Van Der Veen M.S A
Van Der Veen M.S A
Van Der Veen M.S A
Sébastien Bodinga-bwa-Bodinga
UNE SOCIÉTÉ
TRADITIONNELLE NOIRE
AFRICAINE ET SES PLANTES
UTILES : LES ÉVIYA DU
GABON
Dénomination, catégorisation
et utilisation des plantes
La flore tropicale de l’Afrique Centrale se caractérise par son extrême richesse et sa très
grande diversité. Elle recèle plusieurs dizaines de milliers d’espèces végétales dont
l’intérêt pour l’humanité et plus généralement pour l’écosystème de la planète tout entière
est manifeste. Outre l’équilibre écologique la forêt offre à l’homme des ressources
naturelles pour le présent et pour l’avenir. Les populations noires africaines qui vivent
dans ce milieu, ont su exploiter ces ressources avec une sagesse intuitive et empirique
remarquable pendant de très longs siècles. Le lexique geviya-français de la flore dont il
sera question dans cet ouvrage, constitue un témoignage intrigant de la manière
harmonieuse dont ces peuples ont réussi à articuler nature et culture dans le domaine de la
flore.
Pour les Eviya du Gabon, peuple très minoritaire vivant au centre du Gabon (voir cartes 1
et 2 ci-après), tout comme pour de nombreux autres peuples de ce fascinant pays
d’Afrique Centrale, la forêt est traditionnellement perçue comme un lieu sacré, imprégné
de mystères et de forces dont il convient de respecter scrupuleusement l’harmonie et
l’équilibre internes à tout moment. Les rapports que les membres de cette ethnie
entretiennent avec ce milieu sont multiples et complexes.
D’une part, les Eviya vivaient de la forêt. Ils trouvaient en elle de quoi se nourrir et
se chauffer, de quoi fabriquer les divers ustensiles dont ils avaient besoin et de quoi guérir
ou soulager leurs maux. La forêt était ainsi pour eux un lieu de vie qui fournissait les
moyens de subsistance, alors que l’absence de forêt était synonyme de disette ou de
famine1 .
D’autre part, les Eviya et les groupes ethniques qui les entourent, vivent, envore de
nos jours, au milieu de la forêt. Dans bien des cas, elle les cerne et se fait omniprésente.
Pour survivre il était indispensable jusqu’à très récemment de connaître ses lieux et de les
pratiquer ; indispensable aussi de connaître ses éléments constitutifs. Un non-initié se
perdait facilement en forêt où tout se ressemble et se perdre dans ces lieux obscurs
impliquait la plupart du temps la mort1 . Il fallait donc apprendre à s’y repérer. Activer et
aiguiser tous les sens, notamment la vue, l’odorat et l’ouïe. La maîtrise cognitive de la forêt
et des plantes était une nécessité absolue. Il fallait en outre apprendre à se protéger des
forces et êtres surnaturels qui, selon les croyances locales, peuplent les végétaux, les
rivières et les ruisseaux, les chutes et certains autres lieux spécifiques.
Toute exploitation sauvage d’un tel environnement était, dans une perspective
culturelle traditionnelle du moins, simplement impensable parce que contraire à la nature
des choses. Lorsque l’homme était amené à entrer dans ce lieu pour chasser ou pêcher,
pour cultiver ou encore pour cueillir quelques feuilles censées soigner ses maux, il était
tenu d’accomplir des gestes rituels afin d’apaiser les esprits et les génies du lieu. Ces
actes étaient l’expression d’une déférence profonde à l’égard de cet univers qui le
transcendait et lui offrait ses richesses. S’en servir pour vivre est autorisé dans l’esprit
d’un Moviya à condition de rétablir l’équilibre rompu.
C’est ainsi qu’au fil des siècles s’est constitué, grâce à l’interaction intensive entre
les hommes africains et la forêt, un savoir empirique immense du milieu forestier. Ce
savoir concerne bien évidemment les repères physiques, les changements dus aux
variations saisonnières mais aussi tout ce que la forêt offre d’utilisable (fruits, feuilles,
écorces, racines, sèves, bois, etc.) ainsi que l’exploitation de tous ces éléments pour
l’alimentation, la médecine, les pratiques rituelles, la chasse et la pêche, la construction des
cases et la fabrication d’objets, et bien d’autres domaines encore. Il nécessite un long
apprentissage.
Il est certain que les populations bantoues du Gabon sont pour une partie de leurs
connaissances de la forêt au moins, redevables à ceux que l’on appelle les “Maîtres de la
forêt”, c’est-à-dire les Pygmées (wa-b`Ong&O en geviya). Ceux-ci étaient installés bien
avant l’arrivée des bantous et avaient déjà appris à domestiquer ce milieu extrêmement
riche mais peu accueillant pour l’homme. Le lexique geviya de la flore comporte quelques
éléments qui font référence à ces spécialistes de la forêt. (Cf. les entrées ‚-penda dy-a
wabOngO et bo-kolo bw-a wabOngO.) Toutefois, le nombre de ces éléments n’est
pas représentatif de l’apport des Pygmées aux connaissances de la forêt.
Ces connaissances accumulées avec le temps ne constituent pas un savoir unifié. Il
s’agit bien plutôt d’un savoir dispersé, fragmenté. Le Moviya “moyen” a des
connaissances qui lui permettent de faire face aux besoins du quotidien. Des
connaissances plus spécifiques sont détenues par ceux qui fréquentent le milieu forestier
pour l’exercice de la chasse ou de la médecine. Ce sont en particulier les devins-
1. Comme l’affirme si bien le proverbe geviya : Èd`Kmb`an`a g&o p`Knd`K `a s&ab&ak&a m&od&Kg`a. ‘Ce ne
sont que les inhabitués qui se perdent en forêt.’
4
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
guérisseurs (‚-ng`ang`a en geviya) qui inspirent crainte et respect aux autres membres du
groupe. Ils connaissent parmi les plantes de la forêt celles qui restituent la santé et celles
qui peuvent causer la mort (poisons et contrepoisons), et ne partagent ce savoir qu’avec les
personnes de leur choix. Il n’y a généralement pas de mise en commun des savoirs
spécifiques entre tradipraticiens. Chacun veille à garder minutieusement le secret des soins
thérapeutiques qu’il dispense.
Il est bien connu que de lourdes menaces pèsent de nos jours sur les richesses de la forêt
tropicale. Chaque année des milliers d’hectares de forêt équatoriale africaine disparaissent
et avec ceux-ci d’innombrables espèces végétales et animales. L’exploitation sauvage des
ressources naturelles risque de déclencher à plus ou moins long terme une catastrophe à
l’échelle planétaire dont les dégâts seront inestimables. Elle donne d’ores et déjà lieu à la
disparition progressive des connaissances du milieu, notamment de celles qui concernent
la pharmacopée et les noms des végétaux. D’ici peu de temps, de nombreuses plantes
disparaîtront sans avoir été étudiées scientifiquement et avec elles vraisemblablement aussi
de nombreux principes actifs susceptibles de soigner des pathologies que la médecine
occidentale moderne ne sait pas encore combattre de manière efficace1 .
