Les Mesures de Performance Ajustées Au Risque PDF
Les Mesures de Performance Ajustées Au Risque PDF
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C
c h
Les mesures
de performance
ajustée au risque
Les mesures de performance traditionnelles développées au chapitre 5 offrent l’avantage
d’être simples d’utilisation et d’interprétation. Pour cette raison, leur usage professionnel
s’est très vite répandu. En dehors des limites déjà mises en évidence, elles ne sont pas adap-
tées aux besoins des investisseurs et des gestionnaires, notamment lorsqu’ils pratiquent
des gestions actives faisant appel, entre autres, à la définition d’un portefeuille de référence
spécifique ou à des mesures de risque différentes de la variance des rendements.
Dans ce chapitre, nous suivons la logique de la typologie présentée au chapitre 4. Nous
nous situons dans le même cadre d’analyse que les mesures de Sharpe, Jensen et Treynor.
Autrement dit, l’objectif poursuivi est de mesurer l’habileté du gestionnaire dans le cadre de
la sélection d’actifs, et ce, à l’aide de mesures standardisées.
Nous distinguerons les mesures en fonction du type de risque auxquelles elles font princi-
palement référence : le risque total, systématique ou spécifique. Le découpage du chapitre
sera organisé en fonction de ces trois catégories de risque, dont chacune fera l’objet d’une
section distincte. Dans un premier temps, nous étudierons les mesures fondées sur le risque
total, dont le ratio de Sharpe est la racine principale. La deuxième section sera consacrée à
l’estimation de la performance ajustée au risque systématique, à l’instar du ratio de Treynor
et de l’alpha de Jensen. Dans la troisième section, nous développerons les mesures axées sur
le risque spécifique du portefeuille, dont le ratio d’information est le représentant le plus
connu. Enfin, la dernière section fournira les clés permettant de déterminer le contexte dans
135
Au sein de chacune des trois premières sections, nous organiserons l’analyse des mesures
suivant qu’elles présentent un rapport entre le rendement et le risque, de la forme générique
Rendement excédentaire
Performance = , ou bien qu’elles délivrent une différence entre une
Risque
mesure de rendement et une pénalité pour le risque, qui emprunte plutôt la forme suivante :
Performance = Rendement excédentaire − Pénalité pour le risque .
1. Les
L mesures fondées sur
le
l risque total
Parmi les trois mesures traditionnelles développées dans la foulée du CAPM et présen-
tées au chapitre précédent, le ratio de Sharpe est la seule qui fait référence à la droite de
marché des capitaux, la CML , et utilise donc une mesure de risque total au dénomina-
teur. Pour rappel, le ratio de Sharpe s’écrit :
Rp − R f
S= .
σp
1. Ce chapitre n’a pas la prétention de dresser un catalogue exhaustif des mesures de performance proposées dans
la littérature et évoquées dans le cadre du chapitre 4. Pour un inventaire (en principe) à jour au moment de la
parution de cet ouvrage, le lecteur pourra se reporter aux articles de Cogneau et Hübner (2009a, 2009b) qui affi-
chent cet objectif. Nous examinons donc ici les mesures les plus populaires et/ou les plus aisées à mettre en úuvre.
Certaines mesures plus complexes, très peu usitées en pratique et/ou dont la valeur ajoutée n’est pas remarquable,
136 ne seront pas traitées dans cet ouvrage.
Dans le cas extrême où l’investisseur a une valeur de réserve nulle (R L = 0), le rendement
excédentaire du portefeuille sera simplement son rendement brut. Plus vraisemblable-
ment, l’investisseur présentant de l’aversion au risque spécifiera une valeur de réserve au
moins égale au taux sans risque, ce qui signifie que R L – Rf .
Cette mesure peut aboutir à modifier des classements opérés suivant le ratio de Sharpe.
Ainsi, prenons l’exemple suivant. Le portefeuille A a un écart type de 10 % et un rende-
ment espéré de 9 %, tandis que le portefeuille B a un écart type de 20 % et un rendement
espéré de 11 %. Si le taux sans risque Rf est de 5 %, le ratio de Sharpe de A sera de
(9 % – 5 %)/10 % = 0,4, tandis que celui de B sera de (11 % – 5 %)/20 % = 0,3. Si nous
spécifions à présent un rendement de réserve supérieur au taux sans risque, à savoir
R L = 8 %, nous aurons une mesure de Roy pour A égale à (9 % – 8 %)/10 % = 0,1, tandis
que B verra sa performance égale à (11 % – 8 %)/20 % = 0,15. La figure 6.1 illustre ce
phénomène. En pointillés, les demi-droites correspondent au ratio de Sharpe, et en
continu, elles correspondent à la mesure de Roy.
