Imagerie de L'oreille Et Des Voies - La Radiologie Pour Tous
Imagerie de L'oreille Et Des Voies - La Radiologie Pour Tous
Imagerie de L'oreille Et Des Voies - La Radiologie Pour Tous
www.livres-medicaux.com
sauramps
médical
Imagerie de l’oreille
et des voies
cochléo-vestibulaires
Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés réservés pour tous
pays.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des
pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans autorisation de l’éditeur est illicite et constitue
une contrefaçon. Seules sont autorisées, d’une part, les reproductions strictement réservées à
l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective, et d’autre part, les courtes
citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’œuvre dans laquelle elles
sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
Imagerie de l’oreille
et des voies
cochléo-vestibulaires
Sous la direction de
Stéphane Louryan et Marc Lemort
avec la collaboration de
M. Bruneau, G. Choufani, I. Delpierre, P. Deltenre, L. Divano, T. Duprez,
P. Guedin, S. Hassid, S. Louryan, C. Mabiglia, A.L. Mansbach,
T. Metens, G. Rodesch, N. Sadeghi, L. Spinato, M. Vander Ghinst
Dupuis, Peetrons
L’imagerie difficile
Sauramps Médical - 2006
2840234654
Maladie de Ménière
T. Duprez.......................................................................................................................................................... 73
Remerciements
Nous avons connu l’époque où l’imagerie de l’appareil auditif constituait une imagerie quel-
que peu ésotérique. Les images floues, nuageuses, des polytomographies constituaient
autant d’énigmes pour des radiologistes ultra-spécialisés, peu nombreux et bénéficiant d’une
aura un peu mystérieuse.
Aujourd’hui, la généralisation des scanners hélicoïdaux, des IRM, en ont démocratisé l’accès.
Le langage qu’elle déploie, les images qu’elle véhicule, sont devenus plus clairs, plus acces-
sibles, et nécessitent un enseignement efficace.
Certes, tous les domaines ne sont pas présentés. Cela résulte notamment du fait que nous
n’avons pas été en mesure de collecter les textes de l’ensemble des cours dispensés. Mais
l’ensemble demeure cohérent, et nous espérons que les lecteurs en feront leur bénéfice.
Pr S. Louryan
Membre de l’Académie Royale de Médecine de Belgique
S. Louryan
Laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Organogenèse, Faculté de Médecine,
Université Libre de Bruxelles - Route de Lennik, 808 (CP 619), B-1070 Bruxelles.
Généralités et ontogenèse
L’os temporal et son contenu, l’appareil stato-acoustique, réalisent une structure d’une très
grande complexité. Carrefour neuro-sensoriel, traversé par divers éléments nerveux et vas-
culaires, il tire sa complexité d’une ontogenèse mettant en œuvre divers feuillets caractérisés
par de multiples et mutuelles interactions.
1
Louryan S. The stapes develops mainly from Reichert’s cartilage independently to the otic capsule. European
Archives of Biology 103:211-212. 1992 et Louryan S., Vanmuylder N, Resimont S. Ectopic stapes: a case report with
embryologic correlations. Surg Radiol Anat : 25: 342-344, 2003.
11
Fig. 1 : Résumé schématique du développement de l’appareil stato-acoustique, illustré par des coupes réalisées
chez l’embryon de souris.
•••••
••••• dérivés du cartilage de Meckel (1er arc).
•••••
Fig. 2 : Contribution des deux premiers arcs branchiaux à l’ontogenèse des osselets.
12
Le contrôle génétique de ces divers événements est actuellement de mieux en mieux connu,
et l’expression déficiente de divers gènes du développement a pu être rapportée à certaines
malformations connues dans l’espèce humaine 2.
Les événements qui président à la mise en place de ces diverses ébauches se déroulent
essentiellement durant le deuxième mois du développement humain. Toute perturbation de
leur enchaînement peut aboutir à des lésions malformatives, dont la pathogénie peut être très
complexe.
Oreille externe
Elle est constituée du pavillon, du méat acoustique externe et de la face externe de la mem-
brane tympanique. Le substrat osseux du méat est constitué essentiellement de l’os tympa-
nique et de la portion squameuse de l’os temporal. L’union du tympanal avec l’écaille en de-
hors, et avec le rocher en dedans constitue la scissure de Glaser (fig. 3), bien visible sur les
reconstructions sagittales. Il importe de bien différencier cette structure d’éventuelles lésions
traumatiques, par ailleurs fréquentes dans cette région. Le méat acoustique externe se ter-
mine en regard de la face latérale du tympan. Celui-ci s’insère en bas sur un petit relief ap-
pelé sulcus tympanique. Sa partie supérieure s’unit au mur de la logette, ou mur de l’attique
(scutum), légèrement saillant vers le bas par rapport au toit du méat. La membrane propre-
ment dite se compose d’une large partie inférieure solide, la pars tensa. Sa partie supérieure,
plus réduite et beaucoup plus mince est appelée pars flaccida, ou membrane de Schrapnell.
Fig. 3 : Vue de profil de l’os temporal, démontrant entre autres la scissure de Glaser (flèche).
2
Lire notamment à ce sujet : Carey JC. Ear. In : Stevenson RE, Hall JG. Human malformations and related anomalies.
2nd edition. Oxford, 206, Oxford University Press, pp. 327-371; Fekete DM. Development of the ear. In: Epstein CJ,
Erickson RP, Wynshaw-Boris A (eds): Inborn errors of development. The molecular basis of clinical disorders of mor-
phogenesis. Oxford, 2004, Oxford University Press, pp. 89-106; Spiden SL., Steel KP. The ear. In: Ferretti P, Copp A,
Tickle C, Moore F (eds): embryos, genes and birth defects, 2nd edition. Chichester, 2006, Wiley, pp. 231-262.
13
Fig. 4 : Microsdissection
de l’os temporal (pièce
Tramond du Musée d’Ana-
tomie et Embryologie,
ULB, Faculté de Médecine)
démontrant le canal facial
avec sa troisième portion
descendante (flèche). La
deuxième portion sur-
monte la fosse ovale
(grosse flèche).
Oreille moyenne
La succession, parallèle au grand axe du rocher, des cavités de l’oreille moyenne, réalise
l’axe aérien du rocher. D’avant en arrière et de dedans en dehors, cet axe se compose de la
trompe auditive (ou trompe d’Eustache), de la caisse du tympan, de l’antre et de cellules
mastoïdiennes.
La trompe est oblique d’avant en arrière, de dedans en dehors et de bas en haut, ce qui im-
plique que des reconstructions multiplanaires obliques constituent le meilleur moyen de la
dégager dans tout son trajet. Son extrémité antérieure, fibrocartilagineuse, entourée des
muscles tenseur et releveur du voile du palais (dont la contraction synchrone est indispensa-
ble pour ouvrir l’ostium tubaire) débouche dans le cavum, en arrière du cornet inférieur.
Son extrémité postérieure est osseuse. Elle constitue le protympanum, qui s’ouvre dans la
partie antéro-supérieure de la caisse. Sous la trompe osseuse, et parallèlement à elle, che-
mine le canal du muscle tenseur du tympan, ou muscle du marteau (fig. 5).
14
laire. La paroi séparant ces vaisseaux de la cavité de l’oreille moyenne peut parfois s’avérer
déhiscente. Le protympan (ou protympanum) a déjà été cité : il s’assimile à l’entrée de la
trompe auditive.
Fig. 6 : Insertion de la
membrane tympanique
dans la paroi latérale de la
caisse du tympan (pièce
Tramond du Musée d’Ana-
tomie et Embryologie, ULB,
Faculté de Médecine).
15
La base de celui-ci (platine) s’insère dans la fenêtre vestibulaire (fenêtre ovale), creusée dans
la paroi médiale de la caisse. Elle s’unit à ses berges par le ligament annulaire. Derrière la
fenêtre vestibulaire est érigée la pyramide du muscle stapédien (fig. 8), qui correspond à la
sortie du muscle de son canal, initialement parallèle à la troisième portion du canal facial. En
dedans de cette pyramide s’ouvre une cavité borgne appelée sinus tympanique ou sinus
tympani (fig. 8 et 14). Cette structure est importante à plus d’un titre. D’une part, elle corres-
pond à une zone fréquemment envahie par divers processus pathologiques, notamment les
cholestéatomes. D’autre part, elle constitue comme une “image en miroir” de l’ampoule du
canal semi-circulaire postérieur, et peut ainsi servir de repère en chirurgie. Le sinus tympa-
nique est séparé de la fenêtre du vestibule par une petite crête appelée ponticulus. Une autre
crête, plus basse et plus postérieure, le subiculum, le sépare de la fenêtre tympanique (fenê-
tre ronde), qui est quasi verticalement disposée. Les rapports de la fenêtre vestibulaire sont
extrêmement importants, tant en imagerie qu’en chirurgie. Elle est en effet surmontée de la
deuxième portion du canal facial, qui n’est pas horizontal mais oblique vers le bas et l’arrière.
Son orientation se confond approximativement avec celle du plan orbito-méatal, ce qui im-
pose de réaliser les coupes tomodensitométriques “horizontales” dans ce plan si l’on sou-
haite explorer la base du stapes. Le VII 2 est lui-même surmonté par la coque osseuse ex-
terne du canal semi-circulaire latéral, qui lui est parallèle.
16
Fig. 8 : Quelques éléments de la paroi médiale de la cavité tympanique (pièce Tramond du Musée
d’Anatomie et Embryologie, ULB, Faculté de Médecine). C : cochlée (après abrasion du promon-
toire), FO : fenêtre ovale, FR : fenêtre ronde, P : pyramide du muscle stapédien, ST : sinus tym-
pani, VII 2 et 3 : deuxième et troisième portions du nerf facial après ouverture.
La paroi postérieure de la caisse s’ouvre sur un orifice, l’aditus ad antrum, donnant accès à
l’antre. L’aditus est doté d’une petite fossette, la fossa incudis, recevant le processus court de
l’incus. Sa paroi médiale est marquée du relief de la coque du canal semi-circulaire latéral.
L’antre peut présenter des dimensions assez variables, dont il faudra tenir compte en chirur-
gie. Il est le point de départ des cellules mastoïdiennes, qui colonisent inégalement l’os
temporal.
17
Oreille interne
Le labyrinthe osseux est formé de la cochlée (ou limaçon) et vestibule (fig. 9). La cochlée est
constituée de 2.5 tours de spire, enroulés de dedans en dehors et de l’arrière vers l’avant. Le
relief du premier tour (dit “basal”), ou promontoire, contribue, comme nous l’avons vu, à la
formation de la paroi interne de la caisse. La première portion du nerf facial surmonte la co-
chlée obliquement vers le dehors et vers l’avant.
Le vestibule est hérissé des trois canaux semi-circulaires. Le canal externe n’est horizontal
que si la tête est fléchie à environ 25° vers le bas ; sa coque osseuse contribue à former
l’aditus, et se situe au-dessus du VII 2. Le canal semi-circulaire supérieur détermine l’emi-
nentia arcuata, marquant la partie supérieure de la face antérieure de la pyramide pétreuse.
Chaque canal semi-circulaire a la particularité d’être perpendiculairement disposé par rap-
port aux deux autres. En outre, chaque canal semi-circulaire supérieur est parallèle au canal
postérieur hétérolatéral. L’arche du canal semi-circulaire supérieur est traversé par le canal
pétro-mastoïdien, contenant l’artère subarcuata. En provenance de l’antre mastoïdien, ce
canal débouche dans la fossa subarcuata, à la face postérieure du rocher (fig. 10).
Au labyrinthe osseux se greffent deux prolongements canalaires qu’il ne faut pas confondre
avec d’éventuelles fractures. L’aqueduc du vestibule (fig. 11), contenant le canal endo-lym-
phatique, s’échappe du vestibule, connaît un court trajet ascendant, suivi d’une portion plus
longue oblique vers le bas et le dehors. Le calibre de ce canal doit faire l’objet d’une analyse
attentive. En effet, certaines malformations de l’oreille interne impliquent une dilatation
congénitale du canal endolymphatique, et, partant, de son contenant osseux. En revanche,
certains syndromes vertigineux de Ménière s’accompagnent d’une sténose du canal avec
18
19
coupes sagittales reconstruites, mais est en général bien visible sur les coupes horizontales.
Le plan frontal ne saurait le démontrer valablement vu son orientation. L’aqueduc de limaçon,
contenant le canal périlymphatique, est oblique vers le bas et le dedans. Son extrémité éva-
sée s’ouvre dans la fossette pétreuse (ou loge du ganglion d’Andersch du nerf glossopharyn-
gien), située entre le foramen jugulaire et l’entrée du canal carotidien. L’orifice d’entrée du
nerf tympanique (de Jacobson) qui se ramifie sur le promontoire pour innerver la paroi mé-
diale de la caisse s’ouvre par ailleurs sur la crête qui sépare les deux orifices vasculaires déjà
cités. L’aqueduc du limaçon est bien repérable sur des coupes horizontales et frontales.
L’os périotique est d’une nature particulière, due à ses modalités de développement. Les
cavités sont entourées d’une couche assez compacte mais peu épaisse, appelée couche
enchondrale et endostale. Une couche périostale interne, moins dense, l’entoure et s’étend
davantage vers la périphérie. La couche la plus lointaine, appelée périostale externe, est limi-
tée à l’apex pétreux et à la mastoïde. Le tissu osseux présent dans cette dernière couche ne
peut être que pneumatisé ou spongieux, jamais compact. Les différents gradients de densité
sont appréciables en TDM ; ils sont plus marqués chez l’enfant, et peuvent s’accentuer en cas
d’otospongiose.
Une zone de “retard d’ossification” caractérise une petite fossette située entre la berge anté-
rieure de la fenêtre ovale et le processus cochléariforme. Cette zone, appelée fossula (ou
fissura) ante fenestram, ou encore zone de Cozzolino, est spontanément visible chez l’enfant,
sous forme d’une hypodensité. Elle peut réapparaître et s’intensifier dans les processus otos-
pongiomateux, dont elle est le site d’origine. L’existence de cette zone provient du fait que la
capsule otique cartilagineuse du fœtus se minéralise par le biais de 14 centres d’ossification
différents, qui entrent en coalescence par un processus extrêmement complexe.
Les relations de l’oreille interne avec le fond du méat acoustique interne sont assez comple-
xes. En effet, le fond du conduit est percé de cinq “orifices”. On trouve en effet, en haut et en
avant l’orifice du nerf facial. Derrière lui, s’ouvre le pertuis destiné au passage du nerf vesti-
20
bulaire supérieur. Le nerf cochléaire laisse passer ses filets dans une tache criblée située
sous l’ostium du nerf facial. Le nerf vestibulaire inférieur possède une voie d’entrée sous
celle de son homologue supérieur. Enfin, un petit nerf ampullaire postérieur sort de l’oreille
interne par un orifice postéro-inférieur relativement long, qui ne rejoint le méat qu’à l’union
de son tiers latéral et de ses deux tiers médiaux. Il s’agit du foramen singulare de Morgagni,
bien repérable sur les coupes TDM. Dans la partie la plus latérale du méat, une crête incom-
plète sépare les compartiments supérieurs des espaces inférieurs : il s’agit de la crête falci-
forme, bien visible dans le plan frontal.
Les séquences IRM fortement pondérées en T2 (fig. 12) ainsi que les acquisitions T1 tridi-
mensionnelles en coupes fines permettent d’apprécier ces différents nerfs dans le méat
acoustique interne.
21
L’utilisation de reconstructions permet le recours à divers plans particuliers, qui ont connu
leur heure de gloire à l’époque des tomographies multidirectionnelles. Chacun de ces plans
répond au souhait de dégager certaines structures particulières (fig. 14).
22
Fig. 14 : Exemples de coupes réalisées en tomodensitométrie dans le plan horizontal (à gauche) et frontal oblique
(à droite). On comparera la coupe horizontale à la coupe anatomique présentée en haut à droite. Les trois osselets
sont visibles. Sur la coupe tomodensitométrique horizontale, on distingue le sinus tympani derrière l’étrier (flèche).
Cms : canal du muscle stapédien, Mtt : muscle tenseur du tympan (muscle du marteau), VII2 : deuxième portion du
nerf facial.
Le plan sagittal est d’un grand intérêt. Il offre d’une part une vue “chirurgicale progressive”
car il matérialise de dehors en dedans les divers plans que découvrira le chirurgien dans son
accès. Il permet d’apprécier les parois du méat acoustique externe, notamment l’os tympa-
nique. Le tegmen, oblique vers l’avant et le bas, est bien démontré. Les deux osselets princi-
paux apparaissent de profil, et leurs rapports peuvent être analysés en détail, notamment
dans les luxations. La portion verticale du nerf facial peut être suivie dans sa totalité. Enfin, il
23
Il peut parfois être utile de réaliser des reconstructions curvilinéaires, qui “aplanissent” une
structure courbe, aboutissant ainsi à la mise en œuvre d’un plan fictif synthétisant en une
“coupe” une structure complexe. Ce type de traitement des données convient idéalement à
l’aqueduc de Fallope dans ses trois portions.
Notons qu’en IRM, il est avantageux de réaliser les acquisitions en 3D, de manière à obtenir
des coupes dans différents plans, en fonction des structures à étudier. Les coupes doivent
être extrêmement minces (1 mm). Les séquences pondérées en T2 offrent une bonne visua-
lisation des cavités liquidiennes de l’oreille interne et du méat acoustique interne, qui appa-
raîtront hypersignal. Les éléments nerveux et vasculaires du méat seront visibles “en néga-
tif”. Le canal facial est généralement bien visible. L’utilisation d’antennes de surface couplée
à la réalisation de coupes sagittales permet d’observer la sortie du nerf facial du trou stylo-
mastoïdien, et, dans de bonnes conditions, d’observer la partie initiale de son trajet exocrâ-
nien (fig. 15).
Fig. 15 : Le nerf facial (flèche) émergeant du foramen stylo-mastoïdien sur une IRM sagittale.
24
Références
Outre les grands traités d’anatomie bien connus (Poirier, Testut, Rouvière…), dont la consultation demeure incontour-
nable en dépit de l’opinion de certains “modernistes”, et les précis d’embryologie générale (Carlson, Larsen, Sadler)
en usage dans toutes les facultés de médecine, la consultation des textes suivants peut présenter un intérêt :
• Counter RT. A colour atlas of temporal bone. Surgical anatomy. London, 1980, Wolfe.
• Lang J. Klinische Anatomie des Ohres. Wien, 1992, Springer.
• Louryan S. Embryologie de l’oreille. In: Bourjat P, Veillon F. Imagerie radiologique tête et cou. Paris, 1995, Vigot, pp
25-32.
• Legent F, Perlemuter L, Vandenbrouck Cl. Cahiers d’anatomie ORL. L’oreille. 3e edition. Paris, 1979,
Masson.
• Sick H, Veilon F. Atlas de coupes sériées de l’os temporal et de son contenu. München, 1988, Bergmann.
• Swartz JD, Loevner LA. Imaging of the temporal bone. 4th edition. New York, 2009, Thieme.
25
Nous ne reviendrons pas, dans ce chapitre, sur l’embryologie de l’oreille interne, ce sujet
ayant été développé dans un chapitre précédent par le Pr S. Louryan.
Introduction
La surdité congénitale ou d’acquisition précoce à une incidence d’environ 3 enfants/1000
naissances. Chez l’un de ces 3 enfants, elle sera sévère à profonde. Ces surdités doivent
être mises au point, puis prises en charge, par une équipe pluridisciplinaire spécialisée.
Ces enfants outre un bilan clinique, génétique et audiologique bénéficieront d’un bilan
par imagerie. Cette imagerie sera réalisée au minimum par une imagerie scanographique
(CT scan), mais bien souvent dans les cas de surdité sévères associera CT et Imagerie par
résonance magnétique (IRM).
