Cours Diagnostic Financier

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Le diagnostic financier

M. Mohamed LENTIDAMI
Objectifs du cours :

 Connaître les concepts fondamentaux de diagnostic financier

 Saisir les objectifs et la démarche de diagnostic financier

 Établir l’ESG

 Calculer les soldes de gestion revalorisés

 Analyser le bilan

 Analyser des flux financiers


Plan du cours :

 Les notions fondamentales et la démarche du diagnostic financier :

 Les objectifs du diagnostic financier


 Les cycles de l’entreprise
 La démarche du diagnostic financier

 Les outils du diagnostic financier de l’entreprise :

 Analyse de l’activité et de la rentabilité de l’entreprise (CPC) (ESG)


 Le diagnostic des équilibres financiers
 La technique d’analyse financière par les ratios
 L’analyse des flux financiers
Introduction générale

Pourquoi le diagnostic financier ?

Le mouvement de l’environnement aussi bien national


qu’international et l’instabilité économique de ces dernières années
ont instauré un climat de méfiance au sein des entreprises du fait
du nombre croissant de faillites.

De ce fait, le diagnostic da la santé d’une entreprise devient


systématique. Ce diagnostic appelé aussi analyse financière
consiste à étudier la situation financière de l’entreprise dans le but
de mettre en évidence ses points forts et ses points faibles.
 Les objectifs du diagnostic financier

1. L’appréciation de la solvabilité
La solvabilité d’une entreprise se définit comme l’aptitude à assurer le
règlement de ses dettes lorsque celles-ci arrivent à échéance.

2. La mesure de la croissance
L’analyse de la croissance permet d’envisager les perspectives de
développement d’une entreprise. Il faut également apprécier la
concurrence et étudier si le secteur d’activité de l’entreprise est
porteur.

3. L’appréciation des risques


Il s’agit en l’occurrence du risque de défaillance d’une entreprise.
L’analyse des risques permet d’apprécier la pérennité de
l’entreprise.
 Les cycles de l’entreprise

On distingue dans l'entreprise trois cycles financiers principaux :

• Le cycle d'exploitation

• Le cycle d'investissement

• Le cycle des opérations financières


 Le cycle d'exploitation :

On entend par cycle d'exploitation l'ensemble des opérations


réalisées par l'entreprise pour atteindre son objectif : produire des
biens et des services en vue de les échanger.

 L'acquisition des biens et des services entrant dans le processus


de production : c'est la phase d’approvisionnement.

 La transformation des biens et des services pour aboutir à un


produit fini : c'est la phase de production.

 La vente des produits finis : c'est la phase de commercialisation.


 Le cycle d'investissement :

Le cycle d'investissement désigne toutes les opérations relatives à


l'acquisition où la création des moyens de production incorporels
(brevets, fonds commercial…), corporels (terrains, machines,…) ou
financiers (titres de participation …).Il englobe également la partie
immobilisée de l'actif de roulement (stocks, créances,…).

Le cycle d'investissement est par définition un cycle long, dont la


durée dépendra de l'activité de l'entreprise, du rythme de l'évolution
technologique et de la stratégie poursuivie.
 Le cycle de financement :

Le cycle d’exploitation et le cycle d’investissement commencent


tous deux d’abord par des décaissements (achats de matières ou de
main-d’œuvre, investissements dans des machines…). Les
encaissements (ventes de produits) n’interviennent qu’à la fin du
cycle d’exploitation.
Il est donc indispensable de trouver des liquidités pour financer ces
opérations. Ces liquidités peuvent provenir de l’activité même de
l’entreprise (autofinancement). L’entreprise peut également se
procurer des ressources financières auprès de particuliers
(l’entrepreneur, les actionnaires ou associés), ou auprès des
banques (sous forme d’emprunt) ou encore de l’état ou de
collectivités publiques (sous forme de subventions) .
 La démarche du diagnostic financier

1. Préciser les objectifs de l'analyse

2. Préparation des différentes sources d'informations

3. Sélection des outils d'analyse financière les mieux adaptés

aux objectifs poursuivis

4. Diagnostic financier (atouts et handicaps)

5. Recommandations
 1. Préciser les objectifs de l'analyse :

Étude des moyens de l'entreprise. En étudiant sa structure

financière et sa trésorerie.

Étude du fonctionnement de l'entreprise. En étudiant son activité et

sa rentabilité.
 2. Préparation des différentes sources d'informations :

Les sources d’informations peuvent se présenter à deux niveaux :


au niveau comptable et au niveau extracomptables.

