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M1 et Magistère de Physique Fondamentale 2019-2020

ÉLECTRODYNAMIQUE CLASSIQUE ET QUANTIQUE

version du 27 août 2019


Bibliographie sommaire
Voici une courte liste de références bibliographiques (classées par ordre d’utilité décroissante
pour le cours) :

• Rappels de relativité restreinte: n’importe quel cours, par exemple le cours de relativité de L3
disponible à l’adresse
http://lptms.u-psud.fr/nicolas_pavloff/enseignement/relativite-restreinte/

• Classical electrodynamics par J. D. Jackson (John Wiley, 1975).

• Théorie des champs par L. Landau et E. Lifchitz. Volume 2 du cours de physique théorique
(Mir, 1989). Noter que les unités des grandeurs électromagnétiques ne sont pas les unités
internationales utilisées en cours.

• Invariances en physique et théorie des groupes, par J.B. Zuber. Disponible à l’adresse
http://www.lpthe.jussieu.fr/~zuber/Z_Notes.html. Seulement le chapitre 0.

• Ondes multipolaires, lagrangien et hamiltonien du champ électromagnétique : cours de C. Cohen-


Tannoudji au Collège de France, année universitaire 1973-1974 (surtout cours 11 et 12).
Disponible à l’adresse
http://www.phys.ens.fr/cours/college-de-france/1973-74/1973-74.htm.

• Photons et atomes. Introduction à l’électrodynamique quantique, C. Cohen-Tannoudji, J.


Dupont-Roc, G. Grynberg (EDP Sciences, 2001).

• Quantum field theory par L. H. Ryder (Cambridge University Press, 1996).

Je suis joignable par e-mail: nicolas.pavloff@u-psud.fr

Ce texte est disponible en ligne au format pdf à l’adresse :


http://lptms.u-psud.fr/nicolas_pavloff/enseignement/
Chapitre I : Relativité restreinte
[Ch. I]1 Transformations de Lorentz
La vitesse de la lumière est la même dans tous les référentiels inertiels (ce sont les référentiels
dans lesquels le mouvement libre s’éffectue à vitesse constante). C’est le principe de relativité
restreinte1 . On en déduit (cf. cours ou Landau vol. II) que les changements de référentiel inertiel
doivent conserver l’intervalle d2 s et s.

1.1 Matrices de Lorentz


Supposons donc que les coordonnées X 0α et X α utilisées par deux observateurs pour repérer le
même évènement sont reliées par une transformation de Lorentz de la forme

X 0α = X 0α (X 0 , X 1 , X 2 , X 3 ) . (I.1)

Cette transformation doit conserver l’intervalle ds2 entre deux évènements voisins. Cela s’écrit avec
les conventions d’Einstein
gαβ dX 0α dX 0β = gµν dX µ dX ν , (I.2)
où (gµν ) = diag (1, −1, −1, −1). En écrivant dX 0α = (∂X 0α /∂X µ )dX µ et en remarquant que
l’égalité (I.2) doit être vérifiée pour tous les dX , on obtient

∂X 0α∂X 0β
gαβ = gµν . (I.3)
∂X µ ∂X ν
Une première conséquence de cette égalité est que le déterminant det(∂X 0α /∂X µ ) est non nul (on
dit que la transformation est régulière) et vaut ±1. Ensuite, en dérivant les deux membres de cette
égalité par rapport à X δ on obtient

∂ 2 X 0α ∂X 0β ∂X 0α ∂ 2 X 0β
gαβ + gαβ =0. (I.4)
∂X δ ∂X µ ∂X ν ∂X µ ∂X δ ∂X ν
Avec quelques manipulations simples on déduit de (I.4) que la matrice des dérivées secondes est
identiquement nulle et que la transformation de Lorentz est donc linéaire. Pour ce faire, on ajoute
et on retranche (I.4) à elle même en effectuant les changements de notation δ ↔ µ et δ ↔ ν. Cela
donne
∂ 2 X 0α ∂X 0β ∂X 0α ∂ 2 X 0β
gαβ + gαβ
∂X δ ∂X µ ∂X ν ∂X µ ∂X δ ∂X ν
∂ 2 X 0α ∂X 0β ∂X 0α ∂ 2 X 0β
+gαβ + gαβ
∂X δ ∂X µ ∂X ν ∂X δ ∂X µ ∂X ν
∂ 2 X 0α ∂X 0β ∂X 0α ∂ 2 X 0β
−gαβ − gαβ =0.
∂X ν ∂X µ ∂X δ ∂X µ ∂X δ ∂X ν
1
“restreinte” parce qu’elle ne concerne que les référentiels inertiels.

1
Il est clair que le second et le sixième terme du membre de gauche de l’égalité ci-dessus s’éliminent.
De même le premier et le troisième terme sont égaux. On peut également remarquer que le qua-
trième et le cinquième terme s’éliminent (cela se voit en échangeant le rôle des indices muets α et
β et en utilisant gβα = gαβ ). Il reste donc
∂ 2 X 0α ∂X 0β
gαβ =0. (I.5)
∂X δ ∂X µ ∂X ν
Comme on a déjà vu que la matrice ∂X 0β /∂X ν est régulière, il en découle immédiatement que
∂ 2 X 0α /∂X δ ∂X µ = 0. La transformation (I.1) est donc linéaire2 , du type
X 0α = Λαβ X β + Aα . (I.6)
Λ est une matrice de Lorentz. Dans tout ce qui suit on va supposer que les origines des référentiels
sont bien choisies de sorte que dans (I.6) on a A = 0.
Il est facile de vérifier que la conservation (I.2)

de l’intervalle impose

gαβ Λαµ Λβ ν = gµν . (I.7)

1.2 Transformation spéciale de Lorentz


C’est le cas particulier de transformation de Lorentz où les deux référentiels sont en translation
rectiligne uniforme l’un par rapport à l’autre (en anglais on parle de “Lorentz boost”). On notera
R = {O, x, y, z} le référentiel “immobile” et R0 = {O0 , x0 , y 0 , z 0 } le référentiel “en mouvement”. On
se place dans le cas où la vitesse de R0 par rapport à R est V x̂ (V > 0). On a une transformation
qui doit être de la forme
c t0 c t0
Ç å Ç åÇ å Ç å Ç åÇ å
ct a b 1 f −b ct
= soit = . (I.8)
x e f x0 x0 af − be −e a x
En posant X 0 = −x0 et X = −x (c.a.d. en inversant l’orientation de l’axe x) et en réalisant que
le mouvement de {O, X} par rapport à {O0 , X 0 } est le même que celui de {O0 , x0 } par rapport à
{O, x} on a:
c t0 c t0
Ç å Ç åÇ å Ç å Ç åÇ å
a b ct a −b ct
0 = soit 0 = (I.9)
X e f X x −e f x
En comparant les deuxièmes des relations (I.8) et (I.9), on voit que af − be = 1 et que a = f . Si
maintenant on impose (ct)2 − x2 = (ct0 )2 − x02 on trouve immédiatement b = e et a2 − b2 = 1.
Considèrons le point particulier x0 = 0 (l’origine de R0 ). Il est clair que ses coordonnées dans
R vérifient x/ct = V /c ≡ β; et d’après (I.8) lorsque x0 = 0 alors x/ct = b/a. On a donc b/a = β.
Comme a2 − b2 = 1 cela impose a = ±γ et b = ±βγ, où on a noté γ ≡ (1 − β 2 )−1/2 . Si on veut
retrouver la transformation de Galilée aux petites vitesses, il faut choisir le signe +, et donc :
c t0
á ë á ëá ë
γ −βγ 0 0 ct
x0 −βγ γ 0 0 x
= . (I.10)
y0 0 0 1 0 y
z0 0 0 0 1 z
2
J’ai repris ici la démonstration donnée dans le cours d’A. Laverne, cf. sa page web: http://www.imnc.
univ-paris7.fr/alain/

2
1.3 Quelques propriétés
On définit le quadrivecteur covariant Xα = gαβ X β = (X0 , −X), ~ alors on peut écrire ds2 =
dXα dX . On peut également écrire X = g Xβ et il est clair que g αβ = gαβ .
α α αβ

On définit le symbole de Kronecker δµν par δµν X µ = X ν . Il est clair que la matrice définie par
cette relation a la même forme dans tous les référentiels et que

gµν g νσ = δµσ . (I.11)

Il est intéressant de savoir comment se transforment les quadri-vecteurs covariants. On écrit


pour l’instant de manière formelle
Xα0 = Λαβ Xβ . (I.12)
Sans savoir a priori ce qu’est la quantité Λαβ (mais ne soyons pas naı̈f: elle est certainement reliée
à Λµν ). On écrit Xα0 = gαµ X 0µ = gαµ Λµν X ν = gαµ Λµν g νβ Xβ . En comparant avec (I.12) il vient

Λαβ = gαµ Λµν g νβ . (I.13)

En comparant avec (I.7) il vient


Λαβ Λασ = gνσ g νβ = δσβ , (I.14)
où l’on a utilisé (I.11) et l’invariance de g lors de l’échange de ses indices. Donc, en ce qui concerne
les matrices on peut écrire Λαβ = (Λ−1 )β α .
Remarquons également que la formule (I.7) nous indique que le déterminant de la matrice Λ vaut
±1 [en effet, (I.7) peut s’écrire sous forme matricielle (Λt )(g)(Λ) = (g)]. On en déduit que l’élément
de quadri-espace d4 X = dX 0 dX 1 dX 2 dX 3 est invariant de Lorentz puisque d4 X 0 = |detΛ|d4 X
d’après (I.6). Et donc, plus généralement, les transformations de Lorentz conservent le quadri-
volume dans l’hyper-espace.
On peut (facilement) démontrer que les matrices Λ qui obéissent à (I.7) forment un groupe:
O(3,1). Le sous-ensemble des matrices de déterminant +1 forme un sous-groupe: SO(3,1). Le
sous-ensemble des transformations avec Λ00 > 1 forme le sous-groupe orthochrone3 : Oo (3,1). On
peut se contenter de travailler avec le groupe de Lorentz restreint SOo (3,1).

[Ch. I]2 Quadrivecteur


C’est une quantité à 4 composantes qui, lors d’un changement de référentiel, se transforme selon la
loi (I.6) (avec A = 0) ou (I.12) selon si l’on choisit l’écriture contra ou co-variante.
Avec (I.14)‹c’est une simple exercice de montrer que pour tout quadri-vecteur B , l’objet B α Bα
est un invariant de Lorentz (on parle de “scalaire de Lorentz”). ‹
P3
3
Si on s’intéresse à la composante µ = ν = 0 de (I.7): gαβ Λα0 Λβ 0 = 1, soit (Λ00 )2 − i 2
i (Λ 0 ) = 1, donc |Λ00 | > 1.
Si Λ00 > 1 on parle de transformation orthochrone (qui conserve le sens du temps).

3
2.1 Quelques quadrivecteurs
»
• On utilise la conservation de l’intervalle de temps propre dτ = dt 1 − ~v 2 /c2 pour définir le
quadrivecteur vitesse
1
U α = dX α /dτ = » (c, ~v ) . (I.15)
1 − ~v 2 /c2
Remarque: Uα U α = c2 . Exercice: retrouver la loi de transformation des vitesses en utilisant les
propriétés de U .

• La phase d’une onde doit être un invariant de Lorentz (les maxima correspondent à une différence
de phase de 2π dans tous les référentiels). Seule possibilité: k = ( ωc , ~k) est un quadri-vecteur (et
donc kµ X µ est bien un scalaire de Lorentz). Cette propriété est
e
valable pour toutes les ondes, pas
seulement pour les ondes électromagnétiques.
• Grâce à la conservation de l’élément de quadri-espace d4 X et de la charge électrique on peut
construire un nouveau quadri-vecteur. On note d3 q = ρ(~r, t)d3 v la charge élémentaire contenue
dans le volume d3 v autour de ~r à l’instant t. En multipliant les deux côtés de cette équation par
dX µ il vient
dX µ dX µ
d3 q dX µ = d3 q dt = ρ d3 vdt .
dt dt
d3 q étant un scalaire de Lorentz, le membre de gauche de cette égalité est un quadri-vecteur. Il en
découle que le membre de droite également, et que donc (puisque d3 vdt est un scalaire de Lorentz)
dX µ
Jµ = ρ = (cρ, J~ ) (I.16)
dt
est un “bon” quadri-vecteur. C’est le quadri-vecteur courant. Pour une charge ponctuelle q qui se
~ on a ρ(~r, t) = q δ (3) (~r − ξ(t))
déplace selon la loi horaire ~r = ξ(t) ~ ~
et en posant ξ µ = (ct, ξ(t)) on a
µ µ
µ (3) ~ dξ dξ
J (~r, t) = q δ (~r − ξ(t)) dt où dt = (c, ~v ). Et donc pour n charges ponctuelles on a
n µ

qa δ (3) (~r − ξ~a (t)) a .
X
J µ (~r, t) = (I.17)
a=1
dt

• Soit l’opérateur ∂µ défini par


∂ ∂ ~
∂µ = µ
=( ,∇) . (I.18)
∂X c∂t
∂µ est un quadrivecteur covariant. En effet ∂µ0 = ∂/∂X 0µ = ∂/∂X ν ∂X ν /∂Xµ0 = Λµν ∂ν , où, dans
le dernier membre, on a utilisé l’égalité Λµν X 0µ = Λµν Λµα X α = X ν qui découle de (I.14). La
conservation de la charge électrique s’écrit ∂µ J µ = 0.
La forme contravariante est ∂ µ = ∂/∂Xµ = ( 1c ∂/∂t, −∇ ~ ) et le d’Alembertien ∂µ ∂ µ = 12 ∂ 2 /∂t2 −
c
~ 2 est donc un opérateur scalaire (invariant de Lorentz), souvent noté .

