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La fonction
logarithme népérien
Sommaire
1. Pré-requis
2. Définition et propriétés algébriques de la fonction logarithme
népérien
3. Étude de la fonction logarithme népérien
4. Compléments
5. Synthèse
Dans cette séquence, on introduit une nou-
velle fonction : la fonction logarithme népé-
rien.
Comme la fonction exponentielle à laquelle
elle est liée, c’est une fonction essentielle
en mathématiques et, par ses nombreuses
applications biologiques et économiques,
elle a aussi un rôle important dans la vie
quotidienne.
Séquence 5 – MA02 1
1. Limites
zLimites des fonctions de référence (fonctions carré, cube, racine, et leurs
inverses) aux bornes de leurs ensembles de définition.
zRègles opératoires et formes indéterminées.
zComposition.
zLimites et inégalités : théorèmes de comparaison et compatibilité avec l’ordre.
2. Continuité
Théorème des valeurs intermédiaires et son corollaire dans le cas d’une fonction
strictement monotone.
3. Dérivation
zDéfinition de la dérivabilité en un point.
zDérivées des fonctions de référence.
zOpérations.
zLiens entre le sens de variation d’une fonction sur un intervalle I et le signe de
sa dérivée sur I.
B Fonction exponentielle
Le cours sur la fonction exponentielle doit être connu. Voici un exercice-test
concernant les principaux résultats.
Séquence 5 – MA02 3
x –∞ 1 +∞
exp ′( x ) +
+∞
exp(x) 0
0
4 Séquence 5 – MA02
x –∞ 0 +∞
exp ′( x ) +
+∞
exp(x) 1
0
Propriété
Soient a et b deux nombres réels. Dans un repère orthonormé O ; i , j , ( )
( ) ( )
les points M a ; b et N b ; a sont symétriques par rapport à la droite
d’équation y = x .
Démonstration
a N y=x Il suffit de montrer que le milieu I du segment
I
[ ]
MN appartient à la droite et que les
droites et (MN) sont perpendiculaires.
b M
zLes coordonnées du point I sont
a +b b +a
j 2 ; 2 donc le point I appartient
b a bien à la droite d’équation y = x .
O i
zMontrons que les droites sont perpendicu-
laires en utilisant le produit scalaire.
Séquence 5 – MA02 5
D Logique : contraposée
On appelle « proposition » un énoncé qui peut être vrai ou faux.
Quand une proposition est de la forme « si… alors… », on dit qu’il s’agit d’une
proposition conditionnelle.
Quand on sait qu’une proposition est vraie, on l’appelle « propriété ».
Définition
Propriété
6 Séquence 5 – MA02
A Objectifs du chapitre
On définit ici la fonction logarithme népérien, une des fonctions essentielles des
mathématiques.
On étudie ses propriétés algébriques, c’est-à-dire les propriétés de la fonction
logarithme népérien lorsqu’on utilise les opérations + , − , × , ÷ . On étudie aussi
des équations et des inéquations où la fonction logarithme népérien intervient.
B Pour débuter
Activité 3 Un peu d’histoire
Au début du dix-septième siècle, le besoin de faire beaucoup de calculs (en astro-
nomie, navigation, économie (où on est amené à chercher n (k étant donné)
n
t
dans des relations de la forme 1+ = k pour connaître l’évolution de
100
placements d’argent à intérêts composés) pousse à chercher des moyens pour
faciliter ces calculs, notamment les multiplications et les puissances.
Séquence 5 – MA02 7
1,1n 1 1,1 1,21 1,331 1,4641 1,61051 1,77156 1,94872 2,14359 2,35795 2,59374 2,85312 3,13843 3,45227 3,79750 4,17725 4,59497
n 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Les valeurs indiquées dans la première ligne du tableau sont des valeurs appro-
chées à partir de la sixième valeur.
Montrons comment on peut faire des calculs avec cette table de valeurs en don-
nant l’exemple d’une multiplication et d’une puissance :
z1, 4641× 1, 61051 ≈ 2, 35795 car il s’agit de 1,14 × 1,15 = 1,19. Au lieu de multi-
plier les deux nombres décimaux, on a ajouté les exposants 4 + 5 = 9, et on a
lu dans la première ligne de la table la valeur correspondant à la valeur 9 de la
deuxième ligne.