Une autre menace, toute aussi grave, pèse sur la continuité des savoirs accumulés. Il
s’agit du modernisme. Celui-ci occasionne une modification en profondeur du rapport
entre les hommes et la forêt. Le monde rural se transforme. L’homme gabonais en se
forgeant d’autres modes de vie devient moins dépendant de la forêt. L’école moderne se
substitue de plus en plus à l’école de la forêt. Les nouveaux moyens de transport et de
communication ont ouvert une brèche dans la forteresse verte. L’économie des villages se
modifie et de nouvelles habitudes alimentaires s’installent. Les centres d’intérêt se
déplacent et l’on assiste à l’abandon progressif des valeurs traditionnelles.
Cette évolution a pour conséquence fâcheuse que la symbiose entre les hommes et la
forêt se relâche et que les connaissances concernant cette dernière commencent à
s’évanouir.
1. D’après un article publié dans la revue Sciences et Avenir, moins de 2% des 90.000 plantes recensées
sous les tropiques ont été étudiées du point de vue pharmacologique jusqu’à ce jour. (Piro P., “La
pharmacologie à l’école des sorciers”, Sciences et Avenir, Hors Série n° 90, pp. 26-31).
5
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
Les Eviya (/e-∫&Ky`a/, sing. /mo-∫&Ky`a/) sont un groupe ethnique bantou du Gabon
qui aujourd’hui n’occupe plus qu’un seul village situé sur la rive droite de la Ngounié
(affluent de l’Ogooué) à proximité des rapides de Samba-Nagoshi et des chutes de
l’Impératrice1 et entièrement entouré de formations forestières secondaires, en face de la
ville de Fougamou, au centre du pays. (Voir carte 1, ci-dessous.) La région autour de
Fougamou se situe entre 200 et 500 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Cameroun
Gabon
Oyem
l
Guinée Equitoriale
LIBREVILLE
l
Port-Gentil
l oo uée l Lambaréné Og
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e
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l Sindara
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Fougamou l Ê
DU U
Eviya Franceville
Mouila l
l
Ng
ou
nié
l
OCÉAN Tchibanga Congo
Ny
an
ga
ATLANTIQUE
0 100 200 km
route principale
fleuve, rivière
Carte 1. Le Gabon et l’habitat des Eviya sur la rive droite de la Ngounié, en face de la ville de
Fougamou. La Ngounié est un affluent de l’Ogooué. Au sud-est de l’habitat des Eviya se situe le
Massif du Chaillu où plusieurs affluents de la Ngounié prennent leur source.
La région autour du village eviya est peu peuplée et difficile d’accès. Située au nord-ouest
du Massif du Chaillu, elle est délimitée par deux rivières, l’Ikoy et l’Ikobé, qui prennent
leur source dans ce Massif et se caractérise par un climat équatorial de transition de la
6
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
zone centrale. La hauteur des précipitations se situe entre 1 800 et 2 000 mm/an et
l’humidité relative dépasse les 80 % pendant toute l’année. Le village se trouve entouré de
deux types de formations végétales : à l’est par la forêt des montagnes gabonaises qui est
restée en grande partie inaffectée par les grandes exploitations forestières et où, comme le
montrera aussi le lexique, les Césalpiniacées sont bien représentées et l’okoumé (o-kume
en geviya et appelé au Gabon “l’arbre-roi”)1 , l’alep (o-tEva en geviya) et l’ozigo (o-
sigo en geviya) encore abondants. À proximité du village et de la ville de Fougamou on
trouve des plantations, des jachères et forêts dégradées. Les populations locales pratiquent
un système itinérant de brûlis2 .
Les Eviya n’occupent en réalité que trois quartiers sur quatre du village, à savoir
Mavono, Mokaba et Byogo. Le quatrième quartier, celui de Ngwasa, est habité par des
Mitsogo qui appartiennent au même ensemble ethnolinguistique référencé B30 dans la
classification de Malcolm Guthrie. Les noms de ces quartiers sont sans doute ceux
d’anciens villages qui se trouvaient plus loin de la Ngounié à l’intérieur du pays3 et qui
sont abandonnés de nos jours. (Voir carte 2, page suivante.)
Le nombre d’individus appartenant à ce groupe est très restreint. Il est néanmoins
difficile de le déterminer avec exactitude dans la mesure où plusieurs membres de l’ethnie
ont quitté leur village natal pour s’établir dans les grandes villes telles que Libreville, Port-
Gentil et Franceville. Les premiers documents écrits —ceux de l’explorateur Paul Du
Chaillu— faisant mention des Eviya (les “Avias”) suggèrent que déjà au milieu du siècle
dernier, les Eviya n’étaient plus très nombreux. Il y est question de quelques villages
seulement dont certains se trouvaient, à l’époque, dans un état assez lamentable et mal en
point. Depuis, la population eviya a encore considérablement diminué en nombre sous
l’effet de plusieurs épidémies (varicelle et variole entre autres) et aussi par assimilation
avec les ethnies voisines, les Mitsogo et les Eshira (infra). Il y a une quarantaine d’années,
Soret estimait leur nombre à 3504 . Tout laisse penser que les Eviya, à l’instar de plusieurs
autres ethnies du Gabon, sont actuellement en voie de disparition totale.
Quasiment rien ne nous est connu de l’histoire antérieure de cette ethnie. La
tradition orale que rapporte Bodinga-bwa-Bodinga5 est intéressante mais elle est loin
d’être claire et comprend des éléments historiquement invraisemblables. Le groupe
linguistique auquel appartient leur langue présente des affinités avec les langues venues du
1. Pourtier (1989 : 35) attire l’attention sur l’étroite association entre l’essence de cet arbre et le Gabon.
2. Informations tirées de Barret (1983). Dans cet ouvrage, Guy Caballé précise que la phytogéographie est
une science neuve au Gabon et que par conséquent beaucoup de travail reste à faire (p. 37).
3. A 7 km environ.
5. Bodinga-bwa-Bodinga (1969).
7
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
Nord et du Nord-Est. Une zone d’origine commune située dans le Nord du Gabon, en
l’occurrence l’Ivindo, paraît plausible1 . Il est toutefois probable que les Eviya habitent
cette région depuis fort longtemps maintenant et que de nombreux échanges ont eu lieu
entre les différentes ethnies sur place.
Ν
Zone EVIYA
n école
n
Zone MITSOGO
n n
maison familiale Bodinga Mokaba
n
n n n n
n n
Ngwasa n n n
n
n n n
n marigot n
n n n n
n n n n
n n
n Mavono
n n
a val ddébarcadère
éba rca dèrecentrale
cen tra l a mo nt
Ng ounié
chu tes
n Habitation(s)
Carte 2. Plan du territoire eviya établi d'après un croquis détaillé réalisé par Moïse Modandi wa-
Komba. L'emplacement du quartier Byogo n'y ayant pas été précisé, celui-ci n'a pas été indiqué sur
cette carte. La ville de Fougamou se trouve en face, sur la rive opposée de la Ngounié.
8
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
Le lexique spécialisé qui suit comporte près de 700 noms de plantes, simples ou
composés2 et de nombreuses précisions sur l’utilisation des plantes par les Eviya.
Beaucoup de termes du lexique sont encore connus des jeunes locuteurs eviya mais
—signe inquiétant— ces derniers sont de moins en moins capables d’identifier
correctement les référents qui correspondent à ces termes, sous l’influence, bien entendu,
des facteurs décrits ci-dessus.