[Ch. I]3 Notion de tenseur


C’est un objet à n indices (on appelle n le “rang” du tenseur), dont certains sont covariants
et d’autres contravariants, et qui se transforme comme suit lors d’un changement de référentiel

4
(exemple pour 3 indices, dont 2 contravariants):

T 0αβ γ = Λαµ Λβ ν Λγ σ T µν σ . (I.19)


Bien-sûr la quantité T µνσ = g ντ T ατ γ est également un tenseur qui a les bonnes propriétés de
transformation (on dit qu’il est 3 fois contravariant), idem pour T µνσ etc. On a les propriétés:
T0 0 = T 00 = T 00 = T00 alors que T0 1 = T 01 = −T 01 = −T01 et que T3 1 = −T 31 = T 31 = −T31 . La
règle est : changer un indice 0 d’altitude ne change pas le signe; changer un indice i (i ∈ {1, 2, 3})
d’altitude change le signe.
Un tenseur est dit “symétrique” (resp. “antisymétrique”) dans deux de ses indices si T αβ = T βα
(resp. T αβ = −T βα ). Il est clair que T 0αβ et Tαβ ont les mêmes propriétés de symétrie ou
d’antisymétrie que T αβ . T αβ n’a par contre aucune propriété de symétrie si T αβ en a. On peut
juste remarquer que si T αβ est symétrique, alors T αβ = Tβ α . Dans ce cas on s’autorise à noter Tβα ,
comme pour le symbole de Kronecker δβα .
La “contraction” d’un tenseur est par exemple la quantité T µµσ . Il est facile de vérifier que
c’est un tenseur de rang n − 2 (dans l’exemple de la ligne précédente T µµσ est un tenseur de rang
1, c’est à dire un quadri-vecteur). Pour un tenseur à deux indices, T µµ est un invariant de Lorentz,
ce n’est plus vraiment un tenseur, on parle de “scalaire de Lorentz”. 4
Tenseur totalement antisymétrique de Levi-Civita:


 1 si αβγδ permutation paire de (0, 1, 2, 3) ,
αβγδ
ε = −1 si αβγδ permutation impaire de (0, 1, 2, 3) , (I.20)

 0 sinon .

Ä ä
εαβγδ εαβγδ = −24 , εαβγδ εµβγδ = −6 δµα , εαβµν εγσµν = −2 δγα δσβ − δσα δγβ . (I.21)
Pour un tenseur antisymétrique Aµν on définit le dual de Hodge:
? µν 1 µναβ ?? µν
A = ε Aαβ , on a A = −Aµν . (I.22)
2

[Ch. I]4 Formulation covariante des équations de Maxwell


E~ = −∇φ~ − ∂t A,
~ B~ =∇ ~ Aµ = ( φ , A
~ ∧ A. ~ ) est un quadrivecteur. Fµν (~r, t) = ∂µ Aν − ∂ν Aµ est
c
le tenseur (anti-symétrique) de Faraday. On peut l’écrire sous forme matricielle, en prenant la
convention que le premier indice est l’indice de ligne et le second l’indice des colonnes. On obtient:
á ë á ë
0 Ex /c Ey /c Ez /c 0 −Ex /c −Ey /c −Ez /c
−Ex /c 0 −Bz By Ex /c 0 −Bz By
Fµν = , F µν = . (I.23)
−Ey /c Bz 0 −Bx Ey /c Bz 0 −Bx
−Ez /c −By Bx 0 Ez /c −By Bx 0

~2 − ~2
E ~ B.
~ Les éqs. de Maxwell s’écrivent :
On a Fµν F µν = 2(B c2
) et ?Fµν F µν = − 4c E.
∂µ F µν = µ0 J ν et ∂µ ?F µν = 0 . (I.24)
4
Petit exercice: Soit Aαβ un tenseur antisymétrique et S αβ un tenseur symétrique. Que vaut le scalaire Aαβ Sαβ ?

5
d
Les éqs. du mouvement d’une particule test : dτ P µ = qF µν Uν . Une transformation de jauge
correspond à φ → φ − ∂t G et A ~ →A ~ + ∇G,
~ où G(~r, t) est un champ scalaire. Cela s’écrit sous
µ µ µ
forme covariante A → A − ∂ G. Le tenseur de Faraday est clairement invariant de jauge. La
~ A
jauge de Lorenz s’écrit ∂µ Aµ = c12 ∂t φ + ∇. ~ = 0. Elle est invariante de Lorentz.

[Ch. I]5 Intégration


Commençons par une remarque: soit un champ scalaire S(X ). Il a l’expression S(X 0 , .., X 3 ) dans
un référentiel donné et S 0 (X 00 , .., X 03 ) dans un autre référentiel.

Par exemple, le temps: t = X 0 /c
dans R et t = γ(X 00 + βX 01 )/c dans R0 qui est en translation rectiligne uniforme selon Ox par
rapport à R.
L’élément d’intégration étant un scalaire de Lorentz, l’intégrale sur le quadri-espace de S peut-
être calculée dans n’importe quel référentiel:
Z Z
4
S(X ) d X = S 0 (X 0 ) d4 X 0 . (I.25)
R4 ‹ R4 ‹
On peut remarquer également que la forme de la distribution de Dirac est invarianteRpar trans-
formation de Lorentz: δ (4) (X − A) = δ(X 0 − A0 ) × .. × δ(X 3 − A3 ). En effet on a δ (4) (X −
A)S(X ) d4 X = S(A). Et en changeant de référentiel δ (4) garde la même forme fonctionnelle
‹ ‹ ‹

puisque δ (4) (X 0 − A0 )S 0 (X 0 ) d4 X 0 = S 0 (A0 ).


‹ ‹ R ‹
R
On peut définir

R µ
une intégrale
‹ ‹
curviligne

pour un champ scalaire ( S ds) et pour un champ
quadri-vectoriel ( A dXµ ).

5.1 Gauss-Ostrogradsky
Soit K µ un champ vectoriel, et soit Ω un “volume” de R4 délimité par une “surface” ∂Ω. On a
Z I
∂µ K µ d4 X = K µ d3 Sµ . (I.26)
Ω ∂Ω

Dans cette expression d3 Sµ est la normale sortante. Il faut la définir avec un certain soin dans le cas
général, mais son expression est simple dans le cas particulier auquel nous allons nous restreindre
pour démontrer (I.26): celui où Ω = [cta , ctb ] × V , V étant un volume fermé de R3 (on notera ∂V
sa surface). La figure ci-dessous correspond à un schéma avec 2 dimensions d’espace seulement.
∂Ω se décompose en trois parties:
X2
1. La face avant (colorée sur le schéma): l’ensemble X1
(ctb , ~r ) où ~r ∈ V . ~nS = x̂0 . 11
00
00
11 n~S 00
11
x̂0
2. La face arrière: l’ensemble (cta , ~r ) où ~r ∈ V . 11 11
00 00 00
11
~nS = −x̂0 . 1 11
0
0
1
00
3. L’ensemble [c ta , c tb ] × ∂V . ~nS dépend du point 00
11 00
110
1 00
11
00 11
11 00
0
1 00
11
111
0
sur ∂V . c ta c tb X0
00
On a alors :
I Z Z Z
K µ d3 Sµ = − d3 v K 0 (~r, ta ) + d3 v K 0 (~r, tb ) + ~ 2~σ ,
c dt K.d (I.27)
∂Ω V V [c ta ,c tb ]×∂V

6
~ K)
et (en écrivant ∂µ K µ = 1c ∂t K 0 + ∇. ~

∂K 0
Z Z Z
∂µ K µ d4 X = dt d3 v + ~ K
c dt d3 v ∇. ~ . (I.28)
Ω Ω ∂t Ω
Il est alors clair que les expressions (I.27) et (I.28) sont égales. Cela prouve la formule de Gauss-
Ostrogradsky (I.26) dans le cas particulier qui nous intéresse.

Question: Comment définir l’élément d’hypersurface d3 Sµ sur la “face latérale” [c ta , c tb ] × ∂V afin


d’écrire correctement le dernier membre de droite de (I.27) ? On procède comme suit: on suppose
que l’élément de surface sortante à V est construit sur deux vecteurs dB ~ et dC ~ de sorte que
2
d ~σ = dB ~ ∧ dC
~ soit d ~σ |i = εijk dB|
2 ~ j dC|
~ k . On note dA = (dX , ~0 ) dB = (0, dB
0 ~ ) et dC = (0, dC ~ ).
On définit alors l’élément d’hypersurface par la règle suivante:
‹ ‹ ‹

d3 S µ = εµαβγ dAα dBβ dCγ = εµ0jk dX 0 dBj dCk = −ε0µjk dX 0 dBj dCk .
~ ) avec d3 S|
On voit donc que d3 S 0 est nul: d3 S µ = (0, d3 S ~ i = d3 S i = −ε0ijk dX 0 dBj dCk =
0 ~ j dC|
−dX εijk dB| ~ k et donc d S
3 ~ = −dX d ~σ . On a alors bien
0 2

~ · d3 S
K µ d3 Sµ = −K ~ = dX 0 K
~ · d2~σ .

5.2 Champ de quadri-divergence nulle


On considère un champ K µ de quadri-divergence nulle (le quadri-courant parH exemple) et tel que
K µ (|~r | → ∞, t) = 0. Le théorème de Gauss-Ostrogradsky (I.26) nous dit Rque ∂Ω K µ d3 Sµ = 0. En
prenant Ω = [c ta , c tb ] × R3 on obtient immédiatement d3 v K 0 (~r, tb ) = d3 v K 0 (~r, ta ). Soit
R
Z
µ def
∂µ K = 0 ⇒ K = d3 v K 0 (~r, t) indépendant de t . (I.29)
R3
Non seulement la quantité K est indépendante du temps (ce qui
est assez clair d’après (I.26)), mais c’est également un scalaire de
Lorentz (ce qui est moins évident). Pour le démontrer on remarque
que l’intégrale (I.29) est une intégrale de surface sur l’hyperplan or- X1 X1 0
thogonal à l’axe X 0 = 0. Il faut alors s’assurer que l’intégration de
K 0 sur cette hypersurface donne le même résultat que l’intégration
X0 = 0

de K 0 0 sur l’hypersurface X 0 0 = 0 (puisqu’un autre observateur


fera le calcul en intégrant sur d3 v 0 c’est à dire l’hyperplan ortho- II
gonal à son axe temporel).
Comme ∂µ K µ = 0 on a I d4 X∂µ K µ − II d4 X∂µ K µ = 0 où les
R R

domaines I et II sont définis sur la figure ci-contrea . En appliquant


le théorème de Gauss on obtient X0
0
=

Ç Z Z å
X 00

µ 3 µ 3
− K d Sµ + K d Sµ −
Ç
X 0 0 =0,X 1 0 <0 X 0 =0,X 1 <0
å (I.30)
I
Z Z
− K µ d3 Sµ + K µ d3 Sµ =0.
X 0 =0,X 1 >0 X 0 0 =0,X 1 0 >0
a
Pour les besoins du dessin, ils sont représentés dans un quadri-espace à
seulement deux dimensions. Ce sont des triangles passant chacun par l’origine.

7
Dans la formule (I.30) on a omis la contribution sur les parois marquées en pointillées sur la
figure en supposant que K µ (~r, t) tend suffisamment rapidement vers zéro lorsque |~r | → ∞. En
regroupant les termes dans (I.30) on obtient le résultat souhaité :
Z Z
µ 3
K d Sµ = K µ d3 Sµ . (I.31)
X 0 =0 X 0 0 =0

Pour K µ ≡ J µ (~r, t) la relation (I.29) correspond à la conservation de la charge électrique totale.


