Caractérisation Par La Détermination Des Masses Moléculaires

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Caractérisation par la détermination

des masses moléculaires

par Claude STRAZIELLE


Maître de Recherches au Centre de Recherches
sur les Macromolécules de Strasbourg (CNRS)

1. Différents types de méthodes d'analyse ........................................... PE 595 − 2


1.1 Méthodes colligatives .................................................................................. — 2
1.2 Ultracentrifugation ....................................................................................... — 5
1.3 Méthodes particulières ................................................................................ — 6
1.4 Diffusion du rayonnement à angle nul ....................................................... — 6
1.5 Méthodes indirectes..................................................................................... — 8
2. Cas des systèmes mal définis ............................................................... — 12
2.1 Systèmes hétérogènes................................................................................. — 12
2.2 Systèmes présentant des phénomènes d'agrégation............................... — 12
2.3 Systèmes présentant une distribution de masses..................................... — 12
3. Principales techniques de mesure ....................................................... — 15
3.1 Méthodes colligatives .................................................................................. — 15
3.2 Ultracentrifugation ....................................................................................... — 16
3.3 Méthodes de rayonnement à angle nul...................................................... — 16
3.4 Méthodes hydrodynamiques ...................................................................... — 18
3.5 Possibilités des principales méthodes........................................................ — 19
4. Quelques problèmes spécifiques de caractérisation...................... — 19
4.1 Polyoléfines................................................................................................... — 21
4.2 Polydiènes..................................................................................................... — 21
4.3 Copolymères................................................................................................. — 21
4.4 Polymères en mélanges de solvants et polymères hydrosolubles.......... — 21
Index bibliographique....................................................................................... — 23

D ans le domaine de l'analyse et de la caractérisation des substances chimi-


ques, l'analyse chimique élémentaire et surtout la détermination de la
masse moléculaire sont essentielles dans l'identification de la molécule. En chi-
mie organique (ou minérale) classique, les composés sont constitués d'atomes
en nombre et nature bien définis. Ils présentent, en outre, des propriétés
physiques : densité, température de fusion, température d'ébullition, etc., bien
précises et sont caractérisés par une masse moléculaire unique et généralement
faible (inférieure à 1 000 ou 2 000). La détermination de leur masse moléculaire
se fera aisément par l'analyse des propriétés thermodynamiques des solutions
binaires constituées par la substance à étudier en solution (à faible concentra-
tion) dans un solvant donné. Les méthodes dérivées de ces propriétés thermo-
dynamiques (méthodes dites colligatives) comme la cryoscopie, l'ébulliométrie
ou la tonométrie sont parfaitement adaptées.
En chimie macromoléculaire (matières plastiques, caoutchouc, polymères
hydrosolubles ou biopolymères : protéines, acides nucléiques, virus, etc.), le
problème de la détermination de la masse moléculaire est plus complexe. En
effet, ces substances macromoléculaires présentent, dans la plupart des cas, des

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dimensions et des masses moléculaires relativement élevées, de sorte que les


méthodes colligatives citées précédemment ne seront pratiquement pas utilisa-
bles. De plus, les composés macromoléculaires présentent, à de rares excep-
tions près, une importante hétérogénéité de masse définie par la
polymolécularité de la substance. Il existe, contrairement aux espèces chimi-
ques bien définies, une répartition plus ou moins large des masses moléculaires,
d'où la notion de courbe de distribution et valeurs moyennes de la masse molé-
culaire. Afin d'accéder à ces différents paramètres moléculaires, il a fallu déve-
lopper un certain nombre de méthodes plus adaptées à ce type de substances,
comme les méthodes hydrodynamiques ou thermodynamiques (viscosité, chro-
matographie, etc.) ou les méthodes du rayonnement : interaction entre matière
et rayonnement (diffusion de la lumière, des neutrons, des rayons X).
Le but de cet article n'est pas de décrire en détail le principe et encore moins la
pratique de ces différentes méthodes, mais d'en donner un aperçu général. Il
sera précisé en particulier le type de paramètres moléculaires et le domaine
accessible par ces différentes méthodes, ainsi que leurs avantages, inconvé-
nients et difficultés. On donnera enfin quelques exemples pratiques d'applica-
tion à certaines substances macromoléculaires spécifiques et largement
utilisées dans la chimie macromoléculaire.

1. Différents types Pour obtenir la condition d'équilibre d'un système contenant plus
d'une phase (deux phases par exemple), il est nécessaire que cha-
de méthodes d'analyse que espèce contenue dans les deux phases présente l'égalité des
potentiels chimiques dans ces deux phases.
Dans le cas maintenant où les deux phases sont la solution binaire
et le solvant pur, il est clair, d'après la relation (1), que le solvant de
1.1 Méthodes colligatives la phase binaire ne peut être en équilibre avec le solvant pur à tem-
pérature et pression constantes ( µ 1 ≠ µ 10 ). Cependant, l'équilibre des
potentiels chimiques peut être rétabli en modifiant soit la tempéra-
1.1.1 Principe général : propriétés colligatives ture, soit la pression, modification qui peut être calculée à l'aide des
des solutions relations (2).
Ce principe est la base des méthodes dites colligatives dont les
Le lecteur se reportera également aux références [1] [2]. principales sont l'élévation de la température d'ébullition (ébullio-
métrie), l'abaissement de la température de fusion (cryoscopie), la
Quand un soluté (substance à étudier) est mis en solution dans un
diminution de la tension de vapeur (tonométrie) et la pression
solvant donné, ce qui constitue une solution binaire, il y a modifica-
osmotique.
tion du potentiel chimique (énergie libre partielle molaire) du sol-
vant qui peut être définie en terme d'activité a1 du solvant ; on peut La thermodynamique des solutions binaires idéales permet
écrire : d'écrire la relation entre l'activité du solvant et la composition du
système binaire :
µ 1 Ð µ 10 = RT ln a 1 (1)
In a1 = In (1 − x2) (3)
avec µ1 potentiel chimique du solvant dans la solution, n2
avec x 2 = ------------------
- fraction molaire du soluté (n1 étant le nombre
µ 10 potentiel chimique du solvant pur, n 1 + n 2 de molécules du solvant et n2 le nombre de
R constante molaire des gaz (8,314 41 J/mol·K), molécules du soluté).
T température en kelvins. Si la solution est infiniment diluée (n1 ≈ n1 + n2), x2 est très faible
devant l'unité et la relation (3) s'écrit :
Le potentiel chimique dépend non seulement de la composition
de la solution, mais aussi de la température et de la pression :
ln a 1 = Ð x 2 

∂ µ 1 ∂ ln a H1 
avec V V  (4)
 ---------
- = Ð S 1 ou encore ----------------1- = Ð ----------  x 2 = n 2 -----1- = c -----1- 
 ∂ T p ∂T RT 2  V M 
et  (2)
 ∂---------
µ 1  avec V1 volume molaire partiel du solvant,
 ∂ p T
- = V1 
 V volume de la solution (volume arbitraire)
contenant n2 molécules du soluté de masse
avec H1 enthalpie molaire partielle du solvant, moléculaire M et à la concentration c exprimée
S1 entropie molaire partielle du solvant, ici en g/cm3.
V1 volume molaire partiel du solvant. Ainsi, on voit très clairement que, pour une solution idéale infini-
ment diluée, toutes les propriétés colligatives sont proportionnelles

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au nombre de moles du soluté et inversement proportionnelles à la concentration du soluté exprimée en grammes par 1 000 grammes
masse moléculaire, ce qui limitera (on peut déjà le signaler) l'utilisa- de solvant :
tion de ces méthodes colligatives au domaine des faibles masses.
∆ TF 1
----------- = K F ----- (7)
c M
1.1.2 Ébulliométrie et cryoscopie
RT F2 M 1
avec K F = ------------ · --------------- constante cryoscopique du solvant.
■ Considérons le cas de l'ébulliométrie : lorsqu'un liquide pur (sol- ∆ H 1F 1 000
vant) est à sa température d'ébullition, la pression de la vapeur est
égale à la pression atmosphérique p0. Si, maintenant, on ajoute à ce ■ Les deux constantes KE et KF sont reliées à des propriétés physi-
solvant un soluté non volatil, il y a diminution de la pression de ques propres au solvant. Le tableau 1 donne les valeurs respectives
vapeur du solvant (p < p0) d'une quantité qui est directement pro- de KF et KE pour quelques solvants intéressants.
portionnelle à l'activité du solvant : p / p0 = a1, et une augmentation On peut noter que les constantes ébullioscopiques ne dépassent
∆T de température est nécessaire pour ramener la pression de pas quelques degrés, alors que les constantes cryoscopiques sont
vapeur du solvant dans la solution à la valeur de p0. plus élevées et peuvent parfois atteindre plusieurs dizaines de
Compte tenu des relations (1) et (2), on peut écrire à l'équilibre des degrés (exemple : le camphre ou le cyclohexanol). Ainsi, on peut
potentiels chimiques du solvant dans les deux phases : penser raisonnablement que la méthode cryoscopique conduira à
des résultats plus précis (à masse du soluté identique) que l'ébullio-
d µ 1 = RT d ln a 1 Ð S 1 d T = 0 métrie.

À la température d'ébullition, cette relation peut s'écrire :

∆ H v1 Tableau 1 – Constantes cryoscopiques et


R d ln a 1 = ------------- d T
T2 ébullioscopiques de quelques solvants
avec ∆ H v1 enthalpie molaire (ou chaleur latente molaire) de KF KE
vaporisation du solvant Solvant Solvant
K.mol−1 K.mol−1
∆Hv
puisque S 1 = ------------1- . Eau 1,86 Eau 0,51
T
Benzène 5,08 Benzène 2,53
Après intégration entre T et T + ∆T, on obtient :
Phénol 6,11 Phénol 3,56
∆ H v1 Camphre 37,7 Chloroforme 5,03
ln a 1 = Ð ------------- ∆ T E
RT E2 Cyclohexanol 41,6 Acétone 1,71
Si on remplace maintenant In a1 par son expression en fonction
de la concentration c du soluté [relation (4)], on obtient la relation
classique entre l'élévation de la température d'ébullition TE du sol- 1.1.3 Abaissement de tension de vapeur
vant pur et la masse moléculaire M du soluté : (tonométrie)
∆ TE RT E2 V 1
---------- = ------------
- · ------ (5) Considérons un soluté non volatil, en solution à faible concentra-
c ∆ H v1 M tion, dans un solvant volatil. Le solvant dans la solution présente
alors une tension de vapeur p1 légèrement inférieure à la tension de
si la concentration est exprimée en grammes de soluté par cm3. Il vapeur p 01 du solvant pur. Puisque le soluté est non volatil, sa pres-
est plus courant, pour ces méthodes colligatives, d'exprimer la sion partielle dans la vapeur issue de la solution est négligeable, et
concentration du soluté en grammes pour 1 000 cm3 ou par 1 000 g si l'on suppose que la vapeur se comporte comme un gaz parfait, la
de solvant. Si la concentration est donnée en g/1 000 g de solvant, relation (2) donnant la variation du potentiel chimique avec la pres-
(cf. article [40] des Techniques de l'Ingénieur), on obtient : sion peut s'écrire :
∆ TE 1 dp
---------- = K E ----- (6) ∆ µ 1 = V 1 d p = RT -------
c M p
RT 2 M 1
avec K E = ------------E- · --------------- constante ébullioscopique du solvant ce qui donne par intégration :
∆ H v1 1 000 exprimée en K.mol−1,
p1
M1 masse moléculaire du solvant. µ v1 Ð µ 1,0
v = RT ln ------
p 01
■ La méthode cryoscopique consiste à déterminer l'abaissement
∆ TF de la température de fusion TF du solvant quand on additionne avec µ 1,0
v potentiel chimique du solvant dans la phase
à celui-ci un soluté à faible concentration. Le traitement théorique vapeur issue du solvant pur.
est tout à fait similaire à celui de l'ébulliométrie décrit précédem- Puisque p 01 est la tension de vapeur d'équilibre du solvant pur, il
ment et conduit à des relations identiques aux expressions (5) et (6) s'ensuit que son potentiel chimique doit être le même dans la phase
dans lesquelles seule la quantité ∆ H 1v est remplacée par l'enthalpie
molaire de fusion du solvant ∆ HF1 : on obtient par exemple, avec la

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liquide et la phase vapeur ; il en est de même pour le solvant dans la


solution, de sorte que l'on a :

p1 
µ 1 Ð µ 01 = RT ln ------ 
p 01 
ou encore :  (8)
p 
-----1- = a 1 = x 1 = ( 1 Ð x 2 ) 
p 10 

compte tenu des relations (1) et (3).


