205 Chapitre 3
205 Chapitre 3
205 Chapitre 3
III.A.1. Définitions
Définition restrictive : un élément de transition est un élément qui possède une sous-couche d ou f
incomplète ;
Définition élargie : un élément de transition est un élément qui possède une sous-couche d ou f
incomplète, dans l’un de ses états d'oxydation usuels.
[Ar] Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn
3d 1 2 3 5 5 6 7 8 10 10
4s 2 2 2 1 2 2 2 2 1 2
[Kr] Y Zr Nb Mo Tc* Ru Rh Pd Ag Cd
4d 1 2 4 5 5 7 8 10 10 10
5s 2 2 1 1 2 1 1 0 1 2
[Xe] La Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg
4f 0 14 14 14 14 14 14 14 14 14
5d 1 2 3 4 5 6 7 9 10 10
6s 2 2 2 2 2 2 2 1 1 2
Dans le cas des complexes des cations métalliques de degré d’oxydation moyen ou élevé
(complexes de Werner, cf. III.C.), la liaison métal–ligand (ou liaison de coordination) est assurée
par un (ou plusieurs) doublet(s) d'électrons apporté(s) par le ligand (liaison dative) : le ligand est
base de Lewis ; le cation métallique est acide de Lewis.
La stabilisation des complexes des bas degrés d’oxydation des métaux de transition exige des
ligands qui soient non seulement des bases de Lewis mais de plus des acides de Lewis afin de
limiter la densité électronique sur le métal. Ces ligands disposent d’orbitales vacantes accessibles
(énergie suffisamment basse) et de symétrie adaptée. Le ligand carbonyle, CO en est le prototype.
Exemples : [Cr0(CO)6], [Fe-II(CO)4]2-...
Remarque : NO+, CO, N2 et CN– sont isoélectroniques. La basicité de Lewis augmente dans l’ordre :
NO+ < CO < N2 < CN– tandis que l’acidité de Lewis diminue dans l’ordre : NO+ > CO > N2 > CN–.
III.C.2.b.α. Définitions
• Stéréoisomères : molécules possédant les mêmes atomes, les mêmes séquences de liaisons mais
différant par leur arrangement dans l'espace.
• Enantiomères : un énantiomère est un stéréoisomère qui n'est pas superposable à son image dans
un miroir. Les énantiomères sont encore parfois appelés antipodes optiques, en raison de leur action
sur le plan de polarisation d'une onde plane polarisée rectilignement : l'un des isomères fait tourner
le plan dans un sens (+α) le second, dans l'autre (-α).
• Diastéréoisomères : ce sont des stéréoisomères qui ne sont pas des énantiomères.
• Asymétrique : qualifie une molécule dépourvue de tout élément de symétrie.
• Dissymétrique : qualifie une molécule dépourvue d'axe impropre Sn.
• Chiralité : un composé asymétrique ou dissymétrique est chiral (il ne peut pas être superposé à son
image dans un miroir). Une molécule est chirale lorsqu’elle ne possède ni plan de symétrie ni centre
d’inversion. Plus précisément une molécule est chirale à condition qu’elle ne possède pas d’axe
LC 205 – Chimie Inorganique – Ch. III 97
impropre d’ordre n (un axe impropre d'ordre n correspond à une ou plusieurs répétitions de la
séquence suivante : rotation de 2π/n suivie d'une réflexion par rapport à un plan perpendiculaire à
l'axe de rotation). Les complexes [Co(en)3]3+, cis-cis-cis-[Co(CN)2(NH3)2(H2O)2]+ et
[PtClBrI(py)(NO2)(NH3)] sont chiraux.