⫻ résultat
1,1n 1 1,1 1,21 1,331 1,4641 1,61051 1,77156 1,94872 2,14359 2,35795 2,59374 2,85312 3,13843 3,45227 3,79750 4,17725 4,59497
n 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
8 Séquence 5 – MA02
1,1n 1 1,1 1,21 1,331 1,4641 1,61051 1,77156 1,94872 2,14359 2,35795 2,59374 2,85312 3,13843 3,45227 3,79750 4,17725 4,59497
n 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16
Sur la première ligne de la table de valeurs n°1 sont indiquées les puissances de
1,1. Mais bien sûr ce qui est intéressant c’est d’avoir des valeurs quelconques sur
cette première ligne. On propose ci-dessous une table de valeurs plus complète
où les valeurs de x sont données avec un pas égal à 0,1, la fonction f est conti-
+∗
nue, strictement croissante sur telle que l’égalité f (a × b ) = f (a ) + f (b ) est
toujours vraie. On expliquera dans le chapitre 4 comment est fabriquée cette
fonction.
Les valeurs de la première table s’intercalent dans cette deuxième table
comme on le voit avec les deux premières valeurs et l’avant dernière qui donne
f ( x ) = 15, 000.
x 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7 1,8 1,9 2 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6
f(x) 0 1 1,913 2,753 3,3530 4,254 4,931 5,567 6,167 6,734 7,273 7,784 8,273 8,739 9,185 9,614 10,025
x 2,7 2,8 2,9 3 3,1 3,2 3,3 3,4 3,5 3,6 3,7 3,8 3,9 4 4,1 4,17725 4,2
f(x) 10,421 10,803 11,171 11,527 11,871 12,204 12,527 12,840 13,144 13,440 13,727 14,007 14,279 14,545 14,804 15,000 15,057
valeur approchée de 1, 7 .
Séquence 5 – MA02 9
C Cours
1. Définitions
Définition 1
Exemple 1 La fonction carré est une bijection de 0 ; + ∞ dans 0 ; + ∞ car, pour tout
nombre b de 0 ; + ∞ il existe un et un seul nombre a dans 0 ; + ∞ tel
que a 2 = b (ce nombre est noté b ).
La fonction carré n’est pas une bijection de dans 0 ; + ∞ car, pour tout
nombre b de 0 ; + ∞ , il existe, dans , deux nombres solutions de l’équation
x 2 = b , ce sont b et − b .
Définition 2
10 Séquence 5 – MA02
Définition 3
La fonction logarithme népérien, notée ln, est la bijection réciproque de la fonction exponen-
tielle.
ln
( )
Pour tout a de , ln ea = a.
a = lnb = lnea b = ea = elnb
Notation
L’image de x par la fonction logarithme népérien se note traditionnellement
ln x . Des parenthèses sont indispensables si la fonction logarithme népérien
s’applique à une somme ou un produit : ln( x + 3) ou ln(2x ) ; elles sont parfois
3
omises dans le cas des quotients : ln . L’usage des calculatrices amène à utili-
x
ser davantage l’écriture ln( x ), cette écriture étant plus cohérente avec f ( x ). Ces
notations sont analogues à celles rencontrées en trigonométrie.
Séquence 5 – MA02 11
Démonstration
C’est une conséquence directe de la définition ce qui est illustré par le schéma.
Valeurs particulières
ln1 = 0 lne = 1
ln ln
e0 = 1 ln 1 = 0 e1 = e ln e = 1
exp exp
Propriété 3
Démonstration
Soit a et b deux réels strictement positifs. Pour justifier que la proposition
« si a < b alors ln a < ln b » est vraie, on utilise la proposition contraposée « si
ln a ≥ ln b alors a ≥ b » qui peut aussi s’écrire « si ln a ≥ ln b alors elna ≥ eln b »
d’après la propriété 2. Comme la fonction exponentielle est croissante sur ,
l’implication « si ln a ≥ ln b alors eln a ≥ eln b » est vraie, donc la contraposée de
est vraie, donc est vraie.
2. Propriétés algébriques
exp Rappelons la relation fonctionnelle de l’exponentielle : pour tous
réels a et b, exp(a + b ) = exp(a ) × exp(b ).
somme Ce qui signifie que l’image d’une somme par la fonction exponen-
produit
tielle est un produit d’exponentielles. La fonction exponentielle
transforme les sommes en produits.
12 Séquence 5 – MA02
( )
Pour tous réels a et b dans 0 ; + ∞ , ln a × b = lna + ln b.
Démonstration
Pour montrer que ces deux nombres sont égaux, il suffit de montrer que leurs
exponentielles sont égales car pour tous réels x et y, x = y ⇔ e x = e y .
ln(a × b )
On a e = a × b et aussi eln a + ln b = eln a × eln b = a × b. L’égalité du théo-
rème est donc bien prouvée.
