Les Défis de La Francophonie

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LES DÉFIS DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE ET LINGUISTIQUE EN

FRANCOPHONIE

Trang T. H. Phan

Éditions Choiseul | « Géoéconomie »

2010/4 n° 55 | pages 57 à 70
ISSN 1620-9869
ISBN 9782362590009
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-geoeconomie-2010-4-page-57.htm
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Les défis de la diversité
culturelle et linguistique
en francophonie

Trang T. H. Phan
Maître de conférences associée, mention « francophonie » à l’Institut pour l’étude de
la francophonie et de la mondialisation (université Jean Moulin Lyon iii), responsable
pédagogique du master 2 de sciences politiques et relations internationales, spécialité
« francophonie et mondialisation ».
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La diversité est inhérente à la francophonie. Il suffit pour s’en convaincre,
de regarder de près l’extraordinaire mosaïque des pays francophones sur
les cinq continents.

Outre la diversité liée à la nature, il est à souligner qu’il existe une grande
diversité culturelle, linguistique et politique dans les pays francophones. On
y trouve, de même, plusieurs religions et pratiques religieuses (animisme,
bouddhisme, christianisme, islam, judaïsme, etc.), de nombreuses cultures et
langues du fait du grand nombre de peuples et d’ethnies qu’elle rassemble.
Elle est l’exemple par excellence de la diversité linguistique. De très
nombreuses langues sont, en effet, parlées en francophonie, surtout en
Afrique comme par exemple au Cameroun où plus de 200 langues en usage
ont été recensées. De plus, les populations francophones du Sud francophone
sont majoritairement plurilingues (en Afrique subsaharienne et dans le
monde arabe en particulier). Les habitants des pays francophones ne sont
pas tous des parlants français. En réalité, il y a environ 200 millions de

Géoéconomie | Automne 2010


Trang T. H. Phan

francophones et francophones partiels dans le monde pour une population


totale de 870 millions d’habitants dans l’espace francophone incluant les
14 pays observateurs  1. À part la France et Monaco où le français est à
la fois la seule langue officielle et la langue d’usage presque exclusive,
le français n’est souvent parlé que par une minorité dans les autres pays.
Il côtoie les langues nationales, régionales ou locales appelées « langues
partenaires du français ». Il s’avère que les francophones hors de la France
sont souvent bilingues, voire polyglottes du fait de l’existence des langues
locales en usage. La francophonie est un laboratoire à l’échelle du monde
du multilinguisme.

Quant à la diversité politique en francophonie, si on considère que la


culture comprend aussi, entre autres, la manière de faire la politique, il est
évident qu’il y existe des structures et organisations variées. On y trouve
plusieurs régimes et organisations politiques étatiques (État unitaire, État
fédéral) et infra-étatiques (régions, provinces, cantons, etc.). La plupart
des pays francophones adoptent le régime républicain qui se décline, pour
certains, en république socialiste ou en république islamiste. Il y aussi des
monarchies comme c’est le cas du Maroc, de la Belgique et du Cambodge.
58 Le multipartisme n’est pas exclusif en francophonie où il existe aussi des
régimes à parti unique. Il est évident que le monde francophone doit dépasser
ses clivages et différences pour arriver à des consensus chers à l’esprit
francophone de « l’unité dans la diversité ».

Cette diversité spécifique de la francophonie est bien entendu sa richesse


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car sa voix dans le monde est d’autant plus forte qu’elle représente la
multilatéralité des points de vue et des cultures.

La diversité culturelle comme combat et mission


stratégique de la Francophonie

La Francophonie refuse que les biens et services culturels soient assimilés


à des marchandises comme les autres. Elle a joué un rôle de précurseur
dans ce dossier, et a fait de la diversité culturelle une priorité stratégique
de son action.