• Complexes octaédriques
Type Isomères Exemples
stéréo diastéréo énantio
[Mabcdef] 30 15 30 [Pt(Br)(Cl)(I)(NO2)(NH3)(py)]
[Ma2b2c2] 6 5 2 [Co(CN)2(NH3)2(H2O)2]+
[PtCl2(NH3)2(py)2]2+
[Ma4b2] 3 2 2 [CoCl2(NH3)4]+
cis, trans
[Ma3b3] 3 2 2 [IrCl3(PPh3)3]
mer, fac
• Complexes plans-carrés
Type Isomères Exemples
stéréo diastéréo énantio
[Mabcd] 3 3 0 [Pt(NH3)(NH2OH)(py)(NO2)]+
[Ma2b2] 2 2 0 [PtCl2(NH3)2]
cis, trans
NB : a, b, c, d, e, f désignent des ligands monodentes.
III.D.1. Formules
Dans les formules, la règle veut que l'on place d'abord le symbole du métal ; les ligands
ioniques suivent, puis les neutres, et la formule du complexe est enfermée entre crochets.
Ex : [CoCl(NH3)5]2+, [Fe(CN)6]3-
III.D.2.a. Les noms des ligands anioniques, qu'ils soient minéraux ou organiques,
finissent en -o : -ure devient uro ; -ate devient -ato.
Ex : nitrure → nitruro, acétate → acétato
L'usage courant comporte toutefois de nombreuses exceptions :
Ex : chlorure → chloro, cyanure → cyano, oxyde → oxo
III.D.2.b. Les noms des ligands neutres sont conservés :
Ex : 1,10-phénanthroline, éthylènediamine, pyridine
Il y a toutefois 4 exceptions importantes :
H2O → aqua, NH3 → ammine, CO → carbonyle, NO → nitrosyle
III.D.2.c. Les noms des ligands cationiques sont conservés.
Les noms des ligands apparaissent avant ceux du métal, et dans l'ordre alphabétique, sans
tenir compte de la charge et sans tenir compte du préfixe multiplicateur indiquant le nombre de
ligands. L'état d'oxydation du métal est indiqué en chiffre romain entre parenthèses après le nom.
La terminaison -ate est utilisée lorsque le complexe est anionique. Le nom du métal est inchangé
lorsque le complexe est neutre ou cationique.
La théorie du champ cristallin est un modèle purement électrostatique qui prend en compte la
répulsion entre les électrons d du centre métallique et les électrons des ligands. Au départ, les
ligands sont éloignés à l’infini de l’ion métallique ; lorsqu’on les rapproche, l’attraction
électrostatique assure la stabilité du complexe. Toutefois, les orbitales d du métal sont déstabilisées
par la répulsion exercée par les électrons des ligands. Mais elles ne le sont pas toutes de la même
manière : alors que dans l'ion libre (symétrie sphérique) les 5 orbitales d sont dégénérées, il n'en est
donc plus de même dans un complexe.
Les ligands sont placés sur les axes x, y et z. L'examen des orbitales d (cf. chapitre I, p.
5) révèle que l'orbitale dx2-y2 dont les lobes pointent vers les ligands, est davantage déstabilisée que
l'orbitale dxy, dont les lobes pointent entre les ligands. Il est facile de voir que les 3 orbitales dxy,
dxz et dyz ont la même orientation relative par rapport aux ligands et qu'elles subissent donc le
même effet. Si l'on se souvient que l'orbitale dz2 est une combinaison linéaire des orbitales dz2-x2 et
dz2-y2, il devient clair que l'orbitale dz2 est déstabilisée de la même façon que l'orbitale dx2-y2. Le
champ exercé par les ligands (champ cristallin) lève donc la dégénérescence des orbitales d. Dans
un complexe octaédrique, les 5 orbitales d se séparent en deux groupes, les orbitales dxy, dyz et dxz
(t2g) d'une part, les orbitales dx2-y2 et dz2 (eg) d'autre part. Si l’on représente par Δo la différence
d’énergie entre les deux groupes d’orbitales (paramètre du champ des ligands) et si l’on choisit le
barycentre des orbitales d dans le complexe (il s’agit du niveau des orbitales d dans un complexe
hypothétique de symétrie sphérique) les énergies des orbitales t2g et eg sont respectivement égales à
–0,4Δo et +0,6Δo.
