Journal Asiatique, Volumes 216 À 217
Journal Asiatique, Volumes 216 À 217
Journal Asiatique, Volumes 216 À 217
Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L’expression
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d’utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l’attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n’oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère.
En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le frano̧ais, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l’adresse http://books.google.com
UNIVERSITY OF VIRGINIA LIBRARY
JOURNAL ASIATIQUE
TOME CCXVI
JOURNAL ASIATIQUE
RECUEIL TRIMESTRIEL
DE MÉMOIRES ET DE NOTICES
RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES
PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
TOME CCXVI
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
MDCCCCXX X
-- -
JOURNAL ASIATIQUE PJ
RECUEIL TRIMESTRIEL J52
DE MÉMOIRES ET DE NOTICES 216
217
RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES 1980
PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
TOME CCXVI
PARIS
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
PAR
TRANSCRIPTION .
6.:m
38
39
a
ina
ح ا ا س
zc
IATIONS .
Voms propres.
*Ay : Ayn al- Qudat.
A. G . : Ahmad Al-Gazāli.
Darg : ad-Darguzini.
M .: Muhammad.
COXFI.
AAMIRIP ATONIN
JANVIER - MARS 1930.
Titres d'ouvrages.
Essai : Essai sur les origines du le.rique technique de la mystiquemusulmane
de L . Massigoon.
Fusaņā : Majma' al-Fusaņā de Hidayat at-Tabaristāni (Téhéran , 1295 ).
Goldziher : Le dogme et la loi de l’Islam d'l. Goldziher, traduit en français
par F . Arin (Paris, 1920).
-
Hallāj ? La passion d ’Al-Hallāj de L .Massignon .
-
-
J. R. A. S. : Article de M . Nicholson in J. R . A .S. : Origin and develop
-
-
ment of Sufism , 1906 , p. 303 et suiv.
-
kašf : Kašf al-Mahjūb d'Al-Hujwirí (+ c. 470), Irad. Nicholson.
-
kalābādi : Kitāb al-'ihbār biſawa'id al-' Ahbar de Abū-Bakr al-Kalābādi
(+ 380/990), B . N., arabe 5855.
Lawāgih : Lawācīḥ al-'anwār ſi tabaqāt al-'ahyār de 'Abd al-Wahbāb aš
Safrāni (+ 973/1565); Caire, 1305 .
Luma' : Kitāb al-luma' d'as-Sarraj (+ 378 ) éd . Nicholson.
Majālis : Majālis al-'uššāq ( écrits en gog/1503) de Ba’iqaya (+ 9111
1505) , B . N ., sup. persan 776 .
Maktūbāt : B . N ., A. F. persan 35 , recueil d'épilres dont la plupart
sont de 'Ayn al-Qudāt.
Miškūt: Miškātal-'anwār d’Al-Gazāli, Caire, 1322 (a été traduitet com
menté en anglais par Gairdner ap. Asiatic Society Monographs,
vol. XIX , 1924 ). .
Mungid : Al-Munqid min ad-dalal d'Al-Gazāli, édité au Caire en 1309
avec d'autres traités d’Al-Gazālī, dont ’Iljām al-'awāmm ).
Vafaḥāt : laſaḥāt al-’uns min hadarāt al-quds de Jāmi (+ 898 ), Cal
culta , 1858.
Vußrat: Nusrat al-fatra de'lmād ad -din al-'Isfahāni (+597/1 201). B. N.,
arabe 21 45 .
Qüt : Qüt al-Qulüb de ’Abū-Talib al-Makki (+ 386/996 ), éd . du Caire ,
1310 , en 2 vol .
Risala : Ar-risàla al-Qusayriya de ’Abū-b-qāsim al-Qušayri (+465/1072),
éd . du Caire 1319.
Riyad : Riyad al-'ārifin de Hidāyat at- Tabaristāni ( Téhéran 1305 ).
7. A. : Tadkirat al-'awliyā de Farid ad-din al-'attār (+ c. 620/1223 ou
627/1229 ), éd . Nicholson .
Tabagāt : Tabaqāt as- Şahāba d'Ibn Sad, éd . de Leyde.
Tară’iq : Tarā'iq al-haqā'iq de‘Ali Šāh as-Širāzi (Ilāj. Ma'sām ), Téhéran ,
1316 -1318.
LA ŠAKWA. 3 .
Tartes : Recueils de textes relatifs à l'histoire des Seljoucides, t. II (Leide ,
1889 ), où se tronve le résumé de Vusrat ( supra ) fait par al-Bundāri
sous le titre de Zubdat an -nusra wa nuhbat al ‘usra .
T.K.: Tabaqāt aš-šāfiya al-Kubra de Tāj ad -din as-Subki (+779/1370);
Caire , 1324.
T. T. : A dictionary of the technical terms used in the sciences of the musul
mans ( en arabe) , Calcutta , 1862 (ouvrage utilisé dans l'appendice ).
Yaqut : Mujam al buldān de Yāgūt, Leipzig , 1866.
Zubda : Sup. persan 1356 (B. N.) de la Zubdat al-ḥaqā'iq ; s'il s'agit de
l'ouvrage en général, le titre sera donné en entier .
JANVIER -MARS 1930.
INTRODUCTION .
I 1l-Yaliti ( + 768/1367); cité ap. Tarā'ig , II, 155. Gl. BROCK BLMANN ,
Geschichte , II , 176 -177, nº 13. — Le n° 1590 (B . N .) comprend Já deuxième
partie de Mir’āt al-janăn , allant de 399 à 760 (H .).
3 Rapporté in Texles, II , 151.
13. As -Subhidonne comme source Ibn as-Sam 'āni. C'est de l'auteur des
Insāb qu'il s'agit vraisemblablement. On ne parle pas,cependant, de ‘Aq dans
ce dernier ouvrage. Mais il y est question de son père , de son grand'père , de
leur grande culture et de leur mort violente. Le texte ( fol.51; rº du fac-similé
ap .G B , M . Series, t. XX ) n'est pas clair et renvoie à Al-Maqdisi. Le kitab
al-'ansâb ( éd. du Di P. de Jong sous le titre d'Homonyma inter nomina relativa .
Leide. 1865) d'al-Maqdisi (connu sous le nom d'Ibn al-Qaysarāni) ne contient
rien s. r. al-Hamadānı.Le texte d'As-Sam 'āni est exactement, pour une partie ,
le même que celui de Pāgūt (IV , 710). Il aurait été intéressant de trouver la
source commune des deux auteurs.
Mais as-Sam 'āni a écrit d 'autres livres que l'Ansab. On connail de lui un
LA ŠAKWA.
d . Ynqul , IV , 710 (1) ſet I, 225 ; IV , 103 ).
P. H. Halla mentionne Aq à deux reprises avec la date
ile à mort ; éd. de Flugol . III , 536 , n° 6810 , et IV , 69 ,
n° 7635.
Sources persones.
a . Fusahi , I, 340(2 .
b. Habīb-as-siyar(3 de Khondémir (* 9:27 15. 1). Téhéran ,
1971 (in-fol.),p.1806 , l. 16 abf.
c . Majālis , fol. 86 19-881 .
d. Vaahal, p. 1475-477.
ľ . Riyūd, p . 107-108 .
appendice au Tarih de Bagdad d 'Al-Halıb, al-Bagdadı (BROCKELMANA, Geschi
chir , 1 . 330 : Fortsetzung der Geschichte Bagdádi yon al-Ila !ib ) dont, «l'après
. Massignon , il existe un fragment dans le ms. 62 de la Zahiriya de Damas
( section d'histoire ). As-Sani'āni a pu y parler de 19 puisque celui-ci a été
Imprisonne à Bagdad. Mais il semble plus probable que la Sakwă a dû être
classée par as-Sam 'āni dans la catégorie des livres de ļlanin ila-l-awļān. As
Sam 'ānia écrit, précisément, un livre de ce genre . Cl. Wistenfeld , Geschicht
schreiber der Araber (Göttingen , 1882) , nº 251 (p . 88 ) : an-nuzū ila-l’awęän :
Desiderium ad loca patria redeundi ( H . Malla , 136141). C 'est le début de la
Sakwa qu'as-Sam 'āni doit citer dans cet ouvrage si l'on en juge par l'impres
sion d'attendrissement que cette citation laisse à as-Subki et par le vers qu 'il
lui emprunte ( 1. K ., IV , 236:237).
(0 Le texte parle de la mort de Aq et de celles de son père et de son
grand père et ajoute : kama dakarna ſi kitabina ' Ahbär al-'udabā. Il ni a
rien dans Mu'jam al-'udabi , édité par Margoliouth . NiWüstenfeld , ni Bror
helmann ne signalent un 'Ahbar al-'udaba attribué à Yaqut. Mais il en existe
lin , mentionné par !!. Ilalla : 1, 601, n°179 ( cf. Wüstenfeld , p . 138 ), écrit
par Tāj ad-din 'Ali b . 'anjal il-Bagladi ['ilon as-Sā'i] (+ 68 ,1285 , soixante
ans après Yaqut). On peut supposer que l'un des manuscrits sur lesquels
iédition de Mu'jam al-buldan a été faite , appartenait à Ibn as-Sa'i ou dérive
d'un manuscrit qui lui appartenait. La phrase kamā dakarna .. . serait line
addition , une glose qui a fini par s 'incorporer dans la listen, close aisée dans
non dictionnaire .
? Fusaha ne contient pas grand'chose ; mais il donne la source de Riyad :
les Nafahat.
** Citó ar. Țară’iq , 11 , 2511.
JANVIER.MARS 1930.
f. Safinat al-'awliya de Dārā Šiku . B . N ., Sup.persan 146 ,
fol. 199 v°.
g. Țară”iq , II, 254- 554). .
Le nom complet de Aq , donné d'une façon fragmentaire
dans lous les ouvrages qui parlent de lui, est le suivant(2; :
Abdallah b. M .(3) b. Ali b . al-Hasan b. ‘Ali Al-Mayāniji, al
Hamadīni, surnommé Abū -l-Ma'ālē( ) b. Abu-Bakr, Ayn ala
Qudāt.
Il est né à Hamadan (5) en 4921098 . Dans la Sakwi, il
parle de cette ville avec tendresse et lui applique quelques-uns
de ces clichés poétiques que l'usage a consacrés au pays natal.
Nous ne savons pas grand chose sur sa famille . Elle paraît avoir
été à Hamadān depuis longtemps et y avoir jouid 'une grande
considération . Le grand-père de ‘Aqy a exercé les fonctions de
gūdī et y estmort de mort violente . Son père Abu-Bakr M . .
semble avoir eu des accointances avec les Sūfīs , avoir pris part
à certaines de leurs réunions et goûté leurs idées(6). Comme
son père, Abū-Bakr périt d 'une façon violente 7).
" Le silence de la Sakwa ne doit pas vitonner. Elle fut écrite on prison par
un liomme dont la vie était en jeu. Le nom d 'Al-Hallāj était trop compro
mettant. Il est passé sous silence comme celui d'A G . Cependant'Ag cite dans
la Sakwa deux vers célèbres d'Al-Hallāj (Sakwa , 42 rº 13 et 18 . trad .p . 252.
Mais il évite le fameux 'anā-l-ħage que l'on associe habituellement au Subhani
d'abu-Yazīd (Miškat , 19- 20 ). Zubda (88 rº) les unit aussi ( voir n . 3 . p . 52
et 253 de la traduction ).
-2, Cf. Hallāj , 807 .
Billy Cf. Zubda , 7010 et 90°; Maktūbal, 126 \". Il s'agit du fameux : Ma
suhhat al-fuluwa liahad 'illa li Iblis wa ’Ahmad (mil n 'y a pas eu de prédica
tions légitimes excepté celles de Satan el de Mohammadı , traduction de
M . Vassignon , in plallāj· 867 ). Le passagn list pas transcrit exactement
aux endroits indiqués. Un autre manuscrit de la Zubdat al haqā'iq , Ind . Office ,
Whi, d 'après M . Massignon , le cite correctement au chapitre x après l'avoir
donné sous une forme moins exacle au chapitre 11.
i Ce meine passage du Ța Sm al-azul avait fait l'objet d'un sermon d 'A .
0 ., cf. Hallaj. 871. D 'après V. Mass ynon. J'authenticité de ret écrit d'A. G .
est attestée par Ibn al-Jawzi ( Qussos, fol. 116-1171 onors termes: gaul kaimba,
'ala -1-juz'i bihattihi höda kalamı.
Cl. Hallaj, 8:12 . . .
* Rapprochements faits par M . Massignon dans l'un de ses cours.
LA ŠAKW i.
maslak . Et ils associent toujours cette expression avec cette
autre : fisawi-i-masrab ou mashad (1). De fait , on trouve, dans la
Zuhdat al-haqñ'iq de 'Aq el aussi dans les Maklūbit , des em
prunts lextuels et expressément attribués à 'Isä (2) ou bien sub
stantiels etdéviés de leur origine(3),
Toujours est-il que Aq est considéré par tous, comme un
grand sūſi. Il s'assimila en elfet très vite la sulistance du sol
fisme. La risala pour laquelle il sera condamné et qui l'amé
nera à écrire la Sakwā porte sur ce sujel. Il adopta tout du şu
fisme: la science commel'esprit(a),le somn etle rags et jusqu'à
son esthétisme un peu inquiétant(5).
Aussi ne manqua-t-il pas d 'attirer l'attention. Ses leçons
étaient goûtées ; on aimait à le voir, à l'approcher et à obtenir sa
bénédiction . Il écrivit aussi, et ce fut avec tout l'enthousiasme
et loule l'exaltation de son âge et de son temperament. Les
théologiens en prirent ombrage. Sa fameuse risäla où , comme
il le dit lui-même, il avaitmis sous une forme différente , un
fund substantiellement identique à l'enseignement d'Al-Gazali ),
suscita leur indignation. Ils relevèrent les mots , expressions et
(1) ll semblerait donc que le sultan Mahmud eut pris une part active à
l'exécution de 'Aq ; cf. Nusrat, 182 v°. Par ailleurs , on fait du même sultan
un portrait flatteur : on le représente comme un ami et protecteur averti et
généreux des gens de lettres et de science (cf. Mir’āt al-janän d 'al-Yāfi'i, B . N .
arabe 1590 , fol. 74 vº ; Kitab ar-rawdatayn d'al-Muqaddasī (Caire , 1987) ,
II, p. 31; Tārih d'Abu-l-Fidā (Constantinople , 1968 ), t. III (9 vol.), p . 5 .
Maḥmūd a dû être un faible et se soumettre souvent à la tyrannie d'un vizir
qui avait l'appui de Sanjar.
(2) VŞIb , cf. Hallāj , 322.
(3, Cf. Riyād et Țară’iq. ..
(1) Cf. T.K ., IV, 237. --- Riyad donne 533 ; Safinat al'awliya , 530 ; deus
erreurs , dont la première est courante.
(5) D 'après un certain Abū-l-Qāsim Mahmud b -Aḥmad ar-Rüyāni(? ) , qui
aurait été à Andrāya (?).
(6) La chute et l'exécution de Darg. survinrent quelque temps après (cf.
Textes , II, 168-169). Les auteurs șūſis n 'ont pas manqué d'y voir le châti
ment de tant de sang versé (Tarā 'iq , II , 254 , citant Habib as-Siyar,
p . 1806 ).
LA ŠAKWĀ.
LA SAKwĀ.
تنبيه
النسخة للطية حسنة الهيئةلم يؤثر فيها القدم وفي غالبا سهلة
القراءة وجلها مشکول والاغلاط والسهو فيها قليل واني اود ان اكون
مصيبا فيما صاخته او اضفته لتتميم المعنى وقد وحدت صورة الالغاظ
فكتبت مثلا لخيوة بالواو لا كما في النسخة مرة بالواو واخرى بالالف رادا
النقط للاحرف المحكمة التي أهلت سهوا ماحيها عن الاحرف المهملة التي
اجمت خطا في النسخة كالطاء والصاد وغيرها وموردا الالفاظ
المختصرة تامة وبالله التوفيق
. LA SAKWA.
( )1في الاصل علامة تدل على اسم المولف وانبيت الموالي طويل الجر .
26 : JANVIER-MARS 1930.
يعالجه من شدة الأمرفهو شهر الليل الطويل وبښي نهاره بما
قیل (شعر) [ طويل
وفي الدار من لا أحب كثير ) أكرر طرفی لاأرى من أحبه
وإذا اشتد به ضيق الصدرتعلل بانشاد هذا الشعر طويل
وأنزلني طول النوى دار حرب إذا تلاقیت افراد شايلة
أكايته حتى يقال بتجنية وكان ذا عقل لكنت أعاقلة
.واذا تذكر عرار اروند وحوذانها وهمدان وبها أضعته تيات الجمال
البائها تحتدموعه وتصدعت أكبادة وضلوعه وتوی وجدا عليها
وأنشد شوقا اليها (شعر) طويل
ر 8
ألا ليت شعري هل ترى العين مو ڈی قلی ژوند من همدان ۱۰
يدبها نيطت علت تمامی واضفت من عقاتها بلبان
واذا تذكر إخوانه أخفى بقول ابن الطرية لانه (کامل)
وإذا التريا يجئنا بكيهم جئنهم منا يرجعکدم
بائل يمرضناووائل يشفينامن غلةوهيام
م دا بقول حبيب وهوتحت حنین مشتاق كيب(شعر) بسيط
ماأقبلت أوجه التذاي سارة مذ أذبت باللوى ايامناالأول
( )1يوجد في هامشة النسخة الخطي :کلمات بعضها من .
( )9في اسفل الوجه احرف لم استطع ضبط قراءتها .
LA ŠAKWĀ.
ولا غرو أنيغلب الصبر ويضيق عن كتمان سترة القدر فالمكروب اذا
ترققت فرائه نمت على أشراره عبراته وليس بلانسان بما لايطيقه یدان
وما أنصف من قال وبين هذا الحال شعر طويل )
كم الهوى يوم التوى فتقت به زفرات ما به خاء
يكن قطعى للازيم كتما تمطت به الوفرة الممتداء
والمرحوم من ازدحمت الهموم عليه فلم يجد من يتشتی ببر كما أشار
مشار اليه طويل)
هنمما أنتجع وأبن عمروابعض مافي جوانحي وج م
ولابد من شكوى إلى ذي حيظة إذا جعلت أسرار نفس تطلع
وهل يستور الطريق من وجد الرفيق أو يتمبثنایی داره من ظور
من يشاكهفي جواره ألا ترى إلىقؤل في القروح وهو في نزع
الروح اطويل )
"و أجارتناإن المزار قريب وإني مقيم ماأقام عسيب
أجاننا إلا غريبان هاهنا كل غريب للغريب نسيب
فإن تصليتا فالوده بيننا وإنتيتا فالغريب غريب
وقد ذكرت بشعر ابن جبر قول طهمان بن عمرو (طويل
ألا كذاوالله لو تغمايه ظلما أيها العمان
: (..كنت في اسفل النسخة تحت ذي القروح امرو القيس .
JANVIER -MARS 1930.
( )1اطلب معجم البلدان لياقوت ( طبعة لم يك )1866ج 1ص 403نجد فيه
الاسطر السابقة منقولة ما يلى وكاني بالراب العراقي بوافون ،همدان ومطون
رحالهم في كانی ماوشان وقد أخضيت منها التلاع والوهاد والبه ها الربيع حبرة
مدحها عليها البلاد وفي تفوح كالمسك ازهارها وتجري بالماء الزلال الهارها فنزلوا
منها في رياض مونقة واستظلوا بظلال النجار موقة فجعلوا يكررون اندهذا البيت
وهم يتغدوا هكذا في الأصل ) بنوح الحمام وتغريد الهزار
حياك ياعذای اخ
ويستقيم لمن اراد قراءة حباك عوض حياك ما في كتاب
BARBIER DE MEYNARD, Dictionnaire de la Perse, p. 512.
LA ŠAKWA. 29
مساعدة توم أوغاد معلوم عند العاقل أن الطبع يابى على الاقل
فمن البه ار مغلوبا ومتى يكون الموب عنه مطوبا وقد أفي
البدوي عن خاله في هذه الأبيات حيث التفت قلبه إلى البداوة أشد
الأليقات وكان أقل الحضروالله المدربیرون بتعلم الكتابة ووح
الى البدو شوق إليه حتى راجع المألوى في بداوة وقال فيما غلبة من
غباوته[.وافر )
أتيت مهاجرين قعون تتة أشطر متوالا
3000كتاب الله في رقني وايات تلم لات
وخطوا إلى اباجاد وقالوا تعلم عنا ريښتيات
وما أنا والكتابة والتي ما حظوا البنين من البنات
وهاأنا أعود إلى ما هوالف المنشوة واطالع أهل العلم و الت
مشاربهم العذاب شارع الواد وأكتافهم الرحاب مراتع الواد بجلية
أمري وحقيقة كالى وما ابتان به التقديرمالم يخطر ببالی
وأنهمأشاعهم لأققها بانجان قلب دائم أنهم ما قاله الطاي أبو
تمام طويل
أكابراعطفاعلينا أنا .بنا بنا برئ أنتم مناهل
فرعى الله من القى معه إلى ذاليره ببعض ما جئت أيدي المقادير
على فقد أنكر على طاﺉفة من علماء الغضرأخشى الله تويتهم
تنقل إلى خير اللهاین طريقهم وفترة الغل من صدورهم وهي لهم
( )1قرآن :الاعراف (. 130 ,) 11
JANVIER-MARS 1930.
بأى امرأته تلد بنت وبانه يموت في مرض مان شريفة وأمور عالبة
د تصور الوصول إلى أمثالها بيضاعة العقل بل بور إلهي وراء القتل
ومن هذا القبيل أن بعض التعابير دخل على من كان قد نظري
( )1قران :الاعراف ( ; ) viiالمجر ( ; 47 ,)17الكهف ( ,)Avitو
( )2لفظة جاهلون اضيفت ليستقيم المعني ويمكن أن يستعاض عنها بمنکرون او
غير ذلك
( )1تران :هود ( ; 109 ,) 11البروج ( .16 , LXxxv
LA SAKW .4.
طريقه إلى امرأة فقال له ثم ما بال أحدكم يدل على وفي عينيه
أثر الزنا فقال له أوحى بعد رسول الله فقال لا ولن تبور ها
را صادقه أماسنت رسول الله صلى الله عليه وآله و
اتقوا فراسة المؤمن فانه ينظر بنورالله وخرج على علوالشام
من منزله صبيحة يومي الذي قتل فيو تجعل ينشدويكر
( شعر)آهنج)
شده يازيمك للموت فإن الموت لاقيك
ولا تجزع من الموت إذا حل بواديك
ولما قدم هرم بن حيان الكوفة لزيارة أويس القرن وكان قدقده
۲۰مي مه له بل يطلبه كى ؤبير فلاتنمعنه قال له أوبس
وعليك الشم یا هرم بن حيان فقال له هرم من أي وقت اشمی
والتم أنى وما رأيتك قبل اليومولارأيى قال ،تبان العليم الخبير
فٹ وچی ژو چین كلمت نفسي نفسكإن الأرواح لها أنش
أنفس الاجساد وإن المومنين ليغرى بعضهم بعضا والمنضود أن
هذه أمور تكببضاعةالتغير قد أنكرعلماء المرعى
ذلك فيما أنكروه ظلا منهم بأ من اقي طورا وراء طور العقل
فقد شد على الكاقة طريق الإيمان بالتبوير إذ العقل هو الذي دل على
صدق الأنبياء ولشتأيأن الإيمان بالبنوة موتوث على ظهور طور
II: Toil,
34 JANVIER-MARS .193 0 .
وراء طور العقل بل أدعي أن حقيقة النبوة عبارة عن طور وراء طور
الولاية وأن الولاية عبارة عن طور وراء طورالعقل كما سبقت
شارق الي تريقة الشىء غير طريق الإيراني غيرجو أن يخل
العاقل من طريق العقل تضييق طور لم تبلغه فينفسهبعد ما
أن من حرم ذوق الشغر فقد يحصل له تضييق بوجود شيء لصاحب
ذوق مع أنه معترفي بأن دختر جنده من حقيقة ذلك الشيء على أن
الكمالات التي أنكروها على كلها موجودة لفظا ومعنى في كتبالامام
حجة الاسلام أبي حامد الغزالي وذلك كقولنا في صانع العالم انه ينبوع
الوجود ومصدر الوجود وانه هو الكل وه الوجود ل یتى وإن ما
سواء من حيث ذاټو باطل وهالك وان ومدوم وانما كان موجودا من
حيث أن الكرة الأزلية تقوم وجود هذه الألفاظ مدوره في
مواضع كبيرة من إحياء علوم الدين وفي مشكاو الأنوار ومضاة الأشرار
وفي المني من الله والمقيع عن الأحوال و لك منمتات
الغزالي( رحمه الله وقولنا مصدر الوجود وبنبوة الوجود كقولناar .
خالق كل الشىء "فمن أوله على غيرذلك فهوخطی؛ دون القائل
والكلام الجمل الما يرجع في بيان إلى الجمل لا إلى ضيه المتعنت
والمو بؤ تخت لاني لا تحت ألسنة تمضي ولست أنكر أن قولنا
مصدر الوجود وينبوع الوجود كلمات جمله تولة لمعان
( )1بالتشديد هكذا في الأصل وفي السطر الرابع من الوجه الموالي .
( )9في الهامشة الجود وفي السطر الموالي جزمت واو دون .
،ويمكن أن يستقم المعنی بدون اضافة لفظة ميء بان تقرأ لقطة كل بالتنوين
35
LA ŠAKWĀ.
ن ع
ن ا
ولا ذنب للعود وقد أتاه الله فضله ولودذلك لما تمنى للحاسد
أن يكون مثله و عتب على من حسد مرموقا قادر من سابقه في
كلبات العلم مسبوقا وقد ولى بقدمه ممم الكواكب كى صار مرا
بايد والأقارب فما أبعد عن الكمال من يعادي الحاد ولقد أحسن
من قال هذا البيت وأجاد بسيط
در كودك فيما قد خضت به
إن العلى شئ في متيها الد
هذاوقد تسبون إلى قوى الثبوة أيضابسبب كلمات من مصطلحات
الصوفية كلفظ التلاشي والفناء ( شعر) ( طويل
كل عصا كى ميت بيغه لقد بون في هوى أتم جعفر
وماأرد التعب إذا انتهى إلى هذا للد وماأقته للدولا سيما
بالعالم إذا مضى على أمثال ذلك تم لايشيى أن ينشب مسلما
قضا کن عالم إلى قباح معتقدات يشنه أن يعتمدها الوش
والضاري الذي يكون سيد الأنبياء لا بل ولا تتردها الباهمة
الذي هو ضير البو منکرون والنادقة الذين ينكرون الموت مع
اللي طويل |
موني وإياها بشنعاء هم بها أىأدال الله منهم نجد
د عيان قاما عن جد بأمرناه ب
( )1قران :آل عم ان ( ,) 11أنا ; لحديد ( .29 ,)Ly11
JANVIER-MARS 1930.
وأما قډير التمويهات لاتخفى على من جالس العلماء وزاحمببو
القادم كى وقف على الفرق بين الباطل ولق و المذاهب
الدقةوالأباطيل المحترقة حقق ما أوج عليه للخلف »القاع
من شوك الټراط المستقيم ومرمة المنع التنويم وما اليق ما قال
الكوفي بهو ال فقد بين أن أهل الفضل لايهم ما يقول حد
الجهال ( شعر)(کامل )
وإذاأتكممي من ناقص نهى الشهادة لي بأني قال ما
وكأنه نظر لاالأولوهالأغر الممل (شعر)(کامل)
طويت أنا لهالان خود يلة ش وإذاأراد الله
وغيرخاني على العلماءأن كل فريق اصطلاحا متفق عليه فيما بينهم
و يتم اصطلاحات كل فريق الآ من سلك طريقهم قربما لايعى
الوی اصطلاحات التشابين من الشعب والقبيلة والبطن والتي
بسكون الخاء والعشيرة والعمارة والتذييل وضرب الياء كما لايغ
التشابه اصطلاح التاني من المغرب والبني والمبدا ولقبرولم
المرةمن الفعل والفاعل والمعرفة والنكرة واللازم والمتعدى والمفرد
والمضاف والمتمم والمفعول له ومعه والأسماء المنصرفةوير
المنصرفة وكذا الضريق دير اضطح المتكلم من الجوهروالعرض
والترولجتي والكون والحركة والسكون والأجتماع والكتبكما
( )1في الأصل العمل و الهامشة للخلف وهو الصواب .
LA ŠAKWĂ. 1
يقين المتكلم اضطلاح أهل الريف من ذوات التة وذوات الأربعة
والأجوف والناقص واللفيف والريادة والأبدال والأدام اللهم إلا اذا
نظر في العلمين جميعا يكون عارفا بالاصطلاحين وكدلك الفتربة
لا يعني اصلاح المني من المميز والمتروك والغريب والغير
والمشهور ودالتي يتم اصطلاح الفقهاء من العند والشفة
والفرائض والدور والاثه والظهار والكتابة وكذلك العاب لا يتم ما
اضطح عليه الأولون من الترع والضل والعلة و تم والواجب
والمندوب والمكرو والحظور والنجاح والتنوع والمضيق والمبهم
والتمروالمي․ والمطلق والخاص والعام والتاسع والمنسوخ والتقليد
والإجتها․ كما لا يعنياولى مضطي شاب من الجمع والريق
: ۱۰وليدروالكتب والأموالمفتوح والقيء والمال وأموال الأموال وكتاب
القاب والعروضي يعرف مراد المنطقي بالمول والتنوع والشلب
والأيجاب والكلى والشرطى والشب والشكل كما لا يغرى المنطقي
مراد العوضي من السبب والوتير والقالة والبحر والضرب والطويل
والمډیډ والبسيط والتقارب والمقصود من تمهید هذه القاعدة
ا لكل علم رجالا عليهم مكاره ويجب التنوع في تعني اضطلاحاتهم
اليه فكذا الصوفية لهم اصطلاحات فيما بينهم لا يعرف معانيها
يرهم وأعني بالوفيني أقواما اقبلوا بكذو الهمة على الله واشتقوا
بوبي طريقه وال طريقتهمتجاهةالعدوومرمة التكرم
الموعودون في الكتاب العظم بهداية الشبيلي كماقال تعائى )والذين
: 10سنان . ( )1في الاصل سمنان وفي لوات الانوار للشرافی ج 1ص
LA ŠAKWĀ.
العلماء ألفاظامصطك عليها ولا بد من الجوع إليهمفي معانيها
كذاإذانوع من الوفية مضطاتهم ينبغي أن يرجع البهم في
بیان حقاﺉقها لفظ البقاء ،والقاء ،والعدم ،وال تي ،والقبض ،
والشط ،والشكر ،والنمو ،والأثبات ،والنمو ،و ور ،والغنية،
والعلم ،والمعرفة ،والوكير ،والكشف ،والمقام ،و ا ،والفراق ،
والوصال ،والأشقا ،والاتصال ،ومع ،والفرقة ،والدي ،
والفهم ،والوصول ،والشتوي ،والشوق ،والأنس ،والقرب ،والجلي ،
183والية ،والمشاهدة ،وكقولهم بقى فاى بد هو وانجمن جلديه
وينبغي إلعاقل المنصف إذا مع هذه الألفاظ أن يراجع في معازيها
القائد وتقول له ما الذي عنيت بهذه الألفاظ والحكم على التاد قبل
استفسار عن المواد بهيره الألفاظبالدقة والاكابر في عمانية ،
وكتب بعض الصوفية الى بعض الأئمة أبياتا ئهفيها عي
معاني القاظ من مصطكاتهم ولم أر فيها ما يصلح لهډه اللمعةا
هذا البيت ( شعر) ( خفیف )
وأنا لا أنا ماذا يريد وإذاقال قائل هوبد هو
الطائر إلى محشه ثم رجع إلى القنص ومن ذلك أنه تواجد رجل في
مجلس يحيى بن معاذ فقيل له ما هذافقال ابت چقات الإنسانية
وظهرت أحكام الترابية وسئل أبو القاس الكردي عن التوحيد فقال
مابق منه عليك لابك وقال شلمان بن عبد الله كل ت يكون
فيهذكر اللهفهومتصل بالعرس وقال أبو حامد الأضرى سألت أبا
يعقوب المزابلی( عن التخوف فقال هو أن يضع عنك عين
الإنسانية ومعاله الأية قال حبشی بن داود التي هوإرادة في
في الخلق بد خلق وقال يحيى بن معاذ من رأى مع الحبيب غير حبيب
له يرطبيب وكني من تلك الرسالة يدور على هذه القواعد و
لفظ من هذهالحكايات تحتاج إلى تمهيد قوادوتأسيسأول من
علم الصوفية حتى فيمتاها ولست الان اشرح ذلك فانه
يشتدجي فراغ القنب و الهم وأنا م ول الخاطر معبر
فيما ابتيبه النډير من الحب والتي سائرالأنكال
(شعر)[كامل ]
بت على مصائب و أنها تمت على الأيام تحدى ليالينا
ولم أن تلك الترسالة إلا متوقعا محشي الأمر في اليوة وتم يلي
( )1هكذا في الأصل والمعني يقتضي تكميلي الجملة والجافة (ا ) لوما بان معناه
JANVIER-MARS 1930.
دعوة للقلق ،إلى الله وإلى ذكره وماكانوا ي كون إلا بإجابة دعوتهم
فكيف يجوز لښتلیأن يقول لا تفرح تنسى إلا إذا كله يكر الله أسمه
وكذلك كان البيبلي في دقائه يقول اللهم اسكن أغدای جنةعدن
ولا خلني منك طرفة عين فلو قال المتعنت إذا كان رسول اللهصلی
الله عليه ثميقول في دعايه اللهم إني أسألكالجنة وأعود بك من الار
فكيف يتم لغيره أن يقول ما قاله الشبلى وكذلك تقل عن غير
واحد من الكبار الهم قالوا من عبد الله بعوض فهو يم وقال كليب
الساري وهو من أهل البدء لو كان أيوب في الأيوة ل ارفته و
قال المتعت هذا القاﺉل قد قار الأنبياء في بيوتهم وهو وكان
من حيث الظاهر يد واجب من هذا ما حكي عن شقيق البلخی
أنه سأل بعض المشائخ کن صفة العارفين فقال الذين إذا أعطوا شكروا
واذا منعوا بها فقال له شقيق هذه صفة الكدب عندناببلغ قال له
فماصفة العارفین فقال إذامنعوا شكروا وإذا أغطوا آروا لو قال ابن قد
انتي الله في كتابه غير مرة على أهل البر والشكر فكيف يجوزلشقيق م می ه از
مدى له وقيل لأبي العباس الدينوری بم عرفت الله قال بأني لا أعرفه
وقال و الون ما عين الله من عرفهولا وجده منانهه و حتمية
أصاب من مثله وإنما أشكل ذلك (على من أشك من حي ظن أن
العلم بوجود الله وبوجود صفاته من العلم ،والقدرة و وة والإرادة
والدموالسمعوالبصر هو معرفة الله وإدراك حقيقيه ليس كذلك
قال الصوفية فهم " يقرون فرقاعظيما بين العلم باللير وي
:معرفة الله والعلم بوجود القديم قريب واليه يشير قوله تعالى ،أفي الله
شك فأما إدراك حقيقة الذاتي والمعرفة الحقيقيةفي ذلك لا يلد ۱۹ ۲۰
واليهتشير الكلمات الواردة في ذلك كما ذكرته أنفها ولي العلم
وجود صانع قديم لهذا العالم مايشد على أهل الحقائق بل دل
عندهمأظمى المي وكي يتم من ذوي الخضار متنازع في
وجود الس تعم يحتاج العميان إلى ذلك حتى يصل لهمبطريق
السمع ذلك كيف يتصور الشك في وجود من هوالموجوداى به
يظهما يواه عنه يوجد ولولاه لم يكن في الوجود موجود أصد
والبتة ولو تصوله عدم تعالى الله عن جواز العدم لبطل وجود كل
یه والعارفون بنون إلى الله من الأشياء بل ينظرون في الله الى
الأشياء كما قال أبو بكر الصديق رضي الله عنه مانظرت في نىء الا
ایت الله قبله وليست هذه الرؤية و التربية الخاصةفيالاخرة
في شيء بل الروبة لفظمشترك يطلقها الفقهاء والصوفية لمعان كثيرة
( )1ما بين المعكدين نسي ثم اضيف في الهامشة .
( )9اضفته ليتغم المعني .
( )3قرآن :ابرهم ( .11 ,)41
LA ŠAKWA.
ولا يتعلق عرضتا بشرح ذلك وللوفية كما هونها شطئاوهو
عبارة غريبةتصدرممن قالها في حالة الشعروشدة ليان
الوجد والإنسان في تلك الحالي لا يقدر على إما تيهكما بني
(شعر) (طويل )
وفي وقالوا لاتتم ولؤوا جبال روی ما سويت لعنت
وذلك كقول أبي يزيد انتمن نفسي كما تنس الي من
جيرها فتت اذا أنا هو قوله اللهم تنی بودايري والبشي
أن نيتك وارفعني إلىأديتك حتى إذارآني خلقك قالوا أتيناك
تكون أنت ذلك له أكن أنا هاك وأشتال ذلك كثيرة وقد ورد في
كلامهم ذلك منظوم أيضاكما قال بعضهم (شعر) بسيط
بيني وبين إ تازگى قازقغ باك إنتي من البين
وإلى مثل ذلك يشيرقوله صلى الله عليه لايزال العبدت الى
۲.و بالوافل حتى أحبه اذا أحببته كنت سمعه الذي يتم به صرة
الذي يبصر به ولسانه الذي ينطلق به والمقلوب في هذه الحال إذا
شيب عنه عقله وتدعى فياشراق شطان أنوار الأرك لو قال تعي ما
أعظم اني مايشبه ذلك مما سبقت الإشارةإليهلله واخذ به
كلام العاق يطو ديوي كما يرى أن فاته كان بادها
زوجهاعن نفسهاو تمتنع عنه قال لها إن أطعيني ولا قلت منك
شيمان ظهرا لبطى فتلقت التي لامهالى شتم فاشتدعاه وقال له
في ذلك فقال يانبى الله كلام العشاق وبیفاش شى ذلك شيمان
(52 JANVIER-MARS 1930.
عليه التهم على أن تلك الكلمات مبوتة فيما بين فصول أن تضت
ما قبلها وما بعدها علم أنه لا مجال عليهاللاغراض ففيكلام الله
تعالى وكلام شوله ألفاظ متفرقة دث في صفات الله عز وجل ولو أنها
جعت كرت دفعة واحدة كمافعلهاأهل الضلال كان لهامن
التلبيس والإيهام والألغاز تایی عظیم واذا رات كل كلمة في موضعها
الأثق بها مع القرائن المقترنة بها لم تمها الأسماء ولم تنب منها
الطباع فقد ورد في حق الله تعالى جده القا جم غايةالأهال
خوله للواب لطاءأظهر الإحتمال الاشياء ،والول ،
والغضب ،والى ،والكبير ،والشوق ،والفرح ،وال ،والكراتية
والده ،وكلا الصورة والوجه ،والعين ،واليد ،والأصبع ،
والبيع ،والبصر ،وكقوله ) من ذا الذي يت الله قرضا حسنا
وقوله( وهو الذي يقبل التوبة عن عباده ويا القاب قوله
يموت صلى الله علیه مرگ قلم تعدنى وجعتقمتطعتني حتى اضطرب 13 .
مومی وقام وقد وقال الهی او تموم وجوع فقال مرض عبدی ان
وجاء عبدی این ولو أطعمت هذا وعدت ذاك لوجدتني عندهما
وهذا مطابق لما أوحاه إلى داود علیه السلام حيث قال يا رب أين
أطلبك فقال عند المنكسرة قلوبهم لأجلي وهذا كقولهتعالى في الكتاب
المنزل على نبينا محمد صلى الله عليه " إن الله مع الذين اتقوا
والذين هم خ ون وإن الله مع الادقين والضابرين وان الله مع
في كل ذرة من بير نجيب سيء إليه العباد وهو يزداد إخافتا اليهم
وتبون بالمعاصى واى إلاتطفت عليهم لا خييمممهولا
تعد اباديهولايطاق النظر إلى كمال إشراقه ولا إلى مباديه تى
منقاد لعظمته واون والبنات في بنته وقدرته قديم وأول
قدمه باق لاآخرلبقائه دائم الوجود من غير زوال کامل الذاتي على
كل حال الموصوف بصفات الكمال الموت بتموت الجلال والجمال و
الأسماء التي والصقات الغلى لا يمال الأجسام ولا يقبل الإنقسام
از الذات تنمى التيفات كان قبل أن تخلق الأرضين والموات
هو الان على ما كان من أوصانيه التامات وتعونه الكادت لايشبه
الموجودات في دايير ولا في صفاته بل الموجودات كلها قطرة من بحر
قدرت وآية من آياته لايعرب عن نمو اللي م ا رو
منه كالهباءبل علمه بما تمت أرښهکلمه بمافوق الماء والموجودات
لها في عين عليه كقطرة في بحار ومة في قارو تخرج عن إرادته
نظرة ولا عن مشيئينه خطرة فما شاء كان وما لم يشألم يكن ود
حادث من الكائنات يوجد في أجيه المعدوم كما أراد في الأول
ولمه في القدم من غير زيادة ونقان ولاتقدم ولا تأسر وهو
الشييع العليم الذي لا يتم عن سموه ممنوع ولا عن تصرة مبر
بل سواء عنده من جهربالقول واسه ماأضمرة القلب وأظهره
أسرار المائر عنده علانية وأفهام الخلق دون إدراك آمال صفاته
وانية وهو المتكلم بالكلام القديم القائم بذاته المنهعن أن
را ،قرآن :سبا ( ;3 ,)117يونس ( .63 ,)1
( )2قرآن :الرعد ( ,11 ,)1
JANVIER-MARS 1930.
يشبه كام المخلوقين وجميع ما قاله من المحكم والمتشابه )على ما
قاله وكما أراده أمره ونهيه حق ووعده وعیدهصدق تومن بير
إيمان تحقيق ويقين وتصدق به تصديقا لايانا فيه ريب جل
وجهه وتعالى جده من كي لا يعارضه موت وباق لا يتمهفناء أظهر
الموجودات بقدرته اختراعا واشتدبخلقها ايجادا وإبداعا
سبحانه شبانه ما أعظم شانه وأظهر بهانه وأحشطائه وأجزل
خانه وأتم امښتانه لا تقتدي القلوب لوضين بهائه وعظمتهولا
طمع طامع في الأحاط بكمالهإنه شات حضرته فما أنه
في جادله وأنهاة في ماله وأعظمه في كبريائه وأظهرة في الشراق ضيائه
وأثبته في بوبيهوأدومه فيكوليته وأعهفي واحدانيته واجهفي
مدايته وأقدمه في أولهوأشبهفي أزليته هو الوارث إقلي
أرضهوماليه وهوالى حين لا تي في ديمومةمتهوبقائه ع
أن يصد كمال ذاته لسان أو يفى بنه صفاته العلى بيان
شاء وقرر منها ما شاء وهو خاتم الأنبياء سيد البشر (،شعر) )
[كامل ]
ليد
هيهات أن يد الا نظيره إن المالى بيته
والتنوير عبارة عن كمالات تصل الأنبياء ولا يتصور الوصول اليها
بياعةالعقول ولي العقل إلاأن يصدق بذلك تصديق يشتيده
من طريق النظر في البراهين الواحة والدلائل البينةفأماأن يوف
عاقل ببضاعة عقله إلى تلك الكمالات فكاد وحاشي طور النبوة وراء
طور الولاية ونهاية الأولياء هي بدايةالأنبياء وطورالولاية وراء طور
ه العقل ونهايات العقلاء بدايات الأولياء ومن ذهب مذهب الق
وظن أن الليبي عبارة عن شخص بلغ أقصى درجات العقل و
بضاعة قلبي في الأوامر والتوالي وزعم أنها أوضاع وضعها البي وشواها
على الحكمة فقد انخلع من ربقة الأشدم والحطفي بيت أهل
الغباوة بل له ينطق عن الهوى وان كامه وحي يوحي ،والإمام
اللى بعد رسول الله صلى الله عليه وسلم أبوبكرثم عمرثم ثمن ثم
على رضى الله عنهمأعين علماذلك بالاجماع القاطع الاب -
بطريق التواتروقد كت في عنوان القى قصيدة أحلى من المني
في الواد وال من وصال الأحبة بعد طول البعاد مدحت بها رسول
الله صلى الله عليهولقاء الراشدين رضى الله عنهم أ ين بل
( )1هنالك في النسخة الخطية احرف كاد يذهب اثرها لم أقف على مذاها.
