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Article Prevention Dos Hopital

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Prévention

des maux de dos


dans le secteur
hospitalier

Avril 2008

Direction générale Humanisation du travail


Ce manuel a été élaboré par une équipe de PREVENT composée de:
Jean-Philippe DEMARET, ergonome et licencié en kinésithérapie et en
éducation physique;
Frédéric GAVRAY, ergonome, kinésithérapeute et licencié en éduca-
tion pour la santé;
Freddy WILLEMS, ergonome européen et ergothérapeute.

Remerciements
Merci à toutes les personnes qui ont exprimé leur intérêt pour ce tra- ✓ à Benoit Poncelet et Christophe Sorlet du service des soins in-
vail et qui ont fait bénéficier ce manuel de leur expérience de terrain tensifs médico-chirurgicaux du Centre hospitalier de Luxembourg
ou d’illustrations photographiques en situation réelle. (service du Dr. M. Hemmer)
Merci particulièrement: ✓ à Lieven Maertens de Heilig Hart Ziekenhuis Roulers - Menin
✓ aux membres de l’Hôpital St Joseph de Liège (CHC), notamment ✓ au CHU Sart Tilman de Liège
Jean-Paul Delvaux, Jean-Luc Delhaxhe, Claude Lambrechts, Didier ✓ à Jean-Benoît Dufour et Véronique Legrain de Solival Wallonie
Balts, Pierre Francois, Jessica Janssens, Abdel Jarek, Salvatore Maggio, – Bruxelles
Calo Marchese, Roberto Milazzo ✓ à Catherine Drosson, Nadine Cloes, Marie-Carole Tassignon, Julie
✓ à Augustin Pion des Cliniques de l’Europe, Site Saint Michel Gathon et Géraldine Parent, Tom et Lora
✓ à Isabelle Plumet du Centre hospitalier régional du Val de Sambre Merci également à la société METRA de Gand qui nous a permis de
✓ à Filip Buckens, coordinateur de l’équipe Manutention de l’Universi- reproduire les photographies des articles, aides techniques et mobi-
tair Ziekenhuis de Gand liers repris dans cet ouvrage.

PROMOTEUR DU PROJET
SPF Emploi, Travail et Concertation sociale
Direction générale Humanisation du travail
Rue Ernest Blerot 1 – 1070 Bruxelles
Ce manuel a pu être réalisé grâce
à l’appui de l’Union européenne
Fonds social européen

Cette publication peut également être consultée sur le site web: www.emploi.belgique.be

H/F Ce manuel a été rédigé à la demande de la Direction générale


Humanisation du travail du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale
Les termes « conseiller en prévention », « travailleur » et « em-
ployeur » utilisés dans cette publication renvoient aux personnes des Coordination: Direction de la communication
deux sexes. Couverture et mise en page: Rilana Picard
Impression: Bietlot
Dépôt légal: D/2008/1205/23
Deze publicatie is ook verkrijgbaar in het Nederlands. Editeur responsable: SPF Emploi,Travail et Concertation sociale
rue Ernest Blerot 1 - 1070 Bruxelles
©
SPF Emploi, Travail et Concertation sociale
Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préa-
lable et écrit de la Direction de la communication du SPF Emploi, Ce manuel peut être obtenu gratuitement
Travail et Concertation sociale, de reproduire totalement ou par-
tiellement la présente publication, de la stocker dans une banque de ✓ Par téléphone au 02 233 42 14
données ou de la communiquer au public, sous quelque forme que ✓ Par commande directe sur le site du SPF:
ce soit. Toutefois, si la reproduction de textes de cette brochure se http://www.emploi.belgique.be
fait à des fins informatives ou pédagogiques et strictement non com- ✓ Par écrit à la Cellule Publications du
merciales, elle est autorisée moyennant la citation de la source et, s’il SPF Emploi,Travail et Concertation sociale
échet, des auteurs de la brochure. rue Ernest Blerot 1 - 1070 Bruxelles
Fax: 02 233 42 36
E-mail: publications@emploi.belgique.be


Avant-propos

Ce manuel de prévention des maux de dos dans le secteur hospitalier, développé dans le cadre du projet LOM-
BALGIES, est le cinquième d’une série de brochures dédiées spécifiquement à la prévention des troubles musculo-
squelettiques.
Le projet LOMBALGIES a débuté en 2000 sur base d’un concept élaboré par le Centre de promotion du travail qui
avait pour objectif de combattre le risque de lombalgies et de maux de dos dans le secteur de la petite enfance en
offrant des formations aux puéricultrices et institutrices maternelles. Ce projet a été mené en collaboration avec
l’Institut PREVENT.
L’intervention du Fonds social européen dans ce projet a permis de toucher un très large public (les directions des
crèches, les formateurs des puéricultrices et institutrices maternelles en matière d’éducation physique…) et d’at-
teindre ainsi un effet de masse. Avec des résultats concluants puisque nombre de réalisations concrètes balisent
d’ores et déjà le plan d’action du projet. Outre la diffusion de CD-ROM et de brochures, l’initiative accentue la
prévention en distribuant des outils ergonomiques comme des coussins et des tapis de mousse.
Fort de son succès, le projet concerne aussi d’autres secteurs comme l’agriculture, la construction et l’aide à domi-
cile. Il s’étend aujourd’hui au secteur hospitalier.
Ce manuel poursuit principalement trois objectifs: connaître le fonctionnement du dos, comprendre comment il
peut se détériorer et développer des solutions adaptées. Il s’adresse en priorité aux conseillers en prévention qui
cherchent des connaissances complémentaires sur la problématique des maux de dos et des arguments pour
convaincre leurs interlocuteurs de protéger leur dos ou celui de leurs travailleurs.


Table des matières

Avant-propos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
2. De quoi est constitué le dos ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.1 La colonne vertébrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2.2 Les constituants de la colonne vertébrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.1 Le disque: coussinet amortisseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.2 Les articulations postérieures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.3 Les ligaments . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.4 Les éléments nerveux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.2.5 Les muscles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.3 Rôles et particularités du disque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.4 La position debout: position de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
3. Les causes du mal de dos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.1 La répétition ou le maintien prolongé de certaines positions et manutentions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.1.1 Se pencher en avant (dos rond) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
3.1.2 Se tourner sur le côté, éventuellement en se penchant vers l’avant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
3.1.3 Saisir une charge en s’étendant fortement vers l’arrière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.1.4 Rester longtemps assis sur un siège . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.1.5 Rester longtemps (ou soulever une charge) accroupi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.2 Les autres risques liés à la manutention . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2.1 Les caractéristiques liées à la charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2.2 La distance de prise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2.3 Les caractéristiques liées au patient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.3 Les risques liés à l’environnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.4 Les risques liés à l’organisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.5 Les facteurs de risque personnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.5.1 Sédentarité et condition physique insuffisante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.5.2 Tabagisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
3.5.3 Autres facteurs de risques personnels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3.5.4 La tenue vestimentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24


4. Le vieillissement naturel de la colonne et quelques pathologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.1 Le vieillissement naturel de la colonne et l’arthrose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.2 Détérioration des ligaments et des articulations postérieures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
4.3 Fatigue musculaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.4 Détérioration discale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.4.1 Stade 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.4.2 Stade 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.4.3 Stade 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
4.4.4 Stade 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.4.5 L’intervention chirurgicale est-elle inévitable en cas de hernie discale ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
4.5 Le lumbago . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
4.6 Conseils complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
4.6.1 Le repos au lit: deux jours maximum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
4.6.2 Les signes de gravité à prendre en considération . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
5. Prévention: Que faire pour garder un dos en bonne santé ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5.1 Adapter son environnement (l’ergonomie) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5.1.1 Déposer et travailler à bonne hauteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
5.1.2 Améliorer les caractéristiques des charges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
5.1.3 Faciliter le déplacement des charges et des personnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
5.1.4 Faciliter l’accès pour éviter les chutes et de devoir prendre des positions inconfortables . . . . . . . . . . . . 37
5.1.5 Organiser son travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
5.2 Adopter des positions correctes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
5.3 L’application des solutions préventives pour le personnel soignant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.3.1 Les manutentions d’objets quotidiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
5.3.2 Les soins et aides au patient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
5.3.3 Les manutentions du patient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
5.4 L’application des solutions préventives dans les secteurs technique, logistique et cuisine . . . . . . . . . . . . . 84
5.5 L’application des solutions préventives dans le secteur administratif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
5.5.1 Risques pour le dos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
5.5.2 Autres risques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
5.5.3 Conseils pour l’adaptation du bureau dans la pièce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
5.5.4 Conseils concernant le réglage et la qualité du mobilier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.5.5 L’ordinateur portable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.5.6 Soulever des caisses et dossiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
5.6 Prévention à la maison et dans les loisirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.7 L’activité physique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.7.1 Changer fréquemment de position . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.7.2 Maintenir une bonne condition par l’activité physique régulière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.7.3 Quels sont les sports recommandés ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.7.4 Quels sont les exercices que je peux pratiquer facilement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
6. Références complémentaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113


1. Introduction

Le mal de dos est une pathologie qui touche nombre de per-


sonnes. Les chiffres sont particulièrement éloquents: entre
51% et 83 % des personnes consultées ont souffert au moins
une fois du dos dans leur vie. Les plaintes sur l’année écoulée
sont comprises entre 32 et 45%. Certains secteurs profession-
nels semblent être touchés de façon plus importante par cette
atteinte. On peut citer notamment la construction: 48% de
plaintes selon l’Agence européenne (2000), le secteur de l’aide
à domicile avec 86% de plaintes (enquête PROXIMA 2006). Le
secteur des soins hospitaliers est confronté au problème de
façon importante également: 73 à 76% (Maul I. et coll. 2003)
des soignants ont connu un épisode de mal de dos sur l’an-
née écoulée. Les maux de dos viennent au premier rang des
problèmes de santé liés au travail, ils sont aussi la cause la plus
fréquente des arrêts de travail de longue durée.
Beaucoup de personnes attribuent leur mal de dos à un faux
mouvement, au soulèvement d’une charge trop lourde ou d’un
patient. De même, d’autres pensent que le stress, une météo
pluvieuse, etc sont la cause du fameux « tour de reins ». Ils
méconnaissent ainsi l’existence de facteurs antérieurs qui ont
fragilisé le dos. Les études scientifiques des causes de mal de
dos montrent que de nombreux facteurs interviennent. Dé-
terminer une origine précise de la douleur est bien souvent
impossible parce qu’elle est rarement unique. D’autre part, une
atteinte bénigne peut occasionner des douleurs importantes
qui tracassent souvent à tort la personne atteinte quant à sa
capacité à maintenir une activité professionnelle de longues
années durant.
C’est pour cette raison que ce manuel propose de faire connaî-
tre le fonctionnement du dos, faire comprendre comment il
peut se détériorer et renseigner des solutions adaptées.


2. De quoi est constitué
le dos ?

2.1 La colonne vertébrale


La colonne est composée de 5 parties constituées chacune
de vertèbres:
1 les sept vertèbres cervicales (C1 à C7)
2 les douze vertèbres dorsales (D1 à D12) auxquelles sont
attachées les douze paires de côtes
3 les cinq vertèbres lombaires (L1 à L5)
4 le sacrum (cinq vertèbres soudées, de S1 à S5)
5 le coccyx (3 ou 4 vertèbres soudées)
Les vertèbres sont percées d’un orifice central appelé canal
rachidien. Chaque vertèbre est caractérisée par une lettre et
un chiffre: L1 pour la première lombaire par exemple. Un dis-
que intervertébral est intercalé entre les vertèbres. Chaque
disque porte un nom caractérisé par les vertèbres situées au-
dessus et en-dessous de lui. Par exemple, le disque situé entre
la cinquième vertèbre lombaire et la première vertèbre du
sacrum s’appelle le disque L5/S1 (flèche rouge dans le dessin).

