Poly Nutrition1
Poly Nutrition1
Poly Nutrition1
POLYCOPIE NATIONAL
Sommaire
Composition corporelle
Dépense énergétique
Catégories d'aliments
Substrats énergétiques
• glucides
• lipides
• fer
• vitamines
• oligo-éléments
Composition corporelle
IV Conclusion.................................................................................................................................... 11
V Annexes.......................................................................................................................................... 12
INTRODUCTION
La composition corporelle correspond à l’analyse du corps humain (ou animal) en
compartiments. Ceux-ci ont un intérêt particulier en fonction de la discipline médicale
considérée. Par exemple en Médecine du sport, mesurer le poids ne suffit pas à comprendre
comment améliorer la performance d’un segment de membre au cours d’un exercice
spécifique. Déterminer la masse musculaire de ce segment est plus rationnel. De la même
manière, au cours d’une stratégie de réduction pondérale chez un obèse, il peut être
intéressant de vouloir cibler une perte de masse grasse et d’épargner la masse musculaire
ou de certains organes. Dans ce cas, la mesure du poids ne suffit pas. Il faut envisager d’une
part de définir des compartiments importants en nutrition, et d’autre part les méthodes
permettant de les mesurer.
Le modèle anatomique est le plus ancien et sépare le corps en différents tissus (tissu
musculaire, tissu adipeux, organes...). Le modèle anatomique est un modèle descriptif qui
permet de comprendre l’organisation spatiale des différents constituants et leur niveau
d’interconnexion. Les progrès de l’imagerie médicale, avec la tomodensitométrie et la
résonance magnétique nucléaire, ont renouvelé l’intérêt de ce modèle. La référence à la
notion de tissu permet certaines approches quantitatives. Ainsi, pour un sujet « idéal - de
référence », le muscle squelettique représente 40 % du poids corporel, le tissu adipeux 20 %,
la peau 7 %, le foie et le cerveau 2,5 % chacun, le cœur et les reins 0,5 %.
Le modèle à deux compartiments Il oppose la masse grasse et le reste, la masse non grasse
(abusivement nommée masse maigre).
● La masse grasse correspond aux triglycérides stockés dans les adipocytes, quelle
que soit leur localisation anatomique; ce compartiment est virtuellement dépourvu
d’eau.
● La masse maigre correspond à la somme de l’eau, des os, des organes, en excluant la
partie grasse. La masse maigre est essentiellement constituée d’eau. Le rapport entre
l’eau et la masse maigre définit l’hydratation de la masse maigre.
● La masse cellulaire active qui correspond à l’ensemble des cellules des différents
organes et muscles. L’intensité du métabolisme de cette masse détermine les besoins
énergétiques de l’organisme. Cette masse constitue l’essentiel des protéines de
l’organisme,
Il n’y a pas de méthode de mesure directe des compartiments. Seule l’analyse anatomique
(dissection) permettrait d’obtenir la masse des compartiments. Toutes les méthodes sont
donc des approches indirectes, avec des niveaux d’agressivité, de précision, et de simplicité
de mise en oeuvre variables. Du point de vue conceptuel, il faut distinguer trois types de
méthodes :
L’ensemble des techniques les plus utilisées est exposé de façon simple. D’autres ouvrages
[1-3] en précisent des aspects plus détaillés.
Dans le modèle à deux compartiments, si une densité fixe est attribuée à chaque
compartiment (0,9 g par ml pour la masse grasse, et 1,1 g par ml pour la masse maigre), la
proportion de chacun des compartiments peut-être calculée à partir de la densité du corps
entier. Celle-ci est le rapport masse sur volume (D). L’équation de Siri permet de calculer le
pourcentage de masse grasse :
% MG = 100 (4,95/D-4,50)
Cette méthode a longtemps été considérée comme la référence et a fourni une grande partie
de nos connaissances de la composition corporelle. La densité corporelle peut être
déterminée de deux façons :
Cette technique ne peut être utilisée chez les enfants, les malades, les personnes âgées à
mobilité réduite, les patients à coopération réduite,
Les mesures sont réalisées par convention du côté dominant. Elles ne prennent que
quelques minutes. L’épaisseur de quatre plis cutanés (bicipital, tricipital, sous-scapulaire et
supra-iliaque est déterminée (voir encadré). La somme des quatre plis cutanés est introduite
dans des équations prédictives, en fonction de l’âge et du sexe, afin d’estimer la densité
corporelle (tableau I). L’hypothèse de la méthode est que l’épaisseur de la graisse sous-
cutanée reflète la masse grasse totale de l’organisme. La détermination des plis doit être
effectuée avec une pince spécialement calibrée (adiposomètre) permettant de mesurer
l’épaisseur du pli sans écraser le tissu adipeux sous-cutané. La mesure doit être réalisée par
un opérateur entraîné (coefficient de variation personnel inférieur à 5 %). Outre les
problèmes liés à la mesure des plis cutanés (difficile voire impossible chez les sujets
présentant une obésité sévère), cette méthode présente plusieurs limites :
● celle conceptuelle liée à la mesure de densité totale qui va en propager les erreurs,
voire les amplifier,
● celles liées à la localisation des plis sélectionnés et à leurs relations à la masse grasse
totale. Les quatre plis décrits ci-dessus ne prennent pas en compte le tissu adipeux
de la partie inférieure du corps et ont tendance à sous-estimer l’obésité gynoïde.
S est la somme des 4 plis cutanés (bicipital, tricipital, souscapulaire et suprailiaque) exprimée en
mm.
Dans le modèle à deux compartiments, la masse grasse est dépourvue d’eau et la masse
maigre en contient une proportion fixe (73 %). À partir de l’estimation de l’eau corporelle
totale, il est donc facile de calculer la masse maigre :
MM = EAU TOTALE/0,73
● par dilution de traceur : une dose connue de traceur est bue, des prélèvements de
plasma, d’urine, ou de salive sont réalisés quatre à six heures après administration
de la dose. La concentration en traceur reflète le volume de dilution de la dose. Les
traceurs de l’eau corporelle totale sont l’eau marquée au deutérium ou à l’oxygène
18, deux isotopes stables. L’eau tritiée n’est pas utilisée en France. Le traceur de
l’eau extracellulaire est le brome. Il n’y a pas de traceur de l’eau intracellulaire. Ces
méthodes ne sont pas utilisées en routine car elles nécessitent un équipement lourd.
Elles servent à étalonner d’autres méthodes.
V = r L2/Z
L est la taille de l’individu, r est une constante déterminée lors de l’étalonnage du système.
La technique BIA la plus répandue utilise un seul courant de 800 µAmp avec une fréquence
de 50 kHz, et quatre électrodes de surface autocollantes. Deux électrodes sont placées au
niveau du poignet, et deux le sont au niveau de la cheville homo-latérale. Le courant est
appliqué pendant quelques secondes, et la mesure de Z est lue. Du fait des caractéristiques
du courant, la mesure est totalement indolore. Quand le courant a une fréquence supérieure
à 50 kHz, le volume mesuré est assimilé à l’eau corporelle totale.
Quand cette fréquence est inférieure à 5 kHz, le volume correspond à l’eau extracellulaire.
Des mesures avec plusieurs fréquences de courant permettent une approche des différents
secteurs hydriques.
Cette méthode fait l’objet de nombreuses critiques. À partir d’un modèle électrique simple,
l’eau corporelle totale puis la masse maigre son déterminées. La qualité de la validation
initiale de l’équation, sa pertinence pour une population spécifique, les conditions de
mesures (température, orthostatisme...) sont des facteurs qui influencent les résultats.
Cependant, en pratique clinique, il s’agit d’une technique simple, facile à mettre en oeuvre,
peu coûteuse et indolore pour le patient. Elle apporte des informations utiles dans des
circonstances où les autres techniques ne peuvent être utilisées.
Jusqu’alors, les techniques décrites concernaient une mesure physique (densité, volumes,
impédances...) utilisée pour l’estimation d’un compartiment. La technique ci-des¬sous
permet d’accéder directement à un modèle à trois compartiments L’absorptiométrie
biphotonique à rayons X (Dual x-ray absorptiometry, DEXA), initialement développée dans
les années 80 pour la mesure du contenu minéral osseux, s’est imposée comme la méthode
de référence pour l’étude de la composition corporelle. Elle consiste à balayer l’ensemble du
corps avec un faisceau de rayons X à deux niveaux d’énergie. Le rapport des atténuations
de ces deux rayonnements est fonction de la composition de la matière traversée.
L’irradiation imposée au patient est faible et similaire à celle correspondant à une
radiographie pulmonaire. La calibration est effectuée avec des fantômes artificiels contenant
des triglycérides et du calcium. La DEXA permet de séparer trois compartiments (masse
grasse, masse maigre et contenu minéral osseux) par un traitement informatique des
mesures physiques. La précision est excellente. Par rapport aux méthodes précédentes, la
DEXA mesure la valeur du compartiment osseux, négligé jusque là. Le balayage du corps
entier et le traite¬ment d’images permettent une approche régionale (bras, tronc, jambes)
des trois compartiments mesurés, impossible à réaliser avec les autres méthodes.
La DEXA apparaît donc actuellement comme la méthode la plus intéressante pour l’étude
de la composition corporelle et de ses variations en clinique. La limite réside dans le coût et
la rareté des installations actuelles. Il faut souligner aussi que les appareils actuels ne sont
pas adaptés aux sujets présentant une obésité massive, et aux patients qui ne peuvent se
déplacer facilement (situation de réanimation...).
La masse musculaire peut aussi être appréciée par mesures anthropométriques à partir de la
circonférence musculaire brachiale, elle-même dérivée de la circonférence brachiale et du
pli cutané tricipital. Bien que cette méthode soit peu précise, elle a un intérêt important en
pratique médicale, car elle permet une appréciation de l’évolution de la masse musculaire
au cours d’une situation clinique.
IV CONCLUSION
L’étude de la composition corporelle constitue un élément indispensable de l’évaluation du
statut nutritionnel. L’intérêt et les limites des différentes méthodes ont été présentés
(Tableau II). En pratique médicale de consultation, ou en hospitalisation, la DEXA dans la
mesure où elle est accessible, représente la méthode de choix étant donnés la précision et la
qualité des renseignements obtenus. À défaut, l’impédance bioélectrique peut être utilisée
en tenant compte des limites et des imprécisions de cette méthode, c’est-à-dire en
n’accordant de valeur aux modifications de composition corporelle observées que pour des
pertes ou des augmentations de poids suffisamment importantes. Les données
anthropométriques, tels que les plis cutanés, constituent un moyen peu coûteux
d’évaluation. Le suivi longitudinal par des mesures répétées compense le manque de
V ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
● Barbe P. : Les compartiments corporels. Traité de nutrition Flammarion.
La dépense énergétique
Collège des Enseignants de Nutrition
III.4 Grossesse................................................................................................................................. 8
III.5 L'allaitement........................................................................................................................... 9
À retenir
À comprendre
Elle correspond à toute forme de dépense énergétique qui s’ajoute au métabolisme de base,
à cause du mouvement. Ceci concerne tout aussi bien les activités de la vie quotidienne que
les exercices physiques plus intenses, qu’ils soient sportifs ou non. Ce poste de dépense
énergétique est le plus variable d’un individu à l’autre, et représente entre 15 % et 30 % de
la dépense énergétique totale.
Afin que l’énergie chimique contenue dans les aliments puisse être convertie en énergie
utilisable, les aliments doivent être digérés, c’est-à-dire transformés en substances plus
simples, puis être stockés par exemple au niveau du foie et du muscle sous forme de
glycogène, ou au niveau du tissu adipeux sous forme de triglycérides.
L’ensemble de ces processus coûte de l’énergie. Ce coût varie avec les voies biochimiques
empruntées. On estime que ce coût représente environ 5 % à 10 % de la valeur calorique
ingérée sous forme de glucides, 20 % à 30 % pour les protéines, et moins de 5 % pour les
lipides.
Dans certaines conditions (administration importante de glucides), une partie de l’effet
thermique des aliments peut être inhibée par les agents bêtabloqueurs, ce qui indique un
rôle du système nerveux sympathique dans son contrôle. On appelle ceci la thermogenèse
facultative. Quelles que soient les possibilités de modulation de l’effet thermique des
aliments, celui-ci ne représente qu’une faible portion (environ 10 %) de la dépense
énergétique totale. Toute modification de l’effet thermique des aliments a peu de chances de
retentir de façon significative sur la dépense énergétique totale et sur la balance
énergétique.
À ces trois postes principaux de dépense énergétique, il faut ajouter des dépenses
inhabituelles qui, dans certaines circonstances, peuvent constituer un coût important. Il en
est ainsi de la croissance, dont le coût est très faible. Il en est de même du coût nécessaire
aux phénomènes de réparation et de cicatrisation qui peut s’avérer très important par
exemple dans le cas des brûlures étendues. L’ensemble des réactions de défense contre
l’infection et les réactions inflammatoires créent une dépense énergétique qu’il faudra
savoir prendre en compte pour un patient.
L’ensemble de ces dépenses énergétiques constitue la dépense énergétique totale.
Dans cette méthode, on considère qu’il y a égalité entre production de chaleur et dépense
d’énergie de l’individu. La réalisation de la mesure nécessite une enceinte de taille réduite
et hermétique ou une combinaison calorimétrique, ce qui limite la durée tolérable des
mesures. Cela permet la quantification des différentes composantes de la perte de chaleur.
Cette méthode est actuellement peu utilisée en raison de ces limitations et du nombre réduit
d’institutions disposant de l’équipement nécessaire.
Cette méthode repose sur l’équivalence entre l’énergie utilisée dans l’organisme et celle
convertie à partir de l’oxydation des nutriments. Il est donc possible d’utiliser la
consommation globale d’oxygène comme témoin de la dépense d’énergie. La mesure des
échanges gazeux respiratoires (consommation d’oxygène, et production de gaz carbonique)
peut être réalisée en chambres calorimétriques, dans des conditions où le sujet pourra
reproduire ses activités quotidiennes. La mesure peut également être réalisée sous une
cagoule ventilée. Cet appareil est plus léger et ne permet que des mesures limitées dans le
temps, (métabolisme de base et effet thermique des aliments). Les échanges gazeux
respiratoires sont couramment mesurés avec un embout buccal en physiologie du sport ; la
dépense énergétique au cours d’un exercice peut être évaluée ainsi.
Comme il est indiqué dans le chapitre suivant, il est possible de réaliser les estimations de la
dépense énergétique de repos à partir de données anthropométriques simples.Étant donné
la variabilité interindividuelle de l’intensité et de la durée de l’activité physique, la dépense
énergétique totale peut être estimée en multipliant la dépense énergétique de repos par un
facteur traduisant l’intensité de l’activité physique d’une personne. Ce facteur (PAL de la
littérature anglaise, et NAP- pour niveau d’activité physique- de la littérature française) a
pu être déterminé pour de nombreuses activités de la vie quotidienne, sédentaire,
professionnelle ou sportive. Les valeurs du NAP sont disponibles dans la seconde édition
des apports nutritionnels conseillés de la population française.
La dépense énergétique est extrêmement variable d’une personne à l’autre. Ceci est un
facteur très important à prendre compte dans la définition des besoins énergétiques
individuels. En effet, à cause cette variabilité, une prescription calorique généralisée n’a pas
de sens. Par exemple, il serait illusoire de prescrire 1 800 kilocalories par jour à tous les
patients hospitalisés ; cette valeur pourrait s’avérer insuffisante pour certains patients ou, à
l’inverse, excessive pour d’autres.
Il est connu depuis longtemps que la dépense énergétique est proportionnelle au poids.
Ainsi, de nombreuses équations ont été établies pour calculer la dépense énergétique de
repos à partir du poids. En fait, depuis les travaux de Ravussin, la masse maigre (se
rapporter au chapitre « composition corporelle ») détermine la dépense énergétique de
façon beaucoup plus précise que le poids. Ceci est vrai tant pour la dépense énergétique des
24 h que pour le métabolisme de base. Malgré cela, la plupart des équations qui permettent
de calculer le métabolisme de base ou la dépense énergétique totale sont établies à partir du
poids. Il n’y a pas encore d’équation satisfaisante permettant d’estimer le métabolisme de
base à partir de la masse maigre.
Equations de Black :
Femmes MB = 0,963 . P0,48 . T 0,50 . A-0,13
Hommes MB = 1,083 . P0,48 .T 0,50 . A-0,13
avec MB en MJ.j-1, P = poids en kg, T = taille en m et A = âge en années
La dépense énergétique totale diminue au cours de l’âge, pour deux raisons. D’une part, le
métabolisme de base diminue (environ 2 % tous les 10 ans, a priori à cause de la réduction
de la masse maigre associée à l’âge sans qu’il soit possible de déterminer s’il existe un
défaut métabolique spécifique du vieillissement). D’autre part, la dépense énergétique liée à
Dans un précédent chapitre, il était montré que la composition corporelle varie avec le sexe.
Même après prise en compte de ces différences de composition corporelle, il semble que la
femme dépense moins d’énergie (environ 10 %) que l’homme. Il n’y a pas d’explications
satisfaisantes à cet état de fait.
III.4 GROSSESSE
III.5 L'ALLAITEMENT
La diminution des apports énergétiques s’accompagne d’une perte de poids. Cette perte de
poids n’est pas linéaire dans le temps et tend à diminuer à mesure que la restriction
énergétique se prolonge. In fine, une nouvelle phase de stabilité pondérale sera atteinte
dans un délai variable et pour une perte de poids variable selon les sujets (Figure 1). Cet
arrêt de la perte de poids témoigne de l’adaptation à la restriction énergétique par une
diminution des dépenses énergétiques qui aboutit au rééquilibrage de la balance
énergétique. Cette adaptation relève de plusieurs mécanismes. Il existe une relation linéaire
entre la dépense énergétique et le poids et particulièrement le poids de masse maigre. La
perte de poids contribue donc à diminuer la dépense énergétique de repos. En second lieu,
la diminution de la ration alimentaire est associée à une diminution de la thermogenèse
alimentaire au moins dans sa composante obligatoire. Enfin, le coût de l’activité physique
étant lié positivement au poids mobilisé, la perte de poids réduit les dépenses énergétiques
dues à l’activité physique. En revanche le rendement énergétique du travail musculaire
accompli ne diffère pas avant et après perte de poids.
La composition du poids perdu sous l’effet des régimes restrictifs touche à la fois la masse
grasse et la masse maigre et la contribution respective de ces masses au poids perdu varie
considérablement d’un sujet à l’autre. D’une façon schématique, plus la masse grasse
initiale du sujet soumis à une restriction calorique est importante, plus la contribution de la
masse grasse au kilo de poids perdu sera élevée (Figure 2). Le degré d’adiposité initiale
n’est pas le seul déterminant de la composition du poids perdu. L’importance du déficit
énergétique créé par les régimes hypocaloriques intervient également. Pour une même
masse grasse initiale, plus le déficit calorique est important, plus la proportion de masse
maigre perdue est élevée (Figure 3).
Figure 1. Évolution de la perte de poids (Δ P) sous régime restrictif en fonction du temps (ΔT).
Figure 2. Contribution relative (%) des masses maigre et grasse au poids perdu en fonction de la
masse grasse initiale.
Figure 3. Effet du niveau de restriction énergétique sur les contributions relatives des masses
maigre (ΔMM) et grasse (ΔMG) au poids perdu en fonction de l’adiposité initiale.
Le niveau de dépense énergétique est pour partie dépendant de facteurs génétiques (Figure
4).
Figure 4. Part estimée des facteurs génétiques dans les variations interindividuelles de la dépense
énergétique totale.
Chez l’homme, les dépenses énergétiques sont d’amplitudes variables mais continues. La
continuité des processus de dépense énergétique suppose une disponibilité ininterrompue
de l’énergie. Cette condition est assurée en période inter-prandiale par un compartiment de
réserve énergétique entretenu par des apports habituellement fractionnés, rythmés par les
repas et incluant 3 voire 4 macronutriments : les glucides, les protéines, les lipides et
l’alcool.
Ces substrats sont susceptibles de fournir l’ATP nécessaire à la vie mais leur oxydation par
l’organisme est hiérarchisée. Schématiquement, la priorité d’oxydation est classée selon un
ordre inverse à la capacité qu’à l’organisme à stocker ces macronutriments.
En résumé il existe une bonne adaptation entre les quantités oxydées et les quantités
ingérées d’alcool, de glucides et de protéines. Il n’en va pas de même pour les lipides. Ceci
explique pourquoi la balance lipidique, c’est à dire l’équilibre entre les ingestions et
l’oxydation des lipides, est le déterminant majeur de la balance énergétique. En effet,
lorsque la balance lipidique est positive (i.e. apport lipidique > oxydation lipidique), la
balance énergétique est également positive et ceci s’accompagne d’un stockage net de
lipides et d’une augmentation du poids corporel. Une balance lipidique négative (i.e. apport
lipidique < oxydation lipidique) a des effets inverses sur la balance énergétique totale et
s’accompagne d’une perte de masse grasse et de poids.
Toute personne qui ingère des quantités de glucides, de lipides et de protides juste
suffisantes pour couvrir ses dépenses énergétiques et dans des proportions ci-dessus
indiquées, devra avoir un quotient respiratoire des 24 heures égal au quotient alimentaire
calculé, c’est à dire égal à 0,875, pour maintenir un poids stable. Un quotient alimentaire
inférieur au quotient respiratoire signifie que la contribution des lipides à la ration
alimentaire dépasse les capacités d’oxydation lipidique de l’organisme et place le sujet à
risque de prise de poids. Inversement un quotient alimentaire supérieur au quotient
respiratoire place le sujet en situation favorable à la perte de poids.
II Produits laitiers............................................................................................................................... 7
II.1 Le lait.........................................................................................................................................8
IV Légumes et fruits......................................................................................................................... 16
IV.1 Légumes................................................................................................................................. 16
IV.2 Fruits...................................................................................................................................... 16
V.2 Légumineuses..........................................................................................................................20
VII Boissons.......................................................................................................................................22
Apprendre à connaître les aliments est une nécessité pour quiconque s’intéresse quelque peu à la
nutrition. Des nutriments aux aliments, l’apprentissage est parfois ingrat… Le but de cette revue est
de présenter le plus simplement possible les données essentielles. Les points qu’il faut « absolument
retenir » apparaissent sous forme d’encadrés. Le problème de la conservation des aliments est abordé
dans la rubrique finale : « pour en savoir plus ».
Il est classique de regrouper dans une même « catégorie » les aliments qui présentent une
parenté biochimique, une composition en nutriments voisine ou des modalités de
production semblables. Nous envisagerons donc 7 catégories d’aliments :
● produits laitiers,
● matières grasses,
● légumes et fruits,
● boissons.
● Protéines
● Apport en cholestérol
● Apport en protéines
● Apport en lipides
La teneur en matières grasses des viandes varie selon l’espèce, l’état d’engraissement de
l’animal et le morceau considéré. Elles se trouvent à la surface de la carcasse (graisses de
couverture), autour des muscles ou à l’intérieur du muscle (marbré, persillé). Il est possible
de diminuer le taux de lipides des viandes en éliminant les graisses visibles. Compte tenu
de ces considérations une viande peut contenir 2 à 30 % de graisses (tableau 1). Les viandes
les plus maigres (< 10 %) sont le lapin, le cheval, le veau, le poulet et la dinde (sans peau). Parmi les
viandes les plus grasses (10 à 30 %) on trouve certains morceaux de bœuf et de porc ainsi
que l’agneau, l’oie et le canard. Ces différences restent relatives car il est toujours possible
de choisir des morceaux très maigres (filet de porc, filet de canard sans la peau…). Les abats
(foie, cœur, rognons) ainsi que le gibier sont des viandes maigres (~5 %).
Les lipides des viandes sont constitués principalement d’acides gras saturés et monoinsaturés.
Leur composition varie cependant en fonction du type de viande considéré. Les volailles
représentent globalement une bonne source d’acides gras mono et polyinsaturés (tableau 1).
Toutes les viandes, mêmes maigres sont sources de cholestérol, en particulier les abats
(tableau 2).
Aliments Cholestérol
(mg/100 g)
● Apport en glucides
Il est négligeable car il n’y a pratiquement plus de glycogène dans la viande au stade de sa
commercialisation.
● Apports en minéraux
Les viandes sont riches en phosphore et représentent la meilleure source alimentaire de fer
héminique. Il s’agit de fer ferreux (++), mieux absorbé que le fer ferrique (+++) des végétaux.
Cette catégorie d’aliments est pauvre en calcium et présente un très mauvais rapport
Calcium/Phosphore. Les abats, en particulier le foie, sont très riches en fer et en phosphore.
● Apports en vitamines
Les viandes sont dépourvues de vitamines liposolubles. Elles sont riches en vitamines
du groupe B. Les abats (principalement le foie) en sont les plus riches et représentent en
outre un apport important de vitamines A et D.
Cette catégorie d’aliments se caractérise surtout par sa richesse en lipides : 20 à 35 % pour les
saucisses, saucissons cuits, pâté de foie et 35 à 40 % pour les rillettes, saucissons secs et
salamis. Seuls les jambons débarrassés de leurs graisses contiennent moins de 10 % de
lipides. La composition de ces lipides se rapproche de celle des graisses animales (cf
chapitre matières grasses). La teneur en cholestérol des charcuteries est variable : 100
mg/100 g dans les saucissons et saucisses, 150 à 260 mg/100 g dans les pâtés de foie et 60 à
70 mg/100 g dans le jambon (tableau 2).
● Apports en protéines
● Apports en lipides
Les poissons sont pour leur immense majorité moins gras que les viandes. Il est souhaitable
d’encourager leur consommation à la place de la viande ou de la charcute¬rie. La teneur en
lipides des poissons est variable (0,5 % à 15 %). On les classe généralement en 3 groupes,
pois-sons maigres (0,5 % à 5 %) : merlan, sole, dorade, morue (ou cabillaud), truite, colin…
ainsi que mollusques et crustacés, poissons demi-gras (5 % à 10 %) : maquereau, sardine,
saumon, thon…, poissons gras (> 10 %) les moins nombreux : anguille, hareng… Cependant
la composition lipidique des poissons varie beaucoup selon l’espèce considérée et la saison
de la pêche. Par exemple celle du thon blanc est de 0,7 %-18,2 % !
Les lipides des poissons sont composés d’une proportion non négligeable d’acides gras
monoinsaturés et polyinsaturés (tableau I) en particulier de la série n-3 (l’acide
eicosapentaénoïque ou EPA : C20:5 et l’acide docosa-hexaénoïque ou DHA : C22:6).
La teneur en cholestérol du poisson est de 50 mg à 70 mg pour 100 g. Les crustacés ont une
teneur assez élevée, en revanche les coquillages (huîtres, moules, palourdes…) contiennent
des quantités relativement importantes de stérols mais le cholestérol ne représente en fait
qu’un tiers de ces stérols (tableau II).
● Apports en glucides
● Apports en minéraux
Comme les viandes, le poisson apporte peu de calcium. Il représente une source importante
de phosphore et pour les poissons de mer d’iode. Il est d’autre part moins riche en fer que la
viande. Les coquillages et crustacés ont la particularité d’être plus riches en divers minéraux
(calcium, zinc, fer, sodium…). Poissons et crustacés sont riches en sélénium.
● Apports en vitamines
Les poissons sont une bonne source de vitamines du groupe B (en particulier B12) et de
vitamine E. Les vitamines A et D sont également abondantes dans les poissons gras et
surtout dans le foie de poisson.
● Apports en protéines
Les protéines de l’œuf (l’ovalbumine dans le blanc et ovovi-telline dans le jaune) ont une
excellente valeur biologique. Leur composition en acides aminés, parfaitement équilibrée,
en fait la protéine de référence pour le calcul du coefficient d’efficacité protidique des autres
aliments sources de proti¬des. La teneur protéique de l’œuf entier est de 14 % ce qui
représente un apport de 8 g pour un œuf de 55 g.
● Apports en lipides
Les lipides représentent 12 % de l’œuf entier. Ils sont contenus uniquement dans le jaune
(33,5 g pour 100 g de jaune d’œuf soit environ 7 g de graisses dans 1 jaune) et comportent
une forte proportion de phospholipides. Le jaune d’œuf est d’autre part une source
importante de cholestérol (1 500 mg environ pour 100 g soit 300 mg pour 1 jaune).
● Apports en minéraux
Le jaune d’œuf est riche en phosphore et en fer. Comme la viande et le poisson il représente
un faible apport de calcium associé à un rapport Ca/P très défavorable à son absorption.
● Apports en vitamines
L’œuf est une bonne source de vitamines du groupe B et pour le jaune de vitamines A et
D. Il n’y a pas de relation entre la couleur plus ou moins intense du jaune et sa teneur en
vitamines.
II PRODUITS LAITIERS
● Protéines
● Calcium
● Apport de cholestérol
II.1 LE LAIT
● Apport en protéines
Un litre de lait de vache, qu’il soit entier ou écrémé apporte 35 g de protéines. Il s’agit
principalement de caséine, de lactalbumine et de lactoglobuline. Tous les acides aminés
indispensables sont présents. Ces protéines sont très bien assimilées par l’organisme
(CUD = 95 à 98).
● Apports en lipides
● Apports en glucides
Le lactose, glucide essentiel du lait, favorise l’absorption du calcium contenu dans cet
aliment. Un litre de lait, qu’il soit entier ou écrémé apporte 50 g de lactose. Celui-ci peut
provoquer des troubles digestifs chez les sujets ayant perdu l’habitude de consommer
du lait (production de lactase très faible). Il est alors conseillé de remplacer le lait par du
yaourt ou des fromages.
Le lait est une source importante de calcium : 1 200 mg par litre (les besoins journaliers
de l’adulte sont de 900 mg). Le calcium du lait est mieux absorbé que celui de toute
autre source grâce à la présence d’éléments favorables (protéines, graisses et un peu
d’acide lactique). Il est mieux utilisé par l’organisme car le lait apporte en même temps
du phosphore (rapport Ca/P = 1,4) et de la vitamine D. Le lait apporte en outre du
chlorure de sodium, du chlorure de potassium et de faibles quantités de soufre,
magnésium et cuivre. Il ne contient pas de fer.
● Apport en vitamines
Le lait entier est une source appréciable de vitamine A. La teneur en vitamine D est variable
(plus élevée dans le lait d’été que dans le lait d’hiver). Presque toutes les vitamines du
groupe B sont présentes, en particulier la vitamine B12. Les vitamines liposolubles (A et D)
sont absentes dans le lait écrémé.
Kcal KJ P L G Ca
(g) (g) (g) (mg)
*10 g de poudre permet de reconstituer 100 ml de lait. Source : Répertoire général des aliments,
produits laitiers, Ciqual, 1995.
Fe Zn Mg Acide folique
(mg) (mg) (mg) (µg)
Définition et classification
La fabrication d’un fromage comporte 3 étapes :
La coagulation du lait par acidification lactique et/ou ajout de présure qui aboutit à la
formation d’un gel de caséine. Ce gel est égoutté et on obtient le caillé. Celui-ci subit une
maturation provoquée par les enzymes produites par des micro-organismes spécifiques à
chaque type de fromage.
