Intelligence 3-32 (G)
Intelligence 3-32 (G)
Intelligence 3-32 (G)
Objectifs : Connaître :
Les périodes de développement de l’intelligence selon Piaget.
Les moyens d’évaluation des capacités intellectuelles (Age mental, QI) et de l’adaptation sociale.
La définition, la prévalence et le sex ratio du retard mental.
Les tableaux cliniques et l’évolution des retards mentaux légers, moyens, graves et profonds.
La proportion de facteurs étiologiques organiques connus selon les degrés de retard mental.
Les principes de prise en charge d’un enfant ou adolescent avec retard mental.
Les éléments de vulnérabilité et leurs conséquences chez les enfants intellectuellement précoces ou «surdoués ».
1. Développement de l’intelligence
Les recherches actuelles sur le développement cognitif précoce ont mis l'accent sur le fait que le bébé est
"actif", qu'il recherche lui-même quelles sont les règles qui gouvernent les événements qui l'entourent. Il est
motivé dans cette activité non seulement par les besoins physiologiques et les relations affectives, mais
aussi par le plaisir de comprendre et de réussir.
Selon PIAGET, la construction progressive de l'intelligence, moyen d'adaptation de l'individu à son milieu, se
fait par l'intermédiaire de 2 mécanismes complémentaires : assimilation et accommodation.
Assimilation = intégration des données de l'expérience dans la structure de l'individu.
Accommodation = modification de la structure de l'individu en fonction des données du milieu.
Adaptation = équilibre entre l'assimilation et l'accommodation.
- Période des opérations concrètes (7 à 11 -12 ans) : A partir de manipulations concrètes, par
tâtonnements, l'enfant peut saisir à la fois les transformations et les invariants : il accède aux
notions de réversibilité d'une opération, de conservation des mesures, des classements.
L'enfant prend conscience de sa propre pensée, il accepte le point de vue des autres et leurs
sentiments.
- Période des opérations formelles (à partir de 11-12 ans) : La pensée peut se dégager du
contenu concret : face à un problème à résoudre, l'adolescent manie les données expérimentales
pour formuler des hypothèses : raisonnement hypothético-déductif et maniement des concepts
abstraits.
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2. Exploration des capacités intellectuelles et d’adaptation sociale
► Tests de développement :
Grâce à la détermination de paliers discriminants aux différents âges, ils permettent de mesurer :
- L'âge de développement (chez les enfants de moins de 3 ans) soit par l'observation directe des
comportements de l'enfant, soit par des questions posées à la mère.
Les résultats sont donnés en Quotient de Développement (QD) :
Age de Développement
QD = ------------------------------------ x 100
Age Réel
- L'âge mental (chez les enfants de plus de 3 ans), défini par l'ensemble des épreuves qui sont
réussies par la majorité des enfants du même âge chronologique et échouées par la majorité des
enfants d'âge inférieur.
Le Quotient Intellectuel (QI) selon la méthode de STERN est :
Age Mental
QI = --------------------- x 100
Age Réel
Ex. : N.E.M.I. (Nouvelle Échelle Métrique de l'Intelligence) utilisée chez les enfants de 3 à 14 ans.
Voir figure 1 : Dans la population générale, 95 % des notes sont comprises dans l'intervalle
déterminé par 2 écarts-types de part et d'autre de la moyenne.
Par construction, la moyenne est fixée à 100 et l'écart type à 15.
La limite de 2 déviations standard (SD) au-dessous de la moyenne (QI 70) a été choisie car
l’expérience clinique montre que les sujets dont les performances intellectuelles se situent en deçà
de cette zone présentent le plus souvent des troubles.
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Figure 1 : Courbe Normale et distribution des notes QI :
Le comportement adaptatif est défini par l'efficacité avec laquelle un individu rencontre les normes
d'autonomie personnelle et de responsabilités sociales attendues pour son âge et son groupe
culturel.
Cette efficacité fait référence à des domaines comme la sociabilité, la communication et le savoir
faire dans la vie quotidienne.
