Cours Fonctions Vectorielles 1
Cours Fonctions Vectorielles 1
Cours Fonctions Vectorielles 1
Plan du chapitre
I - Dérivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 2
1) Dérivabilité en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2
1-a) Vecteur dérivé. Développement limité d’ordre 1 en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 2
1-b) Dérivée à droite, dérivée à gauche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 3
1-c) Lien avec la dérivabilité des coordonnées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 3
2) Fonctions dérivables sur un intervalle, fonctions de classe C1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4
3) Opérations sur les fonctions dérivables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4
3-a) Dérivée d’une combinaison linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4
3-b) Dérivée de u ◦ f où u est linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 4
3-c) Dérivée de B(f, g) où B est bilinéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 5
3-d) Dérivée d’une composée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
3-e) Dérivée de t 7→ etA ou t 7→ eta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
4) Applications de classe Ck . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 6
II - Intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 8
1) Intégration d’une fonction vectorielle sur un segment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 8
2) Sommes de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .page 9
3) Propriétés de l’intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9
3-a) Relation de Chasles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 9
3-b) Linéarité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10
3-c) Inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 10
4) Primitives. Intégrale fonction de la borne supérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11
5) Formules de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 11
III - Suites et séries de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . page 12
I - Dérivation
1) Dérivabilité en un point
a) Vecteur dérivé. Développement limité en un point
Définition 1. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un espace normé (E, k k) de dimension
finie. Soit a un point de I.
1
f est dérivable en a si et seulement si la fonction T : t 7→ (f(t) − f (a)) a une limite dans l’espace normé
t−a
(E, k k) quand t tend vers a.
1
Si f est dérivable en a, lim (f(t) − f (a)) s’appelle le vecteur dérivé de l’application f en a et se note f ′ (a) ou
t→a t − a
df
(a) ou Df(a).
dt
Commentaire. Dans le cas où t « est » le temps, on pense f(t) comme un point de E en mouvement et on le note plutôt
M(t) (interprétation cinématique). Le vecteur dérivé en a est alors le vecteur vitesse instantanée en a et se note plutôt
−−→
dM
(a) :
dt
−−→
dM 1
(a) = lim (M(t) − M(a)).
dt t→a t − a
Définition 2. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un espace normé (E, k k) de dimension
finie. Soit a un point de I.
f admet un développement limité d’ordre 1 en a si et seulement si il existe un élément ℓ de E et une fonction ε définie
sur un voisinage de 0 à valeurs dans E tels que, pour t au voisinage de 0,
1
L’expression tε(t) peut encore se noter o(t). Par définition, lim o(t) = 0. On dit alors que la fonction vectorielle o(t)
t→0 t
est négligeable devant t en 0 ce qui signifie encore que ko(t)k est négligeable devant t quand t tend vers 0.
o est l’initiale de « ordre de grandeur » et le fait que la lettre o soit minuscule est censé signifier que l’ordre de grandeur
de la fonction de t notée o(t) = f(a + t) − f(a) − tℓ, est strictement plus petit que l’ordre de grandeur de t quand t tend
vers 0.
On doit avoir conscience que t est un réel et que ε(t) ou o(t) sont des vecteurs éléments de E.
En changeant les notations, un développement limité d’ordre 1 en a s’écrit aussi f(t) = f(a) + (t − a)ℓ + o(t − a).
t→a
Dans ce cas, o(t − a) désigne une fonction de t négligeable devant t − a quand t tend vers a.
Dans l’égalité ci-dessus, f(t) ou f(a) sont pensés comme des points de E, alors que ℓ ou o(t − a) sont pensés comme des
vecteurs éléments de E. On pourrait aussi écrire :
→ −−−−−→
−
f(t) = f(a) + (t − a) ℓ + o(t − a).
t→a
−
→ −−−−−→
Le vecteur (t − a) ℓ est une approximation à l’ordre 1 du vecteur f(t) − f(a) = f(a)f(t) quand t tend vers a.
Théorème 1. Un développement limité d’ordre 1 est unique en cas d’existence (plus précisément, ℓ est unique en cas
d’existence).
f admet un développement limité d’ordre 1 en a si et seulement si f est dérivable en a.
