Fievre Prolongee VH 2016 PDF
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Fièvre prolongée
V. Hentgen
Centre de Référence des Maladies Auto-Inflammatoires Rares de l’enfant (CeRéMAI), service
de pédiatrie, Centre Hospitalier de Versailles, 177 rue de Versailles, 78150 Le Chesnay,
France
Bilan de 2 intention :
e
Oui Non
Anormal Normal
■■ Références
Rigante D, Esposito S. A roadmap for fever of unknown origin in children. Int J Immunopathol Pharmacol
2013;26:315-26.
McCarthy P. Fever without apparent source on clinical examination. Curr Opin Pediatr 2005;17:93-110.
Seashore CJ, Lohr JA. Fever of unknown origin in children. Pediatr Ann 2011;40:26-30. Correspondance.
Marshall GS. Prolonged and recurrent fevers in children. J Infect 2014;68(Suppl 1):S83-93. Adresse e-mail : vhentgen@ch-versailles.fr (V. Hentgen).
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Avec le soutien institutionnel du Laboratoire Gallia.
■■ Arbre diagnostique – Commentaires
pays anglo-saxons). La prise de la température axillaire avec un (7) Le bilan inflammatoire comporte les examens à la recherche
La fièvre au long cours en pédiatrie est une situation difficile thermomètre électronique est moins précise, mais peut consti- de maladies auto-immunes ou autoinflammatoires
et souvent un problème épineux pour le médecin en charge de tuer une méthode alternative intéressante sous condition de • Électrophorèse des protéines plasmatiques et dosage pon-
l’enfant. En règle générale, le rythme des explorations devrait rajouter systématiquement 0,8 °C à la température mesurée déral des immunoglobulines
être guidé par la sévérité de la maladie et non par l’angoisse de (définition OMS). Les autres moyens de mesure (tympanique, • Facteurs antinucléaires
la famille ou du personnel soignant. frontal, etc) sont trop aléatoires pour pouvoir être recomman- • Anticorps anti adn et anca, asca
Il est par ailleurs utile de se rappeler que les manifestations dés dans le diagnostic d’une fièvre prolongée. • Complément c3 et c4
inhabituelles de maladies courantes sont bien plus fréquentes (4) La majorité des fièvres au long cours est accompagnée • Enzyme de conversion de l’angiotensine
que ne le sont les maladies rares. Enfin, des indices sur le dia- de signes cliniques ou d’anamnèse qui permettent d’orienter • Examens à la recherche d’un syndrome d’activation
macrophagique : ferritine, fibrinogène, triglycérides, lactate
gnostic sont souvent présents dans l’histoire et l’examen cli- l’enquête étiologique. Ces signes sont parfois discrets ce qui
déshydrogénase
nique, mais ne sont pas pris en compte ou incompris (peut-être explique que la répétition des examens cliniques et des interro-
• Bilan ophtalmologique
en raison de contraintes de temps ?). Par conséquent, la rigueur gatoires est fondamentale. Changer d’examinateur favorise un
• Recherche d’une protéinurie
et la répétition sont d’une importance vitale. nouveau regard sur l’enfant et augmente les chances de retrou-
(1) Chez l’adulte, la fièvre prolongée est définie par une fièvre ver des indices permettant d’orienter le diagnostic. Une hos- (8) Le TEP scan est un examen encore peu usité en pédiatrie, en
quotidienne supérieure à 38.3 °C pendant une durée d’au moins pitalisation est donc le plus souvent nécessaire dans la gestion raison en partie de sa difficulté d’interprétation pour des orga-
3 semaines sans que des explorations simples n’aient pu faire d’une fièvre prolongée chez l’enfant. nismes en croissance. Pour des équipes habituées à la pédia-
poser un diagnostic. Il n’y a pas de définition pédiatrique pour la (5) La fièvre médicamenteuse se caractérise par une association trie, cette technique serait néanmoins supérieure à d’autres
fièvre au long cours, ce qui fait que dans les publications pédia- temporelle entre la survenue du pic de fièvre et de la prise examens d’imagerie pour dépister des foyers infectieux pro-
triques la définition adulte prévaut. Néanmoins en pédiatrie les médicamenteuse. Médicaments potentiellement en cause (liste fonds et/ou un processus tumoral (selon les séries 10 à 20 % des
explorations spécifiques doivent débuter dès que la durée de la non exhaustive) : fièvres prolongées chez l’enfant). A défaut d’équipes spéciali-
fièvre dépasse la durée attendue de l’évolution d’une infection • Antibiotiques et antiinfectieux systémiques ; sées en pédiatrie, l’imagerie par résonnance magnétique corps
virale ou bactérienne classique (par exemple 10 jours pour une • Anticonvulsivants ; entier peut remplacer cet examen.
