Droit de Retrait Des Minoritaires de Sociétés Non Cotées
Droit de Retrait Des Minoritaires de Sociétés Non Cotées
Droit de Retrait Des Minoritaires de Sociétés Non Cotées
26 mars 2018
Saisi par le Trésor dans le cadre du Plan d’action pour la croissance et la transformation des
entreprises, le Haut Comité Juridique de la Place financière de Paris (« HCJP ») a constitué un
groupe de travail afin de définir les conditions d’un éventuel droit de retrait des minoritaires
de sociétés non-cotées. Cette réflexion s’inscrit dans l’analyse plus vaste de l’opportunité d’un
renforcement des droits des minoritaires de sociétés françaises1 et en parallèle, notamment,
d’une étude sur l’aménagement du régime des actions de préférence de sorte que le rachat puisse
intervenir à l’initiative du porteur2.
Différentes propositions de droit de retrait ont en effet été formulées entre 1996 et 20034, pour
introduire un droit équivalent au droit existant dans les sociétés cotées ou un droit visant des cas
plus limités, à l’instar de ce qui peut exister dans certaines législations étrangères . Une proposition
de loi soutenue par le Sénateur Marini proposait en particulier d’introduire un droit de retrait en cas
de rupture du contrat d’investissement ou lorsque les majoritaires détiennent plus de 95% des droits
de vote. Ce droit de retrait était présenté comme « destiné à favoriser l’investissement dans les PME »6.
1
La thématique « Financer » du PACTE inclue notamment la problématique « Encourager les nouveaux investisseurs en
renforçant le droit des actionnaires minoritaires ».
2
La CCIP formula une proposition en faveur du rachat à l’initiateur des porteurs en 2013, dans son rapport intitulé « Fonds
propres des entreprises : rendre plus attractives les actions de préférence ». Un Groupe de travail a émis un projet de rapport
sur les actions de préférence qui n’est pas encore publié à cette date et ne le sera qu’après avoir été soumis au Haut Comité
Juridique de la Place Financière.
3
Ordonnance n°2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime général et de la preuve des
obligations.
4
Voir Annexe 2.
5
Voir Annexe 5 un inventaire des droits de retrait existant dans plusieurs législations étrangères.
6
Rapport n°449 (97-98) sur le Projet de loi portant diverses dispositions d’ordre économique et financier.
D’autres estiment, à l’inverse, que le fait que les investissements dans les PME soient si peu
développés s’explique par l’hésitation des actionnaires des sociétés françaises à faire appel à des
investisseurs, plutôt qu’à la dette, ce qui impliquerait au contraire d’alléger les contraintes pour les
inciter à solliciter des investisseurs minoritaires. Aucune étude économique ne permet à ce jour
d’étayer cette discussion9.
Sous la présidence de Maître Didier Martin, le Groupe de travail a examiné l’opportunité d’introduire
un droit de retrait au profit des minoritaires de sociétés non-cotées. Au cours de ces travaux, un
conseil de fonds d’investissement a notamment marqué une forte opposition à l’égard d’un tel droit,
craignant en particulier, alors qu’aucune étude d’impact n’a été réalisée, qu’il ne vienne bouleverser
l’équilibre contractuel régissant les relations des investisseurs professionnels dans les ETI et par
conséquent freiner les investissements.
Si un droit de retrait au profit des associés minoritaires devait être instauré, les membres du Groupe
de travail ont tenté d’en définir le cadre et les modalités. À cette occasion, plusieurs propositions ont
été faites (1.). Les avis divergents sur certaines de ces hypothèses ont conduit le Groupe de travail à
approfondir la proposition d’introduire un droit de retrait à titre de règlement d’un conflit (2.) et à
faire état de la solution la plus consensuelle (3.).
Le champ de cette étude a volontairement été restreint aux sociétés anonymes, aux sociétés à
responsabilité limitée et aux sociétés par actions simplifiées10.
7
Plusieurs auteurs semblent en effet se prononcer en faveur de l’instauration d’un droit général de retrait : cf notamment
Ch. Lapoyade-Deschamps, B. Saintourens, P. Didier, M. Jeantin, le Centre de Recherche sur le droit des affaires, P. Bézard,
M.-A. Frison-Roche.
8
Des auteurs soulignent en particulier l’inefficacité des promesses d’achat en cas d’inexécution, mais l’évolution de la
jurisprudence et la réforme récente du code civil permettent de considérer que l’exécution devrait davantage être la règle.
9
Nous ne disposons pas d’éléments statistiques permettant de savoir si le faible développement des investissements dans
des PME/ETI s’explique par la protection insuffisante des minoritaires ou à l’inverse par la réticence des actionnaires de ces
sociétés à faire appel à des investisseurs. J. Tirole dans son ouvrage « Economie du bien commun » évoque plutôt la seconde
hypothèse.