Chez l’enfant, l’étiologie de la surdité profonde congénitale est due dans 50 % des cas à une
origine génétique (syndromique dans 30 % des cas et non syndromique dans 70 % des cas)
et dans 50 % des cas à une origine environnementale [1]. Il faut par ailleurs, mentionner
que 1/3 des anomalies génétiques sont liées à la mutation du gène de la connexine 26, sans
anomalie en imagerie.
Dans les causes environnementales, sont regroupées : l’exposition fœtale aux infections
virales, aux dérivés de la vitamine A (acide rétinoïque) de même que la prématurité et les
méningites bactériennes [2]. Le bilan radiologique, en cas de surdité congénitale profonde,
va donc avoir pour but de :
- rechercher, détecter et évaluer les malformations de l’oreille interne,
- détecter un modiolus déficient ou absent (cause d’hydrops périlymphatique et risque de
“gusher”),
- démontrer un sac endolymphatique large éventuel,
- déterminer le statut normal ou anormal des nerfs du paquet acoustico-facial et plus parti-
culièrement du nerf VIII,
- évaluer le parenchyme cérébral.
27
Classification
L’une des premières classifications concernant les malformations de l’oreille interne est celle
de Jackler en 1987 [3]. Cette classification a été réalisée à partir de tomographies d’oreille
interne. Elle est basée sur le développement embryonnaire du labyrinthe, tant antérieur que
postérieur, et le stade auquel celui-ci s’est arrêté.
En 2002 est apparue la classification de Sennaroglu qui précise la classification de Jackler
[4]. Ceci, notamment, concernant ce que Jackler avait appelé la partition incomplète.
En 2010, dans son article de revue, Sennaroglu met à jour sa classification. Il y introduit la
partition incomplète de type III et il introduit 3 sous-types d’hypoplasie cochléaire.
La classification exposée ci-dessous est principalement basée sur la classification actualisée
de Sennaroglu datant de 2010 [2] à l’exception des anomalies malformatives du paquet
acoustico-facial.
28
Aplasie de la cochlée
Dans ce cas, il y a une absence de la cochlée avec un vestibule et des canaux semi-circulaires
présents. Ceux-ci sont normaux, dilatés ou hypoplasiques.
29
2010, il faut éviter de définir cette cochlée par le terme de 1,5 tour de spire, le volume externe
étant conservé, seule l’organisation interne étant anormale [2].
30
31
32
33
34
Dans le cadre de la recherche de toute anomalie malformative du NVC, il est donc important
de vérifier, non seulement l’intégrité du NVC dans l’angle pontocérébelleux, mais également
de ces différentes branches au sein de leurs trajets dans le CAI. De même, il est important de
vérifier, s’il n’existe pas d’anomalie du canal de la branche cochléaire du nerf VIII. Celui-ci est
considéré comme sténosé s’il est de taille inférieure ou égale à 1,5 mm [15].
35
36
Conclusion
L’étude des anomalies malformatives de l’oreille interne nécessite une bonne connaissance
de l’anatomie normale, comme prérequis.
Le CT est l’examen de base à réaliser pour l’étude du rocher et il permet une étude du labyrinthe
osseux (contenant). L’IRM quant à elle, est indiquée pour l’étude de la partie membraneuse du
labyrinthe, mais également dans l’analyse des structures du paquet acoustico-facial.
L’imagerie permet ainsi de donner une orientation diagnostique et pronostique dans les
surdités de l’enfant.
Références
[1] Yiin RSZ, Tang PH, Tan TY. Review of congenital inner ear abnormalities on CT temporal bone. BJR 2011, 84 :
859-63.
[2] Sennaroglu L. Cochlear implantation in innear ear malformations - A review article. Cochlear Implants Int.
2010, 11 : 4-41.
[3] Jackler RK, Luxford WM, House WF. Congenital malformations of the inner ear: a classification based on
embryogenesis. Laryngoscope 1987, 97: 2-14.
[4] Sennaroglu L, Saatci I. A new classification for cochleovestibular malformations. Laryngoscope 2002, 112:
2230-241.
[5] Michel P. Mémoire sur les anomalies congénitales de l’oreille interne. Gazette Méd de Strasbourg 1863 : 55-8.
[6] Isenberg SF, Tubergen LB. Unilateral complete aplasia of th innear ear with associated tracheoesophageal
fistula: report of a case. Otolaryngol head Neck Surg 1979, 87(4) : 435-9.
[7] Ozgen B, Oguz KK, Atas A, Sennaroglu L. Complete labyrinthine aplasia: clinical and radiological findings with
review of the literature. AJNR 2009, 30: 774-80.
[8] Lo WWM. What is a “Mondini” and what difference does a name make? AJNR 1999, 20 : 1442-4.
[9] Incesulu A, Baki A, Cem K. Cochlear implantation in cases with incomplete partition type III (X-linked anomaly).
Eur Arch Otorhinolaryngol 2008, 265: 1425-30.
[10] Papadaki E, Prassopoulos P, Bizakis J, Karampekios S, Papadakis H, Gourtsoyiannis N. X-linked
deafness with stapes gusher in females. Eur J Radiol 1998, 29 : 71-5.
[11] Legeais M, Haguenoer K, Cottier JP, Sirinelli D. Can a fixed measure serve as a pertinent diagnostic cri-
terion for a large vestibular aqueduct in children? Pediatr Radiol 2006, 36 : 1037-42.
[12] Stimmer H. Enlargement of the cochlear aqueduct: does it exist? Eur Arch Otorhinilaryngol 2011, 268: 1655-61.
[13] Adunka OF, Roush PA, teagle HF, Brown CJ, Zdanski CJ, Jewells V, Buchman CA. Internal auditory canal
morphology in children with cochlear nerve deficiency. Otol Neurotol 2006, 27: 793-801.
[14] Casselman JW, Offeciers FE, Govaerts PJ, Kuhweide R, Geldof H, Somers, T, D’Hont G. Aplasie and
hypoplasia of the vestibulocochlear nerve: diagnostic with MR imaging. Radiology 1997, 202: 773-81.
[15] Miyasaka M, Nosaka S, Morimoto N, Taiji H, Masaki H. CT and MR imaging for pediatric cochlear implan-
tation: emphasis on the relationship between the cochlear nerve canal and the cochlear nerve. Pediatr Radiol 2010,
40: 1509-16.
[16] Huang BY, Zdanski C, Castillo M. Pediatric sensorineural hearing loss Part 2: syndromic and acquired cau-
ses. AJNR 2012, 33: 399-406.
37
Physiologie
Rôle de l’oreille externe
Les fonctions de l’oreille externe comprennent :
- La protection de l’oreille moyenne et interne de traumatismes extérieurs, par sa forme en S ;
- La protection de l’oreille moyenne contre les infections (pH bas, cérumen…) ;
- Une amplification des sons incidents due à ses caractéristiques acoustiques ;
- La participation aux mécanismes de localisation spatiale des sons.
Sur le plan fonctionnel ce dernier mécanisme est particulièrement utile même si le caractère
vestigial de nos muscles péri-auriculaires ne nous permet plus d’orienter nos pavillons com-
me beaucoup d’espèces animales dont le chat. Si ce sont les disparités inter-aurales de
temps et d’intensité qui constituent l’élément le plus important pour la localisation des sons
dans l’espace, les effets liés à l’acoustique du pavillon sont les seuls à permettre de distin-
guer l’origine du son sur les axes haut-bas et avant-arrière.
En cas de surdité unilatérale ou asymétrique, la localisation des sons s’en trouve perturbée,
ce qui contribue à diminuer la perception de la parole dans le bruit.
39
la fenêtre ronde et la fenêtre ovale en même temps, avec la même intensité et la même
phase, il n’y aura que peu de stimulation de la cochlée. Heureusement à l’état normal, la
membrane tympanique intacte atténue le son qui pourrait être transmis depuis le CAE dans
l’air de la caisse du tympan. Néanmoins, ce n’est plus le cas lorsqu’il existe une perforation
tympanique associée à une perte de la chaîne ossiculaire : il y aura stimulation directe des
fenêtres ovale et ronde. En cas de simple perforation tympanique, le différentiel entre les
2 fenêtres diminue.
La deuxième fonction de l’oreille moyenne est un rôle de protection. Il existe dans l’oreille
moyenne 2 muscles : le muscle de l’étrier et le muscle tenseur du tympan. Ces muscles se
contractent lors de stimulations sonores intenses, au-delà de 90 dB. Ceci provoque une atté-
nuation des sons transmis à l’oreille interne, surtout pour les sons graves, et donc protège
l’oreille interne des sons très intenses. Il a été démontré chez l’homme que la contraction du
muscle de l’étrier est la plus importante : il s’agit du réflexe stapédien. Ce système permet
également un contrôle automatique du gain (AGC), en atténuant les sons graves, la percep-
tion dans le bruit est améliorée.
L’oreille interne
L’organe de Corti est une structure complexe sous tendue par la membrane basilaire, qui est
composée de cellules sensorielles (une rangée unique de cellules ciliées internes (CCI) et les
cellules ciliées externes (CCE) qui forment 3 rangées) et de cellules de support. Les cellules
ciliées sont les récepteurs de la cochlée, c’est-à-dire qu’elles sont responsables de la trans-
formation des signaux mécaniques générés par les sons en signaux électriques d’origine
biologique : c’est l’étape de transduction. Ces 2 types de cellules ont des caractéristiques
communes mais les différences sont nombreuses et fonctionnellement importantes. La res-
semblance la plus évidente est la présence de stéréocils au sommet des CCI et CCE. Les
2 types de cellules assurent par dé- et hyper-polarisation la transduction d’un stimulus mé-
canique en un potentiel récepteur (microphonique ou de sommation). Seules les CCI, par la
libération d’un neurotransmetteur, entraînent une augmentation de la décharge dans les fi-
bres afférentes du nerf auditif.
La dépolarisation des CCE produit une contraction avec raccourcissement des CCE. Ceci
peut se faire à des vitesses très élevées et suit la fréquence de déflexion de la membrane
basilaire et par conséquent la fréquence du son incident. Le mouvement des CCE repré-
sente un phénomène amplificateur très localisé entraînant un changement de distance en-
tre les membranes basilaire et tectorielle sur l’organe de Corti, ce qui permet une stimula-
tion plus efficace des CCI. L’ensemble correspond à une addition d’énergie à l’onde
vibratoire de propagation cochléaire. Le gain maximum produit par rapport aux déplace-
ments de l’étrier est d’environ 50 dB. Puisque les déplacements sont localisés, ceci est
responsable d’une meilleure sélectivité de la cochlée. Cette amplification produit à son tour
un déplacement de la partition cochléaire qui se transmet de façon rétrograde à travers
l’oreille moyenne et pouvant être enregistré comme un son dans le CAE : il s’agit des oto-
émissions acoustiques.
40
Les CCI et les CCE sont innervées par 2 types de neurones : des fibres afférentes, issues du
ganglion de Corti, et des fibres efférentes qui proviennent du complexe olivaire supérieur du
tronc cérébral.
Tous les afférents cochléaires ont leur corps cellulaire dans le ganglion spiral. Leur nombre
est de l’ordre de 35000 chez l’homme. Il y a 2 types de cellules ganglionnaires spirales : les
fibres afférentes radiales (FAR) ou neurones du nerf auditif de type I et les fibres afférentes
spirales ou neurones du nerf auditif de type II (fig. 1).
Une seule CCI est innervée par environ 20 FAR différentes et les FAR se terminent au niveau
d’une seule CCI. Les fibres afférentes spirales représentent seulement 5 % des cellules gan-
glionnaires spirales. Après avoir pénétré l’organe de Corti, elles remontent vers les CCE. Il y a
environ 2500 fibres latérales spirales, chacune innervant une dizaine de CCE. Le rôle de ces
fibres afférentes spirales est encore inconnu, sans doute participent-elles avec les CCE au
travail d’amplification de la cochlée. Finalement, seules les CCI transmettent l’information
vers le cerveau via le nerf cochléaire.
Après dépolarisation, les CCI libèrent un neurotransmetteur (le glutamate) dans leurs synap-
ses avec les fibres auditives. Le glutamate va se fixer sur les récepteurs post-synaptiques où
il est responsable du message dans la fibre nerveuse.
L’ensemble CCI- synapse- nerf auditif constitue l’unité sensorielle, responsable de la qualité
du code neural primaire.
41
L’examen clinique permet en général de poser le diagnostic. Pour l’oreille externe, on peut
retrouver les bouchons de cérumen ou corps étrangers du CAE, les sténoses, les otites exter-
nes, les exostoses, les aplasies et les atrésies. Pour l’oreille moyenne, l’otoscopie peut mon-
trer une perforation tympanique, une otite moyenne aiguë, une otite séro-muqueuse, un cho-
lestéatome, une poche de rétraction et divers signes d’otite chronique (fig. 2 et 2’). Par
contre, une surdité de transmission peut exister devant un examen normal. C’est alors que
les examens audiométriques et électro-physiologiques, après avoir confirmé la nature trans-
missionnelle de la surdité nous conduisent à la demande d’imageries médicales. Un scanner
des rochers fera le diagnostic de malformations ossiculaires, d’une lyse ossiculaire, d’une
otospongiose, d’une déhiscence d’un canal semi-circulaire supérieur…
Fig. 2 : Otoscopie normale Fig. 2’ : Otoscopie révélant une otite moyenne aiguë.
Surdité de perception
Chez l’adulte, les surdités de perception sont plus fréquentes que les surdités de transmis-
sion. Elles traduisent une atteinte uni ou bilatérale de l’oreille interne, des voies ou des cen-
tres nerveux auditifs. Le diagnostic est en règle facile et repose sur des examens audiomé-
triques de routine. Mais le diagnostic étiologique et la localisation exacte de l’atteinte sont, en
revanche, souvent incertains. C’est ici que les différentes méthodes d’investigation électro-
physiologique prennent toute leur importance. Elles permettent entre autre de déterminer si
l’atteinte est endo- ou rétro-cochléaire. Dans ce dernier cas, une IRM des angles ponto-céré-
belleux permet d’exclure un neurinome, un méningiome ou d’autres lésions plus rares telles
que les gliomes…
Les atteintes endo-cochléaires ont 2 conséquences : un composant d’atténuation avec les
sons infraliminaires qui ne sont plus perçus et un composant de distorsion du code neural
mis en évidence par des tests psychoacoustiques ou neurophysiologiques. Cette distorsion
42
43
Fig. 4 : OEAp : Type de réponse binaire. Ici, les OEAp sont présentes avec une reproductibilité de 83 %.
Le potentiel microphonique
L’application d’un son est suivie au niveau des liquides cochléaires d’un potentiel qui repro-
duit le stimulus physique. Ce potentiel porte le nom de potentiel microphonique et il provient
en grande partie de l’activité des CCE (fig. 5). Il s’agit d’une variation, induite par la stimula-
tion sonore, du courant du potassium à travers les CCE. En cas de destruction des CCE, on
observe sa disparition. On peut observer également une représentation anormale du potentiel
microphonique dans certaines malformations cochléaires. La distorsion du potentiel micro-
phonique est due à une “électro-anatomie” anormale. Devant une telle découverte, le clini-
cien peut être amené à demander des imageries médicales à la recherche de malformations
de la cochlée qui font l’objet de classifications récentes de plus en plus sophistiquées
(Classification de Serranoglu [2]).
Fig. 5 : Potentiel microphonique normal, ce qui atteste d’une dépolarisation normale des CCE.
44
45
46
47
D’autres applications existent telles que : aide à l’adaptation des prothèses auditives, sur-
veillance des états comateux, surveillance peropératoire d’interventions en neurochirurgie…
48
Fig. 11 et 11’ : SSEP : un audiogramme fiable peut être défini fréquence par fréquence pour l’oreille droite (11) et
gauche (11’) et est représenté par un intervalle de confiance. Une audiométrie comportementale confirme quelques
mois plus tard les seuils subjectifs (O pour l’oreille droite ; X pour l’oreille gauche).
49
Les ANSD sont volontiers sous-diagnostiquées, surtout chez l’adulte. Devant une suspicion
d’ANSD, il convient de réaliser au moins les OEAp, les PEAP et une IRM cérébrale et si la
pathologie est confirmée, elle nécessite une prise en charge spécialisée.
Fig. 12 : Une atteinte sélective des CCI, du nerf cochléaire ou une anomalie de la synapse entre
les CCI et le nerf cochléaire peuvent expliquer l’ANSD.
Fig. 13 : L’ANSD se caractérise par une série de résultats paradoxaux. Les performances en
audiométrie vocale sont moins bonnes que celles en audiométrie tonale. Les PEAP sont absents
et les réponses des CCE (OEAp) sont préservées.
50
Surdité post-méningitique
Les méningites bactériennes constituent une étiologie de surdités neurosensorielles acquises
chez l’enfant qui demande une grande vigilance. Même si, dans les pays développés, l’inci-
dence diminue suite aux programmes de vaccination, lorsqu’elle survient la surdité est la
conséquence de phénomènes inflammatoires de l’oreille interne qui peuvent évoluer vers la
labyrinthite ossifiante. L’implant cochléaire (fig. 14 et 15) permet la réhabilitation d’une sur-
dité de perception chez les patients atteints d’une surdité profonde et chez lesquels les pro-
thèses auditives ne permettent pas d’obtenir un gain suffisant, avec un retard de langage. La
mise en place de l’implant cochléaire n’est possible que tant que le processus d’ossification
de la cochlée n’a pas abouti à l’oblitération complète de la cochlée. Ce processus survient le
plus souvent rapidement en quelques jours ou en quelques semaines. La surveillance après
une méningite bactérienne doit se faire au moins tous les 15 jours par audiométrie, OEAp,
PEAP, surtout la première année. L’IRM est l’examen de référence pour évaluer la perméabi-
lité de la cochlée : une modification du signal aqueux dans le labyrinthe membraneux des
rampes vestibulaires et tympaniques évoque un phénomène de fibrose précurseur à une
ossification secondaire. L’IRM est demandée en urgence au moindre doute car l’implant co-
chléaire devient une urgence !
Fig. 14 : Photo d’un enfant bénéficiant Fig. 15 : Radiographie standard d’un rocher
d’un implant cochléaire. après implantation. Bon déroulement de l’élec-
trode dans la rampe tympanique de la cochlée.
51
BAHA, placé du côté sourd, est un implant en titane qui utilise la conduction osseuse pour
transmettre le son vers la bonne oreille. L’appareillage auditif Cross est formé d’un émetteur
placé dans ou derrière la mauvaise oreille qui prélève les sons et les transmet vers l’oreille
normale (par WIFI). Il est raisonnable de considérer ces 2 solutions en fonction de leur risque/
bénéfice. Leur coût n’ayant pas encore été comparé.
Fig. 16 : Rapport des nerfs VII, cochléaire et vestibulaires dans le conduit auditif interne (CAI) en fonction du niveau.
Images correspondantes en IRM T2 : coupes du CAI au niveau du tiers latéral, du tiers moyen et de l’angle ponto-
cérébelleux.
Fig. 17 : IRM T2 des angles ponto-cérébelleux d’une enfant de 6 ans sans antécédent présentant une ANSD unilaté-
rale gauche. Malformations de l’oreille interne associant une hypoplasie de la columelle et une absence de nerf co-
chléaire à gauche.
52
Fig. 18 : IRM T2 des angles ponto-cérébelleux d’un enfant né à 36 semaines. Séjours en néonatalogie de 2 semaines.
Syndrome polymalformatif avec fente labio-palatine, communication inter-ventriculaire, cryptorchidie. Possibilité
d’un syndrome de CHARGE.
Tests audiométriques et électrophysiologiques en faveur d’une ANSD à gauche. Il existe un CAI de petit diamètre
suggérant une aplasie ou une hypoplasie du nerf cochléaire à gauche. Bilatéralement, on retrouve une dysplasie du
canal semi-circulaire externe et du vestibule.
53
Fig. 19 et 19’ : IRM cérébrale d’un enfant de 4 ans atteint d’une leucodystrophie de Pelizaeus Merzbacher (19) en
comparaison avec un enfant du même âge normal (19’).