En ce qui concerne le combat pour la diversité culturelle, les pays


francophones ont été les fers de lance de « l’exception culturelle ». C’est

1.  www.francophonie.org
Les défis de la diversité culturelle et linguistique en francophonie

dans le cadre des négociations du cycle d’Uruguay (1986-1994) au sein


du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce) que la
France, le Canada, la Communauté européenne et la Francophonie se sont
opposées à l’application du principe de libéralisation du commerce et des
investissements au domaine de la culture. Pour ces derniers, « la culture n’est
pas un produit comme les autres », d’où l’expression « exception culturelle »
signifiant qu’il convient d’accorder une dérogation pour les biens et services
culturels dans le cadre de l’Organisation internationale du commerce (OMC).
Finalement, le GATT accordera cette exception culturelle pour dix ans
entre 1995 et 2005. Les États-Unis avaient une position exactement contraire.
« Cela s’explique, car la puissance financière, économique, technologique,
productrice américaine domine le monde dans le domaine culturel,
notamment audiovisuel à un point tel que la libéralisation des échanges
avec son corollaire, l’ouverture des marchés, aurait donné un avantage
certain quasi définitif aux Américains. L’Europe d’abord réticente à la thèse
franco-canadienne finit par refuser, en 1993, d’ouvrir son domaine culturel
au marché, ce qui aurait entraîné le démantèlement de tous les systèmes
existants d’aide à la production cinématographique et audiovisuelle. Ce refus
a permis aux pays européens de conserver leurs politiques de quotas de
diffusion à la radio, et d’aides financières à la production et à la distribution, 59
en particulier dans l’industrie cinématographique  2 ».

C’est dans ce contexte qu’au Sommet de Maurice, en octobre 1993, 47 États


et gouvernements francophones faisaient prévaloir le respect de « l’exception
culturelle  3 ». Cette expression jugée trop restrictive fut remplacée plus tard
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par le concept plus dynamique de « diversité culturelle ». « Il ne s’agit plus
en effet de réclamer une exemption commerciale, mais de construire un
droit nouveau dans le domaine culturel, un droit positif  4 ».

En 1999, au Sommet francophone de Moncton (Nouveau-Brunswick/


Canada), les chefs d’État et de gouvernement ont affirmé le droit pour
chaque État et gouvernement de définir librement ses politiques culturelles.

2.  C. Valantin, Une histoire de la Francophonie (1970-2010), de l’Agence de coopération


culturelle et technique à l’Organisation internationale de la Francophonie, Paris, éd. Belin,
pp. 109-110.
3.  Le président de la République française, François Mitterrand, dans son discours devant les
autres chefs d’État et de gouvernement francophones, souligna qu’« il serait désastreux d’aider
à la généralisation d’un modèle unique. Ce que les régimes totalitaires, finalement, n’ont
pas réussi à faire, les lois de l’argent alliées aux forces de techniques vont-elles y parvenir ?
Les créations de l’esprit ne peuvent être assimilées à de simples marchandises… », Paris,
Secrétariat de la conférence, Actes de la 5e conférence des chefs d’État et de gouvernements
des pays ayant le français en partage, 1994, p. 167.
4.  C. Tréan, La Francophonie, Paris, éd. Cavalier Bleu, 2006, p. 67.
Trang T. H. Phan

Le 15 juin 2001, à l’issue de la 3e conférence ministérielle sur la culture


organisée à Cotonou, les ministres ont, pour la première fois, appelé à la
création d’un instrument juridique contraignant sur la diversité culturelle.
L’idée de diversité culturelle a été précisée : après une mise en garde
« contre un repli protectionniste qui serait contradictoire avec la vocation
émancipatrice de la culture », les ministres ont, en effet, déclaré « que les
biens et services culturels, parce qu’ils sont porteurs de l’identité des peuples
et qu’ils concourent à l’épanouissement des personnes doivent faire l’objet
d’un traitement spécifique ». Par ailleurs, considérant que la promotion et la
préservation de la diversité culturelle étaient plus que jamais nécessaires, les
ministres ont estimé que, pour y parvenir, « la Francophonie doit (en) appuyer
le principe d’un cadre réglementaire international à caractère universel   5».
Elle permettrait aux États de maintenir, d’établir et de développer des
politiques de soutien à la diversité culturelle. Il en va, selon eux, de la paix
dans le monde : à titre d’exemple, les conflits sanglants des années 1990
dans les Balkans et au Rwanda en constituent un tragique témoignage.

Le texte de Cotonou inspirera la Déclaration sur la diversité culturelle


adoptée par acclamation à l’unanimité par l’UNESCO le 2 novembre 2001.
60 Elle affirme que la diversité culturelle constitue « le patrimoine commun
de l’humanité » et que « le respect de la diversité des cultures, la tolérance,
le dialogue et la coopération sont un des meilleurs gages de la paix et de
la sécurité internationales ».

