de
s'habiller. Page 260.
TYRANS. J'estime les plus fâcheux de tous les tyrans, ceux qui le
sont par la grâce de Dieu. Anonyme.
Ce sont là des faits imposants, mais ils ne sont pas vrais. Socrate
fut accusé d'athéisme ; mais la véritable cause de sa mort fut la haine
qu'on avait pour les trente tyrans d'Athènes…
Pour ce qui est des tyrans de Paris, ils voulurent détruire la religion
chrétienne, à cause des prêtres ; mais ils n'étaient pas assez forts en
physique ni en raisonnement pour avoir une opinion sur l'athéisme.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
-U-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
-V-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
RÉPONSE.La morale des prêtres n'est fondée que sur des idées
impénétrables et absurdes ; or, ce n'est point aux ennemis de la raison
humaine qu'il appartient de développer la raison.
Ext. de son catéch. phil.
80
Plancher Valcour est auteur d'un recueil de contes en vers, intitulé le Petit neveu de
Boccace, dans lequel on trouve parfois de la facilité. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Et c'est ainsi que les sciences ont toujours été contrariées dans leur
marche. Les hommes de Dieu ne voient pas de bon œil l'observateur de la
Nature ; de même que les gens de théâtre ne souffrent point volontiers
d'autres qu'eux derrière les coulisses.
VANINI. (Lucilio) Vanini était parti pour Naples avec douze de ses
apôtres, pour aller convertir toutes les nations à l'athéisme. Mersenne.
Cet homme se prit d'une façon bien singulière à prouver qu'il n'y a
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
point de Dieu, ce fut d'en donner l'idée : il crut que le définir, c'était le
réfuter. J. Saurin. Sermons.
Outre cela, Varron pensait que Dieu est l'âme du monde, et que le
monde est Dieu, comme nous l'apprend Saint Augustin dans sa cité,
VII. 6.
81
Il fut brûlé e n 1 6 1 9 , à 5 4 ans. On ne lui présenta lors de son jugement aucun de
ses livres, qui tous avaient été publiés avec privilège et approuvés par des docteurs
de la faculté de Paris. On le brûla, puis ensuite on dit de lui :
Honneur de l'Italie, émule de la Grèce,
Vanini fait connaître et chérir la sagesse.
Que d'hommes ont été brûlés pour en avoir su plus que leurs contemporains ! Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
N.B. Des lois qui ont besoin de la sanction d'un Dieu, ne sont pas encore
de bonnes lois.
Ceux qui ont soutenu qu'une société d'Athées pouvait exister ont
eu raison… Les Athées peuvent mener une vie très sage et très
heureuse. L'Athée conserve sa raison. Dictionn.
Les Athées sont partout. Fragm. sur l'Inde, sec. part., art. II.
Voltaire disait à un poète qui lui demandait son opinion sur Dieu :
« Croyez en Dieu, il n'y a rien de plus poétique. » Montlinot me l'a
assuré.
« On ne voit personne qui soit en peine à Paris, pour avoir chez soi,
le livre de Spinoza… ».
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Tandis que les Commis faisaient la guerre aux écrits en faveur des
réformés.
-W-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
82
Warburton, Évêque de Glocester, était d'un caractère violent qui lui nuisit encore
plus que son système contre l'immortalité de l'âme. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
…
Dubius, non improbus vixi
Incertus morior, non perturbatus.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
…
Ens entium, miserere mei.
C'est-à-dire : J'ai vécu dans le doute, mais non dans le crime ; je
meurs dans l'incertitude, mais non dans la crainte. Être des
Êtres !, etc. 83
Voyez ses Discours, où il est prouvé que la raison doit être notre
guide en fait de religion, et qu'on ne doit rien admettre comme article
de foi, qui répugne aux principes communs de là raison. in-8°.
Toutes les religions, parmi lesquelles il n'y a point de choix, ont été
introduites par un mauvais génie.
serons bientôt séparés, est plus vive, plus animée que si nous pensions
nous revoir bientôt.
Wolf fait les plus grands efforts pour que Dieu, témoin de l'action
de la Nature, ne reste pas oisif et pour ainsi dire les bras croisés
devant elle : ce qui tend à l'athéisme.