( )3قرآن :النجم ( .3 ,) Lun
72 JANVIER - MARS 1930 .
فالله حسيبي وحسيبهم يوم لا ينطقون ولا يوځ لهم يقدرون ()1
RAYMOND WEILL .
formés avec le vieux suffixe ethnique -on, qu'on rencontre assez souvent en
Grèce propre , en Macédoine et en Épire : cette formation pourrait être em
pruntée à une langue antégrecque. Mêmes lumières et conclusions plus affir
matives chez EISLER , Die Seevölker n -namen in den altor . Quellen , dans Cau
casica , nº 5 (1998), voir p. 76 -79. Cf., antérieurement, AutRAN, Suffixes
pluriels asianiques et caucasiens, dans Babyloniaca , VIII, 3 , et Le nom propre
grec (1997) , p. 46o.
(1) MEILLET, La place du pamphylien parmi les dialectes grecs , dans Rev. des
Et. grecques, XXI (1908), p. 413-425 (cf. Dussaud, Les civilisations pré
helléniques , 1914 , p . 441-442 ;Glotz , La civilisation égéenne , 1923 , p. 64
65 , et Hist. grecque, I, 1925, p. 88 ; JARDÉ, La formation du peuple grec ,
1923 , p . 79) ;MBYER, loc. cit. (1928) , p. 380, 548,
CCXVI. 6
INPAINERIS JATIONAL . .
JANVIER -MARS 1930.
plateau arcadien central , a été refoulée par l'invasion des Hel
lènes de l'époque suivante, de sorte qu’on induit sans peine
que ces survivances achéennes sontcelles d 'un monde hellénique
du premier stade qui comprenait la Grèce tout entière.Mais ,
d 'après l'emplacement même de ses ruines , cette Grèce ou
< Hellade, proto-helléniques'étendait sur la Pamphylie et sur
Cypre, c'est-à-dire, apparemment, sur tout l'ourletméridional
maritime de la grande péninsule , si bien que l'idée se pré
sente , très généralement, que dans l'esprit de la légende
grecque primitive , les provenances orientales des fondateurs
n 'exprimaientpeut-être rien d'autre que ce fait , dont on avait
souvenir ou connaissance , de la parenté de ces « Hellenes >>
anciens établis des deux côtés de la mer Égée. Nous revien
drons, de manière plus précise , à ces parentés de peuples ;
nous verrons qu'elles embrassaient, par rapport aux Hellenes
de Grèce , non seulement le bord sud , mais aussi l'ouest et le
centre de l'Asie Mineure , et que la légende exprimait remar
quablement bien, parfois , une situation positive et certaine,
comme on s'en rendra compte notamment dans le cas de
Pelops venu de Phrygie ou de Lydie. Pour le moment, il suf
fira d'avoir montré quedepuis longtemps déjà , l'historien pou
vait concevoir un monde proto-hellénique achéen , celui même
de l'épopée , mais plus vaste géographiquement que l'épopée ne
le connaît, et s'étendant, en Asie Mineure, au moins tout le
long de la bandeméridionale.
Car la question se pose immédiatement, dès lors , de retrou
ver sur ces rives de l'Asie Mineure quelque grand réservoir
achéen , en situation de parenté démontrée ou probable avec les
Achéens péloponésiens de la période hellénique ancienne, et
susceptible en même temps d 'avoir fourni les guerriers rencon
trés dans la Méditerranée orientale au xı°siècle. Pour le plus
grand nombre des autres, parmilesPeuples de la Mer des listes
égyptiennes , la localisation géographique originelle estacquise ,
LES ACHÉENS D'ASIE MINEURE. 83
et souventnous conduit, pour lemieux des faits historiques ,sur
la côte sud de l'Asie Mineure ou bien en Crète , face à l’Egypte
même. Tel est le cas pour les Loukou , Lyciens, les Kirkiša ,
Ciliciens, les Tourša qui sont Tarse , c'est-à-dire la Cilicie en
core une fois , les Poulousati dont les Philistins portent le nom ,
et qui vinrent de Créte ; tandis que les Sardina de Sardes
avaient leur berceau , en Asie Mineure, dans un nord -ouest
plus lointain , que les Ouašaša se retrouvent dans la ville
d 'Oasassios et les Sakalaša à Sagalassos dans la Pamphylie
intérieure. Par contre , les Dainiouna -Danaens ne se rencontrent
pas, jusqu'ici, dans la toponymie de la grande presqu'île. Et
le cas des Akaiouaša - Achéens se présente dans des conditions
que nos vues historiques sur les provenances et les migrations
achéennes ont toujours rendu assez particulières et difficiles.
Le nom des Achéens, en effet, qui à l'époque historique
désigne encore , du côlé européen de la mer Égée , la région
la plus méridionale de la Thessalie et la côte nord du Pélo
ponèse , en même temps qu'il persiste en Béotie comme déno
mination cultuelle (1), se rencontre d 'autre part tout autour
des côtes de l'Asie Mineure : à Cypre dont on са connaît la côte
nord achéenne, où des Grecs installés s'appelaient achéens, où
le même nom était conservé dans certaines mentions reli
gieuses(2); puis à Rhodes , où l'on sait que Achaia reste le nom
de l'acropole d'Ialysos(3); face à la Grèce, en pays ionien , où
(1) Demeter achéenne de Béotie : renseignements chez Meyer, loc. cit. (1928 ),
p . 281, n . 4 .
(2) Côte achéenne de Cypre : Strabon , XIV , 6 , 3 , Ptolémée, V , 14 , 4 . De
meter à Paphos et les À xaloudyteis à Cypre : voir Glotz , loc. cit. (1925 ) ,
p . 86 , 107 et n. 147 , et Meyer , loc . cit. (1928), p . 281 et n . 4. Un Grec de
Cypre , dans une inscription trouvée à Abydos, se disant À youwos : Meillet,
Aperçu d'une histoire de la langue grecque (1920) , p. 60, cf. Glotz , loc. cit.
(1925), p. 107, n . 147.
(3) Diodore, V, 57, 6 ; Athénée, VIII , 61; C.I.G ., XII, fase. 1, nº 677.
84 JANVIER -MARS 1930.
l'on connaft une domination coloniale achéenne(1) et un éta
blisseinent, au fond du golfe en arrière de Lesbos, qui est
appelé portdes Achéens (2); dans l'extrême nord-ouest, enfin , en
Troade, où se trouve un autre port des Achéens, ou camp des
Achéens, ou bien Achaion (3). Etil y avait des Achéens à bien
plus grande distance, en plusieurs régions du bord nord de
la mer Noire, un port des Achéens encore, dans les environs
d 'Olbia et du Borystènes (“), puis, au delà du Bosphore cim
mérien , des Achéens parmiles peuplades sauvages du Caucase
et de la rive(5), où l'on signale en outre une bourgade
achéenne (6), d 'autre part une vieille Achaia maritime qui est sans
doute la même chose , et l'embouchure d'un fleuve Achaion
dans la même région (7). Peut-on retrouver , dans ce vaste
domaine, les anciens Akaiouaša du Pharaon Mineptab ? Comme
lieu de provenance de ces guerriers de la mer , le Pont et même
la Troade sont évidemment trop lointains, plus lointains en
core que les foyers achéens de la Grèce européenne ; l'Achaie
de la côte ionienne irait mieux,mais surtout Rhodes et Cypre
conviendraient à merveille du point de vue de la situation géo
graphique. Dans cettemanière d'expliquer les choses, cepen
dant, il fallait tenir compte du jugement unanime et comme
naturel des bistoriens, qui pensaient que les centres achéens
desdeux grandes îles étaient les résultats de colonisations par
ties de la Grèce européenne , de même d 'ailleurs que l'autre
centre achéen de Pamphylie attesté par la parenté linguis
tique. Mais il n 'y avait pas là de difficulté positive ou même
(1) Meillet , Les Achéens au xir siècle avant J.-C., dans Bull,de l'Association
Guillaume Budé, juillet 1925 , p . 11-12.
LES ACHÉENS D 'ASIE MINEURE. 93
EXPBINERTE LATTUALE .
98 JANVIER-MARS 1930.
Les constatations qu'on vientderappeler, touchantle hittite ,
sontde haute importance pour l'histoire des migrations indo
européennes et l'assignation des parentés des peuples. Les
Indo-européens hitlites , c'est-à-dire ceux qui vinrent se mêler
au vieil élément indigène de la moitié orientale du continent
asianique, ne peuvent être arrivés que par l'est de la mer
Noire , en concordance avec la descente parallèle de ceux de
leurs congénères qui recouvrirent de leur alluvion la Syrie
centrale du nord au sud et toute la Palestine , ou fournirent
par fusion avec l'élément asianique la substance du Mitani
euphratéen , peut-être des Kassites du Zagros conquérants de
la Babylonie dès le xviiiº siècle (1). Ces divers rameaux forment
ensemble , dans la famille indo-europénne, un seul groupe
du centre, encadrégéographiquement par le groupe indo-iranien
de l'est et le groupe helleno-italo-celtique de l'Europe. A ce
groupe du centre on donne quelquefois le simple nom de
hittile, à quoi une désignation commecelle de babylono-asianique
serait sans doute préférable. A l'ouest, d'après ce qui précède,
mmun
la délimitation du groupe sur son bord commun avec l'hellénique
est quelque peu imprécise : le hitlite et l'arménien sont en
analogie avecles langues de l'Europe, et l'on peut se demander
si l'arménien tient plutôt au hittite , ou bien au phrygien du
côté hellène. Les choses se présentent comme si les flots des
cendant du nord qui se sont séparés pour encadrer la mer
Noire à l'est et à l'ouest, avaient été deux bras d'un seul cou
rant, assez semblables pour que , se retrouvant au sud de la
mer Noire, dans la grande péninsule, ils pussent être confon
dus encore .
Dans le cadre ainsidéfini, c'est à une place très remarquable
que nous trouvons cette Achaïe de Pamphylie à quoinotre dis
cussion veut en venir , sur la frontière même du courant de
GEORGES DUMÉZIL .
au dixièmerègle la question .
Mais en même temps on admet, depuisFr. Spiegel(1), que,
dès l'époqueindo-iranienne, il y avait entre les ceconditions ,
les états sociaux », des différences — au moins théoriques
— assez nettes, que le système des castes a un peu retouchées,
mais surtout durcies à l'extrême, et traduites en pratiques
rigoureuses. Telle était l'opinion de M . E . Senart(2), telle reste
l'opinion du dernier auteur qui ait traité de lamatière, M .L .de
la Vallée-Poussin (3). En effet , l'Iran connaît assez régulière
ment une division de la société,en trois ou quatre états , qui
rappelle de près l'énumération hindoue classique; les désac
cords des textes ne portent guère que sur le bas de la hiérar
chie, où l'on rencontre tantôt deux échelons, tantôt un seul.
La plupart des passages de l'Avesta ( d'ailleurs peu importants
et peu nombreux) qui mentionnent cette division nenomment
que trois états : les Abravan ( vieux nom aryen d 'un prêtre du
feu ) , les Rabaēšlar (guerriers , monteurs de chars ) et les Vās
triyő-Fsuyant (agriculteurs). Le Vendidād , par exemple, indi
quant le nombre de gens frappés par la druj Nasu quand
un être vivantmeurt dansune assemblée mazdéenne , distingue
les cas où l'être en question est un prêtre , un guerrier ou un
agriculteur; puis il passe sans transition aux diverses espèces
de chiens(4) : le quatrième état est donc absent(5), Yasna , XIX ,
(1) DarmesteTER , Lettre de Tansar au roi de Tabaristan , chap. iv, dans J. As. ,
1894 , 1; texte , p. 213 ; traduction , p . 517.
(2) Histoire des rois de Perse , texte arabe et traduction de H . Zotenberg ,
1900 , p . 12.
(9) DARMESTETER, Lettre de Tansar. . ., p. 527, n . 1, a fait cette juste
remarque ; mais il ajoute : eil y a peut-être là quelque confusion du fait du
traducteur (de la lettre en persan , à l'époque musulmane ), ; l'accord de la
Lettre avec l'Histoire de Al-Tha'ālibi rend invraisemblable cette hypothèse
d'une erreur ; il s'agit vraiment d'une tradition artificielle.
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES. 113
stand , subordonné au « Lehrstand , et au « Wehrstand » (1).
D 'autres ont proposé d'expliquer l'instabilité du quatrième état
par le fait qu'il s'agissait primitivement de routcasts or abori
gineso (2); c'est peu vraisemblable. Tenons-nous en au fait et
notons, après M . Senart, que l'Inde, avec son opposition fré
quente des çūdra (allogènes ou non ) aux trois autres classes ,
avec la variété de ses considérations sur le mot çūdra, montre
en bas de l'échelle sociale une incertitude , de forme différente ,
mais peut-être de sens et d 'origine semblables (3).
Un autre désaccord , auquel Spiegel prêtait attention , me
semble au contraire fort naturel : alors que Firdousi (auquel
il faut joindre Al-Thaľālibi )attribue au fabuleux Jemšī (= Yima
Xšaēta ) l'établissement des ce états » , les textes mazdéens trans
portent tous ce mérite à Zoroastre, en général par l'intermé
diaire de ses fils(4) : Isat-vastra fut chef des prêtres , Urvātat
nara ful agriculteur, le chef de l'enclos souterrain de Yima (5);
Hvara-ċibra fut guerrier et commanda la croisade du saint roi
Pašõtanu. Un autre texte dit, en plus bref, que Zoroastre fut
e le premier prêtre, le premier guerrier, le premier labou
reuro (6). Quoi de plus attendu ? Toutes les églises, toutes les
sectes concentrent ainsi sur leurs grands patrons les exploits
historiques ou légendaires des temps passés , présents et futurs.
Une rencontre de vocabulaire prouve d'ailleurs combien toutes
(1) SPIEGEL , op. cit. , p . 551.
(3) West, Phl, T ., III ( S .B . E. , XXIV ), p . 68 , n . 6 .
(3) SENART, op. cit. , p . 141.
(5) Bundahiến , xxx , 5 (Phl. T. de West, I = S. B. E., V, p. 142); les noms
pehlevis sont Isadvästar , Aúrvatadnar, Khūršedčihr; les formes avestiques sont
dans Yašt XIII ( Y . des Farvardin ) , 98 ).
(5) On notera que Yima reparaît ainsi à un détour de la tradition maz
déenne ( d 'ailleurs sans souci de la chronologie , même mythique); c'est un
indice que la tradition prézoroastrienne devait bien attribuer ( comme le font
Firdousi et Al- Tha'ālibi ) la fondation des quatre classes à Yima (Jemšid , jem ).
(6) Fravardin Yast , 88-89; au verset 98 , les trois fils de Zoroastre sont
nommés ,mais il n 'est pas question des classes.
CCXVI .
INIRINARIO IDIOMIL . .
114 JANVIER -MARS 1930.
ces variantes, mazdéennes ou musulmanes, sont parentes pour
l'essentiel : Firdousī appelle ces classes pište , tout comme
Yasna , XIX , 16 les appelle pištra (1). Qu'importe que le héros
fondateur soit resté dans un cas l'antique Yima-Xšaéta et que
dans l'autre il ait cédé sa place au prophète ? Le sens, le nom
même de l'institution sont les mêmes, et cela seul est impor
tant.
(1) Cette expression s'accorde mal avec l'hypothèse de trois « tribus, vas
sales (Aukh ., Kat., Trasp.) opposées à une tribu suzeraine (Paral.) : 718 Ba
olaniny wãoav n'est pas suzeraineté , mais royauté totale , et par conséquent
unique.
(3) iv , 7.
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES. 119
au simple sens de descendancen , et si l'on voitdans Aukha
tai,Katiaroi, Tra(s)pies et Paralatai non des divisions géogra
phiques ( ce qu 'Hérodote ne suggère nullement) , mais des
divisions sociales à la manière des reclasses , iraniennes issues
légendairement des trois fils de Zoroastre. Un point essentiel
du récit d'Hérodote recommande, je crois, cette interprétation.
Là où elles se forment, les e classes » ou les « castes » -
commeles métiers, les ghildes, commeles sociétés secrètes , les
groupes d'âge , les pbratries et les clans totémiques — en
arrivent vite à se donner, sinon des armoiries, du moins des
symboles, des emblèmes ; c'est là un phénomène si largement
bumain qu'il requiert à peine une explication , et ce n 'est
point ici le lieu d'en envisager les composantes psychiques et
sociales. Je soulignerai seulement que, dès les plus vieux textes
et de façon évidemment indépendante , ni les castes hindoues ,
ni les classes iraniennes n'ont résisté à ce penchant : elles
s'exhibent volontiers , se schématisent, dans les rites et dans
les mythes, sous les espèces de leurs attributs naturels , de
leurs instruments de travail ou de règne.
Par exemple un des passages des Brāhmaṇa qui relatent
l'institution des deux premières castes montre le brahman
(neutre , représentant la caste brahmanique ) et le kşattra
(neutre , représentant la classe guerrière) naissant « à la
suite du sacrifice; or ces deux entités s'avancent, « le brahman
avec les āyudhāni qui lui sont propres ; le ksattra avec les āyu
dhāni qui lui sont propres; les ayudhāni propres au brahman
sont les ayudhāni du sacrifice ; les āyudhāni du kşattra sont le
char et les chevaux , l'armure , l'arc et la flèche . . .(1), Ainsi,
telle Pallas, les castes font leur entrée dans le monde toutes
mupies de leurs tangibles raisons d 'être .
10 Ait. Br., VII, 19 : texte capital , pris aux chapitres de l'Ait. Br. qui, à
propos du rājasūya , prétendent régler de jure et de facto les rapports entre
les deux premières castes.
120 JANVIER -MARS 1930.
De même l'Avesta , dans un des rares passages où il men
tionne les classes, ne le fait que pour énumérer complaisam
ment leurs attributs symboliques ; c'est dans le Vendidād(1), au
ſargard XIV , le second de ces e fargardsdu chien » quisuffiraient
à faire douter que le code religieux du mazdéisme ait jamais
recouvert unecoutumeréelle. Il s'agit du châtiment de l'homme
qui a tué le chien d 'eau , le plus sacré des chiens : crime
inouï, qui visiblement met en péril les assises de la création ;
aussi toute la création a -t-elle besoin d'être consolidée. Le
châtiment corporel est formidable , même si l'on traduit les
nombres de coups en chiffres d'amende selon le taux tradi
tionneldes Parses. En outre le coupable doit tuer 10 .000 vers de
terre, 10.000 serpents , apporter aux feux sacrés 10 .000 char
ges debois tendre et autant de bois dur, etc. Enfin il doit faire
trois séries de présents aux trois se classes» , sans doute pour
confirmer dans leur existence ces piliers de l'édifice social
ébranlés par son attentat: or ces présents sont justement les
instruments symboliques de l'activité des trois classes; aux
ce hommes de Dieu » , il doit donner quatre coupes (pour le
haoma , pour le myazda, pour le jus, pour le lait sacré ) , un
mortier, un voile de bouche , un barəsman , divers fouets sa
crés ; aux hommes de guerre il doit donner un javelot, une
épée , une massue , un arc, des flèches , et cuirasse , et hau
bert , et casque , etc.; aux hommes des champs il doit donner
un soc de charrue avec joug , un aiguillon à bauf, unmortier de
pierre , un moulin à main pour le blé , etc . Ainsi , aux yeux du
législateur et du fidèle , au moment pathétique où il faut en
quelque sorte reconstituer — en même temps que tout l'ordre
de l'univers — le système des classes et symboliser matériel
lement cet effort , ce qu'il convient de faire apporter par le
coupable , ce sontles e instruments , des classes.
(1) xiv, 8-10. Bien entendu, pas plus que dans les autres textes avestiques
sauf un , il n 'est question d 'une quatrième classe .
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES. 121
N 'est-ce pas à la lumière de ce symbolisme si naturel qu 'il
faut comprendre la légende qu'Hérodote a recueillie chez les
Scythes?(1) L 'or ecéleste et royal» qui descend au moment où
s'organise la société et que, plus tard, les rois garderont soi
gneusement, n'est ni un bloc sans forme, ni un objet quel
conque ; il se matérialise en quatre objets précis : une char
rue , un joug , une hache, une coupe. Qu'est-ce là , sinon les
instruments et les emblèmes des principales activités sociales ,
de celles-là même qui sontà la base du système indo-iranien
des classes et des castes? La charrue et le joug(2) relèvent évi
demment de l'agriculture; la hache (odyapıs ) est , avec l'arc ,
l'arme nationale des Scythes(3); quant à la coupe ( Praan ) qui
descend du ciel, elle risque fort d 'avoir une
le valeur sacrée ,
d'éire un instrument liturgique ou magique. Sur ce dernier
point, les présomptions sont nombreuses et diverses; c'est
d'abord l'importance extraordinaire des offrandes de boisson
dans le culte indo - iranien (*sauma) et déjà indo -européen
(ambroisie , bière de non -mort) (4); mais c'est surtout l'impor
(!) Vs. Miller , Oc. or., III , arckypcu o Ckuwaxb, p. 127, a rapproché Ven
didād , 11, 7 et 18, où l'on voit Ahura Mazda remettre un aiguillon et un soc
d'or à Yima comme signes de sa puissance sur terre. En réalité il s'agit
d 'un anneau (d'un sceau ? ) d'or et d'une épée incrustée d'or (Vend..
JI , 7 ) dont Yima se sert pour presser et percer la terre ( Vend., II, 18 ),
Peut-être en effet est-ce , dans l'Avesta , la trace d'une légende analogue à la
légende scythe d'Hérodote : on se rappelle que , dans la tradition prézoroas
trienne , c'était sans doute Yima qui passait pour avoir fondé les classes ; il est
possible que , sous une forme ancienne, la légende ait fait tomber devant
Yima les symboles d 'or des trois classes ; seulement le mazdéisme, séparant
Yima du système des castes , aura du même coup réduit la chute de l'or céleste
à de bizarres e instruments agricoles) .
(2) M . Christensen interprète le joug , comme la hache, en instrument mi
litaire et pense pouvoir déterminer une classe agricole et deux classes guer
rières. L'analogie des faits indo-iraniens conseille plutôt de reporter la bipar
tition à la plus basse classe.
(3) Cf. Hérodote, vii , 64 , les armes offensives des Scythes-Saces : . .. TOEx
δε επιχώρια και εγχειρίδια , τσρός δε και αξίνας σαγάρις είχον.
(5) Ainsi s'explique que, dans le texte avestique cité plus haut, p. 120
122 JANVIER-MARS 1930.
tance de la coupe dans les mythes etdans les cultes des Scythes
eux-mêmes : Hérodote , traitant des Scythes , mentionne fré
quemment des coupes sacrées. Par exemple , dans la seconde
légende qu'il rapporte au sujet de l'origine des Scythes,nous
voyons Héraclės remetlant à la mère de ses fils un arc et une
coupe d'or attachés ensemble (1); ailleurs Hérodote décrit le fes
tin annuel des guerriers scythes , festin où une coupe magique
sert à discerner les héros des lâches, ou du moins ceux qui ont
tué des ennemis de ceux qui n'en ont point tués (2), — et sur
ce point le folklore des Osses est venu confirmer merveilleuse
ment le renseignement d'Hérodote (3); ailleurs encore il décrit
le colossal vase d 'airain , évidemment religieux, que le roi
Ariantas aurait bizarrement fait fabriquer et consacrer (dvadez
val ) au lieu dit les Saintes Routes, entre le Borysthène et
l'Hypanis (4); enfin les Osses savent encore que leurs héros des
(Vend., XIV , 8 -10), les principaux outils-symboles de la classe-prétre soient
quatre coupes. Cf. Ait. Br. , VII, 19 : etāni vai brahmaņa āyudhāni yad yajñā
yudhāni.
(1) Hérodote , iv, 9- 10 . Minns , Scythians and Greeks (1913) , p . 43 et suiv. ,
a souligné l'importance de cette coupe qui , comme le thème des trois fils dont
le dernier seul réussit dans une entreprise , est commun aux deux légendes
d 'originen que consigne Hérodote , et atteste qu'il s'agit de deux doublets. Je
croirais volontiers que « l'arc et la coupe, qui tiennent dans la seconde légende
la même place que les quatre objets d'or de la première sont, comme ces
quatre objels , des symboles de classes, ou du moins d ' activités sociales , ;
seulement le symbolisme est plus réduit, il ignore la classe agricole et ne con
naît que guerriers ( arc) et magiciens ou prêtres ( coupe). Ainsi s'expliquerait
que jamais (ce qui a étonné certains auteurs ) arc et coupe attachés n 'appa
raissent sur les monuments figurés : le détail que consigne Hérodote serait
non un trait de meurs , mais un trait de mythe.
(9) iv , 66 .
(3) Vs.Miller , Yeptú crapaub Bb Crazaniaxb u Obrt Ocethyb,XMHII. ,
août 1882, p . 177 et suiv., a rapproché de cette coutume une légende osse
recueillie dans ses Oc. ət., I, p. 169 : on y voit les Nartes fabuleux attablés à
un festin , et disputantde leurs exploits ; leur coupe magique (Nart-amonga )
se porte d 'elle-même à la bouche de ceux qui sont véritablement des ehéross ,
Cf.mes Légendes sur les Nartes , p . 136 -137 et 163- 164.
(4) iv, 81.
LA PRÉHISTOIRE INDO-IRANIENNE DES CASTES. 123
(1) Voir le conte 0 coope HaptoBb 3a Amohra , dans les llamathuku hap .
TBOP 9ectba Ocerah , haprobckue nap. cka3ahun (Vladikavkaz , 1925 ), nº 13 ,
p . 75 , 76 et n . 1 ; d 'après Vs. MILLER , Oc. 91. , I, p . 14g et n . 20 (récit sur
le héros Batraz ), le Nart-amonga (ou Uas-amonga) serait simplement une
coupe qui se porterait d 'elle-même aux lèvres des vrais héros (voir avant-der
nière note ); elle serait exactement, étymologiquement, la « révélatrice des
( vrais ) Nartes (ou saints ? )" ; cf. le verbe amouve ceHaftutb , pokazatbn.
(9) Sur ces magiciens et leurs pratiques, voir Hérodote , IV , 67 : divination
à l'aide de bâtons disposés à terre ; les magiciens d 'Ossétie procèdent encore
exaclement de même : voir B. Gatibv, Có. coba. O kalk. ropgaxb, IX (1876 ),
m , 1 ; S. V. Koviev, 3an, o Obrt Ocetuub , dans Co. mat. no 9thorpaoin ,
134. apu Aam KOBCKOM’D OTH . Myzet , I (1885 ) , p . 108 -109 (rafanie na na
do karb ). Vs. Miller a souligné cette rencontre : Yeptui crapuhbl. . .
KMHO., août 1882, p . 301. Cf. mes Légendes sur les Nartes , p . 155-156.
124 JANVIER-MARS 1930.
parmi les objets d 'or, le joug et la charrue font à peu près
double emploi( ), de même un des trois frères donne naissance
à deux yévn jumeaux : le lecteur voudra bien se rappeler à ce
propos que l'Iran , lui non plus, n'a jamais bien sa jusqu'à
quel point sa quatrième classe se distinguait de sa troisième.
En ce cas on comprend que ces objets d 'or aient été , par
dessus les frontières des étals scythes, un trésor commun ,
sans patrie , et qu'ils aient rayonné pacifiquement, comme
l'affirme Hérodote (2), d'un royaume à l'autre. S 'ils avaient
signifié et garanti proprement le pouvoir politique, l'historien
aurait dû plutôt enregistrer de perpétuelles compétitions , cha
que roi lâchant de prendre ou de garder pour lui un si puis
sant gage d'empire. Au contraire, si ces quatre objets symbo
lisaient et garantissaient une organisation sociale semblable
dans tous les états , quel intérêt aurait eu le plus ambitieux
des princes à accaparer un bien si évidemment international
et si anodin ?(3)
(1) A moins que le joug ne symbolise une condition servile ? C'est peu pro
bable ; le symbolisme de ces divers objets ne peut guère être que de même
ordre : instruments , outils de travail ,représentant le travail et les travailleurs.
(2) iv, 7 .
(3) M . Benveniste m 'objecte que les objets tombés du ciel ne se distribuent
pas entre les trois frères , commeon devrait l'attendre dans mon hypothèse ,
mais au contraire qu 'ils font un tout, remis aux mains du seul Kolaxais et
fondant ainsi sa suprématie , sa royauté . Parfaitement. Hérodote dit lui-même
formellement tily Baoianiny wãoav. Mais je ne vois pas là de difficulté : cette
concentration du joug , de la charrue , de la hache et de la coupe aux mains
de Kolaxais signifie seulement la suprématie d 'une classe sur toutes les
autres , la classe guerrière ayant pas et pouvoir - -- comme c'était sans doute
la pratique réelle chez les Scythes - - sur celle des magiciens et sur le menu
fretin agriculteur et éleveur : de façon parallèle ,Jes Brāhmaṇa hindous, dans
l'instantmême où ils opposentles castes l'une à l'autre , s'empressent d 'ajouter
et répètent à satiété que « toutn , ou que le «kșattra , appartient aux brah
manes. Bref, ce qui tombe du ciel sous les fils de Targitaos , ce ne sont pas
simplement les classes une à une, en suite anarchique, c'est leur ensemble
hiérarchisé , c'est le système social en un tout cohérent, dont la classe-chef
devient naturellement dépositaire et garante . Les tentatives infructueuses
LA PRÉHISTOIRE INDO -IRANIENNE DES CASTES . 125
(1) Légendes sur les Nartes , contes nos 15 , 17, 23, 25, 26 c; on trouvera
là les références aux originaux.
(2) Ibid . , contes 1 6 , 46b, b bis.
(3) En tout cas, les recueils de contes osses s'accordent à ranger tous les
Nartes dans l'une ou l'autre des trois familles ici mentionnées. Seul le dernier
128 JANVIER-MARS 1930.
Ainsi les Osses s'accordent avec Hérodote pour établir que
les Scythes , tont comme les Perses, divisaient leur société en
trois grandes classes , dont la dernière , à en juger par Héro
dote , se subdivisait en deux sous-classes jumelles.
* *
(1) Sur ces traditions, voir Muir , Sanskrit Texts, I, p. 226 et suiv.
CCXVI.
INPRIMERIE NATIONALE
130 JANVIER - MARS 1930.
Harivamça, par exemple , dit : « Vitatha fut père de cinq fils ,
Suhotra , Suhotr, Gaya , Garga et le grand Kapila . Suhotra eut
deux fils, l'illustre Kāçaka et le roi Gytsamati; les fils de ce
dernier furent les brahmanes, les ksattriya et les vaiçya(1). » Le
Visņu Purāņa dit de même: « Ksatlravrddha eut un fils Suna
hotra qui eut trois fils Kaça , Leça et Grtsamada; du dernier
naquit Çaunaka qui institua les quatre castes(2).» Le Bhagavala
Purāņa (3), le Vayu Purāna(1) ont des textes parallèles. Les
castes sont ici d'institution humaine, et quelquefois de 6lia
tion humaine , issues de frères . Cette explication d 'allure histo
rique est toute différente de l'explication merveilleuse, divine,
qu'on trouve à des dizaines d 'exemplaires à travers toute la
littérature brahmanique, depuis l'hymne X , 90 du Rg Veda :
les castes issues desmembres del'Homme primitif (sacrifié par
les dieux ou dissocié de lui -même). Mais justement parce
qu'elle apparaît sans nulle raison , en marge de l'explication
officielle et orthodoxe, je ne pense pas que celte explication
plus humaine soit inventée de toutes pièces : elle doit prolon
ger une tradition populaire , celle-là même sans doute qui expli
quait les trois ou quatre « classes » védiques et prévédiques ,
avant qu'elles ne fussent devenues des castes. Bref il devait cir
culer dans toutle vieux monde indo-iranien un certain nombre
de légendes d'un même type (peu ambitieux) pour expliquer
la division (peu importante) de la société.
Constantinople, février 1929 .
CHARLES-F . JEAN.
1 . SACRIFICES ALIMENTAIRES .
2 . Nig-giš-TAG-GA.
Ces mots paraissent exprimer l'idée de ce sacrificen propre
ment dit, avec cedestruction » de l'offrande pour le dieu , et,
par conséquent, implicitement, de sacrifice sanglant quand il
s'agit d'animaux. En effet, tag signifie « frapper, abattre,
mettre en pièces» ; GIŠTAG , akkad. mahâșu sa isi « abattre , en
parlant d'arbres n ; par extension : GIš-Tag , akkad . mahasu ša
mimma e abattre , en parlant de n 'importe quoi» ; NIG -GIŠ-TAG -GA
s ce que l'on frappe, met en pièces» (9), etc.
(1) Ki-a-nag : lieu de libation , endroit où l'on fait la libation. LANDSBERGER,
Kultkal., 5 , n. 1, etc.
(2) Gudea , Cyl. A , XXII, 15 .
(3) Il semble bien que zabar signifie « victime" ; cf. zabar-dib , zabar-lú -dib ,
akkad. : zabardibbu e prêtre (sacrificateur ?), . Notons que, dans notre contexte,
1. 5 , sacrificateur est rendu par ne-sag . Parmi les « familiersn du ki-a-nag , il
y a , non seulement le zabar -dib , mais aussi le lú gú-ne-sag ( Inv. Tello , 731).
(4) Cyl. B , XVII, 4 .
(5) Bansur -ra -mu.
(6) Cyl. A , X , 27-99.
(7) Cyl. B , XIV , 13-17.
(8) Ibid . , III , 18 -26 . Cf. Hymne à Šulgi (dans 0 .C .T .) W .-B . , 171, col. II ,
27-28 ; ce texte est de Larsa , peut-être fut-il composé sous la dynastie d'Isin .
( ) Ou «ce qui est frappé, mis en pièces .
134 JANVIER -MARS 1930.
A l'époque proto -sumérienne, nous avons des nig -gis-tag-ga
de farine, de bière, de dattes, de bétail pour les fêtes du
bulug-kú(1) et du še-kú de "Ningirsu (2), pour la fête de "Ba- ú (3)
et pour d'autres dieux (4.) Rien ne prouve que ces animaux
aientété effectivementoccis et cuits et ces aliments préparés(5),
cuisinés pour le dieu.
A l'époque néo-samérienne, l'expression est très rarement
employée; son sens n 'est pas clair (6). A Umma, un texte (7)
mentionne des dattes nig-giš-tag-ga lugal; un autre(8) paraît
distinguer sá -duga , nig -giš-tag-ga , máš-da-ri-a ; mais un troi
sième(9), de même époque et du même lieu , est bien moins
précis, si nous le comprenons bien . Nous y trouvons, d'abord ,
(1) V. S. , XIV, 5 ; cf. col. XII-XIII.
(2) V .S. , XIV , 119; cf. X-X1; 130 : bétail, bière, huile , dattes , etc. nig-giš
tag-ga isag-ki-kam Da -du sangu mu- ma -túm ; texte analogue D. P., 40 , passim ,
résumé dans col. ix-X1. A la même époque et dans les mêmes cas, au lieu de
nig -gis-tag-ga , on dit , en parlant des mêmes objets d'oblation , gis-bi-tag
( T.S .A . , 1; Nik., 23 ; cf. 25 Rev. , IV , 2 ; 28 Rev. , III, 2 ; 148 Rev ., III, 2 ;
149, II, 2 ; 150, II, 3 ; 151 Rev., III, 4 ) , var. : giš-e-tag-gi (Nik., 33, II ,
12) ou encore, dans une même phrase , on dit que ces objets nig-giš-tag-ga
sont ... gis-bi-tag (Nik . 25 Rev .). Le bétail nig -giš-tag -ga de Bár-nam -tar-ra ,
femmede Lugal-an -da, est ba -ša(g ) par le sanga pour la fête de "Ba-ú ( R . T.C .
46 ).Gen. ( T.S.A., p. xii, n. 1) a traduit nig-giš-tag -ga par «a sacrifién et
ba-sa(g) par ea fait égorgern . S'il s'agit de sacrifices, on pourra être surpris
d'un sacrifice à l’é-mu de l'isag (loc. cit., col.v). .
(3) D.P., 67; 196 , VII-VIII; 197, xIv ; cf. 56, vı : ibid ., ki-a-nag En-e-tar-zi-és
giš-e-tag ; var. giš-e-tag-gi , Nikolsky, 23, II , 12.
(0) D .P ., 48 passim , et résumé col. vı ; Nikolsky, 27, 29. Pour la fête de
Lugal-mu-ki, Nik., 25, Rev., III-16.
(5) Les monuments représentent, surtout sinon exclusivement, à l'époque
néo-sumérienne , la celibation » , c'est- à-dire des liquides versés devant le dieu .
Voir infra.
(6) Gudea (Cyl. A , II , 8 et , parallèlement, IV , 6 ) ne précise pas. Son « sacri
fice, est accompagné de libation. Remarquons qu'en d 'autres passages où il
s'agit bien de cesacrifices (Cyl. A , VIII . 6 -9 ; cyl. B , V , 20 ), Gudea n'emploie
aucun terme techniquen.
(7) Gen., Umma, 6040 , III , 26 -27.
(8) Ibid., 5667, 1. 6 , 7, 12 ; Rev., 6-10 .
(0) Ibid ., 5672 .
NATURE DES SACRIFICES AU PAYS DE SUMER. 135
un gros lot de peaux sá -dú (g ) à Šara, d 'Umma(1); suit une
liste d 'autres peaux à des dieux divers ; puis(2) :
sá -dug, dingir-e-ne Sá-dug , aux dieux :
10 lal 2 kus-há 38 peaux
ša (g ) nig -giš-tag-ga dans(3) le resacrificer ;
2 kuś sá-dug, isag-gu-la 2 peaux sá-dug , du grand isag ;
4 kuś zúr mar-sa 4 peaux zúr mar-sa .
4. Káš-Dé-a.
On n'a rencontré, jusqu'à ce jour, celte expression káš
dé-u qu'à l'époque néo-sumérienne. Elle signifie étymologi
1 brebis à "Nin -hur-sag
dans le temple de “Nin-lil
2x Dunků
1 brebis à "Nin-hur-sag
1 brebis à "Nusku
1 brebis à «Nin -urta
1 brebis à "Ninni
1 brebis à Nin -sún
1 brebis à "Lugal-banda
1 brebis à "Nin-ti(n)-ugs-ga
zúr gu-la
1 brebis à la grande porte
4 brebis belles (?) pour le temple de 'Nin -lil
1 brebis 161-GAL ,1 brebis , 1 (tête de) petit bétail à "Nin-pisàn + gi
zúr suh -suh
1 brebis, 1 (tête de) bétail gišerin -ku
1 brebis, 1 (tête de ) bétail bár-ri-a.
2 brebis, 1 agneau à "Nusku
2 brebis , 1 agneau à "Sa-dir-nun -na
1 brebis à "Nusku
2 (tétes de) petit bétail à la porte d'' En -lil
1 brebis à "Kal-kal
i agneau, 1 (tête de) petit bétail au zu-ab d ' Enlil
48 brebis , 1 agneau , 1 (tête de) petit bétail à 'En-lil
2 brebis , i agneau au hur-sag -ga-lam -ma
2 brebis à la statue du roi
dans le temple d ' Enlil
1 agneau , 1 (tête de) petit bétail au zu-ab de "Nin -lil
36 moutons, 13 (têtes de) petit bétail
1 agneau à "Nin -urta
2 moutons, i agneau à "Nanna(r)
1 (tête de) petit bétail pour le gišsun
1 mouton à Nisaba
1 mouton à 'Nin-ti(n )-ugs-ga
2 (têtes de) petit bétail au gišbür-a
1 (tête de) petit bétail au tympanum
NATURE DES SACRIFICES AU PAYS DE SUMER . 139
quement : nigû ša šikari ou re libation de boisson fermen
tée » (1),
1 (tête de) petit bétail au char
1 mouton à 'Ur-"En-zu
1 mouton à En- lil-lá-zi
1 (tėte de) petit bétail au gišapin
3 moutons à la statue du roi
dans le temple de 'Nin -lil
lugal LIL
5 moutons, 3 agnelles
4 chevrettes au Dur-ki
1 agneau à Nanna(r)
i agneau à "Ninni
Verso . Col. I. 1 agneau à l'é-ha-nu-kú de 'Nin -urta
1 (tête de) petit bétail pour l'edin -na
jour 21%
1 agneau à "Nusku
i agneau à "Nin-urta
i agneau à 'Enlil
1 agneau au hur -sag -ga-lam -ma
1 agneau à 'Nin -lil
1 brebis , 1 agneau à "Nanna(r)
i brebis à Nisaba
1 brebis à "Nin -ti(n)-ugs-ga
1 brebis à Nin-hur-sag
1 brebis à Nin-lil
1 brebis à "Nusku
1 brebis à "Nin -urta
i brebis à "Ninni
1 brebis à "Lugal-banda
1 (tête de) petit bétail à "En-zu
1 (tête de) petit bétail à 'Nin -ti(n)-ugs-ga
zúr gu-la
1 brebis, 1 agneau à "Nin-urta
1 brebis, 1 (tête de) petit bétail à Nin -en-lil-ki
1 agneau à "Nusku
1 agneau à "Sa-dir-nun-na lugal lil
1 mouton à "Lú-ni-si-su
1 agneau à Nin- lil
i agneau à "En -lil , etc.
jour 22
(1) II R ., 45 6, f. 41.
140 JANVIER-MARS 1930.
Il peut paraître étrange que jamais on ne signale de bois
son fermentée apportée comme káš-de-a , mais que , chaque
fois(1) que cette expression figure dans les textes , il s'agisse de
bétail. On peut, naturellement, expliquer ce fait en ce sens
que ce bétail, gros ou petit, était offert à l'occasion de la
libation — bien que la libation fût sans doute moins coû
teuse et donc moins méritoire et moins importante que l'obla
tion de bétail. Quoi qu'il en soit, il n'est pas douteux qu'en
certains cas il s'agisse effectivement de libation ; ainsi, au
Cylindre B (2) de Gudea, nous lisons : rafin qu'il répande de
la boisson fermentée hors du vase , afin qu'il répande du vin
avec la boisson fermentée . .
On mentionne du bétail pour káš-dé-a d' Enlil et de 'Nin
lil(3) du bétail kúš-dé-a d 'An-nu-ni-tum , dans Nippur(9), káš-de-a
royal dans Tum -ma-al(5), et káš-dé-a de l'alal-mah (6) de 'Nan
na(r) (7) et du bétail kúš-de-a de l’é-mu(8); du bétail ( redevance
de l'isag de Gir-su ) káš-dé-a de la néoménie (9); du grain kás
dé-a uru- gab-ba (10).
(1) Dans Gudea, Cyl. B , V , 21, il est question de la libation de vin ,mais ce
n 'est pas exactement kaš-de-a qui est employé; on dit din mu -ni-de-de; ibid .,
VI, 1 : din bur-gal-la im -ma-de.
(2) ID., ibid ., VI, 26 : káš bura de-da din káš-a -de-da. ( Il s'agit du dieu
Šul-ša(g )-ga chargé de veiller, dans la maison de son père Nin -gir-su , aux
libations de vin et de bière.) Cf. ibid. , V , 21; VI, 1 .
(3) Gen ., Trouvaille , nº 9 .
(4) LANGDON , Archiv. , nº 59 , 6- 7.
(5) Loc. cit., 1. 3.
(6) Ou é alal-la-mah , a sanctuaire de la main sublimen.
(7) Gen ., Trouvaille , 11.
(8) ID . , ibid . , nº 2 .
(9) S .A ., 134, in R .A . , IX , Pl. IV .
(10) Gen ., Umma, 6040 , II , 18'-19'. - Textes analogues, LANGD., Archiv.,
53 , 4 ; Gen ., Tabl. de Drehem , 4687; Umma, 5672 , 14 ; Legrain , Ur, 279 ,
373 , 284 .
NATURE DES SACRIFICES AU PAYS DE SUMER . 141
5 . Maš-DA -RI-A .
6 . SA-DUGA
IMPRIMEBIR NATIONALE .
146 JANVIER -MARS 1930.
Nulle part, on ne rencontre de distinction entre « sacrifice
alimentaire, et ce sacrifice pour le péchén.
(1) Soit directement, comme les aliments, la boisson , les essences aroma
tiques ; soit indirectement , tels les ustensiles , récipients , etc., qui étaient né
cessaires.
DOCUMENTS ARAMÉENS
DU XVIE SIÈCLE ,
PAR
MARCEL COHEN .
(Les textes d 'étude des pages 154 et 155 se trouvent être en petit
texte par suite d'une erreur d'interprétation d'une tradition typogra
phique. ]
SOCIÉTÉ ASIATIQUE .
