Mémoire Présenté Par La Fédération
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MÉMOIRE ‘
PRÉSENTÉ PAR LA
FÉDÉRATION JURASSIENNE
DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE
des Travailleurs
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àAÙ SIÈGE DU COMITÉ FÉDÉRAL JURASSIEN. '
' —— 1873 — . %‘,ÇÊ
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FÉDÉRATION J U RASS EN NE }
DE L‘ASSOCIATION INTERNATIONALE
des Travailleurs
À TOUTES LES'FÉDÉRATIONS
DE L’INTERNATIONALE
MŸFËN)
SONVILLIER
AU SIÈGE DU COMITÉ FÉDÉRAL JURASSIEN.
AVANT—PROPOS
_'2 ._.
Nos lecteurs impartiaux nous rendront ce témoi
gnage que ce livre est l’histoire véridique, et aussi
complète que notre cadre l’a permis, du développe
ment de l’lnternationale en Suisse. Si des détails per
sonnels et quelques passages polémiques se trouvent
mêlés au récit, c’est que ces détails et cette polémique
étaient une nécessité de la situation. '
Notre vœu, en livrant aujourd’hui à la publicité ces
pages, c’est de voir la période dont elles renferment
le tableau fidèle, entrer définitivement dans le domaine
de l’histoire ancienne, afin que l’Internationale, ins
truite par les expériences de son passé, prenne, en
se préservant des fautes qu’elle a ‘pu commettre au
début, un nouvel essor vers son glorieux avenir.
15 avril 1873.
LA COMMISSION DE RÉDACTION.
MÉMOIRE
DE LA
FÉDÉRATION JURASSIENNE }
.,,
PREMIÈRE PARTIE
Avant la Fédération romande
(1865—1868)
I.
_4_
Dès 1865 existaient également des Sections à Genéve,
Lausanne, Vevey et Montréux. La Section de Genève
avait été fondée principalement sous l’influence du so
cialiste allemand J .-Ph. Becker, qui créa en janvier 1866
le journal mensuel le Vorbote, pour servir d’organe aux
Sections de langue allemande.
Dans toutes ces Sections primitives, la conception de
l’Internationale était encore fort mal définie. Le mot
d’ordre avait été jet_é aux échos: « Ouvriers, associez
vous! » Et l’on s’était associé,groupant tous les ouvriers
indistinctement dans une seule et même Section. Aussi les
éléments les plus hétérogènes, pour la plupart fort peu sé
rieux, se coudoyaient alors dans les réunions de l’Inter—
nationale, et l'influence était à ceux qui savaient broder
les plus belles phrases sur ce thème d’un vague si com
plaisant : « Dieu, patrie, humanité, fraternité. »
Dans plus d’une localité, l’Intèrnationale ne faisait
qu’un avec le parti politique radical, et certaines person
nalités ambitieuses cherchaient déjà ase faire d’elle un
simple moyen d’arriver à. un emploi dans le gouverne
ment.
A la Chaux-de-Fonds, cependant, les radicaux, qui d’a
bord avaient patronné l’Internationale (l), s’aperçurent
bien vite qu’ils 'ne pourraient pas dominer et exploiter à
leur profit le mouvement ouvrier, et ils cherchèrent à
l’étouffer au berceau. Le National suisse, journal radical
de la Chaux-de-Fonds, commença dès lors contre l’Inter—
nationale une guerre de calomnies et d’attaques per—
sonnelles. Il en fut autrement à Genève. où les organes
radicaux, la Suisse radicale et le Carillon, se montrèrent,
dans un but intéressé, sympathiques à l’Internationale,
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13
111.
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15
_19_
hautement que la coalition aristo—socialiste, comme on
l’appelait, était une infâme calomnie des radicaux, Coul
lery supprimait le Diogène, dont il était l’éditeur, sans
néanmoins rompre ouvertement avec Guillaume. En
même temps paraissait, pour remplacer le Diogène, le
premier numéro de la Montagne , journal quotidien ,
organe de la démocratie sociale. Ce journal devait être
rédigépar un Comité dans lequel ‘ figuraient particulière
ment Coullery et F. Robert pour la Chaux-de-Fonds , et
Guillaume (qui n’avait pas été consulté) pour le Locle.
Dans le n° 3 de ce nouveau journal parut un article, du
à la plume de Coullery, et dans lequel celui-ci, jetant
enfin le masque, avouait carrément la coalition qu’il pro—
jetait avec les conservateurs: l’opposition, selon lui,
devait accepter dans ses rangs tous les adversaires
du parti radical, quelle que fût leur couleur politique.
A cette lecture, les socialistes loclois comprirent qu’ils
avaient été dupes, et Guillaume écrivit immédiatement
une lettre qu’il rendit publique, pour annoncer qu’il ré«
pudiait toute solidarité avec Coullery et les hommes de
la Montagne. .
Là-dessus, grand émoi à la Chaux-de-Fonds. A tout
prix, il faut ramener les Loclois,obtenir la rétractation de
la lettre deGuillaume. Coullery lui écrit pour protester
de la pureté de ses intentions ; des délégués de la Chaux
de-Fonds, les'uns de très bonne foi, les autres habiles
diplomates, arrivent au Locle et convoquent une réunion
de la Séction internationale pour avoir une explication
solennelle. Dans cette réunion, les délégués de la Chaux—
de-Fonds déclarent que l’article de Coullery a, été mal in
terprété, queGuillaume a agi avec trop de précipitation.
Coullery, qui était présent, dit qu’il y a eu malentendu,
il donne sa parole que jamais il n’a songé à une alliance
avec les conserVateurs, que cette alliance ne se fera
jamais. Fritz Robert conjure Guillaume de reconnaître
20—
1
solennelles.
Quelques jours plus tard paraissait la liste des candi
dats de la Démocratie sociale de la Chaux-de-Fonds, et .
la moitié de ces candidats étaient conservateurs ! — Que
faire ‘.’ Une partie des coullerystes, fanatisés jusqu’au d‘é— _.1_2....1..;. '.ALJ.L
lire, suivirent le maître dans sa trahison ; d’autres‘se’ ré
voltèrent, et se refusèrent a voter la liste. L’élection fut
une défaite pour les coullerystes, et le chef du parti, qui
avait rêvé l’ascension au pouvoir au ' moyen de l’Interna—
tionale aidée des bourgeois conservateurs, vit s’écrouler
l’échafaudage qu’il croyait si habilement combiné. Il fut
élu néanmoins membre du Grand—Conseil, avec un autre
pseudo—socialiste de la Chaux-de-Fonds, M. Elzingre;
mais tous deux se gardèrent bien'de jamaisy souffler mot
de l’Internationale.
De ce moment date la haine implacable de Coullery et
de ses fanatiques contre Fritz Robert— qui s’était séparé
d’eux au dernier moment — contre Guillaume et contre
quelques autres Loclois, haine dont on verra plus loin
les résultats dans les questions qui furent agitées l’année
suivante au sein de l’Internationale. _
Les socialistes loclois s’étaient refusés à pactiser avec
les conservateurs; mais, trop faibles pour marcher seuls,
ils furent les dupes des radicaux. Déjà au mois de mars,
ils avaient pris au sérieux une proposition de révision de
la Constitution neuchâteloise, faite par quelques députés
radicaux du Locle; mais lorsque vint le moment de la
votation populaire sur la Constitution révisée , ils virent
ceux-là même qui étaient les auteurs de la proposition
voter côntre le projet, qui fut rejeté à une grande majo
rité. Cette première leçon ne leur suffit pas : ils se laissè—
rent prendre une seconde fois au piège par les radicaux,
_21_
;lors des élections pour le Grand-Conseil, leur propo
, t d’acéorder sur leur liste une place à un candidat
liste au choix des internationaux. Les internatio
: désignèrent le citoyen Augustin Monnier; et toute
j; te radicale passa, sauf le candidat socialiste, resté
Ïle carreau avec les voix des seuls internationaux, les
icaux, au dernier moment, éyant voté pour un con—
ateur. Les Loclois, joués ainsi.deux fois de suite,
ent qu’ils ne le seraient pas une troisième, et c’est
> qu’ils prirent la résolution solennelle de s’abstenir
' façon absolue de toute participation à la politique
»eoise, résolution qu’ils annonçaient quelque temps
dans une adresse aux socialistes genevois insérée
. la Liberté de Genève du 24 octobre 1868.
ici, en passant, comment ce même journal laLiberte’,
.ervait alors d’organe officieux à 1‘Internationale de
Ive, appréciait dans son numéro du Î) mai 1868 la
uite des coullerystes/ dans les élections neuchâte—
Ï de mai 1868 : ,
" es élections au Grand-Conseil qui ont eu lieu dî
he dernier dans le canton de Neuchâtel, seront,
j l’espérons, une leçon suffisante pour le parti de la
cratie socialiste (de la Chaux-de-Fonds). Allié de
'ux conservateurs royalistes, ce parti n’a réussi qu’à
arriver au pouvoir législatif les adversaires déclarés
ute idée de réforme et de progrès; aveuglé par sa
' de la coterie radicale, il a tout sacrifié au succès...
ïsuccès lui a manqué. »
1 IV.
H-v,-
-
:-'.
. ._
-26...