Les échelles, comme l’Echelle de Vineland, basent leur cotation sur l'observation du
comportement de l'enfant dans son milieu naturel de vie et nécessitent la participation de
personnes en contact permanent avec l'enfant : parent, éducateur, enseignant.
Elles aboutissent à des scores étalonnés semblables à ceux que l'on utilise pour les tests de QI.
Cette définition amène à considérer le retard mental comme un trouble global du développement :
la déficience intellectuelle s’inscrit toujours dans un syndrome du fait de l’association obligatoire de
modifications dans les autres secteurs du fonctionnement psychique et en particulier dans le
domaine des relations et de l’affectivité.
Actuellement, il existe un accord sur les délimitations des déficiences au niveau des grandes
classifications (CIM10, CFTMEA et DSM).
3.2. Épidémiologie
Prévalence : 1 à 1,5% et ceci quelque soit l'âge.
Sex ratio : quel que soit le niveau de la déficience, il existe une nette surreprésentation des
garçons, avec un ratio de 1,5.
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3.3. Signes Cliniques et Évolution
Les tableaux cliniques sont très différents selon le degré de la déficience et selon l’existence de
troubles somatiques ou sensoriels associés.
Les troubles ne sont pas habituellement manifestes dans les 2 premières années où le
développement apparaît satisfaisant à l'exception d'un retard modéré dans la chronologie des
grandes acquisitions psychomotrices et surtout langagières.
Évolution :
Les acquisitions scolaires peuvent se faire à un rythme plus lent et avec des mesures d'éducation
spéciale.
Des capacités professionnelles peuvent être acquises et une insertion sociale et professionnelle
est possible.
Une structure protégée pour le travail et parfois l'hébergement sera nécessaire. Ceci est très
dépendant des conditions d'organisation de la société et des facteurs économiques. Dans la
plupart des situations routinières de la vie quotidienne ou professionnelle, ou des situations qui font
peu appel aux possibilités adaptatives, ces sujets trouvent des stratégies compensatoires. Mais
c'est dans les moments de rupture, ou de circonstances particulières (décès d'un parent, mise en
internat, licenciement,...) que la fragilité et la détresse émotionnelle se révèlent.
Cette détresse peut prendre différentes formes : attitudes d'opposition ou de prestance,
comportements antisociaux, repli et régression, recours aux productions imaginaires…
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3.3.2. Retard Mental Moyen (QI : 35 - 49)
Évolution :
A l'âge adulte, ces personnes peuvent travailler en secteur protégé et sont dépendantes des autres
pour tout ce qui requiert de l'initiative et une adaptation au changement.
Les troubles sont manifestes dès les premiers jours avec un retard de l’éveil et une perturbation
globale des grandes fonctions.
Par la suite les acquisitions s'effectuent avec un grand décalage dans les grands domaines de la
vie quotidienne : alimentation, propreté sphinctérienne, habillage et toilette, déplacements simples.
Les difficultés du développement du langage sont majeures. L'acquisition d'un langage simple est
possible. Il n'y a pas d'accession au langage écrit, sinon la reconnaissance de certains mots.
Dans leur enfance et leur adolescence, ils bénéficient des échanges sociaux ordinaires, mais les
acquisitions nécessitent une éducation spéciale.
Évolution :
- A l'âge adulte, l’autonomie personnelle est possible dans un cadre structuré : famille ou foyer. Ils
peuvent s'acquitter des tâches simples dans un milieu adapté.
- L'association fréquente à des troubles neurologiques ou à d'autres troubles somatiques peut être
un facteur de gravité et de dépendance.
Graves difficultés dans le développement moteur (tenue assise, marche), dans l'autonomie
élémentaire (alimentation, propreté) et dans les capacités de communication non verbale parfois
réduite à des expressions mimiques, au regard, au changement de comportement en fonction des
personnes et des stimulations reçues.
Il n'y a pas de communication verbale.
