Mémoire APS Elhammoumi Ahmed

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Université de Strasbourg

Ecole nationale d’administration

Master spécialité Administration et finances publiques


Parcours Administration Publique Spécialisée

La gestion axée sur la performance :

le cas de la fonction achat du ministère de l’Education nationale et de ses


opérateurs

[Ici sous-titre éventuel du mémoire]

Damien BROUSSOLLE

Maître de Conférences HDR

Science Economique

Soutenu par
Ahmed Elhammoumi
CIP Promotion Alan Turing (2016-2017)
2
Remerciements

La réalisation de ce mémoire a été possible grâce au concours de plusieurs personnes à qui

je voudrais témoigner toute ma reconnaissance.

Mes remerciements les plus sincères vont à tous ceux qui m’ont soutenu, dans tous les

sens du terme, jusqu’à ce jour :

À Monsieur le Professeur Damien BROUSSOLLE, pour son encadrement, sa disponibilité sans


faille et ses conseils précieux.

À Tous les responsables, enseignants et personnel administratif de l’ENA pour leur

encadrement multiforme

À toute ma famille et tous mes amis qui ont toujours cru en moi, pour leur soutien

permanent. Qu’ils trouvent ici le témoignage de mon amour

À tous ces intervenants, je présente mes remerciements, mon respect et ma gratitude.

3
4
Sommaire

L’objectif de ce travail est d’interroger l’appropriation de la démarche de performance par


l’administration française, à travers l’analyse des pratiques managériales en relation avec la
fonction achat au sein du ministère de l’éducation nationale et certains opérateurs publics.

La première partie est consacrée aux questions théoriques inhérentes à la logique de


performance dans le secteur public, avec un focus sur la performance des achats publics dans
le contexte français à travers l’analyse de la politique achat de l’Etat.

La deuxième partie revêt un aspect pratique en se basant sur une enquête effectuée auprès des
structures étudiées, dans l’objectif d’évaluer leurs pratiques en matière des achats publics par
rapport aux exigences de la performance établies par la direction des achats de l’Etat.

Suite à cette analyse, des recommandations ont été élaborées pour améliorer la gouvernance
de la fonction achat de ces organismes et assurer une meilleure intégration de la logique de
performance.

5
6
Sommaire

Introduction ........................................................................................................................................3
Partie I: L’application de la gestion axée sur la performance à l’achat public à l’épreuve des
spécificités ..........................................................................................................................................7
Chapitre I : La construction de la démarche performance : processus et défis ..................................7
Section1 : Cadre conceptuel de la gestion axée sur la performance .............................................7
Paragraphe1 : Le processus de la gestion axée sur la performance ..........................................7
Paragraphe2 : Les outils de la mesure de la performance ...................................................... 10
Section 2 : La déclinaison de la démarche de performance dans le contexte français : défis et
limites ....................................................................................................................................... 13
Paragraphe1 : le dispositif de la gestion axée sur la performance en France .......................... 14
Paragraphe2 : La démarche de performance au sein de l’administration Française : enjeux et
écueils ................................................................................................................................... 16
Chapitre II : L’achat public : vers un passage à la logique de performance ..................................... 19
Section1 : L’achat public à la croisée des logiques différentes.................................................... 20
Paragraphe1 : la prédominance de la logique juridique et budgétaire .................................. 20
Paragraphe 2: L’achat public au service de la politique économique ? .................................. 21
Section2 : La politique achat de l'Etat : Levier d’harmonisation et de gouvernance. ................... 22
Paragraphe1 : Les acteurs de la politique achat de l’Etat ........................................................ 22
Paragraphe2 : Les objectifs de la politique achat de l’Etat ..................................................... 24
Partie II: Etude de cas : la performance de l’achat du ministère de l’éducation nationale et de ses
opérateurs. ....................................................................................................................................... 28
Chapitre I : Diagnostic de la fonction achat du ministère de l’éducation nationale......................... 28
Section1 : Le cadre méthodologique.......................................................................................... 28
Paragraphe1 : La démarche d’évaluation ............................................................................... 28
Paragraphe2 : La grille d’analyse proposée pour cette étude ................................................. 29
Paragraphe3 : Les outils d’enquête ........................................................................................ 30
Section2 : Résultats de l’enquête sur la fonction achat du ministère de l’éducation nationale ... 31
Paragraphe1 : L’organisation et la planification des achats du ministère ................................ 31
Paragraphe2 : Le pilotage et l’évaluation de la performance des achats ................................ 34
Paragraphe 3 : Bilan des objectifs liés à l’efficience de la fonction achat ................................ 36
Chapitre II : La fonction achat des opérateurs de l’enseignement scolaire : Etat des lieux et
préconisations .............................................................................................................................. 38
Section1 : Etat des lieux ............................................................................................................ 38
Paragraphe1 : une organisation hétérogène avec une prédominance la logique de sécurisation
............................................................................................................................................. 38
Paragraphe 2 : Une politique achat en déficit de formalisation .............................................. 41
Paragraphe3 : Une logique de sécurisation et une quasi-absence de l’évaluation de la
performance des achats ........................................................................................................ 42
Section2 : Pistes d’amélioration de la fonction achat ................................................................. 43
Paragraphe1 : Renforcer l’accompagnement et l’évaluation des opérateurs ............................ 43
Paragraphe2 : Assurer la valorisation et professionnalisation des acheteurs ....................... 44
Conclusion : quelles perspectives pour la gestion axée sur la performance en France ? ..................... 47
Annexes ............................................................................................................................................ 50

1
2
Introduction

Il est généralement admis qu’une économie compétitive exige une administration


efficace, car l’intégration d’une économie de marché nécessite, en effet, une réglementation
adaptée et des administrations aptes à la servir. A vrai dire, la mise en place d’un
environnement favorable à la réalisation des objectifs de consolidation du cadre
macroéconomique, de promotion de la croissance économique, de réduction des déficits et de
développement humain nécessite une efficacité de la dépense publique qui passe
inéluctablement par la performance de l’administration. Raison pour laquelle, la
modernisation de l’administration et du service public était toujours au cœur des réformes des
Etats.

Au milieu des années 90, un mouvement international tendant vers la performance du


service public a été initié par plusieurs pays, notamment le Royaume-Uni, les USA et le
Canada. L’organisation de coopération et de développement économique a fortement
contribué à la diffusion et à la mise en place de nouvelles réformes de la gestion publique
appelées new public management. La tendance était de réformer l’Etat sous de nouveaux
principes inspirés de la gestion propre aux entreprises. La volonté de pouvoirs publics était de
rendre l’action publique performante.
En France, l’adoption de la loi organique relative aux lois des finances en 2001 s’inscrit
dans cette logique de la réforme de l’Etat, une réforme qui consiste à « construire un appareil
administratif qui parvient aux objectifs qui lui sont fixés, qui est capable d’évaluer ses
résultats, de corriger, le cas échéant, ses trajectoires »1. Autrement dit, cette réforme de l’Etat
passe par l’instauration d’une administration plus efficace, plus efficient, au service des
politiques publiques.

Dix ans après l’entrée en vigueur de la LOLF, faut-il toujours rappeler que la démarche
de performance n’est pas une fin en soi. Il s’agit d’un outil de pilotage du service public. Or, il
semble toujours opportun de poser la question qui a été déjà posée par la commission du
commissariat général au plan en 1995 avant même l’adoption de la LOLF. Cette question est
la suivante : quel sens doit-on donner au service public en France au XXIème siècle ?

1
Alain Lambert et Didier Migaud "La loi organique relative aux lois de finances (LOLF) : Levier de la réforme de
l'Etat" E.N.A. | Revue française d'administration publique.2006/1 - no117 pages 11 à 14

3
Cette question met en avant la nécessité de « retracer les équilibres entre compétitivité et
solidarité, entre efficacité économique et équité sociale, entre performance et cohésion »2.

Dans ce sens, une réflexion sur la qualité d’appropriation de la logique de performance


par l’appareil administratif français s’avère d’une grande utilité notamment d’un contexte
politique et social caractérisé par une remise en question de l’efficacité et de la légitimité de
l’action publique.

Par ailleurs, les dépenses publiques sont effectuées essentiellement à travers l’achat
public. Aujourd’hui la commande publique en France représente constitue l’un des
l’instrument clés des politiques publiques. Compte tenu de cette importance, les pouvoirs
publics ont toujours été attentifs au cadre qui régit différentes formes de la commande
publique.

En revanche, si la commande publique doit viser la meilleure performance possible en


termes de coûts et de services, elle est régulièrement montrée du doigt pour son inefficacité 3.
La qualité de gestion des achats publics constitue donc un enjeu majeur pour l’efficacité des
politiques et la légitimité des acteurs politiques et administratifs. C’est aussi un paramètre de
l’engagement de l’administration au service des citoyens.

Ce travail s’inscrit dans un cadre d’évaluation de la démarche de performance telle qu’elle


est adoptée par l’administration française, à travers l’exemple de la fonction achat du le
ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche et celle des
opérateurs de l’enseignement scolaire.

Cette réflexion présente dès lors un intérêt scientifique parce qu’elle prétend passer en
revue les conditions d’une mutation de la gestion publique qui vers le pilotage par la
performance au moment où les exigences de rigueur et de discipline budgétaires se font de
plus en plus ressentir. Ce travail pourrait ainsi constituer une contribution conceptuelle au
débat sur la gestion axée sur la performance, conjuguée à une utilité pratique à travers l’étude
de cas choisi, à savoir la gestion des achats au sein du ministère de l’éducation nationale et
de certains opérateurs publics.

2
Fouchet Robert. Performance, service public et nouvelles approches managériales. Politiques et management
public Année 1999 Volume 17 Numéro 2 pp. 35-49
http://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1999_num_17_2_2229
3
Saussier Stéphane et Tirole Jean.Renforcer l’efficacité de la commande publique. Notes du conseil d’analyse
économique.2015/3 (n° 22). https://www.cairn.info/revue-notes-du-conseil-d-analyse-economique-2015-3-
page-1.htm

4
Problématique

Tout au long de cette réflexion, la question principale qui va nous guider est la
suivante : Quelle évaluation peut-on faire de l’appropriation de la démarche de performance
par l’administration française, à travers l’étude de déclinaison de cette logique au sein du
ministère de l’éducation nationale et certains opérateurs publics ?

Cette question principale est déclinée en questions secondaires, à savoir :

Quelles sont les atouts, les modalités et les limites de la démarche performance ?

Comment la mission achat du ministère de l’éducation nationale et certains opérateurs se sont


adaptés avec les exigences de la gestion axée sur la performance ?

Quels sont les défis et les contraintes susceptibles d’entraver la pleine appropriation de cette
démarche ?

Dans quelles conditions s’effectue le passage des achats publics de la logique de moyens et
de sécurité juridique, à celle du management de la performance ?

Méthodologie

La méthodologie envisagée va s’appuyer sur une approche à la fois descriptive et


analytique de la démarche de performance, en faisant recours à plusieurs outils juridique,
manageriel, et économique.

Cette analyse s’appuiera, donc, à la fois sur la littérature relative à la performance et


les achats publics (textes juridiques, rapports officiels, ouvrages scientifiques..) ainsi que sur
l’enquête de terrain auprès des responsables achat du ministère de l’éducation nationale et des
opérateurs de l’enseignement scolaire.

Plan du mémoire

Pour aborder cette problématique, il semble nécessaire de mettre en relief la


démarche de la performance à travers ses outils et sa déclinaison dans le contexte français.

Ensuite, on va procéder à un rappel du cadre de gestion de l’achat public en France et les


différentes logiques partagées eu sein de la communauté des acheteurs tout en mettent en
lumière les axes de la performance qui constituent le socle de la politique achat de l’Etat

5
Pour vérifier l’application de ces exigences de performance, on va essayer de dresser un état
des lieux de la gestion des achats au sein du ministère de l’éducation national et certains
opérateurs publics de l’enseignement scolaire, pour pouvoir élaborer des préconisations liées
aux pistes d’amélioration de la gestion de ces structures administratives.

Ainsi, le plan de ce travail sera décliné en deux parties :

Partie I: L’application de la gestion axée sur la performance à l’achat public à l’épreuve des
spécificités

Partie II: Etude de cas : la performance de l’achat du ministère de l’éducation nationale et de


ses opérateurs.

6
Partie I: L’application de la gestion axée sur la performance à l’achat public à
l’épreuve des spécificités

La performance constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour toute organisation. C’est


aussi un concept qui a beaucoup évolué avec les théories du management, qui est
susceptible de définitions différentes. La définition de ce concept revêt donc un intérêt majeur
pour s’accorder sur l’objet de cette réflexion. Ensuite, la gestion axée sur la performance fait
appel à une démarche, s’appuyant sur des outils de mesure. Cette démarche telle qu’elle est
appliquée dans le contexte français répond à des enjeux très importants en dépit de certains
écueils constatés (Chapitre I).

Par ailleurs, les achats publics en tant d’outil incontournable de la dépense publique,
gérés pendant longtemps selon une logique purement juridique, s’orientent aujourd’hui de
plus en plus vers la logique de la performance.il convient donc de mettre en exergue les
mécanismes mis en place pour garantir cette mutation (Chapitre II).

Chapitre I : La construction de la démarche performance : processus et défis


La démarche de la performance fait appel à un certain nombre de concepts et d’outils
(Section1). Son application dans le contexte français depuis l’entrée en vigueur de la LOLF
suscite des interrogations par rapport aux enjeux et aux écueils de cette démarche (Section 2).