Si f est dérivable en a, le développement limité d’ordre 1 de f en a est
cos t
Par exemple, considérons la fonction f définie sur R à valeurs dans M2,1 (R), définie par : ∀t ∈ R, f(t) = .
sin t
f admet un développement limité d’ordre 1 en 0 :
−−→
1 0
f(t) = +t + o(t).
t→0 0 1
Définition 3. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un espace normé (E, k k) de dimension
finie. Soit a un point de I.
1
f est dérivable à droite (resp. à gauche) en a si et seulement si la fonction T : t 7→ (f(t) − f (a)) a une limite
t−a
dans l’espace normé (E, k k) quand t tend vers a par valeurs supérieures (resp. inférieures).
1 1
Si f est dérivable à droite en a (resp. à gauche), limt→a (f(t) − f (a)) (resp. limt→a (f(t) − f (a))) s’appelle
t>a t − a t<a t − a
le vecteur dérivé à droite (resp. à gauche) de l’application f en a et se note fd (a) (resp. fg′ (a)).
′
On a immédiatement
Théorème 3. f est dérivable en a si et seulement si f est dérivable à droite et à gauche en a et fd′ (a) = fg′ (a).
Dans ce cas, f ′ (a) = fd′ (a) = fg′ (a).
Théorème 4. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un espace normé (E, k k) de dimension
finie. Soit a un point de I. Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E. Pour t ∈ I, on pose
Par exemple, l’application A : R → M2√(R) est dérivable en chaque point de R car chacune des quatre
cos t t2 + 1
t → 7
e2t 1
√ 2t
2
fonctions t 7→ cos t, t 7→ t + 1, t 7→ e et t 7→ 1 l’est et de plus, en pout réel t0 ,
q !
− sin t t / t 2+1
A ′ (t0 ) = 0 0 0 .
2e2t0 0
De manière générale, une application du type A : t 7→ (ai,j (t))16i,j6n est dérivable sur un intervalle I de R si et seulement
si chaque application t 7→ ai,j (t) est dérivable sur I et de plus, pour tout t de I, A ′ (t) = ai,j
′
(t) 16i,j6n .
(λf + µg) ′ = λf ′ + µg ′ .
• D 1 (I, E) est un sous-espace vectoriel de l’espace EI , +, . .
Démonstration.
2
• Soient (f, g) ∈ D 1 (I, E) et (λ, µ) ∈ K2 . Pour tout a de I et tout t de I \ {a},
1 1 1
((λfµg)(t) − (λf + µg)(a)) = λ (f(t) − f(a)) + µ (g(t) − g(a)).
t−a t−a t−a
1
Donc, ((λfµg)(t)−(λf+µg)(a)) tend vers λf ′ (a)+µg ′ (a) quand t tend vers a. Ceci montre que λf+µg est dérivable
t−a
en tout a de i et donc est dérivable sur I et que (λf + µg) ′ = λf ′ + µg ′ .
• La fonction nulle est dans D 1 (I, E) et D 1 (I, E)est stable par combinaison linéaire d’après ce qui précède. Donc, D 1 (I, E)
est un sous-espace vectoriel de l’espace EI , +, . .
1 1
((B(f, g))(t) − (B(f, g))(a)) = (B(f(t), g(t)) − B(f(a), g(a)))
t−a t−a
1 1
= [B(f(t), g(t)) − B(f(a), g(t))] + [B(f(a), g(t)) − B(f(a), g(a))]
t−a t−a
1 1
=B (f(t) − f(a), g(t)) + B f(a), (g(t) − g(a)) (∗).
t−a t−a
g est dérivable sur I et en particulier continue en a. Donc, g(t) tend vers g(a) quand t tend vers a. D’autre part, E1 et
E2 sont de dimension finie et on sait alors que B est continue sur E1 × E2 . Quand t tend vers a, l’expression (∗) tend vers
B(f ′ (a), g(a)) + B(f(a), g ′ (a)) ce qui démontre le résultat.