Bien-sûr le raisonnement qui permet de démontrer (I.29) reste également valable pour un tenseur
de rang plus élevé:
Z
si ∂µ T µν = 0 alors P ν = T 0ν (~r, t) d3 v est un quadri-vecteur conservé. (I.32)

Cela se démontre en appliquant le raisonnement (I.29) à K µ (~r, t) = T µν (~r, t)fν où fν est un quadri-
vecteur fixé quelconque. On voit ainsi que P ν fν est un invariant scalaire conservé et donc que P ν
µνρ = 0 alors L = M 0νρ d3 v est un
νρ
R
est un quadri-vecteur indépendant du temps. Idem: si ∂µ M
tenseur indépendant du temps.

8
Chapitre II : Rayonnement (non quantique)
[Ch. II]1 Potentiels retardés
On veut déterminer les potentiels en fonction des sources. En jauge de Lorenz cela revient à résoudre
Aµ = µ0 J µ . Pour ce faire on passe par l’intermédiaire de la fonction de Green du problème définie
comme la solution de  G(X ) = δ (4) (X ). Une fois G connue on obtiendra l’expression des potentiels
grâce à la formule ‹ ‹
Z
Aµ (X ) = µ0 d4 X 00 G(X − X 00 ) J µ (X 00 ) . (II.1)
‹ ‹ ‹ ‹
En faisant une transformation de Fourier dans l’espace à 4 dimensions:
d4 k −ikµ X µ
Z
G(X ) = e Ĝ(k ) , (II.2)
‹ R4 (2 π)4 e

il est facile de se persuader que Ĝ(k ) = −1/kµ k µ et que donc


e
~ ~ 0
d4 k eik·X−ik0 X dk0 −ik0 X 0 ~
Z Z
G(X ) = = e g(X, k0 ) , (II.3)
‹ R4 (2 π)4 ~k 2 − k02 R 2π
où la fonction g est définie en (Z.8), mais seulement pour un k0 (noté z0 dans (Z.8)) ayant une
~ k0 ) = lim→0+ g(X,
partie imaginaire non nulle. On introduit donc g± (X, ~ k0 ± i). La formule (Z.8)
~ ~
montre que g± (X, k0 ) = exp{±ik0 r}/(4πr) (en notant |X | = r). Il vient donc (X0 = ct)
1 1
Z
G± (X ) = dk0 exp{ik0 (−X 0 ± r)} = δ(±c t − r) . (II.4)
‹ 8 π2r R 4πr
Seule G+ (qui décrit un signal émis en ~r = ~0 à t = 0 et se propageant vers l’infini) est acceptable
pour un système non borné. Les formules (II.1) et (II.4) conduisent à l’expression des potentiels
retardés:
|~r − ~r 00 | d3 r00
Ç å
µ0
Z
µ µ 00
A (X ) = J ~r , t − . (II.5)
‹ 4π c |~r − ~r 00 |

[Ch. II]2 Potentiels de Liénard-Wiechert


Cette partie concerne le rayonnement d’une charge ponctuelle en mouvement. On peut remarquer
que1
1 1
G+ (X ) = δ(r − ct) = δ(X 2 ) Θ(t) , (II.6)
‹ 4πr 2π ‹
où Θ est la fonction de Heaviside2 . Alors la formule (II.1) s’écrit pour une charge ponctuelle q [cf.
l’expression (I.17) du quadri-vecteur courant associé]
µ0 q µ
~ 00 )) dξ .
Z
Aµ (X ) = d4 X 00 δ((X − X 00 )2 )Θ(t − t00 )δ (3) (~r 00 − ξ(t
‹ 2π ‹ ‹ dt00
1
La dérivation qui suit est tirée du livre de A.O. Barut, “Electrodynamics and classical theory of fields and
particles”, Dover Publication.
2
En effet δ(X 2 ) = δ(r2 − c2 t2 ) = 2r
1 1
δ(r − ct) + 2r δ(r + ct), et la fonction Θ dans (II.6) “tue” le second δ.

9
Grâce au δ (3) on peut facilement intégrer sur l’espace,
~ 00 )). Il reste
alors X 00 = (ct00 , ~r 00 ) devient ξ = (ct00 , ξ(t t0 ) ~r
l’intégrale sur t . Le δ restant impose de choisir t00 de
‹ 00 e c(t −
telle sorte que X − ξ soit du type lumière: un photon ~ 0)
ξ(t
~ 00 ) arrive
émis en t00 à ξ(t
‹ e
en ~r à t (le processus inverse
est tué par le Θ(t−t00 ): on utilise le potentiel retardé).
On note t0 cette valeur particulière de t00 et on l’appelle ~ 00 )
trajectoire: ξ(t
le temps retardé (cf. figure ci-contre).
α dξ α
d
En posant X − ξ = R on a dt00 R
2 = 2Rα dR
dt00 = −2Rα dt00 et donc [cf. formule (Z.1), attention
à la valeur absolue] e
‹ ‹ ‹
µ0 c q dξ µ /dt0
Aµ (X ) = α , (II.7)
‹ 4 π Rα0 dξ dt0
~ 0 )), t0 étant le temps retardé (tel que R0 R0α = 0). La notation (II.7) est
où R0 = X − (ct0 , ξ(t α
α
manifestement covariante, mais elle peut préter à confusion: par exemple dξ 0 signifie que la dérivée
‹ ‹
dt
dξ α 0
par rapport au temps dt00 est évaluée au temps retardé. En notant ~v la vitesse au temps retardé
et R~0=X ~ 0 ) on peut écrire
~ − ξ(t

µ0 q (c, ~v 0 )
Aµ (X ) = , (II.8)
‹ 4 π (1 − R̂0 .β~ 0 )R0

~ 0 /R0 et β~ 0 = ~v 0 /c. Se souvenir que cette expression est valable en jauge de


~ 0 |, R̂0 = R
où R0 = |R
Lorenz.

2.1 ~ et B
Expression de E ~
Un calcul techniquement délicat mais sans difficulté de principe permet d’obtenir les expressions
des champs E~ et B
~ dans le référentiel comobile avec la particule au temps retardé:
( ò) ( )
q R̂0 1 q R̂0 1 0
ï
˙ ˙ ˙
~ =
E 02
+ (β~ 0 · R̂0 )R̂0 − β~ 0 = + R̂ ∧ (R̂0 ∧ β~ 0 ) ,
4πε0 R cR0 4πε0 R 02 cR0
0
~ = − µ0 q R̂0 ∧ β~˙ 0 = R̂ ∧ E
B ~ . (II.9)
4πR0 c
En se souvenant de la définition du vecteur de Poynting [qui ne sera dérivée que plus tard, cf.
~ /B).
(III.12)] on s’aperçoit qu’une charge qui n’accélère pas ne rayonne pas (car alors E/ ~ Du coup
~ ~
on décompose E et B en un champ coulombien (formellement identique au champ créé par une
particule fixe) et un champ de rayonnement (qui décroı̂t en 1/R0 ):

~ coul = q R̂0 ~ coul = ~0 , ~ ray = µ0 q R̂0 ∧ (R̂0 ∧ ~a 0 ) ,


0
~ ray = R̂ ∧ E
~ ray .
E , B E B (II.10)
4πε0 R02 4πR0 c

10
2.2 Formule de Larmor
On veut calculer la puissance rayonnée par la particule à l’instant t. On sait (cela sera justifié
proprement en [Ch. III]3) que pour cela il faut caculer le flux du vecteur de Poynting S~ à travers
une surface entourant la particule.

Prenons un point ~r situé assez loin de la particule S


pour qu’en ~r la partie coulombienne du champ soit
négligeable. La sphère S de centre le ξ(t ~ 0 ) (posi- ~ ray ~r R̂0
B
~
tion retardée associé à ~r) et de rayon R0 englobe ξ(t) ~a0 θ ~ ray
E
(puisque la vitesse de la particule est inférieure à c).
S est donc appropriée pour le calcul du flux de S, ~ en ~ 0)
ξ(t trajectoire
outre l’expression des champs y est simple car tous les
points de sa surface correspondent à la même position
~ 0 ). On a
retardée ξ(t
Figure dans le cas simple où ~a0 , R̂0 et
~ ray |2
|E ~ ray sont dans le plan de la feuille. B
~ ray
~ r, t) = 1 E
S(~ ~ ray ∧ B
~ ray = R̂0 . (II.11)
E
µ0 µ0 c pointe vers la feuille en s’éloignant du
lecteur.

L’expression (II.11) repose sur la relation B ~ ray = R̂0 ∧ E~ ray /c qui est valable dans tous les
~ ray |2 =
référentiels. Si l’on choisit de travailler dans le référentiel co-mobile au temps retardé alors |E
µ0 q 0
( 4πR 2 a0 est l’accélération au temps retardé [cf. (II.10)]. La puissance rayonnée à
0 a sin θ) , où ~

l’instant t par la charge en mouvement est donc

~ ray |2
|E 2 q 2 a0 2 2 q2 dP 0µ dPµ0
Z Z
P= ~ · R̂0 =
d2 σ S sin θdθdϕ R 02 = = − . (II.12)
S µ0 c 3 4πε0 c3 3 4πε0 m2 c3 dτ 0 dτ 0

On a noté ~a 0 l’accélération (et a0 son module), P 0 la quadri-impulsion et τ 0 le temps propre de la


particule, chaque quantité étant évaluée au moment

retardé.

Remarque: À t fixé, le temps retardé dépend du choix du point ~r qui a fixé la surface d’intégration
comme étant une sphère de centre ξ(t~ 0 ) (cf. figure ci-dessus). On pourrait donc penser que l’expression
(II.12) dépend du point arbitrairement choisi pour faire le calcul du flux de S. ~ Il n’en est rien si ce point est
assez éloigné pour qu’on puisse ignorer la contribution du champ coulombien. En effet, si au lieu de choisir
~ 0 ) = dξ~ ~ 0 r qui est nul dans le référentiel
~r on prend ~r + d~r alors le point retardé bouge de dξ(t dt t=t0 ∇t · d~

comobile au temps retardé. Donc t0 bouge si ~r bouge, mais pas ξ(t ~ 0 ) (et ni a0 ) dans le référentiel comobile
au temps retardé et les quantité apparaissant dans la formule (II.12) sont définies de manière non ambiguë.

[Ch. II]3 Distribution de charges quelconques


On fait une analyse de Fourier temporelle:
Z ∞ Z ∞

J µ (~r, t) = Jωµ (~r ) e−iωt ⇐⇒ Jωµ (~r ) = dt J µ (~r, t) eiωt . (II.13)
−∞ 2π −∞

11
Alors avec la formule des potentiels retardés il est facile de voir qu’en jauge de Lorenz (k = ω/c)
0
µ0 eik|~r−~r | µ 0
Z
Aµω (~r ) = d3 r0 J (~r ) . (II.14)
4π |~r − ~r 0 | ω
On note a la taille typique de la source, λ = 2π/k et R = |~r − ~r 0 |. On se place dans la zone de
rayonnement où R est grand devant a et λ. Dans cette zone, en posant ~k = kr̂ (où r̂ = ~r/r) on
peut montrer que ∇ ~ ~r ' i~k et qu’alors

~ ω (~r ) = i~k ∧ A
B ~ ω (~r ) , ~ ω (~r ) = cB
E ~ ω (~r ) ∧ r̂ . (II.15)

On a également B ~ ω (~r ) = r̂ ∧ E
~ ω (~r )/c. On peut re-écrire l’expression (II.14) des potentiels en
précisant un peu la définition de la zone de rayonnement : on se place dans des conditions telles
que 1  kR  (R/a)2 (ce qu’il est toujours possible de faire) et on peut alors faire l’approximation

eikR eikr ~ 0
' e−ik.~r ,
R r
et (II.14) s’écrit donc
µ0 eikr
Z
~ 0
Aµω (~r ) = d3 r0 e−ik.~r Jωµ (~r 0 ) . (II.16)
4π r

3.1 Énergie rayonnée


L’énergie rayonnée par unité de temps à travers une sphère de centre O et de rayon r est:
dW
Z
P= = ~ · r̂ .
d2 σ S (II.17)
dt
Cette formule a déjà été vue en L3, on la démontrera par une analyse du tenseur impulsion-
énergie (cf. [Ch. III]3). Dans la zone de rayonnement (cad si r est assez grand) on peut écrire
~ r, t) = c B
S(~ ~ 2 r̂.
µ0
L’énergie rayonnée peut être finie ou infinie suivant si la source rayonne pendant un temps fini
ou infini.