Le printemps de 1868 et les mois qui suivirent furent
le beau moment, l’époque héroïque, pourrait-on dire, de
l’Internafionale à Genéve. Dans la bataille que les travail—
leurs venaient de livrer à la bourgeoisie et d’où ils étaient
sortis vainqueurs grâce a la solidarité pratique dont ils
avaient fait preuve, les dissidences qui devaient bientôt
se creuser si profondément entre les ouvriers du bâtiment
et ceux de la fabrique n’avaient pu trouver place. Ce ne
devait être que plus tard, lorsque les intrigues des radi
caux bourgeois auraient ramené les ouvriers de la fabri
que sur le terrain de la politique cantonale, et que d’autre
part le programme de l’Internationale aurait été présenté.
aux ouvriers de Genève dans toute sa portée révolution
naire, que le déchirement devait se produire.
L’extrait suivant d’une lettre adressée de Génève à la
Voix de l’Avem’r en date du 6 janvier 1868, fera connaî
tre quelle était, avant la grève, la situation de l’Interna—
tionale dans cette ville :
« Dans nos dernières lettres, nous vous annoncions
l’adhésion de plusieurs sections; aujourd’hui nous vou
lons faire, connaître à tous nos frères le nombre des sec
tions forment actuellement à Genève le groupe de l’Asso
ciation internationale. Ces sections, au nombre de 14,
sont :
La section romande (ou section centrale.)
» allemande
» de Carouge.
» des menuisiers.
» des plâtriers—peintres. ,
» des ébénistes. ‘
» des tailleurs de pierre et maçons.
» des charpentiers.
» des typographes. /
des graveurs.
des bijoutiers.
27
,.1
' ,
_23_
officieux de l’Internationale genevoise, jusqu’en 1869, épo
que où M. Catalan, déçu dans son espoir de se faire de
l’Internationale un marchepied pour arriver au gouverne
' ment, fit volte—face au socialisme et rentra dans le giron
du parti radical.
V.
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_30_
_ 33 __
VI.
15
SECONDE PARTIE
La Fédération romande.
I.
)
\ —- 46 —
_ 59 _
Il
-33...
\
-35...
—- Puisque vous pensez me devoir une réparation,
répondit Bakounine, insérez à ce titre, dans le Volksstaat,
un article que j’ai publié dans le journal italien Libertà e
Giustizia, et qui contient ma profession de foi. » Lieb
kuecht le promit..t. Bakounine lui remit en propres mains
l'article. Que fit Liebknecht? il ne le publia jamais, et
insère en revanche des correspondances envoyées de
Paris par Moritz Hess, et dans lesquelles étaient rééditées
les mêmes accusations déclarées infâmes et calomnieu—
ses par le jury d’honneur de Bâle !
Pense-t-on que si Liebknecht eût été le maître de sa
volonté et de ses sentiments, il eut agi avec cette dé
loyauté? C’est impossible. La seule chose possible, la
seule explication vraie de cette incroyable aberration du
sens moral, c’est que, une fois Liebknecht retourné à
Leipzig, le dictateur lui représenta son attitude de Bâle ,
et sa promesse à Bakounine comme une coupable faiblesse
de sentiments et lui défendit d’y donner suite.
V.
‘Il nous reste a raconter l’histoire des quelques mois
qui s’écoulèrent depuis le Congrès de Bâle (septembre
1869) ',au Congrès,de la Chaùx-de-Fonds (avril 1870) où
s’accomplit la scission dans la Fédération romande.
Parlons d'abord de Genève.
Bakounine, après le Congrès de Bâle, alla se fixer à
Loc.arno (canton du Tessin). Ce fut Robin qui le rem
plaça à la rédaction de l’Egalité. Les collectivistes de
Genève, après l’éclatante consécration que le Congrès
de Bâle avait donnée à leurs principes, regardaient la
partie comme gagnée; ils pensèrent que l’hostilité de la
fabrique diminuerait peu a peu, et que par la persuasion,
au moyen des discussions dansles assemblées générales,
il serait possible d’amener tous les ouvriers de Genève à
se ranger sous le drapeau révolutionnaire.
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r-Z.,
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-86-— .
_88_
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_95_
il y eut un’ individu qui, vers cette époque, réussit effec
tivement à s’y glisser : c’est un intrigant dont le nom,
malgré le dégoût qu’il nous inspire , reviendra fréquem
ment dans ces pages, M. Outine. Ce personnage, fils d’un
riche spéculateur russe, s’était établi à Genève après le
Congrès de Bâle ; nous ignorons si, déjà alors, il prenait
le mot d’ordre auprès de Marx; nous penchons plutôt a
‘ croire qu’il était indécis sur le parti qu’il choisirait, tout
disposé à servir ceux qui sauraient payer son esprit d’in
trigues en flattant sa ridicule vanité.
M. Outine offrit ses services à la rédaction de l’Egalité ;
on les accepta, sans soupçonner qu’il y avait là un com—
mencement d'intrigue. En même temps, M. Outine cher
chait la popularité en parlant à tort et à travers dans les
assemblées générales, en flattant l’amour-propre des me—
neurs de la fabrique, dont il partageait la haine contre
Bakounine, en prêchant l’alliance politique avec les radi—
caux bourgeois et les candidatures ouvrières; et comme
il ne savait pas encore quelle tournure prendraient les
affaires à Genève, il ménageait en même temps les ou
vriers du bâtiment; par exemple, dans l’inauguration du
monument de Serno Solowiewitch (décembre 1869), il pro
nonça un discours dans lequel, se posant en représentant
' de la jeunesse révolutionnaire russe, il fit un éloge en- j
thousiaste de Serno, — lequel, par parenthèse, avait tou
jours manifesté hautement de son vivant le profond mé
pris et le dégoût que lui, inspirait M. Outine.
Un incident fâcheux vint,fournir tout à coup à cet in
trigant le moyen d’atteindre, plus promptement qu’il n’au—
rait osé l’espérer, le but qu’il chercherait: jouer un rôle
dans l'Internationale genevoise. Une querelle assez insi
gnifiante s’éleva, en janvier 1870, entre un membre de
conseil de rédaction de l’Egalz‘té, Wæhry, et ses collègues,
' et amena, de la façon la plus inattendue, une révolution
dans la rédaction et dans les tendances de ce journal.
_96._
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—102——
— 103 ‘—
Cepepdant l’époque de la réunion du Congrès romand
était arrivée, et dans son numéro du 2 avril 1870, le Pro
grès appréciait la situation de la manière suivante :
_104—
représentants au Grand-Conseil, ils arriveraient à opérer
légalement et sans secousses les réformes sociales.
Les uns, pour qui le socialisme était encore une nuance
du radicalisme, un rejeton plus, jeune, plus progressif,
cherchèrent a infuser le levain socialiste dans la vieille
pâte radicale: ils furent les dupes de leur bonne foi, et
l‘expérience leur apprit qu’il n’y avait rien à. faire sur le
terrain constitutionnel. Sur l’heure, ils renoncèrent com
plètement à lutter comme parti politique, et consacrèrent
exclusivement leur activité à l’organisatiomde l’Interna
tionale, c’est-à-dire de la révolution. Les autres, et ceux
là furent principalement ceux de la Chaux—de-Fonds —
avaient compris l’impuissance du radicalisme ; mais ils
crurent aussi qu’en battant le radicalisme aux élections,
qu’en modifiant la majorité du Grand Conseil. ils servi
raient la cause du socialisme; et dans ce but ils eurent
le tort de s’allier au parti réactionnaire. Qu’en arriva-t-ü‘l
ils furent dupes de leur côté. Une partie d’entre eux.
reconnaissant la faute commise, se hâtèrent de la réparer,
en donnant la main aux révolutionnaires et en renonçant
. à la politique cantonale; le reste continua à faire fausse
route. Un organe électoral, la Montagne, créé à l’origine
par des socialistes, tomba entre les mains de la réaction;
une fraction des internationaux de la Chaux-dé—Fonds,
qui s’appelaient eux-mêmes les Coullerystes, se mirent à
la remorque de la Montagne, et se déclarèrént en oppo
sition ouverte avec les principes du Congrès de Bruxelles.
On se souvient encore de la verte semonce qu’ils reçurent
du Conseil général belge, pour la manière déloyale dont
ils avaient falsifié dans la Voix de l’Avem‘r le compte
. rendu des délibérations de Bruxelles.
C’est cette situation de la Chaux-de—F0nds, partagée
entre deux partis, les Internationaux révolutionnaires et
les Coullerystes ou partisans de la Montagne. que nous
appelons la crise.
Le Progrès fut fondé pour servir d’organe au parti révo
lutionnaire. Pendant quelque temps encore, le nouveau
journal chercha sa voie ; mais le le!” mars 1869, dans un
article dont on se souvient, il arbora hardiment le drapeau
du collectivisme et de la révolution. On se souvient aussi
des injures dont l’accablèrent la Montagne et le Journal
de Genève ; — la Montagne qui, découvrant enfin ses
véritables tendances, tut successivement désavouée par '
-—405—
I
VI.
Guétat , Genève.
Du parc, »
Outine, »
Baumgartner »
Louvel , Marie, 1»
Forestier, ‘ »
Magnin ‘ )
Robert-Giroud , Chaux-de-Fonds.
