Bouquin Mil PDF
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Jean-Claude DUHOURCQ
& Antoine MADRIGAL
MOUVEMENT
IBERIQUE
DELIBERATION
Mémoires
de rebelles
EDITIONS CRAS
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N° ISBN : 2-9509192-1-9
Achevé d’imprimer en mai 2007 sur les presses de l’Imprimerie Sacco –
6, impasse Didier-Daurat 31400 Toulouse – Tél. 05 61 34 00 74
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AVANT-PROPOS
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Bonne lecture.
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INTRODUCTION
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DE L’ÉQUIPE THÉORIQUE
ET DES ÉQUIPES OUVRIÈRES,
AUX ÉDITIONS MAYO 37
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GESTATION ET FORMATION
DE L’ÉQUIPE THÉORIQUE
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Au cours de l’année, un deuxième personnage entre en scène :
Ignacio Solé Sugranyes dit « Montes » (parce qu’il est de grande
taille). Il est né en 1950 à Capellades, dans la province de Barce-
lone. Après avoir fréquenté le PCE, le PCE(i), il commence à mili-
ter en 1968 lorsqu’il intègre AC où il rencontre le Petit au cours de
l’été. Le noyau de la future ET se constitue. Montes est aussi à l’ori-
gine de rencontres déterminantes. De 1966 à 1967, il suit les cours
du soir pré-universitaires à l’institut Maragall où il sympathise
avec Salvador Puig Antich et Francisco Xavier Garriga Paituvi.
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Montes présente Francesc Xavier Garriga Paituvi, dit « El
Secretario » (Le Secrétaire), au Petit. Le Secrétaire est né le 31 août
1949 à Santa Maria de Palautordera (Barcelone). Il commence à
militer en 1965 et s’intéresse aux courants les plus radicaux. Il fait
partie entre 1966 et 1969 des FSF. Travaillant comme correcteur
aux éditions Ariel à Esplugas de Llobregat (Barcelone), il participe
aux luttes revendicatives avec les Comisiones obreras de l’entre-
prise. Il est licencié à la suite d’une grève. En 1969, il quitte les
CCOO et, par l’intermédiaire de Montes, qu’il a côtoyé pendant
deux ans aux cours du soir de l’Institut Maragall, il va dès lors faire
partie de l’ET et aurait participé à la mise en marche de la Biblio-
thèque et des éditions Mayo 37. Sa participation au sein de l’ET et
du MIL ne sera pas constante.
El Petit : Quand est sorti un numéro double d’AC sur mai 68 (en
septembre 1969 mais daté de juillet-août 1969), nous avons cru
qu’on y parlerait des situs car ils les connaissaient. C’était un gros
livre contre le spontanéisme de la révolte et son absence de carac-
8 – Ruedo Iberico : Maison d’éditions créée à Paris au début des années 1960
par José Martinez, un exilé politique espagnol et ex-libertaire. Les éditions ces-
seront d’exister en 1978.
9 – LEFEBVRE Henri : Membre du Parti communiste français jusqu’en 1958.
Philosophe et sociologue, auteur de nombreux ouvrages de pensée politique
d’inspiration marxiste.
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Les années 1969 à 1971 sont riches en événements dans la cri-
tique, la distance et la rupture avec les CCOO.
Au sein des entreprises, des courants tentent de retrouver
une certaine autonomie en essayant de se débarrasser des appa-
reils politiques comme le FOC ou le PSUC qui se sont appropriés la
direction des CCOO. Les groupes se font et se défont au fur et à
mesure de l’analyse faite sur le terrain avec parfois des revues et
des textes qui sont des points de repère de cette effervescence à
Barcelone. La revue Metal fondée en 1968, est un des organes de
liaison qui devient le porte-parole de toute l’opposition au PSUC.
Elle est remplacée en février/mars 1969 par ¿ Qué hacer ? qui se
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El Rubio : Les GOA vont naître avec la grève d’Harry Walker. Ils
seront 20 à 30 personnes. Chato et moi n’avons jamais fait partie
des GOA. Plataformas, c’était deux cents personnes dans une dou-
zaine d’entreprises. Avec le Chato, nous participerons jusqu’à la fin
aux Plataformas. Elles vont disparaître en 1975. ■ Entretien avec
Sergi Rosés.
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Henri Simon a bien voulu nous éclairer sur les éditions de cette
période. Il a été membre du groupe Socialisme ou Barbarie (SB)
jusqu’en 1958, puis l’un des animateurs d’ICO jusqu’en 1973 et
actuellement, en 2006, d’Échanges et Mouvement qui publie la
revue Échanges et le bulletin Dans le monde une classe en lutte.
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LES ÉDITIONS
AVANT CELLES DE MAYO 37
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Aurore : Montes disait qu’il était trop grand et donc repérable s’il
participait directement à un atraco (hold-up). Il faisait des repé-
rages, avec la Beth, sa compagne. Il se tenait donc toujours en
retrait des « actions directes » (au moins quand je l’ai connu). Pas
du tout le même caractère que ses frères Oriol et Sancho. Autant
Oriol, c’était le style : je fabrique un projet et j’y pars en tête,
autant Montes c’est : je suis le général et je mourrai dans mon lit,
les autres vont au casse-pipe, moi je sais la stratégie.
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pour faire des éditions. Dans ces réunions, est arrivé le Secrétaire
qui à cette époque voulait éditer des livres de Salgari et il a disparu
très tôt. Je ne l’ai pas revu jusqu’en août 1973 à Toulouse. Je ne
voyais jamais l’aîné (Montes) car je n’acceptais pas des réunions où
il était car la sécurité de son côté laissait à désirer et on m’avait
raconté des histoires à son sujet qui ont fait que je n’avais pas de
relations avec lui.
Ils essayaient de monter une imprimerie à Barcelone, ils avaient
déjà les machines que mon groupe gardait dans le quartier de
Pomar à Badalone. Elles devaient être rendues et je ne sais pas si
elles ont atterri au FAC (Frente d’alliberament de Catalunya). Il y
avait une offset, une machine pour les petites brochures, une
machine à écrire IBM, je ne sais plus pour le reste.
Il y a toujours eu des groupes d’ouvriers avec eux jusqu’à la fin. Le
Rubio et moi-même avec Ferreiro et les jumelles, nous avons main-
tenu une relation suivie. Dans le cas du Rubio et moi, jusqu’à la fin
puisque j’étais avec Santi la veille de son arrestation et je suis
même allé chez lui une semaine après pour nettoyer son apparte-
ment.
El Petit : Une série de groupes divers des quartiers ouvriers,
autour de publications qui leur servaient de porte-voix, devait être
le nouveau réseau non unifié des collectifs ou EO (La Commune
Valles Obrero, groupe Berneri, etc) et seraient contactés. On publie-
rait leurs textes et eux distribueraient notre bibliothèque encore
sans nom. Le noyau ouvrier de Besos était des amis personnels,
totalement inconnus du MIL. Ils me donnaient des informations,
me disaient quelles publications avaient du succès, celles qu’ils
n’étaient pas arrivés à diffuser, ce que disaient ceux de Diaz, ceux
de Loro, etc. Ils avaient pris rendez-vous avec ceux de la publication
Valles obrero pour qu’on leur enlève de la tête leurs a priori léni-
nistes, c’était une réunion informelle, je marquais les adresses
dans mon agenda parce que, dans le Besos, il fallait écrire la rue, le
bloc, le numéro de porte, l’étage, le téléphone au cas où tu te per-
dais, c’était un quartier à moitié urbanisé.
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talisme ? est devenu dans Mayo 37 celui plus clair : ¿ Qué vendrá
después del capitalismo ? et quand Cortade (1000 – Histoire désor-
donnée du MIL) en parle, il retraduit donc Que vendre après le capi-
talisme ? En tout cas, le MIL a vécu une période picaresque lors de
ces publications, mais compréhensible. Pas comparable aux his-
toires de Paris où Pannekoek signe Harper. Castoriadis prend
comme pseudonyme Cardan, Balasz celui de PL Tomori, où Gilles
Dauvé s’appelle Jean Barrot, jusqu’au point où nous ignorons
même comment s’appelait René Lefeuvre (directeur des éditions
Spartacus)… s’il a existé ?
H. Simon : Les Conseils ouvriers de Pannekoek : l’ouvrage a été tra-
duit de l’anglais (il fut écrit directement en cette langue par Pan-
nekoek) en français par un collectif de camarades d’Échanges en
1974 (édition Bélibaste), puis repris plus tard par Spartacus. Mais
des morceaux avaient été publiés antérieurement par diverses
revues. Il est possible que les camarades du MIL aient eu un exem-
plaire de la traduction auparavant car la traduction était prête en
1973 et nous avions démarché différents éditeurs sans succès.
El Petit : Quant à la brochure, Les Conseils ouvriers de Pannekoek,
je suis de l’avis de Henri Simon. Il est probable qu’il soit tiré du
livre de Serge Bricianer puisque la Vieille Taupe s’intéressait seu-
lement au Lénine philosophe, un Spartacus signé Anton Pannekoek
(J. Harper). Quant à Anton Ciliga, le nom n’est pas un pseudo. II
s’agit d’un communiste critique dont la revue Etcetera (14) reproduit
dans le n° 24 (novembre 1994) un chapitre sur la Yougoslavie
d’avant la guerre mondiale (Tito, les oustachis, les stalinistes, etc.),
tiré du livre Après la Russie 1936-1990, paru aux Éditions La
Digitale en 1994. Après son décès, Etcetera, dans le n° 20 de
décembre 1992, a publié une référence bio-bibliographique plus
complète.
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Sancho : Les Éditions ont cessé, non pas pour des raisons finan-
cières mais à cause d’un désintérêt pour continuer. En fin de
compte, si, au lieu d’imprimer les brochures nous-mêmes, nous
les avions confiées à une imprimerie correcte, elles auraient été
bien meilleur marché et beaucoup mieux imprimées. Mais nous
étions comme ça, nous voulions tout faire par nous-mêmes.
Txus : On dédouble l’activité de Mayo 37 avec Union Ouvrière un
groupe et journal de Bordeaux. De là est né le projet de l’édition
d’un journal qu’on a appelé Unión obrera (Union ouvrière) sous-
titré « Para la destrucción del trabajo asalariado et la mercancia »
(Pour la destruction du travail salarié et de la marchandise). Il y a
deux exemplaires qui sont parus en 1975, l’un antérieur à la mort
de Franco et l’autre postérieur. Au moment de la transition, les
gens qui ont participé à Mayo 37 et à Unión obrera restent sans
contact avec la Catalogne barcelonaise. Notre activité était devenue
sans vrai motif car, en Espagne, on pouvait commencer à éditer ce
qu’on voulait, ou tout au moins on le croyait.
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Le fonctionnement de la Bibliothèque
et des Éditions Mayo 37
El Petit : À partir du matériel de l’ultra-gauche française (ICO,
Révolution Internationale, des brochures Spartacus, de Barrot,
etc.), j’élabore des propositions, tenant compte de l’aspect pratique
(des textes pas trop longs, compréhensibles, d’origine et de ten-
dances différentes, qui ne soient pas superficiels ou populistes,
c’est-à-dire l’œuvre de la « main calleuse de l’ouvrier », etc.). Les
textes qui étaient acceptés passaient au traducteur (Vargas) et
me revenaient pour les prologues et la sélection.
Au début tout le monde traduit un peu mais il faut trop y repasser
dessus. J’ai demandé à Montes de me trouver un traducteur pro-
fessionnel que l’on payerait au prix du marché (qui n’était pas
cher). Avec Vargas, cela allait mieux. J’avais travaillé dans des
maisons d’édition et je savais que les étudiants le faisaient pour se
faire une paye supplémentaire. On le surnommait plutôt le Barbas
que le Gafas, c’était un ex-FAC encaissant le même prix que pour
une maison d’édition légale (où il officiait aussi) bien qu’il nous fai-
sait des prix de faveur. C’était l’unique condition de fonctionnement
de la Bibliothèque que je proposai et qui fut accepté.
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17 – I 34 : Imprimerie 34, située à cette époque au 34, rue des Blanchers à Tou-
louse, fondée au tout début des années 1970 par un groupe libertaire.
18 – Txus ne parle pas ici du Rubio membre de l’EO, mais d’une autre per-
sonne qui a collaboré aux éditions Mayo 37.
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DISSENSIONS ET POLÉMIQUES
AU SEIN DU MIL
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20 – Dans « Entre Mayo 37 et l’agitation armée », daté de mars 1973, est abor-
dée l’éventualité d’un congrès en mars mais il n’est pas question de dissolu-
tion.
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quand la revue était imprimée. Les seuls qui étaient d’accord pour
faire CIA, c’étaient Sebas et moi, Cricri aussi. De CIA n° 1, nous en
sommes les seuls responsables, encore que le sigle MIL ait été
officialisé dès l’été 1972.
Aurore : CIA était l’expression du MIL/GAC. Elle n’a pas le
même ton que les Éditions Mayo 37, ces dernières étaient
sérieuses. Il y a un côté situ c’est sûr. Jean-Marc et d’autres, mais
surtout Jean-Marc, voulaient y donner un côté ludique, un peu à
la mode à l’époque, style Actuel et ce n’était pas du tout dans
l’état d’esprit espagnol d’alors, du moins dans ce qui était publié.
Le n° 1 se voulait en même temps un truc rigolo, attractif avec
des dessins.
Le Petit a rédigé, surtout à Toulouse. Les textes étaient discutés.
On pillait un peu partout, l’article sur les Anglais est peut-être une
traduction. Les thèmes étaient souvent de Jean-Marc… d’accord
pour discuter mais pas pour écrire et le Petit écrivait. Cela se pas-
sait dans une bonne camaraderie.
Le n° 2 a été bâclé à cause de l’autodissolution mais des articles
étaient en préparation pour un CIA n° 3.