(1) Les publications marquées d 'un astérisque sont celles qui sont reçues par
voie d 'échange. Les noms des donateurs sont indiqués à la suite des titres :
A . = auteur; Éd. = éditeur; Dir. - Direction d 'une Société savante , d 'un
établissement scientifique ou d'une revue ; M .I. P . = Ministère de l'Instruction
publique.
160 JANVIER -MARS 1930.
ADRIANI (Dr.N .). Bare’e-Nederlandsch Woordenboek , met Nederlandsch
Bare’e Register. Uitgegeven door het Bataviaasch Genootschap van
Kunsten en Wetenschappen . – Leiden , E . J. Brill, 1928 ; gr. in -8°.
[ Dir. 1
'Alī ben Suleiman , The Karaite. The Arabic Commentary on the Book
of Genesis, edited . . . by Salomon L . Skoss. – Philadelphia, The
Dropsie College, 1928 ; in -8°. (Dir. ]
Alt- und Neu -Indische Studien herausgegeben vom Seminar für Kultur
und Geschichte Indiens an der Hamburgischen Universität. I. ZIESENISS
( Alexander ). Die Rāma -Sage bei den Malaien , ihre Herkunft und
Gestaltung. — II. ALSDORF (Ludwig ). Der Kumārapālapratibodha. Ein
Beitrag zur Kenntniss des Apabhramsa und der Erzählungs- Literatur
der Jainas. – Hamburg , Friedrichsen , De Gruyter und Co., 1928 ;
2 vol. gr. in -8 . [ Ed. ]
Ananda Ranga Pillai. The Diary . . . translated from the Tamil by
order of the Government of Madras. Edited by H . Dodwell. Volume XII.
– Madras, Government Press, 1928 ; in -8°. (Gouvernement de l'Inde. )
Annalesdu Musée Guimet. Bibliothèque d'art.Nouvelle série. II.SIRÉN
(Oswald ). Les peintures chinoises dans les collections américaines. – Paris
Bruxelles ,, LLesesbÉditions
et Bruxelles BiblioOest
e GuimeGt.. Van thèq, ue1928de;s5 cofasc.
mmentagr.ires.
in -fol.
Tra(Ed. ]
*Annales du Musée Guimet. Bibliothèque d ' éludes , t. XXXVII. THONMI
SAMBHota . Les Slokas grammaticaux avec leurs commentaires. Traduits
du tibétain et annotés par Jacques Bacot. — XXXVIII. RENOU (Louis ).
Les maitres de la philologie védique. – XXXIX -XL . GrousseT (René).
Histoire de l'Extrême-Orient. – Paris , PaulGeuthner , 1928-1929 ; in -8°.
Annual Report of the Archæological Department of His Exalted High
ness The Nizam ’s Dominions. 1336 F./1926-1927 A . C . – Calculla ,
BaptistMission Press, 1999; in -4°. [Dir.]
*Annual Report of the Archeological Survey of India, 1925 -1926 .
– Calculla , Governnient of India Central Publication Branch , 1928 ;
in -4°.
Annual Report of the Imperial Household Museums, Tokyo and Nara ,
for the year 1927. – Imperial Household Museum , Tokyo, Japan , s.d . ;
pet. in -8°. (Dir. )
Annual Report of the Mysore Archæological Department for the year
1928. With theGovernment Review thereon. – Bangalore , Government
Press, 1928 ; in -fol. [Dir. ]
* Annual Report of the Smithsonian Institution , 1927. – Washington ,
United States Government Printing Office , 1928 ; in -8°.
Archeological Survey of Ceylon . Epigraphia Zeylanica , III, 1. -
SOCIÉTÉ ASIATIQUE. 161
London, Humphrey Milford, Oxford University Press, 1928 ; in-4°.
Dir.
*Archæological Survey of India . New Imperial Series , Vol. LIII,
Part, iv , Copperplate grants from Sinnamanur, Tirukkalar and Truch
chergodu .. . edited and translated by Rao Bahadur H . Krishna Sastri. ,
- Madras,Government Press , 1929; in -4°.
Archivio di glottologia e filologia africana , publicato da Benigno
FERRARIO. Vol. I. – Montevideo , 1923; in-8°. [ A.]
*Arends (A . K .). Persidsko-rousskii Slovar fizidskikh terminov. –
Leningrad , Académie des Sciences de l'U.R.S.S., 1928 ; in -8°.
ARNOLD (Sir Thomas W .). Painting in Islam . A Study of the place of
pictorial art in Muslim culture. - Oxford , at the Clarendon Press ,
1928 ; in -4°. (Dir.)
Ars Asiatica , XIII. COOMARASWAMY (Ananda K.). Les miniatures orien
tales de la Collection Goloubew au Museum of Fine Arts de Boston .
- Paris ct Bruxelles , Les Éditions G . Van Oest, 1929; gr. in -4°.
SÉd.
L'art vivanten Égypte , 15 janvier 1929. - Paris, Librairie Larousse;
gr. in -4º. (Don de M . D. Sidersky.]
ARTOM (E . S.). Sludi sull' influenza delle consonanti sulle vocali nei
nomini ebraici ( Extrait). – Roma, Giovanni Bardi, 1928 ; in -8°. [ A.
Aslan (Kevork ). Etudes historiques sur le peuple arménien. Nouvelle
édition illustrée par les soins de Frédéric MacLER . – Paris , Paul Geuth
der, 1928 ; pet. in -4°. [Don de la Bibliothèque de l'Union générale
arménienne de bienfaisance. ]
Ašvaghosa. The Saundarananda. Critically edited with Notes by E . II.
Johnston. Published by the University of the Panjab , Lahore. – Oxford
University Press , London , Humphrey Milford , 1928; in-8°. [Dir.]
BARENTON (Hilaire de). Le texte étrusque de la momie d'Agram . Rituel
funéraire ou « Livres achéroniques, des anciens Etrusques. – Paris ,
Éditions Ernest Leroux, 1929 ; in -8°. [A.]
BARNETT (L. D.). A supplementary Catalogue of the Sanskrit, Pali and
Prakrit Books in the Library of the British Museum acquired during the
years 1906-1928. – London, sold atthe British Museum , 1928 ; in -4°.
[ Dir.]
Bell (Sir Charles ). The People of Tibet. – Oxford, at the Clarendon
Press, 1928 ; in -8°. [ Dir.]
Benveniste ( E .). Sur la syntaxe du vieux perse (Extrait). – S. l. n .d .;
in -8 '.
CCXVI. 11
IMPRTNER NATIONALE
162 JANVIER -MARS 1930 .
-- Le nom d 'un animal indien chez Elien (Extrait). – Cbartres , Im
primerie Durand , 1929 ; in -4°.
– Nom et origine de la déesse étrusque Acaviser (Extrail). – Firenze ,
Tipografia Classica, 1929; in -8°. [ A .]
Bhandarkar Oriental Research Institute, Poona . An appeal for contri
butions towards the first critical and illustrated edition of theMabābhā
rata or the great Epic of India. - Issued by the Mahābhārata Editorial
Board , 1928 ; in -4°. [ Dir.]
*Bibliotheca Buddhica. XXIII. Abhisamayālankāra - Prajñāparāmitā
Upadeša-Sastra. The work of Bodhisatva Maitreya , edited , explained
and translated by Th . STCHERBATSKY and E . OBERMILLER . Fasciculus I. -
OBERMILLER (E .). Indices verborum . . . 10 the Nyayabindu of DHARMOT
TARA. II. Tibetan-Sanscrit Index. – Leningrad, 1928 -1929; in-8°.
Bibliothèquede l'École des Hautes Études. Sciences historiques et philo
logiques. 250° fascicule. Lévy (Isidore). La légende de Pythagore de
Grèce en Palestine. - Paris, Honoré Champion , 1927 ; gr. in - 8 '.
[ M .I. P . ]
Bibliothèque des Écoles françaises d 'Athènes et de Rome, fasc. 133.
Pocquet Du Haut-Jussé (B .-A .). Les papes et les ducs de Bretagne. –
Paris , E . de Boccard , 1928 ; 2 vol. in - 8 . [ M .I.P.
Bier und Bierbereitung. II. Die Völker unter babylonischem Kultur
einfluss, Auftreten des gehopften Bieres. — III. Der ferne Osten und
Äthiopien . – Berlin , Institut für Gärungsgewerbe , 1927 -1928 ; gr.
in -4'. [ Don de M . D. Sidersky.]
Blake (Robert P .). The Georgian Version of Fourth Esdras from the
Jerusalem Manuscript (Extrait). - S. 1., 1926 ; in -8°.
- Ancient Georgian Versions of the Old Testament (Extrait). - S .I.,
· 1920 ; in -8°.
– The Athos Codex of the Georgian Old Testament. The Georgian Text
of Fourth Esdras from the AthosMs. (Extrait). – S. l., 1929; gr. in -8°.
The Board of Economic Inquiry, Punjab. Rural Section Publication .
19. STEWART ( H . R . ) and Karm Rasch. Farm Account in the Punjab ,
1926-1927. -- S .1., 1928 ; in -8°. [Dir.
BRANDSTETTER (Dr. h . c. Renward ). Wir Menschen der indonesischen
Erde. VI. - Luzern , E . Haag , 1929 ; in-8°. [ A .]
Catalogue of Arabic and Persian Manuscripts in the Oriental Public
Library, Bankipore. Volume XIII (ArabicMSS ). Súfism . — Volume XIV
(Persian MSS). Commentaries on the Qurân, Hadis, Law , Theology
SOCIÉTÉ ASIATIQUE. 163
and Controversial Works. – Patna, Government Printing, 1928 ; gr.
in-8 . [Gouvernement de l'Inde.]
CHATTERJI (Suniti Kumar ). Linguistics in India . .. -- Calculta , Uni
versity Press, 1928 ; in - 8°. [ A .]
ChenchiAH (P. ), and Raja M . BHUJANGA RAO Bahadur. A History of
Telugu Literature. Foreword by the Honble Mr.C .R. Reddy. – Calculta ,
The Association Press ; London , Oxford University Press , s. d .; in -16 .
{Éd.
La Chine. Revue bi-mensuelle illustrée, rédigée par un Comité franco
chinois. Nº 1 -6 , 8- 9 , 12-18. – Pékin , Albert Nachbaur, 1921-1922;
pel.in -4°. [Don de Mme L . Saissel.
*Columbia University Indo- Iranian Series , edited by A. V. Williams
Jackson . Vol. XII. JACKSON ( A . V . Williams). Zoroastrian Studies. The
Iranian Religion and variousmonographs. – New York , Columbia Uni
versity Press , 1928 ; in -8°.
Il Corano. Nuova versione lelterale italiana, con prefazione e note
critico-illustrative del Dott. Luigi Bonelli. – Milano , Ubrico Hoepli,
1929; in -16. (Ed.]
Corpus scriptorum christianorum orientalium . Scriptores arabici, Versio .
Series tertia , tomus XIX. — Synazarium alexandrinum , interprelatus est
J.Forget. Lovanii, Marcellus Istas , 1926 . -- Scriplores syri, Textus,
Series tertia , tomus I. — Chronicon alexandrinum , Pseudo-Dionysianium
vulgo dictum , edidit J.-B. Chabot. – Parisiis , e Typographco Reipubli
cae, 1927 ; in - 8°.
Deming (Wilbur S.). The religious Life of India . Rāmdās and the
Rāmdāsis. – Calcutta , Association Press (Y. M .C .A .), 1928; pet. in -8°.
Dir.)
*Deutsche Morgenländische Gesellschaft, 1845 -1928. – S. .; pet. in -8°.
Disawarî (Ad. ). Kitab 'Ouyoûn al-Akhbar. Tome II. - Le Caire,
Imprimerie de la Bibliothèque Égyptienne , 1346 (1928); gr. in-8°.
(Dir.)
(1) P. ko, nº 130, 5 , B.a dessiné 6 šu qu 'il lit nig -šu ; le dessin de 139, 2
n 'autorise pas lib kaspi; n° 205 , 1. 2 , tim (?) ; 1. 5 , uh (?) ; nº 131, 5 , ša (!);
1. 7, sag (!); nº 208, 7, as-šum (!), pu (?), tum (!); cf. 1. 13. P. 10, n° 130,
1. 2, ne pourrait-on pas lire gišba dMarduk ? (Cf. Contrats de Larsa : gišba ,
giba uru , gišba gi-na); ibid . I. 7, šu (?), nous lirions : id-di-nu-šum . P. 16 ,
n° 205 , 1. 2 , au lieu de giš aš, nous lirions : , gur 1/5 3 sat, ce qui fait
le liers , ( à 3 sat près ), des70 gue de dattes. P . 47, nº 135 , 1. 1 : au lieu
de A (?) -Ra (?), peut-être nig- šit (nikasu ); nº 212 , ce n 'est ni sag, ni surtout
gal que donne le dessin de l. 2 , fin .
(2) Par exemple : p . 42, n° 124 , giš bar pour gis bán ( R . A .. XVI, 133).
P . 16 , n° 205 , lál au lieu de lal; p . 61, nº 139, 4 : mu-du pourmu- túm ; et
passim , dam -gar au lieu de dam -qar ou dam -gàr, elc . Pour la lecture : p. 17,
1. 1 et 25 , 9 et 14 uh-me au lieu de guda. (Nous pouvons signaler ici șiditu
pour şiditu , p. 38 ; šibuti pour šibuti, p . 68 ; mubalit pour muballit, p. 69 ;
sipat pour sipat n° 133, 15 ; urudi pour urudi n° 109 passim . )
176 JANVIER-MARS 1930.
šumérienne et tantôt ilrend le terme en akkadien (!). Pour la lexicologie ,
on peut hésiter en certains cas, à suivre B.(2).
Quand à l'interprétation ou commentaire , voici quelques remarques .
Sep- Sin est-il toujours le même personnage, un grand négociants de
Larsa (s)? Sép - Sin , fils de Samaš-muballit est en effet dam -qar de
Larsa ("), mais qu'est-ce qui prouve qu'il soit identique au pašišu de
Samaš (5), ou que le dam -qar et le pa dam -qar( ) soient le même indi
vidu ? Les homonymes n 'étaient pas rares , à Larsa . Est-ce toujours le
même qui-joue le rôle de banquiers et qui verse " à Babylone, à Inu
Sin , 5 sicles d'argent qu'Idin - Enlil devra payer à Larsa ?
P. 53, n . 4. L 'année é-meslam n'a -t-elle pas été identifiée par le
P. Scheil (8)?
P. 85. Dans la Revue d'Assyriologie, XXIV , on ne dit pas que les den
rées vendues sont« les produits que tire le Palais de l'exploitation de
(1) Par exemple , p.44 , Seim ; ailleurs še ,nºs 126 , 131, 133 etc.; igi , nº 120 ,
22 , généralement mahar ; 129, 8 :kaspam 1-LAL-B ; voir 139, 5 ; 120, 17-19 ; etc . ;
12!1 nikasi mais Gis-Bar E -Gal; nº 125 , akkad. siqlim , zitti, duppi, etc.; mais
1. 14 , šumer., LUGAL ; le nom du mois est rendu généralement, en akkadien ,
mais , p. 15 , aš-a , trad. « Sabat» ( sic ), mais p . 4 , Šabați, trad. « Sabat» ;
et p. 7. Sabatu , trad .- Sabat»; p. 2 Se-kin -kud, trad . « Addarn (le nom de ce
mois est écrit Addar p . 52 ; Adar, P. 58 ; Addari , 6 et 45 ; Addarium p . 36 .
Nous avons Warahsamna p. 57, mais Warahsamni, p . 50 .
(2) P . 61-62, mušaddinu nadânu : fonctionnaire chargé des ventes , comme
l'indique son nom (!). Cemot est traduit Steuerheber dans Hammurabi's Gesetz ,
VI, 155-156 (références ). P. 13, au sujet de baqáru , ou paqaru , dans les
textes édités par Chiera , sous le titre Inheritance Tearls (de Nuzi, voisinage de
Kerkuk ) en 1927, on trouve sept fois ba-ki-ra-na et trente trois fois pa-ki-ra-na .
P . 38 , nous ne voyons pas pourquoi zu-ut, tu -ti ou şu -ut, su - ti parait peu dif
férent de şiditu . Est-il bien vraisemblable que les deux mots se rattachent à
la même racine ( avec assimilation du d , sans doute , pour le premier ) ? Le
sens de ce mot ne parait pas définitivement établi. Nous ne tenons pas spécia
lement à celui de « redevance , comme l'insinuait déjà la note 2 de R . A ., XXIV ,
p . 3.
(3) P. 19 et 26 .
(6) Nº 111, p. 28 , et 113 , p . 33.
(5) N° 107.
(6) N° 130 , p . 40, on ne donne pas le nom de son père ; ni au n° 137 ;
p . 36 ; ni au 124 , ni au 135 .
(7) P . 53 et 61 = nºs 140 et 139.
(8) Chronologie rectifiée etc. p . 10 et 13. (Extr. des Mémoires de l'Ac. Insc .
et B.-Lettr., t. XXXIX (1912]).
COMPTES RENDUS. 177
ses domaines n. Le traducteur estime que le Palais touche le tiers on
environ du produitdes denrées de ceux de ses domaines quiétaient loués
à des recolons, (!).
P. 85 , n . 2 . Ce n 'est pas par des hypothèses entièrement gratuites,
que l'on fait payer la redevance par Ib .ni--Mar - Tu (?), au nº 193 des
Contrats de Larsa . On lit en effet(3) :
1 ma-na 14 gin kubabar ka-ni-ik Martu -la -a-a-ar
il n 'est pas absolument gratuit de voir là un élat construit, et, si Mar
To - ta -a-ar est au génitif ,il ne peut être sujet de i- pa -al quisuit. (Au
n° 210 , il s'agit, en effet, du moment où lb -ni-dMartu devra acquitter
la redevance .)
Dans sa traduction , B. ne suit pas l'ordre des planches ; on regrettera
qu'il n'ait pas dressé une concordance : il est malaisé de se reporter des
planches aux traductions et commentaires. Et l'on peut regretter aussi
l'absence de toute table des matières.
Ces diverses remarques ne veulent pas contester que M . Boyer nous
ait donné un excellent travail.
Charles- F . JEAN .
(1) P . 269.
(9) P. 269-271; 337; 355. Moins catégorique , p. 430.
(3) P . 272 .
( ) P. 475.
(5) P . 270 .
(6) Hilprecht, Old Babylon Inscript., 87, 1, 29 , 32.
(7) P . 293.
(8) Les parèdres de Babbar et de Nanna(r) ne sont actuellement docu
mentées qu'à partir de la dynastie d 'Ur; celle d 'Éa – soit sous le nom de
Nin -ki, soit sous celui de Dam -gal-nun-na — ne figure dans aucan texte anté
rieur à l'époque d’Agadé.
COMPTES RENDUS. 179
Ce qui est dit de la magie nous paraîtun peu exagéré, dans quelques
uns des exemples choisis (?). Représenter une chose ou l'appeler de son
nom , c'est lui donner l'existencer. — Oui, quand il s'agissait du dieu ;
mais la moindre expérience suffisait évidemment au Primitif pour lui
prouver que cereprésenter , un lroupeau ne lui procurait pas ce troupeau .
Aux yeux des Pharaons, représenter les batailles sur les murs d'un
temple, c'étaitmagnifier la puissance du dieu qui avaitdonné la victoire .
Les Primitifs ont pu s'inspirer du mêmemotif quand ils dessinaient sur
les parois des cavernes le troupeau de bisons.
Que le tatouage eût un but magique , soit ! mais il n'est pas prouvé
que ce but fût premier et essentiel. Qui sait si l'on n 'entendait pas ex
primer par là , avant tout, de quel totem on se réclamait ou à quel clan
l'on appartenait !
C. parle dedynasties divines qui, ren Égypte et en Chaldée (?), ont
soumis la terre au ponvoir des dieux et , insensiblement, fait place au
règne des héros; et il note qu 'en Sumer les dynasties étaient composées
mi-partie de dieux et de héros , mi-partie de rois véritables, avant le
début de l'histoire. — Cette rédaction donnerait aisément à entendre
que tout cela est également avéré. En réalité, les deux seules listes (3)
attestant la tradition sumérienne : 1° ne furent rédigées que vers la fin
de la dynastie d'Isin , au plus tôt; 3° trois noms seulement sont pré
cédés du déterminatif divin :Lugal-banda, Dumuzi et Gilgames. Ce der
nier représente un héros divinisé. Rien ne prouve que, dans la plus
haute antiquité, Lugal-banda et Dumuzi ne fussent pas , eux aussi,
considérés commedes héros divinisés ; 3º Il n'est pas démontré que le
signe an eût toujours le sens strict de dieu , qu'on ne l'ait pas employé
pour caractériser des êtres qui semblaieņt refléter d'une manière spé
ciale la nature divine. En pleine histoire , en Canaan , les Hébreux par
leront de cèdre de «dieu -, de fleuve de redieu », de fils de redieu ,, dans
des contextes où il n'est sûrement pas question de nature divine.
Les créations parlées sont un progrès notable; ce sont elles que
nous retrouvons dans la Genèse (6) . — Dans la Genèse , il y a deux
récits de la création ; le premier, chap . 1-11 4*, et le second, chap. 11 646
24 . Or, le second admet de véritables actes : Yahwé Elohîm zey, 739
(bêtes , oiseaux, homme), 1732, etc.
Sarat Chandra Roy, ORAON RELIGION AND customs. – Ranchi, 1938 ; in-8°,
XV-418 pages et 33 planches hors texte.
M . S.-C. Roy avait déjà publié en 1915 un excellent volume où il
décrivait surtout l'habitat, l'organisation sociale et la vie économique
des Oraons; voicimaintenant le tableau de leurs coulumes et de leurs
conceptions religieuses : on y voit tour à tour les dieux et les esprits ,
les rites et les feles, la magie blanche et la noire , enfin les e revival
movements, du dernier siècle.
Le livre est, à de très rares exceptions, exclusivement descriptif.
M . Roy, quinon seulement connaît les peuples du Chola Nagpour comme
pas un (outre les Oraons, les Mundas et les Birhors en témoignent), est
aussi l'auteur d'un manuel d'anthropologie estimé et l'éditeur de Man
in India ; il lui serait donc facile de dépasser souvent son cadre — et le
lecteur ignorant aimerait à lui poser maintes questions. Les rares fois où
il le fait, l'interprétation reste nettement distincte de la description ;
c'est à faire celle-ci claire, précise, vraie que va son effort.
On remarquera par exemple comme il aime noter ce qui change :
p. 87, comment l'usage des bull-roarers se vide de signification (il fallait
donc ligne 7 du bas écrire « the object of this exhibition was to scare
away spirits ); p. 21 la transformation du Biri-belas Dieu -Soleil, en
Dharmes hindou etabstrait; p . 138 les progrès dans la moralité sexuelle
et les usages matrimoniaux ; surtout, dans le dernier chapitre, les
diverses adaptationsà l'bindouisme, l' influence du christianisme( curieu
sement mêlé aux revendications agraires ), enfin le mouvement des Tānās
bhagat de 1914 -1915 , au fond social et économique, en pratique,
parti de la sorcellerie pour aboutir à la constitution d'une secte à
préoccupationsmorales.
M . Roy sait qu'il serait particulièrement imprudent d'échafauder des
systèmes au lieu de décrire, ou surlout de mêler le système à la descrip
tion , lorsqu'il s'agit d'un milieu si pénétré d 'hindouisme (le calendrier,
par exemple , est purement hindou ; Devi-măi est la seule divinité qui
ait quelque chose quiressemble à un temple , p . 53), et par lui-même
si mélangé : car les traditions, et surtout la toponomastique et des
COMPTES RENDUS. . 189
Iraces archéologiques indiquent que les Oraons ont succédé aux Mundas ;
en fait les deux races cohabitent souvent, et dans ce cas le prêtre de vil
lage (dont les noms, pahān , naigā, sont aryens) est Munda; d'après les
Oraons eux-mêmes, leur panthéon serait presque exclusivement Munda
(mais on peut voir p . 341 que c'est un thèmede propagande) : en effet,
M . Roy nole que le Munda est plus proprement religieux, l'Oraon plus
préoccupéde magie.
La langue porte trace de ces mélanges ; le Linguistic Survey , IV ,
p . 79, nous informe que les Oraons des environs de Ranchi parlent
mundari dans leurs propres maisons. A vrai dire les textes cités par
M . Roy (et ils ne donnent pas l'impression d'être en une langue reli
gieuse spéciale : une langue religieuse serait plus pure et surtout plus
fixe ) sontdu dravidien , très mêlé d'hindi local (et, par l'bindi, de sans
krit ou même de langues musulmanes : cf. najar remauvais cil » ). A ce
propos, on saura un gré particulier à M . Roy d 'avoir constamment donné
les noms indigènes des choses et des notions qu'il étudie, et aussi, de
nombreux textes traduits. On se trouve parfois embarrassé quand il a
omis d'obéir à sa propre règle : page 85, le fait que les jeunes gens
réparent les cônes de terre surmontés d'une boule qu'on voit à la figure
19 en urinant dessus suffit-il à prouver que ce sont des symboles phal
liques? On urine aussi dans un trou placé près de la pierre qui symbo
lise la divinité femelle Candi; du reste Candi n'a rien de sexuel , et la
pierre en question a la même forme que celle de Mahadeo (p. 54 , 60 ,
217 ); M . Roy donne bien le nom de ces e pyramides , mandarsala, mais
sans l'interpréter; les dictionnaires ne le font pas davantage, et ne
donnent rien sous sala , quia une figure aryenne : quantà mandar, c'est
le nom ordinaire du cemédicament, ( tamoul marundu, canara maddu ,
tel.mandu , kuvi mīni; ajouter telugu matu ; est-ce skr. mantra ?). –
P. 231, dans l'unique fête relative au bétail, les Ahirs hindous, bergers
de village, tiennent une grande place : cela suffit-il à prouver que la
fête en question est d 'origine hindoue ? Trois obviously, accumulés
p. 234 me mettent en déliance; je voudrais le nom hindou de la fête, et
surtout une analyse du nom oraon : or Grignard m 'apprend que sohra
veut dire renvelopper de la tête aux pieds , et en effet page 232 des
jeunes garçons Oraons (non Ahirs ) enveloppés ainsi jouent un rôle dans
la cérémonie ( )
Le gérant-adjoint : Le gérant :
R . Grousset. Gabriel Ferrand.
LIBRAIRIE 13ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER
, rue JACOB. - PARIS VI
Nota. Les personnes qui désirent devenir membres de la Société asiatique doivent adresser
leur demande au Secrétaire ou à un membre du conseil.
MM. les Membres de la Société s'adressent, pour l'acquittement de leur cotisation an
nuelle (60 francs par an pour les pays à change déprécié , 120 francs pour les pays à change
élevé) au Trésorier de la Société Asiatique, Musée Guimet, Place d'lena, 6 , Paris (xvi"),
pour les réclamations qu'ils auraient à faire , pour les renseignements et changements d'adresse,
au Secrétaire de la Société Asiatique, rue de Seine, 1, Paris (v1"), et pour l'achat des ouvrages
publiés par la Société aux prix fixés pour lesmembres , directementà la librairie Paul Genthner
rue Jacob , n° 13 ( v1%).
MM . les Membres reçoivent le Journal asiatique directement de la Société.
Pour les abonnements au Journal asiatique, s'adresser à la librairie Paul Geuthner,
libraire de la Société.
Abonnement annuel : go francs pour les pays à change déprécié. - Pays à change élevé,
150 francs.
IMPRIMERIE NATIONALE.
JOURNAL ASIATIQUE
RECUEIL TRIMESTRIEL
DE MÉMOIRES ET DE NOTICES
RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES
PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
TOME CCXVI
Séance
14 | 14 | 11 générale
Vacances . 12
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la Société, rue de Seine , nº 1, estouverte le vendredi,
de a hepres à 4 heures, et le samedi, de 2 heures à 6 heures.
PARIS
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
ŠAKWĀ-L-GARĪBANI L -AWTĀN
’ILĀ ‘ULAMA - L-BULDĀN
DE
DE
TRADUCTION .
ÉPitre intitulée :
Plainte de l'exilé ( adressée aux
aux ‘ulamā des contrées ,
écrite, pendant son incarcération à Bagdad par . ..(1)
« N'est-il pas vrai, 8 Serviteurs de Dieu , que je ne peux,
) Caractères illisibles , représentant, vraisemblablement, le nom de l'au
leur,
Il convient de signaler que, dans cette traduction , les formules courantes
CCITI. 13
IMPRIMERIS NATIONALE .
194 AVRIL -JUIN 1930.
dans mes allées et venues, échapper au regard d'un surveil
lant?(1),
Voici un petit opuscule qu'adresse aux ‘ulamā honorés et
aux hommes debien célèbres — que Dieu donne à leur ombre
de couvrir perpétuellement les horizons , et puissent les con
trées de la terre demeurer fortement éclairées par leur lu
mière ! — un homme éloigné de sa patrie , frappé par les
malheurs du sort et les persécutions. Son @ il a pour com
pagne assidue l'insomnie ; l'agitation ne quitte jamais sa
couche; ses larmes sont continuelles et ses soupirs mêlés de
gémissements ; son cæur est dans l'étau de l'angoisse qui
l'étreint de plus en plus; son âme est sillonnée par les éclairs
de l'affliction dont les accès violents meurtrissent son cœur
incapable de les supporter. Et ce cœur, consumé par le
feu de la séparation , brûle du désir de voir les amis et les
frères. La flamme redouble d 'intensité dans les entrailles et
avive de jour en jour les effets de son ardeur. Ayant, pour
amies fidèles, les étoiles, il se confie à elles avec des flots de
larmes :
reHélas ! prison , liens, désirs ardents, solitude, éloigne
ment des amis ! Oh ! que cela est accablant ! (2) ,
p . 99, 1. 6. Cf. aussi Aġ , VIII , 73 ; Ibn Qutayba, Si'r (de Goeje ), p . 67 ( les
deux premiers vers seulement). Ces vers sont souvent cités.Mètre : ļawil.
(1) Quelques-uns des vers de Țahmān b . 'Amr ont été publiés par Wright
sous le titre de Diwān de Ț. b. ‘A. in Opuscula arabica (1859 ) avec le com
mentaire d’Al-Hasan b. Al-Husayn as-Sukkari. Ce Diwān a été traduit par
Recher in Orientalische Miszellen , Constantinople , 1925 , p. 178 et suiv.
Mètre ; țawil.
(2) Ce vers, comme le dernier de cette pièce , sont in Lisān , II, 132, à pro
pos de ġarib = ġurub. Il y a une variante pour le troisième vers. Țahmān b.
'Amr est dit être Kilābi.
LA ŠAKWĀ. 199
dân ; elle campe sur les déclivités de Mawašān (1); les bau
teurs et les vallées sont verdoyantes et revêtues d 'une robe
printanière que lui envient toutes les contrées. Elle dégage
commeuneodeurdemusc , le parfum de ses fleurs; et abrite dans
le lit de ses rivières , une eau claire et limpide. Les voyageurs
descendent dans des jardins élégants , à l'ombre d'arbres au
feuillage abondant. Ils se mettent à répéter le chant de ce
vers, imitant le roucoulement des colombes et le chant du
rossignol(2) : :
Que la pluie t'arrose , ô terre de Hamadan , que l'eau te
féconde, ô vallée de Māwašān !
Puis les amis les approchent, et, jeunes et vieux , les as
saillent de questions à notre sujet. « Les cæurs montent jus
qu'aux gosiers 7 (3), et les flots de larmes envahissent les yeux.
Ils disent( ) :
« Les femmes de chez nous demandent : « Où est le fils de
(1) Cf. Māwasan in Yaqūt, IV , 403. Cette partie de la Sakwā y est citée
jusqu'au vers (mètre : kāmil) inclus, avec quelques variantes. Cf. BARBIER DE
Mernard, Dictionnaire... de la Perse , p. 519-511, où il y a quelques fautes
d'imprimerie ou de copie.
193 Al-Ku'ayt , pl. al-Kitân ; cf. Hayāt al-ḥayawān d'ad -Damiri, II, 377.
(3) Qoran , XXXIII , 10.
( Ces vers du mètre ļawil sont de 'Aq. Ils sont dans Yaqūt, I, 225 , avec
une petite variante pour le dernier vers. Dans Mägūt, les gens de Hamadan
sont loin d'être présentés sous un jour si delicat. Au contraire, ils sont, dit
il, eles hommes les plus farouches et les plus brutaux de caractèren ('ajjā n
nāsi wa 'ağlażuhum ļab'an ). Cela est d'ailleurs dû à un ļalsam qui se trouve
sur la montagne d'Arwand (IV , 988 ). Et ce n 'est pas l'unique talsam ; il y en
a d'autres , en particulier un contre le froid ( un lion en pierre sur la porte
de la ville ); un pour les guerres , ce qui fait que cette région est toujours
infestée de guerres. . . Un croit encore aujourd 'hui que si l'on ne peut pas
faire l'ascension du Demawand , près de Téhéran , c'est parce qu'il y a un
ļalsam .
Cf. aussi sur les habitants de Hamadan , Bibliotheca geographorum , III ,
393-393 et V, 209-211.
C'est un genre qui a eu grande fortune dans la littérature arabe depuis le
200 AVRIL -JUIN 1930 .
re notre seur ? Oh ! donnez - nous de ses nouvelles , que le
e salut soit sur yous, ô gens de cette caravane !
Que la protection de Dieu le couvre ! Votre pays contient
cil un hommede noble caractère , fidèle aux promesses des gens
e distingués. .
re Cạr celui que vous avez laissé derrière vous , dans votre
re ville , est un enfantdont l'éloignement a rempli nos entrailles
cede feu .
« Est-ce que votre Bagdad lui fait oublier la terre d'Arwand ?
c Malheur à qui échangerait Arwand contre Bagdad !
< Oh ! que mon âme leur soit rançon ! Si elles savaient ce
ce que moi j'endure, chaque poitrine ferait éclater son collier à
re force de soupirs !»
Comment oublierai-je mes frères et n 'aimerai-je pas tendre
ment ma patrie ? Le Prophète n 'a-t-il pas dit : « L 'amour de la
ce patrie est de foi» ? Personne n 'ignore que l'amourde la patric
est pétri dans la nature humaine(1).
eJ'aime le plus parmiles créatures de Dieu , celles qui se
trouvent entre Man‘aj et Harrat Laylā ; que les nuages s'y
déversent!
ce Terre où m 'accueillirent les sages-femmes; et premier sol
dont mon corps ait touché la poussière(2), ,
Lorsque ’Uşayl al-Huzā'i, venantde la Mekke, arriva auprès
du Prophète , celui-ci luidit : « Fais-nous une description de
þauit jusqu'à la littérature populaire que celui des mérites respectifs des
villes et contrées et les appréciations contradictoires que celles-ci suggèrent.
(1) Cette expression est attribuée à « un certain philosophe, par al-ħanin
'ila-l’awtan d 'Al-Jāḥiż, p. 7. C'est un cliché que l'on retrouve par exemple
dans les éditions du Kašf al-Mahjūb de Joukovsky, p . 262, l. 18.
(2) Vers très souvent cités et avec de nombreuses variantes. Cf. Kāmil
(Wright), p . 106 et 676 ; Yaqūl, IV, 666 ; al-ħanin d'al-Jāḥiż , p . 11-22 ,
où ces vers sont attribués Hammad b. Ishāq al-Mawşili. Mètre : fawil.
Pour Harrat-Laylā , cf. Yaqūt, II, 250.
LA ŠAKWA. 201
la Mekken. 'Uşaył s'exécuta ; lorsqu'il dit ces paroles : « Les
branches du salam (1) y sont tordues, et le ’rdhir(2) a des feuilles
naissantes » , le Prophète s'écria : 0) ’Uşayı , laisse le cour
reprendre sa paix !»
Le Prophète entendit Bilal réciter ces vers :
Oh! Cela me sera-t-il donné de passer la nuit dans une
vallée entourée d 'idhir et de jalil ?
« Boirai-je un jour de l'eau de Mijanna, et verrai-je appa
raitre Šāma et Tafil(3) ?,
Le Prophète lui dit : « Tu m 'attendris, ô fils de la né
gresse ? »
Si donc des hommes tels que le Prophète pensent avec émo
tion à leur patrie, et rendent manifestes les sentiments que
renfermentleurs cæurs et l'amour qu'ils recèlent, à plus forte
raison, moi , avec ma faiblesse ( je peux exprimer mes senti
(1) Arbre dont l'écorce sert à tanner.
(3) 'Idhir, sorte de jonc , est la seule plante que le Prophète ait permis de
couper dans le Haram ; elle était utilisée pour les terrasses et les tombeaux.
Cf. Buhārī, III (Kitāb al-buyā ); al-Waqidi, 338; Lisān , V, 389 ; Kitāb an
nabāt va-t-šajar d 'al-Așma'i (Haffner ), p . 22. — L'anecdote de 'Uşayl et du
Prophète est rapportée avec variante et d 'unemanière fragmentaire in Lisān ,
V, 390 , et XII , 109.
( ) Les vers de Bilāl sont cités dans Yaqut, à plusieurs reprises et avec des
variantes (III, 244 , 854 ( le premier vers]; IV , 421-422; 618 ). Cf. Luma',
275 ; Thyā, 11, 372 ; Lisān , XVI, 286 ; Kitāb an -nabāt wa-š-šajar (Haffner) ,
p. 29- 30 . Mètre : țawil.
Jalil est une plante , d'après ce dernier.
Il existe un dū-l-jalil près de la Mekke ( Yāgūt, II , 111). L 'exclamation
touchante du Prophète est rapportée in Yāqūt, III, 854 ; Lisān ( supra ).
Mijanna est un des süqs célèbres de l'Arabie antéislamiquc comme dū-l
majáz ,'Ukāz; cf. Yaqūl, IV , 121.
Le premier hémistiche , banal, devait s'emprunter facilement. On le trouve
ailleurs , cf. Yaqūt , II, 250.
Les hadits font rivaliser le Prophète d'amour pour la Mekke et pour
Médine, mais il semble avoir gardé beaucoup de son cæur pour la Mekke ,
cf. Yaqūt (pour la Mekke) , III , 244; IV, 460-461; 618 et619, etc.
202 AVRIL-JUIN 1930 .
ments), éprouvé que je suis par l'exil,la violence de l'afflic
tion , le malheur de la prison et une tristesse perpétuelle.
Si mon cœur était de fer, le fer fondrait malgré sa soli
dité.
Et si un corbeau endurait mes souffrances et avait des
soucis tels que les miens, le corbeau blanchirait comme un
vieillard (1). ,
(1) Ces deux vers sont du même mètre (wāfir ) mais non sans doute des
mêmes poète ou poème. Le corbeau qui blanchit est un cliché courant; cf. par
exemple Şubh alašā , Caire, 1903 , t. I, p . 398. Le Qoran parle des enfants
et non des animaux : LXXIII , 17.
(2) Mètre : țawil. On peut rapprocher cette première partie de la Sakwa
d 'un écrit d’Al-Jāhiż , que 'Aq a pu connaitre , al-ḥanin 'ilā-l’awtān, qui a été
amplement utilisé par l'auteur du pseudo- Jāņiż : al-maḥāsin wa-t 'addad
(Caire , 1324 , p. 77 et suiv.). L'écrit d'Al-Jāḥiż , à l'inverse de celui de ‘Aq ,
est un recueil de vers , d'adages et d'anecdotes se rapportant à ce sujet et
non pas la description d'un état personnel.
LA ŠAKWA. 203
et mis à l'école des şūfis ; et c'est très mal pour un şüfide se
détourner d'une chose , puis d'y revenir et d'y appliquer de
nouveau tout son cour.
Maniſestement, l'homme qui a approfondi les sciences et a
pénétré leur secret intime, ne se met pas à reparler d'reabījād ,
pour donner satisfaction à de sottes gens. Mais il est clair
aussi, aux yeux de tout homme intelligent que le naturel est
opiniâtrement rétiſ; qui cherche à le vaincre est lui-même
vaincu par lui. Et quand donc a -t-on vu ce quia été l'objet du
dédain , devenir l'objet du désir ?
Un bédouin a bien traduit son état d'esprit à ce sujet dans
les vers qui suivent. Son cœur s'était tourné [de nouveau avec
passion vers la vie bédouine. Les citadins, les habitants des
maisons de boue, lui conseillaientd 'apprendre l'écriture, pen
dant qu'il soupirait à la pensée de la vie bédouine , jusqu'à ce
qu'il pût la reprendre. Voilà ce qu'il dit alors, parlant de
son ignorance invincible (1) :
« Je suis venu trouver des Muhājirūn ; ils me montrèrent
trois lignes successives ;
C 'est le livre de Dieu , écrit sur du parchemin immaculé ;
versels clairs de la révélation.
Ils m 'ont tracé un « abājād , et m 'ont dit : « Apprends
Safaş et des qurayšiyāt(2)9 .
(" On croit que ce bédouin vivait au temps de'Umar ,ce qui prouverait que
l'abajad était connu dès cette époque. Cf. l'Histoire de la littérature arabe (en .
arabe ) des Frères des Écoles chrétiennes (Alexandrie ), p. 25-26. — Cf. aussi
Adab al-kultāb d 'Aş-Şūlī (Bagdad , 1341), p . 3o et n . 3 ( les vers y sont),
renvoyant à Täj al - 'Arūs et à Şubḥ al - 'Ašā . Pour ce dernier , cf. t. III,
p. 93 (éd. du Caire , 1331/1913). On y trouve le premier et le troisième
vers.Mètre : wāfir .
C'est le cinquième groupe de l'abajad oriental. Cf. Şubḥ , III, 22, pour
la façon occidentale ('ahl al-ġarb) de disposer ces lettres. -- Qurayšiyāt <
qurayš (des singularités de la tribu de Qurayš).
204 AVRIL -JUIN 1930 .
re Qu'ai-je à faire avec l'écriture et la lecture épelée ? et que
m
m 'importe la partdes garçons et des filles ?(1),
Je reviens donc à l'objet que je m 'étais proposé : faire con
naître aux gens du film — que leurs sources délicieuses de
meurent les fontaines de ceux qui veulent se désaltérer ! et que
leurs larges ailes soient le refuge sûr de ceux qui cherchentun
campement! — [leur faire connaître ] exactement mon cas et
nettement ma situation et l'épreuve dont le sort m 'a affligé et
que je n 'aurais jamais pu imaginer.
Je leur demande de me prêter leurs oreilles afin que jy
fasse résonner les mélopées d'un cæur ensanglanté , leur réci
tant ce vers d 'abū -Tammām at- Tā’i(2) :
ce O nos grands [hommes), penchez-vous sur nous, car nous
avons une soif terrible , et vous êtes des fontaines» .
Que Dieu protège celui qui tendra son oreille vers moi afin
que je lui confie les crimes dont le sort s'est rendu coupable à
mon égard !
Un groupe de ‘ulamā de notre époque — que Dieu les se
conde parfaitement, leur facilite la voie d'accès aux biens des
deux vies, ôte la hainede leur cæur et leur accorde le triomphe
de la droiture dans toutes leurs actions(3) — m 'ont reproché
certaines propositions contenues dans une Risāla que j'ai écrite ,
il y a vingt ans. Je voulais , en la composant, expliquer des
états que les şūſis s'attribuent et dont la connaissance nécessite
l'existence d 'un stade ce superrationnel » .
Les philosophes ignorent ces états. Car ils demeurent pri
sonniers du défilé étroit qu'habite la raison. Le prophète ,
(1) Le nom de 'Ali, quand il est cité seul, est toujours suivi de la formule
alayhi-8-salām , dans la Sakwā ; et parfois , ailleurs (Maktūbāt, 180 v°, 218 vº) ,
ce qui est plus grave, de cette autre formule : 'alayhi-s-salātu wa-8-salām .
Quand son nom est cité avec celui des autres Şaḥāba , c'est simplement le
ridā que l'on demande pour lui comme pour eux. Par contre , on oublie , par
fois , dans la Šakwā de joindre au nom d'un compagnon même éminent, la
pieuse prière habituelle (exemple 31 rº 11: 47rº 12). Le nom de 'Alī, lui, est
toujours entouré d'une grande considération : influence šī’ite sans doute ,
sensible aussi dans d'autres ouvrages ; dans Aġ par exemple où l'on trouve
non seulement le nom de ‘Ali, mais encore celui de ses descendants accouplés
avec la formule 'alayhi as-salām , théoriquement réservée aux prophètes et
aux archanges (cf. Aġ , 1, 11 et 13).
(9) Cf. Ihyā , iv, 503; 'Usd , iv, 35. Dans cedernier, les circonstances ne sont
pas celles que rapporte la Šakwā. Mètre : hazaj.
