Cours 04 PDF

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 7

Introduction au génie des procédés

1. Historique du génie des procédés


Le génie chimique est une science relativement récente. Le premier ouvrage didactique, "The
Handbook of Chemical Engineering", a été écrit en 1901 par George E. Davis, professeur à la
Manchester Technical School. Il utilise une approche « chimie industrielle », dans laquelle
ingénieurs chimistes et ingénieurs mécaniciens forment équipe pour fabriquer des produits à
grande échelle.

En France, c'est en1938 que les professeurs J. Cathala et M. Letort définissent le génie
chimique comme la science de l'ingénieur ayant pour objet de concevoir, de calculer et de
faire fonctionner, à l'échelle industrielle, l'appareillage dans lequel s'effectuent des
transformations physiques ou chimiques.

Constatant que les opérations unitaires sont régies par des phénomènes de transport et de
transfert entre phases, de matière, de chaleur et de quantité de mouvement, R. B. Bird, W. R.
Stewart et E. N. Lighfoot mettent en évidence, en 1960, dans leur ouvrage "Transport
Phenomena", l'intérêt du concept de cinétique physique.

Dans les années 1970 l'application, à d'autres domaines, de la méthodologie mise en œuvre
dans le génie chimique a provoqué la création de toute une série de génies épigones : génie
agro-alimentaire, génie biochimique, génie sanitaire, etc… conduisant à une prise de
conscience pendant les années 1980, que ces principes s'appliquaient à tout phénomène de
transformation de la matière (et de transfert) quel que soit le domaine considéré (y compris la
biologie, les milieux naturels, etc.). En France, c’est de cette généralisation que le génie des
procédés est né, et dont le premier congrès national s'est tenu à Nancy en 1987, suivi en 1988
par la création d'un Groupe français du génie des procédés.

2. Définition de Génie des Procédés


Génie des procédés, désigne l'application de la chimie à l'échelle industrielle. Elle a pour but
la transformation de la matière dans un cadre industriel et consiste en la conception, le
dimensionnement et le fonctionnement d'un procédé comportant une ou plusieurs
transformations chimiques et/ou physiques.

Les méthodes utilisées dans un laboratoire ne sont souvent pas adaptées à la production
industrielle d'un point de vue économique et technique. Le génie chimique permet ainsi le
passage d'une synthèse de laboratoire à un procédé industriel de même que son
fonctionnement dans le respect des contraintes économiques, techniques, environnementales
et de sécurité.

3. Procédé industriel, génie chimique et grands domaines de la chimie


industrielle
Tout procédé industriel peut se ramener à une combinaison logique d’un nombre restreint
d’unités d’opérations physiques telles que broyage, filtration, distillation, absorption,
séchage… que l’on appelle opérations unitaires.

3.1 Les opérations unitaires : sont des opérations élémentaires individuelles mises en
œuvre dans l’industrialisation d’un procédé.

Les grandes étapes d’une fabrication sont généralement les suivantes :

1. Préparation, conditionnement et acheminement des matières premières (réactifs) ;


2. Transformation chimique des réactifs en produits ;
3. Séparation, purification et conditionnement des produits.

A. Classification des opérations unitaires en fonction des étapes de production :


1. Préparation et acheminement des matières premières :
- Broyage, classement des solides ;
- Transport des solides ;
- Déplacement des liquides ;
- Transport des gaz (compression, mise sous vide).
2. Transformation chimique des réactifs en produits :
- Homogénéisation des mélanges (agitation) ;
- Réaction chimique (dans un réacteur) ;
- Transferts de chaleur.
3. Séparation et purification des produits :
- Concentration, cristallisation ;
- Décantation ;
- Filtration ;
- Centrifugation (cas d’un mélange solide + liquide) ;
- Rectification (distillation) ;
- Extraction par solvant ;
- Séchage.

B. Opérations continues et discontinues :

1. Opération discontinue :

Une opération discontinue s’effectue en système fermé (batch process) :

On opère sur un lot de réactif que l’on traite en faisant succéder chronologiquement les
différentes étapes prévues.

Ce type d’opération s’utilise dans les laboratoires, pour les petites fabrications et pour
l’élaboration ou séparation de produits à forte valeur ajoutée.

2. Opération continue :

Une opération continue s’effectue en système ouvert ou "à courants" (flow process) :

Les réactifs ("influents") sont introduits en continu dans l’appareil avec des débits déterminés.
Les produits ("effluents") sont récupérés en continu, de telle sorte que l’appareil contienne
toujours la même masse réactionnelle.

Si les valeurs des différents paramètres (pression, température, composition…) en un point


quelconque de l’appareil sont constants, on dit que le régime stationnaire (ou permanent) est
atteint.

Ce type d’opération s’utilise dans les productions importantes à débouchés constants.


3.2 Domaines d’application
Le génie chimique ou génie des procédés s'intègre dans les domaines suivants :

- Industrie chimique ;
- Industries pharmaceutique et biotechnologique ;
- Industrie cosmétique ;
- Industrie agroalimentaire et agrochimique ;
- Industrie papetière ;
- Industrie cimentière ;
- Industrie pétrolières ;
- Les métiers de l’environnement (traitement de l’eau, gestion des déchets…)
- Production d’énergie….etc.

