71 2 Dyskalie Mies
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N° Validation : 0871202061
Cours De Résidanat
Sujet : 71
LES DYSKALIEMIES
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LES DYSKALIEMIES
I. Introduction :
Le potassium est le cation intra cellulaire le plus important de l’organisme. La
concentration en potassium du secteur extra cellulaire, ou kaliémie est une valeur
finement régulée entre 3,5 et 5 mmol/l. En effet, le potentiel de repos
transmembranaire des cellules nerveuses et musculaires est directement en rapport
avec le différentiel de concentration, entre le potassium intracellulaire (90 % du
potassium de l’organisme) et le potassium extra cellulaire (< 2 %). La variation de la
kaliémie dans un sens ou dans l’autre, est à l’origine de troubles de l’excitabilité
cellulaire, en particulier cardiaque qui peut être fatale. Un diagnostic et un traitement
précoce des dyskaliémies s’imposent.
L’origine rénale des dyskaliémies est de loin la plus fréquente, néanmoins, les causes
iatrogènes sont de plus en plus rencontrées.
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a. Insuline (Figure 2) :
L’insuline favorise l’entrée du K+ dans les cellules en stimulant l’entrée de Na+ dans la
cellule par l’échangeur Na+/H+ membranaire. L’élévation du Na+ intracellulaire stimule
secondairement la Na-K-ATPase ce qui entraine une entrée nette du K+ dans la cellule.
b. Les catécholamines (Figure 2) :
Les β2 adrénergiques favorisent l’entrée du K+ dans la cellule par une action directe
sur la pompe Na-K-ATPase et une action indirecte en stimulant la sécrétion d’insuline.
Les α adrénergiques favorisent la sortie du K+ par effet inverse.
Exemples pratiques :
Exercice physique : l’activation des récepteurs β2 adrénergiques permet de prévenir le
risque d’une hyperkaliémie.
La prise d’un repas riche en potassium chez un patient traité par β bloquants risque
d’entrainer une hyperkaliémie.
La libération d’adrénaline lors d’un stress intense risque de provoquer une
hypokaliémie.
c. Equilibre Acido-basique :
Il joue un rôle majeur dans les mouvements de K+ de part et d’autre de la membrane
cellulaire.
Au cours des acidoses métaboliques aigues minérales (caractérisées par l’addition
d’ions H+ et Cl- dans l’espace extracellulaire, par exemple, la diarrhée), le H+ diffuse
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dans la cellule alors que l’ion Cl- ne peut pas pénétrer. Le respect de l’électroneutralité
intracellulaire impose la sortie d’un K+ (Figure 3).
Au cours des acidoses métaboliques aigues par apport d’acide organique (par exemple,
acidose lactique), le H+ pénètre la cellule avec l’anion qui l’accompagne, ce qui
n’entraîne pas d’issue de K+ de la cellule (Figure 3).
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2. Aldostérone :
L’aldostérone est l’hormone qui régule la sécrétion tubulaire de potassium. Lorsque la
kaliémie augmente, les cellules sécrétrices d’aldostérone du cortex surrénalien sont
stimulées, ce qui augmente la kaliurèse (Figure 8) et inversement en cas de baisse
de la kaliémie.
L’aldostérone agit au niveau du tube collecteur cortical et la médullaire externe, elle
exerce une triple action :
- Au niveau apical, l’aldostérone active la réabsorption du Na+ et la sécrétion du K+
par des canaux sélectifs.
- Au niveau basolatéral, elle active la pompe Na-K-ATPase, on a comme résultat
une augmentation de la kaliurèse et une rétention de Na+.
- Au niveau de la cellule principale, elle augmente la kaliurèse.
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6. ADH/Vasopressine :
L’ADH stimule la sécrétion nette de K+ par les cellules principales par augmentation de
la perméabilité apicale des canaux potassiques.
L’ADH potentialise aussi l’effet de l’aldostérone.
