Caractérisation Par La Détermination Des Masses Moléculaires
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CARACTÉRISATION PAR LA DÉTERMINATION DES MASSES MOLÉCULAIRES
1. Différents types Pour obtenir la condition d'équilibre d'un système contenant plus
d'une phase (deux phases par exemple), il est nécessaire que cha-
de méthodes d'analyse que espèce contenue dans les deux phases présente l'égalité des
potentiels chimiques dans ces deux phases.
Dans le cas maintenant où les deux phases sont la solution binaire
et le solvant pur, il est clair, d'après la relation (1), que le solvant de
1.1 Méthodes colligatives la phase binaire ne peut être en équilibre avec le solvant pur à tem-
pérature et pression constantes ( µ 1 ≠ µ 10 ). Cependant, l'équilibre des
potentiels chimiques peut être rétabli en modifiant soit la tempéra-
1.1.1 Principe général : propriétés colligatives ture, soit la pression, modification qui peut être calculée à l'aide des
des solutions relations (2).
Ce principe est la base des méthodes dites colligatives dont les
Le lecteur se reportera également aux références [1] [2]. principales sont l'élévation de la température d'ébullition (ébullio-
métrie), l'abaissement de la température de fusion (cryoscopie), la
Quand un soluté (substance à étudier) est mis en solution dans un
diminution de la tension de vapeur (tonométrie) et la pression
solvant donné, ce qui constitue une solution binaire, il y a modifica-
osmotique.
tion du potentiel chimique (énergie libre partielle molaire) du sol-
vant qui peut être définie en terme d'activité a1 du solvant ; on peut La thermodynamique des solutions binaires idéales permet
écrire : d'écrire la relation entre l'activité du solvant et la composition du
système binaire :
µ 1 Ð µ 10 = RT ln a 1 (1)
In a1 = In (1 − x2) (3)
avec µ1 potentiel chimique du solvant dans la solution, n2
avec x 2 = ------------------
- fraction molaire du soluté (n1 étant le nombre
µ 10 potentiel chimique du solvant pur, n 1 + n 2 de molécules du solvant et n2 le nombre de
R constante molaire des gaz (8,314 41 J/mol·K), molécules du soluté).
T température en kelvins. Si la solution est infiniment diluée (n1 ≈ n1 + n2), x2 est très faible
devant l'unité et la relation (3) s'écrit :
Le potentiel chimique dépend non seulement de la composition
de la solution, mais aussi de la température et de la pression :
ln a 1 = Ð x 2
∂ µ 1 ∂ ln a H1
avec V V (4)
---------
- = Ð S 1 ou encore ----------------1- = Ð ---------- x 2 = n 2 -----1- = c -----1-
∂ T p ∂T RT 2 V M
et (2)
∂---------
µ 1 avec V1 volume molaire partiel du solvant,
∂ p T
- = V1
V volume de la solution (volume arbitraire)
contenant n2 molécules du soluté de masse
avec H1 enthalpie molaire partielle du solvant, moléculaire M et à la concentration c exprimée
S1 entropie molaire partielle du solvant, ici en g/cm3.
V1 volume molaire partiel du solvant. Ainsi, on voit très clairement que, pour une solution idéale infini-
ment diluée, toutes les propriétés colligatives sont proportionnelles
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au nombre de moles du soluté et inversement proportionnelles à la concentration du soluté exprimée en grammes par 1 000 grammes
masse moléculaire, ce qui limitera (on peut déjà le signaler) l'utilisa- de solvant :
tion de ces méthodes colligatives au domaine des faibles masses.
∆ TF 1
----------- = K F ----- (7)
c M
1.1.2 Ébulliométrie et cryoscopie
RT F2 M 1
avec K F = ------------ · --------------- constante cryoscopique du solvant.
■ Considérons le cas de l'ébulliométrie : lorsqu'un liquide pur (sol- ∆ H 1F 1 000
vant) est à sa température d'ébullition, la pression de la vapeur est
égale à la pression atmosphérique p0. Si, maintenant, on ajoute à ce ■ Les deux constantes KE et KF sont reliées à des propriétés physi-
solvant un soluté non volatil, il y a diminution de la pression de ques propres au solvant. Le tableau 1 donne les valeurs respectives
vapeur du solvant (p < p0) d'une quantité qui est directement pro- de KF et KE pour quelques solvants intéressants.
portionnelle à l'activité du solvant : p / p0 = a1, et une augmentation On peut noter que les constantes ébullioscopiques ne dépassent
∆T de température est nécessaire pour ramener la pression de pas quelques degrés, alors que les constantes cryoscopiques sont
vapeur du solvant dans la solution à la valeur de p0. plus élevées et peuvent parfois atteindre plusieurs dizaines de
Compte tenu des relations (1) et (2), on peut écrire à l'équilibre des degrés (exemple : le camphre ou le cyclohexanol). Ainsi, on peut
potentiels chimiques du solvant dans les deux phases : penser raisonnablement que la méthode cryoscopique conduira à
des résultats plus précis (à masse du soluté identique) que l'ébullio-
d µ 1 = RT d ln a 1 Ð S 1 d T = 0 métrie.
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p1
µ 1 Ð µ 01 = RT ln ------
p 01
ou encore : (8)
p
-----1- = a 1 = x 1 = ( 1 Ð x 2 )
p 10
∆p p 01 V 1
----------1- = --------------
- (9)
c M
Si la concentration est exprimée en grammes de soluté par
1 000 grammes de solvant, on obtient :
Figure 1 – Principe de l'osmométrie à membrane
∆ p1 p 01 M 1 1
----------- = ---------------- · -----
c 1 000 M
Cette relation est à la base des méthodes dites de distillation iso- 1.1.4 Pression osmotique (osmométrie)
therme. D'autres méthodes font intervenir la variation de tempéra-
ture due au transfert osmotique du solvant pur (méthode L'osmométrie repose sur le phénomène d'osmose à travers une
thermoélectrique). Cette variation de température peut être calculée membrane semi-perméable ne laissant passer que les petites molé-
aisément à l'aide de la relation de Clapeyron-Clausius : cules (solvant), le soluté étant retenu. Considérons deux comparti-
ments A et B séparés par cette membrane semi-perméable
dp ∆ H v1 (figure 1).
