Fatimazohra - Dakhmouche 1963
Fatimazohra - Dakhmouche 1963
Fatimazohra - Dakhmouche 1963
locales algériennes
Fatima-Zohra Dakhmouche Chabil
RAPPORTEURS :
A mon Mari
Sans lui je ne serais jamais Docteur
A mes parents
Sans leur éducation, leur amour et leur soutien je
n’arriverais pas
RAMLA
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE i
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Remerciements
Les travaux de thèse présentés dans le présent manuscrit ont été réalisés au Centre de
Recherche sur la Matière Divisée (CRMD) d’Orléans et au laboratoire de Génie Civil de
l’Ecole Polytechnique d’Orléans.
Mes remerciements vont aussi à Monsieur Abderrahim Bali, Professeur à l’Ecole Nationale
Polytechnique d’Alger, qui a bien voulu examiner ce travail et faire partie du jury.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE ii
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Je tiens à remercier Madame Christiane Pipeau et Monsieur Philippe Badets pour l’aide
qu’ils m’ont apporté durant la confection de l’enceinte de carbonatation accélérée et pour leur
gentillesse.
Mes remerciements vont également à tous mes collègues du laboratoire, qui ont tous participé
de prés ou de loin au bon déroulement de ce travail : Nicole, Sara, Ani (merci pour les
mesures), Matthieu (merci pour le polissage), Nathalie (bonne collègue de bureau), Tri, José,
……..et bien d’autres.
A la mémoire de mon collègue du CRMD, Frédo, qui était très sympathique et sociable que
j’ai eu la chance de connaître. (Que Dieu le tout puissant l’accueille dans son vaste paradis).
Je remercie les deux étudiantes, Gaelle et Kristina, qui ont fait avec moi un stage sur la
carbonatation.
Je remercie Nathalie du CDTA de m’avoir hébergé dans un endroit calme et tout prés du
CRMD.
Je remercie Djouhra, une bonne amie algérienne, avec qui j’ai savouré de bonnes tasses de
thé durant mon dernier séjour (préparation de soutenance).
Je voudrais également citer et remercier d’une façon très particulière mon mari Hocine et mes
enfants (Rym, Djihène et Farès) qui ont joué un rôle déterminent au cours de ce travail, de
m’avoir supporté durant toutes ces années (avec mes absences répétées, mes occupations,
mes angoisses, etc…). Sans leurs encouragements et leur patience, ce manuscrit n’aurait
jamais vu le jour. Je peux dire que cette thèse est aussi un peu la leur.
Mention spéciale à ma jolie fille Rym pour m’avoir aidé à préparer la soutenance en un temps
record.
- toutes les personnes qui ont assisté à ma soutenance : ma famille (mon mari, Linda,
Dounia, Wafa, Fatima et Rym), mes collègues et amis (Thoraya, Zhor, Fatiha, Soraya, Souad,
Belkacem, Mohamed…),
- ma sœur Dounia et ma belle sœur Kahina pour l’excellente organisation de la fête.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE iv
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Sommaire
Sommaire ……………………………………………………………………………………………….i
Introduction générale……………………………………………………………………………….....1
PARTIE I
COUPLE CIMENT-SUPERPLASTIFIANT
1.1 Le ciment
1.1.1 Généralités …………………………………………………………………………….....8
1.1.2 Hydratation d’un ciment …………………………………………………………………9
1.1.2.1 Hydratation des silicates ……………………………………………………………...9
1.1.2.2 Hydratation des aluminates ……………………………………………………….....10
1.1.3 La chronologie d'hydratation …………………………………………………………...11
1.1.4 Les propriétés des principales phases hydratées
1.1.4.1 La portlandite ………………………………………………………………………..12
1.1.4.2 Les C-S-H …………………………………………………………………………...13
1.1.4.3 Les aluminates de calcium hydratés ………………………………………………...15
1.1.4.4 L’ettringite …………………………………………………………………………..15
Références bibliographiques………………………………………………………………….26
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE v
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Références bibliographiques………………………………………………………………….80
PARTIE 2
3.3 La carbonatation
3.3.1 Généralités ……………………………………………………………………………...86
3.3.2 Définition ……………………………………………………………………………….87
3.3.3 Généralités sur le dioxyde de carbone …………………………………………………..88
3.3.3.1 Données physico-chimique sur le dioxyde de carbone ……………………………..89
3.3.3.2 Le dioxyde de carbone dans l’atmosphère …………………………………………89
3.3.3.3 Le dioxyde de carbone en phase aqueuse ………………………………………….90
3.3.3.3.1 Dissolution du CO2 dans la phase liquide des pores ……………………………90
3.3.3.3.2 Effets de la température sur la dissolution du dioxyde de carbone …………….91
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE vi
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
4.6 Préparation des échantillons pour l’essai de carbonatation accélérée par sciage sous
Eau…………………………………………………………………………………………….122
Références bibliographiques………………………………………………………………143
Références bibliographiques……………………………………………………………….170
Perspectives………………………………………………………………………………………..240
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE ix
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Figure 1.1: (a) structure cristalline de la portlandite; (b) image au MEB de cristaux de portlandite
[9]…………………………………………………………………………………………………… 13
Figure 1.2: Morphologie du C-S-H. Image MEB de C-S-H poussant à la surface de grains d’alite
[16]… …………………………………………………………………………………………………15
Figure 1.3: Micrographie SE d'une fracture de béton montrant une pelote d’ettringite [18].................16
Figure 1.4: Utilisations d’un superplastifiant [29]..................................................................................20
Figure 1.5: Mécanisme d’action d’un superplastifiant à base de polycarboxylates [38] ……………...21
Figure 1.6: Mécanisme d’action successive ………………………………………………………… 21
Figure 2.1: DRX du ciment C1 anhydre ……………………………………………………………....34
Figure 2.2: DRX du ciment C2 anhydre……………………………………………………………….34
Figure 2.3: DRX du ciment C3 anhydre ……………………………………………………………....35
Figure 2.4: Analyse granulométrique laser du ciment C1 …………………………………………….36
Figure 2.5: Analyse granulométrique laser du ciment C2 …………………………………………….36
Figure 2.6: Répartition en taille des grains des différents ciments ………………………………….. 37
Figure 2.7: Courbes granulométriques du sable et des granulats ……………………………………..38
Figure 2.8: Analyse granulométrique au laser du sable………………………………………………. 39
Figure 2.9: Répartition en taille des grains du sable …………………………………………………. 39
Figure 2.10: Variation de la densité imbibée en fonction du temps ………………………………… 40
Figure 2.11: Caractérisation cristallographique des granulats par DRX …………………………….. 41
Figure 2.12: Préparation du coulis (malaxage et écoulement au cône de Marsh) ……………………44
Figure 2.13: Différents comportements rhéologiques [15] ………………………………………….. 46
Figure 2.14: Détermination du dosage de saturation et de la réduction d’eau pour un coulis à base de
C1 ……………………………………………………………………………………………………. 48
Figure 2.15: Détermination du dosage de saturation et de la réduction d’eau pour un coulis à base de
C2 …………………………………………………………………………………………………….. 48
Figure 2.16: Evolution de la réduction d’eau en fonction du type de ciment et du rapport E/C ……..50
Figure 2.17: Evolution du temps d’écoulement en fonction du dosage en superplastifiant pour les
coulis à base de C3................................................................................................................................. 51
Figure 2.18: Evolution du temps d’écoulement en fonction du dosage en superplastifiant pour les
coulis à base de C1. ……………………………………………………………………………………51
Figure 2.19: Temps du temps d’écoulement en fonction du dosage en superplastifiant pour les coulis à
base de C2. …………………………………………………………………………………………….52
Figure 2.20: Evolution du temps d’écoulement des coulis à base de C1 en fonction du temps ………53
Figure 2.21: Evolution du temps d’écoulement des coulis à base de C2 en fonction du temps ………53
Figure 2.22: Etapes de modélisation ………………………………………………………………….60
Figure 2.23: Temps d’écoulement en fonction de la teneur en superplastifiant ……………………...61
Figure 2.24: Tendance du paramètre spsat (C3)…………………………………………………….. 62
Figure 2.25: Tendance du paramètre spmin (C3)…………………………………………………….. 62
Figure 2.26: Tendance du paramètre tsat (C3) .....................................................................................63
Figure 2.27: Aperçu de la validité du modèle adopté pour les coulis à base de C3 (CRS1) ………...65
Figure 2.28: Tendance du paramètre spsat C1 (CRS2) … …………………………………………..66
Figure 2.29: Tendance du paramètre spmin C1 (CRS2) ……………………………………………...66
Figure 2.30: Tendance du paramètre tsat C1 (CRS2) …………………………………………………67
Figure 2.31 : Aperçu de la validité du modèle pour les coulis à base de C1 (CRS2) …………………68
Figure 2.32: Tendance du paramètre spsat C2 (CPJ) ………………………………………………....69
Figure 2.33: Tendance du paramètre spmin C2 (CPJ) ………………………………………………..69
Figure 2.34: Tendance du paramètre tsat C2 (CPJ) …………………………………………………...70
Figure 2.35: Aperçu de validité du modèle des coulis à base de C2 (CPJ)…………………………... 71
Figure 2.36: Evolution du temps d’écoulement en fonction de E/C sans superplastifiant – CRS 1 (C3)
…………………………………………………………………………………………………............73
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE x
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Figure 2.37: Evolution du temps d’écoulement en fonction de SP et E/C. Comparaison entre les
résultats expérimentaux et la simulation –CRS 1(C3) ……………………………………………….. 73
Figure 2.38: Evolution du temps d’écoulement en fonction de E/C sans superplastifiant –CRS 2
C1) …………………………………………………………………………………………………….74
Figure 2.39 : Evolution du temps d’écoulement en fonction de sp et E/C. Comparaison entre les
résultats expérimentaux et la simulation –CRS 2 (C1) ………………………………………………. 74
Figure 2.40: Evolution du temps d’écoulement en fonction de E/C sans superplastifiant –CPJ (C2)...75
Figure 2.41: Evolution du temps d’écoulement en fonction de SP et E/C. Comparaison entre les
résultats expérimentaux et la simulation –CPJ (C2) ………………………………………………….75
Figure 2.42: Interpolation du modèle des coulis à base de C3 ………………………………………. 76
Figure 2.43: Interpolation du modèle des coulis à base de C1 ………………………………………..77
Figure 2.44: Interpolation du modèle des coulis à base de C2 ………………………………………..77
Figure 3.1: Exemples de carbonatation ……………………………………………………………... 87
Figure 3.2: Provenance du CO2 [11] ……………………………………………………………….... 88
Figure 3.3 : Concentration du CO2 dans l’atmosphère pour les périodes antérieures à 1958,
détermination sur carotte de glace (Repris de [14] avec la permission de la recherche)……………... 90
Figure 3.4 : Formes possibles du CO2 dissous en fonction du pH de la solution [16]………………...91
Figure 3.5: Mécanisme de carbonatation de Ca(OH)2 [12]. ………………………………………….93
Figure 3.6: Influence du rapport E/C sur la vitesse de carbonatation naturelle (6 ans) [62]................101
Figure 3.7: Profondeur de carbonatation naturelle (6 mois) en fonction du dosage en ciment pour deux
durées de cure différentes [64]............................................................................................................. 102
Figure 3.8 : Vitesse de carbonatation d'un matériau cimentaire en fonction de l'humidité relative
d'équilibre du milieu environnant [72]..................................................................................................104
Figure 3.9: Profondeur de carbonatation en fonction du temps pour un béton ……………………...105
Figure 3.10: Formation de la calcite lors d'une carbonatation accélérée de la portlandite (CO2=50 %),
en fonction de la température [79] …………………………………………………………………...106
Figure 3.11: Schéma de dégradation des armatures au cours du temps, d’après Tuutti (1982) [86]....107
Figure 4.1: Etapes de gâchage, confection et conservation des éprouvettes de bétons ………… ….118
Figure 4.2: Affaissements au cône d’Abrams des bétons d’étude.................................................. ….119
Figure 4.3: Comparaison entre l’ouvrabilité des différents bétons ……………………………......... 119
Figure 4.4: Mesure de la teneur en air, de la stabilité et de la masse volumique expérimentale……..120
Figure 4.5: Appareil de mesure de la résistance à la compression ………………………………….120
Figure 4.6: Evolution de la résistance à la compression en fonction du temps …………………. …121
Figure 4.7: Mesure du module de Young ……... …………………………………………………..121
Figure 4.8: Variation du module de Young en fonction du rapport E/C pour les deux ciments..........122
Figure 4.9: Evolution du module de Young en fonction de la résistance à la compression …………122
Figure 4.10: Préparation des échantillons pour le prétraitement……………………………………..123
Figure 4.11: Schéma du cycle de séchage en étuve programmable en T et HR [16] ………………..125
Figure 4.12: Préparation de la solution saline ……………………………………………………… 128
Figure 4.13: Chaux sodée ……………………………………………………………………………128
Figure 4.14: Teneur en eau à la saturation pour les différents bétons étudiés ……………………… 129
Figure 4.15: Vue des dessiccateurs contenant les échantillons de béton durci ………………………129
Figure 4.16: Evolution du degré de saturation des échantillons exposés à 66 % d’humidité, t0 : HR = 0
%. …………………………………………………………………………………………………... 130
Figure 4.17: Enceinte climatique …………………………………………………………………... 131
Figure 4.18: Schéma du cycle de séchage en enceinte climatique programmable en T et HR ……..132
Figure 4.19 : Evolution du degré de saturation en eau des bétons durant leur séjour en enceinte
climatique ………………………………………………………………………………………… 133
Figure 4.20: Evolution du degré de saturation en eau des bétons durant leur séjour en dessiccateur,
comparaison de l’effet de l’état initial (sec ou saturé) ………………………………………………135
Figure 4.21: Enceinte acrylique …………………………………………………………………….137
Figure 4.22: Analyseur de CO2 ……………………………………………………………………137
Figure 4.23: Vue générale du dispositif de carbonatation accélérée du CRMD ……………………..138
Figure 4.24: Types d’échantillons utilisés : béton de cœur (gauche) et béton de fond (droite)
……......................................................................................................................................................139
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE xi
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Figure 6.13: Analyse thermogravimétrique de la pâte de ciment CEM II (CPJ) à l’état sain et carbonaté
………………………………………………………………………………………………………..187
Figure 6.14: Analyse thermogravimétrique des granulats ………………………………………...189
Figure 6.15: Mise en évidence de la différence du pic de la calcite entre béton à base de CEM II (CPJ)
et béton à base de CEM I (CRS) à l’état initial ……………………………………………………..190
Figure 6.16: Analyse thermogravimétrique du béton C1 E35 à l’état initial et carbonaté …………191
Figure 6.17: Analyse thermogravimétrique du béton C2 E35 à l’état initial et carbonaté ………….192
Figure 6.18: Analyse thermogravimétrique du béton C1 E50 à l’état initial et carbonaté ………….193
Figure 6.19: Analyse thermogravimétrique du béton C2 E50 à l’état initial et carbonaté ………….193
Figure 6.20: Analyse thermogravimétrique du béton C1 E63 à l’état initial et carbonaté ………….194
Figure 6.21: Analyse thermogravimétrique du béton C2 E 67 à l’état initial et carbonaté ………...194
Figure 6.22: Evolution de la teneur en portlandite pour les bétons à base de CEM I (CRS) ……...195
Figure 6.23 : Evolution de la teneur en portlandite pour les bétons à base de CEM II (CPJ) ………195
Figure 6.24 : Evolution de la teneur en calcite des modes II et III pour les bétons à base de CEM I
(CRS) ……………………………………………………………………………………………….196
Figure 6.25 : Evolution de la teneur en calcite des modes II et III pour les bétons à base de CEM II
(CPJ) ……………………………………………………………………………………………….. 197
Figure 6.26: Diagramme DTG pour différents échantillons de béton (C2 E67) prélevés depuis la
surface sur une éprouvette carbonatée 1 jour……………………………………………………….. 198
Figure 6.27: Représentation schématique des profondeurs de pénétration et des résolutions spatiales
pour différents modes de formation d’images [2] …………………………………………………...200
Figure 6.28: Imprégnation de la résine, polissage et métallisation des échantillons pour observation au
MEB …………………………………………………………………………………………………202
Figure 6.29: Micrographie BSE (x 250) de la pâte de ciment CEM I(CRS) à E/C = 0,26 carbonatée
durant 14 jours ………………………………………………………………………………………203
Figure 6.30 : Micrographie BSE (x 500) de la pâte de ciment CEM I (CRS) à E/C = 0,26………….204
Figure 6.31: Micrographie BSE (x 2000) de la pâte de ciment CEM I (CRS) à E/C =0.26 ………...205
Figure 6.32: Micrographie BSE (x 2000) de la pâte de ciment CEM I (CRS) à E/C = 0,26 - partie saine
………………………………………………………………………………………………………..206
Figure 6.33: Micrographie BSE (x 2000) de la pâte de ciment CEM I(CRS) à E/C = 0,26 - partie
carbonatée…………………………………………………………………………………………... 206
Figure 6.34: Micrographie BSE (x 250) de la pâte de ciment CEM II(CPJ) à E/C = 0,266 carbonatée
durant 14 jours ………………………………………………………………………………………207
Figure 6.35: Micrographie BSE (x 1000) de la pâte de ciment CEM II (CPJ) à E/C = 0,266 - partie
saine ……………………………………………………………………………………………….. 209
Figure 6.36: Micrographie BSE (x 1000) de la pâte de ciment CEM II (CPJ) à E/C = 0,266 - partie
carbonatée………………………………………………………………………………………….. ..209
Figure 6.37: Micrographie BSE (x 50) d’une pâte de ciment CEM II(CPJ) à E/C = 0,266 -
carbonatation naturelle ……………………………………………………………………………...210
Figure 6.38: Micrographies BSE d’une pâte de ciment CEM II (CPJ) à E/C = 0,266 carbonatée
naturellement durant 1 année ……………………………………………………………………….212
Figure 6.39: Micrographie BSE du béton C1 E 63 – partie saine……………………………………214
Figure 6.40: Micrographie BSE (x 1000) du béton C1 E63 - carbonaté durant 28j……………… ...215
Figure 6.41 : Micrographies BSE du béton C1 E63 totalement carbonaté (28 jours) – partie
dégradée………………………………………………………………………………………………216
Figure 6.42 : Micrographies BSE du béton C1 E63 totalement carbonaté (28 jours) – partie
densifiée………………………………………………………………………………………………216
Figure 6.43: Micrographie BSE du béton C1 E67 - état initial………………………………………217
Figure 6.44 : Micrographie BSE du béton C2 E67 carbonaté durant 28 jours – partie carbonatée….217
Figure 6.45: Micrographie BSE (x 500) du béton C1 E35 à base de CRS carbonaté durant 28jours. 218
Figure 6.46: Surface du béton C1 E35 carbonatée durant 26 jours après pulvérisation de
phénophtaléine………………………………………………………………………………………..218
Figure 6.47: Micrographie BSE (x1000) du béton C2 E50 carbonaté durant 3 jours – partie saine…220
Figure 6.48 : Micrographie BSE (x1000) du béton C2 E50 carbonaté durant 3 jours – partie
carbonatée…………………………………………………………………………………………….220
Tableau 1.1: Composition minéralogique moyenne typique d’un clinker de ciment Portland, d’après
Taylor [1]……………………………………………………………………………………………….8
Tableau 2.1: Repérage des ciments utilisés…………………………………………………………...32
Tableau 2.2: Composition chimique des ciments……………………………………………………..33
Tableau 2.3: Compositions minéralogiques des ciments……………………………………………...33
Tableau 2.4: Caractéristiques des ciments…………………………………………………………….36
Tableau 2.5: Absorptions et densités imbibées des granulats………………………………………....40
Tableau 2.6: Caractéristiques des granulats…………………………………………………………...41
Tableau 2.7: Principales caractéristiques du superplastifiant…………………………………………42
Tableau 2.8: Masse moléculaire du superplastifiant…………………………………………………..42
Tableau 2.9: Récapitulation des dosages de saturation et de la réduction d’eau offerte pour tous les
coulis d’étude………………………………………………………………………………………… 49
Tableau 2.10: Coulis retenus pour l’étude des bétons…………………………………………………54
Tableau 2.11: Tableau récapitulatif du modèle 1……………………………………………………...56
Tableau 2.12: Tableau récapitulatif du modèle 2……………………………………………………...57
Tableau 2.13: Tableau récapitulatif du modèle 3……………………………………………………...57
Tableau 2.14: Tableau récapitulatif du modèle 4……………………………………………………...58
Tableau 2.15: Tableau récapitulatif du modèle 5 ……………………………………………………..58
Tableau 3.1: Caractéristiques du dioxyde de carbone en phase gazeuse et liquide [9]………………. 89
Tableau 3.2: Volume molaire de la portlandite, la calcite, la vatérite et l’aragonite…………………. 99
Tableau 4.1: Compositions des différentes formulations des bétons d’étude.C1 : CEMI (CRS) C2 :
94CEM II (CPJ)…………………………………………………………………………………… ...117
Tableau 4.2: Caractéristiques des bétons frais………………………………………………………. 120
Tableau 4.3: Caractéristiques du sel utilisé [25]…………………………………………………….. 127
Tableau 4.4: Variation de l’humidité relative de la solution saline en fonction de la température 128
Tableau 4.5: Degré de saturation en eau pour un équilibre à HR = 66 %........................................... 134
Tableau 4.6: Récapitulation des essais de carbonatation effectués…………………………………. 142
Tableau 5.1: Tableau récapitulatif des profondeurs de carbonatation des différents bétons de cœur..148
Tableau 5.2: Tableau récapitulatif des profondeurs de carbonatation des différents bétons de fond.. 154
Tableau 5.3: Tableau récapitulatif des profondeurs de carbonatation naturelle des différents bétons.155
Tableau 5.4 : Profondeurs de carbonatation des différents ciments………………………………….156
Tableau 5.5: Gain de masse des pâtes de ciment carbonatées………………………………………..161
Tableau 5.6: Porosité accessible à l’eau des pâtes de ciment………………………………………...165
Tableau 5.7: Influence de la carbonatation sur la porosité à l’eau…………………………………...167
Tableau 6.1: Température de décomposition des constituants du béton d'après "méthodes d'essai LPC
n°58"………………………………………………………………………………………………….185
Tableau 6.2: Plages de températures de décomposition des différents types de calcite ……………. 189
Tableau 6.3: Etapes du polissage suivies……………………………………………………………..202
Tableau 6.4: Tableau récapitulatif des porosités à l’eau et au mercure des bétons…………………..229
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE xv
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Equation 6.4…………………………………………………………………………………………..222
INTRODUCTION
GENERALE
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 1
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
INTRODUCTION GENERALE
Développé sans cesse depuis la fin du XIXe siècle, le béton armé est aujourd’hui le matériau
de construction le plus répandu dans le monde. Si le béton a la capacité d’empêcher la
corrosion des armatures, encore faut-il connaître à quelles conditions.
Au même titre que les performances mécaniques, les exigences sur les durées de vie sont
devenues monnaie courante dans les cahiers des charges des ouvrages dits « exceptionnels » :
120 ans pour le pont Vasco de Gama, 300 ans pour les centres de stockage de déchets
radioactifs (centre de l’aube)… Par voie de conséquences et l’évolution des mentalités se
faisant, les exigences sur la durabilité des ouvrages ont été renforcées. Le domaine de la
durabilité est ainsi devenu pour les maîtres d’œuvres comme pour les industriels du béton un
centre d’intérêt majeur.
Avec l’accroissement du parc des ouvrages (bâtiments et ouvrages d’art) en béton armé, nous
assistons à une augmentation dans le monde entier de la détérioration de ces ouvrages. La
corrosion des armatures est la première cause de désordres affectant le domaine de bâtiment.
La corrosion des armatures peut avoir comme origine la carbonatation du béton d’enrobage.
Ce processus de carbonatation se manifeste par une succession de mécanismes physico-
chimiques : la pénétration du CO2 dans le matériau et sa diffusion dans les pores, sa réaction
avec les produits d’hydratation du ciment, principalement la portlandite qui joue un rôle de
tampon sur le pH. Les différentes formes de carbonates formées (calcite, vatérite, aragonite)
peuvent être considérés comme bénéfiques dans le sens où ils obturent partiellement les pores
du béton et augmentent sa résistance à la diffusion d’agents agressifs.
Le processus de corrosion est un phénomène électrochimique qui se produit au sein du béton.
La détérioration se déroule en deux étapes. Dans la première phase, dite d’amorçage, l’acier
est protégé initialement par l’alcalinité élevée de la solution interstitielle du béton : il se forme
une couche passive mince d’oxydes protecteurs. La carbonatation du béton, en diminuant le
pH, peut annuler la passivation des armatures et amorcer la deuxième étape, à savoir la
propagation de la corrosion. L’apport d’oxygène et surtout l’humidité ambiante sont alors les
facteurs influençant la cinétique de corrosion. Cette corrosion engendre deux types de
phénomènes :
• Une augmentation du volume des aciers provoquée par les produits de corrosion qui
aboutit à la fissuration et/ou à l’éclatement du béton d’enrobage, faisant croître la
cinétique de corrosion par une plus grande perméabilité aux agents agressifs du
matériau fissuré ;
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 2
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
• Une réduction de la section saine des aciers à mesure que la corrosion se développe, ce
qui a pour conséquence l’affaiblissement de la capacité portante de la structure.
Ces phénomènes peuvent conduire à terme à la ruine de l’ouvrage si aucune action de
réparation n’est entreprise.
La réparation des ouvrages après dégradation par corrosion engendre systématiquement des
coûts très élevés, ils avoisinent parfois même ceux de la construction. Ces coûts pourraient
être réduits, si les solutions de prévention des causes de dégradation affectant les éléments de
construction en béton étaient maîtrisées. Pour améliorer la durabilité des ouvrages en béton
armé, il faut autant que possible allonger la période d’amorçage en utilisant des bétons
compacts et peu perméables. Il faut aussi, évidemment, que l’épaisseur d’enrobage soit
suffisante.
Cette thèse comporte deux parties : la première est liée au couple ciment-superplastifiant et la
seconde est consacrée à l’étude de la carbonatation. L’ensemble de ces deux parties est
découpé en six chapitres.
Dans le chapitre 1, nous présentons une synthèse bibliographique sur le ciment d’une part : la
chronologie d’hydratation, les hydrates formés leurs propriétés, et sur les superplastifiants à
base de polymères carboxyliques d’une autre part : un historique, produits de base,
utilisations, adsorption, mode d’actions, les paramètres influents et enfin les effets des
superplastifiants.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 3
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Le chapitre 2 présente la caractérisation des différents matériaux qui ont servi à la formulation
des coulis, des pâtes de ciment et des bétons, ainsi que l’utilisation de la méthode des coulis
comme outil pour la formulation des bétons ayant une même ouvrabilité. Ce chapitre se
conclue par la réalisation de l’objectif secondaire : établir un modèle empirique présentant le
temps d’écoulement au cône de Marsh en fonction du rapport E/C et du dosage du
superplastifiant à partir des résultats de l’étude rhéologique.
Le chapitre 3 est une deuxième étude bibliographique qui dresse un état des lieux sur la
carbonatation des matériaux cimentaires. La carbonatation des différents hydrates, les
paramètres influençant la carbonatation ainsi que les conséquences de la carbonatation sur les
matériaux cimentaires sont présentés.
Le chapitre 4 traite d’un aspect plus expérimental, concernant le choix et la formulation des
différents bétons et pâtes de ciment d’étude, les résultats et l’analyse de leur prétraitement
pour atteindre les conditions optimales de carbonatation (66 % d’humidité relative). Nous
exposons aussi dans ce chapitre les différents matériels qui ont servi à la mise en place d’une
enceinte de carbonatation accélérée ainsi que les protocoles d’essai pour la carbonatation
accélérée et la carbonatation naturelle.
Le chapitre 6 est consacré aux analyses à caractère microscopique telles que la Diffraction des
Rayons X (DRX) qui analyse qualitativement les phases cristallines présentes Ca(OH)2 et
CaCO3, l’Analyse Thermo Gravimétrique (ATG) qui quantifie les Ca(OH)2 et CaCO3, la
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 4
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Enfin nous terminons ce manuscrit par les principales conclusions et les perspectives à donner
à ce travail.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 5
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
PARTIE I
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 6
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
CHAPITRE 1
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 7
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
CHAPITRE 1
Ce clinker résulte de la réaction à haute température (autour de 1450 °C) du mélange des
quatre oxydes principaux. Ceux-ci proviennent, pour la plus grande part, de roches naturelles
extraites de carrières: les calcaires apportent l'oxyde de calcium, les argiles apportent la silice,
l'alumine et l'oxyde de fer, les marnes apportent les quatre oxydes à la fois.