La Mettrie, Abrégé des Systèmes.
84
Perrault dont il s'agit ici, est Claude Perrault, né à Paris, en 1613, qui fut d'abord
médecin, et abandonna la médecine pour l'architecture. C'est celui à qui l'on doit la
colonnade du Louvre, à Paris. Il mourut en 1688.
85
Wolf, (Christian) dénoncé comme Athée au roi de Prusse, Frédéric Guillaume, ce
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
-X-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
monarque lui donna le choix de sortir de ses états dans les vingt-quatre heures ou
d'être pendu. Il préféra s'éloigner.
Frédéric le Grand le rechercha plus tard. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Il est notoire que, selon Xénophane, Dieu n'est autre chose que
l'infinité de la matière... Minutius Félix.
Unum esse omnia. Xénophane a enseigné qu'il n'y a qu'un seul être
et cet être est le vrai Dieu. Cicéron. Quœst. Acad.
XÉNOPHON fait dire à Socrate que le soleil est Dieu, que l'âme l'est
pareillement.
-Y-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
-Z-
Table des matières ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ
Il est accusé par Impérialis d'avoir donné dans ses écrits plusieurs
marques d'athéisme. Mais on le loue d'avoir vécu exemplairement.
Selon lui, Dieu est l'âme du monde. Aussi défendait-il de bâtir des
temples à la divinité.
Zénon, mort l'an 264 avant notre ère, renversa toutes les notions
reçues de théologie. Jupiter, etc., étaient réduits à des mots vides de
sens. Selon lui, la cause efficiente ou Dieu, est un air très pur et très
liquide, un feu placé à la circonférence des cieux la plus éloignée.
C'est en agitant la matière et en lui imprimant les qualités qui étaient
en elle, qu'elle a formé le monde.
Les croyants ont pris le soin de grossir leur liste du nom de plusieurs
personnages célèbres dans les arts, dans les sciences et même dans la
philosophie. Zoroastre et Socrate, disent-ils, reconnaissaient un Être
Suprême. Corneille, Descartes et Newton étaient de bons chrétiens, dont les
prêtres s'enorgueillissent. Ceux-ci rabattraient de leurs prétentions, s'ils
examinaient de près la conduite de ces grands hommes. Un géomètre, un
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
poète, etc., peuvent être croyants, et même de bonne foi, sans que cela étonne.
Tout entiers à leur art, ils craindraient de perdre un seul instant de leur vie à
l'examen d'une doctrine qu'on leur a inculquée dès l'enfance. La soumission
aveugle qu'on exige d'eux, les tranquillise de ce côté. Ils suivent
machinalement le train ordinaire des choses ; et pour reculer les bornes de
leurs talents, ils consentent volontiers à rester dans celles de la foi. D'ailleurs,
l'expérience leur apprend qu'on ne touche pas impunément à des objets
placés hors de la ligne commune. Ils ont déjà assez d'ennemis, sans
provoquer des gens irascibles et implacables. Contents de leurs succès dans la
carrière qu'ils parcourent, ils laissent en paix ce qu'ils trouvent établi autour
d'eux. Si quelquefois on parvient à les provoquer sur ces matières, effrayés
eux-mêmes des pas de géants qu'ils seraient obligés d'y faire, ils ont peur de
leur propre ombre. Ils aiment mieux demeurer tranquilles, et jouir de leur
gloire sans inquiétude.
Voilà la manière de voir des grands hommes les plus modérés. On connaît
assez la conduite des autres.
FIN
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
SUPPLÉMENTS86
POUR LE DICTIONNAIRE
DES ATHÉES
PAR JÉRÔME DE LALANDE. 87
avait un courage qu'on ne trouve presque jamais. Il n'a pas joui d'une
grande considération pendant sa vie, parce que le hasard l'avait placé
dans des circonstances capables de le déprécier ; mais comme dit
Tacite : suum cuique decus posteritas rependit. Il m'a laissé le Doyen
et le chef de la secte socratique, et je ne dois pas trahir sa confiance.