Section1 : Cadre conceptuel de la gestion axée sur la performance


Pour les chercheurs en sciences de gestion, la performance est un concept qui engendre de
nombreux travaux, études et débats. Il n'est, en effet, pas si simple de définir, de mesurer la
performance d'une organisation quelle qu'elle soit, même lorsqu'il s'agit d'une entreprise
privée. Dans ces conditions, on peut aisément imaginer que la problématique se complique
encore davantage lorsqu’on l'insère dans la sphère publique. En réalité, trois difficultés
surgissent régulièrement autour de la notion de performance. La première difficulté concerne
le sens à donner au concept lui-même ; la deuxième renvoie aux modalités d'obtention de
ladite performance. La troisième, enfin, renvoie à l'identification des critères et indicateurs de
performance, et donc à la question-clé de l’évaluation. Cette section a pour objet d'aborder
ces différentes questions en relation avec les spécificités du service public.

Paragraphe1 : Le processus de la gestion axée sur la performance


Avant de présenter brièvement les éléments constitutifs du processus de la démarche
performance, il semble opportun de définir le concept de la performance.
7
A- Essai de définition

Outil d’évaluation d’une activité, la performance qualifie « le rapport existant entre les
ressources consommées par cette activité (son «coût») et l'importance des besoins sociaux
auxquels elle permet de satisfaire (sa «valeur») » 4 . En arrière-plan de cette notion de
performance, on retrouve donc toujours le couple «valeur/coût», désigné selon les contextes
par les couples «qualité-prix», «utilité-prix», «efficacité-efficience»5.
Ainsi, la performance dans la gestion n’implique ni moins de dépenses, ni plus de
dépenses. Elle consiste à simplement « dépenser mieux afin que le citoyen/contribuable
ressente l’impact et les effets de sa contribution, tout en assurant une gestion rationnelle des
deniers publics »6.
La performance publique peut donc être comprise comme étant la capacité à atteindre des
objectifs préalablement fixés, exprimés en termes d’efficacité socio-économique, de qualité
de service ou d’efficience de la gestion. Autrement dit, dans le secteur public, «c’est l’intérêt
général qui définit la valeur de ce que fait l’administration ; la performance se définit donc
par rapport à l’intérêt général »7.
En d’autres termes, l’objectif de la performance publique est alors d’optimiser le bénéfice
que l’action de l’Etat procure à la société et améliorer la qualité du service rendu à l’usager
tout en s’inscrivant dans une politique budgétaire soutenable 8.
Ainsi, l’atteinte de la performance dépend de l’application d’une démarche de
performance qui peut être définie comme étant « un dispositif de pilotage des
administrations ayant pour objectif d’améliorer l’efficacité de la dépense publique en
orientant la gestion budgétaire vers l’atteinte de résultats prédéfinis, en matière d’efficacité

4
Lorino Philippe: A La recherche de la valeur perdue : construire les processus créateurs de valeur dans le secteur public/
Politiques et management public, vol. 17 n° 2, 1999. La performance publique. Actes du neuvième colloque international
organisé en collaboration avec l'IUP management public, - 28/29 mai 1998 - Tome 1 - A la recherche de la performance
publique. pp. 21-34.
http://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1999_num_17_2_2228 (consulté le 11/05/2017)
5
Lorino Philippe: A La recherche de la valeur perdue : construire les processus créateurs de valeur dans le secteur public/
Politiques et management public, vol. 17 n° 2, 1999. La performance publique. Actes du neuvième colloque international
organisé en collaboration avec l'IUP management public, - 28/29 mai 1998 - Tome 1 - A la recherche de la performance
publique. pp. 21-34.
http://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1999_num_17_2_2228 (consulté le 11/05/2017)
6
Zahed Mahrez, la démarche de performance dans la gestion publique .Gestion&finances publiques. N° 5/2016 Septembre-
Octobre 2016
7
INGLEBERT Xavier, manager avec la LOLF. Groupe Revue fiduciaire ; 2ème édition.2009.p141
8
Circulaire interministérielle du 21 juin 2001 sur le développement du contrôle de gestion dans les administrations.citée
par INGLEBERT Xavier, manager avec la LOLF. Groupe Revue fiduciaire ; 2ème édition.2009.p152

8
socio-économique, de qualité de service, d’efficience, dans le cadre de moyens
prédéterminés»9.
B- Les éléments constitutifs de la démarche de performance
La déclinaison de la démarche de la gestion axée sur les résultats, dans une optique
gestionnaire, suit le processus suivant :

1- La définition d'objectif

La définition d'objectifs s'entend comme le choix des domaines d'action prioritaires et


l'identification des résultats attendus dans ces domaines; elle se réalise à partir d'une double
référence: un contexte de départ (et notamment les dysfonctionnements à combattre dans ce
contexte) et des projets ou perspectives d’évolution, compte tenu d’analyses prospectives.

L’objectif est aussi « une fin mesurable, quantifiable que l’on se propose d’atteindre dans un
délai donné » 10 , ou plus précisément « un but que l’administration se fixe, formulé in
abstracto » 11 .On peut donner comme exemple l’objectif suivant : rendre des décisions de
qualité dans des délais raisonnables en matière civile en matière de justice.
Dans une logique managériale, l'objectif n'est pas seulement une vague orientation
générale; il est une intention d'amélioration et d'action mesurable (quantitativement et/ou
qualitativement), ce qui suppose de pouvoir définir, parallèlement à l'objectif, une mesure de
la situation de départ, et des indicateurs d'évaluation de la situation d'arrivée.

Par ailleurs, la définition d'objectifs au niveau « macro-managérial» s'inscrit donc dans le


cadre d'une stratégie ou d'une démarche de projet. En effet, l’objectif simplifie la réalité de la
mission sans pour autant en retracer les contours. Autrement dit, « l’objectif ne rend pas
compte de la réalité d’une mission, mais il rend réaliste l’action à entreprendre pour
l’accomplir »12.

2- L'organisation et la segmentation des activités

Les processus d'organisation ne se réduisent par à l'organigramme de l'unité : en effet,


l'organigramme n'est que la traduction formelle (généralement écrite et représentée sous
forme de schéma) des choix de répartition de l'autorité et des responsabilités au sein d'une
entreprise, d'une administration ou de toute entité gérée.

9
La démarche de performance – Guide méthodologique de la LOLF française – 2004
10
Maazouz/B.Leclerc : La gestion intégrée par résultat, presse de l’université de Québec.2008. p 174
11
Catteau.Damien. droit budgétaire ; comptabilité publique : LOLF et GBCP. HACHETTE LIVRE 2014.p 45
12
Manager avec la LOLF p300.

9
Cependant, même si la formalisation de l'organigramme n'est pas suffisante, elle n'en
demeure pas moins utile pour le management. Celui-ci gagne notamment à expliciter les
missions de l'unité et leur répartition entre les acteurs ou les services, dans une optique de
coordination.

2- L’allocation des moyens

Au plan des individus ou des équipes, l'allocation des moyens consiste, selon une logique
similaire, à développer l'adéquation entre les objectifs et les conditions ou les moyens de
travail. Cette logique est d'autant plus importante lorsqu'il y a volonté de délégation, au sens
plein du terme, ce qui suppose de donner aux individus concernés les moyens d'assumer la ou
les missions ainsi confiées.

4- L’activation et l’animation

L'activation consiste à « donner vie» à l'unité et à lui insuffler régulièrement de l'énergie,


pour combattre la routine et la sclérose. L'animation, quant à elle, correspond aux
mouvements, aux impulsions et aux dynamiques que l'on peut intégrer au sein d'un
fonctionnement quotidien pour favoriser l'implication et l'intérêt des personnels de l'unité. Ce
processus peut se traduire par des plans de communication interne et par des actualisations
régulières des méthodes de travail et de gestion.

5- Le(s) contrôle(s)

Le contrôle est un outil de pilotage permanent et indispensable pour le management de la


performance, qui consiste donc à évaluer les résultats (intermédiaires et finals) au regard des
objectifs et/ou de la situation de départ. Cette démarche fera l’objet du paragraphe suivant.

Paragraphe2 : Les outils de la mesure de la performance


La mesure de la performance repose sur un système de pilotage des activités, fait tout à la
fois d'indicateurs, (tableaux de bord), de processus d'animation et de suivi (réunions,
concertations, etc.), de réflexes de vérification acquis par expérience, etc.

L’indicateur constitue un « paramètre servant à évaluer les résultats d’une organisation :


coût de revient, taux de réussite, ratio.. » 13 . Autrement dit, c’est la donnée chiffrée
permettant de visualiser la réalisation de l’objectif. L’élaboration des indicateurs doit être
justement « le fruit d’un processus complexe fondé sur le dialogue et la concertation. Car au-

13
Maazouz/B.Leclerc : La gestion intégrée par résultat. Op.cit

10
delà des questions relatives aux coûts de gestion, à l’efficacité ou encore à l’efficience, se
pose celle autrement plus difficile de la satisfaction d’une extrême variété d’intérêts »14.
Si les indicateurs sont d’abord un outil d’information et d’analyse, il ne reste pas moins
que ces outils sont parfois instrumentalisés pour promouvoir les intérêts de certaines parties
prenantes, ou encore utilisés pour légitimer ou justifier des actions qui ont déjà été décidés.
Autrement dit, ce sont les usages et les finalités des indicateurs qui doivent être adaptés.
Par ailleurs, La plupart du temps, quand les indicateurs ne sont pas des juges impartiaux de
la performance, calculer des indicateurs ne clôt pas le processus de mesure de la performance.
Ils ne font que permettre l’ouverture d’une discussion dont la finalité est de mettre au jour la
performance se servant des indicateurs comme point de départ15.
Au final, mesurer la PP vise à obtenir des informations fiables et régulières sur la contribution
des politiques publiques à résoudre des problèmes collectifs - soit à satisfaire des besoins
sociaux reconnus - et sur les aptitudes des institutions administratives à allouer de manière
efficiente les ressources de l'Etat – soit à gérer la production des prestations publiques 16.

Ainsi, La mise en relation des trois notions : objectifs, résultats et moyens implique trois
logiques possibles: une logique d'efficacité, une logique d'efficience, et une logique de
budgétisation.

1- L'efficacité

L'efficacité concerne le rapport entre le résultat obtenu et l'objectif à atteindre. L'évaluation


de l'efficacité analyse l'adéquation entre les outcomes réels et les objectifs visés (soit les
valeurs-cibles définies dans le programme politico-administratif et les éventuels plans
d'action). Elle met en rapport les effets escomptés - par rapport au problème collectif à
résoudre - avec ceux qui apparaissent dans la réalité sociale. A ce niveau, il s'agit donc de
tester la validité empirique de l'hypothèse causale d'une politique publique17.

14
Bouvier.M : « Au-delà de la LOLF : une réforme de l'Etat, un nouveau contrat social » .Intervention prononcée
lors du colloque du 24 avril 2006 Finances publiques et pérennité de l'Etat publiée sur le site suivant :
http://www.fondation-res-publica.org/
15
BERLAND Nicola. Piloter la performance publique avec des indicateurs : conditions et modalités d’usage. Revue française
des finances publiques N°137-2017

16
Knoepfel Peter & Varone Frédéric. Mesurer la performance publique : méfions-nous des terribles
simplificateurs. Politiques et management public Année 1999 Volume 17 Numéro 2 pp. 123-145
http://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1999_num_17_2_2233
17
Ibidem

11
En particulier, la question de la pertinence de l'objectif reste centrale, et renvoie de fait à
une logique stratégique. L’objectif doit être mesurable, il traduit une recherche de cohérence
par rapport à la mission de l'organisation; il s'inscrit dans un horizon temporel de moyen ou
long terme, il s'accompagne d'une part de la définition du résultat attendu à cette échéance, et
d'autre part de l'étude de la situation de départ, de façon à pouvoir identifier le parcours
intermédiaire à réaliser. Or, Les objectifs négociés lors du processus politique ne répondent
cependant que très rarement à pareille exigence. Ils demeurent souvent peu explicites, peu
clairs, non quantifiés et instables dans le temps18.

2- L'efficience

L'efficience désigne « le rapport entre les biens ou les services produits et les ressources
utilisés (productivité), établis en fonction du niveau de services requis (qualité des services)
pour l’atteinte des résultats d’un programme »19.

Quelle que soit l'organisation publique, la question des moyens est d'autant plus cruciale
aujourd'hui que l'État se trouve en phase de resserrement de ses budgets, compte tenu du
contexte économique difficile dans lequel il est inséré. Selon cette évaluation managériale,
l'analyste se demande si l'arrangement politico-administratif pouvait produire les mêmes
outputs avec moins de ressources, ou s'il pouvait produire plus et/ou de meilleurs outputs avec
les mêmes ressources20.

Or, Dans certains cas, la logique d'efficience heurte des valeurs traditionnelles selon
lesquelles le service public ne peut s'arrêter à des questions de rentabilité. Autrement dit ; la
quête de l’efficience risque de mettre en péril la qualité des services rendus aux usagers.

3- La programmation et la budgétisation :

Le troisième volet du «triangle de la performance» est celui de la budgétisation qui


correspond à une programmation de moyens au regard d'objectifs, et au suivi de leur
application.

En principe, la mise en relation des objectifs et des moyens peut aussi être un garant de
cohérence et de faisabilité de l'activité déployée si elle s'inscrit dans une réelle démarche
stratégique. Pour autant, cette logique peut n'inclure aucune prise en compte du résultat, ni

18
ibidem
19
Maazouz/B.Leclerc : La gestion intégrée par résultat, presse de l’université de Québec.2008. p 174
20
Knoepfel Peter & Varone Frédéric. Mesurer la performance publique. Op.cit

12
aucune mesure des réalisations effectives, sauf si l'on introduit en complément une
comptabilité analytique conduisant à des analyses d'écarts entre prévisions et réalisations.

Ainsi, comme le souligne J. Prokopenko21 : « Le mode d'établissement des budgets peut


faire obstacle à l'accroissement de la productivité dans la fonction publique. Les
administrations qui cherchent à obtenir des crédits ou à accroître leurs effectifs n'ont pas
l'habitude de justifier leur demande ».