Le clinker est principalement composé d'oxydes métalliques. Les quatre principaux sont
l'oxyde de calcium (CaO), le silicium (SiO2), l'aluminium (Al2O3), l’oxyde de fer (Fe2O3) et
représentent environ 95% en masse. Les oxydes sont combinés dans le clinker pour former les
quatre minéraux anhydres principaux. Le Tableau 1.1 regroupe la composition minéralogique
moyenne d’un ciment Portland.
Tableau 1.1: Composition minéralogique moyenne typique d’un clinker de ciment Portland, d’après
Taylor [1]
D’autres phases mineures ( CaOlibre , CaCO3 , MgO , R2 SO4 , Na2 O, K 2 O …) sont associées à
ces principaux minéraux. L'examen au microscope optique, à des échelles de l’ordre de 50 à
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 8
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
- Le silicate bicalcique
Le C2S s’hydrate de la même façon que le C3S, cependant avec une activité moindre. La
réaction peut être décrite par l’équation 1.4:
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 9
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Les produits d’hydratation sont identiques à ceux de C3S, mais il y a comparativement une
plus forte proportion de C-S-H. L’hydratation et le développement de la microstructure sont
environ 90 fois plus lents que pour C3S. La naissance des cristaux de Ca(OH)2 est également
plus lente qu’avec C3S[4].
- La phase ferrite
Les études récentes confirment que l’hydratation de la phase ferrite des ciments Portland est
semblable à celle de C3A, aussi bien en présence qu’en l’absence de gypse. Toutefois, sa
vitesse d’hydratation est beaucoup plus lente. La spectrométrie Mossbauer [5] permet de
montrer que, à température et pression normale, l’hydratation de C4AF donne une série
d’isomorphes hydratés et Fe(OH)3.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 10
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Lorsqu’on ajoute du gypse, la séquence d’hydratation de la phase ferrite est la même que pour
C3A: il se forme de l’ettringite où Fe est substitué à Al et Fe(OH)3. Collepardi et al. [6]
trouvent que l’ettringite obtenue par hydratation de C4AF en présence de gypse est plus stable
que celle produite par C3A dans les mêmes conditions.
L’hydratation de la ferrite de calcium, C2F, conduit à la formation de C4FH13 et Fe (OH)3 .
OH − .
C3 S + H 2O → C − S − H + Ca (OH ) 2
C3 A + 3(CaSO4 , 2H2O) + 26H 2O → 6 Ca2+ + 2 AlO2− + 4 OH− + 3 SO42− + 30H2O + (3CaO, Al2O3 ) Equation 1.8
Les grains de C3 A se recouvrent donc d'un écran d'ettringite très finement cristallisé. La
formation de cette ettringite entraîne des forces d'expansion qui résultent de l'augmentation du
volume des solides. Cette expansion provoque l'éclatement de la croûte d'ettringite et
l'hydratation du C3 A . Mais à cet endroit, de l'ettringite se forme à nouveau et protège encore
le C3 A de l'hydratation.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 11
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Les réactions qui entraînent la prise sont déclenchées par la précipitation de la portlandite, qui
survient au bout de plusieurs heures ( ≈ 5 heures). La brutale consommation d’ions Ca 2 + et
OH − par la formation de Ca (OH ) 2 accélère la dissolution de tous les constituants du ciment.
On observe une augmentation du flux thermique correspondant à la précipitation de
Ca (OH ) 2 et de C-S-H, assez lente au départ car la précipitation de la portlandite est
endothermique.
La formation des hydrates se faisant plus rapide, le nombre de « points de colle » entre les
grains augmente rapidement. La fin de la période de prise est caractérisée par une accélération
de l’hydratation.
Dans la plupart des ciments Portland, la proportion molaire de gypse est inférieure à celle de
l’aluminate. La formation d’ettringite, très rapide en fin de la période de prise et début de la
période de durcissement, aboutit à l’épuisement du gypse (entre 9 et 15 heures), l’ettringite
devient alors la source d’ions sulfates SO42 − pour former avec le C3 A excédentaire le
→ 3CaO.Al2O3.CaSO4.12H2O + 8H2O
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 12
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
les mieux cristallisées. Elle cristallise sous forme de cristaux hexagonaux plus ou moins
développés dans la pâte de ciment, ces cristaux sont bien orientés sous forme de couche dans
l’auréole de transition, ou en bordure des bulles d’air. Sa structure cristalline est de type
hexagonal. Elle est constituée de plans d’ions calcium (plan ab) en environnement octaédrique
assuré par 3 ions OH– de part et d’autre du plan, ce qui constitue un feuillet d’hydroxyde qui
est répété selon l’axe c (cf. Figure 1. 1).
En raison de la grande taille de ses cristaux, Ca (OH)2 présente une faible surface spécifique.
La portlandite peut aussi se trouver à l’état amorphe lorsqu’elle ne trouve pas assez d’espace
pour cristalliser.
Le Ca (OH)2 n’a que peu d’importance du point de vue de la résistance mécanique mais, par
contre, cet hydrate joue un rôle notable pour des questions de durabilité [7] [8], car il opère un
effet tampon en maintenant un pH basique (cf. Chapitre 3).
La teneur initiale en portlandite est une donnée d’entrée de la plupart des modèles de
carbonatation des bétons.
c
OH-
Ca2+
-
OH
b
a
(a) (b)
Figure 1. 1: (a) structure cristalline de la portlandite; (b) image au MEB de cristaux de portlandite [9]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 13
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
La famille des C-S-H est formée d’une grande variété de silicates de calcium hydratés. Une
des caractéristiques importantes qui différencie ces espèces est le rapport molaire entre la
quantité de calcium et de silicium (rapport Ca/Si). Trois phases de C-S-H sont distinguées :
C-S-H-α correspondant à 0,66 < Ca/Si < 1, C-S-H- β correspondant à 1 < Ca/Si < 1,5, C-S-H-
γ correspondant à 1,5 < Ca/Si < 2 [8].
On distingue souvent également les C-S-H par leur morphologie [8], en particulier les C-S-H
externes (outer product) de morphologie plutôt fibrillaire, qui se développent à partir de la
surface des grains anhydres dans les pores de la pâte et les C-S-H internes (inner product) de
morphologie plus compacte, qui occupent l’espace libéré par le grain d’alite qui se dissout (cf.
Figure 1.2).
Les particules de C-S-H peuvent être classées en 4 types morphologiques selon Diamond
[12] :
Type I: il se présente en feuillets très minces qui s’enroulent sur eux-mêmes en formant des
tubes creux [13] et rayonnent autour du grain de ciment. Cette cristallisation aciculaire
recouvre progressivement les grains anhydres et leur donne un aspect dit « en hérisson ».
Cette morphologie fibreuse est surtout visible aux premiers âges de l’hydratation.
Type II: il se présente sous forme alvéolaire (nid d’abeilles).
Type III: il apparaît souvent comme de petits disques ou des sphères (0,2 µm) assemblés pour
former des particules plus massives sans forme particulière. On le trouve dans les pâtes
matures.
Type IV: il s’agit d’une structure particulièrement dense et amorphe.
Les types I et II cristallisent en début de prise dans l’espace disponible entre les grains
anhydres. Par contre, les types III et IV seraient plutôt des hydrates tardifs qui occuperaient la
place des grains anhydres d’origine; pour cela, ils sont appelés hydrates internes [7].
Du fait de la petite taille des particules qui le composent, la surface spécifique du C-S-H est
très élevée (de l’ordre de 250 m2/g) [14].
Le C-S-H est très peu soluble dans une solution saturée par rapport à la portlandite (quelques
μmol/L, soit de l’ordre de 1 mg/L). Sa solubilité augmente quand la concentration en
hydroxyde de calcium en solution diminue. Si le pH descend en dessous de 10, il se dissout au
profit de la silice qui devient moins soluble [15] (cf. Chapitre 3).
Les silicates de calcium hydratés restent des corps mal définis et mal cristallisés non
identifiables par DRX (cf. Chapitre 6). C’est pour cela que cette phase est souvent appelée
« gel », en rapport avec son faible degré de cristallinité et le fait qu’elle soit gorgée d’eau.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 14
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
L’espace inter feuillet peut être qualifié de première classe de porosité. Les autres classes de
porosité naissent de l’agencement des lamelles [11].
Figure 1.2: Morphologie du C-S-H. Image MEB de C-S-H poussant à la surface de grains d’alite [16]
- Le C3AH6 ou hydrogrenat
Le C3AH6, Ca3Al2 (OH)12 est la forme la moins soluble des aluminates de calcium hydratés et
la plus stable. Il présente la même structure cristalline que le grenat Ca3Al2 (SiO4)3 (Katoite)
[17]. L’hydrogrenat est le produit de l’hydratation des ciments alumineux, on le trouve
rarement dans les ciments Portland hydratés à des températures normales.
1.1.4.4 L’ettringite
L’ettringite (C3A3CSH32) cristallise sous forme d’aiguilles à base hexagonale (cf. Figure 1.3),
souvent rayonnantes (oursins) autour des grains de ciment anhydres dans une pâte de ciment
âgée. Ces aiguilles se retrouvent parsemées dans les fibres de C-S-H [7]. Le nombre de
molécules H2O de la formule de l’ettringite est mal connu, il peut être 30, 31, ou 32 H2O
suivant la température et la pression partielle de vapeur d’eau du milieu.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 15
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Figure 1.3: Micrographie SE d'une fracture de béton montrant une pelote d’ettringite [18]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 16
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
gâchage qu’il faut ajouter, les fabricants d’adjuvants ont développé des molécules déjà bien
connues pour leurs propriétés dispersantes.
1.2.2 Historique
L'introduction des superplastifiants dans le béton a été le fruit du hasard. Du noir de charbon
avait été ajouté au béton pour changer la couleur de la ligne médiane d'une autoroute à trois
voies. Cela a dégradé la maniabilité du béton, un dispersant a donc été introduit pour
contrecarrer l'effet du noir de charbon. Le béton, une fois pris, se caractérisait par des
propriétés qui indiquaient l’influence positive du dispersant [21]. Les ouvriers avaient
probablement ajouté moins d'eau en raison de la dispersion accrue, et le matériau durci avait
montré une résistance supérieure [22].
Mielenz [23] nous apprend que les effets dispersifs des sels d’acides sulfuriques et d’acides
naphtalènes sulfoniques furent utilisés pour la première fois en 1936 par H.L. Kennedy.
En 1938, un premier brevet américain sur l’emploi d’agent dispersant à base d’acide
aromatique sulfonique condensé avec la formaldéhyde, est octroyé à G.R. Tucker.
En 1939, un second brevet sur les effets dispersifs des sels solubles d’acides sulfoniques est
enregistré par J. Scripture [24].
Les lignosulfonates, obtenus par traitement du bois avec le bisulfite, sont utilisés en tant que
dispersants vers 1950. Cependant, ce sous–produit de l’industrie de la pâte à papier contient
du glucose qui retarde fortement la prise. Ces molécules organiques ne sont pas très longues,
donc leur effet neutralisant sur les particules de ciment sera plus ou moins local. En utilisant
de tels adjuvants, la réduction de la quantité d’eau de gâchage se trouve entre 8 et 10 %, ce
qui est nettement insuffisant pour éliminer totalement l’eau excédentaire (non nécessaire à
l’hydratation du ciment) [25].
La découverte au début des années 60 par les japonais (1962) et les allemands (1964) des
propriétés dispersantes des lignosulfonates modifiés (LMS), des polynaphtalènes sulfonates
(NSF) et des polymélamines sulfonates (MSF) ont permis à la technologie du béton de
progresser. Il est devenu possible de fabriquer des bétons fluides, même avec moins d’eau
qu’il n’en faut pour hydrater le ciment, donc de fabriquer des bétons de très faible rapport E/C
et faciles à mettre en place.
Dans la présente décennie, une nouvelle famille de produits à base de polymères
carboxyliques, acryliques ou de polyéthylène a été proposée et utilisée. Ces polymères qui ne
contiennent pas de groupes sulfoniques, avec leurs molécules de longues chaînes latérales
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 17
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
sont plus efficaces que les MSF et NSF. Ils ont été développés pour l’utilisation dans
l’industrie du béton où qualité, durabilité, performance et ouvrabilité sont requises.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 18
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 19
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
déplacent alors plus facilement les unes par rapport aux autres sans avoir à vaincre des forces
plus élevées de cisaillement, comme c'est le cas d'une agglomération des grains;
● Par répulsion [36], les adjuvants neutralisent les différentes charges des particules et
donnent la même charge électrostatique à chaque grain de ciment. Ces charges de même signe
vont créer des forces répulsives entre les particules pour empêcher le contact entre les grains
de s'opérer et amener une défloculation de ces grains;
● En réduisant la tension superficielle de l'eau par rapport au ciment et aux éléments les plus
fins;
● Par un mécanisme d’actions successives. Les superplastifiants à base de polymères
carboxyliques se différencient des superplastifiants traditionnels par une action liant la
répulsion électrostatique et l’effet stérique [37]. C’est en créant un obstacle physique au
rapprochement des particules de ciment grâce à la longueur des chaînes latérales des
polymères que l’encombrement spatial améliore l’état dispersé (cf. Figure 1.5). Cette réaction
est la combinaison de deux actions successives (cf. Figure 1.6) qui permettent de s’opposer à
la perte de l’ouvrabilité dans le temps. Dès l’incorporation du superplastifiant dans le mélange
cimentaire, une première partie agit immédiatement et la seconde est présente mais inactive.
L’hydratation du ciment, qui se déroule normalement, fait évoluer le pH du mélange vers la
basicité, ce qui provoque la libération progressive des molécules complémentaires. Celles-ci
travaillent de la même manière que les premières et prolongent donc la dispersion, évitant
ainsi la perte d’efficacité dans le temps [38], [28].
E/C
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 20
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Action
1
Action
2
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 21
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 22
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
texture est plus dense en présence de superplastifiant. Plus l'adsorption est forte, plus le retard
est amplifié. Ce dernier est plus marqué par la faible teneur en C3A du ciment [49]. L'effet
retardateur du superplastifiant contribue à l'intensification de son effet plastifiant. Un retard
important peut entraîner une réduction de la résistance à la compression aux jeunes âges (à 1
jour) [44].
Collepardi et al. [54] observent que l'addition différée du superplastifiant (2 min 30 après
mélange eau-ciment) conduit à une augmentation de la fluidité.
Paillère et Briquet [55] signalent que les polymères de synthèse incorporés en différé (30 min
et plus après fabrication des mélanges hydrauliques) présentent un effet fluidifiant très élevé.
Chiocchio et Paolini [56] rapportent que l'addition différée du superplastifiant (NSF ou MSF)
de quelques minutes augmente la fluidité par rapport à une addition dans l'eau de gâchage.
Dans ce cas, la diminution de l'ouvrabilité en fonction du temps est faible et la nature du
superplastifiant n'influence pas ce changement de fluidité au cours du temps. Le moment
d'addition optimal est de deux minutes après le mélange eau-ciment. Il correspond au début de
la période dormante de l'hydratation du ciment (sans adjuvant).
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 23
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
1.2.7 Conclusion
La teneur en portlandite des matériaux cimentaires est un indicateur performantiel de la
durabilité des structures en béton armé vis-à-vis de la carbonatation, puisque la portlandite
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 24
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Les superplastifiants à base de polycarboxylates sont des adjuvants qui ne contiennent pas de
groupes sulfoniques. Ils arrivent à réduire l’eau d’environ 30 à 40 % grâce à leurs molécules
de longues chaînes latérales et un poids moléculaire élevé. Leur structure chimique agit sur le
grain de ciment par répulsion électrostatique et effet stérique. Une première partie du
superplastifiant agit immédiatement dès l’incorporation dans le mélange cimentaire, tandis
que la seconde partie est libérée au fur et à mesure que la basicité du mélange augmente, ce
qui permet de prolonger l’ouvrabilité sans effet retardateur.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 25
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Références bibliographiques
[1] Taylor H.F.W. « Cement chemistry ». Academic press, 1997, 475 p;
[2] Baron J., Olivier J.P. et Weiss J.C. « Les ciments courants ». In : Les bétons. Bases et
données pour leur formulation. Editions Eyrolles, 1997;
[3] Folliot A. « Le ciment ». In : Le béton hydraulique. Presses de l’Ecole Nationale des Ponts
et chaussées, 1982;
[4] Houst Y.F « Diffusion de gaz, carbonatation et retrait de la pâte de ciment durcie ».
Thèse de Doctorat, Université de Lausanne (1992);
[5] Teoreanu I., Filot G., Hritcu C. (1979) « Interaction Mechanism of 2CaOFe2O3 and
4CaO.Al2O3.Fe2O3 with water at various »;
[6] Collepardi M., Monosi S., Moricani A and Corradi M (1979). « Tetracalcium
aluminoferrite hydration in the presence of lime and gypsum ». cem, concr, Res; 9, 431-437;
[7] Baroghel V-B. « Caractérisation microstructurale et hydrique des pâtes de ciment et des
bétons ordinaires et à très hautes performances ». Thèse de doctorat, Ecole Nationale des
Ponts et Chaussées, 1994;
[8] Ollivier J-P., Vichot A., (sous la direction de), Décembre 2008 « La durabilité des bétons.
Bases scientifiques pour la formulation de bétons durables dans leur environnement »;
[9] Damidot D., Glasser F.P. « Investigation of the CaO-Al2O3-SiO2-H2O system at 25 °C
by thermodynamic calculations ». Cement and Concrete Research, vol. 25 n° 1, 1995, p. 22-
28;
[10] Gauffinet S., Finot E., Lesniewska E., Nonat A. « Observation directe de la croissance
d’hydrosilicate de calcium sur des surfaces d’alite et de silice microscopie à force atomique ».
C.R. de l’Académie des Sciences, vol. 327, n° 4, 1998, p. 231-236;
[11] Plassais A. « Nanoporosité, Texture et propriétés mécaniques de pâtes de ciments »
Thèse de doctorat en physique et chimie des matériaux de l’Université de Paris 6 (2003);
[12] Diamond S. «The microstructure of cement paste in concrete» In: Proceedings of the 8th
International Congress on the chemistry of cement, Rio de Janeiro, Brasil, 1986, sous-théme
2.2: Microstructure of hardened cement paste and its effect on behaviour. Finep, Rio de
Janeiro, 1986, vol.1, pp122-147;
[13] Mills 1968
[14] Kantro D.L., Brunauer S., Weise C.H. « Development of surface in the hydration of
calcium silicates”. Advances in chemistry series, 1961, p. 199-219;
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 26
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
[15] Greenberg J.A., Chang T.N., Anderson E. « Investigation of colloidal hydrated calcium
silicates”, I) Solubility products. Journal of American, Chemical Society, vol. 61, 1960, p.
1151-1157;
[16] Regourd M., Hornain H. « Applications de la microscopie électronique à balayage ».
Revue des matériaux de construction, n° 693, 1975, p. 73-87;
[17] Damidot D., Glasser F.P. «Investigation of the CaO-Al2O3-SiO2-H2O system at 25 °C
by thermodynamic calculations ». Cement and Concrete Research, vol. 25 n° 1, 1995, p. 22-
28;
[18] Brunetaud X. « Etude de l’influence de différents paramètres et de leurs interactions sur
la cinétique et l’amplitude de la réaction sulfatique interne au béton ». Thèse de doctorat en
Physique-chimie des Matériaux, Ecole Centrale des Arts et Manufactures – Ecole Centrale de
Paris, 2005 ;
[19] Kreijger P.C. “Plasticizers and Dispersing Admixtures”, Admixtures, Concrete
International 1980. The Construction Press, London 1980, pp. 1-16;
[20] Aitcin P.C. « Les fluidifiants, des réducteurs d’eau pas comme les autres ». In : Annales
de l’ITBTP" n° 473 Mars-Avril 1989;
[21] Dodson V.H. “Concrete admixtures cart”. Van Nostrand Reinhold, New York, 1990;
[22] Robert J., Nicos S. and Lennart Bergström. “La Rhéologie des Matériaux Cimentaires
(The Rheology of Cementitious Materials ». In : Ciments, Bétons, Plâtres, Chaux, Nº 867, pp.
48-55, Juin-Juillet 2004;
[23] Mielenz R. (1984) « History of chemical admixtures for concrete” Conc. Int, vol.6 n°4
pp: 40-53;
[24] Comparet C. «Etude des interactions entre les phases modèles représentatives d’un
ciment Portland et des superplastifiants du béton». Thèse de Doctorat en Chimie – Physique,
Université de Bourgogne - UFR des Sciences et Techniques, Ecole doctorale Carnot, 8
Octobre 2004;
[25] Dakhmouche F-Z. « Etude de l’effet des superplastifiants sur les propriétés des bétons
frais et durcis et leur interaction avec les ciments algériens ». Thèse de Magister, Université
Mentouri Constantine, Juin 2000;
[26] Meyer A. «Experiences in the use of superplasticizers in Germany. Superplasticizers in
concrete ». Proceedings of an International Symposium, Ottawa, Canada, 29-31, May 1978;
[27] Cours GCI 712 chapitre 8 « Les adjuvants » Université Sherbrooke, 2008;
[28] Journée d’Information (Ciments- Bétons – Adjuvants), «Les adjuvants, définitions et
opportunités d’utilisation», ERCE – CTC- Est - Granitex, Alger, 2004;
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 27
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 28
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
[42] Basile F., Biagini S., Ferrari G., Collepardi M., (1986). “Effect of Condensation Degree
of Polymers Based on Naphtalene on Fluidities of Cement Pastes”. Proceedings of the 8th
International Congress on the Chemistry of Cement, Rio de Janeiro, vol. VI, pp: 260-263;
[43] F., Biagini S., Ferrari G., Collepardi M., (1986). “Properties of Cement Mixes
Containing Naphtalene Sulfonated Polymers of Different Molecular Weight”. Proceedings of
the 8th International Congress on the Chemistry of Cement, Rio de Janeiro, vol. VI, pp: 264-
268;
[44] Simard M.A., Nkinamubanzi P.C., Jolicoeur C., Perraton D., Aitcin P.C., (1993).
“Calorimetry, Rheology and Compressive Strength of Superplasticized cement pastes”.
Cement and Concrete Research, vol. 23, pp: 939-950;
[45] Fernon V. « Caractérisation de produits d'interaction adjuvants/hydrates du ciment », 3ème
Journée Technique Adjuvants, Technodes SA, Guerville, 29 Septembre 1994;
[46] Anderson P.J., Roy D.M., Gaidis M. « The effect of superplasticizers molecular weight
on its adsorption and dispersion of cement » Cement and Concrete Research 18, 980, 1988;
[47] Ferrari G., Basile A., Bo Dal A., Mantono A. « The influence of the molecular weight of
beta-naphthalenesulfonate based polymers on the rheological properties of cement mixes », II
cemento, 83, 445, 1986;
[48] Paillère A.M., Serrano J.J., Grimaldi G. (1990). « Influence du dosage et du mode
d’introduction des superplastifiants sur le maintien de la maniabilité optimale des bétons à
hautes performances avec et sans fumées de silice ». Bulletin de liaison des Laboratoires des
Ponts et chaussées, 170, nov-déc., pp : 37-45;
[49] Massaza F., Costa U. « Effect of Superplasticizers on the C3A Hydration » Proceedings
of the 7th International Congress on the Chemistry of Cement, Paris, vol. IV, 1980 pp: 529-
534;
[50] Ramachandran V.S. (1987). « Use of Superplasticizers in Concrete », II Cemento, vol.
84, pp : 608-611;
[51] Paillère A.M., Alegre M., Ranc R., Buil M. (1985). « Interaction entre les réducteurs
d’eau-plastifiants et les ciments ». Bulletin de liaison des laboratoires des Ponts et Chaussées,
136, Mars-Avril, pp: 105-108;
[52] Vernet C., Noworyta G. (1992). « Interaction des adjuvants avec l’hydratation du C3A :
point de vue chimique et rhéologique », Journée technique : les couples ciment/adjuvant,
Technodes S.A., Guerville;
[53] Fontaine C. (1994). « Le couple ciment/adjuvant : comment résoudre certaines
incompatibilités », 3ème Journée technique Adjuvants, Technodes SA, Guerville, 29 sept;
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 29
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
[54] Collepardi M., Corradi M., Baldini G., Pauri M. « Influence of Sulfonated Naphtalene on
the Fluidity of Cement Pastes » Proceedings of the 7th International Congress on the
Chemistry of Cement, Paris, vol. III, 1980, pp : 20-25;
[55] Paillère A.M., Briquet Ph. « Influence des résines de synthèse fluidifiantes sur la
rhéologie de la déformation des pâtes de ciment avant et en cours de prise ». Proceedings of
the 7th International Congress on the Chemistry of Cement, Paris, vol. III, 1980, pp : 186-191;
[56] Chiocchio G., Paolini A.E. « Optimum Time of Adding Superplasticizers to Portland
Cement Pastes», Cement and Concrete Research, vol. 15, 1985, pp: 901-908;
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 30
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
CHAPITRE 2
ETUDE EXPERIMENTALE.
METHODE DES COULIS ET
PREDICTION DU
COMPORTEMENT RHEOLOGIQUE
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 31
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
CHAPITRE 2
Le premier objectif de ce chapitre est la caractérisation des différents matériaux qui ont servi à
la formulation des coulis, des pâtes de ciment et des bétons.
Le second objectif est l’utilisation de la méthode des coulis comme outil pour la formulation
des bétons ayant une même ouvrabilité.
Le dernier est d’établir un modèle empirique présentant le temps d’écoulement au cône de
Marsh en fonction du rapport E/C et du dosage du superplastifiant à partir des résultats de
l’étude rhéologique. Cette dernière est basée sur la méthode des coulis, qui peut servir à
prévoir l’ouvrabilité des bétons adjuvantés réalisés avec ces ciments et le superplastifiant
utilisé.
Notation Désignation
C1 CEM I 42.5 (1) - CRS - Ain-Touta
C2 CEM II/A 42.5 - CPJ - Ain-Touta
C3 CEM I 42.5 (2) - CRS - Msila
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 32
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
● Les compositions chimiques des différents ciments ont été effectuées par les laboratoires des
différentes cimenteries et confirmées par le laboratoire de la cimenterie de Tébessa (cf.
Tableau 2.1).
Ciment CaO Total SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO K2O Na2O SO3 CaO l P.F Ins
C1 64,61 21,83 3,32 4,73 1,17 0,45 - 1,81 1,0 1,68 0,6
C2 54,19 21,25 5,32 2,41 1,52 0,79 - 1,89 1,65 7,4 8,6
C3 61,97 22,98 4,04 4,71 1,3 0,62 - 1.78 1,02 1,38 2,8
La lecture du Tableau 2.2 nous montre que le ciment CEM II (C2) contient moins de chaux
que les deux ciments CEM I (C1, C3).
● Les compositions minéralogiques ont été calculées selon Bogue (cf. matrice de Bogue)
regroupées dans le Tableau 2.3.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 33
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
CEM I (C1 et C3) par rapport à un CEM II (C2) par contre, la valeur de C3A est faible pour
le troisième ciment (C3).
● L’analyse par DRX des différents ciments a mis en évidence les phases classiques du
clinker (cf. Figure 2.1, Figure 2.2 et Figure 2.3).