Le nombre de végétaux identifiés jusqu’à ce jour s’élève à 4493 . Ceux-ci
appartiennent à près de 90 familles. Certaines de ces familles sont particulièrement bien
représentées. Il s’agit des Annonacées (12 espèces), des Apocynacées (16 espèces), des
Aracées (11 espèces), des Composées (13 espèces), des Euphorbiacées (30 espèces), des
Graminées (16 espèces), des Légumineuses-Césalpiniées (21 espèces), des Légumi-
neuses-Mimosées (11 espèces), des Légumineuses-Papilionées (17 espèces), des
Moracées (10 espèces), des Palmacées (11 espèces), des Ptéridophytes (14 espèces), des
Rubiacées (19 espèces), des Solanacées (10 espèces) et des Zingibéracées (11 espèces).
Parmi les végétaux non identifiés, on trouve un nombre plus ou moins important de
champignons, de bananiers et de variétés de manioc, de taro et d’igname.
Le lexique fait clairement apparaître que la majeure partie des plantes utiles des
Eviya sont utilisées à des fins THERAPEUTIQUES. Il va de soi que les nombreuses
propriétés que les membres de ce groupe ethnique attribuent aux plantes devraient faire
l’objet de tests scientifiques en laboratoire et d’expériences pharmacodynamiques sur le
terrain. Ceci permettrait sans doute de mettre en évidence des principes actifs encore
inconnus. Mais il est d’ores et déjà clair que l’efficacité de nombreux végétaux ne réside
Pourtier (1989 : 150) signale par exemple l’existence d’une liste de noms vernaculaires fang établie par le
PDFG dont le nombre d’items s’élève à 355.
3. Cette identification a pu se faire d’une part grâce aux locuteurs eviya eux-mêmes (lors d’enquêtes
menées par S. Bodinga-bwa-Bodinga, voir ci-après) et d’autre part grâce aux descriptions fournies dans les
ouvrages de Raponda-Walker & Sillans (1961) (réunissant près de 1 000 espèces !), de Saint-Aubin
(1963), de Letouzay (1972) et de Pousset (1989).
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Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
pas (exclusivement) dans leur composition chimique. Certaines plantes ont une valeur
clairement symbolique et sont utilisées au cours de rituels sociaux et religieux dont nous
ignorons souvent le détail. Sans ce contexte, elles perdraient leur efficacité. Ce qui ne
signifie pas que ces plantes soient sans importance pour le monde médical. Elles peuvent
contribuer notamment à l’étude de l’action thérapeutique du symbolique sur l’inconscient
de l’homme. L’utilisation que les Eviya font de l’arbre Strombosiopsis rigida
(OLACACEE) (nommé mo-fieba en geviya) illustre bien ce propos et ce cas n’est
certainement pas un cas isolé. L’écorce de cet arbre possèderait certaines propriétés
permettant de soigner les maux de reins et les courbatures. Le nom lui-même du végétal
est devenu opaque : il ne peut être rapproché d’aucun autre élément lexical de la langue.
Mais parmi les propriétés sémantiques rentrant dans la définition locale de ce végétal, on
trouve la rectitude (physique) du tronc et la dureté du bois. Ce sont justement ces traits
sémiques qui fondent l’utilisation thérapeutique du végétal. L’écorce de cet arbre droit et à
bois dur transférerait donc ces caractéristiques sur le malade qui l’ingurgite.
Le lexique geviya-français de la flore rassemble tous les termes désignant des espèces
végétales ou des parties de végétaux qui sont attestés dans différents documents descriptifs
établis initialement par Sébastien BODINGA-BWA-BODINGA, locuteur eviya soucieux de la
sauvegarde du patrimoine ethnolinguistique de sa communauté. Le plus important de ces
documents est sans doute celui qui a permis d’élaborer le dictionnaire geviya-français
(Gedandedi sa geviya) sorti en 2002. Un autre document sur lequel s’appuie le présent
ouvrage portait exclusivement sur la pharmacopée eviya1 .
Les termes provenant de ces documents ont tous été vérifiés quant à leur forme et
leur contenu, et ensuite classés suivant l’ordre de l’alphabet proposé pour la langue
geviya2 . Ont été déterminés pour chacun d’entre eux, la tonalité structurelle, la catégorie
grammaticale et les différents contenus. Dans ce travail, Moïse Modandi wa-Komba nous
a été d’un grand recours. Ensuite, un travail de recherche minutieux mené parallèlement a
permis d’identifier un grand nombre de végétaux, comme nous l’avions déjà précisé plus
haut. Noms locaux et appellations scientifiques ont ainsi pu être mis en correspondance.
Les utilisations médicinales indiquées pour bon nombre de plantes semblent être le résultat
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Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
d’une compilation à la fois de données recueillies sur le terrain par Sébastien Bodinga-
bwa-Bodinga et de données empruntées à Raponda-Walker & Sillans (1961)1 .
Cet ouvrage qui couvre différents champs d’études s’adresse à un public diversifié
comprenant les botanistes à la recherche de nouvelles espèces végétales, les linguistes
africanistes qui s’intéressent à l’étude des lexiques spécialisés, à la comparaison des
langues et au sort d’une langue en voie d’extinction, les ethnologues fascinés par la
diversité des cultures, les ethnopharmacologues en quête de nouveaux principes actifs
pouvant être mis à profit en médecine, et, bien entendu, les diverses populations de cette
région d’Afrique, en particulier celles du Gabon, qui vivent pratiquement toutes à
proximité de la forêt tropicale et pour qui les plantes font encore partie intégrante de la vie
quotidienne. Peu nombreux sont les végétaux mentionnés dans le lexique qui ne font
l’objet d’aucun usage pratique, au point que l’expression usuelle “plantes utiles” prend
les allures d’un pléonasme. Les plantes et arbustes sont utilisés dans le cadre des soins
thérapeutiques traditionnels, en cosmétique et pour la parure, pour la construction des
cases, pour la fabrication d’outils et d’autres artefacts, lors des rites d’initiation, etc.
Les entrées sont globalement organisées de la manière suivante : l’entrée lexicale est
donnée en transcription phonologique et suivie de sa tonalité structurelle (H pour haut, B
pour bas, HB pour haut-bas, etc.2 ), de sa classe grammaticale (ici exclusivement des
lexèmes nominaux, d’où le n pour ‘nom’) et de la ou des classe(s) nominale(s) (voir ci-
après). Sont présentés ensuite le ou les contenus sémantiques du nom ainsi que la
désignation scientifique du végétal si celui-ci a pu être identifié, accompagnée la plupart du
temps d’indications sur l’usage local (médicinal ou autre) du végétal en question et de
précisions sur le sens littéral de l’entrée lexicale. En dernière position, on pourra
également trouver d’éventuels synonymes.