Comme pour la fonction exponentielle, on déduit de ce théorème d’autres égali-
tés pour les inverses, les quotients, les puissances, les racines carrées.
Propriété 4
( )
z ln a n = n lna ; z ln ( a ) = 21 lna.
Démonstration
1 1
zPour tout réel a dans 0 ; + ∞ : a × = 1 donc ln a × = ln1,
a a
1 1
soit lna + ln = 0. Donc ln = − lna.
a a
Séquence 5 – MA02 13
zSoit un réel a dans 0 ; + ∞ . Démontrons par récurrence que pour tout n
dans ( )
∗ on a : ln a n = n lna.
Initialisation : l’égalité est vraie pour n = 1.
Hérédité : soit k un entier naturel, k ≥ 1, pour lequel on suppose
( ) ( ) (
que ln a k = k lna. On a alors ln a k +1 = ln a k × a = ln a k + ln a ) ( ) ()
d’après la propriété du théorème sur le logarithme du produit de deux
( ) ( ) ()
nombres. Et donc ln a k +1 = ln a k + ln a = k lna + lna = (k + 1) lna. La
propriété est donc héréditaire.
Conclusion : pour tout n dans ( )
∗ on a : ln a n = n lna.
Pour n = 0 : ln a ( ) = ln1= 0 = 0 × lna.
0
( ) 1
( ) ( )
on a : ln a −n = ln = − ln a n = − n lna = ( −n ) lna.
an
L’égalité est donc prouvée pour tout entier n dans Z.
( ) 1 1
ln 6 = ln 6 = ln(2 × 3) =
2 2
ln 2 + ln 3
2
;
14 Séquence 5 – MA02
3. Équations, inéquations
a) Équations
Propriété 5
Démonstration
Cette équivalence est la traduction du mot « bijection ».
La fonction ln est une bijection de 0 ; + ∞ dans , donc deux nombres diffé-
rents ne peuvent pas avoir la même image par la fonction ln, d’où l’implication
lna = ln b ⇒ a = b. L’implication réciproque et vraie, bien sûr, donc l’équivalence
lna = ln b ⇔ a = b est prouvée.
Propriété 6
Séquence 5 – MA02 15
Exemple 4 ( )
Pour quelles valeurs de x, ln x ( x + 1) est-il défini ?
Résoudre dans l’équation : ln( x ( x + 1)) = ln 30 .
Résoudre dans ( )
l’équation : ln x 2 + 1 = 7.
Résoudre dans l’équation : e ( e + 1) = 12.
x x
Solution ( )
Le nombre ln x ( x + 1) est défini si et seulement si : x ( x + 1) > 0. Le trinôme
du second degré x(x+1) est négatif si et seulement si x est compris entre les
deux racines −1 et 0.
( )
Ainsi ln x ( x + 1) est défini si et seulement si :
x ∈D avec D = −∞ ; − 1 ∪ 0 ; + ∞ .
( )
ln x ( x + 1) = ln 30 ⇔ x ( x + 1) = 30 ⇔ x 2 + x − 30 = 0.
Résolvons cette équation du second degré.
On a : ∆ = 1− 4 × ( −30 ) = 121 = 112.
−1+ 11 −1− 11
Il y a donc deux solutions : x 1 = = 5 et x 2 = = −6.
2 2
Ces deux réels sont éléments de D donc l’ensemble des solutions de
( ) {
l’équation ln x ( x + 1) = ln 30 est : S = −6 ; 5 . }
( )
Pour tout réel x, x 2 + 1 est strictement positif et ln x 2 + 1 existe. Donc, pour
( )
tout réel x, on a : ln x 2 + 1 = 7 ⇔ x 2 + 1 = e7 ⇔ x 2 = e7 − 1.
La fonction exponentielle étant strictement croissante, on a e7 > e0
donc e7 − 1 > 0
( )
et : ln x 2 + 1 = 7 ⇔ x = e7 − 1 ou x = − e7 − 1.
S = e 7 − 1 ; − e 7 − 1 .
La fonction exponentielle est définie sur . Donc, pour tout réel x, on a :
X = e x
( )
e x e x + 1 = 12 ⇔
X = e x
⇔ ⇔
X = e x
X ( X + 1) = 12 X 2 + X − 12 = 0 X = −4 ou X = 3
(en résolvant l’équation du second degré).
( )
Ainsi : e x e x + 1 = 12 ⇔ e x = −4 ou e x = 3 ⇔ e x = 3 car la fonction expo-
nentielle ne prend que des valeurs strictement positives.
x x
( )
Et donc : e e + 1 = 12 ⇔ x = ln 3.
