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Chap III Tenseur Déformation

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Université Master I CM

Mécanique des milieux continus


Larbi BENM'HIDI 2018/2019
Oum El Bouaghi Chapitre 3: Tenseur de déformations

3.1. Cinématique d’un milieu continu


A la différence de la mécanique des solides indéformables, la mécanique des milieux continus permet de
prendre en compte les déformations d’un corps et les variations de température qui accompagnent ces
déformations.
Dans un solide indéformable, la distance entre deux points quelconques ne peut varier avec le temps alors que
dans un milieu déformable, cette distance peut évoluer. La cinématique du milieu continu a pour but
d’introduire les outils mathématiques pour décrire une cinématique quelconque et ce indépendamment des
forces qui l'engendrent.

3.1.1 Trajectoire et dérivées temporelles


Considérons un milieu continu occupant un volume V à l’instant initial t = 0, par exemple, une balle en
caoutchouc avant son écrasement dans la paume d’une main (figure 3.1). Cette balle peut être vue comme
l’assemblage d’une infinité de petits éléments de matière appelés points matériels. Chaque point matériel va se

déplacer et avoir sa propre trajectoire. Cette trajectoire est définie par l’´evolution de la position x de ce point
matériel en fonction du temps :
(3.1)

Cette équation donne l'ensemble des trajectoires de tous les points matériels
Afin de distinguer deux points matériels, il faut donner un nom unique à chaque point. Généralement, on

donne comme nom `a chaque point matériel ses coordonnées initiales notées X . Ces coordonnées dites
matérielles sont constantes dans le temps, c’est donc une information intrinsèque de la particule. Par contre, les

coordonnées spatiales de la particule, x , évoluent dans le temps :
(3.2)

Sur le plan mathématique, la transformation  est une bijection. Ainsi, on peut inverser la relation (2.2) et
écrire formellement :
(3.3)
Etant donnée la bijection qui existe entre les coordonnées spatiales et matérielles, on peut choisir comme
variable indépendantes pour décrire le mouvement soit le couple (x, t) dit variables d’Euler soit le couple
 
(X, t) dit variables de Lagrange. La connaissance de la transformation  ou de son inverse définit alors
complètement le mouvement.

En général, la bijection  est dérivable plusieurs fois. Il y a cependant des exceptions intéressantes :

– la transformation  est discontinue à travers une fissure puisque celle-ci peut s’ouvrir;

– lorsque qu’un fluide glisse sur un autre fluide, la transformation  est discontinue;

– dans les matériaux composites, la transformation  est à dérivée discontinue à travers les interfaces entre
les différentes phases.

Exemple 3.1- Transformation uniforme Considérons un domaine bidimensionnel qui se déforme selon un
parallélogramme. Les configurations de référence et à l’instant t = 1 sont présentées sur la figure 2.1
La transformation s’écrit :

On vérifie que pour t = 0, on a bien x 1  X 1 et x 2  X 2 .


1
 
Figure 3.1 Déformation d’un carré. La transformation est telle que ( e1 )  e1

Une fois la transformation du milieu continu  définie, il est facile de définir les notions de déplacement, de
vitesse et d’accélération :
(3.4)

(3.5)

(3.6)

La dérivée temporelle intervenant dans les deux dernières équations s’effectue pour une particule X donnée.
C’est une dérivée en temps dite matérielle. On parle aussi de dérivée particulaire ou lagrangienne. Si on
assimile, un milieu continu à une portion d’autoroute et chaque point matériel de ce milieu à une voiture
circulant sur l’autoroute, les vitesses et accélérations définies en (3.5) et (3.6) sont les vitesses et accélérations

perçues par le conducteur de chaque voiture X .La dérivée particulaire est souvent également noté à l’aide
d’un point au dessus de la quantité à dériver. Ainsi, on peut réécrire (3.5) et(3.6) avec cette notation compacte:
(3.7)

(3.8)