Notons que ce résultat est déduit directement de la loi de Raoult.
Finalement, la relation entre l'abaissement de tension de vapeur
et la masse moléculaire [cf relation (4)] s'écrit :

∆p p 01 V 1
----------1- = --------------
- (9)
c M
Si la concentration est exprimée en grammes de soluté par
1 000 grammes de solvant, on obtient :
Figure 1 – Principe de l'osmométrie à membrane
∆ p1 p 01 M 1 1
----------- = ---------------- · -----
c 1 000 M
Cette relation est à la base des méthodes dites de distillation iso- 1.1.4 Pression osmotique (osmométrie)
therme. D'autres méthodes font intervenir la variation de tempéra-
ture due au transfert osmotique du solvant pur (méthode L'osmométrie repose sur le phénomène d'osmose à travers une
thermoélectrique). Cette variation de température peut être calculée membrane semi-perméable ne laissant passer que les petites molé-
aisément à l'aide de la relation de Clapeyron-Clausius : cules (solvant), le soluté étant retenu. Considérons deux comparti-
ments A et B séparés par cette membrane semi-perméable
dp ∆ H v1 (figure 1).
------- = p ------------
dT RT 2 Lorsque A et B contiennent le solvant, les deux compartiments
sont soumis à la même pression (pression hydrostatique p0) du fait
p1 ∆ H v1 de l'égalité des potentiels chimiques µ 01 du solvant en A et B. Si
ce qui donne : ln ------ = ln a 1 = Ð ------------ ∆ T (10)
p 01 RT 2 maintenant, on met en contact la solution (compartiment B) avec le
solvant, on sait que les potentiels chimiques du solvant ne sont plus
ou encore en tenant compte de la relation (4) : identiques : µ 1 < µ 01 [cf relation (1)] et un passage de solvant s'éta-
blit du solvant pur vers la solution, ce qui crée une augmentation de
∆T RT 2- · V pression en B. À l'équilibre osmotique, c'est-à-dire à l'égalité des
------- = ----------- -----1-
c ∆ H v1 M potentiels chimiques du solvant dans les deux compartiments, la
solution est soumise à une pression p = p0 + Π supérieure à p0, la
Cette expression est identique à la relation (5) mais relative non quantité Π étant appelée pression osmotique de la solution.
plus à la température d'ébullition TE du solvant mais à la tempéra- On sait que la variation du potentiel chimique du solvant avec la
ture T de la mesure de l'abaissement de la tension de vapeur du sol-
vant. pression s'écrit : dµ 1 = V 1 d p ; ainsi, à l'équilibre osmotique, on a
Ainsi, le principe dit thermoélectrique (ou tonométrie à tension de la relation :
vapeur) revient à déterminer la variation ∆T résultant de la variation
dµ 1 = RT d ln a 1 + V 1 d p = 0
de la tension de vapeur.
En pratique (cf § 3.1.1), la variation ∆T est décelée à l'aide de d'où :
thermistances : à ∆T correspond une variation ∆R de résistance des
thermistances : RT ln a 1 = Ð V 1 ( p Ð p 0 ) = Ð V 1 Π (11)
∆R = k ∆T En introduisant la relation (4), on obtient finalement :
avec k coefficient caractéristique des thermistances.
Π RT
Dans ces conditions, la relation entre la masse moléculaire du ---- = -------- (12)
soluté M et la grandeur physique mesurée ∆R liée à l'abaissement c M
de tension de vapeur s'écrit : qui est la relation classique de l'osmométrie pour les solutions idéa-
les. Notons que, si la membrane est également perméable à quel-
∆R 1 ques molécules de soluté, cela a pour effet de donner une pression
-------- = K -----
c M osmotique apparente plus faible, d'où une surestimation de la
masse moléculaire.
avec RT 2- V
K = k ----------- (avec c exprimée en grammes de soluté
1
∆ H v1 par cm3 de solvant)
1.1.5 Cas des solutions non idéales
M1
RT 2- · ---------------
ou encore K = k ----------- (avec c exprimée en grammes de
∆ H 1 1 000
v
soluté par 1 000 grammes de sol- Les différentes relations (6), (7), (9) et (12) entre les propriétés col-
vant). ligatives et la masse moléculaire ont été établies dans le cas des

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solutions idéales pour lesquelles la relation entre l'activité du sol-


vant et la composition de la solution binaire s'écrit simplement :

V
ln a 1 = Ð x 2 = Ð ϕ 2 -----1-
V2

avec ϕ2 fraction en volume du soluté,


V 1 et V 2 volumes molaires partiels du solvant et du
soluté.
Généralement, les solutions ne sont pas idéales, il y a lieu de tenir
compte des interactions thermodynamiques entre les molécules du Figure 2 – Principe de l'équilibre de sédimentation :
solvant et du soluté (effet de concentration). Dans ce cas, la précé- profil des concentrations
dente relation est plus complexe ; la thermodynamique statistique
montre que l'activité a1 du solvant peut se mettre sous la forme
d'une série : l'équilibre de sédimentation ; la seconde dite méthode de la vitesse
de sédimentation est indirecte et sera examinée au
V
ln a 1 = Ð ϕ 2 -----1- Ð α ϕ 22 Ð βϕ 23 . . . paragraphe 1.5.1.2.
V2 La méthode de l'équilibre de sédimentation consiste à placer la
solution dans une cellule soumise à une force centrifuge plus ou
où α, β, ... sont les coefficients du viriel. moins intense (figure 2). En effet, la vitesse de rotation ω peut être
Ainsi, pour la pression osmotique, l'équation (11) conduira à variable et atteindre des valeurs élevées. À faible vitesse (5 000 à
l'équation classique : 25 000 tr/min), la diffusion des molécules de soluté peut s'opposer à
leur déplacement résultant de l'effet de la force centrifuge. Il y a
Π ainsi une redistribution plus homogène des molécules de soluté.
---- = RT  ----- + A 2 c + A 3 c 2 + . . . 
1
(13)
c M  Sans entrer dans les détails du principe [4], il est possible d'obtenir
une relation entre la masse moléculaire et les concentrations locales
où A2 et A3 sont les 2e et 3e coefficients du viriel de la pression à deux niveaux différents de la cellule lorsque l'équilibre diffusion-
osmotique. ∂c
sédimentation est atteint. À l'équilibre, le flux de diffusion : D ------
Par un même raisonnement, on obtient des relations analogues ∂x
pour les trois propriétés colligatives : (D étant le coefficient de diffusion) s'oppose au flux de
sédimentation :
– abaissement de la température de fusion :
cM
∆ TF 1 ( 1 Ð V 2 ρ 0 ) ----------- ω 2 x
= KF + A2c + A3c 2 + ... f NA
c M kT
avec f = ------- coefficient de frottement pour une solution
– élévation de la température d'ébullition : D idéale (D et f étant relatifs à une particule),
NA nombre d'Avogadro (6,022 045 x 1023 mol−1),
∆ TE 1 (14)
= KE + A2c + A3c 2 + ... ρ0 densité du solvant.
c M
Ainsi, par intégration, en prenant comme niveau non pas deux
– abaissement de la tension de vapeur : points quelconques à l'intérieur de la cellule mais le ménisque (dis-
tance rm de l'axe de rotation) et le fond de la cellule (distance rf ), on
∆ p1 1 obtient :
= p 10V 1 + A2c + A3c 2 + ...
c M RT cf Ð cm
M = -------------------------------------- --------------------------------- (16)
( 1 Ð V 2 ρ 0 ) ω 0 ( r f2 Ð r m 2 c 2 )
Finalement, pour obtenir la masse moléculaire M, il est nécessaire
Π ∆ TF avec c0 concentration initiale du soluté,
d'extrapoler les rapports ---- (ou ----------- , etc.) à concentration nulle :
c c cf et cmconcentrations locales à l'équilibre détectées au
par exemple pour l'osmométrie : fond de la cellule et au ménisque,
V2 volume spécifique partiel du soluté.
Π
----
RT
= -------- (15)
 cc → 0 Cette expression (16) est obtenue en considérant la relation de
M conservation du soluté dans la cellule :
L'étude des propriétés colligatives en fonction de la concentration
rf


conduira à la détermination des interactions thermodynamiques, 1
mais ce point ne fait pas l'objet de cet article [2, 22] . x c dx = --- c 0 ( r f2 Ð r m
2 )
rm 2

La détermination des concentrations (cf − cm) peut se faire à partir


1.2 Ultracentrifugation de mesures optiques (réfractométrie) : relation entre le gradient
d'indice de réfraction et le gradient de concentration ; il est évident,
pour cela, que solvant et soluté doivent avoir des indices de réfrac-
Le lecteur se reportera également à la référence [3]. tion différents. Notons également que ce type de détermination de
M à partir de la relation (16) ne peut s'effectuer que dans des condi-
La détermination de la masse moléculaire par ultracentrifugation tions proches de l'idéalité (second coefficient du viriel A2 ≈ 0).
peut se réaliser suivant deux méthodes. La première méthode qui
peut être considérée comme une mesure directe de M consiste en

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1.3 Méthodes particulières Si l'on considère cette substance S constituée de N éléments dif-
fusants identiques (dipôle de polarisabilité α, électron ou noyau),
l'amplitude du rayonnement diffusé par le i e élément situé à une dis-
Il existe également quelques autres méthodes particulières per- tance ri d'un point O arbitraire, pris comme origine, est donnée par
mettant la détermination de la masse moléculaire, mais cela soit la relation générale :
dans des domaines de masse bien restreints, soit dans des condi- N
∑ ai exp ( i q · ri )
tions particulières et nous ne les citerons que pour mémoire.
E′ (q) = (17)
■ Microscopie électronique
Cette méthode consiste à déterminer les dimensions de la parti- où ai est proportionnel au facteur diffusant (polarisabilité αi , densité
cule à partir des clichés microscopiques : soit la longueur pour les électronique ρi ou longueur de diffusion électronique bi ). Le para-
particules étirées dont on connaît la masse par unité de longueur
(exemple des acides nucléiques), soit le diamètre (donc le volume) mètre q est appelé vecteur de diffusion (figure 3). Il est défini par
des particules compactes et sphériques dont on connaît le volume
spécifique (virus ou aérosol). Cette méthode ne sera utilisable que q = k ′ Ð k et a pour module :
pour des molécules de masse élevée (> 106) (cf article spécialisé du
traité Électronique). 4π θ
q = ------- sin --- (18)
λ 2
■ Spectrométrie de masse
La spectrométrie de masse permet la production des ions à partir avec λ longueur d'onde du rayonnement incident dans
de la substance à étudier et les sépare en fonction du rapport masse/ le milieu.
charge grâce à des variations appropriées du champ électrique et du Les valeurs de q en relation avec la longueur d'onde seront très
champ magnétique (cf article spécialisé de ce traité). Si cette techni- différentes suivant les méthodes de rayonnement, comme on peut
que permet la détermination précise des petites molécules (nombre le voir sur la figure 4 (les valeurs de q sont déterminées suivant les
d'atomes très restreint), elle sera surtout utilisée comme moyen de possibilités maximales de l'observation aux petits angles).
séparation et d'identification.
■ Analyse chimique (dosage des extrémités) Il est à remarquer que, suivant les méthodes, on pourra ren-
L'analyse chimique permet en principe de déterminer le nombre contrer des notations différentes pour le vecteur d'onde q :
de molécules contenues dans un volume unitaire en effectuant le
dosage des extrémités de la molécule comportant une fonction faci-
h avec h = ( 4π / λ ) sin θ / 2 en diffusion de la lumière,
lement dosable. Il s'agira ici d'une masse en nombre (cf § 2.3.1). Le
domaine d'application de l'analyse est aussi très restreint :
M < 2 000. q avec q = ( 4π / λ ) sin θ / 2 en diffusion des neutrons

et S avec S = ( 2 / λ ) sin θ en rayons X, c'est-à-dire que


dans ce dernier cas l'angle d'observation est noté par 2 θ.
1.4 Diffusion du rayonnement à angle nul

1.4.1 Relations générales

Les méthodes de la diffusion du rayonnement à angle nul consis-


tent à envoyer sur la substance S à étudier un faisceau incident de
vecteur d'onde k et d'énergie E bien définis, puis de déterminer le

vecteur d'onde k ′ et l'énergie E’ associés au rayonnement diffusé à


Figure 4 – Domaine du vecteur de diffusion q suivant
un angle d'observation θ (figure 3). Le rayonnement incident peut
le rayonnement
être constitué par des particules différentes comme les photons, les
électrons ou les neutrons ; on est ainsi amené à considérer la diffu-
sion de la lumière, la diffusion des rayons X ou la diffusion des neu-
trons. L'intensité diffusée par la substance S est obtenue en multipliant
la relation (17) par son expression conjuguée I ( q ) = E ′ ( q ) ⋅ E ′* ( q )
et en faisant la moyenne sur toutes les positions des éléments diffu-
sants de la substance S :
N N
I ( q ) = 〈 ∑ ∑ a i a j exp ( i q · r ij )〉 (19)
i j

avec r ij = r i Ð r j
ou encore :
N N
Figure 3 – Définition du vecteur de diffusion q I ( q ) = a 2 〈 ∑ ∑ cos ( qr ij cos ϕ ij ) 〉 (20)
i j

avec ϕij angle que fait le vecteur r ij avec le vecteur


diffusant.