10
Un droit de retrait existe déjà dans les sociétés civiles, les sociétés à capital variable et certaines autres entités (Cf Annexe 4
pour un inventaire des droits de retrait existant en droit français). La problématique des sociétés à responsabilité illimitée
(ex SNC) et des sociétés en commandite mérite quant à elle une étude distincte. S’agissant des sociétés en commandite
par actions, il semblerait, a minima, opportun de prévoir un droit de retrait en cas de mésentente entraînant la paralysie
de la société comme alternative à la dissolution judiciaire (cf infra note de bas de page 22 pour un exemple de dissolution
judiciaire d’une commandite). L’existence d’un droit de retrait dans les sociétés civiles étant notamment justifiée par
l’obligation indéfinie de ses associés, il pourrait être envisagé d’étendre son application aux autres sociétés à risque illimité
et notamment aux sociétés commerciales (SNC). Ces réflexions pourront être approfondies.
1 – Les différents cas de droit de retrait envisagés : une large opposition à l’instauration d’un droit
de retrait en dehors des cas de faute ou de conflit entre actionnaires .............................. . . . . . . 5
1.3 - Un droit de retrait en cas de détention d’au moins 90/95% des droits de vote par un
actionnaire. . . . . . . . . . . . . ….………....….…….........….……..........….……........... . . . . 7
1.4 - Un droit de retrait lorsque les droits ont été échus par voie de succession / legs.......... . . . . . 7
3.3 - Régime.....................................................................................................15
Sur la base des propositions formulées par plusieurs membres du Groupe, de l’analyse des droits de
retrait existant en droit français et des retours d’expérience sur des droits de retrait étrangers que des
avocats locaux ont accepté de partager, plusieurs hypothèses susceptibles de justifier l’existence d’un
droit de retrait ont été envisagées.
Il résulte du principe majoritaire que certaines résolutions sociales peuvent être adoptées sans que les
minoritaires n’y aient adhéré alors qu’elles entraînent des bouleversements pouvant justifier que ces derniers
souhaitent se retirer de la société12. Un droit de retrait dans une telle hypothèse existe aux Etats-Unis.
Si le bénéfice d’un tel droit venait à être introduit, ce qui majoritairement ne leur apparait pas
souhaitable, les membres du Groupe suggèrent qu’il soit conditionné, en cas de modification
substantielle du contrat d’investissement, à la détention, par le majoritaire, de la majorité qualifiée
des droits de vote de la société en assemblée13.
Par ailleurs, si les actionnaires de la société concernée ont conclu un pacte, qu’il prévoie ou non
un droit de retrait, il ne serait pas légitime de venir modifier l’équilibre contractuel trouvé entre
les parties. Un pacte peut en effet comporter des concessions réciproques en l’absence de droit de
retrait, la simple existence d’un pacte laissant supposer que les parties ont pris en compte l’ensemble
des éléments pour ne pas prévoir ce droit. De même, le droit de retrait légal ne devrait pas trouver à
s’appliquer en présence de clauses statutaires ayant le même objet.
Le tribunal saisi en cas de contestation14 s’assurerait que l’obligation de rachat ne sera imposée à la
société que si elles disposent des ressources nécessaires. Le rachat serait réalisé par la société ou par
un actionnaire qu’elle choisirait, avec l’accord de ce dernier, sous réserve qu’elle dispose des réserves
11
Ce droit de retrait a été proposé par un membre du Groupe de travail et a donné lieu à des observations écrites figurant
en Annexe 3.
12
Ex fusion avec une société d’une autre forme, transformation de SA en société en commandite.
13
La proposition de l’ANSA/AFEP/MEDEF suggérait une condition de détention de 90% des droits de vote dans son projet
« pour un droit moderne des sociétés » d’octobre 2003.
14
Les inconvénients inhérents à un tel contrôle réduisent néanmoins l’intérêt d’un tel droit - cf les critiques formulées en
Allemagne et au Canada.
Il a néanmoins été critiqué que, contrairement à ce qui est prévu pour les sociétés cotées, la société
émettrice soit débitrice principale des actionnaires minoritaires, alors notamment que le droit de
retrait ne trouverait à s’appliquer qu’en présence d’un actionnaire de contrôle.
Plus généralement, il a été opposé à l’introduction d’un tel droit qu’il porterait atteinte au principe
selon lequel la majorité extraordinaire en assemblée peut valablement modifier les statuts et, sous
réserve du respect de l’intérêt social, imposer à la minorité toutes les modifications n’augmentant pas
les engagements des actionnaires, et que la majorité simple donne le pouvoir de diriger l’entreprise
puisque l’accord ou la coopération de tous les actionnaires serait nécessaire pour éviter un rachat
potentiellement coûteux.
Il a aussi été rappelé que le droit de retrait qui existe dans les sociétés cotées vise à pallier l’absence de
liquidité pouvant être attendue sur le marché alors qu’à l’inverse, le prix d’actions non-cotées inclut
une décote d’illiquidité. Il serait donc injuste d’offrir aux minoritaires un droit qu’ils n’ont pas payé. Un
parallèle avec les sociétés cotées et le régime des offres publiques dont le dépôt est obligatoire illustre
par ailleurs la nécessité que l’octroi de ce droit soit contrôlé et puisse être accompagné de nombreux
cas de dérogations. Or, il n’existe pas d’autorité équivalente à l’AMF pour les sociétés non cotées, ce qui
impliquerait un contrôle par les juges consulaires localement compétents. Outre la question de savoir
si des juges devraient seuls apprécier de tels cas de dérogation, cela pourrait conduire à un gel potentiel
d’opérations pendant plusieurs années et au risque d’une jurisprudence très variable.
