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Les crises des grands confinements de printemps et d’automne accentuent la distance et l’éloignement
physique amplifiant ainsi le besoin de lien, de liant et de contacts. Il apparaît donc indispensable de
répondre au nouveau défi managérial que revêt la recherche de « la proximité à distance ». Une orga-
nisation qui souhaite réagir rapidement, doit avoir des relais proches des clients et des collaborateurs.
Dans ce contexte, quelles sont les pratiques, les outils et les méthodes à adopter pour continuer à
échanger et se retrouver ? Comment prendre soin de son équipe à distance ? La visio est souvent l’outil
de communication privilégiée dans la configuration du télétravail. Pour être performant, le télétravail
doit s’insérer d’un changement de culture. C’est ici que le rôle de manager de proximité doit passer du
contrôle et du commandement à un rôle d’accompagnement pour rassurer et garantir le maintien de
la sécurité psychologique. Le manager de proximité est en contact avec les équipes ce qui lui permet
d’identifier et d’évaluer le niveau de santé des collaborateurs. Les entreprises qui réussiront dans ces
fortes périodes d’incertitudes seront celles qui auront su redonner une légitimité au manager de proxi-
mité. Par conséquent, il faudra moins de process et plus de responsabilisation. Dans cette optique,
quelles formes de leadership et de compétences développer pour stimuler l’empathie et maintenir un
sentiment d’appartenance et de proximité ? Ces périodes de confinement, de reprise progressive et de
re-confinement même si elles sont vécues différemment, touchent forcément émotionnellement les
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Yann QUEMENER, Lydie RECORBET, Stéphane RENAUD, Khaled SABOUNE, Doha SAHRAOUI-
BENTALEB, Marie-José SCOTTO, Thierry SIBIEUDE, Patrice TERRAMORSI, Pascal TISSERANT, Laura
TOCMACOV-VENCHIARUTTI, Oumar TRAORE, Diane-Gabrielle TREMBLAY, Odile UZAN, Isabelle
VANDANGEON-DERUMEZ, Gilles VERRIER, Marc-André VILETTE, Catherine VOYNNET-FOURBOUL,
Rosaline Dado WOROU-HOUNDEDON, Zahir YANAT et André YOUNG ont répondu à la question :
« Quel management pour concilier distance et proximité dans le nouveau contexte ? »
Sémiramis AHMADIPOUR pose le cadre des problèmes liés à la conciliation de la distance et de la proxi-
mité. Abdelwahab AIT-RAZOUK et Yann QUEMENER s’interrogent sur le comment manager avec les
dispositifs du contrôle distance. Pour Sylvie ALEMANNO il est essentiel de rester proche tout en étant
à distance. Pour Hervé ANDORRE le manager est un créateur de relations. Pour Fabien AREVALO, plus
que la distance, c’est donc bien d’un manager vraiment « présent » dont ont besoin les équipes. D’après
Zeineb ATTIA, empathie, solidarité, veille sociale, accompagnement et écoute deviennent les maîtres
mots aujourd’hui pour arriver à manager des collaborateurs dans le contexte de pandémie actuel. Hervé
AZOULAY se questionne sur le devenir du DRH qui va sans doute devenir un directeur des réseaux
humains. Ionut-Cosmin BALOI pense avec inquiétude au lendemain managérial. Céline BAREIL propose
de créer une « vibe » de proximité auprès de ses collaborateurs. Nicolas BARTHE explique le passage
du commandement de proximité au management agile à distance. Selon Viviane de BEAUFORT les
confinements accentuent le besoin d’autonomie des collaborateurs. Togba BEHI conseille au manager
de promouvoir un partage des objectifs collectifs à atteindre, tout en responsabilisant chacun via une dé-
marche personnalisée empreinte d’autonomie. Pour Bouchra BENRAÏSS, le management des équipes
à distance peut s’apparenter à un art, où le manager est un véritable chef d’orchestre. Laïla BENRAÏSS-
NOAILLES présente les caractéristiques du management proxidistant durable. Pour Houcine BERBOU,
un rééquilibrage entre le proche et le lointain est indispensable. Antoine BERTHEUX propose d’inclure
le ludique dans tous les outils de management d’autant plus à distance. Maëlys BEULQUE s’interroge
sur le bon équilibre à trouver entre distance et trop d’intrusivité. Mireille BLAESS insiste sur la place et le
rôle des leaders. Selon Patrick BOUVARD, la distance est un terrible révélateur du management ! Pour
Jacques BROUILLET, la Covid-19 nous invite à réviser certaines pratiques managériales pour mieux
concilier vie privée et vie professionnelle, distance et proximité, économie et social. Mireille CHIDIAC
EL HAJJ souligne la nécessite de se préparer à l’imprévu tout en développant suffisamment d’agilité.