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En notant que l'intensité à angle nul est I (0) = N 2 a 2 et en effec- 1.4.2.2 Système non idéal. Diagramme de Zimm
tuant la moyenne sur toutes les configurations éventuelles, la rela-
Dans le cas des systèmes non idéaux, on ne peut plus considérer
tion (19) s'écrit :
les molécules indépendantes ; l'effet de concentration est évalué à
I (q) = I (0) P (q) = N 2 a 2 P (q) (21) partir de la théorie des fluctuations en concentration (théorie d'Eins-
tein) qui peuvent être reliées à la pression osmotique Π de la
N N
sin qr ij solution :
1
avec P ( q ) = -------
N2
∑ ∑ ------------------
dite fonction de Debye qui tend
qr
vers 1 quand θ → 0 . 2π 2 d n 2 kT
R ( θ ) = --------- n 02  ------- -----------------
i j ij
Un développement limité de P (q) pour les faibles valeurs de q λ0 4 d c ∂ Π ⁄ ∂c
conduit alors à la relation :
avec k constante de Boltzmann.
 q 2 R G2  En tenant compte de l'expression du développement de la pres-
I ( q ) = I ( 0 )  1 Ð -------------- +....  (22) sion osmotique :
 3 
Π = RTc  ----- + 2 A 2 c + . . .
1
avec RG rayon de giration de la particule M 
N N
 1  où A2 est le second coefficient du viriel, l'équation (23) est modifiée
 par définition, R G

2 = ----------
2 N2
- ∑ ∑ r ij2 et s'écrit :
i j

La quantité I (0), parfois appelée contenu total, est en particulier KL c 1


- = -------------------- + 2 A 2 c
------------ (24)
fonction de la masse moléculaire de la substance S. R (θ) M P (θ)
D'une manière générale, la détermination de la masse molécu- Ainsi, après une double extrapolation à θ → 0 et c → 0 d'une série
laire d'une substance est obtenue quand celle-ci est en solution (à de mesures en fonction de la concentration et de l'angle d'observa-
faible concentration c) dans un milieu de nature différente en polari- tion (diagramme de Zimm), on peut obtenir la masse moléculaire M
sabilité, densité électronique ou densité neutronique : c'est la notion de la particule en solution.
de contraste. Les méthodes de rayonnement consistent alors à étu-
dier, dans le domaine des faibles valeurs de q, le supplément
d'intensité diffusée apporté par le soluté. 1.4.3 Diffusion des rayons X aux petits angles

Le lecteur se reportera également aux références [8, 9].


1.4.2 Diffusion de la lumière
1.4.3.1 Relation générale
Le lecteur se reportera utilement aux références [5, 6, 7].
Dans le cas des rayons X (RX), le pouvoir diffusant des particules
1.4.2.1 Relation générale pour les solutions idéales en solution résulte du supplément de densité électronique d ρe (la
densité électronique étant le rapport du numéro atomique à la
Considérons n particules identiques de masse M, isotropes et masse atomique multiplié par la densité de la particule), l'équation
sans interaction entre elles, en solution dans un volume V quelcon- générale (21) ou (22) s'écrit avec les notations spécifiques aux RX :
que (volume unitaire par exemple). Le supplément d'intensité diffu-
sée par le soluté sera la somme des intensités diffusées par chacune d ρe 2 4 π 2 S 2 RG
 2

de ces n particules (n = c NA/M). En diffusion de la lumière, l'inten- I ( θ ) = k ′ N A i e  ---------- M c  1 Ð ------------------------
-+...  (25)
 dc 
sité diffusée est exprimée en terme de rapport de Rayleigh R (θ)  3 
défini par R (θ) = I (θ) r 2 / I0V où r est la distance entre le volume dif-
fusant V et le point d'observation de l'intensité diffusée (I0 est avec dρe /dc contraste électronique,
l'intensité du rayonnement incident). Ainsi la relation relative au ie facteur de Thomson d'un électron :
soluté s'écrit :
e2 2
R (θ) = K L c M P (θ) i e =  ------------ = 7 ,94 × 10 Ð26 cm 2
2 2
mv 2
2π n 0 d n 2
avec K L = -----------------  ------- m masse élémentaire de l'électron et e la charge
λ 04 dc élémentaire,
(où λ 0 est la longueur d'onde dans le vide) v célérité des ondes électromagnétiques dans le
ou encore : vide,
k’ constante dépendant essentiellement de
KL c q 2 RG 2
l'énergie du rayonnement incident et de la
- = ----------------------------------- =  1 + -------------- · ----
1 1
------------ - (23)
R (θ) M P ( q ou θ )  3  M géométrie du faisceau diffusé : distance entre
l'échantillon diffusant et le détecteur,
2 (θ → 0) .
pour les faibles valeurs de q 2 R G
S vecteur d'onde.
Dans la constante KL apparaît l'indice de réfraction de la solution
assimilé à celui du solvant n0 et l'incrément d'indice de réfraction 1.4.3.2 Représentation de Guinier
dn/dc : ce terme est proportionnel au facteur de diffusion, c'est-à-
L'équation (25) étant valable pour le domaine des petits angles, le
dire à la polarisabilité moyenne α de la particule diffusante. L'extra-
terme entre parenthèses :
polation à angle nul du rapport KLc / R (θ) conduit directement à la
masse moléculaire. 4π 2 S 2 R G 2
1 Ð -------------------------
-+...
3

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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLÉCULAIRES

est équivalent à :
taire par le soluté à une concentration c  c = -------- M déduite de la
n
 NA 
4π 2 S 2 R G 2
exp  Ð -------------------------- relation générale s'écrit :
 3 

de sorte que l'équation (25) peut se mettre sous la forme suivante : I (q) = A* n N 2 P (q) (28)
avec A* constante dépendant de l'intensité de la source,
4π 2 S 2 R G 2
I ( S ) = M exp  Ð ------------------------- (26) du facteur de contraste et de la masse
 3  moléculaire,
I (S) étant une valeur normée de I (θ) de sorte qu'une reproduction n nombre de particules par volume unitaire.
de ln I (S) en fonction de sin2 θ (θ étant le demi-angle d'observation) Dans le domaine des faibles valeurs de q et en normant I (q), on
conduit à une variation linéaire (représentation de Guinier), la valeur peut écrire :
de ln I (S) à l'origine permettant d'obtenir la masse moléculaire de la
KN c RG 2
- = -------------------- = -----  1 + q 2 -------- + . . . 
particule dans la mesure où les intensités diffusées sont obtenues 1 1
----------- (29)
en valeur absolue. Comme pour la diffusion de la lumière, l'effet de I (q) M P (q) M  3 
concentration (étude d'une particule isolée) est éliminé par extrapo-
lation à c → 0 des valeurs de In I (0) ou de c / I (0) obtenues à θ → 0 NA
pour plusieurs concentrations. avec K N = K --------
m2
V1 2
où K =  b 1 Ð b 2 ------ est appelé contraste neutronique
1.4.4 Diffusion des neutrons  V 2

Le lecteur se reportera également à l'article [37] des Techniques b1, V1 et b2, V2 étant respectivement la longueur de diffusion
de l'Ingénieur et aux références [10, 11]. cohérente et le volume molaire de l'élément constituant la
particule de solvant et de soluté.
1.4.4.1 Diffusion cohérente et diffusion incohérente Dans le cas des solutions non idéales, il y a lieu de tenir compte de
l'effet de concentration d'une manière tout à fait analogue à la diffu-
Considérons de nouveau la relation fondamentale (19) donnant sion de la lumière, de sorte que l'équation peut s'écrire sous la
l'intensité diffusée par une particule constituée de N objets diffu- forme classique de Zimm :
sants (N noyaux identiques) ; le pouvoir de diffusion résulte d'un
paramètre appelé longueur de diffusion neutronique qui dépend de KN c 1
l'isotope et de l'état de spin du noyau considéré. Les calculs de - = -------------------- + 2 A 2 c + . . .
----------- (30)
I (q) M P (q)
l'intensité diffusée vont ainsi faire intervenir les moyennes de ces
longueurs sur les isotopes et les états du spin des noyaux. Pour cha- On remarque la similitude entre cette dernière relation et la rela-
que élément (hydrogène, carbone par exemple) on aura une lon- tion obtenue par diffusion de la lumière [relation (24)]. Ainsi, la
gueur moyenne b appelée longueur de diffusion cohérente et son détermination de la masse moléculaire M se fera à partir d'un dia-
écart quadratique moyen exprimé comme le carré d'une longueur gramme similaire au diagramme de Zimm.
de diffusion dite incohérente :

2
b inc = b2 Ð ( b )2
1.5 Méthodes indirectes
Compte tenu de ces considérations, la relation (19) présente un
terme supplémentaire et s'écrit :
En plus des méthodes absolues de détermination de la masse

N N
 moléculaire : méthodes colligatives et méthodes de la diffusion du
I ( q ) = A  b 2 ∑ ∑ exp ( i q · r ij ) + Nb inc
2
 (27) rayonnement à angle nul, il existe des méthodes de détermination
 i j  de la masse moléculaire qui sont liées directement (viscosité, sédi-
mentation, etc.) ou indirectement (chromatographie) aux propriétés
avec A constante expérimentale (analogue à k‘ des RX, c'est-à-dire hydrodynamiques de la particule en solution. Ces propriétés dépen-
dépendant de l'intensité du faisceau et de la géométrie du faisceau dent à la fois de la masse moléculaire et des dimensions de la parti-
diffusé). cule. Ces méthodes sont dites indirectes puisqu'elles font appel soit
Le premier terme (contribution cohérente) qui dépend du vecteur à un étalonnage préalable, soit à une combinaison de deux métho-
des.
q (interférence entre noyaux) est tout à fait semblable aux relations
générales établies en diffusion de la lumière ou des RX ; c'est ce
terme qui sera considéré ici. Le second terme (contribution incohé- 1.5.1 Méthodes hydrodynamiques
rente) conduit à une diffusion isotrope (indépendante de l'angle θ) et
n'intervient finalement que comme un bruit de fond qu'il conviendra
1.5.1.1 Viscosité
de soustraire de l'intensité totale. Pour certains éléments (hydro-
gène par exemple), cette diffusion incohérente chiffrée en terme de Le lecteur se reportera utilement à l'article [41] des Techniques de
section efficace σ inc = 4π b inc
2 peut devenir importante (cf § 3.3.2). l'Ingénieur.
■ Principe de la méthode : la viscosité η d'un fluide peut être définie
1.4.4.2 Relation générale de la diffusion des neutrons par un par la force f nécessaire pour déplacer l'une par rapport à l'autre
soluté en solution deux couches du fluide ayant une surface donnée S :
Soit une particule constituée par un ensemble de N éléments dv
(monomères ou groupe d'atomes) identiques et caractérisés par f = η S ------- (31)
dz
une longueur de diffusion cohérente b1 et une masse moléculaire m
(M = Nm). L'intensité cohérente diffusée ramenée au volume uni- À l'origine des z, la surface peut être fixe (paroi d'un tube)
(figure 5). Si le gradient de vitesse dv /d z est constant, le fluide est

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dit laminaire et si la viscosité η est indépendante de ce gradient de ■ Viscosité des solutions : relation avec la masse moléculaire M :
vitesse, le fluide (ou écoulement) est dit newtonien (non newtonien dans le cas d'une solution (le soluté étant additionné au solvant à
dans le cas contraire). une concentration donnée c), on peut définir plusieurs types de vis-
cosité et plus particulièrement :
ηÐη
— la viscosité spécifique η sp = ---------------0
η0

avec η et η0 viscosités respectives de la solution et du solvant ;


η sp ηÐη
— la viscosité réduite η red = -------- = ---------------0
c η0 c
Afin d'éliminer la perturbation que peut entraîner la présence du
soluté sur l'écoulement du solvant, il convient de définir la viscosité
intrinsèque (ou indice limite de viscosité) qui est l'extrapolation à
Figure 5 – Représentation d'un écoulement laminaire c → 0 de la précédente :