7. Equilibre acido-basique :
En règle générale, l’alcalose favorise l’excrétion de K+ alors que l’acidose a un effet
inverse.
a- Effet de l’alcalose :
L’alcalose augmente la sécrétion de K+ dans le TCC par deux effets directs sur les
cellules principales :
- Stimulation de la Na-K-ATPase
- Augmentation de la perméabilité de la membrane apicale au K+ par ouverture des
canaux potassiques.
b- Effet de l’acidose :
L’acidose métabolique aigue produit les effets inverses de l’alcalose avec une inhibition
de la Na-K-ATPase et fermeture des canaux potassiques sur la membrane luminale.
L’acidose métabolique chronique entraine plutôt une hypokaliémie secondaire à une
fuite rénale de K+ par :
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La survenue d’une torsade de pointe est favorisée par une hypomagnésémie ou en cas
de prise de digitilaques de façon concomitante.
d- Les signes rénaux
L’hypokaliémie sévère et chronique entraîne une néphropathie kaliopénique se
traduisant par:
* Un syndrome polyuro-polydipsique (résistance tubulaire à l’ADH et réduction du
gradient cortico- papillaire).
* Une alcalose métabolique (augmentation de la réabsorption de bicarbonates
par le tube contourné proximal, sécrétion de protons : acidurie paradoxale et
production d’ammonium).
* Et à long terme une néphropathie interstitielle chronique.
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B. Diagnostic étiologique :
1. Hypokaliémies par kaliopénie :
a- carence d’apports
Elles peuvent s’observer en cas de jeune total ou chez le malade de réanimation en
l’absence d’apport parentéral en K+.
La kaliémie baisse de 1 mmol/l environ, avec une réponse rénale adaptée.
b- Hypokaliémies par perte extra rénale de potassium
Caractérisées par une réponse rénale adaptée à l’hypokaliémie définie par une
kaliurèse inférieure à 10 mmol/24h, se voient au cours des :
* Diarrhées aigües : associées à une acidose métabolique par perte digestive de
bicarbonates.
* Diarrhées chroniques : tumeurs villeuses, maladie des laxatifs.
c- Les pertes rénales de potassium
Les hypokaliémies par perte rénale de potassium sont les étiologies de loin les plus
fréquentes. Elles sont définies par une kaliurèse non adaptée supérieure à
20mmol/24h selon le niveau de pression artérielle, on distingue :
* Hypokaliémies par perte rénale sans HTA :
- Vomissements abondants ou prolongés ou des aspirations gastriques non
compensées. Ils sont responsables d’une alcalose métabolique hypokaliémique
hypochlorémique avec acidurie paradoxale).
Le liquide gastrique est pauvre en potassium mais riche en hydrogène H+ et en chlore
Cl-. Les vomissements entrainent une perte de HCl, ce qui induit une alcalose
métabolique et un déficit chloré (il y a une hypochlorémie, et la chlorurie est plus basse
que la natriurèse.
L’hypokaliémie associée aux vomissements répond à un double mécanisme :
* Transfert intracellulaire de potassium, stimulé par l’alcalose.
* Fuite rénale de potassium (Kaliurèse > 20 mmol/24h) favorisée par un faible débit
chloré tubulaire :
Ø Du fait de l’absence de chlore, le sodium ne peut pas être réabsorbé seul au
niveau de l’anse de Henlé.
Ø Le sodium poursuit donc son trajet tubulaire rénal, et sera réabsorbé par les
tubes distaux.
Ø A ce niveau, l’absorption de sodium se fait contre des ions K+ et H+ qui seront
éliminés dans l’urine entrainant la pérennisation de l’alcalose et fuite urinaire de
potassium. La seule façon de régler le problème est de corriger le déficit en
chlore.
- Polyurie aigue :
Reprise de la diurèse après insuffisance rénale aigue par nécrose tubulaire aigue ou
après transplantation rénale et le Syndrome de levée d’obstacle
- Diurétiques thiazidiques et de l’anse (Figure 10 et 11)
- Néphropathies avec perte de sel (néphropathies interstitielles chroniques, syndrome
de Bartter, de Gitelman, hypercalcémie).
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Ils regroupent plusieurs affections caractérisées sur le plan endocrinien par une rénine
basse et une aldostérone basse.
