Fractures de L - Enfant
Fractures de L - Enfant
Fractures de L - Enfant
Chrestian
Sommaire
Introduction
1 - Généralités
2 - Fractures particulières
3 - Formes étiologiques
Points essentiels
Introduction
1 - Généralités
L’os du petit enfant a une structure différente de celui de l’adulte, il est plus chargé en eau. Il est aussi
mécaniquement moins résistant que celui de l’adulte. Une grande partie est constituée d’une
maquette cartilagineuse (non visible sur une radiographie) qui va progressivement s’ossifier au cours
de la croissance. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, apparaissent au sein de cette maquette
cartilagineuse des noyaux d’ossifications. En fin de croissance, toute la maquette cartilagineuse aura
disparu et se sera ossifiée.
La luxation articulaire est exceptionnelle, l’os étant moins résistant que la capsule articulaire (pas
luxation du coude ou de l’épaule mais fracture supra-condylienne du coude ou fracture du col
chirurgical de l’humérus).
1.2.1.2. Rôle du périoste
- Certaines fractures sont analogues à celles de l’adulte : trait transversal, oblique long ou court,
spiroïde, 3ème fragment.
- D’autres sont propres à l’ enfant :
• fracture en motte de beurre : il s’agit d’une plicature plastique d’une corticale métaphysaire.
• fracture en bois vert : une corticale est conservée alors que l’autre est rompu en une multitude
d’esquilles.
• arcuature : il n’y a pas de fracture mais une courbure plastique s’étendant sur toute la longueur de
l’os (fibula, ulna)
• fracture sous périostée : l’os est fracturé mais le périoste est intact. Chez l’enfant jeune, ce périoste
assure la solidité et les enfants peuvent parfois marcher malgré une fracture du fémur ou du tibia. Le
diagnostic est porté sur une boiterie et une douleur à la percussion osseuse. La radiographie initiale
est souvent normale. Parfois on devine un trait fracturaire. Ce n’est que 15 jours à 3 semaines plus
tard qu’un cal osseux apparaîtra prouvant ainsi l’existence de cette fracture sous périostée.
• Fracture touchant le cartilage de croissance : décollements épiphysaires.
La classification de Salter et Harris permet de classer ces fractures et de donner dès l’accident
un pronostic sur la croissance résiduelle.
Type 1 : Décollement épiphysaire pur. Le pronostic de croissance est bon.
Type 2 : Le trait de fracture emprunte le cartilage de croissance sauf à une extrémité où il remonte en
zone métaphysaire. Le pronostic de croissance est habituellement bon.
Type 3 : Le trait de fracture emprunte le cartilage de croissance sauf à une extrémité où il devient
épiphysaire. Le pronostic de croissance est compromis surtout s’il persiste un défaut de réduction,
même mineur.
- Le cal périphérique produit par le périoste est très volumineux et rapide chez l’enfant. Il englobe le
- Le remodelage du cal se fait par apposition périostée du côté de la concavité du cal vicieux et
résorption du côté de la convexité.
- les délais de consolidation sont de 6 à 8 semaines pour une fracture diaphysaire (fémur, jambe), 4 à
5 semaines pour une fracture métaphysaire (poignet), 3 semaines pour un décollement épiphysaire
qui est très instable pendant quelques jours.
- Le remodelage du cal et la croissance épiphysaire vont atténuer ou corriger les cals vicieux.
une déviation du cartilage de l’os atteint . Cette complication sera d’autant plus importante que
l’enfant est jeune (il lui reste donc un fort potentiel de croissance) et que la fracture survient sur un des
cartilage les plus actifs de l’organisme (près du genou et loin du coude).
La désépiphysiodèse est une chirurgie qui consiste à tenter de faire redémarrer le fonctionnement du
cartilage de croissance. Elle consiste à cureter la zone où le cartilage de croissance est détruit et d’y
interposer un matériau inerte (ciment, silastic, graisse). Cette chirurgie ne donne qu’environ 50% de
succès. En cas d’échec, il faut faire des ostéotomies correctrices et des allongements de membre.
- Pas de complications thromboemboliques : Il est donc inutile jusqu’à la puberté de prescrire des
anticoagulants. A partir de la puberté, il faut discuter cette thérapeutique mais ne pas la prescrire
systématiquement comme chez l’adulte. Elle est justifiée s’il y a utilisation de contraceptifs oraux, mais
le risque est très faible jusqu’à la fin de la puberté.
- Peu de raideurs d'immobilisation. L’enfant récupère régulièrement une mobilité complète de ses
articulations même après une immobilisation plâtrée prolongée en position non physiologique. Il n’y a
donc pas d’indication de kinésithérapie en traumatologie infantile sauf cas exceptionnel.
- Les séquelles sont souvent de révélation tardive. Les plus fréquentes et les plus graves sont liées à
la croissance. Il faut toujours faire des contrôles tardifs et en fin de croissance. Il faut prévenir les
parents et en expertise prévoir une réévaluation en fin de croissance.
Il n’y a pas de spécificité clinique pour les fractures de l’enfant sauf quand l’enfant est petit et que
l’interrogatoire est difficile voire impossible. Les principaux signes cliniques dépendent de la
localisation de la fracture et de son déplacement. On peut observer des douleurs, une attitude
antalgique, un œdème, une déformation, une ecchymose, etc. Il faut rechercher une ouverture
cutanée, des troubles vasculaires ou neurologiques. Si le diagnostic est suspecté cliniquement, la
confirmation sera radiographique. Il est presque toujours inutile de demander des radiographies
comparatives (mais l’interprétation des radiographies de l’enfant demande une certaine expérience).
