Curs Didactica FLE Manolache PDF
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ENSEIGNER LE FRANÇAIS
SOMMAIRE
Avant-propos 4
II. La didactique 13
Questions et exercices 16
2
VI.2. Des projets didactiques 47
Questions et exercices 62
X. L’enseignement de l’orthographe 90
X.1. Quelques aspects théoriques 90
X.2. Les principales difficultés de l’orthographe française 90
X.3. L’orthographe grammaticale et l’orthographe d’usage 91
X.4. La dictée en classe de français 92
X.5. Quelques exercices d’orthographe 93
Questions et exercices 95
3
XII.2. La lecture en situation scolaire 111
XII.3. Les types de textes 114
XII.4. Quelques types d’exercices d’expression écrite 116
XII.5. La lecture de l’image 119
Questions et exercices 121
Bibliographie 145
4
AVANT – PROPOS
1
Lucrările la care se fac trimiteri frecvente pe parcursul cursului sunt menţionate în bibliografia finală :
în textul cursului referirile la aceste lucrări cuprind doar anul apariţiei. Numele articolelor şi cărţilor
menţionate accidental apar în notele de subsol.
5
recomandăm studenţilor, ca principale surse de informare, dicţionarul Le Petit
Robert (sau Larousse), Internetul şi, bineînţeles, lucrările indicate în bibliografie.
6
I. LE FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE
FLE
ALLIANCE FRANÇAISE
CRÉDIF
DELF/DALF
FRANCOPHONIE
FLE EN ROUMANIE
7
didactique du FLE représente l’accomplissement du processus de formation
d’une nouvelle discipline. De 1884 jusqu’à 1983, l’enseignement du français a
connu donc une évolution spectaculaire. Cette évolution a été sans doute
profondément influencée par les événements historiques et économiques et par
les progrès enregistrés dans les sciences (surtout dans les sciences du langage).
À la fin du XIXe siècle et au début du XXe, jusqu’à la seconde guerre
mondiale, le public visé par l’enseignement du français était formé d’aristocrates
et de personnes qui aspiraient à la diplomatie. Beaucoup de gens considèrent
encore que le français est la langue de l’aristocratie et de la diplomatie. 2 La
connaissance du français, langue des Lumières, était le signe de l’appartenance
aux classes sociales supérieures. La langue étudiée par l’élite était la langue
française littéraire employée par les grands écrivains. Dans les universités, tous
les étudiants apprenaient le même français de la même manière : la lecture et la
traduction des textes classiques représentaient les activités didactiques de
prédilection.
Les expériences vécues pendant la seconde guerre mondiale ont mis en
évidence une vérité incontestable : la langue et la culture font partie de la
puissance d’un pays. Elles constituent des biens identitaires, patrimoniaux qu’il
faut préserver et valoriser. Après la fin de la guerre, Charles de Gaulle a instauré,
dans le cadre du Ministère des Affaires Étrangères, une direction générale des
Affaires Culturelles, ayant pour tâche la diffusion planétaire de la langue et de la
culture française. Les Français cherchaient les voies les plus efficaces pour
répandre et défendre leur langue nationale dans les pays du monde entier. En
1966, Charles de Gaulle a créé le Haut Comité de la Langue française.
Dans les années 1950-1960, les nouveaux besoins de la vie économique et
politique ont mené vers l’apprentissage d’un français moins élégant peut-être,
mais plus utilitaire. Afin de faire face à un public de plus en plus hétérogène et à
des nécessités de plus en plus variées, il fallait concevoir un nouveau matériel
pédagogique et de nouvelles stratégies. Un rôle important a eu le Centre de
recherche et d’études pour la diffusion du français, dont on a mis les bases en
1954. Le Centre est devenu bientôt un département de L’École Normale
Supérieure De Saint-Cloud et a pris le nom de CRÉDIF. Louis Porcher3 décrit de
façon synthétique les principes qui structuraient l’activité du CRÉDIF :
«– La réalité première et fondamentale d’une langue est sa dimension
orale. Une langue comme le français est une langue parlée ;
2
L’argument principal fourni par la publicité faite en 2001 aux cours de langue EUROCOR est que :
« Le français est la langue de la diplomatie et des arts ».
3
L. Porcher (1995: 11).
8
– La linguistique structurale héritée de Saussure constitue l’instrument
privilégié de description d’une langue et c’est sur elle que s’élabore une
méthode (un manuel) ;
– La psychologie, et notamment les développements du béhaviorisme
skinnérien, est une composante fondamentale de l’apprentissage, et, comme
telle, doit être intégrée aux outils pédagogiques ;
– Le développement des médias comme moyens de communication conduit
à s’appuyer sur eux pour promouvoir un enseignement adéquat aux
démarches des apprenants. Le magnétophone en particulier est une
ressource désormais indispensable à la conduite d’une classe. »
Le CRÉDIF a mené une vaste enquête orale à la suite de laquelle il a dressé
un « français fondamental », c’est-à-dire un inventaire systématique des mots les
plus employés. A partir de cet inventaire, le CRÉDIF a réalisé des méthodes de
français (par exemple Voix et images de France) et a mis les bases de la
démarche SGAV (la démarche structuro-globale audio-visuelle).
Le Bureau d’études pour la langue et la civilisation françaises à
l’étranger est né à la même époque que le CRÉDIF. Si le CRÉDIF appartient à
l’enseignement supérieur, le BELC relève de l’enseignement secondaire. Le
BELC envisage l’enseignement du FLE comme partie de l’enseignement des
langues en général.
Un moment très important pour l’évolution du FLE a été la création du
Français dans le monde en 1960, considérée par L. Porcher « le meilleur coup
de génie de ce tout début des années soixante »4. Cette revue, destinée surtout
aux enseignants de français, apparaît six fois par an et comprend de nombreuses
informations concernant la civilisation, la culture, la linguistique et la didactique
françaises. Les maisons d’éditions – Hachette, Didier, Nathan, Larousse – se
sont elles aussi impliquées activement dans l’élaboration de matériels
pédagogiques et ont contribué ainsi de façon décisive au développement de la
didactique du FLE.
Une nouvelle étape de ce développement a commencé en 1970, quand le
Conseil de l’Europe à Strasbourg (formé des représentants de 22 pays) a
proposé un projet qui devait stimuler et améliorer l’apprentissage des langues
vivantes de l’Europe. Le but de ce projet était de faire acquérir aux apprenants
une vraie compétence de communication, qui leur permît de s’adapter plus
facilement à un milieu de travail et de vie étranger. Les recherches en
pragmatique et en sociolinguistique ont révélé que la compétence de
communication suppose en dehors des connaissances strictement linguistiques,
des connaissances culturelles, gestuelles, corporelles. La réflexion sur
4
L. Porcher (1995: 12).
9
l’enseignement de la compétence de communication a fait ressortir la nécessité
de placer l’apprenant au centre de l’attention. Les matériels et les stratégies
pédagogiques devaient tenir compte des besoins des apprenants. Les participants
au projet du Conseil de l’Europe ont lancé l’idée d’un ouvrage réalisé langue par
langue, qui pût être utilisé à plusieurs niveaux, selon les publics visés et leurs
besoins langagiers. L’ouvrage pour l’anglais, The Threshold Level, a été le
premier à paraître, en 1975. Le Niveau-Seuil français5 a été réalisé en 1976 sous
la direction de Daniel Coste.
Le projet du Conseil de L’Europe sur les langues vivantes a provoqué une
vraie métamorphose de la didactique du FLE : la communication est devenue
démarche et objectif de l’enseignement à la fois. Un autre projet, Éducation des
travailleurs migrants en Europe, qui se préoccupait surtout des problèmes
d’apprentissage des enfants des migrants, a mis en lumière une autre idée
importante : dans l’apprentissage d’une langue étrangère, on ne peut pas faire
abstraction de la langue et de la culture d’origine.
Le dernier pas à franchir pour la légitimation du FLE comme discipline bien
distincte a été la création de diplômes pour les Français et pour les étrangers.
En 1982, Le Ministère français de L’Éducation Nationale (Alain Savary
était ministre à l’époque) a mis en place une commission qui devait analyser la
situation du FLE. Cette commission a pris deux décisions importantes :
1) La première décision a été de créer des filières universitaires nationales
de didactique du FLE. Dès lors les Français peuvent obtenir une « mention
FLE » au niveau de la licence, un diplôme de maîtrise dans le domaine du FLE et
un diplôme d’études approfondies (DEA). A partir de 19836, ces diplômes ont
acquis un caractère national. Le Belc et le Crédif ont perdu le monopole, mais se
sont impliqués dans la formation professionnelle continue.
2) La deuxième décision concernait les étrangers : un diplôme spécial a été
créé pour ceux-ci ; ce diplôme atteste de la compétence en français et c’est le
seul diplôme de langue reconnu par l’état français. Ce diplôme est composé
d’unités capitalisables : le cursus complet comprend dix unités qui, une fois
parcourues, peuvent conduire le débutant absolu à la capacité de suivre un
enseignement dans une université française. Ces unités peuvent être présentées
dans n’importe quel pays du monde, sous la responsabilité de l’ambassadeur de
France, et chacune d’entre elles, une fois obtenue, l’est définitivement et sur
l’ensemble de la planète. Le DELF – diplôme d’études en langue française –
comprend les six premières unités et se décompose en DELF premier degré (4
unités) et DELF deuxième degré (2 unités). Le DALF – diplôme approfondi de
5
D. Coste, J. Courtillon, V. Ferenczi, M. Martins, E. Papo, E. Roulet – 1976: Un Niveau – seuil,
Strasbourg, Conseil de l’Europe.
6
Le décret créant le DELF et le DALF est sorti en 1985.
10
langue française – comprend les quatre dernières unités : ce sont des unités de
spécialisation. Plus de cent mille candidats se présentent chaque année aux
épreuves. Les examens sont contrôlés à Paris, par une commission nationale,
présidée par le directeur du Centre International des Études à Sèvres. Le
président du jury local est toujours un fonctionnaire français. Un objectif est
défini par unité et les modalités d’évaluation sont strictement déterminées. Il n’y
a pas de programme rigide pour les épreuves, ce qui permet l’adaptation des
examens aux conditions de chaque pays. En Roumanie, la commission qui
évalue les candidats à l’obtention du DALF est formée de quatre professeurs
universitaires, deux inspecteurs de langue française, un représentant du Bureau
de Coopération Linguistique Éducative (qui appartient au Service de
Coopération et d’Action Culturelle près de l’Ambassade de France) et des
responsables des quatre centres qui organisent les examens (Bucarest, Cluj, Iaşi,
Timişoara). Les présidents de cette commission sont le directeur de l’Institut
Français de Bucarest et l’attaché de coopération linguistique et éducative. Une
autre commission, formée de 12 personnes, doit établir les sujets d’examen.
I.2. La Francophonie
11
entré dans une nouvelle ère : 1999 est l’année où l’AUPELF a mis les bases de
l’Université Virtuelle Francophone. Grâce aux ordinateurs, on peut organiser les
mêmes cours d’un bout à l’autre de la planète. L’Université Virtuelle
Francophone ne se substitue pas aux universités nationales : elle aide les
étudiants à compléter de façon plus rapide et plus efficace leurs connaissances.
Ces dernières années l’AUPELF a changé de nom : le nom usité actuellement
est l’AUF (l’Agence Universitaire de la Francophonie).
12
au début du XIXe siècle. Grigore Pleşoianu a fait imprimer un Abeţedar franco-
român pentru tinerii începători à Craiova, en 1829. Dès 1918, l’étude du français
comme discipline obligatoire s’est généralisée dans toute la Roumanie.
QUESTIONS ET EXERCICES
3. D’après vous, quels sont les arguments qu’un enseignant devrait fournir
à ses élèves pour qu’ils apprennent le français ? (En d’autres mots,
qu’est-ce que vous direz, en tant qu’enseignants, à vos élèves pendant la
première classe de français pour les convaincre de la nécessité
d’apprendre cette langue ?)
13
LA DIDACTIQUE
ENSEIGNEMENT/APPRENTISSAGE
DIDACTIQUE/PÉDAGOGIE
SAVOIR
ENSEIGNANT
ÉLÈVE
14
Étant donné que la didactique du FLE se propose d’analyser comment on peut
enseigner de façon efficace le français, elle se doit de tenir compte en
permanence des résultats des recherches dans les différents compartiments de la
linguistique (la phonétique, la lexicologie, la morphologie, la syntaxe, la
pragmatique).
Si la didactique s’intéresse plutôt aux contenus à enseigner (la didactique du
FLE se pose le problème des données phonétiques, lexicales, morphologiques,
littéraires, culturelles qu’il faut fournir aux apprenants à chaque moment de
l’apprentissage), la pédagogie, quant à elle, met l’accent sur les démarches à
suivre pour faciliter l’acquisition de ces contenus.
DIDACTIQUE SAVOIR
CONTENUS
ENSEIGNANT ÉLÈVES
PÉDAGOGIE MOYENS
DÉMARCHES
15
cela ne l’empêche pas de se constituer en science autonome, ayant son propre
objet et ses propres méthodes.
La didactique du français ne saurait pas omettre le profit qu’elle peut tirer
des connaissances fournies par la psychologie. Il est bien évident que les choix
faits par l’enseignant (les choix des termes métalinguistiques, des types de
discours tenus, des activités proposées, etc.) sont déterminés par l’âge et le
niveau intellectuel de l’apprenant. L’enseignant idéal connaît les caractéristiques
de chaque étape de l’évolution intellectuelle des enfants/des adolescents et il
adapte son comportement didactique aux possibilités de compréhension de ceux-
ci. (Donnons un exemple: l’enseignant, en sachant que la période de la scolarité
primaire est le stade des opérations intellectuelles concrètes et non pas des
raisonnements abstraits, s’abstiendra de remplir le tableau noir de listes de
conjugaisons et de termes de grammaire.)
D. Coste8 systématise les traits définitoires de la didactique des langues
étrangères en affirmant qu’elle est un ensemble de discours portant (directement
ou indirectement) sur l’enseignement des langues (pourquoi ?; quoi ?; comment
enseigner ?; à qui ?; en vue de quoi ?) et produits, sur des supports généralement
spécifiques (par exemple des revues s’adressant aux enseignants de langues), par
des producteurs eux-mêmes le plus souvent professionnellement particularisés
(enseignants, formateurs d’enseignants, chercheurs).
J.F. Halté9 distingue trois composantes de la didactique :
1. Une composante épistémologique10 : la didactique suppose une
réflexion sur les objets d’enseignement. Elle s’intéresse à leur nature cognitive
(savoir ou savoir faire ?); à leur statut épistémologique (savoir savant ou savoir
social ?); à la méthodologie de leur construction (transposition, ou élaboration
des savoirs ?).
2. Une composante psychologique : la didactique prend en considération
les recherches sur les conditions d’appropriation des savoirs. Elle s’interroge
alors moins sur les concepts et les notions en eux-mêmes que sur leur
construction dans l’apprentissage, les prérequis qu’ils supposent, les
représentations ordinaires qu’en ont les apprenants, les différentes sortes
d’obstacles à l’apprentissage qu’ils peuvent susciter.
3. Une composante praxéologique : la didactique tient compte des
recherches sur l’intervention didactique. La didactique articule les points
précédents aux tâches de l’enseignant, à l’organisation des situations
d’enseignement, à la construction de cycles ou de séquences didactiques, à
l’adaptation au type de public, bref, à l’approche de la classe et de son
fonctionnement propre.
8
D. Coste (1989): “Débats à propos des langues étrangères à la fin du XIXème siècle et didactique du
français langue étrangère depuis 1950”, Langue française no.82
9
J.F. Halté (1992: 16).
10
étude critique des sciences, destinée à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée – du
gr. epistêmê = étude, logos = science.
16
J.F.Halté conclut à juste titre que la didactique est une discipline théorico-
pratique : “Son objectif essentiel est de produire des argumentations
« savantes », étayées et cohérentes, susceptibles d’orienter efficacement les
pratiques d’enseignement”11.
Le didacticien est la personne qui s’intéresse au jeu qui se mène entre un
enseignant, des élèves et un savoir.
La didactique se donne pour tâche de rendre compte du système didactique
à trois places et des relations entre les événements du système. Chaque pôle de la
relation triadique se constitue dans la relation qu’il établit aux autres. Il ne faut
pas oublier que l’apprenant apprend quelque chose par l’entremise de
médiations institutionnelles.
Chaque pôle du triangle didactique pose une problématique particulière (cf.
J.F. Halté) :
1. Le pôle savoirs : la problématique de l’élaboration didactique. A partir
des finalités et des buts que se donne le système éducatif, on fait l’inventaire des
savoirs savants susceptibles de conduire au but, la sélection et la typologisation
de ces savoirs, on construit les objets d’enseignement, on établit les
programmes ;
2. Le pôle des élèves : la problématique de l’appropriation didactique.
C’est-à-dire qu’il est nécessaire d’articuler les théories de l’apprentissage aux
savoirs dont l’appropriation est visée. Il faut aussi une évaluation diagnostique
(où est l’apprenant au départ de l’action) + une évaluation formative (que se
passe-t-il en cours d’apprentissage ?) ;
3. Le pôle enseignant : la problématique de l’intervention didactique. On
a en vue le type de contrat didactique (expliquer ou pas les objectifs des
activités ?), la mise en place des stratégies didactiques (expliquer ou
appliquer ?), l’inventaire de situations et de dispositifs didactiques (travail de
groupe, individuel, etc.), l’adaptation du programme à la classe (tout le
programme ?, noyaux ?), les progressions, etc.
QUESTIONS ET EXERCICES
11
J.F. Halté (1992: 17).
17
LES MÉTHODOLOGIES DU FLE12
MÉTHODOLOGIE TRADITIONNELLE
MÉTHODOLOGIE DIRECTE
MÉTHODOLOGIE STRUCTURO-GLOBALE AUDIO-VISUELLE
(SGAV)
FRANÇAIS FONDAMENTAL
MÉTHODOLOGIE COMMUNICATIVE
NIVEAU-SEUIL
18
III.3. La méthodologie structuro-globale audio-visuelle (SGAV) est
apparue comme reflet de l’essor du structuralisme et, implicitement, de la
phonétique. La mise au point de cette méthodologie a été possible grâce aux
recherches menées en commun dès 1954 par trois équipes, animées par le
professeur Petar Gubérina (disciple de Troubetskoï , donc ce n’est pas étonnant
que la phonétique soit en honneur ) à l’Institut de phonétique de l’Université de
Zagreb, par Paul Rivenc, au Centre de recherches et d’études pour la diffusion du
français (CREDIF) de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud et par
Raymond Renard, dans le cadre du Centre Universitaire de Mons (en Belgique, à
partir de 1960). L’apport de Gubérina a été décisif dans le domaine de la
perception et de l’apprentissage de la parole13.
L’épithète «structuro-globale audio-visuelle» reflète les traits définitoires de
cette méthodologie :
– Le courant linguistique qui la fonde théoriquement est le
structuralisme ; le savoir est acquis dans une progression rigoureuse,
par l’insertion de nouveaux éléments dans des structures déjà connues.
On met l’accent sur la formation des automatismes, en faisant appel le
plus rarement possible aux règles de grammaire explicites et à la
traduction.
– Le principe fondamental est que la connaissance d’une langue ne
suppose pas nécessairement la compréhension de toutes ses nuances :
une compréhension globale des énoncés, surtout au début de
l’apprentissage, est suffisante.