Il existe un autre type de dérivée temporelle dite eulérienne qui ne s’effectue non pas pour une particule donnée
 
mais en un point de l’espace donné. En clair, c’est une dérivée temporelle en considérant x fixe et non plus X
fixe. Pour reprendre l’exemple de la portion d’autoroute, cette dérivée correspond à celle que perçoit le
gendarme posté sur le bord de la route : si une voiture roulant lentement passe devant le radar et qu’elle est
suivie par une voiture roulant à vive allure, pour le gendarme, le trafic accélère alors que pour les passagers
des deux véhicules, l’accélération est nulle (en supposant qu’ils roulent tous les deux à vitesse constante). Si
maintenant les automobilistes sont prudents et aperçoivent à temps le radar, celui-ci enregistrera une vitesse
constante alors que chaque automobiliste sera en décélération devant le radar.
. d.
Remarque La dérivée eulérienne est notée pour ne pas la confondre avec la dérivée matérielle . Les
t dt
dérivées eulérienne et lagrangienne sont reliées. En effet, on peut écrire :

2
dérivée lagrangienne (3.9)

(3.10)

(3.11)

 
dérivée terme
eulérienne d’advection

Le dernier terme est une dérivée dite convective. Afin d’illustrer le calcul des dérivées lagrangiennes et
eulériennes, on peut considérer l’extension d’une barre unidimensionnelle dont la température évolue avec le
temps.
Exemple 3.2- Dérivées temporelles eulérienne et lagrangienne Soit la transformation d’une barre de
longueur initiale 2, donnée par x  (1  t)X , figure 3.2 Cette barre est soumise à une élévation de
température donnée par T  Xt . La dérivée matérielle de la température est donnée par T  2Xt . Pour
calculer la dérivée temporelle eulérienne, on exprime la température en fonction des coordonnées
spatiales: T  xt 2 / (1  t) ) et ensuite on dérive par rapport au temps, ce qui donne :

Quant à la dérivée convective, on obtient :

Figure 3.2 – Transformation d’une barre


En notation indicielle, on écrit :

(3.12)

A titre d’exemple, l’accélération d’une particule dans un champ de vitesse s'écrit :

(3.13)

On note qu’en utilisant la dérivée eulérienne, l’accélération devient une fonction non linéaire de la vitesse par
la présence du terme d’advection.

3
3.1.2 Gradient de la transformation
Une quantité clef dans la description de la déformation d’un corps est le gradient de la transformation not´e F .
Ce tenseur d’ordre deux permet de relier la position relative de deux particules voisines avant et après
déformation. C’est donc l’ingrédient de base pour définir la déformation d’un corps. Considérons deux points
matériels Q1 et Q 2 situés dans le voisinage d’un point matériel P à l’image de la figure 3.3. Les positions
 
relatives de Q1 et Q 2 par rapport à P sont données par les vecteurs élémentaires dX 1 et dX 2 :
(3.14)

Figure 3.3 – Gradient de la transformation



Après déformation, les positions des particules P , Q1 et Q 2 sont données par la transformation  :
(3.15)
 
Les vecteurs élémentaires dX 1 et dX 2 deviennent donc :

(3.16)

(3.17)

Nous définissons le tenseur gradient de la transformation par :

(3.18)


Il est parfois également appelé matrice jacobienne car c’est la matrice du changement des variables X en
x .En effet, le tenseur F s'écrit aussi :

(3.19)

et est non symétrique en général. Le jacobien de la transformation est le déterminant de cette matrice.
 