Les radiographies comparatives (difficultés de prise de vue du côté fracturaire en raison de la douleur)
ne seront presque jamais prise avec la même incidence que le côté sain ce qui va rendre la
comparaison entre les deux côtés très difficile. Il y a peu ou pas de place pour d’autres imageries
complémentaires sauf cas particulier (scintigraphie pour des fractures du col du fémur pour juger de la
vitalité de la tête fémorale).
L’enfant n’est pas un adulte en miniature. Il ne faut pas appliquer les raisonnements et les techniques
de la traumatologie de l’adulte.
- Le but du traitement est d'assurer la meilleure réduction et la meilleure contention avec le minimum
d'agression chirurgicale. Compte tenu des particularités de l'enfant, il faudra savoir parfois tolérer de
petits défauts (à expliquer à la famille et au médecin traitant) plutôt que de proposer une technique
plus invasive.
- Il faut respecter les structures propres à l’enfant : périoste et cartilage de croissance. Les
ostéosynthèses par plaques ou par clous sont interdites avant la fin de la croissance.
1.4.1. Méthodes orthopédiques
Les méthodes conservatrices sont l’immobilisation plâtrée avec ou sans réduction, la traction continue,
les dispositifs particuliers comme pour la méthode de Blount ou la plâtre pendant . Il ne faut pas
hésiter chez l’enfant à immobiliser l’articulation sus et sous-jacente puisque la récupération de la
mobilité est de règle. L’utilisation du plâtre classique est souvent préférable aux résines synthétiques
sur une fracture fraîche. Le traitement orthopédique par plâtres permet parfois d’éviter un abord
chirurgical mais il nécessite une surveillance particulière. A court terme, il faut surveiller la coloration
et la chaleur cutané, la sensibilité et les points d’appui du plâtre (recherche de douleur et prévention
d’escarres). A plus long terme, tout traitement orthopédique nécessite un suivi médical en consultation
pour s’assurer qu’il n’existe pas de déplacement secondaire (radiographie systématique de contrôle à
J + 8).
1.5. COMPLICATIONS
1.5.1. Immédiates
1.5.2. Secondaires
1.5.3. A distance
• Les nécroses sont exceptionnelles et concernent surtout la tête fémorale (après fracture du col), la
tête radiale et le condyle externe du coude.
• Les raccourcissements et les désaxation par atteinte du cartilage de croissance.
• Les raideurs articulaires sont rares et généralement dues aux fractures articulaires.
2 - Fractures particulières
2.1.1 Fréquence
2.1.2 Mécanisme
Le mécanisme est soit un choc direct, soit un traumatisme indirect par chute sur le moignon de
l’épaule, le coude ou le bras. Ces fractures peuvent aussi survenir lors d'un accouchement difficile
(traumatisme obstétrical) en particulier dans la dystocie des épaules.
2.1.3 Diagnostic
Le diagnostic clinique est facile car l’enfant montre bien la localisation de sa douleur. Le diagnostic est
plus difficile chez le polytraumatisé où il faut systématiquement rechercher des fractures passées
inaperçues.
La radiographie confirme la lésion et le siège de la fracture.
2.1.4 Anatomo-Pathologie
Le trait de fracture peut siéger au tiers moyen (la plus fréquente) au tiers externe ou au tiers
interne. Le fragment interne est en général déplacé vers l’arrière et vers le haut par la traction du
2.1.5 Traitement
immobilisation de 3 semaines par un bandage en 8 ou par des anneaux . Dans quelques rares
cas on peut proposer une réduction qui se fait SANS anesthésie. Cette immobilisation projète l’épaule
en arrière et assure une réduction partielle de la fracture. Le but est de restaurer la longueur de la
clavicule en portant les deux épaules en rétropulsion autour d'un point fixe représenté par le genou de
l'opérateur. Il faut bien prévenir les parents que la réduction n’est jamais totale. Le remodelage osseux
2.2.1 Fréquence
2.2.2 Mécanisme
Même mécanisme que la luxation de l’adulte. La fracture passe au contact de la capsule. Elle est
extra articulaire
- En extension (95% des cas) : chute sur l’avant bras coude fléchi ou mécanisme d’hyper extension du
coude.
- En flexion par choc direct sur un coude fléchi.
2.2.3 Diagnostic
2.2.4 Anatomo-Pathologie
2.2.5 Traitement
En fonction du déplacement.
Stade 1 : plâtre brachio-ante-brachio palmaire.
Stade 2 : plâtre ou réduction et immobilisation en flexion (Blount)
Stade 3 et 4 : Réduction et Blount ou ostéosynthèse par broches et plâtre.
Fractures en flexion : par broches et plâtre.
2.3.1 Fréquence
2.3.2 Mécanisme
2.3.3 Diagnostic
2.3.4 Anatomo-Pathologie
Fracture articulaire.
Déplacement important possible par traction des muscles épicondyliens.
2.3.5 Traitement
Toujours chirurgical (sauf la fracture non déplacée stable au testing sous anesthésie générale).
Ostéosynthèse par broches.
2.4.1 Fréquence
2.4.2 Mécanisme
Chute sur le talon de la main, coude en valgus, ce qui explique les associations lésionnelles
fréquentes au niveau du coude.
