L'enfant Noir
L'enfant Noir
L'enfant Noir
L'enfant qui fait l'objet du titre de l'ouvrage nous y est présenté pour la première fois
sous le signe du serpent, l'animal totem de son père et du clan des forgerons.
Outre la description des lieux de son enfance-la concession, l'atelier du père, la case
de la mère, celle du père et de la véranda attenante où il aime à jouer-, le chapitre
évoque la lente initiation de l'enfant aux significations du serpent, animal dangereux
sauf à en adopter, comme son père, le bon spécimen.
Le petit serpent noir que caresse son père à la fin du chapitre est l'animal totem du
clan des forgerons, dont l'enfant se demande s'il héritera, ou s'il lui préférera le
chemin de l'école.
CHAPITRE 2
Une femme ayant besoin d'un nouveau bijou pour une fête religieuse arrive chez le
père du narrateur, qui est orfèvre, avec un griot qui est censé inspirer l'artisan.
Suivant les exigences rituelles, le père s'est purifié le matin même, prévenu par son
génie de la tâche qu'il aurait à accomplir ce jour-là. L'enfant apprécie la
transformation quasi magique de l'or en bijou et l'extraordinaire travail de son père,
qui est aidé dans sa tâche par la présence du petit serpent noir. La femme à qui le
bijou est destiné s'émerveille devant le spectacle elle aussi, mais la mère du
narrateur ne partage pas l'admiration de celle-ci, croyant au contraire que le travail
de l'or ne peut que nuire à la santé de son mari.
CHAPITRE 3
La visite à la concession son oncle Lansana représente un moment privilégié pour
l'enfant, qui fait le voyage de Kouroussa à Tindican accompagné du frère cadet de
celui-ci. Ce voyage se caractérise par des dialogues enjoués qui aident l'enfant à
supporter la difficulté de marcher si longtemps et finit par l'accueil de l'enfant par sa
grand-mère.
L'enfant passe son séjour à Tindican à bien manger, à jouer avec les autres enfants,
et à aider ceux-ci à chasser les oiseaux et les autres bêtes des champs cultivés. Le
narrateur se distingue des autres enfants par ses habits d'écolier. La journée se
termine par un repas de famille où Lansana, enfin rentré des champs, se montre
bienveillant vis-à vis du petit.
CHAPITRE 4
La moisson du riz du mois de décembre est un effort communautaire puisque toutes
les familles font la récolte générale le même jour. Les hommes sont responsables de
la moisson proprement dite; les femmes, de leur côté, sont responsables de nourrir
les travailleurs et les enfants. La moisson est présentée comme un événement
joyeux auquel la communauté participe avec allégresse, chantant et travaillant au
rythme du tam-tam.
Quant au narrateur, il participe à la moisson en aidant son jeune oncle. Son travail
consiste à prendre les bottes d'épis récoltées par son oncle, les débarrasser de leurs
tiges, les égaliser, et porter les gerbes au milieu du champ. Le narrateur reconnaît la
dureté du travail et voudrait bien manier à son tour la faucille, mais son oncle l'avertit
que ce travail de faucheur ne sera sans doute jamais le sien.
CHAPITRE 5
On apprend que, revenu à Kouroussa, le narrateur demeure chez sa mère, à la
différence de ses frères et sœurs, qui dorment chez leur grand-mère paternelle. C'est
dans ce chapitre que le narrateur nous fait le portrait de sa mère, une femme
généreuse qui est chargée de la préparation de la nourriture, de l'éducation des
enfants. Elle traite les apprentis de son mari comme ses propres enfants, les
nourrissant et s'occupant de tous leurs besoins.
Cette femme se distingue non seulement par sa naissance noble et son air d'autorité,
mais surtout par ses pouvoirs spéciaux qui lui viennent de sa position de puînée de
jumeaux et du totem familial, le crocodile. Elle a une influence remarquable sur les
animaux et peut puiser dans l'eau du Niger sans craindre l'attaque des crocodiles. Le
narrateur apprécie les prodiges effectués par sa mère tout en reconnaissant, de son
point de vue adulte, leur nature fabuleuse.
CHAPITRE 6
Le narrateur fréquente l'école coranique et, plus tard, l'école française. Dans l'une
comme dans l'autre, les rapports entre filles et garçons se caractérisent par la
moquerie universelle. Cependant le narrateur développe un rapport différent avec
Fanta, l'amie de sa sœur.