Les os iliaques (a) accolés au sacrum forment avec celui-ci le


bassin. Chaque fémur (os de la cuisse) s’articule à un os iliaque
et forme l’articulation de la hanche (b).
Au contraire de l’idée généralement répandue selon laquelle
la colonne vertébrale est droite comme un manche de balai,
elle comporte des courbures naturelles qui sont essentielles
pour son bon fonctionnement. Les parties cervicales et lom-
baires sont bombées vers l’avant (lordose). La partie dorsale
est bombée vers l’arrière (cyphose). La courbure antérieure
du bas de la colonne (lordose lombaire) qui apparaît dès l’âge
d’un an est une adaptation à la position verticale et évite la
fatigue des muscles du dos en position debout. Nous revien-
drons sur l’importance de ces courbures dans les différentes
positions de la vie quotidienne et au travail.


2.2 Les constituants de la colonne
vertébrale
2.2.1 Le disque: coussinet amortisseur
Situé entre deux vertèbres (A), le disque intervertébral (B) est
composé du noyau et de l’anneau:
✒ Le noyau, (B1) au centre, a l’apparence d’une gélatine fer-
me. Il est constitué essentiellement d’eau (90%) retenue
par des protéines (protéoglycans). Chez un individu jeune,
ces protéines particulières ont tendance à attirer l’eau
(comme une éponge). Cela explique pourquoi notre taille
peut augmenter de 1 à 2cm au lever du lit.
✒ L’anneau (B2) ressemble à un treillis de fibres entrecroi-
sées qui maintiennent le noyau au centre. Deux vertèbres et les Une vertèbre et le disque vus
différents constituants par dessus
2.2.2 Les articulations postérieures (vue de profil)
A l’arrière, les deux vertèbres s’emboîtent au niveau des arti-
culations postérieures (C). Celles-ci sont recouvertes par du
cartilage, c’est-à-dire par un tissu amortisseur.

2.2.3 Les ligaments


La colonne vertébrale est maintenue par des structures élas-
tiques, les ligaments (D). Contrairement au disque (voir plus
bas), les ligaments sont bien innervés (et donc sensibles à leur
détérioration). Le noyau en jaune (au centre)
et les fibres croisées de l’an-
2.2.4 Les éléments nerveux neau périphérique
Le gros câble nerveux central, appelé moelle épinière (E) vient
du cerveau et passe dans chaque vertèbre à l’intérieur du canal
rachidien. La moelle épinière se subdivise en racines nerveuses
(F), qui donnent naissance aux différents nerfs permettant la
sensibilité et commandant les mouvements.
Le nerf sciatique, par exemple, émerge de la colonne lombaire
et innerve en partie la cuisse, la jambe et le pied.

2.2.5 Les muscles


Les muscles paravertébraux (G) s’attachent à l’arrière de la
colonne et relient deux ou plusieurs vertèbres entre elles. Ils
maintiennent le dos dans une position donnée et assurent la
stabilité et les mouvements de la colonne. Ils permettent no-
tamment de se redresser, de s’incliner sur le côté ou de se
tourner.

2.3 Rôles et particularités du disque


A Deux rôles
✒ amortir les chocs: comparable à un pneu bien gonflé, le
disque amortit et absorbe les différentes variations de
pression.
✒ permettre les mouvements: se pencher, s’étendre, se tour-
ner sont autant de gestes rendus possibles par l’élasticité
du noyau.


B Deux particularités
Absence de cellules nerveuses
L’anneau et le noyau du disque ne sont pas pourvus de struc-
tures nerveuses; les fibres nerveuses (représentées en vert)
ne sont présentes qu’à la périphérie postérieure de l’anneau.
Les premières lésions qui se produisent à l’intérieur du disque
restent donc indolores et « silencieuses ». D’où l’importance
de penser à son dos déjà avant d’avoir mal.
Les flèches vertes correspon-
dent aux rares cellules ner-
veuses situées en périphérie
postérieure du disque

Absence de vaisseaux sanguins


Le disque ne comporte pas de vaisseaux sanguins. Dès lors,
il fonctionne en quelque sorte comme une éponge. Les va-
riations de pression lors des mouvements ou changements
de position lui permettent d’être alimenté et d’éliminer les
toxines.
Le manque de mouvement et la sédentarité constituent donc
un risque pour notre dos.

10
2.4 La position debout: position
de référence
La position debout verticale est la position de référence. Les
pressions et les tensions au niveau du disque et des ligaments
sont les plus faibles et équilibrées. Le poids du tronc, de la tête
et des bras se répercute à la verticale des vertèbres lombaires.
Ainsi pour une personne de 60kg, la pression sur le disque
L5/S1 équivaut environ à 40kg, ou à 2/3 du poids du corps.

11
3. Les causes du mal de dos

Dans ce chapitre, nous aborderons quelques exemples de si-


tuation rencontrées dans la pratique quotidienne du person-
nel d’un hôpital et qui constituent des facteurs de risque pour
le dos. Ces facteurs de risque sont également présents dans la
plupart des activités de la vie quotidienne, familiale, sportive,
culturelle, …

3.1 La répétition ou le maintien prolongé


de certaines positions et manutentions
La liste suivante indique les gestes et postures qui sont po-
tentiellement dangereux pour le dos lorsqu’ils sont répétés
fréquemment. Leurs effets sur les derniers disques lombaires
sont expliqués par les figures et le texte sous-jacent. Les chif-
fres (en rouge) sont une évaluation de la pression qui s’exerce
sur les derniers disques lombaires. Ils sont calculés suivant le
principe physique des bras de levier (voir explication page 19
et 20).

3.1.1 Se pencher en avant (dos rond)


✒ Inversion de la courbure du dos
✒ Pincement antérieur du disque
✒ Etirement des ligaments postérieurs et de la partie posté-
rieure du disque
✒ Augmentation de la pression sur le disque (effet bras de
levier)
La répétition excessive de ces mouvements peut amener des
lésions aux ligaments et aux disques. Il est difficile d’estimer
le nombre de mouvements qui provoquera une détérioration
douloureuse. Certains experts estiment qu’à partir de 15
flexions de 90° du tronc vers l’avant par jour, le risque de voir
apparaître des problèmes au dos est élevé.

12
Facteurs de risque: postures tronc fléchi vers l’avant

13
Facteurs de risque: postures tronc fléchi vers l’avant

14
La tête fléchie vers l’avant expose la colonne cervicale aux
mêmes contraintes que celles décrites précédemment pour la
colonne lombaire

3.1.2 Se tourner sur le côté, éventuellement en


se penchant vers l’avant
✒ Cisaillement des fibres de l’anneau
✒ Augmentation de la pression sur le disque (effet bras de
levier)
✒ Si on ajoute une flexion du tronc vers l’avant, les contrain-
tes suivantes s’ajoutent:
• Inversion de la courbure du dos
• Compression de la partie antérieure et latérale du
disque
• Etirement de la partie postérieure et latérale du disque
(la plus fragile)
Ce type de mouvement constitue un risque majeur pour le
dos.

15
Facteurs de risque: postures tronc fléchi vers l’avant et en ro-
tation

La rotation de la tête provoque le même effet nocif pour la


partie cervicale de la colonne vertébrale

16
3.1.3 Saisir une charge en s’étendant fortement vers
l’arrière
✒ Augmentation de la cambrure du dos
✒ Compression de la partie postérieure du disque et des ar-
ticulations postérieures
✒ Augmentation de la pression sur le disque (effet bras de
levier)

Facteurs de risque: postures tronc en hyperextension

17
3.1.4 Rester longtemps assis sur un siège
✒ Inversion de la courbure du dos
✒ Partie antérieure du disque comprimée
✒ Partie postérieure du disque et ligaments postérieurs éti-
rés
Le maintien de la position assise constitue également une en-
trave à la nutrition du disque.

3.1.5 Rester longtemps (ou soulever une charge)


accroupi
✒ Inversion de la courbure du dos
✒ Partie antérieure du disque comprimée
✒ Partie postérieure du disque et ligaments postérieurs éti-
rés
✒ Pression augmentée sur le cartilage des genoux
Contrairement à ce que l’on pense généralement, il est décon-
seillé de porter de cette façon. La compression sur les disques
avec une charge de 15kg peut atteindre 440kg. Ce geste est
non seulement dangereux pour la colonne lombaire mais aussi
pour le cartilage des genoux.
Nous verrons plus loin que la flexion des genoux reste bien
souvent utile mais ne devrait pas dépasser une angulation de
90° lorsqu’on saisit une charge au sol. Par contre, la flexion
complète des genoux en absence de charge peut protéger le
dos, à condition de ne pas être maintenue.

18
3.2 Les autres risques liés à la manutention
3.2.1 Les caractéristiques liées à la charge
Le poids de la charge est une contrainte évidemment impor-
tante. Il est clair que la pression sur les disques interverté-
braux augmente en fonction du poids de la charge soulevée.
On a pu fixer des limites au-delà desquelles le risque pour le
dos est élevé (en tenant compte de la différence moyenne de
la force musculaire entre les hommes et les femmes): 25kg
pour un homme et 15kg pour une femme pour autant que la
charge soit saisie à hauteur du bassin.
D’autres facteurs compliquent encore la tâche tels que le ca-
ractère encombrant, instable, glissant, déséquilibré ou asymé-
trique de la charge.

L’encombrement de la charge augmente la pression sur le dos:


130kg au lieu de 80 kg pour une charge de 10kg

3.2.2 La distance de prise


Quand on tient une charge éloignée de soi, on perçoit très
vite la fatigue au niveau des bras et des épaules mais on la
méconnaît au niveau du dos. Le calcul des pressions sur le bas
de la colonne lombaire révèle que celles-ci dépendent de la
distance à laquelle la charge est prise (mécanisme du bras de
levier).
Une charge de 10kg, peu contraignante lorsqu’elle est saisie
contre le bassin constitue un risque élevé lorsqu’elle est tenue
à bout de bras. La pression sur les disques intervertébraux
passe respectivement de 50kg à 200kg selon la distance à la-
quelle elle est saisie (sur la tête ou bras tendus vers l’avant).

Explication des pressions en


rapport avec les bras de le-
vier:
en gris - le poids de la charge
et la distance qui la sépare du
disque,
en jaune – la force des mus-
cles du dos et la distance qui
les sépare du disque,
en saumon – le poids de l’en-
semble tête-tronc-bras,
en rouge – la pression qui
s’exerce sur le dernier dis-
que lombaire

19
Explication des pressions en rapport avec les bras de levier:
en gris - le poids de la charge et la distance qui la sépare du disque,
en jaune – la force des muscles du dos et la distance qui les sépare du disque,
en saumon – le poids de l’ensemble tête-tronc-bras,
en rouge – la pression qui s’exerce sur le dernier disque lombaire

20
3.2.3 Les caractéristiques liées au patient
Il va de soi que soulever une personne ou l’aider dans ses
déplacements est tout autre chose puisqu’il faut tenir compte
de son handicap et de sa possibilité de collaborer. Sa surchar-
ge pondérale, sa faible participation et d’éventuels handicaps
(moteurs ou mentaux) ou déficits sensoriels augmentent les
difficultés de prise en charge. Parfois, l’état du patient ne plaide
pas en faveur de la pratique correcte de techniques de manu-
tention qui nécessitent, pour être efficaces, de se rapprocher
autant que possible de lui.
Lorsque le patient porte des chaussures glissantes ou insta-
bles, le risque de chute est encore accru.

3.3 Les risques liés à l’environnement


Un sol en pente accentue l’effort pour le dos de façon consi-
dérable lorsqu’il s’agit de pousser ou tracter un chariot. De
petites dénivellations peu perceptibles au regard, des objets
qui traînent ou un sol glissant augmentent le risque de chutes
et glissades. Ces risques sont plus élevés encore lorsque les
locaux sont sombres ou présentent des zones d’ombre. La
déambulation est plus aléatoire et le risque de ne pas aperce-
voir un obstacle est augmenté.

La poussée d’un chariot dans


une montée augmente l’effort
pour le dos

21
Un rangement peu organisé oblige à des contorsions pour
saisir l’objet placé derrière d’autres. De même, le manque de
place entre les mobiliers empêche l’adoption de bons gestes.