• Le syndrome de Cushing, surtout paranéoplasique
• Le déficit acquis en 11 B Hydroxystéroïde deshydrogénase par intoxication à la
glycyrrhizine (Réglisse), l’antésite et le pastis sans alcool. Elle doit être recherchée par
un interrogatoire minutieux.
• L’hyperplasie congénitale des surrénales par déficit en 11 B Hydroxylase ou en 17
alpha Hydroxylase.
• Le syndrome de Liddle : affection rare, autosomique dominante, à l’origine d’une
hypertension artérielle sévère, elle est en rapport avec une mutation activatrice du
canal épithélial sodique.
- L’hyperaldostéronisme secondaire à une hypertension artérielle maligne essentielle,
une sténose de l’artère rénale, une tumeur à rénine et à la prise des oestroprogestatifs.
2. Les hypokaliémies par transfert :
Isolé, ce mécanisme n’entraîne pas de kaliopénie, par contre lorsqu’il est associé aux
causes précédentes, il va majorer l’hypokaliémie. Les principales causes sont les
suivantes:
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forte dose, le potassium peut être ulcérigène ce qui limite l’apport potassique per os à
100 - 150 mmol/j.
b- Potassium par voie intra veineuse
* Par voie intraveineuse périphérique : Le KCl est dilué dans du sérum salé à une
concentration qui ne dépasse pas 60 mmol de K+/l pour des raisons de tolérance
veineuse.
* Par voie intraveineuse centrale : Des concentrations de potassium plus élevées
peuvent être utilisées.
c- Diurétiques épargneurs de potassium :
Spironolactone, Triamtérène, amiloride sont parfois associés aux autres traitements
pour diminuer les pertes rénales de potassium. Ils sont surtout efficaces en cas
d’hyperaldostéronisme et en cas de traitement par les diurétiques kaliurétiques.
3. Indications thérapeutiques
- En cas d’hypokaliémie peu sévère : 2,5 – 3 mmol/l, un apport oral de 4 à 6 g de KCl
ou 12 à 18 g de gluconate de potassium est le plus souvent suffisant.
- En cas d’hypokaliémie inférieure à 2,5 mmol/l ou de mal tolérance digestive, de
troubles du rythme, la recharge potassique est assurée par la voie intraveineuse. Le
débit de perfusion doit être maîtrisé par une pompe ou une pousse seringue pour
éviter le risque d’hyperkaliémie aiguë. Le débit horaire moyen est de 5 à 20
mmol/heure. L’apport moyen par jour est de 130 mmol, sans dépasser 300 mmol.
- En aucun cas, les ampoules de Kcl ne doivent être injectées directement en
intraveineuse directe quel que soit le niveau de la kaliémie à cause du risque d’arrêt
cardiaque par hyperkaliémie aiguë.
- En cas de trouble de rythme cardiaque, l’administration de magnésium sous forme
de sulfate de magnésium ou de chlorure de magnésium à la dose de 2 à 3 g peut être
associée.
- En cas de perte rénale et à la condition formelle qu’il n’y ait pas d’insuffisance
rénale l’administration de diurétiques épargneurs de potassium permet de hâter la
restauration du pouls potassique. Elle nécessite une surveillance régulière de la
kaliémie.
- En cas d’alcalose métabolique, le KCl est souhaitable car plus efficace.
4. Eléments de surveillance
Le traitement d’une hypokaliémie sévère doit se faire sous surveillance du rythme
cardiaque par scope, des ECG répétés 1 à 2 fois par jour et des ionogrammes sanguins
bi-quotidiens. Il faudrait éviter les sels de calcium à cause de leur action myocardique
antagoniste à celle du potassium, ce qui peut provoquer des troubles de rythme
cardiaque en cas d’hypokaliémie.
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V. Les Hyperkaliémies :
A. Diagnostic positif :
1. Dosage plasmatique :
Le diagnostic positif d’une hyperkaliémie est donné par une concentration sanguine
ou kaliémie supérieure à 5 mmol/l. Une hyperkaliémie ne doit jamais être considérée
comme une erreur bien qu’il existe de fausses hyperkaliémies, le retentissement
cardiaque sera immédiatement vérifié par un électrocardiogramme.