Il a également été relevé que ce droit pourrait limiter la capacité d’adaptation des sociétés et risquerait
d’empêcher la réalisation de projets s’inscrivant dans leur intérêt en l’absence de ressources suffisantes
pour racheter les parts des associés le demandant.
Enfin, quand bien même le dispositif pourrait être écarté par un accord, la consécration d’un tel droit
pourrait donner un levier aux minoritaires, susceptible de bouleverser l’équilibre des pouvoirs dans les
négociations futures de pactes et ainsi freiner l’investissement dans les sociétés françaises non-cotées.
Un membre du Groupe a proposé d’instaurer un droit de retrait au minoritaire en cas de cession par
les majoritaires de leurs droits de vote à un tiers lui conférant le pouvoir de modifier les statuts.
1.3 - Un droit de retrait en cas de détention d’au moins 90/95% des droits de vote par
un actionnaire15
Il a été suggéré par certains membres du Groupe que soit envisagé d’instaurer au profit du minoritaire
un droit de demander son retrait lorsque la participation du majoritaire atteint un certain seuil.
Aligné sur le droit régissant les sociétés cotées, ce seuil pourrait être de 95% (voire 90%) avec un droit
réciproque de l’actionnaire ayant atteint ce seuil d’exclure le minoritaire.
En effet, si un actionnaire vient à détenir une telle participation, le minoritaire devient totalement
marginal dans la vie économique de l’entreprise. Pour autant, un minoritaire pourrait souhaiter rester
dans la société avec une participation aussi mineure, ce qui pourrait gêner les actionnaires majoritaires.
Un tel dispositif pourrait être initié par une demande du minoritaire devant proposer un prix de rachat.
La question se pose de savoir si ce droit devrait être prévu par les statuts ou par la loi, quitte à ce que
les statuts puissent l’exclure.
Une telle proposition n’a néanmoins pas emporté une forte adhésion. Il a notamment été relevé
qu’outre le fait de créer un effet de seuil, un tel droit conduirait à affecter les fonds propres de la société
que le rachat lui incombe directement ou que sa charge pèse sur les détenteurs du contrôle puisque ce
sont eux qui pourraient avoir à financer la société. Il a aussi été relevé la difficulté que représenterait la
question de savoir ce que signifierait « venir à détenir » 95% du capital pour un actionnaire majoritaire :
à partir de quelle situation initiale un tel droit pourrait-il jouer ?
1.4 - Un droit de retrait lorsque les droits ont été échus par voie de succession / legs
Il a été suggéré par un membre du Groupe de travail qu’un associé minoritaire puisse se retirer d’une
société à laquelle il n’a pas adhéré en qualité d’associé. Il n’est néanmoins pas apparu légitime de
15
Une proposition de loi soutenue par le Sénateur Marini proposait d’introduire un droit de retrait en cas de rupture du contrat
d’investissement ou lorsque les majoritaires détiennent plus de 95% des droits de vote.
En l’état du droit positif, en cas d’abus de majorité, le préjudice des minoritaires peut éventuellement
être réparé par l’octroi de dommages-intérêts par les majoritaires et par l’annulation de la décision
sociale. Ces indemnisations sont peu dissuasives, notamment en raison de l’insuffisance des
condamnations prononcées (la lecture des décisions en la matière permet de le constater)16.
L’obligation pour les majoritaires d’acquérir les titres des minoritaires en cas de violation de l’intérêt
social permettrait de dissuader les actionnaires majoritaires d’adopter de tels comportements et, à
titre de sanction, de créer une véritable contrainte financière. La menace d’un tel droit pourrait par
ailleurs favoriser le dialogue entre les majoritaires et minoritaires puisque les premiers devraient,
pour décider de certaines mesures non souhaitées par les minoritaires, évaluer l’impact de cette
décision sur le coût d’investissement comprenant, le cas échéant, le rachat de la participation
minoritaire.
La mise en œuvre de ce droit serait donc conditionnée à l’existence d’une décision judiciaire
définitive constatant l’abus de majorité, afin d’éviter que le majoritaire ne fasse l’objet d’une simple
pression. Elle nécessiterait cependant de consacrer dans la loi la jurisprudence relative à l’abus de
majorité, avec la difficulté que cela représente compte tenu de l’utilisation variable de la notion par
les tribunaux.
Le Groupe s’est également interrogé sur l’opportunité d’étendre une telle action en cas de simple
mésentente entre actionnaires. En ce sens, certains droits étrangers prévoient des droits de retrait
ayant pour objet de mettre fin à des divergences. Ainsi, il existe des actions judiciaires fondées
principalement sur la notion de justes motifs, lorsque notamment des avantages financiers
disproportionnés ont été accordés à un majoritaire, la diversification de l’activité de la société a été
décidée au profit d’une autre société dans laquelle un actionnaire majoritaire a des intérêts et dans des
conditions critiquables (Belgique, Royaume-Uni). D’autres actions se justifient, plus largement, par
l’existence de différends rendant intolérable le maintien d’un minoritaire (Pays-Bas, où la procédure
est rarement utilisée en pratique, et recours en oppression au Canada). Si ce droit existe dans des
droits étrangers avec un champ d’application très large en théorie, en pratique il n’est mis en œuvre
qu’exceptionnellement, la stabilité de l’actionnariat étant privilégiée.
