Biomécanique de L'os
Biomécanique de L'os
Biomécanique de L'os
L’os est un tissu complexe dont les propriétés mécaniques résultent de l’association d’une morphologie
externe, macroscopique, et d’une morphologie microarchitecturale liée à un réseau trabéculaire. Cette
organisation doit permettre au squelette d’être solide, élastique et léger pour autoriser la locomotion. En
effet, l’os subit d’importantes sollicitations et contraintes, et pour les supporter, il possède des qualités
mécaniques qu’il est nécessaire d’appréhender dans différents contextes (compression, traction, flexion,
etc.). Par ailleurs, il s’agit également d’un tissu vivant qui se forme mais aussi se résorbe en fonction des
contraintes mécaniques qu’il subit. De même, après une fracture, il est le siège d’une série de processus
mécaniques et biologiques très complexes aboutissant à la consolidation osseuse. Cette dernière est
influencée notamment par des facteurs mécaniques. On doit alors, lors de sa prise en charge, choisir le
type de fixation le plus pertinent en fonction du contexte : stable/instable, dynamique/statique, etc.
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Plan Introduction
■ Introduction 1 L’os est un tissu vivant, complexe, dont les propriétés
■ Biomécanique et tissu osseux 2 mécaniques résultent de l’association d’une macrostructure géo-
Généralités biomécaniques 2 métrique avec une morphologie microarchitecturale liée à un
Déformation irréversible des matériaux 2 réseau trabéculaire et cortical. Les sollicitations et les contraintes
Influence de la biomécanique sur un tissu vivant 3 que reçoivent les os lors de la locomotion nécessitent résistance
Application des lois biomécaniques à un tissu complexe 3 mécanique et élasticité. Cette organisation doit permettre au sque-
Complexe os-muscle 4 lette d’être solide, élastique et léger pour se déplacer lors de la
Différents types de déformation et biomécanique des fractures 4 marche, la course, les sauts mais aussi, le cas échéant, répondre
■
à des contraintes plus inattendues en torsion ou cisaillement.
Biomécanique et consolidation osseuse 5
C’est donc un cahier des charges exigeant que doit remplir notre
Influence du cal osseux 5
squelette. Il s’agit également d’un tissu adaptatif et évolutif selon
Influence de la mise en charge 6
l’âge, le sexe, les sollicitations physiques (aussi bien sportives que
■ Application au traitement des fractures 6 professionnelles), ou encore hormonales et métaboliques.
Traitement orthopédique 6 Cependant, cet équilibre mécanique peut être interrompu
Traitement chirurgical 6 lors de traumatismes entraînant des fractures lors de lésions
■ Autres traitement adjuvants et voies de recherche : macro- ou microstructurales engendrant des fractures patholo-
implications mécaniques et biologiques 14 giques. Le processus de consolidation osseuse permet alors de
Ondes de choc 14 réparer la fracture, ce qui impose non seulement de restaurer
Ondes électromagnétiques ou champs électromagnétiques la continuité de la pièce osseuse mais aussi de recouvrer ses
pulsés 14 qualités biomécaniques. Ce processus va évoluer sur plusieurs
Ultrasons pulsés 14 semaines avant de permettre sa remise en charge et plusieurs
■ Conclusion 14 mois, voire des années, avant obtenir une restitution ad integrum
de sa structure macro- et microscopique ainsi que de ses qualités
biomécaniques.
Bien que longtemps traitées uniquement de façon orthopé-
dique par l’immobilisation et le repos, le traitement des fractures
a connu les bénéfices de l’intervention médicale dès la plus
haute Antiquité. Les techniques d’ostéosynthèse améliorées au fil
Généralités biomécaniques
Les propriétés mécaniques d’une structure dépendent, d’une
part, des propriétés du ou des matériaux qui la composent et,
d’autre part, des propriétés liées à l’architecture de la structure.
Tout matériau a un comportement intrinsèque, indépendant de
la géométrie de la structure étudiée. Ce comportement est défini
grâce à plusieurs paramètres qui le caractérisent. Ainsi, parmi ces
paramètres, il est essentiel de connaître le module d’élasticité du
matériau. Ce module d’élasticité (module de Young) traduit la rela-
tion qui existe entre la déformation du matériau et la contrainte
qui lui est appliquée. Il est déterminé lors d’un test biomécanique
2 2
en rupture. Pour cela, on considère une éprouvette du matériau
à étudier (cette éprouvette correspond à un échantillon de maté- Figure 2. Test en flexion trois points. La charge (1) est appliquée sur le
riau dont la taille et la forme sont telles que l’on peut la considérer matériau et crée une déformation (flèches) au point d’application. Cette
comme homogène). Durant ce test, on mesure la déformation (ε) charge peut être également appliquée en deux points pour le test en
(strain) qui correspond à la modification de la longueur (l) en flexion quatre points (deux points de charge plus deux points d’appui [3] ).
fonction de la longueur initiale (l0 ), telle que ε = l/l0 . Parallèle-
ment, on enregistre la contrainte (σ) (stress) subie par l’éprouvette
durant le test. Cette contrainte est la pression (exprimée en N/m−2 )
subie par le matériau. La relation entre ces deux variables (défor- Déformation irréversible des matériaux
mation et contrainte) est définie par l’équation : σ = E.ε où le
module d’élasticité (ou module de Young), noté E, correspond à Le comportement des matériaux en zone de déformation plas-
la pente de la courbe (Fig. 1) ; il s’agit d’une caractéristique propre tique est régi par des caractéristiques intrinsèques. Elle varie
et unique du matériau. également d’un matériau à l’autre. Un matériau « ductile » a la
Si les contraintes appliquées demeurent dans la zone de défor- capacité de subir une déformation plastique sans se rompre, il
mation élastique, la déformation subie est réversible et la structure s’oppose à un matériau « cassant ». La déformation se poursuivant,
retrouve sa forme et ses dimensions initiales lorsque la contrainte la contrainte augmente jusqu’à ce qu’elle atteigne la contrainte
aura cessé. Plus ce module est élevé (et la pente « abrupte »), plus le maximale, qui détermine la « limite d’élasticité haute ». Au-delà,
matériau est dit « rigide » (Tableau 1). Au-delà du point de « limite la section transversale diminue régulièrement. Puis le matériau
élastique » (zone rouge [yield point]), le matériau entre dans la atteint sa « limite de rupture ». La céramique, par exemple, est très
« zone de déformation plastique », non réversible. L’éprouvette rigide mais très cassante avec une très faible distance entre la limite
conserve la déformation imposée, même si la contrainte cesse. d’élasticité et le point de rupture.