Sancho : La plus grande erreur théorique du MIL a été l’édition de
CIA n1, revue au contenu faible et de caractère anarchiste. Santi
Soler a craqué. Mais grâce à elle on en est venu au Congrès d’au-
todissolution. CIA 2 est le travail plus ou moins de tout le monde.
■ Entretien avec Sergi Rosés.
Queso : Divers aspects ne m’ont pas plu dans CIA n° 1, mais le
plus grave est la chronologie qui permettait à la police de relier
toutes ses actions à un seul groupe et qui cite plusieurs noms de
ceux poursuivis par la police française comme Sebas ou Puig per-
mettant, et c’est possible, à la police espagnole d’apprendre des
noms qu‘elle ne connaissait pas. Le contenu de la revue CIA n° 1
n’a jamais plu à Santi, moins encore que celui de CIA n° 2, ni le
récit, ni les comics n’avaient de sens, etc. ■ Entretien avec Sergi
Rosés.
Sebas : L’idée des comics n’avait rien de spécial, elle était très
banale dans les revues du mouvement révolutionnaire de l’époque
(Actuel, par exemple pour le plus connu ou l’IS). Je crois qu’on l’a
fait par symbiose avec le Mouvement révolutionnaire d’alors. Du
moins du milieu anarcho ou autonome comme VLR (Vive la
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révolution) (21) par exemple. Mais nous comprenions que c’était une
provocation pour d’autres. Et pour notre propre réalité également
comme militants qui prenions beaucoup de risques dans l’engage-
ment politique.
Les deux CIA ont été faites par le même comité de rédaction (à l’ex-
ception du Secrétaire qui participa à la seconde), donc la version
immédiatistes contre llarg termini (le long terme) est fausse et
absurde. En plus, pour le llarg termini, l’histoire fut une démons-
tration de cette falsification. Pour la plupart, cela fait très long-
temps qu’ils ont abandonné la lutte révolutionnaire dans les termes
mêmes exposés et défendus par le MIL. Alors qu’immédiatistes for
ever, je traîne mes vieilles espartenhas (espadrilles) révolution-
naires ! conseilliste, internationaliste et partisan !!!
Donc, version officielle : nous aurions profité d’un voyage du Petit à
Barcelone pour imprimer en catimini la CIA 1. Ce qui aurait été à
l’origine de problèmes profonds dans le MIL… Idiot. Tout simplement.
Peut-on imaginer une telle invraisemblance ? Je ne comprends pas
que Queso et Sancho aient pu laisser raconter de telles conneries.
Pour sourire, je dirais que le texte sur la FAI a été mis en forme par
le Petit lui-même à notre demande. Mais là c’est normal, car il était
juste qu’il mette ses capacités d’écriture au service de nos discus-
sions générales. Et non le contraire. Qu’importe la faiblesse de
cette CIA 1, elle fut l’image la plus exacte de nos débats dans l’or-
ganisation, et justement de leurs faiblesses réelles, d’un manque
d’homogénéité certain.
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DE L’ÉQUIPE EXTÉRIEURE
AU MIL/GAC
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pour Sabaté (23) et tant d’autres une base de départ pour actuer
(agir), le repli rien d’autre.
Raimon Civil : À l’époque, je ne pourrais pas vous dire son com-
munisme ou son anarchisme jusqu’à quel point il était haut. Je ne
peux pas vous dire quelle était la température doctrinale d’Oriol.
Il me semble qu’Oriol, contrairement à son frère Ignaci (Montes),
avait plus de cœur que de doctrine. Oriol était un poète, un gars
généreux qui n’était pas prêt à reculer devant n’importe quoi. À
l’époque, plus que par la suite, il avait un côté catalan. Après, il
s’est engagé sur l’aspect social. Avec Oriol, le fait que j’étais
moine ça n’a jamais posé de problèmes. Il y avait une certaine
communion d’idées et de stratégies. Il y avait une amitié, un
lien…, mais je préfère ne pas parler, peut-être j’inventerais un
peu.
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26 – L’un des membres est Serge July. Il sera l’un des principaux dirigeants du
journal Libération de 1973 à 2006.
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Climat toulousain
Pour reconstituer les faits, nous utilisons « Dos anys de resis-
tencia » (Deux ans de résistance). Ce texte, rédigé en catalan par
Oriol, est important car il dresse le bilan des actions qui vont d’oc-
tobre 1970 à août 1972. Il a été découvert, en août 1972, par la gen-
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29 – L’un des bars de la place du Capitole fréquenté alors par des rebelles et
l’extrême-gauche.
30 – Surnom de l’un des membres de l’Imprimerie 34.
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31 – Les propos tenus par Geismar ce jour-là sont l’un des arguments de Ray-
mond Marcellin, ministre de l’Intérieur, pour interdire la GP. Le décret de dis-
solution est signé le 27 mai 1970 par le président de la République, G. Pom-
pidou.
32 – Hôtel de luxe qui ferme ses portes au milieu des années 1970, racheté par
le Conseil général en 1978. Il y installe les services de la Préfecture (cartes
grises, permis de conduire, etc.) jusqu’à l’an 2000. Le bâtiment sera squatté de
janvier 2001 à juillet 2005 par le collectif d’artistes « Mix Art Myris ».
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■ 1971
« 13 janvier : Association infra-structurelle ETA (VI Assemblée).
Récupération avec ETA
18 janvier : Récupération de matériel d’imprimerie »
Dans la nuit du 13, une machine à écrire et une offset sont
expropriées dans les locaux de la société Guynt-Fourchault au 6,
place Laganne à Toulouse. La Dépêche relatera ce fait.
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l’ETA sont ceux d’Oriol. Chaque fois qu’Oriol est emprisonné, ils se
gèlent. Avec l’ETA, il y a des relations jusqu’à la scission entre
l’ETA V et l’ETA VI. Quand Oriol sort de prison en été 1972, nous
nous sommes entretenus avec les deux branches et nous avons
décidé de ne plus collaborer avec elles. La première parce qu’ils nous
ont mis une telle tannée théorique qu’on est restés sonnés et la
seconde parce qu’on s’est alliés avec un petit groupe communiste de
gauche qui avait scissionné de l’ETA V, plus proche de nos positions
et qui maintiendra une certaine collaboration avec le MIL. Quand
les mecs de l’ETA nous parlaient politique, on s’en foutait.
Sebas : À cette époque, nous avions des contacts réguliers avec
l’ETA, apprentissage divers (emprunt de véhicules) .
Début janvier 1971, nous étions envoyés là-bas par les résidus du
groupe Primero de Mayo et de la FIJL. Nous devions aider l’ETA
VI alors majoritaire et plus gauchiste que l’autre. Mais c’était si
mal organisé que nous nous sommes retrouvés finalement avec
l’ETA V et encore le groupe le plus nationaliste. Exemple : nous
avons assisté au meeting de Rocard au cinéma Vox de Baiona
(Bayonne), aux côtés des frères Etxabe et derrière le « Front cultu-
rel » lié à l’ETA V. Et nous, nous insultions le responsable du
bureau politique de l’ETA VI – qui était à la tribune et qui n’était
autre que Txus qui deviendra plus tard un camarade lié à nos
propres activités MIL. Oriol n’avait pas les mêmes contacts,
puisque je suis allé à son appart de Toulouse et j’ai trouvé un
autre membre du Bureau politique de l’ETA VI en train d’enre-
gistrer un message pour le meeting, au sujet du procès de Burgos,
organisé au Palais des Sports le soir-même. Ce cadre étarra
(membre de l’ETA) sera plus tard un des fondateurs de la Ligue
communiste en Espagne. Donc en janvier, février et mars 1971,
nous avions plus de rapports avec l’ETA qu’avec l’ET.
Txus : Dès fin 1970, je ne connais pas Sebas mais, lui, connaît
mon activité. Il vient à Bayonne où il assiste à un meeting au
sujet de problèmes liés aux Basques et au procès de Burgos.
J’étais présent à la tribune en tant que porte-parole de l’ETA, aux
côtés de Michel Rocard (38), Premier secrétaire à cette époque du
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Quelle date ?
Profitons-en pour faire une digression sur la création du MIL,
des GAC et leurs idées.
Sur les dates concernant la naissance du MIL ou du sigle, il est
difficile de voir clairement les choses. Les membres du MIL qui
se sont exprimés ne partagent pas les mêmes assurances ou
approches. Il n’y a jamais eu de congrès de constitution du 1000 ou
MIL avec les trois équipes présentes. Même lors de l’autodissolu-
tion en août 1973, les membres constituant le groupe ouvrier
n’étaient pas présents aux assemblées.
Toutefois, à la lecture des documents de l’époque et notamment
de « Dos anys de resistencia », la constitution du noyau radical 1000
a bien lieu le 19 janvier 1971 à Toulouse. Le terme 1000 est né ce
jour-là. Simon et Sebas le confirment. Ceux de l’ET ou de l’EO n’y
assistent pas, seuls l’EE et des membres du GAL-Vive la Commune
en sont à l’initiative. Il faudra attendre le livre de Sergi Rosés en
2002 pour que l’existence du texte « Dos anys de resistencia » soit
signalée. Même les membres de l’ET (le Petit et Montes) qui ont
rédigé la chronologie « ¿ La historia nos absolvera ? » en juillet 1973
et qui se sont exprimés à plusieurs reprises n’en ont pas parlé.
L’ont-ils volontairement occulté ? En connaissaient-ils le contenu ?
Quand nous avons envoyé ce texte au Petit pour connaître son avis,
il nous a répondu qu’il le découvrait mais qu’il n’avait pas à le
connaître car c’était un bilan d’activités, un texte interne de
l’EE, dont il n’était pas au courant au jour le jour.
Le terme MIL fait son apparition après les arrestations de
septembre 1972 à Toulouse, à la suite des déclarations d’Oriol
pendant sa garde à vue dans les locaux de la gendarmerie :
« J’appartiens en ma qualité d’Espagnol au Mouvement ibérique
de libération qui est une organisation révolutionnaire de carac-
tère international… ». Ces déclarations sont dévoilées en partie
dans la presse, notamment dans La Dépêche du Midi du 19 sep-
tembre 1972.
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a créé un jour le MIL est faux. Le MIL n’a jamais existé en disant :
« On va faire le MIL », il est sorti au fur et à mesure. Oriol était le
seul de l’EE à avoir des contacts avec les ouvriers de Barcelone. Les
ouvriers ne sont pas rentrés au MIL. Montes, le Secrétaire et Santi
avaient des liens avec les ouvriers. Quand Santi parlait du MIL
aux ouvriers, ils partaient en courant. C’est des années plus tard,
en été 1972, qu’apparaît l’anagramme MIL avec des lettres (Movi-
miento Iberico de Liberación). Jusqu’à cette date, on n’avait pas et
on ne voulait pas de nom et, à l’occasion, on signait 1000.
Dans ces premières années et sûrement jusqu’en 1972, le MIL
c’est Oriol. Oriol est le MIL. Il en est le moteur et quand il est
absent, le moteur s’arrête ou marche au ralenti. Avec mon incor-
poration, celle de Salvador et la contribution complète de Jean-
Marc et occasionnellement de Cricri, le groupe prend une autre
dynamique et une autre consistance. Et là, il n’est pas nécessaire
qu’Oriol soit présent pour que le groupe fonctionne.
Sebas : Un des points fondamentaux de la formation des GAC fut
une critique générale de la division des tâches, de la spécialisation.
À partir de 1972, nous serons tous militants d’un GAC mais nous
n’agirons qu’en suivant nos aptitudes réelles, que cela soit écrire un
texte ou participer à une action armée. Il ne devait plus y avoir de
structures différenciées. Même Mayo 37 se présentera comme une
activité du MIL, directement régie par divers militants aux activi-
tés bien différentes.
Le terme de GAC est toulousain, bien qu’il y eut les GOA à Bar-
celone : un terme liant autonomie et combat, auto-organisation et
lutte de partisans. Le combate est bien sûr lié au nom du groupe
de Sabaté. Cricri, Sancho, Puig et moi l’avons utilisé quand nous
avons pris un peu plus les choses en mains à partir de nos idées
sur ce que devaient être la structure du MIL et notre lutte à Bar-
celone. Même si c’est parfois dans un rapport relativement mili-
tariste.
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rant, nous avons dû tirer un coup de feu. Après, il y eut une course
poursuite avec une voiture de flics mais on s’est arrachés jusqu’à
l’appart de Maurice-Sarrault. La Carpe n’avait pas voulu partici-
per, il avait trouvé le truc trop chaud.
Le 5, je crois que ça correspond à un coffre que nous avons fait rue
de la Pomme dans une agence d’intérim ou de nettoyage. Et deux
ou trois machines IBM à boules.
Du 6 février au 15 mars, il s’agit de tous les coups que nous avons
faits dans les rues autour de la fac. Des magasins expropriés,
proches des facs, parce qu’ils avaient du matos d’imprimerie (celui
des thèses et autres documents universitaires) correspondant à nos
besoins et à ceux de groupes autonomes.
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Lors d’un entretien avec Sergi Rosés, Sancho ajoute : « J’ai étu-
dié le français pour le baccalauréat. Mais qu’elle n’a pas été ma
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42 – Nous ne savons pas qui est le Jo évoqué parfois par Sancho dans ses
témoignages. D’après lui, Jo serait un ami de Sebas.
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dans une école de Sarriá pour l’organisation mao Bandera roja (qui
devient PCEr-GRAPO !). Il me semble que lors d’un voyage avec
Montes à Paris, début 1972, nous avons rencontré des camarades
de l’ultra-gauche.
Pour avril, je ne comprends pas bien moi-même. Par contre, quand
il évoque la réorganisation à Toulouse, nous avons fait deux ou trois
petits casses (pas des gros coffres, mais le style coffre dans le mur,
des casses de petites sociétés dans lesquelles nombre de non-décla-
rés étaient embauchés, donc payés en liquide).