En tenant compte du caractère infinitésimal des vecteurs dX 1 et dX 2 , on peut écrire le développement de
Taylor au premier ordre de (3.16) et (3.17) :

(3.20)

4
 
Le tenseur F transforme un vecteur de la configuration de référence dX en un vecteur dx de la configuration
 
actuelle. Comme dX est infinitésimal, il en sera de même pour dx . Ce type de tenseur est appelé un tenseur
deux-points.
Exemple 3.3—Transformation des vecteurs de base Pour illustrer le calcul du tenseur F reprenons la
transformation de l’exemple 3.1. Le gradient de la transformation se calcule par :

On note que pour cet exemple, F est uniforme, c’est-`a-dire qu’il ne dépend pas du point
(X 1 , X 2 ) considéré. En général, le tenseur F dépend à la fois du temps et du point considéré. Les vecteurs
   
placés initialement selon les axes e1 et e 2 sont transformés à l’instant t  1 en F .e1 et F .e 2 donnés par
l’application (3.20). En considérant l’instant t  1 , on a :

Dans notre exemple, le vecteur initialement parallèle à l’axe 1 reste donc parallèle à l’axe 1 et ne change
pas de taille. Par contre, le vecteur initialement parallèle à l’axe 2 tourne de 45° et voit sa taille multipliée
par 3 / 2 .
 
Si l’on considère deux vecteurs e1 et e 2 actuellement orientés parallèlement aux axes, on peut se demander
quelle était l’orientation de ces vecteurs dans la configuration initiale. Ces orientations sont données par :

3.1.3 Définition des tenseurs de déformation


La section précédente a introduit le tenseur gradient de la transformation F . Ce tenseur est la dérivée des
positions actuelles par rapport aux positions initiales. Nous allons montrer que ce tenseur n’est pas une bonne
mesure de déformation. En revanche, à partir de ce tenseur nous allons bâtir deux tenseurs de déformation.
Considérons un corps se déplaçant de manière rigide. Ce mouvement s’écrit :
(3.21)

Le tenseur R est un tenseur orthogonal c’est-`a-dire que sa transposée coïncide avec son inverse :
(3.22)

Il représente la rotation rigide du corps et le vecteur c représente la translation rigide. Le gradient d’une telle
transformation est clairement :
(3.23)

Autrement dit pour un mouvement de corps rigide, le tenseur F n’est pas nul et est égal au tenseur de rotation.
Clairement, le tenseur F n’est donc pas une bonne mesure de déformation puisqu’il est non nul pour des
transformations n’impliquant aucune déformation.
Pour arriver à la définition d’un tenseur de déformation, écrivons le changement de produit scalaire entre deux
   
vecteurs élémentaire dX 1 et dX 2 lorsqu’ils se transforment en dx 1 et dx 2 figure 3.3. Exprimons le produit
scalaire des vecteurs après déformation en fonction des vecteurs avant déformation :
(3.24)

5
T
Le tenseur C  F . F est appelé tenseur des dilatations de Cauchy-Green droit. Il s’agit d’un tenseur
symétrique du deuxième ordre dit matériel car il opère sur des vecteurs matériels. Inversement, on peut
exprimer le produit scalaire des vecteurs élémentaires dans la configuration de référence à partir des vecteurs
dans la configuration actuelle :
(3.25)

où b est appelé tenseur des dilatations de Cauchy-Green gauche :


(3.26)
Il s’agit d’un tenseur symétrique du deuxième ordre dit tenseur spatial car il opère sur des vecteurs spatiaux.
Remarque : Tout comme F, b et C ne sont pas des mesures de déformations car pour un mouvement de corps
rigide, on a C  b  I .
Le tenseur de déformation de Green-Lagrange E est défini par :
(3.27)

où I est le tenseur identité. Le tenseur E est un tenseur symétrique matériel du deuxième ordre. Il se calcule
en terme de F par la relation suivante :
(3.28)

On définit également le tenseur de déformation d’Euler-Almansi e :


(3.29)

Le tenseur e est un tenseur spatial symétrique du deuxième ordre qui s’exprime en fonction de F par :
(3.30)

Les tenseurs de Green-Lagrange et d'Euler-Almansi sont de bonnes mesures de déformation car ils sont nuls
pour des transformations rigides. En effet, prenant en compte F  R , pour une transformation rigide, il vient :
(3.31)

(3.32)

du fait de la définition (3.22) d’un tenseur orthogonal.