Figure 6.1 Rp
Comparaison graphique
des mesures de Sharpe
et de Roy.
A : (9 %, 10 %)
B : (11 %, 20 %)
RL = 8 %
Rf = 5 %
σp
En général, plus la valeur de réserve sera élevée, plus les portefeuilles assurant un rende-
ment important seront avantagés. C’est le cas du portefeuille B dans notre exemple.
137
MPI(k, RL ) = ∫ (R
−∞
L − R)k dF(R)
= E ( max(RL − R,0)) .
k
La semi-variance par rapport au taux sans risque est un cas particulier intéressant
du MPI pour k = 2 et R L = Rf, puisque l’on cherche alors la variance des rendements
excédentaires du portefeuille par rapport au taux sans risque à condition que ce ren-
dement excédentaire soit négatif, c’est-à-dire qu’il représente la matérialisation du
risque pour l’investisseur. Dans ce cas, on a :
( )
2
SV (R f ) ≡MPI(2, R f ) = E max(R f − R,0) .
2. Généralement, la VaR est exprimée en unité monétaire, et non en pourcentage de rendement, comme c’est le
138 cas ici. En outre, la défi nition usuelle de la VaR se réfère à la perte absolue (c’est-à-dire par rapport à un rendement
Par exemple, dans le cas d’une distribution normale des rendements, la VaR à
5 %, qui correspond à la perte maximale observée dans 5 % des cas, est égale à :
VaR5% = RL − E(R)+1,645σ(R) , la valeur de 1,645 correspondant au 95e percentile de
la distribution normale standard (noté Z 95% ).
Le cas de la distribution normale présente un intérêt limité étant donné que la VaR
est une fonction monotone croissante de la variance des rendements. Par contre,
cette approche peut s’avérer intéressante lorsque les rendements ne suivent pas une
distribution normale, par exemple une distribution asymétrique ou avec des queues
épaisses.
Traditionnellement, le degré d’asymétrie de la distribution est mesuré par le troi-
sième moment centré de celle-ci, tandis que l’épaisseur des queues de la distribution
des rendements – c’est-à-dire le poids relatif des valeurs extrêmes – est mesurée par
le quatrième moment centré :
μ 3 = E ( R − E(R))
3
μ 4 = E ( R − E(R)) .
4
z1−α = Z 1−α − (
1 2
Z −1 S(R)+
6 1−α
1
) (
Z 3 − 3Z 1−α K (R)−
24 1−α
1
36
3
2Z 1−α )
− 5Z 1−α ( S(R)) .
2
( )
Il faut noter que la VaR présente plusieurs défauts majeurs en tant que mesure du
risque, car elle n’est pas « cohérente »3. Pour corriger ce défaut, on recourt alors à la
valeur-au-risque conditionnelle (CVaR), également connue sous le nom de « pénurie
attendue » (par rapport à la VaR), qui se définit par la perte espérée conditionnelle-
ment à ce qu’elle soit supérieure à la VaR :
(
CVaRα = E RL − R RL − R > VaRα . )
de 0), et non par rapport à une valeur de réserve, comme c’est le cas ici. Enfi n, par convention, la VaR représente
une perte, et donc est un nombre positif.
3. Par exemple, la VaR n’est pas subadditive, c’est-à-dire que la VaR d’un portefeuille n’est pas nécessairement
inférieure ou égale à la moyenne pondérée des VaR de ses composantes, alors qu’elle devrait l’être grâce à l’impact
de la diversification. 139
Ainsi, le ratio de Sortino est égal à κ 2 . Reste la mesure permettant de tenir compte de
l’asymétrie de la distribution par le truchement du kappa d’ordre 3 :
R p − RL
κk = .
T
1
∑ max ( R )
3
3
pt − R f ,0
T t =1
Il est évident que ce ratio a un caractère supplétif par rapport au ratio de Sortino ou à
d’autres mesures que nous verrons au chapitre suivant, tel que l’oméga.