• Les informations comptables :


Bilan comptable .
Compte de produits et charges d'où on va dégager l'état des soldes
de gestion. Sur la base de ces documents on établira les ratios
relatifs à chacun d'eux.
• Les informations extra-comptables :

Il existe des informations extra-comptables internes à l’entreprise et


d’autres externes à l’entreprise.
Pour celles qui sont internes à l'entreprise, on peut les trouver au
niveau de la raison sociale d’entreprise, de son statut juridique, de
son activité, de sa taille, etc.

Pour celles qui sont externes à l'entreprise, on peut les trouver au


niveau des fournisseurs de l’entreprise, de ses clients, de ses
concurrents, de son environnement macro-économique, de son
marché, etc.
 3. Sélection des outils d'analyse financière les
mieux adaptés aux objectifs poursuivis :

Cette sélection des outils d’analyse financière doit permettre de

donner une image fidèle da la situation financière de l’entreprise.

Également, ces outils doivent être adaptés aux objectifs poursuivis

par l’entreprise ; son équilibre financier, sa solvabilité, sa rentabilité,

sa croissance, son autonomie financière et sa flexibilité financière.


 4. Diagnostic financier (atouts et handicaps)

Les atouts du diagnostic financier peuvent se résumer à la flexibilité

de l’entreprise, à sa rentabilité élevée, à sa bonne liquidité et à sa

forte croissance.

Alors que les handicaps du diagnostic financier peuvent se résumer

à la baisse des résultats, à la baisse de chiffre d’affaires, à

l’insuffisance de ressources stables, à l’insuffisance

d’investissement et à la dégradation de la trésorerie.


 5. Recommandations :

En fin, on doit porter un jugement sur les perspectives d'évolution

de la situation financière de l’entreprise, formuler des

recommandations et prendre des conclusions.


Les outils du diagnostic financier de

l’entreprise
L’apport du Plan Comptable Marocain à l’analyse financière est
extrêmement important à travers les indicateurs de résultats par
nature d’opérations (compte de produits et charges), et l’analyse de
la formation du résultat (état des soldes de gestion).

Si le C.P.C permet de déterminer les différents niveaux de


rentabilité (exploitation, financier, courant, non courant), l’ESG
permet de visualiser à travers les soldes de gestion comment
l’entreprise a généré son bénéfice et sa capacité d’autofinancement
(CAF).
1- Le compte de produits et de charges

(CPC)
 1. Le compte de produits et de charges (CPC) :

Le CPC est un document de synthèse qui se répartit en deux


ensembles, les produits et les charges. Il est établi pour deux
exercices consécutifs ; l’exercice en cause et l’exercice précédent.

Le classement des charges et des produits est fait selon la nature


de ces éléments :

• Les éléments d’exploitation

• Les éléments financiers

• Les éléments non courants


Le tableau suivant donne une présentation sommaire du CPC :

Produits d’exploitation
– Charges d’exploitation
= Résultat d’exploitation (1)
Produits financiers
– Charges financières
= Résultat financier (2)
(1) + (2) = Résultat courant (3)
Produits non courants
– Charges non courantes
= Résultat non courant (4)
(3) + (4) = Résultat avant impôt
– Impôt sur le résultat
= Résultat net
 Nature des charges et des produits :

 Les charges :

Les charges correspondent aux dépenses engagées par l’entreprise


en vue de la réalisation du résultat, elles traduisent les opérations
conduisant à un appauvrissement de celle-ci. On distingue :
 Les charges d’exploitation : ce sont des charges régulières à
caractère cyclique. Il s’agit des achats de matières et de
marchandises, des salaires et des autres charges externes…
 Les charges financières : elles comprennent les intérêts versés par
l’entreprise en contrepartie des crédits reçus
 Les charges non courantes : ce sont des charges exceptionnelles
ou anormales, exemple : pénalités, dons versés…
 Nature des charges et des produits :

 Les produits :

L’essentiel des produits de l’entreprise est formé de ventes de


marchandises ou de produits fabriqués. Cependant, comme c’est le
cas pour les charges, on distingue :

 Les produits d’exploitation : vente de marchandises, ventes de

produits fabriqués, prestations de services…

 Les produits financiers : intérêts reçus…

 Les produits non courants : ayant un caractère exceptionnel ou

anormal ; exemple : dons reçus, cessions d’immobilisations…


2- Etat des soldes de gestion
 2. L’état des soldes de gestion (ESG) :

Si le C.P.C permet de déterminer les différents niveaux de


rentabilité (exploitation, financier, courant, non courant), l’ESG
permet de visualiser à travers les soldes de gestion comment
l’entreprise a généré son bénéfice et sa capacité d’autofinancement
(CAF).