------- = p ------------
dT RT 2 Lorsque A et B contiennent le solvant, les deux compartiments
sont soumis à la même pression (pression hydrostatique p0) du fait
p1 ∆ H v1 de l'égalité des potentiels chimiques µ 01 du solvant en A et B. Si
ce qui donne : ln ------ = ln a 1 = Ð ------------ ∆ T (10)
p 01 RT 2 maintenant, on met en contact la solution (compartiment B) avec le
solvant, on sait que les potentiels chimiques du solvant ne sont plus
ou encore en tenant compte de la relation (4) : identiques : µ 1 < µ 01 [cf relation (1)] et un passage de solvant s'éta-
blit du solvant pur vers la solution, ce qui crée une augmentation de
∆T RT 2- · V pression en B. À l'équilibre osmotique, c'est-à-dire à l'égalité des
------- = ----------- -----1-
c ∆ H v1 M potentiels chimiques du solvant dans les deux compartiments, la
solution est soumise à une pression p = p0 + Π supérieure à p0, la
Cette expression est identique à la relation (5) mais relative non quantité Π étant appelée pression osmotique de la solution.
plus à la température d'ébullition TE du solvant mais à la tempéra- On sait que la variation du potentiel chimique du solvant avec la
ture T de la mesure de l'abaissement de la tension de vapeur du sol-
vant. pression s'écrit : dµ 1 = V 1 d p ; ainsi, à l'équilibre osmotique, on a
Ainsi, le principe dit thermoélectrique (ou tonométrie à tension de la relation :
vapeur) revient à déterminer la variation ∆T résultant de la variation
dµ 1 = RT d ln a 1 + V 1 d p = 0
de la tension de vapeur.
En pratique (cf § 3.1.1), la variation ∆T est décelée à l'aide de d'où :
thermistances : à ∆T correspond une variation ∆R de résistance des
thermistances : RT ln a 1 = Ð V 1 ( p Ð p 0 ) = Ð V 1 Π (11)
∆R = k ∆T En introduisant la relation (4), on obtient finalement :
avec k coefficient caractéristique des thermistances.
Π RT
Dans ces conditions, la relation entre la masse moléculaire du ---- = -------- (12)
soluté M et la grandeur physique mesurée ∆R liée à l'abaissement c M
de tension de vapeur s'écrit : qui est la relation classique de l'osmométrie pour les solutions idéa-
les. Notons que, si la membrane est également perméable à quel-
∆R 1 ques molécules de soluté, cela a pour effet de donner une pression
-------- = K -----
c M osmotique apparente plus faible, d'où une surestimation de la
masse moléculaire.
avec RT 2- V
K = k ----------- (avec c exprimée en grammes de soluté
1
∆ H v1 par cm3 de solvant)
1.1.5 Cas des solutions non idéales
M1
RT 2- · ---------------
ou encore K = k ----------- (avec c exprimée en grammes de
∆ H 1 1 000
v
soluté par 1 000 grammes de sol- Les différentes relations (6), (7), (9) et (12) entre les propriétés col-
vant). ligatives et la masse moléculaire ont été établies dans le cas des
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V
ln a 1 = Ð x 2 = Ð ϕ 2 -----1-
V2
∫
conduira à la détermination des interactions thermodynamiques, 1
mais ce point ne fait pas l'objet de cet article [2, 22] . x c dx = --- c 0 ( r f2 Ð r m
2 )
rm 2
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1.3 Méthodes particulières Si l'on considère cette substance S constituée de N éléments dif-
fusants identiques (dipôle de polarisabilité α, électron ou noyau),
l'amplitude du rayonnement diffusé par le i e élément situé à une dis-
Il existe également quelques autres méthodes particulières per- tance ri d'un point O arbitraire, pris comme origine, est donnée par
mettant la détermination de la masse moléculaire, mais cela soit la relation générale :
dans des domaines de masse bien restreints, soit dans des condi- N
∑ ai exp ( i q · ri )
tions particulières et nous ne les citerons que pour mémoire.
E′ (q) = (17)
■ Microscopie électronique
Cette méthode consiste à déterminer les dimensions de la parti- où ai est proportionnel au facteur diffusant (polarisabilité αi , densité
cule à partir des clichés microscopiques : soit la longueur pour les électronique ρi ou longueur de diffusion électronique bi ). Le para-
particules étirées dont on connaît la masse par unité de longueur
(exemple des acides nucléiques), soit le diamètre (donc le volume) mètre q est appelé vecteur de diffusion (figure 3). Il est défini par
des particules compactes et sphériques dont on connaît le volume
spécifique (virus ou aérosol). Cette méthode ne sera utilisable que q = k ′ Ð k et a pour module :
pour des molécules de masse élevée (> 106) (cf article spécialisé du
traité Électronique). 4π θ
q = ------- sin --- (18)
λ 2
■ Spectrométrie de masse
La spectrométrie de masse permet la production des ions à partir avec λ longueur d'onde du rayonnement incident dans
de la substance à étudier et les sépare en fonction du rapport masse/ le milieu.
charge grâce à des variations appropriées du champ électrique et du Les valeurs de q en relation avec la longueur d'onde seront très
champ magnétique (cf article spécialisé de ce traité). Si cette techni- différentes suivant les méthodes de rayonnement, comme on peut
que permet la détermination précise des petites molécules (nombre le voir sur la figure 4 (les valeurs de q sont déterminées suivant les
d'atomes très restreint), elle sera surtout utilisée comme moyen de possibilités maximales de l'observation aux petits angles).
séparation et d'identification.