16
Voir un résumé sommaire des décisions ayant caractérisé un abus de majorité en Annexe 6.
Les discussions du Groupe de Travail relatives à l’instauration d’un droit de retrait des minoritaires de
sociétés non-cotées ont conduit à la conclusion qu’il serait opportun d’approfondir l’analyse d’un droit de
retrait à titre de règlement de conflits dans certaines situations iniques, de mésentente et/ou de paralysie.
Même si certains membres du Groupe n’y sont pas particulièrement favorables, la quasi-totalité
d’entre eux considère que l’instauration d’un droit de retrait dans certaines situations particulièrement
litigieuses pourrait être une solution proportionnée.
Les débats se sont principalement concentrés sur le fait générateur d’un tel droit et sur le débiteur
de l’obligation de rachat.
En cas de mésentente caractérisée, l’exclusion (si elle n’est pas prévue par les statuts) ne peut être
prononcée par le juge18, dont la seule option alternative à la nomination d’un administrateur provisoire19,
laquelle ne met pas un terme à une mésentente, est, en droit positif, la dissolution de la société20.
17
L’abus de minorité est sanctionné par la possibilité de faire désigner un mandataire pour voter au nom et pour le compte des
minoritaires sur la décision litigieuse. Cette solution ne permet pas de résoudre de façon pérenne les situations dans lesquelles
une société est paralysée par un conflit.
18
Cass. com., 12 mars 1996, n° 93-17.813, n° 536 P : Bull. civ. IV, n° 86 ; D. 1997, p. 133, note Langlès ; Bull. Joly 1996, 204,
note Daigre ; JCP éd. N 1996, II, p. 1515, note Paclot ; Rev. sociétés 1996, 544, note Bureau.
19
La désignation d’un administrateur provisoire emporte dessaisissement total ou partiel des organes sociaux, en fonction de la
mission fixée par le juge. Une mésentente grave entre associés ne permet la désignation d’un administrateur provisoire que si
elle fait obstacle au fonctionnement normal de la société, soit parce qu’elle entraîne la paralysie des organes de direction, soit
parce qu’elle met en péril la société elle-même (Cass. com., 24 mai 1994, n° 92-21.699 : Bull. Joly 1994, p. 789).
20
Article 1844-7 du code civil : « La société prend fin : (…) 5° Par la dissolution anticipée prononcée par le tribunal à la
demande d’un associé pour justes motifs, notamment en cas d’inexécution de ses obligations par un associé, ou de mésentente
entre associés paralysant le fonctionnement de la société ».
21
Illustrations : plainte pénale déposée par un associé contre l’autre caractérisant une mésentente paralysant le fonctionnement
de la société (Cass. 3ème civ. 4 février 1986) ; existence de divergences fondamentales remontant à plusieurs années entre
commanditaires et gérant commandité quant à la politique d’investissement alors que l’objet social est la prise de participations
mettant en péril les intérêts de la société dont elles paralysent le fonctionnement (CA Paris, 8 juillet 1994, n°94/5443) ;
mésentente ayant entraîné une diminution du chiffre d’affaires mettant en péril l’avenir économique de la société (Cass. 1ère civ.
Bien que cette question n’ait pas été évoquée par le Groupe, un membre propose d’ajouter la
faculté d’exclure un actionnaire minoritaire en cas de mésentente entre associés paralysant le
fonctionnement de la société. Cette proposition semble raisonnable dans la mesure où elle permet
d’éviter une dissolution.
Faisant ce constat, une large majorité du Groupe de travail s’est également prononcée en faveur d’un
droit de retrait en cas d’abus de majorité et, symétriquement, d’un droit d’exclusion des minoritaires
en cas d’abus de minorité.
S’ils viennent à le caractériser, les juges pourraient donc, outre une remise en état de la situation via
notamment l’annulation d’une décision sociale, décider d’octroyer aux minoritaires dont les intérêts
ont été lésés le droit de se retirer de la société. Le juge pourrait/devrait cependant tenir compte de
l’éventuelle disproportion entre l’abus constaté et la charge financière représentée par l’obligation
d’acquisition pesant sur son auteur.
16 octobre 2013, n°12-26729) ; mésentente conduisant à ce qu’aucune décision collective ne soit prise collectivement,
21 (suite)
aucun bilan présenté et affectant la bonne marche de l’activité sociale et sa position financière la banque ayant dû délivrer des
mises en demeure de paiement d’échéances non honorées (CA Toulouse, 5 mars 2008, n°06/02069).
22
C. Boismmain, Etude sur la dissolution pour mésentente entre associé, Gazette du Palais, 6 mai 2014, n°126, p. 4.
23
Un premier recensement rapide a permis d’identifier 34 décisions et arrêts depuis 1964 ayant caractérisé un abus de majorité
dans une société commerciale sur des centaines de demandes.