54
Conclusion
L’évaluation physiologique de la déficience auditive permet, en combinant les diverses mé-
thodes disponibles, un diagnostic précoce à la fois quantitatif (seuils par fréquence) et quali-
tatif (mécanisme, distorsions, site lésionnel) permettant d’instaurer une remédiation adaptée
dans les meilleurs délais. Chez l’adulte, c’est avant tout l’évaluation du mécanisme de l’at-
teinte qui bénéficie de la combinaison de ces méthodes sans lesquelles l’ANSD découverte
en 1996 serait toujours inconnue. Notre pratique quotidienne nous indique que d’autres for-
mes ou mécanismes de déficience auditive sont sur le point d’être démantelés et identifiés.
Références
[1] Nakano A, Arimoto Y, Matsunaga T. Cochlear Nerve Deficiency and Associated Clinical Features in Patients
with Bilateral and Unilateral Hearing Loss. Otol Neurotol. 2013: 34(3): 554-8.
[2] Serranoglu L. A new classification for cochléovestibular malformations. Laryngoscope. 2002: 112(12): 2230-41.
[3] Jewett DL, Williston JS. Auditory-evoked for field averaged from scalp of humans. Brain. 1971: 94: 681-96.
[4] Vandevoorde A, Delpierre I, Deltenre P, Mansbach AL. Unilateral auditory neuropathy spectrum disorder in
children. B-ENT. 2010: 6: 32.
[5] Son HD, Choo D. Optimal Management of Single-Sided Deafness. Laryngoscope. 2013: 123: 304-5.
55
N. Sadeghi
Chef de clinique adjoint - Service de Radiologie - Hôpital Erasme - Hôpital Erasme -
808, Route de Lennik - 1070, Bruxelles - Belgique - e-mail : nsadeghi@ulb.ac.be
où (λ) = λ1+ λ2 + λ3/3 = diffusivité moyenne (MD) et les deux autres variables qui peuvent
être utiles et qui sont la diffusivité radiale (RD) = λ2 + λ3 /2 et la diffusivité axiale ou longi-
tudinale (AD) = λ1.
Les éléments cellulaires qui contribuent à la diffusion anisotropique de la substance blanche
sont la myéline, la membrane cellulaire ainsi que les microtubules et les microfilaments
contenus dans les axones [2].
Sur une cartographie de fraction d’anisotropie, l’intensité de chaque voxel est fonction de
l’importance de l’anisotropie (fig. 2). Dès lors, la substance blanche apparaît hyperintense
par rapport à la substance grise et le liquide céphalorachidien.
Une cartographie de fraction d’anisotropie peut également être obtenue où chaque voxel est
représenté par un tenseur avec une direction préférentielle. Chaque direction peut avoir un
codage couleur (fig. 3). Par convention la direction cranio-caudale est représentée en bleu, la
direction latéro-latérale en rouge et la direction antéropostérieure en vert.
57
58
Il existe des logicielle qui permettent de suivre voxel par voxel le trajet préférentiel de la dif-
fusion au sein de chaque tenseur, et ainsi obtenir une tractographie des faisceaux de la
substance blanche sur l’ensemble de leur trajet.
Plusieurs techniques de tractographie existent : La technique la plus utilisée est basée sur :
dessiner plusieurs régions d’intérêts sur le trajet présumé du faisceau à explorer (fig. 4).
Une autre technique est la technique d’un point unique (single point) où la logicielle déter-
mine à partir d’un seul voxel le trajet de la fibre traversant ce voxel (fig. 5).
Fig. 5 : Technique de
tractographie utili-
sant un seul point
pour mettre en évi-
dence le paquet ner-
veux acoustico–fa-
cial à gauche.
59
Actuellement, la tractographie n’est pas utilisée en routine clinique dans la mise au point des
lésions de la fosse postérieure, en particulier les schwannomes vestibulaires. Cependant
plusieurs études sont publiées et démontrent l’intérêt de ce type d’imagerie en vu de la loca-
lisation du trajet des nerfs en particulier le complexe acoustico-vestibulaire, le nerf facial et
le nerf trijumeau et leurs rapports avec les tumeurs de l’angle pontocérébelleux de type
schwannome vestibulaire [3, 4].
IRMf auditive
La majorité des études en fMRI utilise la méthode “Block design” qui consiste en effectuer un
acte précis (Task) à intervalle de temps régulier prédéfini, séparé par des périodes dites de
repos (Rest) (fig. 6).
Le processus du post-traitement consiste en un réalignement avec correction des mouve-
ments, co-registration avec des images anatomiques et un lissage qui contribue à une amé-
60
lioration du rapport signal/bruit (fig. 6). L’analyse statistique des données consiste en défini-
tion d’un modèle, appliquer le modèle aux données, générer une cartographie statistique et
appliquer un seuil statistique et enfin l’interprétation.
En ce qui concerne l’IRMf auditive, la stimulation la plus fréquemment utilisée est une stimu-
lation musicale versus le silence, la période silence étant relative en raison des bruits des
gradients et de la séquence en cours. Ce type de stimulation nous donne une activation bila-
térale du cortex auditif primaire et secondaire [5].
Une des applications cliniques de l’IRMf auditive est le guidage des électrodes épiduraux
chez des patients avec acouphène unilatérale. Chez ces patients, une activité auditive moins
importante du côté controlatéral à leur acouphène a été constatée, liée probablement à un
niveau plus élevé d’activité spontanée de ce côté [6].
La comparaison des champs magnétiques de 1,5 et de 3 Tesla a démontré que le signal ob-
tenu est le double à 3 Tesla compare à un champs de 1,5 tesla chez le même individu et
qu’au même niveau de seuil statistique, une activation sous cortical dans le corps géniculé
médian et le colliculus inférieur est détectable seulement à 3 Tesla. [5].
61
Conclusion
L’imagerie de tenseur de diffusion a actuellement un intérêt clinique relativement limité dans
le cadre de localisation des faisceaux au niveau du paquet acoustico-facial et nécessiterait
une meilleure résolution spatiale.
La localisation du cortex auditif primaire et associatif est faisable en IRM fonctionnelle (BOLD)
avec des indications cliniques en particulier dans le cadre des mises au point préopératoire
des tumeurs cérébrales ou en pré-implantation des électrodes pour le traitement des
acouphènes résistants aux autres traitements.
Références
[1] Pierpaoli C, Jezzard P, Basser PJ, Barnett A, Di Chiro G. Diffusion tensor MR imaging of the human brain.
Radiology. 1996 Dec; 201(3): 637-48.
[2] Hagmann P, Jonasson L, Maeder P, Thiran JP, Wedeen VJ, Meuli R. Understanding diffusion MR imaging
techniques: from scalar diffusion-weighted imaging to diffusion tensor imaging and beyond. Radiographics 2006
Oct; 26 Suppl 1: S205-23.
[3] Hodaie M, Quan J, Chen DQ. In vivo visualization of cranial nerve pathways in humans using diffusion-based
tractography. Neurosurgery. 2010 Apr; 66(4): 788-95.
[4] Gerganov VM, Giordano M, Samii M, Samii A. Diffusion tensor imaging-based fiber tracking for prediction of the
position of the facial nerve in relation to large vestibular schwannomas. J Neurosurg. 2011 Dec; 115(6): 1087-93.
[5] Sunaert S. Functional MR Imaging of Hearing. In: Radiology of the petrous bone. M. Lemmerling, S.S. Kollias
(eds.) ; Springer 2004.
[6] De Ridder D, De Mulder G, Walsh V, Muggleton N, Sunaert S, Møller A. Magnetic and electrical stimula-
tion of the auditory cortex for intractable tinnitus. Case report. J Neurosurg. 2004 Mar; 100(3): 560-4.
62
63
Ce paramètre pondère donc le signal via une atténuation exponentielle dans laquelle apparaît
aussi D qui est le coefficient de diffusion en unité mm2/s, qui s’identifie en fait au coefficient
apparent de diffusion de l’eau dans les tissus ADC. Les cholestéatomes contiennent de la
kératine qui réduit considérablement la diffusion de l’eau, donc D y est plus faible que dans
les tissus et par comparaison au signal des tissus, le signal du cholestéatome sera peu atté-
nué et apparaît donc hyperintense.
Si deux images de facteurs b différents sont acquises, il est alors possible de reconstruire
une carte d’ADC. Le fait que le signal soit atténué simultanément par deux exponentielles
explique qu’en IRM de diffusion à valeur de b élevée (typiquement 1000 s/mm2) le rapport
entre le signal et le bruit soit d’autant plus faible que D est grand, ce qui est le cas surtout
dans les liquides mais aussi dans les tissus normaux. De ce fait, la résolution spatiale devra
être moindre qu’en imagerie anatomique pondérée T2 et les matrices sont réduites de 256 à
100 (fig. 3). La séquence SE-EPI de diffusion est en général obtenue en mode single shot ce
qui signifie qu’un seul train d’écho doit remplir la totalité des lignes de l’espace k, pour une
matrice 100 x 128 (phase x fréquence) un train de 100 échos est donc nécessaire.
Fig. 3 : Comparaison de la résolution spatiale de la séquence TSE T2 et de la séquence TSE diffusion b=0 (avec
suppression du signal de la graisse) pour un patient présentant deux lésions (cholestéatomes). La séquence TSE
diffusion a une résolution spatiale plus faible pour pouvoir maintenir le rapport signal/bruit lorsque le facteur b de-
vient élevé.
64
Fig. 4 : Images de la séquence SE-EPI pondérée en diffusion avec direction d’encodage en phase antéro-posté-
rieure (AP) et acquise avec des trains de 77, 41 et 33 échos : la déformation géométrique est réduite si la durée du
train d’écho devient plus courte.
65
Fig. 5 : Images de la séquence SE-EPI pondérée en diffusion avec direction d’encodage en phase antéro-posté-
rieure (AP, 77 échos) et gauche-droite (LR, 35 échos) : la déformation géométrique est soit un étirement symétrique
(AP) soit un étirement asymétrique (LR) en fonction de la symétrie de l’encéphale et des gradients de susceptibilité
magnétique correspondants.
Fig. 6 : Images de la séquence SE-EPI pondérée en diffusion avec direction d’encodage en phase antéro-posté-
rieure avec b=0 et de la séquence TSE T2 : le flou et la déformation géométrique sont plus importants dans l’angle
ponto cérébelleux que dans l’encéphale.
durée d’acquisition beaucoup plus longue que la séquence SE-EPI de diffusion, mais pré-
sente donc finalement l’avantage d’une déformation géométrique moindre (fig. 7). Un dernier
écueil est que les séquences multi shots sont très sensibles à des artefacts dus au rythme
cardiaque, mais ceux-ci sont efficacement neutralisés par l’usage d’une synchronisation car-
diaque en diastole avec un résultat optimum lorsque seulement deux coupes sont acquises
par cycle cardiaque (fig. 8). Le rapport signal/bruit est influencé par la proximité et la qualité
66
de l’antenne réceptrice (fig. 9) et peut être encore amélioré par l’usage d’un système à plus
haut champ (3T au lieu de 1.5T, figure 10). La séquence TSE-Diffusion Multishot est actuel-
lement la séquence la plus adaptée à l’IRM de diffusion du rocher et de l’angle ponto-céré-
belleux, mais en ce qui concerne l’imagerie du tenseur de diffusion, cette séquence est trop
lente pour pouvoir s’appliquer.
Fig. 7 : Images pondérées en diffusion (b=1000 s/mm2) de la séquence SE-EPI avec direction d’encodage en phase
gauche-droite dans le plan coronal, durée 36s et de la séquence en train d’écho de spin TSE durée 328s : la défor-
mation géométrique et les artéfacts d’intensité de signal sont considérables en EPI, au contraire du TSE qui sera
préféré même si le temps d’acquisition est plus long.
Fig. 8 : Images pondérées en diffusion (b=1000 s/mm2) et paramètres de la séquence TSE respectivement sans
synchronisation cardiaque (avec artéfacts de flou et de “ghosts” indiqués par les flèches rouges) et avec synchro-
nisation cardiaque (deux coupes par cycle, délai ppu [peripheral pulse unit] de 260 ms pour se placer en diastole)
sans artéfact ; lésions type cholestéatomes (flèche bleue).
67
Fig. 9 : Images TSE pondérées en diffusion (b=800 s/mm2), dans le plan coronal, obtenues avec une double antenne
de surface flexible (gauche) et une antenne tête à 8 canaux (droite): les flèches rouges indiquent la perte de rapport
signal/bruit dans les régions hors de la sensibilité des antennes. (lésion : cholestéatome, flèche bleue).
Fig. 10 : Comparaison d’images TSE pondérées en diffusion obtenues pour un même individu à 1.5T (TE 98 ms) et
à 3T (TE 64 ms). Le rapport signal/bruit est meilleur à 3T et les gradients plus rapides à 3T permettent l’accès à un
TE plus court pour une image plus contrastée et moins floue.
68
La séquence SE-EPI de diffusion peut être modifiée en une séquence multishots segmentée
dans la direction d’encodage en fréquence, les variations de phase des divers segments étant
corrigés grâce à l’acquisition d’un écho supplémentaire appelé écho navigateur [5]. Cette
séquence, appelée Resolve par Siemens, présente donc l’avantage de traverser plus rapide-
ment l’espace k dans la direction d’encodage en phase (du fait que les traversées en fré-
quences sont plus courtes) et de ce fait est beaucoup moins sensible aux effets de suscepti-
bilité magnétique, certainement quand elle est utilisée avec l’imagerie parallèle (fig. 11, 12).
Elle permet également d’augmenter la matrice et donc d’augmenter la résolution spatiale.
La séquence TSE-diffusion conventionnelle s’acquière via un remplissage linéaire de l’espace
k, plusieurs segments linéaires entrelacés permettent de couvrir tout l’espace k. La séquence
TSE-diffusion Propeller est une version différente pour laquelle l’espace k est acquis à l’aide
de segments de lignes parallèles, qui se succèdent après une rotation dans l’espace k
(fig. 13) : l’espace k est ainsi couvert de manière radiale [6]. Cette séquence est aussi connue
sous le nom Blade (Siemens) ou Multivane (Philips) et présente l’avantage de mesurer plu-
sieurs fois le centre de l’espace k ce qui permet de corriger les artefacts de mouvement et
d’augmenter le rapport signal/bruit [8]. Cette séquence a été étudiée dans l’imagerie de la
récidive de cholestéatome [9] dont un exemple est présenté à la figure 14.
Fig. 11 : Schéma d’acquisition de la séquence Resolve (selon David A. Porter, Robin M. Heidemann, Magnetic
Resonance in Medicine 62: 468-475 (2009) dans laquelle le premier écho mesure un segment de l’espace k (l’es-
pace k est fragmenté le long de la direction d’encodage en fréquence), la totalité de l’espace k est obtenue en réu-
nissant les mesures du premier écho obtenues dans des répétitions consécutives. Un second écho de spin appelé
écho navigateur permet d’obtenir avec chaque segment le centre d’un second espace k, qui sera utilisé pour effec-
tuer des corrections de phases du premier écho.
69
70
Fig. 14 : Comparaison entre les images pondérées en diffusion (b=1000 s/mm2) obtenues avec une séquence TSE
(TE 64 ms synchronisée en diastole via PPU) et une séquence TSE-Propeller (TE 60 ms non synchronisée) dont le
champ de vision est circulaire. La séquence Propeller permet d’obtenir un meilleur rapport signal/bruit et une sensi-
bilité moindre aux mouvements.
Enfin, une séquence 3D pondérée en diffusion en écho de gradient à l’état stationnaire avec
mesure de deux échos DESS-diffusion a été récemment proposée [7]. Les applications de
cette séquence sont démontrées dans le cartilage et dans le sein, mais il est probable que
l’oreille interne soit également étudiée prochainement.
Conclusion
La région de l’angle ponto cérébelleux est le siège de gradients de susceptibilité magnétique
qui rendent l’imagerie de diffusion difficile en particulier à l’aide de séquences de type EPI ;
actuellement la séquence TSE diffusion bien que relativement plus lente à l’acquisition per-
met d’obtenir des images peu déformées et de qualité clinique suffisante pour l’étude des
pathologies de l’oreille, telle le cholestéatome. Des progrès sont actuellement en gestation et
ont pour objectif d’augmenter à la fois le rapport contraste bruit et la résolution spatiale, tout
en limitant le temps d’acquisition à quelques minutes.
71
Références
[1] Carr HY, Purcell EM. Effects of diffusion on free precession in nuclear magnetic resonance Experiments. Phys
Rev 1954; 94: 630-8.
[2] Stejskal EO, Tanner JE. Spin diffusion measurements: spin echoes in the presence of a time dependent field
gradient. J Chem Phys 1965; 42: 288-92.
[3] Schwartz KM, Lane JI, Bolster BD Jr, Neff BA. The utility of diffusion-weighted imaging for cholesteatoma
evaluation. AJNR 2011; 32(3): 430-6.
[4] Mas et al. Contemporary Non–Echo- planar Diffusion-weighted Imaging of Middle Ear Cholesteatomas radiogra-
phics 2012; 32: 1197-213.
[5] Porter DA, Heidemann RM. High Resolution Diffusion-Weighted Imaging Using Readout-Segmented Echo-
Planar Imaging, Parallel Imaging and a Two-Dimensional Navigator-Based Reacquisition. Magnetic Resonance in
Medicine 2009; 62:468-75.
[6] Pipe JG, Farthing VG, Forbes KP. Multishot Diffusion-Weighted FSE Using PROPELLER MRI. Magnetic Resonance
in Medicine 2002; 47:42-52.
[7] Staroswiecki E, Granlund KL, Alley MT, Gold GE, Hargreaves BA. Simultaneous Estimation of T2 and
Apparent Diffusion Coefficient in Human Articular Cartilage In Vivo with a Modified Three-Dimensional Double Echo
Steady State (DESS) Sequence at 3 T Magn Reson Med 2012; 67(4): 1086-96.
[8] Pipe JG Motion Correction With PROPELLER MRI: Application to Head Motion and Free-Breathing Cardiac Imaging.
Magnetic Resonance in Medicine 1999; 42: 963-9.
[9] P Saliou G, Brochart C, Page C, Deschepper B, Vallée JN, Deramond H. 3T MR imaging of postoperative
recurrent middle ear cholesteatomas: value of periodically rotated overlapping parallel lines with enhanced recons-
truction diffusion-weighted MR imaging. AJNR Am J Neuroradiol. 2009 Feb; 30(2): 423-7.
72
T. Duprez
Service de Radiologie - Cliniques Universitaires Saint-Luc - UCL, avenue Hippocrate, 10
- 1200 Bruxelles
Un peu d’histoire
Le Docteur Prosper Ménière (fig. 1) (1799-1862) publia à l’issue de ses études de médecine
une thèse où il montrait le rôle de l’oreille interne dans la genèse des vertiges rotatoires. Le
concept était inédit car on pensait à l’époque que le vertige ne pouvait avoir d’origine que
centrale. Ménière fit une brillante carrière médicale à l’Hôtel-Dieu à Paris, passa à la posté-
rité… mais ne décrivit pas de son vivant la maladie portant son nom.
Le tryptique symptomatique associant des vertiges rotatoires, des acouphènes et une surdité
d’évolution fluctuante fut décrit en 1874 par le Docteur Jean-Martin Charcot (fig. 2) (1825-
1893) qui dénomma le syndrome ainsi défini comme “Maladie de Ménière”, plus de dix ans
après la disparition de celui-ci. La description de la maladie est restée purement clinique
pendant des décades, s’appuyant exclusivement sur la mise en évidence anamnestique du
trépied symptomatique.
73
Un premier est le circuit endo-lymphatique contenu dans la scala media du labyrinthe anté-
rieur et le complexe saccule-utricule-canaux semi-circulaires du labyrinthe postérieur.