Ce n’était qu’une déclaration non contraignante, mais elle fut le point de


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départ d’une bataille qui dura quatre ans, particulièrement âpre du fait du
retour nécessaire à l’UNESCO des États-Unis. La Francophonie anima sans
relâche la mobilisation internationale à tous les niveaux (instances publiques,
privées et professionnelles, ONG, écrivains, artistes, intellectuels, sociétés
d’auteur, syndicats, etc.). Tandis que la France et le Canada réunissaient
au sein du RIPC (Réseau international des politiques culturelles) une
cinquantaine de ministres de la Culture, le 4 avril 2003, à Mexico, les
secrétaires généraux de l’OEI (Organisation des États ibéro-américains), de
l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie) et de l’Union latine
adoptaient une déclaration soutenant au niveau de leurs pays membres « la
négociation d‘une Convention internationale sur la diversité culturelle dans
le cadre de l’UNESCO  6 ».

5.  Conférence ministérielle de la Francophonie sur la culture, Déclaration de Cotonou,


Cotonou, 15 juin 2001.
6.  Déclaration sur la diversité culturelle, actes du IIe Colloque international des trois espaces
linguistiques, Mexico, 2-4 avril 2003, pp. 255-256.
Les défis de la diversité culturelle et linguistique en francophonie

Au Sommet de Beyrouth en 2002, la diversité culturelle s’est inscrite


dans le thème du Sommet qui était le dialogue des cultures. Il s’agit, tout en
reconnaissant la spécificité de chaque culture et leur droit à la différence,
de ne pas les momifier, les figer en tant que cultures musées mais au
contraire de les entraîner vers la modernité à partir d’une double démarche
d’innovation propre et d’ouverture par un nécessaire contact avec d’autres
cultures et les mouvements universels. Dès le Sommet de Beyrouth, les pays
francophones ont pris position en faveur de l’élaboration d’une Convention
internationale contraignante sur la diversité culturelle retirant la culture
de l’OMC. Rappelons que sous la pression des grandes majors d’Hollywood
et malgré une décision unanime adoptée au sein de l’UNESCO lors de son
Assemblée générale de fin 2003, et donc votée par eux, les États-Unis ont
cherché à faire échec par tous les moyens à cette position et, en particulier,
en concluant des accords économiques bilatéraux de libre-échange incluant
les produits et services culturels. Une course de vitesse était donc engagée
entre les États-Unis ainsi que les tenants du libéralisme en matière culturelle
et ceux qui, au nom de la diversité, voulaient tout le contraire pour pouvoir
faire bénéficier leurs industries culturelles de quotas et de subventions
comme l’ont fait, avec succès d’ailleurs, la France et le Québec en particulier
pour leur cinéma. 61

En 2004, au Sommet de Ouagadougou consacré au thème du développement


durable, un premier Cadre stratégique décennal de la Francophonie a été
adopté pour mieux clarifier les missions et principes d’action de l’ensemble
des acteurs institutionnels francophones. Parmi les quatre missions phares
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retenues, la première concerne la promotion de la langue française et de
la diversité culturelle et linguistique. Il faut souligner que des décisions
liées à la culture sont une des constantes des sommets francophones. Pour
remplir cette première mission, la Francophonie se devait, entre autres, de
poursuivre la mobilisation des États en faveur de l’adoption à l’UNESCO et
de la mise en œuvre d’une Convention qui assure effectivement la protection
et la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques.

Le 20 octobre 2005, la conférence générale de l’UNESCO adoptait après


de longues tractations où la Francophonie joua un rôle déterminant, la
Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions
culturelles. Pour la Francophonie, il s’agissait d’une belle victoire. Elle a pu
exercer à cette occasion une influence mondiale et jouer pleinement son
rôle de pôle de dialogue interculturel.
Trang T. H. Phan

Les questions en suspens

Au tournant du XXIe siècle, la Francophonie se tourne résolument vers les


défis de la mondialisation. Heureuse coïncidence, les valeurs de diversité, de
dialogue, de solidarité et de liberté qu’elle défend répondent bien au besoin
d’une autre mondialisation, une mondialisation humaniste. En clair, elle est
une alternative à la mondialisation libérale d’aujourd’hui.