S = {ln 3}.
16 Séquence 5 – MA02
Propriété 7
Démonstration
La fonction logarithme est strictement croissante sur 0 ; + ∞ (propriété 4),
donc a < b ⇒ ln a < ln b.
L’implication réciproque ln a < ln b ⇒ a < b est vraie car sa contraposée,
a ≥ b ⇒ ln a ≥ ln b , est vraie d’après le sens de variation de la fonction ln.
Remarque On a bien sûr aussi une équivalence avec des inégalités larges ln a ≤ ln b ⇔ a ≤ b.
Nous pouvons aussi préciser maintenant des équivalences sur des inégalités met-
tant en jeu des logarithmes et des exponentielles
Propriété 8
Démonstration
a) Pour démontrer cette équivalence, on peut utiliser ce qui précède en écrivant
k = ln ek . On obtient l’équivalence ln x < ln ek ⇔ x < ek qui est vrai d’après
la propriété 7.
b) En posant λ = eln λ , l’équivalence à prouver devient e x < eln λ ⇔ x < ln λ ce
qui est vrai d’après les propriétés de l’exponentielle.
Remarque Chaque implication peut aussi se prouver en utilisant la réciprocité des fonctions
exp et ln ainsi que leur stricte croissance sur leur ensemble de définition.
Par exemple l’implication « pour tout réel k et tout réel x strictement positif
ln x < k ⇒ x < ek » est justifiée par le fait que, la fonction exponentielle étant
strictement croissante sur , on a : ln x < k ⇒ eln x < ek et, comme eln x = x ,
on obtient bien : ln x < k ⇒ x < ek .
Cas particulier On a : ln x < 0 ⇔ x < e0 soit ln x < 0 ⇔ x < 1.
De même : ln x > 0 ⇔ x > e0 soit ln x > 0 ⇔ x > 1.
On connaît ainsi le signe de ln x suivant les valeurs de x.
x 0 1 +∞
Séquence 5 – MA02 17
Solution Dans chaque cas, il faut d’abord chercher quel est l’ensemble D des valeurs de x
pour lesquelles le logarithme existe. On termine en ne prenant, parmi les valeurs
susceptibles de convenir, que les valeurs de x qui sont dans cet ensemble D.
Le réel ln( 3 − x ) est défini si et seulement si 3 − x > 0, soit x < 3. Le domaine
d’étude de l’inéquation est donc : D = −∞ ; 3 . On a :
ln( 3 − x ) + 1 > 0 ⇔ ln( 3 − x ) > −1 ⇔ 3 − x > e −1
(la fonction ln étant strictement croissante sur +* ).
Ainsi : ln( 3 − x ) + 1 > 0 ⇔ x < 3 − e −1.
Comme 3 − e −1 < 3 on conclut : S = −∞ ; 3 − e −1 .
Le réel ln( x − 1) + ln( x + 1) est défini si et seulement si : x − 1 > 0 et x + 1 > 0,
Exemple 6 Trouver le plus petit entier naturel n tel que : 2n > 1015.
Trouver le plus petit entier naturel n tel que : 0, 5n < 10−6.
Solution Les logarithmes ont été inventés pour simplifier les calculs avec des produits ! On
va remplacer chaque inéquation par l’inéquation équivalente sur les logarithmes.
15 ln 10 15 ln 10
On a 2n > 1015 ⇔ n ln 2 > 15 ln 10 ⇔ n > . Comme ≈ 49, 83
ln 2 ln 2
on peut en déduire que le plus petit entier n qui convient est égal à 50. (Pour
n
trouver 50, on peut aussi afficher les valeurs successives de 2 , mais il faut
apprendre à penser aux logarithmes dès qu’il y a des produits (donc aussi des
puissances) à manipuler).
−6 ln 10
On a 0, 5n < 10−6 ⇔ n ln 0, 5 < −6 ln 10 ⇔ n > (attention au sens de
ln 0, 5
la dernière inégalité : ln 0, 5 est négatif).
18 Séquence 5 – MA02
D Exercices d’apprentissage
Exercice 1 Exprimer à l’aide de ln 2 ou de ln 3 (ou des deux) les nombres suivants :
( ) 4 9
ln 6 ; ln 16 ; ln 24 ; ln ( −3)2 ; ln 54 ; ln ; ln( 36 ) ; ln .
27 8
Exercice 2 Exprimer à l’aide de ln 3, les nombres suivants :
ln 63 − ln 7 ; ln( 27 3 ) ; 2ln 21− ln 49.