À Toulouse, nous avons fait deux fois la même librairie (43). Nous ne
prenions que le rayon livres politiques en espagnol. Idem dans
deux autres lieux dont une librairie à Perpinya. Et donc, nous
avions mis tout ça plus nombre de revues CNT données par le
Vieux (le Zapatero) à la disposition des groupes autonomes. J’ai fait
au moins deux passages de bouquins avec la Carpe et Cricri par
Osseja de Cerdanya. Des passages. De nombreux passages. J’ai
vraiment connu la frontière durant cette phase.
En juin, avec le retour d’Oriol, le MIL a de nouveau un intérieur et
un extérieur simultanément… ! Le 1000 se recompose sous sa
direction.
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je n’y suis pas allé parce que j’étais recherché par la police. On
s’écrivait aussi. Il était plus ou moins au courant de ce que l’on fai-
sait à l’extérieur. Je suis allé chercher Oriol à sa sortie de celle de
Montauban. Il retrouve Jean-Marc, Cricri et Puig. Je suis rentré en
Espagne, lui est resté. Peut-être Mayol lui a fait passer la frontière.
Oriol était interdit de séjour à Cuxa après son arrestation.
M. Mayol : Après sa libération, Oriol m’a demandé de le reconduire
en voiture à Barcelone, ce que j’ai fait, par la Cerdagne. Je l’ai laissé
à Palau-de-Cerdagne et l’ai récupéré après Puigcerdà. Il allait, je
crois, chez l’une de ses sœurs à Barcelone. Autant que je me sou-
vienne, il était armé.
Sancho : Avec la sortie d’Oriol, les vols d’imprimeries reprennent
et les attaques de banques commencent. Mes relations avec Oriol
étaient différentes de celles avec Ignacio. Avec Oriol, malgré le
fait que nos relations furent de courte durée à cause de ses pas-
sages en prison, ce fut toujours une relation intense, affectueuse et
viscérale. Je l’aimais et je l’admirais en même temps. Tout cela,
ajouté à son inexpérience des armes, me faisait souffrir un maxi-
mum au moment d’agir.
Avec Ignacio, j’ai toujours eu une relation distante et pour tout dire,
cela fait plus de vingt ans que nous nous ne parlons plus. Une fois,
je lui ai mis un pistolet sur la tempe pour le tuer mais je n’ai pas
osé.
Avec Jean-Marc, c’était différent, la compréhension et la confiance
étaient telles que, lorsque nous faisions un hold-up ou une autre
action, chacun savait comment l’autre réagirait. Il n’y avait pas
besoin de parler, la cagoule et la bouche fermée, chacun faisait ce
qu’il avait à faire.
Avec le reste du groupe, j’ai eu de bonnes relations avec des hauts
et des bas comme c’est naturel, dus parfois à des points de vue et
des positions différents.
On était un groupe d’amis et on agissait comme tels. Avec l’arrivée
de nouveaux éléments, cet aspect a changé un peu mais on a conti-
nué à être un groupe d’amis et, si on agissait par affinités person-
nelles et politiques, c’était surtout par affinités personnelles.
Pendant cette période, on devait prendre un appart car on était
chez les parents de Jean-Marc et quand on a trouvé celui de la rue
Raymond-IV, c’est Salvador qui l’a loué à son nom, avant de partir
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LE MIL/GAC EN ACTION
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étions assis sur une jetée de pierre en bord de mer, une voix angois-
sée : « j’ai perdu la clef de la consigne ». Et voilà pourquoi nous
avons dû casser les consignes de la gare avec un démonte-pneu. Ce
fut assez simple et rapide, il est vrai. Il est certain que cette opé-
ration, comme les deux ou trois suivantes, restent indéniablement
marquées par l’amateurisme et le côté guignolesque. Personne ne
nous avait appris à faire ça. Et ce n’est pas dans la pratique quoti-
dienne du gauchisme que nous pouvions acquérir ces méthodes
indispensables à une organisation clandestine de résistance.
Sancho : La dernière fois que l’on a vu José Antonio Diaz, c’était
la veille du braquage de ses tantes et le jour-même pour Mur-
cia. Ce hold-up a entraîné la rupture totale entre José Antonio,
Murcia et nous… On a parlé de tout et c’est à partir de ce moment-
là que tout s’arrête, car nos projets n’avaient rien à voir avec les
leurs. ■ Entretien avec Sergi Rosés.
Les armes
L’utilisation des armes signifie un tournant dans le combat et
dans les relations, leur obtention devient une des préoccupations
pour ceux du MIL-GAC.
Les premières armes (de poing, fusils de chasse ou carabines)
obtenues en 1970, 1971 et début 1972, proviennent de l’ETA et de
cambriolages dans des magasins de Toulouse ou dans diverses armu-
reries de villes avoisinantes. À partir de l’été 1972, le GAC se les pro-
cure en Principauté d’Andorre chez un vieux militant cénétiste ou
auprès de militants de la CNT espagnole en exil à Toulouse.
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sont venus un jour à l’autre magasin, rue des Fontaines, avec une
voiture et des armes. Ils ne savaient pas quoi en faire et ils les ont
mis dans l’arrière-boutique, je n’ai pas demandé la provenance.
El Petit : Ironie de l’histoire, les mitraillettes qu’utilisait le MIL
pour les hold-up étaient d’origine américaine : durant la deuxième
guerre mondiale, les États-Unis parachutaient des paquets avec ces
mitraillettes pour la résistance dans la France occupée. Le secteur
non stalinien de la Résistance était plein d’anarchistes et de répu-
blicains espagnols qui ne rendirent pas les armes à la fin de la
guerre dans l’espoir de les utiliser pour se libérer du fascisme de ce
côté des Pyrénées. Cela ne se passa pas ainsi et ils les enterrèrent
dans le sud de la France et certains, voyant qu’à la fin des années
soixante apparaissaient des jeunes disposés à utiliser les Sten, les
ont déterrées discrètement et nous les ont données. De cette
manière, des armes offertes par les États-Unis aux résistants contre
le nazisme ont fini par servir au combat contre le capital dans la
Barcelone des années soixante-dix. ■ Egin du 4 mars 1984.
Zapatero : La plupart, nous étions dans la résistance, c’étaient des
armes de la résistance de la deuxième guerre mondiale, on en avait
un stock extraordinaire. J’étais au Comité régional de la CNT, à la
coordination qui s’occupait de la question de l’Intérieur, de la ques-
tion subversive. À un moment donné, quand on a eu peur d’une
invasion des Russes, avec l’organisation on a, par principe, structuré
des groupes de défense à travers toute la France. Je devais faire des
stocks dans le Midi, une mitraillette, une grenade à main, des car-
touches, etc., et dans chaque localité où il y avait un copain de
confiance, on mettait un dépôt d’armement. Nous avions aussi dans
une grande valise (valise qu’on appelait « l’école terroriste »), avec
toutes sortes d’armes, des grenades… pour qui voulait partir en
Espagne. Le temps passant, les copains me les ont données, d’autres
qui avaient aussi des dépôts d’armes, me les ont vendues.
Blanca : Rien n’est venu d’Espagne. Lors de la retraite, pour sau-
ver des armes, nous, ceux de la colonne Durruti (26e division), on
a été à Puigcerdá pendant trois jours pour en huiler et les mettre
dans des bidons de lait pour les enterrer dans les maisons… cer-
taines doivent y être encore. On ne voulait pas tout laisser à
Franco et les Français nous demandaient de les déposer à la
frontière.
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Dans une lettre qu’il nous a adressée, Antonio Tellez (47) nous
amène des précisions : « Quand je suis arrivé, en octobre 1944, à
Toulouse, mon travail a été de ramasser partout en France les
armes que les camarades avaient cachées après la Libération. Ces
armes, parfois dans des lourdes valises ou d’autres fois expédiées
en caisses par le rail, allaient au Comité national de la CNT et
c’était le responsable de coordination qui armait les groupes d’ac-
tion. Facerias et Sabaté ont toujours eu les armes qu’ils voulaient,
sauf à partir de 1951 quand ils ont été mis « hors la loi » par l’or-
ganisation CNT ».
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Sebas : Nous étions trois. Oriol, Sancho et moi. Toujours aussi limi-
tés quant à notre travail préparatoire, toujours aussi bordéliques.
Oriol avait d’énormes qualités dynamiques, c’est sûr, mais ses
repérages étaient très sommaires.
Du coup, nous nous sommes retrouvés dans l’arrière-cour du maga-
sin. Après un long effort, nous avons réussi à ouvrir la porte de der-
rière qui devait soi-disant nous donner accès à la salle des
machines. Nous nous sommes retrouvés dans un petit appartement
minuscule qui n’avait rien à voir avec l’établissement.
En fait, nous sommes retournés au plus simple : la porte d’entrée
sur la rue.
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Cela fut un été fou comme le dit Sancho et septembre est dans
le prolongement. Au début du mois, Oriol, Sancho et Sebas envi-
sagent une nouvelle opération financière et repartent à Barce-
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Sebas : Nous avions deux dépôts dans la Sierra del Cadí. Un pre-
mier, proche de l’un des cols à l’est de celui que nous avions
emprunté avec Sancho pour échapper aux recherches en janvier
1973. Là, il y avait une ou deux armes, du matériel de couchage et
autres. Nous y étions restés une semaine en juin-juillet. Nous
nous servions aussi d’un village totalement abandonné plus bas où
nous avons organisé une réunion avec Felip et Montes. Le second
dépôt était plus bas du côté de la vallée sud donnant sur Berga. À
mi-pente. En novembre ou en décembre, nous avons organisé à par-
tir de Barcelona une expédition pour renforcer ce camp avec deux
sacs de provisions et des sacs de couchages. Il y avait là Pedrals,
Sancho, Puig, Queso (?) et, je crois bien, un camarade toulousain
appelé Dandy. Nous avions une ou deux voitures dont une imma-
triculée en France, une Peugeot 404. Nous étions fortement armés,
plusieurs Sten, et un Cetme pour ma part.
Queso/Sancho : Le refuge était au col de Moixero-col du Pendis
sur des rochers tournés vers le Bergueda, à deux heures environ de
la piste. Il y avait du matériel de survie et nous avons mis un mois
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La ferme de Bessières
Le 9 septembre, Oriol, Sancho et Sebas sont à Barcelone, ils ne
savent pas que la ferme de Bessières a été investie par les gen-
darmes. Depuis qu’elle a été louée, les propriétaires surveillent et
sont intrigués par le comportement des locataires. À la mi-août, sur
les conseils du garde-champêtre de Bessières, la propriétaire
demande l’identité des personnes présentes à la ferme, un couple
donne un faux nom, Oriol, Sancho et Sebas donnent leur vrai nom.
Au début du mois, les propriétaires sont inquiets, toute activité a
cessé dans la ferme.
« Intrigué (le propriétaire) par ce fait s’est rendu à la ferme et
à travers la fente des volets, il a remarqué la présence de
deux pistolets sur une étagère. Immédiatement, il a prévenu
M. de l’agence de location. Ce dernier a alerté la gendarmerie
de Montastruc (…) Le 11 septembre, les propriétaires à qui
nous avons présenté des photographies (48) de Rouillan Jean-
Marc et Solé Oriol détenues par nous (…) ont formellement
reconnu les personnes précitées. » ■ Extrait du procès-verbal
de synthèse, daté du 3 novembre 1972, rédigé par un adjudant
de la gendarmerie.
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saient leurs vacances depuis leur enfance. Bien sûr, il est décon-
seillé de bosser proche de ses replis. On ne mélange pas l’excep-
tionnel au quotidien, l’exceptionnel en l’occurrence l’expropriation,
et le quotidien, la zone essentielle de circulation – matos et hommes
– entre Toulouse et Barcelone. Mais je crois que nous avions besoin
d’être chez nous pour pousser la porte et dire Manos arriba (mains
en l’air).
Une banque de gros bourg. Je suis rentré avec Oriol, il y avait
moins d’une dizaine d’employés. Nous avions décidé de passer
pour des quinquis (voyous), par l’habillement d’abord, je me sou-
viens qu’Oriol arborait un magnifique jeans fuchsia ! Et je devais
laisser transparaître mon origine transpyrénéenne, des quinquis
venus de France. D’ailleurs, j’en fis un peu beaucoup, je suis resté
debout sur le comptoir durant toute l’opération, soliloquant un
chapelet de menaces et d’invectives bien franchouillardes.
Lors du repli, à deux kilomètres de la ville, nous avons dû nous
arrêter dans une station pour faire le plein !!! ( il faut dire que nous
étions si fauchés avant l’opération). Nous avons fait ensuite un
virage à 90° vers la vallée de Berga pour traverser la Sierra del
Cadí par une route de montagne, difficilement praticable. Résultat,
nous avons flingué le carter et sommes restés en rade à 50 km de
Barcelone.…
Nous sommes repartis le lendemain aprem vers la France.
Sebas : Il y avait là, Oriol, Sancho (?) et moi, nous nous apprêtions
à rentrer à la ferme car nous ne savions rien de sa découverte. Il
devait être minuit quand nous avons pris un café à Carcassonne.
Par hasard, il y avait un journal vieux de plusieurs jours sur le
radiateur à côté de notre table. Et en l’ouvrant machinalement,
nous sommes tombés sur une photo de la ferme.
Je me souviens de la dernière phrase de l’article : « Rouillan est tou-
jours activement recherché ».
Du coup, nous nous sommes arrêtés rapidement à Toulouse, nous
avons pris Cricri au passage. Sancho est reparti sur Barcelone et
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Deux jours plus tard, le Metge loue une voiture dans l’agence
toulousaine de Walter Spanghero, rue Bayard.