– Les auxiliaires didactiques préférés sont les auxiliaires techniques
audio-visuels : le magnétoscope et le diascope ; les classes de français
commencent souvent par l’écoute de dialogues enregistrés, conçus
spécialement dans ce but.
Le contenu linguistique concerné par la méthodologie SGAV a été
déterminé à partir de l’élaboration d’un Français fondamental. Le premier pas
pour l’élaboration du Français fondamental a été une enquête portant sur la
langue parlée recueillie en situation au magnétophone. Le pas suivant a été
l’établissement des listes de vocabulaire fondées sur des critères statistiques.
Ensuite on a proposé une grammaire pédagogique reposant elle aussi sur une
analyse statistique de la langue parlée.
Le point de départ de l’élaboration du Français fondamental a été
l’observation que dans la plupart des situations d’apprentissage (et surtout au
tout début), il n’est pas nécessaire, ou encore, pour mieux dire, il n’est pas
souhaitable d’offrir aux apprenants plusieurs variantes pour la même information
(on ne leur apprend pas simultanément les sens des mots “voiture”, “auto” et
“bagnole”). En d’autres mots, il ne faut pas insister sur l’hétérogénéité, sur la
13
Cf. H. Boyer et all. (1990: 10-13).
19
diversité géographique ou socioculturelle de la langue : il faut s’arrêter à ces
termes jugés indispensables, prioritaires pour une compréhension minimale.
Le CRÉDIF, à partir d’une enquête sur le français parlé, a établi un
ensemble appelé d’abord Français élémentaire (1954), puis Français
fondamental 1er degré (1959). Les entretiens enregistrés étaient orientés vers
quelques thèmes ouverts, comme la profession, la famille, la santé, la vie
quotidienne, etc. Le Français élémentaire fournissait des moyens d’expression
suffisants, étant une première étape en vue de l’acquisition du « français
complet ». Les auteurs étaient très soucieux de ne pas fournir des termes
ambigus, ou des structures dont l’apprentissage aurait pu gêner par la suite
l’acquisition d’autres moyens d’expression. Certaines voix ont accusé le
Français fondamental de porter atteinte à l’intégrité du français, de le rendre trop
pauvre.
Les linguistes qui ont fait l’enquête ont recueilli un répertoire de 7995 mots
différents. Pour établir vraiment un français fondamental il fallait réduire ce
répertoire à 1500 mots. Afin de parvenir à ce résultat, on a proposé trois critères :
1. Les premiers mots sélectionnés ont été les mots fréquents dans les
discours recueillis.
2. Les linguistes ont choisi aussi des mots disponibles, c’est-à-dire ces
mots avec une fréquence faible et peu stable, qui sont cependant des mots usuels
et utiles (ex : couteau, fourchette, etc.).
3. On a ajouté au Français fondamental certains mots des registres civique,
éthique ou culturel, tels arts, justice, liberté, vérité. Le choix a été arbitraire. Les
adjonctions empiriques reflètent sans doute l’idéologie implicite de la
Commission (G. Gougenheim, R. Michea, P. Rivenc, A. Sauvageot faisant partie
de cette commission) qui a élaboré le Français fondamental : « préoccupation
d’aider à l’alphabétisation dans le tiers monde, souci de désigner les objets
utiles d’une vie quotidienne sagement petite bourgeoise et ménagère, référence à
des institutions (armée, décorer, drapeau, juge, tribunal) ou à des concepts
(ennemi, forger, juger, mensonge, ordre), illustrant naïvement cette
idéologie .»14
Même si certains mots du Français fondamental (1972) ne sont plus
tellement utilisés à nos jours, cet ouvrage reste un ouvrage de référence dans la
didactique du FLE parce qu’il a incité à enseigner en premier ce qu’on ne peut
éviter quand on utilise une langue, en modifiant de la sorte la représentation
traditionnelle que l’on avait de la matière à enseigner et de la manière même
d’enseigner la matière. Le Français fondamental a constitué donc un élément
important de renouvellement de l’enseignement du français à l’étranger, étant
l’un des éléments principaux de la méthodologie SGAV. À partir du Français
fondamental on a élaboré de nombreux manuels et d’autres outils pédagogiques.
14
Paul Rivenc (1979: 18): “Le Français fondamental vingt-cinq ans après”, Le français dans le monde,
no.148, dans H.Boyer et all. (1990: 21).
20
Très vite, le Français fondamental a été prolongé par deux ouvrages :
1. Français fondamental 2e degré (1973) – l’originalité de ce
2e degré réside dans l’attention particulière prêtée à l’écrit.
2. le V.G.O.S. – Vocabulaire Général d’Orientation
Scientifique – un outil élaboré également par le CRÉDIF qui
donnait accès à la compréhension et à la production du langage
technique et scientifique français.
On a reproché au Français fondamental une sélection trop empirique et le
fait d’assécher la matière à enseigner, de mettre en scène des dialogues dans une
langue que personne ne parle. Il ne faut pas oublier que le Français fondamental
était basé sur le structuralisme, donc sur une linguistique de la langue, des
régularités du système. La didactique des années 1970-1980 allait substituer à
l’unique français fondamental de nombreux vocabulaires essentiels, répondant à
la demande de publics différents.
21
Roumains il est difficile de visualiser cet objet et de comprendre ses fonctions,
vu que le minitel n’existe pas en Roumanie);
– une composante discursive-textuelle, c’est-à-dire les savoirs et les savoir-
faire relatifs aux discours et aux messages et la maîtrise effective des divers
fonctionnements textuels et de la mise en discours qui permettent par exemple de
construire (de reconnaître) une démonstration, un récit, etc. en français (par
exemple il faut savoir quelles sont les règles à respecter quand on rédige une
lettre en français);
– une composante sociopragmatique : des savoirs et savoir-faire, des
représentations concernant la mise en œuvre d’objectifs pragmatiques
conformément aux diverses normes et légitimités, les comportements langagiers
dans leur dimension interactionnelle et sociale, stratégies des relations
interpersonnelles en fonction des positions, des rôles, des intentions de ceux qui
prennent part à la communication (par exemple il faut savoir comment exprimer
le respect pour une personne âgée);
– la composante ethno-culturelle concerne la maîtrise des connaissances,
des opinions et des représentations collectives en relation avec les diverses
identités (sociales, ethniques, religieuses, politiques) qui coexistent et
s’affrontent sur le marché culturel. Cette compétence ethno-culturelle permet de
saisir et de faire fonctionner toutes sortes d’implicites plus ou moins codés, plus
ou moins partagés, intègre « l’air du temps ». Elle est préalable et indispensable
à certaines pratiques langagières, comme l’humour par exemple (sans connaître
la vie politique et sociale de la France, il serait difficile, par exemple, de
comprendre les articles du journal Le Canard Enchaîné ; pensez à un étranger
qui voudrait lire Academia Caţavencu : la connaissance des règles
morphosyntaxiques et des mots de la langue roumaine est tout simplement
insuffisante).
Le concept de compétence de communication est le concept clé de
l’approche communicative en FLE. L’approche communicative implique
l’apprentissage des règles qui gouvernent les actes langagiers : pour bien
s’exprimer en français il faut savoir qui prend part à la communication, quel est
le rôle de chaque participant, quels sont les critères selon lesquels on évalue les
actes langagiers.
Pour R. Galisson15, entre la méthodologie SGAV et celle communicative il
n’y a pas de rupture dans les objectifs, comme cela avait été le cas entre les
méthodologies directe et traditionnelle. On continue à enseigner la langue, mais
on fait mieux la différence entre le système (qui postule une compétence
linguistique) et l’emploi (qui postule une compétence de communication). La
langue est donc pleinement reconnue comme pratique sociale.
L’approche communicative a proposé un nouveau point de vue sur la
relation écrit – oral. L’écrit et l’oral sont deux codes différents, se manifestant
15
R. Gallison et all. (1980: 14): D’hier à aujourd’hui la didactique générale des langues étrangères,
Paris, CLE International, dans H. Boyer (1990: 51).
22
chacun par des pratiques langagières spécifiques. On ne peut pas affirmer que
l’un de ces deux codes est plus important que l’autre. Dans le processus
d’enseignement/apprentissage il faut tenir compte des différences entre les
maîtrises exigées par l’expression écrite et les maîtrises exigées par l’expression
orale. Le but est de faire apprendre aux élèves à communiquer de façon adéquate
dans n’importe quelle situation de communication.
Les termes fondamentaux des méthodologies communicatives sont :
L’acte de parole
L’authenticité
Les publics
Les besoins
L’autonomie
Le Niveau-Seuil.
16
Cf. D. Maingueneau (1996: 10): Les termes-clés de l’analyse du discours, Paris, Seuil.
23
L’acte de langage est plutôt « une expédition et une aventure »17. Il n’y a
pas toujours symétrie entre la production d’un discours par un sujet et
l’interprétation de ce discours par son interlocuteur. Les malentendus
apparaissent fréquemment dans les conversations, provoqués par la fatigue des
participants à la communication, par les différences entre les savoirs de ceux-ci,
leurs systèmes de valeurs, leurs expériences.
P. Charaudeau18 affirme que « l’ensemble de notre réflexion
sémiolinguistique tend à définir l’acte de langage comme une mise en scène de
la signification à laquelle participent des partenaires qui sont liés par un certain
nombre de contrats et qui ont chacun un certain projet de parole qui détermine
l’enjeu de cette mise en scène ». Le linguiste ajoute que l’acte de langage signifie
toujours autre chose que ce qu’il signifie explicitement et il met l’accent sur la
notion d’implicite.
Qu’il s’agisse des implicites qui tiennent à une appartenance ethno-
culturelle ou simplement sociale, ou des implicites qui révèlent des rapports
interpersonnels, la didactique du FLE ne peut pas négliger l’importance de ces
implicites dans la communication (implicite = qui est virtuellement contenu dans
une proposition, un fait, sans être formellement exprimé et peut être tiré par
déduction, induction). On doit tenir compte du fait que le message n’est pas un
simple emballage pour transmettre une information en direction d’un
interlocuteur, mais un discours basé sur un contrat entre les deux participants à
la communication, un contrat qui détermine ce qui doit être dit, comment le dire,
l’organisation de l’interaction verbale entre les partenaires. On a besoin d’un
certain nombre de stratégies qui visent à adapter les objectifs de communication
à la situation de communication (au type de contrat). Tout message est un moyen
d’agir sur un destinataire, selon certaines normes (sociales, culturelles) et selon
la situation de communication. Le message tend à être généralement la mise en
œuvre de la stratégie jugée la plus correcte et efficace. (Ex. Pour demander à
quelqu’un de sortir, il y a plusieurs formules possibles : Sortez ! Je vous prie de
sortir quelques instants ! Fichez-moi la paix ! Vous sortirez ! D’habitude, on
s’adresse à son supérieur hiérarchique en disant : Je vous prie de sortir quelques
instants ! Mais si un incendie ou un danger quelconque le menace, cette formule
devient ridicule.).
Les méthodologies qui avaient comme modèle le structuralisme proposaient
plutôt des phrases passe-partout. Les approches communicatives proposent des
phrases différentes selon les conditions concrètes de réalisation de l’acte de
parole (les conditions concrètes incluent – il ne faut pas l’oublier – les aspects
culturels propres au peuple qui parle la langue à apprendre).
17
Patrick Charaudeau (1983: 50): Langage et discours, Paris, Hachette, dans H.Boyer et all.(1990:38).
18
“Éléments de sémiolinguistique; d’une théorie de langage à une analyse du discours”, Connexions 38
/ 1982: 7-10.
24
III.4.2. L’authenticité
L’un des traits les plus importants des approches communicatives est
l’emploi des documents authentiques. Par document authentique on comprend
un support non-fabriqué à des fins pédagogiques, un texte (oral ou écrit)
emprunté à la communication entre les Français. Les textes fabriqués neutralisent
les identités sociales, la subjectivité, ce sont des échanges artificiels,
« aseptisés » qui ont peu de choses en commun avec les dialogues réels des
enfants, des adolescents ou des adultes français. Généralement, dans les textes
fabriqués on remarque l’absence des interjections, des exclamations, des «petits
mots » qui articulent le discours. Les documents authentiques, par contre,
mettent en évidence les fonctionnements linguistiques propres à l’énonciation (à
la dimension personnelle, subjective et interactive de la parole concrète), les
implicites, les contrastes entre les divers usages linguistiques et socioculturels.
Évidemment, il est difficile de traiter pédagogiquement, correctement, la
diversité proposée par les documents authentiques dès la première phase de
l’apprentissage. Si les documents sont trop difficiles, les activités de déchiffrage
et de glose nécessaires empêchent une réception authentique par les apprenants
et une communication authentique en classe. Certains linguistes préfèrent utiliser
des documents fabriqués, pour des raisons de progression linguistique, mais ces
documents jouent à l’authentique. On peut donc parler19 de deux types de
documents utilisés par les méthodes communicatives:
– les textes « bruts » (= les documents authentiques) caractérisés par
l’intégrité, c’est-à-dire le respect de la forme originelle comme produit de
communication entre les Français ;
– les textes réalistes ou vraisemblables, fabriqués dans une perspective
pédagogique mais dont le contenu se veut porteur d’une certaine authenticité.
L’avantage des documents authentiques est qu’ils permettent le traitement
simultané de la langue, de la culture et de la civilisation à condition que
l’enseignant connaisse bien les éléments extralinguistiques proposés par ces
documents. En plus, il n’y a pas de mode d’emploi unique pour ces documents :
ils permettent des applications divergentes, en fonction de la créativité des
enseignants et des apprenants. L’emploi des documents authentiques ne limite
pas l’approche de la langue étrangère à l’acquisition des formes linguistiques,
mais facilite une compréhension interculturelle : « on se découvre soi-même en
prenant conscience qu’on est linguistiquement et culturellement différent de
l’autre, de celui avec lequel on apprend à communiquer »20.
19
Cf. H. Boyer et all. (1990: 35).
20
H. Besse (1984: 17-18) : “De la communication didactique d’un document”, dans Actas de las VIIas
Jornadas Pedagớgicas sobre la ensenanza del francés en Espana, Barcelona, ICE de la Universidad
Autonoma
25
Cependant, on souligne que le recours au « fabriqué » est inévitable, surtout
en début d’apprentissage. De même, le recours à des supports de type
« structural », fabriqués en vue de présenter tel ou tel fonctionnement
grammatical, n’est pas à exclure, à condition de ne pas en abuser.
En didactique du FLE on parle, à part l’authenticité du contenu, de
l’authenticité de l’apprentissage qui signifie l’engagement personnel,
responsable de l’élève dans le processus d’apprentissage.
26
III.4.4. Les besoins
21
L. Porcher (1995: 24).
22
Cf. M. Martins Baltar (1979): “A propos d’un « à propos » (d’un Niveau-Seuil)”, Études de
Linguistique Appliquée 35, dans L. Porcher (1995: 30-31).
23
L.Porcher (1995: 26).
27
Dans les deux cas (l’analyse des besoins précède la formulation des
objectifs ou les objectifs sont fixés d’avance) on peut parler d’une négociation
qui consiste à « aider les partenaires d’un projet d’enseignement / apprentissage
à se rendre compte de ce qui est négociable et de ce qui ne l’est pas pour trouver
des compromis nécessaires à sa réalisation »24.
24
R. Richterich (1985: 125-126): Besoins langagiers et objectifs d’apprentissage, Paris, Hachette.
25
A. Prost (1985): Éloge des pédagogues, Seuil.
28
comme pour l’élève, l’autonomie est une capacité qui se construit”26. De petits
exercices, de petites questions répétées avec régularité font merveille (par
exemple : Qu’est-ce que vous pensez, pourquoi les auteurs du manuel nous ont-
ils proposé ce texte ? ; Quel est l’exercice qui vous semble le plus intéressant et
que nous devrions résoudre en premier?; D’après vous, à quoi sert cet
exercice ?, Proposez un thème pour le devoir à la maison.; etc.)
L’autonomisation est un processus, une conquête, une marche vers
l’autonomie. L’autonomisation implique que les deux conditions suivantes soient
satisfaites :
1. Que l’apprenant ait la capacité de prendre en charge son
apprentissage ;
2. Qu’une structure d’apprentissage existe dans laquelle le contrôle de
l’apprentissage soit du ressort de l’apprenant, donc dans laquelle
l’apprenant puisse exercer sa capacité de prise en charge.
Seuls les savoirs acquis de manière autonome s’intériorisent et s’opposent à
l’oubli immédiat. Il faut se rappeler que pouvoir communiquer dans une langue,
c’est être capable de faire face aux situations inattendues, et même,
paradoxalement, de les anticiper. L’enseignant doit constamment créer de
nouveaux types d’interaction en jouant le rôle du clairvoyant qui prévoit même
ce qui est imprévisible.
III.4.6. Le Niveau-Seuil
29
H. Boyer et all.28, décrivent la structure du Niveau-Seuil:
1. On désigne tout d’abord les publics d’apprenants (potentiels) visés par
l’ouvrage :
• « touristes et voyageurs »
• « travailleurs migrants et leurs familles »
• « spécialistes ou professionnels ne quittant pas leur pays d’origine »
• « enfants et adolescents apprenant une langue étrangère dans le cadre
scolaire de leur pays d’origine »
• «grands adolescents et jeunes adultes dans le cadre scolaire ou
universitaire de leur pays d’origine»
et on classifie les domaines de l’activité langagière concernés par les
lexiques thématiques proposés :
• « relations familiales »
• « relations professionnelles »
• « relations grégaires » (de voisinage, de connaissance, d’amitié)
• « relations commerçantes et civiles »
• « fréquentation des médias ».
2. Le Niveau-Seuil comprend deux séries de répertoires langagiers
permettant de couvrir l’ensemble de ces domaines (à côté d’un important
chapitre présentant une grammaire du français) :
• les actes de parole : on dresse l’inventaire des actes jugés indispensables à un
premier niveau de compétence de communication et de leurs réalisations les plus
courantes en français (actes sociaux : prendre congé, … ; opérations discursives :
se corriger, ...)
• les « objets et notions ». Il y a deux types de notions : les notions générales
(qui apparaissent dans tous les champs considérés : taille, mouvement, vitesse,
etc.) et les notions spécifiques (propres à un champ particulier ; ex : les
maladies).
Selon les publics visés et leurs besoins langagiers, les utilisateurs
sélectionnent, à partir des répertoires d’actes et de notions, les contenus de la
compétence de communication requise.
D. Coste souligne que «pour une langue donnée, plusieurs niveaux-seuil
sont concevables, si l’on y voit avant tout des objectifs opérationnels
fonctionnels, restreints à dessein de façon à pouvoir être atteints, sinon à très
court terme, du moins dans des délais qui ne découragent pas celui qui
apprend. Chacun est à la fois “niveau” (dans la mesure ou il apparaît comme
relativement normalisé et pouvant donner lieu à une évaluation détaillée des
résultats des apprenants) et “seuil” (parce qu’ouvrant sur la poursuite
d’objectifs plus complexes ou spécialisés). Un objectif fonctionnel de type
niveau-seuil est conçu comme limite, mais non limitatif »29.
28
H.Boyer et all. (1990: 60).