Maréchal m'avait assuré qu'il avait des notes, des additions pour
notre Dictionnaire des Athées ; il est mort, et je n'en ai pu avoir
communication ; je me crois obligé d'y suppléer pour l'honneur de la
secte philosophique.
Les croyants s'avilissent à mes yeux, quand ils disent que sans
religion il n'y a point de vertu ; ils réduisent la vertu à une crainte
problématique ; ils avouent leur disposition à tous les crimes ; ils ne
sentent pas cette élévation, cette noblesse, ce besoin de la conscience
et de l'estime de soi-même, qui met le philosophe au-dessus de tout le
reste de l'humanité. Malheureux les hommes qui ne sentent pas le prix
et le besoin de la vertu ! Ils sont bien exposés à la négliger.
Je crois la vertu d'un Athée plus sûre et plus noble que celle d'un
croyant.
Sois juste, dit l'Athée, parce que l'équité est le soutien du genre
humain ; sois bon, parce que la bonté enchaîne tous les cœurs ; sois
indulgent, parce que, faible toi-même, tu vis avec des êtres aussi
faibles que toi.
Toutes les fois que l'intérêt personnel paraît moindre que le motif
de l'intérêt d'autrui, il prend le nom de vertu ; mais la vertu même ne
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
Une seconde objection qu'on nous fait, vient de l'idée qu'on se fait
de la pensée. Mais pour prouver que la matière pense, je considère
d'abord que la pensée est un changement de dispositions dans les
organes. En effet, que faut-il de plus : une corde pincée frémit
longtemps, donne plusieurs sons, agite plusieurs fibres ; la lumière
reçue au travers d'un prisme, offre toutes sortes de couleurs. Il ne faut,
pour une sensation, qu'un déplacement de fibres corporelles ; plusieurs
déplacements combinés font une sensation agréable ou désagréable.
La pensée ne suppose que plusieurs sensations simultanées ou
successives. 88 Le jugement n'est que la comparaison de deux
sensations ; comme le plaisir d'un accord n'est que la comparaison de
deux sons. Le feu m'a brûlé une fois ; toutes les fois que je songe à la
brûlure, je n'éprouve autre chose que ce que j'ai éprouvé quand je me
brûlais. J'ai été battu par des voleurs une fois dans ma vie, et lorsque
je pense aux voleurs, en passant dans un bois, c'est la sensation
éprouvée alors, qui reparaît ; c'est la pensée.
Selon vous, cet être immense, infini, qui a cent millions de mondes
étoilés à gouverner, sans compter ceux que nous ne voyons pas, et
mille millions d'habitants sur la surface de la terre, qui est une des plus
chétives parties d'un de ces mondes, est occupé de chacun de ces êtres,
dont la plupart ne s'en doutent pas ; car il n'y a pas la centième partie
des hommes qui aient quelque notion de ce que vous appelez Dieu.
2°. Il est clair pour lui, qu'il n'y a aucune cause naturelle qui puisse
déterminer toutes les planètes à se mouvoir d'un même côté.
3°. Si Jupiter et Saturne eussent été plus près du soleil, ils auraient
causé de grands dérangements dans le système entier.
Newton avait déjà fait ces petites objections dans le scolie dont j'ai
parlé, et le Baron d'Holbach, dans le Système de la Nature, y avait
répondu, sans doute d'après d'Alembert, qui était avec lui dans la
société la plus intime. Mais ce qui nous sert le plus à écarter l'autorité
de Newton, c'est l'absurdité de ses idées sur l'Apocalypse.
Angleterre.
voir que l'âme est une chimère. Car, que deviendrait l'âme pendant le
sommeil, l'esprit dort-il aussi bien que la matière ?
Les somnambules, qui vont juste à leur but sans y voir, les fous,
qui raisonnent quelquefois très juste, prouvent bien qu'il n'y a en nous
que de la matière et, du mouvement ; quelques fibres inactives ou
agissantes, sont, toute la différence entre les deux circonstances, qui
sont d’ailleurs de la même, espèce. Il m'est impossible de mettre l'âme
pour l'un, et de lui ôter son action pour celui qui dort, pour le
somnambule, pour l'insensé, où l'âme n'a rien à faire.