Si l’on tient compte des intérêts à payer ou à recevoir sur la somme empruntée ou prêtée,
la rentabilité du nouveau portefeuille est :
R(P) = (1+ d ) R p − dR f ,
⎝ σp ⎠ ⎢⎣ ⎝ σ p ⎠ ⎥⎦ ⎝ σp ⎠
(
R(P) = ⎜ m ⎟ R p − ⎢1− ⎜ m ⎟ ⎥ R f = ⎜ m ⎟ R p − R f + R f . )
Soit E(P) le rendement du portefeuille de risque identique au portefeuille de marché en
excès du taux sans risque (R(P) – Rf), et r p le rendement du portefeuille initial P en excès
du taux sans risque (Rp – Rf). Le rendement du portefeuille peut s’exprimer en termes de
rendement excédentaire :
141
⎛σ ⎞
R(P) = ⎜ m ⎟ rp + R f = E(P)+ R f ,
⎝ σp ⎠
⎛σ ⎞
avec E(P) = ⎜ m ⎟ rp .
⎝ σp ⎠
Il revient au même de comparer la rentabilité des portefeuilles directement sur la base
de E(P) ou de E(P) + Rf, puisque ces deux mesures ne différent que par la constante que
représente le taux sans risque.
Si l’on change la place des parenthèses de la dernière équation, le ratio de Sharpe appa-
raît explicitement :
⎛ rp ⎞
E(P) = ⎜ ⎟ σm .
⎝ σp ⎠
Classer des fonds sur la base de l’indice M2 ou du ratio de Sharpe est donc indifférent.
Nous pouvons illustrer l’indice M2 en prenant deux portefeuilles de risques et de rende-
ments différents représentés à la figure 6.2. Le rendement du portefeuille 2 est plus élevé
que celui du portefeuille 1 avec, en contrepartie, un risque aussi plus élevé. La pente de
la droite, correspondant au ratio de Sharpe et passant par le taux sans risque et le porte-
feuille 1, est plus élevée que celle passant par le portefeuille 2. Le portefeuille 1 est donc
mieux classé selon ce critère que le portefeuille 2, qui ne dégage pas suffisamment de
rendement pour compenser son risque. L’approche de Modigliani et Modigliani consiste
à construire deux portefeuilles P’1 et P’2 de risque identique au risque du portefeuille de
marché, en recourant à l’emprunt ou au prêt de façon à lire l’écart de rendement par
rapport à ce portefeuille et à faire apparaître beaucoup plus clairement l’excès ou le défi-
cit de rendement de P’1 et P’2.
Figure 6.2 CML
R
La mesure de Modigliani
et Modigliani. R2
P’1 P2
PM
Rm
P1
R1 P’2
Rf
σ1 σm σ2 σp
où σ p = w 2 σ m
2
+ (1− w)2 σ 2Mon + 2w(1− w)ρm,Mon σ m σ Mon ,
GH 2 = R{wp+(1−w)Mon} − Rm
GH1A < 0
Portefeuille A
Mon.
2. Les
L mesures fondées sur le
risque
r systématique
Les mesures classiques de performance issues de la théorie moderne de portefeuille
reposent sur des hypothèses contraignantes, qui ne sont pas respectées dans la réalité.
En particulier, la plupart des gestionnaires de portefeuille utilisent un portefeuille-éta-
lon (« benchmark ») afin de mesurer leur performance relative, et ainsi de se positionner
par rapport à leurs pairs. Dans ce cadre, le portefeuille de marché, inobservable dans la
réalité, est alors remplacé par ce benchmark.
Il existe deux moyens de définir ce benchmark : une méthode analytique et une méthode
par comparaison. Dans la première optique, le rendement du benchmark est assimilé au
rendement requis sur un portefeuille fictif qui réplique l’exposition aux sources de
risque systématique du portefeuille. On utilise donc un modèle multifacteur tel que
décrit au chapitre 1. La méthode par comparaison consiste à reprendre ou créer un por-
tefeuille en pondérant des actifs existants. Il peut s’agir d’un ou de plusieurs indices
boursiers, d’un portefeuille de référence spécifique ou encore de la moyenne des rende-
ments des OPCVM de la même famille de gestion.
En général, les mesures fondées sur une mesure de risque systématique reposent sur la
méthode analytique. Dans la sous-section suivante, nous verrons que la mesure la plus
populaire qui s’appuie sur le risque spécifique, le ratio d’information, est très souvent
144 définie sur base de la méthode par comparaison.
où βp est le bêta du portefeuille, qui mesure son exposition au risque systématique par
rapport à celui du marché. Dans la même optique, nous avons vu que le ratio de Black-
Treynor d’un portefeuille est égal à son alpha divisé par son bêta :
R p − R f − β p (Rm − R f ) αp
T̂ = = .