Par conséquent, la performance consiste en un degré maximal d'adéquation entre la


consommation de ressources et la prévision de dépenses, sans que le résultat obtenu et son
impact n'entrent directement en ligne de compte.

Il ressort de ces analyses et illustrations l'idée selon laquelle les trois dimensions
d'efficacité, d'efficience et de budgétisation ne peuvent atteindre un certain niveau de
pertinence que lorsqu'elles sont combinées, puisque chacune d'elles prise isolément comporte
des risques importants d'effets pervers.

Au demeurant, l’une des problématiques liées à la mesure de performance dans le secteur


public concerne le double niveau de raisonnement qu'il est nécessaire d'adopter : le niveau des
outputs, qui fait référence aux résultats au plus près de la production de services; et le niveau
des outcomes, qui concerne les résultats ultimes d'un processus de production de biens ou de
services, en termes d'impacts pour la société .

Enfin, qu'il s'agisse d'efficacité, d'efficience, de qualité ou de valeur ajoutée, la question de


la performance dans le service public semble toujours reposer sur la nécessité de lever
certaines ambiguïtés et d'éviter les transpositions pures et simples en provenance du secteur
privé.

Section 2 : La déclinaison de la démarche de performance dans le contexte français : défis


et limites

On va essayer de mettre en lumière le dispositif mis par la LOLF de 2001, avant de dresser,
brièvement, un bilan de la mise en œuvre de ce dispositif.

21
Prokopenko J., « Services publics : le défi de la productivité », Politique industrielle, printemps 1990, p39.

13
Paragraphe1 : le dispositif de la gestion axée sur la performance en France
L’introduction la logique de performance dans la sphère publique en France par la LOLf de
2001 a nécessité la mise en œuvre des dispositifs adéquats qu’il convient de rappeler.

A- La programmation pluriannuelle au service de la performance


Si l’atteinte de l’efficacité et l’efficience de la dépense publique est l’un des soucis
majeurs des gestionnaires, ces derniers ne peuvent plus se limiter à un horizon budgétaire
annuel même si les autorisations budgétaires données par le pouvoir politique ne peuvent
l’être que dans le cadre annuel 22 .C’est ainsi qu’il devient nécessaire de placer la
programmation budgétaire des actions correspondantes dans une perspective pluriannuelle
glissante facilitant ainsi leur déclinaison dans la loi de finances et l'affectation des ressources
indispensables à leur exécution.
Un des objectifs de la programmation pluriannuelle est d’améliorer la performance
opérationnelle, en renforçant l’efficacité et l’efficience dans les prestations de services
publics, en donnant aux gestionnaires une plus longue perspective pour gérer leurs projets et
en leur offrant un cadre de suivi de la performance.
Dans ce cadre, la Constitution française a introduit en 2008 la notion de loi de
23
programmation des finances publiques . Ce type de loi définit des objectifs pour l’ensemble
des administrations publiques, contient également des dispositions plus spécifiques visant à
assurer la tenue des objectifs généraux de finances publiques, enfin, elle fixe une
programmation détaillée des dépenses de l’État24. Dans le même sens, une loi organique de
programmation et de gouvernance des finances publique a été adoptée en 2012 pour encadrer
la budgétisation plurianuelle.
B- La budgétisation axée sur la performance

La budgétisation axée sur la performance est un mode d’établissement du budget qui fait
correspondre les crédits alloués à des résultats mesurables. Ce mode de budgétisation suppose
un lien explicite entre la répartition des ressources et les unités de performance, qui sont
généralement des produits. Les crédits sont donc accordés sur la base d’un contrat incluant
des indicateurs spécifiques de performance ou d’activité 25.

22
DOUBLET.X, DREYFUS.B, BLASQUEZ.P, “Guide pratique du management des organisations publiques”, éd. SEFI, 2000.
23
L’article 34 de la constitution française.
24
Guide pratique de la LOLF française édition 2012 : publié sur le lien suivant :
http://www.performancepublique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/files/documents/ressources_documen
taires/publications/guide_pratique_lolf/2012/guidelolf2012.pdf
25
La budgétisation axée sur la performance dans les pays de l’OCDE. p22.
https://books.google.co.ma/books?id=BcvVAgAAQBAJ&pg=PA37&lpg=PA37&dq=avantage+de+la+d%C3%A9marche+progr

14
En France, la LOLF de 2001 a introduit ce mode de budgétisation à travers une
nomenclature budgétaire articulée autour des missions, programmes et actions. La mission,
unité de vote des crédits, correspond à une politique publique qui peut être interministérielle
ou gérée par un ministère. Chaque mission est répartie en programmes, unités de spécialité
des crédits, qui constituent des enveloppes limitatives de crédits, comportant un sous-plafond
de dépenses de personnel. 26 Chaque programme correspond à un ensemble cohérent d’actions
confiées à un responsable, désigné par chaque ministre concerné, appelé le « responsable de
programme ». Celui-ci reçoit une enveloppe de crédits globale et fongible lui permettant de
choisir les moyens les mieux adaptés à la réalisation des objectifs qui lui sont fixés.

Le cœur de ce type de budget est donc le "programme", c'est-à-dire un objectif de politique


publique auquel sont associés les moyens nécessaires pour l'accomplir. La classification
budgétaire n'est plus basée sur la structure des services, mais sur les programmes et donc sur
les finalités des politiques publiques.

En outre, le budget de programme nécessite des mesures de l'efficacité, donc des mesures
du volume d'activité et des résultats. De même, les choix budgétaires pouvant être basés sur
une connaissance précise des niveaux de résultats atteignables en fonction d'un niveau de
crédits budgétaires donné

Au niveau de l’exécution budgétaire, le cadre de gestion à fin de performance est le


budget opérationnel de programme(BOP) qui peut être défini comme étant la
segmentation d’un programme déclinant, sur un périmètre ou un territoire et sous
l’autorité d’un responsable, les crédits et la performance(objectifs et indicateurs) du
programme auquel il se rattache.27

C- Un contrôle de la performance

En contrepartie de l’autonomie accordée aux gestionnaires, La LOLF a conféré au


Parlement des prérogatives en matière d’évaluation de la performance. Les projets annuels de
performances, annexés aux projets de lois de finances, précisent ainsi la stratégie du
programme, les objectifs, les indicateurs d’appréciation de la performance et de l’efficacité de
l’action, et les résultats attendus.

essive+de+la+r%C3%A9forme&source=bl&ots=yE2b2Dpcjs&sig=rKUjMJ8mYc3BDx-
pVf77G0462Rg&hl=fr&sa=X&redir_esc=y#v=onepage&q=avantage%20de%20la%20d%C3%A9marche%20progressive%20de
%20la%20r%C3%A9forme&f=false
26
Guide de la performance 2015.direction du budget. p5
27
INGLEBERT Xavier. Manager avec la LOLF. Groupe revue fiduciaire.2eme édition.2009.p103

15
Ces engagements sont évalués l’année qui suit l’exécution du budget à l’aide des rapports
annuels de performances28 et les rapports d’audit de la performance qui constituent des outils
indispensable de reddition des comptes. Il en résulte la mise en place d’une fonction de
contrôle de gestion au sein des ministères, ce qui permet d’assurer, tout à la fois, le pilotage
des services sur la base d’objectifs et d’engagements de services ainsi que la connaissance des
coûts, des activités et des résultats.

Au demeurant, La LOLF de 2001 est venue consacrer la mission d’évaluation


notamment à travers l’obligation pour la cour des comptes de répondre aux demande
d’assistance formulées par le président et le rapporteur générale des commissions des
finances dans le cadre de la mission d’évaluation et de contrôle 29.

En somme, la LOLF de 2001 a mis en place les jalons de la gestion axée sur la
performance, ce qui incite à s’interroger sur les enjeux et les écueils de cette démarche.

Paragraphe2 : La démarche de performance au sein de l’administration Française : enjeux


et écueils

L’instauration d’une démarche de performance instaurée par la LOLF vise à changer


profondément la logique de gestion et garantir une meilleure productivité de l’Etat. Toutefois,
certaines limites sont à signaler.

A- Les enjeux de la gestion axée sur la performance en France

L’adoption de la logique de performance au sein de l’administration française répond à


un des enjeux liés aussi bien au renouveau de la culture managériale qu’à la productivité de
l’Etat.

28 Les rapports annuels de performances font connaître, par programme, en mettant en évidence les écarts avec les
prévisions des lois de finances de l'année considérée, ainsi qu'avec les réalisations constatées dans la dernière loi de
règlement :
- Les objectifs, les résultats attendus et obtenus, les indicateurs et les coûts associés ;
- La justification, pour chaque titre, des mouvements de crédits et des dépenses constatées,
- La gestion des autorisations d'emplois, en précisant, d'une part, la répartition des emplois effectifs et, d'autre part, les
mesures justifiant la variation du nombre des emplois ainsi que les coûts associés à ces mesures.

29
Art 57 de la LOLF française de 2001

16
1- Renouveau de la culture managériale

Avec la responsabilisation des gestionnaires sur la performance de leur service ou de la


politique dont ils ont la charge, l’objectif de gestion devient la réalisation d’un programme
d’activité dans le cadre d’un budget donné et l’atteinte d’objectifs de performance déclinés
au plan territorial.

Pour les usagers du service public, La gestion axée sur la performance favorise
l’amélioration de la qualité de service : en plaçant dans la démarche de performance des
objectifs de qualité de service, en donnant à l’administration une plus grande souplesse pour
s’adapter aux spécificités du terrain, la LOLF permet aux services de l’Etat de mieux
répondre aux demandes des usagers30.

La démarche de performance invite les services à définir clairement leurs objectifs.


Ainsi, elle enrichit les conditions d’exercice des missions des agents en les confortant dans la
réalisation de celles-ci. En effet, toutes les administrations s’interrogent aujourd’hui sur leurs
objectifs et sur leur efficacité. Pour parvenir aux objectifs qui leur sont fixés, « elles devront
le cas échéant se réformer, se Structurer différemment, et se doter de nouveaux outils. C’est
ainsi que progressera la réforme de l’État »31.

En somme, cette démarche revêt une ampleur particulière puisqu’elle « modifie la


structure même du modèle administratif et conduit à réexaminer les spécificités attachées à la
qualité de fonctionnaire »32.

2-La performance au service de la productivité de l’Etat

Au regard de la contrainte budgétaire, l’intégration de la performance dans la décision


publique doit permettre de dégager des marges de manœuvre et ainsi contribuer à répondre
aux enjeux de soutenabilité des finances publiques.

La mesure de la performance publique vise à limiter la tendance naturelle à la hausse de la


dépense et le biais dépensier des ministères et du Parlement. Il s’agit donc de rechercher la
maximisation de l’utilité des crédits budgétaires et d’améliorer l’efficience des ressources,

30
Mordacq.F « L La LOLF : un nouveau cadre budgétaire pour réformer l’Etat. LGDJ. 2006. p 260
31
Migaud et Lambert : « La LOLF : Levier de la réforme de l’Etat» E.N.A. | Revue française d'administration publique2006/1
- no117 pages 11 à 14
32
Rouban.L: La réforme de l’État et son contexte Réformer l’État : pourquoi et pour quoi ? La réforme de l’État. Cahiers
français n° 346

17
sous contrainte budgétaire. Cela consiste à s’assurer que les services fournis ou les
réglementations procurent des bénéfices en rapport avec leur coût.

Ainsi, Le recours à l’analyse économique dans l’élaboration du budget devait permettre de


réduire les dépenses par l’examen de leur utilité marginale (effet de levier, effets d’aubaine) et
renforcer, par conséquent, la discipline budgétaire globale.

B- Les écueils de la gestion axée sur la performance

En dépit des avancées indéniables, un constat est partagé aujourd’hui dans la littérature
en management public sur le fait que le mouvement d’introduction des exigences de
performance et de transparence contenues dans la LOLF n’a pas pour autant fait disparaitre
totalement, dans les organisations publiques, les logiques de gestion qui prévalaient avant les
33
dernières quinze années . Aujourd’hui la plupart des organisations publiques sont
confrontées à la coexistence de rationalités conflictuelles et paradoxales : logiques
professionnelles, logique de gestion et logique de management et de performance. Ces
logiques sont, souvent, en conflit.

Ainsi, la recherche de la performance dans l’utilisation des ressources publiques


conduit à doter les organisations d’un ensemble d’outils de gestion et d’indicateurs dont la
fonction n’est pas de servir l’action collective mais bien plus de nourrir des processus de
collecte d’information en direction d’un système d’information agrégé servant les
programmes et l’Etat. Ces indicateurs finissent par devenir des machines de gestion qui
« éloignent un peu plus les dits managers de leur rôle de manager »34.

Par ailleurs, malgré l’appropriation des gestionnaire de la logique de


performance, Les attitudes de « méfiance, voire de défiance réciproque entre l’administration
du budget et les gestionnaires ont perduré »35. En outre, Les informations des rapports de la
cour des comptes sont « peu utilisés par le gouvernement comme par le parlement, pour

33
DAMART Sébastien. Le manager en mode LOLF ou les nécessités du retour du manager intégratif. Revue française des
finances publiques N°137-2017 p26

34
DAMART Sébastien. Le manager en mode LOLF ou les nécessités du retour du manager intégratif. Revue française des
finances publiques N°137-2017 p27
35
MIGAUD Didier. Allocution d’ouverture Revue française des finances publiques N°137-2017 p4

18
prendre les décisions qui pourraient découler plus facilement, plus naturellement d’une telle
évaluation des résultats effectifs»36.

Au demeurant, La déclinaison au niveau local des objectifs et indicateurs décrits dans


les projets annuels de performances et les rapports annuels de performances risque de ne pas
être adaptés à la réalité du terrain. La performance nécessite que les priorités stratégiques, les
objectifs à atteindre soient définis et déclinés en fonction des priorités territoriales 37.