Dunand > )
L‘Eplattenier )
Jaquemot ,
Tombet »
Baumann, Neuchâtel.
Total, 48 délégués.
M. 9'
m
— 122 —
monte à la tribune. Il est furieux, il parle avec de grands
éclats de voix :
—— Je vous annonce, dit-il, qu’il ne convient plus au
cercle, dont je suis le président, de mettre son local à la
disposition d’un Congrès comme celui-ci. J’invite les col
lectivistes à évacuer la salle au plus vite, faute de quoi
nous emploierons d’autres moyens! »
Et là-dessus, grands applaudissements des coullerys—
tes qui pénètrent brusquement dans l’enceinte du Con
grès. aux cris de « A la porte les collectivistes l » Voyant
que le Congrès allait dégénérer en une scène de pugilat,
et ne voulant pas se colleter avec ces excellents interna—
tionaux qui expulsaient du lieu de ses séances un Con
grès international, les délégués de la majorité se levèrent
silencieusement et se retirèrent aux cris incessamment
répétés de « A la porte les collectivistes! »
Ainsi finit le dernier Congrès de l’ancienne fédération
romande.
TB01SIÈME PARTIE
La Scission.
146
—152—
——167——
—168— .
Il
\
—178—
—189-—
—195—_
signa pour siège du nouveau Comité fédéral Sonvillier et
St-lmier. Les Sections de ces deux localités choisirent
dans leur sein les membres du Comité fédéral, dont l’é
lection fut ensuite approuvée par le vote de toutes les
Sections.
Le nouveau Comité fédéral romand annonça sa cons
titution au Conseil général par une lettre en date du 6
août 1871 , dont il ne tut jamais accusé réception. A
part cette lettre laissée sans réponse, il n’y eut aucune
correspondance échangée entre Londres et les sections
romandes du Jura depuis l'été de 4870.
111
196
Compagnons !'
_209_
—213 ——
tuité du despotisme du Conseil général. Aussi nos Sections
poussèrent-elles un cri d’alarme et sentiront-elles la né—
cessité d’une protestation immédiate.
La résolution XVI, prenant acte de la dissolution de la
Section de l’Alliance de Genève, déclarait vidé l'incident
de l’Alliance de la démocratie socialiste. Nous ne nous
attendions guère, après cette déclaration, àvoir faire tant
de tapage au Congrès de la Have a propos de la même
question.
Enfin la résolution XVII et dernière avait rapport au
différend entre les deux Fédérations de la Suisse romande.
En voici le texte complet, tel qu’il se trouve dans l’Ega
lité du 21 octobre 1871 :
Différend entre les Fédérations dans la Suisse romande.
Quant à. ce différend :
10 La Conférence doit, de prime-abord, considérer les
fins de non-recevoir mises en avant parle Comité fédéral
des Sociétés des montagnes qui n'appartiennent pas à la
Fédération romande. (Voir la lettre du,4 septembre adres
sée a la Conférence par le Comité fédéral de cette Sec
tion) :
Première fin de non-recevoir :
« Le Congrès général, dit—on, convoqué régulièrement,
peut seul être compétent pour juger une affaire aussi
grave que celle de la scission dans la Fédération r0
mande. »
Considérant :
Que lorsque les démêlés s’élèveront entre les Sociétés
ou branches d’un groupe national, ou entre des groupes
de différentes nationalités, le Conseil général aura le droit
de décider sur le différend, sauf appel au Congrès pro
chain, qui décidera définitivement. (Voir art. VII des ré
solutions du Congrès de Bâle);
Que d’après la résolution VI du Congrès de Bâle, le
Conseil général a également le droit de suspendre jus
qu’au prochain Congrès une Section de l’Internationale;
Que ces droits du Conseil général ont été reconnus,
quoique seulement en théorie, par le Comité fédéral des
-—-214——
111
_70._
une parole téméraire‘ ne découvrent et ne manifestent
leur inanité. , .
C’est l’esprit général qui règne dans I’Internationale de l
Genève. Lorsqu’on en parle, on ment. Tout le monde, ‘
ou presque tout le monde, dit des choses qu’il sait n’être
pas vraies. Il règne une sorte de cérémonie chinoise qui
y domine tous les rapports tant collectifs qp’indiViduels.
On est censé être, on n’est pas; on est censé croire, en
ne croit pas ; on est censé vouloir et on ne veut pas. La
fiction, l’officialité, le mensonge ont tué l’esprit de l’In
ternationale à Genève. Toute cette institution est devenue
«à la fin un mensonge. C’est pour cela que les Grosselin,
les Perret, les Dupleix, les Outine ont pu s’en emparer
avec tant de facilité!
L’Internationale n’est point une institution'bourgeoise l
et caduque ne se soutenant plus que par des moyens ar-. ‘
tificiels. Elle est toute jeune et pleine d’a‘venir, elle doit
donc pouvoir supporter la critique. Seules la vérité, la
franchise, la hardiesse des paroles et des actes, et un
contrôle permanent exercé par elle-même sur elle-même,
peuvent la faire prospérer. Comme ce n’est pas une
Association qui doive être organisée de haut en bas par 1
comme
voie autoritaire
elle ne peut
et par
s’organiser
le despotisme
que dedebasses
en comités,
haut par l
sation
des sections,
ne doivent
et ses
pas
institutions,
être des secrets
l’état réel
de gouvernement,
de son organi— ,
l
l
l
_71._
IV
QUÀTBIÈME PARTIE
La Fédération jurassienne.
(1871 - 1873.)
Fédération romande.
Compagnons l
Depuis longtemps déjà, notre Congrès régional aurait
du être convoqué; mais les événements dont l’Europe
a été le théâtre, et la situation particulière qui en est ré
—-221 —
« Le Congrès,
Considérant que la Fédération romande, dont le pré—
sent Congrès est le seul représentant légitime, a perdu son
caractère primitif par la retraite d’une partie des Sections -
qui la constituaient. r
Pense qu'il y a lieu de dissoudre cette Fédération, et la
déclare dissoute.
Considérant, en outre, qu’un Congrès des Sections ro
mandes. réuni à St-Imier en octobre 1870. a discuté la
proposition de constituer une Fédération nouvelle, qui
porterait le nom de Fédération jurassienne, prop05ition
qui a été écartée alors comme prématurée, mais qui est
présentée de nouveau aujourd’hui par plusieurs Sections,
Le Congrès décide de constituer, entre les Sections
représentées au Congrès et celles qui y adhéreront, une
Fédération nouvelle qui prend le nom de Fédération ju—
rasszenne. D
_"'-.__x
L...v—- — I —» _._..,—.——r'
—227—
II.
+236 >
l’influence du Conseil fédéral espagnol, alors siégeant à
Madrid et composé d’hommes qui, pour la plupart, s‘é
taient laissé acheter par Lafargue, le'gendre de Marx.
réussit momentanément à empêcher les internationaux
d’Espagne à se prononcer d’une manière trop tranchée
entre le Conseil général et la Conférence de Londres.
En France , plusieurs Sections nous annoncèrent
qu’elles se joignaient à nous pour protester contre la
Conférence de Londres.
En Allemagne et dans la Suisse allemande, les ou
vriers n'eurent pas à se prononcer. Dans ces régions.
l’Internationale n’existe guère que’dans les conciliabules
de quelques personnalités dirigeantes. Comme on pou
vait s’y attendre, la Tagwacht , de Zurich , et le Volks—
staat, de Leipzig , attaquèrent violemment la'Fédération
jurassienne.
D’Angleterre, d’Amérique, de Hollande et des autres
pays où l’Internationale pouvait encore exister, nous ne
reçûmeS pas de réponse. Nous savions vaguement qu’en
' Amérique un conflit venait d’éclater( entre les marxis—
tes dirigés par Sorge et les fédéralistes; les premiers
avaient expulsé les seconds du Conseil fédéral par un
coup d’Etat; de sorte que deux Conseils fédéraux se
trouvaient en présence: celui de Spring street (fédéra—
' listes), et celui du 10th Ward Hotel (Sorge); — mais
nous étions bien loin de nous rendre un compte exact
des choses ; et, mal renseignés par le Socialiste de New
York, nous fûmes un moment sur le point de croire
que c’était Sorge qui représentait le principe d’autono
mie . et de nous aboucher directement avec lui comme '
avec un allié !
Nous étions également bien loin de nous douter que,
dès ce moment, il y avait, au sein même du Conseil gé—
néral , un commencement de protestation; qu’Eccariu.<
était suspendu par Marx et ses amis de ses fonctions de
—- 237 —
—238—
' III.
———241 -'—
\
.
—244—
hg;
— 255w.—
boutirent pas, et Zurich donna le coup de grâce au
projet , en prenant la résolution de constituer une Fédé
ration ne Comprenant que les Sections de langue alle
mande.
Le Congrès romand de Vevey, disons-le en passant,
avait été fort peu fréquenté. D’après le rapport du Co
mité fédéral, la Fédération romande comptait trente-huit
Sections (1); or, dix Sections seulement étaient repré
sentées à Vevey : celles de Vevey, de'Monthéy, _d'Aigle,
de Lausanne. de Carouge et cinq Sections de Genève.