βp βp
Nous avons posé que α b = 0 puisque nous considérons que le portefeuille de référence
est passif et ne doit donc pas offrir de rendement anormal.
Dans ce cas, la généralisation du ratio de Black-Treynor est fournie par la formule sui-
vante (Hübner, 2005) :
αp
T̂g = K
.
∑β pk λk
k=1
K
∑βbk λk
k=1
Il s’agit de l’alpha du portefeuille divisé par une somme pondérée de ses bêtas. Ce ratio
présente bien la même interprétation originale que le ratio de Black-Treynor dans le
contexte du CAPM, à savoir la performance anormale (alpha) par unité de risque systé-
matique encouru (le bêta dans le CAPM).
Notons que si l’on utilise la méthode par comparaison pour définir le benchmark du
portefeuille, dont l’alpha pourrait être positif étant donné qu’il ne s’agit pas nécessaire-
145
pression suivante :
α p (Rb − α b )
T̂g = − αb ,
(R p − α p )
où les α pjt = α pj z jt −1 et les β pjkt = β pjk z jt −1 sont interprétés, respectivement, comme les
alphas et bêtas conditionnels de la régression, tandis que les z jt −1 sont les valeurs prises
par les variables instrumentales aux périodes précédentes.
146
Considérons un modèle à deux facteurs, par exemple. Les fonds X et Y présentent cha-
cun un alpha de 1 %. Cependant, l’estimation des paramètres des deux modèles a été
opérée dans des conditions différentes : pour le premier fonds, le modèle est de bonne
qualité et les paramètres ont été estimés avec précision ; pour le second fonds par contre,
il existe une forte imprécision dans la valeur des coefficients de la régression.
Dans notre exemple, le fonds X a un alpha standardisé de 1 %/0,25 % = 4, ce qui est
généralement considéré comme significativement différent de 0. Par contre, l’alpha
standardisé du fonds Y est de 1 %/0,8 % = 1,25, ce qui est généralement considéré
comme non significatif4.
4. Les valeurs critiques utilisées pour ce genre de test sont généralement proches de 1,65, 1,96 et 2,32 pour des
niveaux de confiance de 10 %, 5 % et 1 %, respectivement. 147
T
où ER p =
1
T ∑( R pt − Rbt ,)
t =1
T
1
∑( ER )
2
et σ(ER p ) = pt − ER p .
T −1 t =1
148
0 3 09
09
09
9
09
09
09
09
09
09
09
09
09
09
09
09
24 09
09
/0
1/
1/
1/
3/
3/
4/
5/
5/
6/
7/
7/
8/
9/
0/
0/
2/
2/
2
/1
/0
/0
/0
/0
/0
/0
/0
/0
/0
/0
/0
/0
/0
/1
/1
/1
/1
12
01
22
12
05
26
16
07
28
18
09
30
20
10
01
22
CAC40
Portefeuille 1
Portefeuille 2
Le bêta est égal à 1 si le gestionnaire choisit de suivre son benchmark. L’équation peut
alors se récrire :
R pt − Rb = α p + ε pt ,
ou encore :
ER pt = α p + ε pt .
En calculant l’espérance et l’écart type des termes de cette équation et en faisant le rap-
port, on obtient l’égalité suivante :
ER p αp
= .
σ(ER p ) σ(ε p )
Si le portefeuille est bien diversifié, alors le risque non systématique est nul et le ratio ne
peut pas être défini.
Lorsque le taux sans risque remplace le benchmark, le ratio d’information est identique
au ratio de Sharpe. Ce choix présente toutefois l’inconvénient que le ratio n’est pas nul
pour un gérant passif puisque la référence de calcul ne correspond pas alors à son
benchmark.
Deux gestionnaires disposant d’un niveau d’information différent peuvent avoir des
ratios d’information identiques. La seule connaissance du ratio ne permet pas d’inférer
la qualité des anticipations du gestionnaire. Toutefois, en s’appuyant sur la loi fonda-
149
Pour être sûr à 90 % (correspondant à une t-statistique de 1,645) que le ratio d’informa-
tion de 0,5 d’un gestionnaire soit significatif, il faut un historique de 10,9 années :
2
⎛ 1,645 ⎞
T =⎜ = 10,89 .
⎝ 0,5 ⎟⎠
Le tableau 6.1 présente le nombre d’années nécessaires pour trois intervalles de confiance
et différents niveaux du ratio d’information pour juger des qualités d’un gestionnaire.
