Charles Baudelaire était un poète et critique français du XIXe siècle. Il est connu pour son recueil Les Fleurs du mal qui a ouvert la voie à la modernité poétique. Baudelaire a mené une vie d'artiste bohème à Paris et a écrit de la poésie ainsi que de la critique littéraire et artistique.
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Charles Baudelaire était un poète et critique français du XIXe siècle. Il est connu pour son recueil Les Fleurs du mal qui a ouvert la voie à la modernité poétique. Baudelaire a mené une vie d'artiste bohème à Paris et a écrit de la poésie ainsi que de la critique littéraire et artistique.
Charles Baudelaire était un poète et critique français du XIXe siècle. Il est connu pour son recueil Les Fleurs du mal qui a ouvert la voie à la modernité poétique. Baudelaire a mené une vie d'artiste bohème à Paris et a écrit de la poésie ainsi que de la critique littéraire et artistique.
Charles Baudelaire était un poète et critique français du XIXe siècle. Il est connu pour son recueil Les Fleurs du mal qui a ouvert la voie à la modernité poétique. Baudelaire a mené une vie d'artiste bohème à Paris et a écrit de la poésie ainsi que de la critique littéraire et artistique.
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Charles Baudelaire (1821-1867)
Poète et critique français qui, avec les Fleurs du mal, ouvrit la
voie à la modernité en poésie. Vie de Baudelaire Charles Baudelaire est né à Paris le 9 avril 1821. Il avait sept ans lorsque sa mère, devenue veuve, se remaria avec le général Aupick!; l'enfant n'accepta jamais cette union. Placé d'abord en pension à Lyon, il étudia ensuite au lycée Louis-le-Grand à Paris, où il se signala par son indiscipline et d'où il fut exclu en avril 1839. Après avoir néanmoins obtenu son baccalauréat, Baudelaire entreprit de mener à Paris une vie d'insouciance et de bohème, tout au moins jusqu'en 1841, date à laquelle son beau-père, soucieux d'y mettre un terme, le fit embarquer quasi de force sur le Paquebot-des-Mers-du-Sud, pour un Dans un univers confus, indéchiffrable long voyage à destination des Indes. Ce périple, au commun des mortels, seul le poète, quoique écourté par le poète - il s'arrêta à l'île grâce à son imagination - cette «!reine Bourbon (la Réunion) -, ancra profondément chez lui des facultés!» qui est capacité à créer le goût de l'exotisme, thème très présent dans son des images - peut faire surgir le sens en œuvre. De ce voyage, Baudelaire rapporta également faisant correspondre ce qui est les premiers poèmes de son principal recueil, les disparate et morcelé : «!La Nature est Fleurs du mal, notamment le sonnet «!À une dame un temple où de vivants piliers!/! créole!». Laissent parfois sortir de confuses Peu après son retour en France, en 1842, Baudelaire paroles!;!/!L'homme y passe à travers rencontra Jeanne Duval, dont il fit la «!Vénus noire!» des forêts de symboles!/!Qui de son œuvre, l'incarnation de la femme exotique, l'observent avec des regards sensuelle et dangereuse, et qu'il aima durablement familiers.!» («!Correspondances!», les malgré leurs relations orageuses. Cette liaison Fleurs du mal, IV). Les mots revêtent un n'empêcha pas le poète de s'éprendre de Marie caractère proprement magique, et Daubrun en 1847 et de Mme Sabatier en 1852. Il fit l'écriture devient une «!sorcellerie de cette dernière, pour laquelle il éprouva des évocatoire!». Annonciateur de sentiments tout éthérés, une figure spirituelle, la «! Rimbaud, Baudelaire se voit comme un Muse et la Madone!» des Fleurs du mal. «!alchimiste du Verbe!», capable de transmuer la «!boue!» en «!or!». Le jeune poète mena alors - grâce à l'héritage paternel reçu à sa majorité, en 1842 - une vie de Cheminement des Fleurs du mal dandy et d'esthète!; à cette époque, il fit l'acquisition Le cheminement des Fleurs du mal ne de coûteuses œuvres d'art et expérimenta les «! permet pourtant pas, semble-t-il, de paradis artificiels!» de l'opium et de l'alcool. Son train vaincre le spleen, ce sentiment qui de vie ne tarda pas à écorner son héritage : pour écrase le poète. Les différentes éviter la dilapidation de sa fortune, son beau-père et expériences, qui sont autant d'étapes