Exercice 3 Simplifier les écritures suivantes :
1 4 5 3
C = 5ln − 4 ln 3 ; D = ln + ln + ln .
3 5 3 4
Exercice 4 Simplifier :
ln 6 − ln 3 − 1 ln 4
E=e ; F=e 2 ; G = eln 28 − ln 4 ; H = e2ln 3+ 3 ln 2 ; I = ln 1 .
e5
( )2 + 2ln x − 3 = 0.
ln x
Séquence 5 – MA02 19
e 2x
<6 ; ln(1− x 2 ) ≥ 0.
e− x
20 Séquence 5 – MA02
A Objectifs du chapitre
Nous étudions ici les propriétés de la fonction logarithme népérien : sens de
variation, limites, courbe représentative, ainsi que des compléments sur les équa-
tions, les inéquations et les fonctions composées.
B Pour débuter
Activité 2 Afficher les courbes de la fonction ln et de la fonction exp sur la calculatrice.
Qu’observe-ton ?
Quelles sont les propriétés de la fonction ln que l’on peut conjecturer ?
C Cours
1. Courbe de la fonction ln
Propriété 9
Les courbes ln et exp , représentant respectivement la fonction loga-
rithme népérien et la fonction exponentielle dans un repère orthonormé,
sont symétriques par rapport à la droite d’équation y = x .
Démonstration
( )
Les points M a ; b et N b ; a ( ) sont symétriques par rapport à la droite
d’équation y = x .
Séquence 5 – MA02 21
a = eb N
b = lna
M
1
j 1
O i b = lna e a
ln
Démonstration
Théorème 2
22 Séquence 5 – MA02
Remarque Ici, on a admis que la fonction ln est dérivable en 1 et la valeur du nombre dérivé
avec ln'(1) = 1 ; dans l’activité 3, on a construit une autre démonstration en
admettant que la fonction ln est dérivable sur +∗ mais sans préciser de valeur.
Les points de vue sont différents suivant les manuels que vous pouvez consulter.
Il est possible aussi d’étudier la dérivabilité de la fonction ln sans rien admettre
de particulier concernant la fonction ln, mais c’est alors plus difficile.
1
Remarque Le signe de ln'( x ) qui vaut étant toujours positif sur 0 ; + ∞ , on retrouve
x
que la fonction ln est strictement croissante sur 0 ; + ∞ .
Propriété 10
L’axe des ordonnées est donc asymptote à la courbe (cela se déduit, par symétrie,
du fait que l’axe des abscisses est asymptote en −∞ à la courbe représentative
de la fonction exponentielle). Une démonstration de ces résultats utilisant les
propriétés algébriques et le sens de variation de la fonction ln est proposée ci-
dessous sous forme d’exercice corrigé.
Séquence 5 – MA02 23
x 0 1 e +∞
1
ln'( x ) = + + +
x
+∞
ln x 1
0
−∞
On observe que l’axe des ordonnées est une asymptote à la courbe de la fonction
ln.
Il faut mémoriser parfaitement la courbe de la fonction ln.
24 Séquence 5 – MA02
O i 1 e
Exemple 8 Tracer la courbe représentative de la fonction ln avec ses tangentes aux points
d’abscisses 1 et e.
Solution On peut obtenir ces tangentes par symétrie à partir des tangentes à la courbe
représentative de la fonction exponentielle.
On peut aussi chercher les équa-
tions réduites.
Tangente au point d’abscisse 1 :
1 ln y = ln'(1)( x − 1) + 0, soit y = x − 1.
T1
5. Autres limites
Démonstration
C’est une forme indéterminée, pour l’étudier on peut faire
Propriété 11 apparaître une exponentielle pour utiliser une limite connue.
ln x ln x ln x
ln x Comme = , la fonction x est la com-
On a : lim = 0. x eln x
eln x
x →+∞ x
X
posée de x ln x et de X X . Or lim ln x = +∞
e x →+∞
X
X e
et lim = 0 (car lim = +∞ ), donc, par com-
X →+∞ e X X →+∞ X
ln x ln x X
position avec X = ln x , on obtient : lim = lim = lim = 0.
x →+∞ x x →+∞ e ln x X →+∞ e X
Remarque Cela signifie qu’en +∞ la fonction ln « tend vers +∞ » moins vite que la
fonction x x .