η Ð η0
[ η ] =  --------------- (33)
 η c c → 0
■ Mesure de la viscosité : si l'écoulement se fait dans un tube de 0
diamètre relativement faible (< 1 mm) : tube capillaire, l'écoulement
L'effet de la concentration sur la viscosité de la solution est donné
obéit généralement à la loi de Poiseuille :
par la relation :
πP
Q = ------------- r 04 (32) η sp
8η, -------- = [ η ] + k ′ [ η ] 2 c + . . . (34)
c
avec , longueur du tube,
avec k‘ constante dépendante du système soluté-solvant
P pression agissant sur le fluide, (constante dite de Huggins).
Q débit, La viscosité intrinsèque, qui a les dimensions de l'inverse d'une
r0 rayon du tube. concentration, est fonction à la fois de la masse moléculaire M et
Cette relation est obtenue en considérant la balance des forces en des dimensions de la particule en solution.
présence, agissant sur une couronne de fluide compris entre une Pour une sphère pleine, on a par exemple :
distance r et r + dr à partir du centre du capillaire (figure 6). On
obtient ainsi la viscosité du fluide en mesurant le débit ou plutôt le V
[ η ] = 2 ,5 ----- (formule d'Einstein)
temps nécessaire pour l'écoulement d'un volume donné du fluide. M
Signalons aussi l'écoulement de Couette obtenu à l'aide de deux
cylindres coaxiaux, l'un fixe, l'autre soumis à un couple Γ donné ; la avec V volume de la sphère.
viscosité du fluide placé entre ces deux cylindres est alors détermi- Pour un ellipsoïde de rapport d'axes p, la relation d'Einstein est
née par la mesure de la vitesse ω du cylindre mobile. Avec ce sys- modifiée :
tème, il est aisé de modifier le gradient de vitesse en agissant sur le
couple d'entraînement Γ, par conséquent cette technique sera tout à V
[ η ] = ----- λ ( p )
fait appropriée pour les écoulements non newtoniens. M
où les valeurs λ (p ) du facteur de correction fonction de l'anisotropie
de forme p ont été tabulées suivant p.
Enfin, dans le cas de molécules en chaîne (modèle se retrouvant
pour la plupart des polymères), on assimile cette dernière à une
sphère équivalente imperméable au solvant et ayant pour rayon le
rayon de giration RG de la molécule :

( R G2 ) 3 / 2
[ η ] = Φ′ -------------------- (35)
M
avec Φ' = Φ 63/2 qui est la constante de Flory.
D'une manière générale, les dimensions étant elles-mêmes
reliées à la masse moléculaire, on peut définir une relation entre [η]
et la masse moléculaire :

[ η ] = K Ma (36)
avec K et a paramètres spécifiques au couple soluté-solvant.
Ainsi, la détermination de M demande la connaissance du couple
de paramètres K et a. Ceux-ci peuvent être obtenus par un étalon-
nage dit loi de viscosité de Mark-Houwink en mesurant la viscosité
spécifique d'échantillons standards isomoléculaires d'une série
homologue dont les masses moléculaires ont été préalablement
Figure 6 – Représentation d'un écoulement en tube capillaire
déterminées par une des méthodes directes.
Notons que ces valeurs de K et a (pour les polymères) sont
connues pour un grand nombre de systèmes soluté-solvant [12].

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1.5.1.2 Vitesse de sédimentation (ultracentrifugation) avec k constante de Boltzmann,


et constante de diffusion de translation.
on a donc :
■ Principe : en ultracentrifugation, on soumet la solution à une
force centrifuge intense. En pratique, la solution (homogène au ( 1 Ð V ρ0 )
temps initial t 0 ) se trouve dans une cellule placée dans un rotor tour- s = M ------------------------ D (40)
nant à haute vitesse. Sous l'effet de la force centrifuge, les molécu- RT
les de soluté vont se déplacer avec une vitesse du /dx qui est Le coefficient de diffusion de translation D peut s'obtenir expéri-
fonction non seulement de la masse moléculaire mais aussi du coef- mentalement par différentes méthodes : méthode de Svenson et
ficient de frottement f qui dépend des dimensions de la particule. Le Philpot (évolution du gradient de concentration en fonction du
mouvement de la particule peut être perturbé par la diffusion propre temps à l'interface solution-solvant) ou plus récemment méthode de
des molécules (mouvement brownien) qui tend à redistribuer le la diffusion de la lumière quasi élastique [3, 13].
soluté de façon homogène dans la cellule. À faible vitesse, il peut y
avoir un équilibre entre sédimentation et diffusion (cf § 1.2). Si la ■ Propriétés hydrodynamiques et masse moléculaire : comme
vitesse de rotation ω est élevée (entre 36 500 et 70 000 tr/min), la pour la viscosité, il est nécessaire d'éliminer les effets de concentra-
sédimentation l'emporte sur la diffusion et la particule migre vers le tion en extrapolant, à concentration nulle, les données expérimenta-
fond de la cellule (la figure 7 indique la position de l'interface sol- les
vant/solution du fait de cette migration à un temps t > t0 début de
l'ultracentrifugation). La loi fondamentale du mouvement d'une par- 1 1 1 
ticule de masse moléculaire m située à une distance x de l'axe du --- = ----- ( 1 + k s c + . . . ) = ----- ( 1 + K [ η ] c + . . . ) 
s s0 s0 
rotor s'écrit : 
avec K = 1,66  (41)
dx D = D 0 ( 1 + k D c + . . . ) = D 0 ( 1 + 2 A 2 Mc + . . . ) 
m ( 1 Ð V ρ 0 ) ω 2 x = f ------- (37) et 
dt
avec k D constante. 

avec V volume spécifique partiel de la particule,
ρ0 densité du solvant. Finalement, la masse moléculaire est obtenue par une combinai-
son de s0 et D0 :
s0 RT
M = ------- · ------------------------ (42)
D0 ( 1 Ð V ρ )
0

ce qui nécessite de faire appel à deux méthodes hydrodynamiques


distinctes. Notons que l'on peut également obtenir la masse molé-
culaire en considérant non plus s0 et D0 mais s0 et [η]. Ainsi, pour
une molécule ayant une configuration de chaîne, le coefficient f
s'écrit : f = P η 0 R G où P est une constante universelle égale à 5,11
et η0 la viscosité du solvant ; en combinant les relations (35) et (38)
on obtient [14, 15] :
NA P η0
M 2 / 3 = s 0 [ η ] 1 / 3 ------------------------------------------ (43)
Φ′ 3 ( 1 Ð V ρ 0 )
1 /

P
avec une valeur de -------------- = 4 × 10 Ð 7
Φ′ 1 / 3
Si l'on veut maintenant déterminer la masse moléculaire en ne
disposant que d'une méthode (s0 ou D0), il est nécessaire de faire
Figure 7 – Principe de la vitesse de sédimentation appel, comme pour [η], à un étalonnage préalable. Comme le coef-
ficient de frottement pour une série homologue (substances de
même nature chimique et de même conformation) est fonction de la
masse moléculaire suivant une relation de la forme :
La quantité :
f = Kf M ν
1 dx
s = ---------- -------
ω2 x d t avec ν compris entre 0,5 pour une solution idéale et 0,6
pour les molécules en chaîne,
est appelée constante de sédimentation exprimée en unité Sved-
berg (1 S = 10− 13 s) ; on peut alors écrire, en faisant intervenir la on peut définir des relations du même type déduites directement
masse moléculaire M (M = mNA) : des relations (38) et (39) :

D 0 = K f′ M Ð ν
M ( 1 Ð V ρ0 )
s = -------------------------------- (38)
NA f s 0 = K f″ M ν ′
Le coefficient de friction (ou frottement) dépend des dimensions avec ν’ = 1-ν
de la particule (f = 6 π η a pour une sphère compacte de rayon a par
exemple), il peut être relié quelle que soit la forme de la particule au Comme pour la viscosité intrinsèque [η] = KMa , les valeurs des
coefficient de diffusion de translation D : couples ( K f′ , ν ) et ( K f″ , ν ′ ) sont obtenues en déterminant, pour une
série d'échantillons isomoléculaires de masse moléculaire parfaite-
kT ment connue, les constantes hydrodynamiques correspondantes D0
D = ------- (39)
et s0.
f

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1.5.2 Méthodes de chromatographie

Parmi les différentes méthodes de chromatographie existantes :


chromatographie en phase gazeuse, chromatographie en phase
liquide sur colonne, à savoir chromatographie d'adsorption (appe-
lée également chromatographie liquide-solide), d'échange d'ions,
de partage et d'exclusion (SEC : size exclusion chromatography),
c'est essentiellement cette dernière encore appelée chromatogra-
phie de perméation sur gel (GPC) qui sera décrite dans ce paragra-
phe (voir aussi article [38] des Techniques de l'Ingénieur). Les
premières méthodes de chromatographie citées sont plus des
méthodes de séparation et d'identification des substances que de
détermination de masse moléculaire (pour ces méthodes, le lecteur
pourra se reporter à l'article [39] des Techniques de l'Ingénieur).

1.5.2.1 Principe de la chromatographie d'exclusion


Le principe de la GPC consiste à éluer la solution sur un support
constitué par un gel poreux organique ou naturel, comme les billes
de silice poreuses, dont la taille des pores peut être différente (5 nm,
20 nm par exemple suivant le type de gel). On peut définir plusieurs
caractéristiques pour une telle colonne : son volume total VT peut
être décomposé en un nombre mort ou volume interstitiel V0, le
volume poreux total Vp et le volume occupé par les billes Vg. Ces
trois volumes sont schématisés sur la figure 8 a . Si on élue une
solution contenant des particules de masse moléculaire M1 (particu-
les de masse moléculaire élevée et de grandes dimensions) et des
particules de masse moléculaire M2 (petites molécules), les particu-
les de plus grande taille seront exclues d'une grande partie des
pores et prendront le chemin interstitiel en migrant plus rapidement
que les petites molécules (de masse M2) pour lesquelles la plupart
des pores seront accessibles (figure 8 b ). La séparation est donc
fondée sur la taille des molécules (ou plus exactement le volume
hydrodynamique qui est en relation avec la masse). Ainsi, pour une
substance isomoléculaire de masse M, on peut définir un volume de
rétention ou volume d'élution Ve défini comme le volume d'éluant
nécessaire pour amener la particule en sortie de colonne :
Ve = V0 + k Vp (44)

Figure 8 – Principe de la séparation en chromatographie d'exclusion


avec k coefficient de partage, représentant la proportion du volume
poreux accessible Va au soluté : k = Va /Vp . Dans le cas du soluté de
masse M1, le volume accessible est plus faible que pour les particu-
les de masse et de dimensions plus faibles M2 : k1 < k2 et par consé- Ve = V0 + Vp : tous les pores sont accessibles au soluté : c'est le
quent Ve (1) < Ve (2), il y aura en sortie de colonne séparation des volume de perméation (volume de rétention) des solvants [16].
espèces 1 et 2 comme l'indique la figure 8 d .
Si k = 0, aucun pore n'est accessible à la molécule, on obtient Remarque : si le volume Ve devient supérieur à V0 + Vp c'est-
Ve = V0, c'est-à-dire la limite de séparation dans le domaine des à-dire si k > 1, au mécanisme de séparation par taille, il se super-
grandes masses : exclusion des grandes masses. Pour k = 1, on a pose des phénomènes d'adsorption du soluté sur le support, ce
qui rend très aléatoire la relation entre Ve et masse moléculaire.

1.5.2.2 Détermination de la masse moléculaire.


Courbes d'étalonnage
La détermination de la masse moléculaire d'une substance par
GPC nécessite un étalonnage préalable de la colonne ; comme il a
été montré dans le paragraphe 1.5.2.1, les particules isomoléculai-
res ayant respectivement des masses moléculaires M1 et M2
(M1 > M2) auront des valeurs d'élution bien définies Ve (1) et Ve (2)
avec Ve (1) < Ve (2). Le premier étalonnage consiste donc à détermi-
ner le volume d'élution Ve (i) d'une série de standards (échantillon
isomoléculaire) de masse M i parfaitement connue. La courbe d'éta-
lonnage est alors obtenue en portant ln (M i ) = f [Ve (i )] ; on obtient
une variation pratiquement linéaire dans le domaine de
perméation : V0 − Vp (figure 8 c ). Ce type d'étalonnage n'est valable
que pour un système solvant-soluté donné (par exemple : polysty-
rène linéaire − tétrahydrofurane). En effet, on peut concevoir deux
types de molécules qui ont même masse moléculaire mais des
tailles très différentes : molécule compacte et molécule étirée. Pour
la molécule compacte, le volume poreux accessible est plus impor-

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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLÉCULAIRES

tant, d'où un volume d'élution plus grand. Pour rendre compte de 2.1.2 Séparation par chromatographie
cette séparation en dimensions, il a été proposé un étalonnage fai-
sant intervenir le volume hydrodynamique représenté par la quan- Une autre méthode de purification ou de séparation de la sub-
tité [η] M [cf relation (35)]. Ainsi, la courbe d'étalonnage obtenue en stance consiste à effectuer une chromatographie liquide sur colonne
portant ln [η] M en fonction de Ve sera indépendante de la nature adsorbante : gel de silice non poreuse et active, gel d'alumine. Pour
chimique de l'échantillon et de sa forme ou de sa structure. ces méthodes de purification, le lecteur pourra se reporter à la réfé-
Néanmoins, la détermination de la masse moléculaire ne sera rence [17].
possible que si la viscosité [η] de l'échantillon à analyser est On pourra également utiliser la chromatographie d'exclusion
connue ; cet étalonnage dit étalonnage universel demande donc en pour isoler une substance de masse M1 bien définie (fractionnement
sortie de colonne un dispositif viscosimétrique (capillaire, mesure sur colonne). Pour obtenir la substance ainsi isolée en quantité suf-
de la perte de charge par capteur de pression, etc.). fisante, on effectuera l'opération sur des colonnes semi-préparati-
ves.