On retrouve en particulier la dérivée d’un déterminant : si pour x ∈ I, ∆(x) = det (ai,j (x))16i,j6n = det (C1 (x), . . . , Cn (x))
(où C1 , . . . , Cn , sont les colonnes de la matrice), alors pour tout x de I,
Démonstration. On munit Mn (K) d’une norme sous-multiplicative k k (voir chapitre « Suites et séries de matrices »,
théorème 1, page 3). Soit t0 ∈ R. Pour t ∈ R \ {t0 },
1 tA t0 A
t0 A
1
t0 A (t−t0 )A
e − e − Ae = e e − I − (t − t ) A
0
t − t0
|t − t0 |
+∞ p
t AX
1 (t − t0 ) p
=
e 0 A
|t − t0 |
p!
p=2
+∞
1
t A
X |t − t0 |p
6
e 0
kAkp
|t − t0 | p!
p=2
t A
1 hkAk
= e
0
h e − 1 − hkAk (en posant h = |t − t0 |).
1 hkAk
− 1 − hkAk tend vers 0 (car par exemple, ehkAk = 1 + hkAk + o(h)).
Quand t tend vers t0 , h tend vers 0 puis e
h h→0
1 tA t0 A
t0 A
On en déduit que e −e − Ae tend vers 0 quand t tend vers t0 ce qui démontre le résultat.
t − t0
La démonstration est analogue pour un endomorphisme a d’un espace de dimension finie.
4) Applications de classe Ck
Définition 5. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé (E, k k)
de dimension finie.
f est de classe C1 sur I si et seulement si f est dérivable sur I et f ′ est continue sur I. On note C1 (I, E) l’ensemble des
fonctions de classe C1 sur I à valeurs dans E.
On a immédiatement
Théorème 11. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé (E, k k)
de dimension finie. Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E. Pour tout t de I, on pose f(t) = f1 (t)e1 + . . . + fn (t)en .
f est de classe C1 sur I si et seulement si chaque fk , 1 6 k 6 n, est de classe C1 sur I.
Ensuite,
Théorème 12. Soit (E, k k) un K-espace vectoriel normé de dimension finie.
C1 (I, E) est un sous-espace vectoriel de l’espace vectoriel (D1 (I, E), +, .).
Ainsi, C1 (I, E) ⊂ D1 (I, E) ⊂ C0 (I, E). Rappelons des exemples fournis en maths sup montrant que ces inclusions sont
strictes dans le cas de fonctions de R dans R.
◦
La fonction fa : x 7→ |x − a|, a ∈ R, fournit un exemple de fonction continue sur un intervalle I tel que a ∈ I, à valeurs
dans R ou C, qui n’est pas dérivable sur I. Si maintenant, E est un K-espace vectoriel de dimension finie et (e1 , . . . , en )
est une base de E, la fonction f : x 7→ |x − a|e1 fournit un exemple de fonction continue sur I et non dérivable sur I à
valeurs dans E. Donc, D1 (I, E) ⊂ C0 (I, E).
6=
1
x2 sin si x 6= 0
Considérons la fonction g : x 7→ x . Cette fonction est continue en 0 et donc sur R car pour tout
0 si x = 0
1
x 6= 0, |g(x)| 6 x2 . Cette fonction est dérivable en 0 et g ′ (0) = 0 (car g(x) = x × x sin = o(x)) et finalement
x→0 x x→0
dérivable sur R :
1 1
2x sin − cos si x 6= 0
∀x ∈ R, g ′ (x) = x x .
0 si x = 0
Enfin, g ′ n’est pas continue en 0 car n’a pas de limite en 0 et donc g n’est pas de classe C1 sur R. En procédant comme
précédemment, on en déduit un exemple de fonction de I dans E qui dérivable sur I sans être de classe C1 sur I. Finalement,
Soit alors une fonction f de classe C1 sur I à valeurs dans E. La fonction f ′ est définie et continue sur I. Si la fonction f ′
est dérivable sur I, on dit que f est deux fois dérivable sur I et sa dérivée seconde est la dérivée de sa dérivée première :
′
f ′′ = (f ′ ) . Si de plus, la dérivée seconde est continue sur I, on dit que f est de classe C2 sur I. Plus généralement, on
définit par récurrence les dérivées successives de f en cas d’existence :
Définition 6. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé (E, k k)
de dimension finie.
Pour tout n > 2, f est n fois dérivable sur I si et seulement si f est n − 1 fois dérivable sur I et la dérivée n − 1 ème
de f est dérivable sur I.
En cas d’existence, la dérivée n ème de f est la dérivée de la dérivée n − 1-ème de f :
′
f(0) = f et ∀n ∈ N∗ , f(n) = f(n−1) .