Cela signifie que les propriétés du matériau ont changé. Un nou- La déformation plastique n’est cependant pas le seul mode de
veau test en traction sur l’objet définirait une autre zone de déformation irréversible. En effet, si une contrainte constante,
déformation élastique puis plastique propre. sous le seuil de la limite d’élasticité, est appliquée à un objet, le
fluage entraîne une déformation irréversible. C’est, avec le module
d’élasticité, une propriété intrinsèque des matériaux. Les tests
en fluage sont des essais réalisés en quasi statique et permettent
d’étudier les matériaux ductiles ou fragiles.
4 Il existe également des propriétés structurales qui sont liées à
la géométrie de l’objet et à la répartition de la matière autour
1 6 du point d’application des contraintes. Une force appliquée à
un objet détermine une déformation. La courbe qui lie force et
déformation représente la « raideur » de l’objet, notion qui est à
différencier de la rigidité, seulement liée au matériau qui compose
Contrainte σ
2
cet objet. La raideur est fonction du moment d’inertie et donc de
5 la forme de l’objet.
Le module de Young d’un matériau est défini classiquement
par un test de rupture en traction. Des essais en flexion, torsion
et compression peuvent être réalisés pour observer le comporte-
ment et définir les autres modules caractéristiques du matériau
lors de différentes déformations. Le choix du type d’essai le plus
3 pertinent est fonction de l’os à étudier et des contraintes qu’il
subit in vivo. Les essais en flexion peuvent se faire selon plusieurs
types d’appui, trois ou quatre points (Fig. 2). Le matériau subit
alors des contraintes en compression dans sa concavité et en ten-
sion dans sa convexité, s’échelonnant selon un gradient linéaire
Déformation ε
dans l’épaisseur de l’objet. Les essais en torsion font subir à l’objet
Figure 1. Courbe de déformation en fonction de la contrainte appli- un couple de forces de sens opposé qui s’exercent en spirale sur sa
quée à un matériau. 1. Déformation élastique ; 2. limite élastique ; 3. limite longueur. L’os diaphysaire s’assimile à un cylindre creux et ses pro-
haute d’élasticité ou contrainte de rupture ; 4. déformation plastique ; priétés en torsion sont améliorées par l’augmentation du diamètre
5. point de rupture ; 6. module d’élasticité (module de Young). extérieur. Ainsi, les comportements de résistance aux contraintes
Contraintes
ral. Ainsi, les travées s’organisent en faisceaux sur un modèle
3 ogival. L’éventail de sustentation céphalique et les travées tro-
chantériennes fonctionnent en traction, tout comme les réseaux
arciformes. D’autre part, ce mécanisme agit sur la densité et la
4 microstructure osseuse également. L’exercice physique et le sur-
poids accroissent la masse osseuse du fait de l’hypersollicitation
du complexe ostéotendinoligamentaire [2] . À l’inverse, une dimi-
nution des contraintes appliquées à l’os et les expériences de
microgravité illustrent la déminéralisation relative induite [3] .
Cette loi, largement réinvestie et étudiée, a permis de faire émer-
ger la théorie des méchanostats, décrite et développée par Frost [4]
Déformation dès 1960. Les méchanostats détectent les variations de contraintes
Figure 3. Anisotropie de l’os d’après Burstein. Les tests en traction auxquelles l’os est soumis. L’os s’adapte ensuite à ces nouvelles
réalisés dans différentes directions montrent des comportements biomé- contraintes par des modifications architecturales tout au long
caniques et des modules d’élasticité différents. 1. Traction longitudinale ; de la vie [5] . Les contraintes appliquées à l’os ont un effet sur
2. traction selon un axe de 30◦ ; 3. traction selon un axe de 60◦ ; 4. traction l’homéostasie osseuse via des phénomènes non mécaniques et des
selon un axe orthogonal à l’axe de l’os. rétrocontrôles cellulaires. Cette optimisation mécanique résulte
d’un couplage entre la charge et l’activité cellulaire [6] , mais les
mécanismes de transduction restent encore à ce jour mal connus.
de torsion, compression axiale, flexion ou encore cisaillement
découlent des propriétés intrinsèques mais également structurales
de l’objet étudié.
Lorsque l’on analyse les mécanismes de rupture d’une structure, Application des lois biomécaniques
on peut distinguer : à un tissu complexe
• la rupture en charge : c’est l’application continue d’une force
jusqu’à la rupture. Il s’agit du mode classique de fracture osseuse L’os peut être observé selon différentes échelles d’organisation,
dans le cadre de traumatisme aiguë ; chacun apportant sa part d’explication concernant ses propriétés
• la rupture de fatigue : il s’agit d’une rupture secondaire à biomécaniques. Sur le plan histologique, l’os est composé de colla-
l’application de contraintes qui demeurent sous la limite gène et d’hydroxyapatite. Le collagène, principalement de type I,
d’élasticité, mais qui sont appliquées de manière cycliques. qui représente l’essentiel de la trame organique (90 %), a une
C’est le cas des fractures d’implants après pertes de stabilité mécanique en traction supérieure à sa résistance mécanique en
d’une ostéosynthèse. compression [7] . L’hydroxyapatite, constituée de cristaux de phos-
L’étude du comportement mécanique des objets est fondée phate de calcium, représente, pour sa part, l’essentiel de la trame
sur la « théorie des poutres », modèle utilisé en résistance des inorganique minéralisée. C’est un matériau rigide mais cassant,
matériaux. Certains prérequis sont nécessaires pour l’utilisation résistant à la compression. L’os humain est minéralisé à 45 % selon
de ces principes, et notamment le fait que le matériau doit Seeman [8] , il s’agit d’une valeur optimale. En effet, si cette valeur
être homogène, élastique et isotrope (c’est-à-dire que les proprié- diminue, l’os devient trop flexible en charge et rompt ; s’il est trop
tés mécaniques du matériau soient identiques quelle que soit minéralisé, il devient cassant (brittleness). Il faut considérer le fait
la direction d’application de la contrainte). D’emblée, on doit qu’une faible variation de densité et de la minéralisation osseuse
admettre cette approximation, car l’os a de nombreuses proprié- peut entraîner une variation importante du module d’élasticité de
tés intrinsèques qui en font un tissu complexe d’un point de vue l’os [9] . L’âge, des paramètres biologiques et hormonaux (patholo-
mécanique. En effet, l’os est « anisotrope » (Fig. 3) ; son module gies endocriniennes, ménopause), l’hydratation du tissu [10] , des
d’élasticité (E) dépend de la direction de la contrainte subie. L’os pathologies osseuses [11] et le sexe sont des facteurs influençant la
a par exemple une plus faible résistance en cisaillement qu’en résistance de l’os aux contraintes. La compétence de l’os peut aussi
traction, elle-même plus faible qu’en compression. Pour l’os cor- être modifiée par des facteurs extrinsèques modifiables comme
tical, la contrainte de rupture peut être évaluée à 210 N/m2 en l’activité physique et sportive [2] comme on l’a vu précédemment,
compression, 150 N/m2 en traction et 80 N/m2 en cisaillement. Il mais aussi les rayonnements ou certaines molécules à visée théra-
est également « viscoélastique » ; lors de la mise en charge, sa défor- peutique qui interfèrent dans le métabolisme osseux.