« La secrétaire de l’agence nous déclare que le 23 octobre 1972, le
dénommé Puig Antich s’est présenté à son bureau en compagnie
d’une jeune fille pour louer un véhicule auto. Sur photographie,
elle reconnaît le nommé Puig Antich. Ce dernier n’ayant pas
restitué le véhicule à la date fixée, elle a déposé plainte au nom de
la société contre lui pour abus de confiance. P. Antich a écrit une
lettre de Barcelone datée du 27 octobre 1972… qu’il se trouve
actuellement en Espagne et qu’il a abandonné le véhicule dans
un garage à proximité de Bordeaux, après l’avoir accidenté. »
■ Extrait du Rapport de synthèse, daté du 3 novembre 1972.
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Queso : La première fois que je vis Salvador, ce fut aussi mon pre-
mier contact avec les gens du MIL. Salvador conduisait, il ne par-
lait pas, même pas lors de la discussion que j’ai eue avec eux.
C’était Ignacio qui parlait. Je ne me souviens plus de quoi nous
avons parlé, mais ils me questionnaient beaucoup. Ils voulaient
savoir s’ils pouvaient avoir confiance. À ce moment-là, j’ai eu la sen-
sation d’être face à un groupe super professionnel.
Je pensais que la révolution était au coin de la rue, je la voyais
comme une chose réalisable et très proche et je pensais que la lutte
armée était le meilleur service que je pouvais rendre à la révolu-
tion. À ce moment-là, j’étais incapable d’imaginer le futur en tra-
vaillant ou en suivant la trajectoire de mes parents. Je ne calculais
pas en termes de carrière, je pensais seulement à la lutte. Je ne me
souviens pas d’avoir eu des discussions du genre « que vas-tu faire
après tes études ? » ■ Cuenta atrás.
Je suis entré dans le groupe parce que j’étais pour l’insurrection
armée, ce qui ne veut pas dire que je serais entré dans n’importe
quel groupe armé : pour que je le fasse, il devait être très clair que
le groupe était anticapitaliste. C’est par la suite que j’ai découvert
peu à peu les problèmes théoriques. ■ Entretien avec Sergi Rosés.
Sebas : Par exemple, c’est Raimon qui a cautionné l’intégration de
Queso dans l’orga. Il était membre du PCE (i) et avait d’ailleurs fait
de la prison pour ça. Je ne le connaissais pratiquement pas. Je
l’avais croisé l’hiver 1971-1972 lors d’une livraison d’une machine
à I’orga gauchiste Bandera roja. Il avait un rôle périphérique de
contact principalement.
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Sebas : À peine dix jours plus tard, nous avons attaqué la Banque
centrale de Valldaura. Les membres de l’autre groupe autonome
avaient cette information, mais ils n’étaient pas assez nombreux et
assez bien formés pour la réaliser.
L’établissement était complexe et sur deux étages, il demandait
donc une logistique plus lourde. Deux voitures pour l’attaque et
trois pour la sortie après le décrochage.
Nous roulions, les cinq voitures en file indienne, quand un cor-
billard a débouché d’une rue à droite et il est juste venu se placer
devant nous. Nous avons ainsi remonté une longue avenue. Un
convoi mortuaire… Aucun de nous n’était superstitieux !
Ce matin-là, Pedrals conduisait, c’était son premier et il était mort
de trouille…
À cinq, nous avons pris possession de l’intérieur de la banque. Je
suis monté au deuxième étage avec un camarade que nous appe-
lions Politic. Il était équipé d’un énorme revolver simple action de
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type western avec un long canon 6 pouces. Pour une fois, je n’avais
qu’un automatique.
Au moment de sortir, nous nous sommes regroupés en bas. Par la
vitrine, je surveillais la rue. Je ne voyais pas Pedrals dans notre
voiture. Puig avait remarqué également cette absence « Où il
est ? ». Le chauffeur de l’autre voiture le cherchait aussi du regard,
le cou tendu vers son rétroviseur. Nous avons traversé le large trot-
toir très rapidement et nous ne le voyions toujours pas. En fait, il
était couché sur les fauteuils à l’avant. Mais ce n’était pas l’heure
de l’engueuler. Le décrochage était complexe.
Avant de lâcher Pedrals, nous lui avons demandé le flingue qu’il por-
tait pour l’opération. Il ne l’avait plus. Il l’avait laissé dans la voiture
d’action, sous le siège. Avec Puig et Sancho je crois, nous y sommes
revenus. Juste après la récupération, alors que nous étions blo-
qués à un feu, un motard de la police nationale a longtemps hésité
à s’approcher de nous pour nous contrôler. Puis, enfin, il a laissé
tomber et nous sommes rentrés sans encombre supplémentaire.
De ce jour-là, je crois que Pedrals n’a plus participé à un com-
mando.
Les jours suivants, nous sommes remontés à Toulouse en passant
par Puigcerdá, pour effectuer la seconde récupération de l’Esquille.
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Sebas : Nous sommes redescendus avec une voiture louée, une 204.
J’étais allé chercher deux Sten chez le Zapatero. Et nous en avions
récupéré une troisième que nous avions laissé cachée sous des
feuillages dans une forêt près de Puigvaladors, sur la route mon-
tant à Mont-Louis de Cerdanya. Nous l’avions essayée mais mal
montée, elle avait merdé. Du coup, nous l’avions laissée là en
attendant un retour à Toulouse. J’ai récupéré également deux ou
trois autres armes et trois grenades.
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Une semaine après, à cent mètres de là, dans une rue perpen-
diculaire, Resistencia, un groupe autonome, exproprie le Banco de
Vizcaya au n° 96 du Paseo Manuel Girona. Trois hommes armés de
revolvers et de mitraillettes pénètrent dans l’établissement et res-
sortent quelques minutes plus tard avec la somme de 2,5 millions
de pesetas. Certains membres avaient participé au braquage du
28 novembre 1972.
À propos de l’OLLA
C’est en avril 1974 que le sigle OLLA apparaît pour la pre-
mière fois dans la presse, suite à l’arrestation, le 7 du mois, de trois
membres de groupes autonomes en possession de deux mines anti-
tanks à la gare de Barcelone. Ces derniers sont torturés, permet-
tant à la police d’identifier les auteurs d’expropriations et de
quelques attentats commis en 1973 et 1974, de découvrir une
importante infrastructure (appartements, armes, explosifs, etc.)
et des documents dont l’un est signé OLLA. Dès lors, la police va
informer les médias de la naissance d’une nouvelle organisation.
Elle va tenter de rassembler sous ce sigle toute l’activité de plu-
sieurs groupes qui agissent pour leur propre compte, parfois sans
liens directs entre eux, si ce n’est de donner une réponse immédiate
à une oppression. Pour des raisons de manipulation, la police
transforme la mouvance autonome en une Organisation terroriste
très bien organisée.
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S’il est vrai qu’aucune action n’a été revendiquée OLLA, San-
cho et Sebas témoignent de l’existence d’un texte signé OLLA.
Sancho : Le nom OLLA est une boutade de notre part, après d’in-
nombrables réunions politiques qui ne menaient à rien, vu le
manque de base théorique du groupe de Felip, nous leur avons
demandé de nous faire parvenir par écrit ce qu’il pensait. Résultat :
un document de quatre feuilles de couleur jaune qui répondait à des
questions de ce genre : Comment allons-nous nous définir ? Nous
appeler ? Qu’allons-nous faire ?… Pour l’appellation, l’une des pro-
positions était Organisation de lutte armée (OLLA) et c’est comme
ça que l’on a baptisé ce groupe. ■ Entretien avec Sergi Rosés.
Sebas : L’accord ayant été conclu avant le Congrès avec le groupe
de Felip fut concrétisé par un texte signé OLLA. Par la suite, visi-
blement, il semble qu’il y ait eu moins d’affirmation avec la cam-
pagne lancée par la police contre cette fameuse OLLA…
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Sebas : Nous avons pris des taxis pour arriver à Barcelone. Puis,
direction l’appart de Sancho. (Je ne le connaissais pas, comme il ne
savait pas où je vivais réellement : normalement, seul un autre
camarade lié à une autre structure connaissait l’adresse). En fait
d’appart non connu, en bas de la rue, nous croisâmes Queso, Puig
et Felip qui avaient déjà chargé une voiture jusqu’au toit ! Pour
résumer, Pedrals n’avait pas transmis le message aux camarades
de Barcelone. Personne n’était au rendez-vous de sécurité en pleine
montagne ! Le prétexte était superbe, « nous avons dû franchir tant
de contrôles de flics, que nous pensions que vous n’en sortiriez
pas ». Donc l’alarme donnée, les camarades s’affairaient à démé-
nager nos structures.
L’histoire, s’étant bien terminée, avait eu le mérite de débloquer la
censure et de briser le silence sur notre action. Le communiqué offi-
ciel parlait d’un groupe subversif. Les journaux faisaient bien évi-
demment, le lien entre l’incident du passage et les expropriations
à répétition.
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Quand j’ai démarré à mon tour, j’ai entendu les coups de feu qui
claquaient toujours. Et là, je n’étais plus le chasseur mais directe-
ment le gibier. Le parcours jusqu’à la première à droite me sembla
très long. J’eus le temps de voir mes deux complices virer à droite.
Queso, un costume noir. L’autre, un grand sac de toile de jute claire
sur le dos. Oui à la Rapetout ! J’ai eu le temps de constater qu’une
rame de métro venait de décharger son flot. Il régnait une confu-
sion indescriptible sur les marches entre ceux qui redescendaient
et ceux qui montaient… Il y eut un agent de la circulation qui
déboucha devant moi. Lorsqu’il me vit fonçant directement sur lui,
il fit un grand bond et fila ventre à terre dans une cage d’escalier.
J’eus le temps d’entendre les sirènes de plusieurs 091 (véhicules de
police) qui montaient l’avenue. Un ou deux coups de feu claquèrent
encore. Et j’atteignis le coin de la rue. Un virage en pente décli-
nante. Je le pris en trombe. À une cinquantaine de mètres, la voi-
ture au milieu de la rue étroite. Les quatre portières grandes
ouvertes. Vide. Puig remontait la rue en courant, la Sten à la
main.
Les sirènes se rapprochaient. Nous nous sommes engouffrés dans
la voiture. Ambiance un peu panique malgré tout. Démarrage.
J’étais assis devant, Queso me donna son arme enrayée. Au
moment même où je me retournai pour la prendre, je vis passer un
091 en haut de la rue. Pour son P38, il s’agissait simplement d’une
mauvaise éjection, la douille maintenait la culasse ouverte. Un
simple geste calme lui aurait permis de la remettre en fonction.
Tout le monde criait un peu mais ça allait mieux que l’on pouvait le
croire. L’ultime point noir à négocier fut la route de Horta qu’il nous
fallait traverser de part en part. Et ce n’était pas simple vu son tra-
fic habituel. Puig y arriva à fond la caisse. C’était un excellent
chauffeur. En deux coups de volant et le klaxon bloqué, nous enfi-
lâmes de l’autre côté une petite route tranquille qui longeait la
montagne, à mi-versant
Nous arrivâmes au lieu prévu pour l’échange de caisse. Un petit
recoin sur la gauche. L’entrée d’un jardin ou d’un cimetière. Queso
et l’autre prirent la voiture de Puig. Et nous continuâmes, décidés
à éloigner au maximum la voiture utilisée du lieu de la fusillade.
La sortie nous fit passer par la rue où débouchait l’escalier donnant
sur notre appart. J’avais rangé les affaires et les armes longues
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LA VIE QUOTIDIENNE…
… à Toulouse
Sebas : Il convient de souligner le fort décalage entre les deux
formes de vie quotidienne et de lutte à Barcelona et à Toulouse.
Notre activité était armée dans les deux cas. Mais, disons qu’à Tou-
louse, le fonctionnement était beaucoup plus cool et ouvert. Depuis
1972, nous évitions de frapper en France sauf pour des trucs de
logistique primaire.
Un repli et simultanément une opportunité de réaliser des tâches
dans une autre dynamique, réellement différente de celle imprimée
à Barcelone, plus collective, plus informelle, avec des discussions
quotidiennes… Des choses que nous ne pouvions absolument pas
faire à Barcelone pour des raisons de sécurité évidentes.
Plus de collectivité. Plus de débats. Plus de vie politique de type
classique… Plus de fêtes aussi, bien évidemment.
À cette époque, nous vivions principalement rue Lancefoc. C’était
notre base collective. Ensuite, chacun avait son fonctionnement et
ses contacts.
Sancho s’occupait principalement de la mise en place de l’impri-
merie chez le vieux socialo.
Nous mettons à profit ce temps de repos pour mettre sur pied la
brochure CIA n° 1. Durant cette période, entre mars et mai, les
tampons (MIL/GAC…) sont faits dans un petit magasin dont l’ar-
tisan était connu de Cricri et d’I 34. Nous avons fait imprimer les
fameux tracts MIL. D’un côté, un petit texte politique d’une ving-
taine de lignes sur la nécessité de lutter. Et de l’autre, les divers slo-
gans. Au premier degré, ces mots d’ordre paraissent chaotiques.
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… Et à Barcelone
Sebas : À cette époque, Sancho, Queso et Quesita vivent ensemble
dans un appart au premier étage d’un immeuble neuf au-dessus de
la place Lesseps, oui, toujours et encore le même quartier. Avec
Puig, nous vivons tous les deux dans un grand appartement, dans
le quartier au-dessus de l’Hospital San Pablo et de la Traversera,
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rue Sales y Ferrer. Une rue qui se termine en face par un long esca-
lier, à droite elle bifurque devant l’entrée du Manicomio (hôpital
psychiatrique)).
Au troisième et dernier étage, notre grande terrasse domine la rue
et le quartier. Nous pouvons même apercevoir dans le lointain la
mer, le port et la statue de Colomb.