Le Groupe de travail s’est interrogé sur l’opportunité d’étendre le droit de retrait à l’hypothèse d’une
simple mésentente entre actionnaires, à l’instar de ce qui est prévu dans les sociétés civiles lorsque
le juge les caractérise de justes motifs24 afin d’éviter la naissance ou l’accroissement d’un conflit
susceptible d’avoir une incidence sur le fonctionnement de la société.
Certains droits étrangers notamment examinés ci-après25 prévoient en effet un droit de retrait ayant
pour objet de mettre fin à des divergences rendant intolérable le maintien d’un minoritaire sans
conditionner ce droit à l’existence d’une paralysie de la société.
2.3.1 - En Belgique, tout actionnaire peut demander en justice le rachat de ses titres pour
de justes motifs par l’actionnaire à l’origine de ces motifs à un prix déterminé par le juge.
À l’inverse, un ou plusieurs actionnaires ou associés possédant ensemble une certaine
participation (20 ou 30% du capital selon le type de société concernée26) peuvent demander
en justice, pour de justes motifs, qu’un actionnaire ou associé cède au demandeur ses
actions (action en exclusion).
Empruntée à la procédure en dissolution judiciaire, la notion de justes motifs dans le cadre
de l’exercice d’un droit de retrait, qui doivent être imputables à l’actionnaire de contrôle,
24
Tels que notamment en cas de gestion passive (ex : Civ. 3e, 28 mars 2012, n° 10-26.531 : « Caractérise les justes motifs
de l’article 1869 du code civil autorisant le retrait d’un associé d’une société civile, la cour d’appel qui relève qu’aucune
assemblée générale n’a été tenue depuis 2004, que le gérant associé ne justifie d’aucun acte de gestion et ne présente aucun
compte, que la propriété, unique actif de la SCI n’est pas entretenue depuis plusieurs années, que le bâtiment principal est en
mauvais état intérieur et qu’il existe d’importantes dégradations et retient qu’il n’existe depuis le décès du précédent gérant,
aucune entente entre les associés s’agissant des décisions à prendre en vue de l’administration, la mise en valeur ou même
l’entretien courant du patrimoine composant l’actif de la SCI et que cette situation qui caractérise la perte de toute «affectio
societatis» ne peut conduire qu’à la détérioration et à la dévalorisation de cet actif ») ou de perte d’affectio societatis par suite
d’un divorce (Civ. 3e, 3 févr. 2013, Bull. Joly 2014. 461, note E. Gicquiaud), ou plus généralement une mésentente (Cass. 3e
Civ., 8 juill. 2014, no 13-21.035).
25
Pour un inventaire des droits de retrait existant dans certaines législations étrangères voir Annexe 5.
26
L’action en exclusion, qui peut donc potentiellement viser un actionnaire majoritaire, est une mesure grave qui garde un
caractère subsidiaire par rapport au droit de retrait et n’est principalement utilisée que comme alternative à la dissolution de la
société, lorsqu’aucune autre mesure n’est envisageable pour mettre un terme au litige entres les actionnaires ou associés. Ces
justes motifs doivent être « d’une nature telle que le maintien dans la société de l’actionnaire dont l’exclusion est demandée
mette en péril les intérêts fondamentaux ou la continuité de l’entreprise » (Cass., 21 mars 2014, rôle n° C.13.0248.F.). Le juge
ne prononcera cette exclusion que si elle ne porte pas atteinte à l’intérêt social (ainsi, les juges ont par exemple refusé d’exclure
d’une société exploitant un tea-room, l’associé propriétaire du bâtiment eu égard à l’emplacement stratégique de ce dernier
et au risque économique que pourrait subir la société si, suite à son exclusion, il venait à résilier le contrat de bail : Comm.
Tongres, 24 juin 1997, T.R.V., 1999, p. 283).
Illustrations :
Le préjudice est apprécié au regard des statuts ou d’un éventuel pacte d’actionnaires (par
exemple l’actionnaire devait participer à la direction de la société mais l’engagement de vote
n’a pas été respecté) – la jurisprudence récente est de plus en plus restrictive et requiert
la démonstration de la violation d’accords relatifs à la gestion ou à l’administration de la
société qui aurait été conduite de façon inéquitable à l’égard du minoritaire ;
Le caractère injuste est apprécié par rapport à un standard raisonnable mais ne suppose pas
la démonstration de l’intention de causer un préjudice.
Pour évaluer le prix de rachat, les juges l’apprécient généralement à la date à laquelle le
préjudice du demandeur a commencé ou font abstraction des actes ayant causé le préjudice.
2.3.3 - Le droit néerlandais octroie aux actionnaires minoritaires le droit de faire racheter
leur participation si, compte tenu du comportement d’un ou plusieurs autres actionnaires,
il ne peut plus raisonnablement être attendu qu’ils continuent d’être actionnaires de la
société concernée. Pour l’exercice de ce droit, il n’est pas nécessaire que le comportement
des actionnaires ait également porté atteinte aux intérêts de la société.
2.3.4 - Le recours en opression canadien, qui comporte des similitudes avec l’abus de
majorité en droit français27, permet à tout actionnaire de demander au tribunal de mettre
fin à une situation où la société ou ses dirigeants abuse des droits des actionnaires, porte
atteinte à leurs intérêts ou n’en tient pas compte.