sa mère le firent placer sous tutelle judiciaire. Le dans le recueil, se révèlent sans réelle jeune poète souffrit dès lors de ne pouvoir disposer issue : la grande ville des «!Tableaux librement de son bien, et dut travailler pour vivre. C'est poussé par le besoin d'argent qu'il se lança parisiens!» est pleine de dangers et de dans la critique d'art (Salon de 1845, Salon de 1846, tentations, les paradis artificiels de la Salon de 1859) et qu'il publia dans diverses revues drogue ou de l'alcool («!le Vin!»), sous le nom de Baudelaire-Dufaÿs : il fit paraître de la comme l'amour et la volupté («!Fleurs sorte des poèmes qui figureront plus tard dans les du mal!»), sont décevants et Fleurs du mal, mais aussi des essais littéraires et asservissent l'âme. Après une brève esthétiques, ainsi qu'une nouvelle, la Fanfarlo (1847). tentative de «!Révolte!», que le poète En 1848, il commença à traduire les œuvres de veut universelle, le recueil débouche sur l'auteur américain Edgar Allan Poe. Baudelaire n'eut la «!Mort!», ce qui paraît confirmer aucun mal à s'identifier à cet écrivain tourmenté, en l'échec du projet poétique. Cependant, qui il voyait un double de lui-même («!Edgar Poe, sa c'est dans la mort que Baudelaire trouve vie et ses œuvres!», l'Art romantique). Ses un ultime moyen de résoudre la traductions de Poe font encore référence aujourd'hui!; contradiction du Bien et du Mal : la mort il fit paraître successivement Contes est alors envisagée non comme une fin extraordinaires (1854), Histoires mais comme un passage vers un extraordinaires (1856), Nouvelles Histoires univers réconcilié, où le poète est avide extraordinaires (1857), les Aventures d'Arthur Gordon de découvrir un monde nouveau, Pym (1858), et acheva la traduction des Histoires encore inconnu. Ce point de vue grotesques et sérieuses en 1865. explique sans doute la sensualité donnée au thème macabre dans le En juin 1857, Baudelaire fit paraître, chez son ami et célèbre poème «!la Mort des amants!». éditeur Poulet-Malassis, le recueil les Fleurs du mal, qui regroupait des poèmes déjà publiés en revue Le recueil se termine en outre par ces et des inédits. Mais, dès le mois d'août, il se vit vers significatifs : «!Plonger au fond du intenter un procès pour «!outrage à la morale gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe!?!/!Au publique et aux bonnes mœurs!» (la même fond de l'Inconnu pour trouver du année, Madame Bovary, de Flaubert, connut un sort nouveau!!!» («!le Voyage!», les Fleurs identique, mais le romancier put profiter d'un succès du mal, CXXVI). de scandale, ce qui ne fut pas le cas de Baudelaire). Condamné à une forte amende, le poète, très abattu L'œuvre critique par la sentence, dut en outre retrancher six poèmes L'Art romantique (posthume, 1869) de son recueil. regroupe l'ensemble des textes que Baudelaire consacra à la vie littéraire de Après le scandale des Fleurs du mal,Baudelaire, son temps et aux grands auteurs dont il toujours criblé de dettes, continua de publier en revue se sentait proche. Les textes les plus ses textes critiques et ses traductions de Poe, importants de ce recueil sont consacrés auxquels vinrent s'ajouter bientôt les poèmes en à Edgar Poe, à Théophile Gautier, prose qui seront regroupés et publiés dans leur forme à Madame Bovary de Flaubert, et définitive après sa mort, sous le titre les Petits aux Misérables de Victor Hugo. Poèmes en prose ou le Spleen de Paris (posthume, 1869). Les Petits Poèmes en prose sont le pendant Les textes de critique d'art de des Fleurs du mal,dont ils reprennent la thématique, Baudelaire furent réunis et publiés en mais cette fois dans une prose poétique, sensuelle, 1868 sous le titre Curiosités étonnamment musicale (certains poèmes des Fleurs esthétiques. Ce recueil regroupe du mal y sont même repris en écho, sous un titre essentiellement les comptes rendus des identique). Le poème en prose était alors un genre Salons de 1845, de 1846 et de 1859, nouveau, et Baudelaire avait pris pour modèle celui de l'Exposition universelle de Aloysius Bertrand, précurseur du genre avec Gaspard 1855, mais aussi un texte important sur de la nuit (1842). Constantin Guys, le Peintre de la