■ Analyse chimique (dosage des extrémités) Il est à remarquer que, suivant les méthodes, on pourra ren-
L'analyse chimique permet en principe de déterminer le nombre contrer des notations différentes pour le vecteur d'onde q :
de molécules contenues dans un volume unitaire en effectuant le
dosage des extrémités de la molécule comportant une fonction faci-
h avec h = ( 4π / λ ) sin θ / 2 en diffusion de la lumière,
lement dosable. Il s'agira ici d'une masse en nombre (cf § 2.3.1). Le
domaine d'application de l'analyse est aussi très restreint :
M < 2 000. q avec q = ( 4π / λ ) sin θ / 2 en diffusion des neutrons
avec r ij = r i Ð r j
ou encore :
N N
Figure 3 – Définition du vecteur de diffusion q I ( q ) = a 2 〈 ∑ ∑ cos ( qr ij cos ϕ ij ) 〉 (20)
i j
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En notant que l'intensité à angle nul est I (0) = N 2 a 2 et en effec- 1.4.2.2 Système non idéal. Diagramme de Zimm
tuant la moyenne sur toutes les configurations éventuelles, la rela-
Dans le cas des systèmes non idéaux, on ne peut plus considérer
tion (19) s'écrit :
les molécules indépendantes ; l'effet de concentration est évalué à
I (q) = I (0) P (q) = N 2 a 2 P (q) (21) partir de la théorie des fluctuations en concentration (théorie d'Eins-
tein) qui peuvent être reliées à la pression osmotique Π de la
N N
sin qr ij solution :
1
avec P ( q ) = -------
N2
∑ ∑ ------------------
dite fonction de Debye qui tend
qr
vers 1 quand θ → 0 . 2π 2 d n 2 kT
R ( θ ) = --------- n 02 ------- -----------------
i j ij
Un développement limité de P (q) pour les faibles valeurs de q λ0 4 d c ∂ Π ⁄ ∂c
conduit alors à la relation :
avec k constante de Boltzmann.
q 2 R G2 En tenant compte de l'expression du développement de la pres-
I ( q ) = I ( 0 ) 1 Ð -------------- +.... (22) sion osmotique :
3
Π = RTc ----- + 2 A 2 c + . . .
1
avec RG rayon de giration de la particule M
N N
1 où A2 est le second coefficient du viriel, l'équation (23) est modifiée
par définition, R G
2 = ----------
2 N2
- ∑ ∑ r ij2 et s'écrit :
i j
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est équivalent à :
taire par le soluté à une concentration c c = -------- M déduite de la
n
NA
4π 2 S 2 R G 2
exp Ð -------------------------- relation générale s'écrit :
3
de sorte que l'équation (25) peut se mettre sous la forme suivante : I (q) = A* n N 2 P (q) (28)
avec A* constante dépendant de l'intensité de la source,
4π 2 S 2 R G 2
I ( S ) = M exp Ð ------------------------- (26) du facteur de contraste et de la masse
3 moléculaire,
I (S) étant une valeur normée de I (θ) de sorte qu'une reproduction n nombre de particules par volume unitaire.
de ln I (S) en fonction de sin2 θ (θ étant le demi-angle d'observation) Dans le domaine des faibles valeurs de q et en normant I (q), on
conduit à une variation linéaire (représentation de Guinier), la valeur peut écrire :
de ln I (S) à l'origine permettant d'obtenir la masse moléculaire de la
KN c RG 2
- = -------------------- = ----- 1 + q 2 -------- + . . .
particule dans la mesure où les intensités diffusées sont obtenues 1 1
----------- (29)
en valeur absolue. Comme pour la diffusion de la lumière, l'effet de I (q) M P (q) M 3
concentration (étude d'une particule isolée) est éliminé par extrapo-
lation à c → 0 des valeurs de In I (0) ou de c / I (0) obtenues à θ → 0 NA
pour plusieurs concentrations. avec K N = K --------
m2
V1 2
où K = b 1 Ð b 2 ------ est appelé contraste neutronique
1.4.4 Diffusion des neutrons V 2
Le lecteur se reportera également à l'article [37] des Techniques b1, V1 et b2, V2 étant respectivement la longueur de diffusion
de l'Ingénieur et aux références [10, 11]. cohérente et le volume molaire de l'élément constituant la
particule de solvant et de soluté.
1.4.4.1 Diffusion cohérente et diffusion incohérente Dans le cas des solutions non idéales, il y a lieu de tenir compte de
l'effet de concentration d'une manière tout à fait analogue à la diffu-
Considérons de nouveau la relation fondamentale (19) donnant sion de la lumière, de sorte que l'équation peut s'écrire sous la
l'intensité diffusée par une particule constituée de N objets diffu- forme classique de Zimm :
sants (N noyaux identiques) ; le pouvoir de diffusion résulte d'un
paramètre appelé longueur de diffusion neutronique qui dépend de KN c 1
l'isotope et de l'état de spin du noyau considéré. Les calculs de - = -------------------- + 2 A 2 c + . . .
----------- (30)
I (q) M P (q)
l'intensité diffusée vont ainsi faire intervenir les moyennes de ces
longueurs sur les isotopes et les états du spin des noyaux. Pour cha- On remarque la similitude entre cette dernière relation et la rela-
que élément (hydrogène, carbone par exemple) on aura une lon- tion obtenue par diffusion de la lumière [relation (24)]. Ainsi, la
gueur moyenne b appelée longueur de diffusion cohérente et son détermination de la masse moléculaire M se fera à partir d'un dia-
écart quadratique moyen exprimé comme le carré d'une longueur gramme similaire au diagramme de Zimm.
de diffusion dite incohérente :
2
b inc = b2 Ð ( b )2
1.5 Méthodes indirectes
Compte tenu de ces considérations, la relation (19) présente un
terme supplémentaire et s'écrit :
En plus des méthodes absolues de détermination de la masse
N N
moléculaire : méthodes colligatives et méthodes de la diffusion du
I ( q ) = A b 2 ∑ ∑ exp ( i q · r ij ) + Nb inc
2
(27) rayonnement à angle nul, il existe des méthodes de détermination
i j de la masse moléculaire qui sont liées directement (viscosité, sédi-
mentation, etc.) ou indirectement (chromatographie) aux propriétés
avec A constante expérimentale (analogue à k‘ des RX, c'est-à-dire hydrodynamiques de la particule en solution. Ces propriétés dépen-
dépendant de l'intensité du faisceau et de la géométrie du faisceau dent à la fois de la masse moléculaire et des dimensions de la parti-
diffusé). cule. Ces méthodes sont dites indirectes puisqu'elles font appel soit
Le premier terme (contribution cohérente) qui dépend du vecteur à un étalonnage préalable, soit à une combinaison de deux métho-
des.