Exemple 3.4—Déformations de Green-Lagrange et Euler-Almansi Toujours pour la transformation donnée


dans l’exemple 3.1, on peut calculer les déformations pour t = 1.
D’abord, écrivons les tenseurs droit et gauche de Cauchy-Green :

et ensuite les déformations de Green-Lagrange et Euler-Almansi :

3.1.4 Interprétation des composantes des tenseurs de déformations


Afin d’interpréter physiquement les composantes des tenseurs de déformation E et e, nous allons considérer des
 
vecteurs matériels particuliers. Tout d’abord, considérons que les deux vecteurs dX 1 et dX 2 sont identiques et
   
notés dX . Après déformation, ce vecteur se trouvera en dx  dx 1  dx 2 . La relation (3.27) donne :
(3.33)

6
 
Après avoir décomposé les vecteurs dX et dx selon leurs normes et leurs orientations, on obtient:
(3.34)
On peut alors simplifier (3.33) en :
(3.35)
 
En considérant en particulier, un vecteur N selon l’axe e1 , le membre de droite de l’´equation ci-dessus est
simplement E 11 car :

(3.36)

Les éléments diagonaux du tenseur E donnent donc les changements relatifs de longueur, au sens du premier
membre de (3.35), de vecteurs élémentaires initialement dirigés selon les axes.
Concernant l’interprétation du tenseur de Euler-Almansi, on obtient :

(3.37)

Les termes diagonaux du tenseur e sont donc les changements relatifs de longueur de vecteurs élémentaires
actuellement dirigés selon les axes.

Exemple 3.5_Interprétation physique des tenseurs déformation Revenons à la transformation de l’exemple


3.1. Les déformations à l’instant t = 1 ont été obtenues dans l’exemple 3.3. On note que la composante
E 11 est nulle. Cela indique qu’un vecteur
élémentaire placé selon l’axe 1 dans la configuration initiale ne voit pas sa taille évoluer.
 
Ceci est en accord avec le vecteur F . e1 obtenu dans l’exemple 3.3 qui est bien de même norme que e 1 .

La composante E 22 vaut elle 7/4. Ceci est cohérent car un vecteur initialement selon e 2 et de norme dl = 1

devient le vecteur F. e 2  [1.5 .5]T de norme 3 / 2 et on a bien :

Nous venons d’interpréter les termes diagonaux des tenseurs E et e comme la mesure des changements de
longueur des vecteurs élémentaires initialement ou actuellement dirigés selon les vecteurs de base. Quant aux
termes non diagonaux, ils peuvent s’interpréter comme des changements d’angle. Considérons deux vecteurs
  
dX 1 et dX 2 initialement orthogonaux. Après déformation, ces deux vecteurs ferons un angle   où  est la
2
 
réduction d’angle entre les deux vecteurs. En décomposant les vecteurs dX 1 et dX 2 selon leurs normes et
leurs directions :
(3.38)

la relation (3.27) devient :

(3.39)
   
Si les deux vecteurs N 1 et N 2 représentent les deux vecteurs de base: e 1 et e 2 on obtient :

(3.40)

7
La composante E 12 du tenseur E est donc liée au changement d’angle que vont subir deux vecteurs
 
élémentaires initialement placés selon les vecteurs de base e 1 et e 2 . Considérons maintenant deux vecteurs
 
élémentaires de 1 et de 2 actuellement orthogonaux. Avant déformation, ces deux vecteurs formaient un angle

que nous noterons   ' . La relation (3.29) devient :
2
(3.41)

où on a utilisé la décomposition :
(3.42)

La composante e 12 du tenseur e est donc liée au changement d’angle qu’ont subi deux vecteurs élémentaires
 
actuellement dirigés selon les vecteurs de base e 1 et e 2 . La différence entre les angles  et  ' est illustrée
sur la figure 3.4. Finalement, notons bien que les deux tenseurs de déformation précédents ne sont pas
indépendants. Ils sont reliés l’un à l’autre par les relations :

(3.43)