2. Manifestations cliniques
Les symptômes provoqués par une hyperkaliémie sont surtout musculaires et
myocardiques. L’hyperkaliémie entraîne une dépolarisation de la membrane cellulaire
engendrant une hyperexcitabilité.
a- Les signes neuromusculaires
Ils apparaissent pour des K+ supérieur ou égal à 7 mmol/l il s’agit :
- D’une fatigue musculaire, de paresthésies, à type de fourmillement ou de piqûre
d’épingles prédominants au niveau des extrémités (plantes des pieds, paume des
mains), à la langue, aux lèvres et autour de la bouche.
- La paralysie est plus rare : c’est une paralysie flasque symétrique avec hypotonie
musculaire abolition des réflexes ostéotendineux, mais conservation des réflexes idio
musculaires. Elle débute aux membres inférieurs et peut s’étendre au tronc, aux
membres supérieurs et plus rarement aux muscles respiratoires.
b- Les signes cardiaques
Les signes électrocardiographiques sont essentiels pour le diagnostic et la surveillance
du traitement de l’hyperkaliémie. Il n’existe pas de parallélisme entre la concentration
plasmatique et les anomalies à l’ECG. Cependant, celles-ci apparaissent le plus
souvent quand la kaliémie dépasse 6 mmol/l.
Ø Troubles de la repolarisation :
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b- Intoxication digitalique
c- Médicaments : bétabloquants non sélectifs et les alpha adrénergiques.
4. Destruction cellulaire :
- Brûlures étendues
- Rhabdomyolyse, Hémolyse
- Chimiothérapie
C. Autres causes :
Exercice physique intense, causes médicamenteuses et toxiques…
D. Traitement des hyperkaliémies :
1. But
a. Corriger l’hyperkaliémie dans les plus brefs délais, surtout s’il existe des signes
musculaires et/ou cardiaques.
b. Corriger en parallèle les troubles associés en particulier une acidose et une
hyponatrémie.
c. Traiter la maladie causale.
d. Prévenir l’apparition d’une hyperkaliémie
2. Moyens
a. Réduction des apports alimentaires du potassium en évitant les légumes, les fruits
et les sels diététiques contenant du potassium.
b. Arrêt des médicaments responsables d’une hyperkaliémie ; diurétiques épargneurs
de K+, héparine, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, antagoniste des récepteurs de
l’angiotensine II transfusions sanguines, des pénicillines riches en K+ et les béta
bloquants
c. Soustraction du potassium de l’organisme
-Résines échangeuses d’ions : Kayexalate (polystyrene sulfone de sodium): Fixe le K+
et libère le Na+ Dans l’intestin (1 mmol de K+ est échangé contre 3 mmol de Na+), il
est prescrit soit par voie :
• orale à la dose de 15 g-45 g /J, délai d’action 3-4h.
• Rectale en lavement de 30 à 60 g à conserver au moins 30 mn, délai d’action 1
heure.
Le kayexalate est à l’origine d’une constipation, de gastralgies, d’hypokaliémie
en cas de surdosage et de surcharge sodée chez les insuffisants cardiaques.
- Les diurétiques de l’anse ne sont utilisés qu’en cas d’hyperkaliémie associée à un
syndrome œdémateux ou une insuffisance cardiaque en dehors d’un obstacle urinaire
sous-jacent.
- L’épuration extra rénale : la dialyse péritonéale permet une correction lente de
l’hyperkaliémie : soustraction de 10 à 12 mmol de K+ par heure. L’hémodialyse permet
une soustraction plus importante du potassium 5 à 6 fois plus que par la dialyse
péritonéale.
d. Transfert du potassium du secteur extra vers le secteur intra cellulaire :
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4. Eléments de surveillance
L’évolution du traitement d’une hyperkaliémie doit être suivie sur un cardioscope,
des ECG répétés, TA et l’auscultation cardiopulmonaire
5. Traitement préventif
Chez les diabétiques et les insuffisants rénaux chroniques, il faudrait prescrire avec
prudence les médicaments susceptibles d’augmenter la kaliémie, l’alimentation doit
être pauvre en potassium chez l’insuffisant rénal chronique.