● Fromages fondus : ils sont constitués par des fromages divers broyés et fondus.
Composition
On retrouve dans les fromages l’essentiel des composants du lait (Tableau 5).
kcal kJ P L G Ca
(g) (g) (g) (mg)
Fromages persillés :
Roquefort 370 1532 18,7 32,8 0 600
● Apports en protéines
C’est la caséine qu’on retrouve dans le fromage, les protéines solubles étant éliminées lors
de l’égouttage. La teneur en protéines est variable : 8 à 10 % dans un fromage frais, 20 à 24
% dans les fromages à pâte molle et 28 à 30 % dans les fromages à pâte pressée.
● Apport en lipides
La totalité des lipides du lait est conservée dans les fromages. La teneur en lipides d’un
fromage dépend de sa richesse en eau. Les teneurs en matières grasses indiquées à la vente
sont toujours exprimées en pour cent de matière sèche. Un camembert à 45 % de matières
grasses en contient en fait 22 grammes pour 100 g de fromage prêt à consommer. Un
fromage blanc à 40 % de matières grasses contient en réalité 8 g de graisses pour 100 g. Les
fromages les plus riches en matières grasses sont les fromages à pâte cuite type gruyère (32
g de matières grasses pour 100 g). Les lipides des fromages sont composés majoritairement
d’acides gras saturés (60 à 65 %) et monoinsaturés (30 % environ). Les fromages affinés
contiennent en moyenne 90 à 100 mg de cholestérol pour 100 g.
● Apport en glucides
Le lactose est presque totalement éliminé lors de l’égouttage. La quantité restante est
transformée en acide lactique lors de l’affinage.
● Apport en minéraux
● Apport en vitamines
La teneur en vitamine A des fromages est proportionnelle à leur teneur en matières grasses.
Les fromages bleus sont de bonnes sources de vitamines du groupe B (les moisissures en
réalisent la synthèse).
● Acides gras essentiels (acide linoléique (C18 : 2 n-6), acide α-linolénique (C18 : 3 n-3)
● La crème et le beurre
Ces matières grasses sont une excellente source de vitamine A (teneur variable selon la
provenance du beurre) et contiennent un peu de vitamine D lorsqu’ils sont réalisés à partir
du lait d’été. Ils n’apportent pas du tout de calcium.
Ces produits sont tous fabriqués à partir de matières grasses d’origine laitière (beurre ou
crème). Il en existe trois grandes catégories dont la teneur en lipides est respectivement de
60, 40 et 27 %. Les caractéristiques nutritionnelles de ces produits, en dehors du fait qu’ils
sont moins caloriques, sont semblables à celles du beurre. La plupart sont enrichis en
vitamine A et parfois en vitamine E.
Il existe aussi d’autres pâtes à tartiner à teneur en lipides réduite, qui associent des matières
grasses laitières et des matières grasses végétales. Leurs caractéristiques nutritionnelles
dépendent alors du type de matières grasses utilisées.
Il s’agit des matières grasses obtenues par fusion des tissus gras des animaux : saindoux,
graisse d’oie ou de canard, suif de bœuf ou de cheval… Ces graisses contiennent toutes 90 à
100 % de lipides.
Le saindoux et le suif de bœuf sont composés d’acides gras saturés (45 %) principalement à
chaîne longue (C16 et C18), d’acides gras monoinsaturés (42 % environ) et de peu d’acide
linoléique (5 à 9 %). Ce sont des compositions moyennes. Les proportions relatives d’acides
gras varient en fonction notamment de l’alimentation qu’a reçue l’animal. Les graisses de
volaille (oie, canard) contiennent en moyenne moins d’acides gras saturés (environ 30 %) et
nettement plus d’acides gras monoinsaturés (50 à 60 %) et polyinsaturés (11 à 15 %).
Toutes ces graisses apportent en outre 100 mg de cholestérol pour 100 g.
● Les huiles
Ce sont les huiles fluides ou concrètes préparées à partir de graines ou de fruits oléagineux.
Les huiles sont généralement liquides à une température ambiante. On appelle huiles
concrètes ou graisses les matières grasses solides à température ambiante (huile de
coprah…). Ces matières grasses ne contiennent pas de cholestérol et apportent toutes 100 %
de lipides.
Les huiles se distinguent les unes des autres par leur composition en acides gras (Tableau
6b). L’huile d’olive est une source importante d’acides gras monoinsaturés (70 à 75 % des
acides gras présents). Sa teneur en acides gras saturés et polyinsaturés est faible.
L’huile de colza présente aussi une forte teneur en acides gras monoinsaturés (60 à 65 % des
acides gras totaux). Elle est un peu plus riche en acides gras essentiels (30 % des acides gras
totaux) et se distingue surtout par la présence de 8 % d’acide linolénique. Les nouvelles
variétés de colza ne contiennent pratiquement plus d’acide érucique.
L’huile d’arachide comporte 30 à 35 % d’acides gras polyinsaturés dont moins de 1 % d’acide
linolénique. C’est une bonne source d’acides gras monoinsaturés (45 à 50 %). Les acides
gras saturés représentent environ 20 % des acides gras totaux.
Les huiles de maïs, soja, tournesol, pépin de raisin, et noix représentent les meilleures sources
d’acides gras polyinsaturés (60 à 70 % des acides gras totaux). Les huiles de soja et de noix
comportent en outre 7 à 15 % d’acide linolénique. Ces huiles sont une source très
importante de vitamine E.
Sources : Répertoire général des aliments, Ciqual, 1995. Répertoire général des aliments, Corps gras,
Ciqual, 1987
Ces huiles sont caractérisées par une forte teneur en acides gras saturés. L’huile de palme
comporte 50 % à 60 % d’acides gras saturés et 5 % à 10 % d’acides gras polyinsaturés. Elle
est principalement employée par les industries alimentaires (margarineries, biscuiteries) et
pour la réalisation des fritures en collectivités. L’huile de coprah (végétaline) comporte plus
de 90 % d’acides gras saturés (dont 50 à 60 % à chaîne courte).
● Les margarines
La margarine est constituée par l’émulsion d’une phase aqueuse dans une phase grasse qui
représente 82 % du produit final. Elle comprend, selon les cas, des huiles ou des graisses
végétales et animales. Le type d’huile ou de graisse entrant dans la composition d’une
margarine est très variable et les caractéristiques nutritionnelles du pro¬duit final en
dépendent. On distingue les margarines classiques vendues en emballage papier qui sont
solides à température ambiante. Elles sont composées en partie de graisses animales
(saindoux), de graisses de poisson ou de beurre associées à des huiles et comportent surtout
des acides gras saturés et monoinsaturés. Elles contiennent en outre du cholestérol.
Les margarines d’origine exclusivement végétale sont composées d’un mélange d’huiles
diverses hydrogénées en partie. Les margarines faites exclusivement avec de l’huile de
tournesol ou de maïs sont de plus en plus présentes sur le marché. Elles ont les
caractéristiques nutritionnelles des huiles avec lesquelles elles sont fabriquées. Leur teneur
en acides gras polyinsaturés est cependant inférieure à celle des huiles du même nom du fait
de l’hydrogénation qu’elles ont subie au cours de la fabrication.
Comme les spécialités laitières à tartiner, les margarines allégées ont une teneur en
matières grasses totale de 60 %, 41 % ou 27 %. Elles sont réalisées à partir d’huiles riches en
acide gras polyinsaturés partiellement hydrogénés et d’une fraction d’huile de palme. Elles
sont en général enrichies en vitamine A et parfois en vitamine E.
Du fait de l’extrême diversité des beurres et margarines allégées, il n’est pas possible d’en
donner une composition moyenne représentative. On trouve depuis peu une margarine
allégée enrichie en stérols végétaux (Pro-Activ-Fruit d’Or). Cette margarine est fabriquée à
partir d’huiles végéta¬les non hydrogénées. On y a ajouté des esters de stérols végétaux
(13,8 % du produit) qui ont la propriété de réduire le cholestérol sanguin en inhibant son
absorption intestinale.
Remarques :
Les acides gras ayant un effet hypercholestérolémiant sont les acides gras saturés, et plus
particulièrement les acides palmitique et myristique. Par contre l’acide laurique a peu
d’effet et l’acide stéarique est sans effet, de même que les acides gras à chaîne courte ou
moyenne.
IV LÉGUMES ET FRUITS
● Fibres
● Minéraux
● Glucides
IV.1 LÉGUMES
Les légumes frais proviennent de toutes les parties de la plante : racines (carottes, navet…),
tubercules (pommes de terre), tiges (céleri branche), feuille (épinard), fleur (chou-fleur),
fruit (tomate, courgette). Ils se caractérisent par une teneur en eau très importante (90 % en
moyenne), un apport en glucides modéré : 1 à 6 % pour les parties aériennes des plantes
(salades, épinards, courgettes, tomates…) et 9 % environ pour les racines (carottes, céleri…).
Les légumes représentent un apport important de potassium. On y trouve également du
calcium (surtout dans les choux), du magnésium, du fer et du cuivre (légumes à feuilles type
épinard), du soufre (choux, oignons, ail, poireaux, navets, radis) et de nombreuses autres
matières minérales.
Les légumes sont riches en vitamines hydrosolubles : vitamine C (choux, légumes à feuilles,
tomates), provitamine A ou bêta-carotène (partie colorée des plantes : légumes à feuilles
vertes, carottes…) et vitamines du groupe B.
Les fibres des plantes se composent surtout de cellulose, d’hémicellulose et de matières
pectiques.
La pomme de terre se distingue par un apport plus important en amidon (20 %) et une
teneur en vitamine C assez faible surtout après quelques mois de conservation. Elle doit être
assimilée aux aliments sources d’amidons (pâtes alimentaires, riz) plutôt qu’à un légume
frais.
IV.2 FRUITS
La composition des fruits est semblable à celle des légumes. Leur teneur en glucides est
cependant plus élevée. Il s’agit le plus souvent de sucres (de fructose mais aussi de
saccharose ou de glucose et plus rarement d’amidon (banane, châtaigne). L’apport en sucres
est très variable. Il est peu important pour les agrumes, les groseilles, les fraises, les
framboises, les mûres, le melon et la pastèque (5 à 10 %). Les fruits les plus riches en sucres
● Fruits secs
- Les fruits séchés (raisins, pruneaux, bananes, pommes, poires) renferment en moyenne 73
% de glucides assimilables. Si la dessiccation est bien conduite (par des procédés industriels
plutôt que grâce au soleil), ces fruits constituent une bonne source de vitamines A et C. Ils
ont une teneur élevée en fibres.
- Les fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes, cacahuètes, noix de cajou) représentent un
apport important de lipides (plus de 50 %) et de protéines (10 à 15 %). Les noix et les
noisettes sont riches en acides gras insaturés (poly ou mono).
Les fruits oléagineux représentent par ailleurs une bonne source de minéraux (calcium,
magnésium, fer) et de fibres. Il s’agit d’aliments très énergétiques.
Les céréales les plus utilisées en France sont le blé, le riz et dans une moindre mesure le
maïs, l’avoine, le seigle, le sarrasin et le manioc (tapioca).
● Protéines végétales
● Vitamines du groupe B
● Pas de lipides
● Fibres
● Minéraux
Manioc Tapioca
Avoine Flocons
Farine
Sarrasin
Composition nutritionnelle
● Apports en glucides
Cette catégorie d’aliments est principalement source d’amidon : 74 % dans les farines, 72-73
% dans les pâtes alimentaires et les biscottes, 55 % dans le pain et 80 % dans le riz. Les
céréales et farines complètes apportent en plus des fibres. Le son de blé se compose
principalement d’hémicellulose et de cellulose.
● Apports en protéines
● Apport en minéraux
Les céréales et leurs dérivés sont pauvres en calcium. Elles apportent beaucoup de
phosphore, pour les 3/4 sous forme d’acide phytique dans les produits à base de farines
complètes. Ce type d’aliments apporte du fer et du magnésium malheureusement mal
absorbés.
● Apports en vitamines
Il s’agit essentiellement de vitamines du groupe B (B1, B2, PP). Les teneurs sont plus élevées
dans les céréales et farines complètes. Cependant la présence d’acide phytique et de son
peut nuire à leur absorption.
- Le pain
Le pain est composé de farine, eau, sel et levure. Il existe une grande variété de pains
réalisés à partir de divers types de farines et de méthodes : pain complet, pain au son, pain
de campagne, pain de seigle, pain aux céréales, pain de mie. Le pain blanc est moins riche
en fibres, minéraux et en vitamines que le pain complet. Cependant l’apport d’acide
phytique et de son peut être cause d’une moins bonne absorption de ces éléments nutritifs.
- Les biscottes
Elles contiennent en plus un peu de sucre et de matières grasses.
- Le riz
Le riz subit divers traitements avant d’être commercialisé sous forme de riz blanc. Le riz
blanchi et poli perd 60 à 75 % de ses vitamines d’origine. Le riz étuvé est cependant 2 à 3
fois plus riche en vitamines que le riz blanc ordinaire (au cours de l’étuvage les vitamines et
certains minéraux diffusent à l’intérieur du grain).
V.2 LÉGUMINEUSES
Cette catégorie comprend les légumes secs (lentilles, haricots, pois, pois chiches…), le soja et
l’arachide.
Ces aliments sont riches en protéines, éléments minéraux (phosphore, fer) et vitamines du
groupe B. Ils se rapprochent de ce fait des aliments du groupe « viande, poisson, œuf ». Les
légumes secs apportent 24 % de protéines. Ces protéines sont pauvres en méthionine ; leur
valeur biologique est donc moins bonne que celle de la viande, du poisson, des œufs ou des
produits laitiers. Il est intéressant d’associer des céréales aux légumes secs afin de les
compléter mutuellement en leur acide aminé déficitaire. Cette association est indispensable
dans une alimentation strictement végétalienne.
Les légumes secs sont riches en fibres (12 % à 25 % du poids sec), ce qui rend leur
digestibilité parfois difficile. La consommation des légumes secs nécessite une cuisson plus
longue préjudiciable à leur apport en vitamines.
Les minéraux des légumes secs sont mal absorbés (le taux d’absorption intestinale du fer est
d’environ 3 %). Cependant il faut rappeler que le fer non héminique représente 85 % à 90 %
du fer alimentaire et que son absorption augmente lorsqu’il existe un déficit du statut en fer
de l’organisme.
● Le soja et l’arachide
Ces aliments sont comparables aux légumes secs du point de vue de leur teneur en
protéines, vitamines et minéraux. Ils apportent en plus des lipides (respectivement 18 % et
45 %). L’industrie extrait les protéines du soja et fabrique des produits « texturés »
rappelant la viande. Ces produits sont ajoutés aux viandes hachées. Il en est toujours fait
mention sur l’étiquetage des ces aliments.
La dénomination de sucre est réservé aux mono et disaccharides à l’exclusion des polyols,
d’après la réglementation nationale et communautaire relative à l’étiquetage et à la
présentation des denrées alimentaires.
● Le sucre
Sucre de canne ou de betterave ne sont pas différents sur le plan de leur composition. De
même cassonade et sucre roux ne présentent pas de caractéristiques nutritionnelles
particulières. Tous ces sucres sont composés de 100 % de saccharose rapidement assimilé
par l’organisme. Il s’agit d’une source d’énergie rapidement utilisable, intéressante en cas
d’efforts physiques importants.
● Les confiseries
Leur définition légale est la suivante : “Préparations alimentaires dans lesquelles le sucre
constitue l’élément dominant à l’exclusion des confitures, gelées et marmelades“. En dehors
du sucre les matières premières entrant dans leur composition sont nombreuses et variées.
Par exemple : matières grasses végétales, amidon, gommes, gélatines, colorants, parfums
naturels et synthétiques, amandes, noisettes… Les sucres utilisés sont le saccharose mais
aussi le sucre inverti, le glucose, le miel.
● Le miel
● Le chocolat
Il est obtenu par le mélange de sucre et de pâte de cacao. La pâte de cacao représente, sauf
pour le chocolat au lait, au moins 35 % du produit final dont 18 % de beurre de cacao.
Le chocolat apporte en moyenne 50 à 65 % de saccharose, 20 à 30 % de lipides (beurre de cacao
essentiellement), 6 % de protéines, des minéraux (phosphore, calcium, magnésium, et un
peu de fer) et un peu de vitamines.
VII BOISSONS
La composition de l’eau est extrêmement variable. La législation impose pour les eaux
potables un taux maximum de minéraux de 2 g/l. Les minéraux qui peuvent être présents
dans l’eau sont nombreux : calcium, magnésium, fer, sodium, potassium, fluor…
Selon leur degré de minéralisation (évalué par le “résidu sec“ : RS), les eaux minérales sont
réparties en :
- eaux riches en sels minéraux (RS > 1500 mg/l) : Contrex, Hépar, St-Yorre, Vichy Célestins,
Quézac…
- eaux moyennement minéralisées (50 mg/l < RS < 1500 mg/l) : Vittel, San Pellegrino,
Badoit…
- eaux faiblement minéralisées (RS < 500 mg/l) : Valvert, Evian, Volvic, Perrier…
Eaux plates :
Eaux gazeuses :
* Résidu sec : obtenu après évaporation de l’eau à 180° C. Il est le reflet de la minéralisation de l’eau.
Sources : Etiquettes ou analyses de laboratoires agréés.
● Boissons sucrées
Il s’agit des limonades, sodas, sirops, coca cola, boissons aux fruits. Les boissons aux fruits
composées d’eau, de sucre et de 12 % seulement d’extraits de fruits ne doivent pas être
confondues avec les jus de fruits. Un litre de ces boissons apporte 90 à 120 g de sucres.
Dans les boissons “light“ le sucre est remplacé par un édulcorant de synthèse. Ce type de
boissons n’apporte pas de sucre.
● Le thé, le café
Ces boissons sont très utilisées pour leurs qualités stimulantes (caféine, théine). Elles ne
contiennent aucun élément nutritif assimilable.
Les jus de fruits contiennent les éléments nutritifs des fruits dont ils sont issus : minéraux,
vitamines et sucres. La teneur en sucres d’un jus de fruit est variable : le jus de raisin
contient environ 200 g de sucres par litre, le jus d’orange 90 à 100 g.
On appelle “jus de fruit“ un produit composé exclusivement de fruits pressés. Les jus
reconstitués à partir de concentré de jus de fruits et d’eau ont également droit à cette
appellation. Les “nectars“ qui sont des mélanges de jus de fruits (25 à 50 % du produit
final), d’eau et de sucre ne sont pas des jus de fruits.
● Boissons alcoolisées
La densité de l’éthanol est de 0,8 ; une boisson titrant 10° d’éthanol (soit 10 volumes
pour 100 volumes d’eau) contient 100 ml d’éthanol pur par litre soit 80 g. Les boissons
faiblement alcoolisées sont le cidre (2 à 6°), la bière (4 à 8°), le vin (9 à 15°) et les vins
“cuits“ (15 à 25°). Les alcools “forts ou spiritueux“ (liqueurs, eaux de vie, cognac,
boissons anisées) contiennent 35 à 60° d’alcool. Les apports en éléments nutritifs de la
bière ou du vin (minéraux et vitamines du groupe B) sont faibles.
L’alcool représente un apport énergétique de 7 kcal pour 1 g soit 5,6 Kcal pour 1 ml
d’alcool pur. Le tableau 9 regroupe quelques exemples de boissons alcoolisées
couramment consommées.
Cidre :
sec :
2,5 verres (250 ml) 5-6 40-50 2 100
doux :
5 verres (500 ml) 1,6-2,7 13-24 40-60 200
Champagne : 10 80 - 70
1 coupe (100 ml)
Les viandes sont le plus souvent conservées par le froid (réfrigération, surgélation) ou grâce
à la chaleur (conserves de plats cuisinés par exemple).
• La réfrigération permet une conservation de courte durée (15 à 20 jours pour les carcasses
entre 0 °C et 2 °C). Elle est limitée à quelques jours pour la conservation domestique de la
viande débitée en morceaux. Une viande hachée fraîche doit être consommée dans la
journée.
• La surgélation est effectuée de façon à obtenir très rapidement une température à cœur
inférieure à – 18 °C. Les viandes surgelées doivent être maintenues à cette température ou à
une température inférieure jusqu’au moment de leur consommation. La conservation au
froid n’empêche pas le rancissement des graisses ce qui limite la durée de conservation par
ce procédé à quelques mois.
• Les conserves de viandes ou les plats cuisinés en conserve subissent une stérilisation à 112
°C-117 °C pendant un temps variable avec la nature du produit. Une conserve entamée doit
être gardée au froid et utilisée dans les plus brefs délais.
Comme les viandes, les poissons sont conservés par le froid ou par la chaleur. Plus
rarement, on consomme du poisson séché, salé, fumé ou mariné.
• La réfrigération permet une conservation de 3 à 6 jours pour des poissons non éviscérés et
de 10 à 12 jours pour des poissons éviscérés.
• La surgélation du poisson est souvent réalisée à bord des bateaux de pêche. Le poisson
surgelé, comme la viande, peut être conservé plusieurs mois à une température < – 18 °C.
Un entreposage trop long provoque cependant une déshydratation, l’oxydation des
matières grasses et une dénatura¬tion des protéines. Pour limiter ces phénomènes il est
conseillé de conserver les poissons à des températures de – 25 °C à – 30 °C. La surgélation
permet de détruire les parasites comme les anisakies, elle doit être conseillée lorsque les
poissons sont destinés à être consommés crus.
• Les autres modes de conservation sont souvent associés entre eux et ces produits en
dehors des poissons fumés sont relativement peu consommés en France.
Après leur achat les œufs peuvent être conservés au froid pour une durée d’une semaine
environ. La date de ponte est de plus en plus fréquemment apposée sur la coquille de l’œuf
et une DLC (date limite de consommation) est mentionnée sur l’emballage.
• Le lait pasteurisé est soumis à un chauffage modéré en vue de détruire les microbes
pathogènes éventuellement présents. La pasteurisation du lait s’effectue par un chauffage à
une température de 72 °C à 85 °C pendant 15 à 20 secondes, suivi d’un refroidissement
rapide. Ce lait conserve une flore microbienne inoffensive qui pourrait altérer ses qualités
organoleptiques. C’est pourquoi il faut le conserver au froid (0 °C à 6 °C). Il doit être
consommé dans un délai maximal de 7 jours, ou 2 jours dès que l’emballage est ouvert.
• Le lait stérilisé subit un chauffage énergique destiné à détruire tous les micro-organismes
présents. C’est le procédé UHT (Ultra Haute Température) qui est le plus uti¬lisé. Il
consiste à appliquer un chauffage instantané à 140 °C-150 °C pendant 2 secondes. Le
conditionnement est effectué dans les emballages stériles. Ce lait peut être conservé à
température ambiante pendant plusieurs mois.
Ces laits sont commercialisés sous la forme de lait entier, demi-écrémé ou écrémé. La
couleur dominante de l’emballage est respectivement rouge, bleue ou verte en fonction de
la teneur en matières grasses. Les laits pasteurisés n’existent pas sous la forme écrémée. Les
technologies mises en œuvre permettent de conserver au lait l’essentiel de ses qualités
nutritionnelles de départ. Cependant, les laits stérilisés subissent une perte vitaminique
modérée (environ 10 %) et la valeur biologique de leurs protéines peut être affectée en
raison du blocage de certains acides aminés (réaction de Maillard).
Contrairement au lait cru, il n’est pas nécessaire de faire bouillir les laits conservés par l’une
ou l’autre des méthodes décrites ci-dessus avant de les consommer.
Des laits à teneur garantie en vitamines ou enrichis en divers éléments nutritifs sont
proposés aux consommateurs. En voici quelques exemples :
• lait enrichi en fer, zinc, vitamine D et acides gras essentiels (« Croissance » de Candia),
• lait enrichi en fer, zinc, magnésium, acide folique et vitamine D (« Future Maman » de
Candia, « Pour Maman » de Gervais),• lait enrichi en fer, zinc et magnésium à teneur
garantie en vitamines du groupe B et en vitamines A, C et E (« Grand Vivre » de Candia),
• lait écrémé à teneur garantie en vitamines A, E, C et vitamines du groupe B (« Silhouette »
de Candia),
• lait enrichi en Calcium et en vitamine D (lait Calcium Plus de Candia),
• lait enrichi en acides gras essentiels de type Oméga 3 (lait aux Oméga 3 de Candia) : il
s’agit d’un lait 1/2 écrémé auquel on a ajouté de l’huile de poisson (0,29 %) source d’acides
gras de type Oméga 3 (EPA, DHA). L’apport en Oméga 3 de ce type de lait est de 60 mg/
100 ml (les apports nutritionnels conseillés pour la popu¬lation française sont de 500 mg/j).
Certains de ces laits sont destinés à des consommateurs spécifiques : enfants de 1 à 3 ans
(Lait « Croissance »), femmes enceintes ou allaitantes (Lait « Future Maman » ou « Pour
Maman »). Le tableau 10 compare les teneurs respectives des laits de consommation
courante et des laits enrichis en quelques minéraux et en acide folique. La consommation de
ce type de lait reste encore modeste. Le choix de ces exemples ne constitue en aucun cas un
jugement de valeur sur l’intérêt de ces produits. De nom¬breux autres fabricants proposent
des produits de ce type.
Le raffinage est pratiqué dans le but d’éliminer les constituants gênants des matières
grasses brutes : acides gras libres, phospholipides, mucilages, cires, produits d’oxydation,
odeurs et saveurs trop prononcées, pigments, métaux lourds, pesticides et mycotoxines. Le
raffinage ne modifie pas notablement la composition globale des corps gras.
Après le raffinage, trois types de transformation sont appliquées aux matières grasses dans
le but de modifier leurs caractéristiques physico-chimiques. Ces transforma¬tions
permettent de créer des produits adaptés aux besoins culinaires et industriels ainsi que des
produits « nouveaux » à teneur en lipides réduite.
Hydrogénation
L’hydrogénation, selon qu’elle est sélective ou non sélective consiste à saturer en partie ou
en totalité les doubles liaisons des acides gras insaturés par de l’hydrogène.
L’hydrogénation conduit à la formation d’isomères trans (acide élaïdique : C18:1 trans) dont le
métabolisme est proche de celui des acides gras saturés. Ces transformations permettent de
modifier le point de fusion d’un corps gras et d’améliorer sa stabilité à la chaleur. Cette
technique permet de fabriquer des margarines spéciales pour la pâtisserie, des margarines à
partir d’huiles de tournesol ou de maïs et des pâtes à tartiner à teneur réduite en lipides.
Inter-estérification
C’est le réarrangement moléculaire des acides gras sur le glycérol qui permet d’améliorer
les propriétés physiques et plastiques des corps gras. L’inter-estérification est en général
associée à l’hydrogénation.
Fractionnement
Le fractionnement consiste à séparer un corps gras en fractions de caractéristiques
physiques différentes. Un corps gras (par exemple l’huile de palme) peut ainsi être séparé
en une huile et une fraction solide dont le point de fusion est plus élevé que le corps gras de
départ. Chacune des fractions obtenues est utilisée pour des usages différents.
Il est souhaitable d’utiliser plusieurs types de matières grasses. Leurs apports nutritionnels
(acides gras, vitamines) diffèrent et ils se prêtent plus ou moins bien aux divers usages
culinaires.
Les huiles de soja, colza et noix sont préférentiellement utilisées pour les assaisonnements
à froid.
Les autres huiles (tournesol, maïs, pépin de raisin) peuvent indifféremment servir aux
assaisonnements et aux cuissons.
La cuisson modifie la consistance, la couleur et le goût des légumes. Elle provoque une
dissociation des fibres cellulosiques, qui améliore la digestibilité du légume. L’amidon se
gélatinise et se transforme partiellement en dextrines. Les composés sulfurés des légumes à
goût fort sont hydrolysés en composés volatils (choux).
En dehors de ces effets positifs, la cuisson est responsable si elle n’est pas bien menée d’une
perte plus ou moins importante de vitamines et de minéraux (par dissolution et par
inactivation due à la chaleur). Si on veut conserver aux légumes un maximum de leurs
propriétés nutritionnelles, il est nécessaire de les cuire dans un minimum d’eau ou si
possible à la vapeur, en gros morceaux ou sans les peler de façon à limiter les pertes par
dissolution, en l’immergeant dans l’eau bouillante afin de détruire l’enzyme responsable de
la destruction de la vitamine C (oxydase).
Conserves appertisées
Les légumes subissent un blanchiment qui conduit à la destruction des enzymes en
particulier des oxydases, puis ils sont mis en boîte et généralement préchauffés afin
d’évacuer un maximum d’oxygène. Les boîtes, serties, sont stérilisées pendant un temps et à
une température variables avec la nature et l’acidité du produit. La valeur alimentaire des
légumes ainsi conservés est comparable à celle d’un légume cuit à la maison. L’acidité de la
plupart des fruits permet la stérilisation à des températures inférieures ou égales à 100 °C et
de durée plus courte. Les conserves de légumes et de fruits gardent leurs propriétés
organoleptiques et nutritives pendant plusieurs années (1 à 4 ans selon les cas).
Surgélation
Les légumes sont préalablement blanchis afin d’inactiver les enzymes. Les fruits sont sucrés
et additionnés d’antioxydants (acide citrique ou acide ascorbique) pour éviter le
brunissement et l’oxydation de la vitamine C. Ces légumes et ces fruits peuvent être
conservés 1 à 2 ans à des températures inférieures à – 18 °C. Leur valeur nutritionnelle est
très proche de celle des produits frais.
Ionisation ou irradiation
Cette méthode est utilisée en particulier pour inhiber la germination des pommes de terre,
des oignons et des pro¬duits analogues, détruire les insectes des productions céréalières et
retarder l’altération d’un aliment (fraises, champignons).
Produits de 4e gamme2
La mise à disposition du consommateur de légumes et fruits frais et prêts à l’emploi
(épluchés, découpés) s’est large¬ment développée au cours de ces dernières années (en
particulier salades et divers légumes râpés et émincés). Ces produits sont conditionnés dans
un emballage étanche, sous atmosphère modifiée et conservés à une température inférieure
à 8 °C. Leur durée de conservation est limitée à une semaine. Les procédés mis en œuvre
permettent de
2
Produits de 4e gamme : La 1re gamme représente les fruits et légumes frais vendus en état, la
2e gammeles conserves, la 3e gamme les surgelés. Il existe une 5e gamme qui correspond
aux denrées cuites conditionnées sous vide.
IX ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
● : Répertoire général des aliments, INRA, CIQUAL, 1. Table de composition des
corps gras (1987), 2. Table de composition des produits laitiers (1987), 3. Table de
Composition Générale, 2e éd., 1995. Éditions Lavoisier- Tec & Doc, Paris.
● Grundy S.M., Deke M.A. : Dietary influences on serum lipids and lipoproteins, J.
Lipid, Res., 1990, 31, 1149.