Dans le cadre de ce recours, le tribunal peut prendre toute mesure qu’il estime appropriée et
notamment imposer le rachat de la participation du demandeur28 à l’actionnaire majoritaire
lorsque celui-ci a commis l’abus ou à la société lorsque la faute a été commise par un dirigeant
sans qu’aucun autre actionnaire ne soit impliqué. En pratique, le recours en oppression est
néanmoins surtout utilisé dans le contexte des conflits entre actionnaires.
27
Stéphane Rousseau, Professeur titulaire de la Chaire en gouvernance et droit des affaires, Université de Montréal,
L’encadrement des conflits d’intérêts dans le droit nord-américain des sociétés : le rôle des règles et des normes de conduite,
RTD Com. 2013 p.611.
28
Le rachat représenterait 32% des remèdes octroyés par les tribunaux dans le cadre d’un recours en oppression, le plus
souvent dans le cas où le minoritaire était parvenu à démontrer un abus commis par un majoritaire (P. Turi et al., Cases,
materials and notes on partnerships and canadian business corporations (5th edition, Toronto).
Illustrations :
- vente des actifs de la société à une société contrôlée par l’actionnaire dominant ;
- affectation systématique de la totalité des bénéfices à un compte de réserves30;
- extraction de bénéfices privés par l’entremise d’une politique de prix de transfert favorable
à la société-mère ;
- fusion impliquant pour une des sociétés la reprise d’une dette de 400 millions d’euros
puisque « l’opération envisagée portait atteinte injustement aux intérêts des actionnaires en
ce qu’elle menait à un transfert de richesse en faveur de l’actionnaire majoritaire EIders »31.
Inspiré du droit belge, une majorité des membres du Groupe de travail considère qu’il serait
opportun d’octroyer un droit retrait en cas de mésentente grave dont l’actionnaire majoritaire
est à l’origine. Il a été proposé de conditionner l’octroi d’un droit de retrait dans l’hypothèse
d’une mésentente résultant d’une faute de l’actionnaire majoritaire à la démonstration d’un
préjudice pour la société. Pour distinguer ce cas de l’abus de majorité au-delà du simple
critère de l’existence ou non d’une décision sociale et sans aller jusqu’à retenir le concept large
de « justes motifs », il semble néanmoins qu’un tel droit devrait pouvoir être octroyé en cas
de mésentente caractérisée qui trouve sa source dans le comportement, notamment fautif,
de l’actionnaire de contrôle y compris lorsqu’il n’a pas été porté atteinte à l’intérêt social.
29
Ainsi, alors que les dirigeants avaient décidé, pour acquérir le contrôle d’une société, d’émettre un nombre d’actions
représentant près de 67% des actions en circulation pour les distribuer aux actionnaires de la société visée et ce sans soumettre
cette décision à l’approbation des actionnaires, le tribunal refusa de faire droit à la demande des actionnaires de la société
en dépit de la forte dilution invoquée par les actionnaires, considérant « Provided the Board’s decision is within a range of
reasonableness, that decision should prevail » : McEwen v. Goldcom Inc., 2006 CanLII 35985 (ON S.e.).
30
Bergeron c. Bergeron-Faucher, J.E. 98-1439 (C.A.).
31
Re Palmer and Carling O’Keefe Breweries of Canada Ltd..
32
Une recherche sur le retrait prévu par l’article 1869 du code civil fait apparaître environ 250 décisions et arrêts depuis 2002.
Les droits de retrait et d’exclusion seraient applicables aux sociétés anonymes, aux sociétés par actions
simplifiées et aux sociétés à responsabilité limitée, à l’exclusion des sociétés à capital variable et des
sociétés dont les titres sont admis aux négociations sur un marché règlementé ou sur un système
multilatéral de négociation organisé. Il concernerait donc les quelques sociétés non-cotées susceptibles
d’avoir un nombre significatif d’actionnaires (par exemple les sociétés dont les titres sont admis
aux négociations sur le Marché Libre, ce qui être justifié par le fait que ces sociétés ne bénéficient
pas des dispositions relatives aux offres publiques obligatoires et notamment à l’offre publique de
retrait et au retrait obligatoire et sont donc en cela assimilables sur ce sujet aux sociétés non cotées.
Un membre du Groupe propose d’inclure les sociétés en commandite dans le champ de ce droit au
motif que les commanditaires sont juridiquement dans la situation d’actionnaires ou associés de
sociétés anonymes et sociétés à responsabilité limitée. Il semble néanmoins que les commanditaires
soient dès l’origine dans une situation différente compte tenu des prérogatives dont disposent les
associés commandités de ces sociétés. Pour autant, le Groupe ne propose pas d’exclure les commandités
du bénéfice du droit de retrait mais considère que leur situation nécessite un examen plus détaillé.
La mise en œuvre du droit de retrait serait soumise à la condition qu’une décision judiciaire33
constate (i) un abus de majorité ou (ii) une mésentente paralysant le fonctionnement de la société
ou (iii) une mésentente grave entre les actionnaires résultant d’une faute de l’actionnaire majoritaire
ou dont il est à l’origine.
L’exclusion d’un associé minoritaire pourrait, par ailleurs, sur demande de l’actionnaire majoritaire,
être imposée en cas d’abus de minorité judiciairement constaté.