En somme, La procédure budgétaire n’a pas encore tiré suffisamment profit de cet esprit
de la LOLF qui invitait à s’intéresser davantage aux résultats. Au contraire, elle est restée un
exercice très largement formel, qui se concentre davantage sur les annonces que sur les
résultats38.

Chapitre II : L’achat public : vers un passage à la logique de performance

Le cadre juridique des achats publics39 a fait l’objet de plusieurs réformes. La dernière
refonte est celle de 2015 qui a eu pour objet la transposition des directives européennes de
2014,et qui s’est concrétisé par l’abrogation de la quasi-totalité des textes précédents et la
refondation autour de l’ordonnance n°2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés
publics et le décrets n°2016-360 du 25 mars relatif aux marchés publics. Cette réforme a été
l’occasion pour consacrer les objectifs de sécurité, de clarté, d’harmonisation et de
simplification. En revanche, force est de constater la coexistence de logiques différentes au
niveau de la gestion des achats publics en France(Section1). L’harmonisation de cette gestion
constitue l’objet du politique achat de l’Etat (Section2).

36
Idem
37
Rapport de La commission des finances / assemblée nationale. France sur l’articulation entre la LOLF et les réformes de
l’organisation de l’État présenté par MM. Michel BOUVARD, Jean-Pierre BRARD, 2010
38
MIGAUD Didier. Allocution d’ouverture Revue française des finances publiques N°137-2017 p4
39
L’achat public désigne l’ensemble des achats réalisés par les services de l’Etat, les collectivités territoriales et leurs
établissements publics, les organismes de droit public, les sociétés d’économies mixte et les organismes de sécurité sociale,
pour la satisfaction de leurs besoins et ceux des destinataires de l’action ou des politiques publiques. Ces achats sont
effectués à l’aide de contrats, de marchés ou de conventionhttp://www.decision-achats.fr/Definitions-Glossaire/Achats-
publics-239031.htm#G36CI60FHfj3Ktr0.97

19
Section1 : L’achat public à la croisée des logiques différentes
L’achat public est à la fois un acte juridique et économique. Aujourd’hui, alors que la
gestion des achats est à la croisée de logiques différentes, il faut se poser la question si dans
un contexte de crise économique la commande publique peut-elle être un levier au service de
la politique économique?

Paragraphe1 : la prédominance de la logique juridique et budgétaire

La gestion des achats publics en France se caractérise par la prédominance du souci de


sécurisation qui se manifeste par un foisonnement de textes juridiques et de réformes adoptés
tout au long des dernières décennies. Les acheteurs fixent souvent leurs attentions sur la
qualification juridique du contrat ainsi que sur son mode de passation afin de garantir la
sécurité juridique de ces derniers et ainsi la pérennité de la réalisation de leur projet 40. Ainsi,
force est de constater que les acheteurs publics craignent tout d’abord le contentieux
administratif. Celui-ci est pourtant très rare. Au total, les contentieux administratifs sont peu
nombreux : environ 6 000 par an devant le tribunal administratif, ce qui représente 1,5 % des
contrats41.

Ainsi, Aujourd’hui, les acheteurs publics se trouvent enfermés dans un formalisme


obérant leurs capacités d’initiative. Paradoxalement, force est de signaler l’impact négatif de
la récurrence des réformes sur le principe la sécurité juridique. En effet, le peu de lisibilité
qu'offre aujourd'hui le droit de la commande publique constitue une grande source de
d'instabilité et d'insécurité juridique tant pour les collectivités publiques que pour les
opérateurs économiques privés42.

Par ailleurs, le contexte budgétaire actuel, l’opération de l’achat public est aujourd’hui
perçue par les gestionnaires comme étant source de gros risques. Les marchés publics
inquiètent les responsables de l’administration face au risque financier qu'ils peuvent
constituer s'ils sont mal élaborés ou mal négociés.
40
PICARD Patrick. L'utilisation des contrats globaux de la commande publique par les collectivités territoriales de taille
moyenne. Université de Pau et des pays de l'Aldour.22 juin 2015 p245
41
(En partant de l’hypothèse que 400 000 contrats sont conclus chaque année). Source : Sénat. Rapport d’information au
nom de la mission commune d’information sur la commande publique, fait par M. Martial BOURQUIN, Tome I. Enregistré à
la Présidence du Sénat le 14 octobre 2015.P121
42
PICARD Patrick. L'utilisation des contrats globaux de la commande publique par les collectivités territoriales de taille
moyenne. Université de Pau et des pays de l'Aldour.22 juin 2015 p334

20
Au final, l’objectif premier des acheteurs publics est souvent de sécuriser leurs
marchés d’un point de vue juridique et budgétaire. Ce mode de gestion est susceptible de
nuire à la qualité et à l’adaptabilité de la commande publique car il ne permet guère de
s’adapter aux évolutions du besoin des acheteurs, ce qui les conduit à sous-estimer l’objectif
d’optimisation économique43.

Paragraphe 2: L’achat public au service de la politique économique ?

L’achat public est, avant tout, un acte économique réalisé par une entité publique en
vue de satisfaire ses besoins et de délivrer un service de qualité à ses usagers. Les achats
publics en France représentent près de 200 milliards d’euros44. Pourtant, ils sont trop souvent
résumés à leur dimension juridique et leur potentiel en tant qu’instrument de politique
économique est encore trop sous-estimé.

Il est donc essentiel de piloter ces investissements de façon à dynamiser une


offre économique responsable, économe en ressources, structurante des économies
locales, génératrice de biens et de services tant publics que privés, et innovante. Il
s’agit, à bien y réfléchir d’un outil d’orientation économique extrêmement puissant 45.

Certes, les pouvoirs publics sont de plus en plus conscients de ce rôle vital de l’achat
public, notamment d’un contexte économique difficile. A titre d’exemple, en 2008 la
commande publique a été clairement inscrite parmi les outils que le gouvernement a souhaité
reformer dans le cadre du plan de relance. Les mesures liées à l’achat public devait contribuer
en tant que telles au plan de relance, elles devaient réenclencher une dynamique des marchés
et permettre le redémarrage d'une activité économique46.

Par ailleurs, L’État s’est déjà engagé, à travers la stratégie de la direction des achats de
l’Etat, dans cette logique en se fixant des objectifs liés notamment à l’économie durable et
l’innovation. L'objectif est de relier les défis du secteur public vers les idées novatrices de

43
Sénat. Rapport d’information au nom de la mission commune d’information sur la commande publique, fait par M. Martial BOURQUIN,
Tome I. Enregistré à la Présidence du Sénat le 14 octobre 2015.P105
44
Ibid. page9
45
Sénat. Rapport d’information Op.cit.p135

46
Heintz Mathieu. La commande publique, outil d'interventionnisme public.
http://www.sebanassocies.avocat.fr/wpcontent/uploads/2015/08/pub_lacommandepubliqueoutildinterventionnismepublic.pdf

21
l'industrie pour apporter soutien aux entreprises dans le développement de leur innovation et
permettre l'amélioration et la réalisation des objectifs des acteurs publics47.

Au demeurant, L'ordonnance du 23 juillet 2015 reprend tout d'abord l'esprit des


directives européennes en consacrant les objectifs économiques des marchés publics, que ce
soit dans la définition du besoin (art. 30 de l'ordonnance) ou l'exécution du contrat (art. 38).
En revanche, souvent les gestionnaires de l’achat restent enfermés dans la logique de
sécurisation juridique et budgétaire ce qui pose la question de la question de la
professionnalisation des acheteurs qui reste un objectif éminent.

Section2 : La politique achat de l'Etat : Levier d’harmonisation et de gouvernance.

La politique Achat consiste à définir des « orientations et intentions générales,


relatives aux achats et approvisionnements, d’un organisme, telles qu’elles sont formulées par
la direction de l’organisme acheteur »48. La formalisation d’une politique achat traduit, dans
l'achat public, le passage d’une logique juridique, centrée sur la sécurisation des procédures,
vers une logique globale intégrant des objectifs de performance économique, qualité, délais et
développement durable. Il semble opportun de passer en revue les différents acteurs de la
politique achat de l’Etat (section1), avant de mettre en relief les objectifs et le bilan de cette
politique achat (section2).

Paragraphe1 : Les acteurs de la politique achat de l’Etat


La performance des achats publics constitue aujourd’hui un objectif des pouvoirs
publics. Plusieurs acteurs contribuent à l’élaboration et à la mise en œuvre la politique achat
de l’Etat49. Il s’agit des organes de planification et de gouvernance(A), et ceux chargés de la
l’exécution(B).

A- Les acteurs de la planification et de gouvernance

Il s’agit notamment de :

1 – La direction des achats de l’État : acteur de planification et de pilotage

47
Blachier Jeau-Lou. Réindustrialiser par l'innovation. Rapport au ministère de l'économie et des finances. février 2017 p42
https://www.economie.gouv.fr/rapport-reindustrialisation-innovation
48
Définition selon le fascicule X 50-128 publié par l’AFNOR http://www.acheteurs-publics.com/mthodes-et-techniques-de-
lacheteur-public/1---gouvernance-achats/mettre-en-place-une-politique-d-achat
49
Guide de la modernisation de l’achat. Les achats de l’État et de ses établissements publics Objectifs et organisation.
Elaboré par le service des achats de l'Etat. Septembre 2013.p6

22
La direction des achats de l'Etat 50 succède au service des achats de l’Etat. Elle assure
la définition et le suivi de la mise en œuvre de la politique d'achats de l'Etat pour rendre la
fonction d'achat plus efficiente et la professionnaliser. Son rôle premier est d’assurer le
pilotage de la politique des achats des services de l’État et de ses établissements publics. A
cette fin, il lui appartient, dans le cadre des orientations qui lui sont fixées par le
Gouvernement, de déterminer les objectifs de chacun des services et de s’assurer de leur mise
en œuvre.

2 - Les instances de gouvernance de la fonction achat

La gouvernance des achats de l’État est assurée par trois instances :

• un conseil d’orientation, où siègent des parlementaires, des représentants de


ministères et d’établissements publics, des représentants du monde de l’entreprise et
des personnalités qualifiées représentant différentes orientations de la politique
d’achats. Ce comité valide les grandes orientations de la DAE et contrôle son activité ;
• un comité des achats, où sont représentés tous les ministères. L'UGAP y est associée.
Cette instance consultative garantit que tous les points de vue sont pris en compte dans
l’élaboration des stratégies d’achat et des projets de marchés ;
 un comité des achats des établissements publics auquel participent les responsables
des achats des établissements publics de l’État réalisant un volume d’achat supérieur à
50M€. Cette instance consultative permet, elle aussi de garantir la prise en compte des
différents points de vue lors de l’élaboration des projets

B- les acteurs exécutifs de la politique achat de l’Etat

1 - Les responsables ministériels des achats


Ils sont chargés de diriger, d’organiser et d’animer la fonction achat dans chaque ministère, y
compris dans les services déconcentrés ; ils sont les interlocuteurs de la DAE pour la
définition et la mise en œuvre de la politique interministérielle des achats
2 - Les préfets

Ils jouent Un rôle important dans les projets de mutualisation des achats, qui s’appuient sur,
les actions de mutualisation engagées au niveau national par la direction des achats de l’Etat.

50
La DAE a été créée par le décret no 2016-247 du 3 mars 2016 créant la direction des achats de l’Etat et relatif à la
gouvernance des achats de l’Etat

23
3 - Les représentants des pouvoirs adjudicateurs

Ils ont la responsabilité opérationnelle des achats. Ils passent les procédures de marchés et
d’accords-cadres et en suivent la bonne exécution, en cohérence avec les stratégies
interministérielles définies par segment. Ils appliquent les stratégies ministérielles des achats.

4– L’Union des groupements des achats publics (UGAP)

L’UGAP est la centrale d’achats généraliste de l’État offrant une large gamme de produits et
de services aux administrations publiques. Elle est appelée à jouer un rôle partenarial
important au profit des services de l’État et de ses établissements publics.

Paragraphe2 : Les objectifs de la politique achat de l’Etat

Plusieurs axes sont déclinés au niveaux de la politique achat de l’Etat. Il s’agit de :

A- L’achat public entre la logique de regroupement et l’accessibilité des PME

1- La performance économique à travers la mutualisation des achats

Faire des économies constitue le premier objectif de la stratégie de l’achat de l’Etat. Le


service des achat de l’Etat, remplacé par la direction des achats de l’Etat, s’est fixé l'objectif
global de gains d'achat sur la période triennale 2013-2015 de 2 Milliard d'Euros les achats de
l'Etat et de ses établissements( 1.3 milliards pour l'Etat et 0.7 milliard pour les établissements
publics correspondant pour chaque établissement à un objectif de 2% par an sur le total de ses
achats, hors défense et sécurité)51.

Le SAE a mis en place une méthode de mesure des gains commune à l'ensemble des
ministères et des établissements public, fondée sur la comparaison entre un prix de référence
et un prix nouveau, obtenu après l'intervention de l'acheteur .Les gains sont ramenés par
convention à une base annuelle dite"12 mois" qui permet de comparer les projets sur une base
homogène quelle que soit leur durée effective et de calculer le pourcentage de gain par rapport
à une dépense annuelle52.

La mutualisation des achats constitue le principal levier pour atteindre cet objectif.
Ainsi, La massification des achats permet d’obtenir un pouvoir de négociation plus important

51
Guide de la mesure des résultatas.SAE.mars 2014 p3
52
Ibidem

24
face aux entreprises et donc d’obtenir des meilleurs prix. Un autre avantage d’une plus grande
mutualisation des achats est de pouvoir faire de la commande publique un véritable outil de
politique économique. En effet, un « gros » acheteur est plus incité à prendre en compte
53
l’impact économique de ses décisions . Toutefois, si la massification n’est pas
automatiquement défavorable aux PME 54, certains économistes55 soulignent qu’il faut éviter
de se rapprocher d’une situation où un seul acheteur se trouverait face à un grand nombre de
vendeurs avec toutes les conséquences éventuelles que pourrait subir le tissu productif.