Chaque entrée lexicale est précédée d’un préfixe marqueur de classe, séparé du
thème nominal par un tiret et placé entre parenthèses. Il s’agit généralement du morphème
classificateur du singulier. Pour les syntagmes nominaux de type N1 connectif N2 (où N
1. Cette source n’est cependant pas citée explicitement dans les documents de Sebastien Bodinga.
2. Une lettre minuscule note un ton structurel flottant.
11
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
12
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
MN MA
classe ___C ___V dém. référ. dét. conn. num. sujet objet
1 mo- mw- n&o- n&- mw&- w- & -?
o a m&o-
m-1 ‚- Ø-
mo-2
2 wa- w- w&a- w&- w&- w&- w&a- w&a w&a-
wa-3
3 mo- mw- &o- w&- w&- w&- &o- &o &o-
m-4 ‚&-
mo-5
4 mi- my- m&K- my&- my&- my&- m&K- m&K m&K-
5 e- ‚- &e- (&e-) (&e-) (&e-) &e- &e &e-
e-6 ‚&- ‚&- ‚&-
5a di- dy- d&K- dy&- dy&- dy&- d&K- d&K d&K-
6 ma- m- m&a- m&- m&- m&- m&a- m&a m&a-
ma-7
7 ge- gy- g&e- s&- s&- s&- g&e- g&e g&e-
g-
ge-8
7a ge- s- g&e- s&- s&- s&- g&e- g&e g&e-
8 e- e- &e- (&e-) (&e-) (&e-) &e- &e &e-
‚- ‚&- ‚&- ‚&-
9 ‚- ny- n&e- n&- ny&- ‚- ‚- e &e-
10 ‚- ny- d&K- dy&- dy&- dy&- &K- d&K d&K-
10a i- dy- d&K- dy&- dy&- dy&- &K- d&K d&K-
3. Idem.
6. Idem.
7. Idem.
8 Idem.
13
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
MN MA
classe ___C ___V dém. référ. dét. conn. num. sujet objet
11 o- w- &o- w&- w&- w&- &o- &o &o-
o-1 ‚&-
13 to- tw- t&o- tw&- tw&- tw&- t&o- t&o t&o-
14 bo- bw- b&o- bw&- bw&- bw&- b&o- b&o b&o-
16 va- v- v&- v&- v&a
17 go- gw- gw&- g&o
19 vi- vy- v&K- vy&- vy&- vy&- v&K- v&K v&K-
Tableau 2.
Le système des marqueurs de classe nominale et d’accord. (D’après Van der Veen, 1991, version reprise et
complétée au vu des données les plus récentes)
N.B. Les marqueurs d’accord (MA) apparaissent devant les formes des démonstratifs (proche et éloigné)
(dém.), du référentiel (réf.), des déterminatifs (dét.), du connectif et du possessif (conn.), du numéral
(num.). Les indices pronominaux (IP) figurent devant la base verbale (sujet) et infixés à celle-ci (objet).
Pour certaines formes des variantes ont été relevées. Les formes des classes 16 et 17 (classes locatives) se
distinguent du reste de par leur statut morphosyntaxique particulier (proclitiques ou prépréfixes).
Les noms sont subdivisés en GENRES qui sont caractérisés soit par un couple de
marqueurs nominaux de classe (genres binaires) soit par un seul marqueur nominal de
classe (genres unitaires). Les appariements de classes correspondent à une corrélation de
nombre (singulier vs pluriel). Le geviya possède une douzaine de genres binaires et autant
de genres unitaires.
Les appariements de classes nominales les plus fréquents en geviya sont 1/2
(humains), 3/4, 5/6, 7/8, 9/10, 11/10 et 11/10a. Pour ce qui est des noms de végétaux on
trouvera essentiellement les couplages 3/4, 5/6, 7/8, 9/10 et 11/10a.
1. Idem.
2
. L’ordre retenu est le suivant : a, b, d, (e), E, f, g, i, k, l, m, n, o, O, p, r, s, t, u, v, (w) et y.
14
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
Lorsqu’on regarde très attentivement le lexique, on peut s’apercevoir qu’il existe dans un
nombre relativement important de cas deux, trois ou même plus de noms geviya pour un
seul et même végétal1 . Quelle peut bien être l’explication de ce curieux phénomène ? Il se
pourrait que ces doublets et triplets constituent des indices de l’existence d’un vocabulaire
parallèle d’experts comme en fang, une autre langue du Gabon2 . Une étude détaillée du
phénomène a démontré qu’il n’en est pas ainsi. Le dédoublement partiel du lexique ne
peut être expliqué par l’existence d’une double taxonomie locale des noms de plantes,
l’une populaire, l’autre spécialisée et initiatique. Il s’explique plus simplement par
l’emprunt et le CONTACT DES LANGUES.
L’ethnie de Eviya ainsi que leur langue sont, comme nous l’avons déjà indiqué plus
haut, menacées de disparition3 . Numériquement très peu importants et subissant les effets
des départs pour les grandes villes et de l’exogamie, les Eviya sont devenus plurilingues
suite à l’apprentissage de langues voisines souvent plus vigoureuses4 . Ce plurilinguisme
inégalitaire exerce une pression toujours croissante sur le geviya, au niveau du lexique
(intégration d’emprunts dans certains domaines spécifiques du lexique) mais aussi au
niveau de la phonologie (variations au niveau des règles d’harmonie vocalique, de la
phonotaxe5 et du système tonal, introduction de nouveaux phonèmes, etc.). La pratique de
la langue diminue également, ce qui a des conséquences inévitables pour l’acquisition de
cette dernière par les jeunes enfants.
Dans un très grand nombre de cas, l’un des noms de plante est propre au groupe
B30 et l’autre à la langue eshira (fii-sira, groupe B40), comme le montrent les résultats
des recherches présentés sommairement à l’aide de quelques chiffres et pourcentages ci-
dessous6 . Ceci n’est guère étonnant dans la mesure où les Eviya, les Mitsogo du même
village et les Eshira de Fougamou entretiennent des contacts très intenses qui sont de
l’ordre du quotidien.
1. Environ 22% des végétaux sont désignés par deux ou trois termes distincts (différences phonologiques
et/ou lexicales).
2. Voir Van der Veen (à paraître, a).
4. Nous faisons abstraction ici du français que parlent aussi la plupart des locuteurs.
5. Les jeunes locuteurs n’ont pas les mêmes réalisations vocaliques en fin de mot que les anciens. Ceci
15
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
• Résultats de l’étude des triplets : il ressort une prédominance de termes B30. Dans
trois cas sur 12 (25 %), B30 (getsogo) et B40 (eshira) se trouvent réunis. Triplets
entièrement B30 : 25 % (3). Triplets entièrement non B40 : 17 % (2).
Du côté des lexèmes uniques, on retrouve les mêmes tendances (351 lexèmes
uniques dont 35 indéterminés) :
Une étude détaillée d’un nombre important d’éléments du lexique de la flore a permis de
faire plusieurs observations intéressantes quant aux procédés de construction et aux
principes de dénomination qui ont contribué à sa formation. Le corpus, présenté dans
l’annexe 2 de cet ouvrage, comprenait 334 lexèmes en tout. Il s’agit de tous les lexèmes
compris dans le lexique qui peuvent être rapprochés de manière plus ou moins nette
16
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
d’autres éléments lexicaux de la langue. Ces derniers figurent dans le dictionnaire geviya-
français susmentionné.
17
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
Les entrées 193 et 203 montrent que N2 peut à son tour être un syntagme complétif,
mais dans la grande majorité des cas ce nominal est simple. Le doublet 187/188
s’explique par l’emprunt.
Les autres types de composition sont mineurs. Six entrées relèvent du type « base
verbale + complément ». Le doublet 325/326 s’explique comme les précédents par
l’emprunt. Seulement deux entrées ont la structure d’un verbe conjugué (331 et 332) et
deux autres celle d’un syntagme complétif ayant perdu le connectif (333 et 334).