3.4 Les risques liés à l’organisation


Les études scientifiques montrent que le risque de subir un
mal de dos chronique augmente fortement lorsque l’on est
confronté régulièrement à des situations stressantes. Le stress
est donc perçu comme une réaction négative qui peut entre-
tenir le mal de dos.
Pourtant, chez nos ancêtres préhistoriques, la réaction de
stress était un mécanisme adaptatif de défense permettant
de mobiliser notre énergie pour se défendre d’un agresseur.
Les muscles tendus pour courir plus rapidement, le cœur qui
bat plus vite pour amener le sang aux muscles ne sont que
quelques-uns des mécanismes utilisés par notre corps pour
sa survie.
Les agresseurs ont changé, ils sont rarement directement dan-
gereux pour notre intégrité physique, mais notre réaction n’a
pas changé. Notre cœur bat toujours plus vite, nos muscles
sont toujours contractés devant les stresseurs modernes.
Ils sont devenus plus fréquents et nécessitent une capacité
d’adaptation importante: le manque de temps, les nombreuses
tâches à effectuer auprès du patient, les délais serrés pour les
accomplir, les nombreux documents administratifs.
Ces exemples éclaircissent quelque peu la définition du stress:
c’est le sentiment du déséquilibre entre ce que l’on doit faire
et ce que l’on estime pouvoir faire.
Dans le secteur hospitalier, les situations potentiellement
stressantes sont nombreuses. Elles peuvent être liées à 3 ty-
pes de facteurs:
✒ les exigences des tâches à exécuter:
• quantité de travail importante
• positions pénibles
• manutentions (patient, matériel, …)
• évolution de l’état du patient (nécessitant de plus en plus
de temps)
• nécessité d’hygiène importante
• tâches multiples
• conditions environnementales (bruit, chaleur, …)
• contraintes administratives
• demandes de la famille
• …
✒ les moyens disponibles pour faire face à la demande:
• lieu de travail inadapté (manque de place)
• matériel inadéquat, détérioré
• manque de temps
• formation insuffisante
• …
✒ le soutien social:
• manque de reconnaissance

22
• manque de soutien et/ou de contact de la ligne hiérar-
chique
• soutien et /ou contact insuffisant des collègues
• famille récalcitrante ou peu collaborante
• …
Le sentiment d’équilibre entre ces 3 facteurs: exigences –
moyens – soutien réduit la réaction de stress. Un sentiment
d’exigences élevées (nombreuses tâches à faire en même
temps par exemple) peut être contrebalancé par la percep-
tion de moyens adéquats (matériel informatique, médical, …)
et d’un bon soutien de la part de l’équipe ou des supérieurs.
Par contre, tout sentiment de déséquilibre entre ces trois fac-
teurs aboutit à la sensation de stress avec des répercussions
sur le corps et le mental. Parmi elles, on trouve notamment
les tensions musculaires. Cet état de contraction peut être
présent au niveau des muscles du dos, provoquant de la fati-
gue musculaire, perturbant les échanges sanguins et générant
éventuellement des douleurs lombaires. La pression sur les
disques intervertébraux augmente et peut contrarier à la lon-
gue leur nutrition et également sa cicatrisation.
Le stress peut aussi avoir un effet de focalisation sur la douleur
avec le cortège de réactions qui ont aussi des effets néfastes
sur la colonne vertébrale: insomnie, dépression, réduction des
déplacements, repli sur soi, boulimie, ...

3.5 Les facteurs de risque personnels


3.5.1 Sédentarité et condition physique insuffisante
Mis à part lors des activités administratives, la musculature
et les articulations du personnel d’un hôpital sont constam-
ment en mouvement. Néanmoins, la répétition du même geste
aboutit à un renforcement de certains muscles et par la suite à
leur enraidissement. Ce manque de souplesse qui est souvent
fort marqué au niveau des muscles de la partie postérieure des
cuisses induit un manque de mobilité du bassin et dès lors une
sollicitation plus importante de la colonne vertébrale. Cette
raideur, similaire à celle produite par l’inactivité physique aug-
mente le risque d’endommager les structures articulaires du
dos. Le manque de souplesse contrarie également les activités
qui nécessitent des positions contraignantes et rend plus diffi-
cile le bon positionnement du dos.
Pour le personnel administratif par contre, le manque de mou-
vement est néfaste pour le dos. Ainsi que nous l’avons vu pré-
cédemment, la nutrition des disques intervertébraux est liée
aux changements de position (effet éponge).

3.5.2 Tabagisme
La nicotine inhalée par le fumeur est une substance qui pos-
sède notamment des effets vasoconstricteurs. Elle diminue le
calibre des vaisseaux sanguins. Cette restriction de la circula-
tion sanguine a comme conséquence une diminution de l’ap-
port nutritif vers les disques intervertébraux, déjà limité car

23
totalement tributaire des variations de pression produite par
les mouvements et changements de position (effet éponge).
On remarque une corrélation significative entre le fait d’être
un fumeur régulier et la présence de maux de dos, spéciale-
ment lorsque un excès de poids est présent.

3.5.3 Autres facteurs de risques personnels


L’âge, l’histoire médicale, l’excès de poids peuvent aussi aug-
menter le risque de maux de dos. Il est néanmoins très difficile
pour un individu donné de déterminer avec certitude l’origine
d’un mal de dos.

3.5.4 La tenue vestimentaire


Le port de chaussures inadaptées (sans système d’attache à
l’arrière, à hauts talons, de type « claquettes », à semelles glis-
santes) augmente le risque de chute ou d’entorse; de plus, il
est nécessaire que les pieds soient bien soutenus à l’arrière et,
si possible, latéralement.
De même, les habits étriqués (long tablier d’une pièce) compli-
quent l’adoption de postures adéquates (par exemple fléchir
les genoux ou écarter les pieds).

24
4. Le vieillissement naturel
de la colonne et quelques
pathologies

4.1 Le vieillissement naturel de la colonne


et l’arthrose Disque jeune: bon amortis-
Les cellules de la colonne vertébrale n’échappent pas au poids seur
des années. Suite aux mouvements répétés, le cartilage des
articulations peut s’user. Avec l’âge, le noyau ne contient plus
autant d’eau et l’épaisseur du disque diminue, c’est ce que l’on
appelle le tassement discal.
L’os sous-jacent, qui n’est plus protégé par ce tissu amortis-
seur, réagit alors aux pressions produites par les postures et
mouvements et développe de petites excroissances appelées
« becs de perroquet » (ostéophytes). Ces modifications du
cartilage correspondent à l’arthrose.
La diminution de la hauteur des disques et les modifications
osseuses montrées par les rayons x correspondent le plus Disque âgé: piètre amortis-
souvent à une évolution normale pour l’âge; l’arthrose dont seur
parle le médecin est aussi banale que les cheveux gris !

Les flèches bleues indiquent


les becs de perroquet à l’avant
des vertèbres et les flèches
vertes indiquent l’arthrose
des articulations postérieures

4.2 Détérioration des ligaments et


des articulations postérieures
La répétition de postures pénibles, de manutentions, de vi-
brations ainsi que le manque de mouvement, d’activité phy-
sique, aggravés éventuellement par le stress vont accélérer le
vieillissement des composants vertébraux ou provoquer des
lésions.
Ainsi, la résistance des ligaments aux tensions générées par
certaines positions (penché en avant, le dos rond par exem-
ple), n’est pas éternelle. Ces gestes répétés et de grande am-
plitude peuvent à terme provoquer des micro-ruptures des
fibres. Les ligaments étant richement innervés (beaucoup de Les flèches rouges indiquent
petits nerfs sensitifs), leur détérioration provoquera des dou- les ligaments détériorés et po-
leurs au niveau de l’endroit lésé. tentiellement douloureux

25
Les articulations postérieures peuvent être également la sour-
ce de problèmes: se tourner brusquement de côté ou s’éten-
dre fortement vers l’arrière peut imposer au cartilage un ex-
cès de pression traduit par des douleurs.
Si le vieillissement naturel des articulations vertébrales (arth-
rose) montré par les rayons x n’est pas nécessairement dou-
loureux, les douleurs provoquées par la détérioration des liga-
ments ne sont pas visibles sur les radiographies.

4.3 Fatigue musculaire


Qui n’a pas déjà eu mal aux cuisses le lendemain d’une balade
en vélo ou d’une marche plus longue ou plus intense qu’à l’ac-
coutumée ? L’origine de ces sensations désagréables est à met-
tre en rapport avec la présence de toxines provoquée par la
contraction des muscles de la cuisse. Les muscles du dos (pa-
ravertébraux) sont contractés de façon soutenue dans certai-
nes activités comme la pose d’un pansement, ou le nettoyage
du sol par exemple. Ces muscles trop sollicités n’évacuent pas
assez vite les toxines et génèrent des douleurs au dos.

4.4 Détérioration discale


Le phénomène de détérioration discale est le plus souvent
lent et progressif. Pour mieux comprendre ce qui se passe, on
peut distinguer différents stades dans ce phénomène.

4.4.1 Stade 1:
Il correspond à l’état intact du disque d’une personne de
moins de 15 ans.

4.4.2 Stade 2:
Lors des mouvements de flexion ou de rotation-flexion répé-
tés ou excessifs en amplitude, des petites déchirures peuvent
apparaître dans les fibres. Ces déchirures ne sont pas doulou-
reuses (vu l’absence de récepteurs nerveux) mais créent une
zone de moindre résistance sur le plan mécanique, au niveau
de l’anneau.

4.4.3 Stade 3:
Le noyau s’infiltre à travers ces fissures, qui s’accentuent par la
poursuite des mouvements en conditions défavorables, et pro-
gresse vers la périphérie de l’anneau, pouvant même provo-
quer une boursouflure de l’anneau (protrusion discale). Cette
dernière peut mettre sous tension la partie postérieure de
l’anneau et déclencher l’apparition de douleurs.

26
4.4.4 Stade 4:
A ce stade, l’anneau est devenu fragile et un mouvement ba-
nal, tel que ramasser un crayon par terre, peut déchirer les
dernières couches de l’anneau et permettre ainsi à une partie
du noyau de faire irruption hors de l’anneau: c’est la hernie
discale.
Toute hernie discale n’est pas nécessairement douloureuse: de
3 à 20% de la population adulte en bonne santé aurait une
hernie discale sans douleur associée mais révélée seulement
par un scanner ou une imagerie en résonance magnétique nu- La flèche verte indique la
cléaire (IRM). hernie discale

Ces quatre figures montrent les différentes possibilités lorsqu’on est atteint d’une hernie discale: de l’absence totale de dou-
leur jusqu’à la douleur dans la jambe (sciatalgie) qui peut même donner lieu à une paralysie de certains muscles

4.4.5 L’intervention chirurgicale est-elle inévitable


en cas de hernie discale ?
Les chirurgiens estiment que la douleur, même très intense,
n’est pas une raison suffisante pour envisager l’opération.
Celle-ci ne s’impose que lorsqu’il y a des symptômes majeurs
d’atteinte de la racine nerveuse: paresthésie (fourmillements,
picotements), pertes de sensation dans certaines zones de la
jambe et surtout perte de la force musculaire.
Hormis les hernies avec compression importante de la racine,
pour lesquelles l’opération est la seule solution, les études
scientifiques récentes montrent que la hernie peut se résor-
ber partiellement et même disparaître totalement dans un
délai de un an dans 75% des cas. L’explication de ce phéno-
mène est peut-être liée à des enzymes amenés par les globules
blancs qui s’attaque à la hernie, sorte de corps étranger dans
le canal rachidien

27
4.5 Le lumbago
Toutes ces détériorations peuvent apparaître de façon aiguë,
tant à la suite d’un effort violent que d’un geste banal. Lors-
qu’elles provoquent une douleur soudaine et importante, on
a affaire à un lumbago (tour de reins). La personne adopte
automatiquement une position bien reconnaissable (« tordue
de douleur ») provoquée par une contracture musculaire in-
tense et très douloureuse et est à la recherche de la position
la moins douloureuse. « Ce tour de reins » est souvent la
résultante de contraintes accumulées au fil des années par de
nombreux gestes et positions inadéquats. C’est « la goutte
d’eau qui fait déborder le vase ».