C2S/C3S/C4AF
60 gypse /C3S/C2S
50
40 C3S C3S/C2S
Intensité
30
C3S/C2S
20 C3S/C2S
C4AF C3A
C3S C2S
C3S/C4AF
C3A C3S C3S
10 gypse
C3S
C3S C2S
C2S C2S
0
5 15 25 35 45 55 65 75
2 théta (degrés)
60
C3S/C
50
C2S/C3S/C4AF
gypse/C3S/C2S
40
C3S/C2S
Intensité
30
C2S
C3S/C2S SiO2
20
SiO2 C3A C3A C3S/C2S
C3S C2S
SiO2 C3S/C4AF
C3S
C4AF C2S C
10 gypse C3S
C2S C
C3S C
0
5 15 25 35 45 55 65 75
2 théta (degrés)
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 34
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
C2S/C3S/C4AF
80
gypse/C3S/C2S
70
60
C3A
C2S C3S/C2S
50
Intensité
C3S
40
C3S
C3S/C2S
30
C4AF C3S
C3A
20 C3S/C2S
C3S C2S
gypse C3S C3S/C4AF
C3S C2S C2S
10 C3S
C3S
0
5 15 25 35 45 55 65 75
2 théta (degrés)
Les densités ont été déterminées à l’aide d’un densimètre le Châtelier en utilisant l’essence de
térébenthine. Les surfaces spécifiques Blaine ont été déterminées par le perméabilimètre de
Blaine (NFP 15-442) [2] dont le principe est de déterminer le temps mis par l’air pour
traverser une certaine quantité de poudre. La consistance normale des pâtes de ciment a été
suivie par l’appareil de Vicat. Les caractéristiques mécaniques ainsi que les propriétés
physiques ont été mesurées par les laboratoires des cimenteries.
La lecture du Tableau 2.4 nous montre que le ciment CEM II (C2) a une surface spécifique
plus grande que les deux autres ciments. Par contre, les résistances à la compression à 2 et à
28 jours pour les ciments CEM I (C1 et C3) sont plus importantes que celles du ciment C2,
ceci est dû au pourcentage d’hydrates qui est plus important pour les ciments CEM I, donc
moins de porosité libre.
Concernant la consistance normale, nous remarquons que le CEM II nécessite beaucoup plus
d’eau que les autres ciments. Pour les temps de prise, nous avons à peu prés le même temps
qui est de 60 min. pour les trois ciments.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 35
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Caractéristiques C1 C2 C3
Consistance normale (%) 26 26.60 25.10
Début de prise (mn) 180 162 130
Fin de prise (mn) 240 223 190
Poids spécifique (g/cm3) 3.05 3.03 3.13
Surface spécifique Blaine (cm2/g) 3320 3509 2760
Résistance à la compression à 2j (MPa) 16.73 13.40 15.50
Résistance à la compression à 28j (MPa) 47.93 41.01 43.60
Les courbes granulométriques laser des deux ciments utilisés dans la formulation de nos
bétons, CEM I et CEM II, sont données par la Figure 2.4 et la Figure 2.5.
100 5
V cumulé
V différentiel
60 3
40 2
20 1
0 0
0,1 1 10 100 1000
diam étre des particules (µm )
100 5
V cumulé
V differentiel
80 4
volume differentiel (%)
volume cumulé (%)
60 3
40 2
20 1
0 0
0,1 1 10 100 1000
diam étre des particules (µm )
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 36
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
La Figure 2.6 nous renseigne sur la répartition en taille des gains des différents ciments. Nous
observons que nous avons pratiquement pour les deux ciments le même volume de particules
ayant un diamètre inférieur à 10 µm ; par contre, dans l’intervalle de 10 à 50 µm, le volume
des particules est un peu plus important pour le C1. Concernant les gros diamètres, c'est-à-dire
ceux supérieurs à 50µm, le C2 possède un peu plus que le double par rapport au C1.
100
répartition en taille de grains (%)
80
60
C1
C2
40
20
< 10 µm 10 - 50 µm > 50 µm
● Analyse granulométrique
On observe essentiellement sur la Figure 2.7 que notre sable contient 21 % d’éléments fins
inférieurs à 80 µm et 82 % d’éléments inférieurs à 2 mm. Ces deux pourcentages ont été
confirmés pour le premier, par lavage et tamisage sous eau et pour le deuxième, par tamisage
à sec.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 37
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Les courbes montrent que la granulométrie des granulats est monotone et croissante. Il
n’existe pas de palier sur cette courbe, ce qui indique que le gravier utilisé dans notre étude
est un gravier à granulométrie continue.
100
90
80
Tamisats cumulés (%)
70
60 0/3
50 3/8
40 8/16
30
20
10
0
0,01 0,1 1 10 100
Tamis (mm)
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 38
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
100 5
V cumulé
80 V differentiel 4
volume cumulé (%)
volume differentiel
60 3
40 2
20 1
0 0
0,1 1 10 100 1000
diam étre des particules (µm )
100
80
60
sable
40
20
0
< 10 µm 10 - 50 µm > 50 µm
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 39
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,700
2,680
0/5 (sans80 µm)
densité (kg/m3)
2,660 0/2 (sans 80 µm)
(3/8)
2,640 (8/16)
2,620
2,600
2,580
0 20 40 60 80 100 120
tem ps (m in)
La Figure 2.10 présente le temps d’absorption d’eau par les différentes classes granulaires.
Du fait que nos granulats absorbent de l’eau, nous devons tenir compte de cette quantité d’eau
absorbée par les granulats (0/5,3/8 et 8/16) au moment de la formulation de nos bétons et celle
absorbée par la classe 0/2 dans la formulation des coulis, la courbe ci-dessus nous permet de
connaître le temps exact d’absorption que nous allons prendre en considération pendant le
gâchage de nos bétons et nos coulis d’étude (cf. Gâchage des bétons chapitre 4).
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 40
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
sable 0/5
25 C
C:CaCO3
racine de l'intensité
20
15
C
10 C C
C
C C C
5
0
5 25 45 65
2 théta (degrés)
-0/5-
25 25
C: CaCO3 C:CaCO3
racine de l'intensité
racine de l'intensité
20 C 20
C
15 15
C
10 C C
C 10 C
C C C C C C C
5 C C
5
0
0
5 25 45 65
5 25 45 65
2 théta (degrés)
2 théta (degrés)
-3/8- -8/16-
Figure 2.11: Caractérisation cristallographique des granulats par DRX
Classe granulaire Essai au bleu Propreté du sable Los Angeles Micro Deval
Normes NFP 18-592 NFP 18-597 NFP.18-573 NFP.18- 572
0/5 0,17 57 - -
3/8 - - 25,9 23,6
8/16 - - 23,4 27
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 41
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2.1.3 Le superplastifiant
La plupart des bétons modernes incorporent des superplastifiants dans leur formulation. Ces
produits "défloculants" améliorent l’ouvrabilité à quantité d’eau constante. Ils permettent
d’atteindre des rapports eau/liant inférieurs à 0,50, en conformité avec les spécifications de la
norme NF EN 206 [4] pour certaines classes d’exposition, et de fabriquer des bétons compacts
à résistance et durabilité élevées. Les superplastifiants actuels sont principalement des
polycarboxylates. Ils présentent une grande efficacité.
Le superplastifiant utilisé (Medaflow 30) est un adjuvant à base de polycarboxylates et
produit par Granitex [5].
La densité du superplastifiant est mesurée au pycnomètre. Le pH a été déterminé à l'aide d'un
pH-mètre. La teneur en extraits secs est mesurée à 105°C (cf. Tableau 2.6)
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 42
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2.2.2 Objectifs
Nos objectifs concernant l’utilisation de la méthode des coulis sont:
- étude de la compatibilité des différents couples ciment - superplastifiant;
- suivi du comportement rhéologique des coulis dans le temps ;
- optimiser des formules de bétons à partir d’essais effectués sur coulis (formuler des bétons
comparables d’un point de vue ouvrabilité, c’est à dire ayant un affaissement au cône
d’Abrams proche);
- générer un modèle empirique reproduisant les temps d’écoulement en fonction du rapport
E/C, du dosage du superplastifiant en extrait sec et du type de ciment.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 43
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
fine du sable dont la taille des grains est inférieure à 2 mm. Cette méthode des coulis consiste
à mesurer le temps d’écoulement d’un demi-litre de coulis placé dans un cône de Marsh (cf.
Figure 2.12) muni d’un ajutage cylindrique en partie inférieure du tronc conique. Le diamètre
de l’ajutage peut être choisi en se basant sur les propriétés rhéologiques des coulis pour
obtenir un temps d’écoulement significatif. Pour notre étude, nous avons adopté un diamètre
de 12,5 mm.
Le rapport E/C a été testé de 0,3 à 0,5 et le dosage en superplastifiant (SP) a été aussi testé
entre 0,05 % et 2,25 % en extrait sec par rapport à la masse du ciment, conformément aux
spécifications de la norme [13] en fixant le rapport C/S = 0,8 pour tous les coulis.
Ces coulis ont été préalablement malaxés de façon à obtenir un système bien défloculé. Le
gâchage a été réalisé de la manière suivante [14] :
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 44
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
- introduire directement le sable. Remettre ensuite en vitesse lente pendant 30 sec puis en
vitesse rapide pendant aussi 30 sec;
- stopper le moteur 30 sec pour râcler les bords du récipient;
- rajouter les 2/3 du superplastifiant et remettre en route en vitesse rapide pendant 2 min.
Nous avons préféré adopter ce mode d’introduction de l’adjuvant en fractionné que celui
différé car pour ce dernier mode, le béton sortant du malaxeur risque d’être trop sec et ne
pas permettre au superplastifiant d’avoir tout l’effet souhaité en raison d’une mauvaise
dispersion
La première mesure du temps d’écoulement de 500 ml de coulis est faite juste après la fin du
malaxage. Ensuite, le coulis est placé dans un récipient recouvert d’un film plastique pour
éviter toute évaporation d’eau. Une deuxième mesure de temps découlement est effectuée
après 30 min de repos et une troisième mesure après 60 min, en prenant le soin de malaxer à
nouveau le coulis pendant 30 sec en vitesse lente.
- le cas (a) correspond à une compatibilité parfaite entre le ciment et l’adjuvant, le dosage de
saturation est relativement faible de l’ordre de 1%, le temps d’écoulement est de 50 sec. La
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 45
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
distance verticale entre la courbe d’écoulement à 5 et 60 min est assez faible, traduisant ainsi
l’inexistence de dégradation dans la rhéologie du coulis durant la première heure qui suit le
malaxage.
- le cas (b) montre le cas d’une forte incompatibilité, le point de saturation est nettement
moins bien défini que dans le cas précédent, ses coordonnées sont (1,35 %, 68 sec); le coulis
initial n’est pas très fluide, à 1 heure le point de saturation s’est déplacé (2 %, 85 sec). Le
ciment consomme beaucoup de superplastifiant et les performances rhéologiques sont très
médiocres.
- les cas (c) et (d) représentent des cas intermédiaires. Dans le cas (c), on a le cas d’une
combinaison ciment-superplastifiant qui présente un excellent comportement rhéologique à
court terme, mais qui se dégrade avec le temps. Par contre, dans le cas (d), on est en présence
d’une combinaison qui ne présente pas un excellent comportement rhéologique initial (dosage
de saturation et temps d’écoulement élevés), mais dont la rhéologie ne se détériore pas dans le
temps.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 46
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
E 2 − E1
RE =
Equation 2.1
E2
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 47
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2
2 E1/C=0,50
1,8
1,8
1,6
1,6
1,4 1,4
log du temps
Log (temps)
1,2 1,2
1 Dsat
1
logt(Dsat 0,8
0,8 )
0,6 0,6
0,4 0,4
0,2 0,2
0 0
0,5 0,54 0,58 E2/C 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
E1/C=0,30
2,2
2,0 D sat
2,2
2,0 log(Dsat) 1,8
1,6
log du temps
1,8
1,6 1,4
Log (temps)
1,4 1,2
1,2 1,0
1,0 0,8
0,8 0,6
0,6 0,4
0,4 0,2
0,2 0,0
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
0,5 E2/C 0,54 0,58
SP (%) en extrait sec
rapport E/C pour le CEM II CPJ
Tableau 2.8 récapitule les références, les dosages de saturation, les fluidités et les réductions
d’eau offertes par le superplastifiant pour tous les coulis d’étude.
D’après ce tableau, nous constatons que les dosages de saturation sont assez élevés, de l’ordre
de 1,20 % à 2,25 % pour les rapports E/C faibles.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 48
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Tableau 2.8: Récapitulation des dosages de saturation et de la réduction d’eau offerte pour tous les coulis
d’étude
La Figure 2.16 nous montre que la réduction d’eau est plus importante avec l’utilisation du
ciment CEM II (C2) Ce ciment possède la plus forte surface spécifique, il est donc prévisible
qu’il s’agisse du ciment ayant le plus besoin d’adjuvant.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 49
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
50
45
40
20 C2
15
10
0
0,3 0,35 0,4 0,44 0,5
E/C
Figure 2.16: Evolution de la réduction d’eau en fonction du type de ciment et du rapport E/C
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 50
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,7
C3 0,3
2,4
C3 0,35
C3 0,4
2,1
C3 0,44
1,8 C3 0,48
log du temps
C3 0,5
1,5
1,2
0,9
0,6
0,3
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
SP (%) en extrait sec
Figure 2.17: Evolution du temps d’écoulement en fonction du dosage en superplastifiant pour les coulis à
base de CEM I (2) « C3 »
2,7 C1 0,30
C1 0,35
2,4 C1 0,40
2,1 C1 0,44
C1 0,50
1,8
log du temps
1,5
1,2
0,9
0,6
0,3
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
SP (%) en extrait sec
Figure 2.18: Evolution du temps d’écoulement en fonction du dosage en superplastifiant pour les coulis à
base de CEM I (1) « C1 »
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 51
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,7
C2 0,30
2,4 C2 0,35
C2 0,40
2,1 C2 0,44
C2 0,50
1,8
log du temps
1,5
1,2
0,9
0,6
0,3
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
SP (%) en extrait sec
Figure 2.19: Temps du temps d’écoulement en fonction du dosage en superplastifiant pour les coulis à
base de CEM II « C2 »
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 52
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,7
2,4
2,1
1,8
log du temps
1,5
1,2
0,9
Figure 2.20: Evolution du temps d’écoulement des coulis à base de C1 en fonction du temps
2,7
2,4
2,1
1,8
log du temps
1,5
1,2
0,9
Figure 2.21: Evolution du temps d’écoulement des coulis à base de C2 en fonction du temps
Le choix des rapports E/C de 0,63 et 0,67 avec un dosage habituel en ciment de 350 kg/m3
est justifié par le besoin de générer des bétons de porosité à la fois importante et grossière, de
manière à accélérer le mécanisme de transfert du gaz carbonique dans le béton.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 53
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Les bétons ayant un rapport E/C de 0,5 sont d’habitude considérés comme des bétons
« standards ». De nombreux résultats expérimentaux sur la carbonatation les concernant sont
disponibles dans la littérature.
Le choix des bétons ayant un rapport E/C de 0,35 est fait dans le but d’étudier l’influence de
la carbonatation sur les BHP.
2.3.5 Conclusion
La méthode des coulis s’appuie sur l’idée suivante: c’est dans la partie fine du béton que se
concentre l’essentiel de la surface des grains. Or, c’est sur cette surface que le superplastifiant
va agir.
Ainsi, en « extrayant » du béton frais la pâte de ciment contenant l’eau, les grains fins de
ciment et le superplastifiant, nous obtenons un coulis dont la fluidité donnera une image du
comportement à l’état frais du béton.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 54
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 55
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Faute de disposer d’un rhéomètre, nous nous sommes limités à mesurer le temps
d’écoulement au cône de Marsh en utilisant la méthode des coulis pour définir les dosages de
saturation et pour identifier la compatibilité des couples ciment-superplastifiant .
t α
Modèle 1 log( )=
t sat ( sp − sp min ) β
α : coefficient d’amplitude (coefficient de sensibilité proportionnelle)
Spmin : teneur minimale en adjuvant pour obtenir un écoulement
Paramètres ß : coefficient d’amplitude (coefficient de sensibilité puissance)
tsat : temps d’écoulement minimum à la saturation
- permet de relativement bien reproduire les expériences
Avantages - tsat : relativement précis à déterminer géométriquement
- 4 paramètres à déterminer
Inconvénients - α et ß ne peuvent pas être déterminés géométriquement et n’ont donc
pas de sens physique clair
- paramètre spmin difficile à déterminer avec précision
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 56
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
sp − sp min
t −
Modèle 2 log( ) = − α (1 − e β
)
t max
spmin : teneur minimale en adjuvant pour obtenir un écoulement
Paramètres tmax : temps d’écoulement maximal correspondant à spmin
α : coefficient d’amplitude (coefficient de sensibilité proportionnelle)
ß : coefficient d’amplitude (coefficient de sensibilité puissance)
Avantages - permet de très bien reproduire les expériences
- 4 paramètres à déterminer
- α et ß ne peuvent pas être déterminés géométriquement et n’ont donc
Inconvénients pas de sens physique clair
- paramètre spmin difficile à déterminer avec précision
- paramètre tmax théoriquement impossible à déterminer
t
Modèle 3 log( ) = α ( sp sat − sp) β
t sat
spsat : dosage en adjuvant à la saturation
Paramètres tsat : temps d’écoulement minimum (à la saturation)
α : coefficient d’amplitude (coefficient de sensibilité proportionnelle)
ß : coefficient d’amplitude (coefficient de sensibilité puissance)
Avantages - permet de relativement bien reproduire les expériences
- basé sur Spsat et tsat, relativement précis à déterminer géométriquement
- 4 paramètres à déterminer
Inconvénients - α et ß ne peuvent pas être déterminés géométriquement et n’ont donc
pas de sens physique clair
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 57
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
spsat − sp
t −
log( ) = α (e β
− 1)
Modèle 4 t sat
spsat : dosage en adjuvant à la saturation
tsat : temps d’écoulement minimum (à la saturation)
Paramètres α : coefficient d’amplitude (coefficient de sensibilité proportionnelle)
ß : coefficient d’amplitude (coefficient de sensibilité puissance)
t spsat − sp 2
log( ) =1− 1− ( )
Modèle 5
tsat spsat − spmin
spsat : dosage en adjuvant à la saturation
Paramètres tsat : temps d’écoulement minimum (à la saturation)
spmin : Teneur minimale en adjuvant pour obtenir un écoulement
- uniquement 3 paramètres à déterminer
Avantages - tous les paramètres peuvent être déterminés géométriquement
- très bonne simulation des expériences
- spmin relativement difficile à déterminer
Inconvénients - l’utilisation d’un modèle elliptique provoque des erreurs de
convergence des solveurs habituels, leur utilisation n’est cependant pas
nécessaire du fait que tous les paramètres peuvent être déterminés
géométriquement
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 58
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
x − x0 y − y0
X 2 + Y 2 = 1 avec X = et Y = Equation 2.4
α β
Les paramètres x0 et y0 permettent une translation de l’ellipse dans l’espace, tandis que les
paramètres α et ß modifient les rayons des axes principaux.
sp sat − sp
Dans notre cas, nous avons pris X = et Y = log(t ) − log(t sat ) Equation 2.5
sp sat − sp min
Le paramètre ß a été simplifié à 1, ce qui revient à dire que statistiquement il existe toujours
une relation de proportionnalité liant tmax et tsat tel que tmax/tsat = e. Ceci est d’autant plus facile
à admettre du fait que la mesure de tmax est théoriquement impossible et donc sujette à
approximation.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 59
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
0,5
Paramètre Y
0
-1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5
+1
-0,5
modèle retenu -1
Cadran n°1
Cadran n°2
Cadran n°3 -1,5
Cadran n°4 Paramètre X
Pour sp = spmin, X = 1 et pour sp = spsat, X = 0, ce qui signifie que nous évoluons par défaut
sur la partie des X < 0 (cadran 1 ou 2) (cf. Figure 2.22)
t spsat − sp 2
Ainsi, l’équation s’écrit Y = 1 − 1 − X 2 ou encore log( ) = 1− 1− ( )
tsat spsat − spmin
Les étapes de génération du modèle sont les suivantes :
- les paramètres spsat, spmin et tsat sont déterminés géométriquement à partir des résultats;
- le solveur de Micsosoft Excel® est utilisé pour affiner les valeurs de spmin vu que c’est un
paramètre plus difficile à déterminer expérimentalement tout en vérifiant la cohérence avec
les bornes imposées par les résultats expérimentaux;
- chaque paramètre spsat, spmin et tsat est tracé en fonction du rapport E/C pour tenter de trouver
une tendance générale;
- chaque tendance est modélisée par une loi simple (droite, polynôme de degré 2 ou encore loi
puissance). Le solveur peut être de nouveau utilisé pour affiner les lois simples obtenues tout
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 60
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
1,7
1,6
spmin
1,5
Log du temps d'écoulement
Domaine possible
1,4 pour spmin
1,3
Pas d'écoulement
pour sp = 0
1,2
tsat
1,1
Modèle
Points expérimentaux spsat
1
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3
Dans le cas du ciment n°1, les paramètres retenus sont (cf. Figure 2.23):
spmin = 0,065 % en extrait sec
tsat = 1,13 s
spsat = 0,232% en extrait sec
Amélioration de spmin avec un solveur:
Afin de minimiser l’erreur, spmin a été pris égal à: 0,055
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 61
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
0,8
0,7
0,6
valeurs de spsat
0,5
-2,2914
y = 0,0414x
0,4
2
R = 0,9475
0,3
0,2
0,1
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
rapport E/C
0,5
0,45
0,4
0,35
valeurs de sp min
0,3
0,25 y = 11,1x 2 - 10,969x + 2,7055
R2 = 0,9717
0,2
0,15
0,1
0,05
0
-0,05 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
rapport E/C
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 62
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
70
60
50
valeurs de tsat
40
y = 0,3237x -4,3702
30
R2 = 0,9908
20
10
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
rapport E/C
−2.2914
⎛E⎞
sp sat = 0.041⎜ ⎟
⎝C⎠ Equation 2.6
2
⎛ ⎞
E E
sp min = 11.1⎜ ⎟ − 10.969 + 2.7055
⎝C⎠ C Equation 2.7
−4.3702
⎛E⎞
t sat = 0.3237⎜ ⎟
⎝C⎠ Equation 2.8
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 63
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2
⎛ ⎞
⎛
⎜
log⎜
t
⎞
⎟
⎟ = 1−
⎜
⎜
1−⎜
()
0.041
E
C
− 2.2914
− SP
⎟
⎟
⎟
⎜
⎜ 0.3237
⎝
() E
C
− 4.3702⎟
⎟
⎠ ⎜⎜
()
⎜ ⎛⎜ 0.041 E
C
− 2.2914⎞ ⎛
⎟ ⎜ ()
⎟ − ⎜11.1 E
C
2
E
C
⎞⎟
− 10.69 + 2.7055⎟
⎟⎟
Equation 2.9
⎝⎝ ⎠ ⎝ ⎠⎠
2
∑ ecart
σ =
Equation 2.10
n −1
Ceci permet de conclure que l’approche proposée reproduit correctement les résultats
expérimentaux.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 64
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,5
2,3
2,1
1,9
Valeurs simulées
y = 0,9585x + 0,0496
1,7
R2 = 0,9389
1,5
1,3
1,1
0,9
0,7
0,5
0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3 2,5
Valeurs expérimentales
Figure 2.27: Valeurs simulées en fonction des valeurs expérimentales, cas du CEM I (2) « C3 »
Intervalle de confiance établi en prenant ± 2σ, avec σ = 0,098
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 65
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
0,8
0,7
valeurs de SP sat 0,6
0,5
0,4
0,3
y = -2,5727x + 1,4389
0,2
R2 = 0,982
0,1
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
rapport E/C
0,3
0,25
valeurs de SP min
0,2
0,15
y = 3,6808x 2 - 4,0523x + 1,13
0,1 R2 = 0,9744
0,05
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
rapport E/C
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 66
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
120
100
80
valeurs de tsat
60
y = 2912,5e-11,789x
40
R2 = 0,9344
20
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
raport E/C
⎛E⎞
sp sat = − 2.5727 ⎜ ⎟ + 1.4309
⎝C⎠ Equation 2.11
2
⎛ ⎞
E E
Sp min = 3.6808⎜ ⎟ − 4.0523 + 1.13
⎝C⎠ C Equation 2.12
E
− 11.789
t sat = 2912.5e C
Equation 2.13
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 67
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
⎛ ⎞ 2
()
⎜ ⎟ ⎛ ⎞
⎜ E ⎟
⎜ t
⎟ ⎜ − 2.5757 + 1.4309− sp
⎟
( () )
C
log⎜ ⎟ =1− 1−
⎜ ⎛ ⎛E⎞ 2 ⎛ E ⎞ ⎞⎟
⎜ ⎟ E
⎜ − 2.5757 C +1.4309 − ⎜3.6808⎜ ⎟ − 4.0523⎜ ⎟+1.13⎟ ⎟
Equation 2.14
⎜ 2912,5 e − 11.789 C ⎟ ⎝ ⎝C ⎠ ⎝C ⎠ ⎠⎠
E
⎝ ⎠ ⎝
2,5
2,3
y = 0,8797x + 0,2029
2,1 2
R = 0,8591
1,9
Valeurs simulées
1,7
1,5
1,3
1,1
0,9
0,7
0,5
0,500 0,700 0,900 1,100 1,300 1,500 1,700 1,900 2,100 2,300 2,500
Valeurs expérimentales
Figure 2.31 : Aperçu de la validité du modèle pour les coulis à base de CEM I (1) « C1 ».
Intervalle de confiance établi en prenant ± 2σ, avec σ = 0,15
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 68
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
0,8
0,7
0,6
valeurs de SP sat
0,5
0,4
y = -2,5061x + 1,4778
0,3 R2 = 0,9381
0,2
0,1
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
rapport E/C
0,4
0,35
0,3
valeurs de SP min
0,25
0,2
0,15
y = 5,5663x 2 - 6,2684x + 1,7539
0,1
R2 = 0,9918
0,05
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
rapport E/C
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 69
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
90
80
70
60
valeurs de t sat
50
40
30
y = 0,3503x -4,4322
20
R2 = 0,9963
10
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6
rapport E/C
⎛E⎞
Sp sat = − 2.5061 ⎜ ⎟ + 1.4778
⎝C⎠ Equation 2.15
2
⎛E⎞ E
Sp min = 5.5663 ⎜ ⎟ − 6.2684 + 1.7539
⎝C⎠ C Equation 2.16
t sat = 0.3503 ⎜
⎛ E ⎞ − 4.4322
⎟
⎝C⎠
Equation 2.17
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 70
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
⎛ ⎞
⎜ ⎟
()
2
⎛ ⎞
⎜ ⎟ ⎜ − 2.5061
E
+1.4778− sp ⎟
⎜ ⎟ = 1− 1− ⎜ ⎟
( () )
t C
log
⎜ − 4.4322 ⎟ ⎜ − 2.5061 E ⎛ ⎛ E⎞ 2 ⎛ E⎞ ⎞ ⎟
+1.4778 − ⎜5.5663 ⎜ ⎟ − 6.2684 ⎜ ⎟+1.7539⎟ ⎟
Equation 2.18
⎜⎜ 0.3503⎛⎜ E ⎞⎟ ⎟⎟ ⎜ ⎝C ⎠ ⎝C ⎠
⎝ C ⎝ ⎠⎠
⎝ ⎝ ⎠
C ⎠
2,5
2,3
2,1
y = 0,9722x + 0,0632
1,9
Valeurs simulées
R2 = 0,9167
1,7
1,5
1,3
1,1
0,9
0,7
0,5
0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3
Valeurs expérimentales
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 71
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 72
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,5
1,5
Log (temps)
0,5
0
0,5 0,52 0,54 0,56 0,58 0,6
rapport E/C pour le CEM I (2)
Figure 2.36: Evolution du temps d’écoulement en fonction de E/C sans superplastifiant – CEM I (2) « C3 »
2,5
2
log du temps
1,5
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
SP (%) en extrait sec
Figure 2.37: Evolution du temps d’écoulement en fonction de SP et E/C. Comparaison entre les résultats
expérimentaux et la simulation – CEM I (2) « C3 »
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 73
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,5
2
Log (temps)
1,5
0,5
0
0,5 0,52 0,54 0,56 0,58 0,6
rapport E/C pour le CEM I (1)
Figure 2.38: Evolution du temps d’écoulement en fonction de E/C sans superplastifiant –CEM I (1) « C1 »
2,5
2,0
log du temps
1,5
1,0
0,0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
SP (%) en extrait sec
Figure 2.39 : Evolution du temps d’écoulement en fonction de sp et E/C. Comparaison entre les résultats
expérimentaux et la simulation – CEM I (1) « C1 »
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 74
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,5
2,0
Log (temps)
1,5
1,0
0,5
0,0
0,5 0,52 0,54 0,56 0,58 0,6
rapport E/C pour le CEM II
Figure 2.40: Evolution du temps d’écoulement en fonction de E/C sans superplastifiant –CEM II « C2 »
2,5
2
log du temps
1,5
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
SP (%) en extrait sec
Figure 2.41: Evolution du temps d’écoulement en fonction de SP et E/C. Comparaison entre les résultats
expérimentaux et la simulation – CEM II « C2 »
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 75
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,1
1,9
1,7
1,5
1,3
1,1
0,9
0,7
0,5
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8
SP (% ) extrait sec
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 76
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2,1
1,9
1,7
1,5
1,3
1,1
0,9
0,7
0,5
0 0,05 0,1 0,15 0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8
SP (%) en extrait sec
2,1
1,9
1,7
1,5
1,3
1,1
0,9
0,7
0,5
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
SP(%) en extrait sec
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 77
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
2.5 Conclusion
Les différents matériaux – ciments, granulats, adjuvant – ont été caractérisés selon les
méthodes les plus appropriées.
