Geoffroy (2015) - L'accompagnement Au Piano
Geoffroy (2015) - L'accompagnement Au Piano
Geoffroy (2015) - L'accompagnement Au Piano
http://www.musimem.com/accompagnement.htm
2015/09/14
Que ce soit pour son plaisir, pour accompagner un groupe de chanteurs amateurs, des collégiens ou
des lycéens, les pianistes peuvent être amenés à accompagner un chant dont la partition ne présente
que la ligne mélodique et éventuellement des indications d'accords en notation française ou anglo-
saxonne. Il est souhaitable d'avoir quelques notions d'harmonie (disposition des accords, enchaînement
logique des degrés, répartition des voix à chaque main etc.), mais cela ne dispense pas de respecter
plusieurs étapes et de se poser quelques questions analytiques et esthétiques avant de se mettre au
clavier afin de donner consistance à sa prestation et d'éviter les pièges éventuels. En voici quelques-
unes :
1. Lire l'ensemble de la mélodie avec les paroles. Pour bien accompagner un chant, il faut être capable
soi-même de le chanter – à tout le moins dans sa tête – et en avoir mémorisé les contours, les
respirations, les inflexions et le sens général (un accompagnement de type humoristique ne convient
pas à un chant aux paroles funèbres et vice-versa).
2. Déterminer la tonalité générale du chant. Attention, il arrive fréquemment que le refrain et les couplets
soient dans des tonalités ou des modes différents (l'un au ton relatif de l'autre ou le refrain dans le mode
majeur et les couplets dans le mode mineur, par exemple).
3. A partir de la tonalité, avoir en tête et sous les doigts les accords qui permettent d'en harmoniser la
gamme et les degrés importants. Le premier, le quatrième et le cinquième degré sont les plus
fréquemment utilisés.
4. Repérer à l'oreille les emprunts et modulations éventuels, le rythme harmonique, la fréquence des
changements d'accords (souvent sur les temps forts), nombre d'accords par mesure. Il est souvent
possible d'accompagner toute une phrase avec le même accord (pédale) ce qui donne au chant un
caractère plus fluide.
5. Evaluer quelles formules d'accompagnement (accords brisés, arpèges, basse d'Alberti, valse – note
de basse sur le premier temps et accords sur les deuxième et troisième temps...) peuvent être
employées de manière appropriée sans dénaturer le caractère du chant.
6. Il n'est pas toujours nécessaire de doubler la ligne mélodique ni de jouer les notes de passage au
clavier (sauf si le chant n'est pas bien maîtrisé par les chanteurs ou si un passage est délicat pour la
voix). Quelques accords réguliers et bien posés sont un soutien souvent plus efficace que la doublure de
la mélodie agrémentée au hasard d'accords plus ou moins bien venus qui risquent de déstabiliser les
chanteurs.
7. Une introduction et une conclusion (dans le tempo !) improvisées mais simples donnent du relief à
l'exécution vocale et permettent aux chanteurs de se baigner dans l'atmosphère et le contexte tonal et
d'avoir la hauteur pour le départ de façon moins brutale et plus précise qu'avec une simple note
martelée au piano.
8. Dans la mesure du possible, répartir les voix à chaque main et ne pas tasser les accords dans le
grave à la main gauche (qui, dans l'absolu, peut n'avoir qu'à jouer la note de basse et compléter
épisodiquement l'harmonie jouée par la main droite).
9. Utiliser les renversements d'accords afin de donner de la souplesse à l'accompagnement et varier les
sonorités, surtout lorsque le nombre d'accords nécessaires à l'accompagnement d'une chanson est
limité.
10. Si l'on n'est pas sûr de soi et que du temps est disponible pour cela, il ne faut pas hésiter, dans un
premier temps du moins, à écrire son accompagnement, le jouer, le corriger (et à recopier de bons
accompagnements et les apprendre par cœur ... après les avoir analysés), en faisant attention à ce qu'il
soit jouable (pas d'intervalles trop grands ou de voix qui « se perdent dans la nature »). Coucher de la
musique sur le papier permet de prendre de bonnes habitudes, aide le cerveau à mémoriser des
formules réutilisables par la suite.
11. On s'entraînera avec profit en harmonisant au clavier les chansons enfantines, chansons populaires
traditionnelles, marches qui sont généralement bien construites et constituent un bon point de départ.
12. Lorsque le chant perd en dynamique, on peut doubler les notes des accords, devancer légèrement le
chant afin de lui donner une nouvelle impulsion.
Quelques pistes pour travailler l'harmonie au clavier en vue de l'accompagnement d'un chant :
- Analyser et jouer les chorals harmonisés de Jean-Sébastien Bach (et chanter en même temps tour à
tour chacune des voix pour développer son oreille).
- Répartition des voix aux deux mains, accords parfaits à l'état fondamental et avec les renversements, à
transposer.
- Harmonisation de la gamme.
- Exercices de modulation (par la sixte et quarte, par une note commune, par l'introduction de la note
sensible du nouveau ton etc.).
- Travailler les mouvements contraires et obliques (une note est commune à deux accords enchaînés)
entre les voix extrêmes. Trouver tous les accords possibles à partir d'une note à la partie supérieure et à
la partie inférieure (peu importe la tonalité).
- Harmonisation de mélodies de style choral, notes contre notes, à deux, trois... voix puis harmonisation
de mélodies avec des notes étrangères (notes de passage, broderies...).
- Imitations dans l'accompagnement (pour « meubler » les silences ou les notes tenues, par exemple).
- Improvisation d'une introduction et d'une conclusion pour un chant (en reprenant la première ou la
dernière phrase et en les variant).
Bibliographie complémentaire
pour l'étude de l'harmonie au clavier et de
l'improvisation classique
(Liste non exhaustive)