L’endolymphe est drainée par l’aqueduc du vestibule se terminant par le sac endo-lymphati-
que. Le second est le circuit péri-lymphatique, drainé par l’aqueduc de la cochlée, et “mou-
lant” les structures contenant l’endolymphe. Rappelons que les mouvements de la platine de
l’étrier sur la fenêtre ovale impactent exclusivement la périlymphe. Les fluides étant incom-
pressibles, des mouvements compensateurs de protrusion-dépression se produisent au ni-
veau de la membrane de la fenêtre ronde, synchrones aux mouvements inverses de la platine
de l’étrier dans la fenêtre ovale. Des “à-coups” de déplacement des fluides se produisent donc
au niveau de la périlymphe. Si périlymphe et endolymphe sont deux fluides anatomiquement
séparés dans l’oreille interne, ils sont également très différents au plan de la composition
électrolytique. La périlymphe a une composition de milieu extra-cellulaire avec une forte
concentration en Na+ (environ 140 mM) et une faible concentration en K+ (environ 5 mM).
74
75
Quoi qu’il en soit, l’opacification de la périlymphe est sélective, cependant que l’endolymphe
n’est pas opacifiée. Comme la distribution du PdC dans la périlymphe reste malgré tout mini-
male, le rehaussement ainsi obtenu est trop faible que pour être observé en pondération T1.
Par contre, la pondération FLAIR qui est sensible à des quantités minimales de molécules de
PdC permet de l’imager. A l’état normal, l’espace endo-lymphatique est mince et apparaît
quasi virtuel entre des espaces périlymphatiques très majoritaires et massivement opacifiés.
L’opacification du labyrinthe antérieur paraît en hypersignal homogène sauf une fine ligne
centrale correspondant au canal cochléaire où circule l’endolymphe. En cas de dilatation des
espaces endo-lymphatiques et comme ceux-ci ne sont pas opacifiés, on peut observer l’em-
piétement “en négatif” des espaces endolymphatiques hypo-intenses sur les espaces péri-
lymphatiques hyperintenses refoulés. Le “labyrinthogramme” ainsi obtenu paraît “encoché”
au niveau de la cochlée par dilatation du canal cochléaire, et “lacunaire” au niveau du com-
plexe sacculo-utriculaire dilaté. On observe donc de façon directe l’hydrops endolymphatique
décrit par Hallpike et Cairns en 1938. Nous sommes donc ainsi passés d’une définition initia-
lement clinique de la maladie de Ménière (Charcot 1874), à une définition anatomopathologi-
que (Hallpike et Cairns, 1938), à une définition radiologique de la maladie (Naganawa et
Nakashima, 2006). Dans l’intervalle, les techniques physiques (audiogramme tonal, tests la-
byrinthiques) ou électrophysiologiques (PEVMc, VNG, etc.) sont venues enrichir la panoplie
diagnostique de la maladie.
76
Péri-lymphographie par IRM FLAIR 3D post C+ : technique basique pour routine clinique
Sans chercher à atteindre les sommets picturaux comme illustré ci-dessus, nous avons ten-
té d’implémenter une imagerie plus basique mais robuste et applicable à l’activité de tous les
jours dans une structure comme la nôtre.
77
Avantages :
- rehaussement labyrinthique intense
- prédiction de la distribution médicamenteuse locale si R/ endaural (corticoïdes ou vestibu-
lo-toxiques)*
Inconvénients :
- logistiquement lourd et “invasif”
- opacification unilatérale → obstacle à la comparaison
- échecs d’opacification (10-15 %) mais constituant un test préliminaire au R/
* une des options thérapeutiques majeures dans la maladie de Ménière est l’injection de substances ototoxiques
comme des antibiotiques de type aminoglucosides (Gentamycine) par voie endaurale. Il s’agit d’un traitement effi-
cace sur l’expression symptomatique mais pour lequel existent des échecs (10 à 15 %) que l’on explique par le fait
que l’ototoxique n’arrive pas au labyrinthe. L’étanchéité de la fenêtre ovale qui s’oppose à la diffusion des molécules
de gentamycine est la même qui s’oppose à celle des molécules de PdC. A ce titre, l’échec d’opacification par gado-
linium endaural anticipe l’échec d’un traitement médicamenteux par la même voie.
Fig. 4 : Image FLAIR 24 heures après injection rétro-tympanique de PdC dilué 8x : seule le laby-
rinthe droit est opacifié, de façon intense. Il existe de petits signes irritatifs des muqueuses de
l’OM et pas de signes d’opacification systémique.
78
Avantages :
- invasivité moindre
- bilatéralité de l’opacification → comparaison possible (cf. infra)
Inconvénients :
- moindre opacification
- absence de test pré-thérapeutique de “perméabilité” si un R/ endaural est envisagé.
Fig. 5 : Image FLAIR 4 heures après injection IV d’une “double dose” de PdC : les deux labyrinthes
sont opacifiés et il co-existe des signes d’opacification systémique (notamment les cavums de
Meckel).
Deux points importants à souligner dans le cadre du choix d’une injection systémique (intra-
veineuse) plutôt que locale (endaurale) :
• 1/ Le délai idéal entre l’injection IV et l’imagerie est de 4 heures et ce délai est étroit,
comme l’ont montré les auteurs japonais.
79
80
Sémiologie de base
Identification des défects d’opacification
La première étape du diagnostic est d’identifier les lacunes d’opacification correspondant
aux espaces endolymphatiques dilatés.
Fig. 8 : Image FLAIR 4 heures après opacification par voie IV chez un patient souffrant de maladie de Ménière à
droite. On observe distinctement une opacification homogène du labyrinthe tant antérieur que postérieur du côté
gauche sain. Par contre, le côté pathologique à droite montre une hétérogénéité d’opacification tant du labyrinthe
antérieur (“encoches” dans le limaçon) que du labyrinthe postérieur (“défect” dans le vestibule “opacifié”).
Fig. 9 : Images FLAIR post C+ zoomée du même patient montrant à l’évidence des encoches hypo-intenses dans la
cochlée et un important défect d’opacification du vestibule (flèches) à droite (image de gauche). Les encoches re-
présentent l’hypertrophie du compartiment endolymphatique non opacifié empiétant sur le compartiment péri-lym-
phatique opacifié. Par contre, du côté gauche sain (image de droite), la “péri-lymphographie” est homogène : pas
d’empiétement par une “hydropisie” endo-lymphatique.
81
Labyrinthe antérieur
Fig. 10 : Processing de l’hydrops cochléaire* : patient présentant une maladie de Ménière à droite. Un plan optimal
est choisi qui passe par le cochlear modiolus (à gauche). La cochlée est contourée ce qui donne une surface en mm²
(au centre). Les défects endolymphatiques sont également contourés (à droite).
Si la membrane de Reissner n’est pas déplacée (canal cochléaire non élargi), on considère la cochlée négative pour
un hydrops endolymphatique. Si la membrane de Reissner est déplacée mais que la surface du canal cochléaire
reste inférieure ou égale à celle de la scala vestibuli, on considère un hydrops “mild”. Si la surface du canal co-
chléaire dépasse celle de la scala vestibuli, on considère un hydrops “significant”.
Fig. 11 : Processing similaire de l’oreille gauche saine du même patient que celui illustré précédemment. L’examen
visuel et le processing montrent que cette oreille est effectivement négative pour un hydrops endolymphatique an-
térieur : la membrane de Reissner n’est pas déplacée.
82
Labyrinthe postérieur
Fig. 12 : Processing de l’hydrops vestibulaire (même patient que les figures précédentes 10 et 11). Un plan étalant
le vestibule est sélectionné puis le contour externe du vestibule est dessiné à main levée ce qui donne une surface
en mm² (au centre à gauche). La même chose est répétée pour le contour de la lacune centrale correspondant à
l’hydops endolymphatique (au centre à droite). Le rapport des deux surfaces est effectué. Si le rapport reste inférieur
à 33 %, on considère un vestibule négatif pour un hydrops. S’il se situe entre 33,3 et 50 %, on considère un hydrops
“mild”. S’il se situe au-delà de 50 %, on considère un hydrops “significant”.
Le protocole de l’examen consiste à réaliser d’une part des séquences “standards” de type
3D T2 SPACE (ou CISS) et T1 3D GRE afin de ne pas méconnaître une pathologie “ordinaire”
si le patient n’a pas encore eu un tel examen antérieurement.
Nous réalisons ensuite une séquence 3D FLAIR mise au point pour optimiser résolution spa-
tiale, résolution en contraste, et temps d’acquisition. Dans notre expérience, ceci est une
étape cruciale et limitante : il faut d’abord et avant tout disposer d’une bonne séquence 3D
FLAIR standard permettant de répondre aux questions posées : présence ou non d’un hy-
drops endolymphatique et quantification de celui-ci. Cette mise au point est le fruit d’un tra-
vail collaboratif entre physiciens de l’IRM, technologues d’imagerie, et médecins. Le simple
“copy-paste” de paramètres acquis sur d’autres systèmes et publiés dans la littérature ne
suffit pas. Il faut un travail adaptatif et d’optimalisation avant de pouvoir proposer l’examen
en routine clinique.
83
A titre indicatif, voici notre image FLAIR 3D “de routine” et les principaux paramètres que
nous avons adoptés après tests : voxel size : 0.35 x 0.35 x 0.75 (1.5 50 % overlap) 65 coupes
3D IR TSE (Turbo Factor 107 Sense Factor 2.7) TE 542 TR 9000 Ti 2350 + SPIR (suppression
spectrale de la graisse). Le temps d’acquisition est de 8 minutes et 15 secondes.
Fig. 13 : Notre imagerie 3D FLAIR standard combinant suppression du signal de graisse et allon-
gement du TE pour obtenir un effet “heavily T2-weighted” (h-T2W).
Au plan du compte rendu de l’examen, nous mentionnons dans l’indication le côté suspect.
Nous mentionnons dans la technique quel est le poids du patient, quelle quantité de PdC a
été injectée à quelle heure, et à quelle heure a été réalisé l’examen. Bien sûr, nous indiquons
quelles séquences ont été réalisées. Dans le résultat nous mentionnons si l’hydrops labyrin-
thique antérieur est absent/douteux/formel. De même pour le labyrinthe postérieur. Et ce,
pour chacun des deux côtés séparément.
84
Fig. 14 : Image 3D IR Real en cours de mise au point (en haut). Sur l’image du haut (3D IR Real),
le résultat semble séduisant à droite puisque l’on voit très bien l’hydrops endolymphatique co-
chléaire (flèche 1) qui correspond parfaitement à ce que visualisé sur l’image du bas (3D FLAIR)
(flèche 2). A gauche, il se produit une dysharmonie puisqu’il existe une ébauche d’image simi-
laire en IR Real (flèche 3) alors que le 3D FLAIR est univoquement négatif (flèche 4). Qui “a raison”
à gauche de l’image 3D FLAIR ou de l’image 3D IR Real ? Il y a donc largement place pour une
investigation s’agissant de ces techniques décrites dans la littérature.
En pratique, l’image du labyrinthe antérieur est univoque et robuste : les cas positifs s’iden-
tifient aisément à l’examen visuel (visibilité d’un défect cochléaire correspondant au canal
cochléaire et il suffit de vérifier que la surface du défect est inférieure (hydrops “mild”) ou
supérieure (hydrops “significant”) à la surface de la scala vestibuli. Il ne se pose pas de pro-
blème d’interprétation dans la très grande majorité des cas. La situation est souvent plus
difficile d’interprétation pour le labyrinthe postérieur. En effet, il y existe presque systémati-
quement un défect sacculaire de petite taille dans les labyrinthes normaux. Il faut alors s’as-
treindre à contourer le défect et puis faire son rapport à la surface contourée à l’extérieur du
vestibule. Hors la délimitation de celui-ci est sujette à interprétation et la variabilité tant intra-
qu’extra-observateur est importante. La précision des mesures peut être sujette à caution et
subséquemment leur interprétation. Nous recommandons empiriquement – sans avoir toute-
85
fois étudié le problème avec une méthode rigoureuse – un distinguo entre négatif et positif
basé sur un rapport > 50 % entre surface du défect et surface vestibulaire plutôt qu’un dis-
tinguo 0-33 %, 33-50 %, et >50 % comme le promeut l’école de Nagoya.
Il est clair que cet examen en IRM à quatre heures de l’injection IV de PdC a un impact ma-
jeur sur la prise en charge des patients porteurs de la maladie de Ménière. En effet, seu-
lement 1/3 des malades se présentent univoquement avec la triade clinique pathognomoni-
que. 50 % des patients se présentent de façon monosymptomatique pour devenir
tri-symptomatique dans un délai variant entre 2 à 10 ans [10]. Il y a donc une très large
fraction de patients pour lesquels le diagnostic de maladie de Ménière reste en suspens de
façon prolongée. Hors le traitement de l’affection est à la fois efficace… mais lourd qui va de
la “simple” diurèse médicamenteuse drastique à l’ouverture chirurgicale du labyrinthe, en
passant par le drainage transtympanique et l’administration endaurale de substances oto-
toxiques.
Conclusions
La “péri-lymphographie” par IRM en 3D FLAIR post-contraste est un progrès majeur dans le
diagnostic radiologique de maladie de Ménière.
Les “puristes” préféreront sans doute l’administration locale (transtympanique) de gadoli-
nium 24 heures avant l’examen (meilleur rehaussement et donc meilleure précision diagnos-
tique), cependant que les “réalistes” préféreront peut-être l’administration intraveineuse
4 heures avant l’examen (bonne précision diagnostique et bilatéralité de l’investigation).
L’implémentation de celle-ci devrait être intégrée à la routine clinique, sachant qu’elle re-
quiert une phase de mise au point impliquant médecins, technologues, et physiciens de l’IRM
ainsi que des contraintes logistiques spécifiques étant donné le caractère retardé de l’exa-
men par rapport à l’administration du PdC.
86
Références
[1] Hallpike CS, Cairns S. Observations on the pathology of Meniere’s syndrome. Proceedings of the Royal Society
of Medicine. 1938 ; 31 : 55-60.
[2] Schmalbrock P, Dailiana T, Chakeres DW, et al. Submillimeter-resolution MR of the endolymphatic sac in
healthy subjects and parients with Meniere disease. Am J Neuroradiol (AJNR) 1996 ;17 :1707-16.
[3] Naganawa S, Komada T, Fukatsu H, Ishigaki T, Takizawa O. Observation of contrast enhancement in the co-
chlear fluid space of healthy subjects using a 3D-FLAIR sequence at 3 Tesla. Eur Radiol. 2006; 16: 733-7.
[4] Tanioka H, Kaga H, Araki T, Sasaki Y. MR of the endolymphatic duct and sac: findings in Meniere disease. Am
J Neurorariol (AJNR) 1997 ;18 :45-51.
[5] Naganawa S, Sugiura M, Kawamura M, Fukatsu H, Sone M, Nakashima T. Imaging of endolymphatic and
perilymphatic fluid at 3T after intratympanic administration of gadolinium-diethylene-triamine pentaacetic acid. Am
J Neuroradiol (AJNR) 2008; 29: 724-6
[6] Nakashima T, Naganawa S, Pyykko I, Gibson WP, Sone M, Nakata S, Teranishi M. Grading of endolymphatic
hydrops using magnetic resonance imaging. Acta Otolaryngol Suppl. 2009; 560: 5-8.
[7] Yamazaki M, Naganawa S, Tagaya M, Kawai H, Ikeda M, Sone M, Teranishi M, Suzuki H, Nakashima T.
Comparison of contrast effect on the cochlear perilymph after intratympanic and intravenous gadolinium injection.
Am J Neuroradiol (AJNR) 2012 ; 33: 773-8
[8] Iida T, Teranishi M, Yoshida T, Otake H, Sone M, Kato M, Shimono M, Yamazaki M, Naganawa S, Nakashima
T. Magnetic resonance imaging of the inner ear after both intratympanic and intravenous gadolinium injections. Acta
Otolaryngol. 2013 ; 133:434-8
[9] Naganawa S, Yamazaki M, Kawai H, Bokura K, Sone M, Nakashima T. Imaging of Ménière’s disease after
intravenous administration of single-dose gadodiamide: utility of multiplication of MR cisternography and HYDROPS
image. Magn Reson Med Sci. 2013 ; 12: 63-8.
[10] Pyykkö I, Nakashima T, Yoshida T, Zou J, Naganawa S. Meniere’s disease: a reappraisal supported by a
variable latency of symptoms and the MRI visualisation of endolymphatic hydrops. BMJ Open. 2013 Feb 14;3(2). pii:
e001555. doi: 10.1136/bmjopen-2012-001555. Print 2013.
87
P. Guedin, G. Rodesch
Hopital Foch - 40 rue Worth - 92150 Suresnes, France - p.guedin@hopital-foch.org
Introduction
L’acouphène est une maladie fréquente et mal comprise. Sa prévalence augmente avec l’âge
et le sexe masculin. Rare chez les enfants, il touche 12 % des hommes entre 65-74 ans. Il est
fréquemment associé à une baisse de l’audition [1, 2].
Un acouphène est une perception auditive simple non engendrée par un son extérieur.
L’approche diagnostique consiste à distinguer les acouphènes objectifs (i.e audible par le
médecin examinateur) et subjectifs. Les patients souffrant d’acouphènes objectifs perçoivent
un son réel, en rapport le plus souvent avec des turbulences dans les vaisseaux à proximité
de l’oreille interne. Il s’agit d’une situation rare, représentant 4 % de la totalité des patients.
Un acouphène pulsatile sera dès lors synchrone des battements cardiaques.
En cas d’acouphène objectif une lésion sous-jacente est le plus souvent identifiée.
Un acouphène subjectif est une perception fausse d’un son en l’absence de stimulus acous-
tique. Les causes sont variées (traumatismes sonores, effets secondaires de certains médi-
caments…). Le délai entre la survenue des premiers symptômes et la première consultation
est entre 5.4 et 8.6 ans. 34 % de ces patients souffrent d’un acouphène dont l’intensité est
supérieure à 8 sur une échelle d’intensité dont le maximum est 10. Le rôle du clinicien sera
de prévenir une dégradation de l’audition, d’évaluer les effets de l’acouphène sur la qualité
de vie et d’identifier le site lésionnel (tests audiométriques). En cas de lésions rétrocochléai-
res une IRM cérébrale explorant les conduits auditifs internes recherchera un processus oc-
cupant de l’espace, le plus souvent un schwannome de l’acoustique.
La présence d’une masse intra- ou rétrotympanique ainsi que le caractère artériel ou veineux de
l’acouphène sont des éléments clés afin de réaliser l’exploration radiologique appropriée [3].
Physiopathologie
En cas d’acouphène objectif, la pulsatilité du bruit est en rapport avec la turbulence du sang
dans des structures vasculaires de voisinage, secondairement transmises à l’oreille interne.
Les structures vasculaires impliquées seront l’artère carotide interne, le sinus sigmoïde, les
sinus pétreux, le sinus transverse, le sinus marginal et les contributaires veineux de la région.
En cas d’acouphène subjectif, la physiopathologie est beaucoup plus complexe. Une origine
dans le système nerveux central est évoquée par certains auteurs, principalement liée au fait
que les patients ayant subi une interruption du VIII peuvent souffrir d’acouphène. Ainsi la
baisse de l’audition conduirait à une réorganisation des circuits du système auditif central.
89
Ces changements provoqueraient des modifications des interactions du cortex auditif avec
les autres circuits. Cette réorganisation peut être assimilée aux constations faites dans le
cortex moteur et sensitif primaire en cas de membre fantôme [1].