29
D. Coste (1977: 19): “Un niveau seuil”, dans Le Français dans le Monde, no 126.
30
Les utilisateurs du Niveau-Seuil sont principalement les responsables de
programmes de langue et les auteurs de cours et de méthodes, mais aussi les
enseignants de FLE. On se rend compte que pour la réalisation du Niveau-seuil,
la délimitation des actes, leur dénomination, leur hiérarchisation ont été très
difficiles. Les indications quant aux situations de communication dans lesquelles
peuvent être employés les divers énoncés font défaut. Le Niveau-seuil est donc
une construction paradoxale : il est insuffisant s’il s’adresse à des spécialistes, à
d’excellents connaisseurs du français, il est trop difficile s’il s’adresse à des
usagers qui ne maîtrisent pas la diversité du français. Néanmoins, le Niveau-
Seuil sert très bien à l’élaboration d’ensembles et de dossiers pour la classe de
FLE.
Conclusions
Les critères qui peuvent donc permettre de caractériser telle ou telle option
méthodologique sont :
• le recours ou non à la traduction en langue maternelle ;
• le choix d’un enseignement grammatical explicite ou implicite ;
• l’utilisation de supports fabriqués ou de documents bruts ;
• le choix d’une progression linguistique rigoureuse ou d’un ordre
de présentation souple, essentiellement pragmatique.
QUESTIONS ET EXERCICES
31
PRINCIPES DE LA DIDACTIQUE DU FLE
INTERFÉRENCE
TRANSFERT
MOTIVATION
ACCESSIBILITÉ
CRÉATIVITÉ
INTUITION
PROGRESSION
32
entre les individus et il faut adapter les exercices aux élèves. Ou, pour les mêmes
tâches proposées aux élèves, l’aide offerte par le professeur doit être
différenciée. Par exemple, à partir du même texte, on peut proposer trois types
d’exercices : 1. question + indication du paragraphe où l’on trouve la réponse ; 2.
questions ; 3. questions + réponses à choix multiples. L’élève aura la liberté de
choisir l’exercice qu’il voudra résoudre, en fonction de ses capacités.
33
• il peut s’identifier à un modèle : quelquefois, la personnalité ou le
charisme et la motivation de l’enseignant le transportent ou lui renvoient
l’image d’une référence (Le Maître, au sens premier du terme) ;
• il prend conscience de ses réussites : on doit aider l’élève à réussir ce
qu’il entreprend : ne pas l’abandonner devant l’obstacle non franchi, mais
lui permettre de cerner la difficulté sur laquelle il bute afin de mieux
l’appréhender. Analyser avec lui le dépassement des obstacles. Chacun doit
pouvoir juger lui-même de ce qu’il fait.
En conclusion, motiver les élèves implique la mise en place d’une démarche
globale. Aborder un seul des points décrits ne peut être très efficace, même
s’il faut bien commencer par se lancer sur une piste spécifique. »
34
8. Le principe de l’acquisition solide des connaissances (par la répétition,
le contrôle, l’autocontrôle). Les élèves doivent comprendre dès le début que le
but de l’apprentissage n’est pas l’obtention d’une bonne note (d’un bon
qualificatif), mais leur formation pour leur avenir.
10. Le principe formatif : au long des années, les élèves doivent acquérir
des savoirs et des savoir-faire en doses confortables (quand ils apprennent les
structures morphosyntaxiques usuelles pour l’expression du salut, ils apprennent
en même temps que saluer est l’expression d’un certain degré d’éducation).
QUESTIONS ET EXERCICES
35
LES ACTIVITÉS D’ENSEIGNEMENT /
APPRENTISSAGE
ACTIVITÉ / TÂCHE
CONSIGNE / SUPPORT / PROCÉDURE
THÉORIES DE L’APPRENTISSAGE
STRATÉGIES D’APPRENTISSAGE
36
Boyer, Michèle Butzbach et Michèle Pendanx (1990 :154) groupent ces
composantes en deux classes : les composantes internes, qui concernent
l’activité en elle même, et les composantes externes qui apparaissent lorsque
l’on envisage l’activité comme faisant partie d’un processus plus vaste.
32
H. Boyer et all. (1990: 154-155).
37
a. La démarche d’apprentissage ou procédure à l’œuvre dans l’activité,
c’est la mise en jeu des diverses aptitudes de l’apprenant en vue de lui faire
acquérir une maîtrise, une compétence, un savoir ;
b. Le contenu de l’activité ou la délimitation de la matière enseignée ;
c. La mise en œuvre ou les conditions de réalisation de l’activité : son
insertion dans un continuum pédagogique, le type de relation pédagogique et les
conditionnements dus aux contraintes institutionnelles et matérielles.
38
(d’où l’épithète « structural ») constamment la totalité de ces facteurs, lesquels
mobilisent l’activité conjointe de tous les sens, et plus particulièrement la vue et
l’ouïe (audio-visuelle)35.
Quant aux approches communicatives, elles sont sous-tendues par la
psycholinguistique de Krashen (1976 - 1981). Krashen considère que les
données de langage qui permettent l’acquisition d’une langue dépendent de
l’environnement au sein duquel se développe cette acquisition. L’auteur
distingue les environnements « formels » (notamment scolaires, à base
d’exercices explicites), des environnements « informels » (en situation naturelle,
sans que la langue soit un objet explicite d’apprentissage). Chacun de ces deux
environnements permet de développer des aspects différents de la compétence en
langue étrangère. Krashen estime que l’efficacité des acquisitions est plutôt
relative au degré d’implication de l’apprenant par rapport au matériau
linguistique manipulé. D’ailleurs, dans la théorie du moniteur (moniteur =
contrôle) de Krashen, on donne des sens différents aux termes apprentissage et
acquisition : l’apprentissage implique une connaissance consciente de la langue
(c’est-à-dire que les productions sont contrôlées par l’appel conscient à des
règles), tandis que l’acquisition se réalise par l’intériorisation de règles
implicites36.
Celui qui conçoit des matériels didactiques est amené à opter pour une ou
l’autre de ces théories. L’enseignant, lui, à la différence de l’auteur de manuels et
de méthodes, aura plus souvent tendance à composer avec les diverses théories,
selon les situations d’enseignement / apprentissage où il se trouve.
35
Cf. H. Besse (1985: 42-43): Méthodes et pratiques des manuels de langue, Didier
36
D. Gaonac’h (1987: 151-152): Théories d’apprentissage et acquisition d’une langue étrangère,
Hatier-CREDIF, dans H. Boyer et all. (1990: 160).
37
Pour une analyse détaillée des stratégies d’apprentissage et des théories les concernant, voir P. Cyr
(1998).
38
R.Oxford (1990), Language Learning Strategies: What Every Teacher Should Know, dans P.Cyr,
(1998:30-31).
39
Stratégies 1. S. métacognitives
indirectes :
2. S. affectives
3. S. sociales
Stratégies métacognitives :
• l’anticipation ou la planification : se fixer des buts à court ou à long
terme : étudier par soi même un point de langue ou un thème qui n’a pas été
abordé en salle de classe ; prévoir les éléments linguistiques nécessaires à
l’accomplissement d’une tâche d’apprentissage. Comme enseignant, on fait
appel à cette stratégie lorsque le but et les séquences d’une activité de classe sont
explicités ou quand, par exemple, on encourage les élèves à prévoir le contenu
d’un article à partir du titre ;
• l’attention – dirigée (la concentration : prêter attention à la tâche de
façon globale) et sélective (se concentrer sur des aspects spécifiques de la tâche :
les textes lacunaires orientent l’attention) ;
• l’autogestion : l’élève recherche activement les occasions de pratiquer
la langue cible en s’exposant volontiers à des situations où il aura à la réutiliser
(rechercher des émissions sur TV5, les enregistrer, les répéter) ;
• l’autorégulation : vérifier et corriger sa performance au cours d’une
tâche d’apprentissage ;
• l’identification du problème – se demander toujours quel est le but
d’une tâche ;
40
• l’autoévaluation – évaluer ses habiletés à accomplir une tâche
langagière.
Stratégies cognitives :
• la répétition – contribue à l’intégration des éléments de langue dans la
mémoire à long terme ;
• grouper – ordonner, classer ou étiqueter la matière enseignée selon des
attributs communs ;
• l’inférence : utiliser les éléments connus d’un texte ou d’un énoncé afin
d’induire ou d’inférer le sens des éléments nouveaux ou inconnus, utiliser le
contexte langagier ou extralangagier dans le but d’inférer le sens des éléments
dans la maîtrise du code linguistique ; recourir à l’intuition. L’élève doit tolérer
l’ambiguïté (ne pas se précipiter sur le dictionnaire toutes les fois qu’il ne
comprend pas un mot) ;
• la déduction – appliquer une règle réelle ou hypothétique en vue de
produire ou de comprendre ;
• la recherche documentaire – très utile (elle a ses limites : poser des
questions de clarification est parfois plus interactif et plus économique) ;
• paraphraser : suppléer au manque de vocabulaire par la paraphrase ;
• élaborer : établir des liens entre les éléments nouveaux et les
connaissances antérieures ; l’élaboration permet de restructurer les connaissances
dans la mémoire à long terme.
41
QUESTIONS ET EXERCICES
42
II. LE PROCESSUS D’ENSEIGNEMENT
ET LA CLASSE DE FRANÇAIS
PLAN D’ENSEIGNEMENT
CURRICULUM/OBJECTIFS
PLANIFICATION ANNUELLE
PROJET DIDACTIQUE
CLASSE DE FRANÇAIS
43
• l’acquisition de la compétence de compréhension écrite ;
• l’acquisition de la compétence de production écrite ;
• le développement de l’intérêt pour l’étude de la langue et la
civilisation françaises.
b. Les objectifs de référence sont formulés afin de faire comprendre ce
qu’on attend des élèves à la fin de chaque année d’études. A chaque objectif-
cadre on associe un ou plusieurs objectifs de référence. Par exemple, dans le cas
de la troisième classe, pour un même objectif-cadre (l’acquisition de la
compétence de compréhension orale) on donne quatre objectifs de référence (à la
fin de la IIIe classe, les élèves doivent : 1. reconnaître des sons spécifiques à la
langue française ; 2. distinguer des mots et des syntagmes dans la chaîne parlée ;
3. réagir de façon verbale / non-verbale à un message oral ; 4. comprendre le
sens global d’un énoncé simple).
c. Les activités d’enseignement / apprentissage : le curriculum mentionne
quelques types d’activités qu’on peut pratiquer dans la classe de français pour
atteindre les objectifs de référence. (Pour les objectifs de référence mentionnés
ci-dessus, le programme nous propose les exercices suivants : exercices
d’identification, exercices de discrimination, exercices questions – réponses,
exercices du type vrai / faux.)
d. Les contenus stipulés dans le programme ne sont autre chose que le
savoir à enseigner, structuré d’après les diverses composantes de la description
linguistique : à la fin de chaque classe, l’élève doit connaître certains champs
sémantiques, certains actes de langage, certains éléments de phonétique et de
grammaire.
e. Les standards curriculaires de performance représentent des critères
selon lesquels on évalue la qualité du processus d’enseignement / apprentissage à
la fin d’une étape de scolarité (d’un cycle). Un certain objectif-cadre a été atteint
si l’élève est arrivé à un certain standard. Pour exemplifier, à la fin du cycle
primaire, l’élève a acquis une compétence de compréhension orale convenable
s’il est à même de saisir le sens global d’un message oral.
Il faut remarquer que les programmes d’enseignement actuels respectent les
principes des méthodologies communicatives. Les enseignants ne sont plus
obligés de respecter le manuel de façon linéaire (d’ailleurs, vu l’existence des
manuels alternatifs, ce serait assez compliqué d’assurer l’unité dans
l’enseignement). L’enseignant doit tout simplement choisir de la liste des
contenus ceux qui facilitent l’atteinte des objectifs prévus dans le programme.
Par conséquent, il a le droit d’omettre certains textes et exercices du manuel et,
bien sûr, il a le droit d’en ajouter d’autres.
44
imposés par celui-ci et aux façons les plus appropriées de les atteindre (en
fonction du groupe classe, des ressources utilisées) l’enseignant doit établir la
succession des contenus et le nombre d’heures affectées à chaque contenu. La
planification se concrétise dans un tableau à plusieurs colonnes où l’on inscrit
nécessairement le titre de l’unité didactique, les objectifs de référence visés par
l’unité respective, le nombre d’heures prévues, la période de l’année où se
déroulent ces heures et éventuellement des observations (lorsque la situation de
la classe ne permet pas le respect rigide de la planification). Une unité didactique
se caractérise par la cohérence des objectifs visés, par l’unité des contenus, par la
continuité des activités et par une évaluation finale. L’unité didactique peut être
parcourue dans une heure ou dans plusieurs heures de classe.
45
TABLEAU DES VERBES EMPLOYÉS À LA DÉFINITION DES OBJECTIFS
OPÉRATIONNELS
b. les contenus, qui ne sont autre chose que les informations linguistiques et
culturelles que les élèves doivent s’approprier ;
c. les ressources utilisées, c’est-à-dire les capacités du groupe – classe (la
personnalité des élèves et leur niveau : débutants, moyens, avancés) et les
46
conditions matérielles (le temps effectif de travail, le lieu de travail – la salle de
classe, le laboratoire de langues, le jardin de l’école [pourquoi pas ?]) ;
d. les stratégies didactiques qui englobent les méthodes et les procédés
(exposé, conversation, démonstration, dictée, traduction, jeu de mots), les
moyens didactiques (le manuel, le dictionnaire, les tableaux, les casettes, etc.) et
les formes d’organisation et de participation (classes proprement-dites, cercles
de spécialité, excursions thématiques ; la participation des élèves peut être
individuelle, par groupes ou frontale) ;
e. la forme d’évaluation : grâce à laquelle l’enseignant peut mesurer les
résultats de ses efforts et des efforts de ses élèves ; en d’autres mots, après
l’évaluation, il se rend compte si les objectifs visés ont été atteints ou pas.
Le projet didactique ne doit pas être identifié à une contrainte exercée par
l’Inspectorat afin d’embarrasser les enseignants. Le projet didactique sera
compris plutôt comme la matérialisation de la réflexion faite par l’enseignant sur
l’acte didactique. Nous croyons que la structure du projet, la présentation plus ou
moins détaillée de ses éléments, l’anticipation correcte des moments de la
démarche didactique dépendent beaucoup de l’expérience de l’enseignant. Pour
un enseignant expérimenté, une fiche pédagogique sommaire est suffisante pour
la bonne organisation de la classe. Par contre, les enseignants débutants devraient
noter minutieusement tout ce qui pourrait les aider à préparer les classes. Dans
leur cas, la fiche qui trace le scénario didactique pour chaque classe de français
est indispensable. Le scénario didactique spécifie d’une part les étapes de la
leçon et d’autre part les objectifs, la durée, les activités qui correspondent à
chaque étape.
Les étapes d’une leçon traditionnelle sont :
• la mise en train / le moment où l’on capte l’attention des élèves
• la réactualisation des connaissances
• la vérification des connaissances
• la communication des nouvelles connaissances, la communication
du thème, des objectifs et des données
• l’obtention de la performance (le moment du travail indépendant, de
la découverte)
• le feed-back (ou le contrôle en retour : c’est le moment où l’on se
rend compte de la façon dont les élèves se sont approprié les
nouvelles connaissances)
• le transfert (l’intégration des nouvelles connaissances parmi les
connaissances acquises antérieurement)
• l’évaluation (qui peut se faire plusieurs fois dans la même classe).
47
VI.2. DES PROJETS DIDACTIQUES
48
VI.2.1. PROJET-MATRICE (ou éléments qu’il ne faut pas oublier)
49
c) Vérification des connaissances (n minutes):
moyens:
activités:
d) Communication des nouvelles connaissances (n minutes):
moyens:
activités:
e) Obtention de la performance (n minutes):
moyens:
activités: (travail indépendant, découverte)
f) Feed-back (contrôle en retour: on informe tout le temps les élèves sur leur
façon de s’approprier les connaissances) (n minutes):
moyens:
activités:
g) Rétention (approfondissement) (n minutes):
moyens:
activités:
h) Transfert (n minutes):
moyens:
activités:
i) Évaluation (continue, à la fin de la leçon)
ANNEXES
50
VI.2.2. PROJET DIDACTIQUE : VARIANTE 1.
51
c) Exercices de prononciation (catherinette, mannequin, coiffe,
déguisement, rehausser, Gaultier).
d) Micro-analyse morphosyntaxique: conjugaison des verbes mourir et
battre.
e) Étude du lexique:
Champs sémantiques: mode (créateur, couturier, mannequin, défilé,
collection, maison de couture), vêtements, fibres textiles, tissus;
Synonymes des mots: s’habiller, habits.
52
a) première visualisation du matériel;
b) distribution du questionnaire;
c) seconde visualisation et réponses aux questions;
d) appréciations.
ANNEXES:
FICHE 1
CHAPEAU: LES CATHERINETTES
FICHE 2
PHOTOS
53
Chevignon Girl, bottes en mouton retourné rouge, liens de cuir tressés
avec les cheveux, collier tibétain en corail, turquoises et ambre, chapeau
de feutre marron.
FICHE 3
L’OPINION
FICHE 4
POUR DÉCRIRE LES HABITS DE QUELQU’UN
54
montantes et lacées de coton blanc, faisant trois fois la tour de la cheville. Elle
comportait, en outre, un foulard de soie vert vif.”
“Il prit une quatrième cravate et l’enroula négligemment autour du cou.”
(B.Vian, L’écume des jours)
FICHE 5
TEST
Après avoir vu l’enregistrement sur cassette, mettez une croix dans les cases
correspondant aux réponses correctes:
1) Pendant les défilés de cette année on a 2) Le caban est une grande veste de
vu surtout des vêtements qu’on peut laine ou de cuir.
porter du matin jusqu’au soir. VRAI
VRAI FAUX
FAUX
FAUX FAUX
5) Les habits présentés ont des couleurs 6) Les hommes sont habillés de deux
éclatantes. chemises, l’une au-dessus de l’autre.
VRAI VRAI
FAUX FAUX
7) Certaines vestes ont des cols qu’on 8) L’élément original est le boutonnage
peut enlever. dans le dos.
VRAI VRAI
FAUX FAUX
FICHE 6
LEXIQUE THÉMATIQUE
55
affubler (péj.): habiller ridiculement: on m’avait affublé d’un chapeau haut de
forme
attifer (fam.): habiller avec une recherche excessive : je ne m’attife pas ainsi
qu’un freluquet
s’endimancher: mettre une toilette plus soignée que d’habitude
fagoter: habiller mal, sans goût: je souffrais d’être toujours hideusement fagoté
les habits: habits grotesques; habits de deuil; habits de travail
les vêtements: laver/nettoyer/raccommoder des vêtements; vêtements
neufs/usés/en loques; vêtements de travail/de dimanche/ de ski;
vêtements légers/chauds; vêtements à la mode/démodés;
anorak, bas, blouse, blouson, caleçon, cape, châle, chapeau, chemise,
collant, corsage, écharpe, fourrure, gant, gilet, imperméable, jaquette,
jupe, jupe-culotte, kilt, maillot, paletot, pantalon, peignoir, pyjama, robe,
salopette, short, soutien-gorge, tablier, veste, veston
les fringues (fam.); les frusques (pop.): mauvais habits; les hardes (péj.):
vêtements pauvres et usés; les nippes.