mation va dépendre de la contrainte subie mais également de la Au niveau microarchitectural, il existe l’os cortical et le réseau
vitesse d’application de cette contrainte. Plus le vecteur vitesse est trabéculaire. L’os spongieux est quatre fois moins dense, dix
important, plus l’os réagit avec une rigidité élevée. Ainsi, l’os tra- fois moins rigide et cinq fois plus élastique que l’os cortical.
béculaire devient plus rigide en compression lorsque la vitesse de L’organisation des ostéons est l’une des raisons expliquant la rigi-
mise en charge augmente. Ce mécanisme est bien connu pour la dité de l’os cortical. Il s’agit de l’association de fibres de collagène
rupture ligamentaire. À faible énergie, la résistance d’un ligament calcifiées organisées en lamelles pour former les canaux du réseau
est inférieure à celle de l’os. Le ligament se rompt généralement haversien (Fig. 4). Les propriétés biomécaniques pour chaque type
en plein corps. Si la vitesse du traumatisme augmente, la raideur de tissu osseux (cortical et spongieux) varient en fonction de la
du ligament augmente et la rupture se fait préférentiellement au contrainte (Tableau 2). Les courbes de déformations sont très diffé-
niveau de l’enthèse ou par avulsion osseuse. rentes entre ces différents tissus. Bien que les modules élastiques
de l’os cortical en traction et en compression soient proches, la
phase plastique en compression avant la rupture est très courte par
Influence de la biomécanique rapport aux essais en traction. L’os est donc plus ductile en trac-
sur un tissu vivant tion. Les propriétés de l’os évoluent en fonction de contraintes en
intensité mais également en répétition. Si l’os a dépassé son point
La loi de Wolff a été énoncée au XIXe siècle par un anatomiste de limite d’élasticité, son module d’élasticité se modifie lors des
chirurgien allemand Julius Wolff. Il considérait l’os trabéculaire futures contraintes (Fig. 5). C’est le fait de microfractures qui vont
comme ayant une organisation non aléatoire et anisotrope. Cette peu à peu diminuer la rigidité [10] .
3 4 5 6 7
1
Tableau 2. Tableau 3.
Module élastique (gigapascal [GPa])/contrainte de rupture (mégapascal Forces de rupture pour différentes pièces osseuses en fonction des types
[MPa]) selon le type d’os en fonction du type de contrainte [11] . de contraintes [12] .
Os cortical Module élastique Contrainte de rupture Col fémoral Compression latérale 1000–4000 N
Compression verticale 725–10 570 N
Traction [12, 13] 11,4–19,1 107–146
Compression [5] 15,1–19,7 156–212 Fémur Compression axiale 6000–17 000 N
Cisaillement [13] 73–82 Flexion 2000–3000 N
Torsion 183 Nm
Os spongieux
Patella Impact sagittal 7000–10 000 N
Traction [14] 0,2–5 3–20
Compression [15] 0,1–3 1,5–50 Tibia Compression 2500–12 000 N
Cisaillement [16] 6,6–8 Flexion 1500–2 500 N
Torsion 100 Nm
Rachis lombaire Compression axiale 1400–9000 N
σy
muscles agissent comme des haubans qui permettent d’augmenter
le module de Young du complexe. L’ensemble os-muscle constitue
une poutre composite qui est plus résistante que chaque élément
considéré séparément. Ainsi, pour Nordsletten et Ekeland [13] , la
contraction musculaire augmente de 23 % la rigidité du tibia en
flexion et de 60 % la résistance à la rupture, sur un modèle animal
Contrainte
Biomécanique et consolidation
osseuse
La consolidation osseuse est un processus biologique et méca-
nique. Considérer le défaut de consolidation seulement du seul
point de vue mécanique néglige l’effet conjoint de l’ostéosynthèse
et de la cicatrisation cellulaire et tissulaire sous l’effet de fac-
teurs locaux chimiques (bone morphogenetic proteins, insulin growth
factors [IGF], platelet derived growth factors [PDGF], équilibre acido-
2 4 6 8 basique, etc.) et environnementaux (lésion vasculaire, contusion
Figure 6. Traits de fracture et principales contraintes subies par l’os. tissulaire, œdème, etc.).
