CHAPITRE III Distillation Des Mélanges Binaires

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 16

CHAPITRE III-Distillation des mélanges binaires :

1-introduction :

Soit un mélange binaire A, B à séparer (A étant le constituant le plus volatil). On peut


imaginer de placer ce mélange dans des conditions de pressions et de température telles qu'il
apparaisse deux phases (liquide et vapeur), la vapeur étant naturellement enrichie en A, le
liquide en B.

Une colonne à distiller est un appareil permettant l'échange de matière et de chaleur entre une
phase vapeur ascendante et une phase liquide descendante. C'est un contacteur gaz-liquide
multi-étagé qui est constitué d'un ensemble de plateaux comme illustré ci-contre. Le mélange
à distiller, qu'on appelle l'alimentation F (de composition zF), est introduit à un certain niveau
de la colonne. Pour obtenir le contrecourant gaz / liquide deux pièces d'équipements sont alors
très importantes : en pied de colonne, il y a un rebouilleur qui permet de vaporiser le liquide
alors qu'en tête, il y a un condenseur qui permet de condenser le courant vapeur V sortant.
Une partie du liquide récupéré au condenseur est alors retourné dans la colonne : c'est le
reflux, L. L'autre partie est récupéré est constitué le distillat, D (composition xD). En pied de
colonne, on récupère le résidu B (composition xB).
Figure 6 Colonne à distillation d’un mélange binaire (rectification)

Les zones de la colonne situées respectivement au-dessus et en dessous de l'alimentation


s'appellent respectivement les zones de rectification (ou d'enrichissement) et d'épuisement (ou
d'appauvrissement). On caractérise le reflux par le taux de reflux. Le taux de reflux interne est
le rapport du débit liquide retourné en tête, L, sur le débit de vapeur sortant de la colonne V.
Le taux de reflux externe est le rapport du débit liquide retourné en tête L, sur le débit de
distillat, D, produit.

On note le reflux interne = , et le reflux externe =


2-Rectification continue :

Est un procédé dont lequel on introduit dans une colonne de distillation un mélange
binaire à séparer avec un débit d’alimentation constant noté ̇ et on soutire un distillat et un

résidu avec un débit constant noté : ̇ , ̇ respectivement.

Bilan de matière et thermique de la colonne :


3-Calcul et bilans :

Bilan de la matière :

̇= ̇ + ̇

Bilan énergétique :

̇. ̇ = ̇. + ̇ .

Bilan de matière du constituant le plus léger :

. ̇ = . ̇ + . ̇

Calcul le débit du distillat :

̇= ̇ + ̇ ̇( − )
⇒ ̇ =
( − )
. ̇ = . ̇ + . ̇

Calcul le débit du résidu :

̇ = ̇ + ̇ ̇( − )
⇒ ̇ =
( − )
. ̇= . ̇ + . ̇

4-Détermination du nombre des plateaux théoriques minimale :

4-a La méthode graphique Mcabe et Thièle :

4-a-1 Hypothèses de Lewis :

1- La colonne est adiabatique, il n’y a pas d’échange de chaleur avec le milieu extérieur.
2- La chaleur molaire de vaporisation des constituants sont égales.
3- Les chaleurs du mélange des deux composés en phase liquide sont négligeables.
4- L’équilibre liquide – vapeur est atteint sur chaque plateau de la colonne (étage
théorique)
1.0
Y3
0.9
4
0.8
Y2
0.7
3
0.6

Y1 0.5
Y

0.4 2
0.3
Y0 0.2
1
0.1

0.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
XW X1 X2 X3 XD
X

Figure 7 nombre des plateaux minimal par la méthode graphique

4-a-2 Détermination du nombre des plateaux théorique :

1- Etude de la section d’enrichissement :

Bilan global de la section :

= +

Bilan produit volatil (étage n+1) :

. = . + .

Bilan produit volatil (étage n) :

. = . + .

En général on obtient :

. = . + .
Donc :

= . + .
= +

Finalement on obtient :

1
= . + .
+1 +1

Cette dernière relation représente l’équation générale de droite opératoire de la section


d’enrichissement

Avec les conditions aux limites :

=0 → =
+1

= → =

2- Etude de la section d’épuisement :

Bilan global :
′ ′
= +
′ ′
= +

Bilan au niveau du plateau m :

′ ′ ′ ′
= + ⇒ = −

Bilan du produit léger au niveau du plateau m :


′ ′
. = . − .

En général on obtient :

1
= . − .
−1 −1

Cette dernière relation représente l’équation générale de droite opératoire de la section


d’épuisement

Avec les conditions aux limites :

= → =
3- Intersection entre les deux droites :

On a les équations générales suivantes :


. = . + .

′ ′
. = . − .

L’égalité de ces deux équations implique =

4- Equation de la droite d’alimentation :

1
= . − .
−1 −1

Cette dernière relation représente l’équation générale de droite opératoire d’alimentation

Avec

− −
= = = → =

5- influence de l’alimentation :

le tableau suivant représente l’effet de la nature d’alimentation sur la pente de la droite


opératoire.