Notation. Pour n ∈ N∗ , l’ensemble des fonctions n fois dérivables sur I à valeurs dans E se note Dn (I, E). ❏
On obtient facilement :
Théorème 13. Soit I un intervalle de R puis (E, k k) un K-espace vectoriel normé de dimension finie.
1) Soient f et g deux fonctions définies sur I à valeurs dans E et soit n ∈ N∗ . Si f et g sont n fois dérivables sur I,
alors pour tout (λ, µ) ∈ K2 , λf + µg est n fois dérivable sur I et de plus
Par définition, quand f est n fois dérivable sur I, f(n−1) est dérivable sur I et en particulier continue sur I. Par contre,
f(n) n’est pas nécessairement continue sur I. D’où la définition :
Définition 7. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé (E, k k)
de dimension finie.
f est de classe Cn sur I si et seulement si f est n fois dérivable sur I et f(n) est continue sur I.
Théorème 14. ∀n ∈ N, Cn (I, E) est un sous-espace vectoriel de Dn+1 (I, E), +, . et ∀n ∈ N∗ , Dn (I, E) est un
Définition 8. Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé (E, k k)
de dimension finie.
f est de classe C∞ sur I si et seulement si pour tout n ∈ N∗ , f est n fois dérivable sur I.
Notation. L’ensemble des fonctions de classe C∞ sur I à valeurs dans E se note C∞ (I, E). ❏
On a immédiatement
Théorème 15.
\ \
C∞ (I, E) = Dn (I, E) = Cn (I, E).
n∈N∗ n∈N
∗
∀n ∈ N , C (I, E) est un sous-espace vectoriel de (Dn (I, E), +, .) et ∀n ∈ N, C∞ (I, E) est un sous-espace vectoriel de
∞
ou aussi
II - Intégration
1) Intégration d’une fonction vectorielle sur un segment
On définit l’intégrale d’une fonction continue sur un segment [a, b] de R à valeurs dans un espace vectoriel normé de
dimension finie E à partir des intégrales sur [a, b] fonctions coordonnées dans une base fixée. Mais, on doit d’abord
prendre quelques précautions :
Théorème 16. Soient [a, b] un segment de R et (E, k k) un K-espace vectoriel normé de dimension finie. Soient
B = (e1 , . . . , en ) et B ′ = (e1′ , . . . , en′ ) deux bases de E.
n
X n
X
Soit f une fonction continue sur [a, b] à valeurs dans E. Pour t ∈ [a, b], on pose f(t) = xi (t)ei = yi (t)ei′ où les
i=1 i=1
xi et les yi , 1 6 i 6 n, sont des fonctions de [a, b] dans K. Alors,
Xn Zb !
Xn Zb !
xi (t) dt ei = yi (t) dt ei′ .
i=1 a i=1 a
n
X
Démonstration. Soit P = (pi,j )16i,j6n la matrice de passage de B à B ′ . On a donc ∀j ∈ J1, nK, ej′ = pi,j ei et d’autre
i=1
n
X
part, on sait que ∀i ∈ J1, nK, xi = pi,j yj . Par suite,
i=1
n
X n
X Zb ! ! n Zb
X n
X
!
= pi,j yj (t) dt ei = yj (t) dt pi,j ei
j=1 i=1 a j=1 a i=1
n
X Zb !
= yj (t) dt ej′
j=1 a
2) Sommes de Riemann
On se donne une application f définie et continue sur un segment [a, b] de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé
b−a
de dimension finie (E, k k). Pour n ∈ N∗ puis k ∈ J0, nK, on pose tk = a + k . (t0 , . . . , tn ) est une subdivision du
n
b−a
segment [a, b] à pas contant : a = t0 < t1 . . . < tn = b et pour tout k ∈ J0, n − 1K, tk+1 − tk = .
n
On définit alors la somme de Riemann à pas constant :
n−1
X n−1
b−a X
b−a
Sn (f) = (tk+1 − tk ) f (tk ) = f a+k .
n n
k=0 k=0
En appliquant le résultat déjà connu pour les fonctions à valeurs dans R ou C aux fonctions coordonnées de f dans une
base donnée, on obtient immédiatement
Zb
Théorème 17. La suite (Sn (f))n∈N∗ converge dans (E, k k) et lim Sn (f) = f(t) dt.