3.3 - Régime
Les créanciers du droit de retrait seraient uniquement les actionnaires minoritaires ayant formulé
une demande judiciaire de retrait.
33
Rappelons que celui qui voudrait faire un pourvoi devrait au préalable exécuter la décision.
Afin de ne pas vider ce droit de sa portée, il serait prévu que les juges ne seraient pas tenus d’appliquer,
lorsqu’elles existent, d’éventuelles règles ou modalités de détermination de valeur prévues par les statuts
ou un pacte d’actionnaires.
Les juges pourraient par ailleurs, le cas échéant, corriger la valeur des titres, déterminée selon une
méthode multicritères, afin de prendre en compte l’éventuel préjudice direct subi par la société et causé
par le fait générateur du retrait. Si cette correction est légitime en cas de faute commise par l’actionnaire,
ce constat est moins évident en l’absence de faute. Insérer une telle distinction dans le projet de texte
risque néanmoins d’en affecter la lisibilité et ne paraît pas nécessaire dans la mesure où cette correction
du prix ne serait qu’une faculté que le juge pourra choisir d’utiliser selon l’espèce.
A été proposé par un membre du groupe d’éviter l’intervention d’un juge. Une telle solution comporte
des similitudes avec l’exit right de droit allemand qui concerne l’hypothèse d’un accord de domination34.
En droit français, une telle procédure n’apporterait rien car les juges auraient en tout état de cause à
apprécier les circonstances et le préjudice. On constate d’ailleurs que dans les droits étrangers examinés,
le droit de se retirer en cas d’abus ou de justes motifs est accordé par un juge.
En cas d’exclusion d’un actionnaire minoritaire, le rachat serait prioritairement réalisé par la société35
avec l’accord des actionnaires (hors l’actionnaire exclu concerné) ou, à défaut, par l’actionnaire ayant
demandé l’exclusion.
Le retrait ou l’exclusion pourraient être décidés sans préjudice de l’indemnisation qui pourrait être
accordée par le juge. Dans la mesure où cette indemnisation peut en tout état de cause être prononcée
par le juge dans les conditions de mise en cause de la responsabilité, il ne semble pas utile de le rappeler
dans les deux projets de textes.
34
Rappelons que le droit de retrait naît à l’occasion de la conclusion d’un accord contractuel de domination ou dans les
hypothèses prévues par cet accord. Il s’applique dans les conditions expressément prévues par le contrat.
35
En effet, dans beaucoup de cas de figure (mais pas tous), la société est la première victime de l’abus de minorité. En tout état
de cause, il paraît logique que l’achat soit réalisé par priorité par la société puisque les actionnaires restant sont ceux ne s’étant
pas opposés à la décision dont le ou des minoritaires bloquent l’adoption et seront donc sans doute favorables au rachat.
« Dans les sociétés [commerciales]36[, à l’exclusion [des sociétés à capital variable et]37 des sociétés
en commandite par actions,]]38 dont les titres ne sont pas admis aux négociations sur un marché
règlementé ou sur un système multilatéral de négociation organisé et qui sont contrôlées au sens
de l’article L. 233-3, I, 1° du code de commerce par une ou plusieurs personnes physiques ou
morales agissant directement ou indirectement seules ou de concert, un associé ou un actionnaire
minoritaire peut être autorisé à se retirer totalement de la société par une décision de justice passée
en force de chose jugée constatant :
- un abus de majorité ;
- une mésentente, entre l’associé ou actionnaire demandant son retrait et un ou plusieurs associés
ou actionnaires contrôlant, seul ou de concert, directement ou indirectement, la société au sens
de l’article L. 233-3, I, 1° du code de commerce, paralysant le fonctionnement de la société et
dont l’associé ou actionnaire demandant son retrait n’est pas à l’origine. Cette autorisation serait
octroyée comme alternative à la faculté pour le juge de prononcer la dissolution en application de
l’article 1844-7 du code civil ; ou
- une mésentente grave entre l’associé ou actionnaire demandant son retrait et un ou plusieurs
associés ou actionnaires contrôlant, seul ou de concert, directement ou indirectement, la société au
sens de l’article L. 233-3, I, 1° du code de commerce résultant d’une faute du ou de ces associés ou
actionnaires, ou dont ce ou ces derniers sont à l’origine.
L’associé ou l’actionnaire qui est ainsi autorisé à se retirer a droit au paiement de la valeur de ses
droits sociaux, fixée, à défaut d’accord amiable, conformément aux méthodes objectives pratiquées
en cas de cessions d’actifs tenant compte selon une pondération appropriée de la valeur des actifs
de la société, des bénéfices réalisés, de l’existence de filiales et des perspectives d’activité. Le juge, le
cas échéant en fonction du rapport d’un expert qu’il a désigné, qui fixe ainsi la valeur des droits
sociaux, ne sera en aucun cas tenu d’appliquer, lorsqu’elles existent, d’éventuelles règles ou modalités
de détermination de valeur prévues par les statuts de la société ou par toute convention liant les
associés ou actionnaires concernés et il pourra, le cas échéant, corriger cette valeur afin de prendre
en compte l’éventuel préjudice direct subi par la société et causé par le fait générateur du retrait
ayant été autorisé par la décision de justice susvisée.