vie moderne, et plusieurs essais sur la vie Au printemps 1866, pendant un séjour en Belgique, et l'œuvre d'Eugène Delacroix. Ce à où il était venu faire un cycle de conférences qui se quoi il faut ajouter des essais variés, révéla décevant, Baudelaire, déjà très malade, eut un consacrés notamment aux grave malaise à Namur. Les conséquences furent aquafortistes, à la caricature et plus irrémédiables : atteint de paralysie et d'aphasie, le généralement au comique dans les arts. poète fut ramené à Paris en juillet. Il y mourut un an plus tard, le 31 août 1867. Il existe une grande cohérence entre l'œuvre de Baudelaire poète et l'œuvre Les Fleurs du mal de Baudelaire critique d'art. Il s'illustra Ce recueil de poèmes est l'œuvre maîtresse de dans l'un et l'autre genre avec la même Baudelaire. audace puisque, en art comme en poésie, il érigea sa propre esthétique : Dans sa version la plus aboutie, il est composé de six le surnaturalisme, qui alliait le bizarre et parties : «!Spleen et Idéal!» (poèmes I à LXXXV), la modernité. puis «!Tableaux parisiens!» (poèmes LXXXVI à CIII), «!le Vin!» (poèmes CIV à CVIII), «!Fleurs du mal!» Mode et modernité dans l'art (poèmes CIX à CXVII), «!Révolte!» (poèmes CXVIII à Baudelaire se fit, en art comme en CXX) et «!la Mort!» (poèmes CXXI à CXXVI), qui font poésie, le chantre de la modernité. la synthèse entre le courant romantique (le lyrisme) et Dans le Peintre de la vie moderne, il le formalisme (la recherche maîtrisée de la perfection écrivait à propos de Constantin Guys : formelle). «!Il s'agit, pour lui, de dégager de la Modernité des Fleurs du mal mode ce qu'elle peut contenir de poétique dans l'historique, de tirer Le titre des Fleurs du mal pose d'emblée les marques l'éternel du transitoire. […] La modernité, d'une esthétique nouvelle, «!moderne!», où la c'est le transitoire, le fugitif, le beauté, le sublime (que désigne le terme de «!fleur!») contingent, la moitié de l'art, dont l'autre peuvent, grâce au langage poétique, surgir des moitié est l'éternel et l'immuable.!» réalités triviales de la nature et de la chair (le «! mal!»). Par modernité, il entendait donc l'adéquation de l'œuvre d'art à son Avec cette matière en guise d'inspiration, alliée à un temps : une toile, selon lui, devait travail méticuleux sur le langage poétique (utilisation exprimer son époque, et pour ce faire la de formes traditionnelles comme le sonnet, et de vers représenter dans sa particularité classiques, comme l'alexandrin), Baudelaire éphémère. C'est ce qu'il aimait dans les révolutionnait l'univers esthétique en prenant non lavis et les dessins à la plume de seulement le contrepied de la tradition selon laquelle Constantin Guys, qui croquait pour la l'œuvre d'art était d'autant plus admirable que le sujet presse des silhouettes et des scènes de en était noble, mais surtout en réalisant la synthèse la vie contemporaine, célébrant ainsi l'«! entre deux choix esthétiques jusque-là inconciliables : héroïsme de la vie moderne!». le lyrisme romantique et le souci formel. Cette double nature du Beau, défini Thématique des Fleurs du mal comme la synthèse de la modernité (du La partie «!Spleen et Idéal!» (titre qui prolonge transitoire) et de l'immuable (la l'ambivalence du titre générique) met en scène le «! perfection formelle), empêchait spleen!», c'est-à-dire l'ennui (au sens d'angoisse Baudelaire de se laisser séduire par les métaphysique), dont souffre le poète, et son modes éphémères, mais aussi d'établir aspiration vers un «!idéal!», infini sublime où règne la des critères purement formels, plénitude de l'être. Spleen est un mot anglais qui susceptibles de le conduire à célébrer désigne la rate : en effet, on croyait autrefois, selon la un art d'une froide perfection, dénué théorie des humeurs d'Hippocrate, que le sentiment d'émotion. de mélancolie était d'origine physiologique et, plus Baudelaire se montra d'ailleurs un précisément, qu'il venait de la bile noire sécrétée par critique clairvoyant : s'il fut naturellement la rate. Le mot «!spleen!» traduit donc chez réticent à l'égard des peintres officiels, il Baudelaire l'ennui et le dégoût généralisé de la vie. ne fut pas davantage pris au