q (interférence entre noyaux) est tout à fait semblable aux relations
générales établies en diffusion de la lumière ou des RX ; c'est ce
terme qui sera considéré ici. Le second terme (contribution incohé- 1.5.1 Méthodes hydrodynamiques
rente) conduit à une diffusion isotrope (indépendante de l'angle θ) et
n'intervient finalement que comme un bruit de fond qu'il conviendra
1.5.1.1 Viscosité
de soustraire de l'intensité totale. Pour certains éléments (hydro-
gène par exemple), cette diffusion incohérente chiffrée en terme de Le lecteur se reportera utilement à l'article [41] des Techniques de
section efficace σ inc = 4π b inc
2 peut devenir importante (cf § 3.3.2). l'Ingénieur.
■ Principe de la méthode : la viscosité η d'un fluide peut être définie
1.4.4.2 Relation générale de la diffusion des neutrons par un par la force f nécessaire pour déplacer l'une par rapport à l'autre
soluté en solution deux couches du fluide ayant une surface donnée S :
Soit une particule constituée par un ensemble de N éléments dv
(monomères ou groupe d'atomes) identiques et caractérisés par f = η S ------- (31)
dz
une longueur de diffusion cohérente b1 et une masse moléculaire m
(M = Nm). L'intensité cohérente diffusée ramenée au volume uni- À l'origine des z, la surface peut être fixe (paroi d'un tube)
(figure 5). Si le gradient de vitesse dv /d z est constant, le fluide est
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dit laminaire et si la viscosité η est indépendante de ce gradient de ■ Viscosité des solutions : relation avec la masse moléculaire M :
vitesse, le fluide (ou écoulement) est dit newtonien (non newtonien dans le cas d'une solution (le soluté étant additionné au solvant à
dans le cas contraire). une concentration donnée c), on peut définir plusieurs types de vis-
cosité et plus particulièrement :
ηÐη
— la viscosité spécifique η sp = ---------------0
η0
η Ð η0
[ η ] = --------------- (33)
η c c → 0
■ Mesure de la viscosité : si l'écoulement se fait dans un tube de 0
diamètre relativement faible (< 1 mm) : tube capillaire, l'écoulement
L'effet de la concentration sur la viscosité de la solution est donné
obéit généralement à la loi de Poiseuille :
par la relation :
πP
Q = ------------- r 04 (32) η sp
8η, -------- = [ η ] + k ′ [ η ] 2 c + . . . (34)
c
avec , longueur du tube,
avec k‘ constante dépendante du système soluté-solvant
P pression agissant sur le fluide, (constante dite de Huggins).
Q débit, La viscosité intrinsèque, qui a les dimensions de l'inverse d'une
r0 rayon du tube. concentration, est fonction à la fois de la masse moléculaire M et
Cette relation est obtenue en considérant la balance des forces en des dimensions de la particule en solution.
présence, agissant sur une couronne de fluide compris entre une Pour une sphère pleine, on a par exemple :
distance r et r + dr à partir du centre du capillaire (figure 6). On
obtient ainsi la viscosité du fluide en mesurant le débit ou plutôt le V
[ η ] = 2 ,5 ----- (formule d'Einstein)
temps nécessaire pour l'écoulement d'un volume donné du fluide. M
Signalons aussi l'écoulement de Couette obtenu à l'aide de deux
cylindres coaxiaux, l'un fixe, l'autre soumis à un couple Γ donné ; la avec V volume de la sphère.
viscosité du fluide placé entre ces deux cylindres est alors détermi- Pour un ellipsoïde de rapport d'axes p, la relation d'Einstein est
née par la mesure de la vitesse ω du cylindre mobile. Avec ce sys- modifiée :
tème, il est aisé de modifier le gradient de vitesse en agissant sur le
couple d'entraînement Γ, par conséquent cette technique sera tout à V
[ η ] = ----- λ ( p )
fait appropriée pour les écoulements non newtoniens. M
où les valeurs λ (p ) du facteur de correction fonction de l'anisotropie
de forme p ont été tabulées suivant p.
Enfin, dans le cas de molécules en chaîne (modèle se retrouvant
pour la plupart des polymères), on assimile cette dernière à une
sphère équivalente imperméable au solvant et ayant pour rayon le
rayon de giration RG de la molécule :
( R G2 ) 3 / 2
[ η ] = Φ′ -------------------- (35)
M
avec Φ' = Φ 63/2 qui est la constante de Flory.
D'une manière générale, les dimensions étant elles-mêmes
reliées à la masse moléculaire, on peut définir une relation entre [η]
et la masse moléculaire :
[ η ] = K Ma (36)
avec K et a paramètres spécifiques au couple soluté-solvant.
Ainsi, la détermination de M demande la connaissance du couple
de paramètres K et a. Ceux-ci peuvent être obtenus par un étalon-
nage dit loi de viscosité de Mark-Houwink en mesurant la viscosité
spécifique d'échantillons standards isomoléculaires d'une série
homologue dont les masses moléculaires ont été préalablement
Figure 6 – Représentation d'un écoulement en tube capillaire
déterminées par une des méthodes directes.
Notons que ces valeurs de K et a (pour les polymères) sont
connues pour un grand nombre de systèmes soluté-solvant [12].