Remarque : pour un même métal, M, un même ligand, L et une même distance métal-ligand, on
peut établir la relation : Δt = (4/9)Δo.
Si partant d’un complexe octaédrique [ML6] l'on éloigne progressivement les deux
ligands situés sur l’axe z, la répulsion des électrons des ligands s’exerce moins sur les orbitales dxz
et dyz que sur l’orbitale dxy et sur l’orbitale dz2 que sur l’orbitale dx2-y2. Il s’ensuit une levée de
dégénérescence supplémentaire. Lorsque les ligands sont éloignés à l’infini (passage au plan carré,
l’orbitale dz2 passe au-dessous de dxy.
Ces résultats se traduisent par les diagrammes suivants :
ion dans un champ
de symétrie D
ion dans un champ 4h
(octaèdre étiré)
ion dans un champ de symétrie
de symétrie octaédrique dx 2 -y 2 #2/2
eg
tétraédrique dz2 dx 2 -y 2 dz2 "# 2/2
t2
+0,6! o
+0,4! t dxz dxy dyz !o
"0,6! t !t "0,4! o
#1/3
e
dxz dxy dyz t dxz dxy "2# 1/3
dz2 dx 2 -y 2 2g
dyz
Pour un métal donné, on peut classer les ligands par valeur croissante de Δ et pour un
ligand donné on peut classer les métaux.
• Influence du ligand :
I- < Br- < S2- < SCN- < Cl- < F- < OH- < C2O42- < H2O < NCS- < NH3 < py ~ en ~ bipy ~ phen
< NO2- < CH3- < CN- < CO
Cette série porte le nom de série spectrochimique car le paramètre ∆ est le plus souvent extrait
des spectres UV-visible. Une telle série ne peut s’expliquer dans le cadre d’un modèle
électrostatique. En revanche elle s’explique à l’aide de la théorie des orbitales moléculaires (cf. LC
304). On se bornera ici à remarquer que Δ est faible pour les ligands donneurs π (F–, O2–...), élevé
pour les ligands accepteurs π (CO, CN-).
• Influence du métal :
état d'oxydation : M(II) < M(III) < M(IV)
série : 1 < 2 < 3 (ex : Ni < Pd < Pt)
III.E.2.a. Définition
Δο
Variation de l’ESCC pour les complexes octaédriques à champ faible – Représentation graphique
La couleur de nombreux complexes de coordination trouve son origine dans des transitions
électroniques entre niveaux d’énergie associés à la configuration dn du complexe (transitions d-d).
Ainsi, le spectre d’absorption UV-visible du complexe [Ti(H2O)6]3+ en solution aqueuse présente
une bande large centrée à 493 nm (soit 20300 cm-1) que l’on attribue à la transition de l’électron d
du niveau t2g au niveau eg. L’intensité de la transition (exprimée par la valeur du coefficient
d’absorption) est faible car la transition ne satisfait pas à certaines règles de sélection (cf. LC 312).
Dans le cas présent, l’énergie de la transition fournit directement la valeur de ∆O. La détermination
de ∆ à partir du spectre d’absorption n’est pas toujours immédiate lorsque le cation métallique
possède plusieurs électrons d, mais elle reste toujours possible.
Remarque : la couleur de certains complexes trouve son origine dans des transitions
différentes des transitions d-d, par exemple des transitions de transfert de charge ligand→métal
(Exemples : [Fe(NCS)(H2O)5]2+, [MnO4]–…) ou des transitions internes aux ligands lorsque ceci
sont eux-mêmes colorés (cf. LC 312).
• Complexes octaédriques : deux distributions électroniques sont possibles pour les configurations
d4, d5, d6 et d7.
Δo < P complexes haut-spin (champ faible)
Δo > P complexes bas-spin (champ fort)
• Complexes tétraédriques : deux distributions électroniques sont en principe possibles pour les
configurations d3, d4, d5 et d6, mais la condition Δt > P n’est jamais vérifiée de sorte que tous les
complexes tétraédriques connus sont haut-spin.