piège de La même thématique ambivalente alimente la totalité sa sensibilité romantique : c'est ce qui du recueil des Fleurs du mal et lui donne sa lui permit, par exemple, d'être sévère à dynamique conflictuelle. Le poète y exprime les l'égard du peintre romantique Ary tourments de sa propre âme, écartelée entre le Scheffer, «!singe du sentiment!», dont sublime et le sordide, tiraillée entre une double le coup de pinceau restait en réalité très aspiration vers Dieu et vers Satan. À partir de son académique (Salon de 1846). A expérience personnelle, il traite ainsi du conflit éternel contrario, ses opinions nuancées sur entre l'esprit et la chair, l'ailleurs et l'ici-bas. certaines toiles d'Ingres, peintre pourtant académique et néoclassique, Poétique baudelairienne montrent à quel point Baudelaire se Pour échapper au spleen, le poète a recours au situait au-delà des querelles d'école. langage poétique, qui seul a la capacité de donner sens et de transmuer les réalités les plus banales et Le bizarre les plus viles. Le langage peut aussi métamorphoser Le bizarre est l'autre versant du «! l'amour : il transfigure la passion sensuelle du poète surnaturalisme!» baudelairien. Selon pour Jeanne Duval («!Parfum exotique!», «!la Baudelaire, en effet, le Beau «!contient Chevelure!», etc.) comme son amour éthéré pour toujours un peu de bizarrerie, de Mme Sabatier («!l'Aube spirituelle!», «!Invitation au bizarrerie naïve, non voulue, voyage!», etc.). inconsciente, et […] c'est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement Le sonnet «!Correspondances!», qui est une sorte beau!» (Exposition universelle de d'art poétique baudelairien, montre que, chez cet 1855). auteur, les images ne sont pas seulement des symboles conventionnels, mais révèlent un rapport Or, la caricature est pour Baudelaire absolu entre les choses et leur signification : c'est la l'une des manifestations les plus loi de l'«!analogie universelle !». intéressantes du «!bizarre!» : admirateur de Daumier, il alla jusqu'à ériger en principe esthétique général l'idée d'excès ou d'exagération, qui est en usage de façon systématique dans la caricature. L'excès ou, pour être plus précis, les déformations anatomiques faisaient, selon lui, toute la beauté de certaines toiles et toute la grâce de certains personnages d'Ingres, comme cette Odalisque dotée d'un trop grand nombre de vertèbres, lui conférant une silhouette anormalement longue et sinueuse. Cette liberté du peintre à l'égard du modèle fourni par la nature séduisait Baudelaire, qui ne se lassait pas de la louer comme une «!tricherie heureuse!» (Exposition universelle de 1855).
Pour Baudelaire, l'exagération
caractérisait pareillement les eaux- fortes de Goya intitulées les Caprices (mais son propos peut s'appliquer également aux Désastres de la guerre) : ces visages blafards et fuyants surgis de l'ombre, ces masques grotesques ou animaliers, exprimaient à la perfection des sentiments extrêmes comme la peur, la haine ou l'horreur. Baudelaire considérait d'ailleurs Goya comme un caricaturiste, mais un caricaturiste «!artistique!», par opposition au caricaturiste «! historique!», le premier étant susceptible de produire un «!comique éternel!» quand le second ne donne qu'un «!comique fugitif!» (Quelques caricaturistes étrangers).
Baudelaire admirait aussi chez
Delacroix (lui-même disciple de Goya) l'apparence inachevée, et d'autant plus expressive, de ses scènes de chasse : ce peintre ne se contente pas de reproduire fidèlement les images que lui procure le réel, mais s'attache à l'expression, au détriment de la précision du trait : c'est ainsi qu'il parvient à restituer la vérité des choses au-delà de leurs apparences. Cependant, chez ces trois peintres, l'accentuation du trait, la «!caricature!» n'est naturellement pas faite pour provoquer le rire ni dénoncer les ridicules de la bourgeoisie, comme c'est le cas chez Daumier!; en revanche, elle est porteuse du sens et de l'émotion des œuvres, et c'est en cela qu'elle est le véhicule privilégié de la vraie beauté.
Pour la nouveauté de son approche et
la modernité de son esthétique, Baudelaire reste un nom important dans l'histoire de la critique d'art.