Les principales différences des caractéristiques des ciments ont ainsi pu être mises en
évidence: le C2 présente la plus grande surface spécifique et ainsi bénéficie davantage de
l’effet de l’adjuvant. Une étude des cinétiques de rétention d’eau des granulats a permis
d’affiner le protocole de mélange qui sera appliqué pour le gâchage des bétons qui sera
comme suit: le malaxage à sec pour l’homogénéisation dure 1 min, après l’ajout de l’eau
d’absorption des granulats qui est égale à 8,50 % en moyenne du volume d’eau total et un
malaxage d’une minute, nous laissons reposer 25 à 35 min avant d’ajouter le ciment.
D’après la recherche bibliographique, le C3A est la phase d’adsorption préférentielle des
superplastifiants pour la plupart des chercheurs, donc plus le ciment contient C3A moins le
superplastifiant est efficace, car un certain nombre de molécules du superplastifiant se
combinent avec le C3A pour former des composés et ne contribuent plus ainsi à la dispersion
des grains de ciment. Pour notre cas, le ciment C1 qui contient le plus petit pourcentage en
C3A a donné les plus faibles réductions d’eau par rapport aux autres ciments qui contiennent
des pourcentages en C3A plus élevés. Ceci peut être dû au fait que plusieurs paramètres
entrent en jeu en même temps tels que la composition chimique et les propriétés physiques.
Comme C1 présente la plus petite surface spécifique, il bénéficie moins de l’effet de
l’adjuvant.
Nous avons réussi à simuler avec une bonne concordance les résultats expérimentaux (temps
d’écoulement au cône de Marsh) grâce à un modèle mathématique de forme elliptique. Ce
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 78
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
modèle a l’avantage de n’être composé que de trois paramètres, chacun pouvant être
déterminé géométriquement. Les paramètres retenus sont les suivants :
• spsat : dosage en adjuvant à la saturation,
• tsat : temps d’écoulement minimum (à la saturation),
• spmin : teneur minimale en adjuvant pour obtenir un écoulement.
A partir de l’interpolation du modèle, nous pouvons tirer les dosages de saturation, les
fluidités et les réductions d’eau pour n’importe quel rapport E/C et n’importe quel dosage en
superplastifiant appartenant à l’intervalle limite des valeurs expérimentales. Ce modèle
empirique présentant le temps d’écoulement au cône de Marsh en fonction du rapport E/C et
du dosage du superplastifiant pourra servir à prévoir l’ouvrabilité des bétons adjuvantés
réalisés avec les ciments et les superplastifiants utilisés.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 79
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Références Bibliographiques
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 80
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
[18] De Larrard F. « Formulation et propriétés des bétons à hautes performances », Paris, Rapport de
recherche du LCPC n° 149, Mars 1988;
[19] Dakhmouche F-Z. « Etude de l’effet des superplastifiants sur les propriétés des bétons frais et
durcis et leur interaction avec les ciments actuels Algériens ». Thèse de Magister, Université Mentouri
Constantine, Juin 2000 ;
[20] Paillére A., Serrano J. « Influence du dosage et du mode d’introduction des superplastifiants sur
le maintien de la maniabilité optimale des bétons à hautes performances avec et sans fumée de silice ».
Bulletin de liaison LPC, Nov.-Déc. 1990;
[21] Legrand C. (1982) in Baron J. and Sauterey R. « Le béton hydraulique », Presses ENPC, Paris;
[22] Mellak A. (1994). « Faisabilité des coulis de ciment saumurés et microsilicés adaptés aux
formations salifères ». Thèse de Doctorat, Université de Strasbourg;
[23] Mellak A. and Khodja-Saber M. (2004). « Caractérisation d’un ciment destiné aux zones à pertes
et modélisation de son caractère thixotrope ». 39ème Colloque du Groupe Français de Rhéologie
(GFR), A15, Mulhouse, France;
[24] Nguyen V.H. et al. (2006) « Flow of Herschel–Bulkley fluids through the Marsh cone », Journal
of Non-Newtonian Fluid Mechanics, vol. 139, pp: 128-134;
[25] Tattersall.G.H “Progress in measurement of workability by the low-point test”. Proceeding of the
international conference on « Properties of fresh concrete ».RILEM, London, oct.1990, pp.203-212;
[26] Nguyen V-H. et al. « Les caractéristiques rhéologiques des coulis et l’essai au cône de Marsh »,
XXXIIIèmes Rencontres Universitaires de Génie Civil 2005- Risque et Environnement;
[27] Nguyen V-H. « Influence du comportement rhéologique des coulis cimentaires sur leur
écoulement au cône de Marsh » XXVèmes Rencontres Universitaires de Génie Civil 2007- Prix René
Houpert.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 81
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
PARTIE II
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 82
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
CHAPITRE 3
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 83
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
CHAPITRE 3
3.1 La durabilité
La durabilité d’un ouvrage se caractérise par sa capacité à conserver, dans les conditions
prévues, les fonctions d’usage pour lesquelles il a été conçu et à maintenir son niveau de
fiabilité et son aspect, dans son environnement, avec des frais de maintenance et d’entretien
aussi réduits que possible [1].
la durabilité n’est pas la garantie d’une durée de vie infinie de la structure, mais un objectif de
qualité orientant aussi bien la conception de l’ouvrage que celle du matériau.
Cette réflexion permet l’identification de deux concepts distincts vis-à-vis de la durabilité :
celui dû au matériau et celui dû à la structure.
La durabilité du matériau se vérifie par sa capacité à conserver ses caractéristiques et son
intégrité pendant la durée de vie prévue pour la structure.
La durabilité de la structure dépend de celle du matériau ; cependant, elle ne se résume pas
exclusivement à la qualité du matériau employé. C’est pourquoi la durabilité de la structure ou
d’un élément doit prendre en compte sa durée de vie qui peut être définie comme la période
au cours de laquelle l’ensemble des endommagements cumulés subis au cours du temps ne
dépasse pas un niveau critique. La durée de vie peut être prise égale à la durée de service sans
précaution initiale particulière, sans entretien spécialisé et sans réparation importante du gros-
œuvre ou de la structure [2].
Une mauvaise durabilité se manifeste par une détérioration qui peut résulter de facteurs
externes ou de phénomènes internes au béton. Les différentes actions peuvent être physiques,
chimiques ou mécaniques.
Les dommages d’origine mécanique sont causés par les chocs, l’abrasion ou la cavitation. Les
causes de dégradation chimique comprennent les réactions alcali-silice et alcali-carbonate.
Les attaques chimiques externes sont principalement causées par la présence d’ions agressifs
tels que le gaz carbonique, les sulfates et les chlorures. Les causes physiques de détérioration
comprennent les effets d’une température élevée ou des différences de dilatation thermique
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 84
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
des granulats et de la pâte de ciment durcie, les cycles répétés de gel-dégel et l’action des sels
fondants [3].
Les matériaux de construction présentent, sans exception, une durée de vie limitée. Tout
ouvrage connait plus ou moins rapidement des altérations (tâches de rouille, fissures, etc…).
Le béton et le béton armé, dont nous avons une expérience de durabilité de l’ordre d’un siècle,
n’échappent pas à cette règle. En fin de compte, tout ouvrage exposé aux intempéries doit être
entretenu, réparé, ou même refait ou remplacé.
Le point faible du béton armé, du point de vue de sa pérennité, est son armature. En effet, la
corrosion des parties métalliques constitue un danger potentiel pour la conservation d’un
ouvrage. Si certaines mesures préventives ne sont pas appliquées, ces phénomènes physico-
chimiques peuvent s’amplifier et entraîner une détérioration du béton armé qui n’assure plus
sa fonction porteuse [4].
Les Etats Unis doivent surveiller un parc de près de 586 000 ponts autoroutiers dont 15 %
sont considérés comme structuralement déficients, essentiellement pour des raisons de
corrosion avancée. La majeure partie du patrimoine d’ouvrages d’art a été construite durant
les années 1930, en réponse à la crise économique, et durant les années 1950 à 1970 lors de la
réalisation du réseau d’autoroutes. Les premiers ouvrages ont atteint leur fin de vie tandis que
les seconds nécessitent des travaux de maintenance majeurs.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 85
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Le renouvellement de ces ponts va coûter plus de 10 milliards de dollars par an au cours des
dix prochaines années et ceci uniquement pour couvrir les déficiences les plus graves.
L’analyse du cycle de vie estime les coûts indirects pour l’usager, dus aux retards et à la perte
de productivité, à plus de dix fois les coûts directs de maintenance, de réparation et de
réhabilitation des ouvrages corrodés.
On estime que les coûts de réparation des structures endommagées par les cycles gel-dégel ou
la corrosion des aciers sont de 16 à 24 milliards de dollars [5], [6].
Au Canada, environ 40 % des ponts autoroutiers ont plus de 40 ans de service. Un grand
nombre d’entre eux exige un renouvellement ou un remplacement en raison des dommages
causés par la corrosion. Ces travaux sont estimés à 10 milliards de dollars canadiens [7], [8].
On estime à environ 5 milliards de dollars le coût de réparation des stationnements multi-
étagés urbains affectés par des problèmes de corrosion.
Au Québec, la majorité des 4000 ponts gérés par le ministère des transports sont en béton
armé. Un grand nombre d’entre eux a une durée de service supérieure à 50 ans et se trouvent
dans un état de détérioration avancé. En 1998, on estimait que 25 % de ces ouvrages
souffraient, à des degrés divers, de corrosion des armatures.
Dans la majorité des cas, on pourrait démontrer que les coûts de réparation et d’entretien des
structures endommagées en viennent rapidement à dépasser les coûts initiaux de construction.
Le service d’entretien du ministère des transports réserve plus de la moitié de son budget pour
l’entretien des structures en béton dont l’endommagement est relié à la corrosion des aciers
d’armatures [5], [6].
Au Royaume-Uni, le département des transports estime que le coût de réparation des ponts
routiers inventoriés et endommagés par la corrosion, soit environ 10 %, s’élève à environ 617
millions de livres sterling.
3.3 La carbonatation
3.3.1 Généralités
Le béton armé consiste en une association dans laquelle l’élément résistant à la compression
(le béton) protège contre la corrosion l’élément résistant à la traction (l’acier). En effet,
l’alcalinité de la solution interstitielle contenue dans les pores du béton permet la formation
d’une couche protectrice d’oxydes au niveau de la surface de l’acier. Cet aspect physico-
chimique de la protection est complété par la barrière physique que constitue le béton
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 86
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
d’enrobage entre l’acier et le niveau extérieur. Les deux principaux processus, mis en jeu dans
la destruction de l’autoprotection induite par les caractéristiques initiales du couple acier-
béton, sont la carbonatation du béton et la pénétration des chlores [9] (exemples en Figure
3.1).
3.3.2 Définition
Le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’air pénètre sous forme gazeuse dans le béton par
le réseau poreux ou fissural. En présence d’eau (qui existe au moins dans les pores les plus
petits), il provoque une réaction chimique avec la pâte de ciment hydratée, dite de
carbonatation. Cette réaction transforme les produits d’hydratation, notamment la portlandite
Ca(OH)2 et les C-S-H en carbonates de calcium CaCO3. Ce processus, nommé carbonatation,
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 87
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 88
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Si l’effet de serre est cité aujourd’hui avec inquiétude, c’est que l’activité humaine a provoqué
une augmentation forte et rapide de la concentration en dioxyde de carbone dans
l’atmosphère. En effet, la consommation de combustibles fossiles libère des gaz présents à
l’état de traces dans l’atmosphère qui influent sur le climat, comme le méthane, le dioxyde de
soufre, l’azote et le dioxyde de carbone. Ce dernier étant responsable pour moitié de l’effet de
serre [13]. Lambert [14] a montré que la concentration en CO2 a augmenté de 30 % depuis
1750 (Figure 3.3).
Pendant la fabrication du ciment Portland, 1 kg de clinker nous donne grossièrement 1 kg de
CO2 émis dans l’atmosphère. Cette libération de CO2 provient pour environ 30 % des
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 89
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Figure 3.3 : Concentration du CO2 dans l’atmosphère pour les périodes antérieures à 1958, détermination
sur carotte de glace (Repris de [14] avec la permission de la recherche)
- Si le pH est compris entre 6 et 10,5, la forme principale obtenue par dissociation est l’ion
bicarbonate.
H2CO3 + OH- → HCO3- + H2O Equation 3.2
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 90
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Cette dernière configuration correspond au cas des solutions interstitielles des matériaux
cimentaires fortement basiques tout au moins avant tout processus d’attaque chimique, y
compris la carbonatation. Par contre, au cours de la carbonatation, le pH de la solution
interstitielle du béton passe d’une valeur très basique, proche de 13, à une valeur inférieure à
9. Les domaines de prédominance disjoints sont illustrés en Figure 3.4 [12].
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 91
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
D’après Hoyle [17] et Shakhashiri [18], l’ionisation de la portlandite est totale dans un
matériau cimentaire, c’est-à-dire que les molécules de la portlandite solide n’existent pas dans
la solution interstitielle du matériau cimentaire, car elles passent directement de la phase
solide à la phase ionisée sous forme de trois espèces ioniques: CaOH+, Ca2+, OH-. L’équilibre
chimique entre ces trois espèces reste maintenu dans la solution, il est décrit par l’équation
suivante :
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 92
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
La Figure 3.5 illustre l’intervention combinée des trois phases : gazeuse, aqueuse et solide au
cours du processus de carbonatation de la portlandite. Dans le cadre d’une approche
simplifiée, le mécanisme réactionnel de carbonatation de Ca(OH)2 est synthétisé par la
réaction chimique suivante :
L’inconvénient de cette formulation est qu’elle masque toutes les étapes intermédiaires du
mécanisme. En revanche, elle a l’avantage d’indiquer que la carbonatation de la portlandite
s’accompagne globalement d’une libération d’eau de structure [12].
Au-delà d’un certain degré de carbonatation, l’acide carbonique forme par dissociation des
ions carbonates qui, à leur tour, par réaction avec la portlandite, forment de la calcite :
D’aprés Cowie et Glasser (1992) [20], le complexe Ca(HCO3)2 est minoritaire dans les
matériaux cimentaires carbonatés car, contrairement au carbonate de calcium, le bicarbonate
de calcium n’existe pas en solide et ne peut pas précipiter.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 93
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
D’autres auteurs [27] proposent la même réaction mais sans production d’eau. Groves et al.
[28], qui ont étudié le mécanisme de carbonatation accélérée des C-S-H présents dans des
pâtes hydratées de C3S en utilisant plusieurs techniques tels que la DRX, l’ATG et le MET,
montrent que :
- le C-S-H externe carbonaté garde une structure fibreuse, mais ces fibres sont constituées de
silice micro-poreuse noyée dans des microcristaux de carbonate de calcium.
- le C-S-H interne devient non homogène et se transforme en un gel micro-poreux très riche
en silice.
- en utilisant la RMN, ils constatent que les C-S-H évoluent progressivement au cours de leur
carbonatation avec un retrait de calcium et une polymérisation des silicates, jusqu’à donner
naissance à un gel de C-S-H pauvre en calcium qui se transforme au dernier stade en un gel de
silice.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 94
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Par contre, Groves et al. observent qu’après 2 mois de carbonatation naturelle, les C-S-H
continuent à se polymériser à un degré élevé mais sans formation de gel de silice. La structure
des C-S-H est conservée malgré leur décalcification, ce qui pourrait être à l’origine de la
conservation des propriétés mécaniques des pâtes carbonatées [21]. Matsusato et al.
considèrent que la carbonatation des C-S-H progresse de façon concurrente avec celle de la
portlandite. Nakamura et Kohmo précisent que la carbonatation de la portlandite se produit
avant celle des autres hydrates [9].
Les résultats de Grandet et Thenoz [34] sur la carbonatation d’ettringite synthétique montrent
que la chaux CaO, l’alumine Al(OH)3 et le gypse CaSO4 libérés au cours de la carbonatation
se réorganisent en sulfoaluminates de calcium hydratés. Ainsi, ces schémas réactionnels sont
susceptibles de se produire dans la matrice cimentaire d’un béton, l’ettringite étant un
composé facilement dégradable, le gypse et l’alumine réagissant avec la chaux pour reformer
de l’ettringite.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 95
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Kobayashi et Uno [9] [36] ont étudié la vitesse de carbonatation des bétons fabriqués avec des
ciments à différentes teneurs en alcalins. D’après leurs résultats d’essais de carbonatation
accélérée et de carbonatation naturelle, une augmentation de la teneur en alcalins entraine une
carbonatation plus importante du béton.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 96
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 97
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
La diminution de la quantité d’eau chimiquement liée aux C-S-H est aussi avancée comme
cause de retrait de carbonatation [40]. Dans ce cas, il faut attribuer le retrait de carbonatation
pas uniquement à la carbonatation de Ca(OH)2, mais bien au C-S-H. Cette explication est
basée sur l’observation qu’il y’a moins d’une molécule d’eau libérée lors de la réaction d’une
molécule de CO2 avec la pâte de ciment durcie, alors que lors de la carbonatation de
l’hydroxyde de calcium, une molécule de CO2 libère une molécule d’eau.
Selon Swenson et Sereda [42], le retrait de carbonatation s’expliquerait par la déshydratation
et la polymérisation du gel de silice formé après carbonatation des C-S-H. Groves et al. [43]
ajoutent qu’au cours de la carbonatation, le transfert de calcium des zones internes vers les
zones externes des C-S-H pourrait conduire au retrait de carbonatation du matériau [12].
D’après Veronique-Bouny-Baghoghel [44], le retrait de carbonatation passerait souvent
inaperçu à cause de sa concomitance avec le retrait de dessiccation. Ces deux sources de
retrait pourraient d’ailleurs atteindre les mêmes ordres de grandeur.
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 98
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
La répartition des volumes poreux est en outre modifiée au cours de la carbonatation. Ying
[46], Ngal [47], Miragliota [48], Thiery (03) [45], Thiery (04) [49] et Thiery (06) [50]
enregistrent après carbonatation accélérée une diminution significative de l’amplitude du
mode poreux principal entre 30 et 60 nm. Pour les bétons à fort E/C (égal à 0,7), on observe
en plus la création d’un nouveau mode vers les plus gros pores (entre 120 nm et 180 nm).
D’après Thiery [49], pour les bétons à E/C plus modéré (inférieur à 0,7), aucun nouveau mode
poreux n’est observé, seulement un comblement de la porosité autour du mode poreux
principal.
En ce qui concerne les ciments Portland purs (CEM I), des mesures de porosimétrie au
mercure réalisées par Pihlajavaara [51] et Bier et al. [52] indiquent que le volume des pores de
rayon inférieur à 0,1 µm est réduit pour des pâtes de rapport E/C compris entre 0,3 et 0,5. La
porosité d’une pâte de ciment CEM I à E/C = 0,3 chute de 31,6 % à 25,6 % après 32 mois de
carbonatation naturelle [51].
Fatima-Zohra DAKHMOUCHE 99
Carbonatation de bétons ajduvantés à base de ressources locales algériennes [2009]
inférieures, le dépôt de carbonate à leur surface est suffisant pour empêcher le contact eau et
oxygène avec les aciers, celui-ci jouant le rôle d’un film protecteur.
Figure 3.6: Influence du rapport E/C sur la vitesse de carbonatation naturelle (6 ans) [62].
élevé, plus la réserve en hydrates susceptibles de se carbonater est grande. Les dosages élevés
en ciment tendent à freiner la vitesse de pénétration du gaz carbonique à condition que la cure
soit suffisante [40].
Figure 3.7: Profondeur de carbonatation naturelle (6 mois) en fonction du dosage en ciment pour deux
durées de cure différentes [64].
Figure 3.8 : Vitesse de carbonatation d'un matériau cimentaire en fonction de l'humidité relative
d'équilibre du milieu environnant [72].
3.8.6 Température
Chaussadent (1997) [9] émet l’hypothèse qu’une augmentation de la température diminue la
vitesse de carbonatation des bétons. Pour ceci, il s’appuie sur la solubilité du dioxyde de
carbone dans l’eau et sur des expérimentations réalisées par Dheilly et Tudo [79] selon
lesquelles la portlandite se dégrade plus rapidement lorsque la température diminue (Figure
3.10).
A contrario, de nombreux auteurs (Smith et Evans [80], Rahman et Glasser [81], Neville [82])
constatent qu’une élévation de la température accélère le processus de carbonatation.
L’échauffement produit favoriserait le séchage des pores, donc faciliterait l’accès du dioxyde
de carbone gazeux dans la matrice cimentaire. Thiery [12] trouve que l’effet de la température
sur la vitesse de carbonatation est assez incertain, donc il ne tient pas compte de ce paramètre
dans sa modélisation.
Figure 3.10: Formation de la calcite lors d'une carbonatation accélérée de la portlandite (CO2=50 %), en
fonction de la température [79]
-période de propagation : c’est une période durant laquelle on observe, en premier lieu, la
formation de produits issus de la corrosion de l’armature. Les phénomènes électrochimiques
de corrosion conduisent à la formation d’oxydes et d’hydroxydes de volumes supérieurs à
celui de l’acier sain. Ces produits entraînent des contraintes qui peuvent provoquer une
fissuration parallèle aux aciers qui diminue l’adhérence acier/béton, ainsi que l’éclatement du
béton d’enrobage (formation d’épaufrures). Les désordres créés nuisent à l’aspect esthétique
des ouvrages, mais contribuent aussi à affaiblir les résistances mécaniques. La corrosion
conduit aussi à une diminution de la section des armatures, généralement homogène dans le
cas de la carbonatation. On considère généralement que la capacité fonctionnelle de l’ouvrage
est entamée dès la destruction du béton d’enrobage, même si la réduction de la section des
armatures ne contribue pas encore à produire des défauts structurels.
Figure 3.11: Schéma de dégradation des armatures au cours du temps, d’après Tuutti (1982) [86]
3.10 Conclusion
Ce premier chapitre dresse un état des lieux sur la carbonatation des matériaux cimentaires.
La carbonatation n’est pas directement nocive pour le béton. Au contraire, la résistance
mécanique et le module d’élasticité des bétons augmentent après carbonatation.
Le gaz carbonique pénètre dans le béton sous forme gazeuse et réagit avec l’eau présente dans
les pores. Il provoque ainsi un phénomène dit de « carbonatation » qui peut affecter tous les
ouvrages non constamment immergés mais qui n’est pas nocif pour le béton non armé. Dans
un premier temps, la carbonatation protège le béton en modifiant la distribution de la taille des
pores en colmatant la porosité capillaire de la matrice cimentaire, en diminuant sa
perméabilité aux gaz et aux liquides. Dans un second temps, le milieu basique se trouve
progressivement modifié par la neutralisation de l’alcalinité du ciment pour atteindre un pH
de l’ordre de 8, n’assurant plus une protection suffisante des armatures et entraînant une
dépassivation de l’acier. Cette dépassivation entraîne le développement de réaction
d’oxydation à la surface des armatures.
Plusieurs études ont démontré que la migration du dioxyde de carbone à travers la texture
poreuse du béton est significativement réduite lorsque la compacité du béton d’enrobage est
augmentée. La porosité totale du béton et la distribution de la taille des pores sont les
paramètres déterminants pour la diffusivité du CO2.
L’augmentation de la compacité est obtenue en particulier en réduisant le rapport E/C. Ce
rapport conditionne la perméabilité du béton, donc l’interconnexion du réseau poreux et par
conséquent, la vitesse ainsi que la possibilité de diffusion des gaz dans le béton. La
diminution du rapport E/C permet donc d’accroître la résistance du béton à la carbonatation.
Une cure prolongée permet d’augmenter la résistance du béton à la pénétration du CO2 en
améliorant les propriétés de surface du béton.
La cinétique de carbonatation croît en fonction de la concentration en dioxyde de carbone.
Elle diminue lorsque les performances mécaniques du béton augmentent et est fortement
influencée par l’humidité relative du milieu environnant.
L’utilisation d’un CEM I ralentit la vitesse de carbonatation par rapport aux ciments
composés.
L’influence de la température sur la vitesse de carbonatation des bétons est incertaine du fait
que plusieurs processus antagonistes sont susceptibles d’opérer simultanément.
Références bibliographiques
[1] La durabilité des bétons, Collection Technique Cim béton, Bétons et Ouvrages d’Art, Novembre
2004;
[2] Baroghel V-B « Nouvelle approche de la durabilité du béton. Indicateurs et méthodes » C2 245-
pp1-14;
[3] Neville A-M. « Propriétés des bétons » septembre 2000;
[4] Mamillan M. « Restauration des bâtiments en béton armé » C2 350 - pp1-15;
[5] Durabilité et réparations du béton, Université de Sherbrooke, GCI 714;
[6] Ollivier J-P., Vichot A. (sous la direction de), décembre 2008 « La durabilité des bétons, Bases »
[7] Laferrière F. (2005) « Surveillance des ouvrages de génie civil par capteurs à fibres optiques :
capteurs d’ions chlore », École polytechnique fédérale de Lausanne, 159 p;
[8] Cusson D., Isgor B. (2004). “Durability of concrete structures: prevention, evaluation, inspection,
repair and prediction”. National Research Council, Canada;
[9] Chaussadent T. « Etat des lieux et réflexions sur la carbonatation du béton armé » Septembre,
1999;
[10] Ait-Mokhtar A. « Durabilité des matériaux, Transfert d’agents agressifs dans les matériaux
cimentaires ». Habilitation à diriger des recherches en sciences, 2002;
[11] Morgan S. and Gardner J. « Carbon cycle » présentation pp;
[12].Thiery M. « Modélisation de la carbonatation atmosphérique des matériaux cimentaires, prise en
compte des effets cinétiques et des modifications microstructurelles et hydriques ». Thèse de doctorat,
Paris, LCPC 2005;
[13] Zawadzky.K, (1996) « Energies renouvelables ». La technique Moderne, n°11-12, page44;
[14] Lambert G. (1992). « Les gaz à effet de serre ». La recherche n°243, vol.23, pp550-556;
[15] Pascal.P « Nouveau traité de chimie minérale. Propriétés physiques de l’analyse carbonique,
volume 8 Masson, Paris, 1968;
[16]Valsaraj K.T.” Elements of environmental engineering: thermodynamic sand kinetics”. CRC
Press, BocaRaton, 1996, 649p;
[17] Hoyle D. “some aspects of Meakawa Modeling of pH profile in pore water based on mass
transport and chemical equilibrium theory”. In proceedings of JSCE, volume 47, Tokyo 2000;
[18] Shakhashiri B.Z. « Chemical demonstrations”: Handbook for teachers Chemistry University of
Wisconsin, 1989;
[19] Delmi M. « Etude de l’hydratation et du couplage carbonatation-échanges hydriques dans les
mortiers et bétons ». Thèse de Doctorat, Université de la Rochelle, 2004;
[20] Cowie and Glasser. « The reaction between cement and natural waters containing dissolved
carbon dioxide”. Advances in Cement Research, 4(15):19-134;
[21] Dunster A.M. « An investigation of the carbonation of cement paste using trimethilsilylation”
Advances in Cement Research, 1989, 2, pp 99-106;
[22] Fratini N (1949). « Solubilita dell’idrato di calcio in presenza di idrato potassio e idrato di sodio,
ann, chim.Applicata, 39, 616-620;
[23] Longuet P. (1976). « La protection des armatures dans le béton armé élaboré avec des ciments de
laitier, silicates industriels » 41, 321-328;
[24] Longuet P. et al. (1973) « La phase liquide du ciment hydraté », Rev. mat, constr; 676, 35-41;
[25] Houst Y. (1989) « Le retrait de carbonatation », chantier, vol20 n°1, pp55-60;
[26] Masse S. (1993). « Synthèse hydrothermale d’hydrates et silicates tricalciques. Analyse
structurale en phase solide. Etude comparative avec les ciments utilisés pour chemiser les puits de
pétrole ». Thèse de doctorat de l’université Pierre et Marie Curie;
[27] Slegers P.A and Rouxhet P.G. “Carbonation of hydratation products of tricalcium silicate”.