Cinq Sections genevoises seulement, tandis que'cette
ville, au dire du Comité fédéral, en comptait vingt-cinq!
C’était une preuve, ou bien que l’Intérnationa‘lép était
terriblement désorganisée à Genève, malgré les affirmam
tions du Comité fédéral, ou bien que les Sections de cette
ville s’intéressaient fort peu aux agissements de la co
ter-ie Marx-Outine.
Un,événement important allait accroître les forces du
parti fédéraliste. Jusqu’à ce moment, les Sections italien
nes étaient restées isolées les unes des autres; dans le
courant de l’été de 1872 , elles résolurent de constituer
(1) Ce chiffre était fort exagéré, car beaucoup de ces soi-disant
Sections n’existaient que sur le pap'ær. Du reste, tout le rapport du
Comité fédéral romand , imprimé dans l’Egalité du 13 jum 1872,
est un chef-d’œuvre de mauvaise foi, de haine et d'hypocrisie. C’est
ainsi que le jésuite qui l'a rédigé, y rend « un éclatant hommage à
la mémoire de son ami Varlin, au ne] les Sections genevoises doi
vent tant de reconnaissance! » -—- r, Varlin s’était hautement pro-_
nonce pour les Jurassiens, et avait été en correspondance avec nous
pendant tout le tem s de la Commune; il n’avait pour Outine et
ses acolytes que le p us profond mépris. Ailleurs, ce rapport disait:
( En Italie, l‘Interuationale fait des progrès immenses; le parti maz
) zinien, fortifié par une alliance avec certains aventuriers dont
» nous avons vu les exploits à Genève, a cherché '1 se mettre en
» travers de ce beau mouvement. » L‘expression « certains aven
turiers » s’appliquait à Bakounine qui, pendant que ses insulteurS ge
nevois le calommaient lâchement dans un rapport officiel, faisait aux
mazziniens une si rude guerre, publiait contre eux sa Théologie poli
tique de Mazzini, et rendait à l’Inlernationale italienne d’importants
services, que le Congrès de Rimini reconnut par un vote de remer—
ciements.
î_‘? _
—256—
IV.
\
—— 273 —
V..
Nous voici arrivés au terme de notre tâche.
Il, ne peut entrer dans le cadre de ce Mémoire de
faire l’histoire des délibératoins dérisoires du Congrès
de la Haye. ni celle des manifestations provoquées par la
conduite scandaleuse de la majorité, dans toutes les Fé
dérations de l’Internationale. Il faudrait un autre vo—
lume. Nous nous bornerons à résumer en quelques mots,
comme conclusion de notre travail, la situation actuelle
de l’Internationale.
Le Congrès_de la Haye a maintenu l’institution du
Conseil général, et en a accru les pouvoirs; il l'a placé
à New-York, et l’a composé d'une douzaine d‘incon
nus , instruments dœiles, à la tête desquels se trouve
Serge, le dummer Èsel de Marx. .
Le nouveau Conseil général a en soin de choisir, en
Europe, des lieutenants; nous le savons par une indi
cation du Volksstaai, qui nousa apprisque toute la corres
pondance d’Allemagnee devait passer entre les mains de
‘:'r“-fi—“*-“"w "“*
.rgq
“A
—276—*—
Déclaration de la minorité,
I.
—281 —
11
Considérant que le pacte d’amitié, de solidarité et de
défense mutuelle approuvé par le Congrès de St-lmier
sera le salut de l’unité de l’Internationale , menacée par
les résolutions du Congrès de la Haye ;
Que par ce moyen la solidarité, première condition qui
dont emster dans notre Association, n'est pas rompue et
qu’elle se trouve sauvegardée contre les attaques auxquel
les pourrait se porter un Conseil général armé de pou
vo1rs;
Le Congrès de la Fédération espagnole se déclare con
forme avec le congrès de St—Imier et adhère au Pacte
d’amitié, de solidarité et de défense mutuelle qui y 'a été
voté. ‘
\
111.
En présence des Congrès de la Haye et de St-Imier;
Considérant que la mauvaise foi pourrait interpréter
nos actes comme sacrifiant l’unité spontanée et naturelle
' de l’Internationale ;
Considérant que la réunion, d'ici à trois mois, d’un
Congrès and-autoritaire occasionnerait des frais qui nous
empêcheraient d’y être représentés comme nous le dési
rerions ;
Considérant que les déclarations récentes de la majorité
des régions ont fait concevoir des espérances fondées que
le Congrès général, qui selon les Statuts se réunira en
septembre 1873, rétablira la marche majestueuse de l’In
ternationale, troublée au Congrès de la Haye par lesyme—
nées et les prétentions de quelques ambitieux; .
Considérant que, tant qu‘il nous sera possible de le
faire sans compromettre les intérêts de la révolution so
ciale à laquelle nous aspirons, nous devons répondre par
des paroles de paix et de concorde à ceux qui, sans con
sidérer‘ le mal qu‘ils font à l’émancipation sociale des pro
létaires, nous provoquent à la guerre; '
Le Congrès de la Fédération espagnole fait les décla
rations suivantes :
1° La Fédération régionale espagnole pratiquera la so
lidarité à l’intérieur et à l’extérieur, avec toutes les Fé
M19
’11
_282_ l
——283-—
l
I.
II.
La Fédération anglaise entrera en relations avec toutes
les Fédérations appartenant à l’Association, et coopérera
avec la majorité pour tenir un Congrès international
lorsque cela paraîtra désirable. »
Sur ces entrefaites, M. Serge et ses acolytes. se pre
nant de plus en plus au sérieux, prononçaient le 5 janvier
1873 la suspension de la Fédération jurassienne, par la
raison que celle-ci, dans son Congrès extraordinaire du
15 septembre 1872, avait refusé de reconnaître les réso
lutions du Congrès de la Haye.
La Fédération jurassienne, qui n’a jamais reconnu le
Conseil général de NeW—York, s’est aussi peu émue de
cette excommnnication que de celles de Pie IX.
A l’heure qu’il est, le Conseil général de New-York n’est
reconnu dans aucune des Fédérations régionales réguliè-’
rament constituées, excepté en Hollande et à Genève.
Et encore il faut noter que la Fédération hollandaise,
qui jusqu’à ce jour a voulu rester sur le terrain de la dé
claration de la minorité du Congrès de la Haye, n’est pas
-—284—
(1) « Ich mûss dem Herrn Præsidenten bemerken, dass ich Gegner
jeder Fœderativ- Republik_bin. » Voiksstaut du 23 mars 1872, page 2,
1re colonne. — Liebknecht, qui défendait dans son journal la Com
mune de Paris, n’en avait donc pas compris le principe fondamental.
———285-—
--I
,.
‘
PIÈCES JUSTIFICATIVES
—-wW
I
EXTRAITS DE LA VOIX DE L’AVENIR.
APPEL /
auæ citoyens du district de. la Chauæ-de-Fonds.
Citoyens,
Le Peuple neuchâtelois est appelé à exercer sa souve—
raineté au mois de mai prochain. Il aura à renouveler
toutes ses autorités. C’est donc un acte de la plus haute
importance que le peuple aura à accomplir en cette 0c
casion.
Nous avons tous à remplir un devoir des plus considé
rables; il faut donc nous recueillir, réfléchir, étudier tou
tes les questions qui intéressent la république, la démo
cratie, la justice, l’égalité et la liberté.
Nous avons à demander à notre futur Grand-Conseil ou
plutôt à une Assemblée constituante de grandes et pro
fondes réformes dans nos institutions. _
Nd‘us avons à réformer celles de nos lois qui sont mau—
vaises et à en créer pour remplacer les usages tradition
nels, les us et coutumes. Il est donc urgent pour nous
tous d’unir nos efforts, nos moyens, nos sentiments, nos
convictions, pour obtenir des réformes en harmonie avec
les idées actuelles de la démocratie.
Pour obtenir ces réformes, une révision complète et,
en tous cas, une révision partielle de notre Constitution
est absolument nécessaire.
Pour que cette révision porte de bons fruits pour le
peuple, il nous faut déléguer à la Constituante et au futur
Grand—Conseil des hommes qui s’intéressent au sort du
peuple. Notre députation doit être composée d’hommes
bien convaincus que l’avenir de la Chaux-de-Fonds, cette
grande cité ouvrière. dépend de la construction de mai—
sons ouvrières, offrant des loyers à bon marché, et de la
constitution de sociétés de consommation pour tous les
__3_
objets nécessaires à la vie, afin que les ouvriers puissent,
chez nous, vivre à des conditions aussi avantageuses que
partout ailleurs.
Il faut aussi que nos députés soient favorables aux”ef
forts que les ouvriers font pour se moraliser et pour sor
' tir de leur position précaire en créant des sociétés de se
cours mutuels, d’instruction mutuelle, d’épargne, de cré
dit mutuel, de consommation et de production. Nous dési—
rons avant tout avoir des représentants qui ne se
mpquent pas de ces louables efforts et de ces nobles as
pirations.
Le peuple neuchâtelois est souverain; il a créé la ré
publique; il est prêt à la défendre toujours; il veut aussi
la développer, la fortifier en la démocratisant. Il ne veut
plus de parias. Le peuple veut bien encore déléguer sa
souveraineté, mais il entend pour l‘avenir posséder plus
de garanties à ses libertés civiles , politiques et reli—
gieuses.