1. Traction ; 2. transversale ; 3. compression ; 4. oblique ; 5. flexion ; 6. aile La consolidation osseuse, d’un point de vue biologique, débute
de papillon ; 7. torsion ; 8. spiroïde. dès la fracture. La phase initiale de la consolidation est la phase
inflammatoire. Un hématome fracturaire se crée par microtrauma-
tismes vasculaires locaux. Cette phase durant jusqu’à la troisième
leur intensité ainsi que des temps de repos limités renforcent cette semaine se caractérise par une réaction inflammatoire locale et va
tendance. L’os qui subit des microtraumatismes répétés s’adapte permettre le recrutement et l’activation des précurseurs via une
en se déformant par un mécanisme de remodelage jusqu’à sa cascade enzymatique impliquant des facteurs de croissance et acti-
limite de déformation élastique. Le phénomène est réversible si vateurs de l’activité cellulaire. Il résulte la création d’un tissu de
les contraintes cessent. Cependant, si les contraintes se pour- granulation fibrovasculaire. Cette organisation précoce explique
suivent, une fracture de fatigue peut survenir. L’inadaptation du l’importance de la conservation de l’hématome fracturaire et la
tissu osseux à des contraintes répétées et inhabituelles nécessite conséquence de sa déstablisation dans les fractures ouvertes.
un remodelage rapide. L’action combinée ostéoclastique et ostéo- La phase suivante permet la création du cal primaire ou « cal
blastique crée des zones de fragilité du tissu osseux cortical et/ou mou ». Il s’agit d’un tissu osseux et conjonctif immature. Des
trabéculaire qui favorisent la survenue des microfractures par sur- lamelles précoces d’os pontent le foyer fracturaire afin de stabi-
menage. liser les fragments osseux, et ce jusqu’à la fin du premier mois.
Ce tissu s’organise progressivement sur le plan histologique et
Fractures traumatiques permet la phase suivante de minéralisation du cal. Cette ossifica-
Une fracture fait le plus souvent suite à un traumatisme. On tion se caractérise par la formation d’un tissu lamellaire primaire
peut généralement identifier un mécanisme principal en fonction multidirectionnel non orienté.
de la fracture résultante. D’autres éléments influencent le type de La phase de remodelage adapte l’os aux contraintes mécaniques
fracture comme l’énergie cinétique au moment du traumatisme en organisant l’os lamellaire secondaire. Sur le plan histologique,
et on peut ainsi distinguer : il s’agit de reconstituer l’architecture osseuse haversienne de
• les fractures à faible cinétique : chute de la hauteur du patient lamelles concentriques et le canal médullaire. Cette phase s’étale
ou traumatisme mineur ; sur plusieurs mois (12 à 18 mois) et permet de restituer les carac-
• les fractures à haute cinétique : accident de la voie publique, téristiques morphologiques mécaniques de l’os. Ce processus est
chute d’un lieu élevé ; d’autant plus important que le squelette est immature, que la frac-
• les fractures à très haute cinétique : traumatismes balistiques. ture se situe proche d’une épiphyse fertile et que le trait fracturaire
Ils entraînent des fracas majeurs par transfert de cette énergie se situe dans le plan du mouvement : pas de correction des défauts
cinétique à l’os. de rotation.
Chaque contrainte fondamentale induit une déformation pré-
visible. La compression raccourcit, la traction allonge, la flexion Influence du cal osseux
entraîne une incurvation au milieu du segment osseux tandis
que la torsion entraîne la rotation de l’os selon un axe défini. La restauration des qualités biomécaniques de l’os est un pro-
Ainsi, on peut raisonner de la manière inverse où, en analysant cessus évolutif. Le cal osseux augmente initialement et la rigidité
le trait de fracture, on déduit la contrainte principale en cause avec lui. La rigidité atteint un niveau physiologique en environ
(Fig. 6). Un trait de fracture transversal résulte plutôt d’un méca- 28 jours chez l’homme. Cette restauration évolue de façon paral-
nisme principal en traction. Une compression pure de l’os a pour lèle à l’augmentation de volume du cal et à la réorganisation
conséquence un trait de fracture oblique. Si cette compression est tissulaire. L’étude de la surface de section du cal osseux sur des
associée à de la flexion, la fracture se caractérise par l’apparition fémurs de rats montre un pic de formation autour de la qua-
d’un troisième fragment dit « en aile de papillon ». Enfin, un trait trième semaine après la fracture [16] . Le volume du cal diminue
spiroïde est le résultat d’une contrainte en torsion. Ces considé- lentement pour retrouver un niveau normal après plusieurs mois
rations décrivent le comportement des os longs. D’autres types par le remaniement selon la loi de Wolff. Dans ce modèle, la crois-
de fractures sont typiques de certaines régions anatomiques. Sans sance osseuse est plus rapide que chez l’homme, mais il permet de
décrire tous les types de fractures que l’on peut rencontrer, certains souligner que l’augmentation du cal se fait de façon concomitante
sont remarquables, car ils illustrent un mécanisme dominant. Les à la récupération des qualités mécaniques (Fig. 7).
fractures avulsions apophysaires, les fractures rachidiennes dites Le moment d’inertie d’un tube cylindrique est proportionnel à
« de chance » surviennent par traction alors que le mécanisme des la puissance 4 du rayon. Il peut s’écrire : I = (R–r)4 /4 où I est la rigi-
tassements vertébraux est une compression. dité ; R étant le diamètre externe de l’os et r le diamètre interne.
Les fractures de l’enfant sont traitées dans un chapitre dédié et L’augmentation du volume du cal osseux augmente considérable-
leur biomécanique est très particulière en raison de l’existence ment le moment d’inertie et par conséquent la rigidité du segment
d’un périoste très épais et très résistant ainsi que d’un proces- osseux, même s’il est vrai qu’il faille différencier différents types
sus de maturation osseuse incomplet. On peut cependant décrire de cal. Selon la position du cal, cette rigidité varie dans un sens
les « fractures en bois vert » qui correspondent à la rupture d’une opposé. En effet, plusieurs types de cal existent et leur propriétés
seule corticale à la convexité de la fracture et associée à une défor- diffèrent [17] (Tableau 4). Müller [18] rapportait qu’un cal par appo-
mation élastique de la concavité, la « motte de beurre », qui est sition périostée a un effet positif alors qu’un cal médullaire peut
une compression plastique métaphysaire, ou l’arcuature, qui est même diminuer la rigidité quand une consolidation corticale pure
une déformation plastique de la diaphyse. Ce sont des fractures n’a pas d’influence sur ce paramètre (Fig. 8). Un parallèle peut être
Tableau 4.
Les différents types de cals et leurs caractéristiques, d’après McKibbin [17] .