Séquence 5 – MA02 25
ln(1+ h )
Rappel On a admis que ln'(1) = 1, soit lim = 1.
h →0 h
À savoir Dans les études d’une limite où intervient un logarithme ln x, on utilise les limites
du cours en observant le comportement de x pour bien savoir quelle limite utiliser.
x tend vers… 0 1 +∞
26 Séquence 5 – MA02
Propriété 13
Une fonction composée de la forme ln u (qui s’écrit aussi ln u ) est définie
lorsque la fonction u est à valeurs strictement positives : u ( x ) > 0.
Limites
Les limites s’obtiennent en appliquant les règles de composition.
( )
Dans les études d’une limite où intervient un logarithme ln u ( x ) , on utilise
les limites du cours en observant le comportement de la quantité u ( x ) dont on
prend le logarithme pour bien savoir quelle limite connue on peut utiliser.
Propriété 14
Soit u une fonction définie et à valeurs strictement positives sur un intervalle
I. La fonction composée ln u , définie sur I, possède les mêmes variations sur
I que la fonction u.
Démonstration
Elle est analogue à celle qui a été faite pour la fonction composée exp u car la
fonction ln est strictement croissante sur son ensemble de définition.
On peut donc connaître les variations de la fonction ln u sans utiliser la fonction
dérivée. Mais si on a besoin de la fonction dérivée la propriété suivante permet
de la déterminer.
Propriété 15
Soit u une fonction définie, dérivable et à valeurs strictement positives sur
un intervalle I. La fonction composée ln u , définie sur I, est aussi dérivable
u'
sur I et on a : (ln u )' = , c’est-à-dire que, si la fonction f est définie sur I
u
( )
par f ( x ) = ln u ( x ) , alors la fonction f est dérivable sur I et, pour tout x de
u '( x )
I, f '( x ) = .
u( x )
Séquence 5 – MA02 27
Solution par u ( x ) = x 2 + 1.
On écrit f = ln u , la fonction u étant la fonction définie sur
Comme u est une fonction polynôme, u est dérivable sur , u est à valeurs
strictement positives, et donc, d’après la propriété précédente, la fonction f est
2x
dérivable sur et f '( x ) = .
x2 +1
On a ici complètement détaillé l’application de la propriété, dans la pratique on
pourra abréger la rédaction.
D Exercices d’apprentissage
Exercice 11 Déterminer les limites suivantes :
ln x
lim ( x − ln x ) ; lim ( x − ln x ) ; lim ;
x →+∞ x →0 x →+∞1+ x
x >0
lim
x
x → 0 1+ ln x
;
x →+∞
( )
lim ln e x + 1 ;
x →−∞
( )
lim ln e x + 1 ;
x >0
ln x ln x
lim ;
lim .
x →+∞ x x →+∞ e x
Exercice 12 Chacune des fonctions suivantes est définie et dérivable sur l’intervalle I. Donner
l’expression de la fonction dérivée dans chaque cas.
4
a) f ( x ) = ln( 3x − 4 ) I = ; +∞
3
b) f ( x ) = ln( 3 − x ) I = – ∞ ;3
c) f ( x ) = ln( x 2 + 1) I=
28 Séquence 5 – MA02
ln x
Exercice 14 Soit la fonction f définie sur 0 ; + ∞ par f ( x ) = .
x
Dresser le tableau de variation de f et donner sa courbe représentative.
Discuter l’existence et le nombre de solutions de l’équation (E) : ekx = x selon
la valeur du réel k.
1
Exercice 15 On considère la fonction f définie sur par f ( x ) = ln 1+ .
x 2 + 1
Déterminer lim f ( x ) et lim f ( x ).
x →+∞ x →−∞
Étudier le sens de variation de la fonction f et donner son tableau de variation.
Construire la courbe représentative de f dans un repère orthonormé.
Exercice 16 On considère la fonction f définie sur 0 ; + ∞ par f (0 ) = 0 et, pour tout réel x
strictement positif, f ( x ) = x ln x .
Étudier la continuité de f en 0.
Étudier la dérivabilité de f en 0. Que peut-on en déduire pour la courbe repré-
sentative de la fonction f ?
Étudier les variations de f.
Donner le tableau de variation de f..
Construire la courbe représentative de f dans un repère orthonormé.
Séquence 5 – MA02 29
n
1 1
Exercice 18 Déterminer lim n ln 1+ , puis lim 1+ .
n →+∞ n n →+∞ n
30 Séquence 5 – MA02
B Pour débuter
■ Activité 4 Pendant les étés 1615 et 1616, Henry Briggs, professeur à Oxford, rendit visite à
Neper en Ecosse pour discuter avec lui d’une amélioration des logarithmes, en les
rendant plus pratiques pour les utilisateurs en utilisant le nombre 10.