En matière de diversité, la Francophonie peut se targuer d’avoir joué son


rôle de chef de file dans la reconnaissance internationale de la diversité
culturelle comme bien commun de l’Humanité tout comme dans le combat
pour l’adoption de la Convention internationale sur la protection et la
promotion des expressions culturelles. Cependant, entre l’adoption de la
Convention et sa mise en œuvre effective, le chemin est semé d’embûches.
Cette Convention concerne les expressions culturelles, et laisse, de ce fait,
le domaine des langues en suspens. Or, les langues reflètent l’identité d’un
peuple. Elles sont parties intégrantes des cultures. La diversité linguistique
est consubstantielle à la diversité culturelle.

62 Par ailleurs, la promotion de la diversité, pour être efficace, doit être menée
sur plusieurs fronts. En particulier, la solidarité francophone en matière de
diversité culturelle et linguistique doit avoir aussi pour objectif d’aider à
l’essor des industries culturelles du Sud francophone qui font largement
défaut actuellement. Les industries culturelles s’imposent donc comme un
chantier prioritaire en économie de la culture.
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La Convention internationale sur la protection et la promotion
des expressions culturelles, une demi-victoire ?

La double question qui se pose alors est celle de savoir comment l’UNESCO
saura relever les défis posés par la diversité culturelle dans le sens le plus
large de l’expression, et comment les signataires de la Convention pourront
réconcilier le principe du traitement national promu et défendu à l’OMC
avec les dispositions de l’article 6 de la Convention.

En vertu du principe du traitement national, un gouvernement ne peut


adopter de mesure susceptible d’introduire une discrimination à l’encontre
d’un investisseur ou d’un producteur étranger. Pourtant, l’article 6 de la
Convention établit que « chaque partie peut adopter des mesures destinées
à protéger et promouvoir la diversité des expressions culturelles sur son
territoire [et, en particulier,] des mesures qui visent à fournir aux industries
culturelles nationales indépendantes et aux activités du secteur informel un
Les défis de la diversité culturelle et linguistique en francophonie

accès véritable aux moyens de production, de diffusion et de distribution


d’activités, biens et services culturels. »

Cette Convention est entrée en vigueur le 18 mars 2007. Aujourd’hui,


112 parties (111 États et la Communauté européenne) l’ont ratifiée. Parmi
elles, 52  7 sont des pays membres de l’Organisation internationale de
la Francophonie (OIF). Elle suscite les plus grands espoirs au sein de la
Francophonie, dont les pays les plus puissants s’engagent à se montrer
solidaires des pays plus faibles dans la défense du patrimoine culturel
commun, mais sans imposer leur propre culture, conformément à cette
définition de Jean-Marie Borzeix de la Francophonie : « Elle est une manière
d’être au monde, imprégnée du désir d’échapper à la solitude des nations,
à la domination des unes, à la soumission des autres. […] Plus qu’un rêve,
une utopie  8 ».

C’est une importante victoire pour les États, les gouvernements et les
sociétés civiles, qui ont mené ensemble ce combat. Un pas important vers
le découplage nécessaire entre libre-échange et économie de la culture a été
réalisé. Les acquis principaux du texte ne sont pas négligeables : il reconnaît
que les biens et les services culturels ne sont pas des marchandises comme 63
les autres, et ne relèvent donc pas de la seule compétence de l’OMC et que
les États et les gouvernements ont le droit d’aider financièrement leurs
industries culturelles, et de les protéger.

Mais c’est encore une victoire « fragile », car il est permis de penser que
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ce texte ne permettra pas à la vingtaine de pays qui ont signé des accords
commerciaux bilatéraux avec les États-Unis de remettre en cause les articles
portant sur la culture. Washington exercera, par ailleurs, d’énormes pressions
pour signer d’autres accords dans lesquels sera incluse la renonciation aux
protections des industries culturelles nationales. Le débat n’est donc pas
clos.

Par ailleurs, la Convention de l’UNESCO n’a pas de valeur réellement


contraignante en droit international, et n’a pas préséance sur les autres
traités, notamment celui de l’OMC, avec lequel elle pourrait paraître en
contradiction. On peut craindre aussi que l’absence d’organe de règlement
des différends ne favorise à terme l’OMC.