Pour moi, transporté dès l'âge de 19 ans (en 1701) à l'école du Roi
de Prusse et des philosophes dont il était environné, j'appris à m'élever
au-dessus des préjugés. Je n'ai jamais trompé une femme ; j'ai fait du
bien toutes les fois que j'en ai trouvé l'occasion, j'en fais encore tous
les jours. Mais M. Planche ne croit point à la vertu, et probablement je
ne suis pour lui qu'un hypocrite, peut-être un homme aveuglé par les
passions.
On nous dit souvent que nous voulons paraître des esprits forts ;
ceux qui font ce reproche reconnaissent donc qu'ils sont des esprits
faibles : je le crois avec eux.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
J'aime la religion, parce qu'elle met dans les mains de ses ministres
des moyens de contribuer au bonheur de l'humanité. Un bon curé est
un trésor. Mais les prêtres ont horriblement abusé de leur empire ; ils
doivent me pardonner quelque inquiétude à leur sujet. Les massacres
effroyables et multipliés que l'histoire des juifs et celle des chrétiens
nous rapportent, autorisent ces inquiétudes ; mais nous ne craignons
plus leur fureur, nous pouvons leur pardonner. Dans mon voyage
d'Italie, j'ai fait voir mon respect pour la religion. Le pape
Clément XIII (mort en 1769), qui m'aimait beaucoup parce que j'étais
adorateur des jésuites, et qui connaissait mes opinions philosophiques,
fit des efforts, en 1765, pour me convertir ; mais il ne put obtenir du
ciel la grâce efficace pour moi.
SECOND SUPPLÉMENT AU
DICTIONNAIRE DES
ATHÉES,
PAR JEROME de LALANDE. 1805 90
90
La notice sur la vie de Maréchal qui précède ce Supplément ainsi que le premier, se
trouvant refondue dans celle que nous avons mise en tête de ce volume, nous
n'avons point jugé à propos de la répéter ici. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
La religion est utile quant à présent, mais n'est-il pas utile aussi
qu'il existe un foyer de vérités et de lumières pour la perfection de
l'espèce humaine, et pour l'instruction de la postérité. C'est aux
philosophes qu'appartient ce dépôt. Si je suis le premier qui l'ait
annoncé publiquement avec mon nom, c'est que je me suis trouvé
comme Tacite, dans une circonstance heureuse ; j'ai regardé l'univers
et la postérité comme l'objet de mes travaux. Je disais avec Pline :
Quatenùs nobis denegetur diù vivere, relinquamus aliquid quo nos
vixisse testemur.
La religion est nécessaire aux enfants ; mais ils grandiront : elle est
utile pour consoler les faibles ; tâchons de leur donner de la force :
mais quelle folie de conclure qu'elle est vraie, parce que les hommes
sont encore dans l'enfance.
J'ai cru contribuer aux progrès des lumières, et c'est pour moi la
première obligation. Je venais de faire un sacrifice d'argent assez
91
Tout ce qui est ainsi placé entre deux [ ] ne se trouve pas dans le texte de la
première édition. Édit.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
On dit : la religion qui a causé tant de maux n'est plus assez vive,
assez terrible pour qu'on doive la craindre ; mais quand elle sera
faible, elle ne sera plus réprimante ; elle sera donc inutile ; les
avantages et les dangers croîtront ensemble, mais les dangers sont
toujours les plus forts.
On aura beau dire que c'est le vice qui fait des Athées, moi je crois
posséder toutes les vertus ; je suis plus Athée que personne, et c'est
pour la recherche de la vérité. Si Dieu existait, je n'aurais rien à
craindre de lui. Si je le voyais, je ne pourrais faire davantage pour
l'honorer et pour lui plaire. Si c'était après ma mort, je lui dirais avec
plus de vérité que David : Judica me Deus.