En revanche, la mutualisation reste parfois à l’origine des certaines pratiques


anticoncurrentielles. La directive 2014 relative aux marchés publics associe cette pratique à
une forme de concentration. Elle appelle alors à une surveillance accrue du mécanisme afin
d’éviter « une concentration excessive du pouvoir d’achat et le risque de collusion et pour
préserver la transparence et la concurrence, ainsi que les possibilités d’accès au marché pour
les petites et moyennes entreprises »56.

2- L’accès des PME à la commande publique

C’est un objectifs qui se trouve au cœur des préoccupations de la politique achat de l’Etat.
Alors qu’en 2012 la part des PME était 22.7 du montant des achats publics. L’objectif fixé par le
service des achats de l’Etat pour 2013-2015 est de 25% du montant total des achats (hors défense et
sécurité). Pour atteindre cet objectif, le droit des marchés publics 57 prévoit des outils qui
facilitent l’accès des PME à la commande publique. Il s’agit notamment de :

- Groupement d’entreprises : Cet outil permet aux entreprises de s’organiser de


manière à mettre en commun leurs moyens humains et matériels pour soumissionner à
des marchés auxquels ils ne peuvent pas soumissionner de manière autonome vu la
limite de leurs moyens financiers, matériels et techniques.il s’agit donc d’une

53
Sénat. Rapport d’information op.cit.P111
54
Selon le rapport du Sénat sur la commande publique « 62 % des fournisseurs de l’UGAP sont par exemple des PME, ce
qui représente 25 % du volume des commandes de cet établissement public dont la surface d’achat a atteint 2,147 milliards
d’euros en 2014 ». Voir le Rapport du Sénat d’information au nom de la mission commune d’information sur la
commande publique, fait par M. Martial BOURQUIN, Tome I. Enregistré à la Présidence du Sénat le 14 octobre 2015.P111
55
Cf. en particulier Albert Sánchez Graells, « Distortions of Competition Generated by the Public (Power) Buyer: A
Perceived Gap in EC Competition Law and Proposals to Bridge It », Université d’Oxford, document de travail CCLP (L) 23.Cité
dans le rapport d’information du Sénat.op.cit.p110
56
Considérant 59 et 69 de la directive 2014/24/UE.
57
Article 45 du décret n°2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics. Journal officiel de la république française,
27 mars 2016

25
opportunité pour les PME pour accéder à la commande publique et faire face à la
concurrence des grandes entreprises .
- L’allotissement des appels d’offres 58 : Dans ce cadre, la principale innovation du
nouveau cadre juridique des marchés publics est, surtout, l’extension à tous les
acheteurs de l’obligation d’allotissement. En revanche, le législateur prévoit deux
situations qui justifient la dérogation à cette obligation d’allotissement. Il s’agit de
l’atteinte à la concurrence et le risque de rendre techniquement difficile l’exécution
des prestations59.
B- Vers un achat public responsable au service de l’innovation

1- Les objectifs liés à la responsabilité sociale et environnementale

Dans ce cadre, le service des achats de l’Etat s’est fixé comme objectif d’atteindre 15% des
marchés contenant des clauses sociales d'ici 2020. S’agissant des clauses environnementales, l’objectif
fixé est de 30% des marchés (en nombre) d'ici 2020. En revanche, force est de constater que les
clauses sociales et environnementales dans les contrats publics restent trop peu répandues,
malgré leur progression elles sont présentes dans moins de 10 % des contrats 60. Le rapport du
Sénat sur la commande publique préconise de poursuivre les efforts afin d’introduire dans
l’ensemble des contrats le respect des engagements de la France en termes de respect des
droits humains, de développement durable d’économie sociale et solidaire, de transition
énergétique, de biodiversité61 .

2- L’innovation :

Le partenariat d’innovation constitue un nouveau type de marché public qui a pour finalité
d’encourager la recherche et le développement et de stimuler l’innovation. Il s’agit d’un levier
important pour orienter la commande publique vers les entreprises faisant preuve d’un
comportement exemplaire en matière d’innovation, depuis le développement du prototype
jusqu’à la commercialisation des premières séries innovantes dès lors que cela aura un lien

58
Il s’agit de la décomposition d’un marché en plusieurs lots pour des raisons économiques, financières ou techniques. cette
division pourrait se faire sur une base quantitative, en faisant mieux correspondre la taille des différents marchés à la capacité
des PME, ou sur base qualitative, en fonction des différentes branches d’activité, afin d’adapter plus étroitement le contenu
de chaque marché aux secteurs d spécialisation des PME ou selon les différentes phases successives du projet. Source : la
Directive 2014/14/UE « marchés publics ».

59
Art 32 de l’ordonnance n°2015-899 du 25 juillet 2015 relative aux marchés publics.
60
Sénat. Rapport d’information op.cit.p 135

61
Ibidem

26
avec le marché62. L’objectif fixé par le service des achats de l’Etat est d’atteindre 2% de la
commande publique auprès des PME innovante en 2020. Un rapport destiné au ministère de
l’économie et des finances préconise de consacrer 10% par an en achat public innovant pour
tous les acteurs publics63.

63
Blachier Jeau-Lou. Réindustrialiser par l'innovation. Rapport au ministère de l'économie et des finances. février 2017 p42
https://www.economie.gouv.fr/rapport-reindustrialisation-innovation

27
Partie II: Etude de cas : la performance de l’achat du ministère de
l’éducation nationale et de ses opérateurs.

Pour argumenter notre évaluation de la démarche de performance en France, ce travail


va procéder à une étude de deux cas. La première structure est celle de la mission achat du
ministère de l’éducation nationale, qui constitue l’un des ministères les plus consommateurs
des deniers publics. Le deuxième cas est celui de cinq opérateurs publics qui sont sous la
tutelle du même ministère.

L’objectif donc est d’évaluer la démarche de performance au sein d’une grande


structure nationale, et par la suite dans des structures autonomes ayant des budgets moins
conséquents.

Chapitre I : Diagnostic de la fonction achat du ministère de l’éducation


nationale

Dans un souci de rigueur scientifique et objectivité méthodologique, ce travail se réfère à un


cadre méthodologique bien précis, constitué d’une démarche d’évaluation, une grille d’analyse et une
méthode d’enquête. Ces éléments font l’objet de la première section.

Par ailleurs, ce travail d’enquête nous permet de faire une photographie de la démarche de
performance au sein du ministère de l’éducation nationale. Les résultats de ce travail font l’objet de la
deuxième section.

Section1 : Le cadre méthodologique

Ce travail est soumis à un cadre méthodologique bien défini qu’on va essayer de mettre en
exergue.

Paragraphe1 : La démarche d’évaluation


L’objet de ce travail vise à évaluer la démarche de performance des achats au sein
d’un ministère et cinq opérateurs publics. Nous effectuerons à froid ce travail d’évaluation, en

28
formulant l’hypothèse qu’en fonction du résultat qui sera obtenu sur la performance des
achats de ces structures, d’autres orientations de la politique achat auraient pu être imaginées.

Les objets d'évaluation se sont diversifiés. L'évaluation porte notamment sur les
pratiques managériales, les dispositifs et les actions et les politiques achat. Les pratiques
d'évaluation sont des pratiques hétérogènes. Il est nécessaire de comprendre les différentes
logiques et les enjeux qui y sont à l'œuvre, enjeux et logiques pouvant être contradictoires,
antagonistes, ou complémentaires. On peut admettre aussi que certains outils sont plus
adaptés que d’autres à l’évaluation de certaines activités.

C’est pour cette raison que nous organiserons un mariage des méthodes d’évaluation
qui ont des optiques différentes. Cette hypothèse méthodologique nous semble la voie la plus
fiable pour examiner la performance des achats, et avec l’objectivité « la moins relative
possible ». La mesure des résultats de la politique achat se fera selon quatre axes, avec
plusieurs angles de vision.

Paragraphe2 : La grille d’analyse proposée pour cette étude


Pour mener l’analyse multidirectionnelle, nous avons construit une carte des axes à étudier

1- Axe Organisation : cet axe décrit l’organisation de la fonction achat au sein de chaque
structure et termes de positionnement et répartition des taches
2- Axe politique des achats : recense les éléments constitutifs de la politique achats à travers
la stratégie et le plan d’action achat, et de sa traduction par l’établissement, ses initiatives,
la conformité de son action par rapport aux objectifs nationaux et à ses propres objectifs.

3- L’axe pilotage : évalue la capacité à animer la fonction achat et mobiliser les services
prescripteurs tout au long du processus des achats et faire le suivi des fournisseurs ;

4- L’axe contrôle et évaluation de la performance des achats : permet de vérifier


l’instauration des outils de contrôle des achats et la mise en place d’un système
d’évaluation de la performance des achats telle qu’elle est préconisée par la direction des
achats de l’Etat.

29
Fig. 1: La cartographie des axes d’analyse

- Pertinence du positionnement de la fonction


Axe organisationnel achat
-Mode de fonctionnement du service achat
- Construction de la politique achat
-Stratégie achat
Axe politique achat -Nomenclature des achats
- Cartographie des achats
-Plan d’action achat
-Concertation avec les services prescripteurs
- Standardisation des besoins
Axe pilotage -Mutualisation des achats
-Dématérialisation
-Suivi des fournisseurs
-Dispositif de contrôle interne
Axe contrôle et évaluation de la
-Audit interne
performance des achats
-Evaluation de la performance des achats

Nous nous efforcerons dans chacun des axes de prendre en considération différents
aspects de l’activité pour le passer au tamis de l’analyse : cette démarche s’appuiera sur
l’examen de divers documents, sur l’étude de procédures, ou bien encore sur l’analyse de
faits.

Paragraphe3 : Les outils d’enquête


À côté des apports théoriques confrontés à la réalité de l’observation, des ressources
de la bibliographie, de l’examen des sources authentiques (textes réglementaires, documents
du conseil d’administration, journaux internes, statistiques, etc.). Les techniques d’enquêtes
sont employées par cette démarche évaluative. Ainsi, Cette démarche s’appuie également
sur les entretiens individuels transcrits et analysés. Des entretiens semi-directifs ont été
menés.

Les questions ont été conçues à l’avance pour laisser le moins de place possible à
l'improvisation, et d'autre part le choix des interviewés a été fait en tenant compte de leur
compétence en la matière, de leur position et sans négliger les statuts administratifs.

30
L’échantillon est donc numériquement peu important, il est composé de responsables
choisis pour leur place particulière et représentative dans l’établissement. La variété des
origines et des fonctions permet de supposer de leur part un angle d’observation large et des
logiques d’approche variées. Il comprend :

- le responsable de la mission achat du ministère de l’éducation nationale.

- les responsables de la fonction achats des cinq opérateurs de l’enseignement scolaire

-Les collaborateurs des responsables achats

- Les secrétaires généraux des cinq opérateurs

La dynamique de conversation a été bien évidemment plus riche que la simple réponse
aux questions. La confrontation de l'entretien avec d'autres données est importante

Section2 : Résultats de l’enquête sur la fonction achat du ministère de l’éducation


nationale

A ce stade, on va essayer de dresser le bilan de cette enquête effectuée auprès de la mission


achat du ministère de l’éducation nationale

Paragraphe1 : L’organisation et la planification des achats du ministère

A- Organisation de la fonction achat

La fonction achat du ministère est hissée à un niveau stratégique bien élevé. Depuis
2012, cette fonction est attribuée à une structure attachée au secrétaire général, appelée la
mission achat du ministère. Elle est composée de trois bureaux : le bureau de l’ingénierie ; le
bureau de l’expertise juridique et le bureau de la performance. Il convient donc de rappeler
les missions de chacun de ces trois bureaux.

1- Le bureau de l’ingénierie

Au niveau stratégique, la mission de ce bureau consistera pour l’essentiel à élaborer


des propositions de stratégies d’achats aux instances de gouvernance dont relèvent les
décisions. Au stade opérationnel, depuis l’expression du besoin jusqu’à la notification,
31
l’activité du bureau portera sur deux axes principaux que sont d’une part, la prise en compte
des leviers de performance adéquats et le respect des décisions stratégiques arrêtées en amont,
et d’autre part, l’élaboration du dossier de la consultation et la prise en charge de la procédure,
ainsi que la préparation des conditions optimums du suivi de l’exécution. Enfin, Les activités
de pilotage du bureau viseront, en premier lieu, à entretenir le lien et la cohérence entre la
vision stratégique et la réalisation opérationnelle de l’achat.

2- Le bureau de l’expertise juridique et de la professionnalisation des réseaux des


acheteurs

L'activité de ce bureau se positionne sur trois volets principaux que sont les volets
juridique, économique et technique. Au sein de la Mission des achats et pour chacun de ces
volets, le bureau entretient une expertise qu’elle dispense sous forme d’assistance ou d’outils
méthodologiques à destination de l’ensemble des organisations et des acteurs intervenant dans
les processus de l’achat. Le bureau prend en charge la réalisation et l’animation de la veille
économique pour les achats du ministère.

3- Le bureau de la performance et du contrôle de gestion des achats

Même si au sein de la Mission des achats, chacun des bureaux est responsable de la
performance de l’achat en collaboration avec les prescripteurs, ce bureau assure le pilotage de
la performance de l’achat dans toutes ses dimensions pour, tout à la fois, alimenter les
décisions sur la base de données et de mesures objectivées et vérifier l’atteinte des niveaux de
performances qui répondent aux nouveaux enjeux.

B- Planification des achats

L’intégration de la logique de performance 64 au niveau de la fonction achat passe


inéluctablement par l’adoption des outils opérationnels et stratégiques de planification.