90
Si l’otoscopie est normale plusieurs examens peuvent être réalisés : IRM (gadolinium), angio
et veino IRM, échographie Doppler des troncs supra-aortiques, scanner sans et avec injec-
tion, angiographie cérébrale. Un scanner cervico-facial (100 ml de produit de contraste in-
jecté à 4 cc/s, avec un retard de 25 s) permet l’exploration en un temps des vaisseaux arté-
riel, veineux, de l’oreille moyenne et des anomalies de la base du crâne. En cas d’acouphène
objectif, et d’explorations non invasives négatives une artériographie cérébrale sera propo-
sée afin d’éliminer une lésion vasculaire sous-jacente. Toutefois, l’ARM 4D permet actuelle-
ment quasi systématiquement de poser le diagnostic de shunt artérioveineux dural notam-
ment, si bien que cet examen doit faire partie de l’éventail diagnostique à proposer dans ces
cas d’acouphènes.
Les acouphènes non pulsatiles seront explorés par une IRM des angles pontocérébelleux
[1, 2, 3].
Causes artérielles
Artère carotide interne aberrante
Il s’agit plus précisément d’une compensation par l’artère tympanique inférieure de l’ab-
sence de développement d’un segment proximal de l’artère carotide interne [4]. Cette artère
tympanique naît de l’artère pharyngienne ascendante. Elle passe dans l’oreille moyenne
pour s’anastomoser avec le segment pétreux de la carotide interne. Au scanner on retrou-
vera le trajet anormal du vaisseau dans l’oreille moyenne associé à l’agénésie du segment
vertical du canal carotidien. Le dépistage de ces variantes artérielles lors des explorations
radiologiques conventionnelles a surtout pour but d’éviter des biopsies aux conséquences
dévastatrices [5].
Artère stapédienne
C’est un reliquat de la circulation fœtale. L’artère stapédienne est une branche de l’artère
hyoïdienne, connectant les artères carotide externe et interne. En l’absence de régression elle
prendra en charge le rôle de l’artère méningée moyenne. Dans ces conditions ni le foramen
épineux ni l’artère méningée moyenne ne se développeront [3].
En cas de déhiscence de la paroi osseuse du golfe jugulaire, une masse bleutée peut être
visualisée en otoscopie.
91
Causes tumorales
Les paragangliomes (ou chémodectomes, tumeurs glomiques) sont les tumeurs les plus fré-
quentes pouvant provoquer un acouphène pulsatile. Il s’agit de tumeurs bénignes, localement
agressives, émanant des corpuscules glomiques localisés longs des voies nerveuses, d’ori-
gine neuroectodermique. Suivant leur localisation on distinguera les glomus tympaniques,
jugulaires et tympano-jugulaires. Ils sont apparentés aux phéochromocytomes, auxquelles ils
peuvent être associés dans le cadre des polyadénomatoses endocriniennes. Les paragan-
gliomes jugulo tympaniques sont plus fréquents chez la femme. Des formes malignes ont été
rapportées [6, 7].
Cliniquement les acouphènes sont associés à une surdité transmissionnelle dans un cas sur
deux. L’atteinte des nerfs mixtes (dyphonie, dyphagie hémiatrophie linguale) traduit une at-
teinte au foramen jugulaire.
92
L’angiographie aura pour but de réaliser une cartographie artérielle précise afin de distinguer
les différents compartiments de la lésion. L’artère principale est l’artère pharyngienne ascen-
dante, ce qui s’explique par l’origine embryologique commune entre le nerf glosso-pharyn-
gien, l’artère hypoglosse (future artère pharyngienne ascendante) et le troisième arc bran-
chial. Une embolisation a visée préopératoire pourra être réalisée (fig. 1).
a b
c
Fig. 1 : Femme de 46 ans présentant un acouphène pul-
satile gauche associé à une surdité de transmission. Le
scanner du rocher (a, b) démontre un processus tissu-
laire étendu du foramen jugulaire à l’oreille moyenne
(flèche), avec érosion des parois osseuses et aspect en
d
“sucre mouillé” correspondant à un paragangliome tym-
pano-jugulaire type C de la classification de Fisch. L’IRM
(c) acquisition volumique en pondération T1 post gadoli-
nium, (d) angio-MR au temps artériel centré sur la caro-
tide cervicale gauche avec reconstruction MIP, montre un
processus tissulaire rehaussé par le produit de contraste
(flèche). Au temps artériel on constate un rehaussement
intense avec opacification précoce de la veine jugulaire
gauche (flèche courbe). L’angiographie de l’artère pha-
ryngienne ascendante gauche (e) confirme la présence
d’une tumeur hypervasculaire avec opacification vei-
neuse précoce.
93
Acouphène artériel
Artériopathie
L’athérosclérose (extra et intracrânienne) peut être responsable de sténose artérielle signifi-
cative représentant 8 à 20 % des cas d’acouphène pulsatile [8, 9].
En cas de dissection carotidienne ou vertébrale les acouphènes pulsatiles sont retrouvés
chez 10 % des patients. Ils sont liés le plus souvent aux phénomènes de turbulence sanguine
à l’intérieur des zones disséquées et des faux chenaux. L’examen de choix est l’IRM qui re-
cherchera un hématome de paroi sous la forme d’un hypersignal T1 en forme de croissant,
associé à un rétrécissement de la lumière vasculaire [10] (fig. 2).
a e
Fig. 2 : Artériographie cérébrale réalisée pour bilan d’acouphène pulsatile droit chez un patient
de 30 ans. Dissection carotidienne sous pétreuse vue en artériographie conventionnelle (a).
Reconstruction en mode VRT (b).
Les dysplasies fibromusculaires touchent les artères de moyen calibre. Elles représentent la
deuxième cause de sténose carotidienne [11, 12]. Les acouphènes sont très fréquents au
cours de cette maladie. L’imagerie artérielle retrouvera classiquement un aspect en pile d’as-
siette, lié à la présence successive de sténoses et de dilatation.
94
Shunts artérioveineux
Les fistules durales artérioveineuses
Un acouphène pulsatile associé à un examen otoscopique normal doit faire évoquer le dia-
gnostic [13]. Les deux localisations préférentielles sont le sinus latéral (ou les sinus tributai-
res pétreux et marginaux) et le sinus caverneux. Dans ce dernier cas, il s’agira de fistules à
haut débit. Ces lésions peuvent être évoquées sur les examens conventionnels par la détec-
tion de dilatation des veines de drainage et des afférents artériels duraux. Les séquences
3DTOF et dynamiques (Twist, tricks), permettent de se rapprocher du diagnostic. La gravité
de la pathologie dépendra du drainage veineux de la fistule. Ainsi, lorsqu’il existe une fistule
durale à drainage veineux cortical le risque hémorragique est élevé. L’IRM permettra de dé-
pister un éventuel saignement intracrânien en T2* dans ces cas de fistules agressives.
L’artériographie conventionnelle demeure le gold standard pour la mise au point architectu-
rale de ces fistules, et pour le diagnostic d’un potentiel reflux veineux cortical (fig. 3).
b e
95
Dysplasies osseuses
Au cours de l’otospongiose, l’os enchondral dense de la capsule otique sera remplacé par de
l’os haversien spongieux anormalement vascularisé. Ces microshunts intra-osseux peuvent
favoriser la survenue d’un acouphène dans 65-85 % des cas. Le scanner des rochers va re-
trouver une zone hypodense dans la région de la fissula ante fenestrum (forme fenestrale)
avec ou sans atteinte du stapes.
Le même mécanisme de déminéralisation osseuse peut être retrouvé au cours de la maladie
de Paget, provoquant un acouphène pulsatile ou continu.
96
a d
b e
c f
Fig. 4 : Patient de 33 ans présentant un acouphène pulsatile droit, en rapport avec une malformation artériovei-
neuse du vermis cérébelleux. L’opacification de l’artère vertébrale gauche en angiographie de face (a, b, c) et de
profil (d, e, f) retrouve la présence d’une MAV de type nidale (tête de flèche), en fosse postérieure, présentant un
drainage veineux vers le torcular d’une part mais aussi vers le sinus latéral droit (flèche courbe) via le sinus pétreux
supérieur (flèche droite). Notez la présence d’ectasies veineuses cérébelleuses et de la sténose de la jonction sinus
pétreux-sinus latéral.
97
Acouphène veineux
Souvent plus faible, il n’est pas identique au battement pulsatile, ressemble plutôt à un souf-
fle continu pouvant être rythmé par les battements cardiaques.
98
99
Conclusion
Dans l’exploration d’un acouphène, le rôle du radiologue est de dépister des pathologies
traitables, i.e. tumorales (parangangliome, schwannome) ou vasculaires (fistule durale, mal-
formation artérioveineuse). Certaines anomalies radiologiques peuvent être retrouvées (ano-
malies veineuses, conflit vasculonerveux). Leur imputabilité dans la survenue d’un acouphè-
ne demeure controversée. L’interprétation radiologique devra dès lors être confrontée aux
données de l’examen neuro-otologique. En l’absence de masse rétro tympanique, le scanner
cervico-facial (angioscanner artériel et veineux) pourra explorer, au cours d’un seul examen,
les pathologies vasculaires et de la base du crâne. L’artériographie cérébrale demeure l’exa-
men de référence pour le dépistage des fistules qui pour certaines peuvent encore échapper
aux explorations non invasives.
Références
[1] Lockwood AH, Salvi RJ, Burkard RF. Tinnitus. N Engl J Med 2002 :347: 904-10.
[2] Weissman JL, Hirsch BE. Imaging of tinnitus: a review. Radiology 2000 :216: 342-34.
[3] Branstetter BF, Weissman JL. The radiologic evaluation of tinnitus. Eur Radiol 2006 :16: 2792-802.
[4] Song YS, Yuan YY, Wang GJ et al. Aberrant internal carotid artery causing objective pulsatile tinnitus and
conductive hearing loss. Acta Otolaryngol 2012; 132: 1126-30.
[5] Sauvaget E, Paris J, Kici S et al. Aberrant internal carotid artery in the temporal bone. Arch Otolaryngol Head
Neck Surg 2006; 132: 86-91.
[6] Rao AB, Koeller KK, Adair CF. Paragangliomas of the head and neck: radiologic-pathologic correlation.
Radiographics 1999; 19: 1605-32.
100
[7] Van Den berg R. Imaging and management of head and neck paragangliomas. Eur Radiol 2005; 15: 1310-8.
[8] Sismanis A, Stamm MA, Sobel M. Objective tinnitus in patients with atherosclerotic carotid artery disease. Am
J Otol 1994; 15:404-40.
[9] Daneshi A, Hadizadeh H, Mahmoudian S, et al. Pulsatile tinnitus and carotid artery atherosclerosis. Int Tinnitus
J 2004; 10: 161-4.
[10] Vories A, Liening D. Spontaneous dissection of the internal carotid artery presenting with pulsatile tinnitus. Am
J Otolaryngol 1998; 19: 213-5.
[11] Olin JW, Sealove BA. Diagnosis, management, and future developments of fibromuscular dysplasia. J Vasc
Surg 2011; 53: 826-36.
[12] Dufour JJ, Lavigne F, Plante R, Caouette H. Pulsatile tinnitus and fibromuscular dysplasia of the internal
carotid. J Otolaryngol 1985; 14: 293-5.
[13] Geibprasert S, Pongpech S, Krings T, et al. Radiologic assessment of brain arteriovenous malformations:
what clinicians need to know. Radiographics 2010; 30: 483-501.
[14] Chadha NK, Weiner GM. Vascular loops causing otological symptoms: a systematic review and meta-analysis.
Clin Otolaryngol 2008: 33: 5-11.
[15] Sirikci A, Bayazit Y, Ozer E et al. Magnetic resonance imaging based classification of anatomic relationship
between the cochleovestibular nerve and anterior inferior cerebellar artery in patients with non-specific neuro-oto-
logic symptoms. Surg Radiol Anat 2005: 27: 531-5.
[16] Nowé V, De Ridder D, Van de Heyning PH et al. Does the location of a vascular loop in the cerebellopontine
angle explain pulsatile and non-pulsatile tinnitus? Eur Radiol 2004: 14: 2282-9.
[17] Gultekin S, Celik H, Akpek S et al. Vascular Loops at the Cerebellopontine Angle: Is There a Correlation with
Tinnitus? AJNR Am J Neuroradiol 2008: 29: 1746-49
[18] McDermott AL, Dutt SN, Irving RM, et al. Anterior inferior cerebellar artery syndrome: fact or fiction. Clin
Otolaryngol 2003 :28: 75-80.
[19] Galgano MA, Deshaies EM. An update onn the management of pseudotumor cerebri. Clinical Neurol and
Neurosurg 2013; 115: 252-9.
[20] Agid R, Farb RI, Willinsky RA, et al. Idiopathic intracranial hypertension: the validity of cross-sectional neuroi-
maging signs. Neuroradiology 2006; 48:521-7.
[21] Higgins JN, Cousins C, Owler BK, et al. Idiopathic intracranial hypertension: 12 cases treated by venous sinus
stenting. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2003; 74: 1662-166.
[22] Donnet A, Metellus P, Levrier O, et al. Endovascular treatment of idiopathic intracranial hypertension: clini-
cal and radiologic outcome of 10 consecutive patients. Neurology 2008; 70: 641-7.
[23] Russell EJ, De Michaelis BJ, Wiet R, Meyer J. Objective pulse-synchronous ‘essential’ tinnitus due to nar-
rowing of the transverse dural venous sinus. Int Tinnitus J 1995; 1: 127-37.
[24] Lambert PR, Cantrell RW. Objective tinnitus in association with an abnormal posterior condylar emissary
vein. Am J Otol 1986; 7: 204-7.
101
M. Bruneau
Service de Neurochirurgie, Hôpital Erasme, Université Libre de Bruxelles - Service de
Neurochirurgie - Route de Lennik, 808 - 1070 Bruxelles - mbruneau@ulb.ac.be
Données épidémiologiques
Les lésions rencontrées dans la pratique neurochirurgicale au niveau de l’angle ponto-céré-
belleux (APC) sont essentiellement de nature tumorale, bien qu’il existe également d’autres
entités comme les pathologies vasculaires et les conflits vasculonerveux.
Les tumeurs de l’APC trouvent leur origine au niveau de tissus de différente nature qui le
compose : tissu neuroglial, nerfs crâniens, méninges, vaisseaux sanguins, os, cartilage et
possiblement résidus embryonnaires [1].
Le type de tumeur rencontré au niveau de l’APC varie considérablement en fonction de l’âge
du patient [1]. Chez l’adulte, les tumeurs principalement observées sont bénignes, de type
schwannome vestibulaire et méningiome. Chez l’enfant, ces tumeurs de l’APC sont rares et
de nature plus variée. Certaines tumeurs intra-axiales volumineuses développées au départ
du 4e ventricule, comme les épendymomes et les médulloblastomes, peuvent également
s’étendre au niveau de l’APC, donnant le change pour une tumeur extra-axiale [2, 3]. Les
schwannomes vestibulaires et les méningiomes peuvent être observés dans un contexte de
neurofibromatose de type 2 [4]. Globalement, dans cette localisation, les tumeurs de l’enfant
ont une propension plus importante à être de nature maligne, c’est-à-dire dans plus de
2/3 des cas [1]. Les tumeurs malignes sont les tumeurs tératoïdes rhaboïdes atypiques
(19,2 %), les épendymomes anaplasiques (19,2 %), les médulloblastomes (15,4 %), les sar-
comes d’Ewing (7,7 %), les sarcomes alvéolaires (3,8 %) et les hémangioendothéliomes
Kaposiformes (3,8 %). Les tumeurs bénignes observées sont les schwannomes (19,2 %), les
méningiomes (3,8 %), les astrocytomes pilocytiques (3,8 %), et les tumeurs épidermoïdes
(3,8 %) [1].
Les conflits vasculonerveux au niveau de l’APC résultent d’un conflit entre le nerf facial et
l’artère vertébrale dans 61 % des cas ou une de ses branches, la PICA ou l’AICA, respective-
ment dans 56 et 27 % des cas [5]. Plusieurs vaisseaux peuvent être impliqués dans 40 % des
cas [5]. Le vaisseau conflictuel est généralement localisé ventro-caudalement par rapport au
nerf facial, plus particulièrement au niveau de la zone d’entrée de la racine dans le tronc
cérébral ou “root entry zone” (REZ). Ces conflits peuvent induire des spasmes hémifaciaux
invalidants.
Les anévrismes de l’artère vertébrale et de ses branches peuvent être observés au niveau de
l’APC. Ces anévrismes de la circulation postérieure sont actuellement traités de manière
préférentielle par voie endovasculaire.
103
Bilan préopératoire
Tout acte chirurgical au niveau de l’APC est précédé d’un bilan complet fonctionnel et radio-
logique avec pour buts de préciser le diagnostic et analyser les différents rapports anatomi-
ques de la lésion traitée. Le bilan préopératoire comportera classiquement un CTscan, une
IRM, un bilan audiométrique et électrophysiologique, plus rarement une angiographie conven-
tionnelle [6].
Le CTscan haute résolution en coupes osseuses, fines, de l’os pétreux apporte des informa-
tions pertinentes sur la position du labyrinthe, du canal endolymphatique, ainsi que la hauteur
du bulbe jugulaire. La position du bulbe jugulaire permet de définir les limites du fraisage
osseux, particulièrement lors des abords supraméataux des schwannomes vestibulaires.
L’IRM permet de mieux apprécier les tissus mous et les rapports anatomiques d’une tumeur.
En présence d’un hémispasme facial, l’IRM permet d’analyser le conflit et d’exclure d’autres
causes secondaires comme les tumeurs et les kystes arachnoïdiens [6]. Cet examen est
l’examen de choix pour révéler une sclérose en plaque [6].
Lorsqu’une position semi-assise est envisagée, il convient d’exclure un foramen ovale per-
méable par une échographie cardiaque et une instabilité cervicale par des radiographies
standards [6]. Une compression médullaire induite par des neurofibromes doit être recher-
chée à l’IRM si le patient est atteint d’une neurofibromatose de type 2 [6].
L’angiographie préopératoire peut se justifier occasionnellement en cas de méningiome et
dans le cadre d’une procédure d’embolisation préopératoire afin de réduire la vascularisation
d’une tumeur.
L’abord rétrosigmoïdien
L’abord rétrosigmoïdien sera privilégié dans la plupart des indications, y compris pour la
prise en charge neurochirurgicale des schwannomes vestibulaires. Cet abord permet une
trajectoire parallèle à l’os pétreux.
Description technique
Le patient peut être positionné en décubitus dorsal, décubitus latéral ou en position semi-
assise. L’incision rétromastoïdienne est réalisée 2 cm en arrière du sinus sigmoïde. Le volet
104
osseux est adapté à la pathologie à traiter, de la taille d’un trou de trépan élargi jusqu’à une
exposition du sinus sigmoïde et du sinus transverse pour les larges schwannomes vestibulai-
res. Les repères anatomiques peuvent être utilisés pour centrer adéquatement le volet mais
de nos jours, la neuronavigation est d’application quotidiennement et apporte une aide appré-
ciable. L’ouverture des cellules mastoïdiennes nécessitera une occlusion par de la cire à os
pour éviter une rhinoliquorrhée ultérieure. L’incision de la dure-mère peut se faire de diverses
manières, tout en la laissant pédiculisée sur les sinus. La première manœuvre intradurale
consiste à drainer du liquide céphalo-rachidien de manière à obtenir une bonne relaxation
cérébelleuse et limiter la nécessité de rétraction du cervelet par une lame autostatique.
La procédure en elle-même est adaptée en fonction de la pathologie à traiter et est détaillée
ci-dessous pour certaines pathologies.
La fermeture de la dure-mère se fera de manière étanche, avant replacement du volet osseux
et fermeture des différents plans musculaire et surtout aponévrotique par un surjet serré.
105
- fraisage sur une largeur classiquement de 8 mm, ce qui est suffisant pour exposer le conte-
nu intraméatal. L’étendue du fraisage est à adapter en fonction de l’analyse du scanner
préopératoire. Un fraisage plus extensif risque d’endommager les canaux semi-circulaires,
- ouverture longitudinale de la dure-mère,
106
- il conviendra d’éviter d’exercer des tractions sur la tumeur en direction médiale car ces
tractions sont délétères pour le nerf cochléaire,
- le nerf facial est habituellement déplacé ventro-crânialement et le nerf cochléaire ventro-
caudalement,
- un neurostimulateur du nerf facial est habituellement utile pour repérer le nerf.