Cement and Concrete Research, 6(3):381-388, 1976;
[28] Groves et al. (1991. « Progressive changes in the structure of hardened C3S cement pastes due to
carbonation”. J.Am. Ceram Soc; 74(11):2891-2896;
[29] Grandet J. (1975). « Contribution à l’étude de la prise et de la carbonatation des mortiers au
contact des matériaux poreux ». Thèse de doctorat es sciences physiques, Université Paul Sabatier,
Toulouse;
[30] Nshikawa T., Suzuki K., Ito S., Sato K. et Takebe T. (1992). “Decomposition of synthesized
ettringite by carbonation”. Cement and Concrete Research, 22(1):6—14;
[31] Xiantuo C., Ruizhen Z. et Xiaorong C. (1994). « Kinetic study of ettringite carbonation reaction”.
Cement and Concrete Research, 24(7):1383—1389;
[32] Zhou Q. et Glasser F. P. (2000). « Kinetics and mechanism of the carbonation of ettringite”.
Advances in Cement Research, 12(3):131—136;
[33] Kouznetsova T. V., Ivaschenko S. I. et Samchenko S.V. (2003). “Stability of ettringite under
carbonate corrosion at hydration of sulphoaluminate”. In; 11th International Congress on the Chemistry
of Cement (ICCC), pages 2076-2081, Durban (Afrique du Sud). The Cement and Concrete Institute of
South Africa;
[34] Grandet J., Thenoz B. (1972). ”Evolution dans le temps des constituants d’une pâte de ciment
Portland au contact d’un matériau poreux”. Publication de l’institut nationale des sciences appliquées
de Toulouse (France) pp94-111;
[35] Sauman et Lach (1972). “Long term carbonation of the phases 3CaO.Al2.6H2O and
3CaO.Al2O3.SiO2.4H2O”. Cement and concrete Research,2(4):453-446;
[36] Miragliotta R. “Modélisation des processus physico-chimiques de la carbonatation des bétons
préfabriqués – prise en compte des effets de paroi ». Thèse de doctorat, Université de la Rochelle,
2000;
[37] Hostomsky et Jones (1991). « Calcium carbonate crystallization, agglomeration and form during
continuous precipitation from solution” J.Phys D: appl, phys; 24:165-170;
[38] Tai C.Y et Chen F-B. (1998). ”Polymorphism of the carbonation of CaCO3 precipitation in a
constant –composition environment" AIChE Journal,44(8):1790-1798;
[39] Hostomsky J. et Jones A. G. (1991). “Calcium carbonate crystallization, agglomeration and form
during continuous precipitation from solution”.J. Phys. D : Appl. Phys., 24:165—170;
[40] Houst Y.F. « Diffusion de gaz, carbonatation et retrait de la pâte de ciment durcie » Thèse de
Doctorat, Université de Lausanne (1992);
[41] Powers T.C (1962). « A hypothesis properties of cement pastes”. In: proc, 4th Int.Symp.
Chem.Cement, Washington, 1960, vol.2, pp.577-613;
[42]Swenson K. and Sereda P.J. (1968) “Mechanism of the carbonation shrinkage of lime and
hydrated Cement”. J. Appl.Chem; 18,111-117;
[43] Groves G.W et al. (1990). “The carbonation of hardened cement pastes”. Advances in Cement
Resaerch, 3(11):117-125;
[44] Baroghel V-B « Caractérisation microstructurale et hydrique des pâtes de ciment et des bétons
ordinaires et à très hautes performances ». Thèse de doctorat, 1997;
[45] Thiery M., Villain P., Platret.G. (2003). “Effect of carbonation on density microstructure and
liquid water saturation of concrete”. Proceedings of the 9th International engineering Conference on
Advances in Cement and Concrete (Ed. by D.A.Lange.Denver,USA,2 003), pp 481-408;
[46] Ying-Yu.L., Qui-Dong W. “The mechanism of carbonation of mortars and the dependence of
carbonation on pore structure”. Proceedings of International engineering Conference on Concrete
durability, Detroit, 1987, ACI, vol.2, pp 1915-1943;
[47] NgalaV.T., Page C.L. «Effects of carbonation on pore structure and diffusional properties of
hydrated cement pastes”. Cement and Concrete Research, vol.27, n°7, 1997, pp995-1007;
[48] Miragliota R., Rougeau P., Ait-Mokhtar A., Amiri O. « Béton de peau et carbonatation »,
Proceedings of 2éme Congrès Univ.de Génie Civil,6-7 Mai 1999, Poitiers, France, pp 151-158;
[49] Thiery M., VillainP., Jaafar W. “Estimation de la perméabilité des matériaux cimentaires par
porosimétrie au mercure ». Bulletin du groupe francophone d’humidimétrie et transferts en milieux
poreux(GFHN), vol.46, 2004;
[50] Thiery M. « Modélisation de la carbonatation atmosphérique des matériaux cimentaires ». Études
et Recherches des LPC, OA 52, 2006;
[51] Pihlajavaara S.E. (1968). « Some results of the effect of carbonation on the porosity and pore size
distribution of cement past”. Materials and Structures, 1(6):521-526;
[52] Bier T.A. et al. « Carbonation and realcalinisation of concrete and hydrated cement paste”. In:
Maso, J.C; éditeur: Durability of Construction Materials, pages 927-934, London-NewYork. Chapman
and Hall;
[53] Lea F. M. (1970). “The Chemistry of Cement and Concrete”. Edward Arnol;
[54] Hornain H(1976). « Carbonatation accélérée et résistances mécaniques” In: Rilem Intarnational
Symposium, Carbonation of Concrete, Cement and Concrete Association, Slough, paper5.2;
[55] Documents scientifiques et techniques. “Conception des bétons pour une durée de vie donnée des
ouvrages” AFGC, juillet 2004;
[56] Pihlajavaara S.E. « An experimental study of the effect of carbonation on the strengh of
concrete”. In: Rilem Intarnational Symposium, Carbonation of Concrete, Cement and Concrete
Association, Slough(1976), paper 4.5;
[57]Meyers S.L (1949). « Effects of Carbon Dioxide on hydrated Cement and Concrete”. Roch
Products, 52, 96-98;
[58] Estoup J.-M. (1987). « Etude de la carbonatation endogène du béton et de ses applications à
l’industrie du béton manufacturé ». Thèse de doctorat, Université Paris 6;
[59] De Ceukelaire Van., Nieuwenburg D.”Accelerated carbonation of a blast-furnace cement
concrete”. Cement and Concrete Research, vol.23, 1993, pp 442-452;
[60] Medgyesi I. (1986). « Nouveaux résultats dans la protection contre la corrosion ». 10th Triennial
Congress of the International Council for Building Research (USA), Vol 6 , pp2179-2185;
[61] Chaussadent T., Baroghel-Bouny V., Hornain H., Rafai N. et Ammouche A. (2000). « Effects of
water-cement ratio of cement pastes on microstructural characteristics related to carbonation process.
In : Malhotra.V, éditeur: 5th C.A.N.M.E.T./A.C.I.Internatianal Conference on durability of concrete,
pages 523-237, Barcelogne (espagne).A.C.I;
[62] Skjolsvold O. ” Carbonation depths of concrete with and without condensed silica Fume”. In:
Proceedings of the 2nd International Conference on Fly Ash, Silica Fume, Slag and Natural Pozzolans
in concrete, pages 1031-1048, Madrid, 1986. Malhotr;
[63] Papakadis V.G., Fardis N.M. Vayenas C.G « Effect of composition environmental factors and
cement-lime mortar coating on concrete carbonation. Materials and Structures, (25):293-304, 1992;
[64] Baron J and Ollivier J.P. “Les bétons : Bases et données pour la formulation ». ATILH, Paris,
Eyrolles edition, 1996;
[65] Muller A and Siickert G. (1993). « Modelisation of the carbonation resistance of concrete on the
basis of its capillarity and microstructure”, Betonwerk+Fertigteil-technik, n°11, pp.70-88;
[66] Venuat M. (1978) .La commission technique 16-C « Carbonatation ». Mat. Constr ; 11,142-146;
[67] Ounoughi V., Baroghel Bouny V., Gawsewitch J., Chaussadent T. et Croquette G.”Influence du
rapport eau/ciment, du type de ciment et de la microstructure sur la carbonatation des bétons“. Dans:
Transferts dans les bétons et durabilité des ouvrages, Evaluation expérimentale des paramètres
déterminants. Journées « durabilité » 8 et 9 mars 2000 Bordeaux –CETE du sud –ouest;
[68] Venuat M. and Alexandre J. (1968-1969). « De la carbonatation du béton », Rev.mat.const.638,
421-427(1968); 640,5-15(1969);
[69] Ho.D.W.S and Lewis.R.K (1987) “Carbonation of Concrete and prediction, cem, concr. Res;
17,489-504;
[70] Kobayashi K. and Uno Y. (1989). ”Influence of alkali on carbonation of concrete”. Part I,
prelimilary tests with mortar specimens. Cement and Concrete Research, vol 19, n°5 pp.821-
826.(1990). Part II, Influence of alkalin cement on rate of carbonation of concrete, Cement and
Concrete Research, vol.20, n°4, pp.619-622, Copyright 1990;
[71] De Ceukelaire L., Van Nieuwenburg D. “Accelerated carbonation of a blastfurnace cement
concrete”. Cement and Concrete Research, vol. 23, 1993, p.442-452;
[72] Venuat M. (1978) “Relation entre la carbonatation du béton et les phénomènes de la corrosion des
armatures du béton ». Annales de l’ITBTP, 364, 42-47;
[73] Verbeck G. ” Carbonation of hydrated Portland cement”, volume 87. Washington, 1958;
[74] Van Balen K. and Van Gemert D. (1994). ”Modelling lime mortar carbonation”. Materials and
Structures, 27, pp: 393-398;
[75] Sickert G. “Extended modelling for the advance of carbonation in concrete”. Beton-werk
fertigteil technik, 1997;
[76] Bier T. A.” Influence of the type of cement and curing on carbonation progress and pore structure
of hydrated cement pastes”. In: Materials Research Society Symposium Proceedings, volume 85,
1987;
[77] Fattuhi N. I. “Concrete carbonation as influenced by curing regime”. Cement and Concrete
Research, 18(3):426{430, 1988;
[78] Loo Y.et al. (1994). “A carbonation prediction model for accelerated carbonation testing of
concrete” Magazine of concrete research, 46, n° 168, pp.191-200;
[79] Dheilly R M., Tudo J., Sebai Y. and Queneudec M. “Influence of storage conditions on the
carbonation of powdered Ca (OH)2”. Construction and Building Materials, (16):155161, 2002;
[80] Smith D.G.E et Evans A.R (1986).”Purple concrete in a middle east town”. Concrete, n°2, pp.36-
39;
[81] Rahman A.A. and Glasser F.P (1989). « Comparative studies of the carbonation hydrated
cements ». Advances in Cement Research, vol2, n°6, pp.49-54;
[82] Neville A.M. (1995). ”Properties of concrete». Fourth and final edition, 844 pages;
[83] Gonzales J.A et al. “ Some considerations on the effect of chloride ions on the corrosion of steel
reinforcements embedded inconcrete structures ». Magazine of concrete. Research, vol.50, n°3,
Septembre, 1998, pp 189-199;
[84] Almusallam A.A. « Effect of degree of corrosion on the properties of reinforcing steel bars”
Construction and Building Materials, vol.15, Janvier 2001, pp 361-368;
[85] Rita S. de Cassia. “Contribution à l’analyse probabiliste de la performance des ponts en béton
armé” Thèse de doctorat ENPC 2000;
[86] Tuutti K. “Corrosion of steel in concrete, Swedish Cement and Concrete”. Research Institute
CHAPITRE 4
ETUDE EXPERIMENTALE DE LA
CARBONATATION DES BETONS
ET CIMENTS
Chapitre 4
4.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous exposons en premier lieu les différentes formulations de bétons et de
pâtes de ciment adoptées pour notre étude, suivies d’une caractérisation sur bétons frais et
durcis, ainsi que la préparation des échantillons pour l’essai de carbonatation.
En deuxième lieu, nous présentons la méthode utilisée pour définir le prétraitement adopté
pour atteindre l’équilibre de nos échantillons dans une humidité relative de 66 %, qui est la
condition favorisant la carbonatation accélérée.
Enfin, nous exposons les différents outils qui ont servi à la réalisation de l’enceinte de
carbonatation au niveau de notre laboratoire (CRMD) et la conduite des différents essais de
carbonatation.
a été vibré à l’aiguille vibrante pendant 13 sec pour la première couche et 18 sec pour la
deuxième. Les moules ont été couverts et conservés à 20°C puis démoulés après 24 h, et
directement immergés dans l’eau pour une durée de 28 jours (cf. Figure 4.1).
C1 E35 C2 E35
C1 E50 C2 E50
C1 E63 C2 E67
Figure 4.2: Affaissements au cône d’Abrams des bétons d’étude
30
Affaissement au cône d'abrams (cm)
25
20
15
10
La stabilité des différents bétons d’étude a été aussi mesurée (cf. Figure 4.4). Cet essai nous
permet d’apprécier le risque de ségrégation de nos bétons d’études. Nous avons constaté que
tous nos bétons ont une stabilité satisfaisante, puisque le passant au tamis de 5 mm reste
inférieur à 15 % [5]. Tous les résultats sont regroupés dans le Tableau 4.2.
- la résistance à la compression augmente avec le temps quel que soit le rapport E/C,
- la résistance à la compression augmente avec la diminution du rapport E/C,
- les résistances des bétons à base de CEM I sont plus importantes que celles des bétons à
base de CEM II; ceci est dû à la porosité plus élevée des bétons issus du CEM II.
- le béton le plus résistant est à base de ciment CEM I et à E/C = 0,35 (C1 E35)
60 7 jours
Résitance à la compression (Mpa)
28 jours
50 160 jours
270 jours
40
30
20
10
0
C1 E35 C1 E50 C1 E63 C2 E35 C2 E50 C2 E67
Types de bétons
D’après la Figure 4.8, nous constatons que le module de Young varie dans une fourchette
comprise entre 25 et 50 GPa. La résistance et le module de Young sont reliés par une
tendance monotone croissante (cf. Figure 4.9).
Figure 4.8: Variation du module de Young en fonction du rapport E/C et du type de ciment
49
47
Module de Young à 160 jours(Gpa)
y = 0,7011x + 11,783
45
R2 = 0,9435
43
41
39
37
35
33
31
29
27
25
15 20 25 30 35 40 45 50
Résistance à la compression à 160 jours (MPa)
4.6- Préparation des échantillons pour l’essai de carbonatation accélérée par sciage sous
eau
Après une saturation de 28 jours dans l’eau, les différents bétons ont été retirés et sciés sous
eau à l’aide d’une scie diamantée en petites éprouvettes de 11 cm de diamètre et 4 cm
d’épaisseur puis replongés pendant 24 heures dans l’eau afin de s’assurer de la saturation. Par
la suite, ils sont retirés de l’eau et mis dans l’air pendant 24 heures pour débuter leur séchage
(cf. Figure 4.10).
Eprouvettes sorties de l’eau après 28jours Sciage des éprouvettes à l’aide d’une scie diamantée
prétraitement qui consiste à un étuvage à 45°C pendant un mois et afin d’uniformiser le profil
hydrique, il place à l’issue de l’étuvage les corps d’épreuve pendant un mois dans une
chambre de dessiccation dans laquelle règne la même humidité relative que celle utilisée
pendant la carbonatation accélérée (HR = 53 ± 5 %).
D’autres travaux sur le prétraitement des essais de carbonatation accélérée faits par le LCPC
selon le schéma de la Figure 4.11 sont préconisés. Ils consistent en un séchage de 28 jours à T
= 60 ± 5°C avec une montée et une descente en température progressive et à une HR = 65 ± 5
% avec une rampe au début d’augmentation de température de 1°C par heure jusqu’à 60°C
ainsi qu’une rampe pendant les cinq derniers jours pour redescendre à 20°C. Pour les bétons
de hautes performances, il est nécessaire de prolonger le palier à T = 60 ± 5°C [16].
Une étude comparative de différents préconditionnements a montré que la régulation de
l’humidité relative était indispensable et que ce mode de préconditionnement permettait
effectivement d’obtenir un taux de saturation assez homogène dans les éprouvettes de béton
de résistance à la compression de 20 à 55 MPa, contrairement aux autres traitements.
T=60°C HR =65%
Retour lent à
Pente 1°C/h maxi 20°C
Soit 2 jours environ en 5 jours
environ
Palier à 60°C de 3
semaines
20°C 20°
0 1 2 3 4 semaines
jours. Sur la base de ce résultat, Yssorche et al. [19] estiment qu’il faut au moins 14 ans pour
équilibrer dans les mêmes conditions un échantillon de BHP de 5 cm d’épaisseur.
Parrot (1988) [20] a établi les profils d’humidité dans le béton durci en mesurant à l’aide
d’une sonde hygrométrique l’humidité à différentes profondeurs d’un cube de béton conservé
un jour dans l’eau puis placé six mois en ambiance contrôlée à 20°C et 60 % HR. L’auteur a
trouvé que les couches périphériques du matériau sèchent plus rapidement sur une épaisseur
de 10 mm. A des profondeurs supérieures, le séchage est relativement lent. Ainsi, après plus
de 150 jours, l’humidité relative du béton situé à 23,5 mm est à peu près de 84 %. L’auteur
met en évidence l’apparition de gradients d’humidité entre la peau et le cœur du béton.
Delmi (2004) [11] a opté pour le prétraitement de type B malgré sa longueur. Après une
saturation complète de ces échantillons, ils ont été conservés pendant 15 jours dans une
enceinte régulée à 23°C et HR = 100 % afin d’uniformiser la teneur en eau sur toute la
profondeur. La mise en équilibre de ces échantillons a été réalisée dans un bac en plastique de
volume égal à 100 L par l’intermédiaire de solutions salines.
Pour une désorption entre 95 et 65 % d’humidité, deux bétons avec E/C = 0,5 et E/C = 0,80 se
sont stabilisés après 240 jours au bout desquels ils ont perdu respectivement 2,6 % et 3,5 % de
leurs masses initiales.
Perraton (1992) [21] souligne qu’il faut également compter sur le changement d’ordre
minéralogique des constituants de la pâte de ciment hydratée, tout particulièrement de
l’ettringite que l’on sait être instable à des températures supérieures à 60°C.
Le choix d’une température modérée voisine de 50°C et d’une durée de traitement d’une
semaine semble être un compromis acceptable. Cette température modérée a été adoptée par
de nombreux chercheurs. Toutefois, il faut bien garder à l’esprit que le traitement est loin
d’être suffisant pour atteindre l’état d’équilibre dans un échantillon de béton représentatif.
D’après les recherches, atteindre un état d’équilibre dans un échantillon de béton s’avère
donc très difficile. Ces résultats montrent aussi qu’il n’est pas si facile de préconiser un mode
de prétraitement bien spécifique pour tout type de matériau.
La rétention d’eau
Les matériaux poreux comme le béton ont tendance à plus ou moins bien capter l’eau selon
l’humidité ambiante. En effet, si un échantillon poreux sec est placé dans une enceinte
thermostatée dans laquelle l’humidité relative augmente, l’échantillon gagne en poids selon
une amplitude dépendante du type de béton et de la variation de l’humidité relative. On
détermine la quantité d’eau présente dans le matériau par simple pesée et on définit ainsi la
teneur en eau massique w de l’échantillon par le rapport suivant:
Equation 4.1
Le moyen le plus facile mis en œuvre pour mesurer l’aptitude d’un matériau poreux à capter
ou à fixer l’eau est la réalisation d’isotherme d’adsorption/désorption d’eau appelée courbe de
rétention. Plusieurs techniques sont utilisées afin d’observer les différents états de saturation
des matériaux. Pour contrôler l’humidité imposée, nous avons utilisé la méthode de la
solution saline saturée [24].
Le sel utilisé pour imposer l’humidité relative est le nitrite de sodium (NaNO2) régulant
l’humidité à 66 % (cf. Tableau 4.3).
NaNO2 66 56,1
L’humidité de l’atmosphère au-dessus d’une solution saline saturée est liée à la température.
Dans notre cas, l’humidité imposée par le sel que nous avons choisi varie peu avec la
température (cf. Tableau 4.4 et Figure 4.12).
NaNO2 66 66 65 63 62 62 59 59
Tableau 4.4: Variation de l’humidité relative de la solution saline en fonction de la température [25]
Pour éviter une carbonatation non désirée des échantillons, la chaux sodée (cf. Figure 4.13)
permet de capter le CO2 présent dans l’air ambiant au moment de l’ouverture des
dessiccateurs.
à fait cohérent avec une augmentation de la porosité. Passer du CEM I au CEM II augmente
aussi la porosité, ce qui se traduit par une augmentation de la teneur en eau à la saturation.
12,00
10,04
Teneur en eau à la saturation [%]
10,00
8,79
8,21 8,24
8,00 7,22
6,00 5,35
4,00
2,00
0,00
C1 E35 C1 E50 C1 E63 C2 E35 C2 E50 C2 E67
Type de béton
Figure 4.14: Teneur en eau à la saturation pour les différents bétons étudiés
Variation de HR : 0 % vers 66 % :
Pour ceci, les différents bétons ont été placés dans des dessiccateurs distincts avec une
solution saline de nitrite de sodium pour réguler l’humidité à 66 % (cf. Figure 4.15)
Figure 4.15: Vue des dessiccateurs contenant les échantillons de béton durci
Les échantillons voient leur degré de saturation en eau augmenter, comme le présente la
Figure 4.16. Il apparait que deux cinétiques principales peuvent être mises en évidence : tout
d’abord une phase rapide, suivie d’une autre beaucoup plus lente. La séparation entre ces
deux phases varie d’environ 80 jours pour les rapports E/C de 0,50 et 0,65 à environ 150 jours
pour les rapports E/C de 0,35. Cela signifie que les transferts des différentes phases de l’eau
sont nettement plus lents quand la porosité devient à la fois plus faible et plus fine.
L’amplitude de variation du degré de saturation en eau, par contre, tend à augmenter lorsque
le rapport E/C décroît (cf. Tableau 4.5). Ceci est tout à fait évident pour le CEM I, un peu
moins pour le CEM II, ce qui pourrait être expliqué par le fait que les échantillons de rapport
E/C = 0,35 ne soient pas encore parfaitement équilibrés (la valeur pour C2 E35 serait donc
sous-estimée). Cette augmentation du degré de saturation quand le E/C décroît est
parfaitement cohérente avec le décalage de la porosité vers des pores beaucoup plus fins (cf.
chapitre 5 : porosimétrie au mercure). Ainsi, pour un même rayon de pore limite en équilibre
avec la pression de vapeur saturante, la proportion de porosité concernée augmente.
A l’équilibre, pour HR = 66 %, la loi de Kelvin-Laplace montre que seuls les pores dont les
diamètres sont inférieurs à 5 nm contiennent encore de l’eau liquide, le reste contenant de la
vapeur d’eau. Dans nos bétons, les diamètres de pores les plus représentés s’étendent
d’environ 40 nm à 0,4 µm (cf. Chapitre 6 : porosimétrie au mercure), il n’est donc pas
étonnant de constater que le degré de saturation en équilibre avec une humidité de 66 % reste
relativement faible.
25
Degré de saturation en eau [%]
20
15
10
C1 E35
C1 E50
C1 E63
5
C2 E35
C2 E50
C2 E67
0
0 50 100 150 200 250
Temps [jours]
4.7.3 Prétraitement
Tous les bétons ont été dans un premier temps placés dans une armoire hermétique régulée à
66 % d’humidité pour réaliser leur prétraitement avant carbonatation, leur état initial étant
saturé. Le suivi de leur degré de saturation en eau a montré que plusieurs années sont
insuffisantes dans ces conditions, même pour les bétons de haut rapport E/C. Ainsi, afin
d’accélérer la mise en équilibre des éprouvettes, nous avons utilisé une enceinte climatique
ventilée (Figure 4.17) permettant de contrôler l’humidité et la température.
Le cycle choisi se déroule sur une base de 7 jours : 5 jours à 50°C et 40 % d’humidité relative,
suivi d’une journée de rampe pour atteindre 20°C et 66 % d’humidité relative, et une
conservation pendant 24 heures (cf. Figure 4.18).
T = 50°C, HR = 40 %
Une mesure de masse est réalisée quotidiennement sur trois éprouvettes de chaque béton. Ceci
permet de suivre la perte de masse et de décider de la poursuite ou non du séchage dans
l’enceinte climatique.
La phase de palier de 5 jours à 50°C et 40 % d’humidité est utilisée pour accélérer le séchage
des échantillons. La phase suivante vise à homogénéiser l’humidité dans l’échantillon.
Le choix d’une température modérée voisine de 50°C semble un compromis acceptable. Cette
température modérée a été adoptée par de nombreux chercheurs [8].
Perraton (1992) [21] souligne qu’il faut limiter cette température pour éviter des changements
minéralogiques des constituants de la pâte de ciment hydraté, tout particulièrement de
l’ettringite que l’on sait être instable à des températures supérieures à 60°C.
100
cycle1 cycle 2 cycle 3 cycle 4 C1 E35
90
C1 E50
Degré de saturation en eau [%]
80 C1 E63
C2 E35
70
C2 E50
60
C2 E67
50
40
30
20
10 Homogénéisation
0
0 5 10 15 20 25 30 35
Temps [jours]
Figure 4.19 : Evolution du degré de saturation en eau des bétons durant leur séjour en enceinte climatique
La Figure 4.19 représente l’évolution du degré de saturation en eau des échantillons de bétons
durant leur séjour en enceinte climatique ventilée. La moyenne des incertitudes de ces
mesures est d’environ 3 %. Nous observons qu’un seul cycle est suffisant pour atteindre
l’équilibre des bétons de fort rapport E/C (C1 E63 et C2 E67), 3 ou 4 cycles semblent
nécessaires pour les bétons de rapport E/C = 0,5, tandis qu’au moins 5 cycles sont requis pour
les bétons de rapport E/C = 0,35. Toute chose étant égale par ailleurs, passer d’un CEM II à
un CEM I se traduit systématiquement par une augmentation du degré de saturation en eau, de
la même manière qu’une diminution du rapport E/C. Ces résultats sont donc tout à fait
cohérents avec les mesures faites dans les dessiccateurs à partir de l’état sec (Figure 4.16).
Homogénéisation
A la suite du séchage en enceinte climatique, les couches extérieures des éprouvettes ont une
humidité relative plus faible qu’au centre. Avant de commencer la carbonatation, il est
nécessaire que l’humidité relative de l’éprouvette s’homogénéise. Pour cela, il est nécessaire
de conserver les éprouvettes dans une enceinte hermétique à 20°C en présence d’une solution
saline saturée régulant l’humidité à 66 % ou dans l’enceinte climatique ventilée (T = 20°C et
HR = 66 %). La deuxième solution permet d’homogénéiser plus rapidement l’humidité au
sein des échantillons.
Il n’est donc pas à priori possible de dissocier ces deux causes. Une comparaison a été tentée
pour vérifier l’existence d’une hystérésis pour un même protocole de mise à l’équilibre : la
conservation en dessiccateur. Trois bétons ont ainsi été placés dans des dessiccateurs régulés à
66 % d’humidité, à la fois en partant de l’état sec (cas de la Figure 4.16), et en partant de l’état
saturé. Cette comparaison n’a pu aboutir par manque de temps. En effet, comme le montre la
Figure 4.20, le séchage des échantillons entre l’état saturé et 66 % d’humidité relative prend
beaucoup plus de temps qu’une humidification entre l’état sec et 66 % d’humidité, elle-même
déjà très longue. Etant donné que le degré de saturation à l’équilibre est relativement faible,
l’épaisseur des pellicules d’eau tapissant les pores devrait elle aussi rester faible. Ceci peut
alors expliquer que les phénomènes d’attraction solide / liquide jouent à cette humidité un rôle
prépondérant, favorisant ainsi la cinétique d’adsorption à l’inverse de la cinétique de
désorption. Ainsi, il est illusoire d’espérer atteindre l’équilibre à 66 % d’humidité relative
d’échantillons saturés dans les conditions correspondant à la conservation en dessiccateurs,
ceci prendrait probablement plusieurs dizaines d’années.