2. Cas des systèmes mal 2.2 Systèmes présentant des phénomènes


définis d'agrégation

Il existe des substances (plus particulièrement dans le domaine


2.1 Systèmes hétérogènes des macromolécules de synthèse ou naturelles) qui, une fois mises
en solution, contiennent un pourcentage faible mais non négligea-
ble de particules restant à l'état agrégé : microcristaux, agrégat,
Les différentes relations du paragraphe 1 liant la grandeur physi- microgel, etc. Ces agglomérats peuvent avoir des masses très
que expérimentale à la masse moléculaire supposent que la sub- élevées (environ 106 à 107) et des dimensions parfois importantes.
stance à étudier ne contienne que des molécules identiques à elles- Leur présence dans la solution (considérée moléculairement disper-
mêmes (composé isomoléculaire). Dans la pratique, la substance sée) n'aura pratiquement aucune incidence sur les méthodes colli-
peut contenir des impuretés en quantité plus ou moins grande (sys- gatives (les propriétés colligatives étant proportionnelles à M −1) si
tème hétérogène) ; cela peut être des composés de faible masse ce n'est dans la détermination de la concentration initiale de la subs-
moléculaire : impuretés, additif, trace de catalyseur, sels minéraux, tance dissoute. En revanche, ces agrégats apporteront une contri-
etc., ou des composés mal définis, mais de masse élevée : micro- bution importante dans le cas des méthodes de diffusion du
cristaux, agrégats, microgels, etc. Ces impuretés ayant une rayonnement à angle nul (l'intensité diffusée I étant proportionnelle
influence plus ou moins grande sur les résultats suivant la méthode à M ), ce qui conduit à des valeurs erronées de la masse moléculaire
utilisée, il convient de les éliminer le plus possible par une purifica- (masse moléculaire surestimée).
tion de la substance.
Pour éliminer ces agrégats, on utilise essentiellement deux
méthodes : la filtration ou même l'ultrafiltration et la centrifugation
2.1.1 Purification par cristallisation à grande vitesse de la solution. Dans certains cas, cette agrégation
ou par précipitation peut être détruite par un traitement thermique de la solution. Il est à
remarquer que ces différentes méthodes de purification sont parfois
délicates et ne conduisent pas toujours à l'élimination totale de la
La méthode de purification de l'échantillon dépend de la masse partie agrégée.
moléculaire de la substance et de ses propriétés physiques. Dans le
cas des substances bien définies et cristallisables (généralement des
substances de faible masse moléculaire), il est primordial d'éliminer
toute trace d'impuretés qui pourraient avoir une influence impor- 2.3 Systèmes présentant une distribution
tante sur la détermination de M par les méthodes colligatives.
de masses
Exemple : si une substance de masse 2 000 contient 5 % en
masse d'une impureté de masse 5 fois plus faible, cette dernière va
contribuer, en tonométrie par exemple, pour 20 % à la tension de Jusqu'à maintenant, il a été supposé que la solution (après une
vapeur et de ce fait la masse de la substance sera sous-estimée de éventuelle purification) était constituée de n particules ayant toutes
15 %. la même masse moléculaire : substances isomoléculaires comme
les composés bien définis de basse masse moléculaire ou certaines
Avec de telles substances cristallisables, la purification peut molécules naturelles.
s'obtenir par cristallisation simple ou répétée [17]. Notons que cette
En fait, de très nombreuses substances dans le domaine de la chi-
purification est essentielle pour les échantillons pris comme réfé-
mie des composés de haute masse moléculaire présentent une
rence en cryométrie, ébulliométrie ou tonométrie (anthracène, phé-
répartition des masses moléculaires. Les n molécules de la solution
nantrène, cholestérol, tristéarate de glycérol) [18]. Une autre
peuvent avoir des masses moléculaires différentes comprises de
méthode de purification qui est largement utilisée pour les compo-
part et d'autre d'une valeur moyenne : un tel échantillon, caractérisé
sés de masses moléculaires élevées (cas des polymères contenant
par une distribution des masses avec différentes moyennes est dit
des additifs : charges, stabilisants, etc.) consiste en une précipitation
polymoléculaire ou polydispersé.
totale en milieu solvant précipitant. La substance est mise en solu-
tion dans un bon solvant (à une concentration de l'ordre de 5 % en
masse) puis on ajoute un précipitant en grand excès (pour éviter un
fractionnement de la substance) ; après décantation, la substance
2.3.1 Définition des masses moléculaires
précipitée est lavée puis séchée. Signalons aussi la méthode moyennes
d'extraction : la substance est lavée longuement sous reflux par un
précipitant. Le lecteur se reportera utilement à l'article [40] des Techniques de
l'Ingénieur.

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Si l'on décompose (figure 9) l'ensemble de l'échantillon compre- on obtient ainsi :


nant n molécules en plusieurs fractions (huit fractions dans le cas de
la figure 9), chacune de ces fractions fi contenant ni molécules dont
les masses moléculaires sont comprises entre Mi et Mi + dM (l'incré-
c
∑ ci
i
ment dM étant constant), on peut définir différentes moyennes sui- M = -------------- = -------------
- = Mn
ci ci
∑M ∑M
vant que l'on raisonne en nombre de molécules, masse de ------- ------
-
substance, etc. ; on peut écrire avec ci = ni Mi : i i
i i

∑ ni Mi ∑c  C'est par définition la masse moyenne en nombre.


M n = ------------------ = -----------i- 
∑ ni ci 
∑ -------  2.3.1.2 Diffusion du rayonnement à angle nul et masse
Mi  moléculaire moyenne en poids

∑ n i M i2 ∑ ci Mi  (45) Pour les méthodes de la diffusion du rayonnement à angle nul
M p = -------------------
- = ----------------- 
∑ ni Mi ∑ ci 
(§ 1.4), l'intensité diffusée par le soluté en milieu très dilué (on
néglige les effets de concentration) ou pour une solution idéale
∑ n i M i3 ∑ c i M i2  s'écrit :
M z = -------------------- = ------------------- 
∑ n i M i2 ∑ ci Mi  I = K’ c M

avec ∑ni = n et ∑ci = c Pour ces méthodes, la grandeur expérimentale est proportion-
nelle à la masse moléculaire. Pour la fraction i de masse Mi à la
concentration ci , on a :
Ii = k’ ci Mi
et pour la totalité de la substance ( c = ∑ ci ) :
I = k′ c M = ∑ Ii = k ′ ∑ ci Mi

on a donc :
∑ ci M-i = M
M = ------------------- (47)
∑ ci p

C'est par définition la masse moléculaire moyenne en poids.


Remarquons, pour mémoire, que, dans quelques cas bien particu-
Figure 9 – Représentation de l'hétérogénéité en masses moléculaires liers, il est possible de remonter à la masse en nombre Mn par l'ana-
lyse du comportement asymptotique du rapport k’ c / I (θ) (étude
aux grands angles) (pour ce point, le lecteur pourra se reporter à la
référence [19].
Ces différentes moyennes sont respectivement appelées : masse
moyenne en nombre : Mn, masse moyenne en poids : Mp (ou Mw)
ou moyenne d'ordre 2 et masse moyenne dite z ou d'ordre 3 : Mz , 2.3.1.3 Ultracentrifugation (équilibre de sédimentation)
etc. et différentes moyennes
Une substance polymoléculaire étant ainsi caractérisée par des Lorsque l'échantillon à étudier est polymoléculaire, la détermina-
masses moléculaires de différentes moyennes, la question est de tion expérimentale des masses moléculaires est très délicate et cela
savoir quel type de moyenne est accessible par les différentes pour deux raisons :
méthodes précédemment décrites. — les molécules sédimentent en fonction de leur taille, il ést donc
nécessaire d'effectuer les mesures (détermination des concentra-
2.3.1.1 Méthodes colligatives et masse moléculaire tions) aux deux extrémités de la solution ;
moyenne en nombre — les solutions ne sont généralement pas idéales ; les coeffi-
cients d'activité ai de chaque espèce i ne sont pas indépendants.
Les méthodes colligatives (§ 1.1) conduisent à une relation géné-
rale qui peut s'écrire dans le cas d'une solution idéale : X = k c /M. La Cependant, dans le cas de la solution idéale (ou proche du cas
grandeur physique mesurée X (abaissement cryoscopique ∆TF ou idéal : faibles interactions thermodynamiques), l'équation de l'équi-
ébulliométrique ∆TE, ou variation de tension de vapeur ∆p1 et pres- libre de sédimentation [relation (16)] peut s'écrire pour l'espèce de
sion osmotique Π) est inversement proportionnelle à la masse masse moléculaire Mi sous la forme :
moléculaire M. Prenons l'exemple de la pression osmotique : la frac- ( c fi Ð c mi )
tion i ayant pour masse Mi et pour concentration ci apporte à la 2 RT
c 0 i M i = ---------------------------------- · --------------------------
pression osmotique une contribution : ( 1 Ð V ρ 0 ) ω ( r 2f Ð r 2m ) 2

ci En sommant sur toutes les espèces i et en divisant les deux mem-


Π i = RT -------
Mi bres de la relation par c 0 = ∑ c0 i , la masse obtenue est la masse
et la pression totale est alors : moyenne en poids :

c ci ∑ c0 i Mi 2 RT ∑ ( c fi Ð c mi )
Π = RT ----- = ∑ Πi = RT ∑ ------
- (46) ----------------------
- = ----------------------------------------------------------------------------
-
M i M i i ∑ c0 i ( 1 Ð V ρ 0 ) ω 2 ( r f2 Ð r m 2 )
∑ c0 i (48)
2 RT ( c f Ð c m )
- = Mp
= -------------------------------------------------------------------
( 1 Ð V ρ 0 ) ω 2 c 0 ( r f2 Ð r m 2 )

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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLÉCULAIRES

Il est également possible d'accéder à la masse moléculaire


moyenne d'ordre 3 ou masse Mz puisque, pour cette méthode, les
variations de concentration sont obtenues par les mesures de gra-
dients d'indice de réfraction :

∂∆ n 1 ∂ ci
------------ = ∑ ---c- --------
∂x i ∂x

Dans ces conditions, la relation d'équilibre de sédimentation


s'écrit :

∑ c 0 i M i2
-----------------------
- = Mz
∑ c0 i Mi
 --1- · ∂------n- Ð  1 ∂n
--- · -------
(49)
RT  x ∂ x f  x ∂ x m
= ---------------------------------- -----------------------------------------------------
( 1 Ð V ρ0 ) ω 2 ( ∆ n )f Ð ( ∆ n )m

avec (∆n)f et (∆n)m différences d'indice de réfraction entre la


solution et le solvant respectivement au
fond et au ménisque de la cellule.
Cette dernière relation peut encore s'écrire, si l'on raisonne en
terme de gradients de concentration :

1 ∂c 1 ∂c
--- ------- Ð  --- -------
RT  x ∂ x f  x ∂ x m
M z = ---------------------------------- --------------------------------------------------
( 1 Ð V ρ0 ) ω 2 cf Ð cm Figure 10 – Courbes de distribution des masses moléculaires

D'autres procédés d'exploitation des résultats de l'équilibre de


sédimentation ont été décrits [20] pour déterminer Mn (cela n'est ∞
possible que si la concentration est nulle en quelques points de la
cellule) ou pour des masses moléculaires moyennes d'ordre supé-
avec f (M ) = M g (M ) et
∫fM
0
( ) d M = 1 puisque la courbe inté-

rieur à z : z + 1, etc., mais avec une précision plus faible. grale de distribution est normée.
C'est surtout la courbe intégrale de distribution pondérale qui est
utilisée dans la pratique. Une telle courbe est représentée sur la
2.3.2 Relation entre moyennes et courbes figure 10 b ; cette courbe donne le pourcentage ou la proportion (de
de distribution 0 à 1) en masse de substance wi de molécules dont les masses molé-
culaires sont inférieures ou égales à Mi. La courbe intégrale de dis-
2.3.2.1 Caractérisation de l'hétérogénéité tribution pondérale est obtenue expérimentalement en réalisant des
Pour caractériser parfaitement l'hétérogénéité en masse d'une fractions aussi étroites que possible (pour les méthodes de fraction-
substance, il est nécessaire de connaître la courbe de distribution nement, cf article [40] dans le traité Plastiques et Composites), puis
des masses moléculaires. Elle peut être obtenue en portant en fonc- en déterminant par mesure directe (diffusion de la lumière, par
tion de la masse Mi de l'espèce i (ou de la fraction i contenant les exemple) la masse moléculaire de ces fractions. Notons que
molécules de masse Mi + dM) : certaines méthodes comme la chromatographie d'exclusion
(§ 3.4.2) conduisent à une détermination pratiquement directe et
— soit la fraction en nombre : ν i = n i ⁄ ∑ ni on obtient alors la très rapide de ces courbes de distribution.
distribution dite numérale ; Relation entre moyennes des masses moléculaires et fonction de
distribution : à partir de la fonction de distribution soit numérale,
— soit la fraction en poids : w i = m i ⁄ ∑ mi (avec mi = ni Mi), ce soit pondérale, on peut établir directement les différentes moyennes
qui conduit à la distribution dite pondérale.
Ces deux types de distribution sont montrés sur la figure 10.
Cependant, on préfère déterminer la courbe intégrale de distribu-
tion qui est généralement normalisée
— soit à partir de la fonction de distribution numérale :
Mi