3.2 Approximation dipolaire électrique


On se place, toujours dans la zone de rayonnement, dans le cas particulier a  λ, c’est à dire que
la source a des dimensions petites devant la longueur d’onde considérée. Alors dans (II.16) on peut
remplacer exp{−i~k.~r 0 } par 1, ce qui conduit à
ikr µ0 eikr ~˙
~ ω (~r ) ' µ0 e
Z ï ò ï ò
˙
A d3 r0 J~ω (~r 0 ) = d où d~ = −iω d~ω , (II.18)
4π r 4π r ω ω

d~ω étant la transformée de Fourier du moment dipolaire électrique d(t)


~ de la distribution de charge:
n
~ = qa ξ~a (t) ~˙ =
X X
d(t) et d(t) qa~va (t) . (II.19)
a=1 a

12
Chapitre III : Formalisme lagrangien
[Ch. III]1 Charge test dans le champ électromagnétique
On fait ici comme si on ne savait rien d’électromagnétisme. On suppose qu’il existe un champ
~ ) dont l’action sur une particule se traduit par l’action
quadri-vectoriel Aµ = (φ/c, A
Z b
S= (−m c ds − q Aµ dX µ ) . (III.1)
a

C’est l’action la plus simple possible qui décrit l’interaction entre la particule et un champ quadri-
vectoriel ; on parle de “couplage minimal”. Cela correspond au lagrangien L = L0 + Lint où L0
~ v . Le principe de moindre action conduit à définir la
est le lagrangien libre et Lint = −qφ + q A.~
trajectoire comme l’extremum de l’action:
Z b Z b Z b
0 = δS = − (Pα dδX α + q Aµ dδX µ + q δAµ dX µ ) = (dPα + qdAα )δX α − q δAµ dX µ .
a a a

où l’on a écrit δds = dX α dXα


ds dδX et Pα = m dτ . Le terme de droite ci-dessus a été obtenue grâce
α

à une intégration par parties (le terme tout intégré est bien-sûr nul). Le terme en δAµ dans
l’expression ci-dessus ne correspond pas à une modification du champ (dans cette section le champ
est fixé, ce n’est pas une variable dynamique), mais au fait que la trajectoire de la particule étant
modifiée, elle voit un champ différent. On a donc δAµ = ∂ν Aµ δX ν . En renommant les indices
muets cela donne (on a également écrit dAα = ∂β Aα dX β )

dX β
Z b ® ´
α dPα
0= δX − q (∂α Aβ − ∂β Aα ) dτ .
a dτ dτ
d
On voit apparaitre le tenseur Fαβ = ∂α Aβ − ∂β Aα et les éqs. du mouvement sont dτ Pα = qFαβ U β
comme on s’y attendait. Vue la définition du tenseur Fαβ on a déjà directement une partie des éqs.
de Maxwell: ∂ α ?Fαβ = 0 (contraction d’un tenseur symétrique et d’un tenseur antisymétrique).

[Ch. III]2 Lagrangien du champ et des particules


Pour décrire la dynamique des champs, on veut une action invariante de Lorentz et quadratique
dans les champs (pour avoir des éqs. de Maxwell linéaires). On a deux candidats sous la main:
F µν Fµν et Fµν ?F µν . On peut remarquer que Fµν ?F µν étant un pseudo-scalaire, il est directe-
ment hors jeux. mais de manière plus convaincante, on peut l’écrire comme une quadri-divergence
[2∂µ (Aν ∂λ Aσ εµνλσ )], et ce terme ne peut donc pas contribuer aux éqs. du mouvement (cf. note 1
plus bas). On prend donc
1
Z
Schp = − F µν Fµν d4 X , (III.2)
4µ0 c
d v Lchp où Lchp = − 4µ1 0 F µν Fµν est appelé
R R 3
ce qui correspond à Schp = dt Lchp avec Lchp =
“densité lagrangienne”.

13
On va légèrement modifier l’ecriture de l’interaction particule/champ. Le terme Sint qui généra-
µ
lise le terme d’interaction de (III.1) à n particules ponctuelles s’écrit −
Pn R
q a Aµ (t, ~a (t)) dξa dt.
ξ
a=1 dt
En utilisant (I.17) il peut être mis sous la forme − 1c Aµ (X )J µ (X )d4 X. On obtient donc
R
‹ ‹
n Z
1 1
X Z Z
S = S0 + Sint + Schp = − ma c ds − Aµ J µ d4 X − F µν Fµν d4 X . (III.3)
a=1
c 4µ0 c

Dans (III.3) l’intégration d4 X est effectuée sur le quadri-volume [c ta , c tb ] × R3 .


R

Remarque: L’action est, à peu de chose près, invariante de jauge. C’est clair pour la partie Schp ,
mais c’est également vrai pour le terme Sint d’interaction particule/champ: une transformation de
µ µ µ 1
R µ 4
jauge correspond à A → A − ∂ G. Alors Sint → Sint + c ∂ (GJµ )d X (où on a utilisé la
conservation de la charge électrique: ∂ µ Jµ = 0). C’est à dire que l’on a ajouté à Lint une quadri-
divergence qui –on va le voir, cf. note 1 – ne modifie pas les équations du mouvement du champ.
Ce point justifie qu’on écarte de la densité lagrangienne un terme de la forme Aµ Aµ que rien n’interdit
a priori. Ce terme brise l’invariance de jauge, et oblige à travailler en jauge de Lorentz (cela se voir à partir
des équations de Maxwell qui en découlent). On peut également montrer que ce terme donne une masse au
photon (la trace du tenseur impulsion-énergie du champ électromagnétique n’est plus nulle, cf. discussion
de la section 3.3) et modifie la loi de Coulomb qui devient exponentiellement décroissante avec la distance.
On demande à l’action d’être extrémale par rapport aux variations des champs. On fait Aµ →
Aµ + δAµ , avec, pour tout ~r : δAµ (~r, ta ) = 0 = δAµ (~r, tb ). Alors on a

1 1
Z Z
δS = − J µ δAµ d4 X − F µν δFµν d4 X .
c 2µ0 c

On a δFµν = ∂µ δAν − ∂ν δAµ , et par exemple F µν ∂µ δAν = ∂µ (F µν δAν ) − δAν ∂µ F µν . Le terme


∂µ (F µν δAν ) est une quadri-divergence dont la contribution peut se re-écrire avec (I.26) sous la
forme d’un terme de surface F δAν d3 Sµ qui est nul parce qu’aux bornes spatiales le champ
H µν

s’annule et δAν est nul aux bornes temporelles1 . On a donc


1 1 1
Z Z Z
δS = − J µ δAµ d4 X + δAν ∂µ F µν d4 X − δAµ ∂ν F µν d4 X .
c 2µ0 c 2µ0 c
Dans l’équation ci-dessus, les deux dernières intégrales sont égales au signe près, et finalement
δS = − c d XδAµ {J µ + µ10 ∂ν F µν }. La condition d’action extrémale impose donc que le champ
1
R 4

vérifie
∂ν F νµ = µ0 J µ . (III.4)
Ce sont les éqs. de Maxwell-Gauss et Maxwell-Ampère. Vérifier en exercice qu’en prenant la dérivée
∂µ de (III.4) on obtient la conservation du courant.
1
On a donc démontré la propriété plusieurs fois invoquée depuis le début de ce chapitre qu’une quadri-divergence
ajoutée à la densité lagrangienne ne modifie pas les éqs. du mouvement.

14
[Ch. III]3 Tenseur impulsion-énergie
3.1 Généralités
On suppose qu’on a un champ scalaire φ et une densité lagrangienne L (φ, ∂µ φ) qui ne dépend pas
explicitement de X . L’équation d’Euler-Lagrange s’écrit

∂L ∂L
∂µ = . (III.5)
∂(∂µ φ) ∂φ
Exercice: Vérifier pour le champ électromagnétique que l’on retrouve les équations (III.4) à partir de (III.5)
qui s’écrit dans ce cas ∂µ [∂L /∂(∂µ Aν )] = ∂L /∂Aν .
Il est facile de voir que2
def ∂L
∂ν Tµ ν = 0 avec Tµ ν = ∂µ φ − δµν L . (III.6)
∂(∂ν φ)
T µν est le tenseur énergie-impulsion canonique du champ. D’après la propriété (I.32), la quantité
1
Z
µ
P = d3 v T µ0 (~r, t) (III.7)
c R3

est un quadri-vecteur indépendant du temps. C’est la quadri-impulsion du champ. Cela correspond


à une densité d’énergie u(~r, t) = T 00 (~r, t) et une densité d’impulsion ~g (~r, t) avec g i = 1c T i0 .
Remarque: si l’on ajoute à T µν une quantité de la forme ∂λ Ψµνλ où Ψµνλ (~r, t) est un champ
tensoriel antisymétrique en (ν, λ) alors cela ne change ni l’équation de conservation (III.6), ni
l’expression de l’impulsion (III.7). La première R 3
de ces assertions se démontre aisément. Pour
démontrer la seconde
R 3
il suffit de vérifier que d v ∂λ Ψµ0λ = 0. L’antisymétrie de Ψ assure que
l’intégrale vaut d v ∂i Ψ µ0i (car Ψ µ00 = 0). À µ fixé, ce terme est l’intégrale volumique d’une
divergence qui peut être transformée (par la version tri-dimensionnelle de Gauss-Ostrogradsky) en
un terme de surface qui est nul si l’on fait l’hypothèse que Ψ s’annule suffisamment rapidement à
l’infini.
On va essayer d’imposer des contraintes physiques pour restreindre la liberté que l’on a sur le
choix de T µν . On définit
1
Z
µν
L = d3 v (X µ T ν0 − X ν T µ0 ) . (III.8)
c R3
Il est clair que L23 = Lx , L31 = Ly et L12 = Lz où L ~ est le moment cinétique du champ. D’après
ce qu’on a vu section I.5.2 Lµν sera un “bon tenseur” automatiquement indépendant de t (et donc
~ sera conservé) si le tenseur M µνλ = X µ T νλ − X ν T µλ vérifie ∂λ M µνλ = 0. Il est facile de se
L
persuader que cette propriété est équivalente à T µν = T νµ (à faire en exercice. Indication: utiliser
∂λ X µ = δλµ et ∂λ T νλ = 0).
On supposera donc désormais qu’en ajoutant à l’expression (III.6) un terme ∂λ Ψµνλ bien choisi
on obtient un tenseur T µν symétrique. On verra section 3.2 que c’est en effet possible dans le cas
du champ électromagnétique3 . Ce nouveau tenseur T µν n’est plus qualifié de “canonique”.
2
démonstration: considérer L comme une fonction de X et calculer ∂µ L en utilisant (III.5) pour éliminer ∂L /∂φ.
3
Dans le cas général c’est également possible grâce à la
‹ “transformation de Belifante”.