Type de Vitesse Comblement d’un Tolérance à la Tolérance à la Importance des
consolidation espace stabilité stabilité absolue tissus mous
Cal périosté +++ +++ +++ – +++
Cal cortical + – – ++++ –
Cal médullaire ++ ++++ (lent) ++ +++ –
même que celle du montage, la gestion des tissus mous sont autant
25 de facteurs de décision. Bien que la stabilité soit un des éléments
clés de la consolidation, l’absence de contrainte au niveau du
Apposition osseuse en coupe (mm2)
5 p < 0,05
Application au traitement
0 des fractures
1 2 3 4 5 6
Délai après fracture (semaines) Les premiers traitements des fractures remontent à la plus haute
Figure 7. Évolution du diamètre de l’os après fracture sur un rat (d’après Antiquité. Les procédés d’immobilisation apparaissent en Égypte
Aro et al.). ancienne avec l’aide d’attelles en bois enveloppées dans des linges.
Hippocrate décrivit la nécessité de la mise en traction pour les
fractures des membres afin d’obtenir une réduction à l’aide d’un
banc équipé de treuil (scamnum). Il recommandait déjà d’éviter
l’atrophie musculaire par l’exercice pendant l’immobilisation.
L’immobilisation se faisait ensuite par des résines et de la cire.
40 Celse, juste avant notre ère, rigidifiait des bandages avec de
l’amidon. Ambroise faisait des moulages de tissu, de parchemin
ou de cire qui durcissaient en séchant. Le plâtre de Paris ne fut
utilisé qu’à partir de 1852 par Antonius Mathijsen, chirurgien
A hollandais. Cette technique connut cependant un essor et un
développement très important et fut un des progrès majeurs dans
la prise en charge des fractures.
16 32
Traitement orthopédique
C’est le traitement le plus ancien et encore le plus répandu. Il
B
reste le traitement de choix pour les fractures non ou peu dépla-
cées des os longs. La consolidation autonome de l’os est favorisée
par le réalignement des segments osseux. L’objectif est de conser-
8 ver tous les éléments biologiques nécessaires à la consolidation,
aujourd’hui encore partiellement identifiés. Sarmiento et al. [23]
montrent la présence d’un cal plus actif lorsque l’hématome frac-
turaire et la vascularisation sont conservés intacts.
C
Figure 8. Cal et rigidité osseuse relative.
A. Cal périosté. Rigidité relative/mm2 (2).
Traitement chirurgical
B. Cal cortical. Rigidité relative/mm2 (1). Toutes les techniques et types d’ostéosynthèse tendent vers
C. Cal endosté. Rigidité relative/mm2 (1/4). un but : obtenir la consolidation osseuse [24] . Chaque fracture
associe, à un degré variable, en fonction de l’énergie trauma-
tique, des lésions tissulaires, musculaires, vasculaires dont on doit
fait avec les clous utilisés en ostéosynthèse. Les clous pleins étant tenir compte pour choisir le type d’ostéosynthèse. La rééduca-
moins résistants que les clous creux, à diamètre extérieur iden- tion et, en particulier, l’appui postopératoire, autorisé ou non,
tique. D’après Aro et Chao [19] , les deux éléments qui stimulent doivent être anticipés pour optimiser le traitement et son résultat
le plus le cal périosté sont l’espace interfragmentaire et la charge fonctionnel. Le traitement chirurgical a longtemps impliqué une
physiologique, ce qui correspond au poids du sujet. Ce cal péri- ouverture du foyer fracturaire et, par conséquent, une « agression »
osté est ensuite remodelé simultanément à la constitution du cal vis-à-vis des voies biologiques du processus de consolidation.
cortical qui n’est, pour sa part, pas lié aux contraintes. L’amélioration des connaissances sur le cal biologique, d’une part,
et des techniques et matériels chirurgicaux, d’autre part, ont per-
Influence de la mise en charge mis de faire apparaître les principes de techniques minimales
invasives ou de pontage de fractures. La réduction anatomique
La décision de la reprise de l’appui après une fracture dépend de de la fracture reste cependant le primum movens. La réduction
nombreux paramètres. En effet, le type de fracture, sa stabilité de par manœuvres externes est ainsi un préalable indispensable pour
1
2
2
Figure 13. Principe de fixation d’une plaque classique. Les vis rap-
prochent la plaque de l’os grâce à une prise bicorticale. L’objectif est de 3
créer une friction (1) entre la plaque et l’os. Le montage est stable si les
forces de friction sont supérieures aux contraintes subies lors de la mise
en charge (2).
en charge (Fig. 12). Le positionnement de la plaque doit donc Figure 15. La vis crée une zone de contrainte au niveau de la corticale
tenir compte de cette asymétrie. En effet, si elle est placée du osseuse lors de la mise en charge. En effet, la plaque n’est pas parfai-
côté des forces en compression, la mise en charge va favoriser tement appliquée à l’os et la friction est insuffisante pour assurer une
l’ouverture du foyer fracturaire et donc diminuer la capacité de stabilité absolue. Cette zone d’hyperpression osseuse génère une nécrose
consolidation (comme expliqué plus haut). La plaque subit éga- osseuse localisée qui compromet la tenue de la vis. 1. Centre de rotation ;
lement des pics de contraintes au niveau du foyer et cela peut 2. contrainte axiale ; 3. zone de stress cortical.
générer une fracture par fatigue de l’implant. Il est donc capital
d’essayer d’optimiser le positionnement de la plaque ; malheureu-
sement, ce dernier peut être guidé par des impératifs anatomiques au matériel d’ostéosynthèse date de 1957, grâce à des vis à tête
(trajets vasculonerveux, accès difficile, etc.) qui sont à l’opposé des conique décrite par Bagby et Janes [30] . La compression peut aussi
grands principes biomécaniques, etc. s’obtenir avec un davier spécifique, permettant de tracter la plaque
Plaques classiques. Le choix du type de plaque répond au et de générer la compression, dérivé du coapteur de Danis. Les
principe de stabilité absolue ou relative et donc du type fractu- plaques à trous ovales dynamic compression plate (DCP), universal
raire. Gurlt, dès 1862, donne les bases de l’ostéosynthèse moderne compression plate (UCP), self compression plate (SCP) sont ensuite
et Danis en 1949 le concept de soudure per primam [28] . C’est apparues afin de créer la compression par glissement de la plaque
l’arbeitsgemeinschaft fur osteosynthesefragen (AO) (sous l’impulsion sur l’os lors de la mise en place d’une vis excentrée dans le trou
d’un groupe de chirurgiens, au premier rang desquels Maurice ovale (Fig. 14). Si les forces de frottement ne sont pas suffisantes,
Müller) qui a développé et diffusé les principes de Danis : réduc- les vis peuvent être mobiles et entraîner un échec mécanique de
tion, fixation et stabilité absolue [29] . la fixation (Fig. 15).