J'ai employé toutes les facultés que vous m'aviez données pour
vous connaître ; si je n'y suis pas parvenu, je n’ai rien à me reprocher :
j'ai fait le bien toute ma vie et dans le livre qu'on m'avait donné
comme inspiré par vous, je lisais ces paroles consolantes : Cum
effuderis esurienti animam tuam et animam afflictam repleveris…
Requiem tibi dabit Dominus semper et implebit splendoribus animam
tuam et ossa tua liberabit. Et eris quasi hortus irriguus... tunc
invocabis, et Dominus exaudiet ;clamabis et dicet : ecce, adsum. Isaie
LVIII, nos 8 et 11. Et cette belle morale se prêchait au milieu du
peuple le plus abominable, qui prenait le nom de Peuple de Dieu ;
dans le pays où David, souillé du crime le plus horrible, était appelé
Roi selon le cœur de Dieu.
J'avais une belle chatte qui a péri à force de lécher l'abcès d'un petit
chat qui n'était pas le sien ; j'en ai fait une constellation. L'instinct
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
suffit quand les passions ne nous ont pas dépravés. Une reine suçant
l'abcès de son mari, ne me paraît admirable, que parce qu'à ce haut
rang l'instinct de la nature est souvent perverti.
J'ai voulu une fois lire les discours de Bossuet sur l'Histoire
Universelle, à cause de la célébrité de l'auteur, je n'ai pas été au-delà
de la première page, où j'ai lu : Adam. JUSTEMENT puni dans toute sa
postérité ; et en voyant renverser ainsi toutes les idées du juste et de
l'injuste, anéantir la raison humaine, faire de la divinité un monstre le
plus exécrable, pour expliquer un mot de l'Écriture, j'ai déploré la
stupidité des Pères de l'Église et j'ai fermé le livre. Tout cela ramène à
la jolie fable de Diderot : un misanthrope qui détestait les hommes, ne
sachant comment leur faire du mal, vint leur dire : Mortels, il est un
Dieu.
les comètes se perdent. Je vois les météores, les ouragans formés par
des combinaisons immenses de matière inerte. Je vois trente mille
insectes dont plusieurs nous étonnent ; des animaux dont plusieurs
nous surpassent : Prœcellit aranea tactu, vultur odoratu, lynx visu,
simia gustu.
Je conviens qu'Euler était fort religieux. J'ai logé chez lui en 1752,
j'en ai été témoin. Son autorité, ainsi que celle de Newton, est d'un
poids effrayant contre nous. Mais j'ai déjà remarqué que ces grands
hommes s'étant fait une loi de ne pas examiner la religion, ils n'avaient
jamais discuté la question ; et que les différentes couches du cerveau
peuvent être si différentes, que l'homme qui a le plus de génie pour
une chose, peut n'être qu'un fou et une bête dans un autre genre,
comme si un coup à la tête eût porté d'un côté toutes les molécules
organiques d'une certaine espèce.
Histoire universelle, etc., sont de cet avis. Je ne suis pas de cet avis.
En effet, Tacite en parle à l'an 31 après la mort de Jésus-Christ
(Ann. XV, C. 44.) ; Suétone à l'an 13 et à l'an 31. (Claude, C. 25,
Néron, C. 16.) Il est impossible qu'on fût dans l'erreur sur un fait aussi
récent. Mais il est facile d'expliquer les évangiles, sans recourir à ce
système, et on l'a fait plusieurs fois. Histoire critique de Jésus-Christ,
ou Analyse raisonnée des évangiles, vers 1770 ; Histoire de la vie de
Jésus-Christ, 1777 ; la Vie du législateur des chrétiens, par
M. Mosneron, 1803 ; le Christianisme raisonné, par Boulanger, 1767 ;
Examen critique des Apologistes de la religion chrétienne, par
Burigny.
RÉSULTAT.
ON NE LE C O M P R E N D P O I N T ;
ON NE LE VOIT POINT ;
IL N'Y EN A P O I N T DE PREUVE DIRECTE ;
ON EXPLIQUE TOUT SANS LUI.
C. Q. F. D.
Dictionnaire des Athées anciens et modernes.
CALENDRIER HISTORIQUE
Des athées les plus célèbres.
11 novembre 1805,
anniversaire de La Mettrie.
FIN