100
C2 E67 sec C2 E67 sat
90 C1 E63 sec C1 E63 sat
C2 E35 sec C2 E35 sat
Degré de saturation en eau [%]
80
70
60
50
40
30
20
10
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400
Temps [jours]
Figure 4.20: Evolution du degré de saturation en eau des bétons durant leur séjour en dessiccateur,
comparaison de l’effet de l’état initial (sec ou saturé)
L’utilisation d’une enceinte climatique permet d’assurer une mise à l’équilibre beaucoup plus
rapide qu’en dessiccateurs, ceci étant dû au système même de régulation de l’humidité, ainsi
qu’au brassage de l’air.
Par conséquent, les éprouvettes des différents bétons sont donc utilisables pour les essais de
carbonatation après 7 à 8 mois de traitement (3 à 4 mois en armoire hermétique, 1 mois en
enceinte climatique et 2 à 3 mois pour l’homogénéisation). Il semble que cette durée de
traitement peut être considérablement réduite, notamment en évitant les 3 premiers mois en
armoire hermétique.
Il apparaît que pour atteindre 66 % d’humidité, le chemin à parcourir depuis l’état sec est plus
court que depuis l’état saturé. Ainsi, une piste d’amélioration de notre protocole pourrait
consister à conserver des échantillons secs en enceinte climatique ventilée, plutôt que des
échantillons saturés. La différence de degré de saturation à 66 % d’humidité relative entre les
échantillons initialement secs et saturés laisse supposer qu’il existe une hystérésis de
comportement hydrique entre le séchage et l’humidification. Ainsi, rien ne permet d’assurer
que des échantillons initialement secs puis humidifiés jusqu’à 66 % présenteront le même
comportement vis-à-vis de la carbonatation que nos échantillons qui étaient initialement
saturés.
Une étude préalable de désorption et d’adsorption d’eau des différents échantillons de bétons
ayant un volume représentatif permet de cibler les humidités à atteindre, et donc la masse
d’eau que chaque échantillon doit posséder. Ainsi, il devient possible d’accélérer
volontairement les échanges grâce à des conditions environnementales plus sévères, sans
oublier d’homogénéiser la masse d’eau dans l’échantillon. Pour cette phase
d’homogénéisation, une proposition pourrait consister à sceller les échantillons dans un sac
étanche pour éviter tout échange avec l’extérieur et à chauffer le tout à une température
inférieure à 60°C de manière à accélérer les phénomènes de transfert. Après refroidissement,
l’échantillon devrait donc avoir la même masse d’eau, mais répartie de manière plus
homogène.
– Matériels
- Enceinte
L’enceinte est en acrylique, transparente, de forme parallélépipédique, ayant un volume de 95
litres et équipée d’une entrée et d’une sortie pour renouveler le mélange gazeux. Elle a une
épaisseur de paroi de 9,6 mm pour une application sous faible surpression, limitée à 50 mbar
(cf. Figure 4.21).
– analyseur de CO2
Un analyseur de CO2 permet de quantifier la fraction volumique de CO2 dans l’enceinte de
carbonatation (cf. Figure 4.22).Cet analyseur est dans la gamme 0 à 60 %, la précision est de
± 5% ppm. Et il mémorise jusqu’à 800 mesures à intervalle de 1 min.
- bouteille de gaz
L’alimentation en CO2 est assurée à partir d’une bouteille dosée à 100 % CO2 dont le débit est
réglé à partir d’un manomètre - détendeur, réglable à 1 bar, branché sur la bouteille de gaz.
L’humidité maximale dans la bouteille est de 5 ppm (données fournisseur).
- micro-vanne
La micro-vanne permet le réglage de l’injection de gaz carbonique en faible débit.
- ventilateur
Un petit ventilateur placé dans l’enceinte assure l’homogénéisation de l’ambiance gazeuse.
Son alimentation externe est acheminée via une fiche étanche.
- bulleur
Le bulleur contient de l’huile de paraffine, il permet de visualiser le débit du mélange gazeux
sans risque de retour de gaz dans l’enceinte.
- solution saline
L’humidité relative à l’intérieur de l’enceinte est imposée à 66 % [28]. Elle est assurée par
une solution saline saturée en nitrite de sodium.
- hygromètre
Il permet de contrôler l’humidité relative et la température à l’intérieur de l’enceinte.
Une vue globale du dispositif de carbonatation du CRMD est donnée sur la Figure 4.23.
Concernant les pâtes de ciment, nous avons utilisé des disques ayant une épaisseur de 2 cm et
qui sont obtenus par sciage des éprouvettes 11x22cm.
Figure 4.24: Types d’échantillons utilisés : béton de cœur (gauche) et béton de fond (droite)
contact avec le milieu extérieur pour 3 et 7 jours afin d’avoir deux lectures du front de
carbonatation en même temps. A partir de 14 jours, une seule face est laissée en contact du
milieu extérieur : la surface latérale et l’une des bases ont été étanchées par une application
soignée de plusieurs couches de feuilles d’aluminium adhésif (cf. Figure 4.23). De cette
manière, le mode de propagation unidimensionnel est privilégié et les effets de bord sont
réduits [31][32]. Pour déterminer la procédure d’imperméabilisation à l’aluminium adhésif,
plusieurs tests d’étanchéité à l’eau ont été menés (cf. Figure 4.25). Les éprouvettes de pâte de
ciment n’ont pas été emballées.
contient l’huile de paraffine qui permet de visualiser le débit et de maintenir une pression
totale égale à la pression atmosphérique .On garde un faible débit de CO2 même après le
remplissage de l’enceinte pour remplacer des éventuelles fuites et le CO2 consommé par les
échantillons.
50
45
40
35
30
CO2 %
25
20
15
10
5
0
0 20 40 60 80 100
Temps (jour)
Références bibliographiques
[1] Dreux G. « Nouveau guide de béton et de ces constituant, Editions Eyrolles paris, 1979
[2] norme NF P18.404 Bétons, Essais d’étude, de convenance et de contrôle, confection et
conservation des éprouvettes.
[3] norme NF P 18-422 Bétons –Mise en place par aiguille vibrante
[4] norme NF P 18-451 Confection du béton et Affaissement au cône d’Abrams
[5] Josserand L., Brunetaud X. « Travaux pratiques. Ciments et bétons » Ecole polytechnique de
l’université d’Orléans, 2006;
[6] norme NF P 18-406 Bétons –Essais de compression;
[7] Brunetaud X. « Travaux pratiques. Ciments et bétons », Ecole polytechnique de l’Université
d’Orléans, 2008 ;
[8] AFREM. Durabilité des bétons : Méthodes recommandées pour la mesure des grandeurs associées
à la durabilité. AFPC, Toulouse, décembre 1997;
[9] Yssorche M. P. « Microfissuration et durabilité des bétons à hautes performances ». Thèse de
doctorat, Institut National des Sciences Appliquées, Toulouse, 1995;
[10] Parrott L.J. “Moisture conditioning and transport properties of concrete test specimens”.
Matériaux et Structures, 27 :460-468, 1988;
[11] Delmi M. « Etude de l’hydratation et du couplage carbonatation-échanges hydriques dans les
mortiers et bétons » Thèse de Doctorat, Université de la Rochelle, 2004;
[12] Thiery M. (2000). « Etude de la durabilité liée aux transferts gazeux pour deux bétons très
différents ». Rapport technique, Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, Division Bétons et
Composites Cimentaires;
[13] A.F.P.C.-A.F.R.E.M. (1997b). « Essai de carbonatation accéléré, mesure de l’épaisseur de béton
carbonaté ». In: Ollivier, J. P., éditeur : Durabilité des bétons, "Méthodes recommandées pour la
mesure des grandeurs associées à la durabilité", pages 153-158. Laboratoire des Matériaux et
Durabilité des Constructions (L.M.D.C.);
[14] Thiery M., Dangla P., Villain G. et Platret G. (2003). « Modélisation du processus de
carbonatation des bétons. In: Actes des Journées des Sciences de l’Ingénieur du réseau les L.P.C.,
pages 403-408, Dourdan (France). L.C.P.C;
[15] Thiery M. « Modélisation de la carbonatation atmosphérique des matériaux cimentaires, prise en
compte des effets cinétiques et des modifications microstructurelles et hydriques ».Thèse de doctorat,
Paris LCPC 2005;
[16] Procédure de préconditionnement et d’essai. « Carbonatation accélérée » Salle B241-division
BCC-LCPC paris Avril 2006-version 1;
[17] RILEM. “Performance criteria for concrete durability: state of art”. Chapman et Hall, 1994;
[18] Dwi Argo B. “Détermination expérimentale de l’influence de l’hystérésis sur les propriétés
hydriques de matériaux poreux de Génie civil ». Thèse de doctorat, INSA Toulouse,1994;
[19] Yssorche-Cubaynes M. P. and M. Carcasses. « Importance de l'état hydrique du matériau sur la
mesure de la perméabilité aux gaz ». AFPC, Toulouse, décembre 1997;
[20] Parrott L. J. « Moisture profiles in drying concrete ». Advances in Cement Research, 1(3):164-
170, 1988;
[21] Perraton D., Aïtcin P. et Carles-Gibergues A. (1992). “Permeability as seen by the researcher,
chapitre High Performance Concrete (from Material to Structure), pages 252-275. Chapman and Hall,
Cambridge, UK;
[22] Venuat M. and Alexandre J (1968-1969).” De la carbonatation du béton”, Rev.mat.const.638,
421-427(1968); 640, 5-15(1969);
[23] Van Balen.K and Van Gemert .D (1994)”Modelling lime mortar carbonation, Materials and
structures, 27, pp.393-398;
[24] Beck K. «Etude des propriétés hydriques et des mécanismes d’altérations des pierres calcaires à
forte porosité». Thèse de doctorat en Sciences des matériaux, Université d’Orléans, le 02 octobre
2006;
[25] Hong T. D., Ellis R. H., Gunn J., Moore D., (2002). Relative humidity, temperature and the
equilibrium moisture content of conidia of Beauveria Bassiano (Belsamo) Vuillemin: a quantitative
approach. Journal of Stored Products Research, vol. 38, pp. 33-41;
[26] Baroghel-Bouny V., Chaussadent T., Croquette G., Divet L., Gawséwitch J., Godin J., Henry D.,
Platret G. et Villain G. « Caractéristiques microstructurales et propriétés relatives à la durabilité des
bétons -Méthodes de mesures et d’essais de laboratoire », Méthodes d’essai n°58 dans techniques et
Methodes des Laboratoires des ponts et chaussées, L.C.P.C. Paris, Février 2002,87p;
[27] Baroghel V-B « Caractérisation microstructurale et hydrique des pâtes de ciment et des bétons
ordinaires et à très hautes performances ». Thèse de doctorat, 1997;
[28] El-Turki A., Ball R.J., Allen G.C. “The influence of relative humidity on structural and chemical
changes during carbonation of hydraulic lime”. In: Cement and Concrete Research 37 (2007) 1233-
124;
[29] NF EN ISO 12571 (octobre 2000). « Performance hygrothermique des matériaux et produits pour
le bâtiment. Détermination des propriétés de sorption hygroscopique » ,22p;
[30] Verbeck G.” Carbonation of hydrated Portland cement”, volume 87. Washington, 1958;
[31]Cochet D., Villain G., Olivier G., Thiery M., Ramaud C. et Roussel P. « Analyse des essais inter
laboratoires des LPC en vue de faire les essais de carbonatation accélérée des bétons », Actes des
journées Durabilité,15 et16 mai 2006, ERLPC à paraître,10p;
[32] Villain G., Cochet D., Olivier G. et Thiery M. « Vers un mode opératoire performant et
discriminant de carbonatation accélérée des bétons pour ouvrages d’art », article soumis au BLPC,
avril 2006, 22p;
CHAPITRE 5
ETUDE MACROSCOPIQUE
DE LA CARBONATATION
ACCELEREE ET NATURELLE
CHAPITRE 5
Etude macroscopique
Il existe plusieurs techniques d’investigation de la carbonatation d’ordre macroscopique telles
que la pulvérisation de phénolphtaléine, le suivi de masse ainsi que la mesure du pH.
L’objectif de cette étude est d’étudier l’effet du rapport E/C (structure poreuse) et de la
composition du ciment sur la cinétique de carbonatation des bétons et des pâtes de ciment.
Une étude comparative entre carbonatation accélérée et naturelle a été faite.
Résultats et discussions
5.1.1 Carbonatation accélérée
5.1.1.1 Carbonatation accélérée des bétons
Nous avons regroupé tous les résultats des tests à la phénolphtaléine et de la mesure des fronts
de carbonatation des différents bétons à différentes échéances dans le Tableau 5.1.
Réf béton C1 E35 C2 E35 C1 E50 SSP C1 E50 C2 E50 C1 E63 C2 E67
t(j) t (√j) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm)
0 0 0 0 0 0 0 0 0,10
1 1 0 0 0 0 1,08 1,03 1,79
3 1,73 0 0,37 0,76 0,64 1,20 1,23 2,02
7 2,65 0 0,73 0,96 0,91 1,60 1,52 2,60
14 3,74 0 0,81 0,93 1,04 2,05 2,28 4
28 5,29 0 1,11 1,57 1,85 2,68 2,98 4
90 9,49 traces 1,51 2,43 2,38 4 4 4
Tableau 5.1: Tableau récapitulatif des profondeurs de carbonatation des différents bétons de cœur
Comme le montre la Figure 5.3, la zone non carbonatée (saine) prend une couleur rose foncé,
par contre la zone carbonatée reste incolore. La phénolphtaléine offre donc une lecture assez
simple de la profondeur de carbonatation du fait que le front est net et génère de bons
contrastes de couleur.
Sur la Figure 5.3 -a-, nous observons que les échantillons de référence (état initial) sont
entièrement colorés, donc sans aucun signe de carbonatation, ce qui nous rassure que nous
sommes bien partis d’un état sain.
Il est bien visible que les bétons à base de CEM II/A sont plus carbonatés que les bétons à
base de CEM I et ceci pour toutes les échéances (cf. Figure 5.3 -c-). Nous observons aussi
sur ces photos que le front de carbonatation augmente avec le rapport E/C et avec le temps
d’exposition au CO2.
Figure 5.3: Mise en évidence des fronts de carbonatation accélérée par pulvérisation de phénolphtaléine.
C1 E35 C2 E35
C1 E50 C2 E50
C1 E63 C2 E67
Figure 5.4: Comparaison de la cinétique de carbonatation suivant l’échéance: 28j, 14j, 7j, 3j, 1j et t0
Au bout de 14 jours, le béton C2 E67 se carbonate totalement. Cette carbonatation rapide est
due essentiellement à la valeur importante du rapport E/C qui influe sur la porosité et par la
suite sur sa perméabilité. Par contre, le C2 E50 s’est carbonaté entièrement au bout 3 mois. Le
C2 E35, qui a le plus faible rapport E/C, voit sa carbonatation croître régulièrement dans le
temps tout en restant faible par rapport aux autres.
D’après les modèles de la carbonatation, l’évolution de l’épaisseur carbonatée suit une loi en
racine carrée du temps [8], [9]. Pour nos bétons, les profondeurs mesurées dans le temps ne
forment pas en toute rigueur un segment de droite (cf. Figure 5.4). Cette observation semble
trouver appui dans quelques données expérimentales de la littérature. Baron et Ollivier (1992)
[10] pensent que la fluctuation dans les courbes est liée au degré de précision des mesures
expérimentales et à la subjectivité de l’appréciation du virage coloré.
Al-Akchar [11] estime que la cinétique de carbonatation accélérée n’obéit pas à une loi en
racine carrée du temps. Il associe l’incurvation de la courbe de cinétique du front de
carbonatation à l’appauvrissement en dioxyde de carbone du matériau par réactions chimiques
de carbonatation. Ainsi, il ne s’agirait pas d’un processus simple de diffusion qui suivrait une
cinétique en racine carrée du temps.
4
Profondeur de carbonatation (cm)
1
C1 E35 C1 E50 C1 E63
C2 E35 C2 E50 C2 E67
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
1/2
Racine carrée du tem ps (jours )
Figure 5.5: Profondeur de carbonatation mesurée par projection de phénophtaléine pour les bétons
d’étude (partie cœur)
Le rapport de cinétique entre la carbonatation des bétons composés de CEM II et CEM I est
associé à la plus faible teneur de la portlandite du CEM II. Il résulte qu’une plus petite
quantité de CO2 est nécessaire pour consommer la portlandite. Ces résultats sont en accord
avec les résultats d’Al-Akchar [12], qui observe une vitesse de progression du front de
carbonatation plus importante dans le ciment composé que dans les ciments Portland purs.
L’utilisation d’un CEM I 42,5 et d’un rapport E/C = 0,35 (C1 E35) a permis d’obtenir un
béton à hautes performances : résistant et durable vis-à-vis de la carbonatation. Ce résultat
peut s’expliquer par sa bonne compacité, qui réduit la pénétration du CO2, et la forte réserve
en Ca(OH)2.
La Figure 5.6 nous montre que l’ajout d’un superplastifiant n’influe pas sur la cinétique de la
carbonatation. Aucune différence significative n’est à noter entre le C1 E50 avec et sans
adjuvant.
profondeur de carbonatation
3
(cm)
2
1 C1 E50 ssp
C1 E50 asp
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
racine du tem ps (j)
Figure 5.6: Comparaison de la profondeur de carbonatation d’un béton avec superplastifiant et d’un
même béton sans superplastifiant
La Figure 5.7 nous montre l’évolution des fronts de carbonatation en fonction de la résistance
à la compression des différents bétons d’étude à 28 jours. Nous observons que plus la
résistance augmente plus le front de carbonatation est faible, sauf pour le béton C1 E35 où
nous n’observons aucun signe de carbonatation; cela est dû à sa bonne compacité.
4 t0
3,5 1j
3 C1 E50 3j
2,5
7j
2 C2 E35
C1 E35 14j
1,5
1 28j
0,5 90j
0
47,3 36,2 29,97 22,9 25,8 16,6
resistance à la com pression à 28 j (Mpa)
Les faces situées au fond du moule sont plus compactes, donc légèrement moins sensibles à la
carbonatation que les faces situées au cœur, surtout pour les bétons à E/C élevé (cf. Tableau
5.2). D’après les travaux de Miragliotta [12], les faces situées au fond du moule ont un rapport
E/C plus faible que le béton de masse et elles sont moins poreuses et plus riches en granulats
que le béton de masse.
Réf béton C1 E35 C2 E35 C1 E50 ssp C1 E50 C2 E50 C1 E63 C2 E67
t(j) t (√j) pc(cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm)
0 0 0 0 0 0 0 0 0
1 1 0 0 0 0 0 traces traces
28 5,3 0 1,3 1,1 - 2,7 - 4
90 9,5 0 1,7 1,9 1,7 4 4 4
Tableau 5.2: Tableau récapitulatif des profondeurs de carbonatation des différents bétons de fond
La Figure 5.8 permet de visualiser les différences de comportement entre les bétons de cœur
et les bétons de fond. Cette différence est ténue, mais toujours en faveur du béton de fond.
F C F C F C F C
Figure 5.8: Quelques exemples de comparaison entre béton de fond (F) et béton de cœur (C)
Figure 5.9: Mise en évidence des fronts de carbonatation accélérée visualisés suite à la pulvérisation à la
phénolphtaléine des différentes pâtes d’étude
Réf béton C1 E35 C2 E35 C1 E50 ssp C1 E50 C2 E50 C1 E63 C2 E67
t(jour) t (√j) pc(cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm) pc (cm)
0 0 0 0 0 0 0 0 0,10
240 15,50 0 0 0 0 traces 0,27 0,67
364 19,10 0 0,20 0,26 0,23 0,59 0,38 0,76
Tableau 5.3: Tableau récapitulatif des profondeurs de carbonatation naturelle des différents bétons
Classement des bétons de gauche à droite : C2 E67, C2 E50, C2 E35, C1 E63, C1 E50, C1E35
Figure 5.10: Fronts de carbonatation naturelle (12 mois) visualisés suite à la pulvérisation de
phénolphtaléine pour les six bétons.
Réf ciment C1 C2
t (j) t (√j) pc (cm) pc (cm)
364 19.08 ? 0.30
Nous pouvons conclure que les pâtes de ciment présentent un comportement différent vis-à-
vis du type de carbonatation accélérée ou naturelle. En effet, la carbonatation naturelle s’avère
plus agressive que la carbonatation accélérée pour les pâtes de ciment. Une investigation à
l’échelle microscopique est nécessaire pour approfondir notre compréhension des
phénomènes à l’origine de ce fait remarquable (cf. Chapitre 6 – MEB, ATG, DRX).
La relation des profondeurs de carbonatation des deux tests accéléré et naturel est représentée
par la Figure 5.13. D’après la tendance relevée pour la corrélation entre carbonatation
accélérée et naturelle, le coefficient atteint environ 10. En tenant compte de la durée des deux
protocoles (90 jours pour la carbonatation accélérée et 360 jours pour la carbonatation
naturelle), nous obtenons une accélération d’un facteur 40.
4
Profondeur de carbonatation accélérée (cm)
3,5
2,5
y = 9,9848x
R2 = 0,9658
2
1,5
0,5
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
Profondeur de carbonatation naturelle (cm)
4
Gain de masse (%)
1
C 1 E 35 C 1 E 50 C 1 E 63
C 2 E 35 C 2 E 50 C 2 E 67
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Racine carrée du tem ps (tem ps 1/2)
6 y = 1,3017x - 0,3138
y = 1,8909x + 0,268 y = 1,7315x + 0,0225 y = 1,4209x - 0,0492 y = 1,336x + 0,0096 R2 = 0,9118
R 2 = 0,9806 R 2 = 0,9328 R 2 = 0,9225 R 2 = 0,8808
5
gain de masse %
4
0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
profondeur de carbonatation (cm )
Figure 5.15: Corrélation entre la profondeur de carbonatation et le gain de masse des bétons d’étude
La Figure 5.16 trace l’évolution du gain de masse en fonction de la porosité à l’eau des
différents bétons à l’état initial. Plus la porosité initiale augmente, plus le gain de masse
augmente. Ceci est vrai pour tous les cas, sauf à partir de 28 jours où nous remarquons que
malgré la plus forte porosité initiale du béton C2 E67 par rapport au béton C1 E63, le gain de
masse évolue inversement. Ceci peut s’expliquer par le fait que le béton C1 E63 à base de
CEM I possède une plus grande réserve de portlandite que le C2 E67 à base de CEM II, donc
potentiellement plus de carbonates formés à partir du CEM I que du CEM II. Ceci contribue
donc à conclure que la porosité totale est probablement le facteur majeur régissant les
cinétiques de carbonatation des différents bétons étudiés.
6
1j
5
gain de masse (%)
3j
4
7j
3 14j
22 j
2
28 j
1
90 j
0
12 14 16 18 20 22
porosité à l'eau initiale (%)
Concernant les pâtes de ciment CEM II et CEM I qui ont une consistance normalisée et qui
ne se sont pas carbonatées ni au bout de 14 jours ni au bout de 2 mois, leur gain de masse est
négligeable (cf. Tableau 5.5).
5.3 Mesure du pH
À l’aide d’un pH mètre, nous avons mesuré le pH des bétons broyés à l’état sain et à l’état
carbonaté pour toutes les échéances (t0, 7j, 28j et 3 mois). Pour ce faire, nous avons formé une
solution par mélange de poudre avec une eau déionisée qui a un pH égal à 7, à raison de 3 g
en béton broyé et 6 g d’eau déionisée (cf. Figure 5.17). La poudre de béton a été préparée de
la même manière que pour les essais de la DRX et de l’ATG (cf. Chapitre 5 – ATG, DRX). Il
est important de préciser ici que ces mesures de pH ne peuvent pas correspondre à une mesure
du pH de la solution interstitielle des bétons [13], il s’agit d’une mesure du pH d’une solution
issue de la solubilisation à court terme de poudre de béton. Ces deux mesures sont assurément
liées mais ne peuvent être identiques.
Enfin, nous avons cherché à caractériser principalement la partie carbonatée des échantillons,
du moins lorsqu’elle existe. C’est le cas pour les bétons de E/C ≥ 0,5, mais cette opération
s’avère difficile voire impossible sur les bétons de E/C = 0,35 du fait de la faible épaisseur
carbonatée.
13
12
C1E35
C2E35
11
C1E50
pH
10 C2E50
C1E63
9 C2E67
8
0 20 40 60 80
temps de carbonatation (j)
De la Figure 5.18, nous pouvons déduire qu’à l’état initial, le pH mesuré des bétons étudiés
est voisin de 12,2, ce qui est cohérent avec le pH d’équilibre du béton sain (environ 12,5). Le
pH diminue systématiquement avec le temps d’exposition, cette chute est plus rapide pour un
E/C élevé et elle peut atteindre environ 8, pH d’un béton dont la portlandite est totalement
carbonatée. Le pH des bétons à base de CEM I est plus élevé que celui des bétons à base de
CEM II.
La très faible baisse du pH enregistrée pour le béton C1 E35 confirme les conclusions des
mesures de masse suivant lesquelles le béton est insuffisamment carbonaté pour une mesure
du pH à la phénolphtaléine, mais tout de même au moins partiellement carbonaté.
Les valeurs du pH mesurées sur poudre de béton sont tracées en fonction de l’épaisseur du
front de carbonatation pour tester une éventuelle corrélation (Figure 5.19). Il résulte de cette
confrontation qu’une relation linéaire peut être établie, sous réserve d’éloigner une fraction
des résultats. Il est intéressant de noter que le front de carbonatation, qui mesure une épaisseur
jusqu’à un seuil de pH, est corrélé avec le pH de la zone carbonatée. Ainsi, cette mesure de
pH peut être utilisée pour estimer l’ampleur de la carbonatation en profondeur.
Malheureusement, le prélèvement de la partie exclusivement carbonatée n’est pas chose aisée,
du fait de l’estimation de l’épaisseur carbonatée de son hétérogénéité, ce qui explique la
dispersion importante de certains résultats.
13 C1E35 C2E35
C1E50 C2E50
12 C1E63 C2E67
11
pH
10
8
0 1 2 3 4
front de carbonatation (cm )
M air − M sec
φ =
Equation 5.1
M air − M hyd
12
Téneur en eau à la saturation sous vide (%)
8
7,22
6,42
6
5,10 5,35
0
C1E35 C1E50 C1E63 C2E35 C2E50 C2E67
Type de béton
25
20,66
20
18,37 18,17
17,91
Porosité à l'eau (%)
14,51
15
11,82
10
0
C1 E35 C1 E50 C1 E63 C2 E35 C2 E50 C2 E67
Type de béton
25
20
10
0
0 20 40 60 80 100
tem ps de carbonatation (j)
Figure 5.23: Evolution de la porosité accessible à l’eau de l’état sain et à l’état carbonaté à différentes
échéances
Sur la Figure 5.24, nous observons que quel que soit le type de ciment (CEM I ou CEM II) et
quel que soit le rapport E/C, la porosité totale des bétons de cœur est plus élevée que celle des
bétons de fond. Ceci confirme les résultats du test de la phénolphtaléine ou nous avons trouvé
que les bétons de fond se carbonatent moins que les bétons de cœur ainsi que les résultats de
Miragliota [12].
16,60
15,458 14,92
14,53 13,88
15
13,24
11,73
11,02 10,52
10
0
C1E50 C1E63 C2E35 C2E50 C2E67
Type de béton
Figure 5.24: Comparaison entre la porosité à l’eau du béton de cœur et béton de fond après 90 jours de
carbonatation
5.5 Conclusions
Carbonatation accélérée
Les résultats confirment que le rapport E/C, qui est un paramètre de formulation du béton
gouvernant la porosité, joue un rôle majeur sur la vitesse de carbonatation : plus E/C est élevé,
plus la cinétique de carbonatation est élevée. Ceci est attribué directement au rôle joué par la
porosité. Nous observons d’ailleurs que la porosité totale est le paramètre le plus pertinent
pour déterminer les cinétiques de carbonatation. Cela signifie que la cinétique des différents
processus impliqués dans la carbonatation est fonction d’une seule grandeur macroscopique,
même si celle-ci regroupe à des plus petites échelles de nombreux paramètres pertinents,
comme la distribution de taille des pores, la répartition et l’accessibilité de la portlandite.