5. Tout au moins dans le cas du CAPM ou d’un modèle à un facteur. Ce n’est plus vrai si on calcule le RI sur un
150 modèle à plusieurs facteurs.
Plus le ratio d’information est élevé, moins il est nécessaire de disposer d’un historique
important pour porter un jugement. Compte tenu des niveaux habituellement observés,
il faut un historique relativement long à l’échelle de la durée de vie d’un gestionnaire
pour pouvoir lui attribuer les mérites d’un ratio d’information positif avec une certaine
fiabilité de jugement !
3.1.3. Les autres mesures fondées sur le risque spécifique
Prolongeant la démarche de Jensen, Moses, Cheyney et Veit (1987) ont mis au point une
mesure de performance relative permettant de classer les portefeuilles.
L’alpha de Jensen correspond au rendement du portefeuille qui ne peut pas s’expliquer
par le CAPM :
α p = R p − R f − β p (Rm − R f ) .
Le risque total du portefeuille par rapport au marché peut s’exprimer par un simple
rapport :
σp
Ip = .
σm
Le dernier rapport a l’avantage de mettre en évidence que le bêta est forcément inférieur
à Ip puisque la corrélation peut être égale au maximum à 1 dans le cas d’un portefeuille
efficient.
Le risque non systématique du portefeuille peut s’exprimer, quant à lui, comme la diffé-
rence entre Ip et le bêta du portefeuille :
σp ρ pm σ p σp
δp = Ip −βp =
σm
−
σm
=
σm
(1− ρ ) . pm
αp
Le rapport mesure alors le rendement en excès du marché, par unité de risque non
δp
systématique, qui peut être éliminé par diversification. Les gestionnaires peuvent être
classés sur la base de ce ratio. Mais pour distinguer ceux qui battent le marché, il faut le
diviser par la prime de risque du marché :
α p (Rm − R f )
I MCV = .
δp
Ce ratio n’est autre que le rendement du portefeuille multiplié par 1 plus le rapport entre
le risque systématique et le risque spécifique.
4. Les
L critères de choix d’une
mesure
m de risque par rapport
à laquelle la performance est
mesurée
On peut légitimement se poser la question de la raison d’être d’un aussi grand nombre
de mesures de la performance de la gestion de portefeuille. Sans même avoir considéré
les méthodes développées afin de tenir compte de différences dans les capacités des ges-
tionnaires ou dans les profils d’investisseurs à qui les portefeuilles sont destinés (ces
thèmes seront développés au chapitre suivant), il apparaît que la liste des mesures de
performance ajustées au risque ne se limite pas à celles qui ont été présentées aux cha-
pitres 5 et 6. Parmi ce foisonnement, il en est, certes, qui sont vraisemblablement inu-
tiles, mais sans doute pas toutes. Il faut donc, à un moment donné, opérer un choix pour
n’en conserver qu’une ou, au maximum, un nombre restreint.
Choisir une mesure de performance plutôt qu’une autre n’est pas anodin. Parmi les rai-
sons de ce choix, il faut immédiatement considérer comme mauvaise celle qui consiste à
sélectionner « à la carte », en fonction d’un intérêt d’autopromotion totalement en
porte-à-faux avec l’objectif informationnel de la mesure de performance.
Il existe deux manières de considérer les critères de choix d’une mesure de performance
pour un portefeuille donné : soit en fonction de l’investisseur, soit en fonction du ges-
tionnaire. Si le choix est effectué en fonction de l’investisseur, le critère décisif est la
manière dont le risque est mesuré. Celle-ci doit être cohérente avec le but poursuivi par
l’investisseur lorsqu’il a sélectionné son portefeuille. Si, au contraire, le choix est effec-
tué en fonction du gestionnaire, le critère décisif est l’adéquation avec le type de qualité
dont ce gestionnaire fait (ou ne fait pas) preuve.
153
Plus le carré du ratio de Sharpe est élevé, meilleure est la performance – à condition que
le rendement excédentaire du portefeuille soit positif. En d’autres termes, la mesure de
la contribution du portefeuille activement géré à la performance globale est une fonc-
tion croissante à son ratio d’information. C’est donc ce dernier, qui est une mesure
fondée sur le risque spécifique, qui doit s’appliquer pour mesurer la performance du
154
portefeuille.