4.6 Conseils complémentaires


4.6.1 Le repos au lit: deux jours maximum
L’inactivité prolongée retarde la cicatrisation du disque inter-
vertébral puisque sa nutrition est tributaire des variations de
pression et donc du mouvement. La cicatrisation est plus ra-
pide lorsqu’on garde une certaine activité physique. Il faut bien
sûr qu’elle soit adaptée aux capacités fonctionnelles permises
par la douleur. L’excès d’activité en période douloureuse est
à éviter.
Le repos prolongé au lit affaiblit également la musculature et
diminue la condition physique. Le retour aux capacités initiales
sera d’autant plus difficile. On estime à deux jours de repos
complet le maximum à ne pas dépasser.
Si la douleur est très intense, la position recommandée est une
position couchée sur le dos, jambes fléchies. Dans cette posi-
tion, la colonne vertébrale ne subit plus que 25% de la pression
par rapport à la position debout.
Les études récentes montrent que les sujets qui maintiennent
une certaine activité physique (par une reprise précoce du tra-
vail notamment) présentent moins de récidive dans les mois
qui suivent, au contraire de ceux qui ont adopté un repos au
lit prolongé.

4.6.2 Les signes de gravité à prendre


en considération
Il faut être attentif cependant aux caractéristiques de la dou-
leur:
✒ si la douleur augmente en intensité au lieu de rester stable
ou de diminuer
✒ si la douleur semble plus importante la nuit
✒ si la douleur, initialement limitée au bas du dos, gagne une
des deux jambes
Consulter votre médecin sans tarder ; il décidera si la situation
justifie des examens complémentaires (prise de sang, radiogra-
phie, scanner ...)

28
5. Prévention:
Que faire pour garder un
dos en bonne santé ?

Après avoir dressé et analysé l’éventail des principaux facteurs


de risque de maux de dos, il ressort que les conseils préventifs
doivent porter eux aussi sur plusieurs paramètres. Le conseil,
tout justifié qu’il soit (voir plus loin), « pliez vos genoux et
vous n’aurez pas mal au dos » ne saurait pas à lui seul résou-
dre toutes les situations potentiellement dangereuses pour le
dos.
L’approche préventive repose sur trois axes essentiels:
1 Envisager une adaptation des lieux, des objets et de l’orga-
nisation du travail: c’est l’approche ergonomique.
2 Réaliser des gestes qui permettent d’économiser le dos:
c’est l’approche gestuelle.
Ces chapitres abordent la prévention des maux de dos
dans une approche généraliste dans un premier temps. Ces
considérations seront détaillées dans un chapitre suivant
en fonction des différents métiers rencontrés dans un hô-
pital.
La prévention des maux de dos ne s’arrête pas dès la fin
de la période de travail, notre colonne souffre également
dans les activités de la vie courante (sport, loisir, tâches de
bricolage et ménagères). Un chapitre est donc consacré à
la « prévention des maux de dos dans la vie courante ».
3 Maintenir ou améliorer sa condition physique.
Le maintien ou l’amélioration de la condition physique
trouve également sa place dans l’approche préventive, un
chapitre lui est dédié.

5.1 Adapter son environnement


(l’ergonomie)
L’Arrêté Royal du 27 Août 1993 qui a trait aux manutentions
manuelles mentionne que l’employeur doit éviter la manu-
tention manuelle de charges par les travailleurs (art.4). Dans
l’impossibilité de répondre à cette recommandation, il doit
évaluer le travail (art.5) et réduire les risques, notamment en
aménageant et adaptant le poste de travail (art.6).
Ainsi, l’adaptation du poste de travail devrait suivre la logique
suivante, classée en deux niveaux:
✒ Niveau 1: peut-on éliminer le risque ?
S’il est impossible (ou trop onéreux) de réaliser ce gen-
re d’intervention, on met en place une intervention du
deuxième niveau:

29
✒ Niveau 2: peut-on réduire le risque ?
Le premier type de solution est plus performant en terme
de prévention des accidents et de bien-être au travail. Mal-
heureusement, dans certaines situations, cette suppression
du risque n’est pas possible et on doit se contenter de le
réduire.
La recherche de solution doit associer à la fois le maintien
de la santé et du bien-être sans pour autant nuire à la qua-
lité et à l’efficacité du travail. Le coût des installations et
aménagements sera largement compensé par l’économie
en matière de soins de santé, de journées d’absence et par
l’amélioration de la qualité de la vie et de la productivité.

5.1.1 Déposer et travailler à bonne hauteur


Un des objectifs principaux dans la conception ou l’aména-
gement du poste de travail consiste à éviter ou réduire le
nombre et l’amplitude des postures risquées, c’est à dire les
positions dos fléchi vers l’avant ou en rotation. II faut dès lors
être attentif aux paramètres suivants:

A La hauteur du plan de travail


La hauteur du plan de travail influence la position de l’utilisa-
teur. Ainsi, un plan de travail placé trop bas oblige à se pencher
vers l’avant alors qu’un plan de travail trop haut nécessite de
lever les bras et les épaules pour accomplir la tâche.
La hauteur du plan de travail est déterminée par deux critè-
res:
✒ La taille de l’utilisateur: c’est à dire convenir aux petits et
grands utilisateurs
✒ Le type de travail à effectuer: on a coutume de scinder les
types de travaux en trois catégories:
• travail de précision
• travail léger
• travail lourd
Le type de travail va conditionner la hauteur adéquate du plan
de travail. Ainsi, un travail de précision nécessite un plan de
travail élevé qui permet une vision fine des objets sans néces-
siter de position penchée en avant. Au contraire, la manipula-
tion d’objets lourds ou l’utilisation du poids du tronc demande
un plan de travail bas pour éviter par exemple de lever inutile-
ment les bras et épaules.
Deux types de plan de travail existent:
✒ plan de travail de hauteur variable (électriquement ou mé-
caniquement) permettant d’ajuster la hauteur du plan de
travail par rapport à ces deux critères.
✒ plan de travail de hauteur fixe. S’il n’est pas possible de
faire varier la hauteur du plan de travail, il convient de
choisir la hauteur permettant le meilleur compromis entre
les différents utilisateurs et types de tâches. Par exemple,
pour un travail de précision réalisé par des utilisateurs de
tailles différentes, il vaut mieux privilégier un plan de travail
convenant à la personne la plus grande. Il est en effet plus
pénible pour l’utilisateur de grande taille de se pencher
systématiquement que de lever les bras un peu plus haut

30
pour la personne de petite taille. Un plancher de rehausse
pour celle-ci permet généralement de résoudre les problè-
mes liés aux différences de taille.

Hauteur A Hauteur B Hauteur C


Travail de précision Travail léger Travail lourd
Homme 100 - 110 cm 90 - 95 cm 75 - 90 cm
(ou plus)
Femme 95 - 105 cm 85 -90 cm 70 - 85 cm
Repère Hauteur coudes (ou Entre hanches et Hauteur hanches
plus haut) coudes

Hauteur insuffisante pour Hauteur adéquate pour la Hauteur adéquate pour la Hauteur adéquate pour la
la tâche de préparation des tâche de pliage du linge tâche d’écriture tâche de vaisselle
médicaments

31
B Stocker les charges à une hauteur adéquate
On a souvent tendance à poser au niveau du sol l’objet ou
la charge utilisée temporairement. Cette façon répétée d’agir
implique un grand nombre de postures en flexion du tronc
vers l’avant qui risquent à terme de compromettre la santé du
dos. Au lieu de déposer systématiquement les charges au sol,
le recours à l’utilisation d’un support à hauteur fixe évite un
trop grand nombre de flexions du dos.

Dépose de la caisse de com- Dépose de la caisse de com- Chariot avec basse hauteur de chargement
missions au sol mission sur une chaise

Chariot avec rehausse et poignées à bonne hauteur


Dépose de la caisse au sol Dépose de la caisse sur une
table

Stockage des bouteilles à oxy-


gène sur un support mural
plutôt qu’au sol

32
C Ranger à bonne hauteur les objets dans les armoi-
res, étagères, tiroirs
La façon de ranger les objets doit correspondre à la fréquence
à laquelle on les utilise:
✒ Ainsi pour un usage fréquent, il vaut mieux les stocker non
pas à hauteur du sol mais entre la hauteur des genoux et
des épaules afin d’éviter de se pencher inutilement.
✒ Les objets plus lourds doivent être stockés à hauteur du
bassin pour pouvoir les saisir aisément
Certaines armoires sont très profondes et peuvent contenir
de nombreux objets sur une planche. Placer les objets réguliè-
rement utilisés en avant de la planche est conseillé.

Hauteur du bassin: rangement


des charges lourdes

Hauteur comprise entre mi-


cuisses et les épaules: range-
ment des objets légers et utili-
sés fréquemment

Hauteur supérieure à la tête: Hauteur du sol et de la tête: rangement des charges rarement
pas de charge à cette hauteur utilisées

33
5.1.2 Améliorer les caractéristiques des charges
A Réduire le poids
On constate aisément que la manutention d’une charge à bout
de bras est pénible. La rapprocher de soi est utile. Néanmoins,
lorsque le poids dépasse une certaine valeur (25 kg pour les
hommes et 15 kg pour les femmes), la pression sur les disques
intervertébraux est susceptible de leur causer un dommage
important. Les figures suivantes mentionnent les valeurs à ne
pas dépasser en fonction de la distance par rapport au corps
pour une femme et un homme.

B Réduire le volume
La taille des caisses et des bacs ne devrait pas excéder les
dimensions suivantes:
Longueur: 40cm
Largeur: 30cm
Hauteur: 30cm
Ces dimensions réduites permettent de rapprocher le centre
de gravité de la charge plus près du corps et donc de diminuer
l’impact de l’effet bras de levier sur la colonne vertébrale.

Caisse trop volumineuse Caisse de volume adapté

C Prévoir une prise aisée


La prise de la charge est facilitée par la présence de poignées
ajoutées ou inclues dans la pièce (encoches).

34
5.1.3 Faciliter le déplacement des charges et
des personnes
Une aide mécanique (palan, rail fixé au plafond, lève personnes,
chariot élévateur, …) pour déplacer les charges ou les patients
ainsi que des chariots aisés à déplacer évitent les efforts et
suppriment en grande partie les risques pour le dos. Si l’inves-
tissement initial est élevé, le bénéfice est certain tant au niveau
de la réduction des accidents du travail ou de l’absentéisme
qu’au niveau du bien–être des personnes.

Rail fixé au plafond et aide au


levage du patient

Système d’aide au déplace-


ment des patients assis sur
une chaise
Aide mécanique au déplacement des chariots et chariot élé-
vateur

Le choix du chariot devrait correspondre aux critères sui-


vants:
✒ Hauteur cohérente du plateau de dépose
La hauteur du plan de dépose des objets correspondant à celui
du plan de travail évite des changements de niveau de la charge
lors de son transfert. Cette adaptation est aisée lorsque les
hauteurs des plans de travail sont identiques. Lorsque les ob-
jets à stocker sont de hauteur variable, l’utilisation de chariots
avec des plateaux réglables en hauteur est judicieuse.
✒ Hauteur des poignées
Chariot avec poignées situées
Pour éviter de devoir se pencher pour pousser ou tirer le
à bonne hauteur (entre 90 et
chariot, les poignées doivent être situées entre 90 et 120cm
120 cm)
du sol.

35
✒ Roues adaptées au terrain
Les roues du chariot sont choisies en fonction du type de
terrain et des éventuelles différences de niveau du sol. Les cha-
riots aux roues de grand diamètre sont plus faciles à manœu-
vrer en terrain irrégulier.
✒ Entretien régulier
Le mécanisme doit également être entretenu pour permettre
un déplacement aisé. Changer les roues inadaptées vaut mieux
que s’acharner à pousser cent fois un chariot de maniement
difficile.
✒ Poids du chariot
En fonction de son type, le chariot rempli ne doit pas dépas-
ser un certain poids. Dans le cas contraire, il faut prévoir sa
mécanisation.
• Brouettes et diables: maximum 80kg
• Chariot ou casier porte-outillage et matériaux: maxi-
mum 300kg
• Transpalettes manuels: maximum 600kg
✒ Visibilité
La hauteur du chariot rempli ne doit pas excéder 120cm pour
permettre la vision du sol et des obstacles éventuels.
Le fauteuil doit être confortable pour le patient mais il doit
permettre au personnel de se rapprocher aisément et de
transférer le patient vers un lit avec une différence de niveau
la plus minime possible. Des accoudoirs amovibles ou esca-
Fauteuil avec accoudoirs esca- motables facilitent ces opérations. Un réglage du fauteuil en
motables hauteur est une qualité supplémentaire.