Tableau 1 influence de la nature de l’alimentation sur la pente de la droite opératoire

Nature d’alimentation Pente de la droite d’alimentation


=

>1 Liquide froid >1

=1 Liquide bouillant ∞

0< <1 Liquide-vapeur 0< <∞


−1

=0 Vapeur saturée 0

<0 Vapeur surchauffée >0


1.0

0.9
0<q< 1 q=1
0.8
q>1
0.7

0.6

0.5
q=0
Y

0.4

0.3 q<0

0.2

0.1

0.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 XF 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0

X
Figure 8 différentes positions de la droite opératoire de l’alimentation

6- Influence du taux de reflux sur le nombre des plateaux :


1.0

0.9
D
0.8

0.7 C
0.6
B
0.5
Y

0.4

0.3 A

0.2

0.1

0.0
0.0
XW0.1 0.2 0.3 0.4 XF 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9
XD
1.0

Figure 9 Effet du taux de reflux sur l’intersection des droites opératoires

Cas A : taux de reflux maximal → nombre de plateaux minimal → la droite opératoire


enrichissement confondue avec la diagonale.
Cas B et C : taux de reflux point B > taux de reflux point C → nombre de plateaux cas B <
nombre de plateaux cas C.

Cas A : taux de reflux minimal → nombre de plateaux maximal

=0 =
+1

7- Calcul de l’efficacité d’une colonne de rectification : (méthodes graphiques de


Mac Cabe et Thièle).
a) Efficacité globale :

L’efficacité globale de la colonne est définie par l’équation suivante :



é ℎé
= ′é é

Cette efficacité a pour but de transformer le nombre d’étage théorique en nombre d’étage réel.

b) Efficacité de Murphy :
1- Dans la phase vapeur :
L’efficacité de Murphy notée η est exprimée par la relation suivante :

( )
= ( ∗ )
. 100 %

1.0

0.9
Y 0.8
*
Y
0.7
Yn-1
0.6

0.5
Y

0.4

0.3

0.2

0.1

0.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
XW XF XD
X

Figure 10 Détermination de l’efficacité de Murphy graphiquement (pour la phase vapeur)


2- Dans la phase liquide :

Dans ce cas l’efficacité de Murphy est donnée par l’équation suivante :

( )
= ( ∗ )
. 100 %

1.0

0.9

0.8

0.7

0.6

0.5
Y

0.4

0.3

0.2

0.1

0.0
0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6Xn 0.7 X 0.8 0.9 1.0
XW XF X* n-1 XD
X
Figure 11 Détermination de l’efficacité de Murphy graphiquement (pour la phase liquide)

4-b La méthode graphique de PONCHON et SAVARIT :

Cette méthode nécessite la connaissance du diagramme enthalpie/composition, son


avantage est de connaitre le nombre de plateaux, les compositions, les températures et les
enthalpies des différentes phases aux niveau de chaque étage, sans prendre en considération
les hypothèses de LEWIS, contrairement à la construction de Mc Cabe et Thiele, qui nécessite
uniquement la connaissance du diagramme (y,x).

1-Diagramme enthalpie-concentration :
Les fractions molaires x (liquide) ou y (vapeur) sont représentés sur l’axe des
abscisses et celui des ordonnées représente l'enthalpie. Les courbes hL et HV représentent les
enthalpies d'un liquide et d'une vapeur saturée successivement. Les parties inférieures et
supérieures du graphe correspondent aux domaines des phases liquides et vapeur. Entre les
deux courbes, il y a l’existence des deux phases liquide et vapeur dont les compositions
d'équilibre à une certaine température sont aux extrémités d'une conoïdale (ou ligne de
conjugaison). Les isothermes dans les zones monophasiques liquide ou vapeur indique le
niveau enthalpique d'un liquide sous refroidi ou d'une vapeur surchauffée. L'utilisation de la
règle des bras de levier inverse permet le calcul des quantités respectives de chacune des
phases d'un mélange liquide vapeur.

2-Bilans matière et bilans enthalpiques sur une colonne :

Bilans sur la zone d'enrichissement :

Figure 12 la section d’enrichissement de la colonne de rectification


Bilan matière partiel et total :
= +
. = . + .

Bilan enthalpique:
. + . =ℎ . +ℎ .

⇒ =

Sur le diagramme enthalpique (h-H) / (x-y) : En effet, le membre de gauche


correspond à la pente de la droite qui passe par les 2 points de coordonnées [xn,hn] et
[yn+1,Hn+1] , et que le membre de droite correspond à la pente de la droite passant par les deux
points [xD,hD-qD] et [yn+1,Hn+1]. Si deux droites passent par un même point et ont même pente
alors elles sont confondues.

Les trois points suivants 1:[xn,hn], 2:[yn+1,Hn+1], 3:[xD,hD-qD] sont donc alignés et la
droite ainsi définie s'appelle la droite opératoire. Les points 1 et 2 correspondent aux
courants liquides et vapeur qui se croisent entre deux plateaux. Le point 3 s'appelle le pôle P'
de la zone d'enrichissement. Il existe une droite opératoire particulière pour chaque
croisement des courants liquide et vapeur, cependant, toutes les droites opératoires passent par
le pôle P'.