7.  Le Madagascar est pris en compte malgré sa suspension de la Francophonie.


8.  J.-M. Borzeix, Les Carnets d’un francophone, Saint-Pourçain-sur-Sioule, éd. Bleu autour,
2006, p. 7.
Trang T. H. Phan

Ainsi, la « guerre » sur le plan juridique n’est pas gagnée. La société


civile, les États, les gouvernements, leurs regroupements et, pour ce qui la
concerne, la Francophonie, doivent rester vigilants et mobilisés pour assurer,
le « service après-vente » de la Convention.

La diversité linguistique est-elle protégée ?

Le concept de diversité linguistique, l’une des composantes de la diversité


culturelle, décrit une situation dans laquelle plusieurs langues ou plusieurs
groupes linguistiques sont nécessairement en interaction ; il invoque donc
l’ensemble des rapports entre les langues et se démarque des concepts qui
décrivent seulement les aires de développement d’une langue particulière.
Ensuite, il opère à partir d’un point de vue qui valorise implicitement la
différence plutôt que de la considérer comme un problème.

Cependant, la diversité linguistique est contraire à la logique classique


de l’État-nation qui, selon Angéline Martel  9, « historiquement, par des
politiques linguistiques de monolinguisme explicites ou implicites, a tenté
64 de diminuer, d’éclipser ou de détourner la diversité linguistique ». D’après
l’auteur, « les fondements mêmes de l’État-nation moderne ne sont pas
pluralistes ni diversifiés. En effet, l’élaboration en Europe du modèle stato-
national, son exportation mondiale et sa généralisation contemporaine,
n’avaient pas à l’origine de telles exigences. Bien au contraire, le modèle
stato-national repose sur la construction d’un espace universel au-delà des
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particularismes.

Ainsi, sur le plan linguistique, l’avènement du modèle stato-national comme


modèle d’organisation sociopolitique a plutôt contribué à la diminution du
nombre de langues parlées dans le monde. D’ailleurs, Daniel Baggioni, dans
un texte de DiversCité Langues, postule, politiques linguistiques à l’appui,
que les États officiellement bilingues ou multilingues sont l’exception et que
la tendance serait vers une accentuation de l’État comme aire de diffusion et
développement d’une langue nationale. » Les états-nations, pour renforcer
l’unité nationale, avaient tendance à choisir la langue de l’ethnie majoritaire
comme langue nationale unique en interdisant ou minimisant d’autres
langues ethniques. L’histoire de la France depuis la Révolution de 1789 en
est un exemple frappant. Pendant longtemps, il était défendu de parler les
patois sur son territoire.

9.  A. Martel, « La dynamique des langues : un champ de constructions à portée sociopolitique »,
http://www.teluq.uquebec.ca/diverscite/SecEdito/edito2001_01.htm
Les défis de la diversité culturelle et linguistique en francophonie

En même temps, le monde moderne est caractérisé par des poussées de


nationalisme dont la langue est un élément important, mais aussi par des
demandes de reconnaissance du droit à l’identité, et par le sentiment du
droit des peuples et des individus à leur langue, à l’oral comme à l’écrit.
La langue y est alors un symbole d’identité collective d’une partie de la
population en conflit avec le pouvoir central stato-national. Le combat
pour une politique nationale en faveur du multilinguisme n’est pas encore
gagné d’avance dans beaucoup de pays.

Dans son livre Halte à la mort des langues, Claude Hagège  10 a tiré la
sonnette d’alarme mettant en évidence le phénomène effrayant de disparition
des langues (en moyenne, 25 langues chaque année). Il a même dit que,
sans vigilance, le français serait aussi menacé de disparition.

Avec une langue, ce n’est pas qu’un outil de communication qui disparaît.
C’est toute une culture et une représentation du monde qui sont englouties.
« Les Inuits ont aussi plusieurs dizaines de mots pour désigner la neige »,
explique Louis-Jean Calvet  11, professeur de sociolinguistique à l’université
de la Sorbonne (Paris). Certains peuples du Pacifique savent nommer des
centaines de poissons, informations précieuses pour les scientifiques ! Quant 65
au japonais, il reflète l’organisation de la société : on n’y parle pas de la même
façon selon son statut social (l’ordre des verbes, par exemple, change) ou
selon que l’on est un homme ou une femme. Chaque langue est intimement
liée à l’identité du peuple qui la parle ; rien d’étonnant à ce que certains
« nationalistes » la placent au centre de leurs revendications identitaires.
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C’est le cas du corse et du breton en France, du catalan et du basque
en Espagne, du flamand en Belgique... Bruno Cerquiglini, ancien délégué
général à la langue française et recteur de l’AUF (Agence universitaire de
la Francophonie), s’est inquiété de la position monopoliste du français
en France : « L’unilinguisme particulier de la France dans la francophonie
favorise le conservatisme et l’absence d’ouverture. Le dialogue, le commerce
des langues, le pluralisme sont l’avenir de la francophonie  12 ».