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P
avec une valeur de -------------- = 4 × 10 Ð 7
Φ′ 1 / 3
Si l'on veut maintenant déterminer la masse moléculaire en ne
disposant que d'une méthode (s0 ou D0), il est nécessaire de faire
Figure 7 – Principe de la vitesse de sédimentation appel, comme pour [η], à un étalonnage préalable. Comme le coef-
ficient de frottement pour une série homologue (substances de
même nature chimique et de même conformation) est fonction de la
masse moléculaire suivant une relation de la forme :
La quantité :
f = Kf M ν
1 dx
s = ---------- -------
ω2 x d t avec ν compris entre 0,5 pour une solution idéale et 0,6
pour les molécules en chaîne,
est appelée constante de sédimentation exprimée en unité Sved-
berg (1 S = 10− 13 s) ; on peut alors écrire, en faisant intervenir la on peut définir des relations du même type déduites directement
masse moléculaire M (M = mNA) : des relations (38) et (39) :
D 0 = K f′ M Ð ν
M ( 1 Ð V ρ0 )
s = -------------------------------- (38)
NA f s 0 = K f″ M ν ′
Le coefficient de friction (ou frottement) dépend des dimensions avec ν’ = 1-ν
de la particule (f = 6 π η a pour une sphère compacte de rayon a par
exemple), il peut être relié quelle que soit la forme de la particule au Comme pour la viscosité intrinsèque [η] = KMa , les valeurs des
coefficient de diffusion de translation D : couples ( K f′ , ν ) et ( K f″ , ν ′ ) sont obtenues en déterminant, pour une
série d'échantillons isomoléculaires de masse moléculaire parfaite-
kT ment connue, les constantes hydrodynamiques correspondantes D0
D = ------- (39)
et s0.
f
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tant, d'où un volume d'élution plus grand. Pour rendre compte de 2.1.2 Séparation par chromatographie
cette séparation en dimensions, il a été proposé un étalonnage fai-
sant intervenir le volume hydrodynamique représenté par la quan- Une autre méthode de purification ou de séparation de la sub-
tité [η] M [cf relation (35)]. Ainsi, la courbe d'étalonnage obtenue en stance consiste à effectuer une chromatographie liquide sur colonne
portant ln [η] M en fonction de Ve sera indépendante de la nature adsorbante : gel de silice non poreuse et active, gel d'alumine. Pour
chimique de l'échantillon et de sa forme ou de sa structure. ces méthodes de purification, le lecteur pourra se reporter à la réfé-
Néanmoins, la détermination de la masse moléculaire ne sera rence [17].
possible que si la viscosité [η] de l'échantillon à analyser est On pourra également utiliser la chromatographie d'exclusion
connue ; cet étalonnage dit étalonnage universel demande donc en pour isoler une substance de masse M1 bien définie (fractionnement
sortie de colonne un dispositif viscosimétrique (capillaire, mesure sur colonne). Pour obtenir la substance ainsi isolée en quantité suf-
de la perte de charge par capteur de pression, etc.). fisante, on effectuera l'opération sur des colonnes semi-préparati-
ves.
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avec ∑ni = n et ∑ci = c Pour ces méthodes, la grandeur expérimentale est proportion-
nelle à la masse moléculaire. Pour la fraction i de masse Mi à la
concentration ci , on a :
Ii = k’ ci Mi
et pour la totalité de la substance ( c = ∑ ci ) :
I = k′ c M = ∑ Ii = k ′ ∑ ci Mi
on a donc :
∑ ci M-i = M
M = ------------------- (47)
∑ ci p
c ci ∑ c0 i Mi 2 RT ∑ ( c fi Ð c mi )
Π = RT ----- = ∑ Πi = RT ∑ ------
- (46) ----------------------
- = ----------------------------------------------------------------------------
-
M i M i i ∑ c0 i ( 1 Ð V ρ 0 ) ω 2 ( r f2 Ð r m 2 )
∑ c0 i (48)
2 RT ( c f Ð c m )
- = Mp
= -------------------------------------------------------------------
( 1 Ð V ρ 0 ) ω 2 c 0 ( r f2 Ð r m 2 )
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∂∆ n 1 ∂ ci
------------ = ∑ ---c- --------
∂x i ∂x
∑ c 0 i M i2
-----------------------
- = Mz
∑ c0 i Mi
--1- · ∂------n- Ð 1 ∂n
--- · -------
(49)
RT x ∂ x f x ∂ x m
= ---------------------------------- -----------------------------------------------------
( 1 Ð V ρ0 ) ω 2 ( ∆ n )f Ð ( ∆ n )m
1 ∂c 1 ∂c
--- ------- Ð --- -------
RT x ∂ x f x ∂ x m
M z = ---------------------------------- --------------------------------------------------
( 1 Ð V ρ0 ) ω 2 cf Ð cm Figure 10 – Courbes de distribution des masses moléculaires
rieur à z : z + 1, etc., mais avec une précision plus faible. grale de distribution est normée.
C'est surtout la courbe intégrale de distribution pondérale qui est
utilisée dans la pratique. Une telle courbe est représentée sur la
2.3.2 Relation entre moyennes et courbes figure 10 b ; cette courbe donne le pourcentage ou la proportion (de
de distribution 0 à 1) en masse de substance wi de molécules dont les masses molé-
culaires sont inférieures ou égales à Mi. La courbe intégrale de dis-
2.3.2.1 Caractérisation de l'hétérogénéité tribution pondérale est obtenue expérimentalement en réalisant des
Pour caractériser parfaitement l'hétérogénéité en masse d'une fractions aussi étroites que possible (pour les méthodes de fraction-
substance, il est nécessaire de connaître la courbe de distribution nement, cf article [40] dans le traité Plastiques et Composites), puis
des masses moléculaires. Elle peut être obtenue en portant en fonc- en déterminant par mesure directe (diffusion de la lumière, par
tion de la masse Mi de l'espèce i (ou de la fraction i contenant les exemple) la masse moléculaire de ces fractions. Notons que
molécules de masse Mi + dM) : certaines méthodes comme la chromatographie d'exclusion
(§ 3.4.2) conduisent à une détermination pratiquement directe et
— soit la fraction en nombre : ν i = n i ⁄ ∑ ni on obtient alors la très rapide de ces courbes de distribution.
distribution dite numérale ; Relation entre moyennes des masses moléculaires et fonction de
distribution : à partir de la fonction de distribution soit numérale,
— soit la fraction en poids : w i = m i ⁄ ∑ mi (avec mi = ni Mi), ce soit pondérale, on peut établir directement les différentes moyennes
qui conduit à la distribution dite pondérale.