Il comprend deux tableaux :

 Tableau de formation des résultats (TFR)

 Tableau de calcul de l'autofinancement (A.F)


 Tableau de formation des résultats (TFR) :

Le TFR a pour but la détermination d’un ensemble d’indicateurs

(dits ; soldes intermédiaires de gestion) permettant de mieux

comprendre le processus de formation du résultat dégagé par

l’entreprise.
Le CPC met en évidence la formation du résultat par le classement
des comptes de gestion (produits et charges) selon les critères
d’exploitation, financier et non courant. Il permet ainsi la
détermination :
• Du résultat d’exploitation
• Du résultat financier
• Du résultat non courant
• Et du résultat net de l’exercice.

La formation du résultat peut être expliquée par d’autres indicateurs


de gestion introduits par le plan comptable, il s’agit des soldes
intermédiaires de gestion qui apportent une analyse plus détaillée
de la rentabilité de l’entreprise.
Ces soldes, regroupés dans le tableau de formation des résultats
(TFR), se forment en cascade et se décomposent comme suit :

 La marge brute
 La valeur ajoutée
 L’excédent brut d’exploitation
 Le résultat d’exploitation
 Le résultat net de l’exercice
Le tableau suivant donne une présentation sommaire du TFR :

Eléments
Ventes de M/se - Achats revendus de M/se

= Marge brute sur vente en état


+ Production de l’exercice - Consommation de l’exercice( achats consommés
de M et F + autres charges externe)
= VA
+ subvention d’exploitation - Impôts et taxes - Charge de personnel
= EBE ou insuffisance brute d’exploitation (IBE)
+ Autres produits d’exploitation - Autres charges d’exploitation + reprise
d’exploitation - Dotation d’exploitation
= Résultat d’exploitation
+/- Résultat financier
= Résultat courant + résultat non courant – Impôt sur le résultat
= Résultat net
 Tableau de calcul de l'autofinancement (A.F) :

La capacité d’autofinancement (CAF) constitue la source la plus


importante du financement de la croissance de l’entreprise. Il s’agit
du surplus généré par l’entreprise et qui peut être utilisé pour le
financement de ses investissements.

CAF = produits encaissables – charges décaissables


 Tableau de calcul de l'autofinancement (A.F) :

Pour le calcul de la CAF, on utilise la méthode dite additive


préconisée par le PCM

CAF = Résultat net


+ dotations d’exploitation
+ dotations financières
+ dotations non courantes
– reprises d’exploitation
– reprises financières
– reprises non courantes
– produits des cessions d’immobilisations
+ VNA des immobilisations cédées
 L’autofinancement :
La capacité d’autofinancement n’est pas totalement utilisée dans le
financement de l’entreprise, une partie du résultat étant distribuée
aux actionnaires sous forme de dividendes.

La partie de la CAF est reste à la disposition de l’entreprise


constitue l’autofinancement de celle-ci.
L’autofinancement est donc égal à la CAF diminuée de la
distribution de bénéfices.

Autofinancement = CAF – distribution de bénéfices


Le tableau suivant donne une présentation sommaire du TFR :
Résultat net
+ dotations d’exploitation
+ dotations financières
+ dotations non courantes
– reprises d’exploitation
– reprises financières
– reprises non courantes
– produits des cessions d’immobilisations
+ VNA des immobilisations cédées
= La capacité d’autofinancement (CAF)
– distribution de bénéfices
= Autofinancement
Le diagnostic des équilibres
financiers
Le diagnostic des équilibres financiers s'agit d'analyser la
capacité d'une entreprise à faire face à ces engagements. Ce diagnostic
peut être mené soit à partir d'un bilan fonctionnel ou à partir d'un bilan
financier.
L’équilibre, la confiance qu’inspire l’entreprise à ses partenaires, s’établit
à trois conditions :
 L’activité doit être rentable, c’est-à-dire qu’elle doit générer un revenu
(dividende et augmentation de la valeur de l’action pour les actionnaires,
intérêt pour les préteurs, salaire pour les salariés, etc.).
 L’entreprise doit être solvable, c’est-à-dire qu’elle doit, au moment
voulu, être capable de rembourser ceux auxquels elle doit de l’argent.
 L’entreprise doit être flexible, c’est-à-dire qu’elle doit garder des
marges de manœuvre pour des décisions d’investissements et de
financement futures.
 1. Présentation du bilan :
Le bilan est un document comptable de synthèse qui donne, à un
moment donné, une photographie de tout ce que possède l’entreprise
(actif) et de tout ce qu’elle doit (passif).
 L’actif du bilan :

L’actif comprend trois masses :


 L’actif immobilisé composé d’éléments corporels, incorporels et
financiers destinés à servir de façon durable dans l’entreprise.
 L’actif circulant défini comme l’ensemble des éléments du patrimoine
qui, en raison de leur destination ou de leur nature n’ont pas vocation à
rester durablement dans l’entreprise.
 La trésorerie actif composée des chèques et valeurs à encaisser et
des valeurs disponibles.
 Le passif du bilan :

Le passif comprend trois masses :

 Le financement permanent composé des capitaux propres et des

dettes de financement.