Fibres textiles: la laine; la soie; le chanvre; le coton; le lin; le jute; le nylon; la
fibranne; la rayonne
Tissus: lavables; infroissables; irrétrécissables; indémaillables
Le drap; le tergal; la gabardine; le jersey; le tweed; le crêpe; l’étoffe (à
rayures, à carreaux, pointillée, pied de poule); le velours (côtelé, à
côtes); la toile; la popeline; la cretonne; le piqué; la finette; l’indienne;
la gaze; le taffetas; le feutre; le cachemire; le mohair (étoffe de mohair)
Chaussures: la botte; la bottillon; une espadrille; la galoche; la mule; la
pantoufle; le soulier; la basket; la bottine; un escarpin; le mocassin; le
brodequin
Une robe: corsage; jupe (étroite/évasée/plissée/ample/à volants)
Robe courte/ longue; robe fourreau/princesse/chemisier; robe
décolletée/montante; robe de plage/d’après-midi/de cocktail/de
mariée/de grossesse
Bijoux: la bague; la boucle d’oreille; le bracelet; la broche; la chaîne; le
collier; la gourmette; le médaillon
56
VI.2.3.PROJET DIDACTIQUE: VARIANTE 2(Proposée par Mihai George Tăutu)
Unité didactique 3: Votre courrier, s’il vous plaît! – pp.22-31
Manuel choisi: Dan Ion Nasta: TRAIT D’UNION, clasa a IX-a, Ed. Sigma
39
Phs = Phrases
40
UL = Unité lexicale
41
UMS = Unité morpho-syntaxique
57
♦ de saisir les traits définitoires de l’UMS Évaluation:
et son schéma explicatif logique; Voir les tests d’évaluation formative et
♦ d’intégrer l’UMS dans des Phs et de sommative ci-annexés.42
contrôler les transformations réalisées.
Formes d’organisation et de
MODULE TRAVAIL SUR LE TEXTE:
participation: activités didactiques
♦ de lire correctement le texte;
collectives, par groupes, individuelles
♦ d’illustrer la compréhension du texte par
traduction sélective, le questionnaire,
communication orale / écrite;
d’exploiter convenablement les éléments de
culture-civilisation travaillés.
58
• propriétaire / locataire d’un appartement.
59
VI.2.4. FICHE PÉDAGOGIQUE (PROJET DIDACTIQUE): VARIANTE 3
Objectifs: Matériel:
Expression orale et écrite. Le clip de la chanson, projeté sur TV5.
Exprimer son opinion.
Niveaux: Thèmes:
Élémentaire. La jeunesse.
Intermédiaire. La société.
Avancé. Le mal de vivre
AVEC LE CLIP
• Tous niveaux
Regardez le clip. Concentrez-vous sur les images. A deux, cherchez le plus
d’informations possibles sur les thèmes suivants:
– le chanteur – les jeunes – la ville – les adultes – les activités de la vie.
Mise en commun
60
• Niveaux intermédiaire et avancé
Lisez le texte. En petits groupes, répondez aux questions suivantes:
Qu’est-ce qu’on apprend sur le narrateur?
Quelles sont ses habitudes, quel est son emploi du temps?
Qu’est-ce qui l’intéresse? Qu’est-ce qui le révolte?
Quelle est l’image de la “planète France” que donne l’auteur?
Comment sont les adultes? Comment sont les jeunes?
Mise en commun
Est-ce qu’il reste une note d’espoir dans cette vision du monde?
CRÉATIVITÉ
• Niveaux intermédiaire et avancé
Damien Saez vient de rencontrer une personne dont il tombe
amoureux. En vous inspirant du texte “Jeune et con”, imaginez le texte de
la chanson écrite dans les premiers jours qui suivent la rencontre.
61
Débat
Quelles sont les valeurs et les attentes qui vous paraissent les plus
importantes pour les jeunes d’aujourd’hui dans votre pays? Pensez-vous
que les jeunes soient plus heureux aujourd’hui qu’autrefois?
Retrouvez sur Internet des enquêtes d’opinion qui vous permettront de mieux
connaître les jeunes Français.
– sur http://www.sofres.com : les jeunes et la citoyenneté aujourd’hui (8 déc.
2000), les jeunes et la sécurité au volant (20 octobre 2000), les jeunes face au
sida (12 novembre 1999), les valeurs et attentes des jeunes (novembre 1999).
– Sur http://www.ifop.com/europe/sondages/opinionf/1625ans.stm : valeurs et
attentes de la nouvelle génération.
62
Doc. 1 Doc. 2
Jeune et con Damien Saez
(né en 1977 à Marseille)
Encore un jour se lève sur la planète France
Et je sors doucement de mes rêves, je rentre dans la danse D. Saez est la vedette montante du
Comme toujours il est huit heures du soir, j’ai dormi tout le rock français. Après avoir étudié le
jour piano pendant onze ans, il s’est mis à
Je me suis encore couché trop tard, je me suis rendu sourd la guitare. Son goût prononcé pour
encore l’écriture lui est venu vers seize ans.
Ses influences musicales sont les
Encore une soirée où la jeunesse France années 1970 et des paroliers comme
Encore elle va bien s’amuser puisqu’ici rien n’a de sens G. Brassens, J. Brel… ont sa faveur.
Alors on va danser, faire semblant d’être heureux En 1995 il monte à Paris et en février
Pour aller gentiment se coucher, mais demain rien n’ira mieux 1999 il enregistre son premier album
Jours étranges dont est tiré “Jeune et
Puisqu’on est jeune et con con”. Ses textes engagés et plutôt
Puisqu’ils sont vieux et fous pessimistes ont séduit jeunes et
Puisque des hommes crèvent sous les ponts critiques.
Mais ce monde s’en fout Sites: http://www.damiensaez.com,
Puisqu’on n’est que des pions http://www.multimania.com/dsaez.
Contents d’être à genoux Vocabulaire
Puisque je sais qu’un jour nous gagnerons à devenir fous
Con: (fam.) stupide
Encore un jour se lève sur la planète France Je me suis rendu sourd encore: j’ai
Mais j’ai depuis longtemps perdu mes rêves, je connais trop la écouté de la musique très fort
danse Faire semblant: prétendre
Comme toujours il est huit heures du soir, j’ai dormi tout le Crever: mourir
jour Ce monde s’en fout: ce monde est
Mais je sais qu’on est quelques milliards à chercher l’amour indifférent
encore Pion: pièce dans un jeu de dames ou
d’échecs, personne manipulée
Encore une soirée où la jeunesse France Je connais trop la danse: je suis trop
Encore elle va bien s’amuser dans cet état d’urgence conscient de la réalité
Alors elle va danser, faire semblant d’exister
Qui sait si l’on ferme les yeux on vivra vieux
63
QUESTIONS ET EXERCICES
64
LES STRATÉGIES DIDACTIQUES
AUXILIAIRES DIDACTIQUES
MANUEL
FICHES
TV5
ORDINATEUR
65
c) les dextérités que les auxiliaires réclament les partagent en deux
groupes : les auxiliaires techniques (le magnétoscope, le rétroprojecteur,
l’ordinateur, etc.) et les auxiliaires non-techniques (les cahiers, les livres, etc.).
d) du point de vue de leur fonction pédagogique, il y a :
• des auxiliaires informatifs-démonstratifs (images, cartes postales,
tableaux synoptiques43 qui aident à la présentation des données ;
• des auxiliaires formatifs (fiches d’apprentissage, fiche d’exercices,
jeux), qui facilitent la formation et le renforcement des habitudes et des habiletés
langagières ;
• des auxiliaires d’évaluation (le test - grille).
Les enseignants doivent savoir utiliser tous les auxiliaires didactiques. Il
faut faire des efforts pour varier ces auxiliaires d’une classe à l’autre, en les
adaptant à l’âge et au niveau des apprenants. Il est nécessaire que le matériel
utilisé corresponde le mieux aux objectifs visés par l’activité dont le matériel est
le support. Les auxiliaires didactiques indispensables sont :
2. Les fiches sont très utiles à condition qu’elles soient bien faites. Les
fiches de travail sont conçues par l’enseignant de façon que l’élève puisse les
compléter tout seul, à la maison. Les fiches devraient être individualisées : le
maître les rédige différemment, en fonction des capacités de chaque élève. Par
ces fiches, l’enseignant ne fait que guider l’apprenant dans ses efforts de se
documenter. Les fiches d’apprentissage sont utilisées d’habitude pendant la
classe. Ce sont des fiches qui mènent les élèves à la découverte des nouvelles
connaissances à acquérir. Les fiches d’exercices s’avèrent absolument
nécessaires pour la fixation et l’enrichissement des informations reçues. Les
fiches d’exercices peuvent servir à l’évaluation des élèves. La rédaction des
43
Tableau synoptique: tableau qui donne une vue générale sur un certain contenu, qui permet de voir
un ensemble d’un seul coup d’oeil.
66
fiches demande de la part de l’enseignant une analyse sérieuse des objectifs qu’il
se propose d’atteindre et des ressources dont il dispose.
6. Le diascope et les diapositives sont moins chers que les autres appareils
et peuvent être utilisés pour illustrer des aspects de la civilisation française.
67
pour les apprenants l’occasion de pratiquer leurs acquis avec le plus vrai des
“documents authentiques” » (1994 :65).
Il y a beaucoup d’autres auxiliaires didactiques dont l’enseignant doit
apprendre à profiter : les dictionnaires, les revues, les journaux, les cartes, les
bandes dessinées, les casettes, les dessins, les schémas, etc. D’après les sciences
de l’éducation et les théories de l’apprentissage, il paraît que les apprenants ont
des profiles différents : il y a des apprenants visuels, sonores, kinésiques, ou
cérébraux. Ce qui nous semble clair est que pour arriver à un apprentissage
complet, tous les sens doivent être stimulés pendant la classe de français. Le
choix des auxiliaires didactiques (musicaux, photographiques, picturaux,
scripturaux, diagrammatiques, référentiels) influence énormément
l’apprentissage, par conséquent l’enseignant doit faire ce choix de façon
consciente et responsable.
QUESTIONS ET EXERCICES
1. Quelles sont, d’après vous, les règles que l’enseignant doit respecter
quand il utilise le tableau noir ?
4. Quelles sont les émissions de TV5 que vous regardez le plus souvent ?
68
III. L’ENSEIGNEMENT DE LA PHONÉTIQUE
PHÉNOMÈNES PROSODIQUES
DISCRIMINATION AUDITIVE
PRODUCTION DIRIGÉE
PRODUCTION SPONTANÉE
69
étrangère s’adressant aux adolescents et aux adultes en raison de leur incapacité
de maîtriser les habitudes articulatoires et prosodiques de la langue étrangère.
Finalement, si on se réfère à la présence d’un accent étranger, il est vrai que
celui-ci n’empêche pas la compréhension du message; cependant, la présence
d’un accent inhabituel constitue une source sérieuse d’interférence dans le
décodage d’un message. D’autre part, en milieu bilingue, la détection d’un
accent, même familier, peut influencer le choix de la langue adoptée par
l’interlocuteur bilingue pour poursuivre la conversation. Ayant perçu un accent
au cours de l’échange initial, l’interlocuteur sera tenté de poursuivre l’échange
dans la langue maternelle de l’apprenant.
La remise en question des attitudes ci-dessus mentionnées, mais surtout
l’apport des phénomènes prosodiques (intonation, rythme) à la communication
en général et au développement de certaines habiletés (expression orale,
discrimination auditive) ont déterminé la réintégration de la pratique phonétique
dans les cours de langue étrangère.
70
position de la différence, identification du nombre de groupes rythmiques et
identification de l’acte de parole.
Exercice 1: Mettez une croix dans la colonne 1 si les deux mots prononcés
sont identiques et dans la colonne 2 s’ils sont différents (comparaison choix
binaire)
1 2
le/les
de/dé
mes/mes
dessus/déçu
te/tes
se/ses
thé/te
debout/des bouts
Exercice 2: Vous allez entendre 8 séries de trois mots; chaque fois que
vous entendez un mot français, vous mettez une croix dans la case
correspondante (comparaison-langue maternelle)
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
71
ville
mise
déçu
Exercice 5: Écoutez et notez l’intonation par une ligne comme dans les
exemples précédents. Indiquez ensuite le nombre de groupes rythmiques que
vous avez trouvés dans chaque phrase44. (exercice d’identification du nombre de
groupes rythmiques)
Ces touristes américains cherchent un restaurant.
Nous cherchons un petit restaurant pas cher.
Vous trouverez facilement un restaurant pas cher au Quartier Latin.
Derrière le marché, il y a un restaurant qui est excellent.
44
Exercice extrait de J. Coutillon et all. (1991).
45
Idem
72
fit - -
- - sous
- rue -
vie - -
d) la production dirigée
Les exercices de cette phase constituent un premier pas vers la production
spontanée et visent le développement des habitudes verbo-motrices. Les
exercices peuvent être des exercices de répétition et de transformation.
Pendant l’exercice de répétition, l’apprenant doit écouter et répéter une série
de mots ou d’énoncés contenant les traits articulatoires et prosodiques exploités
dans les phases de sensibilisation et discrimination. Il faut commencer par des
exercices en chœur pour assurer la participation des apprenants plus timides.
46
Exercice extrait de la méthode À l’écoute des sons (T. Pagniez-Delbart, 1990).
47
Idem.
73
e) la production spontanée
L’exercice de production spontanée permet à l’apprenant de mettre ses
connaissances phonétiques en pratique dans un contexte naturel ou authentique.
On peut initier l’apprenant à l’expression spontanée en lui demandant de
participer à des débats de quelques minutes, pour passer ensuite à de courtes
présentations où il est appelé à définir, décrire, expliquer, etc. certains faits.
Lorsque l’apprenant a une bonne connaissance de la langue étrangère, on peut lui
demander de créer des scripts où entre en jeu l’expressivité.
La correction phonétique ne doit pas occuper des séances réservées,
l’enseignant pouvant la faire quand l’occasion se présente. De plus, à côté des
exercices déjà présentés, il peut recourir à un grand nombre de jeux qui rendront
la correction phonétique moins ennuyeuse. Au niveau débutant, ces jeux peuvent
être accompagnés d’images, de cartes illustrées, de lettres découpées dans du
carton, etc.
Jeu 1. Regardez l’image suivante. Cherchez et vous trouverez 10 mots qui
contiennent tous le son [a]. Les élèves regardent une planche où sont
représentés un champ et plusieurs personnages. Ils pourront y reconnaître
des paysans, des enfants qui chantent, des épis courbés par le vent, etc.
Jeu 2. On a perdu une syllabe. Il s’agit de trouver 5 mots de deux syllabes.
Ils commencent tous par la même syllabe de trois lettres et se terminent
respectivement par -cher, -leur, -ler, -per, -teau.
Jeu 3. Voter est un devoir civique. Dites pour qui, pour quoi vous votez
(des personnages politiques, des choses ou des idées qui commencent avec
le son b ).48
Exemple: Je vote pour la Beauté.
Moi, je vote pour la Bonté.
Ceux qui n’ont pas d’opinion disent: Moi, je vote blanc.
Jeu 4: À tour de rôle, chaque élève doit dire à son voisin une phrase qui
commence par “Savez-vous que vous avez…” et qu’il complète par un mot
comportant le son [s] ou le son [∫]. La réponse doit être: “Je sais mes chers
amis.”49
Au niveau des classes de débutants d’âge scolaire petit, on peut utiliser des
comptines. Employées généralement avant le commencement du jeu, elles
représentent une activité langagière authentique très motivante pour les enfants.
Il faut faire quand même attention à leur structure syntaxique, pour ne pas fixer
des structures fautives. Les comptines peuvent constituer aussi le point de départ
d’un exercice oral de créativité linguistique. Nous présentons ci-dessous
48
Exercice extrait de la méthode À l’écoute des sons (T. Pagniez-Delbart, 1990).
49
Idem.
74
quelques exemples de comptines50 sur les jours de la semaine qui associent, le
plus souvent, des jours et des couleurs mais qui peuvent avoir parfois la structure
d’un dialogue amusant où les jours sont des personnages qui portent une petite
conversation.
50
Exemples trouvés sur le site www.momes.net/comptines/
75
de venir Vendredi Dis à Vendredi
Danser samedi qu'il se prépare Samedi
Dans la salle de dimanche. Pour le voyage de Dimanche.
76
des stratégies d’autocorrection, l’enseignant devrait insister sur la phase de
discrimination auditive. Si l’on ne donne pas à l’apprenant l’occasion de
sensibiliser son oreille aux faits phonétiques de la langue étrangère, il ne pourra
jamais devenir autonome et responsable de son apprentissage. L’apprenant saura
en fin de compte se servir des transcriptions phonétiques offertes par les
dictionnaires alphabétiques et analogiques de la langue française (Le Petit
Robert, le Larousse).
QUESTIONS ET EXERCICES
• Trouve l’intrus :
a. matin – important – matinée - lapin
b. maintenant – immense – impossible – prince - printemps
• Complète par -ain, -aine, -in, -im, -ien, -ein :
51
Aurelia Turcu; Ilie Minescu (1997): Limba franceză pentru clasa a V-a, Editura RAO Educaţional.
77
La sem… a 7 jours. Il se réveille à 7 heures du mat … . Jul … est mon
cop … . Cet exercice est très … portant. Son panier est pl … de fruits.
Je suis roum … .
78
IX. L’ENSEIGNEMENT DE LA GRAMMAIRE
EXERCICES STRUCTURAUX
EXERCICES TRADITIONNNELS
EXERCICES DE PARAPHRASE
EXERCICES COMMUNICATIFS
DISCOURS GRAMMATICAL
79
ainsi qu’on va faire une vaste enquête portant sur la fréquence des mots du
français parlé (appelée plus tard le Français fondamental). Cette enquête établit
que ce sont les mots grammaticaux (articles, prépositions, pronoms, etc.) qui sont
les plus fréquents, suivis des verbes, puis des adjectifs et des noms. En même
temps, une enquête statistique identique est faite pour la grammaire, suite à
laquelle on constitue une grammaire du français fondamental qui sera à la base
de la méthodologie structuro-globale audiovisuelle (SGAV)52. Les manuels
élaborés dans le cadre de cette méthodologie accordent la priorité à la langue
parlée, les structures grammaticales étant présentées à l’aide d’un dialogue (dont
les éléments sont puisés dans l’enquête sur la fréquence des mots de vocabulaire
et de certains points de grammaire). Quant à la démarche proprement-dite
d’apprentissage de la grammaire, elle est inductive, surtout au début de
l’apprentissage. Mais cette démarche est fondée non pas sur la perception d’une
analogie entre des structures grammaticales, mais sur l’observation du
fonctionnement du discours en situation et sur un réemploi dans d’autres
contextes. La grammaire est considérée comme étant au service de la
communication, c’est pourquoi elle doit être toujours saisie en situation.
La méthodologie audio-orale a été créée au cours de la Seconde Guerre
mondiale afin de répondre aux besoins de l’armée américaine désireuse de
former des gens maîtrisant diverses langues. Suivant les promoteurs de cette
méthodologie, l’apprentissage est vu comme un processus mécanique de
formation d’habitudes sous forme d’automatismes syntaxiques. La technique
employée est celle des exercices structuraux. La démarche d’apprentissage est
inductive, allant des cas particuliers aux généralisations, sans explicitation de la
règle, en privilégiant l’analogie (la perception des ressemblances entre divers
phénomènes grammaticaux).
Avec l’approche communicative, l’accent sera mis sur les capacités
supérieures du processus cognitif: observation, réflexion, analyse, ayant comme
objet certains phénomènes linguistiques présentés dans un corpus. Ces
démarches doivent mener les apprenants à une formulation de leur découverte du
fonctionnement de la langue, ou du moins à la découverte du fonctionnement du
corpus proposé. Ce sont des exercices dits de conceptualisation grammaticale.