64
En 2013, le décret n° 2013-623 du 16 juillet 2013 modifiant le décret n° 2009-300 du 17 mars 2009 portant création du SAE
et la circulaire du Premier ministre du 31 juillet 2013 n°5669 relative à la politique des achats de l'État et de ses établissements
publics définissent un nouveau cadre au chantier de modernisation de l’achat public en modifiant le dispositif de pilotage
initialement défini en 2009, lors de la création du SAE.

En particulier, le Premier ministre a invité dans la circulaire précitée à franchir une nouvelle étape dans la modernisation de la
politique des achats de l’État et de ses établissements publics en renforçant la professionnalisation des acteurs en vue de
permettre une économie substantielle dont l’objectif global pour l’État et ses établissements publics est de l’ordre de 2
milliards d’euros de gains achats sur la période triennale 2013 – 2015.

Pour les années 2013-2015, le gain achat total assigné par le SAE au ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement
supérieur et de la recherche est de 32 millions d’euros représentant un gain cible annuel moyen de 10,7 millions d’euros soit
2,5% de gains achats sur l’ensemble des dépenses.

32
L’adoption de ces outils par la structure enquêtée constitue, donc, à notre avis, un élément
important pour évaluer le degré de professionnalisation et d’intégration de la démarche de
performance. Depuis 2012, la mission achat du ministère a adopté les outils de planification,
opérationnels et stratégiques

a- Les outils opérationnels


1- La nomenclature des achats

Cet outil de gestion des achats vise trois objectifs complémentaires :

- Proposer un référentiel unique compris et partagé par tous les acteurs


- Enrichir les analyses rendues par l’outil d’analyse des achats de l’Etat (Chorus)
- Offrir un référentiel achats adapté à la définition des stratégies achats
2- La cartographie des achats

La cartographie d'un portefeuille achats permet au responsable de la mission achat du


ministère de disposer d'une photographie des consommations par segments, clients internes et
fournisseurs. L'analyse du portefeuille permet l'identification des familles à fort enjeux et
permet d'identifier les angles d'amélioration de la politique d'achats.

b- Les outils stratégiques


1- La stratégie d’achat

La stratégie d'achat ministérielle fixe le cadre dans lequel les marchés publics doivent être
effectués pour les besoins considérés. Elle précise notamment :

- La nature et le périmètre du besoin couvert ;

- Les objectifs qualitatifs et quantitatifs à poursuivre en matière d'économies achats directes et


indirectes, d'achats responsables, d'innovation, d'accès des PME à la commande publique ;

- Les leviers d'achat à mettre en œuvre, les modalités de leur mise en œuvre, l'estimation de
leur contribution aux objectifs poursuivis ;

- Le niveau géographique de contractualisation et la forme juridique des marchés publics à


conclure pour les besoins considérés ;

33
- Le plan d'action, les services acheteurs en charge, les impacts sur les fonctions financières,
budgétaires et en matière d'organisation et de moyens de la mise en œuvre de la stratégie
d'achat ;

- La gouvernance et les modalités de suivi de la mise en œuvre et la durée de validité de la


stratégie.

Cette stratégie met en relief les objectifs de la mission achat du ministère, déclinés selon les
cinq axes de la performance des achats, établis par la direction des achats de l’Etat.

2- Le plan d’action achat

La mission achat met en place chaque année un plan d’action achat. Cet outil exigé par
la direction des achats de l’Etat, identifie en particulier les gains achats prévisionnels ainsi que
les actions en faveur de l’achat responsable, des petites et moyennes entreprises et de
l’innovation. Le plan d’action achats contient également des actions plus générales destinées à
professionnaliser les achats des établissements, telles que des actions de formation ou de
réorganisation de la fonction au sein académies. Ce plan d’actions achats est adressé par la
mission achat du ministère à la direction des achats de l’État au plus tard le 31 janvier de la
première année de sa mise en œuvre 65.

Paragraphe2 : Le pilotage et l’évaluation de la performance des achats

A- Le pilotage des achats

1- Méthodes des achats

L’étude révèle un niveau de pratique très élevé en matière de méthodologie achats


(livret de l’acheteur, manuels des achats et procédures de passation, d’exécution et de
suivi des marchés). En revanche, dans un contexte réglementaire très exigeant et évolutif,
le défi pour la mission achat est de suivre les évolutions réglementaires très récurrentes.
Dans ce cadre, l’existence de procédures claires validées par le service de la mission
achats au sein ministère permet alors d’aboutir à la réalisation d’un processus achats
simplifié. Par ailleurs, la sécurisation des marchés publics est assurée, aucun contentieux
dans ce domaine n’est enregistré.

65
Guide de la modernisation de l’achat. op.cit.p10

34
2- Une pratique élevée des outils de dématérialisation

La pratique des outils de dématérialisation des marchés (plateformes virtuelles,


logiciels de dématérialisation) et les outils électroniques (carte achats, catalogue...) est
très répandue au niveau de la mission achat du ministère ce qui permet d’automatiser les
processus, de gagner du temps et de réduire les délais de traitement des procédures en
cours, et d’améliorer l’organisation.

B- La pratique d’évaluation de la performance

Dans la pratique, la mise en place d’un système d’évaluation de la performance achats


est bien développée. L’outil d’évaluation utilisé par la mission achat est présentée sous la
forme d’un tableau de bord, divisé en thèmes (politique achat, politique fournisseurs,
procédures et pratiques, systèmes d’information, ressources humaines…) avec une série de
questions. Cet outil permet de donner des objectifs précis à atteindre par la fonction achats
pour progresser dans l'atteinte des orientations politiques, d'évaluer annuellement son
positionnement et de définir le plan d’action permettant de progresser en maturité́ .

Par ailleurs, l’élaboration du plan d’action annuel est toujours précédée d’une
évaluation des réalisations selon les cinq axes de performance.

Au demeurant, la mission a établi en septembre2016 une matrice de maturité des


achats qui a pour objet de réaliser un état des lieux de la fonction achats dans les services
centraux du ministère comme dans les académies. Elle s'adresse à tous les acteurs de la
fonction achats : acheteurs et prescripteurs de l'administration centrale et des académies. Cette
matrice se décline en 5 axes :

- Politique Achats

- Organisation de la fonction Achats

- Management de la performance et respect des axes de performance

- Gestion des fournisseurs

- Communication

35
Pour le moment, ce document a fait l'objet d'une expérimentation auprès d'académies
pilotes. Les académies de la région Normandie et de la région Auvergne-Rhône-Alpes ont été
sollicitées pour réaliser cette expérimentation.

Enfin, l’obligation faite aux acheteurs des académies de transmettre à l’avis du


responsable ministériel des achats les projets de marché accompagnés d’un tableau de
présentation, qui doit comporter les éléments essentiels du marché au regard des axes de
performance, les contraint à mener une réflexion systématique sur les 5 axes de performance.
Ce contrôle de l'acheteur le conduit à formaliser sa propre démarche, que ce soit en matière
de sourcing, de performance économique ou encore d'organisation de la fonction achat qu'il
assume à son niveau. Ainsi, les pratiques d’évaluation sont récurrentes au sein de cette
structure. En revanche, la mise en place d’un bureau dédié au contrôle de gestion achats
devrait permettre de suivre la transformation des économies achat en économies budgétaires.

Paragraphe2 : Bilan des objectifs liés à l’efficience de la fonction achat

A- Une performance économique assurée

Depuis avril 2010, le directeur du Service des Achats de l'Etat (SAE), en application des
directives du ministre du budget, a demandé à l'ensemble des Secrétaires généraux des
ministères d'élaborer chaque année un plan d'économies portant sur le montant total annuel
des achats.
Par ailleurs, au niveau du projet annuel de performance relatif au programme n°214, un
indicateur relatif à l’efficience de la fonction achat est établi. Cet indicateur 66 permet
d’estimer les gains d’achats potentiels résultant d’une stratégie ministérielle en utilisant les
leviers d’actions mis à la disposition des acheteurs (nationaux et académiques) issus de la
mutualisation, de la standardisation, de l’ajustement au juste besoin, de la négociation, de
l’externalisation, d’une approche « coût global »,etc.
Ainsi, le gain achat total assigné par le SAE au ministère de l'éducation nationale, de
l'enseignement supérieur et de la recherche sur la période 2013-2015 est de 32 millions
d'euros, soit 10,8 M€ en moyenne et par an. Cet objectif a été dépassé. Le montant économisé
était 13.2 M€.

66
Cet indicateur répond à la définition de la circulaire budgétaire n°DF-2PERF-15-3021 du 18 mars 2015 (guide méthodologique de la
performance).

36
Egalement, en 2016, l’objectif était d’économiser 11.4 M€67. Le montant économisé était
13 292 729 d’euros sur un montant global marchés de 30 380 407 d’euros.
L’implémentation des groupements de commandes et le recours aux centrales d’achats,
constituent pour la mission d’achat du ministère autant de leviers clés d’optimisation de la
dépense et donc d’atteinte des objectifs d’efficience des achats.

En revanche, il semble que le rôle du responsable ministériel des achats au niveau de la


définition de ces objectifs et la construction cet indicateur reste très marginal. La direction des
achats de l’Etat, et potentiellement le responsable du programme, ont la mainmise sur ce
processus.

B- Les pratiques d’achats responsables et innovantes

La mission achat du ministère est relativement impliquée dans la logique des achats
responsables. Cela se traduit par l’intégration des critères éco-responsables dans les marchés,
la proportion de marchés réservés à des entreprises adaptées, la mise en place d’actions en
faveurs des PME et la publication d’une charte déontologique. Ainsi, le nombre de clauses
sociales de la mission des achats progresse sensiblement (15 en 2014, 20 en 2015, 29 en
2016), alors même que le nombre de marchés notifiés diminue. Egalement, en pourcentage,
la mission des achats progresse en matières des clauses sociales: 18,5% (2014), 17,2% (2015),
26,8% (2016).

S’agissant du nombre de clauses environnementales, la mission achat est en évolution


depuis 2014 (4 en 2014, 12 en 2015, 12 en 2016). Egalement, en pourcentage, la mission des
achats fait du progrès : 4,9% (2014), 10,3% (2015), 11,12% (2016).

Le pourcentage des achats effectués auprès des PME est plutôt élevé. En 2016, le montant
des achats auprès des PME représente 27% du total des achats du ministère, ce qui
correspond à la moyenne nationale. Ainsi, il semble, apriori, que la mission achat du ministère
arrive à concilier l’objectif économiques et les exigences de la performance sociale et
environnementale.

L’innovation constitue aussi un des axes de la stratégie de la mission achat .En 2016, sur
440 marchés notifiés par les acheteurs du MENESR en 2016, 13 marchés innovants ont été
notifiés, ce qui représente 2.95% des marchés. A titre d’exemple, le Marché relatif aux
Prestations d’hébergement, d’assistance et de développement pour la mise en œuvre de
67
Projet annuel de performance 2016. Programme 214 relatif au soutien de la politique de l’éducation nationale. p 22

37
passations numériques d’évaluations d’élève revêt un caractère innovant puisqu’il permet la
mise en œuvre d'évaluations d'élèves totalement dématérialisées.

Chapitre II : La fonction achat des opérateurs de l’enseignement scolaire :


Etat des lieux et préconisations

La deuxième phase cette enquête est consacrée à l’analyse de la gestion des achats au sein
de cinq opérateurs publics sous la tutelle du ministère de l’éducation nationale. Il s’agit des
établissements publics suivants :

 L'Office national d'information sur les enseignements et les professions (ONISEP)


 Le Centre international d'études pédagogiques(CIEP)
 Le Centre d'études et de recherches sur les qualifications (CEREQ).
 Le Centre national d'enseignement à distance(CNED
 Réseau Canopé
 L’établissement public du Palais de la Porte Dorée.

Dans un premier temps on va dresser l’état des lieux de la gestion des achats en mettant en
interrogeant l’engagement de ses opérateurs par rapport aux exigences de performance qui
émanent du guide de la modernisation de l’achat diffusé en application de la circulaire du 31
juillet 2013 relative à la politique des achats de l’Etat de ses établissements publics, avant de
formuler des préconisations susceptibles d’améliorer la gestion des achats pour garantir une
meilleure performance.

Section1 : Etat des lieux


Cette analyse de la gestion des achats des opérateurs s’intéresse d’abord à l’organisation
de la fonction achat et son positionnement au sein des différents opérateurs (paragraphe1).
Ensuite, elle essaie de vérifier l’institutionnalisation de la politique achat et des outils de
planification (paragraphe2).Enfin, elle s’interroge sur les pratiques de contrôle et d’évaluation
de la performance des achats (paragraphe3).

Paragraphe1 : une organisation hétérogène avec une prédominance la logique de


sécurisation

A- Situation des achats des opérateurs de l’enseignement scolaire

38
Le volume d’achat annuel des cinq opérateurs en 2016 (achats en fonctionnement +
achats en investissement) était de 92.5 millions d’euros sur un budget global de 294.5, ce qui
représente 31% du total des budgets des opérateurs. Le tableau suivant représente la part des
achats sur le budget au sein de chaque opérateur.

Total du Part des


Montant des achats
Opérateur budget en achats/total
en million euro
million euro du budget

CANOPE 37 135 27%


CNED 31 87 36%
ONISEP 12 40 30%
CIEP 9,5 22,5 42%
CEREQ 3 10 30%
Total 92.5 294.5 31%

La part des achats sur le budget au sein de chaque opérateur en 2016

Ainsi, sur un montant de 294.5 millions d’euros, deux opérateurs (CANOPE+CNED)


s’accaparent 74% de ces achats, comme le montre le diagramme suivant :

Part de chaque opérateur dans le total des achats des


cinq opérateurs
3%

10%
CANOPE

13% 40% CNED


ONISEP
CIEP
CEREQ
34%

39
B- L’organisation de la fonction achat au sein des opérateurs

Les enquêtes réalisées auprès des opérateurs révèlent une grande diversité de situations quant
au positionnement organisationnel et au rattachement hiérarchique de la structure chargée des
achats. Chaque opérateur a une structure différente des autres comme le montre bien le
tableau suivant.