(3) Harim est cité in Luma', 322, comme objet de Karāmāt ( auteur de
miracles ). Son anecdote avec 'Uways est rapportée dans Kašſ , 84-85 (voir
l'édition de Joukowsky , p . 335 ) , dans Kalābūdi, 283 v°. Elle est aussi dans
le livre d ’Al-Hasan an-Nisābūrī (+ 406 ) , intitulé ‘Uqalā’-l-majānin (cles Fous
sensés » ), Caire , 1924 , p. 45-46. A propos de sa folie , sur laquelle on avait
insisté devant 'Umar , on rapporte un ḥadit, d'après le calife qui s'était atten
dri jusqu'aux larmes en le disant; c'est celui-ci : « Par Dieu , grâce à l'inter
cession (de 'Uways), il entrera au Paradis autant de gens qu'il y a de Rabi'a
et de Mudarn. (Maktūbāt , fol. 174 v9).
208 AVRIL -JUIN 1930.
(1) Ayn al-Qudat veut peut-être dire qu'al-Gazāli maintenait les sciences
religieuses inaccessibles à tous de peur qu'elles ne soient profanées. Cf., pour
le vers , Aġ , xv, 87, avec un second vers. Mètre : wāfir.
(2) Pour cette question comme pour celle de l'éternité du monde,
cf. Munqid , p . 12, qui renvoie au Tahāfut ( cf. Gazāli de Carra deVaux p .62).
Cf. Qut, II , 88 , cf. Hallāj, 560 , n . 6 ; 562, et 564 , n . 16
LA SAKWĀ. 211
conque meurt sans Imām , meurt d'une mort païenne» (1).
Abu Yazid al-Bisțāmía dit (2) : « Quiconque n'a pas de maitre ,
son Imām est satan n . Amr b . Sinān al-manbiji , un grand sayh ,
dit : Celui qui ne se met pas à l'école d'un maître , est vain » .
Les gens de la réalité parmi les sūfis sont unanimes pour dé
clarer que tout hommesans šayh est un homme sans religion (3).
C 'est ce que je voulais dire dans les chapitres incriminés
L 'adversaire les a interprétés comme inspirés par la doctrine
des Ta'limites et affirmant l'Imām impeccable.
Comment peut-il se permettre une pareille mauvaise foi alors
que le chapitre second de cette même Risāla est consacré à la
démonstration de l'existence du Créateur,démonstration fondée
sur l'examen rationnel et l'usage d'arguments ( générateurs de
certitude? — et l'on n 'ignore pas que l'adepte du Ta'limisme
rejette toute spéculation de la raison , prétendant s'en tenir,
pour la science de Dieu , au Prophète et à l'Imām impeccable .
Comment l'adversaire peut- il se permettre de semblables
procédés alors que le Prophète a dit(W) : 0 mes frères qui
(1) Cf. ŠAHRASTÁNI, Milal, éd . Cureton , I, 147.
(3) Abü Yazid : # 261/875. M . Nicholson rapporte ces paroles in J.R .A .S .,
1906. p . 321 et soutient l'idée , - que ’Aq rejette , – d'une connexion entre la
nécessité du Sayh et le Ta‘limisme. — Cf. Risāla , p. 197. - Al-Gazāli consacre
tout un chapitre de son Munqid aux Ta'limites et renvoie aux autres ouvrages
où il a traité la question plus amplement (al-qistāsal-mustaqim ; al-Mustażhiri ;
Hujjat al-Haqq . . . ) Al-Mustachiri parait bien être l'ouvrage édité par
GOLDZIHER : Streitschrift des Gazāli gegen die Bāținiya Sekte. Cf. La Bibliogra
phie des Ouvrages de Goldziher, par Heller, p. XII (introd . de M . Massignon ),
et p. 68 , n° 356.
(3) Cf. Zubdat al-Haqā'iq , A . f. persan 36 , fol. 5 rº. Dans Țarā'iq (II , 254) ,
ouvrage relativement récent, ces paroles sont attribuées au Prophète. A .G . les
aurait interprétées ainsi : qui n 'a point d 'amour n 'aura point d'unionn. Les
Țară 'iq donnent comme source les Tamhidāt ( i. e. Zubdat al-Haqā'iq ). Sauf ce
passage que je n 'ai pu retrouver tel quel dans lesmanuscrits consultés, ainsi
que quelques autres (Zubda , fol. 91 rºet 102 v°), les Țarā'iq citent les Tamhidāt
d'après Nafahāt (celui-ci, p. 476 -477); cf. infra , p. 47.
(6) Cf. Ihya, III , 99 ; Kalābādi, 161 v°.
212 AVRIL -JUIN 1930.
croyez de bouche, et dans le cæur de qui la foi n 'a point péné
tré , nemédisez pas des musulmans et ne vous acharnez pas
contre leur réputation , car quiconque s'acharnera contre la
réputation de son frère , Dieu s'acharnera contre la sienne et
quiconque méritera cette sévérité de Dieu , Dieu le confondra ,
même au fond de sa propre maison » .
Et coinment les ‘ulāma en arrivent-ils à dire de pareilles
choses et à adopter de telles attitudes, à l'égard d 'un musul
man — et surtout d'un musulman alim — alors que le Pro
phète a dit(1) : « Quiconque rapporte ce que ses yeux ont vu ,
et ce que ses oreilles ont entendu, Dieu l'inscrira parmi(2)
ceux quiaimentvoir se répandre l'immoralitéparmilescroyants ;
il leur est réservé un châtiment douloureux» ?
Et puis mes adversaires ne se sont pas contentés de me
blâmer ; mais ils ont fait de moi, pour celle raison , l'auteur
de toutes sortes de mauvaises actions et ont incité les détenteurs
du pouvoir à m 'infliger la confusion la plus honteuse.
re Ils ont fait répandre — dans la tribu — sur notre compte,
l'anecdote la plus abominable (3). Ils étaient en paix avec nous ;
les voilà maintenant en guerre .
) Voir, pour les deux élapes que décrit ici nettement Aq, ce que dit
M . Nicholson à J.R . A. S., 1906, p . 304. Au sujet des econnaissances surnatu
rellesa (ulüm al-ma'ārif), cf. Qüt, I, 119.
0†969/883 ( Lawāqiḥ , I, 98 , et J.R .A .S., 1906 , p. 322 , donnent 289).
Cf. Essai , 135 : les premières chaires doctrinales de sūhisme sont celles de
Yahyā ar-Rāziau Caire ( infra, p . 226 , n . 5 ) et d’Abu-Hamza , à Bagdad.
(3) Cf. Lawaqih , I, I, 98.
{") C'est la vocalisation de Yaqut (III,536 ). Je n'ai pas retrouvé cet épisode
de la vie d'Abu-Hamza .
224 AVRIL -JUIN 1930.
l'on promena en criant : « Ce sont les bêtes de l'impie ». Lors
qu 'on l'eut conduit hors de la ville , il se mit à réciter cevers (1) :
Pe A toi appartient dans mon cæur la place préservée. Tout
blåme lancé contre moi à ton sujetmeparaît sans importancer .
(1) Cf. Ibid . , 1 , 147, 1. 6 , ab fine, qui ajoute : Ja’innahu qad ḥafiżo wa
nasaynā (car, lui , il a gardé dans sa mémoire (toute la vérité) et nous, nous
avons des oublis); cf. par ailleurs Fihrist, 183.
(2) Tout le passage qui suit jusqu'au début de 36 r' est une citation presque
textuelle de Qūt, I, p. 150, 1. 4 à 12 et 16-17. Ayn al-Qudāt devait savoir
par cour une notable partie du Qüt, qu'il a en si haute estime.
(3) + 36 ; cf. Tabaqāt : vii , 11, 64 ; vi, 8 ; v, 385 (et ouvrages similaires
'Usd al-gaba , Caire , 1286, I, 391); cf. aussi Goldziher , p . 274, n. 77.
( ) C 'est 'Alī qui lui aurait donné ce titre ; Qūt, II, 67. Ces mots Sāḥib-as
surr sont donnés par des hadits tendancieux à Mu'awiya , cf. ar-Riyād an-nadora
fi manāgib al- Ašara d 'at-Tabarī, au début.
* ) Cf. Luma', p . 19 et 378 ; Kalābādi, B . N . arabe 5855 , lol. 64 rº.
CCXVI. 15
IONIN NATIONAL
226 AVRIL -JUIN 1930.
‘Utmān ainsi queles grandscompagnonsinterrogeaient Hudayfa
sur les épreuves générales et particulières , et il les instruisait.
10° [36 vº1 2 ] at-Taqafı(1) ( abū ‘Ali M . b. Abd al-Wahhab ).
C 'est l'un des plus grands ‘ulamā du Hurāsān. C'est lui qui a
dit : Si quelqu'un acquiert toute la science des hommes et
se met à l'école de toutes les confréries , il n 'alleindra le niveau
des véritables hommes que s'il s'exerce sous la direction d'un
šayh » (2).
11° [36 rº i 8 ] al-Junayd(3) (abū-l-Qāsim . M .), le sommet
fameux(al-alam al-mašhūr).
12° 36 vº 1 ] al-Halanji (abu-Abd Allah).
13° [36 vº 10] Ad-Dabili (abū-Bakr ) [Fihrist, 190?).
14° [36 v° 1 ) ad -Dīnawari(4)(abū-l-Abbās Aḥmad b. M .) qui
était un bon maitre en ces matières.
150 [ 36 vºg? ar-Rāzī (abū ‘Utmän Sa'id b. Utmān), le prédi
cateur.
16° [36 vºg] ar-Rāzī(5) (Yahyā b.Mu'ad )le prédicateur par
excellence de son temps.
17° [36 v° 5] ar-Rajā (Fahrān), un des šayhs originaires
d'al-Başra ; il enseigna en public à Bagdad.
18° [36 rº8 ] ar-Ragāžī(@) (al-Faậlb. Isa).
19° [36 r°3) as-Sabahi? (Farqad ). C'est lui qui contredit un
(1) + 328/940 , Lawāqiḥ , I, 106 .
(9) Comparer cette citation à Šakwā, supra , 32 rº 10 et suiv., trad . p . 210.
(3) + 398/911; cf. infra , p . 259 , n . 6 .
(4) Mort après 340/951; cf. citation : Sakwā, 41 vº 13, trad . p. 79.
(6) + 358/879 cf. supra , p . 223, n . 2 .
(6) Chef de l'École Fadliya ; ef. Essai, 145. (Souvent les qäf sont surmontés
d 'un šadda indu par les copistes persans, ainsi que d 'autres lettres de l'alpha
bet comme le r ).
( ) C 'est l'orthographe du manuscrit. C 'est aussi celle que donne as-Sam 'ani,
LA SAKWA. 227
asan
jour al-Hasan en disant : « Ce n'est pas ainsi que parlent nos
juristes (fuqahā ); al-Hasan répondit: « Puisse ta mère te perdre,
ô Furayqid (1), as-tu jamais de tes yeux vu un Faqih ? Levéritable
Faqih est celui qui apprend Vfqh auprèsde Dieu les comman
dements etles interdictions de celui-ci(2).,
20° [36 v°10] aš-Šāšī (abw-Bakr).
21° [36 v°6] as-Şaydalāni (Abü-Ja'far)(s) qui enseigna à la
Mekke .
Sayhs de Syrie.
30° [36 rº 10 ] al-Murādi (abū-Šu'ayb , al-Muqafa') qui eut ,
dans l'une de ses visions, à choisir entre beaucoup de choses;
il préféra l'épreuve ; il perdit alors la vue, les jambes et les
mains(1)
D . Les auteurs.
(1) † 311/924. Cf. Lawagih , 1, 102-103. Aš-Safrāni écrit Sinān et non Sam
nān comme paraît le porter le manuscrit de la Šakwā.
(2) Cf. l'appendice.
(3) Mètre : hafif
LA SAKWĀ. 237
contient un certain nombre de termes et expressions en usage
chez les șūfis. Par exemple :
« La puissance de la Majesté éternelle a rayonné : la plume
subsiste , mais l'écrivain est anéanti. ,
reLe cesoin éternel m 'a pénétré et a submergé mon « moin
contingent.”
« L 'oiseau s'est envolé vers son nid (1).,
Si un atome de ce qui s'est passé entre eux deux se mani
festait , le trône et l'escabeau deviendraientnéant » , etc.(2).
Mes adversaires ont montré une très grande sévérité dans
leur blåme, voyant dans ces propositions l'æuvre de l'hétéro
doxie (kufr ) , de l'athéisme (zandaqa ) et d'une usurpation du
« prophétisme, (da'wā-n -nubuwa).
Je vais citer un certain nombre de formules ayant pour
auteurs de grands sayhs pour montrer que les şūſis se
servent entre eux couramment, de pareilles expressions et en
usent fréquemment sans que cela leur mérite le blåme;
leurs ouvrages en regorgent.
Al-Wāsiți a dit :« Dieu manifesta de son œuvre ce qu'll mani
festa , comme preuve de sa divinité; puis Il anéantit tout, par
cette parole (3) : « Tout est périssable excepté son visage». Les
OL
créatures , par rapport à son immensité , sont comme
neu
un atome
de poussière sans importance; elles n 'ont d 'autre voie vers Lui
que celle qu'Il leur a tracée : voie de la science qui Le leur fait
affirmer tel qu'ils L 'ont compris » .
ras point» . Pour avoir cette pensée, il faut que l'on ait oublié
ce principe clair et qui n'admet pas l'interprétation : « il est
inconcevable que quelqu'un puisse voir Dieu ici-bas, ni saint,
ni prophète , sauf Muhammad (1)g .
J'ai écrit à propos du rūḥ(2) des choses identiques aux ensei
gnements des šayhs, par le sens, quoique différentes par la
forme.
Les şūſis ont beaucoup parlé du rūḥ. Ainsi al-Wasiti a dit :
re Dieu a manifesté le rūḥ, (le tirant de sa propre majesté et
de sa propre beauté ; et s'il n' était voilé , tous les infidèles se
prosterneraient en adoration . Et lorsque les clartés des intel
ligences et des facultés compréhensives apparaissent, elles
s'anéantissent dans les lumières du rūḥ , comme s'anéantissent
les clartés planétaires et lunaires dans la lumière du soleil».
On peut tirer de ces paroles la signification exacte du mot
talāší, qui est donc non point l'anéantissement de la chose en
soi, mais le fait qu'elle se cache à celuiqui l'appréhende.
Abū Sa'id al-Harrāz a dit : « Dieu a attiré à lui les esprits
de ses amis et leur a fait savourer son souvenir et la mention
de son nom ., C'est exactement identique à ce que j' ai voulu
exprimer par ces paroles : « L'oiseau s'est envolé vers son
nid . ,
Abū-t-Tayib as-Samarri a dit : « La connaissance est le lever
du Réel sur les consciences intimes par la succession ininter
rompue des lumières(3) ,
Al-Wasiti a dit : « Si le Réel se manifeste aux consciences
(1) Cette formule , un ḥadīt sans doute , condense la croyance qui rallie ,
semble-t-il, la majorité des musulmans orthodoxes. Cf. pour cette question de
la ru ya , bien discutée , les pages de Hallāj, 695 et suiv.
(9) Une question encore plus épinense : cf. Hallāj , 376 ; 407; 481; 483;
518. Luma' consacre un chapitre à cette question (le dernier ).
2 . ) Cf. Risāla , 155. Le Kašſ al-mahjūb ( éd . Joukovsky), p . 352 , l'attribue
à Dü-n-Nun al-Misri.
240 AVRIL - JUIN 1930.
intimes, Il n'y laisse de place nià la crainte niàl'espérance (11.9
C'est ce que j'ai voulu exprimer par la proposition du cesoi éter
nel pénétrant le moi contingent» .
Al-Junayd a dit : « Le souffle du şūſi , lorsqu'il est en effér
vescence et qu'il se précipite du cæur, ne touche rien sans le
brûler , même le trône(2).„ L 'incendie du trône équivaut à son
anéantissement( talāší ) ; et quiconque se perd soi-mêmede vue ,
s’unit à son maître, et tout le reste pour lui est finexistant),
consumé par un feu. Comme le prouve cette anecdote d 'abú
Sa'id al-Harrāz. Il raconte lui-même : « J'errai dans la cam
pagne , lorsque j'entendis une voix qui disait :
se Si tu étais véritablement du monde de l’être , inexistants
seraientpour toi et tout le créé ceet le trône et l'escabeau (3),,
Et vraiment, celui qui craint Dieu dans le secret des ré
traites , finit par arriver à cet état (de libération comme l'ex
prime Abū-Muḥammad al-Jurayrī dans ces paroles : « Par la
pureté de la servitude s'acquiert la liberté et par la libération
s'obtiennentla manifestation et la vision . » Cette vision d'ailleurs
n 'est pas celle demandée par Moise , mais autre chose dont la
nature est bien connue de ceux qui la possèdent. C'est à cela
que fait allusion le même al-Jurayrī en disant : « Celui qui ne
fonde pas ses rapports avec Dieu sur la piété et la vigilance ,
(1) Cf. Risála , 66 . Dans cette maxime, comme dans bien d'autres du
şūfisme, même le plus épuré, on ne peut s'empêcher de remarquer la ten
dance antinomisle qui perce çà et là . Cf. Goldziher , fol. 138 in fine et suiv .
Cf. Hallāj, 772-775.
(2) Voir in Luma', 397, une citation d 'As- Šibli qui ne manque pas d'affinité
avec celle d’Al-Junayd , mais qui est plus nuancée et où nafs et sirr sont mis
en une opposition très nette : « ...Mon nafs (moi charnel) désire un morceau
de pain et cependant, si mon sirr ( conscience intime) se tournait vers le trône
et l'escabeau , il serait consumén.
(3) Cf. Risāla , 36-37, où l'anecdote est plus circonstanciée. Notre vers y est
le second de trois. Mètre : ļawil.
LA SAKWA. 241
Quoi donc ! n'y a-t-il pas dans l'enseignement des sūfis des
choses qui, examinées par un esprit partial et contradicteur,
donneraient large prise à la critique.
Ainsi, on rapporte que Maʻrūf al-Karhi(4) a dit à un homme:
< Prie Dieu qu 'ilme rende un atome d 'humanité ! , Voilà une
ne me répondit.»
Parmi ce que l'on m 'a reproché dansma Risāla , il y a cette
proposition : e Dieu est au -dessus de la possibilité de l'appré
hension des Prophètes , à plus forte raison de celle du commun
des hommes (2).,
Or appréhender signifie que le sujet qui appréhende saisit
la totalité de l'objet appréhendé. Cela , en ce qui concerne l'es
sence divine, ne peut être conçu que de Dieu lui-même. Donc
re seul Dieu connaît Dieu (3), comme le dit Al-Junayd. On a
(1) Aš-Šiblī ,né 247/861; + 334/945. Pour cette citation , cf. Luma', 404 .
Au sujet de la vanité des sciences profanes et même religieuses étudiées pour
elles-mêmes , cf. Goldziher, 271, n . 35 . Peut-être faut-il comprendre dans ce
sens ces paroles de Aq , lui-même : muddati bovad kè dél-i-'in šifte az zabān
šanīdan : zabān qa'il büd va dėl mustami'. . . 'Aknün , muddati 'āmad kè zaba
nam az dėlmi sanavad : dėl qā'il ast va zabān mustami' (Zubda , 6 vº ).
(2) Cf. Miškāt , 19 (voir ici p. 250 , n . 2 ,etIljām al 'avāmm d'Al-Gazāli aussi
(Caire , 1309 ), p . 22.
(3) Ce mot d'Al-Junayd (cité sans référence in al-Madnün bihi ‘alā gayri
'ahlihi d 'Al-Gazāli (Caire, 1309, p. 9 ]) semble avoir pour origine la célèbre parole
d'Abū-Bakr citée infra 41 vº 10 , ici p . 249, parole qui a eu un grand succès
LA SAKWĀ. 249
aussi interprété ce verset(1): « Ils n'ont pas évalué Dieu à sa
valeur , avec ce sens : « Ils n'ont pas connu Dieu de la connais
sance qu'il mérite .»
Le Prophète a dit :« Si vous connaissiez Dieu de la connais
sance qu'il mérite , les montagnes se déplaceraient à votre
prière et vous marcheriez sur les eaux(2). Et si vous craigniez (3)
Dieu de la crainte qui lui convient, vous auriez la science
qu'aucune
ucune ignorance ne peut accompagner;
dance CON personne d'ail SON
(1) † 295/907. La citation est in Luma', p. 37, avec variante. Cf. infra ,
p. 260, n . 3.
(9) Voir, en appendice , le sens des mots 'ilm et ma'rifa. A la ma'rifa est
réservé de cesaisir l'essence de la sainteté divinen. Cf. T. A ., II , 274, cité
in Goldziher , 146 , avec ce mot de Jaläl ad-Dīn ar-Rūmi, rautre chose est
la science qui s'acquiert dans les medrasas , autre chose est l'amourn; car,
comme le dit al-Karhi, d'après Maktūbāt, 58, r', [la science de ] l'amour ne
s'acquiert pas auprès des hommes , mais auprès de l'Ami divin » .
(3) Qoran , XIV , 11.
LA ŠAKWĀ. 251
connaissance véritable, cela n'appartient qu'à Dieu. C 'est ce
qu'expriment les citations rapportées plus haut.
:: Savoir qu'il existe un artisan éternel (auteur de cet uni
vers, ne fait pas difficulté chez les gens des réalités ; bien au
contraire , c'est, chez eux, plus clair que le soleil. Et peut-on
concevoir que des yeux sains discutent l'existence du soleil ?
Mais les aveugles ont besoin de preuves pour que cela leur soit
acquis par la voie auditive. Comment peut-on concevoir la pos
sibilité du doute au sujet de l'existence de Celui qui est l'Etre
Réel et par qui se manifeste ce qui n'est pas Lui; c'est de Lui
qu'il vient et sans Lui, il ne saurait exister de quelque ma
nière que ce soit. Si la non-existence était concevable au sujet
de Dieu — bien haut est-Il au-dessus de tout cela ! — l'être
de toutes choses s'évanouirait(1).
Ceux qui connaissent (vraiment Dieu ne voientpas Dieu à
travers les choses , mais celles-ci en Dieu . Abu-Bakr as-Siddiq
a dit :« Je n'ai rien vu sans avoir vu Dieu auparavant(2)9 .
Cette vision n 'a rien de commun avec celle de l'au -delà ; le
mot vision est commun à la terminologie de plusieurs sciences;
les şūſis et les juristes l'emploient pour signifier diverses
choses que nous n 'avons pas l'intention d 'exposer en ce mo
ment.
Les șūfīs appellent certaines de leurs expressions šath (3). Ce
(1) Voir à ce sujet les développements de Miškāt (18-19), qui n 'est pas sans
influence et sur le fond et sur la forme de Aq.
(2) Cf. Miškāt, p . 25 . Cf. des formules parallèles in Kašf al-Mahjūb (Jou
kovsky) , p . 46 , 1. 16 ; 111, 1. 18 ; 128 , 1. 1 et 3 . D 'après An-NĀbulusſ , Sarh
at Tariqa al-Muhammadiya ( Constantinople, 129) , t. I, 313,chacun des quatre
premiers califes a eu sa formule. Celle d 'Abu -Bakr est dans notre texte. Voici
celle de 'Umar et de 'Utmān. Pour 'Umar : eJe n 'ai rien vu sans avoir, im
médiatement après, vu Dieu ; pour 'Utman : Je n 'ai rien vu sans avoir, en
même temps , vu Dieun , Quant à Ali , il disait : « Nous n 'adorons pas un Dieu
que nous n 'avons pas vun . Ailleurs 'Ali aurait dit : Je n 'ai rien vu sans y
avoir vu Dieu , (Zubda , 89 v°).
(3) Cf. Irma', 375 . Voir ce qu 'en dit le judicieux Ibn Haldūn dans sa Mu .
252 AVRIL -JUIN 1930.
sontdes paroles étranges proférées dans l'état d'ivresse (mys
tique) et de bouillonnement intense de l'extase. L'homme,
dans cet état, n'a pas le pouvoir de se retenir, comme on l'a
dit (1) :
ceļls m 'ont donné à boire et m 'ont dit : ne chante pas; s'ils
av
avaient servi à boiree aux
aux monts
n Sarawrā ce que j'ai bu , ceux-ci UX - CI
auraientchanté .»
Exemples de Šath . Abū-Yazid a dit :« Je me suis dépouillé de
mon moi comme le serpent se dépouille de sa peau , puis j'ai
regardé, et voilà que moi c'est Lui(2), . Il a dit aussi :60 mon
Dieu embellis-moi de Ton unicité, revêts -moi de Ton ipséité et
ravis -moi en Tamonéité afin que Tes créatures, en me voyant,
disent : nous Te voyons; et ainsi Tu seras Toi cela, et moi je
ne serai point là (3), .
Des paroles de ce genre sont très nombreuses. On en trouve
mêmedesexemples en vers. Un şūſi a dit (6) :
« Entre moiet Toi (il traine) un « c'est moi! , qui me tour
menten .
qaddima , à la fin du chapitre consacré au Tasawwuf. Cf. des paroles qui
indiquent une réaction contre les excès de sath et qui sont attribuées à des
personnages du 1" siècle , comme à Qatāda, par exemple, in Sarḥ al-Tariqa
al-Muhammadiya d'An-Nābulusi, I, p . 59 : « La qualité des amis de Dieu
('awliyā ), celle par laquelle Dieu lui-même les désigne, est qu'ils frissonnent
d 'émotion et se laissent envahir par la paix du cœur quand ils se souviennent
de Dieu et mentionnent son nom [Qoran , xxxix , 24 et xi , 38 ). Il ne les a
pas caractérisés par la perte de connaissance , l'évanouissement. Cela , c'est le
fait des innovateurs et a Satan pour pèren . Cf. Tablis ' Iblis d 'Ibn al-Jawzī,
sub verbo.
, Vers célèbre d 'Al-Hallāj, cité in Yaqūt, III , 283. Mètre tawil.
(2) Cf. Essai, 246 ; Hallāj, 512.
(3) Cf. Luma', 382 ; Essai, 248. A rapprocher de Qoran , xLvIII, 10 (cf. Qut
II, 66 ). On attribue au Prophète cette parole : man ra’āni faqad ra’ä-l'Haqq,
Zubda , 67 rº et 88 rº. A ce dernier folio , 'Aq le rapproche de Qoran , iv,
82, et ajoute . : ele ’Anā-l-Haqq de Husayn et le Subḥāni de Bāyazid erpri
ment la même penséen .
(W) Vers d'Al-Hallāj; cf. Hallāj, 535 . (Cf. Zubdat al-ḥaqā'iq , B. N. Suppl.
LA ŠAKWĀ. 253
ce Ah ! enlève, par Ton cec'est toi !» , ce « c'est moi!» d'entre
nous d'eux.
pers. 1356 , fol.80 vº (variantes) avec les autres vers de la pièce. On retrouve
souvent ces vers.Mètre : basīt.
(1) Hadīt célèbre que l'on retrouve à satiété ( Qut, II ; 67 ; Luma', 383 ;
Kalābādi , 21 vº; Risāla , 56 ; Miškät , 24 ; Goldziher, 37-38 , etc.). Ibrāhīm b .
'Adham est considéré comme responsable de ce Hadit qudsi ; cf. Essai, 107.
Ibn 'Adham semble hésiter et le donne (in Qut, II, 67) comme un simple
habar. Dans la Mahabba d’Al-Muḥāsibī( fol. 12), il l'attribue à une révélation
faite à Jean , fils de Zacharie ( cf. Essai, p . 109 et p . 226-927). Voir supra,
p . 221, n . 1 , un verset du psaume cx, attribué au Prophète dans le texte de
Kalābādi qui est relativement ancien . Il est plus aisé de comprendre l'attri
bution d 'un texte évangélique (p . 355 , n . 4 ) à la révélation mosaïque; ailleurs
c'est au Prophète Muḥammad qu'on fait remonter ce texte, Miškāt, 24 .
(3) Le mot est fameux; il est d’Abū-Yazīd . Voir l'étude détaillée qu'en fait
M . Massignon in Essai, 249-251.
(3) Cette formule vague est voulue , semble - t-il. Car in Miškāt, 19-20,
subhāni est accompagné de 'Anā-l-Haqq et de Māfi-l-jannati 'illa-llah , dont
Zubda cite le premier, 88 rº, en compagnie du Subhāni, et dont le second est
cité in Maktūbāt, 13 vº et 47 rº.
(5) Cf. Miškat, 19- 2 ) .
(5) Zawjuha yurdwiduha 'an nafsihā ; cf. Risāla , 161, qui raconte la même .
histoire de deux hirondelles . Pour la souveraineté de Salomon, cf. Qoran , XXI ,
81, 82 ; XXXIV , 11- 13 ; XXVII, 15 -45 ; etc.
254 AVRIL -JUIN 1930 .
elle s'y refusait. Il lui dit un jour : « Tumedonneras satisfaction
ou bien je mettraile royaumede Salomon sens dessus-dessous» .
Le vent fit parvenir ses paroles à Salomon qui l'appelle et lui
en demande compte. Lemâle répondit : « O Prophète de Dieu ,
les propos des amoureux ne doivent pas être dévoilés. » Cette
réponse plut à Salomon .
De plus , les expressions blåmées sont encadrées par de
longs développements : et si on avait lu le contexte , on aurait
vu qu'il n'y avait pas de place pour la critique.
D 'ailleurs on trouve dans la parole de Dieu et celle du Pro
phète des mots et expressionsdispersées çà et là , concernant
les attributs de Dieu. Si on les réunissait de façon à les donner
d'un coup — commel'ont fait les égarés (1). — cetensemble ferait
une impression saisissante par son apparence ambiguë , sus
pecte et obscure.Mais si chaque expression est donnée à sa
place convenable , avec le contexte qui l'accompagne , elle ne
choque pointl’oreille et n'offusque point les caractères.
Nous connaissons, au sujet de Dieu, des expressions équi
voques et qui peuvent manifestement être bien ou mal com
prises. Ainsi en est-il de
alfistiwà, la position assise ,
an-nuzūl, le fait de descendre ,
al ġadab, la colère,
ar-rida, la satisfaction ,
al-mahabba, l'amour,
as-sawq, le désir,
al-faraḥ, la joie,
ad-daħik ,le rire ,
al-karāhiya , la répugnance ,
at-taraddud , l'hésitation ,
as-şūra, la forme,
al-wajh , le visage,
ałayn , l'ail ,
al-yad , la main ,
aluşbu", le doigt,
ns-sam ', l'ouie ,
al-basar, la vue (1)
(1) Ces mots se trouvent dans le Coran ou dans le Hadit. Cette question est
familière d 'Ayn al-Qudāt, il y revient à plusieurs reprises dans les Maktūbāt.
Cf. sur le même sujet Kalābādi, fol. g r°, 100 rº, 102 rº. ‘Aq paraît faire auto
rité , puisqu'il est cité dans l'ouvrage relativement récent d’An-Nabulusi : Šarḥ
at- Țariga al-Muhammadiya (Constantinople , 1290), I, à propos des attributs
de Dieu.
(2) Qoran , 11, 226 ; LVII , 11.
(3) Qoran , ix , 105 ; XLII, 26.
(1) Cf. Maktūbāt, 14 vº; Miškāt, p . 24 , l'attribue au Prophète Muḥam
mad. Cf. Math. , xxv, 35-40 (voir p , 253, n . 1 ). Comparer au habar mātür cité
in Qüt, II , 5 : Al-halgu 'iyālu -llah , fa 'aħabbuhum 'ilā -llahı 'anfa'uhum li'iyalih ;
et à un autre habar in Maktūbät, 141 rº.
256 AVRIL -JUIN 1930.
Auprès de ceux dont les ceurs sontbrisés pour Moin , lui fut
il répondu(1).
C'est ce qu’expriment ces paroles de Dieu , qui se trouvent
dans le Livre révélé à notre Prophète Muḥammad : « Dieu est
avec ceux quiont la crainte et avec ceux qui font le bien (2) ;
re Dieu est avec les hommes sincères, les hommes patients , Dieu
est avec les hommes de bien . . . .
Ce sont là des expressions équivoques; à cause d 'elles un
grand nombre d'hommes tombèrent dans l'égarement , d'autres
dans l’athéisme en disant : « Sie le prophétisme» était une réa
lilé, le Prophète n'aurait pas donné à l'Artisan de l'univers des
caractéristiques qui désignent la corporéité , car la corporéité
implique la contingence » . Ces hommes ont été perdus par leur
propre science et leur mince bagage de langue arabe. C'est ce
que signifient ce vers :
Que d'hommes blament une parole exacte ! leur faute vient
d 'une compréhension défectueuse (3),s.
(1) Cf. Maktabāt, 140 vº; in Qüt, il y a hésitation : une fois (I, 264) il
s'agit d 'Ismaël; l'autre ( II , 60), c'est de Moïse ; mais je n 'ai pas trouvé men
tion de David . A rapprocher de Ps. XXXIII , 19.
(9) Qoran , xvi, 128 ; les versets suivants : passim .
(3) In Taj al-'arūs, 38 ou 42 , suivant l'édition . Mètre : wāfr,
(6) Qoran , x, 40 .
(5) Qoran , XLVI, 10 ,
.LA SAKWÅ. 257
la plus grande partie des hommes s'égarèrent à leur sujet et
mm
(1) Asarra haswan fi-l'irtiġā , proverbe (in Lisān, XIX , 46 ) pour désigner
une perfidie masquée .
. ( ) Voir les principes posés par Al-Gazālī, à ce sujet, dans Iljām al-'awāmm
(Caire , 1309 ), p . 17 et 19.
(3) Qoran , ILII, 9.
(*) Qoran , IT , 17.
LA ŠAKWA. 259
qui les régissent, l'ambiguïté n'entoure plus leur sens et l'ob
scurité y devient faible .
Et comme il est loin de la science , celui qui ne distingue
pas entre le fait de rassembler ces expressions sur une seule
page, en bloc, et le fait de les donner à leur place avec
leur contexte général qui compte peut-être plus d 'un million
de mots !
Qu'ai-je à m 'étonner que les ‘ulamă de notre époque me
blâment, puisque, de tout temps, les ‘ulamă de renom ont été
l'objet de la jalousie et de toutes sortes de persécution. Ce fut
le sort de Mālik (1), d 'abū-Hanifa (2), d'aš-Šāfi'i (3), d'Ahmad (Ⓡ)
et de Suſyān (5). Le même lot échut à de grands sayhs şūſis
comme al-Junayd(6), aš-Šibli(7), abu-Yazīd al-Biştāmi(8), Dū
INDEX.
Podume cx , 10.. . . . . . .. . . . .. . 35 rº 11
Matth., IIV, 35-40 (“Ayn al-Qudāt cite ce texte d'évangile comme
une révélation faite à Moïse).. . . . . . . . . . 42 vº ai
Praume xxxIII , 19 . . . . . . . 43 r.° 4
18 .
278 AVRIL- JUIN 1930 .
( 31أن الأرواح جنود مجندة فما تعارف منها ائتلف )...
173 12أنما ها ملكان قطان غليظان ازرقان يبحثان الارض
بانیابهما . ..
ثلثة لا ينجو منهن أحد الظن والطيرة ولحسد 33r11
ثلث قل من ينجو منهن ... 3333
حب الوطن من الايمان 2018
لسد ياكل للحسنات کا تاكل النار الحطب 33r1
كنت يا ابن السوداء - *18وو
دع الفؤاد يقر ود
ستة يدخلون النار قبل لحساب بست السلاطين 33315
بالمجور...
LA ŠAKWĀ. 277
33316کاد للحسد يغلب القدر
و۲۰وا لا يزال العبد يتقرب إلي بالنوافل حتى أحبه... د همو
البسيط
.و 33 *8-لشد
۳۶13-1ما قد حسدوا
48 re 1من غير
1-37و 353وضو ،مکفوف
و اما مشغول
877و الأول
278
AVRIL-JUIN 1930.
او 433يختصم
وموا من البين
388يريد
3و 36يهون
.الرجز
3
وجد ،جد ،المني ،غد ،الزني ،رغد ،بالني ، ا7-1
الد
الطويل .
.
خفاء ،الصعداء 8 و 11 -1
3or 10هبوب
29 31-3عسيب ،نسيب ،غريب
1833رقيب
.
39v1
33 ..
17رو لغت
: 1-3الوخد ،مد ،و
و 19وفدا ،عهدا ،جدا ،اروندای ،عقدا
toیډی
18مې 8د کنیر
LA SAKWĂ. . 279
و 28و 3والکرسی
181 15-16اتجرع ،تطلع
۱۰16-17وو جلیل ،طغيل
و 30مناهل
33۲۰19-90فد ،تماد
h7 16-31 -الجهل ،فضل ،والشهير ،والسير ،والمبلي ،بالهزي ،
والأضل ،الرسل ،قبلى ،والنقل ،فعل ،شغل ، 183 1-8
مثلي
98313لعظيم
1834-من هذان ،بلبان 8 vد -
و 330مغرقة
۷ 10-11وو حاثها ،تراثها
29-25م horجناتها ،تختها
و 33يزورها
الكامل
676لبخيل
فاضل 34r
دركم 15م 18
کلام ،وهيام 387 -5
البكران 35711
347 19-10هلالها ،اشبالها
tor 18لياليا
المتقارب
3332 3335الأدب ،ما وهب ،الطلب
المنسرح
-او 397كهتا ،انا
الهزج و
300للاايك ،واديك
0 -21و 31
و
الوافر
2015العاب
( 3033ov29 -1.3متواليات ،مفضلات ،وتريشيا ،البنات
و 303الحديد
43r13الشويم
3038بالیقین
LA SAKWA. 281
البلخی ) .
( 38 ) 13
في اطار الطائر الى عشه (عين الفضاء )
or3ا
3174عرفت روحي روحك حین کلمت نفسي نفسك أن ( ...أويس
القرنی ) و
و ۳دا العارفون لا ينظرون إلى الله في الاشياء...
hor :غابت صفات الانسانية وظهرت أحكام الربانية
. ( 38 v12
غشيتني الهوية القديمة فاستغرقت ( ...المولف ) *
lio *95فقد كاشفني لحق باقل من ذلك ( ...الشبلی)
4037كل نفس يكون فيه ذكرالله فهو متصل بالعرض (سلیمان بن
عبد الله ) و
173كنت أكتب الحديث والفقه (...الشبلی )
۱۰:و کلام العشاق يطوي ولا بروی
h 117كيف يدرك ذو مدى من لا مدي له (ابو الحسين النوري )
284 AVRIL -JUIN 1930 .
393 33المعرفة طلوع الحق على الاسرار بمواصلة الانوار (ابو الطيب
السامری
tor1من رای مع الحبيب غير لحبيب لم ير لحبيب ( يحيى بن
معاذ)
و ما من عبد الله بعوض فهو لئيم
و 2و 3من لا شيخ له فلا دين له
323 30من لم يتادب باستاذ فهوبطال مد
LA ŠAKWĀ. 285
390 13من لم يحكم فيما بينه وبين الله بالتقوى ( ...ابو مهد
الحریری )
373 11من لم يكن على الله غيورا لم یکن الله عليه غيورا
المرتعش )
30318من لم يكن له استاذ فاماة الشيطان (ابو یزید)
393نفس الصوفي اذا هاج من الغواد ( ...لنبد )
hoهل تعلم لنفسك فرحا) قال (الشبلی ) اذا لم اجد لله
ذاكرا
هلا امكم بالغيبة عنها بروية منشئها( ...الواسطى )
و 37 ۲۰یا شهوانی اطلب شهوانية مثلك (رابعة العدوية)
PROVERBES.
APPENDICE.
(1) Suf. Cf. Luma', p. 340 (à propos d'as-sukr et d 'as-saħw , infra). Cl. aussi
Kašf, 248 , et Risāla , p. 40.
(9) Cf. Majmu', p . 25 et 82.
(3) Cf. Luma', 334 ; Risāla , 34 ; et infra : al-magām .
(5) Cf.Miyär al-'ilm d'Al-Gazāli, Caire, 1329 , p . 77.
(s) Ibid ., p . 64 .
(6) Cf. Majmū', p. 3 et 31.
(3) Cf. T. 1. , 1, 467.
(8) Cf. Luma', p. 372 ; Risāla , 42. Pour le Kašſ ( p . 392), ad-dawq est
commun aux joies et aux tristesses, tandis qu'aš-šurb est réservé aux joies .
CCXVI. 19
EN PAINERIE NATIONALE .
290 AVRIL- JUIN 1930.
ar-ru'ya , la vision (1).
al-'adam , le néant.
al-'arad, l'accident,en face d 'al-jawhar ( supra ) e la substancen.
al-'azīz , le précieux ; ḥadīt rapporté par deux ou trois per
Son
sonnes d 'après deux ou trois autres, etc . ).
an -nāsih , l'abrogeant.
an -nagis , le verbe défectueux.
an-nakira , le substantif indéterminé.
huwa bila huwa , c'est le tafrid at-tawḥīd : affirmer que Dieu esl ,
sans que la langue prononce « Il est " , saps que la main
l'écrive , sans le secours des deux syllabes huwa juu (5).
M . C . HAGUENAUER ,
PENSIONNAIRE DE LA MAISON FRANCO - JAPONAISE ( TOKYO ) .
SORCIERS ET SORCIÈRES
DANS LE JAPON ANTIQUE.
des e documents anciens” , que Ban Nobutomo date avec raison d'avant Hökı
t t , c'est-à-dire d'avant 770 de notre ère (cf. op. cit., II, p. 290), les
fonctions rituelles des Asobi-be étaient remplies par des hommes, et on croyait
qu'elles l'avaient toujours été. Cette opinion n 'était pas exacte , car les usume
et les nakime qui « consolèrent, asobitariki l'åme d'Amewakahiko étaient, de
toute évidence , des femmes ; cf. H . Q .$ .R ., p. 63 et n . 20-22, p . 178-179 et
les notes 17-30. Cf. aussi Tsogita Jon , Kojikishinko ALF . p. 193
194. Ce sont les idées chinoises qui firent donner de plus en plus la prépon
dérance à l'élément masculin , mais celle-ci ne fut jamais aussi complète au
Japon qu'en Chine. Dans le cas présent, nous assistons à une abdication de
sorcière mariée en faveur d 'un ritualiste . (A propos de la transmission des
pouvoirs de femme à femme, à l'exclusion des hommes, dans les clans
de sorcières , cf. plus loin , p . 313 , en note.) Les rédacteurs des textes incor
porés dans le Ryō no Shuge n 'avaient qu'une idée très inexacte du rôle des
Asobi-be. Ils savaient que les membres de ce clan étaient experts en ma
tière de sorcellerie , mais ils ne comprenaient plus la valeur rituelle du
terme asobu. Ce mot, encore exactement compris des compilateurs du Kojiki
- ils écrivent que les parents d'Amewakahiko e consolèrent » asobitariki
son âme pendant huit jours et huit nuits – ne l'était plus des auteurs
du Nihonshoki, puisqu'ils déclarent que les parents poussèrent des cla
meurs rituelles 92 ( terme technique des rituels chinois) et chantèrent avec
tristesse pendant huit joursn . Si on ne comprenait plus le sens premier du
mot en 720 , date à laquelle le Nihonshoki fut terminé, il n 'y a rien d'extra
ordinaire à ce que les rédacteurs des documents utilisés par le Ryo no Shüge
l'aient ignoré tout à fait. lls faisaient des Asobi-be des e oisifs » ( asobu a aussi
le sens d'retre sans occupationn), des chanteurs ou des chanteuses d 'utagaki.
Ils raisonnaient par analogie et n 'imaginaient de sorcières que celles qu'ils
avaient sous les yeux. Sur l'utagaki , consulter Graner, Fétes et chansons,
appendice .
LA DANSE RITUELLE DANS LE CHINKONSAI. 311
Le texte continue :« Une femme de chacun de) ces clans sera envoyée au
Nuido no Ryō. Elle sera remplacée si elle vient à manquer. n Ainsi , à l'époque
de Heian , les Sarume dépendaient du Nuido no Ryō. Ce fait est confirmé par
les textes , qui indiquent que la directrice de ce département entrait à la tête
des Sarume lors de la cérémonie du Chinkonsai. Dans les clans de Sarumela
succession se faisait de femme en femme. Deux textes, l'un de gao , l'autre
de 955 , signalent le remplacement de Sarume décédées par des Sarume de
même clan ; cf. Ban NobUtomo, op. cit., II , p. 643. Le premier de ces deux
textes mentionne un clan de Sarume portant le nom de Hieda . Ban
Nobutomo rapproche ce nom de celui de Hieda no Are Bo , consi
déré lui-même commeun descendant d'Ame no Uzume. Il est intéressant de
savoir que celui qui récita les traditions anciennes aux compilateurs du Kojiki,
314 AVRIL -JUIN 1930.
utame it g du bureau de la musique noble Gagakuryo " ;
ils montent par les degrés de l'ouest et prennent place. Cela fini.. . le
ministre donne l'ordre de remettre la couronne(2) kazura et les yufu (*)
* . Un fonctionnaire adjoint au chef du ministère de la maison
impériale ( entre ) précédant des fonctionnaires du trésor roku , des
secrétaires shisho t et des employés du trésor kurabe() B . Il
met les yufu dans la boite qu'il donne d'abord à un fonctionnaire du
Jingikan. . . Le chef du Jingikan appelle par leur nom les deux maitres
de luth ; tous deux acquiescent(5). Le chef ordonne aux luths et aux
(1) Ces fonctionnaires avaient des emplois divers. I doit s'agir ici demusi
ciens; cf. Kanshokuyōge , op . cit., p. 77.