 Les dettes du passif circulant

 La trésorerie passif
Le tableau suivant donne une représentation sommaire du bilan :

ACTIF PASSIF

Actif immobilisé (classe 2) Financement permanent (classe 1)

Immobilisations en non-valeur Capitaux propres


Immobilisations incorporelles (dont Résultat (+) ou (–))
Immobilisations corporelles Capitaux propres assimilés
Immobilisations financières Dettes de financement

Actif circulant (classe 3) Passif circulant (classe 4)


Stocks Fournisseurs
Créances Etat …
Titres et valeurs de placement

Trésorerie actif (classe 5) Trésorerie passif (classe 5)


 2. Analyse du bilan comptable fonctionnel :

Le bilan fonctionnel n’est que le bilan retenu par le Plan Comptable


Marocain. Ce bilan comptable fonctionnel ne nécessite pas de
reclassements, toute fois, pour certains auteurs, il est indispensable de
signaler que certains postes méritent plus des retraitements et
reclassements, d’où le recours justifié à une approche de diagnostic
financier dite : L’approche fonctionnelle.

Analyse fonctionnel (bilan fonctionnel) : établie dans une optique de


continuité d’exploitation.
 Quatre grandes masses constituent le bilan fonctionnel :

Actif Montant % Passif Montant %

Emplois % Ressources %
stables durables

Emplois % Ressources %
circulant circulantes

Total 100% Total 100%


 Le fonds de roulement (FR) :

Le principe de l’équilibre financier s’énonce ainsi : le long terme doit


couvrir le long terme. Il doit y avoir une adéquation entre les ressources
durables et les emplois de même nature, c.à.d. que le financement
permanent doit couvrir l’actif immobilisé de l’entreprise.

Le fonds de roulement représente l’excédent des ressources


durables (financement permanent) sur les emplois durables (actif
immobilisé). C’est la part des capitaux permanents que l’entreprise
consacre au financement de son exploitation.
FR = Ressources durables – Emplois stables

Emplois stables : l’actif immobilisé en valeur brute

Emplois circulants : la valeur brute des stocks, des créances et de


la trésorerie

Ressources durables : capitaux propres + dettes de financement

Ressources circulantes : dettes d’exploitation, dettes diverses et


trésorerie passif
 Le besoin en fonds de roulement :
Le circuit d’exploitation de l’entreprise engendre des emplois en
stocks et créances d’un montant généralement supérieur aux ressources
procurées par les dettes d’exploitation. Ce qui se traduit par un besoin de
financement global (BFG) appelé aussi Besoin en fonds de roulement
(BFR).

Les éléments constituant le BFR (stocks, crédit clients, dettes


fournisseurs…) ont la particularité de se renouveler constamment, ce qui
confère au BFR un caractère de permanence. Le BFR doit donc être
financée par une ressource durable : le FR.
Le besoin en fonds de roulement (BFR), il n’est véritablement de
sens que dans une optique fonctionnelle, il représente le besoin de
financement généré par le cycle d’exploitation de l’entreprise, il se
calcule de manière suivante :

BFR = Actifs circulants H.T – Passifs circulant H.T

Les besoins en financement sont essentiellement constitués par les


stocks et les créances clients, les ressources provenant de l'exploitation
par les dettes fournisseurs.

L'importance de ces postes dépendent à la fois des contraintes propres


au secteur de l'entreprise (durée du cycle de production, image de la
profession en matière de crédit…), et de politique industrielle et
commercial.
 La Trésorerie Nette :

La trésorerie nette est la différence entre la trésorerie actif et la


trésorerie passif.

Trésorerie Nette = trésorerie actif – trésorerie passif

La trésorerie de l’entreprise résulte de la différence entre le FR et le


BFR
Trésorerie Nette = FR – BFR

La trésorerie nette de l’entreprise n’est positive que si : FR > BFR


Elle est négative en cas d’insuffisance du FR par rapport au BFR

Les combinaisons théoriques possibles entre FR, BFR et TN


( voir le doc )
 3 . L’analyse sur la base du bilan financier ou bilan liquidité :

Le bilan financier également appelé bilan liquidité, est à la base de


l’analyse financière d’une entreprise, il permet en reclassant les postes
du bilan selon leur liquidité à l’actif et selon leur exigibilité au passif, de
porter un jugement sur la solvabilité de l’entreprise étudiée.

L’objectif du bilan financier est de faire apparaître le patrimoine réel de


l’entreprise et d’évaluer le risque de non liquidité de celle-ci.

Analyse liquidité (bilan financier) : établie dans une optique de cessation


d’activité.
 Les principaux retraitements à effectuer au niveau du
bilan comptable :

(voir le tableau de retraitement et reclassement)

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