C’est aux citoyens du district de la Chaux—de-Fonds
seulement que nous adressons notre appel. Nous n’avons
pas la prétention de donner des conseils aux autres dis—
tricts. Que chacun suive ses inspirations et fasse son de
voxr.
Cependant, à nos concitoyens, à nos frères de tout le
canton, nous adressons un salut fraternel et leur expri
mons le désir ardent de les voir marcher spontanément
dans la voie que nous allons suivre. Ce serait pour nous
un grand jour de réjouissance, si au moment de la lutte
nous les voyions marcher au scrutin avec un programme
et un drapeau semblables aux nôtres.
Projet de programme :
ARTICLE PREMIER.— Avant d’exprimer tout principe,
n0us déclarons formellement être prêts à faire tous nos
effort, pour détruire l’esprit malfaisant de coterie, qui
depuis trop longtemps tyrannise l’opinion publique et les
autorités du canton.
Nous demandons donc:
La diminution des pouvoirs trop centralisés du Conseil
d’Etat.
Pour arriver à ce résultat, nous pensons que cinq con
seillers d’Etat suffisent et que le peuple doit nommer di
rectement les Préfets. S’il est assez intelligent pour nom
._9_
_10_
'EV'.
_46_
t
0 0
RÉPONSE
du Conseil général belge.
(Voix de l’Avenir du 18 octobre 1868.)
IV
DISCOURS DE BAKOUNINE
au Congrès de Berne.
—27
"i
même de l’Etat. Voilà dans quel sens, Messieurs, je suis
\ _,çollectiviste et pas du tout communiste.
“J’ai demandé , je demande l’égalisation économique et
sociale des classes et des individus. Je veux maintenant
dire ce que j’entends par ces mots.
Je veux la suppression des classes aussi bien sous le
rapport économique et social que politique. Que MM.
Chaudey et Fribourg, que le même sentiment d'aversion
pour cette pauvre égalité semble unir aujourd’hui, me
permettent de le leur dire —— cette égalité, proclamée en
1793, a été l’une des plus grandes conquêtes de la ré
volution française. Malgré toutes les réactions qui sont
survenues depuis, ce grand principe a triomphé dans
l’opinion publique de l'Europe. Dans les pays les plus
avancés, il s’appelle l'égalité des droits politiques;
dans les autres pays, l’égalité civile —— l’égalité devant la
loi. Aucun pays en Europe n’oserait ouvertement
proclamer aujourd’hui le principe de l’inégalité poli
tique.
Mais l’histoire de la révolution elle-même et celle des
soixante-quinze ans qui se sont passés depuis, nous
prouvent que l’égalité politique sans l’égalité économique
est un mensonge; Vous aurez beau proclamer l’égalité
des droits politiques, tant que la société restera scindée
par son organisation économique en couches socialement
différentes — cette égalité ne sera rien qu’une fiction.
Pour qu’elle devienne une réalité, il faut donc que les
causes économiques de cette différence des classes dis—
paraissent — il faut l’abolition du droit d’héritage, qui
est la source permanente de toutesles inégalités sociales.
Il faut que la société n’étant plus divisée en classes diffé
rentes, présentelun tout homogène —— une organisation
_ créée par la liberté selon la justice. et dans laquelle il n’y
aurait plus l’ombre de cette fatale séparation des homme s
en deux classes principales : celle qui se dit la classe in
telligente, et la classe des travailleurs ; -— l’une représen
tant la domination et le droit de commandement, et l’au
tre l’éternelle soumission. Il faut que tous les hommes
soient en même temps intelligents et laborieux, qu’aucun
ne puisse plus vivre du travail d'autrui et que tous doi
vent et puissent également vivre aussi bien du travail de
leur tête que de celui de leurs bras. Alors, Messieurs,
r
\l
-30._
mais seulement alors, l’égalité et la liberté politiques de
viendront une vérité. '
Voilà donc ce que nous entendons par ces mots: « l’é—
galisation des classes. ) Il aurait mieux valu dire peut—
être la suppresssion des classes , l’unification de la so—
ciété par l’abolition de l’inégalité économique et sociale.
Mais nous avons demandé encore l’égalisation des indi
vidus, et c'est la surtout ce qui nous attire toutes les
foudres de l’éloquence indignée de nos adversaires. On
s’est servi de cette partie de notre proposition p0ur nous
prouver d’une manière irréfragable que nous ne sommes
rien que des communistes. Et pour prouver l’absurdité
de notre système, on a eu recours à des arguments aussi'
spirituels que nouveaux. Un orateur, emporté sans doute
par la fougue de son indignation, a bien voulu même
comparer sa taille a la mienne. "
Qu’il me soit permis, Messieurs, de vous poser cette
question d’une manière plus sérieuse. Ai-je besoin de
vous dire qu’il ne s’agit pas d’abord de la différence na—
turelle, physiologique, ethnographique qui existe entre
les individus, mais bien de la différence sociale, qui est.
le produit de l’organisation économique de la société?
Donnez à tous les enfants, dès leur naissance, les mêmes
moyens d’entretien, d’éducation, d’instruction; donnez
ensuite a tous les hommes ainsi élevés le même milieu
social, les mêmes moyens de gagner leur vie par leur
v propre travail, et vous verrez alors que beaucoup de ces
différences qu’on croit être des différences naturelles
disparaîtront parce qu’elles ne sont rien que l’effet d’une
répartition inégale des conditions du développement in-.
tellectuel et physique —— des conditions de la vie.
L’homme, Messieurs, comme tout ce qui existe et res
pire dans ce monde, n’est point une création de sa vo
lonté propre, bonne ou mauvaise, car cette volonté même
aussi bien que son intelligence ne sont rien que des pro—
duits — un résultat créé par la coopération de beaucoup
de causes naturelles et sociales. Corrigez la nature par la
société, égalisez autant que possible les conditions du
développement et du travail pour tous, et vous aurez
détruit bien des sottises, bien des crimes, bien des maux.
Quand tous auront reçu à peu près la même éducation
et la même instruction, quand tous seront obligés par la
force même des choses de s’associer pour travailler et de
31
--«;ää
.
_33_
ban.
—37— \
Quoi! parce qu’un adversaire aura le bonheur ou le mal
heur de partager votre manière de voir sur telle question,
vous vous croirez obligés de voter en même temps et
contre lui et contre votre propre conscience ?
Et remarquez bien, Messieurs, la question n’a pas été
posée par nous de la manière que, dans l’intérêt de sa
polémique, l’habile M. Chaudey veut bien nous prêter.
Dans mon dernier discours, qui a été suivi immédiate
ment du vote de cette assemblée, répondant aux invec
tives de M. Chaudey et de ses partisans français, suisses
et allemands, j’ai cru devoir exposer franchement toute
ma pensée individuelle. «Vous me demandez sije suis
communiste, ai—je dit, non je ne le suis pas ; je suis col
lectiviste. Je ne suis pas communiste, parce que le com
munisme implique la propriété et l’omnipotence de l’Etat,
et qu’au nom de la libertéje demande l’abolition de l’Etat,
de tous les États. Maisje suis pour la propriété collective,
parce que je suis convaincu que tant que la propriété
individuellement héréditaire existera, l’égalité du point
de départ, la réalisation de l’égalité économique et sociale
seront impossibles. i>
Puis j’ai lâché de vous expliquer ce que j’entendais,
moi, par l'égalité économique et sociale. « "est l’abolition
des différentes classes actuellement existantes, ai-je dit,
non-seulement au point de vue de la politique, devant
la’loi seulement, mais aussi au point de vue de l’organi
sation économique et sociale. au point de vue de l’entre
tien. de l’éducation, de l’instruction etdes moyens d’exis
tence et de travail qui doivent être égaux pour tous, afin
que tous soient également obligés de traVailler et de la
tête et des mains, et que la société. délivrée de ce droit
de naissance réalisé socialement et économiquement
aujourd’hui dans le droit de l’héritage, ne soit plus doré
navant partagée, comme elle l’est encore de nosjours,
en travailleurs et en Messieurs. » —— Après avoir exposé
ces idées, j’ai ajouté: «Telle est ma conviction person
nelle. » Mais il ne s’agit pas en ce moment de mes idées
à moi. Ce n’est pas ici le lieu de débattre cette question
scientifique. Il se peut que nos moyens soient bons , il se
peut qu’ils soient mauv;xis et que vous en ayez de meil
leurs. Ncus ne discutons pas ici les moyens et les voies,
mais le but. Ce qu’il s’agit de constater aujourd’hui, c’est
le but; -— ce que nous_vous proposons d’accepter, —
l
_38_
V
RÉSOLUTIONS
du Congrès de Bruæelles concernant la Ligue de la Pair.
l
l
39
VI
PROGRAMME DE L’ALLIANCE
l. L’Alliance se déclare athée; elle veut l’abolition des
cultes, la substitution de la science à la foi et de la justice
humaine à la justice divine.