(2) Ces chanteuses faisaient partie du bureau de la musique noble.
(3) Cette citation est extraite du Ono no Miya no Nenchūgyöji by
F * ; cf. Ban NOBUTONO, op. cit., II, p. 635. Cet ouvrage étant tardif,
j'ai jugé préférable , malgré la date du texte cité , de ne mentionner la citation
qu'après les textes plus importants. Le passage décrivant un Chinkonsai ere
LA DANSE RITUELLE DANS LE CHINKONSAI. 319
rites du ministère du culte pour l'ère Konin L E (810-823),
décrit le rite du Chinkonsai accompli pour l'âme d'une impéra
trice . La cérémonie comporte des danses et de la musique. Plu
sieurs fonctionnaires femmes y participent, mais il n'est parlé
nidu ministre ni du chef du Jingikan. Il est question d'un
récipient sur lequel on monte. Pendant qu'on le percute , un
fonctionnaire femme de la garde-robe (1) kurõdo e prend
la boîte au vêtement placée sur une table , l'ouvre et l'agite
furi-ugokasu te . Le rite est exécuté même si l'impératrice
est enceinte.
D 'après le Kökeshidai(2) 1 * te , attribué à Oe no Ma
safusa t E , mort en 1111 à l'âge de 71 ans, la direc
tion du Chinkonsaiest confiée au jõkei(3) E Sp. Le texte indique
les emplacements occupés par les participants. Un fonction
naire femme jokan apporte la boîte au vêtement. Le jõkei
ordonne qu'on remette la couronne et les yuſu . Les musiciens
du bureau de la musique noble jouent un air de danse kagura.
La Mikanko percute le récipient(4).Un fonctionnaire du Jingikan
s'avance ensuite ; il noue le fil(5) et lemet dans la boite tsutsura
cuté pour l'âme d'une impératrice , n'a du reste pas la même valeur que les
textes précédents.
(1) A cette époque, le Kurõdo-tokoro il était à la fois une sorte de
garde-robe et de secrétariat du palais ; cf. Kanshokuyôge, op. cit., p. 183 et
suiv.
(2) Cf. K .S.K .D ., p. 315 , cité par Ban NOBUTOMO , op. cit. , p . 635 . Cf. aussi
Kokushidaijiten , op . cit., p . 1014 .
(3) Ce titre désigne le chef du Kirokusho FF , cf. Kanshokuyôge,
p . 178 .
(6) Une note ajoute : « C 'est un rite de Kagura. . . On percute (le récipient)
avec un sakaki Te ou tip (Eurya ochnacea Szyse). . . , on noue un fil (en
comptant) d 'un jusqu'à dix .. . C 'est parce qu'Umashimaji agita les dix trésors
divins pour rappeler (à la vie ) les morts. Cette note ne se trouve pas dans les
livres anciens., La dernière phrase est importante, car l'explication référant à
Umashimaji est un emprunt au Kujiki; cf. plus loin , p. 327-328.
(5) Une note ajoute que pendantce temps on compte d 'un jusqu'à dix.
320 AVRIL -JUIN 1930.
bako (1). Pendant ce temps un fonctionnaire femme(2)
nyokurõdo ouvre la boîte au vêtement et l'agite. Cela
terminé, le fonctionnaire du Jingikan regagne sa place. Les
Isukasa offrent de la nourriture(3). La cérémonie se termine
par un banquet suivi de danses (Kagura et Yamatomai ).
Un autre passage du Kokeshidai( ) précise que « la Mikanko
danse au pied de l'autel. Un Nakatomi * 2 noue le fil. Pendant
que ( la Mikanko ) percute le récipient, un fonctionnaire femme
ouvre la boîte au vêtement et l'agiten.
Le Hokusansho # i Holz(5) de Fujiwara no Kimito (ou
Kinto ) A E (966 -1041 A . D .) énumère les partici
pants. «Le Jokei ordonne de remettre la couronne kazura
et les yufu . . . Ensuite a lieu un Kami-asobi jimbo . Une note
ajoute : « Pendant qu'on percute le récipient, le fonctionnaire
femme ouvre la boite au vêtement et la secoue.» Le Kagura
( Kamiasobi) fini, (on danse) le Yamatomai le
Le Shinzangyoki(6) Lep dit : 1164, seizième jour
de la onzième lune. Jour de la cérémonie Chinkonsai. . . On
commence par un Kagura . . . Pendant ce temps le fonction
naire du Jingikan et un devin prennent le récipient(7) et le
(1) Le caractère désigne une sorte de rotin . Le mot toulsura ou tsuzura
a le sens de « rotinn et de « panier en rotinn. Il doit s'agir ici d 'une boite faile
en rotin .
(2) Ce terme désigne les fonctionnaires femmes du Kökyü t ; cf. Kan
shokuyoge, op . cit. , p. 207.
(3) Une note ajoute : « On emploie un fil, (on compte ) d'un jusqu 'à dix , on
remet le couvercle de la boite tsutsura-bako...
(a) Je ne cite que ce qui m 'a paru intéressant; cf. Ban NOBUTONO, op. cil.,
p . 637, col. 7 et suiv ., en haut.
(6) K . S. K .D ., p . 1792. Cité par BAN NOBUTOMO , op. cit., p. 638 etsuiv.
(6) Cité par BAN NOBUTOMO , op . cit., p . 639, en bas. Une figure sommaire
donne une idée des places occupées par les participants.
(3) Une note dit : Sa forme est celle d 'un coffre plat, sa hauteur est de
trois ou quatre sun of (une dizaine de centimètres ) , sa largeur d 'environ
deux shaku R (un peu plus de o m . 65). On étend une natte ( sous le réci
pient ?).,
LA DANSE RITUELLE DANS LE CHINKONSAI. 321
placent à l'ouest de la ce montagne , yama w . Ensuite la Mi
kanko arrive par le nord-est, monte sur le récipient et s'y tient
debout face au nord (1). Ensuite le devin prend le fil Mita
maito (2) E . .. Ensuite le shinryū #lik (3)s'approche et
se place devant la dite boîte. Il s'agenouille , son shaku (4) en
main shishaku hi . Il prend le fil et le noue. Pendant ce
temps, avec la hampe d'une lance , la Mikanko percute le
dessus du récipient. Cela au son des luths et des flûtes . Alors
un fonctionnaire femme se lève, ildénoue le cordon de la boite
au vêtement,entr'ouvre le couvercle,puis recouvre(la boite)(6).
(1) Une note précise qu ' elle arrive tenant à la main quelque chose ayant
l'air d'un rocher dessiné à l'encre de Chine sur du papiern. La même note
signale l'emploi de grelots et d'un sakaki. Dans le rite chinois, le rappel de
l'âme se fait aussi face au nord ; cf. par exemple Li ki , Sang ta ki pa
t e , trad. Couvreur, II , p . 204 .
2) Mot à mot :mi (honorifique) + tama e jade , objet précieux , âmen + ito
filn . On lit aussi Ontama no wo, cf. D . C . HOLTOM , The Japanese Enthronement
Ceremonies , qui traduit : « The Emperor's life-cord » . B s'agit du æfil à nouer
l'àmen .
(3) Je n 'ai pas trouvé de renseignements concernant les attributions de ce
fonctionnaire .
1 ) Le shaku (ou saku ) man est une mince palette d 'une trentaine de centi
mètres de longueur, faite en bois de chêne, d 'olivier (hihiragi, osmanthus
aquifolium Sieb.), de cerisier ou de sugi (cryptomère du Japon ). L'officiant
shintoïste tient habituellement le shaku à deux mains contre son ventre ; c'est
l'attitude e correcten shoshaku F . S'il le maintient entre le pouce et la
face interne des autres doigts de la main droite , c'est le shishaku .
Jishaku # tits désigne le shishaku porté à la hauteur de la hanche droile.
Passer le shaku , dans la position verticale , de la main droite à la main gauche,
puis le placer à hauteur du genou droit en le tenant verticalementpar chacune
de ses deux extrémités, porte le nom de chishaku . Le hashaku te
consiste à passer le shaku , tenu par l'extrémité supérieure , de la main droite
dans la main gauche, pour le reprendre par l'extrémité inférieure avec la main
droite. Quand il ne tient pas le shaku à la main , l'officiant le glisse dans l'ou
verture de son kimono sur la poitrine; c'est le kaishaku letme ; cf. Jingiziten ,
op. cit., p . 355 ; cf. aussi ci-dessous, p. 322 , n . 1 . Le shaku ne semble pas
avoir d 'autre signification que de faire ressortir l'attitude rituelle de l'officiant.
Le shaku est aussi employé par les chanteurs rituels de la cour, notamment lors
du Kagura.
(5) Une note précise qu 'on agite la boite avant de la refermer.
CCXVI . 21
PRIN RIK ARIONAL .
322 AVRIL - JUIN 1930 .
Tout cela en mesure . Quand le shinryū a noué le fil , il
reprend (1) son shaku et se retire. Luths et Mates s'arrêtent. La
Mikanko se retire. On enlève le fil honorablement lié. Le fonc
tionnaire femme enlève la boite au vêtement. . . Des danses
terminent la cérémonie.
Un passage du Miyaji hijikoden 3 TB 16 (2), ouvrage
compilé en 1362, apporte quelques précisions sur la façon
dont avait lieu le Chinkonsai au xivº siècle : On tendait deux
rideaux à l'ouest et à l'est du ministère de la maison impériale .
C 'était à l'intérieur de ces limites tsuma # que se déroulait la
cérémonie . Les fonctionnaires entraient. On apportait la cou
ronne et les yufu . Les Mikanko entraient, suivies des musi
ciens et des chanteurs du bureau de la musique noble. On dé
butait par un Mikagura li je . Le miyaji prenait le Fil
pour attacher l'âme » Mitama musubi ito t i et le dépo
sait devant le jõkei. Un Nakatomi s'approcbait et faisait dix
næuds au fil. A ce moment le maître de luth sacré pinçait son
luth . On comptait d'un à dix et on nouait dix fois. Après quoi
le Nakalomi regagnait sa place. Pendant ce temps un fonction
naire femmeposait la boîte au vêtement sur une crédence à
huit pieds yatsuashi(3) ile, qu'elle plaçait en face du jõkei.
Pendant qu'on comptait elle se levait, ouvrait un peu le cou
vercle de la boîte et agitait la boîte . « Ces dernières années,
ajoute le texte , ce rite n 'existe que de nom , il n 'existe pas de
fait( ). , Une cérémonie identique avait lieu ensuite pour låme
de l'impératrice .
(1) Shaku wo nuku # i . Avant de prendre le fil, le shinryū avait glissé le
shaku dans l'intérieur de son kimono; maintenant qu'il a les mains libres, il le
reprend .
(9) BAN TOBUTOMO, op. cit. , p . 640-641. J'ai jugé inutile de donner une tra
duction intégrale.
(3) Sorte de crédence servant à déposer des offrandes et des objets rituels ;
cf. Dainihonkokugojiten. Le mot est quelquefois lu hassoku .
(6) Cette remarque prouve qu'au milieu du anv° siècle , une partie au moins
des rites du Chinkonsai était négligée.
LA DANSE RITUELLE DANS LE CHINKONSAI. 323
Le rite du Chinkonsai était accompagné de chants. Ceux-ci
ont été transmis dans le Nenjūgyöjihisho (1) to F # Feb ka ,
Notes privées sur les cérémonies annuelles (2) (cf. G .S.R .J., V ,
(1) Compilé entre 1293 et 1328 , cf. K . S.K .D . , p . 1581.
(2) Ce chant a été traduit en français par M . Matsumoto Nobuhiro dans son
Essai sur la Mythologie japonaise , p . 83-85. L'auteur a donné une transcription
en caractères latins. Il a suivi le texte de Suzuki Shigetane * L,
mort en 1863à l'âge de 50 ou 51 ans; cf. Suzuki, Norito Kõgi , II, p. 112-113.
Dans ce texte , les paroles du chant sont transcrites à l'aide de caractères chi
nois employés phonétiquement; la lecture en kana est indiquée sur le côté droit
des caractères. Le texte publié dans le G . S.R .J. d'après un manuscrit ancien , et
celui que donnc Ban Nobutomo, mort en 1846 à l'âge de 72 ou 73 ans, sont
au contraire en katakana ; le sens du chant étant indiqué par endroits à l'aide
de caractères chinois. Ce fait n 'aurait pas d'importance si la lecture était la
même dans les trois textes. On verra que ce n 'est pas le cas. Suzuki a probable
inent remanié son texte. Quand le texte du Nenjūgyõjihisho n 'était pas clair,
j'ai adopté la version proposée par Ban NOBUTOMO, op . cit., II, p . 649 , qui est
plus près du texte du G .S .R.J. que celle de Suzuki. Voici la transcription du
texte du G .S . R.J. :
1 . Achime (une fois ). 0 , 0 , 0 , 0 (trois fois).
Ame tsuchi ni kiyurakasu ha. sayurakasu . kami waka mo, kamikoso ha.
kine kikou,kiyura naraba.
2. Achime (une fois). 0 , 0, 0, 0 (trois fois ).
Iso no kami. furu yashiro no. tachi mo ga to.negafu sono ko ni. sono late
matsuru.
3 . Achime. . . Jd.
Satsumora ga. motaki no mayumi, okuyama ni. mikari su rashimo. yumi
no hazu miyu .
11. Achime. . . Id .
Noborimasu toyohirume ga. milama hosu . moto ha kanaboko, sue hu ki
boko.
5 . Achime. .. Ja .
Viwa yama ni. arimeleru chigasa rro. imasakaede wa. itsu ka sakaemu.
6. Achime. .. Id.
Wagimoko ga. anashi no yama no yama no moto . hito mo miru ga ni.
miyama kazura seyo.
7. Achime. .. Id.
Tamabako ni. yuu torishide. tamachi oraseyo. mitamagari. tamagarima .
shishi kamiwa. ima zo kimaseru .
(Voir la fin de la note à la page suivante.) 91 .
324 AVRIL - JUIN 1930 .
k. 86 , p. 385 -386 ), qui les donne sous le litre de Chinkonka
, Chants du Chinkon(sai) :
Achime !( 0 , 0, 0 , 01 0 , 0, 0, 0 ! 0 , 0, 0 , 0 !
Au ciel et sur terre il est clair, clair (?). Les esprits ( Kami) et moi (s),
les esprits mêmes , nous entendrons(4)le pilon s'il est clair (5).
Achime! 0 , 0 , 0 , 0l .. .
Le grand sabre du temple de Furu Iso no Kami() qu'elle dit désirer,
nous le lui présentons avec respect.
8. Achime. . . Id.
Mitama mi ni. imashishi kami ha. ima zo kimaseru. tamabako mochite.
sarikurushi mitama. tama kaheshi su na ya.
LE CHINKONSAI.
( EXAMEN CRITIQUE.)
(1) L'écriture chinoise passe pour avoir été introduite par des Coréens dans
les premières années du ve siècle de notre ère; cf. N. A., I, p . 262 , et
MAITRE , B .E . F .E .-O . , III, p . 582 et suiv. Le calendrier est mentionné pour
la première fois en 553 ; cf. N .A ., II , p . 68. Toutefois , la calligraphie et la
science des caractères ne commencèrent à se répandre au Yamato que vers
la fin du ve siècle . L'emploi du calendrier ne devint constant qu'à partir du
début du yn siècle.
(2) HAGURNAUER , op. cit., in Bulletin de la Maison franco-japonaise , 1, n° 4 ,
p . 10 .
(3) Près du village actuel d 'Ichikawa iti Ji , à environ 4 kilomètres au
sud-ouest de Shiogama, le petit port où s'embarquent les touristes qui visi
tent les iles de Matsushima. Le fortin fut construit entre 729 et 724 ; cf. Koku
shidaijiten , op. cit., p. 1670. Une stèle élevée sur l'emplacement du fort
donne la date de 724 comme celle de l'achèvement de la construction . La
stèle elle -même date de 762, époque à laquelle le fortin fut remis en
état.
(1) Des documents importants furent rédigés dès le vuº siècle ; les premiers
essais d'histoire sont dus au prince Shotokutaishi m t F (mort en
621) ; cf. N .A ., II, p . 148. Les premiers documents concernantla religion shin
332 AVRIL- JUIN 1930.
701. Il fut suivi quelques années plus tard (712 ) du Kojiki.
En 717, le Yoröritsu * 10 ou Code de Yoron vint com m
het Tsogita Jon , op. cit., p. 365 et suiv . Dans les codes de Taiho (701) et de Yörő
(917-793) , la fête annuelle est toujours appelée Daijõsai. C'est seulement dans l'En
gishiki que Daijõsai désigne la fête des prémices célébrée à l'occasion de l'avènement
d'un empereur.
336 AVRIL -JUIN 1930 .
besoins des disparus , savoir s'ils n'étaient pas irrités , auquel
cas on leur offrait des victuailles ou des danses. Mais la sor
cière était encore une guérisseuse ; elle était capable , d'une
part, d'expulser d'un corps l'âme errante qui s'y était intro
duite et le rendait malade , d'autre part, de ranimer et de rap
peler l'âme kon it , qui, en quittant le corps où elle aurait dû
rester, l'avait affaibli. En agitant l'âme tama furi, la sorcière
assurait le retour des forces et de la santé . Une poésie du Ma
nyoshū(1) * * * (k .xv) apporte la preuve de la popularité de
cette coutume :
Tamashiiwa ushita yube ni tama furedo"aga mune itashi koi no shigeki ni.
Matin , soir, je fais le tamaſuri ; ma poitrine débordante d'amour ne m 'en
fait pas moins mal.
Mais le rite prit peu à peu un caractère officiel. Il fut
exécuté, pour la première fois , en l'an 685 de notre ère(2), à
• HIDAL
338 AVRIL -JUIN 1930. .
tique : 1° une opération consistant à agiter tama furi , 2° une
autre qui consiste à nouer , 3° la récitation d'une formule nu
mérale à valeur magique, 4° un chant, 5° une danse. La
difficulté consiste à expliquer comment une telle cérémonie a
pu se constituer . Voici commentje voudrais la résoudre :
Le premier de tes cinq rites est certainement très ancien. Il
n 'estpas nécessaire de lui attribuer la haute antiquité à laquelle
le fait remonter le Kujiki, où l'épisode de la remise des tré
sors sacrés a pu être introduit à seule fin d'expliquer l'origine
d'un rite pratiqué à l'époque de Heian et d'augmenter le pres
tige du clan qui était censé l'avoir accomplide toute antiquité ,
celuides Mononobe(1). Il n'en reste pas moins vrai qu'il était en
ura
usage à la cour avant la période de Nara et il est possible que
les Mononobe aient été chargés de l'accomplir à cette époque(2).
Le deuxième rite , celui qui consiste à nouer, à attacher
musubu, est pour le moins aussi vieux que le premier . Cinq
sur huit des esprits -protecteurs de la famille impériale portent
le titre de musubi , rendu par la graphie chinoise (ame).
L'emploi d'un tel mot n'a rien d'étonnant si l'on se rappelle
quelle conception les anciens Japonais se faisaient de l'âme.
Pour eux, c'était quelque chose d 'attaché au corps, mais de
(1) Les Mononobe prennent dans le Kujiki , ouvrage apocryphe, une impor
tance que ne leur avaient donnée ni le Kojiki ni le Nihonshoki : d'après ce
livre , l'ancêtre des Mononobe , Umashimaji , à peine mentionné dans les Annales ,
aurait célébré en l'honneur du premier empereur non seulement le rite de la
remise des palladia , mais aussi joué un rôle de premier plan dans la céré
monie d'accession au trône.
(2) L 'accaparement des fonctions rituelles par les Nakatomi à la fin du
vnu siècle , accaparement dénoncé par le Kogoshūi ( cet ouvrage est un réquisi
toire contre les Nakatomi), n 'est peut-être pas étranger à l'absence de ce rite
dans les descriptions données par les recueils de rites de l'époque de Heian :
le Jogan gishiki (cet ouvrage mentionne les trésors célestes , mais n 'indique pas
qu'on s'en soit servi au cours de la cérémonie ) et l'Engishiki. Notre hypothèse
aurait l'avantage d'expliquer pourquoi le Kujiki, dont certaines parties sont
un plaidoyer en faveur des Mononobe, tient tant à donner une origine divine à
ce rite.
LA DANSE RITUELLE DANS LE CHINKONSAI. 339
IV
lieu dès le début du onzième mois lunaire . Il est impossible de savoir si, au
Vuº siècle , elle devançait ou non le Chinkonsai ; elle le suivit en tout cas à
partir du commencement du 11° ; cf. Ryo no Gige , op. cit. , K .S . T .K ., XX ,
p . 70 .
(1) Le T'sin chou , cf. Ishū-nihon-den # * in Shisekis
hūran # , XX, p . 19 , dit expressément : e Ils (les Japonais ) ne
connaissent pas les quatre saisons de l'année correcte , mais comptent les
récoltes d'automne, et c'est ce qui représente (pour eux) le nombre des
années . .
(1) Le solstice d'hiver tõji Ķ avait une importance exceptionnelle pour
les Chinois. A partir de ce moment de l'année, le Yin , principe femelle ,
qui avait atteint son plein développement, était battu par le Yang Ba, prin
cipe måle , qui « revenait, lai fou 7 , renaissait. Cette conception a pu
contribuer à l'élaboration de la cérémonie japonaise du Chinkonsai : l'âme
rappelée étant yang (cf. BAN NOBUTOMO, op. cit., II, p. 634, col. 14
15 , en bas) , il était naturel qu 'on la rappelât au moment où le Yang e reve
paitn.
348 AVRIL -JUIN 1930.
mer. Telle est, je pense , la raison d'être de la danse d 'Ame
no Uzume dans le Chinkonsai célébré chaque année , du cou
cher au lever du soleil, entre le sixième et le vingt-troisième
jour de la onzième lune, c'est-à -dire justement entre le 15 et
le 31 décembre de notre calendrier moderne.
Les rites qui accompagnent la danse d'Ame no Uzume ser
vent à renforcer l'effet de la danse : le chant des coqs appelle
le soleil levant; le soufflet , le feu , sont destinés à lui redonner
chaleur et souffle ( vie ). Lemiroir à l'image du soleil garantit
à l'homme la possession , de l'astre et lui donne un moyen
de le commander. Les sauts, les coups de pied et les coups de
lance de la danseuse sont autant de manifestations de sa vo
lonté de ranimer l'astre du jour. Elle « désire » , comme le dit
le Chinkonka, e l'ame du soleil qui monte ». Le mot employé
pour désigner la mimique de la sorcière ne laisse aucun doute
sur ce point; c'est le même que celui qui sert à qualifier la .
danse de Hosusori, waza -ogi su . Le terme désigne la mimique
particulière du sorcier ou de la sorcière(2), lorsqu'ils rappel
lent les esprits , kami wo maneku 18 ja, le kami du vent par
exemple . Quoi d 'extraordinaire à ce que la sorcière ait fait les
mêmes gestes pour « appeler , le kamisolaire ?
Il est un aspect de la danse dont notre explication n 'a pas
encore tenu compte ; son aspect sexuel et .comique. Quel rap
port concevoir entre l'acte décrit dans le Kojiki : « possédée par
un esprit kamugakari, elle sortit ses seins et abaissa le cordon de
son vêtement jusqu'à son sexen et le rite solsticial dont il vient
d'être question ? Motoori(2) fait remarquer que la sorcière
est sous l'empire de la possession . C'est, dit-ii, parce qu'elle
est possédée qu'elle se livre à des contorsions. Si elle fait des
gestes obscènes, c'est parce qu'elle a perdu tout contrôle
(1) Kasa-wogi su , cf. Harada Krbichi, op . cit., p. 38.
(3) Kojikiden , VIII, vers la fin du commentaire du même passage du Kojiki,
LA DANSE RITUELLE DANS LE CHINKONSAI. 349
d'elle-même. Motoori a raison . Je crois pourtant qu'on doit
attribuer une signification plus profonde aux gestes de la dan
seuse. Commebien des rites , la danse d'Ame no Uzume a un
double aspect : elle contribue, d 'une part à entretenir la vie ,
de l'autre à repousser la maladie et la mort. La pantomime,
obscène à nos yeux , devait avoir une valeur toute différente à
ceux des anciens Japonais : montrer ses seins, exhiber son
sexe, c'était affirmer magiquement la fertilité de la terre ; elle
venait de donner une récolte , réchauffée par les rayons du
soleil ranimé, elle en donnerait encore une l'année sui
vante ). C 'était aussi un moyen puissant de terrifier les dé
mons : Ame no Uzume l'employa pour subjuguer le dieu
Sarudahiko(2) ; pourquoi n'en aurait - elle pas usé
pour écarter les esprits démoniaques du lieu où se fit le
rappel de l'àme? Il reste enfin un point auquel on ne saurait
trop faire attention . Les textes disent que les exhibitions de la
sorcière provoquèrent l'hilarité des dieux. Ne peut-on pas voir
là une violente rupture de tabou , destinée à amener la fin
d'une situation angoissante ? Les dieux rient, alors qu'ils de
vraient être dans l'anxiété. Ameterasu intriguée sort immédia
tement. Le rire a provoqué une détente et mis fin à une situa
tion anormale .
Il reste à expliquer comment une pratique destinée à rani
mer le soleil au moment du solstice d'hiver a pu devenir un
Première communication ,
En vertu de la décision prise le 1er septembre 1928 à la dernière
réunion du XVII° Congrès international des Orientalistes à Oxford , le
XVIII Congrès devra se réunir aux Pays -Bas.
Un comité s'est formé dans la ville universitaire de Leiden pour
organiser la préparation du prochain congrès. Ce comité a décidé pro
visoirement que le XVIII°Congrès se réunira à Leiden (lieu de réunion
du VI° Congrès en 1883) dans la semaine du 7 au 12 septembre 1931.
Le comilé adresse celle première communication aux orientalistes
et aux sociélés orientalistes en les priantde lui accorder leur collabora
tion , pour que le congrès soil assuré d'une réussite complèle. Nous
CCXVI.
INRIsaia JATIGUALE ,
354 AVRIL -JUIN 1930.
espérons qu 'on voudra donner au contenu de la présente communica
tion une publicité anssi grande que possible.
Le comité se propose de faire paraître dans quelques mois une
seconde communication , accompagnée de l'invitation définitive pour le
congrès.
Leiden , avril 1930.
J. H . KRAMERS ,
Secrétaire .
COMPTES RENDUS .
Jaime Oliver Asin . ORIGEN ÁRABE DE REBATO , ARROBDA Y SUS HOMÓNIMOS . Con
tribución al estudio de la historia medieval de la táctica militar y de su
lexico peninsular. – Madrid , tipografia de la Revista de Archivos, 1928;
in -8°, 114 pages.
Publié d'abord dans le tome XV (1928) du Boletín de l'Académie
espagnole , ce travail sur la philologie hispano -arabe, l'histoire militaire
du moyen âge et aussi, comme on le verra plus loin , sur son bistoire
religieuse , a valu à son auteur, qui le présentait comme thèse à la
Faculté de Philosophie et des Lettres de Madrid , le gradede docteur avec
la mention « très honorabler. Les recherches de M . J. 0 . A. ont donné
des résultats des plus intéressants , et parfois inattendus.
Rebato attaque brusquée , surprise , alertes , est un terme propre à
la Péninsule. En portugais, probablement aussi en galicien , il est
COMPTES RENDUS. 365
devenu rebate ; en catalan rebat, en valencien arrebata ,rebata ,arrebato ,
rebato , arrebate, rebate. L'espagnol le connait dès le xiº siècle sous
diverses formes ( arrebata et rebata dans le Cantar de Mio Cid ) ayant des
sens un peu différents. Au début, il désignait les attaques brusquées des
Maures ; aux xviº et xviie siècles, il s'appliquait aussi aux incursions des
pirates barbaresques et turcs;avec le temps, ila fini par signifier mattaque,
surpriser . De Covarrubias à Körting ,diverses étymologies romanes ont
été proposées ; aucune n'est satisfaisante , et c'est dans l'arabe qu'il faut
chercher la véritable origine de rebato . Le mot ribāt ne signifie pas seu
lement relieu où l'on place des troupes» , comme le traduit Dozy; il est
aussi le nom d'action de rābața , verbe à la III forme que l'on peut
rendre par e faire profession dans un établissement destiné à garder les
frontières contre les infidèles n. Au point de vue phonétique, cette éty
mologie ne soulève pas de difficultés.
Etablissement militaire et religieux à la fois , le ribāğ était une for
teresse rappelant plus ou moins , par son architecture , les constructions
byzantines. Les cellules de ses habitants entouraientla cour centrale , la
mosquée ou l'oratoire qui en tenait lieu ; une haute tour permettait de
faire des signaux aux ribāțs voisins, et , si l'établissement était proche de
la côte , un arsenal pour équiper et réparer les embarcations y était
joint. Les Musulmans de toutes classes y aflluaient en vue de la guerre
sainte , partageant leur temps entre les exercices militaires et les pra
tiques ascétiques. En lemps de paix , les ribāts élaienttrès fréquentés;beau
coup de gens pieux y venaient passer le ramaņān ou faire des retraites
religieuses.Au xn°siècle , les progrès du mysticisme en firent de véritables
couvents , auxquels étaient annexés des cimetières et des zāwiyas. Les
guerriers musulmans donnèrent alors le nom de ribāt à leurs attaques
brusquées , dans lesquelles de petits groupes de cavaliers surprenaient
un village ou un camp, y faisaientdu butin et prenaient la fuite (p . 38
29 ). Ils employaient aussi l'expression al-karr wa’l-farr, que les Espa
gnols traduisaient par torna fuye. Leur tactique, fort ancienne, était
familière aux Berbères, d'après le témoignage de Salluste ; en Espagne,
elle dura aussi longtemps que la domination arabe.
Chez les Chrétiens, tocar el rebato signifiait sonner le tocsin pour
appeler aux armes : chaque camp , chaque forteresse avait une cloche,
campana del rebato , à cet effet. Mais les cloches étant insuffisantes , on
construisit partout de hautes tours dites almenaras, sur lesquelles des
feux étaientallumés en cas de danger . Toutle long de la côte valencienne,
aux xvi et avnº siècles , on voyait de ces tours , occupées par des soldats
d'une milice spéciale.
366 AVRIL -JUIN 1930.
Robda ou arrobda se ditd'un groupe de cavaliers surveillant les abords
d'une forteresse ou d'un camp, et vient du pluriel arabe rubț. Ce terme
a des homonymes venant de rutba, qui désignait, dans l'Espagne mu
sulmane, certaines organisations économiques , concernant les douanes
et la perception des impôts. Il existe encors des formes rolda et ronda qui
ont donné le français ronde et l'italien ronda (p. 87-91).
En Espagne, le ribāt a conservé, plus longtemps qu'ailleurs, son
caractère militaire , et M . J. 0. A. croit que les ordres militaires espa
gnols , qui font leur apparition dès le xiº siècle , ont été créés à l'imita
tion des Musulmans; il insiste sur le contraste qu'ils présentent avec les
ordres hospitaliers chrétiens, dont l'introduction en Espagne n'eut lieu
qu'au siècle suivant. Mais l'Espagne chrétienne, en prenant modèle
sur les guerriers musulmans, a adapté leurs institutions à la vie chré
tienne (p . 95-97 ).
Lucien Bouvat.
(1) Il n 'y a aucune raison pour que yathestyä soit un composé. La finale
inusuelle d'instrumental indique bien , ainsi que me le communique obli
geamment M . Caland , que la formule où cette locution apparaît par trois fois
( V , 4 , 5 , 16 et XI, 1 , 3 , 1 ne figurent pas dans l'Index ) doit s'entendre yáthā
is!yā ( yajeta ) , evám yajate. Le sens, de toute manière , est bien clair et l'ob
servation que fait Mº G ., p . 293, sur cette formule , est sans objet.
(2) Par suite du manque de plan , des inconséquences choquantes se pré
sentent : evamvid - est étudié p . 38 et séparé des autres mots en vid -, p . 183;
il est parlé , p. 98 , des formations en vidha- dont il a été déjà question
p. 74 à propos de rūpá -, en sorte que púruşavidha- , par exemple , est
commenté aux deux passages. A la faveur d 'un emouvement circulaire, (sic )
indiqué p. 171, on traite à nouveau ici des composés à dernier terme effacé ,
dont l'étude semblait close p. 126 : étude au cours de laquelle les formes
les plus intéressantes, celles en dhéya- par exemple, ne sont même pas men
tionnées, bien que la recension Kāņva réponde par náma à nămadhéya de
Mädhyand., XIV , 9, 4, 35 , et qu'un Vārttika mentionne expressément cette
équivalence.
COMPTES RENDUS. 377
J'ai une critique plus grave encore à formuler : le travail a été fait
entre Roth , Eggeling et Wackernagel, sans presque aucune utilisation
de renseignements extérieurs (). Ceci est déjà sensible dans l'Index où
les mots sont donnés comme propres au Çatapathabrāhmaṇa quand au
cune référence autre n 'est fournie par les dictionnaires: en 1929, après
tant de textes védiques découverls, mieux connus ou indexés , c'est
quelque peu attristant(º).La bibliographiemoderne n'estpasmieux pour
vue : on ne voit cités ni utilisés les articles sur les composés védiques
de Richter ( I.F ., IX ) et de Reuter (K .2 ., XXXI), les contributions qui
ont été faites à la critique ou à l'exégèse des Br.; les leçons du Çatapa
thabrāhmaṇa apportées par Leumann ( K .Z ., XXXI, surtout p . 45 ) , et
dont certaines intéressent la composition ; on nous parle de nyúna-,
p . 121, sans lenir compte de Caland ( Z.D .M .G ., LXXII, 3 ); de prāņo
daná-, p. 16 , sans mentionner Caland , ibid . (LV, 261); de utsannaya
jñá-, p. 138 , sans faire état de Keith , ibid . (LXVI, 729). Les traduc
tions sont faites sans critique(s).Pāņini, duquel il était urgent de com
parer mioutiensement les données , si précises en ce qui concerne la
composition , avec les faits du Catapathabrāhmaṇa , n'a pour ainsi dire pas
élé cité.
La recension Kāņva n'a pas été examinée : Mme G . s’est privée ainsi
de l'instrument de comparaison linguistique le plus fécond dont on dis
(1) Je puis affirmer que ni le commentaire de Sāyaņa — plein cependant
d 'interprétations personnelles au sujet des composés — , ni, sauf exceptions,
l'apparat critique et les errata de Weber, n 'ont été utilisés. Sans quoi M® G .
eût certainement mentionné la variante rathaváhana - ( V , 4 , 3 , 23 ) , aurait
cité rétorüpa- (VII, 3 , 1 , 36 ), dvedhāvibhaktá - (II, 2 , 2 , 6 ) , ājisút- ( V, 1,
5 , 28 ), aindrávaişņavá- ( V, 5 , 5 , 1 ), et aurait lu yāvachó-yāvachaḥ ( II , 2 ,
3 , 4 ).
(2) L'examen , par exemple , de l'ensemble parallèle KS., XX , 5 = TS., V,
2 , 7 = MS., III, 2 , 6 aurait amené l'auteur à modifier certainement son
point de vue sur la nécessité de la formule rákşāmsi. . . ápahanti lorsqu'il est
question spécialement de la triştúbh ., p. 23.
3) Les erreurs d 'Eggeling , rectifiées par Whitney, tacitement reconnues en
suite par Eggeling, sont reproduites ; ainsi Mme G . continue à traduire kāma
dhárana- par « réalisation des désirsn , alors que d 'après le contexte il s'agit
évidemment de persistance de (ton ) affection (pour moi)n , comme l'indique
Waitney, Am . J. Ph., III, 401. Demême, anyatoghātin- signifie « en frappant
dans une autre directions, cf. Pr. A . O . S ., oct. 1882 , p . CXXXVI; et , plus
significativement encore, pínākāvasa -, traduit par Mme G . qui cache son
arc » , a été interprété de façon convaincante par Wutney :equi a pour (unique )
provision de voyage un bâtonn: cf. Am . J. Ph., III, 409.
378 AVRIL - JUIN 1930.
pose dans tout le domaine de la littérature védique. Or, précisément, la
version Kāņva a dans les composés des aspects propres (procédés d'élar
gissement, etc. ) et répond souvent par un groupe de mots à un compo
sé de la Vulgate.
Si M " G . avait regardé la recension Kāņva, elle se serait abstenu
d'avancer,p . 157, que le termeyāvaddevátyam est inutile (I , 2 , 1 , 22) :
car nous lisons dans Kāņva que cet adverbe est précisé par ekadevátyam
vā dvidevátyam vā ; ainsi se trouve confirmée la valeur propre de yāvat,
laquelle ne recouvre pas celle de yathā , contrairement à ce qu'affirme
M " G . (p. 158 , en haut).
La discussion gauchement menée , p . 47 et suiv., sur ánna - et annu
dya - aurait pu s'éclairer, si l'on avait confronté le texte Kāņva qui répar
lit parfois différemment les deux termes.
Mme G . se demande p. 89, pourquoi le Çatapathabrāhmaṇa a la forme
yaikā nyá au passage qu'elle indique,etnon yathākāmám commeailleurs,
etconclut qu'ron a fabriqué ces composés sans s'occuper autrement du
sens précis de leurs composants ». Il suffit de se reporter à Kāņva pour
voir paraître au lieu de yatkāmyá la locution yusmai kámāya : ce qui
montre que le yat du composé est en corrélation avec le tám qui
précède, etne saurait, par suite , dans ce rôle , céder la place à une forme
en yathā.
P. 141, MmeG . se pose avec sérieux la question de savoir si pūrváhu
tiḥ est ou non un composé , et fait appel , longuement, à l'accentuation
pour montrer que la forme est indécise ; or, justement, c'est l'accentua
tion qui pouvait déjà fournir la solution ; car il est clair, pour quiconque
connait les procédés toniques du Çatapathabrāhmaṇa, que si le mot pré
cédant pūrváhutih est atone; alors qu'il devrait avoir le ton sur la finale ,
c'est que pūrváhuti” est à lire párvā áhutiḥ et n 'est pas un composé. Il
était loisible à MmeG . de se reporter en tout cas à la version Kāņva, la
quelle présente pour les formes discutées p. 141 un aspect d'où ressort
du premier coup d 'ail qu'on n 'a pas affaire à des composés(?).
La partie morphologique du travail a été sacrifiée. Ou il fallait la
laisser de côté complètement, puisqu'aussi bien tout l'essentiel sur la
question a été dit , et de façon magistrale , par M . Wackerpagel ; ou il
fallait , à tout le moins, en donner un résumé correct. C 'est ce qui n 'a
pas été fait. Il n'est pour ainsi dire pas un point qui soit indiqué d'une
manière satisfaisante ; il serait cruel d'insister, mais il est trop clair que
MÉMOIRES ET TRADUCTIONS.
Pages .
Šakwă-l-ġarib ‘ani l 'awțān 'ilà 'ulamā-'l-buldān de Ayn al- Qudāt al
Hamadani (Mohammed ben Abd EL-JALIL ) . . . . . . . . . . .
Les Achéens d'Asie Mineure et les problèmes de l'arrivée achéenne sur
la Méditerranée au Ilº millénaire (Raymond WBILL ).. . .. .. .. .. . .. .
La préhistoire indo-iranienne des castes (Georges Dumézil )..... ..... 109
Natures des sacrifices au pays de Sumer, d 'après les textes sumériens
antérieurs à la dynastie d'Isin (Charles-F . JEAN ) . . . . . . . . . . . . . . . .
Documents araméens du xvie siècle (Marcel Cohen ).... ...... ...... 147
Šakwā-l-ġarib 'ani L'awtān 'ilā ‘ulama-'l-buldān de 'Ayn al-Qudāt al-Ha
madāni ( suite et fin ] (Mohammed ben Abd El-JALIL ). . .. . . . . . .. . 193
La danse rituelle dans la cérémonie du Chinkonsai (M . C . Haguen
AUER ) . . . . . . . . . . . . . . .. 299
SOCIÉTÉ ASIATIQUE .
Procès-verbal de la séance du 8 novembre 1929... .....
Procès-verbal de la séance du 13 décembre 1929 ....
Nouvelles acquisitions de la Bibliothèque...... .....
Procès-verbalde la séance du 10 janvier 1930 ... . .. . 351
Procès-verbal de la séance du 14 février 1930.... ..... 352
COMPTES RENDUS.
Janvier-mars 1930 : C. Boyer , Contribution à l'histoire juridique de la
re dynastie babylonienne ; - Di G . CONTENAU , Manuel d'archéologie
orientale ( Charles-F . JEAN ). – J. Millas 1 VALLICROSA, Notes semi
tiques; - G . Hug et G . Habacui, Pour apprendre l'arabe (Georges
S . COLIN ). - Ram Babu SAKSENA , A history of Urdu literature ; -
Sudhindha Nath BhattaCHARYYA, A history of Mughal North -Eastern
frontier policy ; - Surendra Nath Sen , Military system of the Mara
thas ; - Sarat Chandra Roy, Oraon religion and customs (Jules Bloch ).
- P . Leander , Laut- und Formenlehre des Agyptisch-Aramäischen
(J.- B. FÉVRIER ). -- W . S . URQUHART, The Vedānta and modern
thought (P . MASSON-OURSEL ). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
Avril-juin 1930 : H . L. Rabino di Borgomale , Mazandaran and Astarā
bād ; - Julián RIBERA Y TARRAGÓ , Disertaciones y Opusculos ; - LE
MÊME , La música de la jota aragonesa ; - Emilio García Gómez , Un
texto arabe de la legenda de Alexandro ; - Jaime Oliver Asin , Origen
árabe de rebato , arrobda y sus homónimos; - Miguel Asín Palacios,
Comentarios de Don Garcia de Silva y Figueroa de la embajada que
de parte del rey de España don Felipe III hizo al rey Xa Abas de
Persia (M . Lucien Bouvat). – Kern Institute (Leyden ), Annual
bibliography of indian archaeology for the year 1997 ; - Lieut. col.
Stepuenson , The zoological section of the Nuzhatu -l-qulüb of Hamdul
lah al-Mustawfi al-Qazwīdi; - Biren BONNERJEA , L 'ethnologie du Ben
gale ; – Hans Mžik , Beiträge zu historischen Geographie , Kulturgeo
graphie , Ethnographie und Kartographie vornehmlich des Orients
(M . Gabriel FERRAND ). — H . DE WILLMAN-GRABOWSKA , Les composés
nominaux dans le Catapathabrnhmaña ( M . Renou ). — M . SCHLESINGER ,
Satzlehre der aramäischen Sprache des babylonischen Talmuds; -
J. T. MARSCHALL, Manual of the aramaic language of the palestinian
Talmud FÉVRIER
( M . J.-G . ). . . . . . ...... 355
Le gérant-adjoint : Le gérant :
René GROUSSET. Gabriel FERRAND.
LiRajkIE ORIENTALISTE Paul GEUTHNER , 13, rue Jacob. — PARIS, VI
BUDDHICA
DOCUMENTS ET TRAVAUX POUR L’ÉTUDE DU BOUDDHISME
PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE
JEAN PRZYLUSKI
Sakwa -l-ġarib uni l-'awlan 'ila 'ulama -l- baldan de 'Ayn al- Qurlat al-Hamadani
(Mohammed ben Abd El-JALIL ) [suite et fin ...
La danse rituelle dans la cérémonie du Chinkosai (M .-C. Haguenauer ) . . ... ... . .. .
Société asiatique : Procès-verbal de la séance du 10 janvier 193o. - Procès-verbal de
la séance du 14 février 1930. - XVIII Congrès des orientalistes : Communication.
Comptes rendus.. . 35
H .- L. RABINO di Borgomale , Mazandaran and Astarābād ; - Julián RIBERA Y TARRAG , Diseria
ciones y opusculos; - LE MÊME, La música de la jota aragonesa : - Emilio GARCIA GONE .