Fauteuil réglable en hauteur

36
5.1.4 Faciliter l’accès pour éviter les chutes et de
devoir prendre des positions inconfortables
A L’espace pour les pieds et les genoux
Un espace pour les pieds permet de se rapprocher du plan
de travail et d’éviter un porte-à-faux fatigant pour les muscles
du dos.
Pour la position assise, l’espace sous la table doit également
être suffisant pour permettre une posture confortable et de
croiser les genoux librement.

B La distance entre les différents mobiliers Plan de travail avec espace


prévu pour les pieds
L’espace nécessaire pour déambuler entre les différents mobi-
liers et parois d’un local doit être supérieur à 80 cm pour une
personne et à 120 cm si deux personnes doivent se croiser.
Plan de travail sans espace
pour les pieds
Espace minimum pour le dé-
placement d’une personne

Espace minimum pour le croi-


sement entre deux personnes

C Permettre un déplacement sûr


Un éclairage optimal, le rangement du lieu de travail et le net-
toyage du sol contribuent à réduire le risque de chutes ou de
heurts consécutifs à des objets qui traînent. L’élimination de
trous, de bosses ou petites différences de niveau inattendues
sur un sol théoriquement régulier évite les faux-pas doulou-
reux.

Colonne en soins intensifs sus-


pendue au plafond: le sol est li-
bre de toute roulette, fils, …

37
5.1.5 Organiser son travail
A Varier ses positions
Les mouvements et positions alternées favorisent les échanges
nutritifs au niveau du disque intervertébral

B Alterner les tâches lourdes et légères pour le dos


Entrecouper les tâches lourdes pour le dos par des activités
plus légères permet aux muscles de se reposer de courts ins-
tants et d’être plus aptes à protéger le dos dans les moments
durs.

C Le choix de la tenue vestimentaire


Certaines tenues vestimentaires constituent une entrave
à l’adoption de certaines postures protectrices pour le dos
(plier les genoux). C’est notamment le cas des tabliers une
pièce, jupes et chaussures à talons. Protéger son dos consiste
dès lors à utiliser des tenues adaptées:
✒ Chaussures souples mais solidaires du pied et semelles an-
tidérapantes
✒ Vêtements souples et ne limitant pas les mouvements
✒ Port de protège-genoux pour le personnel technique

5.2 Adopter des positions correctes


Les flexions du tronc vers l’avant, les rotations et les rotations
combinées aux flexions sont les gestes les plus néfastes pour
le dos. Le maintien des positions assises dos rond et la répé-
tition des positions genoux fortement fléchis pour soulever
une charge ne sont pas souhaitables non plus. Ces positions
pénibles pour le dos peuvent être remplacées dans un grand
nombre de situations par d’autres postures, plus protectrices.
Trois grands principes peuvent être mis en exergue:
✒ Penser avant d’agir, c’est à dire réfléchir à ses gestes et à
l’amélioration du poste de travail
✒ Réduire les pressions sur la colonne vertébrale:
• réduire l’inclinaison du tronc
❍ en se rapprochant de la tâche
❍ en fléchissant les genoux
- à 90° maximum avec une charge

- complètement si nécessaire en absence de charge

❍ en encadrant la charge et ainsi superposer le cen-


tre de gravité de la charge avec les derniers disques
lombaires
• prendre un appui antérieur sur le mobilier ou la cuisse
✒ Maintenir les courbures naturelles de la colonne verté-
brale:
• respecter les trois courbures mobiles et notamment la
lordose lombaire
• se positionner de face
Il est important de veiller à adopter fréquemment des posi-
tions différentes. Une bonne position adoptée trop fréquem-
ment pourrait à la longue devenir fatigante pour les mêmes
muscles et trop sollicitant pour les mêmes articulations.

38
Quelques exemples de gestes appropriés:

A Pour soulever ou déplacer des charges


Charge avec deux poignées:

Bonne et mauvaise et postures pour soulever une charge avec deux poignées: la diminution de
pression est manifeste: 260 kg en moins par bonne manutention

39
Charge sans poignée:

Posture pour soulever une


caisse sans poignée: remar-
quez le basculement de la
caisse vers l’avant pour se
créer une prise

Charge avec une poignée:

Deux possibilités pour soulever une charge avec une poignée


(remarquez l’appui antérieur de la main libre)

40
B Pour saisir ou atteindre un objet léger

Incliner le tronc vers l’avant par une flexion au niveau des han-
ches et en maintenant la lordose naturelle

Prendre un appui d’une main sur une cuisse (ou sur un meuble)

41
Fléchir les genoux (complète- Prendre un appui du coude sur la cuisse Poser un genou au sol
ment si la charge est légère)

Mouvement de balancier et maintien de la lordose lombaire


naturelle

C Pour aider le patient


Les techniques de manutention du patient sont abordées dans
le chapitre suivant. Les principes généraux sont:
✒ se rapprocher
✒ se mettre à hauteur (fléchir les genoux)
✒ maintenir les courbures naturelles de la colonne

42
D Pour s’asseoir
Deux principes prévalent pour maintenir une position assise
protectrice du dos: respecter la lordose naturelle et varier les
positions.
L’angle entre les cuisses et le bassin joue un grand rôle dans
la courbure de la zone lombaire. Lorsque l’angle est fermé, la
tension des muscles postérieurs (fessiers notamment) provo-
que une rotation du bassin vers l’arrière et entraîne la cour-
bure lombaire vers l’arrière (délordose lombaire). Par contre,
l’ouverture de cet angle favorise le maintien de la courbure
lombaire naturelle. Ce maintien de la courbure naturelle
lombaire sur une chaise classique peut être favorisé par les
moyens suivants:
✒ en contractant les muscles du dos (solution temporaire
car vite fatigante)
✒ en basculant le bassin vers l’avant par l’ouverture de l’angle
entre les cuisses et le bassin
✒ en appuyant le dos contre le dossier pour réduire la pres-
sion sur le bas de la colonne
✒ en utilisant un coussin triangulaire qui aide au basculement
du bassin vers l’avant
✒ en utilisant un appui du dossier avec l’ouverture de l’angle
entre les cuisses et le bassin (> 120 °). Cette position n’est
pas conseillée pour un travail actif comme l’écriture ou
le travail sur clavier d’ordinateur. Par contre, elle convient
pour une tâche passive comme la conversation téléphoni-
que ou la consultation de document sur écran.
Des conseils relatifs à la posture assise sur une chaise de bu-
reau sont donnés dans le chapitre concernant le travail admi-
nistratif

43
5.3 L’application des solutions préventives
pour le personnel soignant
Le travail dans le secteur hospitalier conduit à prendre de nom-
breuses postures pénibles et dangereuses à la longue pour le
dos. Vouloir supprimer toutes les mauvaises positions est uto-
pique. Il faut économiser son dos en réduisant le nombre de
mauvaises positions journalières. On peut estimer que les tâ-
ches d’une infirmière, par exemple, nécessitent de se pencher
environ 1000 fois sur une journée. Réduire d’un quart ou mieux
encore de moitié le nombre de flexions par jour reculerait sans
doute l’échéance douloureuse ou la rendrait moins aiguë.
Certaines recommandations portent sur l’application de ges-
tes et postures corrects. D’autres préconisent l’utilisation d’un
matériel adapté au travail et à l’utilisateur.

5.3.1 Les manutentions d’objets quotidiens


Le personnel infirmier et soignant a tendance à sous-estimer
le risque de mal de dos dans les tâches autres que celles dé-
diées à la manutention du patient. Pourtant, ces gestes sont
fréquents et contribuent à fragiliser la colonne vertébrale. Il
convient donc d’y être attentif également.

A Redresser le lit

Incliner le lit Maintenir la lordose naturelle et fléchir légèrement les


genoux

Redresser la tête du lit en respectant la courbure naturelle


du dos

44
B Refaire le lit
Changer les draps est une action pénible pour le dos. C’est plus
délicat encore lorsque le lit est bas, difficile d’accès et oblige à
se contorsionner. Fléchir les genoux, maintenir la lordose lom-
baire ou prendre un appui sur le matelas ou les montants du
lit sont des possibilités. Le balancier d’une jambe vers l’arrière
peut aider pour se redresser plus facilement par après.

Remonter le lit

C Prendre un objet dans le tiroir de la tablette

Appui de la main sur la tablette Appui de la main sur la cuisse

45
Appui du coude sur la cuisse

D Prendre les draps dans l’armoire

Appui du coude sur la cuisse Maintenir la lordose naturelle


et fléchir les genoux

Utiliser un escabeau

46
E Déplacer le chariot

Rotation du dos Pousser au lieu de tirer évite de se tourner

F Prendre les plateaux et les objets hors


des chariots

Appui du coude sur la cuisse

Maintenir la lordose naturelle et fléchir les genoux

47
Le remplacement de la lourde valise des instruments de réa-
nimation (15kg) par un sac (6 kg) porté au dos a rendu son
utilisation plus aisée.

Valise de réanimation lourde


à déplacer

Sac à dos plus léger et facile à déplacer

5.3.2 Les soins et aides au patient


Aider une personne à se déplacer, à s’habiller ou à se lever
n’est pas une chose facile. La participation du patient est iné-
gale. Certaines personnes nécessitent une supervision légère
alors que d’autres sont incapables de se déplacer seules et
requièrent une aide importante de la part du personnel soi-
gnant pour se mouvoir ; d’autres encore peuvent avoir des
mouvements violents lorsqu’on les assiste ou des gestes qui
contrarient le sens de la manœuvre. Il faut garder en tête que
le patient doit rester actif autant que possible pendant ces
actes. Faire certaines tâches à sa place fait peut être gagner
du temps momentanément mais ne contribue pas à maintenir
une certaine autonomie au patient. Or, au-delà des considéra-
tions humaines pour le bien-être de la personne, c’est cette
autonomie, si faible soit-elle, qui aide à préserver le dos des
soignants.
La façon de communiquer pour solliciter la participation du
patient est fondamentale. Expliquer doucement et clairement
les déplacements et gestes qui vont être réalisés rassure.
Les points suivants sont essentiels pour ces activités de soin:
✒ prévenez le patient des mouvements que vous allez effec-
tuer avec lui. Cela favorisera sa participation, diminuera la
charge pour votre dos et évitera bien des surprises
✒ essayez de partir du mouvement naturel pour les ma-
nutentions: pour se lever, il faut d’abord se pencher vers
l’avant et puis pousser sur les jambes. Pour s’asseoir, il faut
d’abord reculer le bassin et puis plier les genoux
✒ donner l’impulsion nécessaire pour pallier au manque de
force de la personne, ne faites pas le geste à sa place, vous
contribuerez ainsi à maintenir son autonomie et à proté-
ger votre dos

48
✒ soyez doux lors des manutentions et manipulations: une
prise à large main et des gestes mesurés sont plus appré-
ciées que des prises en pince et brusques
✒ demandez au patient de se rapprocher de vous, en vous
tenant aux épaules par exemple mais jamais à la nuque, elle
est top fragile pour permettre de s’y suspendre

A Prendre la tension

Position assise plutôt que penchée

Position assise sur le lit surélevé Maintenir la lordose naturelle et fléchir légèrement les
genoux

49
B Faire un pansement, effectuer une prise de sang,
placer un cathéter ou laver le patient
On peut réaliser la toilette au lit en étant assis sur le bord du
lit ou sur une chaise, mais en veillant à limiter la flexion et la
rotation du dos. Le fait de poser une main sur le matelas ou
sur le montant du lit (appui antérieur) peut soulager le dos.

Position assise plutôt que penchée

Prendre un appui sur le lit

Lever le lit

50
Maintenir la lordose naturelle et fléchir légèrement les genoux

Positionner la jambe du patient sur le petit fauteuil

Appui de la main sur le fauteuil Appui du coude sur la cuisse

51
5.3.3 Les manutentions du patient
A Les manutentions au lit: tourner un patient sur
le côté (retournement)
Saisir délicatement la jambe fléchie et l’épaule de la personne
alitée permet de la mettre aisément de côté.

52
Un drap (une alèse) peut également être utilisé pour retour-
ner la personne.

S’il n’est pas possible de tirer le patient vers soi, la technique


consiste à le faire pivoter par une poussée et non par une
traction.