Pour la Francophonie, l’enjeu de diversité est non seulement la


démocratisation nationale mais aussi la démocratisation du monde. Il s’agit,
en ce qui concerne les langues, de la préservation et de la promotion de
la diversité linguistique au niveau mondial dans le contexte où l’anglo-

10.  C. Hagège, Halte à la mort des langues, Paris, éd. Odile Jacob, collection « poche »,
2002.
11.  L.-J. Calvet, cité par L. Cailloce, « Y a-t-il une vie après l’anglais ? », Phosphore,
février 2004.
12.  B. Cerquiglini, cité par L. Duvernois, « Que veut la France ? », www.voxlatina.com
Trang T. H. Phan

américain occupe une place presque exclusive dans les communications


et les échanges internationaux. Or, le monde est par nature diversifié.
Ainsi sont les cultures et les langues. La langue unique, surtout si elle
est la langue du plus puissant, apparaît comme un facteur de domination
avec les risques inhérents de frustration et de rejet. Elle porte en germe
l’enfermement identitaire. La Francophonie mène combat, au local comme
à l’international, pour la diversité linguistique et contre la langue unique,
voulue par ceux qui, au nom de l’efficacité, choisissent l’uniformité pour
accéder à l’universel.

Par ailleurs, le concept de langue internationale unique est dépassé


pour la double raison de l’émergence de nouveaux géants économiques,
culturels et politiques comme par exemple la Chine et par la montée pour des
raisons démographiques, culturelles ou religieuse de langues comme, entre
autres, l’espagnol et l’arabe. Cette bifurcation vers le pluriel est historique.
D’autre part, la prise en compte, maintenant acceptée et expérimentée,
d’une pédagogie convergente langue maternelle/langue française donne
un contenu concret au multilinguisme national et local  13.

66 La promotion de la diversité linguistique est le corollaire inséparable de


celle de la diversité culturelle. Les pays du Sud membres de la Francophonie
apportent, par ailleurs, la preuve que le multilinguisme de masse est
possible.

Dans ce nouveau contexte, une Convention internationale pour la


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protection et la promotion de la diversité des langues semble nécessaire,
comme l’a souvent demandé Louise Beaudoin, ancienne ministre aux
Relations internationales du Québec. Les langues méritent d’être protégées,
en premier lieu par les États, contre tout ce qui vise à les détruire. Cela vaut
pour toutes les langues, quel que soit le nombre de locuteurs. De même
qu’elle menace la biodiversité, la globalisation, vecteur d’une langue unique,
met en péril la diversité linguistique.

Mais pour quelles raisons la diversité linguistique a-t-elle été dissociée de


la Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion des expressions
culturelles ?

La Convention de l’UNESCO a été rédigée avec le souci d’obtenir une


large adhésion et l’on a cru que si elle englobait la diversité linguistique elle
ne rallierait pas autant de partisans. Il semblait difficile sinon impossible

13.  T. T. H. Phan, M. Guillou, Manuel d’enseignement « Francophonie et Mondialisation »,


éd. Ellipses (à paraître).
Les défis de la diversité culturelle et linguistique en francophonie

aux promoteurs de la diversité culturelle d’introduire la notion de diversité


linguistique dans les négociations internationales sans mettre en péril
tout le processus. Protéger et promouvoir la diversité culturelle était une
tâche titanesque ; aller au-delà, c’était l’échec assuré, tant le consensus
international était fragile.