Un texto arabe de la legenda de Alexandro ; - Jaime Oliver Asis , Origen árabe de rebato .
arrobda y sus homónimos; - Miguel Asiy PALACIOS , Comentarios de Don Garcia de Silva
y Figueroa de la embajada que de parte del rey de España don Felipe III hizo al rey Xa
Albas de Persia (Lucien BouvAT). - Kera Institute , Leyden , Annual bibliography of indian
archaeology for the year 1927 ; - Lieut.-Col. J. STEPHENSON , The zoological section of the
Nuzhatu -l-qulüb of Hamdullah al-Mustawli al- Qazwini; - Biren BONNEREA , L'ethnologie
du Beogale ; - Hans Mžik , Beiträge zu historischen Geographie , Kulturgeographie , Ethno
graphie und Kartographie vornehmlich des Orients (Gabriel FERRAND). H . de WELLMANN
GRABOWSKA, Les composés nominaux dans le Calapathabrāhmana ( M .RENOO ). M . SCRLESINGER,
Satzlehre der aramäischen Sprache des babylonischen Talmuds; - J.-T . MARSCHALL , Manual
of the aramaic language of the palestinian Talmud (J.-G . Février ).
Nora. Les personnes qui désirent devenir membres de la Société asiatique doivent adressar
leur demande au Secrétaire ou à un membre du conseil.
MM. les Membres de la Société s'adressent, pour l'acquittement de leur cotisation at
nuelle (60 francs par an pour les pays à change déprécié, 120 francs pour les pays à chane
élevé) au Trésorier de la Société Asiatique, Musée Guimet, Place d' lena, 6 , Paris (xvi "). -
pour les réclamations qu'ils auraient à faire , pour les renseignements etchangemenls d'adress ,
au Secrétaire de la Société Asiatique , rue de Seine, 1, Paris (v1°), et pour l'achat des ouvrages
publiés par la Socielé aux prix fixés pour les membres, directement à la librairie PaulGeuthne .
rue Jacob , n° 13 (v1°).
MM. les Membres reçoivent le Journal asiatique directement de la Société.
Pour les abonnements au Journal asiatique, s'adresser à la librairie Paul Gentler
libraire de la Société.
Abonnement annuel: 90 francs pour les pays à change déprécié. - Pays à change élevé
150 francs.
IMPRIMERIE NATIONALE.
JOURNAL ASIATIQUE
TOME CCXVII
JOURNAL ASIATIQUE
RECUEIL TRIMESTRIEL
DE MÉMOIRES ET DE NOTICES
RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES
PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
TOME CCXVII
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
MDCCCCXX X
JOURNAL ASIATIQUE
RECUEIL TRIMESTRIEL
DE MÉMOIRES ET DE NOTICES
RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES
PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
TOME CCXVII
Nº 1. - JUILLET-SEPTEMBRE 1930
10 Séance Vacances.
générale 14 12
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la Société , rue de Seine , nº 1, est ouverte le vendredi ,
de 9 heures à 4 heures, et le samedi, de 2 heures à 6 heures.
PARIS
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
ء, ا ب, ت, نت, ج, ح, اخ, د, د, ر, ز, س, س,
يم ض4, ط, ظ, ع, غ, في, اق, كk, ال, مm , ن, sh,
ی ره وy, ة: état absolu a , etat construit al.
| Voyelles et diphtongues : بba; بbi, be; بbu , bo ; باba ; بيbi,
be; وba , b6 ; بیbag : بوbam .
JOURNAL ASIATIQUE.
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
LA
H . DE GENOUILLAC
LE SANCTUAIRE DE GAL-ALIM .
G H VA
SANCTUAIRE DE Baou .
TUTTI
lyter /
TV bis
1x
v ter
V bis
Tr.V
VIDIS VII
ta '
In
1
VINI
VIT
VIT
Ler,
bis,
TEMPLE DE NINA.
M . V . MINORSKY.
LE NOM DE DVIN .
(1) Cf. grad , gorod evillen , Bootkov, Materiali po nov. istorii Kavkaza ,
Saint-Pétersbourg , 1869, II, 85. Dorn, Kaspü , 1875 ( éd .russe ), p. 26-27 ,
donne en plus les formes Gradovind , Gerey-dügün.
(2) () yužnom berege Kasp. mor'a , Saint-Pétersbourg , 1863, p. 47.
(3) Rabino , Māzandarān and Astarābād , 1928, p . 128 , écrit jagu Dj (?!)
en turk mle Duvin Noir ,
(4) Mon article Tugha-Tīmūr dans l'Enc. de l'Islam .
TRANSCAUCASICA. 45
(1) Voir les noms Taškend , Samarķand , et les nombreux noms à base de
-kal dans le bassin du Sir-Daryā , BARTHOLD , Turkestan , éd . angl. , 1928 ,
p. 161, 166 , 174. Le mot kand est inconnu en Perse dans les régions pure
ment persanes.
(2) HÜBSCHMANN , Die altarm . Ortsnamen , p. 207, 279.
(3) Dans son important travail Arménie à l'époque de Justinien ( en russe),
Saint-Pétersbourg , 1908 [ x1v-526 pages ], M . Adontz , p . 222 , à titre d'éty
mologie locale e pré-aršakiden , a proposé *dava , géorgien daba evillagen , avec
comme illustration le nom de la ville Dabana en Petite Arménie. Toutefois
dans Pauly -Wissowa?, iv , p . 1906 , Fraenkel explique le nom de Dabana
( Davana), château fort en Osrhoène; Amm . Marc., XXIII, 37, comme araméen
Dahewānā dorén . Un autre fort Adbava est mentionné dans PROCOPE, De
aedif., 0 , 4 , entre Dara et Amida; voir ibid .
5 .
52 JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
tence d'une colline portantle nom de Dvin . Moïse de Khorène
aussi parle d 'un blur réel et concret. L'interprélation de Blur
comme d'un nom propre, si jamais elle a existé , est certaine
ment d'une époque tardive lorsque fut oubliée l'étymologie
aršakide de Dvin .
(1) Cf. Yāķūt, II, 548, et les dictionnaires arabes , tels que le Taj al
'arūs.
(2) A la rigueur on pourrait égalementadmettre que ce b soit dû au milieu
kurde. La présence des Kurdes dans la région voisine de Dvin est un fait
historique. Moïse de Khorène , 1, ch . 30 , dit qu 'Artavazd , fils d 'Artašes, étant
allé parmi les Mars (Mar < Măd ceMède [ = Kurde]») bâtit Marakert sar la
prairie de Šarur ( immédiatement au sud de Dvin ). Habīb b. Maslama vers
32 /643-644 étant arrivé à Artašat (blwy ) cepassa la rivière des Kurdes (
ISVI) et descendit sur la plaine de Dabiln . Cette rivière peut correspondre
seulement à Azat, où Garni-čai de nos jours, qui coule immédiatement à l'ouest
de Dvin , cf. Balādurī, p. 200 , Tabarī , I, 2674. Au xie siècle le prince Abu
suvar, de la dynastie kurde šaddādide, était le maître de Tibion (Dvin ),
cf. Muralt, op . laud. Le grand Saladin était de par son origine un Ķurde de
Dvin ; voir Ibn Hallikān , trad . de Slane, IV , 48 , qui précise le lieu de sa nais.
sance à Ajdanaķān , cf. sur ce nom Moïse de Khorène , I , ch. 30. Encore de
nos jours un des villages surgis sur l'emplacement de Dvin s'appelle « Dvin
Kurdäkänd [ < Kurd -känd )» . Or en kurde , comme en persan , 6 correspond à
v initial plus ancien conservé dans les autres parlers iraniens. On pourrait
imaginer une étymologie populaire kurde où l'élément du- serait interprété
comme« deux» : *du -vin . Alors le v de -vin , passé à l'initiale , aurait pu abou
tir à *bin ,
TRANSCAUCASICA . 57
(1) D 'après Thomas Artsruni, Ishaḥ , voulantse rendre à Zirak (arm . Žirak) ,
sortit par la porte menant à Šamšłte (Samšvilde). Ceci confirme indirectement
le fait que Zirāk opérait du côté sud-est de la ville.
)3( باب المسكne peut se rapporter a aucune des portes enumerdees plus
haut. Hasak désigne un cheval de frise hérissé de clous [ cf. pers. hašak
a piquant» ], c'est-à-dire un appareil dont se servaient les assiégeants pour
embarrasser les sorties de l'ennemi et les tentatives de fuite des attaquants.
Isḥaķ paraît avoir été conduit vers le passage laissé entre les ḥasak.
(3) Les deux nomssont turks: buġa etaureaun, kamiš - roseaur.
(4) MARQUART, Streifzüge, p . 302 , avait donné la promesse de démontrer
dans son Ethnologie historique du Daġestān que le «Maître du trônen (valo
l) élait le roi des Avars du Dagestān. Marquart disparut le 4 fé
vrier 1930 avant que ce travail vît le jour. Sur la femme d 'Isḥaķ voir les
détails dans Thomas Artsruni, III, S 10 et 15 , tr. Brosset, p. 143, 168.
(5) Ce dernier nom arménien fait penser au canton Gardman ( à l'ouest de
Ganja ) plutôt qu'à la forteresse située au confluent du Kour et de Ktsia que
les Géorgiens devaient appeler Gardaban et que Marquart, Handes Amsorya ,
1927, col. 843, identifie à ulovis yläelä mentionné dans Iştahrī ,
p . 193 , etc.
TRANSCAUCASICA. 63
(1) Pour les Arabes pouvaient également entrer en ligne de compte les
noms comme Arbil (plus tard Arbil, actuellement en kurde Haolēr) de sémit.
arba ilu e les quatre dieux» , et Sandābil Uleiw , capitale de la Chine d'après
Mis ar b.Muhalhil, cf.Marquart, Osteurop. Streifzüge, p. 89 (= la capitale
des Ouigours orientaux Kan-cóu ) , cf. la critique de Barthold sub Sandabil
dans l'Encyclopédie de l'Islam . On ne sait rien sur l'origine du nom Gergebil
au Dagestan (sur le Ķoy-su des ķazi-ķumuh). Kozubski, dans son Memento de
la province de Dagestan ( en russe ), Temir-han-šura, 1895 , cite une variante
du nom Gergebil : Hergeb (Xepreó ). La bourgade est habitée de montagnards
Avar. Quant au village Zarzebil au sud-est du lac Gökča , je pense qu'il doit
son origine au nom de la source paradisiaque Salsabil dans le Ķor'ān ,
LXXVI, 18 .
(2) La carte anglaise 1 : 253.440 donne égalementdans l'Azarbaijan : Kor
tebil (environ 15 kilomètres à l'est de Marāga) et Airandibil ( entre Julſã et
Marand), auxquels correspondent Kortevül et Eirandibi des cartes russes. La
carte de Khanykov (1862 ) a aussi Airandibi. Eiran -dibi, en turk mle fond du
petit lait (ayran ), couvre certainement un nom plus ancien. Le village appar
tient au petit ilot linguistique de Härzän où un dialecte iranien ( tāti ) est
parlé , voir mon article Tāt dans l'Encyclopédie de l'Islam . La première partie
du nom parait donc représenter le nom * Erān , dans une forme appartenant à
une époque, ou à un dialecte , où la distinction de é et de i n 'était pas encore
perdue. Le deuxième élément serait provisoirement à rapprocher de dabil
( voir Dvin ). Comme toutefois ni Kortevül, ni Eirandibi ne se trouvent dans
les géographes anciens , leur vérification d'après les listes cadastrales est tout
d'abord désirable. [ Note de correction . – On trouve aussi : Larandabil , au
sud d 'Astarā , sur la mer Caspienne; Andabil, près de Sofiyan , au nord
de Tabrīz , et la montagne de Haravīl (turquisée en Ara’ul), à l'ouest de
TRANSCAUCASICA. 65
tions sacrées n .
Or l'écrivain arménien Grigor Magistros (mort en 1058 )
parle d 'un e cèdre Sabalaon avec les branches duquel trois
villes furent construites , etc .(2). D 'autre part le voyageur arabe
du xı° siècle , Abū-Hamid al-Garnați, parmi les autres mer
veilles se rapportant au Savalān , mentionne à son pied ( s
Ju jenis ) ede grands arbres » (ou e beaucoup d'arbres» )
entre lesquels (bio ) pousse une plante qui met en fuite tous
les êtres vivants et occasionne la mort de ceux qui en mange
raient. Ces détails fabuleux qui ne sont que les échos d'an
ciennes traditions(3) abondent dans le sens de l'hypothèse de
(1) Il convient de rappeler que les Conversations sacréesn , d'après le com
mentaire zoroastrien , Darmesteter, II , 291, se rapportent aux entretiens
d 'Ahura Mazda avec Zarathustra, et non pas à l'épisode d ’Airyaman ! Ainsi
donc cette identification se trouve en harmonie avec la tradition dont font
écho les sources musulmanes (voir Stackelberg ).
(3) G . CHALATHEANTZ , Fragmente iran. Sagen bei Grigor Magistros , W .Z .K .M .,
X , 1886 , p. 220 : Die Ceder Sabalan , aus deren Aesten nach der Erzäh
lungen der Parther drei Städte gebaut sind , und aus deren Wurzel und
Stamm , welche versteinert waren , Spandiar sich ein Denkmal errichteten.
(2) Ce récit d'Abū Hamid (dont le Tuhfat al-albāb a été publié par M . Fer
RAND, J . As., 1925 , CCVII) est conservé dans les deux versions légèrement
différentes que cite Zakariyā ķazwini dans ses Ātār al-bılād , p. 189 , et‘Ajā'ib
al-mahluķāt, p . 163. A travers le ton merveilleux du récit d 'Abū Hamid on
reconnaît clairement les détails réels. Les sources chaudes autour du Savalan
sont celles du village Nir ; sur la source gelée au sommet de la montagne
voir le plan du Savalān avec un petit lac nourri par un minuscule ruisseau ,
dans KHANYKOV, Bull. phys.-math . de l'Académie de Saint-Pétersbourg , 1858 ,
p. 337 –352. Abū Hamid raconte que sur le Savalān se trouve le tombeau
de equelque prophèten . Or dans le cratère on voit un tombeau à l'est du lac,
ibid . L 'histoire sur la construction miraculeuse d 'une mosquée sur le flanc
du mont peut avoir pour source l'existence d'une mosquée à l'altitude de
19.289 pieds anglais.
72 JUILLET - SEPTEMBRE 1930.
Jackson . Du même coup il devient moins risqué de chercher la
réminiscence des rameaux (važtay) d’Airyaman dans le nom nom
(1) N. Y .Marr , Sur l'histoire des migrations des peuples japhétiques du sud
au nord du Caucase ( en russe ) , Izvestiya Akad. Nauk , X /12, 1916 , p. 1379
1408 , rapproche les Ts'anars de la peuplade T'uš apparentée aux Cečens
(peuple du bassin du Terek ).
(9) J'estimequedeLUI de Mas'udī, Tanbih , 184 , n 'a aucun rapport à
Jhs. Comme l'a montré MARQUART, Streifzüge, p. 479 , ce nom 'mentionné à
côté de ses (Kašak Cerkes ” , cf. russe Kacor) en doit être une simple
répétition .
(3) Je garde les verstes (chacune = 1066 m . 78 ) pour faciliter les recher
ches sur les cartes russes. Pour celte partie de la Transcaucasie i farsakh ,
d 'après Iştahrī , égalerait 3,8 verstes, et d 'après Ibn Hauķal 4 ,52 verstes.
(6) L'identification de Kisal à K 'ran (sur la rivière du même nom à l'ouest
de Mtsheta ) que Marquart fait en passant, Handes Amsorya , 1927, col. 944
et 856 , est certainement basée sur un malentendu .
JUILLET- SEPTEMBRE 1930.
Kazah est situé au point où la vallée d 'Aķstafa débouche dans
la plaine du Kour. On verra plus loin l'importance que la val
lée d 'Akstafa a joué pour les communications avec les régions
méridionales (le bassin de l’Araxe ). Les chefs arabes qui forti
fièrent Kasāl voulaient contrôler la route Tiflis-Barda'a tout en
restant sur la ligne de communications avec Dvin et Našāva
(Nahičevan ), cf. plus haut Yaʻkūbi, II, 563.
(1) 964 A. H . ? La date n 'est pas sûre, voir mon article Tiflis dans l'Ency
clopédie de l’Islām . Selon le 'Ālam -ārā d ’Iskandar-munši , I , 44 , la dernière
expédition de Tahmäsp eut lieu en 961/1553. Vahust lui assigne la date
1558. La source principale du règne de Tahmāsp , Aḥsan al-tavärih (Bibl.
nat., supp. persan , 228), entre les années 961 et 970 , n'a rien sur ķazah ,
mais parle de nombreuses expéditions contre la Géorgie de Sāh -verdi-sultān
Ziyād -oğlu de Ganja . On trouve les mentions de Kazah dans Brosset, op .laud.,
II/1 , p . 118 et 348 , et 1I/2 , p. 118 et 253.
: (9) Šamšadilo > Sämsäddīnlü est la localité au sud du Kour entre les ri
vières Aķstafa et Dzegam .
TRANSCAUCASICA.
introduite et installée dans la région de Kazah (1) considérable
ment avant le xviº siècle .
Toutefois la valeur du terme Kazak/Kazah dans le cas pré
sent ne s'explique pas sans difficulté.
Güldenstädt et Klaproth avaient mentionné le district de
Kazah. D'autre part, Klaproth , Reise, II, 175 , dit que sous le
roi Giorgi JI (1072-1089 ) de nombreuses ehordes tatares ,
étant arrivées de Perse en Géorgie , s'établirent sur les affluents
gauches du Rour (Alazan et lor ). Saint-Martin combina ces
deux séries de faits avec les données de l'historien arménien
Étienne Orbelian (xiiiº siècle ) pour en tirer la conclusion que
les e Khazak » (Hazak ) au commencement du xiº siècle passèrent
l'Oxus avec les Guzz et entrèrent en Perse sous les ordres des
princes seljukides. « Comme des Kirghiz portent aussi ce nom ,
ces Khazaks ne sont peut-être qu'une division de ce peuple
puissant répandu dès longtemps depuis les bords de la mer
Caspienne (sic !) jusqu'aux frontières de la Chine. C'est la
(1) Les frontières du canton ķazaḥ ont plusieurs fois subi des changements.
Son territoire de fond parait comprendre la rive gauche de l'Aķstafa ainsi
que le bassin de Inja ( = ancien Kobop 'or de la géographie arménienne; le
village Ķulp < Kolb y existe toujours). Cf. KLAPROTU , Reise in d . Kaukasus
in 1807- 1808 , Halle , 1814 , II , 51; Brosset, op . laud., II/2 , p. 118 , et la
carte historique des divisions administratives au Caucase publiée à Tiflis en
1915 . Toutefois le ķazah devait empiéter vers l'est sur le canton voisin de
Šamšadilo , cf. Güldenstadt, Reisen durch Russland , Saint-Pétersbourg , 1787,
1, 361- 362 (données très détaillées et exactes) et EichwALD, Alte Geogr . des
Kasp. Meeres, Berlin , 1838 (où ķazah occupe l'espace entre le « Pont Rougen
et l'Aķstafa , ainsi qu'une bande plus étroite le long de la rive droite de l'Aķ
stafa ) ; d'après la délimitation nationale terminée vers 1925 , seulement le
' cours inférieur de l’Aķstafa fait partie du nouveau canton ķazah appartenant
à la république de l'Azarbaijān , tandis que tout le cours supérieur de cette
rivière est incorporé dans la république soviétique de l'Arménie . Le chef-lieu
portant le nom de Ķazah se trouve sur la rive droite du cours inférieur de
l'Aķstafa. On doit toutefois envisager la possibilité du déplacement du centre
à l'époque où l'apparition des Turks avait modifié la composition ethnique
du canton. En localisant Kasāl à ķazah on ne peut pas , sans des recherches
archéologiques préalables, étre sûr de l'emplacement exact de la ville arabe.
78 JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
première fois [c'est-à-dire dans Orbelian ) qu'il est question
des Khazak dans l'Occident. Ils [ sic ! ) vinrent peu après s'éta
blir en Géorgie avec d'autres tribus latares sous le règne de
Georges II . . . Leurs descendants y habitent encore. . . Ils ont
donné leur nom à un district . . . entre Ktsia et Indja . . . Ils y
habitentmêlés avec des Arméniens(1). ,
Cette mise au point soulève des doutes considérables :
a. Saint-Martin force quelque peu le texte de Klaproth .
Du reste Klaproth lui-même ne pouvait se baser que sur la
Chronique géorgienne, dont voici la citation exacte d'après
Brosset, II/1, p. 348.Voyant la Géorgie dévastée par les Turks,
Giorgi II se rendit à Isfāhān auprès du seljukide Malik -šāh qui
caffranchit son royaume de toute incursion et le renvoya avec
une grande escorte de troupes n . Rentré chez lui, Giorgi e fit
présent aux Turks qui étaient avec lui de Sujet', de toute la
contrée de Kuhet', au bord de l'Ior » . . .
Sous le règne de David II (1084 -1125 ), successeur de
Giorgi II, la Chronique , ibid ., p. 352, parle encore des hiver
nages des Turks e à Av-č'ala , à Dijom , au delà du Kour et sur
les rives de l'Ior , où ils s'établissaient» . Tous ces endroits se
trouvent au nord du Kour et le texte ne contient aucune pré
cision sur la localité autour de Kazah.
b . On saitmaintenant que la confusion des Ķazak (2) (grou
pement d'Özbeks formé au xvi° siècle ) avec le peuple Kirgiz
pe
de la rivière de Samkor.
Ainsi donc les arguments cités en faveur de la pénétration
du nom Kazak en Transcaucasie vers le xiº siècle doivent être
écartés. En effet, les grands historiens de l'époque seljukide
et mongole ne contiennent pas de mention des Kazaks(").
La seule exception est le nom personnel Gazagli, qu'à l'époque
seljukide plusieurs amirs ontporté dans l'Ouest(2).
Les mentions connues des Kazaks(3) commencent vers la
moitié du xivº siècle et il paraît que ce nom est employécomme
terme générique, en turc re brigand , révolté , aventurier » ,
Radloff, II, 364. Mais, même dans cette acception , le terme
ne se propage qu'à partir du 1x°/xv° siècle. Seulement, vers la
donnerait le sens suffisant de resoldat menant la guerre sainten . Le nombre
de 905 auxiliaires d 'Abū Dulaf est suspect à côté d'autres expéditions de la
même époque, auxquelles auraient pris part 100.000 hommes (Ⓡ), Asolk,
III , chap . XVIII.
(1) Bundari, Rawandi (Rāhat al-sudūr), Ibn al-Atir, Nasawi ( Sirat Jalal ab
din ), Juwaini, Rašid al-dīn.
(9) Un chefGuzz Manşūr b. Gazağlī passa l'hiver de 430 près de Jatira
(ibn al-'Omar), Ibn al-Atīr, IX , 269, 270, 272-275. Sous 496 est nommé
al-amīr Gazagli, chef de l'armée du sultān Muḥammad (à qui appartenait
Ganja et l'Arrān !), ibid., X , 248. En 513, lors de la guerre entre Sulţăn
Sanjar et Sultān Maḥmūd , l'atābek de ce dernier s'appelait Gazaġli. Sous la
même année l'amir Gazagli, chef des Turks Ismā'īliya , est mentionné dans la
région deBaşra , ibid ., X , 387 et 393. Sous 579 on trouve un général
Gazagli au service du calife , ibid . , XI, 292. Les Arabes rendent souvent le ķ
turk par ģ , cf. Țabarī, III , 1116 , Gāmiš = Ķamiš ( roseaun.
(3) Voir les citations recueillies par Quatremère dans l'édition de Rašīd al
din , p . 406. Elles se rapportent à l'Asie centrale. Les plus anciennes sont
celles de la soi-disant autobiographie de Timur (sous l'année 757/1356 ) et
du Matla ' al-sa'dain de 'Abd al-Razzāķ Samarķandī.
TRANSCAUCASICA. 83
moitié du xv° siècle, une partie des Özbeks forma le groupe
ment politique spécial qui fut désigné par le nom Kazaķ. Tel
est le point de vue établi actuellement(1), mais il est curieux
que sous 796/1393 , l'historien officiel de Tīmūr(2) faitmention
d 'une région des Cotur-kazak au Daġistān , c'est-à -dire à proxi
mité de la Transcaucasie. Gotur veutdire en turk reayant le nez
petit ou large » , Radloff, III, 2025 . Par conséquent, le terme
doit probablement avoir un caractère ethnique et se rapporter
à une peuplade non-caucasienne.
Toujours est-il que nous ne disposons pas de données his
toriques précises sur la pénétration en Transcaucasie des kazak,
quelle que soit l'acception de ce terme. Il paraît plausible
que les noms à base de kazak qu'on trouve dans la toponymie
locale (3) aient des origines multiples. Certains d 'entre eux
peuvent être dérivés du nom personnel Gazağlī, d 'autres de
celui de la bourgade Kazah , sans qu'on oublie les mystérieux
Cotur-kazaķs.Mais tant qu'on n 'a pas une explication certaine
de toute la série de ces noms, on a le droit de tenter une expli
cation du nom Kazah en partant de données purement locales .
Celle forme ne couvrirait-elle pas un nom plus ancien ?
$ 3. L'affluent gauche de l'Araxe qui s'appelle actuellement
Abaran , portait autrefois en arménien le nom de K ‘asa !.
D 'après Moïse de Khorène, III, chap . xvi, le roi Tigran (le
Moyen ) établit les captifs juifs à Armavir et dans la bourgade .
de Vardgēs ce qui est sur la rivière Kasal» . Ensuite , ibid ., III,
chap. liv, le roi Vaļaršak entoura la bourgade de Vardgēs
(1) Voir Barthold, ķazak ,dans l'Enc. de l’Islām .
(2) Zafar -nāma , I, 772 : ülesjy wysy .
(3) Au nord de la bourgade Ķazah, dans la direction du Kour, il existe
deux ķazah-begli et un ķazagli; à 12 verstes au nord-est de Ganja : Ķirmizi
ķazahlar et ķazablar -yägärči; deux autres Ķazahlar se trouvent l'un près de
Kedabek (anc. arm . Getabakk') .au sud de Ganja , et l'autre au nord de
Terter.
JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
d 'un mur et l'appela Vaļaršapat. A ce propos Moise cite un
fragment du chantépique consacré à l'ancien héros :
Le jeune Vardgēs se sépara et alla
Du canton des Tuh [?] vers la rivière K 'asal.
Il vint (et) s'établit sur la colline Sreš,
Près de la ville Artimed , près de la rivière K 'asal ( ).
D 'après la Géographie de Vardan K ‘arsah ( sic !) est l'eau
de Karbi» . Le site de Vaļaršapat , dont on voit les ruines aux
environs d'Ečmiadzin , sur la rive gauche d'Abaran (2), ne laisse
pas de doute sur l'identité de K ‘asa ! = Abaran (3). Il est certes
impossible de rapprocher ce K‘asaļ arménien du Kasāl arabe(4),
Toutefois, les sources d ’Abaran qui coule vers le Sud touchent
de très près(5)aux sources de la rivière Akstafa qui se dirige
so
(1) Brosset, op . laud., 1/1, p. 366 . Cf. Ibn al-Atīr, XI, 213 , sous l'année
561.
(2) Les sources musulmanes inédites corroborent le passage de la Chronique
jusqu'ici obscur. Amír Mīrān 'Omar était le quatrième fils de Pahlawān , né de
l'aventureuse Inanj-hātün , épouse en secondes noces de Ķizil-Arslan , frère de
Pahlawān , et en troisièmes noces du Sultan Tugril II ; cf. HOUTSMA , Some
remarks on the history of the Saljuks, Acta Orientalia , III, p. 143.
(3) Brosset, 1/1, p. 447, note , ne fait que résụmer en quelques lignes le
passage intercalé dans un seul manuscrit où il occupe quatre pages. Ce pas
sage conclut l'histoire des luttes entre l'atābek de l'Azarbaijān Abū-bakr b .
Pahlavān b. Ildegiz (Eldiguz) et son frère cadet Amīr Mīrān (Amir Mirman ).
Ce dernier grâce au secours de la reine T'amar, avait réoccupé Ganja (9) et
Šankor ( arabe Šamkūr) mais Abū-bakr lui aurait fait donner le poison , Amir
Mirān , encore vivant, se réfugia sur la montagne Kpi(?), près de Ganja.
TRANSCAUCASICA. 89
IV . LA FORTERESSE ALINJAK
ET LA VALLÉE DE « HAMŠĀ ”.
S 1. Les campagnes de Tīmūr en Géorgie.
S 2 . La forteresse Alinjak .
$ 3. Son siège par Tīmūr et son débloquement par les Géorgiens.
$ 4 . Retour de Tīmūr et l'expédition contre Hamšā .
S 5 . Détails de l'expédition contre Hamšā .
$ 6. Hamšā = Eliseni, Hamša/Himšia ?
$ 1. Les nombreuses campagnes de Timūr en Géorgie méri
teraientune étude spéciale . Leur source principale est le Zafar
nāma de Saraf ad -Din ‘Ali Yazdi, dont la Chronique géorgienne
elle-même dépend directement dans l'exposé de l'époque timū
ride. Déjà Brosset l'a bien vu : « Si l'on compare le texte de
Chéref-ed-Din avec celui de l'auteur géorgien , on voit que
celui-ci suit l'autre pied à pied , et dans l'ordre des faits , et
dans la manière de les exposer , (1).
Les détails suivants peuventservir d'appui à celle thèse et donner une
idée des malentendus résultant de laméthoile trop serviledu compilateur
de cette partie de la Chronique.
a. La Chronique transforme le nom Joſis en Manglis sans se soucier
du contresens (voir plus bas : Min- göl).
b. La Chronique, Brosset , 1/1, p . 666 , reproduit le récit du Zafar
nāma, II, 242, sur l'expédition contre Jānī-beg , qu'elle se borne à
appeler vaguement « un mtavar de très haut rang n . Plus tard seulement
Vahušt a tenté de rapprocher ce nom de Jandieri.
c. La Chronique, 1/ 1, p. 670 , donne la liste complète des généraux
que Tīmūr avait envoyés contre Alinjak , d'après le Zafar-nāma, II ,
354.
l'Islām . Déjà vers la fin de 796 /1393-1394 , Sīdi'Alī , ayant eu peur d'une
expédition de Tīmūr qui traversait ses possessions, s'enfuit de Säkki, après
quoi sa résidence fut brûlée et ravagée, ibid., I, 731-732. . ,
(1) Beunsch , Rerum seculo XV in Mesopotamia gestarum , etc., 1838 , p. 6 ,
sous les événements de 1712 A . G . ( = 1400 ). . ,
(2) Ibn 'Arab-šāh , 1, 284 : le clis lo. ,
(3) La femme de Mirān-šāh était aussi arrivée à Samarķand dénonçant les
intentions de révolte (milles nul) de son mari , Zafarnāma, II, 206.
Saraf ad-Din , ibid ., II, 213, parle ouvertement des « crimesn de Mīrān-šāh.
Voir le tableau de la situation que trace Barthold dans Uluğ-bek et son temps
( en russe ) , Zapiski Ross. Akad . Nauk, 1918 , vol. XIII , n . 5 , p . 30. . .
CCXVII.
tenmms NATIONALE.
98 JUILL -S 1 .
ET EPTEMBRE 930
Ici Tīmūr s'occupa de la liquidation finale de l'épisode
d 'Alinjak
Gråce à l'intervention de Šeih Ibrāhīm de Šīrvān , Sidi
Ahmad , fils de Sidi ‘Ali, trouva auprès de Tīmūr un accueil
bienveillant et obtint la confirmation de ses droits héréditaires :
les malheurs qui avaient frappé le Säkki ne laissant plus de
place à la rancune.
Mais ensuite l'ordre fut donné de choisir sur chaque dizaine
de soldats trois hommes et de les munir de provisions pour
dix jours. Après quoi, accompagné de tous les princes royaux,
ainsi que de Šeih Ibrāhīm et de Sidi Ahmad, Tīmūr marcha
vers le nord . Un pont de bateaux fut construit sur le Kour et ,
après le passage de ce fleuve, l'expédition se dirigea par Säkki
vers la « vallée de Hamšā » (1).
Cette localité était peuplée d’infidèles (uby.s ) et couverte
d 'une forêt épaisse (cimitix ), à travers laquelle même le
vent ne pouvait passer. Pendant dix jours l'armée de Timūr
travailla avec des cognées , des haches et des scies pour frayer
un chemin qui permit à cinq ou six hommes d'avancer de
front(2). En même temps la neigetomba sans interruption pen
dant vingt jours. Tous les infidèles qu'on avait rencontrés
furent passés par les armes. Leur chef Hamšā (3) se sauva en
abandonnant sa maison . L 'armée de Timūr le poursuivit
jusqu'à la vallée de Ak-su (amist odgo ) et s'empara d'une grande
quantité de bétail et de biens. Hamšā , e tel un chacal » , se
cacha dans la forêt, tandis que les envahisseurs brûlaient les
maisons et les villages.
(1) lag peut se lire également Humšā , Himšā , etc. On trouve la même
forme du nom dans le Habib as-siyar, édit. de Bombay, vol. III, partie 3 ,
p. 52.
(9) Ibid . , II, 224
V Ä . Mon savant ami Mohammad khan ķaz
vīni a partagé mon opinion sur la nécessité de traduire ķošun par «homme,
troupiern .
(3) Ibid., II, 224 : se sjej uſ yhw .....lig .
TRANSCAUCASICA. 99
(1) Par conséquent, toutes les autres objections à part, on ne saurait rappro
cher « Hamšān de Hašmi, village sur le lor.
(2) li parle de l'expédition comme d'un simple ġāzū dicté par la religion .
TRANSCAUCASICA. 101
(1) Cette graphie peut être contaminée par le nom de la localité Jetis ,
que Ibn Isfandiyār nomme au Māzandarān , trad . E . G . Browne, p . 255. Ni
l'époque, ni la région ne permettent de voir dans ce *Mankūl(?) un nom
turk .
(2) Handes Amsorya, 1927, nº 11, col. 825-866 , et comme tirage à part.
112 JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
domine toute la localité ( altitude 8 .386 pieds, soit 2 .642 mè
tres), s'élève sur la rive gauche de Debeda , en face du célèbre
monastère de Sanabin. Sur le versant sud -est du Lalvar se
trouvent les mines de cuivre d’Allaverdi. En toute probabilité ,
Allaverdi(*Allāh-verdi, en turk « Dieu a donnén) n'est qu'une
étymologie populaire et tardive de Lalvar.
C'estici qu'il faut chercher l'ancien Lalla/Lāl. L'importance
économique etmilitaire de cet endroit est évidente. La vallée de
Debeda , rétrécie par le Calvar, fait un coude, et ce passage a
bien pu valoir au déblé le nom arabe de « porte de Lālo (1).
HYRCATE
MER
t-Türäng
äpä ASTAVENE
CASPIENNE
SudkaL-.äluvrshäini Säng
d- uvin
Kāfir
d- uvin Kūčano
Gir ă
uvin
d-Ast U() stuvā
MAZANDARAN pad rz
soooolbou
ткАР
o
es
uy
hed
pņ
Mec
Cart
nº
.1 e
lo Soghd abil
(Sagodebeli)
Kulp
OGa
KARA - BAGH
Mont- Araca
Nahidevan
Carte nº 9 .
TsahurSam
ur
Chain
e
a
u
c
- a se
Zakat-Sali liseni
Kaḥof Säkki
qürnik & Nuha
ah)
г
To
ra •е »
г
к
о и к
Carte n" 3.
QUELQUES
PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES,
PAR
M . FRANÇOIS NAU.
(1) Timothée fait allusion aux difficultés rencontrées lors de son élection :
il avait promis de l'argent à ses électeurs et ne le leur avait pas donné. Il
avait donc dû lutter durant quelques années contre un anti-patriarche.
(2) Timothée nomme donc le second fils Haroun avant le premier, Hadi.
La traduction , p. 81, a rétabli l'ordre e Musa (Hadi) et Harounn , mais elle
n 'est pas conforme au texte.
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES. 117
lorsque Haroun , satisfait des services que Timothée luiavait
rendus en traduisant Aristote du syriaque en arabe, lui don
nait des frais de voyage , des présents royaux et lui permettait
de se servir des animaux (de la poste) qui appartenaient à
l'État (1).
(1) Voir les lettres éditées et traduites par Henri Pognon dans La version
syriaque des Aphorismes d'Hippocrate , 1, p . xvii, 1 . Timothée n 'avait pas
d 'ailleurs toute confiance en Haroun , car il ajoutait : « Prie pour que notre
voyage ait lieu pour le bien plutôt qu'au détriment de tout le monde.,
(9) Cf. De Timotheo 1, Paris , 1904 , p . 34-35.
(3) Ibid . , p . IIII.
118 JUILLET.SEPTEMBRE 1930,
Toutes les copies conservées dérivent d'un manuscrit sy
riaque du xmº siècle conservé au couvent de Notre-Dame-des
Semences, près de Mossoul: cf. Catalogue Vosté , nº 169, 23°
(Catalogue Scher, nº go). Timothée a certainement écrit en
syriaque, mais ce syriaque a dû être bientôt traduit en arabe.
On en trouve un résumé dans le manuscrit arabe de Paris ,
n° 82 du xivº siècle , fol. 73 à 95 , et dans le manuscrit n° 215
du xviº siècle ; cf. ms. arabe n°5140 de Paris.
M . Mingana nous apprend qu'il a collationné soigneuse
ment sur l'original la copie qu'il reproduit par la photogra
phie , et nous le croyons volontiers, car nous disposions d'une
copie partielle qui nous a du moins montré l'excellence de la
sienne. Cependant nous ne savons pas pourquoi notre copie
porte presque toujours le pronom séparé : No Rio; mooi
po; on pindel; oa . ; lorsque l'édition porte la forme
contracte plus correcte: prio ;fafai;godinil;o. ,p.2,
4 , 7. Tous deux portent pe piel , p . 4 .
_ Iire ܒܕܡܘܬ ܤܘܟܬܐau lieu de ) ܒܕܡܘܬܐ ܣܘܟܛܐp. ܕ
1. 2 -3 ); alos pug au lieu dealas pues (p. 5 , 1.11);
quelques lettres ont d 'ailleurs disparu sur la photographie.
La traduction est faite avec soin et elle est comparée dans
de savantes notes à deux autres apologies, l'une d'un cbrélien
( al-Kendi), l'autre d'un musulman (ibn Rabban at-Tabari ).
Les compositeurs ont omis trois lignes , p . 40 , l. 10 à 12 :
« Et notre roi victorieux me dit : Et qui est le maître du cha
meau ? Nous avons répondu à Sa Majesté : Cette parole est du
prophète Isaïe , car il a dit. ,
(1) Dans la Revue de l'Orient chrétien , t. XV, 1910 , p. 157 à 161, on trou
vera l'analyse de deux discours de Cyriaque sur la fuite en Égypte.
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES. 119
(1) Etude sur Job , XXXIX , 13, et sur les oiseaux fabuleux qui peuvent s'y
rattacher , dans J. As., oct.-déc. 1929 v 198 et suiv.
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES. 131
cien Testament la philosophie aristotélicienne que les Arabes ,
héritiers des Syriens, avaient appliquée au Qoran (1). Maimo
nide en particulier, le plus grand philosophe du judaïsme, a
propagé les idées aristotéliciennes , s'en est servi pour coor
donner la Révélation et a semblé leur donner un rôle prépon
dérant dans l'exposé de la religion . Plus tard , les Juifs du nord
de l'Espagne et de la France , qui ne savaient pas l'arabe, ont
créé une littérature de langue bébraïque, et celle-ci a été d'or
dinaire une réaction contre la littérature de langue arabe et
contre les idées aristotéliciennes qui leur étaient venues par ce
canal. Les polémiques avec les scolastiques chrétiens, devenus
disciples d'Aristote , étaient d 'ailleurs plus pénibles si l'on
regardait Aristote comme le commun maître. Ces raisons,
entre autres , amenèrent une vive réaction contre Maïmonide
et son aristotélisme. Crescas ( Hasdaï ben Abraham Crescás, né
à Barcelone en 1340 , mort à Saragosse en 1410) est l'un des
meilleurs représentants de cette réaction. Son principal ou
vrage, Or Adonai « La lumière d 'Adonaï » , écrit en hébreu , a
déjà eu au moins deux éditions (Ferrare , 1555, et Vienne,
1859 ) , mais est resté assez inconnu , parce qu'il est souvent
très difficile à comprendre : il part de conventions connues de
tous à son époque, mais devenues inintelligibles pour nous.
Il suit la méthode dite talmudique — qui est d 'ailleurs celle
de bien des prédicateurs, en particulier de Sévère d 'Antioche.
- Elle suppose que tout texte étudié a été écrit avec un tel
soin et une telle précision que chaque expression a autant
d'importance par ce qu'elle semble contenir implicitement que
par ce qu'elle affirme explicitement. Le raisonnement doit
(1) Nous espérions trouver des traces des intermédiaires araméens qui ont
transmis le grec aux Arabes , mais il en reste fort peu. Les nombreux inter
médiaires suivants ( arabes et hébreux ) ont créé une terminologie qui est
vraiment arabo-hébraïque. L 'éditeur explique d 'ailleurs tous les termes rares
ou techniques.
132 JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
tenir compte de la diction et de la phraséologie aussi bien que
des idées. Cette méthode, qui conduit à de longs discours sur
un seul verset de la Bible , a été étendue aux ouvrages des phi
losophes. Elle serait claire, bien que pénible à suivre , si tout
était mis par écrit, mais l'æuvre de Crescas semble avoir été
plutôt un résumé ou un aide-mémoire , pour être ensuite dé
veloppé et servir de base de discussion dans les classes. L'au
teur de la présente publication a donc pris le parti d'imiter
les élèves de Crescas, qui devaient préparer soigneusement la
leçon dont le maître leur avait donné le sommaire, pour venir
entendre ensuite toutes les longues explications que ce résuiné
comportait. Aussi il n'édite guère ici que le sixième de l'ou
yrage La lumière d'Adonai, etil entoure les 186 pages (93 de
texte hébreu et de variantes et 93 de traduction anglaise ) que
ce sixièmeoccupe,de130 pages d'introduction et de 585 pages
de notes et tables. Ces notes renſerment tous les textes d 'Aris
tote et des philosophes juifs ou arabes antérieurs à Crescas que
celui-ci pouvait connaître et viser .
· Algazel (Ghazali), né en 1039 , mort en 1111 de notre
ère, avait dirigé chez les Arabes le mouvement de réaction
contre la philosophie grecque , comme l'indique clairement le
titre de l'un de ses ouvrages : La chute (tahafut) des philosophes,
et l'on regardait cet ouvrage comme l'une des sources de Cres
cas, qui poursuit le même but,mais M . H . A . Wolfson montre
(p . 11 à 16) qu'il n 'en est rien . Il précise dans son introduc
tion (p . 1 à 128 ) les sources et la méthode de Crescas et ses
idées sur l'infini, l'espace , le vide, le mouvement, le temps, la
matière et la forme de l'univers. Il établit ensuite le texte hé
breu à l'aide de l'édition de Ferrare et de onze manuscrits ,
dont l'un est daté de 1457, moins de cinquante ans après la
mort de Crescas; la traduction anglaise est en face du texte
(p . 129 à 315 ). Viennent ensuite les notes (p . 317 à 700) et
enfin le bibliographie et les tables des auteurs etnoms propres ,
QUELQUES PUBLICATIONS SÉMITIQUES RÉCENTES. 133
des passages cités et des termes hébreux, arabes , grecs et la ->
tins (p : 701 à 760).
Voici maintenant ce que contient le texte hébreu édité et
traduit ici.
Pour démontrer que Dieu existe , qu'il est un et qu'il est
incorporel, Maimonide, dans son Guide des égarés(1), avait
commencé par formuler, sans démonstration , vingt-cinq pro
positions empruntées à Aristote. Maimonide ne les démontre
pas parce qu 'elles sont évidentes , dit-il, ou parce qu'elles
demandent de longues démonstrations qui ont été données
ailleurs(2), Crescas reprend chacune de ces propositions; il
commence par l'énoncer , puis , dans une première partie , il
rapporte toutes les démonstrations qui en ont été données et ,
dans une seconde partie , il critique les démonstrations qu'il
vient de consigner ; neuf de ces vingt-cinq propositions n'ont
pas de secondepartie ; mais ce n 'est pas en général parce que
Crescas les admet telles quelles , c'est parce qu'il renvoie à des
critiques consignées plus haut.
C'est donc un sujet important, trié par Maïmonide dans
Aristote , objet ensuite de nombreux commentaires , analysés
et critiqués ici par Crescas.