2.4.3 Diagnostic
2.4.4 Anatomo-Pathologie
Décollement épiphysaire stade 2 le plus fréquent, le fragment métaphysaire étant latéral ou postéro
latéral.
Fracture métaphysaire pure du col radial.
Fracture articulaire épiphysaire exceptionnelle.
Déplacement important possible par traction des muscles épicondyliens.
2.4.5 Traitement
Toujours chirurgical (sauf la fracture non déplacée stable au testing sous anesthésie générale).
Ostéosynthèse par broches centro-médullaire après réduction (broche entrée à distance du foyer de
fracture).
Ostéosynthèse par broches avec abord du foyer fracturaire (exceptionnel).
2.5.1 Fréquence
2.5.2 Mécanisme
2.5.4 Anatomo-Pathologie
- Fractures plastiques lorsque les capacités de l’élasticité de l’os sont dépassées. Il se produit une
déformation non réversible sans fracture visible radiologiquement . Ces fractures sont rares,
mais doivent être dépistées car elles peuvent s’associer à une luxation de la tête radiale lorsqu’elles
touchent le cubitus (lésion de Monteggia).
-Fractures en bois vert typiquement pédiatriques. Il s’agit d’une étape supplémentaire par rapport à la
déformation plastique. Il existe une rupture de la corticale convexe . Cette lésion est d’autant
plus fréquente que l’enfant est jeune.
- Fractures complètes qui ressemblent aux fractures de l’adulte. La seule différence est qu'en raison
d’un périoste épais et résistant chez l’enfant ces fractures sont parfois stables et pourront être réduites
orthopédiquement.
2.5.5 Traitement
Son but est de respecter la longueur relative des deux os, de restaurer les courbures supinatrice et
pronatrice du radius et de garantir l'intégrité du fonctionnement des articulations radiocubitales
supérieure et inférieure.
Réduction sous anesthésie générale.
Plâtre brachio-antébrachio palmaire si la fracture est stable.
Embrochage si fracture instable ou récidive.
Il s’agit d’une lésion associant une fracture de l’ulna et une luxation de la tête radiale.
2.6.1 Fréquence
2.6.2 Mécanisme
Le mécanisme est direct avec un choc violent sur l’avant bras ou indirect lors d’une chute
associant hyper pronation et hyper extension.
2.6.3 Diagnostic
Règle d’or : “ toute fracture isolée de l’ulna doit faire rechercher une luxation associée de la tête
radiale ”.
Clichés radiographiques prenant les articulations sus et sous jacentes.
L’axe de l’ulna, quelle que soit l’incidence, doit couper le centre du condyle latéral de l’humérus .
En cas de luxation de la tête radiale cette ligne est rompue . La luxation de la tête radiale peut
2.6.4 Traitement
2.7.1 Fréquence
2.7.2 Mécanisme
2.7.4 Traitement
Réduction si nécessaire et une immobilisation plâtrée (4-6 semaines). il est impératif de bloquer le
coude ce qui n’est pas dangereux chez l’enfant.
Traitement chirurgical exceptionnel si l’on n’arrive pas à stabiliser ces fractures (éviter de traverser le
cartilage de croissance avec une broche pour éviter tous risques d’épiphysiodèse).
Très fort potentiel de remodelage qui autorise des déplacements secondaires jusqu’à 20-30 degrés.
2.8.1 Fréquence
Rares mais graves.
2.8.2 Mécanisme
Choc violent : accidents de la voie publique, chutes d’un lieu élevé, chutes en bicyclette, accidents de
sports.
2.8.3 Diagnostic
2.8.4 Anatomo-Pathologie
2.8.5 Traitement
Une fracture sur deux présentera une complication redoutable (nécrose, pseudarthrose,
2.9.1 Fréquence
2.9.2 Mécanisme
Fractures obstétricales, maltraitances, accidents de la voie publique, chutes d’un lieu élevé, accidents
sportifs.
Chez l’enfant jeune, un traumatisme peu important peut produire une fracture du fémur, alors que
chez l’adolescent il est nécessaire d’avoir un traumatisme violent.
Chez le nourrisson, il faut de principe évoquer un éventuel syndrome des enfants battus.
2.9.3 Diagnostic
2.9.4 Anatomo-Pathologie
Spiroïde longue (torsion), horizontale (choc direct), oblique ou à fragments multiples (haute énergie).
2.9.5 Traitement
Lorsque l’enfant est jeune, le plâtre pelvi-pédieux est le traitement de référence après une
traction plus ou moins longue qui permet “ d’engluer ” le foyer de fracture. Vers 5 ans la durée
totale d'immobilisation est de 6 semaines. Au delà de 6-8 ans, la technique d’embrochage centro-
médullaire élastique stable est la méthode de choix car elle permet une déambulation facile
. Lorsque l’enfant est plus grand, on peut discuter la mise en place d’une fixation externe (surtout
si la fracture est ouverte) ou d'un clou centro-médullaire si les cartilages de croissance sont fermés.
2.10.1 Fréquence
Localisation fréquente de l’enfant, qui touche surtout le garçon, en moyenne vers l’âge de 8 ans.
2.10.2 Mécanisme et Anatomo-Pathologie.
Accident de la voie publique, accidents sportifs ( VTT - rollers - skate - ski - sports de glisse). Dans 70
% des cas seul le tibia est fracturé.
Fractures par torsion : trait spiroïde ou oblique du 1/3 moyen ou inférieur du tibia.