3.1.5 Décomposition polaire


Nous avons vu dans la section précédente le rôle primordial joué par le tenseur F dans la définition des
tenseurs de déformation. Ce tenseur fait passer un vecteur

Figure 3.4 – Interprétation des déformations


 
élémentaire dX de la configuration initiale à un vecteur dx de la configuration actuelle. Ce passage peut être
décomposé en une opération dite d’extension suivie d’une opération de rotation. Cette terminologie deviendra
claire dans la suite.
D’un point de vue purement mathématique, on peut montrer que tout tenseur d’ordre deux peut s’´ecrire
comme le produit d’un tenseur orthogonal R et d’un tenseur symétrique U :
(3.44)

Dans une déformation générale du milieu continu, la décomposition ci-dessus diffère en chaque point X et à
chaque instant. On devrait donc écrire pour être précis :
(3.45)

Remarque_ Dans le cas particulier d’une transformation rigide, le tenseur R est le même pour tous les
points matériels du corps (rotation d’ensemble) et le tenseur U est l’identité. Donc (3.45) devient :
(3.46)

8
Pour obtenir les tenseurs R et U à partir du tenseur F , partons du tenseur droit de Cauchy-Green :
(3.47)

Le tenseur U est donc la racine carrée du tenseur C . Pour prendre la racine d’un tenseur, il faut l’écrire sous
une forme dire propre :

(3.48)


Les 2 et N  sont respectivement les valeurs propres et vecteurs propres de C . Le tenseur U s’écrit alors
en prenant la racine carrée des valeurs propres (on choisit les racines carrées positives  > 0) :

(3.49)

Finalement : (3.50)

Exemple 3.6- Décomposition polaire Soit la transformation suivante :


Pour X  [0 0] T et t  1 , le gradient de la transformation et le tenseur droit de Cauchy-Green s’écrivent :

Les extensions 1 et  2 sont les valeurs propres et vecteurs propres donnés par :

1
Finalement, en utilisant (3.59) et R  F .U , le tenseur d’extension et de rotation sont donnés par :

Interprétons maintenant la décomposition :


(3.51)

Le tenseur U réalise une extension de dX et une rotation R est ensuite appliquée.
 
Soient dX  ,   1;2;3 , les composantes de dX dans la base propre N  ,   1;2;3 :

(3.52)

L’application de U donne :

(3.53)

9
 
Les composantes de dX sont donc multipliées (étendues) par les coefficients  . Si le vecteur dX coïncide

avec l’un des vecteurs de base, N  , il préservera sa direction suite à l’application de U , pour devenir
 
 N  . Avec l’application de R , il tournera pour devenir un vecteur noté  n sur la figure 3.5. Ceci
s’exprime mathématiquement comme suit :
(3.54)
 
Les vecteurs N  et n ,   1;2;3 , forment des trièdres propres matériels et spatiaux, respectivement. Le
tenseur U est un tenseur matériel et R , tout comme F , un tenseur deux-points. Notons qu’il est également
possible de décomposer F en terme du même tenseur de rotation suivi d’un tenseur d’extension dans la
configuration spatiale noté V
(3.55)

Figure 3.5 – Décomposition polaire

Les tenseurs de déformation s’expriment selon les tenseurs U et V comme suit :

(3.56)

Etant donnés que les bases propres des tenseurs U et E sont identiques ainsi que les bases propres des
tenseurs V et e , on peut également écrire :

(3.57)

3.1.6 Changement de volume


Un élément de volume dV de la configuration de référence se transforme en un élément dv dans la
configuration actuelle. Le Jacobien de la transformation J  det F donne le changement de volume :
(3.58)
Le Jacobien de la transformation est utile pour la transformation des intégrales de volume de la configuration
actuelle vers la configuration de référence :
(3.59)

10
3.1.7 Changement de surface  
Considérons un élément de surface dans la configuration initiale dA  dAN qui, après déformation, devient
 
da  dan -voir figure 3.3. Afin d’obtenir une relation entre ces deux vecteurs, considérons le vecteur matériel
 
dL qui après déformation devient d l . Les volumes initiaux et actuels sont :
(3.60)