Mais cette démarche est fréquemment suivie d’explications de type relativement
traditionnel et donne lieu à des exercices de systématisation des acquis. En même
temps, l’approche communicative s’intéresse aussi à la grammaire “en situation”,
qui privilégie avant tout le message. Dans ce cas, on peut identifier pour chacun
des actes de langage préalablement choisis (exprimer l’accord, argumenter, etc.)
un certain nombre de points grammaticaux à faire travailler. L’accent reste mis
sur le message sans négliger pour autant les formes linguistiques nécessaires
pour la réalisation de ces actes. Le point de départ n’est pas grammatical, mais
fonctionnel car ce sont les formes grammaticales qui viennent se greffer sur les
fonctions langagières et non l’inverse.
52
Voir le IIIème chapitre.
80
Après avoir présenté toutes ces méthodes avec leur manière particulière
d’aborder l’enseignement de la grammaire, on se pose toujours la question de la
place qu’on doit accorder à la grammaire dans le cadre d’un cours de langue
étrangère. On ne peut cependant répondre à cette question si l’on n’est pas
conscient du fait qu’enseigner la grammaire d’une langue ne se limite pas
seulement à l’enseignement des règles de la morphologie et de la syntaxe d’une
langue (les règles d’usage). Pour pouvoir communiquer à l’aide de cette langue,
ce type de connaissance n’est pas suffisant. Il faut que l’énoncé soit approprié au
contexte linguistique et à la situation de communication (maîtriser les règles
d’emploi de cette langue).
81
plus compliqué qu’on ne sait toujours pas, parmi les facteurs qu’on vient
d’examiner, quels sont ceux qui sont les plus importants. Par conséquent,
l’enseignant doit être éclectique, tirer profit de toute théorie linguistique et/ou
didactique. Bien que les règles grammaticales soient à rejeter dans une première
étape d’enseignement de la langue, la réflexion grammaticale et les exercices
cognitifs y contribuent pourtant à l’acquisition raisonnée de la compétence
linguistique. En ce qui concerne les types d’exercices à employer en classe pour
l’enseignement de la grammaire, nous en avons observé, au cours de la
présentation des différentes approches didactiques, plusieurs catégories qui
peuvent être utilisées à différents niveaux d’apprentissage.
a) exercices de répétition
Exercice 1: J’ai mal aux dents.
J’ai mal aux pieds.
J’ai mal à la tête. (répétition simple)
Exercice 2: Je suis parti.
Je suis parti au Canada.
Je suis parti au Canada l’été dernier. (répétition avec
addition)
53
D. Roman (1994: 124-128).
82
c) exercices de transformation
Exercice 1: Répondez affirmativement en remplaçant les mots en italiques
par y:
Modèle: Vous allez au marché? Oui, j’y vais. (transformation par réduction)
Ils sont encore à la maison? Il va à l’usine tous les jours? Elle va à l’école?
Pierre est à l’école?
Exercice 2: Transformez les phrases suivantes d’après le modèle:
Modèle: Donne-le-moi! C’est à moi qu’il faut le donner. (transformation-
transposition)
Dis-le-nous! Demande-le-lui! Offre-le-leur! Envoie-les-leur!
d) exercices question-réponse
Exercice 1: Répondez affirmativement aux questions suivantes:
Modèle: Vous partez demain? Oui, je pars demain. (réponse qui répète le
contenu de la question)
Tu lui as téléphoné? Il a bien dormi? Vous lui avez écrit? Tu lui as parlé?
Exercice 2: Répondez aux questions suivantes en regardant les images ci-
dessous (on présente une planche aux élèves):
Où est Pierre? Pierre est à la maison.
Qu’est-ce qu’il fait à la maison? Il fait ses devoirs.
Quelle heure est-il? Il est cinq heures.
(réponses dont les questions sont construites à l’aide de qui, quand,
combien, pourquoi, lequel, etc.)
Exercice 3: Répondez aux questions suivantes en justifiant vos réponses:
Es-tu allé au cinéma hier? Non, je n’y suis pas allé. J’ai joué avec mes
amis.
As-tu aidé ton papa? As-tu écrit une lettre? Es-tu parti en voyage hier? As-
tu dormi à midi? (réponses ouvertes)
e) exercices de jonction
Exercice: Faites des phrases d’après le modèle:
Modèle: J’ai revu la ville; j’ai passé mon enfance dans cette ville. / J’ai revu
la ville où j’ai passé mon enfance.
Nous avons revu la maison; nous avons habité dans cette maison.
Vous reviendrez dans ce village; vous avez laissé de bons souvenirs dans ce
village.
Nous sommes montés au grenier; nous jouions dans ce grenier quand nous
étions enfants.
83
IX.4. Les exercices traditionnels
84
Le père, qui était très fatigué d’avoir conduit toute la journée, … .
Cette année-là, au moment où surgissait leur voiture surchargée de bagages.
Ce bambin, qui venait tout juste d’avoir un an et s’appelait Isidore … .
85
Modèle : J’ai écrit cette lettre. Cette lettre a été écrite par moi-même.
Ils ont acheté cette maison.
Tu as renversé la chaise.
g) paraphrases lexico-grammaticales : Dans ce type de paraphrase il y a, en
général, substitution d’un mot et modification du schéma syntaxique de la phrase
avec conservation du sens.
Exercice: Remplacez les expressions suivantes par les verbes appropriés:
Modèle : Il a mis feu à la grange. Il a incendié la grange.
Il s’est mis en route.
Elle verse des larmes.
Il s’est mis en colère.
a) exercices de transformation
Exercice: Réécris les phrases suivantes dans un registre différent:
Modèle : Vous savez ce que je pense? Savez-vous ce que je pense?
Vous êtes partis très tôt?
Tu chantes chaque matin?
b) exercices de reconnaissance
Exercice 1: Identifiez le niveau de langue auquel appartient chacune des
phrases suivantes:
Tu vas où? Où est-ce que tu vas? Où vas-tu?
Quand est-ce que nous partirons? Quand partirons-nous? Nous partirons
quand?
Exercice 2: Précisez dans quelle situation on dira56:
Au voleur! Au secours! Le fric ou je te tue! Va pour! Je suis désolé! Quel
chien de temps! Chic alors!
86
Marie-Ange, 35 ans, cadre administratif, féministe: “J’affirme que
l’homme (devoir) … partager les tâches ménagères.” Jacques, 25 ans,
étudiant en psychologie, idéaliste: “Je souhaite que tout le monde (pouvoir)
… trouver le bonheur sur terre.”
Ces exemples qui présentent des situations de classe réelles ont été cités par C. Champagne-Muzar, J.
57
87
c) L’enseignant propose des situations exemples. Dans les situations
exemples de ce type, à l’oral, les participants de la classe sont directement
impliqués, contrairement aux exemples à l’écrit qui, eux, sont fournis par les
grammaires et les linguistes. Les thèmes des exemples gravitent autour du vécu
des apprenants, en faisant le plus souvent appel à des situations de
communication courantes et concrètes.
Professeur: J’ai un problème, moi, avec mon fils. Il regarde toujours la
télévision. Il arrive à la maison, il met son sac dans l’entrée près de la
porte et il va s’asseoir tout de suite dans le salon et il regarde la télévision
et il reste toujours devant la télévision […] Alors je ne sais plus quoi faire.
Est-ce que vous auriez des conseils à me donner?
Élèves: [Les élèves formulent diverses suggestions, puis le professeur
conclut:]
Professeur: Dans une situation comme ça, bon, vous m’avez donné des
conseils en disant “fais ceci, fait cela” mais on peut aussi, si on veut,
suggérer, conseiller […] en utilisant le conditionnel.
88
Professeur: […] Vous êtes l’ouvreuse, [G] demandez à Mireille si elle
prend les places au dernier rang. Mireille c’est [M], vous êtes l’ouvreuse. (le
professeur propose un jeu de rôles)
G: Vous prend, vous prenez les places au dernier rang?
Professeur: M?
M: Oui je prenez ces places. (hésitation de l’élève qui a la tendance
d’employer la même forme verbale que son camarade)
Professeur: Attention au verbe « prendre ». (le professeur ne corrige pas
l’élève, mais attire son attention sur la faute)
M: Je prends ces places.
Professeur: Oui, je prends les places au dernier rang ou oui, je les prends.
Je prends les places, tu les prends, il prend, nous prenons, vous prenez, ils
prennent, Pierre et Mireille prennent les places, Pierre prend, hein prend. (À la
fin, le professeur reprend toute la conjugaison du verbe prendre)
On a vu que chaque enseignant dispose de plus d’un modèle grammatical et
recourt tantôt à un modèle, tantôt à l’autre, dans ses explications grammaticales.
Il ressort aussi des quelques exemples qui précèdent que les explications
grammaticales que reçoit l’apprenant de la part de l’enseignant sont parfois
sensiblement éloignées de la documentation écrite qu’il peut consulter sur le
même sujet. Tout se déroule de façon assez différente de ce qu’en disent la
plupart des grammairiens et didacticiens parce que, les grammairiens et les
linguistes d’une part, et les enseignants de langue d’autre part, n’ont pas les
mêmes buts: dans un cas, il s’agit de décrire la grammaire d’une langue, dans
l’autre, il s’agit de l’enseigner.
89
QUESTIONS ET EXERCICES
1. Lisez le texte suivant (J’ai passé une bonne soirée) extrait de la méthode de
français “Libre échange 1” :
a) À votre avis, quel problème grammatical sera abordé lors de cette leçon?
b) Proposez trois exercices grammaticaux à partir de ce dialogue. Parmi les
types d’exercices grammaticaux déjà présentés, lesquels sont les plus
appropriés pour cette leçon?
90
3. Complète les phrases avec le pronom interrogatif qui convient.
lequel, auquel, duquel
- … d’entre vous parle français ?
- Je connais deux Patrick: …est-il question ? … as-tu pensé ?
- Je prendrai l’autobus.
- Je visiterai l’exposition.
- J’inviterai quelques amis d’enfance.
7. A toi, maintenant !
A. Goûts et préférences
Interroge tes copains pour savoir leurs préférences sur : deux acteurs de
cinéma, deux sportifs célèbres, deux marques de voitures, deux styles de
musique, deux plats, deux pièces de vêtement, etc.
B. Invente trois phrases où tu emploies successivement les pronoms
interrogatifs : lequel, laquelle, lesquels, lesquelles.
Après avoir lu cette démarche didactique:
a) Identifiez les types d’exercices grammaticaux utilisés.
b) Quel est (Quels sont) le(s) type(s) dominant(s) ? Justifiez le choix des auteurs.
91
X. L’ENSEIGNEMENT DE L’ORTHOGRAPHE
ORTHOGRAPHE GRAMMATICALE
ORTHOGRAPHE D’USAGE
DICTÉE
Il n’est pas surprenant que les télévisions proposent tant de jeux qui
demandent aux participants des réponses concernant les formes et les sens des
mots français. L’orthographe française est un piège même pour les locuteurs
natifs. Par rapport au roumain, la principale difficulté de l’orthographe française
réside dans l’absence de la correspondance biunivoque phonème – graphème.
Cependant, les régularités existent dans le système orthographique français : en
tant qu’enseignant, il faut bien les connaître afin de les faire découvrir aux
apprenants. Certaines des formes « bizarres » des mots français sont faciles à
expliquer grâce aux règles morphologiques et syntaxiques ou grâce à
l’étymologie. Pour les nombreuses exceptions du français, l’enseignant doit
trouver des procédés mnémotechniques magiques qui aident l’apprenant à retenir
l’orthographe des mots, de façon durable. (Pour faire la distinction entre le
« pécheur » et le « pêcheur » on peut formuler une phrase du type « Le pêcheur
va à la pêche avec son petit chapeau », où le chapeau renvoie à l’accent
circonflexe.)
58
D. Roman (1994: 58-63).
92
b) une même graphie sert à noter des phonèmes différents ;
Exemple: la graphie c peut représenter les phonèmes:
- [k]: cave, tricoter, reculer;
- [s]: ceci, racine, cercle.
93
encore traditionnel, fondé sur la copie, sur la dictée et sur les exercices qui
forment la mémoire visuelle.
Dictée commentée:
“ Ta grand-mère va venir te voir”/…maman m’a dit ça…/ Ma grand-
mère?/ La mère de papa? /Est-ce possible? /Elle va venir pour de vrai?
/Elle ne vient jamais, elle est si loin…/ je ne me souviens pas du tout d’elle./
Je l’attends, je guette,/ j’écoute les pas dans l’escalier, sur le palier…/
voilà, c’est elle, on a sonné à la porte, /je veux me précipiter, on me
retient,/ attends, ne bouge pas…/ la porte de ma chambre s’ouvre,/ un
homme et une femme vêtus de blouses blanches me saisissent,/ on me prend
sur les genoux, /on me serre, je me débats, /on m’appuie sur la bouche, sur
le nez un morceau de ouate,/ un masque, d’où quelque chose d’atroce,
d’asphyxiant, se dégage,/ m’étouffe, m’emplit les poumons, monte dans ma
tête,/ mourir c’est ça, je meurs…”/ (Nathalie Sarraute, Enfance)
Commentaire:
Le texte étant assez difficile, on dictera les phrases par fragments, ce qui a
l’avantage de respecter le rythme du texte, où la ponctuation est abondante à
cause des énumérations.
Les difficultés du texte sont:
a) des difficultés d’orthographe grammaticale:
- le présent des verbes de troisième groupe: attendre, vouloir, retenir,
saisir, prendre, débattre, mourir;
94
- l’accord des adjectifs vêtu et blanche, car les apprenants doivent identifier
les deux pluriels exigeant les accords en question;
- le pluriel du substantif genou;
b) des difficultés d’orthographe d’usage:
- les mots ouate, asphyxiant;
- des mots présentant des consonnes doubles: guetter, attendre, appuyer,
étouffer.
59
D. Roman (1994: 83).
95
Exercice 2: Employez dans des phrases les mots ou expressions ci-dessous
de façon à faire apparaître la différence de sens correspondant à la
présence des traits d’union60:
Sur le champ, sur-le-champ/ pied à terre, pied-à-terre/ à côté, à-côté/petits
enfants, petits-enfants/ tête de loup, tête-de-loup/ sans façon, sans-façon.
d) jeux d’orthographe
Jeu 1: Cherchez les ânes. Tous les mots à retrouver se terminent par ANE.
Vous trouverez chaque fois une indication du lieu où l’objet a des chances
d’être vu. Ainsi: “dans une basse-cour” ce sera “cane” et “le long d’une
avenue” fait penser à “platane”61.
Dans une forêt où travaille un bûcheron
Dans une tasse
Sur un terrain d’aviation
Sur la route derrière une auto
Près d’une frontière
Dans un tuyau de réchaud
Solution: Cabane. Tisane. Aéroplane. Caravane. Douane. Butane.
Jeu 2: Doublez vite. Il y a plusieurs mots dont la seconde syllabe répète la
première: coucou, bonbon, etc. Cherchez vite les suivants dont voici la
définition et l’initiale62:
Petite pâtisserie: B… (Baba)
Fruit exotique d’un palmier: C… (Coco)
Danse à la mode en 1900: C… (Cancan)
Plat arabe: C… (Couscous)
Mouche dangereuse: T… (Tsé-tsé)
Voiture tirée par un homme en Asie: P… (Pousse-pousse)
60
Ibidem.
61
D. Roman (1994: 84).
62
Ibidem.
96
Jeu 3 : Trois mots sont renfermés dans le mot « persévérance ». Trouvez-
les et écrivez-les correctement. (perd – sévère – anse ; père – sève –
errance).
Jeu 4 : Trouve l’anagramme ou les anagrammes des mots suivants, en
écartant ou en ajoutant les accents convenables :
Argent (grenat) ; étrange (argenté) ; geler (léger) ; étang (ganté) ; etc.
QUESTIONS ET EXERCICES
“Dans les rues vides, il y a quelques enfants qui courent après un ballon
blanc et noir, il y a quelques femmes qui sont arrêtées au bord du trottoir, et
qui parlent. Parfois, il y a de la musique. Elle sort d’une fenêtre grande
ouverte malgré le vent froid: une musique lourde, aux accents traînants,
avec une drôle de voix aiguë qui chevrote interminablement, et les mains
des hommes qui applaudissent en cadence. Pour qui chante cette voix? Le
silence, au-delà, est si grand, si long! Le silence vient des montagnes rases,
dont la courbe se perd dans les nuages, le silence vient des routes, du lit du
fleuve sec, et, de l’autre côté, au loin, de la grande autoroute sur ses piliers
63
Exercice extrait de Activités en orthographe. Français 8e, Département de l’Instruction publique et des Cultes
du canton de Vaud.
97
géants. C’est un silence âpre et froid, un silence crissant de poussière de
ciment, épais comme la fumée sombre qui sort des cheminées de l’usine de
crémation. C’est un silence d’au-delà des grondements des moteurs. En haut
des collines, du côté du cimetière, il vit, ce silence, mêlé à l’odeur âcre de la
fumée de l’usine de crémation, et il descend lourdement sur le fond de la
vallée, sur les parkings des HLM, il va jusqu’au fond des caves sans
lumière.” (J.-M.G. Le Clézio, Ariane)
98
XI. L’ENSEIGNEMENT DU VOCABULAIRE
PRÉSENTATION
EXPLOITATION
FIXATION
ANALYSE SÉMIQUE
DICTIONNAIRE D’USAGE
DICTIONNAIRE ANALOGIQUE
99
des mots et de leur signification) à l’état actif supposant la manipulation
effective du vocabulaire dans la communication orale et écrite.
L’enseignement/apprentissage du vocabulaire commence d’habitude par
une conversation qui permette la réactualisation des connaissances antérieures et
l’introduction des nouveaux mots dans un contexte adéquat. La démarche
didactique sera adaptée en fonction du niveau d’étude et elle comprend, en
principe, trois étapes: la présentation du nouveau lexique (orale/écrite),
l’exploitation (orale, écrite) et la fixation (orale, écrite).
Le point de départ sera donc la perception auditive du mot inconnu, inséré
dans un syntagme ou dans une structure très courte, perception qui aura lieu (au
niveau des débutants enfants) après l’observation directe de l’objet, des
figurines, d’une diapositive, etc. L’enseignant doit synchroniser le geste, l’action
et la parole. Les lois qui gouvernent cette activité sont formulées par D. Roman
(1994 :89) de la façon suivante : l’image et le geste précèdent la parole; la parole
précède l’écrit; l’écrit précède la lecture.
Après la présentation orale des mots inconnus, il y aura la présentation
écrite en contexte. Cette présentation des mots en contexte est destinée à une
meilleure compréhension et fixation, de même qu’à l’accroissement du
rendement communicatif.
En ce qui concerne les principaux moyens de présentation des nouveaux
mots, on peut identifier deux catégories64 : les moyens visuels (figuratifs et
ostensibles) et les moyens linguistiques.
Les moyens figuratifs sont basés sur l’utilisation de l’image sous différentes
formes : illustrations, films, diapositives, figurines sur tableau de feutre, bande
dessinée, etc. Les moyens ostensibles se réfèrent à l’utilisation en classe d’objets,
d’actions et de situations. Ces moyens s’emploient souvent au niveau débutant,
lors de l’enseignement d’un vocabulaire concret.