2. Elle veut avant tout l’abolition définitivd et entière
des classes et l’égalisation politique, économique et so—
ciale des individus des deux sexes, et pour arriver a ce
but, elle demande avant tout l’abolition du droit de l’hé—
ritage, afin qu’à l’avenir la jouissance soit égale à la pro
duction de chacun, et que, conformément à la décismn
— 0... --\W.\.-_. .— _ Î ,_ Î
-. ‘W————v__ _..___
-40...
VII
ADRESSE DES SECTIONS
internationales de Genève aux ouvriers espagnols.
Frères! \
Le peuple espagnol a chassé la reine Isabelle; nous
41
4‘”._A-_W
_43__
Frères d’Espagne,
Venez adhéreren masse à notre œuvre, que vos socié
tés ouvrières viennent s’affilier à notre association, que
des sections de l’lnternationale se fondent et se multiplient »
dans toutes vos villes et dans tous vos villages. L’avenir
est à nous.
Venez grossir nos rangs, et puisque vous êtes entrés
dans cette arène révolutionnaire où nous brûlons de vous
suivre, soyez prudents comme vous serez héroïquement
énergiques. Ne vous laissez pas tromper par les exploi—
teurs éternels de toutes les révolutions: ni par les géné
raux ni par les démocrates bourgeois.
Ayez constamment devant les yeux la fatale issue de la
révolution de 1848 qui, ayant commencé à Paris par le
triomphe des travailleurs, a été étouffée quelques mois
après dans le sang du peuple versé en juin par les géné
raux de l’armée et par la garde civique de la bourgeoisie.
Rappelez-vous, Espagnols, tant de vos révolutions avor
tées par les intrigues ou par la violence de vos chefs po
litiques et n’oubliez jamais que les armées permanentes,
les généraux, le clergé, la bourgeoisie sont des ennemis ‘
naturels 'et irréconciliables du peuple. Ils Vous diront
sans doute : « Rétablissons d’abord l'ordre public, un gou
vernement régulier, puis nous nous occuperons des ré
formes économiques et sociales qui seront nécessaires au
bien-être des travailleurs ». Mais ne vous laissez pas en
dormir par ces promesses mensongères; sachez bien que
si vous y ajoutiez foi votre cause serait perdue. Rappelez
vous surtout que le peuple n’obtient jamais que les ré
formes qu’il arrache, et que jamais dans aucun pays
les classes dominantes n’ont fait de concessions volon
taires.
Ne vous laissez pas désarmer, armez-vous tous au
contraire et arrachez ces réformes en restant en révolu
tion aussi longtemps que vous ne les aurez pas obtenues.
Sachez que vous n’aurez plus de puissance aussitôt que
l’ordre public bourgeois, c’est-à—dire, l’Etat bourgeois ré
gulier — monarchie constitutionnelle ou même républi
que -— sera rétabli. Ne souffrez plus d’autre politique
que celle qui, fondant la liberté sur l’égalité écono’
mique et sociale, reconnaîtra le travail comme base de
la société, comme source de tous les droits politiques et
sociaux.
VIII
EXTRAIT
d’un mémoire rédigé par Bakounine, sur l’Alliance de la
démocratie socialiste.
_45_
_47_
ywrp
..s,
_50_
A. /
_56_
vailleurs, en leur communiquant la correspondance échan—
gée entre le Conseil général de l’Internationale et le Comité
central de l’Alliance. _
Nous avons le plaisir de vous annoncer que la grande
majorité des groupes a partagé l’avis du Comité central
tendant à prononcer la dissolution de l’Afliance interna—
tionale de la démocratie socialiste.
Aujourd’hui cette dissolution est prononcée.
En notifiant cette décision aux différents groupes de
l’Alliance, nous les avons invités à se constituer, à notre
exemple, en sections de l’Association internationale et à.
se faire reconnaître comme telles par vous ou par le Con—
Î_éfil fédéral de cette Association dans leurs pays respec—
1 s. '
Comme confirmation de la lettre que vous avez adres—
sée à l’ex—Comité central de l’Alliance, nous venons au—
jourd’hui, en vous soumettant les statuts de notre Sec—
tion, vous prier de la reconnaître officiellement comme
branche de l’Association internationale des travailleurs.
Comptant que vous voudrez bien nous faire une prom te
réponse, nous vous adressons nos salutations toutes ra—
ternefles.
Au nom de la Section de l’Alliance,
Le Secrétaire provisoire,
. ‘\ CH. PERRON.
A la fin de juillet, Perron reçut de Londres la réponse
suivante:
Conseil général de l’Association internationale des
travailleurs. ‘
256, High Holborn, Londres W. C., le 28 juillet 1869
A la Section de l’Alliance de la Démocratie Socialiste, et
Genèye.
Citoyens,
J’ai l’honneur de vous annoncer que vos lettres ou dé—
clarations aussi bien e le Programme (') et*Règlement
ont été reçus et queÆ Conseil général a accepté votre
adhésion comme section à l’unanimité.
Au nom du Conseil général,
Le secrétaire général, G. ECCARIUS.
(1) Remarquez qu‘au seul changement près indi ué plus haut (con
nemant les‘motsègalisation des classes) c’est le rogramme entier
«le l’ancienne Alliance, et que l’art. 1" de ce Programme commence
par ces mots : l’Alliance se_ déclare athée.
—57
.
BI i _\_-,__,
'J.__Î:î;. .‘_.".: -'ï. ___, t_. “ : w—‘s-z ‘*
_58_
Ouvriers !
raz-vous vous joindre à la bourgeoisie pour célé
l’anniversaire de la fondation de la république neu—
:loise‘?
il.
fête du 19r mars est une fête nationale et bourgeoise:
ne vous regarde pas.
[vous parle des gloires de la patrie. Le travail n’a
le patrie. —
république, il est vrai, a donné aux citoyens l’éga
>olitique et civile, la liberté de la presse et la liberté
rultes. Mais quels fruits avez-vous retirés de toutes ces
:5 choses?
ux-là seuls qui possèdent sont libres. La bourgeoisie
a. la classe qui vit du travail des ouvriers, a profité
:0nquètes de 1848. Pour vous. travailleurs, votre si
on n’a pas changé : aucune réforme économique n’est
le modifier, d'après des lois plus justes, les rapports
apital et du travail; vous êtes restés les déshérités de
ciété; et chez nous, comme partout, la pauvreté c’est
lavage l
f."
_61_
X ‘
EXTRAIT
compte-rendu du meeting du Crêt du Locle
(30 mai 1869).
ils;
_66_
XI
COOPÉRATION
des ouvriers graveurs et guillocheurs, au Locle.
-68—
m,—
XII
REPRODUCTION .
de quelques articles écrits par Bakounine,
dans l’Egalité de 1869.
LES ENDORMEURS.
I
L’Association internationale des bourgeois démocrates,
qui s’appelle « la Ligue internationale de la paix et de la
liberté » vient de lancer son nouveau programme, ou
plutôt elle vient de pousser son cri de détresse, un appel
fort touchant à tous les démocrates-bourgeois de l'Eu
rope, qu’elle supplie ne point la laisser périr faute de
moyens. Il lui manque plusieurs milliers de francs pour
continuer son journal, pour l’achèvement du bulletin de
son dernier congrès et pour rendre possible la réunion
d’un congrès nouveau, en suite de quoi le Comité cen
tral, réduit à la dernière extrémité, a résolu d‘ouvrir une 'I
souscription, et il invite tous les sympathiseurs et croyants
de cette ligue bourgeoise de vouloir bien prouver leur
sympathie et leur foi, en lui envoyant, à n’importe quel
titre, le plus d’argent que possible.
En lisant cette circulaire nouvelle du Comité central
de la Ligue, on croit entendre des moribonds qui s’effor
cent de réveiller des morts. Pas une pensée vivante, rien
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IV
Nos lecteurs pourraient se demander pourquoi nous
nous occupons de la Ligue de la paix et de la liberté,
puisque nous la considérons comme une moribonde dont
les jours sont comptés, pourquoi nous ne la laissons pas
mourir tout doucement, comme il convient à une per
sonne qui n’a plus rien à faire dans ce monde. Ah! nous
ne demanderions pas mieux que de la laisser finir ses
jours tranquillement, sans en parler du tout. si elle ne
nous menaçait pas de nous faire cadeau, avant de mou
rir, d’un héritier fort déplaisent et qui s’appelle le socia—
lisme bourgeois.
Mais si déplaisant qu’il soit, nous ne nous occuperions
pas même de cet enfant illégitime de la bourgeoisie, s‘il
se donnait seulement pour mission de convertir les
bourgeois au socialisme, et sans avoir la moindre con
fiance dans le succès de ses efforts, nous pourrions même
en admirer l’intention généreuse, s’il ne poursuivait en
même temps un but diamétralement opposé et qui
nous parait excessivement immoral: celui de faire
pénétrer dans les classes ouvrières les théories bour
geoises.
Le socialisme bourgeois, comme une sorte d’être hy
bride, s’est placé entre deux mondes désormais irrécon
ciliables: le monde bourgeois et le monde ouvrier, et
son action équivoque et délétère accélère, il est vrai,
d’un côté la mort de la bourgeoisie, mais en même temps,
de l’autre, elle corrompt a sa naissance le prolétariat.