 
Par (3.58) et le fait que d l  FdL , nous pouvons écrire :
(3.61)

La relation (3.61) devant être vérifiée pour tout dL , il vient :
(3.62)

qui exprime la relation entre l’aire (et l’orientation) d’un petit élément de surface après et avant déformation
en fonction du gradient de la transformation F .
3.1.8 Taux de déformation
Jusqu’ici nous avons introduit deux mesures de déformations dans les configurations initiale et actuelle. Il
nous reste à introduire la vitesse de ces déformations appelée taux de déformation. Le tenseur taux de

déformation (matériel) est la dérivée particulaire du tenseur de déformation de Green-Lagrange, soit E . Ce
tenseur donne, pour une particule donnée, le taux de variation de sa déformation au cours du temps. C’est
clairement une quantité lagrangienne.

De même, nous introduirons le tenseur taux de déformation spatial noté D . Celui-ci est relié à E par la même
relation (3.43) que reliait e à E :
(3.63)

Le tableau ci-dessous reprend les tenseurs de déformation et leur taux. Sur la base de la relation (3.63), on
peut dégager l’expression du tenseur taux de déformation spatial en terme des vitesses :

(3.64)

Il est à noter que cette relation est linéaire par rapport à la vitesse.
matériel (lagrangien) spatial (eulérien)
Tenseur de déformation E e

Tenseur taux de déformation D
E

3.3 Déformations en petites perturbations


3.3.1 Formulation de l’hypothèse des petites perturbations
Les outils mathématiques pour décrire des déformations quelconques entre un domaine de référence V et un
domaine actuel v viennent d’être introduits. Cette déformation peut être faible ou énorme (crash de voiture par
exemple). Il faut bien comprendre que les déformations de Green-Lagrange et Euler-Almansi dependent
des déplacements de manière non-linéaire. En effet, reprenons la définition du tenseur de Green-Lagrange :
(3.65)

Le gradient de la transformation F peut s’exprimer en fonction du gradient des déplacements en utilisant (3.4):

(3.66)

et donc E s’écrit : (3.67)

qui est une expression non-linéaire (quadratique) des déplacements.


11
3.3.1 Simplification des résultats en petites perturbations
Déduisons maintenant les conséquences de l’hypothèse des petites perturbations sur la description de la
cinématique. Cette dernière permet de négliger le terme quadratique dans l’expression de Green-Lagrange
(3.67). Il reste :

(3.68)

Le membre de droite est le tenseur des déformations en petites perturbations, noté : 

(3.69)

Le tenseur de déformation d’Euler-Almansi se confond également, au premier ordre, avec le tenseur de


déformation  issu de l’hypothèse des petites perturbations. On a en effet :

(3.70)

(3.71)

(3.72)

Pour passer de (3.70) à (3.71), nous nous servons du résultat (1  x ) 1  1  x pour x petit devant 1 .En
conclusion, dans l’hypothèse HPP , nous avons :
(3.73)

Exemple 3.7- Tenseur des déformations en petites perturbations Calculons les déformations de Green-
Lagrange, Euler-Almansi et celles des petites perturbations pour la transformation de l’exemple 3.1 et
montrons que ces trois tenseurs coïncident lorsque la déformation est petite. On a :

donc :

  
Concernant  , la transformation x  ( X, t ) conduit aux déplacements :

Les tenseurs du gradient du déplacement et des déformations sont :

On vérifie bien que lorsque la déformation est faible, i.e. t  1 , les trois tenseurs E , e et  coïncident.