On note log une fonction telle que log1 = 0, log10 = 1, et on suppose que cette
fonction possède les mêmes propriétés algébriques que la fonction ln.
Déterminer log105 , log10−2 , log10n , n étant un entier relatif.
Briggs a déterminé que log 2 ≈ 0, 30103, en déduire une valeur approchée de
log 20, log 200, log 2000. Donner un nombre dont le logarithme décimal est
environ 5,30103.
C Cours
1. Relation fonctionnelle
On sait que la fonction logarithme népérien vérifie :
+*
t pour tous x , y de , ln( xy ) = ln x + ln y (*);
t (ln)‘(1) = 1.
On se propose de démontrer que ces propriétés sont caractéristiques de la fonc-
+*
tion ln (c’est-à-dire que la seule fonction définie et dérivable sur vérifiant
les propriétés précédentes est la fonction ln) et de déterminer l’ensemble des
fonctions définies et dérivables sur +*vérifiant la propriété(*).
On vous propose de faire cela sous forme d’un exercice corrigé.
Séquence 5 – MA02 31
32 Séquence 5 – MA02
Remarque La fonction qui a été utilisée pour construire l’activité 1 est la fonction f = k ln
1
avec k = .
ln1,1
La fonction logarithme décimal est une des fonctions de la forme k ln, le réel k
étant choisi de façon que 10 ait pour image 1.
Définition 4
Notation L’image d’un nombre x est notée log x ou log( x ), les parenthèses étant indis-
pensables pour des expressions moins simples.
Calculatrice : sur beaucoup de calculatrice on peut trouver la touche log . Si elle
n’existe pas, il suffit d’utiliser le quotient de la définition.
Séquence 5 – MA02 33
( )
log 10n = n ; log ( a ) = 21 log a.
x 0 1 10 +∞
+∞
ln x 1
0
−∞
( )
On a log 20122012 = 2012 × log 2012 ≈ 6646, 899. La partie entière du loga-
rithme décimal de 20122012 étant égale à 6646, on va montrer qu’on peut en
déduire que 20122012 est compris entre 106646 et 106647 et que 20122012 est
un entier écrit sous forme décimale avec 6647 chiffres.
Démonstration
Propriété 17
Comme p ∈1; 10 , on a 1 ≤ p < 10
Soient x un réel strictement positif et x = p × 10k et donc 0 ≤ log p < 1 puisque la fonc-
l’écriture scientifique de ce nombre ( p ∈1; 10 , k ∈Z).
tion log est strictement croissante
Alors :
sur 0 ; + ∞ .
z k = E(log x ) ;
z x = p × 10E(log x ) ; En ajoutant k, il vient :
z 10E(log x ) ≤ x < 10E(log x )+1. k ≤ log p + k < k + 1, donc
34 Séquence 5 – MA02
Propriété 18
Exemple 12 Soit x = 1234, log 1234 ≈ 3, 091 et E(log 1234 ) = 3 : le nombre 1234 est bien
écrit avec 3 + 1 = 4 chiffres.
Démonstration
Soit x un nombre entier naturel non nul, d’après la propriété précédente ,
on a 10E(log x ) ≤ x < 10E(log x )+1. L’écriture décimale de x comporte donc autant
de chiffres que celle de 10E(log x ), c’est-à-dire E(log x ) + 1.
Propriété 19
Démonstration
Soit x un nombre entier naturel non nul, alors 10n −1 ≤ x < 10n .
Donc, puisque la fonction log est strictement croissante sur 0 ; + ∞ ,
( ) ( )
on a log 10n −1 ≤ log x < log 10n , soit n − 1 ≤ log x < n. On trouve
donc E(log x ) = n − 1.
Exemple On peut dire que 4 ≤ log 98765 < 5 puisque 98765 est écrit avec 5 chiffres
et E(log x ) = n − 1 = 4 où n est le nombre de chiffres de x.
Définition
Séquence 5 – MA02 35
D Exercices d’apprentissage
Exercice 19 Quel est le nombre de chiffres de l’écriture décimale du nombre premier
A = 2243112609 − 1 (le plus grand nombre premier connu en décembre 2011) ?
Questions subsidiaires :
Combien de chandelles ont été utilisées par Briggs pour s’éclairer pendant
tous ces calculs ?
Combien de temps l’invention des logarithmes a-t-elle fait gagner aux astro-
nomes, navigateurs, ingénieurs… depuis 1614 ?