Certes, le préambule de la Convention de l’UNESCO ainsi que son article 6


rappellent que la diversité linguistique est un élément fondamental de la
diversité culturelle mais comme le souligne Christine Fréchette dans son
rapport remis au Conseil supérieur de la langue française du Québec en
mars 2007  14, « la Convention n’a pas pour objet la diversité culturelle, mais
bien la diversité des expressions culturelles ». Ainsi, « les interventions à
caractère linguistique et non associées à un bien ou à un service culturels
demeurent sans protection aucune. »

Certains articles des lois linguistiques (« loi 101 » au Québec, « loi Toubon »
en France), pourraient un jour être contestés devant l’OMC au nom de la
liberté de commerce, car, selon Ivan Bernier, « toute action étatique destinée
à promouvoir l’usage d’une ou plusieurs langues nationales, dès lors qu’elle a
pour effet de restreindre les échanges de biens ou de services, court le risque 67
d’être jugée incompatible avec les exigences d’accords qui ont précisément
pour objet d’éliminer les entraves à de tels échanges  15 ».

Le choix du pluriel est un tout, comme a proposé Michel Guillou :


« C’est le choix du pluriel sur l’unique qui doit être fait de haut en bas,
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dans tous les secteurs de l’activité humaine, et pour les langues, celui du
multilinguisme  16 ». Plus largement, le choix d’une mondialisation humaniste,
équilibrée, diverse qui rejette tout autant l’intégrisme que l’unilatéralisme et
l’approche impériale, doit être cohérent. Il y a un coût, le coût de la liberté.
Pour y parvenir, cette Convention internationale de l’UNESCO n’y suffira
pas à elle seule. Plus généralement, les biens communs de l’Humanité dont
font partie les cultures et les langues, doivent être protégés, promus et sortir
des règles de libre-échange de l’OMC.

14.  C. Fréchette, « Protéger la langue à l’ère de la mondialisation », Conseil supérieur de


la langue française, mars 2007, pp. 3-4, www. clsf.gouv.qc.ca/publications/PubF220/F220.
pdf
15.  I. Bernier, « La préservation de la diversité linguistique à l’heure de la mondialisation »,
ministère de la Culture et des Communications du Québec, 2001, p. 21.
16.  M. Guillou, « La Francophonie dans la mondialisation », Les dix-huitièmes Entretiens
du Centre Jacques Cartier-Rhône-Alpes, Lyon, 5 décembre 2005.
Trang T. H. Phan

L’économie et la culture sont-elles conciliables ?

En francophonie, comme ailleurs, le maintien des cultures et de leur


diversité implique simultanément protection, dynamisme et ouverture.
Cela ne peut être le cas que si ces cultures sont portées par des sociétés
fortes et développées. Dans beaucoup de pays, en particulier ceux en voie
de développement ou les moins avancés, les dossiers d’investissement
prioritaires touchent rarement la mise en valeur des projets culturels. Les
acteurs de l’économie de la culture y sont rares, comme s’il y avait deux
mondes séparés : celui de la culture d’un côté et celui de l’économie de
l’autre.

En fait, un secteur économique est spécifique aux cultures, celui des


industries culturelles et du spectacle. L’économie de l’immatériel se développe
à un rythme rapide et met en jeu des masses financières sans cesse croissantes.
Le développement du marché de biens culturels est exponentiel. L’essor du
numérique le renforcera encore. Aux États-Unis, les industries culturelles
sont le premier poste d’exportation avant le secteur de l’aéronautique. Il
est évident qu’elles apportent une contribution largement positive à une
68 balance globale généralement déficitaire. Leur poids est comparable en
Grande-Bretagne, alors qu’elles y progressent deux fois plus vite que le
reste de l’économie. Au sein de l’Union européenne, la production de biens
et services culturels mobilisait en 2001, 7 millions de personnes, soit 4,6 %
de l’emploi total.
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Pour être vivante, chaque culture doit créer et produire des biens culturels
issus de son génie propre. Le Québec a su le faire avec succès. Il dispose, à
cet effet, d’une Société de développement des entreprises culturelles (SODEC)
et met en œuvre une politique de soutien aux créateurs. Dans ce domaine,
la frilosité ne saurait être de mise.

La diversité et le dialogue ne sont possibles que si les cultures sont fortes


et innovantes. Il faut leur éviter le double piège de la momification en tant
que cultures du passé et de la dégénérescence comme cultures vivantes sous
l’avalanche de produits et biens culturels venus d’ailleurs.

Il s’agit de faire en sorte qu’elles s’approprient, certes, les apports issus de


l’ouverture mais aussi qu’elles fassent preuve parallèlement d’une créativité
propre.