Dans la fixation par plaque classique, les vis sont serrées contre Le dessin des plaques a progressé avec une évolution vers des
la plaque après avoir réalisé un prétrou. Les vis appliquent la plaques anatomiques et adaptées à chaque localisation fracturaire.
plaque sur l’os et ainsi une force de frottement est générée entre Il existe également des plaques limited contact (LC-DCP) qui dimi-
la plaque et l’os. Cette force doit être suffisante pour maintenir nuent la surface de contact sous la plaque tout en maintenant
la stabilité de la fracture. Tant que la charge résultant du poids le frottement. Cette moindre surface de contact vise à respecter
du corps et du complexe muscle-tendon-ligament ne dépasse pas la vascularisation périostée de l’os, favorable à la consolidation
ce que la force de friction peut prendre en charge, la construc- osseuse.
tion reste stable et évite le démontage de l’ostéosynthèse (Fig. 13). Le montage et l’ostéosynthèse doivent être adaptés à chaque
Tout espace laissé au niveau du foyer entraîne une transmission site et type fracturaire qui reçoivent des contraintes différentes.
des forces en compression par la plaque et non plus par l’os. Cela De la même manière, la taille de la plaque doit être adaptée ainsi
entraîne une instabilité et des contraintes accrues sur l’implant. que la taille et le nombre de vis (Tableau 5).
Il est donc important de réduire au mieux la fracture et de créer Perren a déterminé, expérimentalement, qu’une ostéosynthèse
une compression entre les fragments osseux, afin d’augmenter la fémorale par des vis classiques de 3,5 mm de diamètre génère un
rigidité du montage. Le principe de créer de la compression grâce couple de frottement entre la plaque et l’os entre 3 et 5 N.m [31] . Un
Tableau 5.
Nombre de vis et de corticales recommandées pour différents sites
fracturaires.
Nombre de vis Nombre de corticales
Avant–bras 3 5–6
Humérus 3–4 6–8
Tibia 4 7–8
Fémur 4–5 8
Fixateur externe
Le principe du fixateur externe repose sur une réduction et une
fixation du foyer de fracture sans nécessité d’aborder ni de modi-
fier l’environnement fracturaire. Il est le traitement de choix pour
les fractures ouvertes, du moins de façon temporaire, car il permet
d’éviter la mise en place de matériel d’ostéosynthèse au contact
d’un foyer potentiellement septique.
Figure 20. Ostéosynthèse d’une fracture diaphysaire par clou
Lambotte, en 1902, décrivit le premier fixateur monoplan. Hoff-
centromédullaire.
man, en 1938, introduisit le mécanisme de rotule et autorisa ainsi
la réduction de la fracture et la mise en compression dans les trois
plans de l’espace. D’autres modèles suivirent mais une innovation
est apparue lors de la création de cadres circulaires permettant de
mettre en tension des fiches de faible calibre par Ilizarov dans les
années 1950. Les fixateurs externes modernes autorisent des fixa-
tions hybrides mais permettent également d’utiliser les principes
initiaux de fixations monoplan, multiplan et circulaire.
Ces différents modèles ont chacun des caractéristiques méca-
niques différentes comme l’illustre l’étude de Behrens et al. [64] . Les
fixateurs bilatéraux multiplans présentent une plus grande rigidité
en flexion et torsion que la majorité des autres montages (Fig. 22).
Mais d’autres facteurs ont un impact sur cette stabilité qui
repose sur les caractéristiques des fiches (diamètre, nombre, loca-
lisation) mais aussi sur le cadre (type de montage, type et nombre
de connections) et son positionnement.
La fiche est un élément capital de la stabilité. La rigidité d’un
élément cylindrique est fonction de son diamètre à la puissance 4.
Le diamètre des fiches est donc essentiel. Cela permet une inter-
face entre l’os et la fiche plus importante et diminue le risque de
mobilisation. L’augmentation du diamètre d’un facteur 2 permet
une rigidité 16 fois supérieure mais avec lui augmente le risque
fracturaire par fragilisation de la corticale. Si le diamètre de l’axe
de la fiche est supérieur à 30 % par rapport à celui de l’os, le risque
de fracture augmente significativement [65] . Afin d’augmenter la
tenue des fiches, de nombreuses modifications ont été apportées
(partie filetée conique, fiches autoforeuses, autotaraudeuses, cou-
verture d’hydroxyapatite). Le nombre de fiches est un autre facteur
essentiel. Deux fiches sont nécessaires pour empêcher la rotation
Figure 21. Radiographie de tibia. Ostéosynthèse par clou et poller du fragment, généralement dans le même plan. Bien qu’une troi-
screw. sième fiche modifie peu les propriétés mécaniques du montage,
il est utile d’avoir une fiche supplémentaire en cas de mobilisa-
tion ou d’infection. L’augmentation du nombre de fiches peut être
permettent le traitement de fractures métaphysoépiphysaires, bénéfique pour la rigidité si l’espacement entre elles est augmenté.