C'est le maître d'école qui représente l'autorité, faisant régner le silence et ayant
recours aux punitions corporelles. Les enfants, pour leur part, sont calmes et
attentifs. Les grands sont souvent les bourreaux des petits, les forçant à faire les
corvées imposées par le maître. Lorsque leurs interventions deviennent trop
brutales, les parents interviennent, contraignant enfin le directeur de changer de
poste.
CHAPITRE 7
Le rite de Kondèn Diara constitue la première épreuve de l'initiation des jeunes
incirconcis au monde adulte. Le soir de la veille du Ramadan, les enfants à initier
sont cueillis par une troupe hurlante, et participent tous à une fête communautaire,
après laquelle ils subissent tous la cérémonie des lions dans un lieu sacré de la
brousse. Le narrateur confie au lecteur la peur éprouvée lors de cette nuit, peur de
l'inconnu, mais aussi des rugissements de lions invisibles aux enfants. A l'aube,
l'instruction finie, les enfants découvrent de longs fils blancs couronnant toutes les
cases de la concession et se rejoignant au somment d'un énorme fromager. Le
mystère de l'installation de ces fils aussi bien que la source du rugissement des lions
sont révélés par le narrateur, éloigné de son pays natal et peu soucieux des secrets
de sa communauté natale.
CHAPITRE 8
Préparés par le rite de Kondèn Diara, les garçons de douze, treize et quatorze ans
subissent ensuite la cérémonie de la circoncision, épreuve caractérisée par la
douleur aussi bien que par la peur. Après une semaine de préparations festives
pendant lesquelles les garçons, habillés de boubous cousus et de bonnets à
pompon, reçoivent des cadeaux et dansent à maintes reprises le coba, danse
reservée aux futurs circoncis, ceux-ci sont conduits sur une aire circulaire où
l'opérateur accomplit sa tâche avec rapidité. S'ensuit une quarantaine de quatre
semaines pendant lesquelles les jeunes gens sont soignés par un guérisseur et la
vue des femmes leur est interdite. Le narrateur reconnaît l'importance de la
séparation rituelle entre mère et fils et finit par habiter sa propre case en face de
celle de la case maternelle.
CHAPITRE 9
Ce chapitre commence par le récit des adieux à Kouroussa: le narrateur décrit ses
adieux à sa mère, à son père, à ses frères et ses sœurs. Le départ du jeune homme
est marqué par le déchirement et la tristesse du narrateur, qui est accompagné à la
gare par ses frères et sœurs, Fanta, et des griots.
CHAPITRE 10
Lors de sa deuxième année de collège, le narrateur voit regulièrement son nom au
tableau d'honneur. C'est pendant cette période qu'il rencontre Marie, qui passe ses
dimanches chez l'oncle du narrateur. Selon lui, ils partagent une sorte d'amitié
profonde, mais le lecteur sent bien que leurs émotions sont plus fortes que celles
d'une simple amitié. Les tantes du narrateur taquinent les deux jeunes gens, parlant
de leurs futures fiançailles. Les deux passent beaucoup de temps ensemble, à
dansant, écouter de la musique, se promener à bicyclette, etc. A la maison, le
narrateur attend qu'on le serve, tandis que Marie aide au ménage.
CHAPITRE 11
Durant ses années de collège, le narrateur retourne regulièrement à Kouroussa
pendant les vacances scolaires. A chaque retour il peut apprécier les efforts de sa
mère pour rendre sa case plus «européenne» et correspondre à son éducation. Lors
de ces visites, le narrateur reçoit ses amis et même de jeunes femmes séduisantes
dont sa mère désapprouve la fréquentation. En fait le narrateur se plaint de la
«tyrannie» de sa mère qui surveille tous ses mouvements, même lorsqu'il dort.
CHAPITRE 12
Ayant reçu son certificat d'aptitude professionnelle, le narrateur a l'occasion d'aller
étudier en France avec l'aide d'une bourse scolaire. La mère du narrateur refuse
absolument de considérer cette idée; son père y est plus ouvert et encourage son fils
à partir pour son propre bien et pour qu'il puisse revenir aider son peuple. La mère
finit par comprendre qu'elle ne peut pas empêcher le départ de son fils, mais sa
tristesse est profonde.
Un jour, donc, le narrateur se retrouve dans un avion qui part pour Dakar, où il
laissera Marie qui va y poursuivre ses propres études. De Dakar il prendra un autre
avion pour aller à Orly, d'Orly il ira à la gare Saint-Lazare en métro, et finalement à
Argenteuil. Le narrateur promet de revenir, mais son dernier geste est de palper le
plan du métro de Paris qui gonfle sa poche.