Trois chambres, une pour chacun et une pour le matos. Et les sacs
de monnaie ! Nous avons pris la mauvaise habitude de nous char-
ger des sacs de pièces de monnaie lors des braquages. Du coup,
nous en avons des tonnes. J’achète même des grandes chaussettes
de montagne pour les stocker (!), que j’aligne le long des murs. Des
dizaines de chaussettes…
Au centre de la pièce sans meuble, les sacs de matos et d’argent
prêts à un embarquement immédiat si nécessaire.
Ma chambre est très petite avec un simple matelas par terre. Une
cagette pour table de nuit, deux ou trois livres, l’un de Makhno à la
couverture bleu foncé. Au mur, j’avais collé des citations définitives
tirées de ci et de là, des bouts de chanson de Ferré. Une carte postale
représentant la chaise de Van Gogh… Une photo de Steve Mac
Queen dans Get Away, la scène finale de l’hôtel, dans l’escalier avec
son pompe. Un Cetme armé à la tête du lit. La fenêtre donne sur
l’angle de la rue, l’escalier et la cour du Manicomio. En rentrant, je
plaçais toujours ma grenade défensive sur la table de nuit. J’avais
dans l’idée de nettoyer cette placette au cas où.
Dans la cuisine, à l’opposé de l’appart, nous avons planté un piton
dans le mur et fixé une corde d’alpinisme. Un sac avec des char-
geurs et des boîtes de munitions. Toujours au cas où nous aurions
alors tenté de faire une sortie par cette voie donnant sur des petits
jardins très boisés et chaotiques. Dans chaque appart, nous pré-
parions ce style de sortie de secours.
La chambre de Puig. Un matelas également à même le sol. Une
armoire en plastique avec fermeture éclair. Une trentaine de livres,
surtout Freud, Jung, Reich, Marx. Au mur, un poster de Catherine
Deneuve dans Belle de jour de Bunuel.
La salle à manger, une table ronde en bois blanc avec quatre
chaises et un meuble bas de même style. Nous achetions en quan-
tité ces meubles peu chers dans une boutique de quinquis proche
de l’Iglesia del Pi.
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Une télé et une chaîne stéréo. Puig écoute Beetowen et Pink Floyd
(sempiternellement la même face du disque aux vaches), j’ai deux
ou trois Ferré, et des blues anglais, comme Rory Gallagher, bien
sûr !
Nous mangions pratiquement toujours la même chose. Puig met-
tait son tablier (!) et il passait deux ou trois morceaux de poulet à
la poêle. Asperges en entrée. Pour le vin, Sangre de toros ou du cla-
rete de la Rioja. Nous faisions nos courses une fois par semaine
dans le premier supermarché de Barcelone, un truc américain en
pleine ville. Très cher, mais pratique pour nous et cool, ce qui est le
principal.
À la fin du repas, nous faisions un point. Les rencards du lende-
main ou le travail. Nous repassions en revue les discussions, les
réflexions et les critiques.
Les seuls mots que j’entendis de la bouche de Puig, concernant
notre avenir judiciaire, furent à l’occasion de ces moments relax. Il
évoqua une condamnation à mort, ce qu’il aimerait déclamer à ce
moment-là. Autrement, c’était sympa. Je le couvrais de mon silence
quand il invitait l’une de ses deux petites copines, l’aprem, et
même un soir. Ce qui était tout naturellement hors des cadres de la
sécu, exigés par nous-mêmes, il est vrai…
Nous fréquentions le même restau, le Putxet. Nous sortions très
peu le soir. Une fois, nous fîmes une exception pour un film sur le
paseo de Gracia, à côté du drugstore. Et d’ailleurs, cela avait failli
tourner mal. Un groupe de gris filtrait les spectateurs à la sortie. Et
juste à ce moment-là, bien sûr, Puig a eu le calibre qui lui glissa le
long de la jambe à l’intérieur du pantalon. II passa devant eux ainsi
en se tenant quasiment plié en deux, jusqu’aux chiottes…
Aurore : J’ai habité dans cet appartement rue Sales y Ferrer,
près de la calle del Telégrafo, dès la première fois où je suis des-
cendue avec les autres à Barna. Appart de quatre pièces en atico,
dernier étage avec terrasse plus cuisine, salle de bain, une pièce à
vivre plus grande, une chambre pour le Metge, une pour Sebas, et
une autre pour le matériel. Mais je me souviens d’un porte-man-
teau fixé au mur à l’entrée ou à l’entrée de la pièce principale
sous lequel, par terre dans un sac de voyage, est resté quelque
temps un petit stock de bâtons de plastic qui suintaient : plu-
sieurs fois je les ai heurtés avec les pieds…
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51 – D’après Sancho, ces deux brochures ont été imprimées sur les machines
expropriées et installées à Arnaud-Bernard.
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Zapatero : Un jour, ils m’ont dit qu’ils voulaient que je les mette en
rapport avec le Comité national de la CNT. Ils voulaient être recon-
nus par le mouvement libertaire en général, parce que la presse
espagnole les présentait comme des atracadores et des droits com-
muns. Ils ont été les voir. Ils sont revenus me voir en pleurant,
parce qu’on les avait traités de terroristes, de criminels, d’atraca-
dores et mis dehors.
Blanca : Ils sont allés rue Belfort au Comité national, au moment
de leur brochure qui, socialement, n’était pas intéressante. Se pré-
senter comme révolutionnaires avec cette brochure était une idio-
tie. Ils ont eu un rejet, mais les autres auraient pu discuter.
Zapatero : Ils se sont présentés tels qu’ils étaient. Le Comité
avait suffisamment l’intelligence et la militance pour dire : « Les
enfants, ne faites pas comme ça les choses ». Parce qu’au Comité
comme à Frente libertario (scission en 1969 de la CNT), certains
avaient mené, quand ils étaient jeunes, des actions identiques.
Mais il y avait des accords à la CNT pour ne pas qu’il y ait d’acti-
vités violentes en Espagne. L’organisation n’envisageait pas la
clandestinité. C’était les mêmes problèmes du temps de Sabaté et
Facerias. À ce moment-là, on était cinq mille à cotiser sur Toulouse,
mais aux assemblées on était cent cinquante personnes. Dans l’en-
semble, les gens étaient d’accord avec les actions armées faites en
Espagne. Ceux qui ne l’étaient pas étaient les officiels parce qu’ils
disaient que cela compromettait l’activité de la CNT. Ce n’était pas
qu’ils avaient peur mais c’était continuer le train-train, la bureau-
cratie.
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LE PRINTEMPS-ÉTÉ DU MIL/GAC
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La sortie était bien étudiée. Nous avons rejoint l’ancienne, déjà uti-
lisée pour l’opération de janvier à la cité de la BPS. Même abou-
tissement. Seulement, voilà. Ni Pedrals, ni Dandy ne sont là avec
les voitures prévues pour la suite. Personne. À peine descendu de la
voiture, je vois deux 091 monter à fond la caisse la Diagonal. Puig
traîne les sacs de matos à sa voiture en attendant. Nous hésitons à
partir chacun de notre côté.
Un taxi passe par hasard, Sancho le prend avec Cricri, je crois. Le
Légionnaire part à pied vers la grande place. Puig et moi, nous
poursuivons avec la Renault bleue et donc les sacs.
Pedrals avait encore foiré. Dandy avait bien vu notre voiture pas-
ser. Comme Pedrals ne démarrait pas, il était descendu pour lui
parler. Lui n’avait rien vu donc il fallait rester. Et les deux voitures
légales étaient ainsi restées en plein dispositif…
L’opération fit grand bruit. Les journaux parlent d’une organisation
armée de type tupamaros. Nous avons monté cette opération
comme une action politique et elle a été comprise largement comme
une action politique.
Cela fut très clair aussi lors des contacts à Barcelone même. Nous
agissions enfin comme groupe de guérilla. Et cela ne pouvait que
porter ses fruits.
D’autant plus que le groupe de Felip nous proposa une collabora-
tion pour une nouvelle attaque. Nous devions fournir du matos et
deux camarades pour participer à l’attaque de la Poste centrale, via
Layetana.. Ils avaient une très bonne info. Puig me proposa de faire
la couverture dans la rue derrière. Lui monterait avec deux gars.
D’abord, nous fûmes d’accord. Puis il y eut un problème et nous
n’avons pas fait le coup.
Avec une détermination sans faille, deux camarades de ce groupe
firent le coup. Au second étage du bâtiment, dans des bureaux
réservés aux employés, ils laissèrent une fausse bombe dans une
boîte de chaussures pour protéger leur fuite. Ce coup-là fit aussi
grand bruit.
Felip : On planifia l’expropriation de la Poste centrale de Barcelone
pour la faire de concert avec le MIL. Puig Antich devait participer
avec d’autres. Deux jours avant, ils ont dit non, parce qu’ils pen-
saient que c’était impossible. Présence de la police nationale et de
la garde civile dans l’édifice, ils ne savaient pas qu’un de nos com-
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Notre refus du salariat ne signifiait pas que nous ayons opté pour
l’illégalisme (au sens idéologie du refus individuel et de la récupé-
ration). La plus grande partie du fric partait dans l’action politique
véritable et non dans notre vie quotidienne. Je crois qu’au début,
nous avons donné plus d’argent que nous n’en conservions, comme
aux GOA après la première opération. Puis notre fonctionnement
devint un véritable gouffre. Nous devions maintenir une infra-
structure de plusieurs personnes clandestines, apparts, voyages, vie
quotidienne, armes, etc., dans deux villes différentes, Toulouse et
Barcelone… Le but n’était pas de donner du fric comme nous
avions donné des machines et de la propagande. Le but quand tout
ça avait été monté, doté d’une expérience de lutte véritable, il fal-
lait le mettre au service du peuple (!), au service de la lutte du pro-
létariat dans l’action politique contre la bourgeoisie et donc, dans
un premier temps, contre la dictature.
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DU CONGRÈS
À L’EXÉCUTION D’ORIOL
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notre ingéniosité politique. Car rien ne fut réglé par cette formule
magique, la suite allait parfaitement le démontrer. Donc, avant la
montée, je crois que le sort du MIL est ficelé.
Felip : Puig fut l’artisan du maintien de discussions avec moi et
d’autres de notre groupe sur la proche fusion avec d’autres compo-
santes du MIL. Concrètement, il y eut des accords politiques. La
fusion d’une part de son groupe, une fois passé leur congrès d’au-
todissolution, avec une partie du nôtre. Nous avions nous aussi
convoqué un congrès. Nous voulions que les éléments liberados de
notre groupe suivent leur propre chemin en solitaire.
El Petit : On peut noter deux stratégies, la théorique et l’immé-
diatiste avec des dynamiques opposées qui mettaient l’autre en
péril. On décide d’une rencontre avec Oriol qui est en liberté, fin
juin. Il est le dernier recours pour éviter une rupture, avant d’en-
trer dans un automne chaud. On l’appela congrès, d’abord prévu
pour juillet, puis retardé de quelques semaines à cause de mes
crises d’épilepsie. Entre les deux extrêmes, il y avait une frange peu
définie d’individus.
Soit la voie théorique définissait une pratique séparée, soit la pra-
tique activiste sécrétait sa propre idéologie. Le n° 1 de CIA allait
vers la deuxième. Le titre de la publication montrait cette intention
provocatrice. Ceux qui avaient accumulé du matériel pour une
bibliothèque pendant un an, l’amenèrent au congrès comme preuve
que cela pouvait fonctionner mieux sans sigle. Nous pouvions
rompre définitivement l’isolement auquel nous conduisait l’agita-
tion armée si on ne la freinait pas. On pensait que la reprise en
main par Oriol du leaderisme, qu’il n’avait plus contre sa volonté,
clarifierait les choses, continuer ou se séparer. Cette rencontre, on
l’appellera alors congrès.
Sebas : Il n’y eut jamais « un congrès mouvementé mené à Tou-
louse durant toute une semaine » (56). Car, en fait, le congrès n’eut
jamais une seule réunion plénière. Jamais d’exposition politique
des diverses tendances ou affinités. Jamais de prise de position
affirmée pour une ligne stratégique quelconque. Et je défis un
56 – Sebas fait allusion à la thèse émise par Cortade : « En août 1973, à l’issue
d’un congrès mouvementé mené à Toulouse durant toute une semaine, le
MIL décidait de se dissoudre en tant qu’organisation politico-militaire » (p 61).
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El Petit : J’avais peur que les braquages deviennent une fin en soi,
développant sa propre idéologie militariste au lieu d’être un moyen
d’appuyer les luttes ouvrières. C’était déjà mon opinion quand le
FSF s’est transformé en CHE-CHO groupe armé, je n’étais pas
d’accord et je continue à ne pas l’être. La revendication des bra-
quages me fut présentée comme une simple plaisanterie, mais ces
choses inquiétaient l’EO, avec raison. Et sur ce point, je donnais rai-
son à l’EO.
El Chato : Dans le fait d’essayer dans la pratique de ne pas se cou-
per du mouvement ouvrier et de laisser les ouvriers penser et
décider par eux-mêmes, je crois sincèrement que l’autodissolution
a beaucoup à voir avec le Rubio et moi. Nous voulions que les édi-
tions soient définitivement séparées de la pratique armée.
J’étais très critique vis-à-vis des hold-up dans le sens qu’ils ser-
vaient seulement à payer les frais. Chaque fois qu’ils ont voulu
nous donner de l’argent pour nos activités, nous avons refusé. De
toute façon, dans le dernier CIA, ils disent que l’autodissolution fait
suite à nos critiques.
J’ai toujours eu une existence légale excepté lors des périodes de
deux ou trois mois, quand la dictature décrétait l’état d’exception.
Je ne vivais pas chez moi mais j’allais au travail tous les jours.
Vivre clandestinement oui, avoir une arme, catégoriquement non.
J’ai toujours défendu la lutte idéologique et j’étais d’accord avec un
certain type d’actions armées pour récupérer un peu d’argent et
maintenir les appareils. La seule chose que nous faisions était de
voler dans des bureaux pour récupérer du papier, des machines à
écrire… et un peu d’argent, mais jamais en utilisant des armes.