Fractures en flexion : trait spiroïde court ou oblique du 1/3 moyen du tibia.
Fractures par choc direct : trait transversal.
Fractures par compression : trait complexe.
2.10.3 Traitement
plâtre cruro pédieux . Lorsque la fracture est déplacée et que la fibula est intacte, il faut la réduire
en contrôlant bien le varus et le recurvatum, surtout en cas de fracture oblique. Il n’y a pas de souci
sur la longueur osseuse puisque la fibula est intacte et se comporte comme une attelle postéro-
externe. Dans le plâtre cruro pédieux, il faut imprimer des contraintes valgisantes et fléchissantes sur
le segment distal dans la confection du plâtre.
Le traitement chirurgical est indiqué lorsque l’on n’obtient pas une bonne réduction. L’enclouage
centro-médullaire élastique stable est le plus utilisé.
2.11.2 Mécanisme
2.11.3 Diagnostic
2.11.4 Anatomo-Pathologie
Décollement épiphysaire type III ou IV de Salter selon qu’elle sépare un fragment épiphysaire ou
épiphyso-métaphysaire interne. Il s’agit donc d’une fracture intra-articulaire.
2.11.5 Traitement
Chirurgical pour restaurer la ligne articulaire et éviter l’épiphysiodèse. Ostèosynthèse par vis et plâtre
cruro pédieux.
Le risque de troubles de croissance par épiphysiodèse interne, entraînant un varus de l’arrière pied
2.12.1 Fréquence
2.12.2 Mécanisme
Torsion de cheville.
2.12.3 Diagnostic
Impotence et gonflement de cheville. Le trait de fracture est vertical et intéresse la partie externe ou
antéro-externe de l’épiphyse tibiale inférieure.
2.12.4 Traitement
Cette fracture expose aux cals vicieux intra-articulaire car sa réduction chirurgicale n’est pas toujours
facile.
2.13.1 Fréquence
2.13.2 Mécanisme
Torsion de cheville.
2.13.3 Diagnostic
2.13.4 Anatomo-Pathologie
Le trait épiphysaire n’est visible que sur le cliché de face et siège habituellement sur le tiers moyen de
la surface articulaire du tibia.
Le trait métaphysaire n’est visible que sur le cliché de profil. Le déplacement est le plus souvent
minime et la fibula en général intacte. L’association d’une fracture Salter III sur la face et Salter II
2.13.5 Traitement
3 - Formes étiologiques
Ces traumatismes peuvent toucher les diaphyses des os longs (le plus souvent) mais aussi les
épiphyses réalisant des décollements épiphysaires (rarement). Ces fractures sont en général de bons
pronostics grâce à la rapidité de la consolidation et au remodelage très important chez le nouveau-né.
- Les fractures de clavicule sont très fréquentes. Elles surviennent lors de l'abaissement du bras dans
un accouchement en présentation du siège chez un gros bébé ou lors de dystocie des épaules en
présentation céphalique. Le diagnostic est posé lors d'un examen systématique qui retrouve une
dénivellation ou une saillie douloureuse de l’épaule. La radiographie confirme le diagnostic. Parfois le
diagnostic est posé a posteriori devant un cal osseux hypertrophique.
La guérison est constante et sans séquelles.
- Les fractures de la diaphyse fémorale surviennent dans un cas pour 4200 naissances. Il s'agit le plus
souvent d'une fracture diaphysaire sous-périostée non déplacée. Parfois le trait fracturaire est complet
avec un raccourcissement et une angulation. Le diagnostic est posé sur une impotence fonctionnelle
secondaire à la douleur. La radiographie confirme le diagnostic.
- Les décollements épiphysaires de l'humérus sont soit proximaux soit distaux. L'enfant se présente
avec une impotence fonctionnelle antalgique du bras et un aspect pseudo paralytique. En proximal
l'aspect est celui d'une luxation inféro-interne d'épaule. En distal l'aspect est celui d'une luxation
latérale radio-cubitale. Chez un nourisson il faut systématiquement penser à un décollement
Points essentiels
- Les fractures de l’enfant sont très fréquentes. L’os du petit enfant est constituée d’une maquette
cartilagineuse qui va progressivement s’ossifier au cours de la croissance. Le périoste joue un rôle
essentiel chez l’enfant. Il a une résistance mécanique importante et il participe à la consolidation des
fractures (cal périosté). Il permet aussi le remodelage fracturaire.
- Il existe des fractures propres à l’enfant : fracture en motte de beurre, fracture en bois vert, fracture
sous périostée, fracture plastique et fractures touchant le cartilage de croissance. La classification de
Salter et Harris permet de classer ces fractures et de donner dès l’accident un pronostic sur la
croissance résiduelle.
- Le cartilage de croissance peut être lésé par une fracture avec apparition d’un pont d’épiphysiodèse
avec arrêt de croissance et désaxation. Si le pont est central, il va entraîner un arrêt de croissance du
cartilage de l’os atteint. Si le pont est périphérique, il va entraîner une déviation du cartilage de l’os
atteint. Cette complication sera d’autant plus importante que l’enfant est jeune (il lui reste donc un fort
potentiel de croissance) et que la fracture survient sur un des cartilage les plus actifs de l’organisme
(prés du genou et loin du coude).
- Les fractures diaphysaires entraînent une poussée de croissance post-fracturaire qui peut être à
l’origine d’inégalités de longueurs.