107
Fig. 2 : Méningiome de l’apex pétreux, se tendant jusqu’au conduit auditif interne et refoulant le paquet acoustico-facial.
A-B) Images préopératoires. A) Le méningiome (M) présente une extension dure-mérienne au niveau du conduit
auditif interne (flèche). B) Le paquet acoustico-facial (flèche) est clairement individualisé dans le conduit auditif in-
terne qui n’est pas élargi.
C-G) Images intraopératoires lors de l’abord rétrosigmoïdien droit. Le cervelet (Cer) est légèrement refoulé médiale-
ment (Sup: supérieur, Dr: droite). C) Le méningiome est situé antérieurement par rapport au paquet acoustico-facial
(PAF). D) Le nerf trijumeau (V) est disséqué au niveau du pôle supérieur du méningiome. E) Vue agrandie du paquet
acoustico-facial. F) Au terme de la résection macroscopiquement complète, les nerfs V, VI, VII sont observés, de
même que la zone d’implantation au niveau de l’apex pétreux (AP). G) Les nerfs mixtes (NM) sont visualisés cauda-
lement. H) Contrôle postopératoire confirmant l’exérèse complète.
108
et le plexus choroïde sont des repères anatomiques importants pour identifier le nerf facial
dont l’origine se trouve en fait quelque peu crânialement par rapport à la jonction ponto-mé-
dullaire [5]. L’origine du nerf vestibulo-cochléaire au niveau du tronc cérébral est quant à elle
identifiée juste ventralement et crânialement par rapport au nerf facial [6].
Le conflit vasculo-nerveux est souvent observé ventralement par rapport au plexus choroïde.
Les manipulations doivent être précautionneuses lors de la libération du conflit pour ne pas
endommager les nerfs, ainsi que léser ou induire un spasme au niveau des branches arté-
rielles perforantes dont l’artère labyrinthique qui irrigue la cochlée [5]. Un morceau de Téflon
sera classiquement interposé entre les structures vasculaires et nerveuses au terme de la
décompression.
109
Fig. 4 : Large kyste épidermoïde de l’angle ponto-cérébelleux ayant des extensions au niveau du pédoncule cérébel-
leux moyen, du 4e ventricule et latéro-bulbaire.
A-F) Images préopératoires. G-I) Images intraopératoires lors d’un abord rétrosigmoïdien droit. G) La dure-mère a
été rabattue en 2 feuillets : le premier latéralement, tout en restant pédiculisé sur le sinus sigmoïde droit (SS) et le
second crânialement, à la limite du sinus transverse (ST). Le cervelet (Cer) est légèrement rétracté médialement. On
peut observer la dure-mère (dm) couvrant la face postérieure du rocher. Le paquet acoustico-facial n’est, à ce stade,
pas clairement identifié car englobé dans la tumeur de couleur nacrée. Une électrostimulation est effectuée pour le
repérer. H) Le nerf facial (VII) a été disséqué. Il pénètre dans le conduit auditif interne (CAI), délimité virtuellement par
neuronavigation (contour bleu). Un résidu de tumeur (T) est visible à ce stade. I) La tumeur (T) est progressivement
disséquée du tronc cérébral (TC). J-L) IRM postopératoire après résection subtotale. Les structures ont retrouvé une
place normale (J-K). Les images en diffusion (L) confirment un minime résidu laissé volontairement en place en
raison d’adhérences trop importantes.
110
Fig. 5 : Conflit vasculo-nerveux entre l’artère vertébrale gauche et le paquet acoustico-facial, responsable de spas-
mes hémi-faciaux devenus quasi permanents.
A) Le conflit entre l’artère vertébrale (V) d’un calibre majoré et le paquet acoustico-facial (flèche) est clairement ob-
servé. B) Contrôle scanner après décompression microvasculaire. Le volet osseux rétrosigmoïdien se limite à moins
de 25 mm. L’artère vertébrale (V) a été séparée du nerf facial et des fragments de Téflon (flèches) ont été interposés.
L’intervention a été suivie d’une disparition quasi complète des spasmes.
111
Fig. 6-1
112
Fig. 6-2
moyenne (contour bleu) qui est sectionnée. La trajectoire 1 (trajectoire jaune) permet de rejoindre le foramen spino-
sum. D) Médialement, la séparation des feuillets de dure-mère dupliqués permet de disséquer la branche mandibu-
laire du nerf trijumeau (V3). L’artère carotide intrapétreuse (contour rouge) est à proximité. E) La trajectoire verte
permet de confirmer la position de l’éminence arquée et d’identifier virtuellement la position de la cochlée. Le
contour bleu délimite la zone de pétrosectomie antérieure. F) La trajectoire magenta permet de localiser virtuelle-
ment la position du conduit auditif interne. Le fraisage de l’apex pétreux est débutée. H) Après pétrosectomie anté-
rieure et section de la dure-mère jusqu’au bord libre de la tente, l’accès à la tumeur est ouvert. La neuronavigation
sert à délimiter la tumeur pour estimer le volume résiduel au cours de la résection qui est guidée également par de
multiples trajectoires permettant de définir des points cibles qui peuvent être rejoints rapidement en connaissant la
profondeur restante pour atteindre la cible. H) Le bistouri ultrasonique est utilisé pour aspirer la tumeur. Cette étape
est effectuée initialement crânialement par rapport à la racine du nerf trijumeau (V). I) La résection est ensuite ef-
fectuée de part et d’autre du nerf. J) Après évidement, la périphérie est disséquée. A ce stade, le nerf abducens (VI)
est observé. K) Le tronc basilaire (TB) est précautionneusement disséqué. L) Il en va de même au niveau du tronc
cérébral (TC) au niveau duquel on observe de multiples perforantes. Un résidu sera laissé à ce niveau en raison d’une
infiltration sous-piale du méningiome (M).
113
Description technique
Plusieurs types d’incision sont possibles, la plus classique en forme de U inversé, centré sur
l’oreille. Après réflexion de la peau et du muscle temporal, un volet osseux est effectué, de 4
à 5 cm de diamètre, situé 2/3 en avant du conduit auditif externe et 1/3 en arrière, tout en
ayant son bord inférieur le plus proche possible du plancher de la fosse moyenne [10].
La dure-mère est ensuite séparée de la fosse moyenne à l’aide d’un dissecteur utilisé
préférentiellement dans un sens postéro-antérieur de manière à ne pas endommager le
ganglion géniculé et induire une paralysie faciale suite à une traction sur le nerf grand
pétreux superficiel. Une lésion du NGPS peut, quant à elle, induire un déficit de lacrimation
et un œil sec [10].
L’abord sous-temporal est susceptible de se compliquer par des lésions au niveau du lobe
temporal, des fistules de liquide céphalo-rachidien et des lésions du canal semi-circulaire
supérieur, de la cochlée, de l’artère carotide interne intrapétreuse [10].
Pétrosectomie antérieure
La réalisation d’une pétrosectomie antérieure, en complément de l’abord de la fosse moyen-
ne ouvre un accès à l’apex pétreux, à la partie supérieure du clivus et à la fosse postérieure.
114
De la sorte, les lésions siégeant au niveau et en avant de l’APC peuvent être traitées. Cet
abord est limité latéralement par l’articulation temporo-mandibulaire, les ossicules, et l’ar-
tère carotide interne intrapétreuse ; ventralement par le ganglion de Gasser, postérieurement
par le canal semi-circulaire supérieur et le vestibule et caudalement par le segment horizon-
tal de l’artère carotide interne intrapétreuse, la cochlée et le sinus pétreux inférieur [10].
Cet abord chirurgical nécessite, outre les étapes de l’abord de la fosse moyenne [10] :
- une ostéotomie au niveau de l’os zygomatique,
- une dissection du feuillet interdural longeant la branche V3, voire V2, du nerf trijumeau, de
sorte que l’abord extradural puisse être plus étendu,
- le fraisage de l’apex pétreux au niveau du triangle de Kawase, ou triangle postéromédial,
délimité latéralement par le NGPS, médialement par le bord de l’os pétreux et à la base par
l’éminence arquée. La cochlée représente la limite postérolatérale de l’exposition.
L’exposition de la fosse postérieure peut encore être élargie en sectionnant la tente. Cette
étape nécessite la section, après clippage, du sinus pétreux supérieur. Il est également im-
portant de prendre soin de ne pas léser le nerf trochléaire lors de la section de la tente à
proximité de son bord libre [10].
Conclusions
L’accès aux lésions situées au niveau de l’APC peut se faire par différentes voies d’abord. Le
choix dépend de la lésion à traiter, de son extension et des éléments cliniques, chacune ayant
des avantages et des inconvénients.
Références
[1] Phi JH, Wang KC, Kim IO, Cheon JE, Choi JW, Cho BK, et al. Tumors in the cerebellopontine angle in children:
warning of a high probability of malignancy. J Neurooncol. 2013 Feb 13.
[2] Sanford RA, Kun LE, Heideman RL, Gajjar A. Cerebellar pontine angle ependymoma in infants. Pediatr
Neurosurg. 1997 Aug; 27(2): 84-91.
[3] Jaiswal AK, Mahapatra AK, Sharma MC. Cerebellopointine angle medulloblastoma. J Clin Neurosci. 2004 Jan;
11(1): 42-5.
[4] Kotecha RS, Pascoe EM, Rushing EJ, Rorke-Adams LB, Zwerdling T, Gao X, et al. Meningiomas in children
and adolescents: a meta-analysis of individual patient data. Lancet Oncol. 2011 Dec; 12(13): 1229-39.
[5] Sindou M, Lacerda Leal R. Vasculonervous conflicts: anatomy, imaging and surgery. In: George B.BM, Spetzler
RF, editor. Pathology and Surgery around the Vertebral Artery. Paris: Springer; 2011.
[6] Tatagiba M, Acioly MA. Retrosigmoid approach to the posterior and middle fossa. In: Ramina R, Aguiar P,
Tatagiba M, editors. Samii’s essentials in neurosurgery. Berlin Heidelberg: Springer; 2008.
[7] Chamoun R, MacDonald J, Shelton C, Couldwell WT. Surgical approaches for resection of vestibular
schwannomas: translabyrinthine, retrosigmoid, and middle fossa approaches. Neurosurg Focus. 2012 Sep; 33(3): E9.
[8] Abolfotoh M, Dunn IF, Al-Mefty O. Transmastoid Retrosigmoid Approach to the Cerebellopontine Angle:
Surgical Technique. Neurosurgery. 2012 Nov 27.
115
[9] Nakamura M, Roser F, Dormiani M, Matthies C, Vorkapic P, Samii M. Facial and cochlear nerve function
after surgery of cerebellopontine angle meningiomas. Neurosurgery. 2005 Jul; 57(1):77-90; discussion 77-90.
[10] Vrionis F, Aghayev K, Gardner G, Robertson J, Brodkey J. Transtemporal Approaches to Posterior Cranial
Fossa. In: A Q-H, editor. Schmidek and Sweets Operative Neurosurgical Techniques Indications. Methods and Results.
6th ed: Elsevier; 2012.
116
I. Delpierre
Service de Radiologie, Hôpital Erasme, Université Libre de Bruxelles - Route de Lennik,
808 - 1070 Bruxelles - idelpier@ulb.
Service de Radiologie, Hôpital des Enfants Reine Fabiola, Université Libre de Bruxelles
S. Louryan
Laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Organogenèse, Faculté de Médecine,
Université Libre de Bruxelles - Route de Lennik, 808 (CP 619), B-1070 Bruxelles.
L’objectif du présent atlas est de permettre aux lecteurs d’identifier la plupart des éléments
anatomiques sur un examen tomodensitométrique ou IRM de l’oreille. L’originalité est ici que
l’atlas est classé selon les éléments anatomiques et non selon le plan de coupe, ce qui
confère une logique anatomique à la démarche.
Os temporal
L’os temporal est formé de 3 parties :
- Ecaille : partie squameuse
- Os tympanal : partie tympanique
- Rocher : partie pétreuse
Il existe donc des sutures entre ces 3 structures d’une part et entre celle-ci et les structures
osseuses adjacentes, à savoir principalement, l’os occipital et l’os sphénoïde.
Il est important de les connaître afin de ne pas les confondre avec un trait de fracture dans
les traumatismes.
117
118
Sutures
119
Sutures
120
Canal pétromastoïdien
121
Oreille externe
Oreille moyenne
122
Caisse tympanique
123
124
125
Osselets
Les osselets sont au nombre de trois. De l’extérieur vers l’intérieur, ce sont :
• Marteau (malleus)
• Enclume (incus)
• Etrier (stapes)
126
Marteau
Le marteau est de localisation externe et antérieure au sein de la caisse. Sa tête s’articule
avec l’enclume. Son col est croisé en deds par la corde du tympan.
Son manche est oblique en bas, en arrière et en deds.
Il est fixé par la membrane tympanique, le ligament supérieur (tête ➞ tegman tympan), le
ligament latéral (col ➞ bord inférieur du mur de la logette), le ligament antérieur (apophyse
antérieure du marteau ➞ scissure tympano-pétreuse antérieure).
Marteau
127
Enclume
• Le corps de l’enclume s’articule, en avant, avec la face postérieure du marteau.
• Du corps se détache la longue apophyse de l’enclume, dirigée vers le bas et le dedans pour
se terminer par un renflement qui est l’apophyse lenticulaire, articulée avec l’étrier.
• Cet osselet présente également une courte apophyse (horizontale) vers l’arrière et reposant
sur l’aditus ad antrum.
Enclume
Enclume
128
Etrier
L’étrier est formé d’une tête, de deux branches et de la platine. Sa tête s’articule avec l’apo-
physe lenticulaire de l’enclume.
Il y présente deux branches l’une antérieure et l’autre postérieure. La platine ferme la fenêtre
ovale (ou fenêtre vestibulaire). Le tendon du muscle de l’étrier s’insère sur la tête de l’étrier.
Etrier
129
Cochlée : CT
Cochlée
La lame spirale osseuse est prolongée sur son bord libre par la lame basilaire.
Organe spiral = cellules sensorielles et de soutien. Il repose sur cette lame basilaire.
Les stéréocils des cellules ciliées externes sont ancrés dans la membrane tectorielle.
Cochlée
130
Cochlée : Modiolus
Cochlée
131
Cochlée : IRM
Canaux semi-circulaires
132
Canal endolymphatique
Canal périlymphatique
133
134
135
136
137
138
Nerfs
139
L. Divano, C. Mabiglia
Service d’Imagerie Médicale, CHU Brugmann, place A. Van Gehuchten 4, 1020 Bruxelles
Introduction
L’imagerie cone beam (CBCT), par faisceau conique, constitue une véritable (r)évolution pour
l’exploration maxillo-faciale.
Dans les années 90, les premiers appareils cone beam (CBCT) ont été développés pour ima-
ger la pathologie dentaire, mais cette technologie innovante n’a cessé d’évoluer [1].
Il existe à présent une vaste gamme de machines de type CBCT sur le marché, avec des
caractéristiques assez différentes ; la dernière génération de CBCT permet une acquisition en
décubitus dorsal et une immobilisation plus aisée du patient, fondamental pour un résultat
optimal. Le développement de nouvelles têtières vise également à réduire les mouvements
du patient [2].
Avec l’apparition de nouveaux appareils à plus large champs d’exploration (12 ou 18 cm) et
grâce à la possibilité de réaliser les examens en position couchée, de multiples applications
sont aujourd’hui possibles, au-delà de l’investigation maxillo-faciale (Tableau 1), notamment
l’imagerie du rocher et des petites articulations [3].
Tableau 1 : Applications
Dans l’imagerie ORL, l’examen morphologique de référence est jusqu’à présent le TDM, mais
le cone beam devient une alternative séduisante, en permettant une importante réduction de
la dose de rayons X, tout en préservant la qualité diagnostique [4].
141
La réduction de la dose d’irradiation des patients est un défi croissant et elle est basée sur
2 principes : la justification (c’est-à-dire l’indication clinique et le choix de la technique d’ima-
gerie la plus appropriée) et l’optimisation (c’est-à-dire le principe ALARA, As Low As
Reasonably Achievable) [1].
Outre la diminution de la dose d’irradiation, un autre important avantage du CBCT est lié à sa
moindre susceptibilité aux artefacts métalliques.
Les autres avantages du CBCT sont le moindre coût d’installation et d’entretien, et le faible
volume occupé, nécessitant des locaux plus petits par rapport à la TDM [1].
Ses limites d’utilisation sont notamment, l’impossibilité de réaliser de façon simultanée l’étu-
de des structures osseuses et parenchymateuses, au contraire de la TDM. Mais également un
FOV limité en taille (jusqu’à 18 x 16 cm actuellement), ne permet pas l’étude de certaines
zones anatomiques.
Une autre limite d’utilisation du CBCT est l’absolue nécessité d’un parfait immobilisme du
patient pendant le temps d’acquisition qui reste relativement long (18 à 24 sec selon la réso-
lution souhaitée) sous peine d’importants artéfacts de mouvement [5].
Technique
Le CBCT est basé sur un principe différent de celui de la TDM : le faisceau X est conique et
en couplage avec un capteur plan, il permet de réaliser des images de projection, utilisées
pour obtenir un volume. Ce volume est ensuite utilisé pour réaliser des reconstructions 2D ou
3D, dans tous les plans de l’espace, sans perte de qualité d’image, contrairement à la TDM
[6]. La résolution spatiale est meilleure dans n’importe quel plan de l’espace, car le voxel est
isotropique (jusqu’à 0.125 mm).
142
Il existe également, pour chaque FOV, deux modes d’acquisition : Regular Scan, avec une
rotation rapide et une dose basse, et Enhanced Scan avec une rotation 30 % plus longue et
une augmentation de la dose et de la qualité.
Discussion
Dans le domaine de la pathologie ORL, l’imagerie par CBCT permet une étude précise et peu
irradiante du massif facial et des rochers.
Cette technique doit être retenue aujourd’hui comme l’examen de choix pour l’imagerie des
sinus, par sa moindre irradiation et son excellente résolution spatiale (fig. 2).
Dans la pathologie inflammatoire et infectieuse du massif facial, le Cone Beam permet de
mieux comprendre le retentissement sinusien des infections d’origine dentaire, en permet-
tant notamment une nouvelle sémiologie radiologique concernant les rapports entre les dents
et les sinus au niveau de l’os maxillaire (fig. 3) [7].
143
L’examen CBCT des rochers est peu irradiant, ce qui le positionne comme la technique de
choix lors des examens de contrôle et chez les enfants, à condition d’une indispensable im-
mobilité lors de l’examen.
En effet, il permet une étude de la chaîne ossiculaire et des parois de la caisse particulière-
ment précise [8].
Il permet également de visualiser et d’étudier les structures de l’oreille moyenne et interne,
avec une meilleure résolution pour les fines structures osseuses comme les branches de
l’étrier ou le canal osseux du nerf facial.
La platine est bien évaluable et les foyers d’otospongiose peuvent être détectés avec préci-
sion (fig. 4).
La réduction des artefacts métalliques permet une étude performante des prothèses ossicu-
laires et des implants cochléaires (fig. 5).
Le CBCT à également une place pour la pathologie traumatique des rochers, en dehors des
urgences, qui nécessitent-elles, une évaluation de l’ensemble du crâne [8].
Cette technique peut également être utilisée dans la pathologie malformative (fig. 6).
Fig. 4 : Suivi d’otospongiose ; CT64 versus CBCT : excellente visualisation du foyer d’otospongiose.
144
Une autre application possible du CBCT est le dacryo-CT, dans le diagnostic des pathologies
des voies lacrymales. Cet examen prévoit le cathétérisme et l’opacification par produit de
contraste iodé de la voie lacrymale, suivi d’une acquisition d’images en haute résolution os-
seuse, jusqu’à présent réalisée par TDM (fig. 7).