∫ 0
g ( M )d M

g (M) dM représentant le nombre de molécules dont la masse est


comprise entre M et M + dM ;
— soit à partir de la fonction de distribution pondérale :
Mi
wi =
∫ 0
f (M) dM

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des masses moléculaires définies précédemment [cf § 3.3.1 relation


(45)] ; on obtient : 3. Principales techniques
∞ ∞ 
de mesure
0
∫ g(M) M dM
M n = ---------------------------------------- 0
∫ f (M) dM
- = ------------------------------------------------



∞ ∞  3.1 Méthodes colligatives
0
∫ g(M) dM
0
∫ f ( M ) · M Ð 1 d M 

∞ ∞  3.1.1 Rappel des principes
∫ ∫

g ( M ) M2 d M f (M) M dM 
0 0  Il a été montré précédemment qu'il était possible de déterminer la
M p = -------------------------------------------

- = ----------------------------------------

 (50)
masse moléculaire (masse moyenne en nombre dans le cas des

0
∫ g(M) M dM
∫ 0
f (M) dM 


échantillons polymoléculaires) soit à partir des méthodes dérivées
de la loi de Raoult : ébullioscopie, cryoscopie et tonométrie ou dis-
tillation isotherme, soit à partir de la pression osmotique : osmomé-
∞ ∞ 
∫ ∫ f ( M ) M2 d M 
g ( M ) M3 d M trie (cf § 2.3.1.1). Les méthodes sont directement reliées à la
 variation du potentiel chimique du solvant (ou à son activité) lors-
0
M z = ------------------------------------------- 0
- = -------------------------------------------  que le soluté est ajouté à faible concentration.
∞ ∞ 

∫ ∫

g ( M ) M2 d M f (M) M dM  ■ Les deux premières méthodes cryoscopie et ébullioscopie ont
0 0  pour principe la détermination respectivement de l'abaissement de
la température de congélation (ou de fusion) ∆TF et de l'augmenta-
avec la relation générale : tion de la température d'ébullition ∆TE du solvant contenu dans la
solution diluée : on a donc pour les solutions idéales :
Mn < Mp < Mz , etc.
c
Si Mn = Mp = Mz = ..., la substance est dite isomoléculaire : ∆ T F = K F -----
l'échantillon est constitué de molécules ayant toutes la même M
masse moléculaire. et
Dans le cas particulier où Mn, Mp, Mz sont dans le rapport 1, 2 et
3, la distribution est appelée distribution la plus probable. c
∆ T E = K E -----
Notion d'indice de plurimolécularité : l'hétérogénéité de la sub- M
stance peut être également caractérisée par le rapport Mp / Mn, les
avec KF et KE constantes relatives au solvant faisant intervenir res-
masses moléculaires étant obtenues soit par les méthodes directes
pectivement l'enthalpie de fusion et de vaporisation. On peut trou-
(osmométrie, diffusion de la lumière), soit par les méthodes indirec-
ver ces constantes dans les tables. En fait, si la solution n'est pas
tes (chromatographie d'exclusion, équilibre ou vitesse de sédimen-
idéale, il est nécessaire d'extrapoler à concentration nulle le rapport
tation).
∆T / c.
Cet indice de polymolécularité (égal à 1 pour les échantillons
Nous ne donnerons pas ici de description des dispositifs expéri-
isomoléculaires : cas idéal) peut atteindre des valeurs élevées : 10
mentaux pour la détermination des variations ∆TE et ∆TF qui sont
à 30.
d'une manière générale assez complexes.

2.3.2.2 Masse moléculaire viscosimétrique ■ La troisième méthode, ou tonométrie, est plus délicate à mettre
en œuvre. Elle consiste à mesurer l'abaissement de tension de
La détermination de la viscosité intrinsèque [η] est une méthode vapeur ∆p1 du solvant dans la solution diluée :
rapide pour caractériser la substance dans la mesure où l'on connaît
sa loi de viscosité [relation (36)]. Si l'échantillon est polymoléculaire, ∆ p 1
 --------- 1
on peut écrire pour la viscosité spécifique de la substance : - = V 1 p 10 -----
 c c → 0 M
η sp = K ∑ ci Mia avec p 10 tension de vapeur du solvant pur,
ou encore : V1 volume molaire partiel du solvant pur.
La méthode classique dite de distillation isotherme a des applica-
η sp 
 ----------
-
∑ ci Mia
= K --------------------- = [ η ] = K M a
tions limitées et on lui préfère une méthode plus précise dite ther-
moélectrique. Cette méthode consiste à disposer une goutte de
 c
∑ i c→0 ∑ ci solvant et une goutte de solution sur deux thermistances dans une
enceinte saturée en vapeur de solvant. Le transfert osmotique du
d'où : solvant pur entraîne une différence de température entre les deux
gouttes par suite de l'enthalpie de vaporisation du solvant. Cet écart
de température qui est directement lié à ∆p1 donc à M− 1 est mesuré
∑ ci Mia
M = M v = ---------------------
1⁄a ∑ ni Mi1 + a
= -----------------------------
1⁄a
(51) à l'aide des thermistances (cette méthode est également appelée
∑ ci ∑ ni Mi osmométrie de tension de vapeur). Certains appareils
commerciaux : tonométrie Knauer ou Hewlett Packard fonctionnent
Cette valeur moyenne dite moyenne viscosimétrique est fonction sur ce principe ; la méthode demande toutefois un calibrage à l'aide
de l'exposant a de la loi de viscosité ; la masse Mv peut être soit infé- de substances très pures et de masse bien connue (exemple : naph-
rieure, soit supérieure à Mp suivant les valeurs de l'exposant a. Dans talène, cholestérol ou encore tristéarate de glycérol).
le cas particulier où a = 1, il y a identité entre Mv et Mp. ■ Des différentes méthodes colligatives, l'osmométrie (ou mesure
de pression osmotique) est la plus employée surtout dans le
domaine des composés macromoléculaires. Cette méthode est fon-
dée sur le phénomène d'osmose à travers une membrane semi-

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perméable : perméable aux seules molécules de solvant et imper- d'une substance par une méthode directe quand la masse molécu-
méable à toute molécule de soluté en principe. Si le solvant et la laire est supérieure à 500 000. Dans le domaine des faibles masses,
solution sont en contact par l'intermédiaire d'une telle membrane, le l'osmométrie présente une limitation liée aux propriétés des
système n'est pas en équilibre thermodynamique et du fait de la dif- membranes : pour des masses inférieures à 15 000 ou 20 000 (sui-
férence du potentiel chimique du solvant dans les deux comparti- vant le type de membranes et le solvant), il y a diffusion des molé-
ments, il y a passage du solvant vers le compartiment soluté. À cules à travers la membrane qui ne contribueront plus à la pression
l'équilibre, il y a ainsi une pression hydrostatique ∆p qui compense osmotique (Π sous-estimé).
exactement la pression osmotique Π de diffusion du solvant à tra-
vers la membrane. Cette pression Π est facilement mesurable soit
par la méthode dite statique : mesure de Π à l'équilibre hydrostati- Précaution : il est nécessaire d'effectuer la mesure sur un
que (osmomètres à capillaires), soit par la méthode dite dynamique. échantillon préalablement purifié, la présence d'impuretés de
Pour éviter l'attente de l'équilibre qui peut être parfois longue, il est faibles masses (additifs, stabilisant, etc.) pouvant avoir une
préférable de détecter instantanément la pression osmotique et de influence non négligeable sur la grandeur physique mesurée.
la compenser par une dépression qui s'oppose ainsi au flux du sol-
vant à travers la membrane. Dans ces conditions, la contre-pression
directement égale à la pression osmotique est obtenue après des
temps relativement courts. Comme osmomètre dynamique, on peut 3.2 Ultracentrifugation
citer Knauer. Le lecteur peut se référer à [20, 21] pour la description
d'un dispositif expérimental.
Dans son principe (cf § 1.2), la méthode d'équilibre de sédimenta-
tion permet la détermination de la masse moyenne en poids avec
3.1.2 Domaine de masse, précision et limitation une bonne précision et accède également aux différentes autres
moyennes (masse moyenne en nombre et masses d'ordre
La grandeur physique mesurée (∆T, ∆p1 ou Π) étant inversement supérieur : z ou même z + 1), mais l'interprétation des diagrammes
proportionnelle à la masse moléculaire M (Mn pour les systèmes d'équilibre est délicate et conduit à des résultats peu précis. Le
polymoléculaires), ces méthodes colligatives seront surtout vala- domaine de masse étudiée peut aller des petites molécules (glu-
bles dans le domaine des faibles masses. La limite supérieure cose) aux molécules dépassant 106 (virus par exemple) puisque le
atteinte dépendra non seulement de la sensibilité des moyens de dispositif expérimental permet de disposer de toute une gamme de
détection, mais aussi de la méthode utilisée. Le tableau 2 permet de vitesses de rotation. Il est à noter toutefois que le domaine idéal se
préciser le domaine de masse accessible. situe entre 10 000 et 200 000 et que la méthode a surtout été utilisée
pour les biopolymères (ribonucléase), car elle demande des quanti-
Les deux premières méthodes (ébulliométrie et cryoscopie) ne tés de substances très faibles. Cependant, les inconvénients sont au
sont vraiment valables que dans un domaine restreint de masse nombre de deux :
moléculaire : < 10 000 avec une précision de 2 à 5 % dans le
domaine intermédiaire de masse (500 à 5 000) et de l'ordre de 10 % — la durée de l'expérience est longue puisque, dans certains cas,
pour les masses moléculaires comprises entre 5 000 et 10 000. On l'équilibre diffusion-sédimentation peut être atteint seulement après
peut espérer atteindre des masses moléculaires plus élevées (de plusieurs jours ;
15 000 à 20 000) en utilisant la tonométrie fondée sur une méthode — la relation (16) a été établie dans le cas des solutions idéales ou
thermoélectrique de haute précision ; la précision peut être estimée proches de l'idéalité (conditions thêta pour les solutions de macro-
de l'ordre de 1 à 2 % pour des masses entre 1 000 et 5 000 et de 10 % molécules), ce qui n'est généralement pas le cas et l'on obtient une
pour les masses plus élevées. masse moléculaire apparente :
1
M app = ----------------------------------------- (52)
1
----- + 2 A 2 c + . . .
Tableau 2 – Relations entre propriétés colligatives M
et masse moléculaire (1) Ainsi, afin d'éliminer les effets de concentration, il est préconisé
d'effectuer plusieurs mesures à différentes concentrations puis
∆TF ∆TE ∆p1 Π d'extrapoler Mapp à c → 0, ce qui augmente considérablement le
Masse
(cm de temps de la mesure. Pour diminuer le temps de la mesure, il a été
moléculaire (˚C) (˚C) (mm Hg)(2) solvant) proposé d'effectuer les mesures après deux ou trois heures seule-
1 000 5,8 x 10−2 3,1 x 10−2 8,9 x 10−2 280 ment de rotation en étudiant le profil des concentrations au voisi-
nage du ménisque et du fond et d'extrapoler pour le ménisque et le
2 000 2,9 x 10−2 1,55 x 10−2 4,45 x 10−2 140 fond : méthode d'Archibald [3].
10 000 5,8 x 10−3 3,1 x 10−3 8,9 x 10−3 28
100 000 5,8 x 10−4 3,1 x 10−4 8,9 x 10−4 2,8
(1) Valeurs des grandeurs physiques détectées par les méthodes colligati-
3.3 Méthodes de rayonnement à angle nul
ves (∆TF : cryométrie, ∆TE : ébulliométrie, ∆p1 : tonométrie et Π : pres-
sion osmotique) suivant la masse moléculaire du soluté (solvant
benzène, concentration 10 g/L). 3.3.1 Domaine de masse
(2) 1 mm Hg = 133,322 4 Pa.
La détermination de la masse moléculaire M (qui sera la moyenne
en poids Mp dans le cas d'un échantillon polymoléculaire) consiste
à extrapoler à angle nul et pour plusieurs solutions à concentration
Par contre, comme l'indique le tableau 2 l'osmométrie est une
différente le rapport Kc / I de la relation générale :
méthode tout à fait adaptée pour les masses moléculaires plus
élevées : entre 20 000 et 300 000 avec une précision de 2 à 5 % dans Kc 1
ce domaine de masses moléculaires. Pour des masses moléculaires ------------ = -------------------- + 2 A 2 c + . . .
I (q) M P (q)
plus élevées, la pression osmotique devient très faible et difficile-
ment détectable, d'où une précision insuffisante. Ainsi, il est prati-
quement impossible de déterminer la masse moyenne en nombre