Ils peuvent progresser très lentement dans les domaines élémentaires grâce à un environnement
structuré spécialisé : motricité, communication non verbale, relation affective.
Évolution : Ils restent dépendants d'un environnement médical spécialisé, avec des risques
inhérents aux pathologies somatiques associées dans le cadre de polyhandicaps.
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3.4. Diagnostic Positif
Les circonstances du diagnostic peuvent être :
- soit la connaissance d'une atteinte organique ou de particularités environnementales qui sont
associées fréquemment à une perturbation globale du développement de l'intelligence : le
diagnostic est alors fait précocement ;
- soit des indices cliniques qui apparaissent au cours du développement de l'enfant, d'autant plus
tôt que la déficience est plus importante.
Une inhibition névrotique peut minorer les capacités du sujet, dans sa vie quotidienne comme
dans les tests psychométriques : la vigilance sur les conditions de passation des tests et sur les
incohérences de certains résultats et la connaissance globale apportée par l’examen clinique et
l’anamnèse permettent de faire la différence.
Ne pas confondre échec scolaire et retard mental, celui-ci n’ en étant qu’une des causes possibles
à côté des troubles spécifiques du développement, des troubles déficitaires de l’attention, des
troubles émotionnels et de la conduite… et des caractéristiques de milieu familial et social, comme
des conditions de l’environnement pédagogique.
L’association d’un trouble autistique et d’un retard mental ne doit pas faire l’objet d’un diagnostic
différentiel : l’association des deux troubles est fréquente.
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- l’histoire familiale en notant l’âge des parents, les fausses couches antérieures, les enfants
prématurés et les décès à la naissance, ainsi que les antécédents familiaux en constituant un arbre
généalogique,
- les caractéristiques socioculturelles et les modes d’interaction intrafamiliaux.
L’examen médical doit comporter l’étude des courbes de poids, de taille et de périmètre crânien, la
constatation de dysmorphies éventuelles, ainsi que la recherche soigneuse d’anomalies
congénitales majeures ou mineures.
Les causes des déficiences mentales sont très nombreuses et restent inconnues dans la moitié
des cas environ, après les investigations approfondies
Ces causes sont organiques ou environnementales, souvent intriquées.
► Dans les RM Moyens, Graves et Profonds (QI < 50), des facteurs organiques sont mis en
évidence dans 75 % des cas et la prévalence est la même quel que soit le milieu socio-
économique de l'enfant.
Dans 25 % de ces cas, ils sont d'ordre génétique; la proportion d’atteintes prénatales est identique,
celle des atteintes périnatales est de 11%.
► Dans les Retards Légers, les facteurs organiques sont retrouvés dans une faible proportion. Par
ex. des anomalies chromosomiques ne sont retrouvées que dans 4 à 8 % des cas.
Dans 50 à 60 % des cas l’étiologie est inconnue.
La prévalence est inégale selon les milieux socio-économiques, avec une nette surreprésentation
des milieux défavorisés.
Intrication des Facteurs : même pour les retards mentaux de cause organique bien déterminée, les
conditions environnementales psychologiques et sociales jouent un rôle dans le sens de
l'aggravation ou de l'atténuation. Pour certains retards mentaux légers, il y a souvent une
sommation entre les facteurs organiques et les facteurs environnementaux. Par ex. la différence du
devenir des prématurés sans lésion neurologique est fonction des caractéristiques sociales et
psychologiques du milieu familial. De même, il existe une association fréquente entre l’alcoolisme
fœtal et les conditions de détresse psychologique.
► Découverte progressive :
Les parents sont confrontés progressivement au décalage des performances de leur enfant par
rapport à ceux du même âge; ils peuvent l’avoir constaté eux-mêmes et demander au médecin
confirmation ou infirmation ; ils peuvent être inquiets de perturbations du comportement et d’une
inadaptation dont le motif leur échappe ; mais ils peuvent aussi avoir été alertés par les milieux
scolaires, alors qu’ils n’avaient rien remarqué et il arrive qu’ils soient convaincus que la difficulté est
dans le milieu et non chez leur enfant.