Résumé
Les mesures de performance ajustées au risque appartiennent à des catégories fondées sur le
type de risque auxquelles elles se rapportent : risque total, risque systématique et risque spé-
cifique. Au sein de chaque catégorie, il convient de distinguer les mesures qui présentent un
Rendement excédentaire
rapport entre le rendement et le risque, de forme Performance = , et
Risque
celles qui délivrent une différence entre le rendement et une pénalité pour le risque, de forme
Performance = Rendement excédentaire − Pénalité pour le risque .
156
L’indice M2 est la principale mesure fondée sur une différence entre le rendement et une
pénalité pour le risque total. Il s’agit d’une transformation du ratio de Sharpe :
⎛σ ⎞
R(P) = ⎜ m ⎟ rp + R f .
⎝ σp ⎠
∑βbk λk
k=1
RI p = ER p σ(ER p ),
T
où ER p =
1
T ∑( R pt − Rbt ,)
t =1
T
1
∑( ER )
2
et σ(ER p ) = pt − ER p .
T −1 t =1
158
Les mouvements boursiers des cinq dernières années de deux actions A et B, la pre-
mière agressive et la seconde défensive, sont présentés au tableau 6.2 :
Tableau 6.2 : Rendements des actifs A et B et du marché
Temps A B M
1 0,07 0,115 0,15
2 0,19 0,185 0,25
3 0,21 0,495 0,35
4 0,13 0,195 0,17
5 0,22 0,185 0,18
Solution
11. D
Deux iindicateurs
di statistiques résumant la distribution des rendements permettent
de juger du risque de perte extrême :
• la kurtosis, ou paramètre d’aplatissement, permet de juger de la probabilité d’oc-
currence de mouvements extrêmes ;
• le coefficient d’asymétrie permet de juger de la probabilité d’occurrence des mou-
vements extrêmement négatifs.
Il convient de comparer les deux actifs financiers sur la base de ces deux critères.
μ
L’asymétrie et la kurtosis, définies respectivement comme S(R) = 3 3 et
σ (R)
μ4
K (R) = − 3 , dérivent des moments d’ordre 3 et 4 :
σ 4 (R)
μ 3 = E ( R − E(R))
3
μ 4 = E ( R − E(R)) .
4
159
z1−α = Z 1−α −
1 2
6
(
Z 1−α −1 S(R)+
1
24
3
)
Z 1−α (
− 3Z 1−α K (R)−
1
36
3
2Z 1−α )
− 5Z 1−α ( S(R)) .
2
( )
avec une valeur de Z1 –α au seuil de 5 %, qui est de 1,645.
Soit pour A :
1 2
z1−α,A = Z 1−α − Z 1−α
6
(
−1 S A +
1
24
3
Z 1−α )
− 3Z 1−α K A −( 1
36
3
2Z 1−α ) 2
(
− 5Z 1−α ( S A ) = 1,470 )
→ MVaRα,A = RL − E(R A )+ z1−α,A σ(R A ) = 0,09 − 0,164 +1,470 × 0,05643 = 0,89 %. .
Vous êtes décidé, sur un horizon de six ans, à investir dans un fonds activement géré
et entièrement dédié au secteur des nouvelles technologiques. Comme vous montrez
une aversion au risque importante, vous exigez d’un tel investissement qu’il rap-
porte un rendement supérieur à la rentabilité normale du secteur.
Pour cette période, les analystes financiers évaluent les flux de trésorerie pour un
investissement de 100 000 euros dans l’ETF Vanguard Information Technology, ce
dont rend compte le tableau 6.4 :
Tableau 6.4 : Flux de trésorerie attendus dans le secteur des nouvelles technologies (en
euros)
Temps 1 2 3 4 5 6
Flux 10 000 11 000 12 000 13 500 15 000 20 000
Votre conseiller vous propose le fonds F dont les rendements historiques sur les six
dernières années sont résumés au tableau 6.5 :
Sachant que le secteur de l’énergie offre en moyenne, pour cette classe d’investis-
seurs (c’est-à-dire de même profil d’aversion au risque), une performance excéden-
taire par unité de risque de perte de l’ordre de 15 %, le fonds F se présente-t-il comme
un bon candidat à la partie risquée du portefeuille ?
161
P
Pour investir
i ti dans
d ce fonds, l’investisseur pose une valeur de réserve égale à la rentabi-
lité « normale » du secteur. C’est pourquoi, l’attractivité de ce fonds doit s’évaluer au
regard du profil de gain au-delà du taux de rendement normal du secteur et ce, par unité
de risque de perte en deçà du taux de rentabilité minimal.