n→+∞ a
3) Propriétés de l’intégrale
a) Relation de Chasles
Si f est définie et continue sur un segment [a, b] a 6 b, de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé de dimension
Za Zb
finie (E, k k), on pose par convention f(t) dt = − f(t) dt. En appliquant aux fonctions coordonnées de f dans une
b a
base donnée, le résultat déjà connu pour les fonctions à valeurs dans R ou C, on obtient
b) Linéarité
Toujours à partir du résultat connu pour les fonctions à valeurs dans R ou C, on obtient immédiatement
Théorème 19. (linéarité de l’intégrale)
Soient f et g deux applications définies et continues sur un intervalle I de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé
de dimension finie (E, k k).
Zb Zb Zb
Pour tout (a, b) ∈ I2 et tout (λ, µ) ∈ K2 , (λf(t) + µg(t)) dt = λ f(t) dt + µ g(t) dt.
a a a
c) Inégalités
Théorème 20. Soit f une application définie et continue sur un segment [a, b] de R à valeurs dans un K-espace
vectoriel normé de dimension finie (E, k k).
Z
Z
b
b
Alors,
f(t) dt
6 kf(t)k dt.
a
a
n−1
∗ b−a X b−a
Démonstration. Pour n ∈ N , on pose Sn (f) = f (tk ) où pour tout k ∈ J0, nK, tk = a + k . D’après
n n
k=0
l’inégalité triangulaire,
n−1
∗ b−a X
∀n ∈ N , kSn (f)k 6 kf (tk )k (∗).
n
k=0
Zb
D’après le théorème 17, page 9, lim Sn (f) = f(t) dt ∈ E. De plus, on sait que l’application (E, k k) → (R, | |)
n→=∞ a x 7→ kxk
est continue sur l’espace vectoriel normé (E, k k). Donc,
Z
b
lim kSn (f)k =
f(t) dt
.
n→+∞
a
D’autre part, l’application « k k ◦ f » est continue sur le segment [a, b] à valeurs dans R et donc
n−1 Zb
b−a X
lim kf (tk )k = kf(t)k dt.
n→+∞ n a
k=0
Z
Z
b
b
Quand n tend vers +∞ dans (∗), on obtient
f(t) dt
6 kf(t)k dt.
a
a
Démonstration. Puisque la fonction f est continue sur le segment [a, b], le nombre kfk∞,[a,b] existe dans R. Ensuite,
Z
Z Zb
b
b
f(t) dt
6 kf(t)k dt 6 kfk[a,b] dt = (b − a)kfk[a,b]
∞ .
∞
a
a a
Théorème 22. Soit f une application définie et continue sur un intervalle I de R à valeurs dans un K-espace vectoriel
normé de dimension finie (E, k k).
Zx
1) Soit x0 ∈ I. La fonction F : x 7→ dt est une primitive de la fonction f sur I (c’est-à-dire F est dérivable sur I
x0
et F ′ = f). En particulier, la fonction f admet au moins une primitive sur I.
2) f admet une infinité de primitives sur I. Si F est une primitive de f sur I, les primitives de f sur I sont les fonctions
x 7→ F(x) + C où C est un élément donné de E. Deux primitives données de f sur I diffèrent d’une constante.
3) Pour tout (x0 , y0 ) ∈ I × E, il existe une primitive de f sur I et une seule prenant la valeur y0 en x0 à savoir la
fonction
Zx
x 7→ y0 + f(t) dt.
x0
Zx
En particulier, la fonction F : x 7→ f(t) dt est la primitive de f sur I s’annulant en x0 .
x0
Une conséquence du théorème 22 est que l’intégrale sur un segment d’une fonction continue sur ce segment peut se calculer
à l’aide d’une primitive :
Théorème 23.
1) Soit f une application de classe C1 sur un segment [a, b] de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé de
Zb
dimension finie (E, k k). Alors, f ′ (t) dt = f(b) − f(a).
a
2) Soit f une application définie et continue sur un segment [a, b] de R à valeurs dans un K-espace vectoriel normé de
dimension finie (E, k k).