M2+ Ca2+ Ti2+ V2+ Cr2+ Mn2+ Fe2+ Co2+ Ni2+ Cu2+ Zn2+
Z 20 22 23 24 25 26 27 28 29 30
N (nbre d’électrons d) 0 2 3 4 5 6 7 8 9 10
-∆H, kJ mol-1 2466 2732 2778 2795 2736 2845 2916 2996 3000 2933
Si l’on se limite aux ions Ca2+, Mn2+ et Zn2+, on constate que l’enthalpie d’hydratation
augmente (en valeur absolue) régulièrement de Ca2+ à Zn2, en accord avec l’augmentation de la
charge nucléaire effective. Pour les autres ions, elle est (en valeur absolue) plus élevée qu’on ne
l’attend. Si l’on corrige des effets du champ cristallin en soustrayant la contribution de l’ESCC, on
obtient une courbe à peu près régulière.
Variation de l'enthalpie d'hydratation (kJ mol-1) des cations M2+ de la 1ère série de transition
(courbe pointillée : valeurs corrigées de l'ESCC) ; d'après K.F. Purcell et J.C. Kotz, Inorganic
Chemistry, Saunders, 1977, p. 554.
III.E.6.a. Définitions
Mz+ + nL → [MLn]z+
[MLn z+]
!n = = K1 K2 ... Kn
[Mz+][L]n
Les deux facteurs, enthalpique et entropique doivent être pris en compte. L'effet chélate
est avant tout un effet entropique : la chélation entraîne une augmentation du nombre de particules
indépendantes en solution, alors que les réactions de substitution par des ligands monodentes ne
s'accompagnent d'aucun changement du nombre des particules. L'importance pratique de cet effet
est considérable : la majorité des réactifs utilisés en analyse complexométrique sont des ligands
multidentes (ex : edta) ; dans les biomolécules, la plupart des sites de fixation des cations
métalliques sont des ligands chélatants ou macrocycliques.
Remarque : les complexes de Cu(II) présentent une anomalie ; en effet les complexes avec 1 et 2
ligands (en) sont plus stables, alors que le complexe (en)3 est moins stable, que ne le prévoit
l’extrapolation entre Ni(II) et Zn(II). Ces anomalies s'expliquent par la déformation de l'octaèdre de
coordination (effet Jahn-Teller). L'effet Jahn-Teller affecte principalement les complexes
octaédriques de configuration d4 (haut-spin) ou d9 (cf. LC 304).
Il est essentiel de faire la distinction entre les aspects cinétiques et les aspects
thermodynamiques. Selon la valeur de sa constante de formation (thermodynamique), un complexe
est stable ou instable. Selon la constante de vitesse de ses réactions de substitution, un complexe est
labile (réactions rapides) ou inerte (réactions lentes, nécessitant au moins une minute, parfois
beaucoup plus).
L’on se bornera ici à considérer le cas des réactions de type dissociatif (deux autres
mécanismes, respectivement de type interchange et de type associatif, ont été identifiés, cf. LC 312).
C’est le cas de la majorité des réactions de substitution des complexes (octaédriques) de
cobalt(III). Selon que l’intermédiaire de type pyramide à base carrée formé par détachement du
groupe partant, se réarrange ou non en bipyramide trigonale, il y a rétention ou non de la
configuration.
Les différences de réactivité selon le métal peuvent s’expliquer à l'aide de la théorie du champ
cristallin : le complexe initial (i) et l'intermédiaire (int) sont l'un et l'autre stabilisés par le champ
cristallin. Lorsque l'intermédiaire est moins stabilisé que ne l'est l'état initial, le complexe est peu
réactif. La différence ESCC(int) - ESCC(i) est appelée énergie d'activation due au champ cristallin
(EACC).
LC 205 – Chimie Inorganique – Ch. III 105
Calcul de l'EACC dans le cas où l'intermédiaire est une pyramide à base carrée (on suppose que le
complexe initial et le complexes intermédiaire ont le même état de spin).