Elle le corrompt doublement: d'abord en diminuant et
en dénaturant son principe, son programme. Ensuite en
lui faisant concevoir des espérances impossibles, accom
pagnées d’une foi ridicule dans la prochaine conversion
des bourgeois, et en s’efforçant de l’attirer par la même,
pour l’y faire jouer le rôle.d’instrument, dans la politique
bourgeoise. 1
Quant au principe qu’il professe, le socialisme bour—
geois se trouve dans une position aussi embarrassante
que ridicule; trop large ou trop dépravé pour s'en tenir
à un seul principe bien déterminé, il prétend en épouser
deux à la fois, deux principes, dont l’un exclut absolu
ment l’autre, et il a la prétention singulère de les récon
cilier. Par exemple, il veut conserver aux bourgeois la
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tions politiques et sociales. — Voici le point sur lequel
nous sommes d’accord avec les socialistes bourgeois.
Mais en voici deux autres très importants et surles—
quels nous différons absolument d’eux.
l-° Les socialistes bourgeois ne demandent pour les
ouvriers qu’un peu plus d'instruction qu’ils n’en reçoi
vent aujourd‘hui, et ils ne gardent les privilèges de l’ins
truction supérieure que pour un groupe fort restreint
d’hommes heureux, disons simplement: d’hommes sor
tis de la classe propriétaire, de la bourgeoisie, ou bien
d’hommes qui par un hasard heureux ont été adoptés
et reçus dans le sein de cette classe. Les socialistes bour—
geois prétendent qu’il est inutile que tous reçoivent le
même degré d’instruction, parce que si tous voulaient
s’adonner à la science, il ne resterait plus personne pour
le travail manuel, sans lequel la science même ne sau—'
rait exister.
20 Ils,affirment d’un autre côté que pour émanciper les
masses ouvrières, il faut commencer d'abord par leur
donner l'instruction, et qu’avant qu’elles ne soient deve
nues plus instruites, elles ne doivent pas songer à un
changement radical dans leur position économique et
sociale.
Nous reviendrons sur ces deux points dans notre pro—
chain numéro.
(Cette série d’articles sur les Endormeurs est restée
inachevée.)
, (Égalité du 24 juillet 1869.)
LA MONTAGNE.
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89
-.—100—
II
Les fondateurs de l’Association internationale des tra
vailleurs ont agi avec d’autant plus de sagesse en évitant
de poser des principes politiques et philoso hiques comme
basse de cette association, et en ne lui onnant d’abord
pour_unique fondement que la lutte exclusivement éco—
nomique du travail contre le capital, qu’ils avaient la cer
titude que, du moment qu’un ouvrier met le pied sur. ce
terrain, du moment que, prenant confiance aussi bien
dans son droit que dans sa force numérique, il s’engage
avec ses compagnons de travail dans une lutte solidaire
contre l’exploitation bourgeoise, il sera nécessairement
amené, par la force même des choses, et par le dévelop—
pement de cette lutte, à reconnaître bientôt tous les prin—
cipes politiques, socialistes et philosophiques de l’Interna—
tionale, principes qui ne sont rien, en effet, que la juste
ex osition de son-point de départ, de son but.
ous avons exposé ces principes dans nos derniers nu
,méros.‘ Au point de vue politique et social, ils ont pour
conséquence nécessaire l’abolition des clases, par censée
quent celle de la bourgeoisie, qui est la classe dominante
aujourd’hui; l’abolition de tous les Etats territoriaux, celle
de toutes les patrice politiques, et sur leur ruine, l’établis—
sement de la grande fédération internationale de tous les
groupes productifs, nationaux et locaux. Au point de vue
philosophique, comme ils ne tendent à rien moins qu’à la
réalisation de l’idéal humain, du bonheur humain, de
l’égalité, de la justice et de la liberté sur la terre, que par
là même ils tendent à rendre tout à fait inutiles tous les
com léments célestes et toutes les espérances d’un monde
me' eur, ils auront pour conséquence également néces
saire l’abolition des cultes et de tous les systèmes reli—
g zeux.
Annoncez tout d’abord ces deux buts à des, ouvriers
ignorants, écrasés par le travail de chaque jour et démo—
ralisés, emprisonnés pour ainsi dire sciemment parles doc—
trines perverses que les gouvernements, de concert avec
toutes les castes privilégiées, prêtres, noblesse, bour- -
E..
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geoisie, leur distribuent à pleines mains, et vous les ef
frayerez; ils vous repousseront peut—être, sans se douter
que toutes ces idées ne sont rien que l’expression la plus
fidèle de leurs propres intérêts, que ces uts portent en
eux la réalisation de leurs vœux les 1plus chers ; et qu'au
contraire, les préjugés religieux et p0 itiques au nom des—
quels ils les repousseront peut—être sont la cause directe
de la prolongation de leur esclavage et de leur misère.
Il faut bien distinguer entre les préjugés des massespopu—
laires et ceux de la classe privilégiée. Les préjuges des
masses, comme nous venons de le dire, ne sont fondés que
sur-leur ignorance et sont tout contraire à leurs intérêts,
tandis que ceux de la bourgeoisie sont précisément fondés
sur les intérêts de cette classe, et ne se maintiennent, contre
l’action dissolvantede la science bourgeoise elle-même,
que grâce a l’égoïsme collectif des bourgeois. Lepeuple
veut, mais il ne sait as; la bourgeoisie sait, mais elle
ne veut pas. Lequel es deux est l’incurable? La bour
geoisie, sans aucun doute.
Règle générale: On ne peut convertir que ceux qui sen
tent le besoin de l’être, que ceux qui portent déjà dans
leurs instincts ou dans les misères de leur position, soit
extérieure, soit intérieure, tout ce que vous voulez leur
donner; jamais ceux qui, n'éprouvent le besoin d’aucun
changement, même ceux qui, tout en désirant sortir d’une
position dont ils sont mécontents, sont poussés par la na—
ture de leurs habitudes morales, intellectuelles etsociales,
a la chercher dans un monde qui n’est pas celui de vos
idées.
Convertissez, je vous prie, au socialisme un noble qui
convoite la richesse, un bourgeois qui voudrait se faire
noble, ou même un ouvrier qui ne tendrait de toutes les
forces de son âme qu’à devenir un bourgeois! Convertissez
encore un aristocrate réel ou imaginaire de l’intelligence,
un savant, un demi—savant, un quart, un dixième, une cen
tième partie de savant qui; pleins d’ostentation scienti
fique et souvent parce qu‘ils ont en seulement le bonheur
d’avoir compris tant bien que mal quelques livres, sont
pleins de mépris arrogant pour les masses illétrées, et
s’imaginent qu’ils sont appelés à former entre eux une
nouvelle caste dominante, c’est-à-dire exploitante.
Aucun raisonnement ni aucune propagande ne seront
jamais en état de convertir ces malheureux. Pour les con—
-— .10“2 —
—- 105 '—
que s’habituant à compter toujours davantage sur la force
collective des travailleurs, il renoncera volontairement
au secours du ciel. Le socialisme prend, dans son esprit,
la place de la religion. '
Il en sera de même de sa politique réactionnaire. Elle
perdra son soutien principal a mesure que la conscience
de l’ouvrier se verra délivrée de l’oppression religieuse.
D’un autre côté la luttte économique, en se développant
et en s‘étendant toujours davantage, lui fera connaître
de plus en plus d'une manière pratique et par une expé—
rience collective qui est nécessairement toujours plus
instructiv_e et plus large que chaque expérience isolée,
les ennemis véritables, qui sont les classes privilégiées ,
y compris le clergé, la bourgeoisie, la noblesse et l’Etat ;
ce dernier n’étant la que pour sauvegarder tous les pri—
vilèges de ces classes et prenant nécessairement tou
jours leur parti contré le prolétariat.
L’ouvrier ainsi engagé dans la lutte, finira forcément
par,comprendre l’antagonisme irréconciliable qui existe
entre ces suppôts de la réaction et ses intérêts humains
les plus chers, et arrivé a ce point il ne manquera pas de
se reconnaître et de se poser carrément comme un socia
liste révolutionnaire.
Il n’en est pas ainsi des bourgeois. Tous leurs intérêts
sont contraires à la transformation économique de la
société, et si leurs idées y sont contraires aussi, si ces
idées sont réactionnaires, ou comme on les nomme poli
ment aujourd’hui, modérées; si leur intelligence et leur
cœur repoussent ce grand acte dejustice et d’émanci
pation que nous appelons la révolution sociale, s’ils ont
horreur de l’égalité sociale, réelle, c’est-à-dire de l’éga—
lité politique, sociale et économique à la fois; si dans le
fond de leur âme ils veulent garder pour eux-mêmes,
pour leur classeou pour leurs enfants un seul privilège,
ne fût—ce que celui de l’intelligence, comme le font aujour—
d’hui beaucoup de socialistes bourgeois; s’ils' ne détestent
pas non-seulement de toute la logique de leur esprit. mais
encore de toute la puissance de leur passion, l’ordre de
choses actuel, alors ou peut—être certain qu’ils resteront
des réactionnaires, des ennemis de la cause ouvrière toute
leur vie. Il faut les tenir loin de l'Internationale.