II Les amidons..................................................................................................................................... 4
III Le saccharose................................................................................................................................. 6
IV Le lactose........................................................................................................................................ 8
V Annexes.......................................................................................................................................... 10
INTRODUCTION
L’adulte ingère 300 à 400 g de glucides (hydrates de carbone, CHO) par jour, ce qui
représente 55 à 60 % de sa ration énergétique quotidienne. 50 à 60 % de cette énergie est
apportée sous forme d’amidon, polymère de haut poids moléculaire de glucose, 30 à 40 %
sous forme de saccharose, et le reste sous forme de lactose. Les fibres alimentaires végétales
n’étant que peu disponibles (digérées, absorbées) pour le métabolisme intermédiaire
n’apportent que quelques dizaines de kilocalories par jour.
Depuis le début du siècle, la part des glucides dans l’apport énergétique total des pays
occidentaux a diminué au profit des graisses. De même, la part de l’énergie apportée par
l’amidon a diminué au profit de celle du saccharose dont la consommation par personne et
par an est passée en Italie par exemple de 10 à 30 kg, en Hollande de 30 à 50 kg de 1950 à
1970. Un Occidental, un Américain du Nord, ingère en moyenne de 50 à 60 kg de
saccharose par an, soit de 140 à 170 g de saccharose par jour.
L’absorption du glucose, coïncidant avec les repas, est un phénomène discontinu. Sur 100 g
de glucose absorbé au cours d’un repas, on estime qu’environ 60 g sont oxydés dans les 3
heures suivantes. Cet accroissement de l’oxydation du glucose contemporaine du repas
s’effectue au détriment d’une réduction de l’oxydation des lipides. Cependant la capacité
d’oxydation du glucose étant limitée (= 4 mg/kg min, chez l’adulte), la mise en réserve
s’impose à l’issue de chaque repas, sous forme de glycogène hépatique ou musculaire. Ce
phénomène est sous la double dépendance de l’hyperglycémie et de l’hyperinsulinisme
qu’elle induit, la glycémie étant rapidement ramenée à la normale par l’augmentation de la
captation cellulaire du glucose, induite par l’insuline. Son stockage sous cette forme coûte à
peu près 5 % de la densité énergétique de la masse de glucose ainsi mise en réserve. Si la
charge glucidique est importante, la capacité de stockage sous forme de glycogène peut,
elle-même, être dépassée, le glucose étant alors converti (à partir de l’acétyl CoA) en acides
gras. Cette transformation est très onéreuse puisque son coût est estimé à ≈ 30 % de la
densité énergétique du glucose mis en réserve.
A distance des repas, seul le glycogène hépatique est source de glucose. Ceci ne représente
donc qu’une réserve très limitée (de l’ordre de 400 à 500 kcal) par rapport aux réserves
lipidiques (≈ 150 000 kcal). De fait, la production de glucose par glycogènolyse ne peut
couvrir qu’une période de quelques heures de jeûne. La principale source de glucose est
alors la néoglucogenèse à partir des acides aminés. Après un jeûne nocturne, la vitesse de
production endogène du glucose (foie et rein) est de l’ordre de 2 mg/kg min. chez l’adulte.
L’oxydation du glucose représente alors à peu près 45 % de la dépense énergétique. Le
glucose non oxydé subit une glycolyse (GR par exemple) et le pyruvate produit peut être
recyclé par le foie sous forme de glucose.
II LES AMIDONS
● Structure
Les amidons sont des polymères de glucose de haut poids moléculaire, synthétisés par les
cellules végétales pour lesquelles ils représentent une forme de stockage de l’énergie sous
une forme osmotiquement peu active. Les amidons se trouvent dans les tubercules
(pommes de terre), les graines de céréales (riz, blé, maïs), les légumineuses (lentilles, pois).
● Digestion
Les molécules d’amidon sont digérées par les amylases salivaire et (surtout) pancréatique,
endo-amylases de structure très voisine, qui donnent naissance à des polymères de glucose
linéaires ou ramifiés (dextrine limites) selon que ces enzymes ont agi sur l’amylose ou
l’amylopectine mais jamais directement du glucose. L’activité de l’alpha-amylase
pancréatique est nulle à la naissance et demeure extrêmement faible durant les premières
semaines de la vie, ce qui limite l’utilisation de l’amidon non prédigéré chez le nourrisson
qui, à 1 mois, n’est capable que d’en utiliser 10 à 20 g par jour. Les polymères linéaires et
branchés de glcose libérés par l’amylase pancréatique sont rapidement réduits à l’état de
maltose ou de maltonose et d’isomaltose (2 molécules de glucose liées en alpha-1-6), di-ou
oligosaccharides que l’on ne trouve pas dans l’alimentation à l’état naturel. Ces
oligosaccharides sont ensuite digérés par les oligosaccharidases de la bordure en brosse qui
libèrent du glucose (saccharase, isomaltase et glucoamylase). L’entrée de ce dernier dans la
cellule intestinale est couplée à celle du sodium grâce à un transporteur spécifique.
● Absorption
L’amidon est considéré comme un sucre d’absorption lente par opposition aux sucres
d’absorption rapide comme le glucose ou le saccharose. Cette notion est cependant relative.
La vitesse d’apparition et la hauteur du pic d’hyperglycémie provoquée par une charge
orale d’amidon dépendant en grande partie de la forme sous laquelle celui-ci est donné :
plus ou moins purifié, lié aux fibres de la plante qui l’a produit (grains entiers, écrasés,
farine), s’il est cuit ou non, de la vidange gastrique. L’hyperglycémie provoquée par une
charge orale d’amidon purifié est aussi précoce que celle que provoque une charge orale de
saccharose tant les activités de l’amylase pancréatique et des oli-gosaccharidases de la
bordure en brosse sont élevées. Une charge orale en amidon donnée sous une forme
habituelle (pain, pâtes, pommes de terre…) entraîne toutefois une hyperglycémie plus
étalée et retardée par rapport à une charge orale équivalente en saccharose et l’on admet
que la digestion complète de l’amidon se termine dans l’iléon où, de fait, l’activité de la
glycoamylase est la plus élevée. L’environnement végétal de l’amidon peut retarder sa
digestion dans la lumière intestinale au point qu’une partie notable de celui-ci arrive dans le
colon où il est alors fermenté par les bactéries intestinales qui possèdent une amylase. A
partir de glucose libéré, les bactéries produisent des acides volatils, du CO2 et de
l’hydrogène dont on peut mesurer la concentration dans l’air expiré (test à l’hydrogène, voir
plus loin). Ainsi, il a été montré que l’amidon lié aux céréales était moins bien absorbé, plus
fermenté dans le colon, qu’une même quantité d’amidon préalablement extrait de celles-ci.
III LE SACCHAROSE
● Structure
Le saccharose est un disaccharide de poids moléculaire 360 D, formé par la liai¬son d’une
molécule de glucose et d’une molécule de fructose liés en alpha-1-2. C’est un sucre non
réducteur, ses deux fonctions aldéhydiques étant liées. Il est extrait de la canne à sucre ou
de la betterave. Il était encore consommé comme un produit de luxe à la fin du XVIIIe
siècle. Son extraction n’a été véritablement industrialisée et sa consommation n’est
réellement devenue populaire qu’au tournant de ce siècle. Il est digéré par la saccharase-iso-
maltase de la bordure en brosse des entérocytes dont l’activité n’est jamais le facteur
limitant de son absorption.
● Le goût sucré
La caractéristique principale du saccharose est son goût sucré, plaisant, qui peut conduire à
une consommation excessive. Le pouvoir sucrant du saccharose (coté 1 arbitairement) est en
effet nettement supérieur à celui du lactose (0,2) ou à celui du glucose (0,7). Il n’est inférieur,
parmi les sucres naturels, qu’à celui du fructose (1,1 à 1,6). Par comparaison, le pouvoir
sucrant du cyclamate est de 30 et celui de l’aspartam ou de la saccharine environ 300-350
(c’est dire qu’il faut 300 à 350 fois moins de ce produit pour provoquer la même sensation
qu’une quantité de saccharose).
Le goût sucré est reconnu dès les premiers jours de la vie par le nourrisson chez lequel il
stimule plus que le glucose, par exemple, la tétée. Dissous dans une boisson, le saccharose
apporte ainsi des calories agréables et sournoises car ingérées sans effort. Si le saccharose
n’était présent, par exemple, que dans les fruits, des quantités bien moindres en seraient
ingérées : 140 g de saccharose représentent en effet plus de 1,5 kg de pommes.
Le plaisir lié à l’ingestion de saccharose a été bien étudié chez le rat qui, seul, dans une cage,
mange plus de saccharose que de dextrines, alors que la situation est inverse lorsqu’il est en
groupe. De même, après 10 h de jeûne, un rat ingère 120 % de sa ration habituelle si le
régime qu’on lui offre contient des hydrates de carbone sans saveur (polymères de glucose),
140 % de sa ration si celle-ci contient du saccharose mais 200 % de sa ration si elle ne
contient que du saccharose.
foie, de triglycérides, bien mise en évidence chez l’adulte sain ; ainsi, après 6 semaines d’un
régime apportant 30 % des calories sous forme d’amidon ou de saccha¬rose, le taux des
lipides totaux, des triglycé¬rides et des VLDL est-il significativement plus élevé chez ceux
ayant ingéré du sac¬charose que chez les sujets ayant ingérés une quantité analogue
d’amidon (+ 30 % pour les triglycérides). Cet effet, maximum après la quatrième semaine
du régime, apparaît dès la deuxième semaine. Cet effet est associé à une diminution d’une
sensibili¬té à l’insuline que l’on retrouve dans les états prédiabétiques.
Au-delà de cet effet métabolique, conduisant à une hyperlipoprotéinémie de type IV,
l’ingestion d’énergie en quantités supérieures au besoin conduit à l’obésité.
IV LE LACTOSE
● Structure
● Digestion
Le lactose est digéré par la lactase de la bordure en brosse des entérocytes qui est le facteur
limitant de l’absorption du lactose. L’activité lactasique, maximum à la naissance, chute au
sevrage chez tous les mammifères chez lesquels une activité résiduelle de 10 % de l’activité
à la naissance persiste à l’âge adulte. Il en est ainsi dans la plus grande partie de l‘espèce
humaine, sauf chez les Caucasiens et les descendants de tribus pastorales chez lesquels
l’activité lactasique persiste à l’âge adulte. On admet que la mutation ayant conduit à la
persistance de l’activité lactasique à l’âge adulte s’est produite il y a 10 000 ans environ et
qu’elle a dû constituer un avantage sélectif important pour s’être répandue aussi
rapidement.
En dépit du fait que l’activité lactasique est la plus élevée dans les premières semaines de
la vie, une partie du lactose ingéré par le nourrisson au sein atteint le colon où il est
fermenté par des bactéries anaérobies strictes (bifidobactéries). La libération dans la lumière
intestinale d’acides volatils courts et surtout d’acide lactique, permet l’installation d’un pH
acide voisin de 5 dont on admet qu’il protège l’enfant de la colonisation par des
entérobactéries qui pourraient être pathogènes. Pour une raison que l’on s’explique mal,
l’ingestion de quantités analogues de lactose dans des laits industriels n’entraînent pas
l’établissement d’un pH aussi acide, protecteur.
Chez l’adulte la part de l’énergie apportée par le lactose est très variable : de nulle à 10-15
% de l’énergie fournie par les hydrates de carbone, selon les habitudes alimentaires et la
tolérance au lactose, dépendante en grande partie de l’évolution de l’activité lactasique en
fonction de l’âge. En Amérique du nord, dans l’Europe du nord, 80 à 90 % de la population
adulte a une activité lactasique élevée, ne mettant pas de limite à la consommation de lait
ou de laitage. En France, il semblerait que la tolérance au lactose soit plus élevée au nord
qu’au sud de la Loire.
Une proportion importante de la population adulte mondiale et notamment les pays en voie
de développement, est intolérante au lactose. D’autre part, l’activité lactasique est la
première et la plus longtemps diminuée en cas de lésions infectieuses intestinales telles que
celles que favorise la mal-nutrition chronique. Dans de telles situations, qui touchent
souvent les mêmes populations, la question a été posée de savoir s’il était justifié de tenter
une réalimentation ou de fournir des suppléments alimentaires avec des produits comme le
lait, contenant du lactose. Des laits au lactose préalablement hydrolysé, soit au moment de
la fabrication, soit juste avant sa consommation par l’ajout d’une enzyme bactérienne, ont
été mis au point par les industriels. Ils se sont avérés efficaces chez les sujets dont l’activité
lactasique est basse : à quantité d’hydrate de carbone égale, ils entraînent moins de
symptômes, ne s’accompagnent pas d’une augmentation de la concentration d’hydrogène
expiré et permettent une ingestion de quantités supérieures de lait. Cependant, leur goût est
moins bon, ils pourraient s’accompagner d’une diminution de l’absorption du calcium que
le lactose favorise et leur osmolarité est de plus de 100 mosmol supérieure à celle d’un lait
normal, ce qui est un inconvénient chez un sujet, et en particulier un nourrisson, ayant la
diarrhée. D’autre part, on a redouté que l’ingestion de quantités notables de galactose, tel
quel, entraîne des cataractes du fait de l’accumulation du galactitol dans le cristallin comme
cela a été démontré chez le rat. Ce risque néanmoins ne semble pas réel chez l’homme. Chez
l’enfant malnutri, il semble qu’un lait contenant du lactose hydrolysé permette une reprise
de poids, au décours d’un épisode diarrhéique, plus rapide qu’un lait habituel. Peu
d’études comparatives cependant ont été menées sur ce sujet et jusqu’à présent, l’utilisation
de laits contenant du lactose hydrolysé ne s’est guère répandue, compte tenu, en particulier
de leurs coûts.
De nombreuses études par contre, ont montré qu’à quantités égales de laitages ingérés, le
yaourt était beaucoup mieux toléré que le lait par le sujet intolérant au lactose, la
fermentation induite par la flore des yaourts (Lactobacillus bulgaricus, Streptococcus
thermophilus) diminuant d’environ 30 % la teneur en lactose du lait. Il est plus remarquable
cependant qu’à quantité de lactose ingérée équivalente, le lactose du yaourt soit aussi
mieux toléré que celui du lait (tolérance appréciée par le test à l’hydrogène). Cette meilleure
tolérance serait due au moins en partie à la persistance de l’activité lactasique bactérienne
ou à la survie de l’espèce bactérienne elle-même dans le tube digestif au cours du transit, ce
qui expliquerait que le chauffage du yaourt fasse disparaître son avantage.
V ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
● Bernier J.J., Adrian J., Vidon V. : « Les aliments dans le tube digestif ».
● Bierman E.L. : Carbohydrates, sucrose and human diseases. Am J Clin Nutr 1979; 32:
2712-22.
● Shafrir E. : Effect of sucrose and fructose on carbohydrate and lipid metabolism and
the resulting consequences. In : « Regulation of carbohydrate metabolism », vol. II,
Beitner R. ed CRC Press, Boca Raton (Florida), 1984, pp. 95-140.
● Shaw J.H. : Diet and dental health. Am J Clin Nutr 1985; 41: 1117-31.
I Sources et structure..........................................................................................................................3
Les graisses sont des produits complexes dont les différents constituants jouent de façon
directe ou indirecte, immédiate ou retardée, un rôle énergétique, structural et fonctionnel
(figure 1). L’alimentation est à la fois exclusive des acides gras dits essentiels (acide
linoléique et α -linolénique) et la source quasi exclusive des acides gras non essentiels tant
les capacités de synthèse endogène sont quantitativement mineures.
I SOURCES ET STRUCTURE
Les graisses alimentaires sont d’origine végétale et animale. Parmi les graisses d’origine
végétale on distingue les huiles « fluides », liquides à température de 15° C (arachide, olive,
tournesol, colza, soja, maïs, pépins de raisin,…) et les huiles « concrètes », solides à la
température de 15° C (palme, coprah). Les graisses animales sont soit d’origine laitière (lait,
crème, beurre, fromages)… soit apportées (viandes et poissons consommés) ou extraites des
animaux terrestres (saindoux de porc, suif de boeuf, suif de mouton, graisse d’oie et de
canard) ou marins (huiles de hareng, sardine, saumon…). La teneur lipidique des
principaux aliments est incluse dans les tableaux présentés en annexe.
Les triglycérides
Elle est définie par le nombre d’atomes de carbone. Ce nombre varie généralement entre 4
et 24.
Dans la nature, il est quasiment toujours pair. Les AG sont à chaîne courte lorsque le
nombre d’atomes de carbone est ≤ 6, à chaîne moyenne lorsque le nombre d’atomes de
carbone est > 6 et < 14 et à chaîne longue lorsque le nombre d’atomes de carbone est ≥ 14.
La numérotation des atomes de carbone se fait à partir de l’extrémité carboxyle de la chaîne
carbonée (figure 2). Par convention, chaque acide gras peut être dénommé par une
succession de chiffres et de signes. Le premier chiffre indique le nombre d’atomes de
carbone suivi du signe « : ». Ainsi, un AG dénommé 18: … indique que le squelette carboné
de cet AG est constitué de 18 atomes de carbone.
L’insaturation est définie par le nombre de doubles liaisons situées sur la chaîne carbonée.
Dans la dénomination commune le nombre de doubles liaisons est indiqué par le chiffre qui
suit le nombre d’atomes de carbone. L’absence de double liaison caractérise les AG saturés
(par exemple 18:0). Une double liaison définie les AG monoinsaturés (par
exemple 18:1). Les AG ayant 2 ou plus de 2 doubles liaisons sont polyinsaturés (par
exemple 18:2, 18:3). La présence de doubles liaisons sur la chaîne carbonée rend l’AG
sensible aux phénomènes de peroxydation particulièrement sous l’effet de l’oxygène de l’air
et des UV. Il est nécessaire de les conserver à l’abri de la lumière. Tout AG soumis à une
cuisson à température très élevée peut se cycliser et/ou se polymériser mais les AG
polyinsaturés sont particulièrement sensibles à ce phénomène. Les graisses très riches en
AG polyinsaturés ne sont pas des graisses de friture surtout lorsque celleci se déroule en
bac et de façon répétée. Toutefois, les huiles riches en acide linolénique peuvent être
utilisées pour les fritures « à plat » (poêle) car la température ne dépasse pas 250° C et à la
condition de ne pas utiliser la même huile pour des fritures répétées.
Cette place définit la famille à laquelle appartient un AG qu’il soit mono ou polyinsaturé.
La famille est identifiée par la lettre ω ou le sigle n- suivi d’un chiffre. Ce chiffre indique la
place de la première double liaison par rapport à l’extrémité méthyle de la chaîne carbonée.
Ainsi un AG de la famille ω 7 ou n-7 aura une double liaison entre les carbones 7 et 8. S’il
est polyinsaturé, il pourra également présenter d’autres doubles liaisons mais toujours entre
des carbones de rang supérieur et jamais de rang inférieur. Si, sous l’action d’une élongase,
la chaîne carbonée s’allonge de 2 atomes de carbone, l’AG résultant appartiendra à la même
famille car l’allongement de la chaîne se produit toujours à partir de l’extrémité carboxyde.
La désaturation d’un AG résulte de l’action d’une désaturase. Les désaturases sont des
enzymes du réticulum endoplasmique retrouvées pratiquement dans tous les types
cellulaires. Elles ont une grande spécificité de site (par exemple la Δ9-désaturase ne peut
introduire une double liaison qu’entre les carbones 9 et 10 d’un AG) mais une faible
spécificité de substrat ce qui implique une certaine compétition de substrat. Certaines
désaturases sont communes aux animaux et aux végétaux (Δ9, Δ6, Δ5, Δ4-désaturase).
D’autres sont spécifiques au monde végétal (Δ12 et Δ15 désaturases). Ces 2 désaturases sont
à l’origine de 2 familles d’acides gras dont les précurseurs ne peuvent être synthétisés par
l’homme. Ils sont dits essentiels. Il s’agit de l’acide linoléique, dont sont issus tous les AG de
la famille n-6 et de l’acide a-linolénique précurseur de la famille n-3. Les besoins sont
estimés entre 1 et 3 % de l’apport énergétique pour l’acide linoléique et entre 0,2 et 1 % pour
l’acide a-linolénique. Compte tenu des compétitions de substrats dans les voies de
L’isomérisation ne concerne que les AG comportant au moins une double liaison. Il existe
plusieurs types d’isomérisation. L’isomérisation géométrique est définie par la position des
chaînes carbonées par rapport aux doubles liaisons (figure 4). L’isomère est CIS lorsque les
2 parties de la chaîne carbonée placées de part et d’autre de la double liaison sont, dans
l’espace, situées du même côté d’un plan passant par la double liaison.
Lorsque ces 2 parties sont placées de part et d’autre de ce plan, l’isomère est TRANS. A
l’état naturel, les AG d’origine végétale sont tous CIS. La présence d’isomères TRANS dans
les graisses alimentaires d’origine végétale résulte du processus d’hydrogénation
catalytique mis en oeuvre dans la fabrication de margarines ou de pâtes à tartiner à partir
d’huiles végétales liquides et riches en AG polyinsaturés. Ce type d’hydrogénation fait
apparaître 10 à 30 % d’isomères TRANS. A l’inverse, les graisses présentes dans les produits
laitiers et, d’une manière générale, les graisses des ruminants, contiennent naturellement 2 à
5 % de forme TRANS d’acides gras. Ces
formes TRANS résultent de la biohydrogénation des AG insaturés dans la panse des
ruminants. Ces isomères TRANS sont absorbés, transportés, oxydés, stockés dans
les lipides de réserve, incorporés dans les membranes cellulaires et exportés dans le lait.
La consommation d’isomères TRANS d’acides gras est un paramètre nutritionnel qui mérite
une attention particulière. Cette consommation est en progression. Plusieurs
études menées en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux États-Unis montrent que 3,8 à 9,2
% des acides gras du tissu adipeux blanc sont des acides gras TRANS. Le second type
d’isomérisation est une isomérisation positionnelle. Dans ce cas, c’est la position de la
double liaison qui change sur la chaîne carbonée. Les conséquences nutritionnelles de ces
isomères ne sont pas connues.
La répartition des AG sur la molécule de glycérol entre la position centrale (dite sn 2) et les
positions externes (dites sn 1 et sn 3) ne répond pas à la loi du hasard.
Cette répartition détermine la structure des TG et influence le devenir des AG à l’étape
digestive, entérocytaire et post-entérocytaire.
A la phase digestive et en raison de la sélectivité positionnelle des lipases pour les liaisons
esters (sn-3 pour les lipases linguale et gastrique, sn-1 et sn-3 pour la lipase pancréatique ; la
lipase du lait n’a pas de sélectivité), la structure des TG détermine la forme moléculaire des
acides gras dans la lumière intestinale : acides gras libres lorsqu’ils estérifient les positions
externes des TG, 2- monoglycéride lorsqu’ils estérifient la position centrale. Selon le type
d’acide gras considéré, la forme moléculaire sous laquelle il se trouve dans la lumière
intestinale change sa disponibilité. Ainsi, la forme libre représente un handicap
relativement à la forme 2-monoglycéride pour l’absorption
des acides gras saturés à 16 et 18 carbones.
Ces acides gras sous forme libre forment avec les cations divalents (Ca2+ et Mg2+) des
savons insolubles non absorbables. Les meilleurs coefficients d’absorption des
graisses du lait maternel peuvent être expliqués au moins en partie par l’estérification
préférentielle de la position sn-2 par l’acide palmitique (16:0) dans les TG du lait.
A l’étape entérocytaire, la forme moléculaire sous laquelle est capté un même acide gras par
l’entérocyte conditionne sa répartition entre la resynthèse des TG et la synthèse
des phospholipides. Les 2-monoglycérides se retrouvent dans la fraction TG des
chylomicrons. Les AG libres captés sont soit réestérifiés pour former les TG, soit utilisés
pour la synthèse des phospholipides.
A l’étape post-entérocytaire, les AG des TG seront plutôt orientés vers le muscle et le tissu
adipeux blanc et ceux des phospholipides vers le foie. Ceci est du aux effets
hydrolytiques préférentiels des différentes lipases endothéliales (la lipoprotéine lipase du
tissu adipeux et du muscle et la lipase hépatique) sur les AG des TG contenus dans les
lipoprotéines, ainsi qu’à l’existence de transfert de phospholipides entre les différentes
lipoprotéines circulantes et à l’action de la LCAT. A titre d’exemple, Nilsson et
coll. (1988) ont suivi, chez le rat, l’incorporation dans le foie et le tissu adipeux du [14C]
18:2n-6 et du [3H] 20:4n-6 transportés par les chylomicrons. Dans ces lipoprotéines,
les triacyglycérols étaient enrichis en [14C] 18:2n-6 et les phospholipides en [3H] 20:4n-6. La
capture du [3H] 20:4n-6 par le foie excédait celle du [14C] 18:2n-6. A l’inverse,
le [14C] 18:2n-6 était plus incorporé dans le tissu adipeux que le [3H] 20:4n-6.
Ainsi, un AG aura une destinée plutôt périphériqueou plutôt hépatique selon la position
qu’il occupe initialement dans le TG ingéré. De plus, la structure des TG des chylo-microns
dépend de la structure des TG. Cette particularité peut également contribuer à modifier
l’effet métabolique des acides gras au niveau post-entérocytaire ainsi que leur distribution
tissulaire. Certains
acides gras exercent un effet dépresseur sur la clairance hépatique des remnants de
chylomicrons lorsqu’ils sont placés en position sn-2 dans les TG transportés. Les acides gras
saturés (du 12:0 au 18:0) et l’acide arachidonique (20:4 n-6) montrent l’effet dépresseur le
plus marqué. Pour certains auteurs, l’augmentation de la concentration plasmatique des
remnants qui en résulte favoriserait leur capture préférentielle par les tissus périphériques
au détriment du foie.
⇒ des phospholipides
Les phospholipides sont des esters du glycérol dont les positions sn-1 et sn-2 sont estérifiées
par des AG et la fonction alcool en sn-3 est naturellement estérifiée par un acide
phosphorique lui-même associé à un sucre (inositol) ou une amine (choline, éthanolamine,
sérine) (figure 5). En raison de leur polarité (hydrophilie liée à la fonction aminée et
hydrophobie liée aux AG), les phospholipides jouent un rôle majeur de constituant des
interfaces membranaires, de transporteur d’AG et d’émulsifiant. Ces propriétés
émulsifiantes sont largement utilisées en technologie alimentaire.
⇒ des stérols
Les stérols sont des molécules complexes comportant une fonction alcool. Ils se trouvent à
l’état libre ou estérifié. D’origine animale, le cholestérol est apporté par une alimentation
carnée (viandes, produits laitiers, œufs. 200 à 800 mg sont ainsi ingérés dans nos types de
société. Le cholestérol est également synthétisé de façon endogène. Le cholestérol est le
précurseur des hormones surrénaliennes et sexuelles. C’est aussi un constituant
indispensable des membranes cellulaires. Les graisses d’origine végétale contiennent des
phytostérols tels que le β-sitostérol présent dans toutes les huiles, le Δ7-stigmastérol trouvé
en quantité significative dans l’huile de tournesol, le brassicastérol des huiles de crucifères
(colza, moutarde), etc.
⇒ des tocophérols
Ces réserves énergétiques sont sollicitées en période interprandiale et, a fortiori, en situation
de carence énergétique prolongée. On a longtemps considéré que l’hydrolyse des TG de
réserve et la libération des AG destinés à la fourniture énergétique étaient des phénomènes
purement quantitatifs sans retentissement sur la composition en AG des TG de réserve. Des
travaux récents ont montré que la perte de masse grasse obtenue chez l’obèse par une
alimentation hypocalorique s’accompagnait d’une baisse tout à fait isolée et significative du
taux de 18:3 n-3 dans le tissu adipeux blanc. La signification physiologique de cette
observation n’est pas connue.
Les AG sont des substrats énergétiques particulièrement pour les muscles squelettiques, le
muscle cardiaque et le foie. La première étape de leur oxydation est semblable quelle que
soit le devenir de l’AG considéré. Il s’agit de la formation d’un complexe AG Coenzyme A
ou acyl-CoA permettant la solubilisation en phase aqueuse de l’AG. Cette première étape
nécessite toujours l’hydrolyse de 2 ATP quelle que soit la longueur de la chaîne carbonée.
Pour les AG à 12 carbones et plus, l’enzyme est l’acyl-Coenzyme A synthase. Cette enzyme
est présente dans la membrane des peroxysomes hépatiques (fourniture de l’énergie pour la
formation de peroxydes), dans le réticulum endoplasmique (formation d’acyl-CoA pour le
stockage des AG) et dans la membrane externe des mitochondries (fourniture de l’énergie
via la β-oxydation). Le passage de l’acyl-CoA de la membrane externe (imperméable au
CoA et à tous ses dérivés) à la membrane interne de la mitochondrie où a lieu l'oxydation
des AG nécessite le transfert du groupement acyl du CoA sur la carnitine puis, au niveau de
la matrice interne, le transfert du groupement acyl de la carnitine sur le CoA. Deux
carnitine-palmityl transférases, l’une externe et l’autre interne contrôlent ce cycle. Un déficit
génétique touchant la synthèse ou le transport de la carnitine ou l’une et/ou l’autre de ces
transférases conduira à une réduction voire à une absence totale d’utilisation oxydative des
AG avec des troubles cliniques précoces, de gravité variable et survenant soit à l’effort soit
au repos. Les AG comportant de 4 à 10 atomes sont suffisamment solubles dans l’eau et
diffusent rapidement à travers les membranes y compris la membrane interne des
mitochondries. Ces AG sont donc particulièrement utiles en présence d’un défaut de
passage transmembranaire des AG à chaîne longue. Au niveau de la membrane interne, les
AG à 4-10 carbones doivent être transformés en acyl-CoA avant d’être oxydés. L’enzyme
concernée est la butyryl-CoA synthase mitochondriale.
L’acyl-CoA ainsi parvenu jusqu’à la matrice mitochondriale peut entrer dans la voie
d'oxydation. Il s’agit d’un processus répétitif (hélice de Lynen) conduisant à un
raccourcissement progressif de la chaîne carbonée par unité de 2 carbones. Chaque étape
produit 5 molécules d’ATP et 1 acétyl-CoA. S’il entre dans le cycle de Krebs, cet acétyl-CoA
fournira 12 molécules riches en énergie (11 ATP et 1 GTP). Il est donc aisé de calcu¬ler pour
chaque AG le nombre d’ATP fournis, pour peu que l’on connaisse la longueur de sa chaîne
carbonée. Ainsi, un AG à 16 carbones devra effectuer 7 tours d’hélice pour donner 8 moles
d’acétyl-CoA. Le nombre de liaisons riches en énergie obtenues par oxydation complète de
cet AG est donc de (7x5) + (8x12) = 131. Le bilan net est de 129 ATP/GTP (2 ATP utilisés
pour la formation de l’acyl-CoA initial). La valeur énergétique utile, ou enthalpie molaire
ou chaleur de combustion des graisses contenues dans une alimentation de type omnivore,
est de l’ordre de 9,4 kcal/g. Pour ce même type d’alimentation, le rapport entre le CO2
Le cerveau est le tissu dans lequel les principaux AGPI-LC des familles n-3 et n-6,
respectivement l’acide docosahexaénoïque ou DHA (22:6n-3) et l’acide arachidonique ou
AA (20:4n-6), sont les plus représentés puisque leur proportion dans les phospholipides
cellulaires peut atteindre 60 % des acides gras totaux. Le DHA est également très abondant
dans les membranes des photorécepteurs rétiniens puisqu’il représente 35 à 60 % des AG
des phospholipides intimement liés à la rhodopsine au niveau de la membrane externe des
cellules en bâtonnet.