- Le but du traitement est d'assurer la meilleure réduction et la meilleure contention avec le minimum
d'agression chirurgicale. Chaque fois que cela est possible, il faudra préférer un traitement
orthopédique à un traitement chirurgical. Compte tenu des particularités de l'enfant, il faudra savoir
parfois tolérer de petits défauts plutôt que de proposer une technique plus "invasive".
- Il faut respecter les structures propres à l’enfant : périoste et cartilage de croissance. Les
ostéosynthèses par plaques ou par clous sont interdites avant la fin de la croissance. Le traitement
orthopédique par plâtres permet parfois d’éviter un abord chirurgical mais il nécessite une surveillance
particulière. A court terme, il faut surveiller la coloration et la chaleur cutané, la sensibilité et les points
d’appui du plâtre (recherche de douleur et prévention d’escarres). A plus long terme, tout traitement
orthopédique nécessite un suivi médical en consultation pour s’assurer qu’il n’existe pas de
déplacement secondaire (radiographie systématique de contrôle à J + 8).
- La fracture supracondylienne du coude est la plus fréquente des fractures du coude. Il faut
rechercher des troubles vasculo-nerveux. Le traitement est fonction du déplacement. Il s’agit d’une
fracture grave pourvoyeuse de nombreuses complications (syndrome de Volkmann, complications
neuro-vasculaires, défauts de réduction).
- La lésion de Monteggia associe une fracture de l’ulna et une luxation de la tête radiale. Se souvenir
de la règle d’or : “ toute fracture isolée de l’ulna doit faire rechercher une luxation associée de la tête
radiale ”. L’axe de l’ulna, quelle que soit l’incidence, doit couper le centre du condyle latéral de
l’humérus. En cas de luxation de la tête radiale cette ligne est rompue. Le traitement consiste à réduire
la luxation de la tête radiale et la fracture du l’ulna en maintenant sa longueur. Le diagnostic tardif de
lésion négligée impose un traitement chirurgical lourd.
- Les fractures diaphysaires du fémur sont très fréquentes et de bon pronostic. Elles se voient à tout
âge, mais surtout chez l’enfant jeune. Le traitement sera très différent selon l’âge de l’enfant. Lorsque
l’enfant est jeune, le plâtre pelvi-pédieux est le traitement de référence après une traction plus ou
moins longue qui permet “ d’engluer ” le foyer de fracture. Lorsque l’enfant est plus grand, au delà de
6-8 ans, la technique d’embrochage centro-médullaire élastique stable est la méthode de choix.
Lorsque l’enfant est plus grand, on peut discuter la mise en place d’une fixation externe (surtout si la
fracture est ouverte) ou d'un clou centro-médullaire si les cartilages de croissance sont fermés. Les
complications des fractures du fémur sont le raccourcissement et les cals vicieux.
Il n'y a pas de complications thromboemboliques chez l'enfant non pubère. : il est donc inutile jusqu’à
la puberté de prescrire des anticoagulants. On constate peu de raideurs d'immobilisation. L’enfant
récupère régulièrement une mobilité complète de ses articulations même après une immobilisation
plâtrée prolongée en position non physiologique. Il n’y a donc pas d’indication de kinésithérapie en
traumatologie infantile sauf cas exceptionnel.
Les fractures de la palette
humérale
ETIOLOGIE
Ce sont des fractures articulaires le plus souvent, dont la principale complication est la raideur
du coude. Elles sont plus rares que chez l’enfant, à peu près également réparties entre les 2
sexes. Elles se rencontrent à tout âge.
ANATOMO-PATHOLOGIE
Elles concernent la palette humérale, constitué de 2 piliers et d’une surface articulaire :
-le pilier interne est long et assez étroit
-le pilier externe est court et massif
-la surface articulaire comprend
le condyle huméral qui s’articule avec la cupule radiale
la zone conoïde qui s’articule avec le rebord biseauté de la cupule radiale
la trochlée humérale qui s’articule avec la grande cavité sigmoïde du cubitus.
La palette humérale est aplatie d’avant en arrière, avec une zone de fragilité entre les 2 piliers,
qui sont le siège des fossettes olécraniennes et coronoïdiennes. La palette humérale est
inclinée en valgus (environ 80° entre l’interligne articulaire et l’axe anatomique de la
diaphyse humérale) et déjetée en avant par rapport à l’axe de la diaphyse humérale (une
dizaine de degrés).
CLASSIFICATION
PRISE EN CHARGE
Le blessé présente une impotence fonctionnelle complète de son coude et soutient son
membre supérieur avec le membre controlatéral.
Il faut rechercher des autres lésions sur le membre supérieur (poignet, épaule, avant-bras).
La radiographie est systématique et centrée sur le coude de face et de profil. Elle comprendra
en fonction de l’examen clinique des radiographies des articulations sus et sous-jacentes.
Idéalement la radiographie devra être répétée au bloc opératoire avec des indicences précises
sur le membre en traction après installation de l’anesthésie.
TRAITEMENT
Il est le plus souvent opératoire pour réaliser une ostéosynthèse stable permettant la
mobilisation postopératoire immédiate et pour éviter la raideur post-traumatique. Parfois, il
faut exciser un petit fragment non synthésable qui pourrait gripper le jeu articulaire et
effectuer une toilette articulaire.