La première proposition : « L'existence d'une grandeur in
finie quelconque est impossible » , se prouve par quatre classes
d 'arguments (p . 137 et 179) critiqués un à un dansla seconde
partie qui suit aussitôt (p . 179 à 217). Les autres proposi
tions n 'occupent que de une à trois pages chacune; la neu
vième : Tout corps qui meut un autre corps ne meut cet
autre corps que s'il est mû lui-même au moment où il met
(1) Cet ouvrage a été traduit en français par S. Munk , 3 vol. in-8°, Paris,
1856-1866.
(9) On trouvera ces vingt-cinq propositions, traduites et annotées par
M . Moxx , loc. cit., t. II, p . 1 à 22.
134 JUILLET -SEPTEMBRE 1930.
l'autre en mouvement, est prouvée p . 253-255 et critiquée
p. 256 -257. Crescas trouve l'objection célèbre tirée de l'ai
mant qui meut le fer sans être mû lui-même. Il rapporte briè
vement les solutions déjà données et il ajoute la sienne. C 'est
ici que commence le travail de l'éditeur, car Crescas, même
lorsqu'il prend la peine de citer ses prédécesseurs , indique
rarement l'ouvrage qu'il vise et jamais la partie de l'ouvrage.
Il travaille d 'ailleurs sur des traductions bébraiques , ce qui
augmente la difficulté des traductions et des identifications.
au
NOTE
SUR
(1) Reproduit par H . Parmentier dans l'Art Khmer primitif, Paris, 1997,
t I , fig . 27
138 JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
contientpeut-être des perles et d 'autres joyaux,ou bien quelque
breuvage miraculeux. Au-dessus de cette scène sont sculptés
deux serpents polycéphales assaillis par des garudas, repré
sentés ici comme des êtres hybrides , mi-oiseaux , mi-hommes,
semblables aux kinnaras ou harpyes.
Dans la composition décrite par nous, Indra apparaît donc
comme protecteur des någas et leur puissant allié . Mais peut
être est-il permis d'attribuer à l'image en question une signifi
cation plus précise. Le fameux passage du Mahâbhârata , con
sacré au sacrifice des serpents (ādi-p ., XLIX -LVIII), relate
comment le någaraja Takşaka, après avoir tué de sa morsure
venimeuse le roi de Hastināpura , Parikşît , vient trouver Indra
et se met sous sa protection afin d'échapper aux flammes du
bûcher allumé par Janamejaya. Quel que soit le sujet évoqué
par le sculpteur, un fait paraît certain : l'un des principaux
temples élevés sous le règne d'Içõnavarman atteste, par le choix
du motif sculpté au-dessus de son entrée , l'étroite union entre
Indra et le peuple des serpents. On est tenté d'y voir une allu
sion à la généalogie légendaire des rois cambodgiens, qui se
disaient être, à l'instar des rois du Fou -nan , les descendants
d'un brahmane et d'une princesse de race ophidienne.
Sur un autre linteau du même temple , trouvé celui-ci en
terre , au cours des fouilles de 1927, on relève également des
motifs ayant trait à des légendes de serpents. Au centre est
figuré un Çiva dansant dont le buste est entouré d'un någa.
Le corps du serpent est traité avec un soin tout particulier, et
l'on a l'impression qu'il s'agit là , non pas d 'un simple détail de
parure , mais d'une indication importante sur laquelle il con
venait d'attirer l'attention du spectateur. Le même linteau
montre, à ses extrémités, deux någas anthropomorphes ren
versés par des garudas. La lutte entre någas et suparņas est
un thème familier aux sculpteurs hindous, mais ce n 'est que
dans l'Inde du Nord -Ouest que les någas revêtent parfois , dans
MÉLANGES. 139
les représentations de ce genre, l'apparence d 'êtres humains.
On peut donc supposer une filiation directe entre les sculptures
de Sambór Prei Kủk et la plastique post-gandharienne, sinon
encore gréco-bouddhique, du temps des Gupta.
Il serait intéressant, à ce propos, de savoir s'il existe une
ne
Ainsi que Lamartine, il appelle la mort pour ne plus subir les bles
sures des Mèches parfois mortelles de l'existence. Pessimistes – ils
nomment tous les deux la Terre leur « exil, , le ciel, leur eséjour , -
la venue de la mort est leur but final.
Rudolph Said-Ruete. SAID BIN SULTAN ( 1791-1856 ), ruler of Oman and Zan
zibar, his place in the history of Arabia and East Africa. - Londres ,
Alexander -Ouselly, 1929 ; XVIII-200 pages , avec une carte et 6 planches.
Le golfe Persique, l'Arabie méridionale et la côte orientale d'Afrique
sont depuis longtemps en relations étroites et continues. Le régime des
moussons de l'océan Indien rend aisés les voyages annuels des voiliers
arabes de Mascate à Zanzibar et Madagascar, par exemple, en mousson
de nord -est, et leur permet de revenir à leur port d'attache par lamous
son de sud-ouest suivante. En fait , les Persans ont précédé les Arabes
dans cette voie , si tant il est qu'ils ne leur aient pasmontré le chemin :
on sait que la côte orientale d'Afrique était désignée à haute époque et
maintenant encore sous le nom de « pays du Zeng # j , ou des Zengs en
'omānais et en égyptien (« pays du Zenj ou des Zenjs , dans les autres
dialectes arabes ) et que si n 'est pas autre chose que le persan
e nègres, dont la prononciation avec palatale sonore cache la véritable
étymologie . Au x° siècle , Masʼūdí a voyagé dans le golfe d’Aden et sur la
côte africaine et nous serions mieux informédes ports qu'il visita si on
avait pu identifier son énigmatique île de glis ķanbalũ qu'on ne sait
encore où situer (Prairies d'or , t. I, p. 232 et suiv.). C 'est vers cette
époque, en 230/941, qu'aurait été fondée Mogadišo (le Magadoxo de
nos cartes) par des Persans zaydiyya de Sirāz qui, partis de l'île de Hor
muz , firent d'abord escale à Mogadišo et Brava où ils trouvèrent installés
déjà des Persans d'une autre secte. Continuant leur route , ils fondèrent
une dynastie à Kilwa. Quelques-uns d'entre eux allèrent s'installer dans
les iles Comores et même sur la côte orientale de Madagascar (1).
(1) Cf. Gabriel FERRAND, Les sultans de Kilwa dans Mémorial Henri Basset,
t. I, p. 239 -260.
152 JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
Les ports des deux côtes du golfe Persique prenaient une part active
au commerce de l'Inde et de la Chine. Sīrāf fut d'abord le grand empo
rium de la région où fréquentaient les navires de la Chine; puis, les
circonstances firent émigrer marchands et marins en 'Omān. La situa
tion était difficile pour les uns et les autres : les petits sultans arabes
entravaient plutôt qu 'ils n 'aidaient les opérations commerciales ; les
pirates infestaient le golfe. Tout était prétexte à conflit : la race, la
religion et surtout les sectes religieuses : Persans et Arabes ; Sunnites ,
Cbiites , Wahhābites , Hārijites , sectaires de croyances d'autant plus
hostiles les unes anx autres qu'il s'agissait d'hétérodoxes d'une même
religion. A ces causes nombreuses demésintelligence et d 'hostilité active,
s'ajoute la présence de pirates redoutables aux populations côtières et
aux marins du commerce. Chaque petit sultan est un dangereux chef de
bande etla côte arabique à l'est du cap Musandam porte aujourd 'hui
encore le nom sinistre de : côte des pirates. C'est seulement dans ces
toutes dernières années que l'Angleterre a mis un peu d'ordre dans ce
chaos.
Depuis 1154/1741, règne à Mascate et à Zanzibar la dynastie des
Āi bū Sa'id . Cette dynastie et les précédentes nous sont bien connues
par la History of the Imāmsand Seyyids of Omān de George P. Badger
(t. XXXVII des publications de la Hakluyt Society, 1871 (1)). A cette
époque, jusque vers la fin du xvun° siècle , le souverain arabe est encore
imām abādite (ou ibāạite ).
Les règnes de ces souverains ont eu si peu d 'importance que dans
son Histoire des Arabes (t. II, p. 257-282), Clément Huart a pu
épuiser le sujet en un court chapitre. L'un deux mérite , cependant,
une étude particulière et tel est l'objet de ce livre. Il est dû à une cir
constance romanesque : un allemand établi à Zanzibar s'éprit d'une fille
du sultan et futpayé de retour. La princesse arabe lesuivit en Allemagne
après l'avoir épousé à Aden et s'être convertie au christianisme ).
M . Rudolph Said -Ruete , l'auteur de ce volume, est le fils de la princesse
Salma devenue Emily Ruete , et le petit-fils de Said bin Sultan ( lire :
Sa'id bin Sultān , le nom et le titre complets étant : Sayyid Said Ahmed
bin Sulțān , d'après le cachet reproduit sur la couverture (3)). Il naquit
(1) Par Salil ibn Razik. Elle va de 661 à 1856 et a été continuée par le
traducteur jusqu'en 1870.
(2) Cf. Emily Ruete , Mémoires d'une princesse arabe , trad. franç., Paris,
1905, in -8°.
(3) L'auteur qui n'est pas arabisant, a transcrit uniformément Said qui est
ſautil dans les deux cas , qu'il s'agisse de la Sayyid ou de keu Sa'id .
COMPTES RENDUS. 153
ONIKERTE RATIONALI.
162 JUILLET- SEPTEMBRE 1930 .
Suit la nomenclature desmontagnes des sept climats de l'oecoumène,
en commençant par celles qui sont situées au sud de l'équateur. Le
volume se termine par la description des sources el fleuves de la terre
babitée avec leurs affluents ( Tigre , Euphrate , Nil d'Égypte, Indus,
Gange, etc.).
Comme le Kitāb șūrat al-ard de Huwārizmi, l'æuvrede Suhrāb doit
beaucoup à Ptolémée, mais elle contient en outre des indications que ne
donne pas Huwārizmi et un grand nombre d'informations empruntées à
des sources musulmanes , surtout en ce qui concerne les monlagnes el
les fleuves (p. 1x ).
M . von M ., auquel nous sommes redevables de tant de beaux travaux
sur la géographie orientale , continue de nous rendre d'inappréciables
services dans ce domaine. On ne saurait trop lui en montrer de grati
tude. Ce volume de texte et les deux précédents (t. I et III) doivent
paraître en traduction . On fait des veux pour que l'éditeur de la Biblio
thek puisse, commeil l'annonce, nous donner la version allemande du
Kitāb sürat al-ard en 1932.
M . von M . a tiré, à son habitude, le nieilleur partipossible de l'unique
manuscrit qu'il a eu à sa disposition. J'y reviendrai quand paraîtra la
traduction.
Gabriel FERRAND.
ANNUAL BIBLIOGRAPHY OF INDIAN ARCHAEOLOGY FOR THE YEAR 1928 , publiée par
l'Institut Kern de Leyde. - Leyde, librairie E . J. Brill, 1930 ; 1 +
146 pages et 12 planches.
La bibliograpbie annuelle publiée par l'Institut Kern de Leyde con
tinue à paraitre régulièrement. Parfaite dès le début , la disposition pre
mière de la bibliographie a été naturellement conservée. Une courte
préface de M . Vogel nous informe que la subvention annuelle du gou
vernement général des Indes Néerlandaises a été doublée : elle est portée
de 1.000 à 2 .000 florins. L'Inde anglaise fournira désormais unc sub
vention annuelle de 600 roupies contre la remise par l' Institut Kern de
25 exemplaires de la bibliographie . Enfin , par un don de 500 florins ,
l'Institut royal de La Haye a permis de faire face à l'accroissement des
frais d'impression résultant du développement considérable de la biblio
graphie par rapportau premier volume.
L'introduction rend compte du résultat des fouilles de Sir John Mar
shall entreprises à Taxila , des récentes explorations de la mission fran
COMPTES RENDUS. 163
çaise en Afghanistan ( comple rendu de M . J. Barthoux) , des explora
tions de Sir Aurel Stein au Béloutchistan en 1927-1928 ; des murs de
bois de Pātaliputra , des fouilles à Nālandā, du temple en briques de
Pabārpur; des antiquités bouddhiques découvertes en Birmanie et des
nouveautés archéologiques de l'Indonésie et de l'Irān. Ceci et cela est
illustré par des dessins et croquis dans le texte .
La bibliographie proprement dite contient 721 numéros, contre 540
pour l'année 1926 et un nombre égal (721) pour 1927.
Le n° 27 : A . Cordier . Ser Marco Polo . Notes and addenda to Sir
Henry Yule's edition . .. , doit être rectifié et complété ainsi : in -8° de
161 pages, avec index et un frontispice, Londres, 1920 ( etnon 1928 ).
Le présent volume contient une page d'addenda et corrigenda qui
est à ajouter au volume précédent.
Ce m 'est un agréable devoir de répéter ici combien les rédacteurs de
cette bibliographie annuelle méritent remerciements et éloges. L'Annual
bibliography of indian archaeology est parfaite et on ne peut que lui sou
haiter longue vie.
Le comité de rédaction est actuellement composé de MM. J. Ph . Vo
gel , N . J. Krom , J. H . Kramers, professeurs à l'Université de Leyde ,
et de M . CI. Fábri, secrétaire .
Gabriel FERRAND.
Ting TCHAO - TS'ING. LES DESCRIPTIONS DE LA CHINE PAR LES FRANÇAIS (1650
1750). Préface de M . Henri Maspero. — Paris, Geuthner , 1928.
Si la Chine a été spécialement à la mode au xviº siècle , ce fut sur
tout grâce aux ouvrages écrits par les missionnaires français de Pékin .
Aussi, M . Ting a-t- il été particulièrement bien inspiré en tâchant de
nous faire connaître ces divers travaux.
Il passe en revue les principaux livres composés par les Français ,
surtout par les Jésuites , entre 1650 et 1750. Il nous fait remarquer
( p. 63) , à l'aide de quelques exemples , lamédiocrité des traductions qui
nous sont données dans ces ouvrages , mais il fait très justement une
exception pour le P. Gaubil (p. 34 et 41). M . Ting nous montre aussi
( p. 70) que du Halde n'a pas compris l'origine bistorique du sujet de la
pièce : « L 'orphelin de la maison Tchao n . Ailleurs, il nous explique d 'une
manière assez originale la politique des empereurs de Chine à l'égard
des missionnaires.
Il est regrettable que M . Ting ait limité son étude à la période com
164 JUILLET-SEPTEMBRE 1930.
prise entre 1650 et 1750, car il y eut encore des ouvrages français fort
importants postérieurement à 1750 , entre autres ceux du P. Amiot,
(arrivé à Pékin en 1751), et l'Histoire des T'ang du P .Gaubil, qui furent
imprimés à partir de 1776 dans les Mémoires concernant les Chinois.
M . Ting aurait dû, à mon avis, étendre ses recherches jusqu'à l'an
née 1793, date
palin
de la mort du P . Amiot, dernier survivant de la mission
française de Pékin .
Il est fâcheux aussi que M . Ting se soit parfois contenté de sources
un peu surannées telles que : le Christianisme en Chine du P . Huc. Ainsi
il nous dit que Jean du Plan de Carpin pénétra en Chine au xi ou au
x11° siècle; or, on sait d'une manière précise que le voyage eut lieu
de 1245 à 1247 .
Quoi qu 'en dise M . Ting (p. 44 ), le Père de Mailla n'a jamais e traduit
du chinoisen mandchou , le Tong kien kang mou. Il s'estborné à traduire
cet ouvrage en français en se servant du texte mandchou. En outre , le
Tong kien kang mou n'est pas l'œuvre de Sseu-ma Kouang. Il fut com
posé par Tchou Hi et ses disciples qui résumèrent le T'seu tche c'ong
kien de Sseu-maKeuang.
M . Ting exagère un peu ,me semble-t-il, en disant que, si lesmission
naires n 'ont pas parlé des philosophes chinois, c'est parce que les ridées
démocratiques et socialistes » de ces derniers les effrayaient. S'ils ont agi
ainsi, c'est plutôt, je crois, parce que les philosophes chinois, à l'excep
tion de Confucius, n 'avaient pas la faveur officielle , et étaient un peu
dédaignés par les Chinois de l'époque. Malgré ces quelques défauls ,
l'ouvrage de M . Ting estintéressant, car ilnous fail connaître la manière
dont un Chinois juge les premiers travaux des Européens qui furent
écrits sur la Chine.
R . Des Rotours.
Marcelle Lalou.
Les Hittites ont utilisé deux systèmes de graphie ; l'on est constitué
par des signes hiéroglyphiques ; l'autre par des cunéiformes , empruntés
aux Babyloniens probablement à l'époque de Hammurapi. De ces der
niers signes, ils ne retinrent qu'un certain nombre de valeurs sylla
biques. Dans l'écriture, ils employèrent souvent des expressions baby
loniennes , qui étaient lues en langue hittite.
D . indique la manière adoptée pour transcrire les diverses sortes de
signes dontse servirent les Hittites; suivent les dessins de ces cunéi
formes, avec en face l'indication de leur valeur syllabique. Une pre
mière liste comprend 832 signes dessinés au trait. On peut se demander
pourquoi, au lieu de grouper ensemble les graphies d'un même cunéi
forme, D. les a disséminées , quelquefois à de grands intervalles , car il
ne s'agit en réalité que de simples variantes. Voir, par exemple : mun,
nº 8 et 11; ag , n " 28 , 30 , 48 ; gir , n° 12 , 17, 32 , 33 ; nar, nº 14 ,
15 , 35 , 49 ; sanga , n° 119 , 146 , 368, 383 , 438 , 443 , 514 .
Dans une deuxième liste , on trouve , en face de la valeur syllabique ,
COMPTES RENDUS. 177
le signe cuneiforme avec ses variantes, quelquefois quasi insignifiantes ;
par exemple : les 2 et 3. de a , les 6º el 8 de al.
Une troisièmeliste met sous les yeux les seules variantes des groupes
élémenlaires. Une quatrième et une cinquième sont consacrées exclusi
vement aux voyelles et aux syllabes simples lerminées par une voyelle
et aux syllabes simples commençant par une voyelle. Enfin une der
nière liste contient la graphie des syllabes complexes.
Les signes sont nettement dessinés.
Ce second volume(1) est indispensable au.. lecteurs de la grammaire
non initiés, s'ils veulent savoir ce que représentent, par exemple : sig ,,
W ,, LU,, pe , GI,, etc.
CH.-F . Jean .
Le lecteur qui aura suivi les différents exposés contenus dans cet ou
vrage aura une idée très nette des méthodes suivies par les navigateurs de
l'Orient et ( ce qui est généralement oublié dans les ouvrages de vulga
risation ) du degré de précision dont ces méthodes étaient susceptibles.
Dans l'état actuel de nos connaissances , le livre de M . Ferrand pourra
pendant longtemps former le point de départ de nos investigations.
Quantau nombre des faits nouveaux apportés, il est assez considé
rable. L'ingénieur Niebuhr(") avait déjà rapporté un certain nombre de
noms d 'étoiles qui ne s'accordent pas avec ceux donnés par les traités
qui formaient — ou plutôt, qui devaientformer – la base du catalogue
historique des étoiles ,mais, au lieu de quelques noms, on rencontre
dans l'ouvrage de M . Ferrand une suite de termes singuliers , spéciale
ment en usage chez les marins.
L'étymologie de ces noms, souvent bizarres, pourra exercer l'ingé
piosité des orientalistes.
Dans ses commentaires , M . Ferrand a eu soin d'éclaircir beaucoup de
points obscurs. Mais, quel que soit l'acharnement apporté à ce travail ,
il restera toujours un complément à fournir ; c'est la nature d 'une
pareille étude sur des matières en grande partie non explorées qui le
veut.
Il faut avouer qu'il ne reste presque nulle part de la place à l'incer
titude.
Il n'y a qu 'un seul passage où maint lecleur aurait désiré un exposé
critique de la matière et, comme elle semble assez curieuse, j'en dirai
quelques mots. Il s'agit du problème de la direction de la Mecque traité
par Šihāb ad -Dīn (2).
A l'heure actuelle , cette question constitue une des applications les
plus curieuses de la géodésie , car il faut considérer la position des deux
lieur sur l’ellipsoïde terrestre.
Les choses sont plus simples chez les auteurs musulmans, la terre
étant supposée sphérique et la solution demandée étant en plus ap
prochée .
Il s'agit du calcul el de l'opération suivants :
Soit P le pôle de la terre , M le lieu de la Mecque, L celui où l'on dé
sire regarder la Mecque.
La façon dont Sihāb ad -Dīn expose cette matière est très confuse ; on
a l'impression qu'il croit savoir plusieurs moyens différents au lieu d 'une
suite d 'opérations.
Il commence par supposer connues les longitudes et latitudes des
deux pays ( M et L ) , mais il oublie de dire qu'il faut calculer l'oriente
ment A .
Il se sert de l'étoile polaire ,manifestement pour trouver la direction
LP, il met un signal quand cette étoile devient invisible (mais on ne
comprend pas pourquoi une figure humaine intervientni pourquoi il
faut prier dans cette direction ).
COMPTES RENDUS. 185
Il se tait sur la façon dont on dispose l'angle A à partir de la direction
LP, à moins qu'il faille entendre qu'il se sert de la rose des vents sans
l'aiguille.
Dans un passage suivant, il prend en effet la rose et cherche l'angle .
Tout cela semble constituer une méthodedans laquelle il compte trois
A moyensn .
Il paraît juxtaposer un quatrième moyen ce sont les côtés de la
ka’ba, c'est-à-dire les côtes de ka'ba (orientés d'après ) les quatre
vents », C 'est le plus médiocre ( litt. : le plus faible ) des moyens,
dit- il (').
Je dois à la vérité d'avouer que je ne comprends pas à quel résultat
Sabāb ad -Dīn compte arriver. Dans cet embarras, M . Ferrand propose
la seule explication possible : on résolvait le problème sur la carte .
Ces exposés défectueux proviennent très souvent du fait que la mé.
moire prend trop en Orient la place de l'analyse et comme les Orientaux
n 'osent pas saisir la question par sa base , les auteurs restent à ergoter
sur d'infimes cas particuliers, à tel point que le problème fondamental
est perdu de vue.
Sinous avons insisté si longuement sur ce passage, c'est parce que sa
lecture superficielle pouvait conduire à de fausses conclusions. L.-A . Sé
dillot n'aurait pas manqué de s'étendre sur les e multiples moyens, que
possédaient les Arabes pour déterminer l'azimut de la Mecque et le pré
sent ouvrage de M . Ferrand contribuera certainement dans l'avenir à
réfuter les thèses partiales de Sédillot qui encombrent encore nos traités
généraux.
J.-M . FADDEGON.
d d d d d
Désignantle nombre des combinaisons à répétition par
Da ,
Olivier LACOMBE.
Le gérant-adjoint : Le géranı :
René GROUSSET . Gabriel FERRAND.
LIBRAIRIE ORIENTALISTE Paul GEUTHNER, 13, rue Jacob. – PARIS, VI
A . KAMMERER
MINISTRE PLÉNIPOTENTIAIRE
PÉTRA ET LA NABATÈNE
L'ARABIE PÉTRÉE ET LES ARABES DU NORD
DANS LEURS RAPPORTS
AVEC LA SYRIE ET LA PALESTINE AVANT L'ISLAM
Préface par R . DUSSAUD, membre de l'Institut.
in volumede texte de 4 cartes originales, historiquesbroché,
et topographiques,
et un atlas deen16cou
pp.
leurs, 7 planches, 74 figures et 6.30 pages , gr. in -8,
et 152 planches formant 263 illustrations, gr. in -8, broché, 1930.
- : Prix : 300 francs :
Ch. I. Les sources de l'histoire de l'Arabie Pétrée et de la Nabatène. — Ch . II. Les origines
es Nabatéens. - Ch. III. Les Nabatécns routiers du désert. Pistes antiques et territoires. -
ih , IV . L'Arabie Pétrée au temps de Moïse. - Ch . V . Les Arabes, les Nabatéens et la Syrie. -
h . VI. Premiers contacts des Nabatéens avec les Grecs. Leur rôle dans les conflits entre
.agides et Séleucides. — Ch . VII. Les Nabatéens contre les Juifs et les Séleucides. -- Ch . VIII.
es interventions romaines. — Ch. IX . La dynastie de Pétra. Tableau généalogique et liste
es Rois. - Ch. X . Les successeurs d'Aretas III. Obodas II et Malichos II. La Judée et la
Tabatène jusqu'à Actium . - Ch. XI. Obodas III et Sylléos au temps d'Hérode le Grand.
'expédition d'Aelius Gallus en Arabie. - Ch . XII. L'extension de la Nabatène vers le Sud .
| Heger. Médain -Salih et Dédan- El-Ela-Hereibeh. – Ch . XIII. Le dernier siècle de l'indé
endance nabatène et de l'histoire juive. - Ch . XIV. La provincia Arabia . - Ch. XV. L'essor
e Palmyre et le crépuscule de Pétra. — Ch. XVI. Le système des Phylarches. - Ch. XVII.
!'étra à l'époque des Croisades. - Ch. XVIII. Les Nabatéens, mæurs et gouvernement. –
h . XIX . La religion. - Ch. XX. Les inscriptions et la langue nabatéenne. - Ch. XXI.
L'architecture et les monuments. -- Ch. XXII. La numismatique. -- Annexes. .
Depuis qu'en 1812 ont été retrouvés par Burckhardt les mausolées grandioses et presque inacces
sibles de Bétra, les recherches d'un siècle sur la Nabatène et l'Arabie Pétrée, éparpillées dans
es volumes précieux , souvent en langues étrangères, n 'ont jamais été exposées d 'ensemble , dans
n livre accessible au grand public et bien illustré .
M . Kammerer, dans la partie historique de son ouvrage, nous présente un tableau de l'histoire
atérieure et des rapports de la Nabatène avec tous ses voisins : Assyriens, Juifs, Syriens, Grecs,
omains. C'est donc une histoire résumée de tous les peuples sémitiques au contact direct de
Arabie Pétrée : Syrie -Séleucide, Palestine, Tribus arabes du Nord , etc. Des chapitres sont
onsacrés à l'annexion romaine, à la Province d 'Arabie, et au rôle des Arabes entre l'Empire
yzantin et l'Empire parthe. avec les Arabes du Sud ou Sabéens ont donné à l'auteur l'occasion
Les relations des Nabatéens
e publier une collection inédite, véritable révélation en France, d'objets appartenant aux civili
ations de l'Arabie méridionale . L'étude des routes commerciales et des pistes de grand parcours
amené un parallèle poussé entre Pétra et Palmyre. Un chapitre expose l'histoire et tout ce
u 'on sait d'après les recherches récentes de cette dernière et célèbre oasis.
La fin de l'ouvrage est consacrée à la civilisation nabatéenne proprement dite : l'organisation
volitique et la dynastie nationale ; la religion, son dieu Dusarés et ses sanctuaires ; la langue et
es inscriptions nabatéennes ; l'architecture et les monuments avec un essai sur l'évolution archi
ecturale, son origine et les sources auxquelles elle a puisé ; enfin la numismatique , élément
mportant de ce passé , avec les lectures de monnaies par M . R . Dussaud , membre de l'Institut.
Cet ouyrage, précédé d 'une préface de M . R . DUSSAUD, est richement illustré de 347 illustrations.
L'auteur s'est efforcé de ne rien omettre de ce qui, par l'image, peut éclairer le passé de la Nabatene
t des pays voisins. Plus de 40 planches originales, en partie tirées des clichés rapportés de ses
oyages, sont consacrées au site si remarquable de Pétra .
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO .
NOTA. Les personnes qui désirent devenir membres de la Société asiatique doivent adresser
leur demande au Secrétaire ou à un membre du conseil.
MM . les Membres de la Société s'adressent, pour l'acquittement de leur cotisation an
nuelle (60 francs par an pour les pays à change déprécié, 120 francs pour les pays à change
élevé) au Trésorier de la Société Asiatique, Musée Guimet, Place d'Iéna, 6 , Paris (xyt"),
pour les réclamations qu'ils auraientà faire , pour les renseignements etchangements d'adresse,
au Secrétaire de la Société Asiatique, rue de Seine, 1 , Paris (vi ), et pour l'achat des ouvrages
publiés par la Sociétéaux prix fixés pourles membres, directementà la librairie PaulGeulhner,
rue Jacob , n° 13 (11 ).
MM. les Membres reçoivent le Journal asiatique directement de la Société.
Pour les abonnements au Journal asiatique, s'adresser à la librairie Paul Geuthner,
libraire de la Société.
Abonnement annuel: go francs pour les pays à change déprécié. - Pays à change élevé,
150 francs.
IMPRIMERIE NATIONALE.
JOURNAL ASIATIQUE
RECUEIL TRIMESTRIEL
DE MÉMOIRES ET DE NOTICES
RELATIFS AUX ÉTUDES ORIENTALES
PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
O
TOME CCXVII
N° 2. – OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930
Bibliothèque.
La Bibliothèque de la Société, rue de Seine, nº 1, estouverte le vendredi,
de a heures à 4 heures, et le samedi, de 2 heures à 6 heures.
PARIS
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER
LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE
LE
TEXTE DU DRAXT ASURIK
ET LA VERSIFICATION PEHLEVIE ,
PAR 3
Tng
G
E. BENVENISTE.
ce qui signifie , non pas : « Thou also disputest with me, thou
non
istihay ud avāvarīy oo
0
ön frēštayān ön yamayan
0
er
er
et
ō ku franaft ē
er
aßāž izvrtáh .. – 00
viyrās frēh giyān
až xumro maslift
ku zufr istēh
arūs dušmanin
kēt * čahvār čavēd
marn padrāyanan
hazšāh 7 padišt
vāžāfrid zamiy
ku bud é až nux .. ~ 00
vvvo
až āz naßen až avaržāk vidēsgar
ud až ādur taßay vxarendaz
burz burmēd giyān vidrāy (?) - 00
frēšlay až vahišt ayad
azdējar až šahrdārift on — 00
* *
CCXVII.
IMPRIMERIE NATIONALE,
STRATIFICATION
DES LANGUES ET DES PEUPLES
DANS
E . FORRER.
Vers 5000 :
Luviens Hatti-Songueriens Harri 1 Dravidiens
en Europe dans au dans
occidentale. | le Proche-Orient. | Turkestan. I l'Inde .
Vers 4000 :
Expansion des Luviens au Proche-Orient Expansion
jusqu'en Arménie, en Arabie, en Égypte eten Libye. des Harri
du Turkestan
Naissance de la langue primordiale des Sémites jusqu'en
en Arabie, et du groupe libyo-berbère en Libye. Babylonie.
Vers 3300 :
Invasion d'une première vague de Sémites de l'Arabie en Babylonie
et en Afriqueméditerranéenne ; domination de l'Egypte .
252 OCTOBRE - DÉCEMBRE 1930.
Vers 2600 :
Seconde vague sémitique. Les Akkadiens établissent leur domination
sur la Babylonie.
Vers 2500 :
Première expansion des Manda aryens dans l'Iran .
Vers 2400 :
Domination þarrienne en Babylonie (dynastie de Gutium ).
Vers 2300 :
Invasion canisienne en Asie Mineure. La domination þarrienne en
Babylonie s'écroule et les Sumériens arrivent de nouveau au pouvoir.
Les Harriens émigrent et constituentun nouveau royaume dans la Syrie
du Nord et en Mésopotamie.
Vers 2200 ( 2188 ) :
L 'empire babylonien est conquis par la troisième couche sémitique,
les Amorrites.
Vers 2000 :
Consolidation de l'empire hittite en Asie Mineure sous la domination
des Canisiens. Expansion des Indo-Européens et introduction du cheval
dans le Proche-Orient.
L'histoire des peuples du Proche-Orient appartient dès lors
à la période historique et dépasse par conséquent les limites
que je me suis tracées .
LES MOTS MONGOLS
DANS LE LLKORYE så ,
PAR
PAUL PELLIOT.
(1) L' édition du Korye så dont je dispose, et qui est celle publiée à Tokyo
en 190g en trois volumes in -8°, n'est pas d'accord ici ( III , 643) avec la
citation (peut-être fautive ) de M . Sh.; mais les termes restent les mêmes.
(2) Peut-être pourrait-on transcrire Pai-yen -t'ie-mou-eul; le mot 16 po re
présente toujours baidans les transcriptions de l'époquemongole , tout comme
s'il eût eu alors une double prononciation po et pai, comme c'est le cas au
jourd'hui pour et (cf. J. As., 1997, II, 266 ).
(3) M . Sh . cite encore au même propos un passage identique qu'il attribue
au chapitre 31, mais la référence est fausse, et je n'ai pas retrouvé ce
second texte ; en tout cas, si ce second texte existe , il s 'est produit dans la
citation de M . Sh . une confusion qui n 'est pas limitée au numéro du cha
pitre ; à la page 228 , M . Sh . fait allusion au mêmepassage en l'attribuant au
chapitre 29 , ce qui est faux également.
LES MOTS MONGOLS DANS LE KORYE SÅ. 257
part parmiles 37 i tchao-lo-tch ’e et les pa-kia-tch ’e. M . Sh .
identifie pa-kia-tch ’e à balqačï ou balyačin , nom d 'agent tiré de
balyasun , a enceinten , a ville " , et étudie à ce propos l'histoire
du mot balyasun ( en citant naturellement turc baliq ,mandchou
falga). Mais la solution demeure , à mon avis , très douteuse .
Les textes de l'époque mongole , aussi bien l'Histoire secrète des
Mongols que le Yuan che (cf. l°oung Pao , 1904 , 431) et les
inscriptions, ne connaissent alors que balaqačin ou balagači , et
on ne comprend bien ni la suppression de la seconde syllabe,
ni la transcription de -qa- (-ya-) par une forme palatalisée (kia
au lieu de ha). Pour hou-iche, voir nº 31; pour tchao-lo-tch’e ,
voir nº 39 .
gº 11 # pi-cho-tch’e, *bijaci (= ? * bičāči < * bičä'äči),
re secrétaire ) ; la transcription est celle même qu'on a dans le
Yuan che. M . Sh . donne quelques indications sur l'histoire du
mot; cf. aussi l°oung Pao , 1904 , 431; il y aurait beaucoup à
y ajouter.
(1) Le mot mongol pour ce balain , au XIV° siècle , est donné sous la forme
ši’ürgä (* < sibürgä; cf. turc süpürgā) dans le Houa-yi yi-yu ; la finale et le
caractère quiescent de la pseudo-gutturale intervocalique me semblent
exclure tout rapprochement avec * sügürči.
LES MOTS MONGOLS DANS LE KORYE SÅ. 263
(1) Aussi bien dans la liste des patriarches du chapitre 12 du Tch ’ou san
isang ki tsi que dans la dissertation finale du chapitre 3 du Kao seng
tchouan, le nom est transcrit sous la forme [ou P Ta
mo-che-li-ti. M . de La Vallée-Poussin a rappelé (p . 16 ) les diverses restitu
268 OCTOBRE-DÉCEMBRE 193 0.
que , vers 320 (1), Dharmatrāta avait ajouté 350 gātha , por
tant ainsi le total à 600 (2). Aussi le n° 1288 de Nanjio , tra
duit en 391 et qui donne le texte de Fa-cheng avec sa glose ,
aussi bien que le n° 1294 de Nanjio , traduit en 563 et qui
donne le texte de Fa-cheng avec la glose d'Upaśānta , portent-ils
seulement sur 250 stances , au lieu que ce sontbien 600 stances
qui sont traduites et glosées dans la traduction de 434 -435 ,
laquelle porte sur la rédaction de Fa-cheng accrue et glosée par
Dharmatrāta (d 'où le titre de samyukta ?). Il est plus difficile
de dire ce qu'était la recension en environ 6 .000 stances
que le pèlerin Fa-bien avait rapportée de Pāțaliputra au début
tions proposées, Dharmajina, Dharmakirti, Dharmottara , Dharmasreșthin ,
ajoutant que « Dharmasreşthin , du moins , n 'est pas impossible . Mais il ou
blie là , bien qu 'elle apparaisse incidemment p. 18 , la seule restitution qui
me semble vraisemblable , à savoir Dharmasri. La traduction de sri par
cheng se rencontre dans d 'autres noms (par exemple pour Bandhusri dans
B .E .F.E.- O., XI, 379 , ou pour Srīgupta dans JULIEN , Mémoires de Hiuan
tsang , II , 18 ). Par ailleurs , Ta-mo-che-li transcrirait très régulièrement
Dharmasri. Je suppose que le ti final de Ta-mo-che-li-ti s'est introduit
par erreur dans un des textes , qui, par une e correction savante ) , a conta
miné l'autre ; ou encore nos deux textes du premier quart du vi° siècle
remonteraient à une même source indéterminée où le nom était déjà altéré .
(1) A Z If , c'est-à-dire vers le temps où la dynastie des
Tsin orientaux s'établit (317) après les troubles qui avaient marqué la fin
des Tsin occidentaux.
(2) Ces renseignements sont ceux de la notice écrite par Tsiao
King pour la traduction de 434-435 , et qui est conservée dans le cha
pitre 10 du Tchou san -tsang ki tsi; je ne prétends nullement, en les repro
duisant, me porter garant de leur exactitude quant aux dates de Fa-cheng
et de Dharmatrāta. La notice de Tsiao King donne avec de grandes préci
sions les dates de la traduction de 434 -435 , et est à préférer aus sources
indiquées par Bagcai, Le Canon bouddhique en Chine , I, 377. Les mêmes
renseignements sur les 259 gātha de Fa-cheng et les 350 gātha de Dhar
matrāta , mais sans indication sur la date de ces deux auteurs, se trouvaient
quelques années plus tôt dans la notice jointe à la traduction entreprise en
1126 par Isvara et achevée en 431 par Guņavarman et qui est aujourd 'hui
perdue ( cf. cette notice au chapitre 10 du Tch ’ou san-isang ki tsi , et Bag
chi, 1 , 370 et 374 , où toutefois cette importante notice du Tch'ou san
tsang ki tsi a été omise).
MÉLANGES. 269
du vº siècle(1), et dont il avait dû faire une traduction en douze
ou treize chapitres , déjà perdue un siècle plus tard(2); le chiffre
de 6 .000 stances ne mérite pas moins d 'être retenu , car il
paraît donner quelque autorité à la recension en re 6 .000 stances,
qu'on verra plus loin attribuer à Vasubandhu , et où Péri, par
une correction querien n'appuie , avait proposé de voir un texte
en 600 stances , c'est-à -dire le Kośa śāstra traditionnel de Vasu
bandhu , qui contient600 stances tout comme la recension de
l'Abhidharmahrdaya due à Dharmatrāta.
Les premières stances d 'introduction de la version de 434
435 sont assez obscures , et elles sont suivies d 'une note ano
nyme en petit texte , d'origine inconnue, qui n'est pas toujours
des plus claires. L 'élucidation complète de ces textes demande
rait des recherches assez longues , que je n'ai pas entreprises.
Toutefois , M . de La Vallée Poussin , en publiant la traduction
des stances d'introduction et de la glose qui les accompagne,
veutbien rappeler qu'il m 'a consulté à leur sujet en 1922. Je
ne sais plus ce que sa traduction me doit; mais elle contient
deux ou trois détails d'interprétation auxquels , en y regardant
de plus près , je ne crois pas ou ne crois plus pouvoir meral
lier. Pour éviter tout malentendu , je vais donc traduire ici à
mon tour les mêmes passages , tels que je les entends actuelle
ment, et sous réserve de précisions ultérieures. Voici ma ver
sion des cinq stances initiales :
Les grands maîtres des temps anciens , – en ce qui concerne les
(1) Cf. Legge, The Travels of Fa -hien , p . 99 ; il n 'y a pas de raison de tra
duire PJ + F 1 par « about six or seven thousand gåthasr , et on ne
peut, avec Legge, renvoyer purement et simplement à Nanjiö 1287, puisque
celui-ci est le texte de Dharmatrāta en 800 stances , avec commentaire en
prose , au lieu des 6 .000 stances indiquées dans le récit de voyage de Fa
hien ; je reviendrai d 'ailleurs plus loin sur le sens dans lequel il faut vrai
semblablement entendre cette mention de 6 .000 stances.
12) Cf. Bagchi , Le Canon bouddhique, 1, 348.
270 OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
dharma très profonds, - ayant beaucoup entendu et ayant vu les saints
vestiges, - ont déjà dit tous les sensM .
Avec les moyens (upāya ) du zèle (virya ), cherchant - des distinc
Lions quin 'avaient pas encore été obtenues , — dans (les ) Abhidharma
hrdayaśāstra – ceux qui ont beaucoup entendu (bahuśruta ) les ont
déjà dites(2).
Mais les uns sont concis ( lio ) à l'extrême, - les autres s'étendent
(kouang ) sans mesure; - les divers exposés de cette sorte — ne sont
pas l'expression fidèle ( chouen ) des sieou-to-lo (sūtra ).
Clair ( * kouang-hien ) et bien conforme ( aux sutra (
chan souei-chouen)(?), — seul ce traité ( śāstra )-ci l'est tout à fait m . -
Un traité sans appui et vide, - le savantmême
, m a i n t e nangoener ; le-comprend pas;
o trop étenda
Celui trop concis (lio) est difficile à expliquer — ddu
(kouang) le sage s'écarte. — Moi, maintenant, dans un juste milieu je
ens de la vibhāṣā ( t
dirai — l'ornement dduu ssens kouang
chouo yi ichouang-yen ,vibhāşārthālamkāra) (5).
L'introduction comporte encore deux stances et demie , où
Dharmatrāta rend hommage à son prédécesseur Fa-cheng et
- se nomme lui-même, et ensuite seulement vient la glose de
Dharmatrāta , en prose , sur l'ensemble des stances d'introduc
(1) J'entends qu'ils ont dit « tous les sens, des «dharma très profonds. .
(9) C 'est-à-dire que , cherchant à distinguer ce qui n 'avait pas encore été
distingué avant eux, les savants l'ont déjà exposé dans leurs recensions com
mentées de l'Abhidharmahrdayaśāstra .
(3) Dans le Mahāyāna-Sūtrālamkāra , souci-ahouen répond à pratipatti, que
M . S . Lévi (p . 317 ) traduit par rinitiativen ; je n 'ai pas qualité pour dis
cuter le sens du mot sanscrit , mais ne vois pas comment le sens d' initia
tiver pourrait être justifié pour souei-chouen. M . de La Vallée- Poussin , qui
rétablit ici hypothétiquement, et vraisemblablement à bon droit , suprati
panna, rend le terme par e parfait de doctrinen , ce qui paraît très satisfai
sant.
(9) Autrement dit, ce traité-ci, l'Abhidharmahrdayaśāstra en 600 stances.
M . de La Vallée Poussin donne l'impression de voir dans cette phrase une
proposition générale sur ce qui caractérise un traité excellent; je ne le croi
rais pas exact. (M . de La Vallée Poussin , à qui j'ai montré le manuscrit de
la présente note , me dit qu'il est d'accord avec mon interprétation. ]
(5) Ceci a presque l'air d 'un second titre donné à ce commentaire de
l'Abhidharmahrdayaśāstra. [M . de La Vallée Poussin me dit penser de même.]
MÉLANGES. 271
tion .Mais , après les cinq stances que j'ai traduites, on lit la
note suivante en petits caractères, due évidemment aux tra
ducteurs de 434 -435 :
Pour kouang -chouo , le mot sanscrit(1) est p’i-po-cha (vibhāsā ). Pour
ce qui est de tenir un juste milieu en disant l'ornement des sens de la
vibhāşă , les maltres qui ont expliqué ( che ) l’Abhidharmahşdaya de
Fa-cheng different par leur prolixité ( kouang ) ou leur concision ( lio ).
L 'explication ( che) due à Fa-cheng (lui-même) est la plus concise ( lio ).
Yeou-p ’o-chan -to (Upašānta ) a une explication ( che) en 8 .000 gātha
(16 kie ); il y a aussi un maître dont l'explication (che) est en
12.000 gāthā ; ces deux śāstra (louen ) sont ce que [les stances d'intro
daction appellent étendu (kouang ). Quantà une Houo-sieou
p 'an -t'eou ( Vasubandhu ) , comme le système ( fa ) de son explica
tion (che) en 6 .000 gălhă est secret et lointain , mystérieux et désolé ,
et qu'il n 'a pas d 'attaches avec les trois pițuka , c'est ce que [les stances
d 'introduction appellent un traité sans appui et vide(?).
CCXVII .
INTRINYRIS SATIONALE .
274 OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
S. A. R . LE PRINCE DAMRONG .
UN TEXTE GREC
RELATIF À L’AŚVAMEDHA.
Le rituel du sacrifice le plus imposant du culte védique,
l’Aśvamedha ou sacrifice solennel d 'un cheval, qu 'un roi victo
rieux seul peut offrir à Prajāpati, a été étudié assez récem
ment dans le plus grand détail par M . P . E. Dumont, actuel
lementprofesseur à l'Université John Hopkins de Baltimore(1).