Il faut les en tenir bien loin, car ils ne pourraient y
entrer que pour la démoraliser et pour la détourner de sa
-'106——
l
—114—
XIII
QUELQUES ARTICLES
de la Solidarité.
LA QUESTION POLITIQUE.
I
‘ Nous constatons avec un bien grand regret une ten
« dance funeste qui se manifeste chez les travailleurs de
a tous les pays à introduire quelques—uns des leurs dans
( les gouvernements actuels, afin d’y obtenir quelques
u avantages immédiats pour la classe ouvrière. )
—116—
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118
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C’est ici que nous attendons nos contradicteurs. ——
-—- Nous voulons éviter la révolution si c’est possible ,
disent-ils; nous voulons, au moyen de réformes con
stitutionnelles, arriver peu à peu et sans secousses
violentes a abolir tous les privilèges et à établir l’éga—
lité. '
Ce projet est très-beau, sans doute, mais c’est une uto—
pie qu’on est étonné d’entendre énoncer à des hommes
qui devraient avoir réfléchi. Quoi l vous pensez pouvoir
échapper à la révolution? vous n’avez donc aucune idée
claire de ce qui doit se passer pour que le travail soit.
affranchi! I
Nous vous supposons au pouvoir, socialistes non ré—
volutionnaires. L’un de vous est chef du département
militaire. Que doit-il faire? — conserver l’ordre de cho
ses existant, en le réformant dans quelques détails?
non, c’est le programme du libéralisme bourgeois; un
socialiste doit abolir entièrement l’armée: et voilà la RÉ
vowr‘rox. . ‘
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Et les Balois, avec leur député Frey, et les Zuricois,
avec leur législation directe, ont-ils donc si bien réussi?
Et s’il ne s’agissait que de faire une expérience destinée
à éclairer les ouvriers, l’expérience n’est—elle pas con
cluante, et n’est—il pas temps de marcher résolùment
dans une voie nouvelle? Le fiasco des irréconcilîables
français, qui devaient démolir l’empire, la déclaration si
franche du socialiste allemand Bebel, qui a avoué l’autre
jour qu’il n’y avait rien à faire au Reichstag — tout cela
ne suffit—il pas à nous ouvrir les yeux? Et prétend—on
que, pour avoir le droit de nous dire convaincus, nous
devions recommencer une fois encore laisérie de nos ex
périences ? Allons donc,votre argument est une mauvaise
plaisanterie ! '
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‘
126 '
LA COOPÉRATION.
1.
Voici le texte de la résolution du Congrès romand (1)
relative à la coopération:
« Le Congrès romand,
» Considérant que la coopération de production ne
peut pas se généraliser dans la société actuelle, parce que,
si d’un côté quelques travailleurs peuvent, par leurs
propres épargnes ou avec le secours des autres travail
leurs, être mis en ossession de leurs instruments de tra
vail, il est impossi le d’un autre côté de procurer les ins—
truments de travail à la totalité des travailleurs, à moins
d’exproprier les détenteurs des capitaux;
et Que cette impossibilité est surtout évidente lorsqu‘il
s’agit des grands instruments de travail, l’usine, la mine,
la terre; et qu’ainsi les corps de métier les plus soufirants
sont récisément ceux qui peuvent le moins se constituer
actue lement en coopération;
« Qu’ainsi, tandis que la plus grande partie des travail—
leurs resteraient misérables, une minorité, enrichie par la
coopération, irait augmenter les rangs de la bourgeoisie;
« Considérant en outre que la coopération de consom
mation, lorsqu’elle est fondée sur des bases réellement so
cialistes, sans aucun avantage réservé au capital, peut
avoir une utilité relative pour soulager la misère de quel—
ques travailleurs, pour les grouper et les organiser;
« Mais que néanmoins la coopération de consomma
tion, si elle se généralisait dans l’état actuel de la société,
de manière à procurer à la totalité des travailleurs la vie
à meilleur marché, aurait pour résultat un abaissement
général des salaires, le salaire n’étant que la portion stric
tement nécessaire pour vivre laissée par le capital au tra
vail;
t Déclare :
c Que la coopération est la forme sociale qu’adoptera
le travail après ’émancipation des travailleurs; mais qu'il
neflpense pas que la coopération soit le moyen d’opérer
l’a ranchissement complet du prolétariat, qui ne peut
avoir lieu que par la révolution sociale internationale. »
(1) Il s’agit de la majorité du Congrès, représentée par la Solida
rité.
P. J. 9
130
.
I!
11
—— Mon cher ami, il y a. dans le projet Genevois de
former des coopérations au moyen des fonds des caisses
de résistance, une chose que vous avez mal comprise. Il
ne faut pas croire que les coopérations ainsi formées
aient pour but de procurer du bénéfice a ceux qui en fe
ront partie, et qu’on en vienne par la à créer dans le
sein de la classe ouvrière une catégorie de privilégiés.
Il n’en est rien. Le travailleur, dans la coopération , doit
être payé.d’après le tarif ordinaire des ateliers des pa—
trons. Le surplus du gain ne doit pas se partager entre
les coopérateurs : il doit être versé dans les caisses de
résistance. De cette manière, les associations coopéra
tives seront pour l’argent des caisses de résistance un
placement bien plus avantageux que les banques bour—
geoises, puisque d’abord, les fonds seront prêtés, non a
des ennemis qui s’en servent pour nous opprimer, mais
à des amis qui les emploient à avancer l’œuvre de notre
affranchissement; et en second lieu, puisque les associa—
tions coopératives feront rapporter à ces fonds des béné—
fices certainement plus considérables que les intérêts que
payerait un banquier.
"Ù.
ou
—— Il n’en est pas moins vrai, cependant, que la coopé
ration est une étape par laquelle doivent passer les tra
vailleurs avant d’arriver ‘a pouvoir s’emparer des instru
ments de travail par voie de révolution sociale interna
tionale. Voyez les Belges : ils sont très avancés, et pour
tant le Congrès flamand n’a pas blâmé la coopération.
.
Db
XIV
République française
FÉDÉRATION RÉVOLUTIONNAIRE
des
COMMUNES
La situation désastreuse dans laquelle se trouve le
Pays ; l’impuissance des pouvoirs officiels et l’indifférence
des classes privilégiées ont mis la Nation française sur le
bord de l’abîme; .
Si le Peuple organisé révolutionnairement ne se hâte
d’agir, son avenir est perdu. la Révolution est perdue.
tout est perdu. S’inspirant de l’immensité du danger et
considérant que l’action désespérée du Peuple ne sau
rait être retardée d’un seul instant, les délégués des
Comités.fédérés du Salut de la France, réunis au Comité
central, proposent d’adopter immédiatement les résolu—
tions suivantes : ;
Article ter. —— La machine administrative et gouverne
mentale de l’Etat, étant devenue impuissante, est abolie.
' Le peuple de France rentre en pleine possession de
lui-même.
Art; 2. -— Tous les tribunaux criminels et civils sont
Suspendus et remplacés par la justice du peuple.
—- 137 ——
XV
STATUTS FÉDÉRAUX
DE LA FÉDÉRATION JURASSIENNE
votés par le Congrès de Sonvillier le 12 novembre 1871.
Art. ler. —— Il est formé entre les Sections de l’Inter—
nationale, adhérentes aux présents Statuts fédéraux, une
Fédération qui prend le nom de Fédération jurassienne.
Art. 2. -— La Fédération reconnaît les Statuts géné
raux de l’Association internationale des travailleurs.
Art. 3. —— Le lien fédéral a pour représentant un Co«
mité fédéral, composé de cinq membres, auquel est re
mise la gestion des intérêts fédéraux, sous le contrôle
des Sections. '
Le Comité fédéral n’est investi d’aucune autorité. Il
remplit simplement le rôle de bureau de renseignements,
de correspondance et de statistique. '
Chaque année, le Congrès de la Fédération désigne
la localité de la région qui choisira dans son sein le Co
mité fédéral.
Art. 4. — Les Sections, en entrant dans la Fédération,
conservent leur autonomie absolue, et ne prennent d’au
tre engagement que celui d’observer les clauses des pré—
sents Statuts fédéraux.
Art. 5. — Toute latitude est laissée aux Sections qui
voudront former entre elles des Fédérations locales ou
spéciales.
Art. 6. —— Toute Section de l’Internationale peut être
admise dans la Fédération, a la condition d’adhérer aux
présents Statuts et de ne rien admettre dans son Règle
ment particulier qui y soit contraire.
Le Comité fédéral est chargé de recevoir l’adhésion
des nouvelles Sections, et d’en aviser la Fédération dans
le délai de quinze jours. Dans les cas douteux, il en ré
férera à la Fédération dans le même délai, et chaque
Section est alors appelée à voter sur l’admission ou le
rejet de la Section adhérente.
Art. 7. — La cotisation fédérale est fixée à 20 centimes
par au et par membre. Elle est payable au mois de jan
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TABLE DES MATIÈRES
Pages
AYANT-PROPOS
Première partie.
Avant la Fédération romande (1865-1868).
Seconde partie.
La Fédération romande (1868—4870) 45
Troisième partie.
La scission (1870-4871) 123
Quatrième partie.
La Fédération jurassienne (1871-1873). , 221
PIÈCES JUSTIFICATIYES.
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RI: 22723