15
La discussion du cours magistral montre que T µν peut être écrit comme suit :
à í
u Sx /c Sy /c Sz /c

T µν (~r, t) = c gx , (III.9)
c gy −σ ij
c gz

~ r, t) la densité de courant d’énergie


où u(~r, t) est la densité d’énergie, ~g (~r, t) la densité d’impulsion, S(~
ij
(le vecteur de Poynting en électromagnétisme), et σ (~r, t) le tenseur des contraintes. La symétrie
de T µν assure que c ~g = S/c. ~

3.2 Le champ électromagnétique libre


On considère dans un premier temps le cas du champ libre (c’est à dire sans particules). Avec la
définition (III.6) on obtient le tenseur impulsion-énergie canonique
∂Lchp µ 1
T µν = ∂ Aσ − g µν Lchp = − F νσ ∂ µ Aσ − g µν Lchp . (III.10)
∂(∂ν Aσ ) µ0

Avec Lchp = − 4µ1 0 F αβ Fαβ (absence de particules). En définissant Ψµνσ = 1 µ νσ


µ0 A F = − µ10 Aµ F σν
µν
on voit que T µν + ∂σ Ψµνσ (que l’on notera Tchp ) a pour expression

µν 1 νσ µ
Tchp =− F F σ − g µν Lchp . (III.11)
µ0
Cette expression est clairement symétrique en µ et ν et elle a le bon goût d’être invariante de jauge
(contrairement à (III.10)). Remarque : la manipulation que l’on vient de faire n’est satisfaisante
qu’en l’absence de particules, car elle utilise le fait que ∂σ F σν = 0 (ce qui permet d’écrire ∂σ Ψµνσ =
1 νσ µ
µ0 F ∂σ A ). Le cas du champ en interaction avec des particules est traité section 3.3.
À partir de l’expression (III.11) et de l’interprétation physique (III.9) on obtient pour le champ
électromagnétique
ε0 ~ 2 1 ~2 ~ r, t) = 1 E~ ∧B
~ .
u(~r, t) = E + B , S(~ (III.12)
2 2 µ0 µ0
Le tenseur tridimensionnel des contraintes est appelé tenseur de Maxwell, on ne le note plus σ
comme dans (III.9) mais TM avec

δ ij Ä ~ 2
ñ ô
ij
ä
TM = ε0 i j
E E +c B B − 2 i ~2 .
E + c2 B
j
(III.13)
2

3.3 Les particules


Dans cette partie on généralise le résultat de la section précédente afin de prendre en compte
l’interaction du champ avec les particules.
On définit tout d’abord le quadri-vecteur courant de masse. La démarche est la même que
pour le quadri-vecteur courant électrique: on note ρm (~r, t) = na=1 ma δ (3) (~r − ξ~a (t)) la densité de
P

16
def
α = ρ dX α /dt est un bon quadri-vecteur dont
masse. La conservation de la masse implique que Jm m
la divergence est nulle.
La densité d’impulsion des particules est certainement ρm U i , cela doit être la partie 1c Tpart
i0 . En

l’absence d’une théorie de champ pour les particules qui permettrait – comme il a été fait à la
section 3.1 pour Tchp – une approche constructiviste du tenseur impulsion-énergie Tpart on adopte
une approche inductive et comme ρm = Jm 0 /c on essaie

n
αβ def ma dξaα dξaβ (3)
δ (~r − ξ~a (t)) ,
X
Tpart (~r, t) = U α Jm
β
(~r, t) = (III.14)
a=1
γa dτa dτa

où γa = (1 − ~va2 /c2 )−1/2 . La dernière égalité résulte de la définition de J m , elle permet de voir que
le tenseur impulsion-énergie des particules est symétrique. e
δ (3) (~r − ξ~a (t)) qui est un scalaire de Lorentz4 ,
Pn ma
Remarque: On peut définir le champ ρ0m (~r, t) = a=1 γa
αβ
et alors Tpart
= U U , ce qui permet de montrer que la trace Tpart αα (~r, t) = ρ0m (~r, t) c2 . Alors, si l’on
ρ0m α β

essaie d’interpréter le champ électromagnétique comme composé de particules effectives, on voit que ces
particules doivent être de masse nulle parce que Tchp αα (~r, t) = 0 d’après (III.11).
Notre construction intuitive du tenseur impulsion-énergie des particules doit être validée par le
fait que, pour des particules en interaction avec le champ électromagnétique, on doit vérifier
Ä ä
∂β Tpart βα + Tchp βα = 0 . (III.15)

Ici, on n’a plus ∂β Tchp βα = 0 comme pour le champ libre (sec. 3.2), mais ∂β Tchp βα = −Fασ J σ , et la
contribution des particules annule exactement ce terme5 .
L’expression du tenseur impulsion-énergie du système permet d’exprimer l’énergie totale des
00 + T 00 ). Le calcul
particules et du champ en interaction mutuelle : c’est la quantité E = d3 r (Tpart
R
chp
est immédiat, on obtient :
n
ma c2 ε0 ~ 2 1 ~2
X Z ß ™
E= » + d3 r E + B . (III.16)
a=1 1 − ~va2 /c2 R3 2 2 µ0

Le premier terme est l’énergie cinétique (plus le terme de masse) des particules, et le second est
l’intégrale de la densité d’énergie du champ. On peut être surpris par cette expression de l’énergie
qui semble ne rendre compte ni de l’interaction des particules (qui sont chargées) avec le champ
électrique, ni de l’interaction des particules entre elles. Ces effets d’interaction sont bien présents
dans (III.16), mais n’apparaissent pas explicitement. Dans le chapitre suivant on va pouvoir les
identifier plus facilement [formule (IV.8)].

4
Pour une seule particule ρ0m est la densité massique dans son référentiel propre. Pour n particules il n’y a pas de
référentiel propre global, mais ρ0m est clairement invariant de Lorentz (c’est une somme de termes invariants).
5
On a n (a)
dX β ∂Uα dUα X dUα dτa (3)
∂β Tpart βα = ∂β (Jm
β β
Uα ) = Jm ∂β Uα = ρm β
= ρ m = ma δ (~r − ξ~a (t)) .
dt ∂X dt dτa dt
a=1
(a) σ σ σ
L’équation du mouvement de la particule (a) s’écrit ma dUα /dτa = qa Fασ U(a) , en écrivant U(a) dτa /dt = dξ(a) /dt
on voit que ∂β Tpart βα = Fασ ρ dX σ /dt = Fασ J σ .

17
Chapitre IV : Quantification
[Ch. IV]1 Quantification canonique en jauge de Coulomb
1.1 Notion de champ vectoriel longitudinal et transverse
Un champ vectoriel F~ (~r ) est transverse si, pour tout ~r, ∇~ · F~ = 0. Il est longitudinal si, pour tout
~ ~
~r, ∇ ∧ F = 0.
Tout champ vectoriel F~ (~r ) qui tend suffisamment rapidement vers zéro à l’infini s’écrit, de
manière unique, comme la somme d’un champ longitudinal (F~k (~r )) et d’un champ transverse
(F~⊥ (~r )). C’est la décomposition de Helmoltz1 . En utilisant Parseval-Plancherel (Z.7) on démontre
alors que Z Z Ä ä
d3 r F~ 2 = d3 r F~ 2 + F~⊥2 . k (IV.2)
R3 R3

Dans la suite, en l’absence de précision, le domaine d’intégration sera toujours R3 .

1.2 Écriture du hamiltonien en jauge de Coulomb


À partir de l’expression (III.3) – et en traitant les particules dans une approximation non relativiste
– on écrit:
n
ma ˙ 2 ~ + ε0 E
Z
~ra + L d3 r L = −ρ φ + J~ · A
Ä ä
~2 ,
~ 2 − c2 B
X
L= où (IV.3)
a=1
2 2

On se place en jauge de Coulomb : ∇. ~ A ~ = 0. Alors le potential scalaire est solution de l’équation


~ 2
de Poisson ∇ φ +R ρ/ε0 = 0 et peut donc être éliminé de l’expression du lagrangien et écrivant
φ(~r, t) = (4πε0 )−1 d3 r0 ρ(~r 0 , t)/|~r − ~r 0 |.
Ensuite on décompose le champ électrique en composantes transverse et longitudinale: E ~ =
~k + E ~ ⊥ où E
~ k = −∇φ
~ et E ~ ⊥ = −A. ˙
~ On a alors (grâce à (IV.2))
E

ε0 d3 r d3 r0 ρ(~r, t)ρ(~r 0 , t)
Z Z Ä ä Z Z
3 ~2=
d rE 3 ~2+E
d r E ~2 , et 3~2=
d rE , (IV.4)
k ⊥ k
2 8πε0 |~r − ~r 0 |
2
~ 2 = 1 ε0 d3 r ∇φ
(en effet 12 ε0 d3 r E ~ = − 1 ε0 d3 r φ ∇
~ 2φ = 1
R R R R 3
k 2 2 2 d rρ φ).
1 ~ q ). On peut écrire F
Cela se démontre en passant par la transformée de Fourier spatiale F(~ ~ = F ~k + F
~⊥ où
~k = ~
F ~·~
q (F 2 ~⊥ = −~
q )/q et F q ∧ (~
q∧F~ )/q , ce qui – en utilisant (Z.6) – se traduit dans l’espace réel par
2

~ ·F
d3 r 0 ∇ ~ (~r 0 ) ~ ∧F
d3 r0 ∇ ~ (~r 0 )
ÅZ ã ÅZ ã
~ =F
F ~k + F
~⊥ , où ~k (~r ) = −∇
F ~ et ~⊥ (~r ) = ∇
F ~ ∧ . (IV.1)
4π |~r − ~r 0 | 4π |~r − ~r 0 |

Noter que la formule ci-dessus ne fonctionne pas pour un champ F~ constant dans tout l’espace que l’on peut écrire,
au choix, comme un gradient ou comme un rotationnel. Noter également que l’expression (IV.1) justifie que, par
exemple, on puisse écrire un champ de divergence nulle comme le rotationnel d’un potentiel vecteur.

18
On a également
ε0 ~ 2 d3 r d3 r0 ρ(~r, t)ρ(~r 0 , t) 1 X qa qb
Z Å ã Z X
3
d r −ρ φ + E =− = − − εcoul , (IV.5)
2 k 8πε0 |~r − ~r 0 | 4πε0 a>b |~ra − ~rb | a
a

où εcoul
a est une contribution infinie qui n’affecte pas la dynamique des particules (et bien-sûr pas
celle du champ non plus). On obtient alors :
n
ma ˙ 2 X ˙ ~ 1 X qa qb ε0
Z ï ä2 ò
X
3 ˙2
~
Ä
2 ~ ~
L= ~ra + qa~ra .A(~ra , t) − + d r A −c ∇∧A . (IV.6)
a=1
2 a 4πε0 a>b |~ra − ~rb | 2

Alors les moments conjugués sont p~a = ∂L/∂~r˙a = ma~r˙a + qa A(~ ~ ra , t) et Π(~ ~˙ = ε0 A
~ r, t) = ∂L /∂ A ~˙ =
−ε0 E~ ⊥ . Cela permet d’écrire le hamiltonien, qui n’est rien d’autre que l’énergie (III.16) exprimée
~ Π
en fonction des couples de variables conjuguées (~ra , p~a ) et (A, ~):

~2
" #
1X 1 ~2+B
Z
E= ma~r˙a2 + 3
d r ε0 E , (IV.7)
2 a 2 µ0

et donc avec (IV.4) on obtient :


n ~2
" #
1 î 1 X qa qb ε0 Π
ó2 Z Ä ä2
~ 2 ~ ~
X
3
H= p~a − qa A(~ra , t) + + d r +c ∇∧A . (IV.8)
a=1
2ma 4πε0 a>b |~ra − ~rb | 2 ε20

1.3 Quantification canonique du champ


~ r, t) devient un opérateur
On travaille en représentation de Schrödinger: le champ classique réel A(~
~
de champ A(~r ) auto-adjoint. On met le système dans un cube de côté L [cf. section [Ch. Z]1, éqs.
(Z.11) et suivantes] et on écrit :
1 X 1 X
Ai (~r ) = 3
L n
Ai (~kn ) exp{i~kn .~r } , Πi (~r ) = 3
L n
πi(~kn) exp{i~kn.~r } , (IV.9)

où i ∈ {x, y, z} représente l’une des 3 coordonnées spatiales des vecteurs considérés et la somme
P
n est une notation simplifiée pour
P
n∈Z3 [cf. la discussion de la formule (Z.11)]. Comme A(~
~ r)
~ r ) sont auto-adjoint on doit avoir
et Π(~

A( ~ † (−~kn )
~ ~kn ) = A et π~ (~kn) = π~ †(−~kn) . (IV.10)

La quantification canonique dans la représentation de Schrödinger conduit à quantifier les degrés


de liberté indépendants: les composantes du champ dans un plan perpendiculaire à k̂ muni d’une
base (~1 ,~2 ) :

Aλ (~kn ), πλ†0 (~kn0 ) = i ~ δλ,λ0 L3 δn,n0 , où λ, λ0 ∈ {1, 2}


î ó
et ~ · ~λ .
Aλ = A (IV.11)

On peut alors montrer que pour les composantes cartesiennes on a


Ç å
kn,i kn,j
Ai (~kn ), πj† (~kn0 ) = i ~
î ó
δi,j − L3 δn,n0 , où i, j ∈ {x, y, z} et ~ ei . (IV.12)
Ai = A·~
kn2

19
Noter que la relation (IV.12) est compatible avec la jauge de Coulomb qui sécrit ~k · A~ = 0.

On introduit les opérateurs de création aν et d’annihilation aν (ν est une notation globale pour
n et λ)
i
def
2 Nn aν = Aλ (~kn ) +
ε0 ωn
πλ(~kn) , (IV.13)

def
où ωn = c |~kn |. On peut vérifier avec (IV.11) – en choisissant correctement la valeur pour l’instant
arbitraire de la constante de normalisation Nn – que les opérateurs aν et a†ν obéissent aux relations
de commutation
[aν , a†ν 0 ] = δν,ν 0 , [aν , a0ν ] = 0 , [a†ν , a†ν 0 ] = 0 , (IV.14)
où δν,ν 0 est une notation pour δλ,λ0 δn,n0 . Pour vérifier (IV.14) avec la bonne normalisation il suffit
de prendre Nn = [~L3 /(2ε0 ωn )]1/2 . Ensuite on suit la démarche utilisée en licence pour diagonaliser
l’oscillateur harmonique: on inverse la relation (IV.13) en résolvant le système 2 × 2 :
i i
2 Nn aν = Aλ (~kn ) +
ε0 ωn
πλ(~kn) et 2 Nn a†−ν = Aλ (~kn ) −
ε0 ωn
πλ(~kn) , (IV.15)

où l’on a utilisé (IV.10) et “−ν” est une notation pour (−nx , −ny , −nz , λ). (IV.15) conduit à