145
Conclusion
L’imagerie Cone Beam CT constitue une véritable (r)évolution pour l’exploration maxillo-fa-
ciale et ne cesse pas d’évoluer.
Les appareils les mieux adaptés sont ceux qui permettent un examen en position couchée en
raison de la meilleure immobilisation du patient.
Ces types d’appareils permettent, en plus, d’explorer les extrémités des membres (mains,
poignets, coudes, pieds, chevilles et même genoux) ; on peut également réaliser des exa-
mens arthro-CBCT avec opacification articulaire [3].
Pour ces raisons, cette technique doit être préférée à l’examen tomodensitométrique pour
tous les examens qui ne nécessitent pas une investigation simultanée des tissus mous et une
injection de contraste.
En cas de lésions parenchymateuses, les examens CBCT doivent, de préférence, être couplés
à une investigation par IRM, par exemple pour la recherche de cholestéatome dans le cas des
rochers.
146
Références
[1] Peltonen LI, Aarnisalo AA, Kaser Y, Kortesniemi MK, Robinson S, Suomalainen A, Jero J. Cone-beam
computed tomography: a new method for imaging of the temporal bone. Acta Radiol 2009: 50: 543-8.
[2] Miracle AC, Mukherji SK. Conebeam CT of the Head and Neck, Part 2: Clinical applications. AJNR 2009: 30:
1285-92.
[3] De Cock J, Mermuys K, Goubau J, Van Petegem S, Houthoofd B, Casselman J. Cone beam computed
tomography: a new low dose, high resolution imaging technique of the wrist, presentation of three cases with tech-
nique. Skeletal Radiology 2011 DOI 10.1007/500256-011-1198-z
[4] Guldner C, Ningo A, Voigt A, Diogo I, Heinrichs J, Weber R, Wilhelm T, Fiebich M. Potential of dosage re-
duction in cone-beam-computed tomography (CBCT) for radiological diagnostics of the paranasal sinuses. Eur Arch
Otorhinolaryngol. 2013: 270(4): 1307-15.
[5] Martin-Duverneuil N, Boutet C, Menjot de Champfleur N, Drier A, Sahli-Amor M, Chiras J. Cone-
Beam et pathologie tumorale du massif facial. JFR 2011.
[6] Miracle AC, Mukherji SK. Conebeam CT of the Head and Neck, Part 1: Physical Principles AJNR 2009: 30:
1088-95.
[7] Hodez C, Griffaton-Taillandier C. Cone-Beam: pathologies inflammatoires et infectieuses du massif facial.
JFR 2011.
[8] Veillon F, Riehm S, Charpiot A, Matern JF, Nicolas-Ong C, Enescu J. Cone Beam et imagerie de l’oreille.
JFR 2011.
[9] Dahmani-Causse M, Marx M, Deguine O, Fraysse B, Lepage B, Escudé B. Morphologic examination of the
temporal bone by cone beam computed tomography: Comparison with multislice helical computed tomography
European Annals of Otorhinolaryngology. Head and Neck diseases 2011: 128: 230-5.
147
M. Vander Ghinst
Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, CUB-ULB, Hôpital Erasme, Belgique -
Marc.Vander.Ghinst@erasme.ulb.ac.be - GSM: 0496/13.76.69
S. Hassid, G. Choufani
Service d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, CUB-ULB, Hôpital Erasme, Belgique
Introduction
Les progrès réalisés dans le domaine de l’imagerie, en particulier depuis l’avènement de la
tomodensitométrie (TDM) et de l’imagerie par résonance magnétique (IRM), ont profondé-
ment modifié l’approche des pathologies de l’os temporal. Ces techniques jouent un rôle
déterminant dans la prise en charge du patient souffrant de plaintes otologiques que ce soit
au niveau du diagnostic, de la stratégie thérapeutique ou du suivi.
Parmi ces différentes plaintes, l’hypoacousie et les troubles de l’équilibre constituent des
motifs fréquents de consultations. En effet, la prévalence de l’hypoacousie dans la population
adulte est évaluée à 14 % [1], et plus d’une personne sur deux souffrira d’un trouble de
l’équilibre chaque année [2]. La prescription raisonnée d’examens radiologiques dans l’ap-
proche de ces deux symptômes est donc essentielle pour éviter la réalisation d’investigations
superflues.
L’objectif de cet exposé est de préciser – dans le cadre d’une approche clinique – le moment,
la modalité et la raison de la réalisation des différents examens radiologiques dans les patho-
logies associées à une hypoacousie ou à un trouble de l’équilibre.
Hypoacousie
L’algorithme clinique
Tout patient se plaignant de trouble de l’audition doit bénéficier – en plus d’un interrogatoire
bien mené et d’un examen de la cavité buccale, du pharynx et des fosses nasales – d’une
mise au point comprenant au moins une otoscopie et une audiométrie tonale, complétée très
souvent par une audiométrie vocale et une impédancemétrie. Ces différents examens per-
mettront de préciser l’aspect du conduit auditif externe et du tympan (normal ou pathologi-
que ? ouvert ou fermé ?) ainsi que de déterminer le type de surdité dont souffre le patient
(surdité de perception ou de transmission) (fig. 1). Ces investigations sont essentielles dans
l’établissement du diagnostic, et c’est en s’appuyant sur leurs résultats qu’on envisagera la
réalisation éventuelle d’un examen radiologique.
149
Surdité de perception
Surdité de perception de l’adulte
Les surdités de perception sont divisées, en fonction du lieu de l’atteinte sensorielle auditive,
en surdités endocochléaires et surdités rétrocochléaires. Pour déterminer le siège de l’at-
teinte, certaines explorations électrophysiologiques (potentiels évoqués auditifs, potentiels
évoqués otolithiques, vidéonystagmographie) viennent souvent complétées la mise au point
en consultation. Il n’est toutefois pas toujours possible de déterminer avec précision le siège
et la nature de l’atteinte sans passer par une exploration radiographique. Un élément impor-
tant en faveur de la prescription d’un examen radiologique est la présence d’une asymétrie
auditive. Celle-ci justifiera souvent la réalisation d’une IRM pour dépister une pathologie ré-
trocochléaire [3].
Surdité endocochléaire
Différentes pathologies peuvent être à l’origine d’une atteinte endocochléaire.
La presbyacousie est le déficit sensoriel le plus fréquemment rencontré chez les personnes
âgées [4]. Elle répond aux critères suivants : surdité de perception bilatérale isolée chez un
sujet d’au moins 60 ans, symétrique, d’installation lente et d’évolution progressive, prédomi-
nant sur les fréquences aiguës et sans dissociation entre les seuils d’audiométrie tonale et
vocale.
150
L’IRM permettra dans près de 15 % des cas, de mettre directement en évidence l’origine de
la surdité [10, 11].
Les surdités fluctuantes sont à considérer comme des surdités brusques. Deux causes
courantes de surdités fluctuantes sont la maladie de Ménière et les fistules périlymphati-
ques. Pour les fistules périlymphatiques, auxquelles on doit penser lorsque l’hypoacousie
apparaît dans un contexte traumatique, même léger, une TDM sera préférée, afin de recher-
cher un éventuel pneumolabyrinthe ou une subluxation stapédienne.
Les surdités post-méningitiques sont une des complications les plus fréquentes des mé-
ningites bactériennes puisqu’elles compliquent près de 10 % des méningites bactériennes
[12]. Les populations les plus touchées sont les enfants de moins de 5 ans et les personnes
âgées.
151
Surdité rétrocochléaire
La présentation typique est celle d’une surdité de perception progressive, asymétrique, asso-
ciées à des acouphènes et parfois à des troubles de l’équilibre. D’autres symptômes neuro-
logiques viendront évidemment renforcer la suspicion d’une atteinte au niveau de la fosse
postérieure.
152
- Lipome,
- Autres tumeurs rares : métastases, lymphomes ou mélanome,
- Pathologie non tumorale : sclérose en plaque, conflit vasculaire, kyste arachnoïdien.
L’otospongiose
L’otospongiose est une ostéodystrophie primitive de la capsule otique, touchant près de
0,5 % de la population caucasienne, en particulier les femmes [15]. Son étiologie reste dis-
cutée et est probablement multifactorielle, mais on peut toutefois distinguer une forme spo-
radique et une forme familiale. Sa présentation clinique est assez caractéristique : il s’agit
d’une surdité de transmission ou mixte, souvent bilatérale, apparaissant le plus souvent lors
de la 3e ou 4e décade, d’évolution progressive et pouvant chez la femme s’aggraver lors de la
puberté ou de la grossesse [16]. Très longtemps son diagnostic ne reposait que sur les explo-
rations audiométriques, et était éventuellement confirmé lors du geste opératoire.
153
Chez l’enfant
Bien qu’une forme juvénile d’otospongiose existe, celle-ci est assez rarement retrouvée [20].
Chez l’enfant, devant une surdité de transmission à tympan normal, on envisagera plus vo-
lontiers les problèmes suivants : une anomalie ossiculaire, une anomalie labyrinthique, ou
encore un cholestéatome congénital.
154
Par contre, chez l’enfant qui présente de façon isolée une surdité transmissionnelle, sans
antécédents otologiques et sans anomalies à l’otomicroscopie, l’imagerie est obligatoire
dans des délais assez rapides (notamment pour dépister le cholestéatome primitif qui est
évolutif).
OSM de l’adulte
L’OSM est une situation beaucoup plus rare chez l’adulte, qui peut accompagner des patho-
logies parfois graves, surtout si l’OSM est unilatérale [22]. Face à cette situation, une mise au
155
point par examen endoscopique du cavum et du pharynx est recommandée, afin d’exclure
une pathologie tumorale.
Tympanosclérose
Il s’agit d’un processus de cicatrisation caractérisé par une infiltration du tympan et du tissu
conjonctif sous-muqueux de la caisse du tympan par des dépôts calcaires. On la retrouve
souvent chez des jeunes adultes ayant souffert d’otites moyennes aiguës à répétition dans
l’enfance. La tympanosclérose est stable ou d’évolution très lente [24].
156
157
Cholestéatome
Le cholestéatome de l’oreille moyenne se définit par la présence d’un épithélium kératinisant
et desquamant au sein des cavités de l’oreille moyenne [27]. C’est une pathologie qui peut
se révéler dangereuse, surtout par les complications potentielles des formes plus évoluées
(méningite, abcès cérébraux, paralysie faciale…). Ces complications potentiellement graves
justifient un traitement chirurgical, qui reste la seule alternative thérapeutique. Jusqu’il y a
peu, la stratégie opératoire se déroulait le plus souvent en deux temps : le premier temps
était dédié à l’exérèse du cholestéatome, et le second était destiné à la reconstruction fonc-
tionnelle et à la recherche de récidives. Celles-ci sont particulièrement fréquentes puisque
certaines séries rapportent jusqu’à 70 % de récidive, même si les nouvelles techniques opé-
ratoires (utilisation de l’endoscopie, comblement de la cavité de mastoïdectomie…) permet-
tent de diminuer sensiblement le taux de récidive [28]. Il faut donc dissocier deux situations
différentes dans le cadre du bilan par imagerie : la mise au point du cholestéatome non
opéré, et le suivi du cholestéatome opéré.
158
159
Troubles de l’équilibre
La mise au point clinique
L’anamnèse est particulièrement cruciale dans la mise au point diagnostique des troubles de
l’équilibre. La chronologie, les symptômes associés, les antécédents éventuels sont autant
d’éléments décisifs pour déterminer avec précision l’origine du vertige. Il est d’ailleurs impor-
tant de définir la notion de vertige comme étant une sensation de déplacement du sujet ou
de son environnement : tout trouble de l’équilibre n’est donc pas spécialement un vertige.
Une mise au point complémentaire vient quasi systématiquement compléter l’anamnèse et
l’examen physique : vidéonystagmoscopie, vidéonystagmographie, potentiels évoqués otoli-
thiques et auditifs. Cette mise au point devra, en regard d’une imagerie éventuelle, surtout
répondre à deux questions : le tableau clinique évoque-t-il une atteinte centrale, et est-ce une
situation d’urgence ?
La prévalence des troubles vestibulaires centraux n’est pas rare puisqu’elle représente 10 à
15 % des vertiges [30]. Il est assez difficile de systématiser les manifestations cliniques d’une
atteinte centrale de l’équilibre. En effet, si la lésion est située juste à l’entrée des voies vesti-
bulaires dans le tronc cérébral, elle aura une sémiologie assez proche d’une atteinte périphé-
rique. Il y a toutefois quelques situations qui évoquent volontiers une atteinte centrale :
- La sensation de rotation verticale est plus volontiers d’origine centrale,
- Présence d’un nystagmus persistant sans vertige,
- Présence d’un nystagmus spontané purement vertical non bloqué par la fixation oculaire,
ou torsionnel,
- Un nystagmus ne correspondant pas au plan du canal semi-circulaire stimulé,
- Des vomissements positionnels sans nystagmus intense,
- Présence de signe neurologique évident (diplopie, dysarthrie, dysphonie, dysmétrie dys-
phagie, dysdiadochocinésie),
- L’association vertiges et céphalées intenses justifie la réalisation d’une imagerie urgente.
Les situations cliniques suivantes sont classées selon la chronologie du vertige, élément
fondamental de la démarche diagnostic (fig. 2).
160
161
162
163
Références
[1] Nash SD, Cruickshanks KJ, Klein R, et al. The prevalence of hearing impairment and associated risk factors:
the Beaver Dam Offspring Study. Arch Otolaryngol Head Neck Surg. 2011; 137(5): 432-9.
[2] Bisdorff A, Bosser G, Gueguen R, Perrin P. The epidemiology of vertigo, dizziness, and unsteadiness and its
links to co-morbidities. Front Neurol. 2013; 4: 29.
[3] Cueva RA. Auditory brainstem response versus magnetic resonance imaging for the evaluation of asymmetric
sensorineural hearing loss. Laryngoscope. 2004; 114(10): 1686-92.
[4] Huang Q, Tang J. Age-related hearing loss or presbycusis. Eur Arch Otorhinolaryngol. 2010; 267(8): 1179-91.
[5] Decat M, Cosnard G. Imaging in sensorineural deafness. Acta oto-rhino-laryngologica Belgica. 2002; 56(4):
335-6.
[6] Pons Y, Ukkola-Pons E, Kossowski M. Surdités Brusques: place de l’imagerie. J radiol 2011; 92(11): 967-71.
[7] Mosnier I, Bouccara D, Sterkers O. Les surdités brusques en 1997 : hypothèses étiopathogéniques, condui-
te à tenir, facteurs pronostiques, traitements. Ann Otolaryngol Chir Cervicofac. 1997; 114(7-8): 251-66.
[8] Chatard-Baptiste S, Martin C, Pouget JF, Veyret C. Surdités brusques : intérêt de l’imagerie. J radiol. 2009;
90(12): 1823-35.
[9] Decat M, Cosnard G, Duprez T, Bauwens N, Gersdorff M. Results of cerebellopontine space imaging by
magnetic resonance during one year. Acta Otorhinolaryngol Belg. 2000; 54(4): 437-41.
[10] Cadoni G, Cianfoni A, Agostino S, et al. Magnetic resonance imaging findings in sudden sensorineural hea-
ring loss. J Otolaryngol. 2006; 35(5): 310-6.
[11] Aarnisalo AA, Suoranta H, Ylikoski J. Magnetic resonance imaging findings in the auditory pathway of
patients with sudden deafness. Otol Neurotol. 2004; 25(3): 245-9.
[12] Richardson MP, Reid A, Tarlow MJ, Rudd PT. Hearing loss during bacterial meningitis. Arch Dis Child. 1997;
76(2): 134-8.
[13] Beijen J, Casselman J, Joosten F, et al. Magnetic resonance imaging in patients with meningitis induced
hearing loss. Eur Arch Otorhinolaryngol. 2009; 266(8): 1229-36.
[14] Mahboubi H, Dwabe S, Fradkin M, Kimonis V, Djalilian HR. Genetics of hearing loss: where are we standing
now? Eur Arch Otorhinolaryngol. 2012; 269(7): 1733-45.
[15] Chen W, Meyer NC, McKenna MJ, et al. Single-nucleotide polymorphisms in the COL1A1 regulatory regions
are associated with otosclerosis. Clin genet. 2007; 71(5): 406-14.
[16] Thomassin JM, Collin M, Bailhache A, Dessi P, Rodriguez F, Varoquaux A. Otospongiose. EMC - Oto-
rhino-laryngologie. 2010; 5(2): 1-15.
[17] Vicente Ade O, Yamashita HK, Albernaz PL, Penido Nde O. Computed tomography in the diagnosis of otos-
clerosis. Otolaryngol Head Neck Surg. 2006; 134(4): 685-92.
[18] Shin YJ, Deguine O, Cognard C, Sevely A, Manelfe C, Fraysse B. Fiabilité du scanner dans le diagnostic
des surdités de transmission à tympan normal. Rev Laryngol Otol Rhinol (Bord). 2001; 122(2): 81-4.
[19] Veillon F, Fraysse B, Escudé B, Deguine O, Robier A. Surdités de transmission et mixte à tympan normal de
l’adulte. In: Martin C. Imagerie de l’oreille et du rocher, SFORL 2010; 6: 95-139.
[20] De Brito P, Metais J, Lescanne E, Boscq M, Sirinelli D. Hypodensité tomodensitométrique péricochléaire:
variante de la normale chez l’enfant. J radiol. 2006; 87: 655-9.
[21] American Academy of Family Physicians, American Academy of Otolaryngology-Head and Neck Surgery,
American Academy of Pediatrics Subcommittee on Otitis Media With Effusion Otitis media with effusion. Pediatrics.
2004; 113(5): 1412-29.
164
[22] Glynn F, Keogh IJ, Ali TA, Timon CI, Donnelly M. Routine nasopharyngeal biopsy in adults presenting with
isolated serous otitis media: is it justified? J Laryngol Otol. 2006; 120(6): 439-41.
[23] Ayache D, Trabalzini F, Bordure P, et al. Serous otitis media revealing temporal en plaque meningioma. Otol
Neurotol. 2006; 27(7): 992-8.
[24] Tran Ba Huy P. Otites moyennes chroniques. Histoire élémentaire et formes cliniques. EMC - Oto-rhino-
laryngologie. 2005; 2(1): 26-61.
[25] Gormley PK. Stapedectomy in tympanosclerosis. A report of 67 cases. Am J Otol. 1987; 8(2): 123-30.
[26] Blevins NH, Carter BL. Routine preoperative imaging in chronic ear surgery. Am J Otol. 1998; 19(4): 527-35;
discussion 35-8.
[27] Olszewska E, Wagner M, Bernal-Sprekelsen M, et al. Etiopathogenesis of cholesteatoma. Eur Arch
Otorhinolaryngol. 2004; 261(1): 6-24.
[28] Thomassin JM, Korchia D, Doris JM. Endoscopic-guided otosurgery in the prevention of residual cholestea-
tomas. Laryngoscope. 1993; 103(8): 939-43.
[29] De Foer B, Vercruysse JP, Spaepen M, et al. Diffusion-weighted magnetic resonance imaging of the tempo-
ral bone. Neuroradiology. 2010; 52(9): 785-807.
[30] Perrin P, Vibert D, Van Nechel C. étiologies des vertiges. EMC Oto-rhino-laryngologie. 2011; 20-200-A10.
[31] Schuknecht HF, Kitamura K. Second Louis H. Clerf Lecture. Vestibular neuritis. Ann Otol Rhinol Laryngol
Suppl. 1981; 90(1 Pt 2): 1-19.
[32] Lee H, Sohn SI, Cho YW, et al. Cerebellar infarction presenting isolated vertigo: frequency and vascular topo-
graphical patterns. Neurology 2006; 67(7): 1178-83.
[33] Sacco RL, Freddo L, Bello JA, Odel JG, Onesti ST, Mohr JP. Wallenberg’s lateral medullary syndrome.
Clinical-magnetic resonance imaging correlations. Arch Neurol. 1993; 50(6): 609-14.