3.3 Exemple de procédé industriel

Le procédé Haber

Le procédé Haber est un procédé chimique servant à la synthèse de l'ammoniac (NH3)


par hydrogénation du diazote (N2) gazeux atmosphérique par le dihydrogène (H2) gazeux en
présence d'un catalyseur.

C'est en 1909 que le chimiste allemand Fritz Haber parvint à mettre au point ce procédé
chimique. Une équipe de recherche de la société BASF mit au point, en 1913, la
première application industrielle du procédé Haber : c'est le procédé Haber-Bosch. Le
responsable de son industrialisation, Carl Bosch, agissait à la fois comme superviseur de
l'équipe et comme concepteur, apportant des solutions originales à certains problèmes posés
lors de sa mise au point.

Le procédé Haber-Bosch a une importance économique considérable, car il est difficile de


fixer l'azote en grandes quantités et à un coût peu élevé, à l'aide des autres procédés mis au
point.

Le procédé a également une importance militaire certaine, car l'ammoniac peut être
transformé en acide nitrique, précurseur de la poudre à canon et d'explosifs puissants (comme
le TNT et la nitroglycérine).
L'ammoniac sert le plus souvent à créer des engrais azotés synthétiques, lesquels ont
longtemps été considérés comme essentiels pour alimenter la population mondiale au début
du XXIe siècle.

Description

Le procédé Haber-Bosch consiste à favoriser la réaction exothermique de l'équation chimique


à l'équilibre :

N2(g) + 3 H2(g) ⇌ 2 NH3(g) + ΔH

En génie chimique, cette réaction est réalisée en plusieurs étapes:

1. Reformages (en amont du réacteur chimique) :


a. purifier le dihydrogène ;
b. éliminer les poisons catalytiques.
2. Synthèse (dans le réacteur chimique) :
a. introduire du dihydrogène pur (H2(g)) ;
b. introduire du diazote (N2(g)) ;
c. synthétiser de l'ammoniac (NH3(g)) à l'aide de catalyseur.
3. Extraction (en aval du réacteur chimique) :
a. séparer l'ammoniac des autres molécules (N2(g) et H2(g)) par liquéfaction ;
b. recycler les molécules restantes.
4. Recycler la chaleur produite.
1. Reformages :

Le méthane est purifié, surtout dans le but d'éliminer le soufre qui empoisonnerait
les catalyseurs.

Le méthane purifié réagit ensuite avec de la vapeur d'eau lorsque mis en contact avec un
catalyseur fait d'oxyde de nickel. C'est le processus de vaporeformage :

CH4(g) + H2O(g) ⇌ CO(g) + 3 H2(g)


A la sortie de la première étape de reformage, la concentration en CH4 est de l'ordre
de 11%

Un deuxième reformage suit en ajoutant de l'air. Ce deuxième reformage peut se


diviser en deux étapes distinctes :

- Combustion de l'hydrogène avec l'oxygène de l'air


O2 + 2 H2 → 2 H2O
- Réaction endothermique de vaporéformage du méthane résiduel :
CH4(g) + H2O(g) ⇌ CO(g) + 3 H2(g)
A la sortie du réacteur de réformage secondaire, la concentration en méthane est de
l'ordre de 0,3%

La réaction du gaz à l'eau permet d'obtenir plus d'hydrogène à partir du monoxyde de


carbone et de la vapeur d'eau :

CO + H2O ⇌ CO2 + H2

Le mélange gazeux passe alors dans un méthanateur, qui convertit la plupart du monoxyde de
carbone restant en méthane :

CO + 3 H2 ⇌ CH4 + H2O

Cette étape est nécessaire car le monoxyde de carbone empoisonne les catalyseurs. À la fin de
ces étapes, le méthane et une partie de la vapeur d'eau ont été transformés en dioxyde de
carbone et en dihydrogène.
2. Synthèse de l'ammoniac :

C'est pendant le procédé Haber proprement dit que survient la synthèse de l'ammoniac. Le
diazote et le dihydrogène réagissent sur un catalyseur de fer qui contient de l'hydroxyde de
potassium comme accélérateur :

N2(g) + 3 H2(g) ⇌ 2 NH3(g) + ΔH

4. Rôle du spécialiste des procédés


L’ingénieur en génie des procédés est un spécialiste des installations industrielles qui a pour
mission :

- Concevoir et de suivre la mise en œuvre d’équipements nouveaux


- adapter des installations sur la base de procédés de fabrication décrits par les équipes
de procédés produits
- Il est associé à la mise en place des installations et à leur validation.
- Il doit prendre en compte, entre autres, l’ensemble des aspects fiabilité, économique,
sécurité et ergonomie des systèmes. d’hygiène et d’environnement
- Il travaille aussi bien sur les équipements de fabrication proprement dits que sur les
équipements d’automatisation et de contrôle.
- Il utilise des outils de modélisation et de simulation pour passer d’une échelle bureau
d’étude à une échelle industrielle.

Vous aimerez peut-être aussi