Ces deux types de distribution sont montrés sur la figure 10.
Cependant, on préfère déterminer la courbe intégrale de distribu-
tion qui est généralement normalisée
— soit à partir de la fonction de distribution numérale :
Mi
∫ 0
g ( M )d M
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0
∫ g(M) M dM
∫ 0
f (M) dM
échantillons polymoléculaires) soit à partir des méthodes dérivées
de la loi de Raoult : ébullioscopie, cryoscopie et tonométrie ou dis-
tillation isotherme, soit à partir de la pression osmotique : osmomé-
∞ ∞
∫ ∫ f ( M ) M2 d M
g ( M ) M3 d M trie (cf § 2.3.1.1). Les méthodes sont directement reliées à la
variation du potentiel chimique du solvant (ou à son activité) lors-
0
M z = ------------------------------------------- 0
- = ------------------------------------------- que le soluté est ajouté à faible concentration.
∞ ∞
∫ ∫
g ( M ) M2 d M f (M) M dM ■ Les deux premières méthodes cryoscopie et ébullioscopie ont
0 0 pour principe la détermination respectivement de l'abaissement de
la température de congélation (ou de fusion) ∆TF et de l'augmenta-
avec la relation générale : tion de la température d'ébullition ∆TE du solvant contenu dans la
solution diluée : on a donc pour les solutions idéales :
Mn < Mp < Mz , etc.
c
Si Mn = Mp = Mz = ..., la substance est dite isomoléculaire : ∆ T F = K F -----
l'échantillon est constitué de molécules ayant toutes la même M
masse moléculaire. et
Dans le cas particulier où Mn, Mp, Mz sont dans le rapport 1, 2 et
3, la distribution est appelée distribution la plus probable. c
∆ T E = K E -----
Notion d'indice de plurimolécularité : l'hétérogénéité de la sub- M
stance peut être également caractérisée par le rapport Mp / Mn, les
avec KF et KE constantes relatives au solvant faisant intervenir res-
masses moléculaires étant obtenues soit par les méthodes directes
pectivement l'enthalpie de fusion et de vaporisation. On peut trou-
(osmométrie, diffusion de la lumière), soit par les méthodes indirec-
ver ces constantes dans les tables. En fait, si la solution n'est pas
tes (chromatographie d'exclusion, équilibre ou vitesse de sédimen-
idéale, il est nécessaire d'extrapoler à concentration nulle le rapport
tation).
∆T / c.
Cet indice de polymolécularité (égal à 1 pour les échantillons
Nous ne donnerons pas ici de description des dispositifs expéri-
isomoléculaires : cas idéal) peut atteindre des valeurs élevées : 10
mentaux pour la détermination des variations ∆TE et ∆TF qui sont
à 30.
d'une manière générale assez complexes.
2.3.2.2 Masse moléculaire viscosimétrique ■ La troisième méthode, ou tonométrie, est plus délicate à mettre
en œuvre. Elle consiste à mesurer l'abaissement de tension de
La détermination de la viscosité intrinsèque [η] est une méthode vapeur ∆p1 du solvant dans la solution diluée :
rapide pour caractériser la substance dans la mesure où l'on connaît
sa loi de viscosité [relation (36)]. Si l'échantillon est polymoléculaire, ∆ p 1
--------- 1
on peut écrire pour la viscosité spécifique de la substance : - = V 1 p 10 -----
c c → 0 M
η sp = K ∑ ci Mia avec p 10 tension de vapeur du solvant pur,
ou encore : V1 volume molaire partiel du solvant pur.
La méthode classique dite de distillation isotherme a des applica-
η sp
----------
-
∑ ci Mia
= K --------------------- = [ η ] = K M a
tions limitées et on lui préfère une méthode plus précise dite ther-
moélectrique. Cette méthode consiste à disposer une goutte de
c
∑ i c→0 ∑ ci solvant et une goutte de solution sur deux thermistances dans une
enceinte saturée en vapeur de solvant. Le transfert osmotique du
d'où : solvant pur entraîne une différence de température entre les deux
gouttes par suite de l'enthalpie de vaporisation du solvant. Cet écart
de température qui est directement lié à ∆p1 donc à M− 1 est mesuré
∑ ci Mia
M = M v = ---------------------
1⁄a ∑ ni Mi1 + a
= -----------------------------
1⁄a
(51) à l'aide des thermistances (cette méthode est également appelée
∑ ci ∑ ni Mi osmométrie de tension de vapeur). Certains appareils
commerciaux : tonométrie Knauer ou Hewlett Packard fonctionnent
Cette valeur moyenne dite moyenne viscosimétrique est fonction sur ce principe ; la méthode demande toutefois un calibrage à l'aide
de l'exposant a de la loi de viscosité ; la masse Mv peut être soit infé- de substances très pures et de masse bien connue (exemple : naph-
rieure, soit supérieure à Mp suivant les valeurs de l'exposant a. Dans talène, cholestérol ou encore tristéarate de glycérol).
le cas particulier où a = 1, il y a identité entre Mv et Mp. ■ Des différentes méthodes colligatives, l'osmométrie (ou mesure
de pression osmotique) est la plus employée surtout dans le
domaine des composés macromoléculaires. Cette méthode est fon-
dée sur le phénomène d'osmose à travers une membrane semi-
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perméable : perméable aux seules molécules de solvant et imper- d'une substance par une méthode directe quand la masse molécu-
méable à toute molécule de soluté en principe. Si le solvant et la laire est supérieure à 500 000. Dans le domaine des faibles masses,
solution sont en contact par l'intermédiaire d'une telle membrane, le l'osmométrie présente une limitation liée aux propriétés des
système n'est pas en équilibre thermodynamique et du fait de la dif- membranes : pour des masses inférieures à 15 000 ou 20 000 (sui-
férence du potentiel chimique du solvant dans les deux comparti- vant le type de membranes et le solvant), il y a diffusion des molé-
ments, il y a passage du solvant vers le compartiment soluté. À cules à travers la membrane qui ne contribueront plus à la pression
l'équilibre, il y a ainsi une pression hydrostatique ∆p qui compense osmotique (Π sous-estimé).