[34] Bertholon P, Faye MB, Gentine A, Barral FG. Le vertige sans surdité. In: Martin C. Imagerie de l’oreille et du
rocher, SFORL 2010; 6: 246-50.
[35] Nakashima T, Naganawa S, Pyykko I, et al. Grading of endolymphatic hydrops using magnetic resonance
imaging. Acta Otolaryngol Suppl. 2009(560): 5-8.
[36] Naganawa S, Yamazaki M, Kawai H, Bokura K, Sone M, Nakashima T. Visualization of endolymphatic hy-
drops in Meniere’s disease with single-dose intravenous gadolinium-based contrast media using heavily T(2)-
weighted 3D-FLAIR. Magn Reson Med Sci. 2010; 9(4): 237-42.
[37] Neuhauser H, Leopold M, von Brevern M, Arnold G, Lempert T. The interrelations of migraine, vertigo,
and migrainous vertigo. Neurology. 2001; 56(4): 436-41.
[38] Mackle T, Rawluk D, Walsh RM. Atypical clinical presentations of vestibular schwannomas. Otol Neurotol.
2007; 28(4): 526-8.
165
S. Louryan
Laboratoire d’Anatomie, Biomécanique et Organogenèse - ULB Faculté de Médecine -
Route de Lennik, 808 (CP 619) - B- 1070 Bruxelles
1
Correspondant à une mutation du gène TCOF1 du chromosome 5, codant pour la protéine “Treacle”. Transmission
autosomique dominante.
2
Multifactoriel.
167
168
L’otospongiose est une dystrophie affectant les couches squelettiques de la capsule otique.
Celle-ci s’ossifie via 14 centres d’ossifications différents (fig. 6), qui sont amenés à fusionner
progressivement. Une zone cartilagineuse, non ossifiée, persiste en avant de la fenêtre ovale,
la fossula (ou fissura) ante fenestram (fig. 7). A partir de cette zone peuvent se développer
des îlots de tissu dysplasique s’étendant vers la platine et synostosant celle-ci à la fenêtre
169
Fig. 5 : Ectopie du nerf facial dans la fosse ovale, “comblant” l’arche de l’étrier.
170
171
Des lésions morphologiquement semblables sont relevées dans une des formes de l’ostéo-
genèse imparfaite, la maladie de Lobstein. L’otospongiose connaît une prévalence d’environ
1 %. La transmission est essentiellement génétique, avec un sex-ratio de 3/2 en faveur des
femmes et une prédominance dans les populations du pourtour méditerranéen. Dans le cas
d’otospongiose à manifestation exclusivement platinaire, le diagnostic différentiel doit s’opé-
rer avec les fixations platinaires congénitales et autres malformations de l’étrier.
172
173
Anomalies “asculaires”
Il arrive encore que l’examen clinique démontre la présence d’éléments anormaux derrière le
tympan. Il s’agit soit de vaisseaux anormaux, soit de chémodectomes (tumeurs glomiques,
développées aux dépens du glomus tympanique). Ces lésions peuvent donner une coloration
anormale au tympan (tympan “bleu”) ou le rendre pulsatile.
Les vaisseaux “anormaux” peuvent correspondre à des carotides internes aberrantes traver-
sant l’oreille moyenne (fig. 13), correspondant en fait à des suppléances (notamment aux
dépens de l’artère tympanique inférieure, empruntant le canal de Jacobson), en réponse à
une agénésie d’un segment de la carotide. Il peut aussi s’agir d’une persistance de l’artère
stapédienne 3.
Dans les tumeurs glomiques de l’oreille moyenne, on peut aussi observer un élargissement
du canal de Jacobson (fig. 14) en raison de l’implication de l’artère tympanique inférieure
dans la vascularisation tumorale.
3
On lira avec profit, à ce sujet, le petit ouvrage suivant : Moret J. La vascularisation de l’appareil auditif.
J. Neuroradiology, 1982, 9: 209-260.
174
175
Références
Bast TH. Ossification of the otic capsule in human fetuses. Carnegie Contributions to Embryology 1930; 121: 53-82.
Doden E, Halves R. On the functional morphology of the human petrous bone. Am J Anat 1984; 169: 451-62.
Louryan S. Modern imaging of petrous bone malformations: improvement for clinical-embryological correlations. Int
J of pediatric Otolaryngology 199; 49 suppl. 1: S213-S221.
Markou K, Goudakos J. An overview of the etiology of otosclerosis. Eur Arch Otolaryngology 2009; 266: 25-35.
Phelbs PD, Lloyd GAS. Diagnostic imaging of the ear. 2nd edition. London, 1990, Springer.
Rovsing H. Otosclerosis. A tomographic-clinical study. Acta Radiologica Supplementum 1970; 296: 1-145.
Schuknecht HF. Pathology of the ear. 2nd edition. Philadelphia, 1993, Lea and Febiger.
Swartz JD, Loevner LA. Imaging of the temporal bone. 4th edition. New York, 2009, Thieme.
Veillon F. Imagerie de l’oreille. Paris, 1991, Flammarion.
176
Introduction
Un cholestéatome est un “sac” bordé d’épithélium squameux et rempli de produit de desqua-
mation, à savoir de la kératine. Les cholestéatomes peuvent être congénitaux ou acquis et ils
sont le plus souvent (mais pas uniquement) localisés dans l’oreille moyenne. Le cholestéa-
tome grandit lentement au sein de l’oreille moyenne, le plus souvent, ou au sein de toute
autre zone pneumatisée de l’os pétreux. Il va progressivement exercer un effet “masse”
érodant les structures osseuses adjacentes. Ceci conduit à une lyse des structures ossiculai-
res, des parois osseuses de la cavité tympanique, des coques osseuses des canaux semi-
circulaires, voire de la mastoïde. Ces lyses sont, soit liées à l’effet direct du cholestéatome,
soit liées à la composante d’otite moyenne inflammatoire ou infectieuse parfois associée au
cholestéatome du fait de l’altération de la ventilation de l’oreille moyenne.
Types de cholestéatome
Congénital
Le cholestéatome congénital est d’origine embryonnaire. Il est dû à une inclusion de cellules
d’origine épithéliale embryonnaire au cours du développement fœtal. Il représente 1 à 5 %
des cholestéatomes diagnostiqués au sein de l’os temporal [1]. On parle de cholestéatome
congénital si le tympan est intact, la mastoïde bien aérée et qu’il n’y a pas d’histoire anté-
rieure d’otite ou de traumatisme. Ils peuvent s’observer dans l’oreille moyenne (le plus sou-
vent) (fig. 1), l’apex pétreux, la mastoïde, voire même le conduit auditif externe (fig. 2). Dans
l’oreille moyenne, le cholestéatome congénital survient plus volontiers dans la partie anté-
rieure de la caisse. Des inclusions de cellules épithéliales embryonnaires de même type
peuvent également survenir au niveau intradural, au niveau de l’angle ponto-cérébelleux
(fig. 3) et de la fosse cérébrale moyenne, mais portent alors le nom de kyste épidermoïde [2].
De façon beaucoup plus rare, on peut également en observer au niveau de la diploé (fig. 4),
entre les 2 couches d’os compact de la voûte osseuse crânienne [3].
177
Fig. 1 : Cholestéatome congénital chez un enfant de 5 ans. CTscan, coupe axiale et coronale de l’oreille droite (OD) :
opacité tissulaire arrondie (flèches) située en regard du promontoire, correspondant à un cholestéatome congénital.
Fig. 3 : Kyste épidermoïde de l’angle ponto-cérébelleux D. IRM, coupes ax T2 (A), diffusion (B), T1 post Gd (C). Le
kyste épidermoïde de l’apex pétreux droit (flèches) se comporte de façon similaire au cholestéatome. Il présente un
hypersignal T2, un hypersignal franc en diffusion et ne se rehausse pas après injection de gadolinium.
178
Fig. 4 : Kyste épidermoïde de la diploé G. IRM, coupes ax T2 (A), diffusion (B), T1 post Gd (C) : kyste épidermoïde
(flèches) de la diploé frontopariétale G présentant un franc hypersignal en diffusion, un hypersignal T2 et ne se re-
haussant pas après injection de Gadolinium. Ce kyste exerce un effet de masse sur les structures cérébrales sous-
jacentes et induit un engagement sous-falcoriel vers la droite.
Acquis
Le cholestéatome acquis (fig. 5) est le plus fréquent. Plusieurs théories existent sur sa patho-
physiologie. Parmi les plus fréquentes, on retrouve des théories liées à la pénétration de
cellules épithéliales épidermiques secondaire à une perforation tympanique ou au dévelop-
pement d’une poche de rétraction. Il constitue 95 à 99 % des cholestéatomes de l’os tempo-
ral. Il existe une prédisposition héréditaire pour ce type de cholestéatome qui peut survenir à
tous les âges voir de façon bilatérale (13 % des cas). Chez les enfants, il peut se présenter
sous une forme plus envahissante notamment au départ de la pars flaccida. Il y a par ailleurs
une prédominance masculine [4] tant pour les cholestéatomes acquis que congénitaux. Les
cholestéatomes acquis de l’oreille moyenne peuvent se développer aux dépens de la pars.
flaccida ou (moins fréquemment) aux dépens de la pars tensa. Les récidives postopératoires
ne sont pas rares (fig. 6 et 7).
Ils s’observent rarement au sein de l’apex pétreux ou de la mastoïde initialement, ces sites
correspondant plus souvent à une zone d’extension secondaire ou de récidive (fig. 8 et 9).
179
Fig. 5 : Cholestéatome acquis. CTscan, coupes coronales obliques et axiales de l’oreille gauche (OG) : opacité tissu-
laire comblant la région atticale avec lyse du tegmen (flèche noire), proximité avec le VII 2 (flèche blanche), lyse
ossiculaire et discontinuité de la paroi mastoïdienne postérieure (double flèche noire).
A
Fig. 6 : Cholestéatome de l’OG. IRM, coupes coronale T2 (A),
diffusion (B) et T1 post Gd (C) démontrant une récidive de
cholestéatome (flèches) au sein d’un comblement de l’oreille
moyenne. Cette récidive se présente sous forme d’un hyper-
signal T2, hypersignal diffusion et hyposignal T1 post Gd.
180
Fig. 7 : Récidive de cholestéatome chez un patient avec des ATCD de cholestétome D opéré à 3 repri-
ses, avec clinique d’otorrhée. IRM, coupes coronales, DWI (A) et T1 Gd (B) : récidive de cholestéatome
sous forme d’une formation oblongue hypersignale en diffusion et ne se rehaussant pas après injection
de Gd (flèches).
Clinique
Les symptômes cliniques les plus fréquents du cholestéatome sont l’otorrhée fétide, l’hypoa-
cousie et parfois l’otorragie. À l’examen otoscopique, il se présente sous la forme d’une lésion
blanche nacrée en association avec une poche de rétraction ou une perforation marginale.
Présentation radiologique
CT Scanner
Le CT scanner reste l’imagerie de dépistage initial. Le cholestéatome se présente sous la
forme d’une lésion tissulaire, circonscrite et homogène dans l’oreille moyenne (majoritaire-
ment bien que pas exclusivement). Dans 20 % des cas, il se présente sous la forme d’une
lésion arrondie, typique. Dans 56 % des cas, il se présente sous la forme d’une plage à bord
convexe dans tous les plans et dans 24 % des cas sous un aspect autre, non spécifique. Il
peut parfois présenter une extension au sein de l’apex pétreux (fig. 8 et 9).
181
Fig. 8 : Récidive de cholestéatome avec extension majeure chez une patiente présentant des ATCD d’otomastoïdite,
de cholestéatome et de méningite, avec actuellement une otorrhée purulente chronique droite. CTScan, coupes
axiales et coronales : Opacités tissulaires étendues à l’oreille moyenne, l’apex pétreux (flèche blanche), la mastoïde,
avec lyses osseuses (tegmen, paroi mastoïdienne postérieure, paroi antéro-supérieure, paroi du canal carotidien) et
absence d’oreille interne résiduelle.
182
Le scanner permet par ailleurs d’évaluer quel est le degré de comblement/aération de l’oreille
moyenne et de la mastoïde, mais également le retentissement sur les structures osseuses
adjacentes. Il faut en effet rechercher une érosion du mur de l’attique, de la chaîne ossicu-
laire (fig. 10), des coques osseuses des canaux semi-circulaires (fig. 11A), du mur de l’atti-
que, du canal du facial, de la mastoïde (fig. 12) ainsi que des parois de la caisse en particulier
du tegmen (fig. 11B). Au niveau de la chaîne ossiculaire, c’est la longue apophyse de l’en-
clume qui est la plus souvent atteinte.
Fig. 10 : Lyse ossiculaire dans le cadre d’un cholestéatome. A, B) CT scan, coupe axiale normale (A) et pathologique
(B) passant par la région atticale. Lyse de la quasi-totalité de la tête du marteau et d’une grande partie du corps de
l’enclume sur l’image B (flèches).
Fig. 11 : Lyses osseuses dans le cadre de cholestéatomes. CTscan, coupe axiale (A) : lyse de la coque osseuse d’un
canal semi-circulaire D (flèche). CTscan, coupe coronale (B) : lyse osseuse du tegmen (flèche)
183
IRM
Bien que le scanner reste l’examen de dépistage initial, l’IRM a toute son utilité lorsque le
scanner est ambigu ou lors des suspicions de récidives au sein d’oreille déjà précédemment
opérée ou à tympan remanié. Cette imagerie repose principalement sur la réalisation d’une
séquence de diffusion (DWI) avec calcul de l’ADC ainsi que sur une imagerie anatomique T2
et/ou T1 ± Injection de Gadolinium (fig. 13). Le plan d’acquisition de la séquence de diffusion
peut être coronal ou axial en fonction de la préférence et l’habitude du radiologue, même si
la réalisation du plan coronal et plus fréquent dans la littérature.
Actuellement, il est bien établi que la diffusion TSE est supérieure à la diffusion EPI classique
telle que réalisée couramment en imagerie encéphalique [5] (Voir également chapitre de
T. Metens).
En effet, avec la diffusion EPI, la limite inférieure de détection du cholestéatome est de 5 mm,
du fait d’une résolution basse, de coupes plus épaisses, d’artéfacts curvilinéaires liés à l’in-
terface air/os/parenchyme au niveau de la région de l’os temporal, induisant une distorsion
[5]. Il n’y a donc généralement pas de faux positif, la lésion devant présenter une certaine
taille afin d’être détectée, mais bien des faux négatifs.
Avec la diffusion TSE, la durée d’acquisition est plus longue, mais la limite de détectabilité
des lésions se situe autour de 2 mm (fig. 14). La résolution est meilleure avec ce type de
diffusion, de plus les coupes réalisées sont plus fines avec une disparition des artéfacts
curvilinéaires tels qu’observés avec la diffusion EPI [5].
Fig. 13 : Cholestéatome. IRM coupes coronales T2 (A), DWI (B), T1 Gd (C) et ADC (D) visualisant
un cholestéatome du rocher D (flèches) hypersignal T2 et diffusion, hyposignal en ADC, et ne se
rehaussant pas après injection de Gadolinium.
184
Fig. 14 : Patient avec ATCD opératoire du rocher D. Clinique d’otalgie D. CTscan, coupe axiale (A) : comblement peu
spécifique de la cavité d’intervention avec niveau hydroaérique (flèche). IRM, coupe coronale DWI (B) : démontre une
petite récidive de cholestéatome (flèche), de quelques millimètres, limitée par rapport au comblement visalisé au CT.
185
- La procidence du VII2
- Le granulome à cholestérine (fig. 17) [4]
- La tumeur glomique tympanique [4]
- Le schwannome et l’hémangiome du nerf facial [4]
Fig. 15 : IRM, coupes coronales T2 (A), diffusion (B) et T1 après Gd (C) : Comblement fibrotique/inflammatoire du
rocher D chez un patient avec des ATCD de cholestéatome opéré de l’OD, sans récidive.
186
Fig. 17 : Granulome à cholestérine. IRM, coupe axiale T1 (A) et coronale T2 (B) démontrant un
granulome à cholestérine sous la forme d’une lésion (flèches) spontanément hypersignale T1 et
hypersignale T2. Zones hyposignales au sein de la lésion et de la périphérie de celle-ci en T2,
suggérant des résidus d’hémosidérine découlant d’une hémorragie ancienne.
Complications
Différentes complications peuvent se présenter, en rapport avec le développement d’un
cholestéatome.
En effet, la lyse des parois de la caisse et en particulier du tegmen, peut conduire au déve-
loppement d’une méningite, d’un abcès épidural ou d’un abcès cérébral (fig. 18) en permet-
tant la propagation de germes en intracrânien. L’atteinte de la chaîne ossiculaire peut être
responsable d’une surdité de transmission. L’atteinte du canal osseux du nerf facial (2e por-
tion) ou l’atteinte du ganglion géniculé peuvent être à la base du développement d’une para-
lysie faciale. La lyse de la mastoïde peut, quant à elle, conduire au développement d’une
thrombose du sinus veineux sigmoïde (fig. 19). Enfin, l’érosion des coques osseuses des
canaux semi-circulaires peut être responsable de la survenue d’une fistule labyrinthique ou
d’une labyrinthite.
187
Fig. 19 : Enfant de 10 ans avec cholestéatome de l’OD. CT, coupe axiale (A) : cholestétaome se manifestant par une
opacité tissulaire comblant l’oreille moyenne D avec lyse ossiculaire et amincissement marqué de la paroi mastoï-
dienne postérieure (flèche). IRM coupe axiale DWI (B), reconstructions d’une acquisition 3D PCA (C) et coupe axiale
T1 (D) : Confirmation du volumineux cholestéatome sous la forme d’un hypersignal DWI (flèche courte) avec throm-
bose du sinus latéral et sigmoïde D (flèches longues).
188
Références
[1] Nevoux J, Lenoir M, Roger G, Denoyelle F, Ducou Le Pointe H, Garabédian EN. Childhood cholesteatoma.
Eur Ann Otorhinolaryngol Head Neck Dis 2010: 127(4): 143-50.
[2] De Foer B, Vercruysse JP, Spaepen M, Somers T, Pouillon M, Offeciers E, Casselman JW. Diffusion-
weighted magnetic resonance imaging of the temporal bone. Neuroradiology 2010, 52 : 785-807.
[3] Akhaddar A, Gazza M, El Mostachid B, Kadiri B, Lrhezioui J, Boucetta M. Giant epidermoid cyst of the
skull with extra and intracranial extension. A case report. J Neuroradiol 2002, 29(3): 193-9.
[4] Barath K, Huber AM, Stämpfli P, Varga Z, Kollias S. Neuroradiology of cholesteatomas. AJNR 2011, 32:
221-9.
[5] De Foer B, Vercruysse J-P, Pilet B, Michiels J, Vertriest R, Pouillon M, Somers T, Casselman JW,
Offeciers E. Single-shot, turbo spin-echo, diffusion-weighted imaging versus spin-echo planar, diffusion-wighted
imaging in the detection of acquired middle ear cholesteatoma. AJNR 2006, 27: 1480-2.
[6] Dubrulle F, Souillard R, Chechin D, Vaneecloo FM, Desaulty A, Vincent C. Diffusion-weighted MR ima-
ging sequence in the detection of postoperative recurrent cholesteatoma. Radiology 2006, 238 (2) : 604-10.
[7] De Foer B, Vercrysse JP, Berbaerts A et al. Middle ear cholesteatoma: non-echo planar diffusion-weighted
MR imaging versus delayed gadolinium-enhanced T1-weighted MR imaging-Value in detection. Radiology 2010,
255: 866-72.
[8] W Thiriat S, Riehm S, Kremer S, Martin E, Veillon F. Apparent diffusion coefficient values of middle ear
cholesteatoma differ from abscess and cholesteatoma admixed infection. AJNR 2009, 30: 1123-6.
189
www.livres-medicaux.com
sauramps
médical