18
Une société traditionnelle noire africaine et ses plantes utiles : les Eviya du Gabon
Les Pygmées sont traditionnellement considérés comme les grands Maîtres de la forêt6 et
de la médecine traditionnelle. Leur connaissance des plantes médicinales est inégalée.
Toutefois, en cas de maladie, on ne demandera jamais à un Pygmée d’établir un
4. Dans les cas où il y a référence directe à la maladie, la métonymie est de type « non-effet pour la
cause ».
5. Littéralement : « le compteur » (personne qui compte).
6. La forêt est symboliquement le lieu où demeurent les esprits des défunts (la mort). Elle appartient au
monde nocturne (mystique). Les défunts confèrent aux éléments de la forêt une partie de leur énergie vitale,
régénératrice.
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diagnostic. Ceci est socialement inconcevable. On lui accorderait en faisant cela, une place
qui ne lui reviendrait pas. La panthère, animal nocturne redoutable, symbolise la force
mystique des personnes (sorciers) qui se dédoublent la nuit pour dévorer leur(s)
victime(s). Le chimpanzé est le symbole des pouvoirs quelque peu obscurs et
imprévisibles des esprits. La plupart du temps, lorsque les gens rencontrent un chimpanzé
en forêt, ils croient apercevoir un revenant (le monde des ancêtres faisant irruption dans le
leur).
La classification des plantes par les Eviya n’a rien d’une taxonomie scientifique, même si
parfois certains regroupements d’espèces ou de variétés végétales se rapprochent
sensiblement des classes établies par les botanistes occidentaux. Il est clair que les critères
de classement ne sont pas les mêmes la plupart du temps.
Quelques faits intéressants doivent être mentionnés ici. Les noms qui dénotent des
variétés de plantes ne sont pas systématiquement plus complexes que ceux qui dénotent
des espèces. Cf. e-ake ‘variété de manioc’ et ‚-ganza ‘variété d’arachide’. Le degré
d’élaboration lexicale et le degré de complexité morpholexicale ne sont donc pas corrélés
de manière absolue. L’accroissement de la complexité des lexèmes est une tendance au
niveau de la différenciation particularisante (niveau des subordonnés).
Un même nom (ou expression nominale) peut dénoter deux espèces au sens
scientifique du terme (et même parfois plus). Exemples : w-abe, o-bata, ge-
bukubuku (chacun de ces noms renvoyant à deux espèces qui appartenent à deux
familles différentes) et mo-tsongo (trois espèces appartenant à trois familles
différentes). De la même manière, un même nom (ou expression nominale) peut désigner
plusieurs variétés (d’une même espèce) que la classification scientifique différencie sur le
plan lexical. Exemples : ge-bOta, mo-lOli.
Deux expressions (ou plus) de type N1 connectif N2 avec le même nom de végétal
occupant la position N1 et qui dénotent chacune une variété de plante différente au sens
local du terme (selon des critères localement importants), peuvent renvoyer à des végétaux
qui en botanique sont considérés comme des espèces différentes. Dans certains cas ces
végétaux appartiennent à la même famille de plantes, dans d’autres ils appartiennent à des
familles différentes. Exemples : la paire mw-ale w-a mosEgE (wa odi a
midyOkidyOki) ‘citronnier de mer’ (OLACACEE) et mw-ale w-a motangani
‘oranger’ (RUTACEE), le triplet bo-kolo bw-a maranda Hibiscus surattensis
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Les végétaux sont bien représentés dans les proverbes eviya. Les proverbes qui renvoient
aux plantes illustrent à merveille les rapports intensifs que les Eviya entretiennent avec le
milieu forestier. Nous n’en citerons ici que quelques-uns à titre d’exemples. Les noms de
végétaux se reconnaissent grâce au soulignement.
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Deux listes ont été placées en annexe. La première, préparée à partir du lexique, présente
tous les végétaux identifiés à partir de leur désignation scientifique (genre/espèce, famille)
et accompagnées de précisions sur l’usage que les Eviya en font. Les présumées
propriétés thérapeutiques s’y trouvent donc également récapitulées.
La seconde expose le corpus de 334 lexèmes qui a servi de base à l’étude des
procédés de construction et des principes de dénomination qui ont contribué à la formation
du lexique. Cette longue liste avec ses nombreux exemples met entre autres en évidence
lesquels des aspects des végétaux ont le plus retenu l’attention des locuteurs eviya.
Pour mieux comprendre le Gabon en tant qu’espace largement couvert par des
formations forestières nous nous contentons de renvoyer le lecteur à des ouvrages tels que
Pourtier (1989)1 . Ce dernier propose des analyses intéressantes notamment du rapport
que les populations gabonaises entretiennent avec la forêt omniprésente et de l’influence
que cette dernière a pu avoir sur leur mode de vie et sur leurs représentations de l’espace2 .
R EFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BARRET J. et al. (eds.) (1983), Géographie et cartographie du Gabon : atlas illustré,
Paris, EDICEF.
BODINGA-BWA-BODINGA S. (1969), Traditions orales de la race eviya, Paris, T.M.T.
BODINGA-BWA-BODINGA S. & L. J. VAN DER VEEN (1993), “Plantes utiles des Evias :
Pharmacopée”, Pholia, 8, pp. 7-66.
1. R. Pourtier est professeur de Géographie tropicale et s’est spécialisé dans l’étude de l’Afrique Noire
contemporaine.
2. Pourtier, p. 152, au sujet de la courte vue que la forêt impose à l’humain.
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LEXIQUE GEVIYA-FRANCAIS DE LA FLORE
-a -
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Pierre. L’écorce sert à faire des Bidens pilosa L. C’est une mauvaise
cloisons et des portes. Les fibres herbe qui donne des graines noires à
permettent de fabriquer d’excellentes deux dents, qui s’attachent aux
cordes et des courroies de charges. vêtements. Usage méd. : filaire de
Usage méd. : vomitif (décoction de l’œil, cicatrisation des plaies. A
l’écorce), gale (macération des râpures rapprocher du verbe e-bEnzEgEa
en lotions). Syn. ‚-konzo, mo- ‘se casser’.
rolo. || Ce nom veut dire aussi : (ge-)b E t E BH n 7/8 •1° variété de
pigeon domestique. plante herbacée, ARACEE, taro, Colo-
(e-)b e n d e B n 5/6 •1° variété casia esculentum Schott. •2° feuille
d’arbre, EUPHORBIACEE, Croton comestible du taro. A rapprocher du
tchibangensis Pellegr. Usage méd. : la radical -b`Et- ‘forger’ ?
décoction des feuilles est employée en (ge-)b E t E (s-)a m i g e s i B
lavements. •2° variété de champignon (h+B HB) n 7/8 variété de plante
comestible à chapeau d’abord conique, aquatique fixée au sol par un rhizome
puis en forme de bouclier, qui pousse tubéreux, à fruit globuleux de la taille
sur le tronc de l’arbre ge-sanga. d’une pomme (litt. ‘taro des génies’),
(e-)b e n d e (e-)m a i d a n i B NYMPHEACEE, Nénuphar blanc des
(H+B+H) n 5/6 variété d’arbre (litt. étangs, Nymphaea lotus L. Usage
‘e-bende (qui est) noir’), EUPHOR- méd. : ulcères (feuilles en appli-
BIACEE, autre nom pour Croton cations), gale (idem). Les femmes
tchibangensis (?). Voir aussi e- enceintes consomment les feuilles
bende. cuites à l’étuvée.