voire articulaires, et des fractures instables ou à large perte de sub- Les fiches sont situées en dehors du foyer fracturaire et en peau
stance osseuse. Dans les fractures métaphysaires, la réduction de saine pour limiter les risques infectieux. Ensuite, le montage est
la fracture et la stabilité du système peuvent être améliorées par d’autant plus rigide que des fiches sont proches du foyer de frac-
des vis insérées dans le plan frontal ou antéropostérieur, appelées ture. C’est un autre élément majeur de la stabilité, car cela diminue
poller screws [55] (Fig. 21). d’autant le bras de levier de déplacement fracturaire supporté par
Cette méthode d’ostéosynthèse s’envisage comme étant « à sta- le montage. Mais leur localisation doit permettre une éventuelle
bilité relative » et la consolidation se fait grâce à la formation d’un intervention future, la réalisation d’un lambeau de couverture ou
cal. Le moment d’inertie d’un clou augmente avec son diamètre. un geste vasculaire comme une aponévrotomie de décharge, une
Selon Tencer et al., un clou de 16 mm est 2,5 fois plus rigide qu’un revascularisation par pontage, etc. Il est donc nécessaire de trou-
clou de 12 mm [56] . Le diamètre du clou est en fait surtout limité ver un compromis. Par ailleurs, la résistance des fiches dans leur
par le diamètre du canal médullaire de l’os ainsi que du diamètre plan est limitée, ainsi, la rigidité dans le plan antéropostérieur est
d’alésage. L’alésage a pour but de calibrer la cavité médullaire de optimale par des fiches dans le plan frontal. On comprend dès
l’os fracturé (passage de la forme d’un sablier à celle d’un cylindre) lors que des montages multiplans ou hybrides augmentent la rigi-
afin d’augmenter la surface de contact et donc le frottement entre dité. Enfin, la diminution de la distance entre le cadre ou le corps
le clou et l’os cortical. Le rôle de l’alésage est plus discuté sur le du fixateur et l’os augmente la stabilité du système. La mobilité
Hoffmann Vidal
Bilatéral - 2 plans
1 plan
Unilatéral - 2 plans
1 plan
1 plan
300 4
20
500 2
10
l’organisation d’une pseudarthrose. Ces travaux se fondent sur les après le septième trou, et cela quel que soit le nombre de vis
phases successives de la consolidation. La formation du cal mou et leur distribution. Leur distribution est préférablement repar-
initial subit une minéralisation progressive. Tant que ce foyer subit tie le long de la plaque et non groupée [76] . La totalité des trous ne
des contraintes, la consolidation est retardée. La gestion de la rapi- nécessitent pas la mise en place d’une vis. La rigidité du montage
dité et de la force de traction est importante pour ne pas dépasser diminuant peu si l’on supprime jusqu’à 40 % de leur nombre selon
les capacités de l’os à consolider. Field et al. [77] .
Dans le cadre des fractures comminutives, une stabilité relative,
Choix du type d’ostéosynthèse autorisant des micromouvements est préférable afin de favoriser
la formation d’un cal périosté (clou centromédullaire verrouillé,
Stabilité absolue/relative de l’ostéosynthèse plaque de pontage, fixateur externe). En revanche, l’utilisation
Le principe de stabilité absolue est apparu dans les années 1950. d’un système trop rigide avec des écarts fragmentaires importants
Perren décrit la stabilité en relation avec l’espace fracturaire. C’est peut évoluer vers un retard de consolidation si la réduction est
la quantité de contraintes au niveau du foyer qui va déterminer la insuffisante [78] .
mobilité (L/L0) de ce dernier. La consolidation corticale est obte- La stabilité d’un montage dépend donc du type de
nue si cette mobilité est maintenue en dessous de 2 % de l’espace l’ostéosynthèse, mais peut aussi être améliorée par une attelle,
interfragmentaire ; entre 2 et 10 %, la stabilité relative autorise une un plâtre, afin d’immobiliser les articulations adjacentes. Dans
consolidation secondaire ; au-delà de 10 %, l’os ne peut pas conso- tous les cas, le choix final des moyens mis en œuvre résulte d’une
lider et la fracture évolue vers une pseudarthrose [74] (Fig. 23). Une réflexion du chirurgien entre la nécessité de stabilité et le souci
stabilité absolue donne une excellente consolidation dans les frac- de conserver la vascularisation par les tissus mous et l’hématome
tures simples avec un espace interfragmentaire faible (inférieur à fracturaire pour la consolidation biologique.
2 mm). Dans une situation de contrainte périfracturaire impor-
tante, comme une fracture diaphysaire d’un os long, la stabilité
est capitale et l’utilisation de vis à compression et d’une plaque Ostéosynthèse statique/dynamique
est préférable. Le cal est essentiellement cortical. La fixation statique peut être définie par la conservation de la
Un montage stable doit permettre le transfert des contraintes rigidité du montage du début à la fin du traitement. Les plaques
mécaniques à l’os. Le matériel doit supporter seulement une permettent un montage statique, qu’il soit à stabilité absolue ou
faible partie des contraintes, c’est l’os lui-même qui protège relative. Le clou permet un montage statique ou dynamique selon
l’ostéosynthèse. C’est le fondement de l’enseignement de l’AO. la situation. Selon les auteurs, le verrouillage n’est pas nécessaire
La consolidation osseuse s’obtient per primam en favorisant la pour tous les montages. Il permet de maîtriser les contraintes en
formation du cal cortical. Le montage permet la stabilité par les torsion et en compression. En effet, outre la possibilité de ne pas
forces de frottement entre l’os et la plaque. Une bonne tenue des réaliser de verrouillage distal pour certaines fractures simples, des
vis est donc capitale pour augmenter ce frottement et favoriser trous oblongs autorisent un verrouillage dynamique en permet-
les forces de compression. De plus, une vis mise en compres- tant une impaction du foyer fracturaire (Fig. 25). En effet, une
sion initialement peut permettre d’obtenir une stabilité du foyer. réduction imparfaite en période opératoire avec persistance d’un
Quel que soit le type de plaque utilisé, la longueur de la plaque, écart interfragmentaire, et ce d’autant que l’usage de tables ortho-
son épaisseur ainsi que la distance entre les vis les plus proches pédiques facilite la traction, peut être améliorée lors de la mise en
de la fracture améliorent la stabilité. Concernant le positionne- charge. Il existe cependant des artifices et des ancillaires dédiés
ment des vis, Ellis et al. [75] montrent qu’en effet les vis les plus pour réaliser de la compression en peropératoire. Selon Hahn
proches du foyer reçoivent le plus de contraintes (Fig. 24). Elles et al. [79] , l’absence de verrouillage peut représenter une zone de
diminuent ensuite progressivement pour atteindre un plancher faiblesse du clou. Bucholz et al. recommandaient 5 cm entre la
fracture et le verrouillage [80] . Ce risque est diminué avec les des-
sins modernes des clous et la littérature rapporte en fait peu cette
complication dans les séries récentes où les ruptures de clou font
le plus souvent suite à une absence de consolidation.