36
Cette mention dépend de l’intégration de ce texte dans le code de commerce.
37
Plutôt qu’une exclusion, l’article L. 231-6 du code de commerce (droit de retrait dans les sociétés à capital variable) pourrait
préciser s’appliquer par exception au nouveau texte sur le droit de retrait.
38
La spécificité du droit de retrait dans certaines sociétés n’a pas été examinée. Ceci méritant une étude par ailleurs, on ne
peut en l’état inclure ou exclure les sociétés en commandite par actions. Le choix de l’intégration dans le code de commerce
pourrait par ailleurs conduire à ne pas avoir à prévoir cette exclusion.
Des délais de paiement pourront être accordés par le juge pour l’acquisition ou, selon le cas, le
rachat, des droits sociaux.
Toute clause statutaire ou contractuelle contraire aux dispositions du présent article est réputée
non écrite.»
Faculté d’exclusion
« Dans les sociétés [visées à l’article précédent]39, sur demande du ou des ’associés ou actionnaires
majoritaires, qui, seuls ou de concert, directement ou indirectement, contrôlent, la société au sens
de l’article L. 233-3, I, 1° du code de commerce, un associé ou actionnaire minoritaire peut être
condamné, à céder ses droits sociaux par une décision de justice passée en force de chose jugée
constatant un abus de minorité40.
L’associé ou l’actionnaire qui est ainsi exclu a droit au paiement de la valeur de ses droits sociaux,
fixée, à défaut d’accord amiable, conformément aux méthodes objectives pratiquées en cas de cessions
d’actifs tenant compte selon une pondération appropriée de la valeur des actifs de la société, des
bénéfices réalisés, de l’existence de filiales et des perspectives d’activité. Le juge, le cas échéant en
fonction du rapport d’un expert qu’il a désigné, qui fixe ainsi le prix de cession des droits sociaux,
ne sera en aucun cas tenu d’appliquer, lorsqu’elles existent, d’éventuelles règles ou modalités de
détermination de valeur prévues par les statuts de la société ou par toute convention liant les associés
ou actionnaires concernés et le juge pourra, le cas échéant, corriger cette valeur afin de prendre
en compte l’éventuel préjudice direct subi par la société et causé par l’abus de minorité constaté.
L’acquisition des droits sociaux de l’associé ou de l’actionnaire minoritaire concerné est réalisé par la
société, sous réserve de l’approbation de tous les autres associés ou actionnaires, que les conditions
prévues par les dispositions applicables au rachat de titres par la société soient remplies et que ce
rachat ne préjudicie pas aux droits des autres associés ou actionnaires. A défaut, ou sur sa demande,
l’acquisition sera réalisée par le ou les associés ou actionnaires, qui, seuls ou de concert, directement
ou indirectement, contrôlent la société au sens de l’article L. 233-3, I, 1° du code de commerce. »
39
Mention appropriée si les deux textes sont l’un après l’autre. Dans le cas contraire, il conviendra de préciser son champ
d’application.
40
La faculté d’exclusion pourrait également être prévue comme alternative à la dissolution judiciaire en cas de mésentente
entre associés paralysant le fonctionnement de la société (cf supra §2.1).
PRÉSIDENT :
- Didier MARTIN, avocat associé, Cabinet Bredin Prat, membre du HCJP
MEMBRES :
- David AKNIN, avocat associé, Cabinet Weil, Gotshal & Manges LLP
- Dominique BOMPOINT, avocat associé, Cabinet Bompoint
- Guy CANIVET, Président du HCJP, Premier Président honoraire de la Cour de cassation, ancien
membre du Conseil Constitutionnel
- Antoine CHABERT, Magistrat, membre du HCJP
- Olivier DIAZ, avocat associé, Cabinet Skadden, Arps, Slate, Meagher & Flom LLP
- Antoine GAUDEMET, Professeur de droit
- Gérard GARDELLA, Secrétaire Général du HCJP, ancien Magistrat, ancien Directeur juridique
du Groupe Société Générale
- Benjamin KANOVITCH, avocat associé, Cabinet Bredin Prat
- Fabrice PATRIZIO, avocat associé, Cabinet Archers Paris
- Alain PIETRANCOSTA, Professeur de droit, membre du HCJP
- Sophie SCHILLER, Professeur de droit
- Dominique SCHMIDT, Professeur de droit
- Yves SCHMIDT, avocat associé, Cabinet Viguié Schmidt & Associés
- Christian SCHRICKE, Conseiller d’État Honoraire, membre du HCJP
REPRÉSENTANT DE L’AMF :
- Olivier BOULON
RAPPORTEUR :
- Myriam EPELBAUM, avocat collaborateur, Cabinet Bredin Prat
ANNEXE 2 - Rappel des propositions relatives à l’introduction d’un droit de retrait au profit des
minoritaires de sociétés non-cotées.................................................. . . . . . 3
ANNEXE 3 - Propositions de droit de retrait formulé par des membres du Groupe de travail et
observation en réponse.................................................................. . . . . . 7
ANNEXE 5 - Inventaire des droits de retrait existant dans plusieurs législations étrangères..... . . . 2 1