(e-)b e n d e (e-)a v E p E r E B
(H+B H) n 5/6 variété d’arbre à bois (‚-)b i l i B n 9/10 variété de liane
blanc (litt. ‘e-bende blanc’), grêle, MENISPERMACEE, Patate du
EUPHORBIACEE, Croton wellensii De Golfe de Guinée, Dioscoreophyllum
Willd. cumminsii Diels. Usage alimentaire :
rhizome charnu mangé cuit.
(mo-)b E n z E g E a H n 3/4 variété (‚-)b i l i (‚-)a b a n g a B
d’herbe rudérale annuelle à odeur (b+B ??) n 9/10 variété d’arbrisseau à
forte, LABIEE, Aeolanthus lamborayi rameaux pendants (litt. ‘bili de (?)’),
De Willd. C’est une mauvaise herbe à AGAVACEE, Dracaena le testui
feuilles dentées. A rapprocher du verbe Pellegr. Les tiges servent à faire des
e-bEnzEgEa ‘se casser’. cannes.
(mo-)b E n z E g E E H+HB? n 3/4 (o-)b i n z o HB n 11/10a variété de
variété de plante élevée, COMPOSEE, grand arbre dont l’écorce dégage une
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(mo-)k a a H n 3/4 •1° variété chauffé au feu et tordu avec les mains),
d’herbe vivace, GRAMINEE, Fausse scarifications (cendres des bractées
citronnelle, Cymbopogon citratus épineuses en applications). Ce nom
Stapf. Usage méd. : biens de siège s’apparente à celui de l’huile (m-
contre les hémorroïdes, nettoyage des adi). Syn. e-nzae.
dents (bout de rhizome), anti- (o-)k a d i (w-)a m i t a n g a -
moustique (feuilles brûlées dans les n i BH (H+B H) n 11/10a variété
cases). Usage alim. : infusions. •2° d’arbre, PALMACEE, Cocotier (litt.
variété de plante à racine odorantes, ‘o-kadi des Blancs’), Cocos
GRAMINEE, Vétiver, Vetiveria zi- nucifera L. Palmier importé par les
zanoides Stapf. Plante importée de Blancs. Usage méd. : diurétique (lait),
l’Inde. Usage alim. : infusions. Autres vermifuge (huile), fébrifuges (racines).
usages : les racines préservent les Syn. (m)o-koko.
fourrures des insectes et permettent de (o-)k a k a o B n 11/10a variété
fabriquer du parfum. Syn. ‚-nzola. d’arbre, STERCULIACEE, Cacaoyer,
Rapprochement des deux variétés sur Theobroma cacao L.
la base de l’usage (infusions, anti- (‚-)k a k e BH n 9/10 variété de
moustique). grand arbre dont le bois et les graines
(e-)k a b u B n 5 ou 5a variété de servent de condiments, LEGUMI-
plante herbacée à tubercules blancs, NEUSE-CESALPINIEE, Arbre à ail,
ARACEE, Chou caraïbe, Xanthosoma Sclorodophloeus zenkeri Harms.
sagittaefolium Schott. Syn. ‚-pwati. Usage méd. : constipation (infusion de
Ce nom semble dérivé du verbe e- l’écorce) ; rhume et toux (infusion de
kaba voulant dire ‘donner’, l’écorce avec du piment et des
‘partager’. aubergines amères) rhumatismes
(o-)k a d i BH n 11/10a variété de (écorce en fumigations), maux de tête
palmier, PALMACEE, Palmier à huile, (écorce réduite en poudre). Aussi o-
Elaeis guineensis Jacq. La sève fournit vita w-a kake. A rapprocher du
le vin de palme. Usage méd. : verbe e-kakamea signifiant ‘cal-
bronchite et lactogène (chou bouilli mer’. || Autre sens : étoffe brune
avec du sel et du piment), cicatrisation jaunâtre.
des coupures (suc extrait du pétiole
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(mo-)t o m a H n 3/4 variété d’arbre Mitragyna ciliata Aubr. & Pell. Usage
médicinale à écorce grisâtre et méd. : poitrine (écorce bouillie avec du
odorante, ANNONACEE, Pachy- piment et des graines de ‚-nongo
podanthium staudtii Engl. & Diels. ‚-a modi), stérilité des femmes
Usage méd. : anti-poux (écorce). (macération de l’écorce, mélangées
|| Autres sens : envoi ; commission ; avec d’autres écorces, en lavements).
fétiche permettant d’obtenir des (‚-)t O k a HB n 9/10 variété d’arbre
cadeaux. à suc résineux, APOCYNACEE, Cono-
(ge-)t o m b a + t o m b a H+H n 7/8 pharyngia sp. On se sert de son
variété de plante herbacée à fleurs d’un écorce pour rendre le vin de palme
rouge vif placées au sommet d’un long enivrant.
pédoncule rigide (litt. ‘grande (e-)t O m b E B n 5/6 variété de
hauteur’), AMARYLLIDACEE, Hae- palmier, PALMACEE, Raphia à
manthus multiflorus Martyn. Usage piassava, Raphia taedigera Mart.
méd.: plaies infectées (bulbe réduite en (mo-)t O m b i B n 3/4 variété de
poudre), ulcères (idem). Usage rituel : grand arbre odoriférant à écorce rouge,
cette plante sert à décorer les figurines LEGUMINEUSE-CESALPINIEE, Copai-
de Bouiti. fera religiosa J. Léonard. Usage
(ge-)t o m b o H n 7/8 variété de méd. : douleurs de ventre (écorce en
plante, ARACEE, Pistie, Salade du Nil, macération) ; maux de tête et douleurs
Pistia stratiotes L. Succédané du sel, des reins (écorce en fumigations).
extrait des cendres de cette plante. Parfum pour cheveux, fabrication de
Usage méd. : hémorroïdes. Voir ge- flambeaux rituels (chasseurs et
tumbu. Bouiti). Usages fétichistes : cet arbre
(o-)t o n g a HB n 11/10a •1° variété est considéré au Gabon comme le roi
de gros champignon de forêt à des arbres (mo-ndomba ‚-a
chapeau gris, arrondi, charnu, pied mite). C’est un arbre mystérieux, qui
court et blanc, odeur agréable. •2° résonne comme pour répondre
champignon (terme générique). lorsqu’on frappe. Il donnerait richesse,
(‚-)t o n g o B n 9/10 variété d’arbre, honneurs et célébrité. L’initiation de la
MORACEE, Ficus à pagne, Ficus société du Bouiti se fait au pied de cet
thonningii Blume. Usage vesti- arbre.
mentaire. Syn. ge-EbE. || Autre (‚-)t O m b O B n 9/10 variété d’arbre,
sens : pagne en écorce. BURSERACEE, Pachylobus trimera
Guillaum. Usage méd. : diarrhée
(‚-)t O b O B n 9/10 variété d’arbre, (écorce bouillie dans une eau où il
RUBIACEE, Tilleul d’Afrique,
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ANNEXES
Annexe 1
La liste qui suit présente tous les végétaux identifiés à partir de leur nom
scientifique. Celui-ci est suivi du ou des noms geviya et la plupart du temps de
l’énumération des diverses applications. La liste contient également plusieurs variétés
végétales non identifiées. Il s’agit principalement de variétés de bananiers (MUSACEES),
de champignons, de variétés de manioc (Manihot, EUPHORBIACEES), de taro (Colocasia,
ARACEES, de canne à sucre (Saccharum, GRAMINEES) et de patates (Ipomoea,
CONVOLVULACEES).