Les moyens linguistiques peuvent être, au niveau débutant, associés aux
moyens visuels. Au niveau avancé, les moyens linguistiques remplacent peu à
peu les éléments figuratifs. Parmi les moyens linguistiques utilisés, nous citons le
contexte, la définition ou la périphrase, les antonymes, les synonymes, la
dérivation (à l’aide de suffixes et préfixes) et la composition, l’homonymie et la
polysémie, les champs lexicaux, les procédés différentiels (explication en langue
maternelle et traduction).
En ce qui concerne l’exploitation, elle se déroulera à l’aide des exercices
oraux et écrits. Il faut remarquer encore une fois que présentation et exploitation
peuvent être souvent associées: l’enseignant peut combiner l’observation de
l’image ou de l’objet avec des activités orales et écrites.
La fixation des mots nouveaux se fait toujours oralement et par écrit, ce qui
suppose la détermination plus exacte du sens dans de nouveaux contextes
(exercices de discrimination des sens, exercices à trous, etc.). Les principaux
exercices de fixation sont : la répétition, la lecture, la traduction (qui sont des
64
M. Mureşan (1987).
100
moyens classiques et traditionnels de fixation), les exercices structuraux (de
complétition, de substitution, de transformation), la microconversation. Ce n’est
qu’à la fin qu’on fait appel à la conversation fixative finale qui peut être soit
reproductive, donc portant sur le contenu du texte, soit productive, créative,
détachée du texte, introduisant le lexique étudié dans de nouveaux contextes.
101
XI.3. Les exercices lexicaux et sémantiques
102
Exercice: Classez en trois ensembles les noms communs qui vous sont
proposés selon qu’ils désignent un mensonge qui consiste: à se vanter (1);
à tromper (2); à dire du mal (3).
Une blague – un bobard – un boniment – une calomnie – un cancan – un
commérage – une fanfaronnade – une mystification – un ragot – une
supercherie – une vantardise
103
Exemple :
“- Qu’est-ce qu’on mange aujourd’hui ?
- Du poisson pané.
- Ah? Et comment on va le manger s’il est pas né ?”
Dans ce cas, on joue sur l’homophonie des expressions : pané et pas né.
2. la charade qui est une énigme dans laquelle on doit deviner un mot de
plusieurs syllabes, décomposé en parties
Exemple:
A Halloween mon premier vous est jeté.
J’utilise mon deuxième pour couper du bois.
En mathématiques mon troisième est la surface d’une forme.
Mon tout est un personnage maléfique.
Solution : la sorcière (sort + scie + aire)
3. les rébus qui sont des jeux d’esprit qui consistent à exprimer des mots
ou des phrases par des dessins ou des signes dont la lecture phonétique révèle ce
que l’on veut faire entendre.
Exemple:
Ga
Solution : J’ai grand appétit. (G grand, a petit)
4. les mots croisés: les mots fléchés sont souvent plus utiles dans la phase
d’apprentissage que les mots croisés, parce que les premiers font appel à la
synonymie et enrichissent sans doute plus le lexique que les pièges plus ou
moins répétitifs des mots croisés.
Exemples :
- Mots en carré
1. le 3ème jour de la semaine
2. prénom masculin
3. mammifère carnivore d’Amérique
4. tube électronique constitué d’une ampoule vide d’air (contenant cathode
et anode)
5. nous possédons ces caractères dès notre naissance
104
1 2 3 4 5
1
2
3
4
5
Solution : 1 mardi, 2 Alain, 3 raton, 4 diode, 5 innés
- Mots en escalier
1. 9ème lettre de l’alphabet
2. pronom personnel à la 3ème personne
3. espace de terre entouré d’eau
4. suite de personnes ou de choses placées les unes derrière les autres
5. personne de sexe féminin non mariée
6. cassure des couches géologiques à la surface de la terre
1
2
3
4
5
6
Solution : 1 i, 2 il, 3 île, 4 file, 5 fille, 6 faille
- Mots croisés
A B C D E F G
1
2
3
4
5
6
7
8
Horizontalement
1. les années bissextiles le font varier
2. une solide formation en est majeur
3 3. casse les marées et terrifie les marins
4. refuser un examen à un élève
5. mouvement armé irlandais (sigle)
6. appel à un combat singulier
8. ne penser qu’à soi
105
Verticalement
A autrefois ce mot s’employait comme synonyme d’usine
B tout vivant animé
C désigne entre des objets, celui qui est le plus grand – note de musique
D 3ème personne du singulier d’un verbe exprimant l’idée de “utiliser
des moyens détournés”
E nom des habitants d’un pays européen
F conducteur de la sensibilité et du mouvement
G depuis le 1. 04.’83, nous pouvons y prétendre dès 60 ans
5. les jeux d’énoncés tels que les proverbes: dans ce cas les élèves doivent
reconstruire ou compléter des proverbes
Exemple:
Complète les proverbes suivants:
L’avare amasse et garde et le … se frotte les mains.
L’avare, comme le chien de cuisine, tourne la broche pour …
L’avare se vole lui-même; le prodigue vole ses …
Il s’acharne plus sur un … que le diable sur une âme.
106
compréhension de plusieurs langues mène à la perception de plusieurs nuances
et, en fin de compte, à un haut degré de tolérance.
L. Wittgenstein l’a dit mieux que nous: les limites de notre langage
signifient les limites de notre propre monde. Notre univers est d’autant plus vaste
et plus varié que notre langage est riche.
Ces derniers temps, il y a beaucoup de Roumains qui émigrent au Canada,
en France ou en Belgique. Il y a aussi beaucoup de Roumains qui font des études
de langue française et qui enseignent le français. Il y en a d’autres qui travaillent
dans des entreprises franco-roumaines. Mais si l’on fait la somme des Roumains
énumérés jusqu’ici, le résultat ne sera pas égal à la somme des Roumains qui ont
appris et qui apprennent encore le français. Évidemment, l’enjeu identitaire n’est
pas le même pour les Roumains qui ont quitté la Roumanie et pour ceux qui y
sont restés. L’enjeu professionnel n’est pas le même pour ceux qui travaillent en
utilisant le français et pour ceux qui ne sont pas obligés de le faire. Cependant, ce
qui rapproche tous ces francophones (et, pour la plupart, francophiles) est qu’ils
entretiennent des rapports particuliers avec la culture française et qu’ils sont
marqués, modelés par ces rapports. Dans leurs efforts d’apprendre le français, les
Roumains évaluent, consciemment ou pas, leurs propres croyances,
comportements, représentations.
Nous pensons que l’enseignement d’une langue étrangère ne doit pas aller
dans un seul sens, dans notre cas du roumain vers le français. A notre avis, il faut
prendre en considération le fait que les exercices de langue française peuvent
contribuer à une revalorisation, à une meilleure compréhension du roumain et,
pourquoi pas, des Roumains par les Roumains mêmes.
Les professeurs, sans exagérer, doivent habituer les élèves et les étudiants
aux activités d’observation des ressemblances et des différences entre les
cultures. Il faut rappeler que la didactique du français comme langue étrangère
part de l’idée qu’une vraie compétence de communication implique l’acquisition
d’une compétence sémio-linguistique, d’une compétence référentielle, d’une
compétence discursive-textuelle, d’une compétence socio-pragmatique et d’une
compétence ethno-culturelle.
Apparemment, la dernière est la plus difficile à acquérir: elle devrait
permettre la compréhension des allusions, des implicites, de tout ce qui n’est pas
dit dans une conversation usuelle entre les natifs et qui unit cependant les
membres de la société dont on veut apprendre la langue. H. Boyer et all.66
considèrent que la compétence ethno-culturelle intègre au moins quatre
ensembles de représentations collectives:
- les représentations du patrimoine historico-culturel, les grandes
mythifications: les grandes œuvres, les grands artistes, les grands événements,
les “hauts lieux”, etc.;
66
H. Boyer et all. (1990: 73).
107
- les représentations du patrimoine national-identitaire: les emblèmes
(Marianne, le coq, l’hexagone, etc.) et les autres signes d’identité (mots, devises,
personnages, objets) ;
- les grandes images du vécu communautaire: de la vie, de la mort, de
l’argent, du corps, de la nature, les mythologies “populaires, etc.;
- les attitudes et évaluations plus ou moins dominantes, durant une certaine
période, sur le marché culturel, et dont la circulation est réglée pour une large
part par des “leaders d’opinion” avec la complicité des médias.
Louis Porcher67 parle lui-aussi d’une compétence culturelle qui peut se
décrire en quatre dimensions: la culture cultivée (la littérature par exemple), la
culture anthropologique (la manière de vivre), la culture médiatique et la culture
historique.
La voie la plus directe par laquelle nous pouvons accéder à la compétence
ethno-culturelle est la fréquentation des lieux où les représentations françaises
spécifiques sont évidentes. Les étrangers qui habitent la France ou les immigrés
se confrontent tous les jours au problème du décodage des implicites: les
conversations quotidiennes et l’assaut des messages médiatiques les obligent à
comparer, même sans s’en rendre compte, les stéréotypes de la culture française
et ceux de la culture maternelle. Pour les Roumains qui suivent des cours de
français en Roumanie, l’apprentissage du lexique est essentiel pour
l’acquisition de la compétence sémio-linguistique, mais constitue également
une étape importante dans le processus d’acquisition de la compétence
ethno-culturelle. Le lexique reflète la lutte permanente entre la tendance vers
l’homogénéisation des idées au nom de l’universalité et le désir de préserver les
identités culturelles.
D’après nous, les exercices lexicaux ne devraient pas se limiter à
l’introduction de nouveaux mots et à l’observation des relations existantes à
l’intérieur du lexique français. Ils devraient aller plus loin, ou plutôt revenir en
arrière, en réévaluant la façon dont la réalité est découpée par le lexique roumain.
Un rôle essentiel est joué par les mots à charge culturelle partagée, ces mots
ou groupes de mots qui sont plus que d’autres porteurs d’une implication
culturelle.
Afin d’exemplifier comment on peut revenir à la culture roumaine à partir
d’une activité de lexicologie française, nous reprenons un exercice extrait du
livre Grammaire. Les chemins de l’expression. Le lexique (1976). Le texte
support est un fragment de la “Promenade de Picasso” de J. Prévert:
Et la pomme en tournant évoque le pommier
Le paradis terrestre et Ève et puis Adam
l’arrosoir l’espalier Parmentier l’escalier
le Canada les Hespérides de Normandie la Reinette et l’Api
et le serpent du jeu de Paume le serment du jus de pomme
et le Péché originel
67
L. Porcher (1995: 66).
108
et les origines de l’art
et la Suisse avec Guillaume Tell
et même Isaac Newton
plusieurs fois primé à l’exposition de la gravitation
universelle . (Paroles, Gallimard)
La consigne proposée par les auteurs est la suivante: Élucidez le plus grand
nombre possible des allusions contenues dans ce passage et, ce faisant, montrez
que c’est le mot pomme qui a engendré les autres mots du texte. Comment s’est
fait le passage de serpent à serment, d’espalier à escalier?
Certainement, le but de l’exercice est de faire remarquer aux élèves les
relations paradigmatiques et syntagmatiques, formelles ou de sens, que le mot
pomme entretient avec les autres mots du texte et du lexique français en général:
a. Le mot pomme apparaît dans beaucoup de syntagmes fréquents et de
mots composés: pomme d’Api, pomme du Canada, pomme golden,
pomme d’amour, pomme de terre, pomme cannelle, pomme de
merveille, pomme épineuse, pomme de pin, pomme d’arrosoir, pomme
de laitue, pomme de terre, pomme d’escalier, et encore: jus de
pommes, gelée de pommes, pommes à cuire, pommes à cidre, pommes
vapeur, pommes boulangères. Pour chaque syntagme, les élèves
doivent comprendre le sens du mot pomme (“fruit du pommier”,
“pomme de terre”, “boule compacte de feuilles” ou “ornement en
forme de pomme”?).
b. Le mot pomme entre dans une relation d’hyponymie/hyperonymie avec
poire, abricot, pêche, etc. /fruit.
c. Il faut souligner aussi les paronymes: serment/serpent,
escalier/espalier.
d. Nous ne devons pas oublier les dérivés (ou la famille de mots):
pommier, pommé, pommelé, pommer, pommeraie, pommeté.
e. Les élèves devraient remarquer peut-être la relation parties-tout:
trognon, pépins, quartier.
f. Il y a des expressions utilisées fréquemment qui contiennent le mot
pomme: rond comme une pomme; jeter des pommes cuites à qqn.;
grand comme trois pommes; tomber dans les pommes; vert pomme.
g. Le champ sémantique de la pomiculture intègre d’autres mots liés à la
pomme: verger, espalier; cidre, calvados, etc.
h. La relation d’homophonie est évidente dès le texte de départ:
pomme/paume.
Mais l’objectif le plus important de cet exercice est de faire découvrir aux
élèves la charge culturelle des mots pomme et paume. Nous avons constaté que
les élèves ou les étudiants roumains comprennent vite la relation entre la pomme
et Ève, Isaac Newton ou Guillaume Tell. Par contre, ils ont des hésitations à
interpréter le vers: le serpent du jeu de Paume le serment du jus de pomme. Nous
devons profiter de ces hésitations afin de leur faire voir que les mots nous font
109
penser à des expériences, à des représentations connues à travers toutes (ou
presque toutes) les cultures ou, par contre, ils renvoient à des sens qui ne sont
compris que par les membres d’une certaine communauté. Le serment du Jeu de
Paume marque un événement important de l’histoire de la France, mal connu
quand même par les élèves roumains.
Ce que nous proposons est de continuer cet exercice, en introduisant
d’autres consignes:
1. Trouvez l’équivalent ou les équivalents des mots pomme et paume en
roumain.
2. Quelles sont les relations dans lesquelles peut entrer le mot măr à
l’intérieur du lexique roumain? (paronymie, hyponymie/hyperonymie,
parties/tout, famille de mots, relations syntagmatiques, etc.)
3. Comment traduisez-vous en roumain: pomme de discorde, pomme
d’Adam?
4. Comment traduisez-vous en roumain: haut comme trois pommes,
tomber dans les pommes ?
5. Pourquoi est-ce qu’on dit en roumain de florile mărului et en français
pour des prunes? Imaginez une réponse!
6. Quelles sont les œuvres littéraires qui vous viennent à l’esprit quand
vous dites măr?
7. Est-ce que vous connaissez des proverbes en français et en roumain qui
contiennent le mot pomme, respectivement măr? Donnez leurs
traductions en roumain/français.
En faisant parfois ce type d’exercice, nous contraignons nos élèves à
réfléchir sur les traits communs ou divergents de la culture française et de la
culture roumaine, tels qu’ils se reflètent dans les lexiques des deux langues. Par
exemple, quand nous disons măr, nous pouvons penser à Prîslea cel Voinic, à
Ileana cea Şireată, à Floare Albastră ou à Sorcova. Ces informations latentes
nous représentent et nous différencient des autres.
Il serait absurde que l’apprentissage du lexique français se transforme dans
une permanente analyse contrastive. Mais nous croyons qu’il serait utile de
proposer à nos élèves, de temps en temps, des activités de réflexion consciente,
qui mettent face à face les deux systèmes lexicaux et leurs implications
culturelles. L’importance de ces activités se manifeste à deux niveaux: un niveau
cognitif (l’enrichissement du savoir) et au niveau psychologique (la définition de
l’identité).
110
QUESTIONS ET EXERCICES
111
XII. L’ENSEIGNEMENT DE L’EXPRESSION ÉCRITE
TEXTE
COMPRÉHENSION ÉCRITE: LECTURE
PRODUCTION ÉCRITE
112
Tel que G. Vigner68 le soulignait, le texte écrit est vu maintenant comme
une forme particulière de communication. La spécificité de cette communication
est donnée par le fait qu’au moment de l’émission du message l’interlocuteur
auquel on s’adresse est absent (tandis que l’interlocuteur d’une communication
orale est présent). Cette absence du locuteur au moment même de la production
du message ne veut pas dire que celui-ci n’a pas de destinataire. Le destinataire
reste au centre des préoccupations du scripteur: seulement celui-ci va développer
des stratégies particulières afin d’assurer une bonne réception du message, de
limiter au maximum les pertes d’information et les erreurs d’interprétation.
Produire un texte écrit, ce sera formuler des hypothèses sur les conditions de
réception, prévoir les perturbations possibles et lever à l’avance les ambiguïtés
susceptibles de naître à sa lecture. Lire un texte écrit consistera enfin à
s’interroger sur le sens exact du message que l’on reçoit, sur les intentions de son
auteur. L’acte de lire représente, de ce point de vue, plus qu’un simple décodage
de signes graphiques, il représente aussi une réception et un décodage du
message et une construction (ou reconstruction) de sens à partir d’un texte.
68
Gérard Vigner (1979) : Lire: du texte au sens, CLE International.
113
(“dénoncer”, “proposer”, “faire appel”) et deviendra seulement un témoin de la
culture étrangère, un objet d’apprentissage à analyser.
2. Quand à l’utilisation des méthodes, il est assez difficile d’intégrer de pareils
livres au manuel à travailler. La solution la plus pratique serait de suivre le
manuel et de sélecter dans le livre choisi des thèmes qui seraient en relation avec
le sujet abordé dans le manuel, en choisissant, si possible, des types de textes
différents de ceux étudiés dans le manuel.
3. Les textes authentiques se rapportent à tout texte qui n’a pas été écrit dans le
but particulier d’apprendre la langue (publicités, articles de journal ou de
magazine, lettres, écrits administratifs, etc.). L’avantage de l’emploi des textes
authentiques est celui de mettre le lecteur en présence des textes qui représentent
des exemples “réels” de la manière dont on peut utiliser la langue. Un autre
avantage serait leur grande diversité: on peut trouver des textes authentiques
pour la majorité des situations. Il serait donc possible de construire un
programme d’enseignement entièrement basé sur des textes authentiques (et dans
ce cas il faudrait voir les observations faites à la rubrique “manuels”).
4. Un autre type de texte utilisé dans l’enseignement du français langue étrangère
est le texte authentique fabriqué: ce texte n’est pas authentique, mais il “imite”
un texte authentique dans le but d’aider les apprenants à surpasser les difficultés
de langue qui pourraient apparaître dans la lecture d’un texte authentique. Le
texte fabriqué peut être un texte qui respecte le sujet d’un texte authentique mais
utilise un langage simplifié ou un texte authentique proprement-dit mais qui a
été simplifié en remplaçant les mots ou les structures difficiles et en réorganisant
le texte. Les textes authentiques construits peuvent être très utiles, surtout
pendant les premières étapes d’apprentissage, quand les apprenants ne disposent
pas du bagage linguistique nécessaire pour aborder les textes authentiques – dans
ce cas, ils sont utilisés comme une méthode d’«entraînement» avant de
commencer la lecture des textes plus difficiles.
C. Tagliante69 propose une classification des types de lecture que nous
présentons dans le tableau suivant.
69
C. Tagliante (1994: 126-127).
114
brèves, articles nouveaux balayages, des noms propres
de presse cette fois à l’horizontale. Ces activités se
feront en un temps
limité et dans un
minimum de
temps selon la
longueur du
document: de 15
secondes à 1
minute
La Aller à Documents En quatre opérations par Faire souligner les
lecture l’essentiel courts: articles des balayages en mots de liaison et
écrémag Trouver les de presse, pages diagonale peu ouverte et les mots de
e mots-clés de littérature, à la verticale, et par des structuration.
significatifs recueils de textes balayages à l’horizontale Faire surligner les
de ce qui est courts sur les passages qui débuts et les fins
important, semblent intéressants. de paragraphes.
intéressant - Identification du texte Faire faire des
et/ou -Anticipation par hypothèses à partir
nouveau hypothèses sur le de la lecture du
Définir le contenu à l’aide des titre et des
type de texte titres, intertitres, intertitres.
et sa paragraphes et Même chose pour
fonction typographie. les chapeaux.