Aλ (~kn ) = Nn aν + a†−ν πλ(~kn) = −i ε0 ωn Nn aν − a†−ν


Ä ä Ä ä
et (IV.16)

Ce qui permet d’écrire2 :


s
~
aν exp{i~kn .~r } + a†ν exp{−i~kn .~r } ~λ ,
Ä ä
~ r) =
X
A(~ 3
ν 2ε0 L ωn
~
 
~ ⊥ (~r ) = − Π(~r )
X ~ ωn Ä ~kn .~r } − ia† exp{−i~kn .~r } ~λ ,
ä
E = ia ν exp{i ν (IV.17)
ε0 ν 2ε0 L3
s
~
iaν exp{i~kn .~r } − ia†ν exp{−i~kn .~r } ~kn ∧ ~λ .
Ä ä
~ r) = ∇
~ ∧A
~ =
X
B(~ 3
ν 2ε0 L ωn

Cela conduit, après quelques calculs, à l’expression du hamiltonien du champ électromagnétique


He.m [He.m est le dernier terme du membre de droite de (IV.8)]
~2
" #
ε0 Π 1
Z ä2 Å ã

Ä
2 ~ ~
X
3
He.m = d r +c ∇∧A = ~ ωn aν aν + . (IV.18)
2 [0,L]3 ε20 ν 2

~ et B
Pour obtenir (IV.18) à partir de (IV.17) il est commode d’écrire Π ~ sous une forme qui
découle de (IV.16)

~ r) = 1 ~π (~kn ) exp{i~kn .~r } , ~π (~kn ) = πλ (~kn )~λ


X X
Π(~ avec
L3 n λ
(IV.19)
~ r) = 1 ~ ~kn ) exp{i~kn .~r } , ~ ~kn ) = i Nn a†−ν (~kn ∧ ~λ )
X XÄ ä
B(~ B( avec B( aν +
L3 n λ

2
On utilise ~k(−n) = −~kn . Dans la formule (IV.17)
P P P
ν est une notation simplifiée pour n∈Z3 λ∈{1,2} .

20
Ensuite on utilise l’égalité de Parseval-Plancherel (Z.15) pour écrire:

~ r) = 1 1 X †~
Z X †
~ † (~r ) · Π(~
d3 r Π ~
π (~kn ) · ~
π (~kn ) = 3 πλ (kn )πλ (~kn )
3
L n L ν
[0,L]3
(IV.20)
1 X
ε0 ωn Nn 2 a†ν − a−ν aν − a†−ν ,
 Ä äÄ ä
= 3
L ν

et3
~ r) = 1 ~ ~kn ) = 1
Z
~ † (~r ) · B(~ ~ † (~kn ) · B( |~kn |2 Nn2 a†ν + a−ν aν + a†−ν .
X X Ä äÄ ä
d3 r B 3
B 3
(IV.21)
[0,L]3 L n L ν

On a alors4
~ † (~r ) · Π(~
~ r ) ε0 c2
!
Π
Z
He.m = 3
d r + ~ † (~r ) · B(~
B ~ r)
[0,L]3 2ε0 2
X ~ωn îÄ
a†ν − a−ν aν − a†−ν + a†ν + a−ν aν + a†−ν
äÄ ä Ä äÄ äó
= (IV.22)
ν 4
X ~ωn î ó X ~ωn î
a†ν aν + a−ν a†−ν = a†ν aν + aν a†ν = ~ωn a†ν aν + 21 ,
ó X î ó
=
ν 2 2 ν ν

ce qui achève la démonstration de (IV.18).

L’espace des états du champ est le produit tensoriel des espaces associés à chacun des modes
propres du champ. Le fondamental du champ peut être noté |0i = |01 . . . 0ν . . .i. Les états propres
sont de la forme (cf. le cas de l’oscillateur harmonique dans votre cours de L3)

(a† )n1 (a† )nν


|n1 . . . nν . . .i = √1 . . . √ν . . . |0i . (IV.23)
n1 ! nν !
On dit qu’un tel état décrit un système avec n1 photons dans l’état 1, . . . nν photons dans l’état
P
ν, . . . Cela correspond à une énergie d’excitation ν nν ~ωn par rapport au vide (qui a une énergie
infinie).

[Ch. IV]2 Interaction atome/rayonnement


2.1 Hamiltonien d’interaction
Il est courant de travailler en présence d’un champ extérieur fixé a priori et qui ne dépend pas du
mouvement des particules du système. On écrit donc A ~ tot (~r, t) = A
~ e (~r, t) + A(~
~ r, t) et φtot (~r, t) =
3
Pour faire le calcul conduisant au membre de droite de (IV.21), lors de l’evaluation du produit scalaire
~ † ~ ~ ~kn ) on utilise (IV.19) et la formule (facile à démontrer)
B (kn ) · B(
X X X
f(n,λ) (~kn ∧ êλ ) · g(n,λ0 ) (~kn ∧ êλ0 ) = |~kn |2 f(n,λ) g(n,λ) .
λ λ0 λ

4
La dernière égalité de (IV.22) est obtenue en utilisant la relation (IV.14) qui donne: aν a†ν = 1 + a†ν aν .

21
φe (~r, t) + φ(~r, t). L’indice “e” est pour “extérieur”. Le champ sans indice est celui qu’on quantifie
en jauge de Coulomb5 . On a alors pour l’opérateur impulsion

p~a = ma~r˙a + qa A(~


î ó
~ ra ) + A
~ e (~ra , t) , (IV.24)

et on trouve sans surprise


X 1 î ~ ra ) 2 + 1
~ e (~ra , t) − qa A(~
ó X qa qb
H= p~a − qa A
a 2ma 4πε0 a>b |~ra − ~rb |
(IV.25)
1
Å ã
a†ν aν
X X
+ qa φe (~ra , t) + ~ ωn + .
a ν 2

~ e (~ra , t), cet hamiltonien peut être séparé en 3 termes, HP,e , He.m et
En définissant p~e,a = p~a − qa A
HI . Le premier décrit des particules évoluant dans un champ extérieur:
X 1 1 X qa qb X
HP,e = pe,a )2 +
(~ + qa φe (~ra , t) . (IV.26)
a 2ma 4πε0 a>b |~ra − ~rb | a

On peut remarquer qu’il est commode de traiter le champ extérieur également en jauge de Coulomb,
car dans ce cas φe ≡ 0 puisqu’on peut clairement négliger l’interaction électrostatique entre les
électrons du système et les charges créant φe .
La deuxième contribution à (IV.25) est le hamiltonien He.m du champ électromagnétique (IV.18),
et la suivante contient tous les termes restants: c’est le terme HI qui se met sous la forme
X qa X qa2
HI = W + W 0 avec W =− ~ ra )
p~e,a · A(~ et W 0 = ~ 2 (~ra ) .
A (IV.27)
a ma a 2ma

Remarque: on a p~ · A ~ −A~ · p~ = −i~∇~ · A,


~ et donc en jauge de Coulomb p~ · A ~=A ~ · p~ . Cette propriété
se démontre en partant de [pk , Aj ] = −i~ ∂Aj /∂xk et en sommant de k = j = 1 à 3. Pour obtenir
l’écriture (IV.27) de HI on a utilisé le fait que p~e,a commute avec A(~~ ra ) qui découle de la propriété
ci-dessus (commutation de p~a et A(~ ~ ra ) en jauge de Coulomb) et du fait que A ~ e (~ra , t) commute avec
~ ~
A(~ra ) [cf. expression (IV.17) de A(~ra )].
Une configuration déjà étudiée en L3 consiste à considérer les transitions atomiques sous
l’influence d’un champ extérieur sans prendre en compte les modifications du champ résultant
de ces transitions. Cela revient à prendre A(~ ~ ra ) ≡ 0 et à ne pas tenir compte de He.m . Dans cette
configuration HI ≡ 0 et on développe encore HP,e sous la forme Hp + We + We0 où We et We0 ont la
même forme que W et W 0 dans (IV.27) mais avec A ~ remplacé par A~ e (et Hp a la même forme que
HP,e mais où p~e,a est remplacé par par p~a .)
Par la suite (section 2.2) nous allons étudier la désexcitation d’un atome sans champ extérieur.
C’est une configuration (différente de celle étudiée en L3) où l’on prend en compte le champ associé
aux transitions atomiques. Comme ces transitions sont quantifiées il est naturel de traiter ce champ
quantiquement: c’est le champ A(~ ~ ra ). On a alors directement A ~ e ≡ 0 et HP,e = HP .
5
Il n’est pas nécessaire d’utiliser la jauge de Coulomb pour le champ extérieur.

22
Dans ces deux configurations (section 2.2 ou L3) on traite W + W 0 (ou We + We0 ) comme une
perturbation. Mais alors, en ce qui concerne les ordres de grandeurs on a (formule valable dans
tous les cas, c.a.d. avec ou sans incide “e”):

W0 q 2 A2 /m q p A/m W
≈ ≈ 2 ≈ 1. (IV.28)
W q p A/m p /m HP
Donc si l’on travaille au premier ordre des perturbations il suffit de considérer seulement l’effet de
W (ou de We le cas échéant) en négligeant W 0 (ou We0 ).
Il y a également une autre approximation très naturelle: les longueurs d’onde du rayonnement
correspondant à une transition atomique sont typiquement6 λ = 2π~c/Etransi ∼ 104 Å alors que
l’extension du nuage électronique est de l’ordre du rayon de Bohr, c.a.d. 0.5 Å. On peut donc faire
~ ra ) = A(
l’approximation dipolaire électrique: A(~ ~ ~0 ) et A
~ e (~ra , t) = A(
~ ~0, t).

2.2 Émission spontanée


On considère l’atome d’hydrogène avec un noyau infiniment lourd immobile à l’origine du système
de coordonnées. On n’a qu’une seule charge mobile : l’électron ; et on peut donc laisser tomber
l’indice a qui repère les degrés de liberté des particules chargées. On a alors HP = p2 /(2m) − e2 /r
def ~ ~0 )/m. Les niveaux propres de HP sont de la forme −EI /N 2
[avec e = q 2 /(4πε0 )] et W = −q p~ · A(
avec N ∈ N∗ (EI = e2 /(2a0 ) = 13.6 eV où a0 = ~2 /(me2 ) = 0.529 Å est le rayon de Bohr). Les
états propres associés sont de la forme Rn,l (r)Yl,m (θ, φ) avec l +n = N , n ∈ N∗ , donc 0 ≤ l ≤ N −1.
P −1
En tenant compte du spin, un niveau N a donc une dégénérescence 2 N l=0 (2l + 1) = 2N .
2

Ici on étudie la désexcitation de l’atome par émission d’un photon. On calcule le taux de
transition d’un état initial |ϕi i = |a, 0i où l’électron est dans un état excité ( repéré par a) et
le champ electromagnétique est dans son état fondamental (le “vide de photons”) vers un état
|ϕf i = |b, 1ν i. La formule (Z.36) nous donne

Γi→f = |hϕf |W |ϕi i|2 δ(Ef − Ei ) , (IV.29)
~
q ~ ~
où ici W = − m A(0) · p~. On obtient pour le taux de transition total (obtenu en sommant sur les
états de photons)
X q 2 (Ea − Eb )3
Γa→b = Γi→f = 4 c3
|~rba |2 , (IV.30)
ν 3πε0 ~
où ~rba = hb|~r |ai. Démonstration de (IV.30). Il faut d’abord évaluer l’élément de matrice hϕf |W |ϕi i =
q ~ ~0 )|0i·hb|~
−m h1ν |A( p |ai. En utilisant le fait que [Hel , ~r ] = −i ~ p~/m on obtient hb|~
p |ai = −i m (Ea −
1/2
~ ~

Eb ) ~rba /~. On a également h1ν |A(0)|0i = ~/(2ε0 L ωn )3 ~λ , d’où

πq 2 (Ea − Eb )2
(~rba · ~λ )2 δ Eb + ~ωn − Ea .

Γi→f = 3 2
ε0 L ~ ωn

Ensuite la somme sur ν dans (IV.30) est effectuée avec la règle ν = n λ = (L/2π)3 d3 k λ
P P P R P

[cf. section 1.3 et formule (Z.14)]. On évalue l’intégrale sur les vecteurs d’onde en coordonnées
6
En utilisant Etransi = hν ∼ 1 eV et ~ c ' 200 MeV.fm.