El Rubio : Sur un point, je ne suis pas d’accord avec le Chato. Le
MIL a donné de l’argent aux ouvriers, par exemple à ceux de Bul-
taco. Mais, bien sûr, beaucoup d’argent allait à l’infrastructure.
■ Entretiens avec Sergi Rosés.
Sancho : La pratique quotidienne n’avait rien à voir avec la théo-
rie que prêchait le MIL, nous étions devenus un groupuscule. Les
éditions Mayo 37 étaient en péril parce que la police pouvait les
associer au MIL, autrement dit aux hold-up et c’était un danger
pour l’EO. Pratiquement à cette époque, nos relations avec eux se
bornaient à diffuser les éditions Mayo 37. La spirale qui emportait
le MIL dans une course toujours plus rapide, l’enfermait toujours
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grande échelle et avec des bases théoriques plus solides et, surtout,
cela se greffait sur un mouvement social plus profond qu’en
Espagne (posant plus directement la question du travail par
exemple, et de la vie quotidienne qui, en Espagne, restait limitée à
une petite minorité).
C’est seulement après les arrestations et dans le courant 1974
que la VT aurait pris conscience qu’une partie du MIL était deve-
nue des professionnels de la clandestinité, sans plus grand rapport
avec les prolétaires. Même si ces derniers au départ étaient issus de
luttes sociales et/ou ouvrières ayant participé à des grèves (comme
salariés ou non de ces entreprises), à Harry Walker par exemple.
Sebas : Barrot a raison, la Vieille Taupe n’a été au courant des acti-
vités militaires du MIL qu’après les arrestations de septembre
1973. Les seuls rapports que nous ayons eus avec eux, comme
MIL, furent ceux pour le comité de soutien et pour Mayo 37. J’ai
rencontré plusieurs fois P. Guillaume chez lui. Et deux ou trois fois,
Barrot à la Vieille Taupe ou chez un autre éditeur, rue des Écoles.
Mais vraiment, comme le reconnaît Barrot, ce mouvement était
déjà en perdition en 1973, justement souvent du fait d’une politique
autodestructrice d’extrémisme verbeux et de sectarisme complai-
sant… Il ne nous a jamais rien apporté directement dans notre
combat. Les seuls camarades de cette gauche parisienne dont je
garde un bon souvenir militant resteront Lefeuvre (Spartacus) et
Guérin. Ils ont toujours été à l’écoute, compréhensifs et solidaires.
Les autres étaient souvent arrogants et présomptueux, comme les
sectaires, c’est bien connu, surtout lorsqu’ils n’ont jamais eu d’ex-
périence révolutionnaire véritable.
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Quoi qu’il en soit, le texte et son post-scriptum sont acceptés par les
participants au congrès et publiés dans CIA n° 2.
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LES ARRESTATIONS
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Montes nous avait fourni une nouvelle planque, louée par Beth, rue
Nostra Senyora del Coll. Un grand appart dans le quartier de
Vallcarca au-dessus de la place Lesseps (encore !). Quatre ou cinq
pièces dans un immeuble moderne, à peine meublées. Une parti-
cularité, nous étions au 3e sous-sol. En effet, lorsque nous entrions
sur la rue, il fallait descendre trois étages pour arriver à notre
appart. Nous vivions là, Puig, Aurore, Cricri et moi. Queso et Que-
sita étaient dans un appart à Horta.
Immédiatement, nous avions repris notre travail habituel sur Bar-
celone. Rendez-vous, surveillances, etc. Comme si rien n’avait
changé ou si peu. Pour notre part, nous avions deux voitures à
notre disposition, la 850 légale et une Simca orange ou jaune (?) qui
avait été louée et qui pouvait, dès lors, servir à circuler tant qu’elle
n’était pas déclarée volée, et ensuite elle devait être utilisée à une
expro.
Puig avait multiplié les contacts avec l’OLLA suite à nos résolu-
tions de Toulouse. Les contacts semblaient très positifs. Nous
avions étudié la possibilité de faire une réunion plus large, avec
comme objectif l’ouverture de la coordination à d’autres compo-
santes.
Une expro nous avait été proposée pour la fin du mois. Plusieurs
millions (trois ou cinq) dans une petite banque de la Diagonal, à
hauteur de Valencia ou de Provença. Nous avions commencé le bou-
lot de repérage.
Aurore : Nous étions seuls à Toulouse, Sancho, Oriol et moi. Les
autres étaient en train de préparer un braquage à Barcelone. Il
était hors de question d’exclure Oriol, mais ils le mettaient de côté
car ils avaient un projet sans lui. Oriol devait s’occuper de l’impri-
merie à Toulouse, du moins pour cette action. Mais il n’y avait pas
de place pour Oriol et je pense que c’est un peu pour ça qu’il a voulu
faire quelque chose, montrer qu’il était capable d’agir et de rap-
porter de l’argent.
Il y a eu une grande discussion donc après la libération d’Oriol en
juin. Celui-ci débarquait dans un monde qui avait changé, où il ne
trouvait pas bien sa place, où Sebas avait pris, en particulier, de
l’ascendant sur tous les autres. Il se trouvait, avec Sancho, relégué
à l’imprimerie (sise à Arnaud-Bernard). Moi, je n’avais pas accès à
cette imprimerie par sécurité. Il ne voulait pas rester à Toulouse à
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C’est à deux que nous descendîmes vers les Pyrénées, Oriol condui-
sant sa voiture. Quand nous sommes arrivés vers les lacs, avant
Font-Romeu, Sancho exprimait son côté catalan. Il m’invitait à
humer l’air qui était tellement meilleur, tellement différent puisque
nous étions en Cerdagne.
Je nous revois dans la montagne au Pla de Salinas (vue directe côté
espagnol). Est-ce Sancho (je crois) ou Oriol qui embourba une
auto ? On est restés bloqués là, visibles de l’Espagne puisque ce Pla
est orienté dans ce sens quasi sans végétation. On cherchait des
branchages ou des pierres pour combler le trou où patinait l’auto.
Cela a duré un bon moment avant que la voiture ne puisse s’arra-
cher de là. Puis on est repartis pour déboucher sur la route face à
la station de La Molina (sur l’autre versant de la montagne). On
riait comme des petits fous (moi, un soupçon de crainte au fond du
cœur, tant des autres du groupe qui ne nous attendaient pas à
Barna que, très vaguement, des gardes civils ou autres). On est
allés boire quelque chose dans un café de La Molina. Ils ont décidé
que c’est moi qui commandais nos trois consommations, pour faire
comme si eux aussi étaient Français, ne me parlant qu’en français.
Je nous revois au comptoir de ce café de montagne. Ils m’avaient
fait répéter ce que je devais dire, ils trouvaient cela très drôle
comme une super-plaisanterie de plus dans la joie de ce moment-là
(je ne sais plus si c’était en catalan ou en castillan qu’ils m’ont fait
répéter les mots à dire).
Puis on est repartis. On a laissé la 3-chevaux dans un tournant de
route et nous avons continué avec une seule voiture, sans doute une
Simca 1500. Nous ne savions pas que la 3-chevaux, repérée peut-
être dès ce jour-là, serait transformée en passoire par les tirs…
À Barna, nous décidons de garer la voiture de Cahors hors d’un
parking payant à cause du gardien, et de trouver une place dans la
rue, ce qui ne fut pas évident. Je ne crois pas que nous ayons télé-
phoné pour annoncer notre arrivée. Nous savions que les copains se
réunissaient à telle heure chez le Petit pour faire le point, et nous
décidons donc de les y rejoindre. Les frères Solé connaissaient son
adresse, pas moi. On débarque dans cet appartement bourgeois.
Têtes (vertes) des copains qui ne nous attendaient pas du tout.
Nous avions agi, en dépit de toutes les consignes. Le comité d’ac-
cueil était lugubre, on s’était tous si bien entendus à Toulouse
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J’ai laissé Oriol et Queso devant la banque. Quand ils sont sortis, ils
m’ont cherché à gauche alors que j’étais en face à droite. Quand on
est partis, plusieurs employés de la banque étaient dehors, quelques-
uns ont voulu jouer les héros, ils nous ont poursuivis en voiture. Je
n’ai tiré qu’une fois dans leur direction parce que le chargeur de mon
arme est tombé, le pare-brise de leur voiture s’est éclaté et cela les a
stoppés. Il n’y a pas eu de blessé. Pour éviter les contrôles de la Guar-
dia civil, on devait marcher quelques heures avant d’atteindre la voi-
ture légale. À cause de la fatigue accumulée et le manque d’expé-
rience de Queso, on décida d’écourter le chemin et ce fut là l’erreur.
Comme cela impliquait de traverser un village, on décida de cacher
les mitraillettes et d’y aller seulement avec les pistolets, c’est là
qu’on s’est cognés à une patrouille de la Guardia civil.
Après une intense fusillade, une véritable chasse aux lapins de la
part de la Guardia civil, j’ai perdu le contact avec les autres. J’ai
marché deux ou trois jours avant de réussir à arriver en France, et
ce, toujours de nuit car toute la montagne était quadrillée par la
police. Je suis arrivé à Toulouse par le train et comme je n’avais
aucune clé d’appartement, je suis allé chez le Zapatero avec l’espoir
que quelqu’un me contacterait. C’est là que j’ai appris par la presse
les arrestations d’Oriol et de Queso. Ils ont été arrêtés le lendemain
du nez-à-nez avec la patrouille. Ils étaient fatigués et ils décidèrent
de chercher la voiture légale que nous avions laissée sur un chemin
communal. Cela a été leur erreur. Quand ils y sont arrivés, il y a
avait déjà la police, au nombre d’une quarantaine, qui se repliait
après avoir trouvé la voiture. Après un nouvel affrontement, ils
sont pris faute de munitions.
Bien que je me trouvais à peu de kilomètres des arrestations, je
n’avais rien su. Un jour, quand j’étais caché sous des rochers, j’ai
entendu des voix d’une voiture qui s’arrêtait en disant « c’est par ici
que se cachent les braqueurs ».
Aurore me contacta chez le Zapatero et, deux jours plus tard, arrivè-
rent Cricri et Jean-Marc qui avaient réussi à s’enfuir de Barcelone.
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Les armes que Puig Antich portait lors de son arrestation en septembre 1973.
Photo extraite de l’hebdomadaire catalan Porqué du 16 janvier 1974.
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tous tombés ». Tous les autres qui n’étaient pas dans cette pièce
avaient été arrêtés. Il y eut un grand silence. Et nous avons expli-
qué. Nous sommes restés éveillés jusqu’au matin à discuter, à ten-
ter d’écouter les infos.
Le rendez-vous manqué du matin avec le Secrétaire, jusqu’à ce
qu’on lise les journaux, j’étais persuadé qu’il avait été pris la veille.
Le Petit que j’avais vu au milieu des flics, vu son attitude, nous pen-
sions que les flics ne l’accompagnaient pas mais le suivaient tout
simplement. Puig aussi.
Sancho : Je sais que Montes et Felip sont allés à l’appartement de
la rue Vallcarca quand Jean-Marc est reparti à Toulouse.
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Les incarcérations
Blessé par balles, Puig est détenu et surveillé étroitement par
la police à l’hôpital Clinico de Barcelone. Début octobre, son état est
jugé satisfaisant et il est incarcéré à la Modelo, la prison pour
hommes de Barcelone et mis à l’isolement total. Ce qui l’empêche
de voir les autres membres du MIL qui sont incarcérés. Maria
Luisa (compagne de Pedrals) et Quesita sont emprisonnées à la Tri-
nidad, la prison pour femmes.
Maria Luisa est libérée après quelques jours de prison et le 21
novembre, Pedrals bénéficie d’une liberté provisoire en échange
d’une caution.
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LA SOLIDARITÉ
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Pour Cricri et moi (plus les camarades encore avec nous), l’essen-
tiel et l’urgent étaient de réunir assez de force et de réussir à
prendre une ou deux personnalités avant le procès pour éviter
l’exécution de Puig, négocier à tout prix sa vie, sinon il était foutu.
Les procès étaient des événements secondaires dans l’enjeu de
cette affaire. L’État espagnol voulait faire un exemple et nous
nous n’avions qu’une chose à faire, essayer par tous les moyens de
l’empêcher. Le reste n’est que du baratin, il n’y avait vraiment
aucune autre solution !
Face au délai imposé par le conseil de guerre-sumarisimo contre
Puig, nous n’avions que peu de temps devant nous pour faire de ce
groupe assez hétéroclite un noyau capable d’assumer. Deux enlè-
vements étaient envisagés.
Sancho et Eva changèrent d’avis progressivement, ils s’éloignèrent
du noyau ex-MIL et disparurent, bloquant ainsi les premières
orientations que nous avions dans ce domaine. Sans doute avaient-
ils rencontré quelqu’un qui ne voulait pas d’une telle opération.
Non pas qu’ils préféraient avoir un martyr en la personne de Puig,
mais cela devait être un ultime avatar de limites politiques aux-
quelles nous nous étions confrontés durant deux années. Une inca-
pacité à passer tactiquement à une phase supérieure du com-
bat. Nous ne les avons jamais revus, ni l’un ni l’autre (65).
Comme ils avaient fini par concentrer les contacts avec l’interior, dès
ce moment-là, les rapports avec la coordination intérieure furent
rompus. Ce qui ne nous posait pas trop de problèmes, même poli-
tiques, vu la situation, car nous étions concentrés exclusivement sur
la tâche de sauver Puig et Oriol. Nous n’avions plus rien à voir avec
la position soutenue par le GAC-septembre 73 formé à la Modelo.
Pas grand-chose à faire avec le Comité de soutien de Barcelone.
Aurore : Dès les arrestations, on savait que la condamnation à
mort était plausible à cause des hold-up et, de plus, il y avait un flic
mort.