36 Séquence 5 – MA02
Définition
La fonction logarithme népérien, notée ln, est la bijection réciproque de la fonction exponen-
tielle.
ln
exp
Propriété
( )
Pour tout a de , ln ea = a.
a = lnb = lnea b = ea = elnb
Propriété
3. Sens de variation
Propriété
Séquence 5 – MA02 37
z a > 0 et b > 0
( )
ln a × b = lna + ln b.
Propriété
exp
a > 0, b > 0 et n dans Z :
( )
z ln a × b = lna + ln b ; somme produit
1
z ln = − lna ;
a ln
b
z ln = ln b − lna ;
a
( )
z ln a n = n lna ;
z ln ( a ) = 21 lna.
5. Equations, inéquations
Propriété
Propriété
a) k dans et x > 0 : ln x < k ⇔ x < ek .
b) λ > 0 et x dans : e x < λ ⇔ x < ln λ.
38 Séquence 5 – MA02
x 0 1 +∞
7. Fonction ln
Théroème
1
La fonction ln est dérivable sur 0 ; + ∞ et, pour x > 0, on a ln'( x ) = .
x
Propriété
x 0 1 e +∞
1
ln'( x ) = + + +
x
+∞
ln x 1
0
−∞
1 ln
O i 1 e
Séquence 5 – MA02 39
ln x ln(1+ h )
lim = 0 ; lim x ln x = 0 ; lim = 1.
x →+∞ x x →0 h →0 h
x >0
x tend vers… 0 1 +∞
ln x
Remarque On peut retenir les deux limites lim x ln x = 0 et lim = 0 en remar-
x →0 x →+∞ x
x >0
quant que, pour ces deux formes indéterminées, c’est « x qui l’a emporté sur le
logarithme ».
40 Séquence 5 – MA02
+∞
ln x 1
0
−∞
B Exercices de synthèse
Exercice I Une fonction f définie et continue sur un intervalle I est dite convexe
(resp. concave si pour tous a , b de I :
a + b f (a ) + f ( b ) a + b f (a ) + f ( b )
f ≤ (resp.f ≥ .
2 2 2 2
Graphiquement cela signifie que si A et B sont 2 points de la courbe de la
fonction alors le milieu de [AB] est au-dessus (resp. en dessous) de .
Montrer que la fonction « carré » est convexe sur ⺢.
a +b
a) Montrer que pour tous, a, b de ]0 ; +∞[ : ≥ ab .
2
b) En déduire que la fonction ln est concave sur ]0 ; + ∞[.
On pourrait faire le lien avec l’exercice de synthèse V de la séquence 2 où la
notion de convexité est présentée d’un autre point de vue.
Exercice II Partie A
1
Soit g la fonction définie sur ]0 ; +∞[ par g ( x ) = 2ln x − 1+ .
x
Déterminer lim g ( x ) et lim g ( x ).
x → +∞ x → 0+
Calculer g '( x ). Dresser, alors, le tableau de variations de g.
Montrer que l’équation g ( x ) = 0 admet deux solutions F et G ( α < β ).
Que vaut β ? Déterminer un encadrement de F d’amplitude 10−3.
Donner le signe de g ( x ) en fonction de x .
Partie B
Soit f la fonction définie sur ]0 ; +∞[ par : f ( x ) = x 2 (ln x − 1) + x .
Déterminer lim f ( x ) et lim f ( x ).
x →+∞ x →0
x >0
Séquence 5 – MA02 41
1 x − 4
Exercice III Soient f la fonction définie sur I = ] 4 ; +∞ [ par : f ( x ) = − x + 3 + ln et
2 x − 2
sa courbe représentative dans un repère orthonormé (O ; i , j ).
Étudier les limites de f aux bornes de I .
x 2 − 6x + 7
Montrer que : f '( x ) = − .
( x − 4 )( x − 2)
Dresser le tableau de variation de f .
Exercice V Le plan est muni d’un repère orthonormal (O ; i , j ). Pour tout entier naturel n
non nul, on considère la fonction fn définie sur + par : fn ( x ) = x n ln x pour
x ≠ 0 et fn (0 ) = 0. On note n la courbe représentative de fn dans un repère
orthonormé (O ; i , j ).
Montrer que f est continue en 0. Déterminer lim f ( x ).
n n
x →+∞
Dresser le tableau de variation de f .
n
Sur un même graphique, tracer 1, 2 et 3.
Démontrer que toutes les courbes n passent par 2 points fixes O et A.
Démontrer que toutes les courbes admettent en A la même tangente.
42 Séquence 5 – MA02
Séquence 5 – MA02 43