Profil
Composition de la
Opérateur Structure chargée des achats financier/écono Profil juriste Profil acheteur
structure
miste

CANOPE direction des achats directeur+5agents 2 3 0

direction des affaires


CNED juridiques et des marchés directeur+3agents 1 3 0
publics

service des achats et des


ONISEP chef de service+2agents 0 2 1
affaires juridiques

CIEP directeur financier directeur+2agents 1 2 0

CEREQ le service financier chef de service+un agent 1 1 0

Total 5 11 1
Taux 29% 65% 6%

Organisation de la fonction achat et répartition des profils des gestionnaires.

Il en résulte qu’il y a seulement un seul opérateur(CANOPE) qui a consacré, depuis


2016, une structure dédiée spécialement aux achats, hissée à un niveau stratégique, attachée
au secrétaire général.les autres structures sont soit à caractère financier ou juridique ou
hybride.

Par ailleurs, au niveau des gestionnaires des achats, le profil dominant est celui des
juristes (65%) alors que le profil acheteur reste très minoritaire : un seul gestionnaire ayant
profil acheteur au sein de l’ONISEP.

40
Répartition des gestionnaires des achats par
profil

profil financier/économiste
profil juriste
profil acheteur

Le second constat de ces enquêtes est le suivant : le temps réellement consacré à


l’achat par l’acheteur public peut n’être que de 50% (voire inférieur), la fonction achat n’étant
qu’une partie du poste occupé par le responsable des achats. En effet, ce dernier assure parfois
des missions de suivi budgétaire, d’affaires juridiques ou de soutien logistique.

Au niveau de la coordination, on peu noter la qualité de la collaboration de la


structure chargé des achats avec les clients internes (services prescripteurs). Cela se traduit
par une communication régulière des projets achats et le recueil des propositions
d’amélioration, ce qui permet de fluidifier la mise en œuvre des process achats et d’anticiper
les appels d’offres, ainsi que de collecter les besoins prévisionnels. En revanche, La
répartition des rôles et responsabilités des intervenants dans le processus achats n'est pas
clairement définie, rendant de facto plus complexe l’application des procédures et la
définition des responsabilités.

Paragraphe 2 : Une politique achat en déficit de formalisation


Les établissements publics réalisant, en effet, plus de 10M€ d'achats par an doivent
élaborer un plan d’actions achats, identifiant les gains achats prévisionnels ainsi que les
actions en faveur de l’achat responsable, des petites et moyennes entreprises et de
l’innovation.

Cette démarche, initiée dès 2012 dans le cadre de la circulaire du 10 février de la


même année n’est pas forcément respectée par tous les opérateurs. Ainsi, s’agissant de
l’élaboration du politique achat, on a constaté l’absence de la cartographie des achats et du
plan d’action achat au niveau de quatre opérateurs.

41
Ainsi, Sur les cinq opérateurs, un seul opérateur(ONISEP) est doté d’une stratégie des
achats et un plan d’action achat avec des objectifs portant sur les cinq axes de la performance.
En effet, Depuis 2012, l’Onisep s’est engagé dans une politique achat visant à dégager des
marges financières en toute sécurité via la mise en place de marchés établissement. Outre la
mutualisation, intra et inter établissements, d’autres leviers ont également été mis en œuvre
tels que la standardisation des besoins. En 2015, le gain achats réalisé par l’intermédiaire des
marchés notifiés s’élève à 258 547,19 € soit : 2,5 % du budget annuel de fonctionnement de
l’établissement (10 507 991 €).La cible de 2% telle que prévue dans le PAA 2014-2015 a été
donc atteinte.

Par ailleurs, En 2015, sur les 160 marchés et contrats actifs, 8 % du nombre des
marchés de l’ONISEP intègrent des clauses sociales (articles 14 et 15 du CMP) et 11% des
critères ou clauses environnementales ; Des achats sont également effectués auprès de « PME
innovantes.

Pour les autres opérateurs, un déficit en formalisation de la vision stratégique est à


signaler. La conscience des responsables de la nécessité de respecter les exigences de la
direction des achats de l’Etat en la matière est mise en question. Ceci dit, les responsables de
quatre opérateurs en déficit ont exprimé leur volonté d’adopter tous les outils de performance,
et regrettent le manque de formation et d’accompagnement en la matière, notamment par la
direction des achats de l’Etat et le ministère de tutelle.

Paragraphe3 : Une logique de sécurisation et une quasi-absence de l’évaluation de la


performance des achats

Dans le cadre du contrôle interne de la fonction achat, un règlement interne des


marchés a été élaboré au sein de tous les opérateurs. Toutefois, avec l’entrée en vigueur de la
nouvelle réglementation relative aux marchés publics, ces documents nécessitent la mise à
jour. La logique de la sécurisation de la procédure reste dominante, uniquement deux
contentieux sont enregistrés au sein du même opérateur. Il semble également que certains
outils du code des marchés publics soient sous-utilisés. Tel est par exemple le cas des critères
d’attribution que les gestionnaires ont tendance à résumer aux critères « prix » et « valeur
technique » alors que le cadre juridique des marchés publics offre bien d’autres possibilités
(performances environnementales, délais de livraison, etc.).

42
Par ailleurs, Un suivi permanent des marchés publics est effectué par les secrétaires
généraux des opérateurs. L’analyse de l’exécution des marchés est une pratique assez
répandue, effectuée par les responsables achat en coordination avec les services prescripteurs,
notamment pour les marchés le plus importants. Cependant, les conclusions de ces analyses
ne sont pas formalisées dans des rapports. Il est à noter également l’absence de suivi des
fournisseurs. Aucune base de données exploitable des fournisseurs n’est établie au sein des
cinq opérateurs.

Dans le même sens, l’évaluation de la performance des achats, notamment par rapport
aux cinq axes fixés par la direction des achats de l’Etat, n’est pas encore institutionnalisée
pour ne pas dire quasi-absente au sein des quatre opérateurs. Les systèmes d’informations
permettent potentiellement de développer des analyses approfondies et d’engager des
politiques achats argumentées sont absents. Ainsi, la réalité est telle qu’aujourd’hui le niveau
de détail des informations est insuffisant, rendant difficiles les analyses .En somme,
L’évaluation des cinq axes de la performance (économie, PME, clauses sociales, clauses
environnementales et innovation), n’est effectuée que par un seul opérateur(ONISEP).

Section2 : Pistes d’amélioration de la fonction achat

Dans un objectif d’harmoniser les pratiques d’achat et d’ouvrir l’achat à d’autres axes
de performance que la seule sécurité juridique, il serait souhaitable de suivre les
préconisations suivantes, qu’on pourrait résumer en deux axes majeurs :

Paragraphe1 : Renforcer l’accompagnement et l’évaluation des opérateurs


Cette étude met en évidence une volonté affirmée des responsables d’intégrer la
logique de performance et des ressources humaines bien motivées et capables de s’adapter
avec la logique de performance, malgré le degré de maturité des opérateurs en matière de
performance achats assez faible. Le contexte actuel marqué par de contraintes financières
laisse présager de nombreuses évolutions.

Ces évolutions pourraient être menées via, notamment, le renforcement de


l’accompagnement et de l’échange de bonnes pratiques entre acteurs en charge des achats
notamment entre les opérateurs d’une part, et les responsables de la mission achat du
ministère de l’éducation nationale et la direction des achats de l’Etat d’autre part.

43
Ainsi, la DAE et le ministère de tutelle sont sollicité à ce stade notamment pour :

- Soutenir et accompagnant les acheteurs et en facilitant les réalisations d’achats sur le


plan technique, juridique et de performance achat
- proposer aux opérateurs une aide organisationnelle, sous forme d’audit ; dans un
objectif de restructurer l’organisation de la fonction achat et mieux définir les
périmètres d’intervention entre les responsables achat et les services prescripteurs
- Inciter les opérateurs et les accompagner pour l’élaboration et le suivi des stratégies
d’achat et les plans annuels des achats. La non maitrise de ces outils reste un obstacle
majeur pour ces gestionnaires.
- Assurer l’instauration des outils d’évaluation (tableaux de bord), et faire leur suivi.

Par ailleurs, Les comités de tutelle constituent un mécanisme important pour établir
dialogue permanent autour des pratiques à instaurer et améliorer. Un climat de confiance
mutuelle entre les opérateurs et l’autorité de tutelle doit être développé. Le contrat objectifs
performance est doit servir comme levier pour garantir l’engagement des opérateurs sur la
voie de la performance.

Paragraphe2 : Assurer la valorisation et professionnalisation des acheteurs

Les acheteurs ont pour mission principale de contribuer à l'efficacité de la commande


publique et de garantir le bon usage des deniers publics. Ils sont responsables de la sécurité
juridique des procédures de passation des marchés. Aussi, les acheteurs sont devenus des
acteurs indispensables en termes de diminution des coûts et d'amélioration de la qualité des
achats et de service aux usagers.

Aujourd’hui, le métier acheteur public évolue vers le management des achats qui
s’étend de la définition des besoins à la programmation, jusqu’à la négociation et l’exécution
des contrats. La prédominance des profils juridiques, et la pénurie du profil acheteur ayant
une formation en management des achats, possédant non seulement des bases juridiques
solides mais aussi une bonne connaissance du tissu économique et de l’offre des entreprises,
constitue, à notre avis, un obstacle majeur pour l’appropriation et la mise en œuvre de la
logique de performance au sein de ces opérateurs. Par ailleurs, la situation des acheteurs au
sein des structure reste relativement marginale en comparaison avec les services « métiers ».

44
Par conséquent, moderniser la fonction achats nécessite de conférer aux acheteurs une
position centrale, semblable à celle des acheteurs dans les entreprises privées.

Ensuite, il serait très judicieux d’alimenter ces structures par des ressources humaines avec
des profils acheteurs, bien adaptés, capables de relever les défis de la gestion axée sur la
performance.

Au demeurant, La fonction d'acheteur nécessite d’acquérir une vision transversale des


achats publics, alliant différents domaines d’expertise : juridique , économique, développement
durable. Les gestionnaires actuels au sein des opérateurs manifestent un engouement pour la
formation et potentiel d’adaptation et d’évolution remarquable. Leur professionnalisation
constitue une urgence pour ces organismes. Dans ce cadre il serait bénéfique de créer un
forum des acheteurs des opérateurs de l’enseignement scolaire ayant pour mission de :

- Suivre et de capitaliser les initiatives des acheteurs, en valorisant les retours


d’expériences, afin de créer une dynamique et des échanges autour de problématiques
communes. Les bonnes pratiques et les actions menées en termes de mutualisation et
de standardisation notamment au sein de l’ONISEP doivent être partagées entre
opérateurs. la coopération doit être renforcée tant entre opérateurs et la mission
achat du ministère qu'au sein des opérateurs pour améliorer les méthodes de travail.

- Construire un réseau en faveur des achats responsables, des achats d’innovation et en


vue de favoriser l’accès des TPE/PME à la commande publique. Ainsi, le volet
"économique" doit être renforcé avec une focalisation progressive les objectifs liés à
l’accès des PME à la commande publique et les achats innovants. A ce niveau,
l’ouverture sur les PME et leur accompagnement constitue une urgence.
- Professionnaliser le réseau des acheteurs publics en leur proposant des outils pratiques
et des formations. Une maîtrise accrue du code des marchés publics faciliterait la
meilleure utilisation des marges de manœuvre qu’il permet alors que la réglementation
est souvent considérée comme une contrainte.

Autant de pistes de réflexion qui pourraient constituer les bases d’un réseaux des
acheteurs des opérateurs de l’enseignement scolaire avec, in fine, pour objectif, de mieux
contribuer encore aux politiques publiques.

45
46
Conclusion : quelles perspectives pour la gestion axée sur la
performance en France ?

Aujourd’hui, la diffusion de la logique de performance au sein de l’administration


française est réelle et sert de support au dialogue de gestion qui accompagne le processus de
budgétisation. La mise en œuvre de la gestion axée sur la performance constitue un atout
majeur pour la réforme de l’Etat, une réforme qui comporte de nombreux défis allant au-delà
des seuls aspects budgétaires.

Cette logique de performance bénéficie à la fois d’un engagement soutenu de la part


des pouvoirs publics et d’une mobilisation de ressources importantes. En revanche, la réussite
de cette démarche implique, également, un changement de culture de l’administration et des
rapports entre les acteurs. La logique de performance ne peut se déployer efficacement que
sur la base d’un contrat de confiance entre le politique et le gestionnaire public.

Par ailleurs, si la volonté de réussir la gestion de performance est affirmée,


l’appropriation des dispositifs manageriels se fait selon des degrés variables .La réussite du
pari demeure tributaire du degré de mobilisation et de la capacité d’adaptation des managers
et des structures administratives au nouveau dispositif managérial ainsi qu’aux nouvelles
exigences de la performance et la reddition des comptes.

Ainsi, Le succès de la démarche de performance repose très largement sur la capacité


d’adaptation des acteurs à une multitude de niveaux : développement d’une vision stratégique
; appropriation et exploitation des outils de management; mise en place de plans d’action et
analyse des résultats; appropriation des documents budgétaires, communication,
coordination…etc.

La réussite de cette logique de performance, nécessite de la part des organisations


publiques des approches innovatrice ou même inédites. La capacité à s’adapter rapidement
devient une condition même de leur survie. Ainsi, le renforcement des capacités managériales
des administrations doit constituer, dans l’avenir, un axe stratégique à consolider.