À part téléphoner aux avocats qui avaient une peur bleue, je ne me
rappelle pas de contacts avec Barcelone, sauf Eva qui téléphonait.
Elle a tout stoppé car on devait enlever un ami de sa famille et il y
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67 – Des sabotages avec le même procédé ont été menés en mars et juin 1963,
à bord d’avions commerciaux espagnols et portugais dans plusieurs aéro-
ports européens et américains, dans le cadre d’une campagne anti-touristes
sur le sol espagnol et portugais. Ces actions étaient orchestrées et revendi-
quées par le Conseil ibérique de libération (CIL) bras armé, de 1962 à 1963, du
Mouvement libertaire espagnol (CNT, FAI et FIJL). En 1970, c’est le groupe
Primero de Mayo qui revendique les actions de même type contre les avions de
la compagnie espagnole Iberia sur les aéroports d’Amsterdam, Genève, Franc-
fort et Londres.
68 – Tonton et Michel seront de nouveaux incarcérés en juillet et septembre
pour leurs activités au sein des GARI.
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Une fois arrivé à la prison, j’ai essayé par tous les moyens de recu-
ler le plus possible le moment de la signature par Salvador et
moi-même de la condamnation à mort, parce que j’attachais une
grande importance au délai de 12 heures, prévu entre la signature
et l’exécution afin que celle-ci ait lieu le plus possible en plein
jour, ce qui permettrait de profiter au maximum de tout ce temps
pour mobiliser l’opinion à l’extérieur de la prison, et d’effectuer des
démarches auprès de différentes personnalités. Après de multiples
péripéties, j’ai réussi à obtenir du juge que la signature soit repor-
tée jusqu’après le tour de garde, ce qui nous permit de gagner
trois bons quarts d’heure.
Nous avons signé la sentence à vingt et une heures et quarante-
cinq minutes, et c’est à ce moment que commence la terrible his-
toire de ces douze heures très longues et très courtes à la fois, jus-
qu’à dix-heures moins le quart du lendemain, heure de l’exécution.
Quelques faits significatifs de l’ambiance qui régnait dans la pri-
son pendant ces douze heures. Par exemple, à peine la confirma-
tion définitive de l’exécution fut-elle connue que la garde fut
quadruplée dans la prison ; en même temps, les policiers de la
BPS se promenaient dans la cour et dans les autres dépendances
de la prison avec une facilité surprenante. La prison était occupée
militairement. Il faut souligner que, même nous, les avocats du
condamné, nous étions fouillés du haut en bas, à chaque entrée ou
sortie de la prison ; je me rappelle qu’ils me confisquèrent jusqu’à
un tube d’aspirine ! On ne pouvait rien sortir. Il en était de même
pour ses sœurs car une femme les fouillait, ce qu’elle faisait scru-
puleusement, à l’exception du sac à main, preuve de l’absurdité de
ce genre de fouilles et de ce déploiement policier.
Je tiens aussi à témoigner que cette même nuit, vers 2 heures du
matin, je demandais à assister à l’exécution, non pas parce que
cela me ferait un quelconque plaisir, mais parce que je pensais
qu’ainsi, Salvador se sentirait mieux protégé jusqu’à la fin. Ils me
l’interdirent, sous prétexte que le Code de justice militaire ne
parle pas de l’avocat en tant que témoin de l’exécution, et que le
règlement des prisons spécifie que les assistants à cette exécution
sont le médecin légiste, le juge d’instruction et deux voisins de
bonne moralité et de bon voisinage. Je n’étais pas un voisin, et je
suppose que je n’étais pas non plus de bonne moralité. Pourtant,
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nait pas leur attitude, lui qui n’avait fait que son devoir en se
comportant en homme d’honneur… ■ Extrait d’un document
édité par ce comité et daté du 20 mars 1974.
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tion pour les marginaux et que j’ai fait une campagne d’alphabéti-
sation pour les gitans dans sa paroisse (il l’inventa mais il les
impressionna). J’ai pris deux ans et la liberté provisoire avec l’obli-
gation d’aller pointer au juge de Barcelone tous les quinze jours.
Une fois refusé le recours pour demander une caution, il me restait
six ou sept mois à faire mais ils les oublièrent. Je suis mis en
liberté provisoire avec une caution le 2 février 1975.
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■ 1975
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ORIOL ASSASSINÉ
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Nous sommes montés dans une Land Rover et ils nous ont
conduits à une caserne. Je suppose que c’était celle de Bur-
guete… Il y avait déjà quatre ou cinq détenus et, progressive-
ment, il en est arrivé d’autres. Ma notion du temps, à présent,
est floue. La situation était tendue. Je me souviens que tous
portaient leur flingue à la main. L’un d’eux a commenté :
« Vous savez ce que vous avez fait, hein ? Il y a déjà trois
morts ».
Ce qui était un mensonge. Je suppose que tout cela était à
cause de l’affrontement avec le groupe d’Oriol. Ils m’ont
demandé si je savais comment Oriol était habillé. Je leur ai dit
que je ne m’en souvenais pas. S’il lui manquait une dent. J’ai
dit que je ne savais pas. Et, à partir de là, j’ai refusé de
répondre à leurs questions.
Quand ils nous demandaient qui nous étions tous, nous décli-
nions notre identité. J’ai pensé que, lui, avait refusé. Je crois
qu’on nous a gardés là jusqu’à ce qu’ils l’aient tué.
Quand je suis arrivé à la prison de Pampelune, j’ai entendu par
les fenêtres des cellules : « Ils ont tué le Catalan, ils ont tué
Pons Llobet ». J’ai dit : « Non, je suis là, ils ne m’ont pas tué ».
À ce moment-là, j’ai su. Les voix ont changé : « Ils ont tué Oriol,
ils ont tué Oriol… » et j’ai compris les questions qu’on m’avait
posées. »
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73 – Cest la raison pour laquelle nous n’avons pas cherché à le contacter pour
lui poser des questions. Rancune tenace ? Non, tout simplement aucune envie
de discuter avec quelqu’un agissant de la sorte. De plus, au sujet de l’ET, nous
avions suffisamment de documents et d’informations avec le Petit qui était là
du début à la fin.
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CONCLUSION
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ANNEXES
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SIGLES
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FACS SIMILÉS
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Affiche de solidarité,
novembre 1973.
Affiche de solidarité,
mars 1974.
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2 – Bloof
On a parlé, jusqu’à satiété, de l’isolement du groupe. Je ne sais
pas jusqu’à quel point est correcte la détermination de rompre
l’isolement avec des papiers et des timbres. Je ne nie pas la néces-
sité pour une organisation d’avoir des contacts pour maintenir
une continuité, mais sur quelle base ? La tête se fortifie (centre de
décision), mais avec un vide important : l’erreur principale de base
est à l’intérieur. Nous avons vécu ce qu’était un bloof et les consé-
quences de celui-ci se payent très cher. Je ne suis pas contre main-
tenir un centre de décision à l’extérieur pour assurer la continuité
du groupe, je suis contre pour jouer avec de supposées réalités qui
n’existent pas.
3 – Expérience passée
Nous pouvons poser la question suivante : pourquoi notre pra-
tique n’a pas eu d’incidence dans la lutte des classes ? D’une part,
nous n’avons jamais mené une action clairement politique et c’est
uniquement celle-ci qui démontre l’effectivité de la pratique. Les
actions ont été clairement expropriatrices et ne dépassèrent jamais
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De nouveaux GAC n’ont pas été créés ou nous n’en avons pas
eu connaissance (Mallorca). C’est la pratique qui nous a menés à
l’isolement.
Pourquoi l’incapacité de donner une réponse à un moment précis,
comme par exemple celui du procès de Saragosse ? Cette incapacité
de ne pas dépasser un niveau d’immédiateté se base sur :
1) Méconnaissance de la réalité. 2) Incohérence politique et pra-
tique du fait de ne pas pouvoir tenir les responsabilités prises par
excès de volontarisme ou de triomphalisme. 3) Méfiance entre les
membres. 4) Absence d’objectifs tactiques (au niveau du groupe).
5) Surévaluation de nos forces. 6) Concentration du pouvoir par
deux individus et inhibition des autres.
4 – Agitation armée
Une reprise de l’action sans définir clairement nos objectifs et
nos limites, serait aller droit dans le mur (se faire casser la gueule).
Les conséquences de toute l’étape postérieure en termes généraux
ne se résoudront pas en se séparant d’un camarade. C’était néces-
saire mais pas suffisant. Et avec une nouvelle dose de volonta-
risme, conséquence de cette nouvelle situation.
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Objectifs immédiats :
1) Compléter les infrastructures. 2) Expropriations. 3) Actions à la
bombe. 4) Sortie de livres, bibliothèque.
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1er juillet : Barcelone, attaque à main armée d’un bureau d’alloca-
tion vieillesse (rue Mallorca, centre-ville de Barcelone).
Butin : 800 000 pesetas.
Nuit du 14 au 15 août : Cambriolage d’une imprimerie, rue de l’Es-
quille à Toulouse.
9 septembre : Bessières (30 km de Toulouse), la police localise une
ferme qui servait pour les réunions d’activistes internationaux,
découvre une imprimerie et un stock d’armes.
13 septembre : Salou (province de Tarragone) attaque en pleine rue
d’un employé qui transporte de l’argent de la Caisse provinciale…
l’employé tente de s’échapper, mais il est maintenu. – Échec d’une
attaque à main armée à la Caisse d’Épargne d’Igualada (50 km de
Barcelone).
15 septembre : Attaque à main armée de la Caisse d’Épargne de
Bellver de Cerdanya, près d’Andorre (province de Lérida). Butin :
1 million de pesetas.
17-18 septembre : Une voiture Renault 16 immatriculée à Perpi-
gnan subit un contrôle près de Pau. Deux des occupants sont iden-
tifiés comme responsables de la ferme de Bessières.
Dans la nuit, la police entre dans un appartement de Toulouse (rue
Raymond-IV) et réussit à arrêter deux militants, un troisième arrive
à s’échapper. Oriol Solé, reste en prison. Jean-Claude Torres, sort
deux jours plus tard en liberté provisoire (faute de preuves).
18 novembre : Barcelone, attaque à main armée d’une Caisse d’É-
pargne. L’un des membres du commando est armé, pour la pre-
mière fois, d’une mitraillette Sten. Butin : 200 000 pesetas.
28 novembre : Barcelone, attaque à main armée d’une succursale
de la Banco Central par 7 hommes armés de mitraillettes et pis-
tolets. Ils partent avec 1 million de pesetas et laissent dans la
banque un communiqué.
Nuit du 13 au 14 décembre : Toulouse, un commando retourne
« socialiser » le matériel d’imprimerie récupéré par la police à Bes-
sières.
29 décembre : Badalona, attaque à main armée d’une Caisse d’É-
pargne, av. Layetana. Butin : 800 000 pesetas. Les « bandits » lais-
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21 janvier (1) : Barcelone (quartier de Sarriá ), attaque d’une Caisse
d’Épargne, située dans le même édifice où vivent les membres de la
Brigade Politico-Social.
23 janvier (1) : Puigcerda-Bourg-Madame. Deux individus en train
de passer la frontière sont interceptés par la police, ils s’échappent
en abandonnant leur sac (qui contenaient une mitraillette, 250 000
pesetas et de la propagande). Une fois en Espagne, ils s’affrontent
avec la Guardia Civil et disparaissent avec une voiture (qu’ils
avaient socialisée à l’aide d’un pistolet).
2 mars : Barcelone, allées Fabra y Puig : attaque à main armée au
Banco Hispano Americano. Durant l’attaque, les assaillants sont
encerclés par la police ; lors de la fuite, ils blessent un employé et
un policier et emportent un million et demi de pesetas des six
qu’il y avait.
8 mars : Toulouse, procès contre deux militants qui étaient tom-
bés dans un appartement dans la rue Raymond-IV (18 septembre)
et deux en fuite.
– Oriol Solé, un an de prison, Torres Jean-Claude, six mois avec
sursis, Rouillan Jean-Marc, un an, Puig Antich Salvador six mois
de prison (en fuite).
17 mars : Barcelone, attaque à main armée d’un inspecteur admi-
nistratif qui transportait des permis de conduire, passeports, etc. (2)
(1) Les rédacteurs du MIL/GAC se sont trompés dans ces deux dates, ce n’est
pas le 21 et le 23, mais les 19 et 20 janvier. Nous les avons modifiées lors de la
rédaction du livre.
(2) Cette action n’a pas été menée par le MIL/GAC.
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Des éléments, qui formeront plus tard l’ET au congrès de Bressuire
des Jeunesses communistes révolutionnaires, (avril ou mars 1967),
s’alignent sur les positions pro-Durruti (1), défendues par Daniel
Guérin (2) face à l’entrisme prôné par Alain Krivine (trotskiste
ligne Mandel), face au dirigisme des groupes universitaires (sémi-
naire anti-autoritaire, été 1967) et face aux tentatives de bolchevi-
sation des groupuscules (mars 1968).
1968
Mars : Contact direct entre l’ET et l’International Situationniste.
Été : Contacts de l’ET avec des éléments qui formeront plus tard
l’EE (assemblée générale d’Acción Comunista).
Août : Formation d’une ET, légalement consacrée. Écrits de quelques
membres de la Local de Barcelone des Commissions ouvrières dénon-
çant une série de faits concrets de la part du PSUC. L’opposition au
PSUC et de la commission nationale se regroupe autour de la revue
Metal, initialement organe de liaison qui devient le porte-parole de toute
l’opposition pour le regroupement par entreprise et non par branche.
Automne : À travers Acción comunista, l’ET fait approuver un
soutien inconditionnel au groupe Metal et y participe directement.
Décembre : Participation de l’ET au congrès d’AC à Paris (critique
du marxisme du PCI, de Proletario et du castrisme comme nouvelle
bureaucratie).