Chez l’homme, la croissance du cerveau se poursuit jusqu’à l’âge de 2 ans et la
myélinisation n’est achevée qu’à l’âge de 4 ans. Les acides gras s’accumulent dans le
cerveau pendant cette période pour répondre aux besoins de croissance et de multiplication
cellulaire, à la prolifération des connections synaptiques et à la myélinisation des axones. En
particulier, la quantité des dérivés à longue chaîne du linoléate et de l’α-linoléate augmente
dans cet organe de 4 à 5 fois pendant les 2 premières années de la vie. Les AGPI-LC du
cerveau sont issus de la biosynthèse in situ à partir des précurseurs, et du transfert
plasmatique des acides gras préformés au niveau du foie. Ce transfert à partir des
lipoprotéines plasmatiques est possible grâce à la présence d’une lipoprotéine lipase,
localisée au niveau de l’endothélium vasculaire cérébral. L’accès des AGPI-LC à ces
structures ne paraît pas limité par la barrière hémato-encéphalique. Il existe même une
sélectivité importante pour l’incorporation des AGPI-LC plasmatiques dans le cerveau.
Cette sélectivité d’incorporation semble être le facteur décisif expliquant leur proportion
élevée dans les structures nerveuses. En effet, les précurseurs sont très peu captés par le
cerveau et de ce fait la biosynthèse in situ des AGPI-LC n’est probablement pas importante.
Les quantités d’AGPI-LC accumulées par le cerveau humain pendant les 3 premiers mois
de la vie extra-utérine étaient de 4,3 mg/semaine pour les AGPI-LC de la série n-3 et à 75,4
mg/semaine pour les AGPI-LC de la série n-6. L’ensemble des AGPI-LC des 2 séries
représente 17 % de la totalité des acides gras incorporés dans le cerveau en une semaine.
Chez l’homme, le colostrum contient des quantités non négligeables d’AGPI-LC (environ 1
% des AG totaux). La réduction des taux d’AGPI-LC observée au cours de la lactation
coïnciderait avec la maturation des systèmes de désaturation et d’élongation du nourrisson.
L’enfant prématuré est encore plus dépendant des apports exogènes en AGPI-LC que
l’enfant né à terme. A cette période de la vie, des déséquilibres d’apport alimentaire en
AGPI-LC des 2 séries (n-3 et n-6) ou des carences d’apport ont des conséquences
structurales et fonctionnelles. Ainsi, une augmentation du seuil et une diminution de
l’amplitude de la réponse post-stimulative des cellules en bâtonnet a été observée chez les
prématurés recevant un lait artificiel dépourvu d’AGPI-LC. Des enfants nés à terme ayant
consommé des laits infantiles dépourvus d’AGPI-LC n-3 pendant les premiers mois de la
vie avaient, à l’âge de 3 ans, une acuité visuelle plus basse que ceux ayant reçu des AGPI-
LC. Des quotients intellectuels plus bas de 8,5 points ont également été observés chez des
enfants de 7 à 8 ans nés prématurément et privés d’AGPI-LC. Toutefois, la carence d’apport
en AGPI-LC n’est qu’une des hypothèses avancées pour expliquer ces QI plus bas. Le lait
étant la source unique de nutriments pour le nourrisson, il convient d’attacher une
importance particulière à sa composition en AG et recourir à des supplémentations en
AGPI-LC lorsque l’enfant est privé de lait maternel.
Les éicosanoïdes sont constitués par les prostaglandines (PG) et les leucotriènes (LT). Ils
dérivent tous des produits de désaturation et d’élongation des AGE. La synthèse des
Quelques travaux indiquent que les acides gras sont capables de moduler l’expression des
gènes d’enzymes impliquées dans la lipogenèse hépatique (enzyme malique, acide gras
synthase). Les mécanismes sont encore peu connus mais interviendraient à l’étape
prétraductionnelle (transcription, stabilité de l’ARN messager). De même, l’ex-pression de
certains protooncogènes tels que c-myc ou ras semble modulée par le type d’AG présents
dans l’alimentation de l’animal ou dans le milieu de culture. Ces données ouvrent de
nouvelles perspectives pour la compréhension du rôle des AG dans les régulations du
métabolisme intermédiaire et de la croissance cellulaire.
Au-delà de leurs effets structuraux, des lipides d’origine membranaire sont impliqués dans
la production de second messager assurant le couplage fonctionnel entre le récepteur
En conclusion, l’oxydation des graisses est peu influencée par les apports alimentaires, chez
l'homme. Tout déséquilibre au profit des apports conduira à la mise en réserve des graisses
sous forme de TG dans le tissu adipeux blanc avec un coût énergétique de stockage très
faible (3 % de la valeur énergétique des graisses). Indispensables aux membranes
cellulaires, les graisses jouent un rôle structural et fonctionnel majeur. Il existe 2 acides gras
essentiels pour l’homme. Les produits de ces 2 acides gras sont dotés de fonctions
biologiques spécifiques.
(ANNEXES : http://umvf.univ-nantes.fr/nutrition/enseignement/annexes)
Les substrats énergétiques sont apportés par l’alimentation. On distingue 3 états en fonction
du temps qui sépare de la dernière prise alimentaire :
● la période post prandiale : elle correspond aux 8 heures qui suivent la prise
alimentaire,
● satisfaire les besoins immédiats d’ATP par leur oxydation dans le cycle de Krebs.
Tous les substrats peuvent être oxydés le choix préférentiel des substrats va
dépendre de l’état métabolique et hormonal :
● les acides gras sont oxydés plutôt quand leur niveau est élevé dans le sang (période
post absorptive et jeûne, exercice physique),
● les glucides sont oxydés en période post prandiale par les tissus insulinodépendants
et en permanence par les tissus non insulino-dépendants (cerveau, éléments figurés
du sang),
● les protéines sont oxydées en cas d’afflux important (foie en période post prandiale).
● Glycérol libéré à partir des triglycérides adipocytaires peut être converti en glucose
ou en TG dans le foie.
Les lipides
● Corps cétoniques formés par le foie à partir des AG lors du jeûne prolongé, peuvent
être oxydés au niveau du cerveau, du rein et du muscle,
● Les triglycérides transportés soit par les chylomicrons formés dans l’intestin en
période post prandiale, soit par les VLDL produits au niveau du foie.
Les protéines
⇒ Organes consommateurs
Cerveau
● Source d’énergie
Muscle
● Réserve de protéines.
● Réserve de glycogène pour son propre usage (le muscle ne produit pas de glucose).
⇒ Organes de maintien
Ils permettent l’apport permanent de substrats aux différents organes par les
interconversions.
Foie
○ du glycogène,
Tissu adipeux
● Réserve de triglycérides
● Sources d’énergie
⇒ Organes excréteurs
Reins
Poumons
● Éliminent le CO2
La période post prandiale se caractérise par une stimulation de la sécrétion d’insuline qui
va permettre d’orienter l’excès de substrats énergétiques vers le stockage. L’insuline a 5
actions principales dans le métabolisme énergétique :
● Elle favorise la synthèse des triglycérides et le captage des triglycérides par le tissu
adipeux.
Après ingestion d’un repas contenant des glucides, la glycémie s’élève temporairement.
L’excursion glycémique dépend de la nature des glucides ingérés, de la teneur du repas en
lipides et protéines et de la taille du repas.
⇒ Absorption du glucose
Au niveau du foie, la première étape est le captage du glucose qui est assuré par le
transporteur GLUT2. Après son transport dans l’hépatocyte, le glucose est transformé en
G6P par la glucokinase. Cette enzyme est présente exclusivement dans le foie et dans la
cellule pancréatique. Contrairement à l’hexokinase, elle n’est pas inhibée par le G6Pet son
activité dépend de la concentration de glucose. Lors d’un repas, une forte concentration de
glucose est obtenue dans le système porte (10-15 mM), ce qui permet la phosphorylation du
glucose. Le Glucose 6P ainsi formé peut avoir 3 orientations :
● L’oxydation faible, l’énergie étant principalement fournie par les acides gras libres
et les acides aminés.
● La lipogenèse (figure 3
Figure 3 : La lipogenèse
Après charge orale de glucose, le débit d’oxydation maximal, quelle que soit la quantité de
glucose ingéré, est de 4 mg/kg/min ; cette augmentation est liée à l’oxydation du glucose
au niveau des tissus insulino-dépendants (muscles) grâce à la présence d’insuline. Celle-ci
agit par deux mécanismes.
⇒ Stockage du glucose
Glycogène
Le glycogène est stocké dans le foie et dans le muscle. Les réserves de l’organisme en
glycogène sont, en fait, très limitées (70 g dans le foie, 150-300 g dans le muscle). La
synthèse du glycogène dans le foie peut être réalisée selon la voie directe : Glucose –
Glucose 6P – Glucose 1P – UDP glucose – Glycogène. Le métabolisme du glycogène est
contrôlé par la glycogène-phosphorylase et le glycogène synthétase. Dans le foie, le glucose
associé à l’insuline est le principal élément régulateur.
Dans le muscle, l’insuline stimule la synthèse du glycogène en activant la glycogène
synthétase. Cette action de l’insuline est ici indépendante de la présence du glucose.
Lipogénèse
La biosynthèse des acides gras est réalisée à partir de l’acétyl CoA dans le foie et dans le
tissu adipeux. Chez l’homme, il est plus probable que la lipogenèse d’origine glucidique
soit principalement hépatique, le tissu adipeux servant surtout au stockage des
triglycérides. En fait, la lipogenèse à partir du glucose n’est observée in vivo qu’en cas
d’alimentation très riche en glucides et d’hyperinsulinisme
● Ils sont hydrolysés dans la lumière intestinale puis, après absorption dans les
entérocytes, réestérifiés avec des aporotéines B48 et A1 pour former des
chylomicrons.
● Les chylomicrons, contrairement aux autres substrats entrent dans la circulation par
le canal thoracique et sont captés essentiellement par le tissu adipeux grâce à la lipo-
rotéine lipase, activée par l’insuline. Seuls les acides gras à chaîne courte passent par
la veine porte.
● l’apoE et de l’apo B. Ainsi en période post prandiale, les lipides ingérés sont
directement orientés vers le stockage au niveau du tissu adipeux.
● Passent dans le sang pour être captés par les tissus périphériques.
Un des points majeurs de l’adaptation au jeûne est de permettre la permanence d’un apport
énergétique au cerveau. Suivant la phase du jeûne, ces substrats seront le glycogène
hépatique, le glucose dérivé des protéines et les acides cétoniques dérivés des acides gras.
Les autres organes utilisent les acides gras comme substrat dès la chute de l’insulinémie.
● La synthèse par le foie de corps cétoniques qui pourront être utilisés par le cerveau,
permettant la diminution du besoin en glucose (tableau II
12 h 8j 40 j
Cerveau 120 45 22
Muscle 30 5 5
Rein 30 5 5
Sang 34 34 34
Total 214 89 66
⇒ La phase glucidique
Le glucose
Le matin, après 12 h de jeûne (état dit post-absorptif ou état basal), l’utilisation de glucose
est de : 2-2,5 mg.kg–1.min–1 (= 10 14 µmol.kg–1.min–1 = 8,4 – 10,5 g/h pour un homme de
70 kg). Dans cette situation physiologique, 80 % de l’utilisation du glucose sont assurés par
les tissus non insu-lino-dépendant (cerveau, médullaire rénale, intestin, peau, éléments
figurés du sang) et 20 % essentiellement dans le muscle squelettique. Le glucose provient de
:
● Les besoins du glucose du cerveau (120 g/jour) sont entièrement couverts par la
néoglucogénèse, provenant essentiellement des protéines (120 g de glucose
proviennent de 200 g de protéines) et du glycérol fourni par la lipolyse.
● Les autres organes oxydent des acides gras. Cette phase se caractérise donc par une
augmentation de la protéolyse et une négativation du bilan azoté, traduisant la
perte de protéines corporelles.
⇒ La phase cétonique
Les substrats sont principalement fournis par la lipolyse. Les acides gras, produits sont :
⇒ Régulations hormonales
Les variations des flux de substrats énergétiques au cours du jeûne ne sont possibles que
grâce à une régulation spécifique au niveau moléculaire. Les flux s’adaptent parce que les
activités enzymatiques s’adaptent. Celles-ci changent au long cours essentiellement du fait
d’un contrôle hormonal de l’expression des gènes des enzymes régulatrices et/ ou de
l’activité de ces enzymes. Quelques exemples : la néoglucogenèse s’active grâce, entre
autres, à l’augmentation de l’activité de la phosphoénol pyruvate carboxyki¬nase (PEPCK)
dont la synthèse est stimulée par le glucagon et inhibée par l’insuline. Ces deux hormones
exercent leurs effets directement sur la transcription du gène : elles ne modifient pas
l’activité de l’enzyme.
Métabolisme protéique
Collège des Enseignants de Nutrition
I Généralités ....................................................................................................................................... 3
III La dégradation irréversible des acides aminés (ou catabolisme oxydatif des acides aminés,
à ne pas confondre avec la protéolyse) ...............................................................................................9
X Annexes.......................................................................................................................................... 30
Points à comprendre
● Les méthodes d’exploration du métabolisme protéique ont des limites qui doivent
être considérées lors de leur application pour l’évaluation clinique ou la recherche
fondamentale.
● Les besoins en protéines doivent être assurés par un apport suffisant à la fois en
azote et en acides aminés essentiels, par l’ingestion de protéines d’origine animale
et/ou végétale.
I GÉNÉRALITÉS
Une protéine est une molécule comportant de l’azote et composée d’une séquence
d’acides aminés (au nombre de 20) reliés par des liaisons peptidiques. La séquence
détermine la structure primaire de la protéine, la configuration de la chaine peptidique dans
l’espace détermine les structures secondaires et tertiaires, l’association de plu¬sieurs
chaînes peptidiques détermine la structure quaternaire. Par convention, une protéine
comportant moins de 50 acides aminés est appelée peptide. La taille d’une protéine est
extrêmement variable de quelques centaines à plusieurs millions de kilo-daltons. De même,
les protéines ont de très nombreuses fonctions : protéines de structure (collagène...),
protéines contractiles (myosine...), protéines de transport (albumine...), protéines
immunitaires (immunoglobulines), protéines enzymatiques, hormones, récep¬teurs, etc.
Malgré ces structures et fonctions très variables, toutes les protéines ont en commun une
propriété, leur renouvellement permanent schématisé sur la figure 1.
Les principales voies de production et d’utilisation des acides aminés et des protéines sont
indiquées sur le schéma et les chiffres indiqués à titre indicatif correspondent
approximativement aux valeurs observées chez l’adulte en bonne santé :
● la protéolyse (ou dégradation protéique) libérant des acides aminés dans le pool,
● les apports protéiques compensent les pertes d’acides aminés, la différence entre
apports et pertes constituant le bilan protéique (ou bilan azoté) et correspondant
également à la différence entre synthèse et protéolyse protéique à condition que la
taille du pool d’acides aminés libres ne varie pas, ce qui est le cas la plupart du
temps.
Il existe plusieurs dizaines de milliers de protéines, différentes dans leurs structures et leurs
fonctions chez les mammifères.
Ces protéines participent de façon très variable au renouvellement protéique global en
fonction de :
● selon l’âge : le renouvellement protéique est beaucoup plus rapide chez le nouveau-
né (10 à 15 g/kg/jour), la synthèse étant supérieure à la protéolyse, ce qui résulte en
un gain protéique 1 à 1,5 g de protéine/kg/jour (correspondant à un gain pondéral
de 20 à 30 g/jour composé de 12 % de protéines). Chez le sujet âgé, le
renouvellement protéique semble ralenti mais est habituellement normal si la
réduction de masse maigre est considérée.
Au total, ces trois situations soulignent la possible dissociation entre un gain protéique
d’une part (résultat entre synthèse et catabolisme) et une synthèse protéique d’autre part :
une synthèse protéique élevée (comme chez le patient brûlé ou traumatisé) n’est pas
forcément associée à un gain protéique (en raison d’une protéolyse accrue). Enfin, les
différentes variations constatées au niveau du métabolisme protéique du corps entier ne
portent pas de façon similaire sur le métabolisme des différents compartiments protéiques :
ainsi au cours des situations cataboliques, l’accélération du renouvellement protéique
hépatique participe de façon majoritaire à l’accélération du renouvellement protéique global
(synthèse de protéines inflammatoires), le muscle devenant un organe majoritairement
producteur d’acides aminés (stimulation de la protéolyse musculaire).
II LA SYNTHÈSE PROTÉIQUE
Les acides aminés libres circulant pénètrent d’abord à l’intérieur des cellules à l’aide de
transporteurs dont il existe au moins quatre types, chacun étant commun à plusieurs acides
aminés. On distingue :
● un transporteur pour les acides aminés neutres dont il existe plusieurs formes. La
plupart de ces transporteurs sont sodium-dépendants et consomment de l’énergie,
⇒ Les aminoacyl-ARNt
● traduction de l’ARNm en un peptide : cette traduction se fait sur les ribosomes (qui
sont les « établis » de la synthèse protéique). En général, il existe plusieurs
ribosomes sur un même brin d’ARNm qui est donc traduit simultanément. Cette
● glycosylation,
● l’absence ou la faible disponibilité d’un seul acide aminé suffit à ralentir, voire à
bloquer l’ensemble des synthèses protéiques (concept d’acide aminé limitant la
synthèse),
⇒ Désamination
L’étape initiale de l’oxydation de la plupart des acides aminés est le transfert réversible du
groupement alpha-aminé sur l’alpha-cétoglutarate, produisant l’acide alpha-cétonique
(cétoacide) correspondant selon la réaction indiquée ci-dessous.
⇒ Élimination de l’azote
Le glutamate formé est converti en glutamine (glutamine synthétase) qui permet le transfert
de l’ammoniac (toxique sous sa forme libre) sous une forme neutre entre les différents
organes et en particulier vers le foie. D’autres acides aminés, telle que l’alanine participent
également à ce transfert.
L’urée, produit terminal du métabolisme protéique, peut diffuser en partie dans l’intestin
où elle est dégradée par des uréases bactériennes produisant de l’ammoniac qui peut être
réabsorbé et revenir au foie. Ce mécanisme de « sauvetage » de l’azote pourrait jouer un
rôle non négligeable dans l’épargne protéique relative au cours du jeûne prolongé. La
régulation du cycle se fait au niveau de la synthèse du carbamoyl phosphate et des
concentrations des différents intermédiaires du site de l’urée. Ce cycle est consommateur
d’énergie.
La voie préférentielle d’élimination de l’azote en excès est le cycle de l’urée, mais l’azote
peut également être éliminé par le rein sous forme d’ammoniac, qui représente environ 20
% de l’azote urinaire total. Cette proportion augmente dans les circonstances cataboliques,
le jeûne, l’acidose et les insuffisances hépatiques.
Cette destinée varie selon l’acide aminé et également selon les organes, la plupart des acides
aminés à l’exception des acides aminés branchés ayant une dégradation oxydative
essentiellement hépatique. Schématiquement, le radical carboné (cétoacide) peut avoir deux
destinées :
● il peut être réaminé soit en un acide aminé identique, soit en un autre acide aminé
après modification conduisant alors à la synthèse d’acides aminés non essentiels,
Les acides aminés ou leurs radicaux carbonés peuvent être les précurseurs de composés
biologiquement actifs. Ainsi phénylalanine et tyrosine sont les précurseurs des hormones
thyroïdiennes et des catécholamines, l’histidine est un précurseur de l’histamine, l’arginine
est un précurseur du NO, le glutamate un précurseur du GABA (neurotransmetteur),
aspartate, glycine et glutamate sont des précurseurs des bases purique et pyrimidique... Ces
voies de transformation sont quantitativement minimes en terme de « nutrition protéique »
stricto sensu, ce qui n’enlève rien à leurs rôles physiologiques essentiels.
L’étape irréversible (2) est la décarboxylation en position 1, toute remontée vers l’acide
aminé devient alors impossible. C’est au niveau de cette étape que s’exerce une régulation
hormonale et nutritionnelle particulièrement fine.
De plus en plus de travaux évoquent la possibilité que les acides aminés remplissent une
fonction de signalisation vis à vis de certains phénomènes cellulaires. Ainsi la leucine aurait
la capacité de stimuler dans le muscle la phosphorylation de certaines protéines impliquées
dans l’initiation de la traduction cellulaire. Ces voies de signalisation seraient communes
avec celles de l’insuline. De la même manière, les neurones pourraient répondre à des
concentrations variables en acides aminés par l’activation de voies spécifiques. Malgré la
solidité des travaux dans ces domaines, le mode de transmission du signal reste encore
inconnu (senseur, récepteur).
Elle constitue la principale source d’acides aminés pour l’organisme (75 % contre 25 %
pour les apports). Ses mécanismes ont été beaucoup moins étudiés que ceux de la synthèse
protéique, en particulier en raison de diffi¬cultés méthodologiques mais il s’agit
certainement du domaine où la progression des connaissances a été la plus rapide au cours
des dix dernières années. En règle générale, les protéines sont dégradées par des enzymes
protéolytiques, les protéases (ou hydrolases) réparties en trois systèmes principaux :
⇒ Le système lysosomal
Les enzymes concernées sont des protéases actives en milieu acide, les cathepsines,
dénommées en fonction de l’acide aminé de leur site actif (cystine protéinase : cathepsines
B, C, H, L, S, aspartate protéinases : cathepsines D et E ; sérine protéinase : cathepsine G).
Ces enzymes sont localisées essentiellement à l’intérieur des vésicules lysosomales qui
incorporent par endocytose les protéines à dégrader. Elles agissent essentiellement sur les
protéines intracellulaires à demi-vie longue, sur les membranes cellulaires, et sur les
protéines extra cellulaires. L’endocytose peut également concerner un fragment d’organite
voire un organite entier (macro autophagie). À l’intérieur de la vésicule, les cathepsines
vont dégrader la protéine substrat en peptides et en acides ami-nés qui seront libérés dans
le cytosol. Le type de cathepsine et de façon générale l’importance de la protéolyse
lysosomale varie selon l’organe considéré : ce mode de dégradation est particulièrement
important dans les organes à renouvellement protéique rapide (foie). Il nécessite de
l’énergie sous forme d’ATP pour maintenir le pH acide à l’intérieur des lysosomes.
⇒ Le système calpaïne-capastatine
Les calpaïnes (au nombre de trois) sont des protéases cytosoliques dont l’activité est
étroitement fonction de la concentration intracellulaire en calcium. Elles sont plus
spécialisées dans la dégradation des protéines du cytosquelette. La calpastatine est un
inhibiteur puissant des calpaïnes, l’activité protéolytique globale dépendant de l’équilibre
entre calpaïnes et calpastatine.
Une question fondamentale et encore non résolue est la suivante : comment les différents
systèmes protéolytiques savent-ils quelle protéine dégrader et à quelle vitesse ? En
l’absence de tels systèmes de reconnaissance, on pourrait imaginer une protéolyse continue
incontrôlable et rapidement léthale. Il est clair qu’il existe un mécanisme de ciblage des
protéines permettant de désigner à tel ou tel système ce qui doit être dégradé ou non. Ce
ciblage est fonction du poids moléculaire, du degré de glycolysation, du point isoélectrique,
mais des systèmes plus spécifiques commencent à être identifiés :
Cependant, à l’heure actuelle, ces deux mécanismes ne concernent que quelques protéines
et les signaux conduisant à la dégradation de la majorité des protéines restent mystérieux.
Au total, les points essentiels à retenir sur la protéolyse sont :
● la protéolyse est tout autant que la synthèse protéique un phénomène très bien
régulé par les conditions nutritionnelles et hormonales, même si cette régulation est
actuellement mal connue.
● la quantité d’acides aminés absorbée par le grêle n’est pas de 70 g à 100 g mais
comprend en plus des protéines ingérées les protéines « sécrétées » par le tube
digestif sous forme d’enzymes, de mucus, de débrits cellulaires... Ces protéines «
● le premier organe rencontré par les acides aminés absorbés est le foie. Seule une
fraction des acides aminés absorbés passe dans la circulation générale, le reste étant
transaminé, oxydé ou incorporé dans les synthèses protéiques hépatiques. Ce
phénomène d’extraction splanchnique
Un acide aminé est dit essentiel lorsqu’il ne peut être synthétisé par l’organisme ce qui
implique qu’il doit être apporté par l’alimentation. La liste des acides aminés essentiels et
non essentiels chez l’homme est indiquée sur le tableau I. Dans certaines circonstances, un
acide aminé peut devenir conditionnellement essentiel en raison par exemple d’un besoin
particulièrement élevé ou d’une immaturité des voies enzymatiques de synthèse des novo,
par exemple chez le nouveau-né.
Parmi les acides aminés non essentiels, deux sont considérés comme particulièrement
importants, l’alanine et la glutamine :
Histidine Alanine
Leucine Glutamine
Isoleucine Glutamate
Valine Aspartate
Isoleucine Asparagine
Méthionine Cystéine
Phenylalanine Proline
Tryptophane Glycine
Théronine Arginine
Tyrosine
Sérine
La quantification de la masse protéique totale de l’organisme est effectuée par des méthodes
de composition corporelle. À l’exception de la mesure de l’azote corporel total par
activation neutronique, méthode lourde exclusivement destinée à la recherche, il n’existe
pas de mesure directe de la masse protéique, qui est déduite de la mesure d’autres
compartiments (masse grasse, eau corporelle).
⇒ Le bilan azoté
Par définition, le bilan azoté indique l’évolution nette de la masse protéique, sous réserve
que le compartiment de l’azote non protéique (c’est-à-dire le compartiment d’acides aminés
libres et surtout l’urée) reste stable pendant la période de mesure. Il est positif lorsque la
masse protéique s’accroît, c’est le cas en période de croissance, proche de zéro chez un
adulte dont la masse protéique est constante, et négatif dans des circonstances
pathologiques accompagnées d’une fonte protéique.
Bien que conceptuellement simple, le bilan azoté est de réalisation délicate si une bonne
précision est recherchée. Parmi les problèmes pratiques, on peut citer :
● l’excrétion azotée fécale est en principe faible (10 % à 15 % des pertes azotées). Il ne
faut pas oublier de prendre en compte l’excrétion azotée des fistules digestives
lorsqu’elles existent.
Globalement un bilan azoté fiable doit être pratiqué sur une période minimum de 3 à 5
jours. Il s’agit donc d’un examen relativement lourd en pratique clinique. On peut lui
substituer le seul dosage d’azote urinaire déjà très informatif pour le suivi d’une
alimentation artificielle. Signalons enfin que compte tenu de la tendance à la surestimation
des entrées et à la sous estimation des pertes, les bilans azotés sont quasi
systématiquement surévalués.
La mesure des concentrations plasmatiques en acides aminés est parfois proposée comme
témoin de l’état nutritionnel. Bien que cette concentration soit abaissée au cours des
malnutritions protéiques sévères, son intérêt est minime en pratique courante : les acides
aminés plasma-tiques ne représentant qu’un faible pourcentage des acides aminés totaux et
leur concentration dépend de l’équilibre entre synthèse, protéolyse et oxydation, ce qui la
rend d’interprétation difficile. Il s’agit de plus d’un dosage assez délicat.
Ces méthodes ont en commun d’être plus invasives et de nécessiter des techniques
analytiques plus lourdes, elles sont encore réservées au domaine de la recherche.
La méthode consiste à établir un bilan des acides aminés de part et d’autre d’un organe ou
d’un tissu. Chez l’homme, la méthode a été essentiellement pratiquée sur des segments de
membres (avant-bras et membre inférieur) et reflète donc surtout le métabolisme protéique
musculaire. Connaissant les concentrations artérielles et veineuses des différents acides
aminés ainsi que le débit sanguin, on peut déduire pour chaque acide aminé un bilan net
positif ou négatif selon l’état nutritionnel. L’adjonction de traceurs permet également l’accès
à la synthèse et à la protéolyse musculaire. Le transport des acides aminés dans le muscle
peut aussi être calculé si une biopsie est ajoutée. L’inconvénient de la méthode est d’ordre
pratique puisqu’elle nécessite un cathétérisme artériel.
Elles donnent accès à la synthèse et à la protéolyse au niveau du corps entier ainsi qu’à
l’oxydation des acides aminés. Elles nécessitent l’utilisation de traceurs qui, en France, sont
exclusivement des acides aminés marqués avec des isotopes stables non radioactifs (carbone
13, deutérium ou azote 15). Ces traceurs, inoffensifs, ont l’inconvénient de nécessiter pour le
dosage un spectromètre de masse, appareil complexe et coûteux.
Le principe général de la méthode est celui de la dilution isotopique (Annexe I). Le débit
de production d’un acide aminé est calculé en mesurant la dilution d’un acide aminé
marqué introduit dans l’organisme. Le rapport de dilution (acide aminé marqué/non
marqué) est inversement proportionnel au débit de production de l’acide aminé. À l’état
stationnaire (concentrations stables), ce débit de production est égal au débit d’utilisation.
L’ensemble production-utilisation constituant le débit de renouvellement de l’acide aminé.
La destinée de l’acide aminé peut également être quantifiée dans certaines voies
métaboliques si l’on suit le traceur dans l’organisme. On mesure ainsi l’oxydation d’un
acide aminé en collectant dans les gaz expirés le CO2 marqué récupéré après
administration d’un acide aminé marqué au carbone 13.
La méthode la plus couramment utilisée chez l’homme est celle dite des précurseurs où
l’acide aminé utilisé est la leucine. Le modèle est décrit sur la figure en annexe I. Dans cette
situation, le débit de leucine issu des protéines est un index de la dégradation protéique.
Le débit d’utilisation de la leucine comporte deux composantes : le flux de leucine
incorporé dans les protéines, index de la synthèse protéique, et l’oxydation de la leucine.
Cette oxydation de la leucine est mesurée, on en déduit par soustraction un index de la
synthèse protéique.
Lors de la prise alimentaire, l’adjonction d’un traceur dans le repas permet de mesurer
l’extraction splanchnique des acides aminés et de corriger la protéolyse pour la quantité
d’acides aminés utilisée au niveau des tissus splanchniques (foie, intestin). Les flux d’acides
aminés détournés vers la synthèse ou provenant de la protéolyse peuvent être convertis en
flux de protéines sur la base d’un contenu moyen de l’acide aminé choisi dans les protéines
totales de l’organisme (8 % pour la leucine et 4 % pour la phénylalanine). La
représentativité de l’acide aminé vis-à-vis du métabolisme protéique « corps entier » est
donc un point crucial et va déterminer le choix de cet acide aminé.