12
Nous avions interprété les composantes du tenseur de Green-Lagrange dans la section 3.1.4 Reprenons cette
interprétation `a la lumière de l’hypothèse HPP.
Introduisons la notation  qui représente l’allongement relatif du segment dL :
(3.73)

L’équation (3.44) s'écrit maintenant :


(3.74)

Utilisons maintenant l’hypothèse des petites perturbations : le terme en  2 peut être négligé devant  et on
peut remplacer E par  . On a :
(3.75)

Les composantes diagonales du tenseur des déformations en petites perturbations sont donc les allongements
relatifs des vecteurs élémentaires dirigés selon les axes. Il est intéressant de comparer (3.75) et (3.35). On note
que dl  dL est le développement au premier ordre de dl  dL puisqu'en effet :
2 2

dL dL2

(3.76)

Concernant les termes hors-diagonale, partons de l’expression (3.39) et posons :

(3.77)

On obtient :

(3.78)

Soit, au premier ordre :

(3.79)

 
Choisissons les deux vecteurs N 1 et N 2 comme deux vecteurs de base, par exemple le premier et le second
vecteur de base. Il vient alors :

(3.80)

Les termes hors-diagonaux du tenseur des déformations en petites perturbations sont donc directement la
moiti´e de la réduction d’angle entre les vecteurs de base.
Il est intéressant de comparer (3.80) et (3.40). Que devient la décomposition polaire dans le cadre de
l’hypothèse HPP? Pour rappel, la décomposition polaire du gradient de la transformation revient à écrire :
(3.81)

ou (3.82)

Partons de l’expression (3.66) de F pour écrire :

(3.83)

Nous retrouvons le tenseur des déformations en HPP  et nous définissons un tenseur  . Ce tenseur est
antisymétrique et est appelé le tenseur de rotation en HPP. Vu les hypothèses HPP, on peut écrire :
(3.84)

13
En comparant avec (3.81) et (3.82), on voit qu’en HPP :
(3.85)
Voici l’expression générale d’une transformation rigide dans l’hypothèse des petites perturbations :
(3.86)

Où C(t) est le mode de translation rigide. La déformation associée est nulle :

(3.87)

puisque le tenseur de rotation  est antisymétrique sous l’hypothèse des petites perturbations. Il est ici
important de comparer les modes rigides du cas général (3.21), et du cas HPP (3.86). La matrice R
caractérisant la rotation est orthogonale dans le cas général alors que, I   n’est orthogonal qu’au premier
ordre. En effet, en se servant de l’antisymétrie de  :
(3.88)

Notons que (3.86) peut aussi s’´ecrire :


(3.89)

où le vecteur de rotation  reprend les composantes non-nulles du tenseur antisymétrique  .
Enfin, dans le cadre de l’hypothèse des petites perturbations, le changement de volume est donné par :
(3.90)

On peut, dans le cadre de l’hypothèse des petites perturbations, confondre les variables d’Euler (x, t) et celles

de Lagrange (X, t) pour le calcul d’une fonction et de ses dérivées. Les deux écritures suivantes sont donc
identiques :

(3.91)

(3.92)

Une conséquence importante est que l’´ecriture des équations et des conditions aux limites peut s’effectuer
directement sur la configuration de référence. Dans le cadre des petites perturbations, les configurations
initiale et actuelle sont considérées confondues.

3.3.2 Conditions de compatibilité des déformations


La relation déformation-déplacement s’écrit en HPP :

(3.93)

En notation indicielle, cela s’écrit :


(3.94)

A tout champ de déplacement, on peut faire correspondre un champ de déformation HPP par (3.75). Par
contre, existe-t-il pour un champ de déformation quelconque, un champ de déplacement associé ? La réponse
est non en général. Pour que la réponse soit positive, il faut que les déformations vérifient des équations dites
de compatibilité, au nombre de six, en comptant les permutations :

(3.95)

14
3.4 Directions principales des déformations et cercle de Mohr
Le tenseur des déformations  étant un tenseur symétrique d’ordre deux, nous savons, d’après la sous-section
2.4.3 (chapitre précédent), qu’il existe une base privilégiée dite base propre ou base principale dans laquelle
les composantes de ce tenseur forme une matrice diagonale. Cette base propre est orthonormée et sera notée
  
(e I , e II , e III ) :

(3.96)