53
Lorsque la tâche est trop difficile pour un seul soignant, le
geste requiert la participation de deux personnes. La concer-
tation et la coordination sont à mettre au point lorsque deux
soignants travaillent de concert.

54
B Déplacer un patient vers le bord du lit
(translation)
Lorsque le patient est sur le bord du lit et qu’il faut le recentrer
ou le positionner de l’autre côté du lit, la technique consiste
à translater les jambes puis le bassin et enfin les épaules et
la tête. Le poids du soignant qui se déporte vers l’arrière est
suffisant pour glisser le patient. Un contre appui des genoux
sur le bord du lit assure plus de force au geste.

55
Deux soignants peuvent effectuer ensemble la manœuvre si le
patient est trop difficile à déplacer.

56
Un drap de glisse facilite la translation.

57
C Déplacer un patient vers le haut du lit
(rehaussement)
Une personne qui reste au lit pendant de longs moments a
parfois tendance à descendre vers le fond du lit. L’aider à se
rehausser n’est pas chose aisée. Il faut d’abord mettre le lit le
plus possible à plat, (ôter les coussins et oreillers) et même
l’incliner (en Trendelenburg). Il est souhaitable de solliciter
l’aide de la personne en lui demandant de plier les jambes et
de pousser sur les pieds et les bras. Après avoir placé les mains
et avant-bras sous le bassin et le thorax, le soignant transfère
le poids de son corps d’une jambe vers l’autre pour aider à
remonter le patient vers le haut du lit. Lorsque le lit est sur-
monté d’un bras (perroquet), on peut demander à la personne
alitée de se tenir à la poignée et de se tirer vers le haut tout en
poussant sur les jambes (à condition que la poignée soit recu-
lée vers la tête du lit et repositionnée après la manœuvre).

58
La technique peut être réalisée à deux soignants.

Si le patient en est capable, il peut accrocher le perroquet


pour aider le geste de manutention.

59
A défaut de perroquet, les avant-bras des soignants peuvent se
substituer à celui-ci.

Cette opération peut être facilitée par l’utilisation d’un tissu


de transfert (easyglide) qui permet de rehausser la personne
avec un effort réduit. Le soignant peut se contenter de pous-
ser les membres inférieurs du patient.

60
61
Si le patient peut aider, il peut tracter le perroquet avec un
bras et le thérapeute aide au déplacement avec une manœuvre
de transfert latéral.

62
D Redresser un patient couché vers la position assise
(redressement)
Après avoir fléchi les jambes de la personne, le soignant l’aide
à se positionner sur le côté. Les pieds étant placés hors du
lit, le patient pousse avec une main (et le coude opposé) sur
le matelas pendant que le soignant assiste des deux mains le
redressement du tronc. L’inclinaison préalable du dossier peut
aider au redressement.

63
Une variante consiste à saisir le patient aux jambes (le plus
loin possible) et sous les épaules. La traction du bras placé aux
jambes puis la traction de la main sous les épaules permet de
pivoter et de redresser le patient.

64
Si le patient est trop lourd ou présente une difficulté à se
mouvoir, la technique peut être réalisée à deux soignants, pla-
cés de part et d’autre du lit.

65
L’utilisation d’une espèce d’échelle de corde fixée au bas du lit
aide la personne à se tracter en position assise à partir de la
position couchée.

Système Flexigrip pour faciliter le redressement

66
E Coucher un patient assis vers la position couchée
(abaissement)
Le coucher au lit suit la procédure précédente mais inversée.

Coucher un patient au lit

67
Coucher un patient à deux soignants

68
F Rehausser la personne au fauteuil
Une personne avachie dans son fauteuil ou sur une chaise né-
cessite de l’aide pour se redresser dans le fond du siège. Après
avoir placé les pointes des pieds du patient d’aplomb par rap-
port aux genoux, le soignant se place derrière la personne (à
condition que le dossier ne soit pas trop haut), bloque la partie
supérieure du tronc du patient et réalise une traction du bas-
sin vers l’arrière avec ses bras (et non pas vers le haut).

Rehausser un patient au fauteuil

69
Si le dossier est trop haut, on procède en se mettant devant la
personne et après l’avoir incliné vers l’avant, le soignant pous-
se les genoux de la personne avec les siens en même temps
que les mains aident à reculer le bassin.

On peut aussi, pratiquer la « marche fessière », en inclinant la


personne sur le côté et en repoussant latéralement son bassin
vers le dossier, puis en faisant la même chose de l’autre côté.

70
Lorsque le patient est peu aisé à déplacer, la technique s’effec-
tue à deux soignants.

71
L’utilisation d’une aide technique comme une alèse simplifie
la tâche.

Une alèse ou un drap facilite la prise

Pour éviter au patient de trop souvent glisser vers l’avant du


siège, on peut utiliser un système antidérapant (onewayglide).

Système antidérapant
prévenant le glissement du
patient vers l’avant du siège
(onewayglide)

72
G Lever de la chaise, du fauteuil
Pour aider une personne à se redresser, la première phase
consiste à lui reculer les pieds s’ils sont trop avancés. Après
avoir invité la personne à se pencher vers l’avant (ou en la
tirant délicatement vers l’avant), on lui demande de pousser
sur les jambes et on assiste l’extension de celles-ci en tenant la
personne soit au bassin (éventuellement par la ceinture), soit à
l’avant-bras soit dans le dos au niveau des omoplates.

Position latérale pour une aide légère

73
Position face à la personne pour une personne qui a des
difficultés importantes à se lever

Une meilleure prise peut être assurée en utilisant une haus-


sière, large bande de tissu pourvue de poignées qui passe dans
le dos de la personne ou une ceinture de marche. La ceinture
de marche peut être placée sur le patient pour faciliter la prise
ou sur le soignant pour permettre au patient de s’accrocher.

Haussière

74
Haussière

Ceinture de marche positionnée sur le patient

75
Ceinture de marche positionnée sur le soignant

Système pour l’aide au passage à la position debout (Return)

Lorsqu’un patient ne peut être mis en position debout, un


système de déplacement du siège permet de le déplacer en
restant assis sur sa chaise.

Aide pour déplacer le patient assis sur une chaise classique (Chairie)

76
H Asseoir sur un siège
Le mouvement naturel pour s’asseoir consiste d’abord à re-
culer le bassin (faire une flexion des hanches) et puis à plier
les genoux. Pour aider une personne à s’asseoir, il faut lui im-
primer ce mouvement du recul du bassin en poussant celui-
ci d’une main et en passant l’autre main sous l’épaule contre
l’omoplate pour retenir le tronc. Il faut fléchir les genoux en
même temps que la personne afin d’être toujours à même
hauteur.

Asseoir une personne: la main


droite retient le tronc

Asseoir une personne: ici la main gauche imprime une pous-


sée sur le bassin pour initier le mouvement

I Transférer un patient du lit vers la chaise


(transfert)
Certaines personnes éprouvent de la difficulté à passer du lit à
une chaise roulante par exemple. Si la personne peut se met-
tre en position debout, on combinera les procédures pour se
lever et s’asseoir sur la chaise.
L’utilisation d’un plateau tournant peut être utile pour aider à
pivoter la personne en position debout, s’il faut réduire la du-
rée de transfert de celle-ci. Le pivotement du plateau tournant
doit être contrôlé par le pied du soignant.

Transfert d’un patient vers le lit avec un plateau tournant

77
Transfert d’un patient vers le lit avec un plateau tournant

Pour les personnes qui ne peuvent se mettre debout, il est


recommandé d’utiliser un support tel une planche de trans-
fert qui se place sur les deux sièges et permet de glisser la
personne d’un siège sur l’autre (l’accoudoir du fauteuil devant
être retiré).

Planche de transfert (Glider)

78
L’utilisation d’un lève-personne reste la solution la plus sécuri-
sante pour les déplacements du patient.

Transfert au moyen du lève-personnes

79
J Transférer un patient d’un lit vers un autre lit
(ou un brancard)
Transférer un patient couché au lit vers un autre lit ou vers
un brancard est une opération délicate tant pour le dos des
soignants que pour le confort du patient. L’utilisation d’une
planche de transfert rend cette tâche moins pénible pour les
deux.

Transfert du patient couché au moyen d’une planche de


transfert

80
Transfert du patient couché au moyen d’une planche de transfert

Fauteuil inclinable permettant de passer de la position cou-


chée à la position assise puis verticale (Thekla)

81
K Le patient et la douche
Un siège adapté à la douche et une barre d’appui aident le pa-
tient à se stabiliser ou à adopter une position confortable. Un
tapis anti-dérapant complète les adaptations du lieu.

Douche avec siège et barre


d’appui

L Le patient et le bain
L’accès à la baignoire est très souvent difficile pour une per-
sonne âgée ou handicapée. Il existe de nombreuses baignoires
adaptées permettant d’entrer et de sortir le patient aisément.
Un lève-personne peut être utilisé en complément.
En absence de baignoire adaptée, une planche de transfert
permet de passer plus aisément de la chaise roulante à la bai-
gnoire.
Une planche de rehausse (siège de bain) placée dans la bai-
gnoire permet à la personne d’être assise à une bonne hauteur
et lui facilite le passage à la position debout. Des barres d’appui
confortent l’aide apportée.

Baignoires adaptées

Siège de bain motorisé

82
Planches et sièges de bain

Barres d’appui et de traction pour faciliter l’accès à la bai-


gnoire

Lève-personne pour la bai-


gnoire

83
5.4 L’application des solutions préventives
dans les secteurs technique, logistique
et cuisine
A Manutention de charges: aides techniques
La manutention de charges est une activité régulière pour le
personnel technique et logistique. Si les techniques de manu-
tention manuelles sont d’un grand secours pour préserver le
dos, on ne saurait trop insister sur l’importance de recourir
autant que possible à des aides techniques:
✒ Chariot élévateur
✒ Déplacement motorisé de lits
✒ Déplacement motorisés de chariots à repas et chariots
✒ Diables
✒ Diables avec roues adaptées aux escaliers
✒ Chariots
✒ Patins, planches à roulettes

84
85
L’utilisation de supports en hauteur (rehausses) pour stocker
les charges à bonne hauteur évite de se pencher systématique-
ment en avant. Positionner les charges posées sur les fourches
du chariot élévateur à hauteur du bassin plutôt que de les lais-
ser à hauteur du sol évite de se pencher pour les saisir.

Penser à adapter la hauteur


de travail

Dans certains cas, le remplacement du matériel existant par


un autre est nécessaire: le déplacement de cuves utilisées pour
nettoyer les disques des cireuses était délicat pour le dos des
techniciennes de surface. Ces cuves étaient volumineuses
et lourdes. Le nettoyage des disques impliquait une position
penchée en avant. L’aménagement a consisté à remplacer ces
cuves par une cuve métallique légère placée à meilleure hau-
teur et pourvues de roulettes. Le remplissage de la cuve et sa
vidange ainsi que le nettoyage des disques sont facilités.

Position pénible pour soulever la cuve et nettoyer les disques

86
Nouvelle cuve métallique sur
un support en hauteur avec
roulettes
Nouvelle cuve métallique sur un support en hauteur avec
roulettes

Les chariots à linge classiques sont profonds. Retirer le linge


nécessite une flexion importante et répétée du dos. Un cha-
riot muni d’un fond à ressort est avantageux: le linge est tou-
jours à bonne hauteur pour le saisir.

Chariot à linge classique et Chariot à linge avec fond à


position penchée pour saisir ressort: le linge est saisi en
le linge meilleure position

87
B Manutention: gestes et postures adéquats
Les techniques de manutention reposent ici sur les principes
déjà passés en revue précédemment:
✒ Maintien des courbures naturelles de la colonne verté-
brale
✒ Flexion des genoux (90° de flexion maximum avec une
charge)
✒ Encadrement de la charge

A éviter

A conseiller

A éviter A conseiller

88
A éviter

A conseiller

A éviter A conseiller

89
A éviter A conseiller

A conseiller

A conseiller A conseiller

90
L’impulsion donnée par la cuisse (le gerbage) à la charge lui
donne un mouvement ascensionnel qui permet la dépose à
une hauteur supérieure.
Une charge trop lourde ou trop volumineuse pour être soule-
vée par une seule personne peut être manutentionnée à deux
personnes à moindre risque. Les principes généraux de ma-
nutention devront être respectés mais il faut être attentif à
la coordination entre les équipiers et décider d’un leader qui
organise le mouvement, notamment en déclenchant le mouve-
ment par un signal convenu entre les deux.