Certaines complications sont imprévisibles : ce sont les ossifications ectopiques qui devront
être systématiquement prévenues par un traitement anti-inflammatoire associé à un glaçage de
l’articulation. Elles peuvent dans certains cas constituer des butées soit à l’extension
(ossifications postérieures) soit à la flexion (ossifications antérieures). Elles peuvent
nécessiter une intervention secondaire d’arthrolyse comportant un temps d’excision des
ossifications. Il faut alors attendre la diminution de la fixation scintigraphique au niveau des
ossifications sous peine de les voir récidiver.
CONCLUSION
Les fractures de la palette humérale nécessitent les plus souvent un traitement chirurgical
opératoire, souvent assez difficile. Bien traitées, elles peuvent très bien guérir sans séquelle
surtout si elles sont extra-articulaires. Mais les complications sont fréquentes même entre de
bonnes mains, et parfois difficilement évitables (ossifications).
H. BRACQ (1)
(1)
Clinique chirurgicale infantile Centre hospitalier Pontchaillou rue Henri Le Guilloux 35033 RENNES
CEDEX.
ANATOMO-PATHOLOGIE
Enfin il faut bien visualiser les deux lignes courbes formées par les fossettes coronoïde et
olécrânienne déterminant la classique image en sablier (fig. 1).
La classification retenue dans les publications de langue française est celle du rapport de
1962 [15] basée sur l'analyse des radiographies de face et de profil ; elle permet aussi de
prévoir la stabilité après réduction (fig. 2) :
- dans le stade 1 seuls la corticale et le périoste antérieurs sont atteints la fracture est
stable - dans le stade 2 les deux corticales sont intéressées avec faible déplacement le
plus souvent en arrière ; le périoste postérieur intact permet la stabilité de la fracture en
flexion - dans le stade 3 le déplacement est important associant plusieurs déplacements
élémentaires l'arrachement périosté est antérieur et interne [4]. Le décalage
habituellement interne se traduit sur le cliché de profil épiphysaire strict par un aspect
concave du bord antérieur de la métaphyse et convexe du bord postérieur ; au contraire
un décalage externe donne un aspect bi-concave à la métaphyse véritable image en «
queue de poisson » fig. 3 [14]). La fracture est assez instable après réduction - enfin dans
le stade 4 il n'y a plus de contact entre les fragments osseux le périoste postérieur n'est
pas toujours totalement rompu souvent décollé haut sur l'humérus. La fracture réduite
est instable - quant au stade 5 il regroupe les très rares fractures diaphyso-épiphysaires.
TRAITEMENT
L'analyse précise des radiographies précède toute tentative : bien entendu les fractures
en extension nécessiteront une flexion du coude les autres une extension [3].
L'enfant est en décubitus dorsal l'épaule en rotation neutre. Il faut d'abord exercer une
traction axiale douce et progressive pour ne pas léser le périoste restant le coude étant
en légère hyperextension et l'avant-bras en supination dans les cas les plus fréquents de
rotation interne du fragment inférieur sinon en pronation. On abaisse ainsi l'épiphyse ce
qui dégage la fossette olécrânienne. Puis on corrige l'éventuelle translation par pression
directe. Enfin tout en maintenant la traction sur l'avant-bras on fléchit le coude sans
forcer poussant l'épiphyse d'arrière en avant avec le pouce sur l'olécrâne les autres
doigts faisant contre-appui sur la face antérieure du bras. La flexion doit être facile et
atteindre 120° et peut être maintenue par un garrot élastique serré autour du bras et du
poignet.
La réduction doit être confirmée par des clichés radiographiques en recherchant les
critères décrits au chapitre précédent sachant que la superposition de l'avant-bras et de
la palette sur le cliché de face peut en rendre la lecture difficile. Si la réduction n'est pas
parfaite après analyse des défauts résiduels il faut recommencer les différents temps.
Méthodes de stabilisation
En pratique nous utilisons un jersey tubulaire passé autour du cou un petit bracelet plâtré
pour éviter une constriction parfois douloureuse les deux étant solidarisés de façon
inenlevable par l'enfant ou ses parents et maintenant le poignet devant le manubrium
sternal pendant 4 semaines (fig. 4) Les avantages sont évidents : absence de matériel et
de cicatrice par contre il faut pouvoir exercer une surveillance clinique rigoureuse
pendant les 48 premières heures et avoir l'assurance d'une bonne coopération familiale.
Après réduction le coude est maintenu hyperfléchi par un garrot élastique puis préparé
stérilement. Une broche de Kirschner de 13 à 18 centièmes de diamètre est montée au
moteur lent l'introduction se faisant au niveau du condyle externe un peu en arrière pour
tenir compte de l'antéflexion épiphysaire et assez interne proche de l'olécrâne. La broche
doit être dirigée en haut en arrière et en dedans pour traverser successivement
l'épiphyse puis la corticale interne de la diaphyse humérale. Une seconde broche
parallèle à la première doit être posée un peu plus en dehors (fig. 5). Il s'agit là d'une
modification de la technique originale qui ne donnait pas de stabilité suffisante le
parallélisme des deux broches étant indispensable pour éliminer les risques de
déplacement secondaire à une rotation. Après coudure section des broches qui sont
enfouies sous la peau puis immobilisation dans un plâtre à 90° coude au corps pendant 4
semaines.
L'avantage principal de cette méthode est d'éviter la flexion du coude qui favorise les
complications vasculo-nerveuses en cas de traitement trop tardif mais son inconvénient
est parfois la difficulté de bien positionner les broches nécessitant une répétition des
perforations qui favorise l'infection post-opératoire.