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La qualité de l’information dépend de la qualité de l’évaluation. Le problème doit être pris au
sérieux, le plus tôt possible, en évitant la dramatisation des fausses urgences et en respectant le
temps nécessaire à l’évolution des parents.
Il est important de rapporter les difficultés de l'enfant à leur vraie cause (la limitation intellectuelle),
de montrer quelles peuvent en être les conséquences sur le plan psychologique (perte de
confiance en soi, dépendance...) et d'indiquer les compétences qui existent et doivent se
développer. Cette information doit permettre aux parents de réaménager leur projet pour leur
enfant, mais d'une façon progressive et qui reste souple.
Dans tous les cas, il faut qu'il y ait une continuité entre le temps du diagnostic et la phase de
traitement, pour que parents - et enfant quand celui-ci peut le faire - deviennent actifs dans la lutte
pour le développement, meilleure façon pour lutter contre l'angoisse et la culpabilité.
►Maintien des moyens habituels d'éducation. Le développement de tout enfant passe par
l'existence de stimulations adaptées à ses capacités et l'introduction progressive d'exigences et de
règles, dans une atmosphère de soutien affectif. L'enfant déficient, à la mesure de ses capacités,
doit pouvoir bénéficier de ces attitudes dans les milieux ordinaires : famille, crèche, école
maternelle... Le contact avec d'autres enfants du même âge ou plus jeunes est important.
► Mise en place d'une éducation spéciale. Objectifs d'apprentissages et d'autonomie, grâce à des
moyens adaptés aux besoins de l'enfant. Doit rester souple, tenir compte de l'individualité de
l'enfant et de ses motivations et être en liaison avec les milieux naturels de l'enfant. Peut se faire
par séances dans le milieu familial ou dans un lieu de consultation. Organisée dans des classes de
l'Éducation nationale ou dans des Institutions Médico-Éducatives. L'externat doit être privilégié,
sauf dans des périodes brèves (classe verte, camps de vacances) qui peuvent servir à diminuer la
dépendance de l'enfant par rapport à sa famille. A l'adolescence, l'internat de semaine peut être
une bonne solution pour favoriser l’autonomisation.
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► Rééducations. Elles visent, par des moyens spécifiques, à améliorer une fonction défaillante
(motricité, langage), ou à mettre en place des moyens de compensation. Les changements
obtenus sur une fonction limitée ont aussi des effets sur l'ensemble de la personnalité. La personne
du rééducateur est fortement investie par l'enfant et sa famille. Il est important que l'enfant, quel
que soit son âge, aussi importante que soit sa déficience, ne soit jamais pris comme un objet à
manipuler et qu'il soit pris en compte comme personne active dans sa rééducation.
4. Précocité ou « surdon »
Pendant longtemps on a considéré que pour un enfant, le fait d’être situé dans les 2 à 3% de sujets
les plus intelligents ne comportait que des avantages.
Pourtant des difficultés peuvent survenir.
On a pu mettre en cause le décalage entre une maturité intellectuelle trop précoce et les autres
secteurs :
- décalage social : goûts et intérêts d’enfants + âgés et maturité affective et physique de son âge ;
- décalage interne : hétérogénéité des capacités intellectuelles, les épreuves verbales étant
souvent supérieures aux épreuves non verbales (performance).
En pratique :
Importance de faire un diagnostic précoce face à des manifestations d’inadéquation scolaire et
d’inadaptation sociale.
La connaissance de l’explication des difficultés est, pour l’enfant comme pour sa famille, une
mesure indispensable de minimisation des troubles.
Les attitudes varient avec chaque cas :
- maintien dans son milieu normal de classe avec activités stimulantes supplémentaires ?
- saut de classe ?
- exceptionnellement orientation vers une classe spécialisée, en mesurant les inconvénients d’une
situation « à part » et d’une distanciation prématurée par rapport au milieu familial.
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