Au demeurant, cette logique de performance exige, d’une part, une stabilité dans le
dispositif pour mesurer l’évolution des réalisations dans le temps, d’autre part, il faut prendre

47
en compte les formes d’adaptation que les organisations pourraient développer par rapport au
système de mesure. Ainsi les objectifs et les indicateurs ont-ils une durée de vie, un cycle. Par
conséquent, il faut les revoir en permanence à travers des modifications ou des adaptations et
des enrichissements.

Concrètement ; tout au long de cette étude, on a essayé de mettre en lumières les entraves
à la performance, à travers l’exemple de la fonction achat du ministère de l’éducation
nationale et celle des opérateurs de l’enseignement scolaire. Il donc, semble opportun
de formuler les préconisations nécessaires à l’amélioration de la performance à ce niveau,

- Développer la communication et la concertation entre, d’une part, le bureau de tutelle


des opérateurs de l’enseignement scolaire et le responsable ministériel des achats, et
d’autre part, entre ce dernier et les opérateurs. La coordination entre ces acteurs
doit être continue et non pas occasionnelle. Dans ce cadre, il serait souhaitable de
mettre en place un cadre institutionnel qui réunit ces acteurs, dans un objectif
d’encadrement, de concertation autour de la politique achat, et de partage de bonnes
pratiques.
- Renforcer la tutelle des opérateurs. A cet égard, l’autonomie dont disposent les
opérateurs publics ne doit, en aucun cas, servir de prétexte pour échapper aux
orientations de l’Etat. Le rôle de l’autorité de tutelle à ce niveau est déterminant. Pour
atteindre cet objectif ; il semble urgent de doter le bureau chargée de la tutelle des
moyens humains et techniques et juridiques lui permettant de mener à bien sa mission.
- Doter la direction des achats de l’Etat des outils juridiques et moyens techniques lui
permettant de jouer pleinement son rôle en matière de politique achat. Ses orientations
stratégiques doivent être plus contraignantes pour assurer une implication de toutes les
administrations publiques.
- Simplifier et harmoniser le cadre juridique de la commande publique qui constitue
selon plusieurs responsables, une réelle entrave pour la réalisation des exigences des
cinq axes la performance des achats telles qu’elles sont déclinée par la direction des
achats de l’Etat. En effet, le cadre juridique actuel oblige, de fait, à une sélection sur la
base du moins disant(ou le meilleur rapport cout- avantage par rapport aux besoins de
l’organisation), ce qui rend plus compliqué toute inflexion du choix en fonction de
critères exogènes à cet indicateur 68 . Ainsi, il semble urgent de revoir cet arsenal

68
Barilari.André. Commande publique et politique publiques. Gestion&finances publiques. N°3-2017. Mai-juin
2017 .P101

48
juridique pour une meilleure harmonisation avec la politique achat de l’Etat et les
impératifs de la démarche de performance, qui reste d’abord une logique managériale.
- Revoir le fonctionnement actuel des centrales des achats telles que l’UGAP. Au fait,
plusieurs responsables ont confirmé que le recours à ces organismes ne permet pas
forcément de faire des économies. Les prix proposés sont parfois exorbitants, alors
que l’objectif principal de ces centrales était de mutualiser les achats publics pour
assurer les rapports qualité/prix. Par ailleurs, si le recours à ces organismes ne porte
69
pas forcément atteinte aux PME , la répartition géographique de ces PME
bénéficiaires/clients de l’UGAP, pourrait être mise en question.
Il serait donc judicieux de renforcer le contrôler de ces organismes pour garantir des
meilleures prestations correspondant à la fois aux besoins des administrations et aux
exigences liées à la préservation des entreprises locales.
- Investir dans les ressources humaines. Les pistes à explorer dans ce cadre sont à la fois
quantitative et qualitative afin d’assurer une mise en cohérence entre les missions des
organisations et les effectifs permettant de les accomplir avec efficacité, et efficience.
L’objectif étant, au final, la valorisation des ressources humaines à travers, d’une part,
le recrutement des meilleurs profils et, d’autre part, la formation continue,
l’accompagnement et la professionnalisation des gestionnaires.
Par ailleurs, Il est souhaitable de faire en sorte que la créativité et l’engagement des
gestionnaires soient récompensés, non seulement en terme de rémunération et de
carrière, mais aussi par la reconnaissance accordée à ceux qui innovent, proposent,
expérimentent et prennent des risques.
- Développer des systèmes d’information performants et exhaustifs. A cet égard, une
des conditions sine qua non de l’efficacité de l’action administrative est de garantir la
disponibilité, la fiabilité et la pertinence des informations. L’investissement technique
afin d’améliorer la qualité des informations engendre, certes, des coûts à court terme,
mais, certainement, il permet de dégager des bénéfices à long terme.

En somme, la réussite de cette démarche de performance nécessite la modernisation des


structures en place ainsi que les concepts appropriés. Il est, donc, impératif de revoir en
profondeur l’organisation des administrations et les modes de managements pour les rendre
compatibles avec les exigences de cette logique de performance.

69
Sur les 1.655 milliards d’euros d’achats en 2012, 74% de la part des achats sont adressés aux PE-PME-ETI.
Barilari.André. op.cit.

49
Annexes

- Annexe1 : cartographie des achats


- Annexe2 : modèle du plan d’action des achats

50
Domaine Segment 2014 en € 2015 en € 2016 en € Observations
01 - Affranchissement et impression Affranchissement
01 - Affranchissement et impression Impression

Somme 01
02 - IT & Télécom Logiciels
02 - IT & Télécom PC & micro
02 - IT & Télécom Autres matériels informatiques
02 - IT & Télécom Maintenance matériel informatique
02 - IT & Télécom Services informatiques
02 - IT & Télécom Reprographie
02 - IT & Télécom Réseaux
02 - IT & Télécom Communication mobile
02 - IT & Télécom Communication fax et fixe
02 - IT & Télécom Autres dépenses informatiques
Somme 02

03 - Fournitures générales Abonnement et documentation


03 - Fournitures générales Papier et dérivés
03 - Fournitures générales Consommables informatiques
03 - Fournitures générales Fournitures et petit matériel de bureau
03 - Fournitures générales Habillement
03 - Fournitures générales Achat de véhicules légers
03 - Fournitures générales Location de véhicules légers
03 - Fournitures générales Entretien véhicules légers
03 - Fournitures générales Matériel de transport
03 - Fournitures générales Carburants et lubrifiants

Somme 03
04 - Immobilier Charges connexes aux loyers
04 - Immobilier Locations immobilières
04 - Immobilier Aménagement de locaux
04 - Immobilier Maintenance techniques
04 - Immobilier entretien immobilier
04 - Immobilier Autres travaux
04 - Immobilier Eau
04 - Immobilier Electricité
04 - Immobilier Gaz

Somme 04
05 - Prestations générales Publicité
05 - Prestations générales Déplacements
05 - Prestations générales Repas & nuitées
05 - Prestations générales Formation
05 - Prestations générales Gardiennage et surveillance
05 - Prestations générales Nettoyage des locaux
05 - Prestations générales Restauration collective
05 - Prestations générales Assurances
05 - Prestations générales Etudes

Somme 05
Total Carto - Achats courants somme 01 à 05
06 - Achats métiers
Somme 06
Annexe1: cartographie des achats

51
Annexe2 : modèle simplifié du plan d’action achat

Opérateur : ………… objectif :…….

Gains achat Marché Achat d'innovation


Intégration de clauses
prévisionnels susceptibl à des PME ou ETI Intégration d’une clause
environnementales
ramenés par e d'être ou marché attribué sociale envisagée dans
envisagée dans le
convetntion à 12 attribué à à une PME le marché
marché
mois une PME innovante

Recour durée
Recours Pourcentag
s à une du
à un
centrale contrat Volume e du
Objet du marché marché des pourcentage montant Nombre
d'achat en mois prévisionnel volume
ou de l'action de ou
s
achats gains de en
(recond en euros des gains
oui non oui non d'heures de
d’heures de
oui Non
progrès accord- prévisionnel achat travail dédié
(UGAP uctions HT travail
cadre
ou compris dédié
DAE
AMUE) es)

52
Bibliographie
Ouvrages

 Bouvier Michel et Barilari André. La LOLF et la nouvelle gouvernance financière


de l’Etat LGDJ 2ème édition 2007
 Catteau Damien. droit budgétaire ; comptabilité publique : LOLF et GBCP.
HACHETTE LIVRE 2014

 DOUBLET.X, DREYFUS.B, BLASQUEZ.P. Guide pratique du management des


organisations publiques. Ed. SEFI, 2000.
 INGLEBERT Xavier, manager avec la LOLF. Groupe Revue fiduciaire ;2ème
édition.2009
 Maazouz&B.Leclerc. La gestion intégrée par résultats, presse de l’université de
Québec.2008
 Mordacq Frank : La LOLF : un nouveau cadre budgétaire pour réformer l’Etat.
LGDJ. 2006.

Mémoires et thèses

 Cuvillier Laurence: L'évaluation de l'efficacité de la dépense dans le contrôle de la


gestion opéré par les chambres régionales des comptes. Mémoire DEA. Université
Lille2-droit et santé. http://edoctorale74.univ-
lille2.fr/fileadmin/master_recherche/T_l_chargement/memoires/pubfi/cuvillierl02.p
df
 PICARD Patrick. L'utilisation des contrats globaux de la commande publique par
les collectivités territoriales de taille moyenne. Thèse. Université de Pau et des pays
de l'Aldour.22 juin 2015

Rapports et guides

 Rapport de La commission des finances / assemblée nationale. France sur


l’articulation entre la LOLF et les réformes de l’organisation de l’État présenté par
M.BOUVARD, J.P BRARD, 2010

53
 OCDE : « La budgétisation axée sur la performance dans les pays de l'OCDE ». 2007 ;

 Projet annuel de performance 2016. Programme 214 relatif au soutien de la politique


de l’éducation nationale
 Guide de la modernisation de l’achat. Les achats de l’État et de ses établissements
publics Objectifs et organisation. Elaboré par le service des achats de l'Etat.
Septembre 2013
 Guide de la mesure des résultas.SAE.mars 2014
 Sénat. Rapport d’information au nom de la mission commune d’information sur la
commande publique, fait par M. Martial BOURQUIN,Tome I. Enregistré à la
Présidence du Sénat le 14 octobre 2015
 Blachier Jeau-Lou. Réindustrialiser par l'innovation. Rapport au ministère de
l'économie et des finances. février 2017 https://www.economie.gouv.fr/rapport-
reindustrialisation-innovation

Articles et Revues

 Barilari.André. Commande publique et politique publiques. Gestion&finances


publiques. N°3-2017. Mai-juin 2017
 BERLAND Nicolas. Piloter la performance publique avec des indicateurs : conditions
et modalités d’usage. Revue française des finances publiques N°137-2017

 DAMART Sébastien. Le manager en mode LOLF ou les nécessités du retour du


manager intégratif. Revue française des finances publiques N°137-2017 p26
 Fouchet Robert. Performance, service public et nouvelles approches managériales.
Politiques et management public Année 1999 Volume 17 Numéro 2 pp. 35-49
 Heintz Mathieu. La commande publique, outil d'interventionnisme public.
http://www.sebanassocies.avocat.fr/wpcontent/uploads/2015/08/pub_lacommandepubl
iqueoutildinterventionnismepublic.pdf

 Knoepfel Peter & Varone Frédéric. Mesurer la performance publique : méfions-nous


des terribles simplificateurs. Politiques et management public Année 1999 Volume
17 Numéro 2 .
http://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1999_num_17_2_2233

54
 INGLEBERT Xavier, manager avec la LOLF. Groupe Revue fiduciaire ;2ème
édition.2009.
 Knoepfel Peter & Varone Frédéric. Mesurer la performance publique : méfions-nous
des terribles simplificateurs. Politiques et management public Année 1999 Volume
17 Numéro 2
http://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1999_num_17_2_2233
 Lambert Alain et Migaud Didier "La loi organique relative aux lois de finances
(LOLF) : Levier de la réforme de l'Etat" E.N.A. | Revue française d'administration
publique.2006/1 - no117 pages 11 à 14
 Lorino Philippe: A La recherche de la valeur perdue : construire les processus
créateurs de valeur dans le secteur public/ Politiques et management public, vol. 17 n°
2, 1999. La performance publique. Actes du neuvième colloque international organisé
en collaboration avec l'IUP management public, - 28/29 mai 1998 - Tome 1 - A la
recherche de la performance publique. pp. 21-34.
http://www.persee.fr/doc/pomap_0758-1726_1999_num_17_2_2228
 MIGAUD Didier. Allocution d’ouverture Revue française des finances publiques
N°137-2017
 Saussier Stéphane et Tirole Jean.Renforcer l’efficacité de la commande publique.
Notes du conseil d’analyse économique.2015/3 (n° 22). https://www.cairn.info/revue-
notes-du-conseil-d-analyse-economique-2015-3-page-1.htm

 Rouban Luc: La réforme de l’État et son contexte Réformer l’État : pourquoi et pour
quoi ? La réforme de l’État. Cahiers français n° 346
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/libris/3303330403464/330333040
3464_EX.pdf
 Trosa .S : La loi organique relative aux lois de finances (LOLF) : Contrôle ou liberté?
Revue française d'administration publique 2006/1 - no117 pages 57 à 68
 Zahed Mahrez, la démarche de performance dans la gestion publique
.Gestion&finances publiques. N° 5/2016 Septembre-Octobre 2016

Sites Web :

 www.vie-publique.fr
 www.senat.fr

55
 www.performance-publique.gouv.fr
 www.economie.gouv.fr/cedef/bibliotheque-finances-publiques
 www.ladocumentationfrancaise.fr/
 www.cairn.info/disc-droit.htm
 www.fondafip.org

56

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