Pour les auteurs l'avantage est de donner une excellente stabilité permettant de se
passer de plâtre en post-opératoire avec en corollaire moins de raideur par contre ils
reconnaissent que cette technique nécessite une certaine habitude.
Réduction chirurgicale
Les voies d'abord sont nombreuses et ont toutes leurs avantages et inconvénients :
- la voie postérieure est souvent utilisée (dans 50 p. cent des réductions chirurgicales [7])
car elle permet un bon contrôle simultané des deux colonnes de part et d'autre du triceps
par contre l'antéflexion épiphysaire n'est pas toujours bien appréciée. Son inconvénient
est une cicatrice inesthétique
- la voie interne centrée sur la saillie de l'épitrochlée et après repérage du nerf cubital
permet une excellente réduction (à la vue de la colonne interne au doigt de la colonne
externe) qui sera maintenue par deux broches en croix perforant la corticale opposée
l'externe étant mise en percutané [8]. L'inconvénient est une raideur qui disparaît
spontanément en deux à trois mois. Par contre cette voie
Dans tous les cas un plâtre complémentaire est nécessaire pendant un mois avec ensuite
ablation du matériel.
Indications
Fractures en flexion
Elles sont rares mais instables par rupture du périoste postérieur. En dehors des
exceptionnels stades 1 immobilisés par plâtre à 60° dans les stades 2 et 3 il faut
obligatoirement une stabilisation par broches percutanées (difficile à réaliser en raison de
la réduction coude en extension) et souvent avoir recours à une réduction chirurgicale
dans les stades 4 ou les FSC mal réduites [7] [26].
Fractures en extension
- Chez le jeune enfant de moins de trois ans les méthodes de Blount et de Judet sont
rarement utilisées en raison de réduction souvent imparfaite expliquant les mauvais
résultats (1 sur 5) car il n'y a pas d'amélioration avec la croissance [7]. La chirurgie doit
être atraumatique évitant d'écraser les spicules osseux et les multiples tentatives
d'embrochage.
- les stades 1 2 et 3 doivent bénéficier de la méthode de Blount car elle est confortable et
sans risque pour l'enfant. Même dans un stade 1 nous préférons cette attitude car elle
évite parfois un déplacement secondaire permis par un mauvais plâtre. Mais les limites
de cette méthode résident dans les contre-indications que nous avons données. Dès que
le coude trop volumineux ne peut tolérer la flexion il faut opter pour la méthode de Judet
ou l'embrochage descendant. - la plupart des stades 4 ne sont pas plus difficiles à réduire
que les autres stades : si la réduction est parfaite la méthode de Judet ou l'embrochage
descendant sont efficaces. - la chirurgie ne reste donc indiquée que dans les réductions
imparfaites ou lorsque coexiste un tableau d'ischémie aiguë (problème que nous
reverrons au chapitre des complications). Nous pensons qu'il faut toujours essayer
loyalement une réduction orthopédique et ne pas d'emblée opérer.
Résultats
Les critères retenus pour l'appréciation des traitements doivent être stricts pour pouvoir
comparer les techniques aussi objectivement que possible. Ils sont essentiellement
cliniques mais il faut aussi tenir compte de l'aspect radiographique parfois inquiétant qui
doit faire passer d'une catégorie à une autre moins favorable.
Ainsi les travaux français font référence à la cotation du rapport de 1962 [15] :
- bon : fonction normale mais léger déficit en mobilité force musculaire et déviation d'axe
inférieure à 10°
- mauvais : mauvaise utilisation avec raideur supérieure à 50° ou défaut d'axe supérieur
à 20° ou paralysie résiduelle.
COMPLICATIONS
Elles font la gravité de cette fracture redoutée par les chirurgiens de garde non habitués
à la traumatologie pédiatrique.
Lésions cutanées
Elles sont surtout représentées par des ouvertures punctiformes ou par des décollements
hématiques qui peuvent parfois gêner une réduction orthopédique. Une fracture ouverte
doit être parée et traitée selon les indications classiques.
Lésions vasculaires
Le diagnostic doit être clinique : le tableau le plus habituel est une main chaude
légèrement oedématiée mais le pouls n'est pas perceptible après réduction de la fracture
(5 5 p. cent des FSC). Exceptionnellement (2 fois sur les 619 FSC du rapport de 1986 [16]
l'ischémie est aiguë imposant d'emblée un abord chirurgical interne avec éventuellement
agrandissement antéro-interne et réparation artérielle par pontage veineux plutôt que
résection-anastomose. En effet les lésions artérielles sont surtout représentées par un
flap de l'intima sans solution de continuité macroscopique mais entraînant une
thrombose les sections étant exceptionnelles [5]. L'ultrasonographie Doppler est facile à
réaliser mais n'est pas toujours aisée à interpréter ; en effet la richesse du cercle
anastomotique du coude le spasme artériel peuvent donner le change avec des signaux
présents mais d'amplitude insuffisante [23]. L'artériographie ne semble avoir aucune
indication [5] [16].
En pratique en l'absence d'ischémie aiguë il faut obtenir une réduction parfaite puis se
donner un délai de 24 heures où l'on voit dans la grande majorité des cas réapparaître le
pouls. Dans le cas contraire un abord chirurgical interne est recommandé même si la
tolérance fonctionnelle à long terme d'une thrombose humérale semble bonne [16].