Manutention à deux personnes: se coordonner

C Les hauteurs de plan de travail


Les hauteurs adéquates du plan de travail ont été définies pré-
cédemment, dans le chapitre ergonomie. Il faut tenir compte de
la taille des travailleurs et du type de tâche à effectuer. L’idéal
consisterait en des plans de travail adaptables en hauteur. En
absence de ceux-ci, des rehausses résolvent en partie la situa-
tion: soit une estrade pour les personnes de petite taille, soit
une rehausse sur le plan de travail pour les plus grands.
On peut résumer les recommandations relatives à la hauteur
du plan de travail comme suit (pour un travail en position de-
bout):
✒ Travail de précision (couper des oignons) = hauteur des
coudes ou plus haut (100 – 110 cm pour les hommes et 95
– 105 cm pour les femmes) Plan de travail trop bas pour Rehausse pour travailler à
✒ Travail léger (préparer une sauce) = hauteur entre les cou- le tri de la vaisselle bonne hauteur
des et les hanches (85 – 95 cm pour les hommes et 80 – 90
cm pour les femmes)
✒ Travail lourd (poser la grosse marmite sur la table) = hau-
teur des hanches (75 – 90 cm pour les hommes et 70 – 85
cm pour les femmes)

91
D L’accès à la tâche
L’utilisation d’un manche télescopique facilite le nettoyage des
surfaces difficiles d’accès.
Une plate-forme posée sur le bac de la douche rend l’accès
aux parties supérieures du mur plus facile. Un revêtement
antidérapant de la surface de ce podium évite le risque de
chute.
La mise à disposition d’un escabeau réduit les contraintes pour
le dos pour accéder à des charges stockées en hauteur.
Soulever les grilles du caniveau en cuisine est une opération
qui implique une position penchée en avant et un risque de se
coincer les doigts en les redéposant. L’utilisation d’un crochet
avec un manche de bonne dimension rend l’opération moins
dangereuse pour le dos et les doigts.

E Le rangement
Le rangement des objets à des endroits prévus à cet effet pré-
vient les pertes de temps passé à les retrouver mais permet
aussi de garder le local dégagé pour les déplacements.

Panneaux muraux pour facili- Support mural pour ranger


ter le rangement une chaise dans un couloir Caisse avec couvercle en deux
parties: il n’est plus nécessaire
de tirer complètement la
caisse de l’étagère pour avoir
accès à son contenu

92
5.5 L’application des solutions préventives
dans le secteur administratif
5.5.1 Risques pour le dos
La station assise est la position la plus fréquemment adoptée
lors des tâches administratives. Le chapitre consacré à l’analy-
se des risques a montré l’impact du maintien de cette posture
assise sur la zone lombaire de la colonne vertébrale. L’aspect
statique entrave la nutrition du disque, les ligaments posté-
rieurs et la partie postérieure du disque sont étirés alors que
sa partie antérieure est comprimée.
La colonne cervicale est également parfois mise à contribution:
l’écran placé trop haut ou trop bas provoque une extension ou Position fléchie de la nuque pour regarder l’écran de l’ordina-
une flexion de la colonne cervicale. L’impact sur les segments teur portable
cervicaux est semblable à celui provoqué par les flexions – ex-
tensions du tronc sur les éléments lombaires. Un écran placé
de côté implique une rotation de la colonne cervicale. On a
vu précédemment que la rotation provoque notamment un ci-
saillement des fibres du disque. Il faut également noter que les
muscles sont contractés d’un côté de la colonne et étirés de
l’autre côté. Ce déséquilibre de contraction musculaire pour-
rait à terme être la source de douleurs cervicales.
Les gestes de manutention sont beaucoup moins fréquents
dans le travail administratif mais certaines activités le deman-
dent comme par exemple soulever la caisse de papier pour la
photocopieuse, saisir un dossier dans l’armoire, …
Rotation de la nuque pour regarder un écran placé latérale-
5.5.2 Autres risques ment
Les problèmes rencontrés lors d’un travail administratif ne se
bornent pas aux problèmes de dos. L’aspect statique ou répé-
titif des tâches de saisie de données par exemple impliquent
des contraintes qui s’étendent aux membres supérieurs (épi-
condylite, syndrome du canal carpien, …) ou aux membres in-
férieurs, (jambes lourdes, …). Il n’est pas rare d’être confronté
à des problèmes oculaires (yeux lourds, larmoiements, …) ou
des céphalées. Les problèmes liés à l’environnement physique
de travail sont également rencontrés (bruit, chaleur, …).
Les plaintes oculaires peuvent avoir plusieurs origines:
✒ Un niveau d’éclairage mal ajusté:
Un éclairage trop faible oblige à agrandir exagérément la pu-
pille (qui peut être comparable au diaphragme de l’appareil Position fléchie vers l’avant
photo). Or les variations du diamètre de la pupille sont possi- pour saisir un dossier ou sou-
bles grâce à la contraction des muscles de l’iris qui l’entourent. lever une caisse de papier
Toute contraction soutenue éprouve ces muscles et peut don-
ner lieu à ce sentiment de fatigue oculaire. Un éclairage trop
puissant oblige à contracter exagérément la pupille et donc
aboutit au même phénomène de fatigue visuelle.
✒ Des contrastes trop importants dans le champ visuel:
Des zones sombres peuvent être constituées par un mobilier
de couleur noire sur un mur blanc, un écran à fond noir ou
un clavier noir sur une table claire. Les zones éblouissantes
peuvent être la conséquence d’un luminaire non protégé ou
du soleil à travers la fenêtre. Une alternance de zones sombres

93
et claires provoque une alternance répétée de contraction et
dilatation de la pupille.
Tous ces problèmes doivent être appréhendés lors de l’analyse
des risques mais sortent du cadre de cet ouvrage. Pour avoir
un panorama complet des problèmes et solutions liés au tra-
vail sur écran, il est conseillé de consulter la brochure éditée
par le SPF Emploi, Travail et Concertation Sociale concernant
le travail sur écran.

5.5.3 Conseils pour l’adaptation du bureau dans la


pièce
Cinq conseils peuvent être donnés pour positionner les bu-
reaux et les écrans d’ordinateur dans un local:
1 Eviter les reflets dans les écrans occasionnés par la lumière
du soleil, la lumière artificielle ou par la réflexion des sour-
ces lumineuses. Les reflets diminuent la lisibilité de l’écran.
Un écran placé perpendiculairement aux fenêtres et des
luminaires comprenant des lamelles qui évitent un disper-
sement latéral de l’éclairage résolvent le problème. Il faut
également éviter des positionner l’écran sous un luminaire
direct ou trop près de la fenêtre. Lorsque la disposition de
la pièce ne permet pas de placer l’écran perpendiculaire-
Disposition de bureaux dans un local selon les 5 règles ment aux fenêtres, l’utilisation de stores est requise
2 Eviter les contrastes trop grands entre l’écran et son envi-
ronnement. Disposer l’écran perpendiculairement aux fe-
nêtres est recommandé ici aussi. Le rapport d’éclairement
réfléchi (calculé en candela par m2) entre les zones visuel-
les centrale, proche et éloignée doit correspondre à un
facteur 1 – 3 – 10. Il est conseillé d’éviter d’utiliser du mo-
bilier sombre (clavier, bord de l’écran, bureau, armoire, …)
qui provoque un contraste élevé avec le document papier
blanc ou le fond de l’écran, placés généralement proche du
centre de vision de l’utilisateur
3 Ménager une profondeur de vision suffisante. Le champ de
vision à côté ou au-dessus de l’écran doit être suffisant. Un
espace d’au moins deux mètres doit être prévu derrière
l’écran de manière à ce que les yeux puissent fixer un point
au loin et ainsi détendre les muscles oculaires
4 Eviter les regards et les portes dans le dos. Ceci est un
facteur psychologique important, auquel sont sensibles de
nombreuses personnes travaillant dans un bureau
5 Respecter le sentiment de territoire. On devra prendre en
compte ce sentiment lors de la division de l’espace des-
tiné au bureau et éviter les bureaux trop proches l’un de
l’autre
Les valeurs d’éclairement préconisées sont fixées entre 300
et 500 lux pour un travail de bureau (certaines publications
plaident même pour des valeurs allant jusque 750 lux). Néan-
moins, il faut être attentif au fait que ces valeurs conviennent
à des personnes d’environ 40 ans. La quantité requise de lu-
mière pour une personne de 60 ans est approximativement 10
fois plus importante que pour une personne de 20 ans et 5 fois
plus importante que pour une personne de 40 ans. La mise en

94
place d’un éclairage individualisé est donc recommandée pour
convenir la plus grande partie possible des personnes. Un
éclairage modulable au niveau central est aussi une possibilité,
s’il ménage un éclairement uniforme (sans zones sombres).

5.5.4 Conseils concernant le réglage et la qualité du


mobilier
A La chaise
Le réglage de la chaise est primordial. Deux critères sont à
envisager:
✒ S’adapter à la morphologie de la personne
✒ S’adapter à l’activité réalisée
Dès lors, la chaise devrait comporter les réglages suivants, fa-
ciles à utiliser et simples à comprendre:
✒ Réglage de la hauteur de l’assise: l’utilisateur doit pouvoir
régler le siège à une hauteur permettant d’avoir les coudes
au niveau du plan de travail, le tronc redressé et les pieds Réglage de l’assise pour une
à plat au sol, genoux fléchis aux environs de 90°. Lorsque tâche active
la table est de hauteur fixe et que la personne ne peut
poser les pieds au sol en position assise, il faut proposer
un repose-pieds.
✒ Réglage de l’inclinaison de l’assise: ce réglage permet de
garder une posture confortable en fonction du type de
travail à effectuer. Un travail « actif » comme la saisie de
données ou l’encodage nécessite une assise basculée vers
l’avant alors que l’assise basculée vers l’arrière profitera à
un travail « passif » comme lors d’une conversation télé-
phonique par exemple.
✒ Réglage de la hauteur et de l’inclinaison du dossier: le ren-
flement au niveau du bas du dossier est destiné à rétablir
la courbure naturelle lombaire. Il est donc important en
fonction de la morphologie de l’utilisateur et de la position
de travail de régler la hauteur et l’inclinaison du dossier.
Certains sièges pourvus d’un mécanisme réglable (« siège
dynamique ») permettent à l’assise et au dossier de s’adap- Réglage du dossier pour une Réglage de la hauteur du
ter automatiquement à la position de l’utilisateur. Le ré- tâche passive dossier (et du soutien lom-
glage de ce mécanisme par l’utilisateur est possible grâce à baire)
une manette. Le juste réglage de ce mécanisme est obtenu
lorsque d’un simple mouvement de la tête vers l’avant ou
l’arrière, cela fait passer le siège et son assise vers une po-
sition inclinée vers l’avant ou vers l’arrière. Cette variation
possible de l’inclinaison du dossier et de l’assise trouve
également son intérêt dans la variation de position et donc
dans la nutrition du disque.
✒ Réglage de la profondeur de l’assise: pour ne pas compri-
mer le creux du genou ou avoir la moitié de la cuisse en
dehors de l’assise, il est préférable de régler cette profon-
deur afin que la partie antérieure de l’assise soit située à 4
doigts du pli du genou.
✒ Réglage des accoudoirs: si des accoudoirs sont prévus, ils
doivent être munis de la possibilité de régler leur hauteur,
écartement et position antéro-postérieure et ne pas être
trop longs pour permettre à l’utilisateur de se rapprocher Réglage de la chaise pour une Réglage de la chaise pour une
aisément de la table. tâche active tâche passive

95
B La table
La profondeur de la table doit être suffisante pour accueillir
l’écran et permettre une vision confortable. Il est recommandé
d’avoir 90 à 100cm en cas d’écran avec tube cathodique. L’uti-
lisation d’un écran plat permet de réduire cette dimension. La
largeur de la table supérieure à 160cm laisse assez de place
aux différents documents et appareils périphériques. Le revê-
tement doit être mat et de couleur claire pour éviter les re-
flets et les contrastes. L’espace sous la table doit être suffisant,
permettant de croiser les jambes ou de pivoter aisément.