23
~ on a
sphériques. On obtient la formule (IV.30) en remarquant que pour tout vecteur V
Z π
8π 2
Z Z
~ · ~λ )2 = ~ · k̂)2 ] = 2πV 2
X
2 2 2
d Ωk (V d Ωk [V − (V dθ sin θ (1 − cos2 θ) = V .
λ 0 3

Un calcul explicite à partir de (IV.30) donne par exemple7


2
~ Γ2p→1s = ( )8 α3 e2 /a0 ' 3 × 10−8 EI ,
3
où l’on a noté α = e2 /(~ c) la constante de structure fine. Attention le préfacteur sans dimension
(2/3)8 ' 4 × 10−2 est important pour l’ordre de grandeur. La durée de vie de l’état 2p est
(Γ2p→1s )−1 ∼ α−3 ~a0 /e2 ∼ α−4 a0 /c ce qui correspond à une dizaine de nanosecondes.
Il est à noter que le même ordre de grandeur est obtenu classiquement en calculant la durée
de vie d’un électron sur une orbite circulaire de rayon a0 perdant de l’énergie par émission de
rayonnement électromagnétique (cf. par exemple le TD intitulé “Diffusion du rayonnement par
un électron classique lié”). Cependant la mécanique classique ne comprend pas que l’électron ne
rayonne pas lorsqu’il est sur le niveau fondamental. Elle ne comprend pas non plus que la durée de
vie associée à la désexcitation 2s→1s soit de l’ordre d’une fraction de seconde (elle prévoit, comme
pour la transition 2p→1s, quelque chose de l’ordre de la dizaine de nanosecondes). Cette durée de
vie exceptionnellement longue est due au fait que, dans ce cas, l’élément de matrice ~rab est nul.
Il faut, pour décrire le phénomène, utiliser la théorie des perturbations à un ordre supérieur : le
niveau 2s se désexcite via un processus à deux photons.

7
Il faut évaluer ~rab = h2, 1, 0|~r |1, 0, 0i où le ket |N, l, mi s’écrit en représentation ~r : Rn,l (r)Ylm (θ, ϕ) où n = N − l.
Il est clair que h2, 1, 0|x |1, 0, 0i = 0 = h2, 1, 0|y |1, 0, 0i. Il reste à évaluer
Z ∞ Z
2
h2, 1, 0|z |1, 0, 0i = r drR1,1 (r) rR1,0 (r) d2 Ω Y10 (Ω) cos θ Y00 (Ω) . (IV.31)
0

−3/2
Les expressions explicites des fonctions entrant dans cette intégrale sont R1,0 (r) = 2 aR0 exp(−r/a0 ), R1,1 (r) =
−3/2
√ √ p ∞ 4
(2 a0 ) (r/ 3a0 ) exp(−r/2a0 ), Y0 (Ω) = 1/ 4π, Y1 (Ω) = 3/4π cos θ. Pour β > 0 0 x exp(−βx)dx = 24 β −5
0 0

et l’intégrale sur r dans (IV.31) vaut a0 28 /(34 6). Celle sur les angles solides vaut 3−1/2 et finalement

28
~rab = √ a0 ~ez . (IV.32)
35 2

24
Chapitre Z : Rappels
[Ch. Z]1 Rappels de mathématique
• Pour une fonction continue f qui n’a qu’un seul zéro (soit a) on a
δ(x − a)
δ[f (x)] = . (Z.1)
|f 0 (a)|
Pour démontrer ce résultat il faut montrer que K = R g(x)δ[f (x)]dx = g(a)/|f 0 (a)| Rpour toute fonc-
R

tion g assez régulière en a. D’après les propriétés de la distribution de Dirac K = I g(x)δ[f (x)]dx
où I est un intervalle comprenant a. On le choisit assez petit pour que f soit strictement monotone
sur I. On peut alors faire le changement de variable y = f (x), dy = |f 0 (x)|dx et on note J = f (I).
Alors K = J g[f −1 (y)]δ(y)dy/|f 0 (f −1 (y))| = g[f −1 (0)]/|f 0 (f −1 (0))| = g(a)/|f 0 (a)|.
R

• Pour x et a ∈ R Z
dk exp{±ik(x − a)} = 2 π δ(x − a) . (Z.2)
R
Cela se voit rapidement en disant que la transformée de Fourier de δ(x − a) est exp{−ika}. On
peut obtenir une démonstration relativement simple de (Z.2) en discrétisant l’espace puis en faisant
tendre le pas de discrétisation vers 0 [cf. discussion après la formule (Z.13)].
• Pour x ∈ R
dk
Z
def
f (x) = exp{ikx} = i π sgn (x) . (Z.3)
R k
En effet, il est clair d’après (Z.2) que f 0 (x)
= 2i π δ(x) et donc f (x) = 2i π Θ(x) + C ste , où Θ est
la fonction de Heaviside. Si on arrive à donner un sens à f , f (x) sera clairement imaginaire, en
utilisant f (−x) = f ∗ (x) on voit que C ste = −iπ, d’où le résultat.
• Pour α ∈ R
dx
Z
def
I(α) = sin2 (αx) = π |α| . (Z.4)
R x2
I 0 (α) = R dx sin(2αx)/x. D’après (Z.3) cette dernière intégrale vaut π sgn (α). Pour arriver au
R

résultat (Z.4) on prend une primitive dans chacune des régions α < 0 et α > 0 et on détermine les
constantes d’intégration par I(0) = 0.
• Transformées de Fourier spatiales:
d3 k
Z Z
~ ~
F (~r ) = F(~k ) eik.~r , F(~k ) = d3 r F (~r ) e−ik.~r . (Z.5)
R3 (2π)3 R3

Voici une petite liste de transformées F (~r ) δ (3) (~r − ~r0 ) 1/r ~r/r3
de Fourier utiles pour le cours : (Z.6)
F(~k ) exp{−i~k.~r0 } 4π/k 2 −4iπ~k/k 2
d3 k 4π ~ r}.
R
La première est évidente, la seconde se démontre comme suit: soit J = R3 (2π) 3 k 2 exp{ik.~

L’intégrale sur les angles se fait sans difficulté [elle correspond aux calculs (Z.9) ci-dessous : J =

25
1 dk +∗
R
4 π g(~r, z0 = 0)] et on obtient J = iπr R k exp(ikr) (où r ∈ R ). Le reste découle immédiatement
de (Z.3) qui permet de montrer que J = 1/r. Pour la troisième colonne de (Z.6) on dérive par
d3 k 4π ~ r} = −∂i (1/r) =
R
rapport à xi la relation J = 1/r, cela donne −∂J/∂xi = R3 (2π) 3 k 2 (−iki ) exp{ik.~

xi /r3 .
1
= 4 π δ (3) (~r ). Cela se voit

Au passage, la deuxième relation de (Z.6) permet de démontrer que −∆ r
facilement en passant par les transformées de Fourier.
• On a la formule de Parseval-Plancherel
d3 k
Z Z
d3 r F ∗ (~r ) G(~r ) = F ∗ (~k ) G(~k ) . (Z.7)
R3 R3 (2π)3

Elle se démontre en écrivant F et G en fonction de leurs transformées de Fourier et en utilisant la


version à trois dimensions de (Z.2) (c’est à dire la première des relations (Z.6)).
• Une transformée de Fourier spéciale. Soit z0 un nombre complexe avec Im z0 6= 0. On a

exp{i z0 r}
si Im z0 > 0 ,

d3 k exp{i~k.~r}
Z 

g(~r, z0 ) = = 4πr (Z.8)
R3 (2π)3 k 2 − z02  exp{−i z0 r}

 si Im z0 < 0 .
4πr
En effet, on peut tout d’abord calculer l’intégrale angulaire en prenant ~r comme axe des kz :
Z ∞ Z π Z ∞
1 eikr cos θ 1 1
2
eikr − e−ikr

g(~r, z0 ) = 2
k dk sin θ dθ 2 2 = 2
k dk 2 2
4π 0 0 k − z0 4iπ r 0 k − z0
ÅZ ∞ Z ∞ ã Z ∞ (Z.9)
1 k dk ikr k dk −ikr 1 k dk
= 2 − z2
e − 2 − z2
e = 2 − z2
eikr .
4iπ 2 r 0 k 0 0 k 0 4iπ 2r
−∞ k 0

La dernière intégrale de (Z.9) peut se calculer en utilisant le con- plan complexe k


tour Γ(R) du plan de la variable complexe k formé de l’intervalle
[−R, R] fermé par un demi-cercle dans le demi-plan Im k > 0 Im k
(l’intégrale sur ce demi-cercle tend vers 0 lorsque R → +∞ parce
que r > 0) cf. figure ci-contre qui représente le cas Im z0 > 0. On
z0
a donc Z ∞
k eikr dk
Z
k eikr dk Re k
2 2 = lim 2 . (Z.10) −R O R
−∞ k − z0 R→∞ Γ(R) k 2 − z0 −z0
k eikr k eikr
Le membre de droite de (Z.10) vaut vaut 2iπ fois le résidu de 2 2 = au pôle situé
k − z0 (k − z0 )(k + z0 )
dans le demi-plan Im k > 0. Si Im z0 > 0, le pôle dans le demi-plan supérieur est en k = z0 et le résidu vaut
eiz0 r /2. Si Im z0 < 0, le pôle dans le demi-plan supérieur est en k = −z0 et le résidu vaut e−iz0 r /2. On en
déduit alors aisément le résultat (Z.8).
Remarque : la deuxième colonne de (Z.6) montre que g(~r, 0) = 1/(4πr) et donc la formule (Z.8)
est encore valable dans le cas particulier z0 = 0, mais g est clairement mal définie lorsque z0 ∈ R∗ .
• Volume fini; discrétisation de l’espace réciproque. Il est souvent pratique de considérer un système
placé dans un volume V qui est un cube d’arête L avec des conditions aux bords périodiques. Alors

26
toute fonction F (~r ) peut être décomposée sur la base des exp{i~kn .~r } où n est une notation pour
(nx , ny , nz ) et les ~kn sont de la forme (2πnx /L, 2πny /L, 2πnz /L) :
1 X ~
Z
F (~r ) = F(kn ) exp{i~kn .~r } , avec F(~kn ) = d3 r F (~r ) exp{−i~kn .~r } . (Z.11)
L3 n V

Dans la première égalité de (Z.11) la somme sur n est une somme sur (nx , ny , nz ) ∈ Z3 . La
première égalité doit être considérée comme une définition de F(~kn ). La seconde égalité découle
de la première et de la formule (facile à vérifier)
Z
d3 r exp{i(~kn − ~km ).~r } = L3 δn,m . (Z.12)
V

Ainsi, en prenant F (~r ) = δ (3) (~r − ~a ) on obtient grâce à (Z.11) F(~kn ) = exp{−i~kn .~a } et
1 X
δ (3) (~r − ~a ) = exp{i~kn .(~r − ~a )} , (Z.13)
L3 n

qui est la version discrète de la forme tri-dimensionnelle de (Z.2). En effet, à la limite L → ∞ la


distribution des ~kn devient continue et
ã3 X

Å Z
→ d3 k , (Z.14)
L n R3

(cette identification correspond exactement à identifier l’intégrale avec la somme de Riemann as-
sociée). La formule (Z.11) devient alors identique à (Z.5). Dans la limite continue, le passage
d’une somme discrète à une intégrale permet le passage L3 δn,m → (2π)3 δ (3) (~kn − ~km ) et (Z.12) est
également un résultat attendu: c’est la version tri-dimensionnelle de (Z.2).
Enfin Parseval-Placherel s’écrit sous forme discrète :
1 X ∗~
Z
d3 r F ∗ (~r ) G(~r ) = 3 F (kn ) G(~kn ) , (Z.15)
V L n

où F et G sont reliées à F et G par la formule (Z.11).