infection virale respiratoire haute, 3 semaines pour une mono- • Antiinflammatoires non stéroïdiens ; (9) Lorsque toutes les investigations n’ont pas permis de poser un
nucléose infectieuse, etc.), ce qui explique le délai variable • Neuroleptiques ; diagnostic, la poursuite des explorations doit être effectuée uni-
de 15 à 21 jours pour pouvoir parler de fièvre prolongée chez • Vasodilatateurs et anti arythmiques ; quement si de nouveaux indices orientant le diagnostic sont iden-
l’enfant. • Antihistaminiques anti h1 et h2 ; tifiés par l’anamnèse et l’examen clinique répétés. Si le patient
(2) Pour une approche méthodique, les fièvres prolongées • Antileukotriènes ; est stable il faut organiser un suivi clinique sous couvert éventuel
• Certains médicaments de la phytothérapie. d’un traitement par anti-inflammatoires non stéroïdiens. Selon
sont classées en fièvre au long cours classique, nosocomiale et
associée à un déficit immunitaire. Les deux dernières catégo- (6) Étape la plus importante dans l’enquête étiologique d’une les séries entre 10 et 30 % des enfants guérissent spontanément
ries doivent avoir un raisonnement spécifique et ne seront pas fièvre prolongée, il est néanmoins difficile d’être exhaustif : de la fièvre prolongée sans qu’un diagnostic n’ait pu être posé.
traités dans cet article. Un enfant doit être considéré comme • 50 % des fièvres au long cours ont une origine infectieuse : (10) Quand aucune cause pour la fièvre n’est retrouvé et le
immunodéprimé s’il a un (e) : les indices de l’interrogatoire (voyage, habitudes alimentaires, patient se détériore malgré une enquête approfondie, un trai-
• Déficit immunitaire connu ; animaux domestiques, habitudes de vie et autres facteurs de tement d’épreuve peut être proposé. Les corticostéroïdes sont
• Traitement immunosuppresseur ; risque) et de l’examen clinique orientent les demandes de sé- une option, mais ils ne devraient pas être prescrits trop tôt,
• Neutropénie < 500 pnn pendant plus d’une semaine avant rologies/PCR spécifiques virales bactériennes (inclusivement car ils peuvent masquer des indices diagnostiques importants
le début de la fièvre ; spirochètes et rickettsies), fongiques et parasitaires et ainsi retarder le diagnostic et le traitement spécifique ciblé.
• Infection par le vih ; • si céphalées ou autres signes neurologiques : scanner céré- Dans d’exceptionnels cas chez des patients suspects de mala-
• Corticothérapie prolongée (>0,15 mg/kg/j) pendant plus bral et ponction lombaire.
die autoinflammatoire comme l’arthrite juvénile idiopathique
de 2 semaines dans les 3 mois précédant le début de la fièvre. • si douleur inexpliquée ou boiterie : scintigraphie osseuse
systémique des traitements d’épreuve plus spécifiques (par
• si signes digestifs et/ou anomalie de la courbe de crois-
(3) Il n’existe pas de définition précise universellement admise exemple biothérapies) peuvent être utilisés, mais ils doivent
sance : calprotectine fécale, échographie du tube digestif,
de la mesure de la température, notamment en raison des dif- être vite reconsidérés en cas de non réponse rapide.
ASCA ANCA, fibroscopie digestive à la recherche d’une mala-
férences culturelles à cet égard à travers le monde. La mesure
die inflammatoire du tube digestif
de la température corporelle centrale se fait idéalement avec • si adénopathies superficielles ou anomalies cutanées : ■■ Liens d’intérêts
un thermomètre électronique soit en rectal (utilisé préféren- ponction/biopsie
tiellement en France), soit en sublingual en rajoutant 0,5 °C • bilan thyroïdien L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation
à la température observée (méthode la plus répandue dans les • … avec cet article.
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