C L’écran
Les critères suivants sont à respecter pour positionner l’écran
sur la table:
✒ Distance entre les yeux et l’écran: 40 à 80cm (en fonction
de la taille de l’écran et du confort de l’utilisateur).
✒ Hauteur de l’écran: le centre de l’écran situé à 20° sous la
ligne de vision horizontale (ce qui équivaut pour un écran
de taille moyenne à placer le bord supérieur de l’écran à
hauteur des yeux) pour éviter de fléchir ou étendre trop la
nuque (sauf pour les porteurs de lunettes à doubles foyers
ou progressifs, dans ce cas, l’écran sera positionné nette-
ment plus bas)
✒ Situé perpendiculairement aux fenêtres extérieures (pour
éviter les reflets et éblouissements)
✒ Disposer d’une distance de 2 mètres au moins derrière
l’écran (pour laisser les yeux se reposer en regardant au
loin de temps à autre)
✒ Face à l’utilisateur (pour éviter la rotation de la nuque)

Hauteur de l’écran par rapport aux yeux: 20° sous la ligne D Clavier
horizontale du regard ✒ De couleur claire, le clavier doit être disposé face à l’utili-
sateur. Un espace de minimum 10cm par rapport au bord
de la table est nécessaire pour permettre aux poignets de
se poser sur la table en dehors des périodes d’encodage
✒ De face par rapport à l’utilisateur
✒ Très légèrement incliné (5°) pour éviter de trop solliciter
les poignets

E Souris
✒ De préférence de couleur claire
✒ Prévoir suffisamment de place pour laisser reposer l’avant-
bras (éventuellement sur l’accoudoir)
✒ Disposée dans l’axe de l’épaule pour ne pas fatiguer l’ar-
ticulation
✒ Suffisamment plate et adaptée à la taille de la main pour ne
pas provoquer de crispation
✒ Choisir une souris dont la taille correspond à la taille de la
main (Small à X-Large)

96
F Repose-pieds
Si la table n’est pas réglable en hauteur et l’utilisateur de petite
taille, il ne peut pas poser ses pieds au sol. L’utilisation d’un re-
pose-pieds est nécessaire. Il doit posséder les caractéristiques
suivantes:
✒ Aisément réglable en hauteur jusque 20cm
✒ Inclinable
✒ Suffisamment large pour soutenir les deux pieds et per-
mettre le mouvement

G Porte-document
Un support pour documents, placé près de l’écran évitera des
changements fréquents de distance de lecture et des mouve-
ments de va-et-vient de la tête. Certains modèles de porte- Repose-pieds facile à régler
documents peuvent être positionnés entre le clavier et l’écran. et suffisamment large
Ils permettent de poser dessus des objets plus lourds (livres
ou fardes).

5.5.5 L’ordinateur portable


L’utilisation d’un ordinateur portable de façon soutenue (plus
d’une heure par jour) est contraignante sur plus d’un aspect:
✒ Ecran placé trop bas
✒ Clavier de petite taille et non séparé
✒ Absence de souris
Il est donc souhaitable lors de l’utilisation régulière d’un tel
ordinateur de prévoir quelques aménagements:
✒ Utiliser un support pour le portable (ou un écran com-
plémentaire) permettant de le placer à la hauteur recom-
mandée.
✒ Un clavier et une souris complémentaires doivent complé-
ter cet aménagement.

5.5.6 Soulever des caisses et dossiers


Les règles relatives à la manutention des charges et objets ont Aménagement ergonomique pour l’utilisation régulière d’un
été vues précédemment. Lorsqu’une tâche de manutention ordinateur portable
s’avère fréquente comme par exemple alimenter la photoco-
pieuse en papier, il faut éventuellement prévoir une adaptation
de la situation réduisant le nombre de gestes avec un risque
pour le dos. Ainsi, une table placée à proximité de la photo-
copie permet de poser les rames de papier à hauteur plutôt
qu’au niveau du sol.

Table placée à proximité de Positions correctes pour soulever une caisse et un bloc de
la photocopieuse rames de papier

97
Le rangement des dossiers dans les étagères doit correspon-
dre à la réflexion déjà proposée: les charges lourdes à hauteur
de hanches et les objets fréquemment utilisés rangés entre la
hauteur des genoux et des épaules plutôt qu’au niveau du sol
par exemple.

Positions correctes pour saisir un dossier dans l’étagère

5.6 Prévention à la maison et


dans les loisirs
A Se lever du lit
Le sommier sera constitué de lattes et le matelas sera suffi-
samment souple pour permettre une répartition homogène
des points de contact aux différentes zones du corps, notam-
ment de la colonne vertébrale.
Les étapes pour se lever du lit

98
B Se brosser les dents
Maintenir la lordose lombaire, rechercher un appui antérieur.
La hauteur de l’évier doit être adaptée à la taille du ou des uti-
lisateurs. Un petit tabouret utilisé par le plus petit de la famille
permet de placer l’évier à bonne hauteur pour le plus grand
des utilisateurs sans handicaper le plus petit.

Posture avec maintien de la


lordose et appui antérieur

C Attacher ses lacets

Mauvaise posture Bonnes postures pour attacher ses lacets

99
D Balayer et passer l’aspirateur
A défaut d’utiliser un manche adapté à la taille (correspon-
dant à la hauteur de l’épaule), ces activités comportent de
nombreuses postures inclinées du tronc vers l’avant et il est
conseillé d’être attentif à adopter de bons gestes.

Mauvaises postures pour balayer et passer l’aspirateur

Bonnes postures
Songer à placer dans chaque pièce une prise de courant à un
mètre de hauteur environ évite de devoir systématiquement
se pencher (ou fléchir les genoux) pour insérer la fiche élec-
trique.

Mauvaise posture pour insé- Postures adéquates pour insérer la fiche de l’aspirateur
rer la fiche de l’aspirateur

100
E Prendre un objet dans le frigo

Mauvaise posture Postures correctes: genoux fléchis et appui antérieur

F La position assise: prendre un dossier dans le tiroir


ou la mallette

Posture avec flexion combi- Postures adéquates, sans rotation et avec appui antérieur
née à la rotation: très risquée
pour le dos

101
G Entrer ou sortir de la voiture
Pour entrer dans la voiture sans se contorsionner, il est re-
commandé de s’asseoir d’abord et puis de pivoter sur le siège
pour entrer les jambes dans l’habitacle. Pour sortir du véhi-
cule, il faut procéder à l’inverse.

Mauvaise position pour en- Position adéquate: le tronc, le


trer ou sortir de la voiture bassin et les jambes pivotent
en même temps

H Caresser le chien

Mauvaise position pour cares- Posture correcte: genoux


ser le chien fléchis

On peut aussi dresser ergo-


nomiquement le chien à sau-
ter sur la chaise pour se faire
caresser

102
I Désherbage manuel

Posture à éviter autant que Postures conseillées: flexion des genoux, à 4 pattes, appui antérieur
possible

J Ecole: la mallette de l’enfant


Saisissons l’occasion de dire que la prévention commence dès
l’enfance. Le poids du cartable ne devrait pas dépasser 10% à
15% du poids de l’enfant. Le tri des livres et cahiers nécessai-
res pour la journée est donc indispensable, en accord avec les
enseignants.

Un cartable bien ajusté et pas


trop lourd

103
K Stimuler dès le plus jeune âge
Il est intéressant de stimuler les enfants à protéger leur dos
dès le plus jeune âge. Jouer avec eux à protéger son dos en
faisant comme papa et maman est une bonne solution pour
chacun. Les petits se feront un plaisir de rappeler aux parents
les bons conseils pour économiser leur dos en cas d’oubli de
leur part.

5.7 L’activité physique


5.7.1 Changer fréquemment de position
Les positions maintenues longtemps et notamment la position
assise sont sans doute défavorables au point de vue nutrition
L’enfant peut être encouragé à protéger son dos lors des
des disques. Nous avons vu que les changements de pression
activités de jeux, études, rangement, nettoyage
au niveau de la colonne vertébrale provoquent un va-et-vient
liquidien, tout comme dans une éponge. Il convient dès lors
de varier autant que possible ses positions « pour nourrir ses
disques ».

5.7.2 Maintenir une bonne condition par l’activité


physique régulière
Une activité physique régulière est bénéfique pour la santé
en général. C’est une recommandation classique préconisée
par les médecins, kinésithérapeutes, …Il est cependant difficile
de déterminer avec certitude combien de fois par semaine il
convient de pratiquer cette activité physique. Une étude scien-
tifique a montré un bénéfice à partir de trois séances de 20
minutes par semaine. Cette régularité permet d’améliorer la
souplesse articulaire et musculaire et d’augmenter la force et
l’endurance musculaire. Certains voient également dans l’ac-
tivité physique un exutoire permettant de diminuer le stress.
Conjugué à de bonnes habitudes alimentaires, il permet de
contrôler le poids corporel.
En corollaire, de nombreuses personnes mentionnent le fait
que lorsqu’elles sont actives, leur mal de dos est diminué,
voire disparaît. Cela peut notamment s’expliquer par le fait
que le mouvement en général permet une cicatrisation plus
rapide des tissus tels que le disque intervertébral et permet
un meilleur échange circulatoire.
L’activité professionnelle à l’hôpital requiert certainement une
bonne dose de mouvements qui peuvent contribuer à mainte-
nir certains aspects de la condition physique: fléchir les genoux
plus fréquemment qu’à l’accoutumée tonifie la musculature
des cuisses et des fessiers, se pencher vers l’avant en main-
tenant la lordose lombaire assouplit les muscles de l’arrière
des cuisses et tonifie la musculature du dos. Il est toutefois
conseillé de compléter cette activité par la pratique régulière
d’un sport d’endurance ainsi que d’exercices tels que ceux
décrits par la suite, faciles à réaliser chez soi, avec un simple
tapis de mousse.

104
5.7.3 Quels sont les sports recommandés ? 3b
Les sports d’endurance font partie des activités possédant un
impact positif pour le dos (la marche, le jogging, la natation, le
vélo). Le fitness pratiqué sous la surveillance de kinésithéra-
peutes se révèle une aide précieuse. Des précautions particu-
lières sont à prendre pour les sports asymétriques (le tennis
en est un exemple) ou impliquant des risques de chute.

5.7.4 Quels sont les exercices que je peux pratiquer


facilement ?
A Exercices de stretching (ou assouplissement)
Ces exercices peuvent être pratiqués à n’importe quel mo-
ment de la journée. Si le temps manque pour les faire d’affilée,
on peut en exécuter à des moments divers de la journée. Il
convient de respecter les principes du stretching: 4a
✒ étirer de façon progressive
✒ garder une aisance dans l’étirement: un bon étirement ne
fait pas nécessairement mal
✒ maintenir la position d’étirement environ 20 secondes et
éviter les mouvements saccadés

1 4b

3a

105
7 9

8a

10

8b

8c

11

106
12 13

B Exercices de musculation
Ces exercices peuvent être effectués en trois séries de 15 ré-
pétitions et puis, au vu des progrès, les répétitions et les séries
seront augmentées.

A B

Tonification des muscles paravertébraux

A B

Tonification des muscles pectoraux et triceps

107
A B

Tonification des muscles pectoraux et triceps

A B

Tonification des muscles abdominaux

A B

Tonification des muscles abdominaux

A B

Tonification des muscles abdominaux

108
A B

Tonification des muscles extenseurs des jambes

C Exercices de mobilisation du dos


Les mouvements de bascule du bassin et de flexion-exten-
sion de la colonne permettent le relâchement des structu-
res musculaires contracturées et peuvent aussi favoriser une
meilleure nutrition du disque par des variations de pression.
Ces mouvements peuvent être réalisés couché sur le dos, assis
ou debout.

A B

109
A B

A B

110
A B

A B

111
A B

112
6. Références complémentaires

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✒ Demaret J-P., Gavray F. Willems F.: Troubles musculo-sque-
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✒ Demaret J-P., Gavray F. Willems F.: Troubles musculo-sque-
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de l’aide à domicile. SPF Emploi, Travail et Concertation
sociale, 2007, Bruxelles
✒ Demaret J-P., Gavray F. Willems F.: Troubles musculo-sque-
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Concertation sociale, 2007, Bruxelles
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