La plupart des études utilisent la leucine, acide aminé essentiel, dont la dégradation
oxydative est simple, se déroule à la fois dans le foie et dans le muscle (alors que la majeure
partie des autres acides aminés ont une oxydation essentiellement hépatique), et dont
l’analyse en spectrométrie de masse est relativement facile.
Ce modèle largement utilisé et dont ont été dérivés les chiffres indiqués dans l’introduction
pose cependant un certain nombre de problèmes :
● lorsqu’un bilan protéique net à court terme (quelques jours) doit être mesuré, le
bilan azoté est l’examen de choix.
● lorsqu’un bilan protéique net sur plusieurs semaines doit être évalué, c’est une
estimation de masse protéique qu’il faudra pratiquer (cf. composition corporelle).
les mécanismes intimes à l’origine d’un gain ou d’une perte d’une ou plusieurs
protéines.
Cette régulation est d’une part hormonale, d’autre part nutritionnelle (c’est-à-dire par les
substrats eux-mêmes). Cette distinction est artificielle puisque dans la majorité des
circonstances physiologiques, ces deux modes de régulation sont simultanés et agissent en
synergie lors de la prise alimentaire.
⇒ Régulation hormonale
L’insuline
L’hormone de croissance
Les catécholamines
Contrairement à l’idée couramment reçue, il est bien démontré maintenant que les
catécholamines ne sont pas des hormones catabolisantes vis-à-vis du métabolisme
protéique. Selon les auteurs, elles réduisent la protéolyse ou augmentent la synthèse
protéique, l’application la plus classique de ces propriétés anabolisantes étant l’utilisation
de bêta-agonistes de type clembutérol pour la production de viande de boucherie. En tout
état de cause, ce ne sont donc pas les catécholamines « hormones de stress » qui sont
responsables de la fonte musculaire des patients de réanimation.
Les glucorticoïdes
Elles sont catabolisantes au niveau du muscle. Leurs effets varient selon les cytokines et les
tissus. Les cytokines comme TNF agissent en synergie avec le cortisol et la combinaison de
leurs effets provoque une protéolyse rapide et massive à l’origine d’une fonte protéique
musculaire.
Régulation nutritionnelle
● d’abord la régulation par les substrats eux-mêmes , qu’il s’agisse des acides aminés
ou des autres substrats énergétiques,
a) les acides aminés : que ce soit in vitro ou in vivo, les acides aminés stimulent
globalement la synthèse protéique. Cet effet est particulièrement net pour les acides aminés
branchés, cette spécificité ne s’étant toutefois pas traduite par une efficacité particulière des
solutés enrichis en acides aminés branchés en raison d’une possible compétition entre les
acides aminés.
b) les autres substrats énergétiques : de façon générale, un apport énergétique suffisant est
indispensable au maintien d’un bilan azoté neutre ou positif. La source des apports
énergétiques n’est pas indifférente et classiquement, les glucides auraient un effet d’épargne
azotée supérieur à celui des lipides au moins dans des circonstances d’apport énergétique
limité. Cette notion est très discutée voire erronée pour certains et de toute façon, n’est plus
vrai lorsque les apports énergétiques sont excédentaires.
● certains substrats (acides gras à chaine moyenne par exemple) peuvent avoir un
effet spécifique d’activation des enzymes de dégradation des acides aminés.
● Il est suivi par le jeûne, soit court (2 à 3 jours), soit prolongé (supérieur à 3 jours).
a) À l’état post-absorptif,
la synthèse, la protéolyse et l’oxydation sont à leur niveau basal, la protéolyse étant
Définitions
Le besoin d’un individu en un nutriment (ici azote ou acide aminé) est la quantité de ce
nutriment nécessaire au maintien d’une fonction physiologique satisfaisante. Pour les
protéines, on considère que le maintien d’un bilan azoté positif en phase de croissance ou
nul chez l’adulte, témoigne d’un besoin satisfait. Sa valeur varie bien sûr selon les individus
et leur état physiopathologique (âge, sexe...). L’apport idéal pour un individu est celui qui
couvre ses besoins.
Les apports conseillés (Recommended Dietary Allowances ou RDA pour les USA et les
ANC pour la France) sont ceux qui permettent la couverture des besoins d’une population
donnée. Par définition, ces apports sont supérieurs aux besoins de la majorité (cf.note : (97,5
%)) des individus composant cette population. On considère en effet, tout au moins en ce
qui concerne l’azote et les acides aminés, qu’il n’y a pas d’inconvénient à apporter une
quantité supérieure aux besoins réels. Les niveaux « officiels » des besoins et apports font
l’objet de conférences de consensus régulières entre les grands organismes internationaux
(OMS, FAO, etc.). Les chiffres varient donc légèrement au fil des années. En ce qui concerne
les protéines, les besoins doivent être envisagés à deux niveaux, d’une part en terme de
besoin azoté total, d’autre part en terme d’acides aminés essentiels, la qualité de l’azote
amené n’étant pas indifférente.
Ils ont été déterminés en mesurant la quantité minimum d’azote ingéré sous forme de
protéines d’oeufs ou de lait (protéine de haute qualité) qui permet de garder un bilan azoté
neutre (chez l’adulte). Le chiffre obtenu sur un petit groupe d’individus adultes en bonne
santé est en moyenne de 0,6 g de protéines/kg/j. Le coefficient de variation de cette
moyenne est de 12,5 %, qui correspond à des apports individuels variant de 0,45 à 0,75
g/kg/j (0,75 g/kg. j correspondant donc à la moyenne + 2 DS). Ce dernier chiffre, arrondi à
0,8 g/kg/j est donc retenu comme l’apport conseillé permettant de couvrir les besoins d’une
population normale adulte. Ce besoin est très largement couvert dans les pays développés
où les apports sont de l’ordre de 1,2 à 1,5 g/kg/j. Les apports conseillés (et les besoins) sont
plus élevés chez le nourrisson (2,2 g/kg/j), décroissent progressivement jusqu’à l’âge
adulte (0,8 g/kg/j), augmentent au cours de la grossesse et au cours de la lactation (+ 5 à +
15 g de protéine/j). Lorsque les besoins sont exprimés en valeurs absolues, ils sont à peu
près constants pendant la première année de vie ( 10 g/j). Ils restent mal connus chez le
sujet âgé probablement peu différents de ceux de l’adulte voire supérieurs (1 à 1,2 g/kg/j).
L’exactitude des bilans azotés est ici un élément essentiel pour apprécier ces besoins
puisque la surestimation de la balance conduira à la sous-estimation des besoins. De même
une attention particulière doit être apportée au contenu énergétique du régime sous
lequel a été déterminé le besoin : un apport énergétique excédentaire résultera en une
déposition protéique (ce qui correspond à l’augmentation de la masse maigre au cours de
l’obésité) et résultera en une sous-estimation des besoins.
Ils sont déterminés par la méthode suivante : des sujets reçoivent une alimentation
parfaitement équilibrée contenant tous les nutriments et tous les acides aminés en quantité
suffisante à l’exception de l’acide aminé dont on veut mesurer le besoin. En l’absence de cet
acide aminé, le bilan azoté est négatif ce qui illustre le fait que l’absence d’un seul acide
aminé suffit à ralentir la synthèse protéique (notion d’acide aminé limitant). L’apport en cet
acide aminé est alors progressivement augmenté : lorsque le bilan azoté se positive, le
besoin est alors couvert.
Là encore, la qualité des résultats obtenus dépend de l’exactitude du bilan azoté. Les
résultats obtenus par cette méthode sont actuellement contestés par certains groupes qui
ont proposé de mesurer non plus le bilan azoté mais l’oxydation de l’acide aminé par des
méthodes isotopiques. Cette oxydation reste minimale tant que les besoins de la synthèse
protéique ne sont pas couverts puis augmente régulièrement dès que le besoin est atteint.
Les résultats obtenus par cette méthode sont deux à trois fois supérieurs à ceux obtenus
classiquement. Pour l’instant, les recommandations alimentaires internationales s’en
tiennent aux chiffres obtenus par la méthode classique.
Les besoins de chacun des neuf acides aminés pour l’ensemble des acides aminés essentiels
sont, selon l’acide aminé, de 30 à 150 mg/kg/j chez le nourrisson (au total 750 mg/kg/j) et
seulement de 5 à 15 mg/kg/j (au total 80 mg/kg/j) chez l’adulte. Ceci correspond aux
besoins importants de la synthèse protéique en période de croissance. Les acides aminés
essentiels doivent donc représenter chez le nourrisson plus du tiers de l’azote total
apporté (ce qui signifie que les protéines alimentaires devront être de haute qualité, cf
infra). Chez l’adulte, c’est seulement 10 % de la ration azotée qui devra être composée
d’acides aminés essentiels.
Enfin certains acides aminés peuvent être conditionnellement essentiels, ce qui signifie
que, à l’occasion d’une circonstance physiopathologique donnée, leur synthèse endogène
n’est pas suffisante pour couvrir les besoins. C’est le cas de la cystéine et de la tyrosine qui
peuvent normalement être obtenues à partir de la méthionine et de la phénylalanine
Enfin, il faut se souvenir que les critères d’ essentialité sont étroitement fonction de l’état
physiologique. Il est très probable que les besoins réels de plusieurs acides aminés au cours
des états cataboliques, ou septiques sont différents des besoins décrits ici qui se rapportent
uniquement à l’individu normal.
Toutes les protéines ne sont pas équivalentes pour remplir les besoins. La qualité (ou valeur
nutritionnelle) d’une protéine se définit comme l’efficacité avec laquelle cette protéine
satisfait au besoin à la fois en azote et en acides aminés. Le critère le plus classique de
qualité est la valeur biologique définit comme suit :
– valeur biologique = fraction de l’azote apporté retenu
par l’organisme/azote absorbé par l’intestin une valeur biologique de 100 est donc une
protéine dont l’azote absorbé est efficace à 100 % pour remplacer les pertes azotées
endogènes. Un autre critère couramment utilisé est l’utilisation protéique nette :
– utilisation protéique nette = fraction de l’azote retenu/ azote ingéré.
a) L’indice chimique :
il est inhérent à une protéine donnée et se définit comme suit :
– indice chimique = mg d’un acide aminé essentiel dans 1 g de protéine/mg du même
acide aminé essentiel dans 1 g de protéine de référence.
La digestibilité « vraie » inclue de plus une correction pour les pertes azotées fécales
obligatoires. La digestibilité dépend de la structure de la protéine elle-même mais
également des éventuelles modifications que cette structure a pu subir au cours de la
préparation des aliments. La modification la plus classique est celle obtenue par la réaction
de Maillard. Il s’agit de la liaison d’un sucre réducteur avec le groupe aminé libre de la
lysine résultant en un « blocage » de celle-ci. Cette lysine ne pourra donc plus être absorbée
et 10 % à 40 % de la lysine ingérée (ce chiffre variant selon le mode de cuisson) seront donc
non disponibles, ce qui réduit d’autant la digestibilité de la protéine. Enfin, les interactions
avec d’autres nutriments (en particulier les fibres et les polyphénols) peuvent jouer sur la
digestibilité d’une protéine.
Au total, la digestibilité est de 95 % à 98 % pour les protéines animales et de 75 % à 95 %
pour les protéines végétales.
des concentrations est difficile à obtenir. La nécessité de travailler une fois l’équilibre atteint
explique le délai imposé (environ 2 heures pour la leucine) après le début de la perfusion
pour obtenir des prélèvements significatifs.
NOTE(S) DU CHAPITRE
(97,5 %) : Les apports recommandés sont définis comme les apports couvrant les besoins
moyens + 2 déviations standards (soit, par définition, 97,5 % de la population) + un
supplément variable selon les experts.
X ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
● [1] Devlin TM Ed., : Textbook of Biochemistry. Wiley Liss, New York 1992.
Biochimie de la synthèse protéique (régulations).
● [2] Young V.R., Yu Y.M., Fukagawa N.K. : Energy and pro¬tein turnover. In «
Energy metabolism », JM. Kinney, H.N. Tucker ed., Raven Press, New York, 1992
(relations énergie/protéines).
● [6] Martin A. : Apports nutritionnels conseillés. Tec & Doc. Lavoisier, Paris 2001.
Le fer
I Rappel métabolique..........................................................................................................................3
I RAPPEL MÉTABOLIQUE
Le fer, bien que présent en très faible quantité dans l’organisme (0,005 % du poids corporel)
joue un rôle essentiel dans de nombreuses fonctions biologiques (Hercberg, 1988). Il
intervient dans la constitution de l’hémoglobine (pigment respiratoire qui assure l’échange
de l’oxygène et du gaz carbonique avec le milieu exté-rieur), de la myoblogine (forme de
réserve de l’oxygène du muscle) et d’enzymes jouant un rôle capital dans de nombreuses
réactions métaboliques.
Dans l’organisme, le fer existe sous deux formes (tableau 1) : le fer héminique et le fer non
héminique. Le fer héminique (incorporé dans la structure de l’hème) entre dans la
constitution de l’hémoglobine, de la myoglobine et des enzymes hémoprotéiques ; le fer
non héminique (non incorporé dans la structure de l’hème) est présent dans certaines
enzymes et correspond aux formes de transport (par la transferrine) et de réserve du fer.
Le fer circule dans le plasma lié à une protéine, la transferrine ou sidérophiline. Chez le
sujet normal, cette protéine n’est saturée en fer que partiellement, au tiers de sa capacité : le
coefficient de saturation de la transferrine est normalement de l’ordre de 30 %. Sa capacité
totale de fixation du fer est de l’ordre de 300 à 350 µ g/dl. Le fer plasmatique total
représente 3 à 4 mg, ce qui correspond à une teneur moyenne en fer d’environ 100 µ g/dl.
rouges et réutilisé. Les quantités de fer quotidiennement éliminées sont très faibles, de 1 à 2
mg/jour, ce qui ne représente que 1/1 000 à 1/4 000 du pool total de fer de l’organisme.
Mais cette faible dépendance envers l’extérieur est un facteur d’une extrême importance car
en cas de non-compensation de ces pertes par les apports alimentaires, il y a risque de
déséquilibre de la balance en fer.
Chez le sujet considéré en bonne santé, il existe un état d’équilibre entre les apports et les
pertes. Cette balance peut être déséquilibrée dans le sens de la carence en diverses
circonstances :
Ces différentes causes peuvent être associées entre elles et s’aggraver mutuellement. En cas
de rupture de l’équilibre de la balance en fer, l’organisme puise dans ses réserves
disponibles ; lorsque celles-ci sont épuisées, les fonctions métaboliques dans lesquelles le fer
intervient sont perturbées.
Tableau 1
Les pertes basales journalières varient, chez l’adulte, de 0,9 à 1 mg de fer/jour ce qui
correspond à des pertes d’environ 14 g/kg. Près de 0,6 mg sont perdus par les selles, 0,2 à
0,3 mg par la peau et 0,1 par les urines.
Pour les femmes de la puberté à la ménopause, il est nécessaire d’ajouter aux pertes basales
celles liées aux hémorragies mens-truelles (INACG, 1982). Les pertes en fer dues aux
menstruations ont été étudiées chez les femmes de pays développés (Suède, Royaume-Uni,
Canada) et de pays en voie de développement (Égypte, Inde, Birmanie). Dix pour cent des
femmes considérées en bonne santé ont des pertes menstruelles supérieures à un volume de
80 ml/mois. La médiane des pertes mens-truelles se situe entre 25 et 30 ml/mois, ce qui
correspond à des pertes en fer de 12,5 à 15 mg par mois, soit 0,4 à 0,5 mg/jour qui viennent
s’ajouter aux pertes basales hab-tuelles (0,8 mg/jour). Au total, 50 % des femmes ont donc
des pertes totales en fer supérieures à 1,3 mg/jour, 10 % ont des pertes supérieures à 2,1
mg/jour et 5 % supérieures à 2,4 mg/jour. De nombreux facteurs, tels que l’hérédité, le
poids, la taille, l’âge, la parité ont une influence sur le volume des règles. Mais le facteur
majeur est constitué par l’utilisation de certains modes de contraception. Les contraceptifs
oraux peuvent diminuer de 50 % le volume des règles alors qu’une augmentation de plus
de 100 % peut être observée chez les femmes utilisatrices d’un dispositif intra-utérin.
Au total, c’est plus de 1 000 mg de fer dont la femme enceinte a besoin pour assurer sa
balance en fer au cours de la grossesse. Ces besoins sont particulièrement concentrés sur le
2e et le 3e trimestre (tableau 2). L’état des réserves en fer au début de la grossesse est un
facteur essentiel pour évaluer les besoins en fer des femmes enceintes. Si les réserves en fer
sont de l’ordre de 500 mg en début de gestation, ils permettent d’assurer la couverture des
besoins liés à l’augmentation de la masse érythrocytaire : les besoins journaliers en fer
peuvent donc être évalués aux environs de 2,5 mg/jour pour les deux derniers trimestres de
la grossesse. Si les réserves sont par contre faibles, voire nulles, les besoins sont difficiles à
couvrir par l’alimentation, malgré l’augmentation de l’absorption du fer observée au cours
de la 2e moitié de la grossesse.
Tableau 2
La teneur en fer du lait maternel est relativement faible, de 0,3 à 1,5 mg/l. Mais la spoliation
supplémentaire de fer due à l’allaitement, contribue à aggraver le déséquilibre de la balance
en fer chez des femmes qui sont le plus souvent déjà à leur niveau de réserve le plus bas
(voire même franchement carencées) du fait des besoins élevés de la grossesse qui vient
d’arriver à terme et des hémorragies habituelles de l’accouchement et du post-partum
(même en cas d’accouchement non traumatique, ces pertes en fer supplémentaires
représentent au moins 250 mg). Cependant, la récupération du fer provenant du déclin de la
masse érythrocytaire maternelle et « l’économie » de fer due à l’absence des menstruations
pendant plusieurs semaines après l’accouchement permettent d’estimer que les besoins en
fer des femmes allaitantes sont légèrement supérieurs à ceux d’une femme en âge de
procréer, tout au moins au cours des 6 premiers mois de lactation. Si l'allaitement est
prolongé au-delà de cette période (situation habituelle dans de nombreux pays en voie de
développement), les besoins sont alors nettement supérieurs à partir du 6e mois.
L’organisme d’un nouveau-né à terme contient entre 260 et 290 mg de fer acquis au cours
de la gestation. Environ 25 % de ce fer correspond à des réserves tissulaires, mais une
grande partie est sous forme d’hémoglobine dont le taux est particulièrement élevé à la
naissance. Les besoins de l’enfant au cours de la première année de la vie sont liés aux
pertes basales, à l’expansion de la masse érythrocytaire et à la croissance des tissus de
l’organisme. Au cours des 8 à 10 premières semaines de vie, le taux d’hémoglobine va
chuter profondément, passant du niveau le plus élevé au niveau le plus bas relevé pendant
toute la période de développement. Cette chute du taux d’hémoglobine est liée à une nette
diminution de l’érythropoïèse en réponse à l’oxygénation accrue des tissus après la
naissance. L’hémolyse accrue (qui contribue à libérer du fer) et le fer absorbé permettent
d’éviter des carences en fer au cours de cette période. Dans un deuxième temps,
l’érythropoïèse se réactive : le taux d’hémoglobine augmente de sa valeur moyenne la plus
basse 10 g/100 ml à une valeur moyenne de 12,5 g/100 ml et s’y maintient pendant toute la
première année de la vie.
Compte tenu des besoins liés à la croissance, les besoins totaux en fer sont considérables
chez le jeune enfant (INACG, 1979), 8 à 10 fois supérieurs à ceux d’un adulte de sexe
masculin lorsqu’ils sont exprimés par kilogramme de poids corporel. L’accélération de la
croissance, particulièrement au cours des années de maturation sexuelle, s’accompagne
également d’une augmentation des besoins en fer, notamment pour la production
d’hémoglobine. Pendant l’année qui correspond à leur plus forte poussée de croissance, les
garçons prennent en moyenne 10 kg. On peut calculer que ce gain pondéral nécessite un
accroissement net de fer de 300 mg environ, ne serait-ce que pour main¬tenir un taux
d’hémoglobine constant dans un volume sanguin en expansion. Cependant, la
concentration d’hémoglobine augmente aussi de 0,5 à 1,0 g/100 ml/an à cet âge. Une
augmentation du taux d’hémoglobine de 0,5 g/dl chez un adolescent de 55 kg nécessite
plus de 50 mg de fer. Par conséquent, l’adolescent moyen a besoin d’environ 350 mg de fer
pendant l’année de sa croissance maximale. Ce taux de croissance maximal et,
vraisemblablement, l’élévation maximale parallèle de la concentration d’hémoglobine sont
beaucoup plus aigus que ne le font apparaître les courbes de pourcentage de croissance et
d’hémoglobine. Cela est dû aux variations individuelles de l’âge auquel survient la
croissance maximale qui disparaissent lorsqu’on calcule les valeurs moyennes pour chaque
âge. Chez les adolescentes, les besoins en fer sont également élevés, mais ils n’accusent pas
une poussée aussi aiguë que chez les garçons, du fait que le gain pondéral annuel
maximum est un peu plus faible que chez les garçons et parce que le taux d’hémoglobine
chez la fille ne s’élève que légèrement pendant cette période. Le gain de poids maximum
chez la fille nécessite, lui, 280 mg de fer environ pour maintenir constant le taux
d’hémoglobine. Le début des règles suit habituellement la poussée de croissance maximale
de l’adolescente, la déperdition menstruelle moyenne est de 30 ml environ par
menstruation chez la fille de 15 ans et elle correspond à une perte nette d’environ 175 mg de
fer par an. Il y a toutefois d’importantes variations d’une adolescente à l’autre, celles qui
perdent le plus de sang étant bien sûr les plus exposées au risque de carence en fer.
En dehors des besoins en fer liés à la nécessité de compenser les pertes physiologiques de la
vie, certaines pathologies ou comportements peuvent être responsables d’une augmentation
des besoins en fer. Toutes les causes de saignements chroniques, quelle que soit leur
origine, entraînent des pertes supplémentaires en fer. Épistaxis, hématuries, métrorragies
ou saignements du tractus digestif, notamment lorsqu’ils sont minimes et répétés favorisent
un déséquilibre du bilan du fer. De nombreuses pathologies peuvent être ainsi impliquées :
fibrome utérin, endométriose, varices œsophagiennes, hernie hiatale, ulcère, polypes et
tumeurs digestives… Dans les pays industrialisés, seules certaines pathologies
particulièrement fréquentes (telles que les hémorroïdes), la prise de certains médicaments
(aspirine, et à un moindre degré anticoagulants, anti-inflammatoires…) ou les dons du sang
(surtout lorsqu’ils sont répétés plusieurs fois dans l’année) doivent être pris en compte.
Dans les pays tropicaux et subtropicaux, certaines pathologies parasitaires (telles
l’ankylostomiase ou la trichocéphalose), par les saignements qu’elles entraînent sont un
facteur majeur dans la non-couverture des besoins en fer d’une large fraction de la
population.
Pour faire face à ses besoins en fer, l’organisme doit trouver dans son alimentation la
quantité de fer nécessaire. Le fer est pré-sent en quantité variable dans de nombreux
aliments, mais seule une fraction du fer consommé est réellement absorbée donc les apports
« réels » en fer dépendent de la teneur en fer de l’alimentation (donc du contenu en fer des
aliments), mais égale-ment de la biodisponibilité de ce fer (c’est-à-dire sa capacité à être
absorbé et utilisé) et du statut en fer des individus. La teneur en fer des aliments est très
variable d’un aliment à l'autre (tableau 3). Mais plus que la quantité de fer présente dans
l’alimentation, c’est la qualité de ce fer qui constitue le facteur déterminant pour la
couverture des besoins. En effet, diverses études faites à l’aide d’aliments marqués avec du
fer radioactif (55Fe, 59Fe) ont mis en évidence que l’absorption moyenne du fer chez des
sujets en bonne santé est très variable d’un aliment à l’autre. Ces différences s’expliquent
par la forme du fer contenu dans les aliments : fer héminique ou fer non héminique.
Le fer héminique est présent uniquement dans les aliments d’origine animale où il
représente environ 40 % du fer total. Il correspond au fer des hémoprotéines,
Dans un régime de type occidental, les principales sources de fer sont : les produits
d’origine animale (30 à 35 % du fer total), les céréales (20 à 30 %), puis les fruits et légumes,
enfin les racines et tubercules amylacés. Pour les pays en voie de développement, la place
du fer fourni par les aliments d’origine animale est beaucoup plus faible. Le fer non
héminique représente à lui seul 90 à 95 % du fer alimentaire consommé dans les types
alimentaires les plus fréquents dans le monde. Sa biodisponibilité est faible (généralement
inférieure à 5 %) et peut être influencée par diverses substances contenues dans d’autres
aliments.
On peut définir un coefficient d’absorption du fer pour chaque aliment (1 à 2 % pour le riz,
3 à 4 % pour les légumes secs, 16 à 22 % pour les viandes, 50 à 70 % pour le lait maternel…).
Mais ces coefficients d’absorption calculés à partir d’aliments consommés isolément n’ont
qu’un intérêt théorique, car il existe de nombreuses interactions entre les différents aliments
pris au cours d’un même repas : certaines substances présentent dans les aliments agissent
en facilitant l’absorption du fer contenu dans la ration, d’autres agissent, au contraire,
comme inhibiteurs. Seul le fer non héminique (principale source de fer alimentaire dans les
pays en voie de développement) est influencé par la composition du repas.
⇒ L’acide ascorbique
Il est le plus puissant facilitateur connu de l’absorption du fer non héminique (Cook et
Monsen, 1977). Il n’y a pas de limite à son action facilitatrice, même à des concentrations
très élevées ; mais au-delà de 100 mg d’acide ascorbique dans un repas, son effet est moins
prononcé. L’acide ascorbique facilite l’absorption du fer par formation d’un chélate de fer
soluble à pH bas, qui reste soluble au pH de l’intestin grêle. L’absorption du fer d’un repas
peut être multipliée par trois lorsqu’il est consommé simultanément avec 100 ml de jus
d’orange et par 7 avec un jus de papaye. D’autres acides, tels que l’acide citrique et l’acide
malique ont également un effet activateur sur l’absorption du fer non héminique.
⇒ Les tannins
Disler et al. (1975) ont été les premiers à signaler l’effet inhibiteur pro¬noncé du thé sur
l’absorption du fer ; une seule tasse de thé prise au cours d’un repas peut faire chuter
l’absorption du fer de 11 % à 2,5 %. L’absorption du chlorure de fer diminue de 22 à 6 %
lorsque les comprimés sont pris en même temps que du thé. Dans un petit déjeuner de type
occidental, l’absorption du fer non héminique est réduite d’environ 60 % par la prise du thé.
Par contre, le thé sans tannin n’a pas d’action sur l’absorption du fer. L’effet inhibiteur des
tannins résulte de la formation de précipités insolubles de tannates de fer. Le thé constitue
expérimentalement le plus puissant inhibiteur de l’absorption de fer actuellement connu.
Les tannins sont également présents dans le café, mais l’effet inhibiteur du café sur
l’absorption du fer est bien moindre que celui du thé. Cet effet pourrait être également lié à
la présence d’autres composés polyphénoliques. Les tannins sont aussi largement répandus
dans les végétaux et leur présence pourrait expliquer la faible absorption du fer contenu
dans ce type d’aliments.
⇒ Le rapport calcium/phosphate
Chez l’homme, des études ont mis en évidence la réduction considérable de l’absorption du
fer héminique par le jaune d’œuf. Ce fait a été attribué au vitellin, principal complexe
phosphorrotéique dans le jaune d’œuf. Les composés phosphatés contenus dans un repas
constitueraient des inhibiteurs de l’absorption du fer par la formation de phosphate ferrique
insoluble (Peters et al., 1971). Cet effet serait majoré par la présence simultanée de calcium
dans le repas ; le fer serait co-précipité par un complexe insoluble calcium-phosphate.
⇒ Les protéines
Il est difficile d’apprécier le rôle direct des protéines sur l’absorption du fer. Ceci s’explique
par le fait que la plu-part des études réalisées, notamment chez l’animal, sont basées sur la
modification de la part des protéines dans l’apport énergétique, celui-ci étant maintenu
constant. Il en résulte une grande difficulté d’interprétation, car il est difficile de déterminer
si un phénomène observé est dû à la seule modification de l’apport protéique ou à
l’augmentation et/ou à la réduction des autres composants. Bien que les pouvoirs
facilitateurs de la viande ont souvent été attribués aux protéines (sans que ceci puisse être
réellement démontré), des études récentes ont montré que certaines protéines semi purifiées
peuvent inhiber l’absorption du fer. Lorsque l’on double la quantité d’albumine de l’œuf
dans un repas, l’absorption du fer chute de 2,3 à 1,4 %. A l’inverse, lorsque l’on soustrait
cette protéine, l’absorption du fer augmente de 3,8 à 9,6 % (Monsen et Cook, 1979).
Récemment, a été également mis en évidence un effet inhibiteur des protéines de soja sans
que le mécanisme en soit connu (Cook et al., 1981a).
⇒ Les phytates
Au début des années1940, Widdowson et McCance (1943) ont observé que l’absorption du
fer d’un repas contenant du pain complet était plus faible par rapport à un repas contenant
du pain blanc. Des études utilisant des marqueurs radioactifs ont confirmé l’effet inhibiteur
du son et de nombreux travaux ont rapporté cet effet à la présence de phytates. Cependant,
des études plus récentes chez l’homme et chez l’animal considèrent que les phytates ont
peu d’effet sur l’absorption du fer : l’effet inhibiteur du son n’est pas modifié après
destruction par hydrolyse enzymatique des phytates (Simpson et al., 1981).
⇒ Les fibres
Le rôle des fibres sur l’absorption du fer n’a pas été suffisamment étudié chez l’homme.
Cook et al., testant deux repas qui ne se différencient que par la composition en fibres, ont
observé (Cook et al., 1981b) que l’absorption du fer est de 6,1 % pour le repas à faible teneur
en fibres (5,1 g). Les mêmes auteurs ont étudié l’effet des fibres sur l’absorption du fer en
fonction de leur nature ; ils n’ont pas observé d’effet inhibiteur avec la pectine et la cellulose
alors que cet effet était retrouvé avec le son (Cook et Reusser, 1983).
Il est évident que la majorité des habitants des pays en voie de développement ont une
alimentation du premier type contenant du fer peu biodisponible. Ceci aide à comprendre
pourquoi, dans ces pays, les populations ont un risque accru de carence en fer.