1 Les lexèmes précédés d’un ‚‚ sont des lexèmes à préfixe nominal zéro, formant leur singulier dans la
classe 9.
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1. Tonalité inconnue.
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1 Tonalité inconnue.
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1. Tonalité inconnue.
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1 Tonalité incertaine.
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1. Tonalité incertaine.
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1 Tonalité incertaine.
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1. Tonalité inconnue.
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1. Tonalité inconnue.
2. Tonalité inconnue.
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CHAMPIGNONS è-bèndè
(indéterm.) ‚-b`Okw&E`
‚-d&eg`Ol&E
v`K-dy&ogàdy&ogà
w-`Erà, w-`Er`E
è-g&el&eng&e
‚-kàr&agàr&a
gè-k&Eb&E = s-&ob&e
‚-k&on&a
è-k`Om`En`O
gè-l`Omb&E
‚-mb&Kyò
‚-nyàngàngò
‚-nz&obò ‚-à n`Ong&O
è-nzògòrògò
bò-nz&onz&a
s-&ob&e = gè-kEbE
b-`Ok&O
‚-p&End&E
gè-p&Kd`Kng&a
bò-r`End&Elà
ò-sàngà
è-s`Eb`E
ò-s``E`E
gè-sòmbè (s& -à nz`Kg&o)
‚-t&ambà
‚-tèngèrèngè
ò-t&ongà
gè-ts&ol&o = gè-tsw&El&E
‚-ts`Od`Ks`Od`K
‚-ts`Od`Ks`Od`K ‚-à mònà`K
gè-tsw&El&E = gè-ts&ol&o
gè-v`Endà s& -à èbùmù purgatif, poux de tête
‚-v`Kk&a`
mò-v&und&a
Dictiophallus sp. ‚-s`Ongw`E
ò-v&ek&e w& -à ny&ambè
130
Annexe 2
INTRODUCTION
Cette seconde annexe présente le corpus d’une étude détaillée des principes de
construction et de dénomination qui sous-tendent la formation du lexique geviya de la
flore. Cette étude a porté sur plusieurs centaines de lexèmes simples et composés. Ce
corpus est présenté dans la première partie de cette annexe (sections 1 et 2). Les données
ont été classées d’abord d’après leur structure (construction) et ensuite d’après des
critères qui ont davantage trait à la sémantique lexicale (dénomination). Pour chaque
lexème ont été indiqués les classes nominales (deuxième colonne), les rapprochements
que l’on peut faire au niveau du lexique, (dans la mesure du possible) le mécanisme
intervenant dans la dénomination et les propriétés retenues (troisième colonne) et enfin le
ou les référents (dernière colonne).
Les résultats les plus intéressants de cette étude analytique ont été exposés dans
l’introduction de cet ouvrage. (Voir section “Comment ce lexique s’est-il formé du point
de vue linguistique ?”.)
L EXEMES SIMPLES
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(Aspect)
60. (ge-)badango n 7/8 ‘canard (domestique)’ variété de manioc à
aspect tubercule doux
61. (‚-)kanga n 9/10 ‘pintade’ {métaphore} aspect Arum maculi, Arum sp.
(feuilles tachetées)
62. (‚-)kEgE n 9/10 ‘variété de chauve-souris’ Sarcophrynium
(aspect ?) brachystachyum
63. (mo-)koka n 3/4 ‘mangouste noire’ {métaphore} Eranthemum nigritianum
couleur foncée
64. (e-)kokolo n 5/6 ‘variété de serpent’ Setaria megaphylla
{métaphore} aspect (grande herbe
vivace)
65. (‚-)mbEmbE n 9/10 ‘pic-bœuf’ (Buphagus africanus) variété de bananier à
{métaphore} pelure grosses bananes
caractéristique (?)
66. (‚-)ngomba n 9/10 ‘animal appelé communément Thonningia sanguinea
‘porc-épic’ (Athérure)’
aspect
67. (‚-)ngoea n 9/10 ‘potamochère’ {métaphore} variété de bananier-
longue hampe caudale à plantain
l’extrémité du régime
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(Effet)
79. (ge-)tsatsa n 7/8 (verbe signifiant ‘piquer’) Fleurya aestuans
‘variété de chenille venimeuse à
poils piquants’ {métaphore}
poils piquants
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N OMS DE MALADIES
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119. (mo-)gEnda n 3/4 ‘étranger’ (lien peu clair avec le variété de manioc très
végétal, probablement amer
métaphorique)
120. (ma-)nzwEngi n6 ‘homme à un derrière calebasse sphérique à col
proéminent’ (figuratif) étranglé
{métaphore} aspect
(probablement dérivation en sens
inversé)
121. (mo-)tangani n 3/4 ‘Blanc’, ‘étranger’ {métaphore}? Daniellia klainei
arbre à fût droit
122. (mo-)vasa n 3/4 (nom e-vasa ‘jumeau’, notion Pellegriniodendron
de dualité) {métaphore} feuilles diphyllum
n’ayant qu’une seule paire de
folioles
123. (‚-)vika n 9/10 ‘seul’, ‘solitaire’ {métaphore} variété de champignon
pousse isolément sur le sol comestible
(mode de croissance)
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Non classés
141. (ge-)boko n 7/8 ‘endroit où dort l'animal’ Microdesmis zenkeri
(lien peu clair)
142. (mo-)gEnyE n 3/4 ‘guerre’, ‘affrontement’ Ataenidia gabonensis
{métonymie de l’effet pour la
cause} plante magique semant la
discorde
143. (o-)kadi n 11/10a (nom évoque le nom de l’huile) Elaeis guineensis
144. (‚-)kongongo n 9/10 ‘hauteur’ {synecdoque} Mikania scandens
milieu/mode de croissance (liane)
145. (o-)kuka n 11/10a ‘mal’, ‘pourriture’, ‘laideur’ Alstonia congensis
aspect
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L EXEMES COMPOSES
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8. Non classés
190. (mo-)pasopaso n 3/4 (verbe signifiant ‘séparer’ ?) Pentas dewevrei
(effet ?)
191. (mo-)sugusugu n 3/4 (verbe signifiant ‘confronter’ ?) Costus lucanusianus
192. (‚-)tsOdisOdi n 9/10 (nom évoque la notion de froid) variété de champignon
chapeau rabattu en parasol comestible
S YNTAGMES COMPLETIFS
SPECIFIQUE
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277. (ge-)bOta n 7/8 ‘ge-bOta des (= pour les) vers’ variété d’arbre
(s-)a misOO (= ‘ce qui maltraite les vers’ ?)
aspect (taille) (+utilisation)
(écorce vermifuge)
278. (ge-)gOngO n 7/8 ‘manioc à caoutchouc’ Manihot glaziovii
(s-)a ndambo aspect (+utilisation) (fournit le
caoutchouc de Céara)
279. (bo-)kolo n 14 ‘oseille de l’enflure (?)’ Hibiscus surattensis
(bw-)a maranda aspect ? (+utilisation) (soins des
furoncles et abcès)
280. (e-)komo n 5/6 ‘e-komo des (= pour (tuer) les) Duvernoia dewevrei
((e-)a mitungu) poissons mi-tungu’
utilisation (poison de pêche
comme les fruits et feuilles de
e-komo)
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Non classés
282. (mw-)EngE n 3/4 ‘taro du gros charançon de variété de taro
(w-)a gekele palmier’ (lien ?)