3- Principe de la construction de Ponchon-Savarit sur le diagramme (h-H) / (x-y)

• les courants qui sortent d'un étage sont en équilibre et correspondent aux extrémités d'une
conoïdale (équilibre thermodynamique).

• les courants qui se croisent appartiennent à une droite opératoire passant par le pôle P'
(équations de bilans matière partiel, total et de bilan enthalpique).

Sur le diagramme suivant, supposons que la vapeur Vn sortant du plateau n soit connue (point
a). Cette vapeur croise le liquide Ln-1 et pour trouver le point b qui lui est associé, on trace la
droite a-P' et dont l'intersection avec la courbe enthalpique du liquide donne le point b. Le
liquide Ln-1 est en équilibre avec une vapeur Vn-1, le point c, qui est à l'extrémité de la
conoïdale passant par b. Puis on répète la construction à partir de c pour trouver les
compositions suivantes.

Figure 13 représentations de la méthode de Ponchon – Savarit de la section d’enrichissement


Bilans sur la zone d'épuisement :

Figure 14 la section d’épuisement de la colonne de rectification

Bilan massique :
= +

. = . + .
Bilan enthalpique :
ℎ . + . = . +ℎ .

−ℎ (ℎ − ) −
⇒ =
− −

Cette dernière équation sur le diagramme enthalpique (h-H) / (x-y), permet de définir une
droite opératoire passant par les trois points de coordonnées [ym+1, Hm+1], [xm,hm] et [xB ,hB -
qB]; ce dernier point étant le pôle P'', de la zone d'épuisement. Dans la zone d'épuisement
toutes les droite opératoires qui caractérisent le croisement des courants liquide et vapeur
entre deux plateaux passent par le pôle P''.

Bilans sur toute la colonne :

= +

= +

Bilan enthalpique :

ℎ + + =ℎ +ℎ
ℎ − (ℎ − ) (ℎ − )−ℎ
⇒ =
− −
Cette expression indique que les 3 points [xD,hD-qD], [zF,hF] et [xB,hB-qB]et sont
alignés: il s'agit du pole P' , du point correspondant à l'alimentation et du pole P''.

Figure 15 Représentation de la méthode de Ponchon – Savarit sur toute la colonne de


rectification

Position optimale de l'alimentation :


L’alimentation est sur le plateau dont la conoïdale coupe la ligne joignant les pôles P'P''.

Figure 16 Représentation graphique du plateau d’alimentation par la méthode de Ponchon –


Savarit

4-Nombre minimum de plateaux :

On l'obtient en fonctionnant à reflux total où toutes les droites opératoires sont des
verticales. Dans l’exemple sous dessous (le diagramme enthalpie - composition) il faut au
minimum 5 plateaux pour faire la séparation.
Figure 17 Représentation et détermination graphique du nombre minimum de plateaux par la
méthode de Ponchon – Savarit

*/ Reflux minimum

Le reflux minimum correspond au fonctionnement avec un nombre infini d'étages.


Graphiquement on obtient un nombre infini d'étage dès qu'une droite opératoire peut se
superposer à une conoïdale. En général, et pour simplifier, on prend comme valeur du reflux
minimum la valeur correspondant à la superposition d'une droite opératoire avec la conoïdale

Passant par l'alimentation F. Cependant, pour être plus précis, on peut utiliser aussi toutes
les conoïdales situées au-dessus de l'alimentation et choisir celle qui donne la plus grande
valeur du reflux minimum (prendre le pôle le plus haut). (En toute rigueur, il faudrait vérifier
aussi que le pôle P'' obtenu en traçant la droite P' minimum F, ne se trouve pas au-dessus d'un
pôle obtenu en traçant les conoïdales situées en dessous de l'alimentation. Il faudrait alors
retenir comme pôle P'' celui qui est le plus bas est en déduire la position du pôle P' minimum)

Figure 18 Représentation graphique (méthode de Ponchon – Savarit) pour le cas d'un reflux
minimum
*/Condenseur partiel

Dans ce cas la construction est légèrement modifiée mais utilise toujours le fait que
deux courants qui se croisent sont sur une droite opératoire qui passe par le pôle.

vapeur liquide D (YD,HD)


vapeur
V1(Y1,H1)

LR(XR,hR)

condenseur partiel

Figure 19 condensations partielles

Cas de deux alimentations

Connaissant les courants d'alimentations, F1 et F2, on peut définir le point de mélange F qui
est aligné avec les pôles P' et P''. Au-dessus de l'alimentation F1 on utilise le pôle P', en
dessous de F2 on utilise le pôle P'' et entre les deux alimentations, on utilise un nouveau pôle,
P''' qui se trouve à l'intersection des droite P'F1 et P''F2.

Figure 20 constructions entre deux alimentations


Références ++++
DISTILLATION & EXTRACTION, Volume 1 : Notes de cours préparées par
Bernard Grandjean 2013
http://nte.mines-albi.fr/ThermoIntro/fr/co/uc_Distillation.html

Vous aimerez peut-être aussi