De la même manière, le type de ciment joue aussi un rôle majeur. En effet, les bétons à base
de CEM II se carbonatent approximativement deux fois plus vite que les bétons à base de
CEM I. Cet effet est attribué en partie à la plus faible teneur en portlandite des bétons issus du
CEM II, mais surtout à l’impact du type de ciment sur la porosité des bétons. En effet,
l’utilisation du CEM II se traduit systématiquement par une hausse de la porosité totale.
L’utilisation d’un CEM I 42,5 et d’un rapport E/C = 0,35 (C1 E35) a permis d’obtenir un
béton à hautes performances : résistant et durable vis-à-vis de la carbonatation. Ce résultat
peut s’expliquer par sa bonne compacité, qui réduit la pénétration du CO2, et la forte réserve
en Ca(OH)2.
L’essai de carbonatation accélérée ne semble pas être applicable aux pâtes de ciment
hydratées. Aucun des tests macroscopiques réalisés n’a été capable d’évaluer l’épaisseur
carbonatée de ces pâtes de ciment. Des investigations à plus petites échelles sont donc
nécessaires.
Une explication pourrait résider dans une impossibilité de réguler suffisamment rapidement
l’humidité relative au sien des pâtes de ciment, du fait que la quantité d’eau relarguée par
carbonatation est relativement importante et le réseau poreux relativement fin. Ainsi, une forte
humidité interne sur une épaisseur très faible réduirait fortement la vitesse de diffusion du
CO2 dans les pâtes de ciment.
Références bibliographiques
[1] Baroghel- Bouny V. « Nouvelle approche de la durabilité du béton. Méthodologie et exemples »,
C 2246 (1-13);
[2] Essai de carbonatation accélérée. Mesure de l’épaisseur de béton carbonaté. Mode opératoire
recommandé par l’AFREM. Compte rendu des journées techniques AFPC-AFREM « Durabilité des
bétons »,11et 12 décembre 1997, Toulouse, pp.153-158;
[3] Baroghel-Bouny V., Chaussadent T., Croquette G., Divet L., Gawséwitch J., Godin J., Henry D.,
Platret G. et Villain G. « Caractéristiques microstructurales et propriétés relatives à la durabilité des
bétons -Méthodes de mesures et d’essais de laboratoire, Méthodes d’essai n°58 ».Dans: Techniques et
Méthodes des Laboratoires des Ponts et Chaussées, L.C.P.C. Paris, Février 2002, 87p;
[4] Thiery M. « Modélisation de la carbonatation atmosphérique des matériaux cimentaires, prise en
compte des effets cinétiques et des modifications microstructurelles et hydriques ». Thèse de doctorat,
Paris, LCPC 2005;
[5] Committee TC 56 RILEM. « Measurement of hardened concrete carbonation depth-CPC 18”.
Materials and Structure, 21(126): 453-455, 1988;
[6] Metalssi1.O,Aït-Mokhtar. A., Turcry A., Cauchois Ph., Ruot B.” Conséquences de la
carbonatation d’un mortier avec adjuvant organique sur sa microstructure et sa stabilité
dimensionnelle »;
[7] Chaussadent T. « Etat des lieux et réflexions sur la carbonatation du béton armé » Septembre
1999;
[8] Bakker (R.F.M). “Model to Calculate the rate of carbonation in concrete under different climatic
conditions » ljmuiden ;CEMIJ bv laboratorium ;26 August 1993;
[9] Schiessl P. « Corrosion of steel in concrete » RILEM Report 25-46; Londres, 1988;
[10] Baron J et Ollivier J.P. « La durabilité des bétons », 1992;
[11] Al-Akchar N. « Modélisation de la diffusion gazeuse et du processus de carbonatation dans les
pâtes de ciment ». Thèse de doctorat, 1999;
[12] Miragliotta R. « Modélisation des processus physico-chimiques de la carbonatation des bétons
préfabriqués - Prise en compte des effets de parois ». Thèse de Doctorat, Université de La Rochelle,
2000;
[13]Sergi G., Yu S.W. et Page C. L. (1992). « Diffusion of chloride and hydroxyl ions in cementitious
materials exposed to a saline environment”. Magazine of Concrete Research, 44(158):63-69;
[14] A.F.P.C.-A.F.R.E.M. (1997a). « Détermination de la masse volumique apparente et de la porosité
accessible à l’eau ». In : Ollivier, J. P., éditeur : Durabilité des bétons, "Méthodes recommandées pour
la mesure des grandeurs associées à la durabilité", pages 121-124. Laboratoire des Matériaux et
Durabilité des Constructions (L.M.D.C.);
[15] Bulletin des Laboratoires des Ponts et Chaussées n° 225, Vieillissement des bétons en milieu
naturel : une expérimentation pour le XXIème siècle. Généralités et caractéristiques mécaniques
initiales des bétons, pp: 51-65.
[16] Baroghel-Bouny.V « les spécificités des bétons à haute performances » Caractéristiques
microstructurales et propriétés relatives à la durabilité évaluées en conditions de laboratoire ou en
conditions naturelles.
CHAPITRE 6
ETUDE MICROSCOPIQUE
CHAPITRE 6
ETUDE MICROSCOPIQUE
Introduction
Ce chapitre est consacré aux méthodes d’investigations de la carbonatation à caractère
microscopique tels que la Diffraction des Rayons X (DRX) qui teste la distribution des
intensités du Ca(OH)2 et du CaCO3, l’analyse thermogravimétrique (ATG) qui teste la
distribution des concentrations en Ca(OH)2 et en CaCO3, le MEB qui permet de visualiser
chaque millimètre de la section de l’échantillon, et enfin la porosimétrie au mercure qui nous
renseigne sur la porosité totale et les distributions des pores.
Travailler avec une poudre permet de générer un diffractogramme homogène car moyenné sur
les intensités diffractées par les différentes cristallites. Il est nécessaire d’analyser une poudre
de granulométrie fine afin d’obtenir un nombre de cristallites contribuant à chaque réflexion
suffisamment important pour obtenir une statistique correcte [2].
Après carbonatation naturelle d’une année de l’échantillon, le diffractogramme est marqué par
la disparition presque complète des pics de la portlandite et l’augmentation de l’intensité des
pics de la calcite. Quelques pics de C2S résiduels sont toujours observés (Figure 6.3).
Après 14 jours de carbonatation accélérée à 20°C et 66 % d’humidité relative, il n’existe plus
aucune trace d’éléments anhydres [9]. De plus, l’intensité des pics relatifs à la calcite est
encore plus importante que dans le cas de la carbonatation naturelle.
Nous pouvons conclure que, dans le cas de la carbonatation naturelle, l’eau produite par
décomposition de la portlandite n’est pas suffisante pour hydrater tous les anhydres résiduels,
contrairement à la carbonatation accélérée, qui ne laisse aucun anhydre.
350
C:calcite C
P:portlandite
300 G:gypse
ET:ettringite
250
C2S
CEM II carbonaté 12 mois
C2S C C C CaAl4O7
C C
200 ET P SiO2
C
C C C
SiO2 SiO2
intensité
150 p
p
C SiO2 CEM II hydratée
C2S
C3S/C C3S
50 C3A
C3S/C2S
Figure 6.2: Evolution de la pâte de ciment CEM II - état : anhydre, hydraté, carbonaté (naturel)
400
C
C: calcite
P:portlandite
G: gypse
350
ET : ettringite
300
250 C
C C C CEM II carbonatée 14j
C
Intensité
C
C C
200 SiO2 SiO2 C
C p
150 p
CEM II hydratée
p SiO2
P C2S C p
ET C SiO2 C C C2S C P P
SiO2
100
C3S/C2S/C4AF
C3S/C2S
C3S/C
C3S/C2S
50 C3S
C2S
C3A CEM II anydre
C3S/C4AF
SiO2 C3S/C2S C2S
G C3S SiO2 C2S C4AF C2S C
C SiO2
0
5 15 25 35 45 55 65 75
2 théta (degrés)
Figure 6.3: Evolution de la pâte de ciment CEM II - état : anhydre, hydraté, carbonaté (accéléré)
noter que la carbonatation accélérée du ciment CEM I se traduit par l’apparition d’une
nouvelle forme de calcite qui est l’aragonite.
450
C: calcite C
p:portlandite
400
A:aragonite
G:gypse C
350
C
C
300
C
C
C C
A A A
A A C
200
P P
150
C2S P CEM I hydraté
C3S P P
C2S C2S
p
100
G/C3S/C2S
C3S/C2S
C4AF
CEM I anydre
C3S/C4AF
50 C3S
C3A C3S/C2S C3S/C2S C2S
G C3S C3S C3S C3S
C2S
0
5 15 25 35 45 55 65 75
2 théta(degrés)
Figure 6.4: Evolution de la pâte de ciment CEM I - état : anhydre, hydraté, carbonaté (accéléré)
Nous pouvons observer aussi la présence de quelques phases mineures comme la silice SiO2
sous forme de quartz (pic principal à 26,6°) qui provient du ciment CEM II [13] et aussi de
l’ettringite
Comme nos bétons contiennent une grande fraction de granulats (73 %) en masse par rapport
à la fraction du ciment qui est égale à 19 %, nous observons principalement les pics de la
calcite issue des granulats.
L’observation la plus intéressante concerne la persistance des pics de la portlandite pour les
bétons à hautes performances, même à 28 jours de carbonatation accélérée, ce que confirme
nos résultats du test à la phénolphtaléine. Par contre, pour les bétons à E/C = 0,50 (C1 E50 et
C2 E50), nous observons la disparition des pics de la portlandite dès 7 jours de carbonatation
accélérée. Un nouveau pic à 21,18° associé à la vatérite est détecté dans le béton C2 E50 dès
28 jours de carbonatation. L’intensité du pic associé à cette nouvelle forme de calcite
augmente après 3 mois de carbonatation.
Concernant les bétons à E/C élevé (C1 E63 et C2 E67), les pics de la portlandite disparaissent
dès 7 jours de carbonatation. Nous observons aussi l’apparition du nouveau pic correspondant
à la vatérite [14].
Nous pouvons conclure que nous avons observé cette nouvelle forme de calcite (vatérite)
uniquement dans les bétons à base de CEM II et que nous n’avons observé le pic de la silice
que dans les bétons à base de CEM II, donc provenant à priori des fillers calcaires.
C1E35
C
120
C:calcite 3 mois
P:portlandite C C C C
100 P C C
C P
C
Racine de l'intensité
80
C C C C C C 28j
P C P
60
C
7j
P C C C C C C
40 C P
C
20
C C C C C T0
P C P
C
0
0 10 20 30 40 50 60
2 théta (degrés)
C2E35
120 C
C:calcite 3mois
P:portlandite C C C C C C
100 P C
C
Racine de l'intensité
80
28j
C C C C C
P C C
60 C
7j
C
C C C C C
40 P C
C
20 T0
C C
C C C C
P C P
0
0 10 20 30 40 50 60
2 théta (degrés)
C1E50
120
C:calcite C 3 mois
P:portlandite C C C C C
100 C C
C
R a c i n e d e l'in te n s ité
80 28j
C
C C C C
C C
60 C
7j
C C C C
40 C C C
C
20 T0
P C C P C C C C C
0
0 10 20 30 40 50 60
2 théta (degré)
C2E50
C
120 C:calcite
P:portlandite 3 mois
V:vatérite C C C C C
C
100 V C
C 28j
R a cin e d e l'in ten s ité
80
V C C C C C C
C
60 C
7j
C C C C
40 C C C
C
20 T0
C C
P C C P C C C
0
0 10 20 30 40 50 60
2 théta (degrés)
C1E63
120 C
C:calcite
P:portlandite C
C C C C C 3m
100 C
C
ra c in e d e l'in te n s ité
80
C C C C 28j
C C C
60
C
C
C C C C 7j
40 C C
C
20
P C C C C C
C P C
T0
0
0 10 20 30 40 50 60
2 théta(degrés)
C2 E67
C:calcite C
120 P:portlandite 3 mois
V:vatrite
C C C C C C
100 V C
rac in e d e l'in ten s ité
C
80
C C C C C C 28j
C
60
C 7j
C C C C C C C
40
C
20
T0
SiO2 C C
P C C P C C C
0
0 10 20 30 40 50 60
2 théta(degrés)
6.1.5 Conclusion
Nous observons que la carbonatation se traduit par une disparition de la portlandite. Ceci est
compatible avec le diagnostic à la phénolphtaléine, qui montre que le pH est inférieur à 9, ce
qui signifie que la portlandite a déjà été consommée. La présence de portlandite détectée en
DRX est donc un bon traceur pour suivre l’avancement de la carbonatation. Ceci est bien
entendu valable pour la carbonatation de la portlandite, qui est le premier stade de
carbonatation.
Les stades suivants de carbonatation ne peuvent pas être mis en évidence de la même manière
puisque les hydrates réactifs (C-S-H), sont principalement amorphes et ne peuvent donc pas
être détectés par DRX.
Pour les bétons à base de CEM II, la carbonatation accélérée se traduit par l’apparition de pics
de diffraction associés à la formation de vatérite. Cet isomorphe de la calcite est peut-être la
conséquence d’un stade de carbonatation plus avancé.
Cette technique, basée sur la mesure continue du poids d’un échantillon maintenu dans une
atmosphère déterminée et soumis à une variation régulière de température, peut être utilisée
pour évaluer la carbonatation d’un béton (Parrott et Killoh 1989) [15], (Rahman et Glasser
1989) [16]. D’après Thierry (Thierry 2005) [11], cette technique permet même de distinguer
la carbonatation de la portlandite et celle des C-S-H.
Dans notre étude, cette analyse nous permet de quantifier dans un matériau cimentaire l’eau
libre, les hydrates, les carbonates issus des granulats et les carbonates provenant de la
carbonatation.
L’analyseur thermique utilisé est de marque SETARAM TG-DTA 92-18 (cf. Figure 6.11).
L’échantillon est placé sous un léger flux d’argon (25 ml/min) afin d’entraîner les gaz émis
pour éviter une recondensation sur l’échantillon ou sur la balance.
L’échantillon est chauffé depuis la température ambiante jusqu’à 1000°C à une vitesse de
10°C par minute.
D’après Platret G et Deloye F.-X [17], les constituants du béton se décomposent aux
températures référencées dans le tableau suivant :
D’après Thiery (2005) [11], la perte de masse résultante de la perte d’eau libre et de la
déshydratation des C-S-H et de l’ettringite débute à 90°C et peut se poursuivre jusque 400°C.
La perte entre 450°C et 550°C correspond à la décomposition de la portlandite
et enfin sur une plage de 600°C à 1000°C, la perte de masse est due à la décarbonatation du
CaCO3 (perte de CO2) des granulats et /ou produit par carbonatation.
L’une des difficultés de cette technique reste l’interprétation des résultats, c’est-à-dire la
distinction entre la décomposition des différentes phases.
Il est communément admis [18] qu’il est impossible de distinguer l’eau libre des C-S-H et de
l’ettringite. Nous prolongeons le palier entre 20°C et 105°C de 1 h de manière à mieux
estimer l’eau libre, il n’est toutefois toujours pas possible de dissocier les pertes de masse
liées aux C-S-H et à l’ettringite.
Dans notre étude, nous avons utilisé comme granulat du carbonate de calcium, et donc un
matériau de même nature que les produits de carbonatation de la portlandite. Les carbonates
issus de la carbonatation de la portlandite sont réputés moins stables en température, ce qui
devrait permettre de les dissocier des carbonates des granulats. Cependant, les plages de
températures de ces deux carbonates se chevauchent, ce qui rend moins fiable leur distinction.
0,2
0
Dérivée de la perte de masse
Mode II
CaCO3
-0,4
-0,6
-0,8
CEM I carbonatation accélérée 14j Mode I
CEM I carbonatation naturelle 12 mois CaCO3
-1
Température (°C)
Sur la Figure 6.12, nous présentons 2 cas de carbonatation d’une pâte de ciment CEM I d’une
consistance normalisée.
0,2
Dérivée de perte de masse (mg/°C)
0
0 200 400 600 800 1000
C-S-H
eau libre ettringite
-0,2
ettringite Mode III Mode II
CaCO3 CaCO
3
-0,4
Ca(OH)2
-0,6
CEM I carbonatation accélérée 14j
CEM I carbonatation accélérée 2mois
-0,8 CEM I carbonatation naturelle 12 mois
CEMetat
I etat initial
Mode I
CPJ initial
CaCO3
-1
Température (°C)
Figure 6.13: Analyse thermogravimétrique de la pâte de ciment CEM II à l’état sain et carbonaté
température beaucoup plus étendue, comprise entre la fin du pic de la portlandite jusqu’au
début du pic des granulats calcaires.
-1
-15
-20 -2
-25
-3
-30
-35
CaCO3 des granulats -4
-40
-45 -5
Température (°C)
La Figure 6.14 est utilisée pour définir précisément la plage de température de décomposition
de la calcite des granulats (sable + gravillons), c’est-à-dire entre 720-930 °C. Cette plage
diffère de la calcite du filler du ciment CEM II (cf. Figure 6.13, état initial), qui se trouve
entre 670-800 °C.
0 0,5
0 200 400 600 800 1000
-10
-0,5
Perte de masse (%)
-15
-1
-20
-1,5
-25
C1E35 TG -2
-30
C2E35 TG
CaCO3
-35 C1E35 DTG -2,5
C2E35 DTG
-40 -3
Température (°C)
Figure 6.15: Mise en évidence de la différence du pic de la calcite entre béton à base de CEM II et béton à
base de CEM I à l’état initial
jours, 28 jours et 3 mois de carbonatation. La Figure 6.17 présente les mêmes courbes pour le
béton C2 E35.
D’après les résultats concernant les deux bétons, plusieurs remarques peuvent être faites :
La présence de la portlandite diminue progressivement en fonction du temps d’exposition au
CO2 de 3,33 % à 0,88 %. A 3 mois, la disparition de la portlandite est presque complète pour
le C1 E35, mais il en reste suffisamment pour maintenir un pH basique vis-à-vis du test à la
phénolphtaléine.
A trois mois, la pulvérisation à la phénolphtaléine nous révèle des zones millimétriques où le
pH est inférieur à 9. Il s’agit peut-être d’un effet de la carbonatation, mais rien ne permet de le
confirmer. La perte de masse associée à la calcite de carbonatation augmente progressivement
avec la disparition de la portlandite.
A 3 mois de carbonatation, un pic relatif au mode II et un décalage du mode I vers les plus
hautes températures (730-940 °C) peuvent être observés tandis qu’avec la pulvérisation à la
phénolphtaléine, seuls quelques points incolores sont identifiables.
Concernant le béton C2 E35 la disparition de la portlandite est complète à 7 jours.
0
0 200 400 600 800 1000
Dérivée de la perte de masse (mg/°C)
eau libre
-0,5
Ettringite C-S-H Ca(OH)2 CaCO3 de
ettringite carbonatation
-1 mode II
(3 mois)
-1,5
-2
-2,5
C1 E35 t0 CaCO3
-3 mode I
C1 E35 7j
-3,5 C1 E35 28j
C1 E35 3mois
-4
Température (°C)
0,5
0
Dérivée de la perte de masse (mg/°C)
-1,5
-2
-2,5
-3
-3,5
C2 E35 t0
CaCO3
-4 C2 E35 7j
Mode I
C2 E35 28J
-4,5
C2 E35 3mois
-5
Température (°C )
6.2.5.3 Evolution des bétons carbonatés au cours du temps C1 E50, C2E50, C1E63
et C2 E67
Les résultats concernant les autres bétons sont représentés sur les Figure 6.18, Figure 6.19,
Figure 6.20 et la Figure 6.21 et ils montrent les points suivants:
- La présence de la portlandite diminue progressivement en fonction du temps d’exposition
au CO2,
- A 7 jours, la disparition de la portlandite est complète,
- L’apparition d’un pic relatif au mode II au cours de la carbonatation,
- A 3 mois, le mode principal I de CaCO3 se déplace vers les plus hautes températures,
- Pour le béton C2 E67 qui s’est carbonaté sur toute son épaisseur à 14 jours d’exposition
au CO2, le mode principal se décale vers les plus hautes températures dès 7 jours.
0
0 200 400 600 800 1000
Dérivée de la perte de masse (mg/°C)
-2
-2,5
-3
-3,5 C1 E50 T0
CaCO3
-4 C1 E50 7j
Mode I
C1 E50 28j
-4,5
C1 E50 3 mois
-5
Température (°C)
0,5
0
0 Eau libre 200 400 600 800 1000
-0,5 Ettringite CaCO3
Ca(OH)2
C-S-H de carbonatation
-1
Perte de masse (%)
Ettringite
-1,5
-2
-2,5
-3
C2 E50 t0
-3,5 C2 E50 7j
CaCO3
C2 E5028j
-4 Mode I
C2 E50 3mois
-4,5
Température (°C)
1
Dérivée de la perte de masse (mg/°C)
0
0 Eau libre 200 400 600 800 1000 1200 1400
Ettringite
-1
C-S-H Ca(OH)2 CaCO3
Ettringite de carbonatation
-2
-3
CaCO3
C1 E63 T0 Mode I
-4
C1 E637j
C1 E63 28j
-5
C1 E63 3 mois
-6
Température (°C)
1
Dérivée de la perte de masse (mg/°C)
0
Eau libre
0 200 400 600 800 1000
Ettringite CaCO3
-1 C-S-H Ca(OH)2 de carbonatation
Eau libre
-2
-3
CaCO3
C2 E67 T0 Mode I
-4
C2 E67 7j
C2 E67 28J
-5
C2 E67 3mois
-6
Température (°C)
6,00
C1 E35
C1 E50
5,00 C1 E64
Teneur en portlandite (%)
4,00
3,00
2,00
1,00
0,00
0,00 7,00 28,00 90,00
Temps (jour)
Figure 6.22: Evolution de la teneur en portlandite pour les bétons à base de CEM I
6,00
C2 E35
C2 E50
5,00 C2 E67
Teneur en portlandite (%)
4,00
3,00
2,00
1,00
0,00
0,00 7,00 28,00 90,00
Temps (jour)
Figure 6.23 : Evolution de la teneur en portlandite pour les bétons à base de CEM II
8,00
C1 E35
7,00 C1 E50
C1 E64
6,00
Teneur en calcite (%)
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
0,00
0,00 7,00 28,00 90,00
Temps (jour)
Figure 6.24 : Evolution de la teneur en calcite des modes II et III pour les bétons à base de CEM I
8,00
C2 E35
7,00 C2 E50
C2 E67
6,00
Teneur en calcite (%)
5,00
4,00
3,00
2,00
1,00
0,00
0,00 7,00 28,00 90,00
Temps (jour)
Figure 6.25 : Evolution de la teneur en calcite des modes II et III pour les bétons à base de CEM II
A la différence des ciments, Les graphiques DTG des différents bétons carbonatés ne
montrent pas de manière claire de pics attribuables aux modes II et III de carbonatation de la
portlandite. Pour mettre en évidence une évolution de ces teneurs, nous avons tracé en Figure
6.24 pour les bétons à base de CEM I et en Figure 6.25 pour les bétons à base de CEM II les
teneurs en calcite de mode II et III au cours du temps. Les valeurs initiales servent à établir un
blanc car il n’est pas possible de diagnostiquer une carbonatation de mode II et III avant
exposition au CO2. Les teneurs en calcite de mode II et III augmentent systématiquement dès
7 jours pour tous les bétons, mais restent globalement constantes par la suite. Le ciment ne
semble pas jouer de rôle significatif sur la nature des modes de calcite formée.
L’augmentation progressive de ces teneurs pour les bétons à rapport E/C de 0,35 est attribuée
à la prise d’échantillon qui ne contient pas uniquement la partie carbonatée.
zone 1 est incomplète à 1 jour car le pH est encore élevé. Dès 3 jours, la zone 1 devient
totalement incolore.
La différence d’état hydrique entre la surface et le cœur peut être à l’origine de ce phénomène.
En effet, la surface de cet échantillon était probablement plus sèche que le cœur.
La réaction chimique de carbonatation aurait donc été défavorisée prés de la surface par
manque d’eau, par rapport à 1 cm plus en profondeur dans le béton, là ou la teneur en CO2
dans la phase gazeuse est pourtant plus faible, mais où le matériau est plus humide.
Par la suite, l’apport d’eau vers la surface par carbonatation du cœur permettrait une
carbonatation de la surface et ainsi expliquer qu’à 3 jours la carbonatation de la zone 1 est
complète.
0
Dérivée de la perte de masse
-2
-3
C2 E67 (zone1)
-4 C2 E67 (zone 2)
C2 E67 (zone 3)
-5
Température (°C)
3 21
Figure 6.26: Diagramme DTG pour différents échantillons de béton (C2 E67) prélevés depuis la surface
sur une éprouvette carbonatée 1 jour
6.2.8 Conclusion
La portlandite est clairement identifiable, ce qui permet de fixer précisément les bornes de
températures pour sa quantification
La calcite associée au filler calcaire présent dans le ciment CEM II est également bien
identifiable et délimitée.
La température de décomposition de la calcite des granulats (sable + gravillons) est entre 720-
930 °C. Cette plage diffère de la calcite du filler du ciment CEM II, qui se trouve entre 670-
800 °C.
La carbonatation de bétons se traduit par l’apparition d’un pic relatif au mode II et un
décalage du mode I vers les plus hautes températures.
L’ATG nous a montré qu’à partir de deux mois de carbonatation accélérée des pâtes de
ciment, il est possible de délimiter plusieurs modes de carbonates : le principal entre 724°C et
837°C, le second entre 674°C et 724°C et un troisième entre 577°C et 674°C. Parmi les
familles de carbonates de la portlandite, il doit donc exister plusieurs types principaux comme
témoignent ces trois modes. Dans un objectif de quantification, il est regrettable de constater
que le principal mode de carbonatation se superpose avec la calcite issue des granulats.
Grâce à l’ATG, nous avons constaté que la carbonatation accélérée contribue davantage à la
formation de familles de carbonates bien identifiées par rapport à la carbonatation naturelle.
La calcite générée par carbonatation accélérée se distingue selon plusieurs modes
identifiables, tandis que la calcite générée par carbonatation naturelle se décompose sur une
plage de températures beaucoup plus étendue.
Figure 6.27: Représentation schématique des profondeurs de pénétration et des résolutions spatiales pour
différents modes de formation d’images [2]
Le principe du microscope électronique à balayage (cf. Figure 6.27) repose sur le balayage de
l’échantillon par un faisceau d’électrons. L’interaction des électrons avec la matière conduit à
l’émission d’électrons secondaires, de photons X, d’électrons rétrodiffusés, d’électrons
Auger. Tous peuvent permettre la formation d’une image si le microscope est doté d’un
détecteur capable de transformer les électrons ou les photons émis en signal électrique [2].
L’identification de la microstructure du béton peut être réalisée au MEB à partir de fractures
ou de surfaces polies, mais seule la surface polie donne une information statistiquement
représentative des différentes phases du matériau.
paraît beaucoup plus rugueux à basse tension puisque la formation de l’image résulte de
l’interaction des électrons avec une plus faible épaisseur de matériau.
Les électrons secondaires (SE), utilisés pour observer les fractures, autorisent généralement
un grossissement 4 fois plus important que les électrons rétrodiffusés (BSE) et permettent,
grâce à la troisième dimension, d’apprécier la géométrie des cristaux. Ces atouts font de
l’observation sur fractures la méthode la plus précise pour identifier la texture de la matière.
d’une colle conductrice puis badigeonnée de laque d’argent sur les faces latérales avant de
procéder à sa métallisation à l’or. Les échantillons sont ensuite observés au MEB en utilisant
principalement la technique des électrons secondaires (SE).