-Repérage des mots-clés Faire localiser les
à l’aide des débuts de mots clés à partir
paragraphes, des mots des hypothèses sur
de liaison et des le contenu.
marqueurs de cohésion, Ces activités se
des articulateurs. feront en temps
-Vérification des limité mais
hypothèses par suffisant à la
reformulation des mots réalisation des
clés et reconstitution du quatre opérations.
sens global.
La Comprendre Des documents Identifier l’objet à lire Une visite du
lecture l’intérêt longs par son auteur, le titre, Centre de
“survol” global d’un - un ou plusieurs les illustrations, documentation
texte long ou ouvrages l’éditeur, la collection, pour une première
d’un ouvrage d’information ou la date de parution, le approche des
Dégager de réflexion; format, la typographie, objets à lire
l’idée - un ou plusieurs etc. (ouvrages,
directrice, journaux ou Identifier l’idée encyclopédies,
l’enchaînem revues, directrice par les revues)
ent des - un rapport, informations données Une explication
idées, le plan - un mémoire par la quatrième de détaillée du
suivi, la couverture, le sommaire, fonctionnement
115
structure les têtes de chapitres, la d’un ouvrage.
d’ensemble préface, l’index, etc. Des lectures
Sélectionner Anticiper en faisant des “survol” de
les passages hypothèses sur le magazines adaptés
intéressants contenu et en pratiquant aux motivations
Éliminer les la lecture écrémage dans des apprenants.
détails l’introduction, la Des études de
L’objectif conclusion et de brefs sommaires et des
final est de extraits. articles longs.
démystifier Prendre des notes des Des études de
les objets à idées clés et de la façon dossiers
lire par une dont elles sont traitées. thématiques
pratique de Vérifier ses hypothèses composés de
leur en lisant quelques différents objets à
manipulation passages choisis. lire sur un même
Décider de l’intérêt de sujet, etc.
l’ouvrage.
La Réfléchir Tous documents Après une lecture Établir la liste des
lecture Analyser en longs. “survol”, recherche des points à
approfon détail Texte littéraire passages à approfondir. approfondir.
dissemen Mémoriser intégral. Reformulation du Rechercher et faire
t thème, des idées et de justifier des idées
leur enchaînement. émises.
Questionnement du Rechercher des
texte, analyse fine et réponses précises
détaillée. aux questions.
Structurer les
informations pour
les rendre
cohérentes.
La Pour se faire Ce qui plaît le Lecture linéaire Prêter ou offrir des
lecture plaisir plus. poursuivie ou revues, des
de loisir abandonnée selon ouvrages, à ceux
et de l’intérêt qu’on y trouve. qui les aiment.
détente
70
Cf. F. Crépin; M. Loridon; E. Poulzagues-Damon (1992): Français – Méthodes et techniques,
Editions Nathan, Paris.
116
Textes à dominante narrative: reportages, romans, souvenirs, fait divers,
comptes-rendus, rapports d’enquêtes, etc.
Exemples de consignes exigeant la construction d’un texte narratif:
1. Imaginez une petite histoire ayant comme point de départ un dicton
français sur l’amitié. (25 - 30 lignes)
2. Rédigez une brève sur une course automobile – Formule 1 ou rallye.
3. Si vous habitez à la campagne, racontez un beau souvenir de votre
enfance. (20 lignes)
71
Voir les exercices proposés pour la description et le portrait.
117
peut se construire tout entier comme une réponse organisée en fonction des
arguments de la partie adverse.
Textes à dominante argumentative: communications scientifiques, cours,
lettres professionnelles, etc.
Exemples de consignes72
On observe que les types de textes sur lesquels peuvent porter les exercices
d’expression écrite (compréhension et rédaction) sont très divers. Nous avons
cité seulement quelques exemples possibles, mais la liste peut continuer: si l’on
se propose de travailler les différents types de textes rencontrés dans la presse
écrite, nous pouvons travailler sur le fait divers, le reportage et la publicité (que
nous venons de mentionner), mais aussi sur les petites annonces, les bandes
dessinées, les bulletins, les interviews, les mondanités, etc.
D’autres types de textes qu’on peut exploiter en classe avec les élèves: le
télégramme, la lettre (d’amour, de recommandation, de faire-part, d’offre, de
demande, etc.), le curriculum vitae, le billet, la chanson.
1. Le résumé
L’étude du texte à résumer doit précéder la rédaction du résumé. Étant
donné que la plupart des extraits à résumer sont didactiques, il faut réussir tout
72
Voir les exercices proposés pour l’argumentation écrite.
118
d’abord à déceler leur structure logique (qui sera mise en évidence par la suite,
lors de la rédaction du résumé). Il faut donc voir d’abord quels sont les thèmes
rencontrés, quel est le ton dominant et l’intention de l’auteur. Enfin, il faut
analyser le déroulement du texte, la manière dont l’auteur développe ses idées,
avec insistance sur les liens logiques entre les unités de sens. Finalement, il faut
rédiger le résumé en respectant les règles suivantes: le texte doit être réduit à un
quart de la longueur initiale, il ne faut pas changer le système d’énonciation (si le
texte est écrit à la première personne, le résumé sera rédigé aussi à cette
personne), il ne faut pas reprendre les phrases du texte, mais les reformuler avec
ses propres mots, sans déformer pourtant les idées essentielles du texte; il faut
respecter aussi leur enchaînement et ne pas ajouter de commentaire personnel.
1. La description
La pratique de l’exercice de description habitue les apprenants à bien
ordonner leurs idées et à utiliser un vocabulaire soigné, approprié, voire
pittoresque. La pratique proprement-dite de cet exercice d’expression écrite doit
être précédée d’exercices de vocabulaire d’une construction spéciale, qui
habituent les élèves à observer et à rendre leurs sensations d’une manière exacte;
ces exercices précisent le vocabulaire des sensations visuelles, tactiles, gustatives
et olfactives. Une autre catégorie d’exercices qui accompagnent l’exercice de
description est formée d’exercices qui font saisir les réflexions et les émotions du
scripteur devant ce qu’il voit, étant donné qu’une description doit traduire une
vision personnelle des choses décrites.
Exemples de consignes:
a) Décrivez en un paragraphe:
- un coucher de soleil à la mer;
- l’arrivée d’un train dans la gare de Suceava;
- le jardin de vos grands-parents.
b) Un nouveau camarade arrive dans ta classe. Fais-lui une courte
présentation de ton école. (20 lignes)
c) Vous faites un voyage en France. Vous traversez plusieurs régions.
Décrivez-les tout en tenant compte de leurs caractéristiques climatiques.
2. Le portrait
Fréquemment rencontré dans maintes catégories de textes, le portrait
présente un grand intérêt grâce à son organisation lexico-syntaxique et textuelle.
Le portrait doit comprendre aussi bien des détails physionomiques, corporels,
vestimentaires que des détails qui tiennent de la gestuelle, des manies, des tics,
etc. Ces détails doivent être présentés à l’aide de verbes expressifs, en évitant
l’emploi abusif des verbes être et avoir. Les élèves doivent aussi faire attention
au fait que, dans un portrait, tout comme dans une description d’objets, les
informations concernant la personne décrite ne sont pas distribuées au hasard, ne
119
peuvent se résumer à une simple énumération, mais s’organisent suivant une
logique précise.
Exemples de consignes:
a) Faites le portrait moral d’un personnage: le timide, l’imprudent,
l’étourdi, etc. (15 – 20 lignes)
b) Vous voyagez en train, accompagné par plusieurs personnes. Faites le
portrait de vos compagnons de voyage. (20 – 25 lignes)
5. L’argumentation écrite
Le but de cet exercice est d’habituer les élèves à défendre une prise de
position, à enchaîner leurs idées pour convaincre un interlocuteur de la justesse
de leurs opinions. Étant donné la diversité des stratégies que l’on peut adopter
lors de la rédaction d’une argumentation, l’organisation des idées dans un plan
de travail est indispensable. Lors de l’élaboration de ce plan, il est indiqué que
les élèves, après avoir mis sur une feuille de papier toutes les idées qui leur
passent par la tête à propos du sujet donné, groupent les idées qu’ils considèrent
principales (ou directrices) et les idées secondaires, tout en cherchant des
exemples suggestifs; il est aussi très important de préparer les transitions73 entre
les différents parties et paragraphes de l’argumentation, en veillant à ce qu’il
existe, clairement délimités, une introduction (annonçant la problématique et le
plan du corps/développement de l’argumentation), un développement (pouvant
se subdiviser en plusieurs parties) et une conclusion (devant synthétiser le
développement).
Exemples de consignes:
73
Voilà quelques “connecteurs” permettant d’articuler une argumentation:
- l’addition: et, puis, aussi, également, ainsi que, de plus, en outre, par ailleurs, en même temps
- l’énumération: d’une part, … d’autre part; d’un côté … d’un autre, d’abord … puis … enfin
- l’analogie ou la comparaison: ainsi, pareillement, de la même façon/manière, comme, semblable à
- la précision: quant à, en ce qui concerne, dans le cas où, voire, dans ce sens que
- la cause: c’est-à-dire, car, en effet, à cause de, en raison de, puisque, parce que, étant donné, vu
que
- la conséquence: donc, ainsi, aussi, par conséquent, c’est pourquoi, de sorte que, d’où, si bien que
- l’opposition: mais, or, au contraire, en fait, en réalité, en revanche, en dépit de, tandis que, bien que
- la restriction ou la nuance: mais, cependant, pourtant, néanmoins, toutefois, sauf, excepté,
- le but: à cet effet, en vue de, afin de, pour, dans le but/objectif de, afin que, pour que
- l’insistance: même, d’autant plus que, non seulement … mais encore, mais aussi, sans compter
- la confirmation: ainsi, de même, d’ailleurs, pour confirmer, pour aller plus loin, du reste, pour cela
120
1. Dans un développement de 15 – 20 lignes présentez les excès et les
dangers de la télévision, ainsi que ses atouts.
2. Pour défendre la TV présentez (en 15 lignes)
- votre thèse
- des arguments
- des exemples.
3. Commentez, par écrit, l’affirmation suivante: “Où il n’y a pas
communion d’idées règne le malaise”.
121
La liste des images authentiques pouvant être utilisées en classe de langue
est très longue74:
- schémas, graphiques, tableaux, plans de villes et de quartiers;
- reproductions de peintures, sculptures, photographies;
- cartes postales actuelles et anciennes;
- affiches;
- photographies illustrant des titres ou des articles de journaux, photographies
d’art;
- annonces publicitaires;
- bandes dessinées, photo-romans, vignettes, dessins humoristiques, etc.
74
Cf. C. Tagliante (1994: 165).
75
Idem: 166.
122
lecteur), les symboles, les indices (qui renvoient à des choses qui ne sont pas
présentes à l’image sans être pour autant moins prévisibles – comme la présence
d’un requin à côté d’un nageur fait parler d’une possible tragédie).
Au cas où l’image est accompagnée par un texte écrit, on va observer aussi
l’«image du texte», c’est-à-dire sa calligraphie, sa ponctuation, sa disposition sur
la page. Comme le texte et l’image s’illustrent et se complètent l’un l’autre, on
cherchera dans le texte les informations qui confirment le message délivré par
l’image, mais aussi des informations supplémentaires sur les lieux, les
personnages présentés, etc.
Exemples d’exercices76:
1. Étudiez la composition de cette photographie présentant “Le déjeuner”
de Claude Monet. Distinguez les différents plans (premier-plan, le second,
le troisième, l’arrière plan) et décrivez les objets qui y sont représentés.
2. Observez cette caricature. Analysez les trois plans, les couleurs, les
lignes. Décrivez l’expression des personnages.
3. Reconstituez l’histoire racontée par la bande dessinée ci-dessous.
QUESTIONS ET EXERCICES
123
Maintenant, les autres vous rient au nez. Vous l’avez dit un jour: notre
France est devenue une puissance moyenne. C’est dur, n’est-ce pas?
Désormais, nous souhaitons juste vous voir régler quelques grands
problèmes. Sur l’Algérie, vous avez un peu menti, mais vous étiez parfait.
La décentralisation, en 1969, c’était raté, mais vous vous êtes bien ressaisi
treize ans plus tard. L’Europe? Ça, ça paraît vous plaire: de 1960 à 1993
vous n’avez pas arrêté. Sans nous convaincre tous. Aujourd’hui, il faudrait
moderniser et réformer le pays: là, excusez ma familiarité, vous avez un peu
roupillé. En résumé: soyez plus simple, faites-nous rêver.
(L’Express International, nr.2184, 20 mai 1993)
5. Voici ci-dessous un texte qui exprime très bien le fait que toute rédaction est
le résultat d’une suite de choix. À partir de ce modèle, créez un texte-matrice
qui offre à vos élèves la possibilité de rédiger plusieurs lettres d’amour en
employant la même structure.
124
Si celle-ci vous convient, passez à 5.
5. Ils ne rêvaient pas. Ces petits êtres en effet ne rêvent jamais.
Si vous préférez qu’ils rêvent, passez à 6.
Sinon, passez à 7.
6. Ils rêvaient. Ces petits êtres en effet rêvent toujours et leurs nuits
secrètent des songes charmants.
Si vous désirez connaître ces songes, passez à 11.
Si vous n’y tenez pas, vous passez à 7.
7. Leurs pieds mignons trempaient dans de chaudes chaussures et ils
portaient au lit des gants de velours noir.
Si vous préférez des gants d’une autre couleur, passez à 8.
Si cette couleur vous convient, passez à 10.
8. Ils portaient au lit des gants de velours bleu.
Si vous préférez des gants d’une autre couleur, passez à 7.
Si cette couleur vous convient, passez à 10.
9. Il y avait une fois trois petits pois qui roulaient leur bosse sur les grands
chemins. Le soir venu, fatigués et las, ils s’endormaient très rapidement.
Si vous désirez connaître la suite, passez à 5.
Si non, passez à 21.
10.Tous les trois faisaient le même rêve, ils s’aimaient en effet tendrement
et, en bons fiers trumeaux, songeaient toujours semblablement.
Si vous désirez connaître leur rêve, passez à 11.
Si non, passez à 12.
11.Ils rêvaient qu’ils allaient chercher leur soupe à la cantine populaire et
qu’en ouvrant leur gamelle ils découvraient que c’était de la soupe d’ers.
D’horreur, ils s’éveillent.
Si vous voulez savoir pourquoi ils s’éveillent d’horreur,
consultez le Larousse au mot «ers» et n’en parlons plus.
Si vous jugez inutile d’approfondir la question, passez à 12.
12.Opopoï! s’écrient-ils en ouvrant les yeux. Opopoï! Quel songe avons-
nous enfanté là! Mauvais présage, dit le premier. Ouida, dit le second,
c’est bien vrai, me voilà triste. Ne vous troublez pas ainsi, dit le
troisième qui était le plus futé, il ne s’agit pas de s’émouvoir, mais de
comprendre, bref, je m’en vais vous analyser ça.
Si vous désirez connaître tout de suite l’interprétation de ce
songe, passez à 15.
Si vous souhaitez au contraire connaître les réactions des
deux autres, passez à 13.
13.Tu nous la bailles belle, dit le premier. Depuis quand sais-tu analyser les
songes? Oui, depuis quand? ajouta le second.
Si vous désirez savoir depuis quand, passez à 14.
Si non, passez à 14 tout de même, car vous n’en saurez pas
plus.
125
14.Depuis quand? s’écria le troisième. Est-ce que je sais, moi! Le fait est
que je pratique la chose. Vous allez voir!
Si vous voulez aussi voir, passez à 15.
Si non, passez également à 15, car vous ne verrez rien.
15.Eh bien, voyons, dirent ses frères. Votre ironie ne me plaît pas, répliqua
l’autre, et vous ne saurez rien. D’ailleurs, au cours de cette conversation
d’un ton assez vif, votre sentiment d’horreur ne s’est-il pas estompé?
effacé même? Alors à quoi bon remuer le barbier de votre inconscient de
papilionacées? Allons plutôt nous laver à la fontaine et saluer ce gai
matin dans l’hygiène et la sainte euphorie! Aussitôt dit, aussitôt fait: les
voilà qui se glissent hors de leur cosse, se laissent doucement sur le sol
et puis au petit trot gagnent joyeusement le théâtre de leurs ablutions.
Si vous désirez savoir ce qui se passe sur le théâtre de leurs
ablutions, passez à 16.
Si vous ne le désirez pas, passez à 21.
16.Trois grands échalas les regardaient faire.
Si les trois grands échalas vous déplaisent, passez à 21.
S’ils vous conviennent, passez à 18.
126
XIII. L’ENSEIGNEMENT DE L’EXPRESSION ORALE
ACTE DE PAROLE
FOND : IDÉES, STRUCTURATION, LANGAGE
FORME : VOIX, GESTES, REGARD
127
lexical minimum ainsi que des habitudes de parole suffisantes pour pouvoir
former des propositions correctes et les prononcer à un rythme normal.
Les thèmes des premières conversations font partie de l’univers familier de
l’enfant: la classe, la famille, le jardin, etc., toutes les leçons d’expression orale à
ce niveau prenant appui sur l’observation active de la part de l’apprenant (qui
sera mis en situation d’observer, de comparer, de lire, d’écouter des choses qui
éveillent sa curiosité, son intérêt, et qui éveilleront en lui aussi le besoin de
s’exprimer).
Pour mieux illustrer nos affirmations, nous présentons ci-dessous quelques
thèmes de conversation avec les objectifs de la communication correspondants,
tels que nous les avons extraits d’un manuel de français pour la première année
d’étude77.
128
aménagement de l’habitat et les objets domestiques, propose comme point de
départ pour les différentes activités d’expression orale les documents suivants :
un texte construit (avec des images pour illustrer une partie du nouveau lexique),
une conversation authentique entre trois Français qui décrivent leurs logements,
trois petites annonces avec des offres de logements, deux images qui présentent
deux bâtiments français et un texte littéraire authentique (un extrait de La Fugue
du Petit Poucet, d’après Michel Tournier).
La conversation portera sur des problèmes de grammaire, de lexique, de
civilisation.
À ce niveau on peut utiliser aussi des jeux et des divertissements du
langage dont nous présentons ici quelques suggestions79:
79
Modèles de jeux extraits de D. Roman (1994).
129
l’avance afin qu’ils aient suffisamment de temps pour s’y préparer. L’enseignant
peut suggérer des livres à consulter : ceux-ci aideront les élèves à approfondir
certains aspects du problème à discuter, en fournissant diverses perspectives sur
le même sujet. (Si le sujet de discussion est la famille, plusieurs directions
peuvent être suivies : la relation parents-enfants, la violence en famille, les
familles recomposées, etc.)
En ce qui concerne le point de départ d’une conversation à niveau avancé, il
peut être représenté par: un texte du manuel, un livre, une enquête, une/des
publicités, un article de journal, etc.
Voilà quelques possibles activités d’expression orale au niveau avancé, telles
que nous les avons trouvées dans quelques manuels de lycée80 :
130
situation de communication pourrait avoir comme point de départ la grille
suivante :
82
Apud V. Dospinescu (2002).