• Quelques relations vectorielles:
~a ∧ (~b ∧ ~c ) = (~a.~c ) ~b − (~a.~b ) ~c . (Z.16)
Cela se démontre grâce à l’identité
εijk εlmk = δil δjm − δim δjl , (Z.17)
qui elle même découle des propriétés du tenseur totalement anti-symétrique à trois dimensions.
~ r ) on a
Pour un champ vectoriel A(~
~ A.
∇( ~C~ st ) = (C
~ st .∇)
~ A~+C
~ st ∧ (∇
~ ∧A
~). (Z.18)
Cela se démontre en appliquant (Z.17) au double produit vectoriel qui apparaı̂t dans le membre de
droite de (Z.18). Enfin, si f (~r ) est un champ scalaire on a également :
~ ∧ (f A
∇ ~ ) = ∇f
~ ∧A
~+f∇
~ ∧A
~. (Z.19)

27
[Ch. Z]2 Principe variationnel en mécanique classique
Soit un système classique à n degré de libertés décrits par les coordonnées généralisées q1 ... qn
dont la dynamique est régie par un lagrangien L(q1 , q̇1 , ..., qn , q̇n , t). Pour faire simple on va se
limiter dans les calculs au cas à un degré de liberté mais toutes les équations obtenues ci-dessous
se généralisent immédiatement au cas n > 1.
On veut déterminer la loi horaire q(t) qui décrit un mouvement partant de q0 à l’instant
R t1
t0 et
arrivant en q1 à l’instant t1 , en imposant que ce soit la loi qui extrémise l’action S = t0 L dt.
Considérons une petite modification de la loi horaire q(t) → q(t) + δq(t) qui induit une modi-
fication des vitesses q̇(t) → q̇(t) + δ q̇(t) et calculons la variation correspondante δS de l’action :
Z t1 ß Z t1 ß
∂L ∂L ∂L d ∂L
™ ï ò™
δS = δq + δ q̇ dt = − δq dt . (Z.20)
t0 ∂q ∂ q̇ t0 ∂q dt ∂ q̇

Dans le membre de droite on a effectué une intégration par parties et on s’est aperçu que le terme
tout intégré est nul à cause de la règle que l’on s’est fixée (départ de q0 à t0 et arrivée en q1 à t1 )
qui impose δq(t0 ) = 0 = δq(t1 ).
Pour que l’action soit extrémale autour d’une certaine loi horaire, il faut que pour toutes les
variations autour de cette loi (c.a.d. pour tous les δq(t)) on ait δS = 0 ce qui impose que le terme
entre crochets dans le membre de gauche de (Z.20) soit nul. C’est l’équation de Lagrange :

∂L d ∂L
ï ò
= . (Z.21)
∂q dt ∂ q̇
Lorsque L = m 2
2 q̇ − U (q) on retrouve bien la relation fondamentale de la dynamique : mq̈ = −∂q U .
Lorsque le lagrangien ne dépend pas explicitement du temps [c.a.d. L = L(q, q̇,×)]
t alors l’énergie
def
E = pq̇ − L est une constante du mouvement (où p = ∂L/∂ q̇ est l’impulsion généralisée). Avec le
p2
type de lagrangien donné trois lignes plus haut, p = mq̇ et E = 2m + U (q).

[Ch. Z]3 Section efficace en mécanique classique


3.1 Diffusion de particules
On considère un faisceau caractérisé par un vecteur densité de courant (de particules) J~inc . Le flux
de J~inc à travers une surface est le nombre de particules qui traverse cette surface par unité de
temps : [Jinc ] = L−2 T −1 .
Le faisceau est incident sur une cible (ponctuelle ou étendue, cf figure
ci-contre). L’extension du faisceau est grande devant la dimension de
la cible de sorte qu’on considère que J~inc est uniforme et indépendant
de la position. Il est également indépendant de t: le faisceau est
continu et on est en régime permanent. Soit dNcol le nombre de cible
collisions pendant dt. Il est clair que dNcol /dt ∝ Jinc . On écrit

dNcol
= σ Jinc . (Z.22)
dt

28
σ est la section efficace de collision, [σ] = L2 . Si les particules incidentes sont ponctuelles, et si
on a une interaction de contact comme dans le schéma ci-dessus, alors σ est l’aire de la projection
de la cible sur un plan perpendiculaire à J~inc , d’où le nom de section efficace. Le schéma ci-dessus
illustre la notion avec l’exemple simple d’une interaction de contact sur une cible étendue. mais on
peut également travailler avec une interaction à portée finie sur une cible ponctuelle.

On peut (cela sera très utile pour le cas ondulatoire traité


section 3.2) définir un vecteur densité de courant rayonné
J~inc
J~ray (~r ) qui mesure le flux de particules diffusées par la cible,
cf. la figure ci-contre.
Parce qu’on est en régime permanent, et d’après la définition
de J~ray , son flux à travers une surface fermée Σ qui englobe la
source et dont les dimensions sont grandes devant la portée
de l’interaction faisceau/cible est simplement
J~ray
dNcol
I Z
= J~ray (~r ).~ns d2 S = J~ray (r, Ω).r̂ r2 d2 Ω . (Z.23)
dt Σ
Dans la première intégrale de la formule (Z.23) ~ns est la normale sortante. Dans la seconde
intégrale on a pris pour surface Σ une grande sphère de rayon r, r̂ = ~r/r et Ω désigne l’angle
solide (d2 Ω = sin θdθdϕ). La sphère doit être grande pour que l’on soit sûr de compter toutes
les collisions. Au passage la conservation du courant impose donc qu’à grand r on ait un courant
rayonné de la forme Jray = fct(Ω)/r2 .

On peut également s’intéresser au nombre de particules dif-


fusées pendant dt dans un cône d’ouverture d2 Ω dans la direc- d2 Ω
tion Ω, soit d3 Ncol . On écrit alors J~inc
d3 Ncol d2 σ
= Jinc . (Z.24)
dtd2 Ω d2 Ω

d2 σ/d2 Ω est appelée section efficace différentielle. Son intégrale sur les angles solides vaut
bien-sûr σ. En comparant avec (Z.23) on a

d2 σ J~ray (r, Ω).r̂ r2


2
= . (Z.25)
d Ω Jinc
Remarque : En mécanique classique, dans le cas très fréquent d’une particule diffusée par un potentiel à
symérie sphérique, la connaissance de la déviation θ en fonction du paramètre d’impact b permet de calculer
d2 σ/d2 Ω = | sinb θ| |dθ/db|−1 , cf. Landau et Lifschitz vol I, chap. IV.

29
3.2 Diffusion d’une onde
Il suffit d’adapter les définitions de la section précédente. On ne parle plus ici de particules inci-
dentes ou diffusées mais d’énergie incidente ou rayonnée, ainsi

d2 σ puissance rayonnée dans d2 Ω ~ray .r̂ r2


S
= = , (Z.26)
d2 Ω Sinc Sinc
~inc et S
où S ~ray sont les vecteurs de Poynting incidents et rayonnés (ils remplacent les vecteurs
densité de courant J~inc et J~ray de la partie 3.1). Cela sera une partie importante du cours sur le
rayonnement que d’établir l’expression de S ~ray pour une distribution de charges en mouvement. Ici,
on doit en plus tenir compte du fait que le mouvement des charges est induit par le rayonnement
incident.

[Ch. Z]4 Perturbations dépendantes du temps


On considère un système quantique régi par le hamiltonien H = H0 + W (t). H0 est indépendant du
temps, on note |ϕn i ses états propres (ils forment une base orthonormée de l’espace de Hilbert) et
En les énergies asociées ; W (t) est une perturbation. Le système est à t = 0 dans un état propre de
H0 (soit |ϕi i) et il évolue sous l’effet de la perturbation. Cette évolution est décrite par un fonction
d’onde |ψ(t)i solution de i ~ ∂t |ψi = H|ψi. On développe |ψi sur la base des états propres de H0 :
X
|ψ(t)i = cn (t)|ϕn i , (Z.27)
n

où, compte tenu de la condition initiale, cn (t = 0) = δi,n . À l’ordre zéro en W (t) il est clair que
(0) (0) (1)
cn (t) = δn,i exp{−i En t/~}. À l’ordre suivant on a cn (t) = cn (t) + cn (t) avec :
−iEi t/~
X
i ~ ċ(1) (1)
n (t) = En cn (t) + hϕn |W (t)| ϕm ic(0) (1)
m (t) = En cn (t) + hϕn |W (t)| ϕi i e . (Z.28)
m

C’est une équation différentielle linéaire du 1er ordre, à coefficients constants et avec second membre.
(1)
La solution en est (la condition initiale est cn (0) = 0)
Z t
i 0
c(1)
n (t) = − e−iEn t/~ dt0 hϕn |W (t0 )|ϕi i ei(En −Ei )t /~ . (Z.29)
~ 0

On considère désormais le cas particulier W (t) = W0 cos(Ωt).1 Pour effectuer l’intégration sur t0
dans (Z.29) on écrit alors
Z t Z t
0 1  (+) t0 /~ (−) t0 /~

dt0 cos(Ωt0 )ei(En −Ei )t /~ = dt0 eiE + eiE , (Z.30)
0 2 0
1
W0 est un opérateur. On peut se restreindre à Ω ≥ 0. Il est possible que Ω soit nul, auquel cas la perturbation
est indépendante du temps, mais même dans ce cas on choisit de s’intéresser à la probabilité de transition vers un
état |ϕn i après un temps t (et non à l’expression approchée des états propres de H).

30
où E (±) = En − Ei ± ~Ω. Cela donne (on se place désormais dans le cas n 6= i et on rappelle que
(0)
cn6=i (t) = 0)

sin(E (+) t/2~) (−) t/2~)


® ´
i (+) iE (−) t/2~ sin(E
cn (t) = − e−iEn t/~ eiE t/2~ + e hϕn |W0 |ϕi i . (Z.31)
2~ E (+) /2~ E (−) /2~
On veut calculer la probabilité de transition vers un état |ϕn6=i i au bout d’un temps t, soit Pi→n (t) =
|cn (t)|2 ; lorsqu’on prend le module au carré du terme précédent on trouve (en négligeant le terme
croisé dans le module au carré du terme entre crochets)
π ¶ ©
Pi→n (t) = t |hϕn |W0 |ϕi i|2 δ (t) (En − Ei − ~Ω) + δ (t) (En − Ei + ~Ω) , (Z.32)
2~
où Ç å2
(t) t sin(Et/2~)
δ (E) = . (Z.33)
2π~ Et/2~
δ (t) (E) tend vers une distribution de Dirac lorsque t → ∞.2 Au passage, ces considérations perme-
ttent de préciser le domaine de validité de l’approximation qui consiste à négliger le terme croisé
et qui a conduit à (Z.32) : il faut que ~ Ω  ~/t.
Dans (Z.32) on voit que la probabilité de transition est proportionnelle à t, on définit donc un
taux de transition Γi→n = Pi→n /t qui vaut pour t grand :
π
Γi→n = |hϕn |W0 |ϕi i|2 {δ(En − Ei − ~Ω) + δ(En − Ei + ~Ω)} . (Z.34)
2~
Ce résultat est perturbatif, il n’est valable que tant que Pi→n  1. Pour déterminer son régime de
validité, on se place dans le pire des cas, c’est à dire à la résonance (~Ω = En − Ei par exemple)
alors P est maximale et vaut3 |hϕn |W0 |ϕi i|2 t2 /(4~2 ). Il faut donc au total que
~
|hϕn |W0 |ϕi i| 
 |En − Ei | ∼ ~ Ω . (Z.35)
t
On notera que l’approximation qui consiste à négliger le terme croisé lorsqu’on élève (Z.31) au carré
n’est pas valable lorsque Ω = 0, puisque dans ce cas E (+) = E (−) (et d’ailleurs, l’inégalité de droite
dans (Z.35) est alors violée). Mais les calculs sont en fait plus simples lorsque Ω = 0 puisque les
deux sinus cardinaux dans (Z.31) sont alors égaux. On obtient [au lieu de (Z.32) et (Z.34)]

Pi→n (t) = t × Γi→n avec |hϕn |W0 |ϕi i|2 δ (t) (En − Ei ) ,
Γi→n = (Z.36)
~
Cette expression est valable pour une perturbation indépendante du temps (Ω = 0)4 tant que
|hϕn |W0 |ϕi i|  ~/t. La probabilité pour que le système ne soit plus dans l’état i au bout d’un
temps t est de la forme t × Γi avec X
Γi = Γi→n , (Z.37)
n6=i
où Γi→n est de la forme (Z.36) ou (Z.34) selon si Ω est nul ou non. On dit que 1/Γi est la durée de
vie de l’état |ϕi i sous l’influence de la perturbation, et que ~Γi est la largeur de l’état.
2
En effet, son intégrale sur R vaut 1 (cela se voit avec (Z.4)), sa hauteur t/(2π~) et sa largeur en énergie ∼ 2~/t.
3
Pour ce calcul on doit bien-sûr utiliser l’expression exacte (Z.33) de δ (t) , et non l’approximation par un pic delta.
4
Bien-sûr (Z.36) est sans intérêt si les niveaux propres de H0 sont non dégénérés, car dans ce cas on ne pourra
jamais satisfaire la contrainte imposée par la distribution de Dirac apparaissant dans (Z.36).

31

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