Giovanni COSTA décrit le passage du fordisme au cloudisme. Patrick DAMBRON explique que la proxi-
mité est au cœur de l’acte serviciel. Richard DELAYE-HABERMACHER s’intéresse au sacré comme
mode de maintien, à distance, de la proximité étudiants/enseignants. Raphaël DOUTREBENTE distingue
le télétravail subi et le télétravail choisi. Pour Dominic DRILLON, la réussite reposera sur trois valeurs à
développer : la confiance, l’engagement et la solidarité entre ses membres. Michelle DUPORT souligne
que la proximité comme la distance peuvent être spatiales, temporelles, technologiques, sociocultu-
relles, socio-économiques, mais aussi cognitives, contextuelles et langagières. D’après Kofi John Idao
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Le goût de l’autonomie
Viviane de BEAUFORT, Professeure, ESSEC Business School
Le contexte lié au confinement #Covid a accéléré le travail à distance interpellant les entreprises sur
l’autonomie des collaborateurs et le rôle du management. Il semble que la majorité des salariés aient
parfaitement travaillé seuls malgré parfois des contraintes de famille lourdes, désireux de soutenir
leurs organisations mais questionnant dès lors le rôle des managers intermédiaires. De retour au
« bureau » le « business as usual » semble impossible car les salariés ont pour une large part pris
goût à l’autonomie et identifie l’intérêt de travailler à domicile au moins en partie. C’est dès lors un
management plus souple, collaboratif et base sur la confiance, la fixation d’objectifs et non le calcul
d’heures de présence qui s’impose.
Ceux qui ne prennent pas ce train et persistent en mode vertical et autoritaire risquent de payer cher
en termes de démotivation des équipes.
1 Meyronin B. (2020), Manager l’expérience client-collaborateur. Vers l’éthique du care, Paris, Editions Dunod.
1 Dejoux C., Pennaforte A., Condomines B., Greselle-Zaïbet O., Bender A-F., Storhaye P. (2020), Fonctions RH, Des
stratégies, métiers et outils en transformation, 5e édition, Pearson.
L’injonction quasi-paradoxale
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La quadrature du cercle des managers dans la tourmente de la crise sanitaire prend souvent la forme
de cette question : comment augmenter sa qualité de présence tout en étant plus souvent éloi-
gné géographiquement ? Comment donc conjuguer distance et proximité, voire intimité ? Plus que
jamais, ces notions se trouvent entremêlées, et un nouveau vocable pourrait trouver tout son sens :
la « distimité ». Il s’agit bien de pallier la distance physique par une forme d’intimité relationnelle qui
est une composante clé de la performance, à travers la confiance et la motivation qu’elle est sus-
ceptible de générer. En effet, le mot « présence » signifie bien plus que la présence physique, et le
mode présentiel n’implique pas la qualité de présence, tout comme le mode distanciel n’exclut pas la
présence consciente et pleine. Pour que le management à distance ne se transforme pas en contrôle
à distance, ni en prise d’otage à distance par la multiplication des réunions, les managers sont invités
à repenser et optimiser leur présence, tant vis-à-vis des collaborateurs, que vis-à-vis du collectif. Cela
les appelle à développer leur sens de l’écoute, de l’attention, afin d’affûter leur conscience des autres,
de leurs besoins, de leurs préoccupations et de leurs aspirations. Parmi ces besoins fondamentaux,
chacun a besoin de se sentir écouté, reconnu, contributeur d’un collectif mais aussi de disposer
d’une autonomie suffisante. Le rôle du manager consiste alors à nourrir ces différents besoins pour
créer les conditions de la motivation individuelle et de la cohésion collective, elles-mêmes sources de
performance. Ainsi, paradoxalement, cette présence augmentée du manager doit cohabiter avec une
forme d’effacement ayant pour objectif de responsabiliser les collaborateurs tout en leur permettant
de se développer et de gagner en autonomie. Cette posture qui allie une qualité de présence et un
retrait assumé requiert une habileté relationnelle qui sera de plus en plus précieuse à mesure que les
nouvelles pratiques de travail à distance se répandront de façon pérenne.