ΔI Cette possibilité d’impaction du foyer après l’acte chirurgical
est à distinguer de la dynamisation par ablation de la ou des vis
I0 de verrouillage. Cette technique a été proposée, notamment en
cas de retard de consolidation après trois mois. Les résultats sont
Figure 23. Stabilité du foyer fracturaire et consolidation. Selon Per- variables [81] . Tigani et al. rapportent une augmentation du taux de
ren [74] , l/l0 décrit la stabilité du montage. Moins de 2 % : stabilité pseudarthrose quand le verrouillage est retiré lors de l’apparition
absolue ; entre 2 et 10 % : stabilité relative ; et au-delà de 10 % : risque d’un cal radiographique [82] , mais il n’existe pas de consensus sur
de pseudarthrose. le temps nécessaire avant la dynamisation et ses indications.
2000
1500
1000
500
0
8 7 6 5 4 3 2 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8
Trou de vis/foyer
Ultrasons pulsés
Les ultrasons pulsés low intensity pulsed ultrasonography (LIPUS)
sont appliqués selon un protocole défini, variable en fonction du
laboratoire. Il peut s’agir d’un traitement quotidien unique de
20 minutes par jour qui délivre des impulsions à une fréquence
de 1,5 MHz, chacune de 200 s, à une intensité de 30 mW/cm2 .
Dans une méta-analyse, qui regroupe notamment des essais en
double aveugle, Busse et al. montrent un raccourcissement de la
durée de consolidation d’environ un tiers par rapport aux groupes
contrôles [89] . Elle est donc acceptée comme outil dans l’arsenal du
traitement des retards de consolidation et des pseudarthroses bien
A B C que les modalités d’une utilisation optimale restent à déterminer
Figure 25. Fixation distale d’un clou centromédullaire. (début du traitement, intensité et fréquences optimales).
A. Statique.
B. Dynamique. Mise en place de la vis de verrouillage bicorticale en per-
opératoire.
C. Après mise en charge et compression du foyer (1).
Conclusion
Le tissu osseux, charpente anatomique, est soumis à des
Autres traitement adjuvants contraintes mécaniques majeures en conditions physiologiques.
Il est doué d’adaptation, de remodelage mais, au-delà de cer-
et voies de recherche : [83]
taines contraintes, les déformations entraînent des fractures ou
implications mécaniques des microfissures par fatigue.
Le traitement des fractures nécessite une approche de l’os
et biologiques dans ses diverses dimensions. La connaissance du processus de
consolidation sur le plan biologique est nécessaire et vient en
La fixation mécanique des fractures peut conduire à des échecs, complément des notions de biomécanique. L’indication d’un
notamment en termes de retard de consolidation osseuse. Des
méthodes alternatives ou utilisées en complément existent. À
côté des traitements concernant la modification de la biologie de
la consolidation (bone morphogenetic proteins, platelet-rich plasma,
etc.), seules les techniques récentes non invasives, dont les méca-
nismes d’action restent encore peu définis, sont abordées.
“ Points essentiels
• Le module d’élasticité longitudinale ou de Young d’un
Ondes de choc matériau est la constante représentant la relation entre
déformation et contrainte en traction. Un matériau ayant
Le traitement des fractures par ondes de choc n’est pas utilisé un module élevé est dit rigide.
en pratique courante. Répandue pour le traitement des lithiases, • L’os est anisotrope et viscoélastique. Son comportement
des études récentes montrent de bons résultats. Bien que les
mécanismes d’actions restent incompris, Hsu et al. montrent un dépend de la vitesse d’application de la contrainte. Le type
taux de consolidation supérieur à un groupe témoin de lapins et la direction des contraintes appliqués à un os influencent
pour le traitement de fractures récentes [84] . Chez l’homme, cette l’importance du traumatisme nécessaire pour entraîner
méthode a été évaluée pour le traitement de retard de consolida- une fracture.
tion. Wang et al. ont appliqué un protocole défini en fonction de • Chaque fracture est analysable comme association de
la localisation (6000 impulsions de 28 kV pour le fémur et tibia, contraintes simples. Ces déformations entraînent des traits
3000 impulsions de 28 kV pour l’humérus, 2000 impulsions de fracturaires remarquables et reproductibles.
24 kV pour radius et ulna) [85] . • La consolidation osseuse se fait par un jeu de cal médul-
Ils retrouvent un taux de 80 % de consolidation à 12 mois et laire, cortical et périosté. Chaque type est influencé par la
comparent ces résultats aux résultats chirurgicaux sans ses risques
stabilité absolue ou relative de l’ostéosynthèse.
malgré l’absence de groupe témoin.
• La stabilité d’une plaque d’ostéosynthèse classique est
L’utilisation des ondes de choc comme adjuvant montre aussi
des résultats encourageants avec des taux de consolidation signi- obtenue par friction de la plaque sur la corticale osseuse
ficativement supérieurs dans une étude randomisée chez des quand la plaque verrouillée crée un complexe vis-plaque
patients mono-traumatisés du membre inférieur traités par plaque rigide.
associée ou non à des ondes de choc [86] . • L’enclouage centromédullaire permet la conservation
de l’hématome fracturaire. C’est une ostéosynthèse à sta-
Ondes électromagnétiques bilité relative dont la rigidité dépend du diamètre du clou.
• La stabilité d’une ostéosynthèse par fixateur externe est
ou champs électromagnétiques pulsés fonction des fiches, du type de cadre ou barres de jonction
L’étude de l’électricité osseuse remonte à Paracelse au XVe siècle, et de la configuration tridimensionnelle du montage.
mais l’étude scientifique moderne date des années 1950 par
traitement chirurgical et le choix du type de matériel utilisé pour [24] Plecko M, Lagerpusch N, Pegel B, Andermatt D, Frigg R, Koch R, et al.
la fixation est une décision fondée sur ces connaissances, le patient The influence of different osteosynthesis configurations with locking
et la balance entre les bénéfices attendus et les risques. compression plates (LCP) on stability and fracture healing after an
La maîtrise de ce processus décisionnel est une des clés de la oblique 45 degrees angle osteotomy. Injury 2012;43:1041–51.
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N. Reina (reina.n@chu-toulouse.fr).
J.M. Laffosse.
Service de chirurgie orthopédique et traumatologique, Institut locomoteur, Hôpital Pierre Paul Riquet, Purpan, 31300 Toulouse, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Reina N, Laffosse JM. Biomécanique de l’os, application au traitement et à la consolidation des fractures.
EMC - Appareil locomoteur 2014;9(2):1-16 [Article 14-031-A-10].
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