De nombreux travaux ont montré que la quantité de fer alimentaire absorbée ne dépend pas
seulement de la teneur en fer des aliments, du type de fer et de la composition du repas,
mais également de l’état des réserves en fer de l’organisme. L’absorption du fer non
héminique est augmentée en cas de diminution du stock de fer de l’organisme et
réciproquement diminuée en cas de surcharge en fer. Une forte corrélation négative existe
entre le cœfficient d’absorption du fer et l’importance des réserves en fer de l’organisme et
ce quelles que soient les méthodes utilisées pour apprécier ces réserves (biopsie de mœlle
osseuse, dosage de la ferritine sérique ou méthodes de phlébotomies). Dans le même sens,
on peut rapprocher, chez les femmes enceintes, l’augmentation de l’absorption du fer au fur
et à mesure du déroulement de la grossesse parallèlement à l’épuisement graduel des
réserves.
Les vitamines
II Généralités ................................................................................................................................... 5
V Physiopathologie ....................................................................................................................... 18
V.3 Relations entre une vitamine et les autres composants de l'alimentation : exemples
de la niacine et de la biotine...................................................................................................... 22
Bibliographie ...................................................................................................................................... 28
INTRODUCTION
Les vitamines sont des substances organiques, sans valeur énergétique propre, qui sont
nécessaires à l'organisme et que l'homme ne peut synthétiser en quantité suffisante. Elles
doivent être fournies par l'alimentation. Treize substances répondent à cette définition. Il
s'agit d'un groupe de molécules chimiquement très hétérogènes. Ce sont des substances de
faible poids moléculaire.
Certaines d'entre elles ont des structures proches de celles d'autres composés organiques :
sucres pour la vitamine C, hormones stéroïdes pour la vitamine D, porphyrines pour la
vitamine B12.
I DEFINITION ET NOMENCLATURE
Étymologiquement, « amines nécessaires à la vie », les vitamines ont en fait des structures
variées et ne sont pas toutes des amines. Contrairement aux nutriments habituels utilisés
pour la production d'énergie ou incorporés au cours de la synthèse des constituants de
l'organisme (glucides, acides aminés ou acides gras essentiels), les besoins quotidiens en
vitamines ne sont que de quelques fractions de microgramme à quelques milligrammes.
Ceci est dû au fait que la plupart agissent comme des coenzymes ou des cofacteurs au cours
des réactions enzymatiques. À la différence des oligo-éléments, ce sont des substances
organiques. Les vitamines doivent être apportées en faible quantité dans l'alimentation.
Quelques vitamines font exception car il existe pour elles d'autres sources pouvant
remplacer les apports alimentaires : exposition de la peau aux ultra-violets solaires pour la
vitamine D, synthèse à partir du tryptophane pour la niacine, synthèse par la flore
microbienne digestive pour la vitamine K.
Tableau I
Il est habituel de regrouper les vitamines selon leur solubilité et d'opposer les vitamines
liposolubles aux vitamines hydrosolubles. Cette classification correspond à des propriétés
différentes. Schématiquement les vitamines liposolubles sont absorbées en même temps que
les graisses et seront stockées. Par contre, à l'exception de la vitamine B12, les vitamines
hydrosolubles ne sont pas stockées de manière prolongée et les apports excédentaires sont
excrétés dans les urines.
II GENERALITES
→ Comment ont été reconnues les diverses vitamines ? Comment ont été analysées leurs
fonctions ?
La première étape a consisté à identifier des carences cliniques chez l'homme (scorbut,
béribéri) ou chez l'animal et à montrer que ces signes de carence pouvaient être prévenus ou
supprimés par l'administration d'une substance organique. Il s'agissait donc d'étudier des
« vitamino-déficiences ». Certains signes cliniques de vitamino-déficiences ont été mieux
identifiés chez l'homme du fait de l'apparition des techniques d'alimentation artificielle
(parentérale exclusive prolongée) qui ont permis de préciser les besoins. Alors que les
déficiences spontanées étaient rares et associaient souvent des carences multiples, des
omissions isolées d'une vitamine dans un mélange nutritif artificiel utilisé au long cours ont
permis de préciser les conséquences d'une vitamino-déficience pure et les apports
nécessaires.
L'étude de certaines maladies métaboliques a également permis de bien mieux connaître les
fonctions de certaines vitamines : il s'agit des « vitamino-dépendances ». Sous alimentation
normale, il existe des anomalies cliniques ou biologiques qui disparaissent grâce à un
apport très important d'une vitamine. Ceci peut être dû à une anomalie de l'enzyme, par
exemple diminution de l'affinité pour le coenzyme dérivé de la vitamine, ou à d'autres
anomalies telles qu'une modification de la biodisponibilité ou du métabolisme de la
vitamine.
Les principales fonctions des vitamines et les conséquences cliniques d'une carence sont très
schématiquement rappelées dans le tableau II.
III.1 ABSORPTION
Les sites d'absorption des vitamines sont précisés dans le tableau III. Comme la plupart des
nutriments, beaucoup de vitamines hydrosolubles sont surtout absorbées au niveau de
l'intestin proximal. Certaines vitamines ont un site d'absorption unique (vitamine B12 :
iléon terminal) ce qui a des conséquences cliniques importantes.
Tableau III : Absorption digestive des vitamines : quel site ou quelle fonction pour quelle
vitamine ?
Les mécanismes d'absorption sont de connaissance beaucoup plus récente, les progrès en ce
domaine étant largement liés au progrès des méthodes d'études. En effet, en accord avec le
caractère limité des besoins quotidiens, beaucoup de systèmes de transports actifs ont une
très grande affinité (micromole ou moins) mais une capacité maxima de transport limitée. Il
faut donc travailler à des concentrations faibles et utiliser des méthodes sensibles
(utilisation d'isotopes radioactifs). Comme un système de diffusion passive coexiste souvent
avec le système de transport actif, en cas d'étude à concentration trop élevée (par exemple
10-4, 10-3 M), le système de transport actif est saturé et masqué par une diffusion largement
prépondérante. En cas d'étude in vitro, la possibilité d'accumulation intra-entérocytaire
contre un gradient de concentration n'est plus visible. Ces mécanismes de transport sont
résumés dans le tableau IV. Ce tableau illustre également l'importance du métabolisme
intraluminal et entérocytaire de ces vitamines. Ceci n'a pas qu'un intérêt théorique : la
digestion et l'absorption des vitamines peut mettre en jeu des étapes successives spécifiques
et limitantes ; une perturbation peut entraîner une malabsorption et donc une carence.
L'absorption des vitamines liposolubles est très liée à celle des lipides dont elle suit les
différentes étapes (hydrolyse intraluminale sous l'action de la lipase pancréatique après
émulsification par les sels biliaires, absorption, réestérification, incorporation dans les
lipoprotéines, excrétion dans la lymphe sous forme de chylomicron). Leur absorption sera
diminuée en cas de malabsorption des lipides et sensible aux modifications des lipides
ingérés (par exemple l'utilisation de triglycérides à chaîne moyenne dont l'absorption
préférentielle vers le sang portal est préservée en cas d'anomalie de la digestion va
augmenter l'absorption des vitamines liposolubles et l'orienter également vers le sang portal
et le foie). L'absorption intestinale de la vitamine E est moins efficace que celle des autres
vitamines liposolubles (moins de la moitié est absorbée). Ceci explique qu'en cas de
malabsorption sévère des lipides, la carence en vitamine E peut être au premier plan. Ceci
explique aussi, dans ce cas, la nécessité de complémentation systématique.
Les formes actives sont représentées dans le tableau V. Schématiquement les vitamines
subissent souvent une transformation avant de remplir les fonctions de coenzyme
(phosphorylation, liaison à l'enzyme...). Les vitamines anti-oxydantes (vitamines C et E)
sont actives sous leur forme naturelle.
Figure 1 : Relation entre l'élimination urinaire de vitamine C et la dose ingérée, effet de doses
élevées
Relation entre l'élimination urinaire de vitamine C et la dose ingérée, effet de doses élevées (d'après Kallner A,
Hartman D, Hornig et al. Am J Clin Nutr 1979 ; 32 : 530-9)
L'autre extrême est représenté par des vitamines telles que la vitamine B12, que l'organisme
peut stocker de manière importante. Il faudra des mois de carence d'apport (régime
végétalien strict) pour épuiser les réserves.
Alors que les excès de vitamines hydrosolubles sont souvent éliminées par voie urinaire,
ce n'est pas le cas des vitamines liposolubles, en particulier de la vitamine A qui est
stockée, ce qui contribue à la toxicité potentielle de doses excessives.
apoenzyme, protéique, et d'un coenzyme qui lui est lié. Si le coenzyme est lié par une
liaison covalente, il sera dénommé « groupement prosthétique ». Un coenzyme peut jouer
un rôle de cosubstrat : il subira exactement la réaction inverse de celle que subit le substrat
(réactions d'oxydoréduction : NAD, transamination : phosphate de pyridoxal).
Le NADP intervient dans le cycle des pentoses (génération de NADPH), dans la synthèse et
l'élongation des acides gras (utilisation du NADPH).
Rôle du phosphate de pyridoxal au cours de la transamination d'un acide alpha-aminé. L'acide aminé 1 (AA1)
est transformé en céto-analogue 1, le céto-analogue 2 en acide aminé.
La vitamine K se présente sous deux formes : phylloquinone (vitamine K1) obtenue à partir
des plantes et ménaquinone (vitamine K2) d'origine bactérienne. La ménadione (vitamine
K3) est d'origine synthétique. Cette vitamine est indispensable au maintien de niveaux
normaux de certains facteurs de coagulation : facteurs II, VII, IX et X (prothrombine,
proconvertine, facteur anti-hémophilique B, facteur Stuart). Ces facteurs sont synthétisés
par le foie sous forme inactive. La transformation en dérivés actifs nécessite une étape post-
translationnelle : transformation des résidus glutamine en gamma-carboxyglutamate par
une carboxylase dépendant de la vitamine K. Ces fonctions gamma-carboxyglutamate
porteurs de deux carboxyles (charges négatives) sont très nombreuses au niveau de la
prothrombine et expliquent son interaction avec l'ion Ca++. D'autres protéines qui lient le
calcium subissent la même réaction : l'ostéocalcine, synthétisée par les ostéoblastes, subit la
même gamma-carboxylation.
L'acide ascorbique agit comme antioxydant. Il s'agit d'un agent réducteur qui, sous forme
oxydée, est transformé en acide déhydro-ascorbique. L'acide ascorbique est un donneur
d'équivalent réduit. L'acide déhydro-ascorbique ainsi formé peut servir de source de
vitamine. Du fait de son potentiel d'oxydoréduction, l'acide ascorbique est capable de
réduire l'oxygène moléculaire et les cytochromes a et c.
La vitamine E représente une exception car on ne lui connaît pas de fonction de coenzyme.
Elle agit comme antioxydant liposoluble. Il existe de nombreux isomères de tocophérol
possédant une chaîne latérale différente. Par ordre d'activité décroissante ce sont le D-
alpha-tocophérol, le D-béta-tocophérol, le D-gamma-tocophérol, le D-delta-tocophérol. Le
standard (1 UI) correspond à 1 mg d'acétate de DL-alpha-tocophérol. Les tocophérols sont
lipophiles et fonctionnent comme des antioxydants puissants, aussi bien dans les
membranes cellulaires qu'au niveau des lipoprotéines plasmatiques. Le mécanisme de
l'effet antioxydant, par réaction avec un ion peroxyde, est illustré dans la figure 4. Comme
les réactions de peroxydation interviennent au niveau des doubles liaisons des acides gras,
les besoins en vitamine E augmentent en cas d'ingestion de grandes quantités d'acides gras
poly-insaturés.
Figure 4 : Réduction d'un radical peroxyde au sein d'un acide gras par l'alpha-tocophérol
(vitamine E)
Réduction d'un radical peroxyde au sein d'un acide gras par l'alpha-tocophérol (vitamine E). L'alpha-
tocophéryl ainsi formé est réduit en alpha-tocophérol par oxydation de l'acide ascorbique (vitamine C).
nécessitants des oligo-éléments (sélénium, zinc) sont également mises en jeu au cours des
réactions d'oxydoréduction.
V PHYSIOPATHOLOGIE
Certaines carences produisent des tableaux cliniques assez spécifiques (tableau II) d'autres
non (troubles cutanés communs aux vitamines du groupe B). Malgré leur rôle central dans
le métabolisme cellulaire, des carences en certaines vitamines ne s'expriment
paradoxalement que par des signes non spécifiques et sans caractère majeur de gravité (par
exemple : acide pantothénique).
La recherche de signes biologiques de carence en vitamine peut faire appel à deux types
d'approche : mesurer directement le niveau de vitamines ou de métabolites dans un pool
représentatif ou mesurer une fonction qui dépend d'une vitamine.
Par exemple l'acide folique et ses dérivés peuvent être mesurés dans le plasma et les
érythrocytes, en effet une anémie mégalocytaire n'apparaîtra qu'à un stade de carence
beaucoup plus avancé. Inversement, pour la vitamine B1 (thiamine) des mesures
fonctionnelles effectuées in vitro et in vivo sont très sensibles. In vivo, il s'agira de la mesure
des taux plasmatiques d'acide pyruvique et d'acide lactique (taux qui s'élèvent en cas
d'apport de glucose, cf. figure 2). In vitro, il s'agit de la mesure de l'activité transcétolase sur
sang entier ou érythrocytes. Il est possible de mesurer cette activité avec ou sans addition de
thiamine pyrophosphate. En cas de déficience, l'addition de thiamine pyrophosphate
exogène entraînera une augmentation importante de cette activité, de plus de 20 %. Ceci
montre que le taux de vitamine est bien le facteur limitant.
V.2 MECANISMES
Les vitamines sont apportées par l'alimentation. En principe le besoin minimum obligatoire
correspond au remplacement des pertes. Par exemple, en supposant que 85 % de l'acide
ascorbique est absorbé et en mesurant un turn-over quotidien (mesures isotopiques) de
l'ordre de 40 à 50 mg chez l'adulte, on aboutit à une recommandation de l'ordre de 60 mg
par jour.
population et ne présenter aucune déficience. Des recommandations ont été établies pour
différents pays. Un exemple est indiqué dans le tableau VII.
Apports recommandés pour la population française (CNRS – CNERNA, 1992) : apports conseillés pour les
femmes adultes (donné à titre d'exemple).
Comme la notion de besoin minimum optimal pour une population dépend du critère
utilisé pour estimer son statut, que les études épidémiologiques sont lourdes et longues et
enfin qu'une population est faite de groupes hétérogènes, il existe de nombreuses
discussions concernant l'intérêt potentiel ou non de certaines supplémentations.
Les principales sources alimentaires sont rassemblées dans le tableau VIII. Il est
généralement admis qu'une alimentation diversifiée apporte les vitamines nécessaires. Il
peut ne plus en être de même en cas de traitement médicamenteux ou de maladie
diminuant l'absorption ou augmentant les besoins. Certains pays comme les États-Unis
supplémentent presque systématiquement les aliments courants (vitamines du groupe B
pour les farines, vitamine D pour le lait), d'autres comme la France, autorisent dans certains
cas, la restauration au niveau du taux présent dans l'aliment de départ, pour compenser les
pertes liées à certains procédés technologiques tels que la stérilisation.
Il est évident que la possibilité de survenues de carence d'apport dépend des paramètres
suivants : abondance de la vitamine dans des aliments très variés, capacité de synthèse
bactérienne ou à partir d'autres sources, importance du stockage par rapport aux besoins
quotidiens.
V.2.2 Malabsorption
Les carences en vitamines sont souvent les conséquences de malabsorptions digestives. Ceci
a deux conséquences : en cas de déficience vitaminique (anémie macrocytaire, diminution
des facteurs de la coagulation limitée aux facteurs vitamine K-dépendants...) il faudra
rechercher une anomalie digestive. Inversement, certaines anomalies digestives devront
faire prévoir un risque accru de déficience (tableau III).
Influence des pathologies sur ces besoins, exemples de l'acide folique et de la vitamine E.
L'acide folique (acide ptéroylglutamique) n'est que peu stocké. En cas de carence d'apport
les stocks seront épuisés après quelques mois. Les précurseurs apportés par l'alimentation
sont sous forme de polyglutamates. Des conjuguases, dont une présente au niveau de la
bordure en brosse des entérocytes de l'intestin grêle, permettent son absorption sous forme
de monoglutamate. Il existe un système de transport intestinal spécifique, cotransport activé
par les gradients d'ion H+. (Ce mécanisme a été bien étudié car il intervient également dans
l'absorption de certains médicaments utilisés en chimiothérapie : les antifoliques comme le
méthotrexate). Comme de plus il existe un cycle entéro-hépatique, les quantités qui sont
absorbées chaque jour sont supérieures aux quantités ingérées. Ainsi même si l'apport
quotidien n'est que de 50 µ g, c'est un minimum de 150 µg qui devra être réabsorbé. Le fait
qu'il existe plusieurs étapes mettant en jeu l'entérocyte et l'existence de ce cycle explique
qu'une maladie digestive avec lésion du grêle comme la maladie cœliaque entraînera plus
rapidement une déficience qu'une simple carence d'apport.
En liaison avec la vitamine B12, l'acide folique intervient dans la synthèse de l'ADN.
Certaines conditions caractérisées par un renouvellement cellulaire rapide comme une
anémie hémolytique chronique (par exemple drépanocytose homozygote avec destruction
accélérée des globules rouges nouvellement formés) augmentent les besoins en acide
folique. L'administration d'une supplémentation devient alors habituelle. Une autre
circonstance se caractérise par une synthèse cellulaire accrue : la grossesse. Il semble exister
des arguments concordants pour penser que l'existence en début de grossesse au moment
de l'organogenèse d'une carence maternelle en acide folique augmente le risque de certaines
anomalies du système nerveux central telles les spina bifida.
Des signes cliniques de déficience de carence en vitamine E peuvent s'observer dans deux
circonstances : chez le prématuré et en cas de malabsorption digestive majeure des lipides
(a-béta-lipoprotéinémie).
Chez le prématuré, cette carence se traduit par une anémie liée à une diminution de la
durée de vie des hématies. En cas d'a-béta-lipoprotéinémie, les anomalies neurologiques
(ataxie et rétinopathie) sont au premier plan.
La niacine présente une particularité remarquable : elle peut être synthétisée à partir du
tryptophane (environ 60 mg de tryptophane correspond à 1 mg de niacine). Une carence
particulière a été observée en cas d'alimentation très pauvre en viande et comprenant
la nicotinamide présente dans le maïs est complexée et est très mal absorbée.
Du fait de l'existence d'une synthèse microbienne dans le tube digestif et d'un stockage
hépatique, la carence en vitamine K est rare, sauf dans une circonstance particulière : chez le
nouveau-né, initialement stérile et sans stockage. La survenue de la « maladie
hémorragique du nouveau-né » est prévenue par l'injection intramusculaire systématique
de vitamine K à la naissance. Chez l'adulte, l'association d'une antibiothérapie prolongée et
d'une alimentation déplétée ou d'une malabsorption lipidique importante peut également
entraîner une carence.
La forme active est le pyrophosphate de thiamine qui intervient dans les réactions de
décarboxylation oxydative des céto-acides (alpha-cétoglutarate, pyruvate, céto-analogues
des acides aminés ramifiés) et de trancétolisation (cycle des pentoses).
Une carence profonde en thiamine entraîne une limitation des réactions enzymatiques dans
lesquelles intervient le TPP avec accumulation en amont des substrats (pyruvate converti
ensuite en acide lactique, céto-acides...). Les signes cliniques associent des signes généraux
(asthénie, anorexie, vomissements), neurologiques centraux et périphériques. Le béribéri
(carence d'apport au cours d'une alimentation essentiellement à base de riz décortiqué) se
caractérise par une polynévrite ou une insuffisance cardiaque. L'encéphalopathie de Gayet-
Wernicke avec confusion, amnésie, torpeur et signes d'atteinte cérébelleuse et motrice
réclame un traitement urgent. Elle se rencontre principalement chez l'alcoolique.
Ceci est également vrai en dehors de ces vitamino-dépendances : les besoins en certaines
vitamines sont proportionnels à la quantité de substrat qu'elles doivent aider à transformer.
Figure 5 : Inter-relation entre l'acide folique et la vitamine B12 lors des transferts de radicaux
méthyl
Ce sont les maladies digestives (gastrite atrophique avec achlorhydrie, gastrectomie...) qui
donneront lieu à des carences (anémie mégaloblastique et signes neurologiques de l'anémie
de Biermer en cas de gastrique atrophique autoimmune). Le test de Schilling consiste :
à administrer ensuite par voie orale une dose traceuse (marquage radioactif au
niveau du cobalt) de vitamine B12, combinée ou non au facteur intrinsèque. Comme
l'organisme a été saturé, l'excrétion urinaire de vitamine B12 marquée permettra
d'évaluer l'absorption digestive. En cas d'anomalie du grêle distal (résection
Le premier signe de déficit en rétinol est un retard à l'adaptation à la vision nocturne. C'est
cette adaptation qui intervient dans la vie courante lorsque l'on vient de croiser la nuit une
voiture dont les phares vous ont ébloui. A un stade plus avancé apparaissent des anomalies
cytologiques de la conjonctive puis, au maximum xérophtalmie et cécité (tiers monde).
La vitamine A, liposoluble, est stockée dans le foie. Un excès ne sera pas éliminé dans les
urines. Les capacités des transporteurs plasmatiques et cellulaires peuvent être dépassées.
Cette vitamine devient alors toxique. Une toxicité aiguë est observée surtout chez le
nourrisson après des doses uniques importantes (supérieures à 100 mg soit 300 000 UI) et se
traduit par des signes d'hypertension intracrânienne.
Une toxicité chronique peut être observée en cas d'ingestion répétée de doses au moins
supérieures à 10 fois les doses recommandées (> 14 000 UI chez l'enfant). Elle entraîne des
VII ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
Bender D.A. : Nutritional biochemistry of the vitamins. Cambridge : Cambridge
University Press, 1992.
Munnich A., Ogier H., Saudubray J.M., éditeurs. : Les vitamines. Aspects
métaboliques, nutritionnels et thérapeutiques. Paris : Masson, 1987.
Murray RK., Granner D.K., Mayes P.A., Rodwell V.W., éditeurs. : Harper's
biochemistry, 22e édition. Norwalk : Apppleton & Lange, 1990.
Shils M.E., Young V.R., éditeurs. : Modern nutrition in health and disease, 7e éd.
Philadelphia : Lea & Febiger, 1988.
Les oligo-éléments
II.1 L'absorption................................................................................................................. 14
Bibliographie ...................................................................................................................................... 19
INTRODUCTION
Longtemps considérés comme des facteurs marginaux de la biologie et de la nutrition de
l'homme, les oligo-éléments ont gagné ces dernières années leurs lettres de noblesse et
connaissent même un engouement excessif auprès du grand public. L'émergence de ces
nutriments n'est pas qu'un facteur de mode, mais surtout le résultat de progrès
considérables sur la connaissance du fonctionnement des enzymes, de l'hormonologie, de
l'immunologie et de la biologie moléculaire qui ont montré le rôle important joué par ces
éléments dans ce domaine.
La propriété la plus importante pour expliquer le rôle de ces minéraux est leur
extraordinaire faculté de se fixer sur des protéines, modifiant en se fixant la forme de ces
protéines et en changeant alors les propriétés. L'existence de ces protéines appelées
métalloprotéines explique aussi bien le métabolisme que le mode d'action de la plupart des
oligo-éléments.
Leur définition donnée au début du siècle par Gabriel Bertrand est avant tout analytique,
par opposition aux éléments chimiques majeurs du corps humain (tableau I), les oligo-
éléments sont présents à une teneur inférieure à 1 mg/kg de poids corporel.
Tableau I : Comparaison de la teneur (en g/Kg) en éléments chimiques du corps humain (d'après
Schrœder) et de l'écorce terrestre (d'après Clark)
Toutefois Gabriel Bertrand avait déjà pressenti le caractère indispensable de certains d'entre
eux.
Les oligo-éléments essentiels sont ceux qui répondent aux critères fixés par Cotzias :
être présents dans les tissus vivants à une concentration relativement constante ;
Actuellement grâce aux progrès des méthodes d'analyse, de la purification des nutriments
de base (eau, glucides, protéines, vitamines), à l'amélioration des conditions d'élevage
(cages en quartz, air ultrafiltré) un nombre croissant d'oligo-éléments ont été démontrés
essentiels à des doses infimes chez l'animal.
Or, pour les derniers éléments (Cd, Pb, As), dont les carences expérimentales ont montré
des perturbations chez l'animal, aucun signe de carence n'a encore pu être observé chez
l'homme. Compte tenu du niveau élevé d'apport par la pollution de notre environnement
ces oligo-éléments se trouvent dans notre organisme à un niveau moyen plus proche du
niveau toxique.
Une des particularités des oligo-éléments est effectivement qu'ils peuvent tous provoquer
des désordres importants lorsqu'ils sont apportés à des taux trop élevés dans l'alimentation
humaine.
Il convient de ne jamais oublier cette particularité que l'effet de l'apport d'un oligo-élément
dépend de la dose. Lorsque l'oligo-élément est essentiel l'absence comme l'apport massif
seront létaux.
On peut distinguer :
Les oligo-éléments essentiels à risque de carence démontré chez l'homme : Iode, Fer,
Cuivre, Zinc, Sélénium, Chrome, Molybdène, (Fluor*).
Il est certes délicat d'émettre une explication finaliste, toutefois certaines hypothèses
expliquent ce caractère indispensable des éléments traces. Dès l'origine de la vie ils étaient
présents à l'état de trace dans la mer originelle où les cellules vivantes sont apparues. Ces
métaux possédaient des propriétés naturelles de catalyseurs, notamment d'oxydoréduction.
Les premiers êtres vivants, ayant à réaliser des opérations de catalyses pour se procurer leur
énergie, ne pouvaient pas ne pas utiliser ces traces de métaux pour lier et maîtriser
l'oxygène qui venait d'apparaître sur terre. Il est d'ailleurs intéressant de noter que la teneur
relative des minéraux dans les liquides du corps est proche de celle de l'eau des mers.
D'autre part, leur faible teneur en faisait des candidats idéaux pour être utilisés comme
messagers et servir à la cellule d'indicateurs de l'état du milieu extérieur, puis à l'organisme
de ses apports alimentaires. Ces deux fonctions : catalyse et contribution au message
hormonal constituent la base de l'action des oligo-éléments.
Il s'agit d'un phénomène fondamental, car, à de rares exceptions, les métaux n'apparaissent
jamais à l'état d'ions libres dans l'organisme ; ils sont absorbés, transportés, mis en réserve
et agissent liés à une protéine. Les métaux peuvent présenter deux types de liaisons avec les
protéines :
des liaisons ioniques : c'est le cas des métaux alcalins ou alcalino-terreux (Na, K,
Ca) chargés positivement qui forment alors par liaison ionique des protéinates très
facilement dissociables avec les groupements acides de la protéine chargés
négativement ;
des liaisons de coordination : ces liaisons proches de la liaison covalente sont celles
de tous les oligo-éléments métalliques qui forment avec les protéines des complexes
de force variable et qui lorsqu'ils sont difficilement dissociables constituent des
métalloprotéines.
Cette possibilité de former des complexes qu'ont les oligo-éléments, provient du fait qu'il
s'agit en majorité d'éléments de transition, qui à l'état ionisé possèdent des orbitales
incomplètes. Ils peuvent donc former des orbitales d'hybridation avec des atomes voisins
appelés ligands fournissant par coordinance les deux électrons occupant la nouvelle
orbitale.
Les coordinances les plus fréquentes seront d'ordre 4 ou 6 ; les oligo-éléments légers tel le
zinc donnant essentiellement des complexes à coordinance égale à quatre, les autres
éléments donnant généralement des coordinances égales à six.
On voit sur la figure 1 que ce type de complexe aboutit à une structure géométrique fixe,
ceci nous permet déjà de comprendre le rôle des métaux dans le maintien de la structure
tertiaire des protéines, puisque les atomes de ligands fournis par la protéine devront
occuper des positions fixes dans l'espace imposé par le type de coordinance du métal.
Figure 1 : Mode de liaison d'un atome de zinc à un enzyme à zinc, l'alcool déshydrogénase
Mode de liaison d'un atome de zinc à un enzyme à zinc, l'alcool déshydrogénase. Le zinc réalise quatre
liaisons rigides ayant la forme d'une pyramide tétraédrale avec deux molécules de cystéine, une molécule
d'histidine de la chaîne protéique et une molécule d'eau.
Les ligands fournissant les atomes de coordination qui se lient au métal seront, soit des
hétéroatomes des groupements fonctionnels de la protéine (groupes aminés, thiols,
imidazols), soit les atomes impliqués dans la liaison peptidique elle-même, soit les atomes
d'un groupement prosthétique de type héminique ou corrinique lui-même fixé à la protéine
comme l'hème de l'hémoglobine.
Des études faites et regroupées par Williams établissent un lien entre chaque oligo-élément
et un type de ligand, les seuls liens que l'on puisse bien individualiser sont l'affinité du
manganèse pour l'oxygène, du cuivre pour l'azote, du zinc et du cadmium pour le soufre.
La plupart des oligo-éléments sont des métaux de transition et peuvent donc se lier aux
molécules de protéines que sont les enzymes, en changeant leur forme dans l'espace, et
donc en modifiant leur vitesse de réaction. Cette liaison d'un métal à un enzyme est
généralement très spécifique d'un métal pour un enzyme donné. Le métal se comporte alors
comme un cofacteur indispensable à l'activité enzymatique au même titre que les
coenzymes qui sont des cofacteurs organiques issus des vitamines, tel le phosphate de
pyridoxal issu de la vitamine B6.
Un très grand nombre de métallo-enzymes a pu être identifié chez les êtres vivants, dont
plus de 200 enzymes pour le seul atome de zinc. Un exemple de la structure de ces enzymes
à zinc, l'anhydrase carbonique, est donné en figure 2.
Structure de l'anhydrase carbonique montrant l'atome de zinc au centre de la molécule protéique (bille noire).
Ces enzymes sont présents dans de très nombreux métabolismes (lipides, glucides,
protéines, ADN...) et, régulent de très nombreuses fonctions (reproduction, croissance,
fonctionnement du cerveau...). Une baisse de la teneur des cellules en un oligo-élément
donné se traduira par une baisse d'activité des enzymes ayant cet oligo-élément comme
cofacteur.
C'est le cas du cobalt complexé au sein du cycle corrinique de la vitamine B 12, mais aussi
du molybdène qui entre dans une structure organique appelée molybdo-bioptérine.
Dans ce cas le métal n'est pas un cofacteur directement lié à l'enzyme mais entre dans la
composition d'un coenzyme organique dissociable.
Le mode d'action des oligo-éléments vis-à-vis des hormones est très diversifié. Ils peuvent
participer comme cofacteurs d'enzyme à la synthèse de molécules hormonales, ainsi le zinc
est un cofacteur de la delta-5 réductase du métabolisme de la testostérone produisant la
dihydrotestostérone ou des delta-9 désaturases du métabolisme des prostaglandines.