29,7 % de la totalité des transferts financiers vers l’Afrique (41,9 % pour les investissements directs
étrangers et 28,4 % pour les aides publiques au développement). Désormais, les membres des
tontines résidents au pays ou en diaspora réussissent à concilier la distance et la proximité, par la
communication virtuelle à travers les différentes plates-formes disponibles actuelles (Skype, Zoom,
Microsoft Teams). Le contexte pandémique critique actuel a accéléré l’appropriation, par les tontines
camerounaises, des réunions distancielles. Ces dernières ont des impacts managériaux et sociétaux
considérables qui permettent aux membres des tontines d’être désormais si distants et si proches.
Notre identité est mise à mal. En cause, le contexte de confinement et la généralisation du travail
à distance « forcé » qu’il implique. Le sentiment d’appartenance à l’organisation et/ou à l’équipe de
travail est alors fragilisé. Par voie de conséquence les liens interpersonnels se distendent, la qualité
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incertitudes liées à sa condition professionnelle dans ce contexte, le haut degré de coopération entre
les acteurs (internes ou externes à l’entreprise, équilibrer la part vie professionnelle, vie sociale et per-
sonnelle, viser la performance du collaborateur par un haut degré d’autonomie acquise ! La distance
objective aura une incidence très forte sur la distance managériale perçue par les acteurs et renfor-
cera en cela la proximité virtuelle entre le manager et ses collaborateurs perçue par ce couple comme
une « autre » réalité convenable, raisonnable et créatrice de valeur matérielle et immatérielle redon-
nant un nouvel équilibre à leur relation professionnelle. Les équipes sont-elles prêtes ? Objectivement
non, car non préparées à ce type de bouleversement inattendu. Comment pouvons-nous alors don-
ner de l’épaisseur à la relation de cette dyade dans un contexte différent ? Tout d’abord apprendre
à communiquer différemment en s’appuyant sur les technologies d’échanges et d’animation, ceci
nécessite une formation solide à ces outils, qui permettront d’enrichir la représentation de l’autre.
Elles permettront tout en préservant l’autonomie des acteurs de « véhiculer le sens » en créant un
nouveau référentiel de relation « pour être « proche à distance ». Se donner les moyens d’une flexi-
bilité ou d’une « plasticité » dans ce mode de relation par une reconnaissance de l’autonomie accrue
des acteurs instrumentalisant la capacité à travailler à distance comme une nouvelle compétence
fondatrice du management dans ce contexte nouveau. La « distance objective » définira la proximité
perçue par les acteurs et résoudra en partie ou en totalité à mon sens la proposition complexe propo-
sée, je le crois étant moi-même depuis des années dans ce contexte dit nouveau ! Ceci étant posée
comment allons-nous dans un environnement économique ou « business » évaluer la performance
induite par le concept « être proche à distance », en effet l’art du management passe aussi par la
mesure de l’impact des actions et sur l’efficience et l’efficacité de la dyade ? Pour cela nous vous
proposons d’enrichir votre tableau de bord de la performance managériale par cet indicateur hybride
résumant mes propos :
Rdp= F(Distance perçue⁄Proximité perçue)
Le Ratio distance-proximité, nouvel indicateur de la raison d’être au travail du collaborateur dans sa
relation au management et au manager de proximité dans un contexte nouveau ! A 1 il est équilibré,
a plus de 1 il est créateur de valeur à moins de 1 il faut le travailler ! Manager et collaborateur à vos
marques la révolution dans un monde nouveau approche !