Le volume qu'il a consacré à cette question , et sur lequel mon
incompétence m 'interdit de porter un jugement personnel ,
constitue, de l'avis des spécialistes , une monographie aussi
consciencieuse , aussi exacte et aussi complète que l'on pouvait
le désirer (2). Peu familiarisé avec l'étude des textes védiques ,
je crois cependant avoir été mis à même par le hasard , et dans
les cadres d'une discipline toute différente , d'apporter à la
connaissance de l’Aśvamedha une minime contribution .
Le seul texte grec , à ma connaissance, qui fasse mention de
ce sacrifice indien , ne figure pas dans l'Introduction de
M . Dumont,alors quel'auteur s'est cependant attaché à réunir,
après von Negelein (3), toutes les allusions de la littérature gréco
romaine à des sacrifices de chevaux soit chez les Barbares , soit
en Grèce ou à Rome. Ce texte ne figure d'ailleurs pas davan
tage dans le livre de J. von Negelein , ni dans les autres
ouvrages que j'ai pu consulter (4). Dois-je en conclure qu'il a
(1) Elle est encore exigée explicitement dans l'épopée : cf. Rāmāy. , I , 8 ,
15 : « Qu'on prépare le lieu du sacrifice sur la rive supérieure de la Sarayū.”
MÉLANGES . 285
Roger Goossens.
286 OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
1 Le mort . ..
son image(") . . .
3 A côté de lui, l'homme aux lamentations funéraires (2) dit ses for
mules (3);
4 son cøur troublé(á) des larmes et des gémissements , jour et nuit,
(1) On sait depuis longtemps que les textes postérieurs parlent souvent da
Hubur, fleuve de l'Arallu . Cf. K .B., VI, 1, 301-329, spécialement 307-309
(9) Nabû ne figure ainsi dans aucun autre texte semblable.
(3) Littér. : son méchant ( = son adversaire).
(1) Ou : il va , il se tient, etc.
(5) Ne : emùau.
(6) Di : kašádu , aldku .
(5) La graphie ne paraît pas suggérer la lecture he de Witzel.
(8) L'autographie n 'est pas celle de uru.
MÉLANGES. 289
34 im -nam -vi-la šu-màmu-un-gál lú-zi(d)ne-in-gub
25 erim -gub á-ma la -ba-ra-è nig -hul-. . .
IV
14 La mère qui m 'a enfanté("), la pure “Nin-ki-gal(?) avec sa grande
( fille) partage sa demeure;
15 déchirant(s) la montagne, 'Babbar sortant dans mon auguste
engur(") a pénétré;
16 le palais , la demeure pure de la royauté - - sa voisine, c'est moi !
c'estmoi!
17 A "Ninni la grandeur(6) je dispute : la première , c'est moi (6)
18 A côté de «Nin -tu , à l'endroit où les enfants prennent vie, je me
tiens.
19 La prière (accompagnée ) du morceau (") de roseau dur et du sort
j'exauce ().
20 La dame attentive et fidèle d ' En - lil, c'estmoi ! Mon trésor est tou
ce qui existe.
Charles-F . JEAN .
MÉLANGES. 291
NOMS SOGDIENS
LA VALLÉE Poussin.
UN
Fig . 1.
Le même ornement a été employé d 'une manière semblable
dans les grottes d'Udayagiri et de Khaņdagiri, en Orissā , où
cependant le lotus est traité d 'une manière moins élaborée :
AWAYA
Fig . 2 .
Fig . 3.
ANDRIA
MINI VIZUALIZA
a Fig. 4.
Fig. 5.
MYY .
Fig. 6 .
LY .
Fig . 7.
Fig. 8 .
Fig. 9 .
(1) SARRE-HERZFELD , loc. cit., pl. XIII. Cf. aussi pl. XLI et fig. 24 , 32
et 33.
(2) SARRE-HERZFELD , loc. cit., fig . 102.
302 OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
deur et le tribut de Shua , roi de Gozan , Cette stèle date d'en
viron 859 avant J.-C.(1):
RELIEVO
HERE
Fig . 10 .
Il est évident qu'on a imité sur les sommets de ces mémo
rials» les temples des dieux , et que c'était cet élément même
qui se transforma plus tard en un dessin purement décoratif.
On rencontre une transformation similaire dans l'art boud
dhique. On y voit souvent une
ne rangée de petits stūpas, alter
MT
nant parfois avec des arbres sacrés, laquelle est employée dans
un but purement décoratif.
Nous pouvons donc affirmer avec sûreté qu'on trouve ici
dans l'art de l'Inde un motif décoratif qui vient d'un dessin
décoratif similaire de la Perse, et que ce dernier descendait
sans doute , en analyse dernière, d'une multiplication de zik
kurrat (2). Une identification du point de vue indien ne semble
pas possible. Des temples à degrés étaient complètement étran
gers à l'art de l'Inde.
D 'autres comparaisons indo-mésopotamiennes seront pu
bliées dans mon article destiné aux Mélanges Linossier .
Di C . L . FÁBRI.
(.) British Museum , phot. n° 401 , 407, 411, 351 B .
(2) Existe -t-il une parenté entre le ziķkurrat et les pyramides à degrés de
l'Égypte, et lequel des deux est le plus ancien ? C'est une question que je ne
veux pas trancher ici. Je veux cependant remarquer qu'il existe déjà une
représentation d 'un ziķkurral à trois degrés d 'Élam datant d 'environ 1100
avant J.-C . Voir Jeremias , Handbuch", p . 135.
CHRONIQUE
ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES.
PÉRIODIQUES.
S. M . Nădir Snā .
Le 15 octobre 1999 , Mohammed Nadir Khān , vainqueur de l'aven
lurier qui avait un instant usurpé le trône laissé vide par le départ
d’Amān -Oullāh , puis du frère aîné de ce dernier, 'Ināyat-Oullāh , a été
proclaméroi d'Afghanistān. Le nouveau souverain n'appartient pas seu
lement par son père au clan des Mohammedzaï (ou Bārakzai ) qui est
aussi , depuis Dost Mohammed Khān (1829-1863), celui des cinq pré
cédents Emírs; il se rattache encore par sa mère à l'ancienne dynastie
royale des Sadouzaï, celle qu'Abmed Shāh Dourrāni fonda, en même
temps que le royaume, en 1747. Son père, Sirdār Mohammed Yoũsouf
Khān , et son oncle Sirdār Mohammed Asaf Khān , étaient, au temps de
l'Émir Habīb-Oullāh ( 1901-1919), lesdeux colonnes del'empire et leurs
nombreux fils occupaient sous Amăn -Oullāh les plus hautes charges de
l'État.
Le roi Mohammed Nādir Shāh est né en 1885. Après avoir fait de
brillantes études, il embrassa la carrière militaire avec le grade de colo
nel. Dès 1906 , il était général de brigade. L'année suivante , il accom
pagna l'Emir Habīb -Oullāh dans son voyage aux Indes. En 1919 , la
prompte répression d'une rébellion de tribus lui valut le titre de Näib
Sālār (adjoint au généralissime). Enfin il était généralissime (Sipah
Sālār ) quand éclata en 1919 la dernière guerre anglo-afghane. On sait
qu'à la dénonciation par Amān-Oullāh, dès son accession au trône, du
traité quiavait établi sur l'Afghanistān une sorte de protectorat britan
nique, l'Angleterre répondit par l'invasion du pays : mais d'une part elle
ne disposait que de régiments fatigués et d 'un matériel en mauvais état.
ramenés de Mésopotamie ; et, c’autre part, au lendemain de la guerre
mondiale, le vent ne portait guère à une politique de conquêtes. C'est
un fait que les envahisseurs ne dépassèrent pas Dakka, c'est-à-dire la
première étape sur la route de kāboul, et que les pourparlers de
Rawal-Pindi aboutirent très rapidement à la reconnaissance de l'indé
pendance afghane. Renommée et popularité en rejaillirent sur le géné
ralissime, et une colonne commémorative , érigée à Bāboul, porte cette
inscription :« A la gloire du grand patriote Mohammed Nādir Khăn qui,
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 307
par la vaillancede son épée, conquit contre l'Angleterre l'indépendance
du pays."
Au lendemain de cette guerre de ţibération , Nādir Khăn prit le Minis
tère de la Défense nationale et se consacra à la réorganisation de l'armée .
En 1994 , il accepta le poste d'envoyé extraordinaire et ministre pléni
potentiaire à Paris , où sa courtoise affabilité lui créa de nombreuses
amitiés. En octobre 1926 , il démissionna pour raisons de santé et alla
se rétablir sous le climat de la Côte d'Azur. C'est là qu'il reçut en jan
vier 1998 la visite de son royal cousin Amān-Oullāh , lors du voyage
de ce dernier en Europe; et c'est là aussi qu 'en février 1929 les événe
ments vinrent le chercher pour rétablir l'ordre en Afghanistān. En dépit
de son absence d'ambition , la renommée des services rendus par lui à
son pays et son prestige personnel ont fait qu'il n'a pu se dérober au
trône. Les gouvernements l'ont aussitôt reconnu , et de son côté , il s'est
engagé à remplir les traités et conventions conclus avant son avènement.
Son altrayante personnalité , sa générosité naturelle , sa culture (il parle
cinq langues : le persan , le poushtoū, l'hindoustani, l'anglais et le fran .
çais) , la connaissance du monde qu'il a rapportée de ses longs séjours
à l'étranger, son esprit libéral et sagement 'réformateur, son dévoue
ment à son peuple et le souci qu'il a toutde suite marqué de développer
l'instruction publique , l'agriculture et les travaux publics, tout fait pré
sager une heureuse période de calme et de progrès dans l'histoire si
troublée de l'Afghanistān .
S . M . Mohammed Nădir Shāh a épousé une de ses cousines. Son fils
aîne est malheureusement mort de maladie en France, où il faisait ses
éludes ; il a encore cinq enfants vivants , le prince Mohammed Zāher,
aujourd 'hui âgéde quinze ans, et quatre filles. De ses quatre frères l'un ,
S . A . Mohammed Hāchim Khān , est président du Conseil etministre de
l'Intérieur; un autre, S . A . Shāh Mahmoūd Khān , est ministre de la
Guerre et commandant en chef; et le troisième, S . A . Shāh Vali Khān
est ministre plénipotentiaire à Londres .
René GrousSET.
MONSIEUR LE PRÉSIDENT(!),
J'ai lu avec un vif intérêt la note sur une Exploration au Yémen
publiée récemment par le Journal asiatique (juillet-septembre 1920,
(1) Le Journal publie volontiers l'intéressante lettre suivante adressée à
20 .
308 OCTOBRE - DÉCEMBRE 1930 .
p. 141-155). L'auteur, M . Carl Rathjens y donne des indications
curieuses et inédites sur quelques points d'archéologie et d'ethnologie ,
et on ne saurait trop le féliciter d'avoir réalisé tant d'observations nou
velles au cours de son excursion dans ce pays. Toutefois , il me paraît
ignorer quelque peu l'@ uvre de ses devanciers , tout au moins au point
de vue géographique, et en particulier celle de nos compatriotes. Je crois
pouvoir, quoiqu'il s'agisse d'un domaine un peu à côté de celui qui est
propre au Journal asiatique,mepermettre de vous signaler quelques-unes
des omissions faites à ce sujet par M . Rathjens et de rectifier certaines
assertions qui me paraissent erronées ; non que je veuille en aucune
façon lui en faire grief: je sais très bien, et lui-même nous en prévient,
qu'il s'est rendu au Yémen sans préparation suffisante, alors que son
projet était de visiter l'Asir ; il n'a pu faire, sans doute , les recherches
bibliographiques nécessaires , et, comme tous les voyageurs insuffisam
ment préparés, a cru qu'il découvrait , alors qu'il parcourait des itinéraires
bien connus. ~ Exploration , est un bien gros mot, peut-être, lorsqu 'on
l'applique à un territoire traversé et étudié auparavant par de nom
breuses personnes ( ). Ce me semble être un bien gros mot ici surlout,
alors qu'existe , de la moitié du secteur visité , une excellente carte en
couleurs au 1 /50.000 avec courbes de niveau (2); et, du reste , une
bonne carte d'ensemble au 1/250.000 .
C'est qu'en effet, depuis Niebuhr et Forskal, à l'æuvre desquels on
ne peut que rendre hommage, tant cette æuvre apparaît, encore même
à notre époque, de la plus complète exactitude, bien des voyageurs ont
été attirés par l'étrangeté et le mystère de l'Arabie Heureuse. I n 'y a
pas lieu , certes, de rappeler ici les beaux travaux faits par des Français
en ce qui a trait aux questions archéologiques et épigraphiques : les
voyages absolument extraordinaires d'Arnaud (3) et de Joseph Halévy.
(1) Ibid ., 1903 , p. 1-5 , 111-119, traduit par P. Th. Ketikian , tirage
à part, Vienne, 1903, in -8°, 39 pages. [Nº 43 de la National Bibliothek. )
(2) Cet Exkursus (avec des additions de l'auteur ) a été traduit en arménien
par P . M . Hapozian . Handes Amsorya , 1912 , p. 333-339, 519-531, 719
730 ; 1913, 160-167, 210-221, 281-293, 463-475 , 659. Tirage à part ,
Vienne, 1913 , in-8°, av + 150 pages. [Nº 73 de la National Bibliothek . ]
CHRONIQUE ET NOTES BIBLIOGRAPHIQUES. 317
Die Chronol. d . Kambyses u. d. Lügenkönige und d. alt-pers. Kalender.
Zusätze (1).
11. Kaputra doux , der reskytische , Name der Maiotis, Keleti Szemle,
XI, 1910, p. 1-25 .
12. Die nicht-slavischen (altbulgarischen Ausdrücke in der bulgarischen
Fürstenliste , l'oung Pao , 1910 , XI, p. 649-680.
13 . Die alibulgarischen Ausdrücke in d . Inschrift v. Catalar und in der
altbulgarischen Fürstenliste , Izv . Russ. Archeol. Inst, v Konstantinopolė ,
XV, 1911, p. 1- 30 .
14 . Armenische Streifen (1. Historische Data z. Chronologie der
Vokalgesetze ; 2 . Nachtrag z. Ērānšabr : Sahastaninoknoy und zur Liste
der Provinzen v. Chorāsān ), Huschardzan (Festschr. d . Mechitaristen
Congregation), Wien , 1911, p . 291-302.
15 . Ueber einige Dolche und Schwerler mit arabischen Inschriften aus
Nord-Africa (mit 5 Tafeln ), Internat. Archiv für Ethnographie, t. 20 ,
1911, p. 103-108.
16 . Über d. Ursprung d .armenischen Alphabets in Verbindung mit der
Biographie d. h . Mašťoc', Handes Amsorya, (allemand) 1911, 530-543 ,
673-683; ( allemand etarménien ) 1912, 11- 54 , 199-216 ; ( arménien )
657-666 ; (allemand ) 742-750 (9)
37. Der Erste Kapitelder Gāthā uštavali (Jasna 43), édition posthume
de J. Messina, Rome, 1930 , in -4°, 8 + v + 80 pages. Publié comme
nº 50 de la série Orientalia du Pontificio Istituto Biblico.
38. Die Bekehrung Iberiens und bie beiden ältesten Dokumente der
iberischen Kirche, Caucasica , fasc. 7, 1931, p. 111-167 ( terminé le
13 juin 1928 )
39. Historische Data z. Chronologie d. Vokalgesetze im Armenischen ,
Caucasica , fasc. 7, 1931, p. 10-27 " ).
40. Iberer und Hyrcanier, à paraître dans Caucasica , fasc. 8 , 1931.
Voir également : Amedroz , Notes on two articles on Mayyafāriqin ,
J. R.A .S., 1909, p. 170- 176 (traduction d'une lettre personnelle de
Marquart concernant les dynasties des Kaisik , Rawwādi et Sallārī) et
Herzfeld , Am Tor von Asien , Berlin , 1920 , p. 39, 155 , 180 (citations
de lettres personnelles de Marquart concernant le moyen -persan ).
Ouvrages annoncés mais qui n'ont pas vu le jour :
a. Geschichte und historische Ethnographie des Daghestan (cf. Erān
šahr, p. 95 , . 1).
6. Wehrõt und Arang ( cf. Über d . Volkstum d . Komanen , p. 38, n .6 ).
De ce travail, 165 pages ont été imprimées par la maison Brill (Leide) ,
notamment les chapitres :
1. Ochos = Wabu (Weh ) als Flussname.
2. Osos und Weh-röt.
3 . Oxus und Indus.
4 . Wehrot , Wanubi, Dāyitya und Ranha.
5 . Die Raňha.
NÉCROLOGIES DE J. MARKWART.
ADDENDA .
(1) Cette mise au point est exclusivement basée sur les données de l'Orien
lalische Bibliographie , jusqu'à l'année 1911 (dernière disponible ).
21
324 OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930 .
16. Nachwort, dans A. Wirth , Aus orientalischen Chroniken , Frankfurt
a. M ., 1894.
8 a. Comptes rendus de Markwart des travaux suivants : Visser, De Grae
corum diis non referentibus speciem humanam , Leiden , 1900 , dans Intern .
Arch. f. Ethnogr ., 1901, 14 , p. 34 -40; de Jong , De Apuleio Isiacorum myste
riorum teste, Leiden , 1900 , ibid ., p. 133-137 ; Caland , Altind. Zauberritual,
ibid ., p. 243-246 ; W . Schmidt, Dre Sprache der Sakei, ibid ., 1909 , 15 ,
p . 68 -72.
: 86. The genealogies of Benjamin (Num ., xxvi, 38-40; 1 Chron ., m , 6 ;
vili, 1 ), dans Jewish Quart. Rev. , 1902 , 14 , p . 343-351.
9 a. Zur älteren Chronologie von Kasmir, dans Album Kern , Leiden ,
1903, in -4°, p . 341-348.
37 a. Das Naurõz, seine Geschichte und seine Bedeutung , dans J. J. Modi
Memorial Volume, Bombay, 1930 , p. 708-765.
Ad 40. Die Anfänge d. Christentums in Georgien , annoncé dans la Zeit
schr. f. Kircheng., 49 ( N. F. 12 ), 1930 , p. 98; paraît correspondre à notre
nº to.
V. MINORSKY.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
RAPPORT
DÉPENSES.
RECETTES.
TOTAL. . . . . . . 115.249 42
VU ET APPROUVÉ :
au nom de la Commission des fonds,
GAUDEFROY-DEMOMBYNES.
330 OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
DOJT.
Espèces en banque . . . .. 236 .151 '34
Espèces en caisse . . . . . . . 4 .813 ho
Portefeuillo titres.. . . ... . 566.042 06
Débiteurs divers . . . . . . . 28.688 g
Librairie P. Geothner . . .. .. . . . . .. . .. 26 .330 03
TOTAL . 856 .925 74
AVOIR .
DÉPENSES.
Honoraires du bibliothécaire... .. . 2400' 00
Secrétariat et bibliothèque. . .. . . 3.317 65
Contributions .. . . . . 476 801
Assurance contre l'incendie . . .. . . . 155 653 632 35
Réserve statutaire.... . . . . . . 1.400 00
Frais d'impression du Journal asiatique... .
Indemnité au rédacteur. . . . . . . . . . .
56.500 00
1.800 00
Honoraires des auteurs... . .. . . .. . . .. . . 1.500 00
Sociélé generale (droits de garde, timbras , etc.)... 150 00
Honoraires des agents comptables . . 2.700 00
RECBTTX8 .
Cotisations,. . , . . . , 13.500' 00
Abonnements et vente des publications de la Société 26.500 00
lotérêts dos fonds placós. . . . . . . . . . . . . . . . . .. 25 .000 00
Souscription du Ministère de l'Instruction publique. . . . . 2.000 00
Crédit de l'Imprimerie nationale.. . . 3.200 00
Total des recetlos . . . . .. . 70, 200 00
332 OCTOBRÉ -DÉCEMBRE 1930.
Le Bibliothécaire :
Lucien Bouvat.
Vu :
Gabriel FERRAND.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE. 333
(1) Cf. cependant l'article de M . N. Bånescu dont il est question plus bas ,
p . 348 , 1 . 1.
(2) Voir sur les archives turques notre article « Turquien dans Histoire et
historiens depuis cinquante ans , recueil publié à l'occasion du cinquantenaire
de la Revue historique, Paris, Alcan , 1927, t. 1, p. 438 à 454.
348 OCTOBŘE-DÉCEMBRE 1930.
Šeref, Mehemed 'Ārif, Halīl Edhem , Ahmed Refīķ , Mükrimin Halil,
'Osmân Ferid et Mehemed Gālib.
En résumé, c'est la Hongrie qui a fait le plus pour l'étude des docu
ments turcs.(") Aussi était-il naturel qu'un Hongrois tentât une synthèse
dans ce domaine. C'est ce qu'a fait M . Fekete.
Cette synthèse est renfermée dans les 67 pages de la partie théorique
( Theoretischer Teil)de l'Einführung in die osmanich-türkische Diplomatik ,
le reste de l'ouvrage étant intitulé Urkunden (Documents ). Cette partie
théorique comporte elle -même l'avant-propos (Vorwort) déjà cité de
M . Csánki (p. v et vi); une préface de M . Fekete ( vui à ıx ); une Palão
graphischer Teil (1 à xxvm ) qui comprend les subdivisions: Das Papier
(x à xil), Die äussere Einteilung der Urkunden (XII à xm ), Die Schrift
(xu à XXII), Die Schreibwerkzeuge ( xsi à xxV ), Verzierung der
Schrift ( xXIV à xxv), Die Abkürzungen ( xxv à xxvi), Das Siegel (xxvi à
XXVII), Das Verpacken der Schriftstücke (xxvii à xxvi ); une Diploma
tischer Teil, dont nous reproduisons la table des matières :
Allgemeines über die Urkunden .. .. ..
1. Weltliche URKUNDEN . . . . . . . . . . .. . XX
Die Sultansurkunden .. . .
· a . Der Name- und Hükmtypus . .
b. Der Berāt. . . . . . . . . XLVI
Die Schrifstücke der Oberbeamten der Zentralregierung . XLVII
a . Der Telhīs. . . . . . . . . . . . . . . XLVII
b. Der Mektūblypus; die Erlässe.. ... . . XLVIII
Schriftstücke der Beamten mit besonderen Befugnissen . LI
(1) En dehors des Osmanische Urkunden déjà cités , nous devons à ce der
nier des articles parus dans les Mitteilungen zur osm . Geschichte : Die Tugra
der osmanichen Prinzen (I, 167-170); Legalisierungformeln in Abschriften
osmanischer kaiserlich Erlässe und Handschriften (II, 137-146 ); Die Handfeste
(Penče) der osman. Wesire (II, 257-268). C'est également lui qui a publié
d 'après un manuscrit de Berlin les documents ottomans les plus anciens connus
(ceux qui ont été édités par Feridun Bey étant apocryphes ) : ce sont quatre
berát émanant des premiers princes osmanlis et datés des années 759 , 787,
788 et 865 de l'hégire (dans la Revue historique turque, 50 année, p. 242 à
250 ).
350 OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
Paris, Baudouin , 1803, p. 291 à 250, avec planches ). Cet ouvrage
aurait dû être au moins ajouté à la liste figurant p. II , a , , 1, de
même que l'ouvrage de Reinaud sur les Monuments arabes, persons et
turcs du cabinet de Blacas (Paris , 1828 , 2 vol.) aurait dû être cité dans
la note sur les cachets (p. XXVII,a , n . 1).
M . Fekete a utilisé par contre plusieurs sources inédites, comme des
manuscrits du Musée national hongrois, des archives de Vienne et de la
Bibliothèque (Millet) de feu Ali-Emiri à Stamboul, Les titres de ces
derniers sont seuls indiqués. Ce sont : n° 1101/2162, Meimū'a-i-akval
i-ahar ve mürekkeb ve kyaġid boyalarï Traité sur l'empois , l'encre et
les couleurs de papiers ; nº 1096, Hüşn -i-ha !t risālesi a Traité de calli
graphien ; nº 1108/2129 , Tezkere-i-hattațān.
Les elķāb ou formules d'appel et de titulature sont reproduits d'après
le Qanūn -nāme de Mehemed II publié dans la Revue historique turque,
comme supplément, en 1330 (1911- 1918 ),mais pourraient être com
plétés soit d 'après les documents eux-mêmes , soit d 'après d'autres listes
qu'on trouve dans d'autres qānūn et dans les recueils d'inšā .
Quant aux vingt et un documents déjà publiés dans le premier fasci
cule et qui sont le commencementde l'ouvrage proprement dit, ils sont
datés des années 1536 à 1575 (l'ordre chronologique n 'est pas stricte
ment observé).
Les numéros 2, 5 et 6 sont des écrits de Soliman le Magnifique à
Ferdinand ler d'Autriche, Le numéro 13 , du même à Maximilian 14 ,
Les autres signataires sont : le grand -vizir Ayas pacha , divers Beylerbeyi
de Bude, Sandjak bey (ou mīr-livā) et qādi de Hongrie.
Ces documents se classent ainsi par leur provenance : neuf sont aux
Archives de Vienne (nº 1 -3 , 5 -8 , 12 et 13), sept à celles de Debrecen
(n” 10, 11,14 , 15 , 17, 19 et 90 ), quatre à Gyöngyös ( n° 4 , 9 et 21),
un à Budapest (nº 16 ) et un à Jászberény (nº 18).
Ils sont publiés avec le plus grand soin , décrits avec précision et
annotés. Les particularités et les défaillances de l'écriture et de l'ortho
graphe sontminutieusement relevées. La disposition typographique est
élégante et claire et la traduction allemande, pour la plus grande commo
dité du lecteur, est placée en regard du texte turc , en deuxième colonne
sur la même page. Les fac- similé de tous ces documents figurent sur
seize belles planches volantes,mais réunis dans un carton.
Les difficultés du déchiffrement ont été surmontées avec succès et les
noms propres hongrois et occidentaux qu'il est souvent si malaisé
d'identifier sous l'écriture arabe, ont été soigneusement restitués .
Aussi , dans l'ensemble , je ne crois pas qu'il y ait aụcune critique
COMPTES RENDUS. 351
importante à formuler et je me bornerai à quelques observations de
détail.
L'auteur, qui relève régulièrementen note les négligencesdans l'ortho
graphedesmots arabes , aurait dû signaler également les graphies comme
Jäsel (p .5 , 1. 17 "")), Astail ( ibid. I. 1), au lieu de Jäsl, dood .
11 a par contre trop tendance, peut-être, à corriger l'orthographe
turque. Elle n'a jamais été assez fixe pour autoriser les notes ou correctifs
commençant par le mot richtig (l'auteur semble d'ailleurs s'en être rendu
compte, puisqu'il n'a pas tardé à remplacer ce mot par stått, moins
affirmatif).
Il n'est donc pas expédient de corriger les scriptiones defectivae est,
Dyj! ( p. 7 , 1. 3 , 8 , 9 ), jäl ( p . 8 , 1. 12), yus ( p. 8 , 1, 14 ) an scriptiones
plenae (ou phonetische [1] Schreibform , comme dit l'auteur, p . 11, n . 1 ).
La correction proposée p . 5 , n . 1 (1" document) introduit même une
erreur grammaticale là où il n'y en avait point: il faudrait, si l'on sui
vait M . Fekete ,mettre dans le texte le passif ble au lieu de l'actif love
(cf. p. 6 , 1, 19 : lola ).
Par contre , la graphie ) اكيدكp . 17, l. a ) pour ( آكلادق ) اكندقast une
fauto , incontestablement , même pour une orthographe mal fixée, et
aurait dû être signalée comme telle.
P . 7, D. 2 : il est normal qu'on sépare la conjonction ki de la préposi
tion qu 'elle introduit ( cf, notre Grammaire turque, $ 956 ).
P . 10 : la note 3 manque de précision.
P. 15 , 1. 17 : la forme School chino méritait aussi d 'être signalée
comme fort curieuse , la combinaison du suffixe -(y )iği ( employé jel,
manifestement, comme substitut de -(y)eğek ) avec iken étant rarissime
( je confesse d 'ailleurs ne l'avoir pas mentionné non plus dans la gram
maire déjà citée).
P. 17, n , 1 : Rim papa est pris ici non dans le sens de pape (de
Rome)" ,mais de eRome, tout simplement. Ce passage m 'engagerait
même à être plus affirmatif dans ce sens que je ne l'ai été dans mes
Chansons des janissaires d'Alger (Mélanges René Basset, II , p. 97, n. 1).
P . 24 , 1. 8 : Budapest était en effet, avec l'Égypte et Diarbekir, le
seul endroit à fournir des gönüllü (Revue historique turque, 8 année,
p . 7 , 1. 5 d'en-bas).
P . 30, n. 6 : il n 'est pas exact de dire que le mot gāzi était un r Titel
niederen Ranges ». Ce mot correspond au terme laudatif français de
guerriers , sans aucune acception de grade.
(1) D'après le dénombrement des lignes de l'original du texte turc.
352 OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
Les notes 2 de la page 9 et 5 de la page 19 comportent des renvois
à néant (les noms des mois chrétiens qu'elles visent avaient été intro
duits par les Grecs dans l'usage turc pour désigner parfois les mois
solaires).
Répétons-le, ces quelques inadvertances ou imprécisions de détail,
peu nombreuses d'ailleurs , n'enlèvent en rien de sa valeur à ce très
consciencieux travail, dont tous les turcologues et les historiens soubai
teront, avec nous, de voir paraitre la suite.
P . S . – Depuis que ce compte rendu est sous presse, un certain
nombre d'ouvrages déjà annoncés ou entièrement nouveaux ont eu le
temps de paraître.
Tels sont :
Asad Jibrail Rustum , Materials for a corpus of arabic documents rela
ting to the history of Syria under Mehemet Ali Pasha , American Press,
Beirut, 1930 , vol. I. Political papers for the year 1247 a. b . june 12 ,
1831 to may 31, 1832. IX -139 pages in -8° (cf. plus haut, p. 346 ).
Helmuth Scheel, Die Schreiben der türkischen Sultane an die preus
sischen Könige in der Zeit von 1721 bis 1774 und die ersten preussischen
Kapitulationen vom Jahre 1761. Zum ersten Male auf Grund der im
Preussischen Staatsarchiv zu Berlin -Dahlem aufbewahrten Originalur
kunden bearbeitet. M .S.O .S., 1930 , 130 pages et 7 fac-similés.
Franz Babinger , Bestallungsschreiben Ahmeds III für Chalil Pascha ,
Stathalter von Tripolis ( Berberei ) vom Jahre 1120/1708 , M .S.O.S., 1930,
8 pages, 1 planche.
J. Deny, Sommaire des archives turques du Caire, imprimé par l'impri
merie de l'Institut français d'archéologie orientale du Caire pour la
Société royale de Géographie d'Égypte, 1930 (Publications spéciales
sous les auspices de Sa Majesté Fouad Ie"), 638 pages et 56 planches
in -8° (cf. plus haut, p. 347 ).
J, Deny,
CCXVII. 23
IMPRIMERIE SATIONALE
354 OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
Giuseppe Tucci. Pre-DINNĀGA BUDDRIST Texts on LOGIC FROM CHINESE
Sources. (Gaekwad 's Oriental Series , XLIX ). - Baroda, Oriental Institute ,
1929, in -8°, xx + 40 + 32 + 89 + 91 pages.-
L'exploration de la logique indienneaccomplitderemarquables progrès.
Stcherbatsky a vu juste , en signalant dans leur ensemble les connexions
entre les théories de brahmanes et de bouddbistes ; par exemple en devi
nant le rôle de l'idéalisme mahāyāniste dans la constitution des logiques
tant orthodoxe qu'hétérodoxe. Il restait à descendre dans le détail des
textes , pour préciser, à travers simililudes et différences , des filiations.
G . Tucci s'y emploie avec autantde succès que de courage.
Ce livre est un recueil de travaux sur la base desquels l'auteur a con
struit une explication historique, Buddhistlogic before Dinnāga ( J. R.A .S.,
July 1929, 651), esquisse de l'évolution logique depuis Nāgārjuna
jusqu'à Vasubandhu , avec le 1ve siècle pour centre. Tucci a étudié
d'assez près le Tarkaçāstra et l'Upāyahrdaya pour opérer la restitution
de leur texte sanscrit. De la Vigrahavyāvartāṇī, composée par Nāgārjuna ,
il donne d 'après la version tibétaine une traduction anglaise ; et il en
ajoute une du Çataçāstra, dont il avait , dès 1925, publié une version
italienne ( Studi e materiali di storia delle religioni , vol. I). D 'excellentes
notes accompagnent ces divers textes.
Il résulte des recherches de Tucci que la logique du Grand Véhicule
a ses premiers principes dans le Lankävatära et dans la Prajñā Pāra
mitā , puis s'élabora chez Nāgārjuna et Āryadeva dans la lignée mādhya
mika, chez Maitreya (personnage historique ) et Asanga dans la lignée
yogācāra, pour aboutir seulement sous sa forme dernière à l'épistémo
logie de Dignāga et de Dharmakirti, si bien étudiée par Stcherbatsky.
Des règles de vāda (ou vivāda) s'imposèrent de bonne heure aux discus
sions entre écoles ; chaque secte devait posséder les siennes. Le Japonais
Ui a montré quelle étroite connexion relie l'Upāyahrdaya et la samhitā
de Caraka ; l'Allemand Ruben a comparé ces textes aux sūtrasdu Nyāya.
A la suite de ces deux « Forschers, et avec une possession très sûre du
canon bouddhique chinois, Tucciamorce une critique des sources du
Nyāya classique , constitué en partie par greffe sur le vieux tronc vai
çeşika , en partie par réaction contre la logique bouddhique , dont le
principal adversaire avoué était le système des Vaiçeşikas.
P. MASSON-OURSEL.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
TABLEAU
DU CONSEIL D'ADMINISTRATION
CONFORMÉMENT AUX NOMINATIONS FAITES DANS L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALB
DO 12 JUIN 1930.
BUREAU.
PRÉSIDENT.
M . Sylvain Lévi.
VICE- PRÉSIDENTS.
MM. P. Pelliot, W .Mançais.
SECRÉTAIRE.
M . E. BenvenisTE.
RÉDACTEUR-GÉRANT DU JOURNAL ASIATIQUE.
M . Gabriel FERRAND ; M . R. Grousset, adjoint.
BIBLIOTHÉCAIRE.
M . L . Bouvat.
TRÉSORIER ,
M . J. Bacot.
23 .
356 OCTOBRE -DÉCEMBRE 1930.
COMMISSIONS.
COMMISSION DU JOURNAL ASIATIQUB.
MM . Sylvain Lévi, Pelliot, Marçais , BENVENISTE, FERRAND, membres
de droil ; — Moret, Mellet, THUREAU-DANGIN , FOUCHER, H . MASPERO ,
membres élus par le Conseil parmi ses membres.
COMMISSION DE LA BIBLIOTHÈQUE
élue par l'Assemblée généralo parmi les membres de la Société.
MM . CABATON, FERRAND, MACLER , HACKIN , Masson -OURSBL , N .
MÉMOIRES ET TRADUCTIONS.
MÉLANGES.
Note sur une éclipse du temps d'Açoka(?) (M . R. Fazy ).. .. . .... . .. 135
Sur quelques images de någas à Sambór Prei Kủk (M . V.Goloubow ). 137
Les stances d'introduction de l'Abhidharmahrdayaśāstra de Dharmatrāta
(Paul Pelliot). .... ... .... .... .. 267
S. A. R. le prince Damrong (Louis Finor).... ..... ...... ..... ...
Un texte grec relatif à l'Asvamedha (Roger Goossens).. . .. .. ... . .. .. 380
Le sort des trépassés dans un hymne à la déesse Nun-gal contempo
rain de la dynastie d'Isin (Charles-F. Jean )... 286
Noms sogdiens dans un texte pehlevi de Turfan (E. BENVENISTE )... .. 291
Note sur l'Alambanaparikṣā (La Vallée Poussin )... ... ..... ... ....
Un élémentmésopotamien dans l'art de l'Inde (D ' C. L. Fábri). . .. . 298
382 OCTOBRE-DÉCEMBRE 1930.
SOCIÉTÉ ASIATIQUE.
Procès-verbal de la séance du 14 mars 1930.. . . . . .
Procès-verbal de la séance du 11 avril 1930....... .......... ....
Procès-verbal de la séance du 9 mai 1930... ...
Annexe au procès-verbal : La Géorgie et les lettres françaises( M . Ch. Bé
RIDZE ). . . . . . . . . . . . . . . . . . .
COMPTES RENDUS .
Le gérant-adjoini : Le gérant:
René GROUSSET. Gabriel FerraND.
LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER , S. A .
et de paraitre :
C . TOUSSAINT
PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES LETTRES DE L'UNIVERSITÉ D'AIX -MARSEILLE
L'ANCIEN JAHVISME
'n volume de 24 planches et cartes , 374 pages in-4° couronne, 1931. Prix : 100 fr.
- II. Introduction . Étude critique des documents.
Le cadre général : 1. Le pays. – 9. La race. – 3. Le milieu.
Les affinités : 1. La religion des premiers Sémites. – 2. La religion des Sémites d'Orient.
La religion des Sémites occidentaux (Amorites, Cananéens ). - 4. La religion des Sémites
Araméens, Arabes).
L’Elohisme patriarcal :
wi, El-Elyon , El-Olam .
1. Les légendes patriarcales. — 2. Les dieux des patriarches,
Les origines du Jahvisme : 1. Le nom de Jahvé. – 2. La fondation du Jahvisme. - 3. Ori
du Jahvisme.
Fahvé en Canaan : 1. La conquête de Canaan. - 2. Installation en Canaan . - 3 . Baal et
Jahvé sous les premiers rois : 1. Les traditions de Silo. – 2. L'arche à Jérusalem . - 3. Le
de Jérusalem .
Jahvé après le Schisme des dix tribus : 1. Causes ethniques , politiques , sociales etreligieuses
ission . — 2. Jahvé dans le royaume du Nord. - 3. Jahvédans le royaume du Sud.
.. Vue d'ensemble sur l'évolution du Jahvisme ancien .
s. Bibliographie et index,
e ne saurait mieux caractériser les premières étapes de la religion d'Israël durant la période qui va de Moise à
du prophétisme hébreu , c'est-à-dire du mº au 1° siècle avant notre ère. A ce stade de son développement reli
ne se différencie presque pas de ses congénères sémites et de ses voisins. Jahvé ressemble singulièrement à
ikom , et aux Baals cananéens de Tyr et de Sidon .
devait devenir le dieu unique et absolu de l'univers n'est encore, pour l'heure , qu'un dieu national, et même le
des dieux palestiniens. Le germe de monothéisme qu'il porte en lui, à l'origine, est à peine sensible el ne
ore qu'au terme d'une longue évolution , après l'es luttes des prophètes et les épreuves de l'exil babylonien . Jus.
-ne dépasse pas de beaucoup l'hénothéisme courant des autres nations; dans son ensemble , il reste polyth- iste el
s plus haut, comme speculations ou pratiques religieuses , que les peuples qui l'entourent. Certes , ce n'est pas li
ot entendre, dans leur tenenr actuelle et au sens obvie , les parties de la Bible qu'on nomme historiques, depuis
jusqu'aux livres des Rois. A les lire , on est porté à croire que le monothéisme date des premiers jours de l'hu
il s'est conservé, au milieu du polythéisme ambiant, grâce à quelques hommes d'élite qui sont les ancêtres du
1 . nation sainte , race d'élection que Dieu a choisie tont exprès pour continuer cette mission et garder au monde
eritage , jusqu'à l'heure où sonnerait le retour des esprits à la vérité. Telles sont les idées qui ont cours dans la
premiers chapitres de la Genése. A peine, ici et là , quelques débris de textes pour y contredire , mais ces frag
nabreux et isolés de leur contexte primitif, sont noyés dans la parration d'ensemble. Tout de même, leis qu 'ils
t soupçonner un état de choses qui n'est pas celui qu 'ont voulu décrire et imposer aux générations à venir les
teurs de la Thora. C'est avec ces épaves flottantes que la critique , au prix d'efforts tenaces et de tâtonnements
ssayé de rétablir par conjectures ce passé disparu .
que ce travail de reconstitution historique ait des bases solides, il ne suffit pas de de perdre dans des analyses
fin , qui aboutiraient à une sorte de scolastique aride et vide de réalité ; il faut se tenir en contact permanent et
les progrès de la philologie et de l'archéologie orientales, aussi bien qu'avec les données les mieux établies du
religions comparées.
umie
Ex Oriente Lux. C'est à l'assyriologie , à l'égyptologie , à la palestinologie qu'il faut deman
res que ne donnent ni les texte de l'Ancien Testament sous leur forme actuelle , ni même les hypo
ritique laissée à ses propres moyens. Voilà l'esprit et la méthode dont veut s'inspirer le livre qui a l'intention de
u jugement du lecteur désireux de connaître , sans parti-pris d'aucune sorte et sur le terrain de l'histoire , qui
da la théologie, los origines de la religion d'Israël.
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE NUMÉRO .
Pages,
Le texte du Draxt Asūrik et la versification pehlevie ( E. Benveniste)... .. . .. . .. . 193
Stratification des langues et des peuples dans le Proche - Orient préhistorique
.
( E . FORRER ) . . . . . . . . .... ... ... ... .. . . 23
Lesmots mongols dans le Korye să (P. Pellior)...... 35 .
Mélanges : Les stances d'introduction de l'Abhidharmahrdayaśāstra de Dharmatrāta
(P. Pelliot). – S. A . R . le prince Damrong (Louis Finor). – Un texte grec
relatif à l'Afvamedha (Roger Goossens). - Le sort des trépassés dans un hymne
à la déesse Nun -gal contemporain de la dynastie d 'Isin (Charles-F . JEAN ) . – Noms
sogdiens dans un texte pehlevi de Turfan ( E . BENVENISTE). - Note sur l'Alambana
parikṣā (La Vallée Poussin ). — Un élément mésopotamien dans l'art de l'Inde
( D ' C . L. Fábri) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
Chronique et notes bibliographiques : Périodiques
Shāh (René Grousser). - A propos (Gabrielau Ferrand
d 'une exploration Yémen ).(M -. LAMARE
S. M . Nadir
). —
Essaide bibliographie des travaux de J. Markwart (1864 -1930) (V . Mikorsky ). . . . 3
Société asiatique : Procès-verbal de la séance générale du 12 juin 1930. — Rapport
de la Commission des censeurs sur les comptes de l'année 1929. – Comptes de
l'année 1929. – Bilan au 31 décembre 1929 . – Projet de budget pour l'année
1931. – Rapport sur la bibliothèque pour l'année 1929-1930 . – Fondation De
Goeje en 1930 . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. 393
Comptes ren-lus... . . . . . . . . 333
W . E. Clank , The Aryabhatiya of Aryahhata; - M ** R . L. DEVONSHIRE, Eighty mosques
and other islamic monuments in Cairo ; - G . GABRIELI, Manoscrili o carte orientali nelle
biblioteche e negli archivi d'Italia (Gabriel Fernand). – L. FEKETE, Einführung in die
osmanischtürkische Diplomatik der türkischen Botmässigkeit in Ungarn (J. DENY ). - - A . Ho
HEYBERGER , Die indische Flutsage und das Matsyapuråna; - G . Tocci, Pre-Dinnāga Buddhist
Texts on Logic from Chinese sources (P. Masson-OURSEL ).
Liste des membres . . . . . . . . . . . . . . . 353
Nota. Les personnes qui désirent devenir membres de la Société asiatique doivent adresser
leur demande au Secrétaire ou à un membre du conseil. .
MM. les Membres de la Société s'adressent, pour l'acquiltement de leur cotisation an
nuelle (60 francs par an pour les pays à change déprécié , 120 francs pour les pays à change
élevé) au Trésorier de la Société Asiatique, Musée Guimet, Place d'léna, 6 , Paris (xv1"), -
pour les réclamations qu 'ils auraient à faire , pour les renseignements et changements d'adresse,
au Secrétaire de la Société Asiatique, rue de Seine, 1, Paris (v1"), et pour l'achat des ouvrages ,
publiés par la Sociétéaux prix fixés pour les membres, directement à la librairie PaulGeuthner.
rue Jacob , n° 13 (v1 ).
MM . les Membres reçoivent le Journal asiatique directement de la Société.
Pour les abonnements au Journal asiatique, s'adresser à la librairie Paul Geuthner
libraire de la Société .
Abonnement annuel : go francs pour les pays à change déprécié. – Pays à chadge élevé,
150 francs .
IMPRIMERIE NATIONALE.
JULY 71 ER ,
N .MANCHEST
ANA
INDI