Lésions neurologiques
Les risques neurologiques sont importants puisqu'une fracture sur 10 entraîne une
paralysie plus ou moins complète touchant presque autant les trois nerfs du membre
supérieur [6] [16] [18]. Bien entendu c'est dans les FSC de stades 3 et 4 que l'on
rencontre cette complication surtout lorsque la translation est interne situation la plus
habituelle (2 fois sur 3) [6].
Mais l'analyse clinique en est difficile en urgence et c'est souvent après la réduction que
l'on constate troubles sensitifs et/ou moteurs. N'oublions pas de tester la fonction du
fléchisseur profond de l'index qui dépend de l'intégrité du nerf interosseux antérieur dont
l'atteinte est certainement sous-estimée [1].
Les lésions sont surtout des neurapraxies (environ 80 p. cent des cas) qui récupèrent en
moyenne en 2 mois 1/2 avec des extrêmes de 1 à 5 mois [6] [18] et beaucoup plus
rapidement pour le radial que pour le cubital [11]. Le moment idéal pour explorer un nerf
restant électrologiquement anormal est encore débattu mais il semble qu'attendre 6 mois
pour faire une neurolyse ou une réparation secondaire soit acceptable.
Déplacement secondaire
Il peut avoir lieu quel que soit le stade initial : ainsi pour une fracture de stade 1 mal
immobilisée par un plâtre trop lourd ne remontant pas assez haut sur le bras ou pour une
fracture de stade 2 ou 3 réduite et maintenue par un plâtre à 90° (9 cas dans le rapport
de 1986 [7]). Mais aucune des méthodes thérapeutiques en dehors de l'embrochage
descendant (aucun déplacement sur 96 FSC [20]) n'est à l'abri de cette complication qui
si elle reste rare (6 p. cent pour la méthode de Blount [4] 50 p. cent pour la méthode de
Judet originale ramenée à 5 p. cent avec utilisation de 2 broches parallèles [7]) entraîne
des résultats médiocres. Il faut donc le dépister systématiquement par un bilan
radiographique dans les jours suivant la réduction et reprendre orthopédiquement ou
chirurgicalement ces fractures.
Syndrome de Volkmann
Autrefois redouté (26 cas dans le rapport de 1962 [15]) il semble avoir disparu puisqu'on
n'en parle pas en 1986 [7]. On peut donc considérer qu'il s'agit d'une complication
secondaire à un traitement inapproprié (par exemple plâtre sur un coude en flexion ou
compressif sur un coude oedématié) et qu'il faut le dépister sur des signes maintenant
bien classiques (douleur à l'extension des doigts dysesthésie à type de fourmillement
dans les extrémités retard du pouls capillaire sur des doigts boudinés).
Infection
Elle est toujours à craindre : pose de broche dans des conditions d'asepsie insuffisante
(conditions de la « petite chirurgie » ! multiples introductions) broches non enfouies sous
la peau ou la perforant après fonte de I'oedème en sont les principales causes iatrogènes.
En général l'infection reste locale et guérit rapidement après l'ablation du matériel mais
une ostéite voire une ostéoarthrite grève bien évidemment le résultat (8 mauvais
résultats sur 11 infections profondes dans le rapport de 1986 [7].
Raideur
Elle est habituelle après les 4 semaines d'immobilisation mais elle disparaît en quelques
mois sans qu'il y ait la moindre indication à un traitement kinétique.
Au contraire une stimulation trop active peut entraîner de façon réflexe un cou de
inflammatoire et douloureux.
Anomalies axiales
Il est mesuré dans la plupart des publications par l'angle huméro-radial mais Kohler [13]
distingue fort justement le varus « déviation » du varus « vrai » qui tient compte du
valgus du côté opposé. Cliniquement la mesure se fait avec le coude en extension mais il
ne faut pas oublier d'apprécier les troubles rotationnels associés selon la technique de
Yamamoto [28] : coudes fléchis à 90° les bras derrière le dos le sujet se penchant en
avant on ne peut normalement pas augmenter la rotation interne de l'épaule en agissant
sur l'avant-bras pris comme levier ; en pathologie toute asymétrie de plus de 10 est
significative et peut être mesurée.
Le traitement n'est indiqué que lorsque le varus «vrai » dépasse 15° car les difficultés
techniques illustrées par les nombreuses méthodes chirurgicales ne doivent pas être
sous-estimées [24]. La plupart des auteurs proposent une ostéotomie de soustraction
externe humérale basse gardant la corticale interne intacte [2] [9] [13]. La correction
peut être maintenue par broches filetées [13] vis et cerclage métallique (technique de
French [2]) plaque vissée ou même plâtre coude en extension [9] [17].
Les complications sont d'ordre neurologique (risque de paralysie radiale [13]) d'ordre
infectieux sur broche [2] et surtout d'ordre esthétique avec insuffisance de correction ou
réapparition du cubitus varus ce qui incite Ippolito à ne donner les résultats de ces actes
chirurgicaux qu'en fin de croissance [12]. - Le cubitus valgus est par contre mieux toléré
ne nécessitant en règle pas de correction chirurgicale et se voit surtout après fracture en
flexion (15 p. cent) [7]. - L'hyperextension est disgracieuse souvent associée à un cubitus
varus liée en partie à un défaut de réduction antéro-postérieur quoique certaines études
ne retrouvent pas de diminution de l'antépulsion épiphysaire [24].
CONCLUSIONS