283. (e-)gOngO n8 ‘manioc de la forge’ remède soignant le pian et
(e-)a eguba (lien ?) la plante du pied
284. (o-)kOndO n 11/10a ‘bananier du nom’ variété de bananier
(w-)a ina (lien ?)
285. (‚-)nongo n 9/10 ‘piment des (à?) yeux’ Aframomum melegueta
(‚-)a miso (lien ?)
286. (‚-)nongo n 9/10 ‘piment de (à?) corde’ Piper guineense
(‚-)a modi aspect (mode de croissance)
287. (‚-)nongo n 9/10 ‘piment de l'achat, de la dette’ -> Piment d'Accra
(‚-)a motEtE ‘piment de misère’ ?
goût (peu piquant)
288. (‚-)nongo n 9/10 ‘piment d'oiseau’ Poivre de colibri
(‚-)a nyOni aspect ? (couleur ?)
289. (‚-)nongo n 9/10 ‘piment du cabri’ Piment-bouc
(‚-)a taba goût fort ?
290. (e-)tOtO (e- n 5/6 ‘banane douce du voleur’ variété de banane douce à
)a mwibi (lien ?) fruits courts
291. (mo-)tsongo n 3/4 ‘canne à sucre de ge-mbimbi’ variété de canne à sucre
(w-)a gembimbi aspect (+couleur violette)
292. (‚-)tsOdisOdi n 9/10 ‘‚-tsOdisOdi du sarcleur’ ? variété de champignon
(‚-)a mobai (‘variété de fourmi noire’) non comestible
aspect ? (sarcleur = celui que l’on
jette ?)
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DENOTANT UN VEGETAL
299. (w-)abi (w-)a n 11/10a ‘feuille de grandeur’ -> ‘grande Cissampelos owariensis
mbae feuille’ {synecdoque} aspect
(liane à grandes feuilles)
300. (w-)abi (w-)a n 11/10a ‘feuille de sang’ {synecdoque} Culcasia sp.
tsina aspect (feuillage en forme de
flèches et graines rouges)
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(N 2 = nom d’animal)
302. (m-)amu (m-)a n6 ‘vin du/des Colibri(s)’ Leonotis africana
nzwEngE {métaphore}{synecdoque} renvoie
au liquide qui séjourne dans le
calice des fleurs et que les
colibris sucent
303. (e-)badi (e-)a n 5/6 ‘combat des serpents’ Milletia gagnepaineana
nyOgO {métaphore}{synecdoque} forme
globale (les tiges de cette plante
s’enroulent)
304. (o-)banza n 11/10a ‘côte d'éléphant’ Homalium le testui
(w-)a nzago aspect arbre avec d’assez forts
accotements à la base et à écorce
gris-cendré)
305. (mo-)bOlO n 3/4 ‘fiente de poule’ Canthium foeditum
(w-)a tsoso odeur désagrable (répandue par la
fleur de cet arbuste)
306. (e-)bumba n 5/6 ‘foie de vipère’ Milletia gagnepainiana
(e-)a pele aspect
307. (ma-)dungu n6 ‘testicules de singe’ {métaphore} Passiflora foetida
(m-)a kema fruit (petite baie contenue dans
un petit filet)
308. (o-)leme (w- n 11/10a ‘langue de perroquet’ Emilia sagittata
)a koso {métaphore}
aspect
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V ERBE + COMPLEMENT
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La liste qui précède fait apparaître que les lexèmes nominaux dénotant des espèces et
variétés végétales font référence à des entités qui relèvent de différents domaines
d’expérience. Ceux-ci seront présentés ci-après. La référence se fait soit de manière
directe (explicite) soit de manière indirecte (implicite). Pour chaque domaine seront
indiqués les numéros des lexies concernées. Le chiffre en gras placé à la fin de chaque
liste fournit le total des références pour un domaine donné. L’étude de ces références met
en évidence les principes qui sous-tendent la dénomination et formation du lexique de la
flore.
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A. Le monde animal
animaux (ou parties
d’animaux : organes, etc.) 60-80, 162-170, 247, 248, 257, 263, 270, 275, 278, 280,
282, 288, 289, 302, 303, 304 (côte d’éléphant), 306 (foie
de vipère), 307 (testicules de singe), 308 (langue de
perroquet), 309 (fiente d’oiseau), 310 (barbe de cabri),
311 (demeure des mille-pattes), 312 (vésicule de
panthère), 313 (os de panthère), 314 (doigt de singe), 315
(fesses de chimpanzé), 316 (cœur du céphalophe bleu)
(55)
produits d’origine animale 81-84, 305 (5)
B. Le monde végétal
végétaux 117, 118, 171-173, 193-281, 246 (N2), 249 (N2), 273
(N2), 282-292, 291 (N2), 293 (N2), 294 (N2), 295 (N2),
296 (N2), 297 (N2), 298 (N2), 301 (N2), 318, 325, 326,
327, 333 (121)
parties de végétaux (fruits,
épines, feuilles, ...) 241, 243, 244, 250, 251, 252, 278 (résine), 299, 300, 301,
323 (11)
taille des végétaux 177, 178 (milieu ?), 232, 233, 236, 238, 239 (volume),
299 (8 dont 1 incertaine)
morphologie (des plantes) 245 (1)
milieu végétal/écosystème 178?, 187-189, 193-207 (19 dont 1 incertaine)
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298 (fruits), 299, 300, 301 (feuilles), 302, 303, 304, 306,
307, 308, 309 (fruits), 310?, 311, 312, 313, 314, 316, 317,
320, 321, 323, 333, 334 (172 dont 19 incertaines)
couleur et/ou surface interne 60, 61, 62, 63, 65?, 68, 69, 70, 73, 74, 75?, 77, 78, 86, 96,
145, 163?, 165, 168?, 170, 172, 210, 211, 212, 214, 219,
220, 221, 222, 223, 226, 227, 228, 288?, 291, 300, 315,
318 (38 dont 5 incertaines)
taille 234, 235, 237, 239, 277, 323 (6)
goût (= effet ?) 80, 196, 199?, 200, 207, 238, 252, 258, 263, 264?, 287,
289? (12 dont 3 incertaines)
odeur 82, 83, 84, 231, 305 (5)
mode de croissance 1, 7, 11, 103 (mouvement), 123, 144?, 154, 155, 161, 184
(mouvement), 286, 332 (12 dont 1 incertaine)
milieu 249? (1 incertaine)
1. Les numéros soulignés de cette liste correspondent à des références incontestables à la maladie et aux
soins. Le caractère détaillé de cette liste s’explique par le fait que nous avons voulu mesurer l’impact de la
maladie et des soins sur la dénomination des plantes.
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B. Autres
utilisateur / consommateur
potentiels 254, 256, 257, 260, 263, 265, 270, 272, 275 (9)
provenance (importation, etc.) 119?, 130, 132, 135, 138, 253, 255, 258, 259, 261, 262,
264, 266, 267, 268, 269, 271, 273 (origine/ source), 274,
276 (20 dont 1 incertaine)
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TABLE DES MATIERES
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Table de matières
Introduction ............................................................................................................... 2
Annexes .................................................................................................................... 98
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