Dans une telle situation, le ratio de Sortino se révèle être un bon indicateur de
performance.
i. Détermination de la rentabilité en excès de la valeur de réserve de l’investisseur
La valeur de réserve de l’investisseur fait référence au rendement normal annuel
perçu d’un investissement dans le secteur des nouvelles technologies. Ce secteur
offre les flux de trésorerie définis au tableau 6.2 pour un investissement initial de
100 000 euros. On peut donc écrire le rendement offert par le secteur comme le
taux k, qui permet d’égaler la somme des flux actualisés à la valeur de l’investisse-
ment initial, soit :
10 000 11000 12 000 13500 15 000 100 000 + 20 000
100 000 = + + + + + .
( ) (1+ k ) (1+ k ) (1+ k ) (1+ k )5
1+ k 2 3 4
(1+ k )
6
162
=
1
6
(
(−0,1846 − 0,1296)2 + (−0,2042 − 0,1296)2 + (0,0707 − 0,1296)2 + (−0,0596 − 0,1296)2 )
= 0,041568.
Le ratio de Sortino prend alors la valeur de 11,77 % comme illustré ci-après :
R p − RL 0,024
= = 0,1177.
T 0,20388
1
∑ (R )
2
pt − RL
T t =0
R pt <RL
Cela donne une rentabilité excédentaire par unité de risque de l’ordre de 11,77 %. Vu
la rémunération offerte par le secteur (15 %), le fonds ne semble pas être une bonne
perspective d’investissement. Bien qu’offrant un rendement supérieur aux objectifs
de rentabilité que se fixe l’investisseur, le fonds présente un risque élevé. En effet, sur
une période de six années, le fonds offre un rendement négatif la moitié du temps.
Exercice 3 : Le M2
Vous êtes en charge de la gestion d’un fonds dont la partie jugée « sans risque » vous
rapporte un rendement de l’ordre de 3 %. Vous désirez compléter votre allocation
stratégique par un investissement dans un fonds agressif afin de battre un benchmark.
À cette fin, vous avez le choix entre le fonds A et le fonds B. Leurs caractéristiques de
rendement-risque ainsi que celles du fonds passif sont présentées au tableau 6.6 :
Tableau 6.6 : Profil de rendement/risque des actifs financiers A, B et du benchmark
A 20,0 % 0,15
B 13,8 % 0,09
Benchmark 6,0 % 0,04
163
11. L
Le ratio
ti d
de Sharpe, en exprimant le rendement excédentaire par unité du risque
total, mesure le prix du risque (voir tableau 6.7).
Tableau 6.7 : Ratios de Sharpe des actifs A et B
Actif Sharpe S
0,20 − 0,03
A 1,13
0,15
0,138 − 0,03
B 1,2
0,09
Actif Rp R th
p R p − R th
p
0,06 − 0,03
A 0,20 0,03 + × 0,15 = 0,1425 0,20 – 0,1425 = 0,0575
0,04
0,06 − 0,03
B 0,138 0,03 + × 0,09 = 0,0975 0,138 – 0,0975 = 0,0405
0,04
À l’équilibre, les deux fonds offrent un rendement supérieur à toute combinaison d’un
fonds risqué et non risqué, de même risque total. Toutefois, la différence est plus pro-
noncée pour le fonds A que pour le fonds B. Il est donc plus performant selon ce critère.
3. Afin de comparer directement le fonds au fonds passif, il convient d’emprunter ou de
prêter au taux sans risque de façon à augmenter ou à diminuer l’exposition au risque
du portefeuille géré et ainsi à le mettre au niveau de celui du portefeuille de référence.
On combine donc le fonds risqué A ou B à un actif sans risque afin d’obtenir un
fonds risqué P* de niveau de risque de 4 %. On infère ensuite le surplus ou le déficit
de rendement qui résulte de la différence entre les rendements des actifs A* et B* et
celui du portefeuille de référence.
164
165
On considère deux fonds américains, l’un impliqué dans une gestion active du
S&P 500, l’autre gérant de manière active un portefeuille composé d’actions de
croissance et d’actifs de capitalisation moyenne, à la manière de l’indice S&P
MidCap 400 Growth.