131
censé rencontrer dans la vie de tous les jours. Elle assure à l’apprenant une
grande autonomie communicative et interactive.
La simulation est fonctionnelle quand elle met en scène des discours
prévisibles, faits de beaucoup de stéréotypes, permettant de répondre à des
besoins langagiers ponctuels et projective quand elle met en scène des
situations qui ne reflètent pas les besoins pratiques des apprenants, mais des
sujets imprévisibles, qui les font rêver et qui engagent leur fantaisie, leur
sensibilité.
Exemple de consigne :
1. Mise en situation :
Vous êtes en avion. Vous survolez la montagne. On annonce un orage. Tout
le monde est agité. Une vieille dame se trouve mal. Une jeune fille a très
peur. L’hôtesse de l’air accorde ses soins. Le commandant de bord rassure
les voyageurs. Vous essayez de vous rendre utiles.
Choisissez les rôles et jouez la scène.
- le jeu de rôle proprement-dit consiste à faire jouer aux apprenants des rôles
dans lesquels les apprenants doivent faire semblant d’être des personnages
dont ils doivent assumer la psychologie et le statut social et inventer le
discours.
Exemple de consigne :
1. Vous êtes en train de regarder à la télé la course de 24 heures du Mans ;
votre sœur veut regarder sa série préférée. Essayez de la convaincre à
renoncer en votre faveur.
Un cas particulier est le jeu de rôles sur canevas qui consiste à faire
réutiliser des éléments linguistiques et communicatifs que les apprenants ont déjà
appris. Le canevas du jeu consiste dans la présentation de la séquence d’actes, de
la situation de communication et des rôles et il sert à faire éviter aux apprenants
de dépasser les limites/contraintes fixés au départ.
Exemple de consigne:
1. Deux jeunes motocyclistes, sans casque, sont arrêtés par un agent de ville.
- l’agent de ville donne un coup de sifflet;
- la moto s’arrête;
- l’agent salue les jeunes sur la moto et il leur fait remarquer qu’ils
ne portent pas de casque;
- les jeunes expliquent que les casques sont dans le porte-bagages;
- l’agent dit que le port du casque est obligatoire;
- les jeunes justifient leur comportement comme ils peuvent;
- l’agent donne ou ne donne pas de contravention.
132
L’utilisation de ce type d’activités (simulations, jeux de rôles) en classe de
langue n’est pas toujours facile, étant donné une certaine tradition scolaire qui
fait que, en Roumanie, l’enseignement soit centré plutôt sur l’enseignant que sur
les apprenants. Dans le cas de ces activités, l’enseignant doit, au contraire, savoir
s’effacer, tout en guidant et observant le déroulement du jeu de rôles ou de la
simulation. Il ne doit oublier non plus que ces exercices favorisent l’expression
libre et l’accent sera mis sur la transmission du message plutôt que sur la forme.
Pour conclure, maîtriser la compétence de communication orale, c’est
dominer les paramètres suivants83 :
Le fond
les idées: il faut avoir un objectif clair de ce que l’on va dire et exprimer ses
idées clairement, en adaptant le contenu du message à son destinataire (âge,
statut social);
la structuration: les idées doivent s’enchaîner de façon logique, en les
illustrant avec des exemples concrets, des métaphores, etc.;
le langage: dans une communication, il est important de se faire comprendre
et d’exprimer ce que l’on veut réellement dire, c’est pourquoi il faut utiliser
un langage adéquat.
La forme
l’attitude, les gestes: on se fait mieux comprendre si on est détendu et
souriant, et on illustre nos paroles avec des gestes naturellement adaptés;
la voix: le volume de la voix doit être adapté à la distance par rapport à son
interlocuteur, l’intonation doit être expressive et significative;
le regard, les silences: le regard établit et maintient le contact. Les pauses et
les silences sont généralement significatifs du cheminement de la réflexion.
En d’autres mots, la compétence d’expression orale exige aussi bien la
maîtrise du matériel verbal (unités phonologiques, lexicales, morphosyntaxiques)
que la maîtrise du matériel paraverbal (intonations, pauses, intensité articulatoire,
débit, caractéristiques de la voix) et du matériel non-verbal (apparence physique
et cinétique des participants à la conversation)84.
83
C. Tagliante (1994).
84
Pour des détails, veuillez consulter C. Kerbrat-Orecchioni (1996): La conversation, Seuil.
133
QUESTIONS ET EXERCICES
La vérité, là, tout simplement, la librairie souffre d’une très grave crise de
mévente. Allez pas croire un seul zéro de tous ces prétendus tirages à
100000! 40000! et même 400 exemplaires!... attrape-gogos! Alas!...Alas!...
seule la “presse du cœur”... et encore!... se défend pas trop mal... et un peu
la “série noire”... et la “blême”... En vérité, on ne vend plus rien... c’est
grave!... le Cinéma, la télévision, les articles de ménage, le scooter, l’auto à
2, 4, 6 chevaux, font un tort énorme au livre... tout “vente à tempérament”,
vous pensez! et les “week-ends”!... et ces bonnes vacances bi!
trimensuelles!...et les Croisières Lololulu!... salut, petits budgets!... voyez
dettes!... plus un fifrelin disponible!... alors n’est-ce pas, acheter un livre!...
une roulotte? encore!... mais un livre?... l’objet empruntable entre tous!... un
livre est lu, c’est entendu, par au moins vingt... vingt-cinq lecteurs... ah, si le
pain ou le jambon, mettons, pouvaient aussi bien régaler, une seule tranche!
vingt... vingt-cinq consommateurs! quelle aubaine!... le miracle de la
multiplication des pains vous laisse rêveur, mais le miracle de la
multiplication des livres, et par conséquent de la gratuité du travail de
l’écrivain est un fait bien acquis. Ce miracle a lieu, le plus tranquillement du
monde, à la “foire d’empoigne”, ou avec quelques façons, par les cabinets
de lecture, etc..., etc...”
(Louis-Ferdinand Céline: Entretiens avec le Professeur Y, Paris, Gallimard, 1955,
renouvelé en 1983, p.9-10)
a)
Le Nouvel Observateur: – De quoi est fait le malaise des
enseignants?
Annie Cordié: – D’inquiétude, de solitude, de ras-le-bol aussi, de leur
impuissance à satisfaire tout le monde, à répondre à toutes les attentes de la
société, de l’institution, des parents, des élèves. Ils ont une haute idée de
leur fonction et s’identifient à elle: ils pensent qu’ils ont une image à
préserver, des valeurs à transmettre; cela les amène à avoir des réactions de
134
prestance qui les rendent vulnérables à l’agression des élèves. Or les élèves
ne sont plus ce qu’ils étaient. Par leurs attitudes, ils mettent plus souvent en
question leurs professeurs que jadis.
N.O.: – Est-ce le métier qui les fait parfois craquer?
A.Cordié: – Ce n’est pas le métier qui les rend malades, mais la façon de le
vivre. Un enseignant, c’est comme un médecin: il ne doit pas se tromper! Il
lui est difficile de comprendre que, s’il est en difficulté, cela ne vient pas
fondamentalement de son environnement, aussi complexe soit-il, mais peut-
être de lui-même, de sa façon d’appréhender les choses. C’est parce qu’ils
s’identifient trop à leur fonction que tant de professeurs se croient agressés
personnellement: ils ne comprennent pas que l’élève violent ne s’adresse
pas forcément à leur personne mais, à travers eux, à la société tout entière
ou à ses propres parents.
b)
PENSEZ SCOTCH
Rien de plus vilain qu’une silhouette dos bombé – poitrine creusée.
Pour penser à se redresser tout au long de la journée, voici un “truc”
mnémotechnique radical, proposé par Thomas Holsnyder, kinésithérapeute:
imaginez qu’un morceau de scotch rapproche vos deux omoplates. Si vous
vous relâchez, le sparadrap se décollera aussitôt!
(ELLE, octobre 1993)
135
XIV. L’ÉVALUATION
ÉVALUATION FORMATIVE
PRONOSTIC
DIAGNOSTIC
INVENTAIRE
ÉVALUATION INITIALE/CONTINUE/FINALE
ÉVALUATION INTERNE/EXTERNE/AUTO-ÉVALUATION
OBJECTIFS OPÉRATIONNELS
OUTILS D’ÉVALUATION
136
l’élève à atteindre l’objectif proposé, ils vont influencer sa démarche
pédagogique et l’organisation du cursus.
En ce qui concerne le type d’épreuve utilisée dans le cas de cette évaluation
initiale, il s’agira souvent des tests de niveaux et des tests d’aptitudes
standardisés, c’est-à-dire des épreuves élaborées une fois pour toutes et que l’on
fera passer à un grand nombre de candidats, à chaque début de cycle.
2. Le diagnostic – cette évaluation se fait après l’évaluation pronostique,
tout au long du cursus de formation. Elle permettra de vérifier, étape par étape, si
les objectifs proposés pour un certain point du cursus sont atteints. Cette
vérification aidera l’enseignant à réguler son enseignement : il sera obligé parfois
de revenir en arrière, de changer de tactique, etc. Elle représente donc aussi bien
une aide à l’apprentissage et une amélioration des pratiques pédagogiques.
Cette évaluation continue se fait à l’aide de tests fréquents, souvent appelés
tests progrès qui n’ont pas le but de comparer un élève à un autre, mais plutôt de
voir si l’élève maîtrise un savoir particulier et s’il est en mesure de passer à
d’autres apprentissages.
3. L’inventaire – c’est une évaluation bilan, qui teste les connaissances de
fin d’apprentissage, en évaluant des savoirs et des savoir-faire qui entrent en jeu
dans la mise en forme des savoirs. Le baccalauréat est un exemple d’évaluation-
inventaire, avec la remarque que cette évaluation est finale, mais elle peut
représenter en même temps une évaluation initiale, préalable à un concours
d’entrée à l’université, par exemple.
Dans le cas de cette évaluation finale, les épreuves ne sont pas toujours
élaborées par l’enseignant. Elles peuvent être réalisées soit par l’institution, soit
par un groupe de travail extérieur. Elles sont alors normatives (sans réelle valeur
pédagogique), sommatives et standardisées (tirées à un grand nombre
d’exemplaires). Par contre, si c’est l’enseignant qui élabore ces tests finaux, en
les considérant comme la troisième étape d’une évaluation formative, il veillera à
ce qu’ils soient représentatifs de la séquence d’apprentissage ou de la totalité du
programme de formation.
Le passage en revue de ces trois fonctions de l’évaluation nous aide en fait à
répondre très facilement à la question suivante, sur le moment de l’évaluation.
On distingue ainsi trois types d’évaluation : une évaluation initiale, qui se fait
avant le cursus de formation (évaluation-pronostic), une évaluation continue,
effectuée tout au long du cursus (évaluation diagnostic) et une évaluation finale
faite à la fin du cursus (évaluation inventaire).
Un autre critère de classement de l’évaluation se rapporte à la personne qui
fait cette évaluation : si l’évaluation est réalisée par la même personne qui
s’occupe du processus d’enseignement (le professeur), elle est interne. Si
l’évaluation est réalisée par une personne ou une institution en dehors de l’école,
elle est externe. Au cas où l’évaluation est faite par celui qui apprend (l’élève),
elle est appelée auto-évaluation. L’auto-évaluation est très importante dans la
137
mesure où elle favorise la discussion entre l’apprenant et l’enseignant, ce dernier
confirmant ou infirmant l’information donnée par l’apprenant.
Finalement, il faut prendre en compte la personne sur laquelle est centrée
chaque fonction de l’évaluation. L’évaluation pronostique est centrée plutôt sur
l’élève, qui est le premier intéressé à son orientation (quoique la structure du
cursus d’enseignement en dépende aussi); l’évaluation-diagnostic est centrée
aussi bien sur l’élève que sur l’enseignant, puisque cette évaluation va lui
permettre de réguler son enseignement afin de rendre l’apprentissage plus
performant ; enfin, l’évaluation-inventaire est centrée uniquement sur l’élève qui
reçoit (ou non) une certification souvent importante pour son avenir
professionnel et social.
85
Exemple offert par C. Tagliante (1991).
138
Il ne restera plus, au moment du test, qu’à transformer cet objectif opérationnel
en consigne.
139
- la variable de “débordement”: une copie moyenne mais pleine de fautes
d’orthographe, par exemple, peut faire déborder le vase et obtenir une
mauvaise note
- la mesure de l’écart-type: sur une échelle de notation de 1 à 10, tel
professeur n’utilise que les notes de 3 à 8, son écart-type étant dans ce cas de
5 points
- l’évaluation extérieure: il s’agit de la réputation de l’enseignant qui sera
qualifié de “bon” ou “mauvais”, parfois en fonction des notes accordées aux
élèves. C’est ainsi qu’il arrive que les enseignants mettent peu de mauvaises
et de très bonnes notes et beaucoup de notes moyennes.
140
a. le viaduc b. la flèche c. l’ossature
Il a construit … ponts métalliques.
a. 31 b. 42 c. 15
Le projet de la tour est présenté en …
a. 1832 b. 1886 c. 1889
- Le texte lacunaire, qui est, de tous les outils d’évaluation, le plus employé en
langue vivante pour tester les savoirs de type linguistique. Il présente
l’avantage d’être facile à élaborer, de ne tester que ce que l’on souhaite
vérifier (l’emploi correct des pronoms personnels, par exemple) et de prendre
peu de temps aux élèves pour le compléter.
Exemple:
Niveau des apprenants: VII-ème classe
Consigne: Complète les points de suspension par un des substantifs suivants:
âne, autruche, chameau, cheval, éléphant, mulet, oiseau, tortue, yack.
(compréhension écrite)
Dans le désert, les transports se font à dos de …. Au Bengale, la chasse au tigre
se fait à dos d’…. On ravitaille les chalets des montagnes à dos d’ … ou de …
Niels Holgerson a fait un magnifique voyage à dos d’… : il était porté par un
superbe jars blanc. Dans un conte merveilleux célèbre au XVIIème siècle
l’héroïne, Blondine, est condamnée à faire un long voyage à dos de …: les fées
voulaient éprouver sa patience. Dans les contes, les lutins vont souvent à dos
d’…!
87
Exemple extrait de D. Munteanu et all. (1999).
141
- Le questionnaire à réponses ouvertes courtes est un test de production
minimale qui vérifie l’acquisition de certaines connaissances. C’est un test
facile à élaborer et qui laisse à l’élève une liberté assez grande dans le choix
des termes et des structures qu’il utilisera pour répondre. Le problème qui se
pose dans ce cas c’est si l’on va évaluer la correction de la production de
l’élève (qui peut reproduire tout simplement des phrases du manuel et ne pas
faire de fautes) ou son intention de communication, c’est-à-dire ce qu’il
voulait vraiment écrire (mais dans ce cas il risque de faire pas mal de fautes).
Exemple:
Consigne: Lisez le texte et répondez aux questions suivantes:
Hier, à 19h 30, sur la place des Fleurs, deux hommes vêtus de noir, âgés d’une
quarantaine d’années, ont obligé une femme qui était au volant d’une R25 à les
conduire a l’aéroport. Ils voulaient, semble-t-il, quitter la France où ils sont
recherchés par la police. Ils ont été arrêtés au moment où ils enregistraient leurs
bagages.
Qui a obligé la femme d’aller à l’aéroport?
Pourquoi?
Quand?
Dans le cas de la production orale, on peut faire une évaluation sur tâches,
de simples à complexes (reproduire un fragment du manuel, présenter son point
88
Exemple extrait de D. Munteanu et all. (1999).
142
de vue sur un sujet particulier, lire à haute voix un passage de texte préparé
d’avance, etc.) ou une évaluation sur tâches complexes (résumer un document,
faire une synthèse de documents, etc.). Dans les deux cas, le professeur fera une
grille d’évaluation qui portera sur la compréhension et le respect de la consigne,
de la forme et du contenu.
La consigne: au niveau débutant, on peut s’assurer de la compréhension de
la consigne en faisant appel à la langue maternelle. Au niveau supérieur, cette
compréhension fait partie du test. En ce qui concerne le respect de la consigne, il
est essentiel parce qu’au cas contraire l’élève ne peut pas être évalué.
La forme: le professeur jugera sur la prononciation des élèves (la
phonétique), l’intonation et la fluidité (la prosodie), la maîtrise de la langue
(morphologie et syntaxe) et l’emploi du lexique approprié.
Le contenu: on fera attention lors de l’évaluation aux faits de langue
(pertinence des actes de parole et du point de vue présenté, cohérence du
discours), à l’attitude de l’élève (spontanéité, comportement non-verbal) et à
l’originalité des productions.
Pour illustrer ce chapitre, nous avons décidé de reproduire ci-dessous une
partie de la grille de Harris89 qui permet à l’enseignant d’évaluer (sur 5 points) le
niveau des élèves dans des domaines très différents comme la prononciation, la
grammaire ou le lexique.
Échelle de Harris
Évaluation de l’entretien dirigé
Prononciation:
5 – peu de traces d’accent étranger;
4 – toujours intelligible, malgré un accent spécifique;
3 – difficultés de prononciation qui exigent une attention soutenue et conduisent
quelque fois au malentendu;
2 – très difficile à comprendre à cause de sa prononciation; on doit souvent lui
demander de répéter;
1 – difficultés de prononciation si graves que le discours est pratiquement
inintelligible.
Grammaire
5 – peu ou pas d’erreurs notables de grammaire ou d’ordre des mots;
4 – fait quelques fautes de grammaire et/ou d’ordre des mots, mais qui
n’obscurcissent le sens;
3 – fait de fréquentes erreurs de grammaire et d’ordre des mots, dont certaines
peuvent obscurcir le sens;
2 – grammaire et ordre des mots rendent la compréhension difficile; doit souvent
se reprendre ou se restreindre à des modèles de base;
89
Grille extraite de C. Tagliante (1991).
143
1 – erreurs de grammaire et d’ordre des mots si graves que le discours en est
rendu pratiquement inintelligible.
144
Cette méthode suppose le travail en groupes (le groupe idéal pour la
réalisation de taches précises est formé de 4-5 personnes) et une préparation
préalable du professeur et des élèves concernant l’idée d’un travail en commun.
Exemple de projet90
145
2 points – rédaction correcte du message
1 point valeur suggestive du message
1 point – design du projet
1 point – originalité du projet
1 point – réponses correctes aux questions supplémentaires posées par le
professeur/les camarades de classe
QUESTIONS ET EXERCICES
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BIBLIOGRAPHIE
147
20. REICHLER – BEGUELIN, Marie-José. (1990) : Écrire en français ; cohésion
textuelle et apprentissage de l’expression écrite, Neuchâtel-Paris, Delachaux & Niestlé
21. ROMAN, Dorina (1994) : La didactique du FLE, Baia – Mare, Ed. Umbria
22. RUSU, I. (1998) : L’art de la composition française, Bucureşti, Ed. Scripta
23. TAGLIANTE, Christine (1991) : L’évaluation, Paris, CLE International
24. TAGLIANTE, Christine (1994) : La classe de langue, Paris, CLE International
25. TĂUTU, Mihai George (1996): Didactique du FLE (sous presse)
26. TĂUTU, Mihai George (2002) : Vade-mecum. Caiet de didactică FLE, Suceava
27. VIGNER, Gérard (1984) : L’exercice dans la classe de français, Hachette, Paris
148