Pour calculer l’allongement relatif  du vecteur eI lors de la déformation, on se sert de la formule (3.75) :

(3.97)

Les valeurs propres  I ,  II et  III représentent donc les allongements relatifs de segments élémentaires
placés dans les trois directions de la base propre. Calculons maintenant la variation d’angle entre deux
vecteurs de la base propre lors de la déformation par la formule (3.79) :
(3.98)

Les vecteurs de base restent donc orthogonaux entre eux lors de la déformation. La base propre du tenseur des
déformations HPP est une base orthonormée qui reste orthogonale lors de la déformation mais pas
nécessairement orthonormée car les vecteurs de base peuvent s’allonger ou se rétrécir. Pour illustrer cette
propriété de la base propre des déformations, considérons un bloc en caoutchouc sur la surface duquel a été
gravé un réseau orthogonal. Si cette surface est libre d’effort lors de la déformation, on peut montrer que la

normale à cette surface est un des vecteurs propre que l’on notera e III . Si, lors de la déformation, le réseau

gravé reste orthogonal, cela indique que ce réseau ´était orienté selon les deux autres vecteurs propres e I et

e II . Si, par contre, le réseau perd son orthogonalité, le réseau n’était pas aligné selon la base propre. Etudions

ceci quantitativement. Donnons-nous un vecteur l sur la surface qui fait un angle  avec le premier vecteur de
  
base propre e I à l’image de ce qu’indique la figure 3.6. Prenons un second vecteur t orthogonal à l et tel
 
que ( t , l , e III ) forme une base directe :

(3.99)

Figure 3.6– Directions


 principales
L’allongement relatif selon n se calcule par :

(3.100)

 
De même, la réduction d’angle entre les vecteurs n et t se calcule par :

(3.101)

 (   II )  (   II )
Le point  l ,  / 2) parcourt un cercle de centre  I ,0  et de rayon I . Lorsque l’angle  varie
 2  2
de 0 à  , le point décrit complètement le cercle, comme indiqué sur la figure 3.7. Les directions angulaires
pour lesquelles les distorsions angulaires sont extrémales sont    / 4 et   3 / 4 . Ces directions
correspondent aux bissectrices des directions principales.
15
Figure 3.7 – Cercle de Mohr

3.5 Dépouillement d’une rosette en extensométrie


Pour connaitre les déformations dans le plan d’une surface qui se déforme, on peut coller une rosette sur cette
surface. Une rosette, constituée de trois jauges de déformation, mesure les allongements relatifs dans trois
directions différentes du plan, soit à 45° pour les rosettes dites à 45°, ou à 60° pour les rosettes dites à 60°
comme décrit sur la figure 3.8.

Figure 3.8 – Rosettes


Une jauge de déformation, comme celle de la figure
3.9, peut être assimilée à une résistance métallique
constituée d’un fil rectiligne très fin que l’on colle sur
la surface de la structure étudiée. On transmet ainsi
au fil les déformations de la structure, ce qui induit
une variation de sa longueur et une variation de sa
résistance. Cette variation est mesurée à l’aide d’un
pont de Wheatstone. On peut ainsi obtenir avec
précision l’allongement relatif  x dans la direction
x de la jauge. A partir de  a ,  b et  c , il est possible
de trouver les déformations propres Figure 3.9 – Jauge de déformation

et les vecteurs propres dans le plan. Notons a , l’angle que fait la jauge dans la direction a par rapport au
 
vecteur propre (inconnu) e I : l’allongement relatif  a dans la direction a est donné par (3.100) :

(3.102)

De même, si  est l’angle de la rosette, on a :

(3.103)

 I   II    II
Pour résoudre ces trois équations à trois inconnues, on posera d  et r  I .
2 2
Pour la rosette à 45°, on a :
16
(3.104)

d’où l’on extrait :

(3.105)

Concernant la rosette à 60°, on a :

(3.106)

et, par conséquent :

(3.107)

Enfin, à partir de d et r, on obtient :


(3.108)

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