Mais les oligo-éléments peuvent agir aussi au niveau du récepteur hormonal soit en
facilitant, soit en inhibant la fixation de l'hormone sur son récepteur membranaire.
Une découverte récente a permis de comprendre l'action du zinc sur une famille de
protéines dont le rôle est de pénétrer dans la chaîne d'ADN à un endroit précis, au niveau
d'un gène, pour ouvrir cette chaîne et permettre la lecture de ce gène par la RNA
polymérase DNA dépendante (figure 3).
Figure 3 : Fixation au niveau d'un gène d'un facteur de transcription de l'ADN, fonctionnant
comme une protéine dactyle à zinc et pourvu de deux doigts de zinc
Fixation au niveau d'un gène d'un facteur de transcription de l'ADN, fonctionnant comme une protéine
dactyle à zinc et pourvu de deux doigts de zinc.
Ces protéines très importantes dans la régulation des gènes sont des « Zinc Finger
Proteins » ou protéines à doigt de zinc, qui possèdent dans leur séquence des molécules de
cystéine ou d'histidine régulièrement espacées qui leur permettent, en fixant du zinc, de
prendre une structure opérationnelle en hélice alpha qui va s'intercaler dans la zone
complémentaire de l'ADN.
Un nombre considérable de ces protéines (tableau II) a déjà été isolé, dont le récepteur des
stéroïdes ou le récepteur de l'acide rétinoïque et de nombreux facteurs de croissance ou des
facteurs de transcription du génome. Cette action du zinc, indispensable à ces récepteurs
hormonaux ou ces facteurs de croissance ou de différenciation, explique son action positive
sur la multiplication ou la différenciation cellulaire, ainsi sans doute que l'effet tératogène
des carences en cet élément.
Tableau II : Liste des facteurs nucléaires de transcription possédant des doigts de zinc et classés
selon la nature des complexes formés avec le zinc et créant un doigt de zinc
Liste des facteurs nucléaires de transcription possédant des doigts de zinc et classés selon la nature des
complexes formés avec le zinc et créant un doigt de zinc (cys = cystéine, His = histidine, X = nombre d'acides
aminés séparant les cystéines ou histidines). Ainsi les facteurs possédant 4 cystéines complexant le zinc
s'écrivent : Cys(X)n Cys (X)n Cys (Xn) Cys (X)n (d'après Helbecque).
Des molécules comme la transferrine ou la thymuline jouent de tels rôles en liaison avec des
oligo-éléments. La thymuline, hormone découverte par Bach, ne devient active que si elle
est complexée par du zinc, ce qui induit un changement de structure spatiale de ce
nonapeptide, lui permettant alors de faciliter la prolifération des lymphocytes.
Les oligo-éléments participent aussi à la lutte contre les radicaux libres de l'oxygène,
conséquence parfois heureuse, parfois toxique de la vie aérobie. Depuis leur passage à la vie
aérobie, les êtres vivants ont appris non seulement à vivre avec l'oxygène, mais surtout à
l'utiliser sous toutes ses formes y compris ses espèces radicalaires, notamment comme
moyen de défense antibactérien. Toutefois il s'agit de formes chimiques extrêmement
réactives, donc potentiellement dangereuses. Les principaux mécanismes permettant de
faire passer l'oxygène à l'état radicalaire (oxygène singulet, anion superoxyde, radical
hydroxyl) par une ou plusieurs réductions monovalentes sont : l'activation de cellules
(macrophages, monocytes, polynucléaires, cellules endothéliales), la présence dans un tissu
de traces de fer ou d'un métal toxique (nickel, plomb, arsenic) non lié aux protéines, l'auto-
oxydation ou l'oxydation par le cytochrome P 450 de composés organiques xénobiotiques
(herbicides, médicaments...) ou endogènes (catécholamines), l'effet des rayonnements
ultraviolets ou ionisants (rayons X, gamma), le fonctionnement anormal de la chaîne
respiratoire mitochondriale...
Il est actuellement établi que les radicaux libres oxygénés sont impliqués dans les
phénomènes de cytotoxicité et de mutagenèse, entrant en jeu au niveau cutané dans les
processus d'héliodermie et de carcinogenèse, au niveau cérébral dans la maladie de
Parkinson et d'Alzheimer, au niveau circulatoire dans l'athérome et les lésions post-
ischémiques, dans l'insuffisance pulmonaire, l'inflammation, la cataracte et de nombreuses
autres maladies liées au vieillissement. Les cibles biologiques de l'agression radicalaire sont
nombreuses (protéines, ADN, membranes, lipoprotéines...) et diversement atteintes. Pour
maintenir leur intégrité, les cellules sont pourvues de molécules, telles certaines vitamines
(C, E, carotènes) capables de piéger et d'inactiver les radicaux libres (piégeurs dits
« scavengers ») et de systèmes enzymatiques antiradicalaires (figure 4) comprenant les
superoxydes dismutases à cuivre et zinc, ou à manganèse, les catalases, les glutathions
peroxydases sélénodépendantes. Toutes ces enzymes utilisent des cofacteurs oligo-
éléments, cuivre, zinc, manganèse, sélénium qui sont donc appelés oligo-éléments
antioxydants.
Les êtres vivants disposent ainsi, en partie grâce aux oligo-éléments, de moyens efficaces
pour protéger leurs cellules, de systèmes de limitation de la production des radicaux
Bien qu'étant présents à l'état de trace, ils peuvent renforcer la solidité de certains tissus : le
Fluor en remplaçant un hydroxyl dans l'hydroxyapatite des os et des dents, le Silicium en
reliant les fibres de collagène à celles de mucopolysaccharides des tissus conjonctifs.
Le rôle des oligo-éléments s'exerce donc de façon variée sur des mécanismes fondamentaux
(enzymes, hormones, mécanismes de défense...), qui deviendront défaillants en cas
d'apports insuffisants en ces nutriments.
A la lumière des connaissances plus ou moins définitives acquises dans les destinées
métaboliques de certains éléments, nous avons tenté de symboliser de façon synthétique et
schématique ce qu'il est possible d'envisager comme les différentes étapes du métabolisme
d'un oligo-élément.
II.1 L'ABSORPTION
Les mécanismes impliqués vont donc varier selon la forme du métal et relèvent soit de la
diffusion simple qui est un mécanisme peu efficace, soit d'un transport actif ou passif par
transporteur protéique ou par un transporteur de molécules organiques, le métal étant
complexé (Cu et histidine) ou substitué (Se et méthionine) à des acides aminés ou des
vitamines, il est alors absorbé sur un « hôte vecteur » tel un parasite, soit enfin d'un
stockage dans la cellule intestinale permettant souvent par des protéines peu spécifiques
telles les métallothionéines une fixation sur le lieu même d'absorption en cas d'apport
rapide ou une élimination par desquamation en cas d'apports toxiques.
des petites molécules (acides aminés, vitamines) avec lesquels ils forment des
complexes ;
des protéines non spécifiques telle l'albumine qui grâce à ses sites de fixation peut
non seulement transporter des acides gras libres, la bilirubine etc., des médicaments
mais aussi de nombreux métaux ;
Il faut toutefois être très rigoureux dans la définition d'un transporteur métallique ; en effet
cette notion ne signifie pas simplement l'existence d'une métalloprotéine dans le plasma,
mais exige que cette protéine soit susceptible de capter aisément le métal d'un endroit de
l'organisme pour le transporter à un autre et le céder à ce tissu. Ainsi la céruloplasmine
semble plus, à l'heure actuelle, devoir être considérée comme une enzyme sérique oxydant
le fer ou les amines biogènes du plasma que comme le transporteur actif du cuivre absorbé
lors de la digestion, rôle qui doit être dévolu aux acides aminés et à la sérum albumine.
II.3 LE STOCKAGE
Le stockage : s'il est le plus souvent hépatique, il est aussi possible dans d'autres tissus ; ici
encore une certaine prudence s'impose pour définir sans ambiguïté la forme de stockage. Il
faut confronter les estimations de la teneur des tissus en métaux qui ne sont que des
éléments statiques aux mesures dynamiques réalisées à l'aide d'isotopes radioactifs
permettant de mieux apprécier le turn-over de l'élément. En effet les tissus les plus riches
peuvent contenir le métal sous une forme métaboliquement non utilisable, ce qui est
souvent le cas du tissu osseux.
Dans les tissus, le métal peut aussi se fixer sur des protéines dites de stockage, soit
spécifiques comme la ferritine, soit non spécifiques comme les métallothionéines qui par
leurs nombreux groupes thiols (elles contiennent 50 % de cystéine) retiennent de nombreux
métaux (cuivre, zinc, manganèse, cadmium, plomb ou mercure), voir figure 5.
Structure des métallothionéines (dans le cas de la molécule représentée les groupements thiols des cystéines
sont saturés par des atomes de cadmium).
L'utilisation tissulaire : dans les tissus, les métaux ont diverses destinées. Ils peuvent être
mis en réserve par incorporation ici encore dans des protéines de stockage ; mais la
remarque déjà faite à propos du cuivre doit inciter à une certaine prudence, car de
nombreuses cuproprotéines tissulaires se sont ultérieurement avérées en effet être des
enzymes : la superoxyde dismutase en est un exemple.
Ils peuvent être métabolisés, oxydés ou réduits sous l'influence d'enzymes spécifiques, c'est
le cas du cobalt, ou être méthylés comme le sélénium, le cobalt, le mercure, l'arsenic ; cette
méthylation implique comme coenzyme la vitamine B12 méthylée et peut aboutir soit à des
dérivés volatils aisément éliminés, soit à des dérivés toxiques.
Ils peuvent enfin être incorporés dans des enzymes : ce qui est nous l'avons vu, leur rôle
majeur.
II.5 L'EXCRETION
L'excrétion : bien que de nombreux tissus puissent participer à l'excrétion des métaux (le
poumon pour les méthyl-métaux, la peau par la sueur), l'essentiel du rôle excrétoire reste
l'apanage du rein et de la bile.
L'élimination urinaire est elle, prépondérante pour les métaux éliminés sous forme
« séquestrée » tel le cobalt dans la vitamine B 12 ou sous forme anionique tel le molybdate.
L'homéostasie des métaux est assurée par la régulation de leur taux d'absorption
intestinale, ou par les régulations de leur taux d'excrétion biliaire ou urinaire. Il existe pour
certains métaux une influence hormonale, ce qui explique l'existence des cycles
nycthéméraux.
Cette régulation se fait par l'induction des protéines de stockage intra cellulaires telles les
métallothionéines. Si nous prenons l'exemple de la régulation du métabolisme du zinc, nous
observons que la régulation de l'absorption se fait dans la cellule intestinale selon le schéma
de la figure 6. Un excès de zinc a un effet inducteur sur le gène des métallothionéines
augmentant la teneur intra cellulaire en ces protéines. Ces protéines fixent alors le zinc en
excès dans la cellule, l'empêchant de la traverser rapidement pour gagner le plasma
sanguin. Comme les cellules intestinales constituent un épithélium à multiplication rapide
et desquamant rapidement, le zinc en excès fixé aux métallo-thionéines sera éliminé dans
les selles avec les cellules desquamées empêchant l'absorption d'un excès. Inversement en
cas d'apport alimentaire pauvre en zinc la cellule intestinale ne contient que très peu de
métallothionéines et le zinc traverse très vite la cellule et passe dans le sang. Le schéma de
mécanisme est reproduit en figure 6. Ce mécanisme conditionne le rendement d'absorption
du zinc à la richesse des aliments. Par contre, il pourra se dégrader dans des situations
comme le vieillissement entraînant une moins bonne absorption du zinc. De plus les
métallothionéines n'étant pas très spécifiques mais pouvant aussi fixer des métaux toxiques
III ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
Bach J.F., Pléau J.M., Savino W., Laussac J.M., Cung M.T., Lefrancier P., Dardenne
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with nutritional supplementation of selenium in China. Biol. Trace el. res., 1991, 29 ;
289-294.
Régulation physiologique du
comportement alimentaire
VI Annexes ...................................................................................................................................... 18
Glossaire .............................................................................................................................................. 18
INTRODUCTION
Le comportement alimentaire désigne l'ensemble des conduites d'un individu vis-à-vis de la
consommation d'aliments. La principale fonction physiologique de ce comportement est
d'assurer l'apport des substrats énergétiques et des composés biochimiques nécessaires à
l'ensemble des cellules de l'organisme. Il s'agit d'un comportement finement régulé. Sa
régulation entre dans le cadre plus général de la régulation de l'homéostasie énergétique
qui vise à assurer une situation d'équilibre énergétique (cf. glossaire) et permet de maintenir
constant un niveau donné de masse grasse. Il existe également une régulation qualitative du
choix des nutriments, démontrée par des expériences provoquant une carence protéique ou
ionique qui montrent que l'animal carencé oriente son choix vers les aliments qui
compensent cette carence. Toutefois cette dernière régulation n'a pas été démontrée chez
l'homme et les voies régulatrices sont peu connues Comme tous les comportements, le
comportement alimentaire est contrôlé par le système nerveux central (SNC). Il est
actuellement admis que les principaux centres de contrôle du comportement alimentaire se
trouvent au niveau de l'hypothalamus. Les notions classiques opposant un centre de la faim
(cf. glossaire) et un centre de la satiété ont été compliquées par la découverte progressive
d'un grand nombre de neuromédiateurs, de récepteurs et de populations neuronales. Ces
circuits neuronaux reçoivent par voie nerveuse et hormonale, des informations sur le statut
énergétique de l'organisme permettant d'adapter avec une très grande précision les apports
aux besoins. Cette régulation physiologique est modulée par des facteurs psychologiques,
sociaux et environnementaux qui peuvent la perturber, expliquant la fréquence de l'obésité.
Une phase postprandiale, caractérisée par l'état de satiété (cf. glossaire) dont la durée
est variable.
La régulation des apports alimentaires peut se faire à la fois sur la quantité d'aliments
ingérés au cours d'un épisode de prise alimentaire, ce qui met en jeu le processus de
rassasiement, et sur la durée de l'intervalle entre deux prises alimentaires, qui correspond à
la période de satiété et dépend notamment de l'action des facteurs de satiété de court terme
décrits ultérieurement. Le comportement alimentaire est également dépendant de la
disponibilité alimentaire qui constitue un facteur de régulation environnemental.
II.1 L'HYPOTHALAMUS
Des expériences réalisées dans les années 1940 ont montré que des stimulations électriques
ou des lésions de régions spécifiques de l'hypothalamus modifiaient la prise alimentaire.
Ces expériences avaient conduit à identifier un centre de la faim et un centre de la satiété.
Les travaux de recherche de ces dernières années ont permis de mettre en évidence chez
l'animal des populations neuronales exprimant des neurotransmetteurs spécifiques qui
médient des effets sur la prise alimentaire et la dépense énergétique et sont régulés par des
signaux spécifiques de l'état nutritionnel. Leur importance fonctionnelle, leurs interactions
mutuelles et surtout leur rôle physiologique réel, en particulier chez l'homme reste
cependant loin d'être défini.
Anatomie de l'hypothalamus : A section frontale montrant les positions respectives des différents noyaux :
ARC noyau arqué, VMH hypothalamus latéral, PVN, noyau paraventriculaire, LHA hypothalamus latéral. B
section sagittale (in G Williams et coll, Physiology and Behavior 2001 ; 74 : 683-701).
Le noyau arqué joue un rôle fondamental dans la signalisation des messages périphériques
aux autres structures pour plusieurs raisons :
Il est la seule zone de l'hypothalamus exprimant la synthase des acides gras, il est de
ce fait sensible aux métabolites intermédiaires du métabolisme des acides gras.
Le noyau paraventriculaire est un centre intégrateur, recevant des projections des neurones
NPY/AGRP et POMC/CART et riche en terminaisons contenant des neurotransmetteurs
impliqués dans la modification de l'appétit.
noyau du tractus solitaire sur qui convergent les informations d'origine vagale
Les signaux de régulation à court terme : ces signaux ne sont pas générés
proportionnellement à la masse adipeuse, mais ils sont directement liés à la prise
alimentaire. Ils incluent des informations sensorielles, neurales et humorales
élaborées pendant la prise alimentaire, la digestion et la métabolisation des
nutriments. La durée d'action de ces signaux correspond à l'intervalle interprandial.
Ils interviennent sur le volume et la durée de la prise alimentaire qui les génère, sur
la durée de la période de satiété qui fait suite à cette prise alimentaire, mais aussi sur
le rassasiement lors de la prise alimentaire suivante.
Les signaux de régulation à long terme : Ces facteurs sont essentiellement de nature
hormonale, leur intensité est liée à l'adiposité, leur action est retardée par rapport à
la prise alimentaire. Ils agissent en modulant l'impact des signaux à court terme sur
les régions cérébrales qui contrôlent la prise alimentaire et en exerçant des effets
directs sur les voies hypothalamiques contrôlant l'équilibre énergétique.
La satiété
Dès le début du repas, le système nerveux reçoit des signaux périphériques, interagissant
entre eux et désignés collectivement par le terme « cascade de la satiété » (fig. 3).
La cascade de la satiété (Blundell JE Stubbs RJ, Eur J Clin Nutr 1999, 53, S1-S163).
Pendant la phase ingestive, la prise alimentaire est modulée par des facteurs sensoriels :
aspect, goût, odeur et texture des aliments. Elle est augmentée si les aliments sont palatable
(cf. glossaire) s alors qu'elle s'arrête très vite si la sensation est désagréable. Cette régulation
sensorielle de la prise alimentaire est modulée par deux phénomènes :
La distension gastrique : l'arrivée des aliments dans l'estomac stimule les mécanorécepteurs
de la paroi gastrique qui, par voie vagale, transmettent les informations au système nerveux
central. Cet effet est toutefois transitoire.
Les hormones et peptides entéro-digestifs : l'arrivée des aliments dans le tube digestif entraîne la
sécrétion d'un certain nombre d'hormones ou de peptides (insuline, cholécystokinine PYY
3-36, bombésine, entérostatine, glucagon-like peptide-1, apoprotéine A-IV…) qui réduisent
la prise alimentaire. L'importance physiologique de la plupart de ces peptides n'est pas
encore établie. Trois d'entre eux jouent un rôle important et démontré chez l'homme dans la
satiété postprandiale : la cholécystokinine et l'insuline et le PYYY 3-36.
L'insuline. La sécrétion d'insuline pendant la période post prandiale est stimulée par
l'arrivée de glucose dans la circulation porte. L'effet de l'insuline sur la prise
alimentaire dépend de la dose et de la voie d'administration. L'insuline injectée dans
la veine porte hépatique n'affecte pas la prise alimentaire, mais lorsqu'elle est
Le métabolisme des substrats énergétiques génère des signaux qui permettent au cerveau
de contrôler la prise alimentaire. La diminution de l'utilisation du glucose, de l'oxydation
des acides gras ou du contenu intra-hépatique de l'ATP augmente la prise alimentaire. Le
catabolisme des glucides et des lipides conduit à la phosphorylation oxydative et à la
production d'ATP. Ainsi, il apparaît que l'oxydation intra-hépatique et/ou intra cérébrale
des substrats génère des signaux qui modifient la prise alimentaire du repas suivant. Un
certain nombre d'observations suggèrent que la production hépatique d'ATP est un
mécanisme contrôlant la prise alimentaire.
Mise en évidence
Ils interviennent notamment en réglant les temps et les normes de la prise alimentaire. C'est
ainsi que le temps qui sépare deux prises alimentaires n'est pas, chez l'homme, réglé
uniquement par la durée de la satiété mais aussi par des règles sociales (les heures de repas)
ou les impératifs de l'emploi du temps qui peuvent amener à avancer ou retarder une prise
alimentaire. L'apprentissage alimentaire de la petite enfance et les habitudes alimentaires
familiales conditionnent aussi le comportement alimentaire futur de façon notable. De
même, la perception culturelle de l'idéal corporel (minceur ou au contraire rondeur voire
obésité selon les cultures) peut influencer le comportement alimentaire.
Même s'il s'agit d'un comportement motivé par des nécessités internes d'ordre énergétique,
la prise alimentaire reste un comportement volontaire, qui obéit à la décision consciente de
Elle a un impact notable sur la quantité d'aliments ingérés par un individu. Ainsi, à l'échelle
de populations dont le mode de vie a changé rapidement, il a été clairement démontré que
le passage d'un mode de vie traditionnel (alimentation obtenue par la chasse, la cueillette,
voire une agriculture et un élevage traditionnels) à un mode de vie urbain occidental
(alimentation facilement disponible, abondante et peu onéreuse) se traduit par une
augmentation de la quantité d'énergie ingérée et par une augmentation de la masse grasse.
La composition de l'alimentation
Les principaux nutriments énergétiques sont les glucides et les lipides dont les proportions
respectives varient inversement. Lorsque le pourcentage de lipides est élevé dans
l'alimentation, l'apport énergétique spontané tend à être plus élevé que lorsque
l'alimentation est riche en glucides. Les lipides tendent en effet à provoquer une
surconsommation énergétique pour deux raisons : ils on une densité énergétique plus
élevée (9 calories/g) et à volume ingéré constant apportent donc davantage d'énergie ; par
ailleurs ils sont plus palatables, à la fois par la texture agréable qu'ils donnent aux aliments
(crémeuse ou croquante), et par leur rôle de renforçateur d'arômes. De plus les lipides
stimulent moins la sécrétion de leptine que les glucides et pourraient ainsi exercer un effet
inhibiteur moindre sur la prise alimentaire à long terme.
V POUR APPROFONDIR
Le niveau des réserves énergétiques est stable sur le long terme pour un individu donné,
mais ce niveau est variable suivant les individus entre les individus et, pour un même
individu, il peut varier au cours de la vie.
Le NPY
Les neurones sensibles au glucose sont des neurones qui utilise le glucose non comme un
substrat énergétique, mais comme un signal modifiant la fonction de la cellule et l'activité
neuronale. L'importance de ces neurones a été soulignée par la démonstration d'obésité
VI ANNEXES
GLOSSAIRE
équilibre énergétique : situation où l'apport énergétique résultant de la prise
alimentaire est égal à la dépense d'énergie de l'organisme. Une situation d'équilibre
se traduit par la stabilité du niveau des réserves énergétiques, et donc de la masse
grasse et du poids qui en sont le reflet.
faim : état ou sensation perçue de façon consciente comme une nécessité interne qui
se traduit par une augmentation de la motivation à rechercher des aliments et à
initier une prise alimentaire.
repas : prise alimentaire normée. La prise d'un repas, répond à des facteurs
socioculturels qui influencent la répartition de la prise alimentaire dans la journée.
CONCLUSION................................................................................................................................... 34
Bibliographie ...................................................................................................................................... 35
I DESCRIPTION
Elles peuvent se manifester sous forme d'épidémies difficiles à contrôler, et figurer au rang
des maladies émergentes. Les actuelles endémies et flambées épidémiques d'origine
alimentaire sont un exemple de l'évolution des technologies. Elles ont en commun : le rôle
de l'industrialisation, l'ampleur des réseaux de distribution modernes souvent
internationaux, le caractère non prévu d'une faille survenant à un de ces niveaux ou à celui
de la consommation, la vaste dissémination des cas et l'absence ou la rareté des
contaminations interhumaines sauf dans les crèches. On peut citer les épidémies surtout
américaines de diarrhées hémorragiques dues au colibacille bovin 0157 : H7, les listérioses
et les salmonelloses, qui proviennent toutes trois d'un réservoir animal.
ou à haut risque. Le lien avec la consommation d'aliments dits « à risque » a surtout été
documenté à toxi-infections ou d'infections collectives d'origine alimentaire ou hydrique.
Les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) sont fréquentes et parfois graves. Elles
représentent un véritable problème de santé publique et sont, de ce fait, incluses parmi les
maladies transmissibles à déclaration obligatoire. Un foyer de TIAC est défini par
l'apparition d'au moins deux cas d'une symptomatologie, en général digestive, dont on peut
rapporter la cause à une même origine alimentaire. La surveillance, le contrôle et la
prévention des TIAC nécessitent une collaboration étroite entre les médecins, les
vétérinaires, les épidémiologistes et les professionnels de la restauration collective et du
secteur agro-alimentaire.
I.1 ÉPIDEMIOLOGIE
Le terme de toxi-infection alimentaire, ancien, est consacré par l'usage. Il constitue un vaste
cadre nosologique comprenant des infections pures (envahissement muqueux), des
intoxications pures, des maladies associant envahissement et toxinogenèse.
I.1.1 Fréquence
Les TIAC sont très fréquentes, y compris dans les pays à haut niveau de vie économique.
Elles sont en rapport avec la consommation d'aliments contaminés par certaines bactéries
ou leurs toxines.
Les collectivités habituellement concernées sont les crèches, les hôpitaux et les restaurants
de collectivités.
En France, en 1991, 647 foyers ont été déclarés, comportant 9000 malades ; et en 1992, 732
foyers comportant 12020 malades. 6189 cas ont été rapportés entre décembre 1994 et mars
1995 en situation épidémique, à la suite de la mise en place d'un réseau sentinelle.
Les TIAC en milieu familial sont dues à S. enterica enteritidis et génèrent relativement peu de
malades. En milieu scolaire, elles sont dues principalement à C. perfringens et S. aureus et
touchent un nombre de personnes très important.
I.1.2 Gravité
La gravité des cas est estimée à partir du taux d'hospitalisation des malades qui est
globalement de 10 %, et du taux de mortalité, d'environ 0,5 ‰ malades.
Dans la population définie à haut risque individuel (cf. supra), la mortalité due aux
épisodes diarrhéiques est de 11 % pour les sujets d'âge inférieur à 5 ans, de 27 % entre 55 et
74 ans, de 50 % au-delà de 75 ans.
Les TIAC survenues en restauration collective représentent 70 % des foyers, dont un tiers en
milieu scolaire.
Un aliment est suspecté ou confirmé dans 80 % des foyers. Les viandes et notamment les
volailles, ainsi que les aliments préparés à base d'œufs sont les principaux véhicules des
germes des TIAC.
Bien que la surveillance épidémiologique des TIAC se soit améliorée, il faut savoir que les
informations épidémiologiques disponibles sont probablement sous-estimées et
partiellement biaisées en raison d'une insuffisance de déclaration des foyers de TIAC.
I.2 PHYSIOPATHOLOGIE
Il n'y a pas de destruction cellulaire ou villositaire. La diarrhée est aqueuse, il n'y a pas de
leucocytes, ni de sang dans les selles. La fièvre est absente ou modérée. Le risque de
déshydratation aiguë est important. La diarrhée cesse en 3 à 5 jours, dès que la population
entérocytaire s'est régénérée ou a retrouvé une fonction normale.
Il est important d'avoir une vue d'ensemble sur les différents agents susceptibles de
provoquer une TIAC, leur réservoir et leur mécanisme de pathogénicité (ou aspects
physiopathologiques) (tableau I).
Les Salmonella non typhiques sont les bactéries les plus fréquemment en cause dans les
toxi-infections alimentaires. La dose infectante doit être supérieure aux capacités de défense
du tube digestif, et on admet que la dose minimale infectante est généralement supérieure
ou égale à 105 bactéries.
Leur réservoir est très large et s'étend à tout le monde animal. Les aliments les plus
fréquemment mis en cause sont les œufs (S. enteritidis), la viande, plus particulièrement la
volaille, et les produits laitiers. L'aliment contaminant doit être consommé cru ou peu cuit.
Campylobacter (surtout C. jejuni) est, à tort, insuffisamment recherché en France par les
microbiologistes, mais il est décrit dans d'autres pays comme étant une importante cause de
diarrhée et responsable de nombreux petits foyers de toxi-infections alimentaires.
Leur réservoir est animal. La transmission peut se faire directement lors de contacts avec
des animaux domestiques infectés ; les volailles, le lait non pasteurisé et l'eau sont les
vecteurs les plus fréquents d'infections d'origine alimentaire.
L'homme semble en être le seul hôte ; les formes sexuées et asexuées ont en effet été
observées dans la partie luminale des cellules épithéliales jéjunales.
décembre et juillet, aux États-Unis entre mai et juillet, au Népal entre mai et août. La
transmission semble être de type oro-fécal, directe ou indirecte. L'eau joue probablement un
rôle important dans la transmission. Des oocystes de Cyclospora ont été retrouvés dans l'eau
d'alimentation à l'occasion de plusieurs épidémies, en particulier dans une épidémie
survenue chez les médecins d'un hôpital à Chicago (20 malades, contamination d'un
réservoir). Les techniques de désinfection chimique de l'eau semblent inefficaces sur la
vitalité des spores. En revanche, elles sont sensibles à la chaleur et au froid (température
80°C ou –20°C). Le seul traitement efficace est l'association triméthoprime-
sulfaméthoxazole, que ce soit chez l'immunocompétent ou chez les patients VIH,
administrée pendant 7 jours.
Yersinia enterocolitica est une cause fréquente de diarrhée. Ce sont des bactéries qui se
développent bien au froid (+4°C) et peuvent donc être à l'origine de toxi-infections
alimentaires même lorsque les conditions de réfrigération et de chaîne du froid ont été
correctement respectées.
Leur réservoir est surtout représenté par les animaux d'élevages. Les aliments contaminés
sont variés : porc, volailles, eau. La durée d'incubation est de 3 à 7 jours.
Cliniquement, la symptomatologie varie avec l'âge : diarrhée fébrile chez le jeune enfant,
elle peut être accompagnée chez l'adulte d'érythème noueux, d'arthrite ou de foyers osseux.
Chez l'adolescent, une adénite mésentérique peut donner un tableau pseudo-
appendiculaire.
Le sérodiagnostic prend tout son intérêt dans les formes tardives extra-digestives.
Le traitement antibiotique sera réservé aux formes sévères avec bactériémie et fera appel
aux fluoroquinolones systémiques ou aux macrolides.
Virus des diarrhées. Certains virus comme les Rotavirus peuvent donner lieu à des
intoxications collectives d'origine hydrique.
L'agent en cause est un virus résistant qui peut persister dans l'eau. Les enfants et les
adolescents sont beaucoup plus souvent atteints que les adultes (immunisation). La
diarrhée est souvent sévère avec fièvre élevée, les selles sont volontiers hémorragiques.
Vibrio parahaemolyticus n'est pas une cause très fréquente de TIAC dans nos régions. C'est
un vibrion halophile (eau salée) qui nécessite un climat tempéré pour se développer.
Son réservoir habituel est l'eau de mer tiède et la contamination se produit par la
consommation de poissons ou de fruits de mer crus ou insuffisamment cuits.
La toxinogenèse peut avoir lieu dans l'aliment (Staphylococcus aureus, Bacillus cereus,
Clostridium botulinum) ou bien dans la lumière intestinale (Clostridium perfringens).
Leur réservoir est habituellement humain et la contamination des aliments se fait lors de
leur préparation par un porteur sain (portage rhinopharyngé) ou présentant une plaie
infectée par Staphylococcus aureus ; du groupe phagique III et IV (furoncles, panaris).