Zone 1
Zone 2
Zone 3
Figure 6.29: Micrographie BSE (x 250) de la pâte de ciment CEM I à E/C = 0,26 carbonatée durant 14
jours
Zone n°1 : état dégradé non calcifié (pellicule de 100 µm) : Dans cette zone, il ne reste
presque plus d’éléments anhydres résiduels à part le C4AF (cf. zone 1 Figure 6.30), la porosité
capillaire semble plus importante qu’ailleurs. La calcite n’est pas visible.
Zone n°3 : état sain et donc non carbonaté (profondeur > 200 µm) :
Cette zone comporte un nombre important d’anhydres : du C2S (arrondis et maclés) et C4AF
(zones de poids atomique plus élevé) et aussi quelques résidus de C3S dans les plus gros
grains de ciment (cf. zone 3 de la Figure 6.31). Cette présence importante d’anhydres est due
au rapport E/C qui est faible, de l’ordre de 0,26. Les plus gros grains de ciment se distinguent
du reste de la pâte par une fraction anhydre entourée d’une couronne d’hydrates composée de
C-S-H et de Ca(OH)2; l’hydratation de la partie saine est donc incomplète.
Zone 1
Zone 2
Zone 3
Figure 6.30 : Micrographie BSE (x 500) de la pâte de ciment CEM I à E/C = 0,26
Zone 2
C4AF
Zone 3
C4AF
C2S
Figure 6.31: Micrographie BSE (x 2000) de la pâte de ciment CEM I à E/C =0,26
La Figure 6.32 et la Figure 6.33 présentent les différences entre l’état non carbonaté et l’état
carbonaté d’une pâte de ciment CEM I. La présence d’éléments anhydres résiduels, mis à part
le C4AF, n’est visible que sur la partie non carbonatée (Figure 6.32). La porosité située entre
les grains de ciment hydraté de la partie carbonatée semble plus dense que dans la partie
carbonatée.
Les parties les plus claires de la zone non carbonatée correspondent aux C-S-H denses
entourant des grains de ciment hydraté. A l’inverse, les parties les plus claires de la zone
carbonatée correspondent à la calcite qui a précipité dans la porosité capillaire située à
l’extérieure des grains de ciment hydraté. Ainsi, dans la zone saine, les parties claires
montrent un aspect assez anguleux et séparé dû à la forme initiale des grains de ciment, tandis
que dans la zone carbonatée, les parties claires montrent un aspect irrégulier et connecté.
Grains de Hadley
Figure 6.32 : Micrographie BSE (x 2000) de la pâte de ciment CEM I à E/C = 0,26 - partie saine
Calcite occupant la
porosité capillaire
Figure 6.33 : Micrographie BSE (x 2000) de la pâte de ciment CEM I à E/C = 0,26 – partie carbonatée
Zone 1
Zone 2
Zone 3
Figure 6.34: Micrographie BSE (x 250) de la pâte de ciment CEM II à E/C = 0,266 carbonatée durant 14
jours
La Figure 6.35 et la Figure 6.36 montrent les différences entre la zone saine et la zone
carbonatée. Sur la zone saine, il est possible d’observer : 1) les grains anhydres du ciment
(poids atomique élevé), 2) les grains de ciment hydratés, 3) les grains de filler calcaire.
La surface de la zone carbonatée est plus dense. Il ne reste presque plus d’anhydre car même
la plus grande partie du C4AF est absente, seuls les plus gros amas de C4AF sont encore
visibles.
Figure 6.35: Micrographie BSE (x 1000) de la pâte de ciment CEM II à E/C = 0,266 - partie saine
Figure 6.36 : Micrographie BSE (x 1000) de la pâte de ciment CEM II à E/C = 0,266 - partie carbonatée
Carbonatation naturelle
Les échantillons présentés dans cette partie ont été exposés à une ambiance de laboratoire
durant 12 mois. La température était comprise entre 17 et 25°C, l’humidité relative 60 %. Le
taux de CO2 présent dans l’air est de l’ordre de 0,03 % volumique et correspond à celui d’une
salle de travaux pratiques.
L’objectif de ce test (cf. Figure 6.37) est de comparer la mesure du front de carbonatation par
pulvérisation à la phénolphtaléine et celle observée au MEB sur une pâte de ciment CEM II à
consistance normalisée. Dans les deux cas, la zone de pH inférieur à 9 mesure environ 3 mm
d’épaisseur. De la même manière que pour la carbonatation accélérée, les trois zones
(dégradée, densifiée, saine) peuvent aussi être observées et délimitées.
Dans la zone n°1 (dégradée), le pH inférieur à 9 confirme la disparition de la portlandite au
même titre que dans la zone n°2 (densifiée).
Figure 6.37: Micrographie BSE (x 50) d’une pate de ciment CEM II à E/C = 0,266 - carbonatation
naturelle
Les différentes micrographies regroupées dans la Figure 6.37 nous montrent les trois zones
(dégradée, densifiée et saine) obtenues par carbonatation naturelle d’une pâte de ciment CEM
C-S-H dense
C4AF
C2S partiellement
hydraté
(1) Zone n°1 dégradée CEM II (x500) (2) Zone n°1 dégradée CEM II (x2000)
C-S-H dense
Grain de ciment
hydraté
(3) Zone n°2 carbonatée CEM II (x 500) (4) Zone n°2 carbonatée CEM II (x 2000)
porosité
Grains de
Hadley
(5) Zone n°3 saine CEM II (x500) (6) Zone n°3 saine CEM II (x2000)
Figure 6.38: Micrographies BSE d’une pâte de ciment CEM II à E/C = 0,266 carbonatée naturellement
durant 1 année
- 3 zones sont systématiquement observées : (1) dégradée, (2) carbonatée et (3) saine.
x 500
C3 S
C4AF
C2 S
La Figure 6.40 présente le béton C1 E63 après une carbonatation accélérée durant 28 jours.
Nous constatons les mêmes zones que pour la pâte de ciment CEM I, c'est-à-dire l’existence
d’une zone assez dégradée et d’une zone carbonatée densifiée. A cette échéance, l’altération
concerne la totalité de l’épaisseur de l’échantillon.
Zone 1
Zone 2
Figure 6.40: Micrographie BSE (x 1000) du béton C1 E63 - carbonaté durant 28j
La Figure 6.41 et la Figure 6.42 nous permettent de comparer entre les zones (1)-dégradée et
(2)-densifiée du C1 E63 totalement carbonaté.
La partie dégradée est similaire à celle de la pâte de ciment CEM I, la zone carbonatée est très
compacte en raison de la présence de calcite notamment au niveau de la zone de transition
ciment/granulat et au niveau de la porosité capillaire. La carbonatation ne concerne pas les
pores fermés par des C-S-H denses que constituent les grains de Hadley.
Grains de
Hadley
Figure 6.41 : Micrographies BSE du béton C1 E63 totalement carbonaté (28 jours) – partie dégradée
CaCO3
CaCO3
Figure 6.42 : Micrographies BSE du béton C1 E63 totalement carbonaté (28 jours) – partie densifiée
6.3.3.2.2 Béton à base de ciment CEM II et de rapport E/C = 0,67 (C2 E67)
Les observations réalisées sur le C1 E63 sont parfaitement valables pour le C2 E67. La seule
différence provient de l’absence totale d’éléments anhydres dans le C2 E67, C4AF compris,
alors qu’il en reste dans le C1 E63. Ainsi, le taux de dissolution des anhydres doit
probablement atteindre 100 % pour le béton à base de CEM II.
La Figure 6.43 et le Figure 6.44 nous permettent de comparer entre l’état sain et l’état
carbonaté du béton C2 E67. A l’état initial, on observe la présence des anhydres (C2S,
C4AF), des hydrates (Ca(OH)2, C-S-H) par contre à l’état carbonaté, on n’observe que du
CaCO3.
Grain
C2 S d’Hadley
C-S-H
Ca(OH)2
C4AF
(1) – grossissement x 500 (2) – grossissement x 2000
CaCO3
Figure 6.44 : Micrographie BSE du béton C2 E67 carbonaté durant 28 jours – partie carbonatée
Zone 2
Zone 3
Figure 6.45: Micrographie BSE (x 500) du béton C1 E35 à base de CEM I carbonaté durant 28jours
Figure 6.46: Surface du béton C1 E35 carbonatée durant 28 jours après pulvérisation de phénolphtaléine
Porosité C-S-H
capillaire dense
C2 S
Grains
calcaires
Bandes de
portlandite
Figure 6.47: Micrographie BSE (x1000) du béton C2 E50 carbonaté durant 3 jours – partie saine
Figure 6.48 : Micrographie BSE (x1000) du béton C2 E50 carbonaté durant 3 jours – partie carbonatée
6.3.4 Conclusion
Pour essayer d’expliquer les deux zones de l’état dégradé, nous proposons deux hypothèses
différentes :
1. Hypothèse qui nous paraît la plus probable : notre pâte de ciment a subi une lixiviation
de surface pendant sa maturation de 28 jours dans l’eau (plus particulièrement le CEM
I qui a subi la maturation dans l’eau après sciage sous eau), c’est-à-dire une
dissolution de la portlandite de la peau dans l’eau environnante. Ceci pourrait
expliquer la présence de nombreux grains de Haldley (Figure 6.30) et l’absence de
grains anhydres à part la fraction correspondant au C4AF qui reste quasiment
insoluble, ainsi qu’une macro-porosité bien visible qui nous confirme qu’il y’a
disparition de la portlandite sans précipitation de calcite.
2. Hypothèse alternative : il est possible que l’échantillon ne soit pas parfaitement
équilibré en termes d’humidité relative en fonction de la profondeur. Dans ce cas,
cette hétérogénéité pourrait laisser une pellicule de surface plus sèche qui serait
pratiquement insensible à la carbonatation, du moins dans un premier temps. En effet,
lors de la carbonatation de la partie plus profonde, l’eau produite pourrait alors servir à
humidifier la partie initialement sèche et ainsi générer finalement une carbonatation de
cette pellicule, mais avec une cinétique et des effets différents. Cette hypothèse nous
paraît moins probable car : (a) les courbes d’évolution de la masse des échantillons
mis en ambiance à 66 % d’humidité laissent supposer que les échantillons sont stables
et donc homogènes, et (b), si la partie de surface est effectivement carbonatée,
pourquoi la calcite n’est-elle pas observée ?
( )
V p = V p PHg Equation 6.3
Le rayon moyen (rp) de la classe de pores envahis (classiquement supposés cylindriques) est
calculé par l’équation de WASHBURN en fonction de la pression moyenne appliquée PHg, ce
qui donne la relation rp=rp(PHg) suivante :
2.σ Hg . cos θ
rp = −
Equation 6.4
PHg
θHg est l’angle de contact entre la surface du solide et le mercure, la valeur standard adoptée
pour les matériaux à base de matrice cimentaire est de 141.3°C.
σHg est la tension superficielle du mercure, égale à 0,480 ± 0.001 N/m à 20°C. La tension
superficielle est dépendante de la température. Pour information, elle est de 0,482 N/m à
25°C, et chute à 0,472 N/m à 50°C.
La relation suppose aussi que le matériau est incompressible dans la gamme des pressions
appliquées et que le liquide utilisé ne soit pas chimiquement réactif ou ne s’amalgame avec la
phase solide.
La courbe d’intrusion de mercure représente le volume cumulé de mercure introduit en
fonction du diamètre des pores directement accessibles. La distribution des volumes poreux
en fonction des rayons de pores qui est obtenue par dérivation discrète ΔVp/Δrp=f (rp) est plus
communément appelée distribution des tailles de pores. Elle met en évidence les modes
poreux caractéristiques de la microstructure du béton.
-a- Mise de l’échantillon dans le pénétromètre -b- postes à basse et haute pression
(414 MPa). La montée en pression fait pénétrer le mercure dans les pores dont le diamètre
d’entrée est compris entre 128 µm et 6 nm.
0,004
incremental volume T0
0,0035
incremental volume 28j
0,003
Incremental volume (mL/g)
0,0025
0,002
0,0015
0,001
0,0005
0
0,001 0,01 0,1 1 10 100 1000
Figure 6.52: Porosité au mercure du béton C1 E35 à l’état initial (t0) et l’état carbonaté (28 jours)
0,004
incremental volume T0
0,0035
incremental volume 28j
0,003
Incremental volume (mL/g)
0,0025
0,002
0,0015
0,001
0,0005
0
0,001 0,01 0,1 1 10 100 1000
Figure 6.53: Porosité au mercure du béton C1 E63 à l’état initial (t0) et l’état carbonaté (28 jours)
Sur la Figure 6.54 qui présente la porosité au mercure d’un béton à E/C = 0,35 (C2 E35).
Contrairement au béton C1 E35, il n’y a pas de décalage mais une réduction très nette du
mode correspondant aux diamètres compris entre 23 nm et 80 nm. Les pores fins dont les
diamètres varient entre 3 et 20 nm ainsi que les pores plus grossiers de diamètres compris
entre 230 nm et 4,5 µm sont plus nombreux à l’état carbonaté.
Par contre pour le béton à E/C = 0,67 (C2 E67), le mode principal est plus étendu - diamètres
compris entre 23 nm et 290 nm - et se déplace vers les plus gros pores pour l’état carbonaté
(Figure 6.55). Dans ce cas, la carbonatation génère une augmentation des pores dont les
diamètres varient entre 3 nm et 22 nm et une diminution des pores dans l’intervalle de 425 nm
à 4,9 µm.
0,004
incremental volume T0
0,0035
0,0025
0,002
0,0015
0,001
0,0005
0
0,001 0,01 0,1 1 10 100 1000
Figure 6.54: Porosité au mercure du béton C2 E35 à l’état initial (t0) et l’état carbonaté (28 jours)
0,004
incremental volume T0
0,0035
incremental volume 28j
0,003
Incremental volume (mL/g)
0,0025
0,002
0,0015
0,001
0,0005
0
0,001 0,01 0,1 1 10 100 1000
Figure 6.55 : porosité au mercure du béton C2 E67 à l’état initial (t0) et l’état carbonaté (28 jours)
0,006
incremental volume C1E35
incremental volume C1E64
incremental volume C2E35
0,005 incremental volume C2E67
0,004
Incremental volume (mL/g)
0,003
0,002
0,001
0
0,001 0,01 0,1 1 10 100 1000
Pore access diameter (µm)
Figure 6.56: Comparaison de la porosité au mercure des différents bétons à l’état initial
25
porosité à l'eau
porosité au mercure
20
Porosité %
15
10
0
C1 E35 C2 E35 C1 E63 C2 E67
Les différents types de bétons
Figure 6.57: Comparaison entre porosité à l’eau et porosité au mercure des bétons sains
25
porosité à l'eau
porosité au mercure
20
Porosité %
15
10
0
C1 E35 C2 E35 C1 E63 C2 E67
Les différents types de bétons
Figure 6.58 : Comparaison entre porosité à l’eau et porosité au mercure des bétons carbonatés durant 28
jours
6.4.6 Conclusions
Lorsque le rapport E/C décroît, la porosité diminue et devient plus fine, cela est la
conséquence d’un meilleur empilement granulaire et ceci concerne à la fois les bétons sains et
les bétons carbonatés. Par conséquent, les bétons à plus faible rapport E/C (0,35) présentent
une porosité nettement plus faible dans le domaine accessible par la porosimétrie par intrusion
de mercure.
Les valeurs de porosité à l’eau comparées à celles obtenues par porosimétrie au mercure
apparaissent systématiquement plus élevées. Ceci est un résultat tout à fait classique tout à fait
cohérent avec d’autres travaux [30]. Durant un essai porosimètrique, seuls les pores dont le
diamètre est compris entre 3 nm et 414 µm sont comptabilisés par intrusion de mercure.
La distribution en taille de pores des bétons sains est monomodale, le mode poral principal est
situé entre 10 nm et 125 nm pour les faibles rapports E/C et il s’élargit pour les rapports E/C
les plus élevés. Ce mode peut être attribué à un espace poral lié à l’architecture des amas
d’hydrates, correspondant au réseau poreux résiduel après formation des hydrates externes
[30]. La porosité relative de ce mode augmente avec l’hydratation tant que des C-S-H
externes aux grains de ciment se forment, venant remplir les espaces inter-grains initiaux.
Signalons l’absence du premier mode poral pour tous nos bétons d’étude, ce dernier est situé
initialement entre les grains de ciment anhydre. Ceci est dû à la présence de la phase liquide
(eau de gâchage) qui occupe l’espace entre les grains de ciment. Le volume et la taille
caractéristique de ces pores diminuent pendant l’hydratation avec le développement des
hydrates qui remplissent progressivement une part de l’espace préalablement occupé par
l’eau. Ce mode disparaît vite au cours de l’hydratation et il est très dépendant du rapport
E/C, pour une formulation à E/C élevé, il subsiste, même après plusieurs mois d’hydratation,
un reliquat de ce premier mode poral comme le cas pour le béton C2 E67 où on observe un
pic autour de 1 µm, tandis qu’avec des formulations à faible E/C, dés le premier jour
d’hydratation on atteint la taille caractéristique du second mode tel que le définit
Baroghel[30]
Les mesures de porosité des bétons carbonatés indiquent que la carbonatation réduit
principalement les pores de petites dimensions. La réduction de cette porosité traduit
l’occupation des interstices par les cristaux de carbonate de calcium formés durant la
carbonatation. Elle est due au fait que les volumes de ces cristaux de calcite excédent ceux des
hydrates à partir desquels ils se forment et par conséquent occasionne une diminution de la
porosité. La porosité concernée correspond au mode poral principal, c’est-à-dire à la porosité
inter- hydrates. Ce dernier se déplace vers les plus gros diamètres, ce qui signifie que la
carbonatation ouvre cette porosité, certainement par dissolution de la Portlandite initialement
présente dans cette porosité. Par contre, les pores dont les diamètres varient entre 3 nm et 23
nm tendent à augmenter au cours de la carbonatation accélérée, ce qui signifie que dans la
partie la plus fine du mode principal, la précipitation de la calcite génère une porosité
beaucoup plus fine. Il s’agit de porosité entre les amas de calcite néoformée, qui remplissent
la porosité inter-hydrates, elle-même partiellement dégradée par dissolution de certains
hydrates (portlandite). Ainsi, la carbonatation se traduit à la fois par une baisse de la porosité
inter-hydrates, son décalage vers les plus gros pores et l’augmentation de la porosité la plus
fine.
Références bibliographiques
[16] Rahman.A and Glasser.F.P. “Comparative studies of the carbonation of hydrated cement”.
Advances in Cement Research, 2(6) :49-54, 1989;
[17] Platret G., Deloye F.X. « Thermogravimetry and carbonation of cements and concretes, Actes des
Journées des Sciences de l'Ingénieur du réseau des Laboratoires des Ponts et Chaussées, Publication
LCPC, Paris, 1994, pp. 237–243, (in French);
[18] Baroghel-Bouny V., Chaussadent T., Croquette G., Divet L., Gawséwitch J., Godin J., Henry D.,
Platret G. et Villain G. « Caractéristiques microstructurales et propriétés relatives à la durabilité des
bétons -Méthodes de mesures et d’essais de laboratoire ». Méthodes d’essai n°58. Dans : Techniques
et Méthodes des Laboratoires des Ponts et Chaussées, L.C.P.C Paris, Février 2002,87p;
[19] Villain G., Thiery M., Platret G. « Measurement methods of carbonation profiles in concrete:
Thermogravimetry, chemical analysis and gammadensimetry». Cement and Concrete Research 37
(2007) 1182–1192.
[20] Thiery.M, Villain.G, Dangla.P, Platret.G « Investigation of the carbonation front shape on
cementitious materials : Effects of the chemical kinetics”Cement and Concrete Research 37 (2007)
1047–1058;
[21] Brunetaud X. « Etude de l’influence de différents paramètres et de leurs interactions sur la
cinétique et l’amplitude de la réaction sulfatique interne au béton » Thèse de doctorat en Physico-
chimie des Matériaux, Ecole Centrale des Arts et Manufactures – Ecole Centrale de Paris, 2005 ;
[22] Baroghel-B.V « Les spécifités des bétons à hautes performances -Caractéristiques
microstructurales et propriétés relatives à la durabilité évaluées en conditions de laboratoire ou en
conditions naturelles ».LCPC ,2004 ;
[23] Rafai.N,Hornain.H,Villain.G,Baroghel.B.V , Platret .G et Chaussadent .T « Comparaison et
validité des méthodes de mesure de la carbonatation » Revue française de génie civil.Volume 6-
n°2/2002,pages 251à274 ;
[24] Miragliotta R. « Modélisation des processus physico-chimiques de la carbonatation des bétons
préfabriqués - Prise en compte des effets de parois ». Thèse de Doctorat, Université de La Rochelle,
2000;
[25] Miragliota.R,Rougeau.P, Ait-mokhtar.A,Omiri.O « A methodology for predicting the advance of
carbonation in concrete :Influence of the microstructure of the skin layer on concrete carbonation
kinetics», in concrete durability,proceedings of an16e International Conference (BIBM International
Venezia,Italy,1999) 73-78;
[26] Jaafar.W « Influence de la carbonatation sur la porosité et la perméabilité des bétons» DEA
Géomatériaux, LCPC, 2003 ;
[27] Ait-Mokhtar .A « Durabilité des matériaux, Transfert d’agents agressifs dans les matériaux
cimentaires » Habilitation à diriger des recherches en sciences, 2002 ;
Conclusions générales
• Couple ciment-superplastifiant
C'est par le biais du réseau poreux de la pâte de ciment que les agents chimiques peuvent
pénétrer dans le béton et entraîner sa dégradation. C’est pourquoi une augmentation de la
porosité de la matrice diminue de façon significative la résistance du béton. A première vue,
cela peut suggérer que la solution pour obtenir un béton plus durable est d'ajouter aussi peu
d'eau que possible dans sa formulation. Toutefois, si la quantité d'eau nécessaire pour une
hydratation complète est égale à 25-30 % de la masse de ciment, près du double de cette
quantité est nécessaire pour obtenir une maniabilité suffisante. C'est en réduisant l’eau
nécessaire pour une maniabilité visée que les dispersants appelés superplastifiants ou
HRWRA (high-range water-reducing admixtures) permettent de renforcer la durabilité des
bétons et d'augmenter leur résistance. L’utilisation des superplastifiants dans le secteur du
BTP se développe dans beaucoup de pays, mais ce produit est encore peu répandu en Algérie.
Un superplastifiant de dernière génération a été utilisé dans cette étude, à base de polymères
carboxyliques « Medaflow 30 ». Cette nouvelle structure chimique agit sur le grain de ciment
par répulsion électrostatique et effet stérique. Dès l’incorporation du superplastifiant dans le
mélange cimentaire, une première partie agit immédiatement et la seconde au fur et à mesure
que la basicité du mélange augmente. Cet effet en deux temps prolonge l’ouvrabilité sans
effet retardateur.
La compatibilité des différents couples ciment-superplastifiant est étudiée par la méthode des
coulis. Elle permet de caractériser les interactions ciment-superplastifiant, d’optimiser le
choix et le dosage en superplastifiant pour chaque ciment et enfin de formuler des bétons à
même ouvrabilité ayant des rapports E/C différents. La méthode des coulis permet aussi de
détecter le risque de raidissement précoce lié à une incompatibilité physico-chimique entre
ciment et superplastifiant. Dans notre cas, le Medaflow 30 est compatible avec les 3 ciments
d’étude. En effet, aucune perte significative de fluidité avec le temps n’est observée. Au
contraire, dans certains cas, une refluidification est même observée.
Nous simulons avec une bonne concordance les résultats expérimentaux (temps d’écoulement
au cône de Marsh) grâce à un modèle mathématique de forme elliptique. Ce modèle a
l’avantage de n’être composé que de trois paramètres (spsa, tsat, spmin), chacun pouvant être
déterminé géométriquement. A partir de l’interpolation du modèle, nous pouvons tirer les
dosages de saturation, les fluidités et les réductions d’eau pour n’importe quel rapport E/C et
n’importe quel dosage en superplastifiant appartenant au champ expérimental. Ce modèle
• Prétraitement
Avant d’être soumis à l’ambiance de l’enceinte de carbonatation accélérée, tous les bétons
subissent un prétraitement dans une enceinte climatique à température et humidité relative
contrôlées pour atteindre les conditions optimales de carbonatation (66 % d’humidité
relative). Il apparaît que le prétraitement des bétons pour l’essai de carbonatation accélérée,
bien qu’essentiel pour l’obtention de résultats cohérents, n’est pas normalisé, et diffère
suivant les études.
Pour arriver à l’état d’équilibre à 66 % d’humidité, les éprouvettes des différents bétons
doivent subir un traitement d’un mois en enceinte climatique (contrôlée en T° et HR) suivi de
deux à trois mois d’homogénéisation. Une étude préalable de désorption et d’adsorption d’eau
des différents échantillons de bétons ayant un volume représentatif permet de prévoir les
teneurs en eau correspondant aux conditions retenues, et ainsi connaître la masse d’eau que
chaque échantillon doit atteindre. Ainsi, il devient possible d’accélérer volontairement les
échanges grâce à des conditions environnementales plus sévères, sans oublier d’homogénéiser
la masse d’eau dans l’échantillon. Pour cette phase d’homogénéisation, une proposition
consiste à sceller les échantillons dans un sac étanche pour éviter tout échange avec
l’extérieur et à chauffer le tout à une température inférieure à 60°C de manière à accélérer les
phénomènes de transfert. Après refroidissement, l’échantillon devrait donc avoir la même
masse d’eau, mais répartie de manière plus homogène.
• Carbonatation accélérée
En carbonatation accélérée, nous arrivons à la conclusion que les épaisseurs carbonatées des
bétons à base de CEM II, du fait de leur plus faible teneur en portlandite, sont plus
importantes que celles des bétons à base de CEM I. Par DRX, la carbonatation se traduit par
une disparition de la portlandite, ce qui est totalement compatible avec le diagnostic à la
phénolphtaléine. La présence de portlandite détectée en DRX est donc un bon traceur pour
suivre l’avancement de la carbonatation. Ceci est bien entendu valable pour la carbonatation
de la portlandite, qui est le premier stade de carbonatation.
Les stades suivants de carbonatation ne peuvent pas être mis en évidence de la même manière
puisque les hydrates réactifs (C-S-H) sont principalement amorphes et ne peuvent donc pas
être détectés par DRX. Pour les bétons à base de CEM II, la carbonatation accélérée se traduit
• Carbonatation naturelle
La carbonatation naturelle est ici définie comme une ambiance correspondant aux conditions
d’un laboratoire (20°C et 66 % d’humidité, taux de CO2 de l’ordre de 0,03 %).
A l’aide du test de la phénophtaléine, nous concluons que les pâtes de ciment ne présentent
presque aucun signe de carbonatation en carbonatation accélérée, alors que leur épaisseur
carbonatée en carbonatation naturelle est bien identifiable. Ceci est attribué au fait que la
carbonatation accélérée de la surface tend à combler la microporosité superficielle du béton,
freinant ainsi la diffusion du dioxyde de carbone, contrairement à la carbonatation naturelle
qui agit de manière plus diffuse sans totalement obstruer la porosité. Ainsi, nous observons au
MEB que la carbonatation naturelle au bout d’un an génère dans le cas d’une pâte de ciment
CEM II à E/C = 0,27 une altération 15 fois plus profonde (3 mm vs 200 µm) que la
carbonatation accélérée au bout de 14 jours.
En ce qui concerne les bétons, ceux dont le rapport E/C est élevé présentent une épaisseur
dégradée 2,4 fois plus grande au bout d’une journée de carbonatation accélérée par rapport à
un an de carbonatation naturelle. Par contre, les bétons de faible rapport E/C présentent une
très faible épaisseur carbonatée quel que soit le type de carbonatation étudiée.
Grâce à l’ATG, nous constatons que la carbonatation accélérée contribue davantage à la
formation de familles de carbonates bien identifiées par rapport à la carbonatation naturelle.
La calcite générée par carbonatation accélérée se distingue selon plusieurs modes
identifiables, tandis que la calcite générée par carbonatation naturelle se décompose sur une
plage de températures beaucoup plus étendue.
Ainsi, les études menées ici montrent que les protocoles de carbonatation accélérée peuvent se
révéler moins agressifs que la carbonatation naturelle, notamment pour des pâtes de ciment à
faible rapport E/C.
Perspectives
- Déterminer la courbe d’adsorption –désorption des matériaux permettra de cibler les masses
d’eau à atteindre à la fin du prétraitement