1969
Apparition de l’EE (nous ne connaissons pas le mois exact).
Janvier : La revue Metal est remplacée par ¿ Qué hacer ? (de jan-
vier à septembre 1969), qui préconise l’abandon de la lutte pour le
pouvoir des Commissions et essaye de regrouper le mouvement
ouvrier en marge de ces tripatouillages.
Été : Rupture de l’ET avec un groupe qui édite Tribuna libertaria
(le noyau, en tant que ex-trotskiste, accuse l’ET de bordiguisme) (3).
Automne : Entrisme de l’ET dans AC pour élaborer des bases idéo-
logiques ; elle écrit Le mouvement ouvrier à Barcelone.
Décembre : Participation de l’ET au congrès d’AC à Francfort et
rupture politique entre les deux (démantèlement provisoire d’AC à
Barcelone).
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1970
Janvier : Les Circulos de Formación de Cuadros succèdent à ¿ Qué
hacer ? avec une nouvelle forme organisationnelle.
Février : Publication : Le mouvement ouvrier à Barcelone.
Mars : Premiers contacts de l’ET avec les chefs des Circulos de for-
maciones de cuadros et avec, pour se présenter, la brochure Le mou-
vement ouvrier à Barcelone. Projet commun d’un « mamotreto ».
Avril : Premiers contacts entre l’ET et Lotta continua.
Été : Participation de l’ET, l’EE et le noyau de la future EO au
congrès de Lotta continua. Rencontre de l’ET et l’EE à Toulouse.
Premiers contacts de l’ET avec la Vieille Taupe à Paris.
Août : Tirage à Toulouse du Diccionario del militante obrero de
l’EO, partiellement réécrit par ET et imprimé avec comme signa-
ture « Edita Equipo Exterior Nuestra Clase ».
Automne : Les Circulos sont remplacés par Nuestra Clase (qui
alors était seulement le nom d’une revue assez mauvaise. Nuestra
clase est formé par trois équipes (ET, EO et EE) et toute une série
de contacts internationaux parmi lesquels se détache un Comité de
liaison (un nom assez proche) situé à Lyon.
Hiver : Grève à Harry Walker. Le nom de Nuestra Clase, pour
diverses raisons, disparaît. Les éléments le composant recen-
trent leurs activités autour du CU (Comité unitaire) d’Harry
Walker.
Décembre 1970-janvier 1971 : L’ET mobilise tous ses contacts de
Paris, Lyon, Marseille, Genève, Nantes, Euskadi, Pampelune,
etc.
1971
Janvier : Publication de Europa salvaje, sans signature, traduit par
l’ET et revendiqué plus tard par l’EO (qui, visiblement, a profité
d’Harry Walker pour se faire un nom et qui, par la suite, se grou-
pusculera). Europa salvaje sera présenté comme un texte des
Groupes Ouvriers Autonomes (GOA).
Mars : L’ET édite La lucha contra la repressión sans signature,
mais présenté plus tard comme un texte des GOA. Mais ce qui
change est l’apparition dans le même mois, à la charge de l’EE, de
la brochure Boïcot de las elecciones sindicales signé 1000 avec du
matériel spécialement socialisé par un commando du 1000.
Mars-Avril : Déplacement de La Vieille Taupe à Barcelone où elle
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avait des contacts avec les groupes qui se mouvaient autour de l’ET.
L’EO refuse de les rencontrer.
Avril : L’EO édite, sans signature, mais utilise la structure précé-
dente, Proletario y organización de Paul Cardan, Partido y Clase
Obrera de Anton Panneckoek et Lucha contra los cronometrajes –
textes revendiqués plus tard par les GOA (4) (??) (5) font que ces édi-
tions passent inaperçues ou sont ignorées de l’ET.
Avril : La rupture entre ET et EO est consommée.
Mai : Édition du Mamotreto par l’ET ayant recours à du matériel
illégal. La première partie du texte avait reçu une série de
remarques de la part de l’EO, mais le reste ne lui fut pas présenté.
Mai-Juin : Apparition publique du nom des GOA (ce qui représente
la rupture entre les chefs qui ont un appareil et qui peuvent se don-
ner des sigles, et la base ouvrière qui se détache d’un groupuscule
de chefs à vie incontrôlable).
Juin : GOA signe comme étant le sien le texte La lucha de Santa
Coloma avant la grande stupéfaction des Colomemses (6) qui dans
leur majeure partie se désintéressent déjà des GOA.
Juin-Juillet : On parle pour la première fois, et de façon vague ou
imprécise, de la possibilité d’établir une collaboration EE/ET sous
la forme d’une bibliothèque.
Juillet : GOA édite et signe Los consejos obreros en Hungría.
Août : « Opération Anita » et rupture avec Lotta Continua.
Septembre : GOA édite La lucha contra la exploitación et le livre de
Jean Barrot de La Vieille Taupe : Notas para una análisis de la
revolución rusa.
Octobre-Novembre : L’ET commence l’élaboration d’une Étude éco-
nomique qui sera maintes fois retravaillée et réécrite.
Novembre : Contact informel de l’ET avec Lotta Continua en marge
des autres.
Décembre : Grève de la SEAT.
1972
Janvier-février (approximativement) : L’ET redouble une activité
(??) prépare la création d’une bibliothèque d’une part, traduit El
derecho a la pereza de Paul Lafargue, Huelga en Polonia extrait de
la revue ICO, La revolución alemana également d’ICO et édite le
texte La Comuna (Paris 1871, Kronstadt 1921, Polonia 1970-1971),
laissé (??) plus de six mois sans publier pour l’ancienne EO (GOA).
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Pour cela, nous pouvons dire que depuis la fin des années
soixante, la révolution sociale s’impose. Nous voyons ressurgir cela
en divers moments :
– mai 68 en France et les grandes grèves d’Italie en 1969 dans les-
quelles les syndicats furent débordés ;
– en Belgique, les mineurs du Limbourg en 1969 attaquent vio-
lemment les syndicats au cours d’une grève sans précédent ;
– la vague de grèves en Pologne en 1970-1971, durant laquelle les
bureaucrates du Parti communiste furent jugés et pendus ;
– Paris 1971 : importantes grèves ouvrières à Renault et pillage au
Quartier Latin ;
– mutineries dans de nombreuses prisons aux USA, en Italie, en
France (1972-1973), des grèves où mineurs et dockers affrontent les
bonzes syndicaux anglais, révoltes généralisées dans les ghettos
aux USA, Japon, etc.
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AUTRES DOCUMENTS
Rapport n° 1390 de la Direction supérieure de la police de
Barcelone, adressé au juge Rodriguez Ferrero du tribunal de la
Seo de Urgel qui instruit sur l’expropriation du 15 septembre
1972 à la Caja de Ahorros de Bellver de la Cerdana (11 mars
1973)
Monsieur,
Concernant l’instruction N° 1-72 menée dans votre tribunal
pour un délit d’attaque à main armée contre « la Caja de Ahorros
de Bellver de la Cerdanya » le 15 septembre de cette année, j’ai
l’honneur de vous adresser, pour qu’ils figurent parmi les pièces du
dossier les résultats des recherches faites par nos soins dans le
cadre de l’enquête qui nous intéresse, ainsi que dans d’autres.
Les faits et coïncidences qui se répètent dans toutes ces
attaques mettent à découvert une série de similitudes en ce qui
concerne tous les auteurs, armes employées, que les façons d’opérer.
Nous apportons aussi des éléments suffisants pour prouver la par-
ticipation dans tous les faits que vous examinez de Jorge Solé
Sugranyes né à Barcelone le 8 mai 1951, célibataire, sans profession
ni domicile fixe, fils de Luis et de Concepción. L’énoncé chronolo-
gique des faits, qui suit, contribuera à renforcer nos conclusions.
L’attaque eut lieu à la date et dans la ville (Bellver) que nous
indiquons ci-dessus et qui fut menée par deux individus ayant
entre 20 et 22 ans, un troisième étant resté au volant de la Seat
124 de couleur blanche, utilisée dans leur fuite. Ces mêmes per-
sonnes furent aperçues deux jours avant sur les lieux pour encais-
ser un chèque de la Banque lyonnaise de Paris. D’après le témoi-
gnage des employés, l’un d’eux s’exprimait en français de manière
correcte. C’est aussi les mêmes individus, qui juste après le bra-
quage contre la banque, firent le plein à la pompe à essence de l’hô-
tel Moixaro del Prat de la Cerdanya, où le pompiste, Jesus Agelet
Profitos domicilié à Balaguer, rue Torrente n° 44, remarqua que la
plaque minéralogique était dissimulée par de la boue, ne laissant
à la vue que la lettre M. Il déclare se souvenir aussi que le registre
d’identification fiscale situé sur le pare-brise arrière indiquait que
la voiture était la propriété d’une entreprise située avenue de José
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une armée qui déplace des pions : cela demeure vrai jusque dans
les phases militaires d’une révolution.
Cependant, comme nous l’avons déjà dit (voir : Pour un monde
sans morale), la survie biologique n’est pas pour nous une valeur
absolue. Dans l’élan d’une insurrection, la notion de sacrifice perd
tout sens car les insurgés se portent d’eux-mêmes au-devant du
danger. Mais en dehors d’une période d’affrontement massif ?
Comment manifester notre solidarité à un révolutionnaire menacé
de mort sans dénaturer le sens de son action ? II n’y a pas de
réponse précise à cette question. On peut seulement énoncer
quelques principes simples.
Il n’existe pas de pureté révolutionnaire que la plus petite
compromission souillerait irrémédiablement. Puig Antich préférait
être sauvé par des interventions bourgeoises plutôt que de mourir
dans la pureté révolutionnaire. Que des démocrates bourgeois
intervinssent pour lui sauver la vie, nul dans nos rangs n’aurait
songé à s’y opposer. Mais toute la question était de savoir comment
susciter de telles interventions. Il faut prendre au mot la démo-
cratie et faire en sorte que les démocrates fassent leur travail
sans dissimuler ce que nous pensons de la version démocratique du
capitalisme : plus facile à dire qu’à faire. Les révolutionnaires ne
peuvent faire bouger l’opinion publique, car dès l’instant où l’on se
place sur son terrain, on cesse d’être révolutionnaire. On peut
écrire dans un journal pour exercer une pression au profit de quel-
qu’un, jamais pour faire passer des positions de fond.
Nous n’avons pas le culte du héros et si un camarade se reniait
au moment du danger, nous ne le jugerions pas davantage que tous
les prolétaires qui acceptent chaque jour de se soumettre à la dic-
tature du salariat. Simplement, il tomberait en dehors de notre
activité commune.
Dans le cas de Puig, c’était une chose de contacter telle ou telle
personnalité pour lui exposer la vérité, c’en était une autre de
constituer un comité qui devait inévitablement vivre sa vie de
comité, mener une existence propre, franchir une limite au-delà de
laquelle la logique démocratique l’emportait sur tout le reste. S’il ne
recherche pas la mort et s’il n’hésite pas à profiter des contradic-
tions de l’ennemi (en l’occurrence, la lutte entre démocratie et dic-
tature) le radical en guerre contre l’ordre social ne peut faire tout
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BIBLIOGRAPHIE
Les ouvrages ou documents suivis d’un astérisque sont dispo-
nible au CRAS.
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– 1937, Guerre des classes. 1973, Guerre des classes*. Préface (tra-
duite en français) signée Mayo 37 pour le premier livre des éditions
Mayo 37. 6 pages, format 21x29,7. Barcelone, 1973.
– Entre la revolución y las trincheras* (Entre la révolution et les
tranchées), textes de Camilo Berneri. 61 pages, format 13,5x21.
Imprimé à Toulouse en juillet-août 1973.
– La lucha en los barrios (La lutte dans les quartiers) (tomos 1 y 2).
Textes réédités à Toulouse en juillet-août 1973.
– ¿ Qué vendrá después del capitalismo ?* (Qui succédera au capi-
talisme ?), textes de Tomori-Balasz. 37 pages, format 14,5x21.
Imprimé à Toulouse en juillet-août 1973.
– Violencia revolucionaria, Barcelona 73* (Violence révolution-
naire). Signé GAC/Mayo 37. 35 pages, format 14,5x21. Imprimé à
Toulouse en novembre 1973.
– La crisis : ¿ vamos hacia un nuevo 29 ? (La crise : allons-nous vers
un nouveau 29 ?). Imprimé à Toulouse en novembre 1973.
– Los consejos obreros en Alemania (Les conseils ouvriers en Alle-
magne), de Anton Pannekoek. Imprimé à Toulouse fin 1973 ou
début 1974.
– Sur l’activité des « gangsters » de Barcelone – Éléments d’infor-
mation*. Document en français. 33 pages, format 21x29,7. Imprimé
en janvier 1974.
– Sobre la organización de clase en la revolución alemania – 1920-
1921* (Sur l’organisation de classe dans la révolution allemande).
57 pages, format 14,5x21. Imprimé à Toulouse en 1974.
– Dossier : Térmica – San Adrián del Bésos*. 42 pages, format
14,5x2. Imprimé à Toulouse en février 1974.
– Lenin y la revolución* (Lénine et la révolution) de Anton Ciliga.
72 pages, format 14,5x21. Imprimé à Toulouse en 1974.
– Sobre la organización de clase, Barcelona 1973* (Sur l’organisa-
tion de classe). 103 pages, format 14,5x21. Imprimé à Toulouse en
1974.
– Entre la revolución y las trincheras* (Entre la révolution et les
tranchées). 58 pages, format 14,5x21. Réédition imprimée à Tou-
louse en 1974.
– Sobre la miseria en el medio estudiantil* (Sur la misère en milieu
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Bibliographie sélective
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Avant-propos ...................................................................................................p. 5
Identification de quelques collectifs et des divers
protagonistes cités .......................................................................................p. 11
Introduction .....................................................................................................p. 15
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PUBLICATIONS DU CRAS
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