Zb
b
Alors, f(t) dt = [F(t)]a = F(b) − F(a) où F est une primitive quelconque de la fonction f sur I.
a
On en déduit encore l’inégalité des accroissements finis pour les fonctions de classe C1 sur un intervalle I de R à valeurs
dans un K-espace vectoriel normé de dimension finie (E, k k) :
On commence par la formule de Taylor-Laplace dite formule de Taylor avec reste intégral. Encore une fois, la
généralisation de la formule de maths sup est immédiate en l’appliquant aux « fonctions coordonnées » :
Théorème 25. (formule de Taylor-Laplace)
On en déduit encore la formule de Taylor-Young à l’ordre n en x0 pour les fonctions de classe Cn+1 et on admet sa
généralisation aux fonctions seulement n fois dérivable en x0 :
Théorème 27. (formule de Taylor-Young)
Soit f une fonction définie sur un intervalle I de R et à valeurs dans un K-espace vectoriel normé de dimension finie
(E, k k). Soit x0 ∈ I.
Si f est n fois dérivable en x0 , alors
n
X k
(x − x0 ) (k) n
f(x) = f (x0 ) + o (x − x0 ) ,
x→x0 k!
k=0
n 1 n
où x 7→ o (x − x0 ) est une fonction de I dans E vérifiant lim n o (x − x0 ) = 0 ou encore
x→x0 (x − x0 )
n n
o (x − x0 ) = (x − x0 ) ε(x) avec lim ε(x) = 0.
x→x0
et on dit que la suite de fonctions (fn )n∈N converge simplement vers la fonction f sur I.
Avec des ε, cela donne : la suite de fonctions (fn )n∈N converge simplement vers f sur I si et seulement si
Définition 13. (convergence simple, convergence uniforme, convergence absolue, convergence normale d’une série de
fonctions)
Soient I un intervalle de R et (E, k k) un K-espace vectoriel normé de dimension finie.
Soit (fn )n∈N une suite de fonctions, toutes définies sur I à valeurs dans E et soit f une fonction définie sur I à valeurs
dans E.
1) La série de fonctions de terme général fn , n ∈ N, converge simplement vers f sur I si et seulement si pour tout
+∞
X
t ∈ I, la série de vecteurs de terme général fn (t), n ∈ N, converge vers f(t). Dans ce cas, on pose fn = fn .
n=0
2) La série de fonctions de terme général fn , n ∈ N, converge absolument vers f sur I si et seulement si si pour
tout t ∈ I, la série numérique de terme général kfn (t)k, n ∈ N, converge.
3) La série de fonctions de terme! général fn , n ∈ N, converge unformément vers f sur I si et seulement si la suite
Xn
de fonctions (Sn )n∈N = fk converge uniformément vers f sur I.
k=0 n∈N
4) La série de fonctions de terme général fn , n ∈ N, converge normalement vers f sur I si et seulement si la la série
numérique de terme général kfn k∞ , n ∈ N, converge (où pour tout n ∈ N, kfn k∞ = Sup {kfn (t)k , t ∈ I}).
Commentaire. La convergence absolue mérite d’être détaillée. Quand on généralise cette notion aux fonctions à valeurs
dans un espace normé (E, k k), la valeur absolue | | est remplacée par la norme k k dans E et on parle toujours de
convergence absolue et pas de convergence normale. Il faut bien faire la distinction entre kf(t)k qui est la norme d’un
vecteur f(t) de E (ce qui généralise la valeur absolue dans R ou C) et kfk∞ qui est la norme d’une fonction (bornée sur
I), norme qui permet d’étudier la convergence normale. ❏
Considérons par exemple une fonction matricielle I → Mn (K) . Soit k k une norme sous-multiplicative sur Mn (K).
t 7→ A(t)
1
La convergence absolue de la série de fonctions de terme général t 7→ (A(t))p , p ∈ N, est la convergence de la série
p!
1
p
numérique de terme général
p! (A(t))
, p ∈ N, pour chaque t de I. Cette convergence absolue est assurée par le fait que
1
p
1 p
pour tout t de I et tout p de N,
p! (A(t))
6 p! kA(t)k qui est le terme général d’une série numérique convergente (de
somme kAk).
1
La convergence normale sur I de la série de fonctions de terme général t 7→ (A(t))p , p ∈ N, est la convergence de la
p!
1
série numérique de terme général kA k∞ , p ∈ N, où kA k∞ = Sup {k(A(t))p k , t ∈ I}.
p p
p!
C.U.
C.N. C.S.
C.A.