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2 Notion de facteur de contraste : l'intensité diffusée est d'autant


RG
avec P ( q ) = 1 Ð q 2 -------- pour les faibles valeurs de q RG. plus élevée (donc précision accrue) que le facteur de contraste est
3 important, cela est d'autant plus vrai qu'il intervient au carré dans
Cette extrapolation n'est possible que lorsque le produit du vec- les relations générales de la diffusion.
teur diffusion par les dimensions (RG ), c'est-à-dire quand la En diffusion de la lumière, le facteur de contraste est représenté
quantité : par l'incrément d'indice de réfraction dn / dc de la solution qui peut
se calculer, en première approximation, à partir de la différence
( q RG ) 2 1 4π θ 2
d'indice de réfraction du soluté et du solvant, divisée par la densité
- = --- ------- sin --- R G
-------------------
3 3 λ 2 du soluté (relation de Gladstone et Dale) :
est petite devant l'unité. Le domaine pour lequel cette condition est n soluté Ð n solvant
vérifiée, appelé domaine de Guinier, dépend non seulement des d n ⁄ d c = -----------------------------------------
- (53)
dimensions de la particule (dimensions qui sont en relation avec M) d soluté
mais aussi de la longueur d'onde. Plus la longueur d'onde est Les valeurs de dn / dc doivent être au moins de 0,05 (en mL · g−1) ;
grande, plus la condition du domaine de Guinier est respectée par des valeurs généralement comprises entre 0,1 et 0,2 sont tout à fait
des molécules de grandes dimensions donc de masse élevée. favorables pour une bonne détermination de M. Signalons qu'il est
Ainsi, la diffusion de la lumière (avec λ variant de 436 nm à possible d'obtenir des valeurs très importantes (0,4 ou même 0,8)
632 nm) permet la détermination de la masse moléculaire dans un résultant de la dispersion anormale de l'indice de réfraction de la
grand domaine de masse : de 1 000 à 5 x 107 avec cependant deux solution due à la présence d'une bande d'absorption proche du visi-
difficultés : ble [25].
a) dans le domaine des petites masses moléculaires : M < 5 000, il Il existe des tables donnant un grand nombre de valeurs de dn/dc
peut être nécessaire de faire des corrections de dépolarisation (fac- en fonction de certaines conditions : températures, longueurs
teur de Cabannes) dues à l'anisotropie de la molécule [23] ; d'onde, etc. [12] et [26].
b) dans le domaine des grandes masses moléculaires : Dans le cas des neutrons, le contraste est donné par la différence
M > 5 x 106, l'extrapolation à angle nul de la quantité c / I peut être des longueurs de diffusion cohérente du soluté b1 et du solvant b2 :
délicate surtout avec les appareils conventionnels limités à 30˚ ou
V1 2
K =  b 1 Ð b 2 ------
15˚ au minimum [24].
(54)
Dans le cas de la diffusion des neutrons ou des RX (longueurs V2
d'onde de l'ordre de 10−1 nm), ces méthodes seront moins accessi-
bles pour les substances de masse moléculaire élevée M = 300 000. avec V1 et V2 volumes molaires des deux composants.
Pour atteindre le domaine de Guinier, il est nécessaire d'effectuer Dans le cas de substances macromoléculaires, la longueur de dif-
des mesures pour des angles très faibles, ce qui est cependant pos- fusion cohérente b1 est celle de l'élément répétitif ou monomère.
sible avec les dispositifs expérimentaux existants mais très délicat. Les deux quantités b1 et b2 peuvent être calculées à partir des
D'une manière générale, si la masse moléculaire est le seul para- valeurs de b des atomes constituant le solvant et le soluté (ces
mètre recherché, la diffusion de la lumière est la méthode la plus valeurs sont données dans les tables, voir par exemple [27, 28]). Par
appropriée et la plus aisée à mettre en œuvre, le dispositif expéri- un choix judicieux du système soluté-solvant, on peut avoir b1 posi-
mental n'ayant rien de commun (quant à la complexité, à la disponi- tif et b2 négatif (ou inversement) et obtenir ainsi des contrastes
bilité ou au coût) avec celui de la diffusion des RX ou des neutrons. très importants. De plus, du fait que l'atome hydrogène
(bH = − 0,374 x 10−12 cm) présente une valeur de longueur de diffu-
Notons que la diffusion de neutrons, en revanche, est une sion cohérente très différente de celle du deutérium
méthode de choix pour l'étude des dimensions moléculaires et de la (bD = + 0,667 x 10−12 cm), un important contraste peut être obtenu
conformation. Signalons aussi que le fait de pouvoir modifier le fac- par marquage au deutérium de certaines molécules : polystyrène
teur de contraste (cf § 3.3.2) par marquage ou dopage de la molé- deutérié dans une matrice de polystyrène non deutérié, ce qui per-
cule permet de réaliser des mesures de masse moléculaire à l'état met l'étude de la diffusion à l'état solide.
solide en utilisant la diffusion des neutrons et des rayons X.
Dans le tableau 3, on donne quelques valeurs de K pour différents
Nous ne détaillerons pas ici les différents dispositifs expérimen- systèmes binaires (effet de marquage).
taux. Notons simplement que les mesures sont généralement des
mesures relatives et que ces trois méthodes demandent un cali-
brage préalable du dispositif expérimental. Ce dernier est obtenu
par l'intermédiaire de substances références constituées par un sol- Tableau 3 – Effet de contraste pour le polystyrène
vant (benzène en diffusion de la lumière pour lequel le rapport de dans différents solvants
Rayleigh est bien établi), par un cristal de vanadium (pour les neu-
trons) ou simplement l'eau (signal de diffusion neutronique incohé-
rente) ou encore des étalons standards de masse moléculaire K · 1028
Soluté Solvant
parfaitement connue. (cm2)
Polystyrène hydrogéné benzène C6 H6 0,13
3.3.2 Précision et sensibilité. Notion de contraste Polystyrène hydrogéné benzène C6 D6 73,70
Polystyrène hydrogéné cyclohexane C6 H12 8,1
La sensibilité des méthodes de rayonnement dépend de plusieurs
facteurs : Polystyrène hydrogéné polystyrène deutérié 70,2
— l'intensité en valeur absolue de la source incidente ;
— la sensibilité de la réponse (intensité diffusée) fournie par le
détecteur ;
— la grandeur du facteur de contraste.
Les développements technologiques permettent de ne considérer
que le troisième paramètre.

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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLÉCULAIRES

Pour la diffusion des rayons X, le contraste résulte de la différence


de densité électronique entre les deux constituants du système
binaire [cf relation (25)], on peut écrire :
Tableau 4 – Valeurs de l'exposant a de la loi de viscosité
∂ ρ e 2 ( ρ e 1 Ð ρ e 2 ) 2
 --------- [ η ] = K M va pour quelques systèmes particuliers
- ≈ ------------------------------- (55)
 ∂c  d2
T
avec ρe1 et ρe2 densités électroniques (en électrons/cm3) du Système
(˚C)
a Remarques
solvant et du soluté,
d densité du soluté. Polystyrène/cyclohexane ... 35 0,5
Poly(méthacrylate de Solution idéale
La valeur du contraste électronique obtenue pour le lysozime méthyle)/heptanone-3 .......... (conditions thêta)
(93 électrons/nm3) peut situer son ordre de grandeur [29]. Pour aug- 29 0,5
menter le contraste, il existe une méthode élégante qui consiste à
Polystyrène/benzène .......... 25 0,72
incorporer dans un des deux constituants des atomes ou molécules Poly(méthacrylate de Solution non idéale
lourds : plomb, iode, ferrocyanure, etc. méthyle)/toluène .................. (bon solvant)
25 0,72

3.3.3 Précision et difficultés Poly(butylisocyanate)/tétra- Particule semi-rigide


hydrofurane ......................... 25 1,18
La précision que l'on peut espérer sur la détermination de la Polypeptide (1)/diméthyl- Particule rigide ou
masse moléculaire par les méthodes du rayonnement dépend de formamide ........................... 25 1,6 bâtonnet
plusieurs facteurs et en particulier du domaine de masse. Pour la dif- (1) Polypeptide : poly(glutamate de benzyle)
fusion de la lumière, la masse moléculaire peut être obtenue avec
une précision de l'ordre de 3 à 5 % (en masse) dans les conditions
maximales (lorsque la clarification des solutions est parfaite, valeur
de dn / dc) pour un domaine de masse comprise entre 104 et 106 ; 3.4.2 Chromatographie d'exclusion
pour les masses les plus faibles, cette précision peut être moindre
en raison de la détermination supplémentaire du facteur de dépola- La chromatographie d'exclusion (GPC) est, à l'heure actuelle
risation. Si M est supérieure à 5 x 106, la précision peut parfois se (1984), une des méthodes les plus utilisées pour caractériser les
chiffrer à 10 et même 20 % résultant d'une imprécision dans l'extra- paramètres moléculaires d'une substance. C'est une méthode
polation à angle nul (c'est une autre difficulté de la méthode : voir rapide et simple fondée sur le principe d'exclusion par un support
par exemple [30]). Pour les deux autres méthodes, la précision est poreux (cf article [38] des Techniques de l'Ingénieur). Si l'échantillon
de l'ordre de 5 à 10 % dans le domaine d'utilisation de ces métho- est polymoléculaire, la GPC permet un fractionnement analytique
des. efficace et une détermination rapide de la courbe de distribution des
masses moléculaires et des différentes masses moyennes. Mais
c'est une méthode indirecte qui demande un étalonnage préalable
du jeu de colonnes chromatographiques.
3.4 Méthodes hydrodynamiques
3.4.2.1 Courbes d'étalonnage
3.4.1 Viscosité Comme nous l'avons indiqué au § 1.5.2, l'exploitation d'un chro-
matogramme demande un étalonnage préalable du jeu de colonnes
La détermination de la viscosité intrinsèque [η] est généralement pour faire correspondre à toute valeur du volume d'élution Ve la
assez précise (de 2 à 5 %) de sorte que la précision sur la masse valeur de la masse moléculaire correspondante.
moléculaire déduite de [η] (masse viscosimétrique Mv ) dépendra L'étalonnage le plus simple est obtenu en déterminant dans les
essentiellement de la relation viscosimétrique : mêmes conditions expérimentales (solvant, débit, etc.) le volume
d'élution Ve au pic (maximum de concentration) d'échantillons stan-
[ η ] = K M va dards isomoléculaires et de masse bien connue. Ces standards sont
généralement une série de polystyrène (PS) dans un domaine de
Pour établir cette loi de viscosité, il est nécessaire d'avoir une masse le plus large possible (1 000 à 8 x 106). D'autres standards
série d'échantillons standards aussi isomoléculaires que possible de sont évidemment possibles. On obtient une courbe d'étalonnage
masse moléculaire parfaitement connue (à 2 ou 5 % près) et cela dite en masse moléculaire du type :
dans un domaine de masse aussi large que possible. En effet, la
variation de In [η] en fonction de ln M n'est pas toujours linéaire soit In M = a Ve + b (56)
dans le domaine des faibles masses, soit dans le domaine des gran-
des masses. L'exposant a de la loi de viscosité est connu pour un qui est généralement linéaire dans une grande partie du volume
grand nombre de systèmes soluté-solvant [6] et peut prendre des poreux. Si l'on veut préciser l'étalonnage, surtout au voisinage du
valeurs entre 0,5 (parfois légèrement inférieures) et 1,6 comme volume d'exclusion des grandes masses ou du volume de rétention
l'indique le tableau 4. du solvant (Ve ou V0 + Vp ), il est préférable de représenter l'étalon-
nage à l'aide d'un polynôme du troisième degré (cf figure 8).
ln M = C 1 + C 2 V e + C 3 V e2 + C 4 V e3

Cet étalonnage a l'inconvénient de n'être valable que pour le cou-


ple solvant-soluté correspondant à celui de l'étalonnage (même sol-
vant, même nature chimique et aussi même structure du soluté).
Devant cette restriction, il a été proposé (cf § 1.5.2.2) un second
type d'étalonnage appelé étalonnage universel [31]. Ce dernier est
fondé, non plus sur la masse moléculaire, mais sur le volume hydro-