Pour ce faire, les cultures francophones doivent être parties prenantes


du grand mouvement des industries culturelles. Il faut qu’elles créent et
Les défis de la diversité culturelle et linguistique en francophonie

produisent en grand nombre des œuvres attractives et de qualité. Sans


industries culturelles, la diversité culturelle est illusoire.

Promouvoir, développer des industries culturelles vivantes dans les pays


francophones et en particulier dans ceux du Sud, est donc indispensable si
l’on veut contrer l’uniformité. La Convention sur la protection et la promotion
des expressions culturelles sera un leurre si les cultures francophones ne
disposent pas d’industries culturelles performantes. De nombreuses voix
s’élèvent pour suggérer que la Francophonie dispose d’un équivalent
multilatéral francophone de la SODEC mise en place avec succès par le
Québec.

L’adoption par l’UNESCO de la Convention sur la diversité des expressions


culturelles est une étape d’autant plus importante qu’en assurant la protection
et la promotion des cultures, elle ouvre la voie aux industries culturelles
associées qui sont des sources de richesse et d’emploi pour les économies. Il y
a là pour la Francophonie une occasion inespérée de se donner la dimension
économique qui lui manque. La Convention réhabilite non seulement la
culture, mais elle permet de faire bénéficier les pays francophones, ceux du
Sud en particulier, des retombées de la culture en termes de richesse. 69

De plus, en francophonie, comme ailleurs, l’écart reste considérable en


termes d’équipement entre pays du Nord et pays du Sud : aucune salle de
cinéma au Laos, pas d’édition centrafricaine depuis plus de dix ans, des
salles de cinéma fermées depuis plus de vingt ans à Madagascar.
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Dans les pays du Sud, notamment en Afrique, des difficultés récurrentes
perdurent : étroitesse des marchés nationaux, faiblesse du pouvoir d’achat,
manque de matériel et d’équipement, manque de soutien des États et
d’instauration de véritables politiques culturelles, ravages de la piraterie, etc.
Quant aux pays d’Europe centrale, ils occupent une position médiane avec
néanmoins des secteurs très sinistrés pour les plus pauvres d’entre eux.

Ce tour d’horizon amène une réponse contrastée à la question formulée


d’entrée de jeu. La francophonie offre bien un réel espace d’existence à la
diversité culturelle, mais il reste encore un rude chemin à parcourir.

Pour conclure, la promotion de la diversité culturelle et linguistique au


sein de l’espace francophone doit concerner tous les acteurs du monde
francophone. Un pas a été franchi pour défendre la diversité des expressions
culturelles sur la scène internationale, la balle est maintenant passée dans le
Trang T. H. Phan

camp des États et gouvernements signataires de la Convention qui doivent


être vigilants aux niveaux national et local.

Il faut une véritable mobilisation du monde francophone pour dynamiser


les échanges et les dialogues, une politique culturelle offensive et l’essor des
industries culturelles conquérantes à l’instar de la France et du Québec.

Résumé

La défense de la diversité des cultures et des langues est une des constantes de la Francophonie
politique. Tout a commencé par son combat pour « l’exception culturelle » qui a, quelques
années plus tard, cédé la place au concept de diversité culturelle conçu cette fois-ci comme
un droit nouveau dans le domaine culturel. La Francophonie s’est pleinement investie dans
l’adoption de la Convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité
des expressions culturelles. Cinq ans après son adoption, cette convention suscite toujours
des questions portant notamment sur sa mise en œuvre effective, sa fragilité en matière de
règlement de différends et de défense de la diversité linguistique pourtant indispensable à la
diversité culturelle. Enfin, de véritables industries culturelles nationales restent à développer
pour la protection et la promotion de la diversité culturelle, autrement la Convention sera un
leurre pour les pays francophones du Sud.
70
Abstract

The defense of the diversity of cultures and languages is a constant of the OIF. It started
with her fight for “cultural exception” that some years later replaced the concept of cultural
diversity designed this time as a new right in the cultural field. The OIF had fully invested in
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the adoption of the UNESCO Convention on the Protection and Promotion of the Diversity of
Cultural Expressions. Five years after its adoption, the convention always creates the questions
such as its effective implementation, its fragility in the settlement of disputes and defense
of linguistic diversity, however, essential to cultural diversity. Finally, real domestic cultural
industries remain to be developed for the protection and promotion of cultural diversity, the
Convention would otherwise be a decoy for the French-speaking countries of the south.

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