exactement la pression osmotique Π de diffusion du solvant à tra-
vers la membrane. Cette pression Π est facilement mesurable soit
par la méthode dite statique : mesure de Π à l'équilibre hydrostati- Précaution : il est nécessaire d'effectuer la mesure sur un
que (osmomètres à capillaires), soit par la méthode dite dynamique. échantillon préalablement purifié, la présence d'impuretés de
Pour éviter l'attente de l'équilibre qui peut être parfois longue, il est faibles masses (additifs, stabilisant, etc.) pouvant avoir une
préférable de détecter instantanément la pression osmotique et de influence non négligeable sur la grandeur physique mesurée.
la compenser par une dépression qui s'oppose ainsi au flux du sol-
vant à travers la membrane. Dans ces conditions, la contre-pression
directement égale à la pression osmotique est obtenue après des
temps relativement courts. Comme osmomètre dynamique, on peut 3.2 Ultracentrifugation
citer Knauer. Le lecteur peut se référer à [20, 21] pour la description
d'un dispositif expérimental.
Dans son principe (cf § 1.2), la méthode d'équilibre de sédimenta-
tion permet la détermination de la masse moyenne en poids avec
3.1.2 Domaine de masse, précision et limitation une bonne précision et accède également aux différentes autres
moyennes (masse moyenne en nombre et masses d'ordre
La grandeur physique mesurée (∆T, ∆p1 ou Π) étant inversement supérieur : z ou même z + 1), mais l'interprétation des diagrammes
proportionnelle à la masse moléculaire M (Mn pour les systèmes d'équilibre est délicate et conduit à des résultats peu précis. Le
polymoléculaires), ces méthodes colligatives seront surtout vala- domaine de masse étudiée peut aller des petites molécules (glu-
bles dans le domaine des faibles masses. La limite supérieure cose) aux molécules dépassant 106 (virus par exemple) puisque le
atteinte dépendra non seulement de la sensibilité des moyens de dispositif expérimental permet de disposer de toute une gamme de
détection, mais aussi de la méthode utilisée. Le tableau 2 permet de vitesses de rotation. Il est à noter toutefois que le domaine idéal se
préciser le domaine de masse accessible. situe entre 10 000 et 200 000 et que la méthode a surtout été utilisée
pour les biopolymères (ribonucléase), car elle demande des quanti-
Les deux premières méthodes (ébulliométrie et cryoscopie) ne tés de substances très faibles. Cependant, les inconvénients sont au
sont vraiment valables que dans un domaine restreint de masse nombre de deux :
moléculaire : < 10 000 avec une précision de 2 à 5 % dans le
domaine intermédiaire de masse (500 à 5 000) et de l'ordre de 10 % — la durée de l'expérience est longue puisque, dans certains cas,
pour les masses moléculaires comprises entre 5 000 et 10 000. On l'équilibre diffusion-sédimentation peut être atteint seulement après
peut espérer atteindre des masses moléculaires plus élevées (de plusieurs jours ;
15 000 à 20 000) en utilisant la tonométrie fondée sur une méthode — la relation (16) a été établie dans le cas des solutions idéales ou
thermoélectrique de haute précision ; la précision peut être estimée proches de l'idéalité (conditions thêta pour les solutions de macro-
de l'ordre de 1 à 2 % pour des masses entre 1 000 et 5 000 et de 10 % molécules), ce qui n'est généralement pas le cas et l'on obtient une
pour les masses plus élevées. masse moléculaire apparente :
1
M app = ----------------------------------------- (52)
1
----- + 2 A 2 c + . . .
Tableau 2 – Relations entre propriétés colligatives M
et masse moléculaire (1) Ainsi, afin d'éliminer les effets de concentration, il est préconisé
d'effectuer plusieurs mesures à différentes concentrations puis
∆TF ∆TE ∆p1 Π d'extrapoler Mapp à c → 0, ce qui augmente considérablement le
Masse
(cm de temps de la mesure. Pour diminuer le temps de la mesure, il a été
moléculaire (˚C) (˚C) (mm Hg)(2) solvant) proposé d'effectuer les mesures après deux ou trois heures seule-
1 000 5,8 x 10−2 3,1 x 10−2 8,9 x 10−2 280 ment de rotation en étudiant le profil des concentrations au voisi-
nage du ménisque et du fond et d'extrapoler pour le ménisque et le
2 000 2,9 x 10−2 1,55 x 10−2 4,45 x 10−2 140 fond : méthode d'Archibald [3].
10 000 5,8 x 10−3 3,1 x 10−3 8,9 x 10−3 28
100 000 5,8 x 10−4 3,1 x 10−4 8,9 x 10−4 2,8
(1) Valeurs des grandeurs physiques détectées par les méthodes colligati-
3.3 Méthodes de rayonnement à angle nul
ves (∆TF : cryométrie, ∆TE : ébulliométrie, ∆p1 : tonométrie et Π : pres-
sion osmotique) suivant la masse moléculaire du soluté (solvant
benzène, concentration 10 g/L). 3.3.1 Domaine de masse
(2) 1 mm Hg = 133,322 4 Pa.
La détermination de la masse moléculaire M (qui sera la moyenne
en poids Mp dans le cas d'un échantillon polymoléculaire) consiste
à extrapoler à angle nul et pour plusieurs solutions à concentration
Par contre, comme l'indique le tableau 2 l'osmométrie est une
différente le rapport Kc / I de la relation générale :
méthode tout à fait adaptée pour les masses moléculaires plus
élevées : entre 20 000 et 300 000 avec une précision de 2 à 5 % dans Kc 1
ce domaine de masses moléculaires. Pour des masses moléculaires ------------ = -------------------- + 2 A 2 c + . . .