Les expositions au risque de chacun de ces fonds et de ceux de l’indice S&P
MidCap 400 Growth sont représentées à la figure 6.5 :
Figure 6.5 Marché
Expositions 1.4
au risque des
fonds (1) et (2) 1.2
1
et de leur
benchmark. 0.9
0 0
0.7 0.8
1.3
Growth Mid Cap
1.4
S&P 500
S&P Mid Cap 400 Growth Index
Fonds (1)
Fonds (2)
Face à une évolution assez favorable des actifs dans lesquels ils sont investis (voir
tableau 6.10), ces deux fonds ont joui d’une performance anormale de 2 % au cours
de ce semestre.
Tableau 6.10 : Séries temporelles des primes de risque du marché, des primes SMB et HML
Période (semestre) Prime du marché SMB HML
1 0,0125 0,017 0,021
2 0,03 0,018 0,019
3 0,0001 0,015 0,013
4 0,011 0,013 0,01
5 0,009 0,02 0,017
6 0,013 0,011 0,018
166
Afi de
Afin d départager
dé t ces deux fonds, il faut considérer la performance anormale par unité
de risque systématique encouru. On utilise en ce sens le ratio de Black-Treynor et sa
généralisation au cas multifactoriel, le ratio de Treynor généralisé.
Ainsi, le fonds (1) ne subissant que les risques du marché, et ce, avec une sensibilité défi-
nie à 1,4, sa performance est analysée par le ratio de Black-Treynor :
α p 2%
T̂ = = = 0,0143 .
β p 1,4
∑βbk λk
k=1
Les βpk représentent les sensibilités du fonds aux différentes primes de risque : 0,9 pour
le marché, 1,3 pour SMB et 0,7 pour HML (voir chapitre 1).
Les λk représentent les différentes primes de risque moyennes sur la période, résultats de
6
∑
1
l’application de λ k = λ , soit 1,26 % pour le marché, 1,57 % pour SMB et 1,63 %
6 t =1 kt
pour HML.
Les βbk représentent les sensibilités de l’indice S&P MidCap 400 Growth aux différentes
primes de risque, soit 1,2 pour le marché, 0,8 pour SMB et 1,4 pour HML.
Dès lors, on a :
∑β
k
pk λ k = 0,9 × 0,0126 +1,3 × 0,0157 + 0,7 × 0,0163 ,
∑β
k
bk λ k = 1,2 × 0,0126 + 0,8 × 0,0157 +1,4 × 0,0163 .
En conclusion, le fonds (2) s’avère supérieur puisqu’il semble faire courir moins de
risque systématique pour le même niveau de surperformance. En d’autres termes, il se
révèle plus propice à maintenir ce niveau de performance.
167
Nous ferons l’hypothèse que ce portefeuille, par sa forme agrégée, n’est soumis
qu’au seul risque de marché. Le taux sans risque en vigueur est de 5 % sur l’ensemble
de la période.
Si l’on considère que l’évolution du portefeuille n’est pas indépendante des mouve-
ments subis par les taux d’intérêt, la place financière étudiée s’est-elle avérée effi-
ciente ? Y a-t-il des opportunités de performance anormale compte tenu de
l’évolution des bons du Trésor ?
Solution
L modèles
Les dèl d d’évaluation conditionnels s’avèrent pertinents dans ce cas de figure, vu
leur capacité à traduire l’information dont on dispose en rendements boursiers
attendus.
Le modèle de l’alpha conditionnel (αp) permet ainsi d’évaluer l’habilité du manager à
prévoir, mieux que le marché, les mouvements des primes de risques (λ) en fonction des
valeurs prises par certains instruments (Z).
La série des instruments étant décalée d’une unité temporelle par rapport à la série des
rendements excédentaires du portefeuille, on ne peut compter que sur cinq observations
afin de calculer la valeur de l’alpha moyen. Le tableau 6.12 présente les séries temporelles
des variables explicatives et de la variable dépendante du modèle conditionnel :
168
Temps R pt − R f λ mt z t −1 z t −1λ mt
2 0,2 0,15 0,08 0,012
3 0,1 0,2 0,02 0,004
4 0,1 0,08 0,08 0,0064
5 0,27 0,14 0,05 0,007
6 0,09 0,2 0,01 0,002
sur les différentes variables explicatives, représentées par une matrice dénommée X
(faite d’une constante, des primes de risque courantes et du produit de ces primes de
risque par l’indicateur d’information décalé d’une période) :
⎛1 0,15 0,012 ⎞
⎜1 0,2 0,004 ⎟
⎜ ⎟
X = ⎜1 0,08 0,0064 ⎟ .
⎜ ⎟
⎜1 0,14 0,007 ⎟
⎜⎝ 1 0,2 0,002 ⎟⎠
169