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dynamique de la particule, c'est-à-dire le produit [η] M [défini par la — précision de l'étalonnage dans le domaine des grandes mas-
relation (35)], d'où un étalonnage de la forme : ses.
ln [ η ] M = a ′ V e + b ′ (57) Une précision de l'ordre de 5 à 10 % peut être espérée sur Mp , la
précision peut être moindre pour Mn (environ 15 % suivant l'allure
Cette calibration universelle est facilement réalisée à partir des du chromatogramme). Enfin, dans le cas de l'indice de polymolécu-
mêmes standards PS dont il faut connaître la masse moléculaire et larité Mp / Mn, il est parfois nécessaire de corriger les résultats de la
la viscosité intrinsèque [η]. Pour un échantillon inconnu x, on peut dispersion axiale : élargissement du chromatogramme dû au phé-
écrire pour tout volume d'élution V ei l'égalité : nomène de diffusion des molécules dans les colonnes (voir par
exemple [33]).
( [ η ] M ) Vx ei = ( [ η ] M ) VPSei (58)
Remarque : la technique de GPC s'est développée par l'utili-
Ainsi, si la viscosité [η]i de la fraction de volume V ei est mesurée
sation d'un détecteur de masse comme la diffusion de la lumière
en sortie de colonne (après le détecteur de concentration) par capil-
(détermination de l'intensité diffusée aux petits angles par
laire ou capteur de pression, il est possible de remonter pour toute
l'éluat). Ce couplage en ligne GPC-diffusion de la lumière ne
fraction à la masse moléculaire Mi et par conséquent à la courbe de
nécessite plus d'étalonnage préalable des colonnes et supprime
distribution et aux différentes moyennes (pour l'exploitation des
l'éventuelle correction de la dispersion axiale [34].
chromatogrammes à partir de l'étalonnage universel, voir par exem-
ple [32].
Si un dispositif viscosimétrique n'est pas disponible, il est possi-
ble de calculer la courbe d'étalonnage en masse moléculaire : 3.5 Possibilités des principales méthodes
ln M = a Ve + b
pour l'échantillon x dans la mesure où l'on connaît sa loi de viscosité La figure 11 résume les possibilités des principales méthodes de
et la loi de viscosité des étalons standards (polystyrène). À partir de détermination de la (ou des) masse(s) moléculaire(s). Certaines de
la relation (58) et des deux lois de viscosité, on peut écrire : ces méthodes peuvent être directes et conduire à des masses molé-
culaires de moyennes différentes, d'autres sont indirectes (nécessité
1 + a PS 1 K PS d'une loi d'étalonnage, couplage de deux de ces méthodes entre
ln M x = ------------------- ln M PS + --------------- ln ---------- (59)
1 + ax 1 + ax Kx elles), quelques-unes, enfin, permettent l'établissement de la distri-
bution des masses moléculaires et par conséquent le calcul de
l'ensemble des masses moléculaires moyennes (moyenne en nom-
3.4.2.2 Domaine de masse bre, poids, d'ordre 3, etc.). Deux facteurs importants sont précisés
Le domaine de masse accessible par GPC est essentiellement dans ce tableau : domaine des masses valablement accessibles et
fonction des caractéristiques du jeu de colonnes et plus spéciale- difficultés ou inconvénients majeurs.
ment du choix des porosités du support. L'utilisation d'un jeu de En conclusion, pour avoir un ordre de grandeur de la masse molé-
colonnes contenant des gels de différentes porosités allant de 5 à culaire d'une manière rapide, une seule mesure de la viscosité [η]
105 nm permet une bonne séparation des molécules dans un large suffit dans la mesure où la loi de viscosité est connue (cette
domaine de masse : 500 à 107. Toutefois, la séparation risque d'être méthode est évidemment exclue pour les composés bien définis et
peu efficace dans le domaine des très grandes masses. de bas poids moléculaire). L'utilisation de deux méthodes directes,
Le tableau 5 donne les domaines de masses où il y a une bonne l'une colligative (osmométrie par exemple), l'autre fondée sur la dif-
efficacité en fonction de la porosité du gel. fusion du rayonnement (diffusion de la lumière) permet d'obtenir
Mn et Mp et par conséquent l'indice de polymolécularité, ce qui
donne une idée de l'hétérogénéité de l'échantillon. La détermination
précise de l'hétérogénéité est réalisée très rapidement par chroma-
Tableau 5 – Relation entre domaine de masse moléculaire tographie d'exclusion, mais elle est liée à un étalonnage préalable.
(soluté) et caractéristiques du gel (diamètre des pores) Enfin, de l'addition de ces différentes méthodes, il résulte une carac-
térisation complète de la substance.
Diamètre des pores Domaine de masse moléculaire
(nm) (en polystyrène)
5 1 000 4. Quelques problèmes
500 à 2 x 104
50
100 1 000 à 4 x 104
spécifiques de
104 4 x 104 à 4 x 106
caractérisation
mélange 50-100-104 500 à 4 x 106
Dans ce dernier paragraphe, on abordera très succinctement le
problème de la détermination des masses moléculaires dans quel-
ques cas spécifiques. Comme l'indique la figure 11, la quasi-majo-
3.4.2.3 Précision et difficultés rité des méthodes d'analyse conduit à la détermination de la masse
La précision obtenue sur la détermination des masses moléculai- moléculaire des substances de haute masse moléculaire (comprise
res (Mn, Mp, Mz, etc.) et de l'indice de la polymolécularité dépendra entre 104 et 107). En conséquence, on examinera ici quelques pro-
surtout de la finesse d'analyse des chromatogrammes et de l'éta- blèmes particuliers aux polymères ; il s'agira aussi bien de polymè-
blissement de la loi d'étalonnage (stabilité dans le temps) : res de synthèse d'intérêt industriel que de substances naturelles ou
— détermination de la ligne de base (fluctuations), d'origine biologique (les protéines, les acides nucléiques, etc.).
— détection des début et fin de pic : évaluation de la concentra-
tion dans le domaine des faibles masses (influence sur Mn ) ou dans
le domaine des grandes masses (influence sur Mp ),

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Figure 11 – Récapitulatif des méthodes de détermination de la masse moléculaire et de leurs domaines d'application

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4.1 Polyoléfines en des agglomérats de particules de très haute masse moléculaire.


Ces microgels, s'ils représentent une faible fraction du produit, n'ont
pratiquement aucune influence lorsque l'on utilise les méthodes
Les polyoléfines comme les polyéthylènes, le polypropylène ou d'analyse comme l'osmométrie, la viscosité ou la chromatographie
leurs copolymères sont des polymères très largement utilisés dans d'exclusion. Il est à noter, sur un plan pratique, que l'analyse de ces
l'industrie. Ces polymères ne sont solubles que dans certains sol- substances par GPC peut entraîner un colmatage des têtes de colon-
vants (solvants chlorés comme le trichlorobenzène) et à haute nes si aucune précaution préalable n'est prise (filtration soigneuse
température : entre 125 et 150 ˚C suivant leur taux de cristallinité. des solutions par exemple). C'est essentiellement lors de la détermi-
Ainsi la principale difficulté d'analyse de ces substances réside dans nation de la masse moléculaire par diffusion de la lumière que la
la mise en œuvre des méthodes à cette température élevée : prépa- présence de ces microgels pose quelques problèmes ; ces microgels
ration des solutions et mesures. En fait, les principales techniques se comportent comme des particules de très grande masse molécu-
d'analyse sont parfaitement adaptées aux mesures à haute tempé- laire d'où une forte intensité diffusée surtout dans le domaine des
rature. petits angles d'observation. On obtient généralement des diagram-
mes de Zimm particuliers avec de fortes courbures aux petits angles
Une autre caractéristique spécifique à ce type de polymères est et qui conduisent généralement à une surestimation importante de
l'indice de polymolécularité. Ces polymères, lorsqu'ils ne sont pas la masse moléculaire Mp , si celle-ci est comparée à la valeur obte-
fractionnés, ont généralement une distribution des masses très nue par GPC par exemple.
large. Cela nécessite en chromatographie d'exclusion un choix judi-
cieux du jeu de colonnes (longueur de colonnes et grande variété de En fait, ce problème de la présence d'agglomérats de molécules :
la porosité du support) afin d'obtenir une bonne sélectivité dans tout agrégat, microgel ou microcristaux, n'est pas spécifique aux seuls
le domaine des masses. La figure 12 représente, à titre d'exemple, polydiènes mais peut se renconntrer pour d'autres polymères :
la courbe de distribution des masses d'un polyéthylène linéaire polyoléfines, poly(chlorure de vinyle), polycarbonate, certains poly-
obtenue à partir de l'analyse GPC et montre l'importance d'une oxyéthylènes, etc.
bonne sélectivité dans le domaine des faibles masses (1 000 à
10 000).
Un autre point important à prendre en considération dans l'ana- 4.3 Copolymères
lyse des polyoléfines est la présence éventuelle de ramifications
plus ou moins longues. Ces ramifications peuvent résulter d'un cer-
tain procédé de fabrication : polyéthylène basse densité. Pour ces Les copolymères sont des substances constituées de séquences
substances ramifiées, à la distribution en masses s'ajoute une distri- de nature chimique différente (monomère A et monomère B, exem-
bution en taux de ramification, ce qui complique l'analyse par GPC. ple polystyrène-polyisoprène). Du fait de la nature chimique diffé-
Pour cette derniére méthode, il est nécessaire de faire appel à l'éta- rente des deux monomères, ces derniers n'ont pas le même facteur
lonnage en volume hydrodynamique et de coupler à la GPC une de contraste, de plus celui-ci est fonction de l'indice de réfractation
détection viscosimétrique afin de remonter à la véritable distribu- du solvant. Cela se traduit en diffusion de la lumière par le détermi-
tion des masses moléculaires. Notons que ce problème se rencontre nation d'une masse moléculaire dite apparente fonction de l'indice
sur toute substance ramifiée : certains polydiènes par exemple [35]. du solvant. Pour obtenir la masse moléculaire correcte, une détermi-
nation de la masse moléculaire apparente dans au moins trois sol-
vants d'indice de réfractation différent est nécessaire [36].
Il est bien évident que l'analyse de la distribution des masses
moléculaires à partir de la chromatographie d'exclusion est égale-
ment compliquée du fait de ces facteurs de contraste différents dans
la mesure où la détection des concentrations est réalisée par réfrac-
tométrie différentielle.

4.4 Polymères en mélanges de solvants


et polymères hydrosolubles

4.4.1 Polymères de synthèse en mélanges


de solvants

Pour certains polymères, il est assez courant d'effectuer leur ana-


lyse en les mettant en solution dans un mélange de solvants. C'est
le cas de certains polyesters linéaires par exemple. L'utilisation des
mélanges de solvants entraîne toutefois quelques complications
d'interprétation particulièrement en diffusion de la lumière (cf article
spécialisé de ce traité). Pour obtenir la masse moléculaire exacte, il
Figure 12 – Distribution pondérale des masses moléculaires
y a lieu de déterminer le facteur de contraste (c'est-à-dire l'incre-
d'un polyéthylène linéaire
ment d'indice de réfraction pour cette méthode) après avoir effectué
un équilibre des potentiels chimiques des solvants entre la phase
ternaire et le solvant binaire, cela afin de tenir compte du phéno-
4.2 Polydiènes mène de solvatation préférentielle. Ce même phénomène compli-
que également l'analyse des résultats par les méthodes
hydrodynamiques : vitesse de sédimentation.
Dans le cas des polydiènes (élastomères) qu'ils soient de
synthèse : polyisoprène, polybutadiène ou naturels : gutta-percha,
la difficulté majeure résulte de la présence de microgels consistant

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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLÉCULAIRES

4.4.2 Polymères hydrosolubles

L'analyse des polymères hydorsolubles comme les polyélectroly-


tes ou de synthèse et les biopolymères (protéines, acides nucléi-
ques, etc.) est assez complexe et demande certaines précautions.
Ces substances ayant des goupements chargés ne peuvent être con-
sidérées comme indépendantes dans l'eau pure ou à très faible
force ionique. Il existe, en effet des interactions électrostatiques à
longue distance qui peuvent influer aussi bien sur l'intensité diffu-
sée (diffusion de la lumière) que sur la viscosité réduite
(viscosimétrie) ; de plus ces interactions varient avec la concentra-
tion de la substance. L’influence de ce effet polyélectrolyte sur les
mesures de la viscosité réduite par exemple, est ilustrée sur la
η sp
figure 13 [viscosité réduite --------- d'un polyélectrolyte en fonction de
c
sa concentration dans l'eau pure (I), à très faible force ionique :
5 x 10−4 M(II) et à force ionique moyenne : 5 x 10−2 M en NaCl (III)].

Figure 13 – Effet polyélectrolyte en viscosité :


variation de la viscosité réduite en fonction de la concentration
du polyélectrolyte pour trois teneurs en sel (NaCl)

Pour obtenir des informations corrects sur les molécules indivi-


duelles, on doit écranter ces interactions à longue distance par addi-
tion d'un sel comme NaCl (typiquement à une force ionique de 10−2
à 10−1 M). On est alors ramené, dans le cas de la diffusion de la
lumière, à un système ternaire (mesure de l'intensité diffusée et sur-
tout de l'increment d'indice de réfraction à potentiel chimique cons-
tant).
En chromatographie d'exclusion, le problème réside essentielle-
ment dans le choix du support chromatographique afin d'éviter les
interactions spécifiques entre le gel et la substance et par consé-
quent l'adsorption du biopolymère sur le gel.

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