I (q) M P (q)
plus élevées, la pression osmotique devient très faible et difficile-
ment détectable, d'où une précision insuffisante. Ainsi, il est prati-
quement impossible de déterminer la masse moyenne en nombre
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dynamique de la particule, c'est-à-dire le produit [η] M [défini par la — précision de l'étalonnage dans le domaine des grandes mas-
relation (35)], d'où un étalonnage de la forme : ses.
ln [ η ] M = a ′ V e + b ′ (57) Une précision de l'ordre de 5 à 10 % peut être espérée sur Mp , la
précision peut être moindre pour Mn (environ 15 % suivant l'allure
Cette calibration universelle est facilement réalisée à partir des du chromatogramme). Enfin, dans le cas de l'indice de polymolécu-
mêmes standards PS dont il faut connaître la masse moléculaire et larité Mp / Mn, il est parfois nécessaire de corriger les résultats de la
la viscosité intrinsèque [η]. Pour un échantillon inconnu x, on peut dispersion axiale : élargissement du chromatogramme dû au phé-
écrire pour tout volume d'élution V ei l'égalité : nomène de diffusion des molécules dans les colonnes (voir par
exemple [33]).
( [ η ] M ) Vx ei = ( [ η ] M ) VPSei (58)
Remarque : la technique de GPC s'est développée par l'utili-
Ainsi, si la viscosité [η]i de la fraction de volume V ei est mesurée
sation d'un détecteur de masse comme la diffusion de la lumière
en sortie de colonne (après le détecteur de concentration) par capil-
(détermination de l'intensité diffusée aux petits angles par
laire ou capteur de pression, il est possible de remonter pour toute
l'éluat). Ce couplage en ligne GPC-diffusion de la lumière ne
fraction à la masse moléculaire Mi et par conséquent à la courbe de
nécessite plus d'étalonnage préalable des colonnes et supprime
distribution et aux différentes moyennes (pour l'exploitation des
l'éventuelle correction de la dispersion axiale [34].
chromatogrammes à partir de l'étalonnage universel, voir par exem-
ple [32].
Si un dispositif viscosimétrique n'est pas disponible, il est possi-
ble de calculer la courbe d'étalonnage en masse moléculaire : 3.5 Possibilités des principales méthodes
ln M = a Ve + b
pour l'échantillon x dans la mesure où l'on connaît sa loi de viscosité La figure 11 résume les possibilités des principales méthodes de
et la loi de viscosité des étalons standards (polystyrène). À partir de détermination de la (ou des) masse(s) moléculaire(s). Certaines de
la relation (58) et des deux lois de viscosité, on peut écrire : ces méthodes peuvent être directes et conduire à des masses molé-
culaires de moyennes différentes, d'autres sont indirectes (nécessité
1 + a PS 1 K PS d'une loi d'étalonnage, couplage de deux de ces méthodes entre
ln M x = ------------------- ln M PS + --------------- ln ---------- (59)
1 + ax 1 + ax Kx elles), quelques-unes, enfin, permettent l'établissement de la distri-
bution des masses moléculaires et par conséquent le calcul de
l'ensemble des masses moléculaires moyennes (moyenne en nom-
3.4.2.2 Domaine de masse bre, poids, d'ordre 3, etc.). Deux facteurs importants sont précisés
Le domaine de masse accessible par GPC est essentiellement dans ce tableau : domaine des masses valablement accessibles et
fonction des caractéristiques du jeu de colonnes et plus spéciale- difficultés ou inconvénients majeurs.
ment du choix des porosités du support. L'utilisation d'un jeu de En conclusion, pour avoir un ordre de grandeur de la masse molé-
colonnes contenant des gels de différentes porosités allant de 5 à culaire d'une manière rapide, une seule mesure de la viscosité [η]
105 nm permet une bonne séparation des molécules dans un large suffit dans la mesure où la loi de viscosité est connue (cette
domaine de masse : 500 à 107. Toutefois, la séparation risque d'être méthode est évidemment exclue pour les composés bien définis et
peu efficace dans le domaine des très grandes masses. de bas poids moléculaire). L'utilisation de deux méthodes directes,
Le tableau 5 donne les domaines de masses où il y a une bonne l'une colligative (osmométrie par exemple), l'autre fondée sur la dif-
efficacité en fonction de la porosité du gel. fusion du rayonnement (diffusion de la lumière) permet d'obtenir
Mn et Mp et par conséquent l'indice de polymolécularité, ce qui
donne une idée de l'hétérogénéité de l'échantillon. La détermination
précise de l'hétérogénéité est réalisée très rapidement par chroma-
Tableau 5 – Relation entre domaine de masse moléculaire tographie d'exclusion, mais elle est liée à un étalonnage préalable.
(soluté) et caractéristiques du gel (diamètre des pores) Enfin, de l'addition de ces différentes méthodes, il résulte une carac-
térisation complète de la substance.
Diamètre des pores Domaine de masse moléculaire
(nm) (en polystyrène)
5 1 000 4. Quelques problèmes
500 à 2 x 104
50
100 1 000 à 4 x 104
spécifiques de
104 4 x 104 à 4 x 106
caractérisation
mélange 50-100-104 500 à 4 x 106
Dans ce dernier paragraphe, on abordera très succinctement le
problème de la détermination des masses moléculaires dans quel-
ques cas spécifiques. Comme l'indique la figure 11, la quasi-majo-
3.4.2.3 Précision et difficultés rité des méthodes d'analyse conduit à la détermination de la masse
La précision obtenue sur la détermination des masses moléculai- moléculaire des substances de haute masse moléculaire (comprise
res (Mn, Mp, Mz, etc.) et de l'indice de la polymolécularité dépendra entre 104 et 107). En conséquence, on examinera ici quelques pro-
surtout de la finesse d'analyse des chromatogrammes et de l'éta- blèmes particuliers aux polymères ; il s'agira aussi bien de polymè-
blissement de la loi d'étalonnage (stabilité dans le temps) : res de synthèse d'intérêt industriel que de substances naturelles ou
— détermination de la ligne de base (fluctuations), d'origine biologique (les protéines, les acides nucléiques, etc.).
— détection des début et fin de pic : évaluation de la concentra-
tion dans le domaine des faibles masses (influence sur Mn ) ou dans
le domaine des grandes masses (influence sur Mp ),
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Figure 11 – Récapitulatif des méthodes de détermination de la masse moléculaire et de leurs domaines d'application
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