L'entérotoxine thermostable est produite au sein de l'aliment et c'est uniquement cette
toxine et non le staphylocoque qui est responsable des troubles. Les infections
staphylococciques sont plus fréquemment associées à des produits laitiers (fromages, lait,
crèmes glacées) ou à des plats ayant subi des manipulations importantes (salades
composées, viandes séchées). Le staphylocoque est un germe halophile (croissance possible
en milieu salé).
Cliniquement, les signes dominants sont des nausées, vomissements et des douleurs
abdominales, parfois accompagnés de diarrhée liquide profuse et plus rarement d'un choc
hypovolémique. La température est habituellement normale. Le risque de déshydratation,
voire de collapsus existe. Cette gastro-entérite est rapidement et spontanément favorable.
La coproculture n'a pas d'intérêt diagnostique.
Leur réservoir est ubiquitaire. Ce sont des bactéries sporulées thermorésistantes qui
germent et se multiplient lorsqu'il existe des conditions favorables, suffisamment longues,
Bacillus cereus provoque des toxi-infections dont la fréquence est mal appréciée en France.
Aux États-Unis, les foyers ont surtout pour origine les restaurants asiatiques.
Leur réservoir est ubiquitaire. Les aliments contaminés sont souvent du riz, de la purée ou
des légumes germés (soja). Deux entérotoxines ont été identifiées : une thermostable
émétisante (plutôt responsable de vomissements) formée pendant la sporulation et une
thermolabile (responsable de diarrhée).
Escherichia coli entérotoxinogènes. Ils sont responsables d'une diarrhée très liquide et sont
rencontrés surtout en pays tropical et atteignent les voyageurs (turista). Ils sont transmis
par l'eau. Les enfants autochtones quant à eux sont contaminés surtout de façon
interhumaine.
d'une seule carcasse infectée ; vastes circuits de distribution ; goût de consommateur pour la
viande peu cuite.
Dinoflagellés et phytoplancton. Les premiers sont des protozoaires, les seconds des algues
unicellulaires. Ils appartiennent au plancton marin et sont rencontrés sur le littoral français.
Ils se développent dans certaines conditions physico-chimiques et se concentrent dans les
coquillages qui s'en nourrissent. La contamination est provoquée par l'ingestion de fruits de
mer. La durée d'incubation est de 30 minutes à quelques heures. Le tableau clinique est
volontiers sévère : diarrhées, vomissements, douleurs abdominales violentes, frissons, chute
de la tension artérielle.
Ciguatera. Un cadre original est celui de la ciguatera, une intoxication tropicale survenue
après ingestion de poissons. Cette pathologie est liée à la pullulation d'un dinoflagellé,
Gambierdiscus toxicus, dont les toxines (ciguatoxines) contaminent la chaîne alimentaire. Les
populations de cette micro-algue se multiplient lorsque les récifs coralliens sont victimes
d'agressions environnementales. Le développement du tourisme dans les îles tropicales est
en partie à l'origine de ces perturbations du milieu naturel du fait de la construction de
ports de plaisance, de marina, de plages artificielles. Cette toxi-infection est désormais
endémique dans le Pacifique, en Polynésie et a tendance à se mondialiser puisqu'elle a été
décrite sous une forme épidémique à type de TIAC au Mexique, dans les Caraïbes et même
aux petites Antilles.
Les signes cliniques, sont bruyants avec une symptomatologie cardiologique (choc,
bradycardie), générale (prurit, myalgie, frissons, asthénie), neurologiques (dysthésies
cheiro-orales, des extrémités distales des membres), digestive (vomissements, diarrhées). Il
existe un effet dose-dépendance entre la quantité de poisson contaminé ingéré et
l'importance des signes cliniques (durée, sévérité). Les ciguatoxines semblent intervenir par
une action anticholinestérasique. La prise en charge thérapeutique comprend classiquement
la réalisation d'une perfusion de mannitol 20 % en une heure, éventuellement reconduite 24
ou 48 heures après, qui semble dotée d'une efficacité en deçà d'un délai de 12 heures après
l'ingestion de l'aliment contaminant, et concernant surtout les signes digestifs. Des épisodes
récurrents peuvent survenir jusqu'à 6 ou 12 mois après l'épisode inaugural, à la faveur de
Les mécanismes de l'éventuelle action du mannitol sont évoqués tels que la réduction de
l'œdème au niveau des cellules nerveuses ou l'extraction des toxines de leur site de fixation.
Cette maladie tropicale n'est plus étrangère à l'Europe où le flux de touristes venant de pays
tropicaux augmente régulièrement, avec de grandes migrations saisonnières de populations
mal informées.
Le réservoir est ubiquitaire. Les aliments contaminés sont habituellement les conserves
n'ayant pas subi une cuisson préalable suffisante : conserves domestiques, charcuteries
artisanales (jambon), poissons fumés. La neurotoxine protéique produite est thermolabile.
La trichinellose est une maladie parasitaire rare en France. Dans les pays d'endémie
(Europe de l'Est, péninsule ibérique), la maladie se contracte par ingestion de viande de
porc parasitée par des larves de Trichinella. Ce mode de contamination est exceptionnel en
France.
Des cas sporadiques ou même des petites épidémies limitées surviennent épisodiquement
en saison de chasse, chez des sujets consommateurs de viande de sanglier. Des épidémies
de faible amplitude ont également été décrites chez des groupes de voyageurs ayant
séjourné à l'étranger.
Depuis 1976, la majorité des cas français de trichinellose ont été causés par la consommation
de viande de cheval, responsable de 5 épidémies : en 1976 (125 cas), en août 1985 (431 cas),
en septembre 1985 (642 cas), en 1991 (21 cas), et en décembre 1993 (239 cas). Dans chaque
épisode, les enquêtes épidémiologiques ont démontré que la viande incriminée provenait
Le diagnostic est posé par la survenue de fièvre, myalgie ou œdème de la face associés à
une hyperéosinophilie et une sérologie de trichinellose positive.
Ce cadre pourrait concerner les problèmes de santé publique liés à l'émergence récente de la
« maladie des vaches folles » ou encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et l'émergence d'une
nouvelle variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ) officiellement notifiée par le
Royaume-Uni le 20 mars 1996. Il semble que l'ESB ait été transmise aux bovins par de la
nourriture concentrée à base de farine de viande et d'os contaminée, préparée à l'origine à
partir de moutons ou de bovins. Le Royaume-Uni est le seul pays où l'incidence de cette
maladie est élevée et il semble que l'épidémie y ait été causée essentiellement par le
recyclage de matériel bovin contaminé servant à l'alimentation du bétail avant l'entrée en
vigueur, en juillet 1988, de la loi interdisant ce type d'alimentation pour les ruminants
(bovins, ovins et caprins). Concernant les 23 cas de MCJ observés au Royaume-Uni, la
maladie s'est déclarée à des âges plus précoces que ceux habituellement observés dans la
MCJ classique et présente plusieurs signes cliniques et pathologiques différents.
Des arguments de présomption donnent à penser que l'exposition à l'ESB soit une
hypothèse probable. Des recherches supplémentaires sont conduites sur ces deux maladies
afin d'étayer cette dernière. Une mise au point a été publiée dans les Cahiers de Nutrition et
de Diététique no2-1998, p.68.
II CONDUITE A TENIR
L'investigation d'un foyer de Toxi-Infection Alimentaire Collective (TIAC) est une
mesure de surveillance qui, en identifiant l'origine de la contamination et les facteurs
ayant contribué à la multiplication microbienne, a pour but d'éviter toute extension du
phénomène et de prévenir les récidives.
La survenue brutale de l'épisode, le regroupement des cas dans le temps et dans l'espace, la
notion d'un repas commun entre les malades permettent facilement de confirmer qu'il s'agit
d'un foyer de TIAC.
Afin de confirmer cette suspicion, des prélèvements sont effectués chez quelques malades
(vomissures, selles). Ces prélèvements sont destinés à une recherche microbiologique de
l'agent responsable de la TIAC. On aura pris soin de contacter le laboratoire afin de préciser
les conditions de prélèvements et de transport des échantillons recueillis.
Les TIAC font partie de la liste des maladies à déclaration obligatoire. La déclaration se fait
par l'intermédiaire d'une fiche spécifique qui doit être adressée au médecin de la DDASS du
département. L'intervention de la DDASS en association avec la Direction des Services
Vétérinaires peut être demandée téléphoniquement dès la suspicion d'un foyer. Cette
demande présente un intérêt particulier lorsque les cas sont apparus dans une collectivité
ou qu'il s'agit d'un produit commercialisé.
II. Des prélèvements en vue d'analyses microbiologiques chez les malades et dans
les aliments.
A. La première étape doit permettre de recenser les malades (avec une définition
opérationnelle précise mais simple), d'examiner leurs caractéristiques et leur distribution
dans le temps et dans l'espace, et enfin d'émettre des hypothèses sur l'origine de la
contamination (formuler des hypothèses portant sur la source et le mode de transmission de
la souche épidémique, et la durée de l'exposition).
Chaque fois que cela est possible, notamment dans les collectivités fermées (écoles, maisons
de retraite,...), on s'efforcera de recenser la totalité des malades touchés par la TIAC.
Ailleurs, afin de retrouver le maximum de cas, une enquête rapide (par téléphone, par
exemple) doit être menée auprès des médecins, des écoles, des familles proches du ou des
foyer(s) déclaré(s), en utilisant une définition simple, uniforme d'un cas de toxi-infection.
Il est utile de calculer des taux d'attaque spécifiques de l'âge, du sexe, du lieu de
restauration ou de résidence.
Cette distribution est au mieux représentée sous la forme graphique d'une courbe
épidémique (fig. 1). Chaque cas est reporté sur un graphique en fonction de l'heure
d'apparition des premiers symptômes.
Avec ces informations, il est ainsi possible de localiser grossièrement dans le temps le repas
suspect (tableau V) :
Courbes épidémiques – divers aspects (stylisés). a : exposition unique et brève (TIAC). b : exposition unique et
brève suivie d'une transmission interhumaine secondaire (shigelloses). c : exposition continue.
La distribution des cas et des taux d'attaque en fonction du lieu de restauration habituelle et
sa représentation sur une carte permet de préciser si la TIAC est survenue dans un ou
plusieurs foyers distincts. On peut habituellement relier ces foyers à une même source de
contamination.
Au cours d'une TIAC, tous les consommateurs de l'(des) aliment(s) contaminé(s) sont
susceptibles d'être malades. Cependant, on constate le plus souvent une distribution
différente de la fréquence et/ou de la gravité des cas selon l'âge, le sexe, le terrain. Il est
donc important de noter ces éléments pour chacun des cas et de calculer, si possible, les
taux d'attaque spécifiques de l'âge et du sexe.
Menus
Puis, il est nécessaire d'obtenir les menus détaillés des trois repas entourant le moment
présumé de la contamination. Plus la dispersion des cas est importante, plus la précision de
l'estimation de la date du repas responsable diminue (fig.3) : il faudra alors prendre en
compte un nombre de repas plus important. Par exemple, pour une TIAC présumée à
staphylocoque, il suffit de s'intéresser au dernier repas, alors que pour une salmonelle, il
faut prendre en compte les deux ou trois repas pris dans les 6 à 20 heures précédant
l'incident. Les aliments consommés au cours de ces repas doivent être détaillés le plus
possible en dissociant sources majeures, ou mineures voire « occultes » de contamination,
par exemple la viande et la sauce qui l'accompagne.
aliments qui auraient pu être pris en dehors des repas). On compare ensuite les deux
groupes sur la fréquence d'exposition aux aliments étudiés dans l'enquête. Si le taux
d'exposition à un aliment est statistiquement plus élevé chez les cas que chez les non-
malades, cet aliment constitue la source présumée de la TIAC.
Si la TIAC est survenue dans une collectivité de petite taille, dans laquelle l'exhaustivité
de la population est disponible, on peut entreprendre une étude de cohorte.
Pour chacun des repas ou pour chaque aliment suspect, on constitue ainsi deux groupes :
les sujets qui ont consommé ce repas (ou cet aliment) – sujets exposés – et les sujets non
exposés. Dans chaque groupe, on recense le nombre de malades et on calcule les taux
d'attaque de toxi-infection alimentaire. Le rapport de ces taux d'attaque permet d'obtenir,
pour chaque repas (ou aliment), un risque relatif (RR), c'est-à-dire le risque de toxi-infection
chez les sujets exposés à l'aliment par rapport au risque chez des sujets non exposés (tableau
VI).
Si la TIAC est survenue dans une large collectivité pour laquelle tous les individus
susceptibles d'avoir été exposés ne peuvent être recensés, on réalise alors une enquête cas-
témoins. C'est la situation la plus fréquente. Pour chaque cas de toxi-infection on identifie
un ou plusieurs témoins bien portants ayant les mêmes caractéristiques d'âge, de sexe, de
résidence que le cas. On constitue ainsi un groupe de malades et un groupe de témoins que
l'on compare vis-à-vis de la fréquence de leur exposition au(x) repas – ou à (aux) aliment(s)
– suspect(s). Si ce taux d'exposition est, de façon statistiquement significative, plus élevé
chez les cas que chez les témoins pour un repas (ou un aliment), ce repas (ou cet aliment)
devient la source présumée de la TIAC. Il faut noter que l'analyse d'une enquête cas-
témoins ne permet pas de calculer directement des taux d'attaque puisque la totalité des cas
et l'ensemble de la population à risque n'a pas été recensée. Cependant, pour le repas ou les
aliments suspects, on peut calculer un odds ratio (OR) (tableau VI) qui est une assez bonne
estimation du risque relatif. Si l'OR est supérieur à 1, de façon statistiquement significative,
le repas ou l'aliment testé est suspecté d'être à l'origine de la TIAC. Les conclusions de
l'enquête épidémiologique vont orienter l'enquête microbiologique et l'étude de la chaîne
alimentaire à la recherche d'une faute d'hygiène et/ou d'une rupture de la chaîne du froid
ou du chaud.
dans le cas d'une orientation vers une bactérie ayant une action invasive, la recherche
portera en priorité sur Salmonella, Shigella, Campylobacter, Yersinia ;
dans le cas d'une suspicion de C. perfringens, il ne suffit pas d'identifier une présence
importante de germes anaérobies sulfito-réducteurs, mais il faut également
compléter l'identification de ces bactéries ;
dans le cas d'une orientation vers une bactérie ayant une action toxinogène, les
analyses doivent être plutôt orientés vers la recherche de la toxine, en pratique
réalisée dans le cadre de C. botulinum.
Par les résultats de l'enquête épidémiologique pour cibler les recherches sur les aliments
ayant la plus forte probabilité d'être responsables.
alimentaire par les services de contrôle et analysés par les laboratoires officiels. C'est
une information importante de l'enquête, car elle autorisera la mise en place des
mesures préventives et éventuellement juridiques (indemnisations des victimes,
sanctions...). Elle exige diligence (avant la disparition éventuelle de la source) et
compétence : les prélèvements doivent être d'emblée parfaitement utilisables
techniquement dans les principales hypothèses causales et exploitables
ultérieurement (échantillonnage raisonnablement « représentatif »). Quelques
échantillons seront conservés à +4°C en vue de recherches complémentaires.
Enquête sanitaire
L'étude de la chaîne alimentaire doit être conduite en ayant à l'esprit les rôles potentiels de
l'aliment dans l'origine de la contamination ou de la multiplication bactérienne.
Rôle actif : l'aliment est le siège soit d'une multiplication de souches pathogènes,
soit d'une production de toxines. Certains facteurs favorisent ces phénomènes :
les aliments d'origine animale et les préparations de restaurant sont analysés par le
laboratoire et la Direction des Services Vétérinaires (DSV) ;
Les différentes étapes de la chaîne alimentaire doivent être examinées pour les aliments
suspects afin d'identifier les erreurs :
stockage ;
Préparation et conservation des aliments : les locaux où sont préparés et conservés les
aliments font l'objet d'une visite spécialisée. Une attention particulière est apportée à leur
état d'entretien et de propreté, notamment concernant les installations sanitaires, le
traitement de la vaisselle et les déchets. Les personnels de cantine feront l'objet de contrôles
quant à leur état de santé, leur comportement, leur formation. Des prélèvements peuvent
être demandés à la recherche d'un porteur sain de staphylocoques ou de salmonelles. Les
aliments feront l'objet d'une investigation, portant notamment sur les modalités de
préparation, de conservation et de distribution des repas.
Cette enquête doit conduire à proposer des actions de prévention adaptées, soit de
correction des erreurs identifiées sur la chaîne alimentaire, soit de retrait d'un aliment
contaminé commercialisé.
Elle peut déboucher sur des dispositions juridiques : indemnisation des victimes,
sanctions.
Les actions à entreprendre sont de deux types : des actions immédiates destinées à contrôler
le(s) foyer(s) de TIAC et des actions à visée préventive. Elles nécessitent une collaboration
étroite entre les médecins traitants, la DDASS, la DSV, l'établissement en cause, voire les
médias.
Dans le cas d'une TIAC par un produit commercialisé ou d'origine hydrique : les
conclusions de l'enquête épidémiologique vont permettre d'évaluer les risques pour la
collectivité et conduire éventuellement à retirer le produit en cause des circuits
commerciaux ou à circonscrire la source d'approvisionnement en eau de boisson ou de
balnéation, renforcement de la surveillance des aliments et des eaux.
S'il y a urgence et que les procédures précitées risquent de ne pas être rapidement efficaces,
on procédera à une information contrôlée du public par les médias adéquats.
Enfin, en milieu familial, il faut rappeler les risques liés à la consommation d'œufs crus ou
peu cuits.
L'enquête concernant une TIAC doit toujours faire l'objet d'un rapport écrit détaillé.
II.2.6 Prophylaxie
Elles comportent :
une hygiène correcte sur les lieux d'abattage, de pêche, de récolte, puis lors des
transports,
Ces règles d'hygiène ont pour but d'éviter la contamination des denrées et la prolifération
microbienne tout au long de la chaîne alimentaire depuis la livraison jusqu'à la
consommation (arrêté du 26 juin 1974, réglementant les conditions d'hygiène relatives à la
préparation, la conservation, la distribution et la vente des plats cuisinés à l'avance).
Le respect des circuits concerne la séparation de secteurs propres et souillés, les circuits
d'élimination des déchets, l'hygiène des locaux et des matériels. Pour les denrées comme
pour le personnel, le circuit est organisé de façon à passer du secteur souillé au secteur
propre sans possibilité de retour en arrière, ni de croisement entre le propre et le sale
(principe de la « marche en avant »).
la liaison froide : le plat est réfrigéré rapidement et doit atteindre une température
de +10°C à cœur en moins de 2 heures,
Dans les trois cas, le transport se fait en engin isotherme et récipients fermés.
la tenue,
l'hygiène corporelle,
l'hygiène générale.
Une surveillance médicale de ces personnels doit être prévue et comporte l'éviction, la
prise en charge et le traitement des sujets présentant une infection cutanée, rhino ou
oropharyngée ou digestive.
La création d'une « Agence de sécurité sanitaire des produits alimentaires » sous statut
d'établissement public autour du Centre national d'études vétérinaires et agricoles
(CNEVA), est une des dispositions – par ailleurs très contestée à la date de rédaction de ce
chapitre – relative à l'organisation de la sécurité et de la veille sanitaire en France. Sous
triple tutelle de la Santé, de l'Agriculture et de la Finance, l'Agence de sécurité sanitaire des
produits alimentaires aurait compétence sur l'aliment depuis la production des matières
premières jusqu'à la distribution au consommateur, incluant l'eau destinée à la
consommation de l'homme. Elle aurait aussi en charge des produits tels que les aliments
pour animaux, ainsi que les médicaments vétérinaires. L'agence ne serait pas un simple
instrument d'évaluation et de conseil, mais participerait à la gestion des risques, en
particulier avec une prérogative de coordination et d'évaluation des autres services de
contrôle.
CONCLUSION
La diffusion de plus en plus large de la restauration collective et le développement de
l'industrie agro-alimentaire s'accompagnent d'un risque de plus en plus élevé de TIAC.
L'investigation épidémiologique de tels foyers devient donc un outil indispensable pour les
professionnels et les décideurs de santé afin de mieux connaître, et donc de mieux traiter et
prévenir ce problème de santé publique.
III ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
Amat-Rose J.M. : Dynamiques porteuses de risque en Europe. Lettre de
l'infectiologue, 1997, 12, 326-327.
Chingu S., Brandt L.J. : Escherichia coli 0157: H7 infection in humans. Am. Intern.
Medic., 1995, 123, 698-713.
III.2 Les différentes sources d'erreurs dans les enquêtes alimentaires .......................... 16
IV Résumé et conclusion................................................................................................................ 24
V Annexes ...................................................................................................................................... 26
Bibliographie ...................................................................................................................................... 26
Abréviations ........................................................................................................................................ 28
INTRODUCTION
Les enquêtes alimentaires sont des méthodes développées pour évaluer les apports
alimentaires d'un individu, ou d'un groupe d'individus. L'évaluation des apports
alimentaires est utilisée en épidémiologie et en pratique clinique, avec des objectifs un peu
différents.
En clinique, l'évaluation des apports alimentaires fait, entre autre, partie de la prise en
charge des maladies « liées à la nutrition » mises en évidence par l'épidémiologie
nutritionnelle.
Nous décrirons dans ce chapitre les grandes méthodes de recueil des apports alimentaires,
puis nous verrons comment peuvent être exploitées les données recueillies. Enfin, nous
mettrons en évidence les limites des enquêtes alimentaires dans le but d'éveiller l'esprit
critique du lecteur et de l'aider dans ses choix et réflexions autour de l'évaluation des
apports alimentaires.
[2] Freudenheim J.L. A review of study designs and methods of dietary assessment in nutritional
epidemiology of chronic disease. J. Nutr., 1993, 123, 401-405.
[3] Biró G., Hulshof K.F.A.M., Ovesen L., Amorim Cruz J.A. Selection of methodology to assess food
intake. Eur. J. Clin. Nutr., 2002, 56 Suppl 2, S25-S32.
[5] Tucker K.L. Assessment of usual dietary intake in population studies of gene-diet interaction.
Nutr. Metab. Cardiovasc. Dis., 2007, 17, 74-81.
Cf. [1-5]. Le recueil des apports alimentaires peut être envisagé sous plusieurs angles. Nous
décrirons, pour information, les méthodes d'enquêtes alimentaires réalisées au niveau
collectif en dernière partie de ce paragraphe, mais l'essentiel de cet exposé portera sur la
description des méthodes recueillant les données au niveau de l'individu. Parmi les
méthodes d'enquête alimentaire réalisées au niveau individuel, certaines recueillent les
consommations sur des jours définis alors que d'autres s'attachent à recueillir des
informations sur les consommations habituelles du sujet.
Plus fréquemment, il est également demandé au sujet de préciser les quantités consommées.
Les estimations les plus précises sont obtenues par la pesée directe des aliments à l'aide
d'une balance. Cette technique nécessite de la part du répondant une coopération et un
investissement très importants qui risquent de renforcer l'apparition de certains biais liés à
la méthode d'enregistrement.
Peser les aliments donne au sujet l'opportunité de prendre concrètement conscience de ses
apports et risque ainsi d'influencer ses consommations pendant la période
d'enregistrement. Les données recueillies ne reflèteront donc pas les consommations
habituelles. La méthode d'enregistrement nécessite de savoir lire et écrire et sa lourdeur
risque de sélectionner la population la plus motivée.
Une autre alternative est de demander au répondant de photographier les aliments ou les
repas avant de les consommer, la quantification étant alors laissée à l'appréciation de
l'enquêteur.
Afin d'obtenir une bonne qualité de données à partir de ce type de recueil, il est nécessaire
de former les participants pour la description précise des aliments (noms, préparations,
ajout de condiments, prise en compte des snacks, etc.) et l'estimation des quantités.
Théoriquement, l'enregistrement est fait en temps réel au moment de la prise alimentaire,
mais des dictaphones peuvent être utilisés pour faciliter le recueil, en particulier chez les
sujets peu lettrés. Chez les enfants, l'enregistrement peut éventuellement être réalisé par
une tierce personne. À la fin de l'enregistrement, un enquêteur entraîné revoit avec le
répondant l'ensemble des données afin de les clarifier et de rechercher d'éventuels oublis.
Le rappel des 24 heures est réalisé au cours d'un entretien pendant lequel on demande au
sujet de se remémorer et de décrire tous les aliments et boissons consommés pendant les 24
h précédentes. L'entretien peut se faire en face-à-face ou par téléphone, avec des résultats
comparables [6, 7].
[6] Tran K.M., Johnson R.K., Soultanakis R.P., Matthews D.E. In-person vs telephone-administered
multiple-pass 24-hour recalls in women: validation with doubly labeled water. J. Am. Diet. Assoc.,
2000, 100, 777-783.
[7] Fox T.A., Heimendinger J., Block G. Telephone surveys as a method for obtaining dietary
information: a review. J. Am. Diet. Assoc., 1992, 92, 729-732.
Par son interrogatoire, l'enquêteur a pour rôle d'aider le répondant à rapporter ses
consommations, tout en évitant de l'influencer dans ses réponses. Sa formation et sa
compétence sont donc primordiales.
Le rappel, généralement fait selon l'ordre chronologique des prises alimentaires de la veille,
est affecté par les défauts de mémorisation du répondant. Une technique a été développée
aux États-Unis pour améliorer la qualité du rappel et limiter la sous-déclaration des
répondants [8].
[8] Johnson R.K., Driscoll P., Goran M.I. Comparison of multiple-pass 24-hour recall estimates of
energy intake with total energy expenditure determined by the doubly labeled water method in young
children. J. Am. Diet. Assoc., 1996, 96, 1140-1144.
Dans cette technique, l'interrogatoire est guidé par une série de questions qui portent
spécifiquement sur certains points source d'erreurs ou d'oublis. Ce rappel est dit « à
passages multiples », parce qu'il est réalisé en 5 étapes successives :
5. la dernière étape consiste à passer en revue l'ensemble des réponses qui peuvent
être complétées si besoin.
Contrairement aux méthodes précédentes qui évaluent les apports alimentaires sur une
période précise, l'histoire alimentaire cherche à évaluer les habitudes alimentaires typiques
du sujet.
La méthode, initialement décrite dans les années 40, comprenait plusieurs étapes dont un
enregistrement alimentaire de 3 jours destiné à vérifier les données recueillies lors de
l'entretien [9]. En pratique, l'enregistrement alimentaire n'est que très rarement réalisé.
[9] Rutishauser I.H.E. Dietary intake measurements. Public Health Nutr., 2005, 8, 1100-1107.
Pour faciliter le rappel, l'histoire alimentaire est souvent retracée en fonction des repas.
Mais l'approche basée sur les repas n'est pas la mieux appropriée chez les sujets, de plus en
plus nombreux, pour qui les prises alimentaires ne sont plus rythmées par les repas
classiques. Elle risque dans ce cas d'entraîner une sous-estimation des apports et une
mauvaise évaluation du profil alimentaire en écartant du recueil les consommations
interprandiales.
Un rappel des 24 heures bien conduit peut être utile pour débuter l'entretien. Les
consommations de la veille pourront ainsi servir de base à l'étude des variations habituelles
de consommations (catégories d'aliments, composition des repas et répartition des prises
alimentaires).
Il n'en reste pas moins que, comme pour le rappel des 24 h mais de manière plus marquée
avec l'histoire alimentaire, les données obtenues avec ce type d'enquête sont très liées au
répondant et aux compétences de l'enquêteur. La comparaison des résultats entre individus
peut être plus délicate qu'avec d'autres méthodes.
[10] Cade J., Thompson R., Burley V., Warm D. Development, validation and utilisation of food-
frequency questionnaires – a review. Public Health Nutr., 2002, 5, 567-587.
Un questionnaire de fréquence est constitué d'une liste d'aliments auxquels sont associées
des catégories de fréquence de consommation (en nombre de fois par jours, par semaine,
par mois, etc.). Il est demandé au répondant de cocher, pour chaque aliment de la liste, la
fréquence qui s'approche le plus de sa consommation habituelle.
Lorsque le temps et les moyens sont limités, il est possible d'adapter un questionnaire déjà
existant, après s'être assuré de la pertinence de son utilisation. Pour cela, il est important de
savoir si le questionnaire original a été validé, pour quel objectif, pour quelle population et
à quelle époque il a été créé.
Lorsque le temps et les moyens le permettent, la création d'un questionnaire spécifique aux
besoins de l'enquête est préférable, mais demande une méthodologie rigoureuse.
La variabilité des choix alimentaires d'un groupe d'individus (aliments, marques, modes de
préparation, etc.) est très vaste et ne peut pas être représentée de manière exhaustive dans
un questionnaire de fréquence. Le choix des items alimentaires à inclure dans la liste est
ainsi crucial pour le succès du questionnaire.
En règle générale, pour qu'un item alimentaire soit informatif au sein d'un questionnaire de
fréquence, il doit répondre à 3 critères :
3. Mais aussi être consommé en quantité (fréquence) variable selon les individus
pour que le questionnaire soit discriminant.
Le nombre d'items à retenir est un autre point méthodologique à ne pas négliger. La liste
d'aliments peut varier de quelques items à quelques centaines d'items. La tentation serait de
construire le questionnaire le plus précis possible pour obtenir un grand nombre
d'informations. Or, la coopération du répondant et la précision de ses réponses diminuent
avec la longueur du questionnaire [4]. De plus, il a été montré [10] que le gain de précision
obtenu par l'accroissement du nombre d'items décroît rapidement avec l'allongement du
questionnaire. La longueur de la liste est en fait déterminée par l'objectif du questionnaire.
En général, plus l'objectif est spécifique, plus le questionnaire a tendance à être concis. Par
exemple, un questionnaire évaluant l'apport en folates [11] ou en phytœstrogènes [12] sera
plus court qu'un questionnaire évaluant les apports énergétiques totaux.
[11] Hickling S., Knuiman M., Jamrozik K., Hung J. A rapid dietary assessment tool to determine
intake of folate was developed and validated. J. Clin. Epidemiol., 2005, 58, 802-808.
[12] French M.R., Thompson L.U., Hawker G.A. Validation of a phytoestrogen food frequency
questionnaire with urinary concentrations of isoflavones and lignan metabolites in premenopausal
women. J. Am. Coll. Nutr., 2007, 26, 76-82.
Un questionnaire dont le but est d'évaluer de manière absolue le niveau d'apport d'un
nutriment donné sera plus long qu'un questionnaire utilisé pour simplement dépister les
« grands » ou « petits » mangeurs au sein d'une population. Lorsque l'on cherche à estimer
quantitativement les apports, il faut savoir que la longueur de la liste peut influencer les
résultats : les listes longues ont tendance à surestimer alors que les listes courtes ont
tendance à sous-estimer les apports [4].
Une fois la liste établie, la dernière étape de la création du questionnaire est d'obtenir une
mesure de la fréquence de consommation qui peut être complétée d'une information sur la
taille des portions (questionnaires semi-quantitatifs). Là encore, le nombre de propositions
dépend de l'objectif de l'enquête et de la population étudiée, mais les catégories de
fréquence devraient toujours être continues, sans « trous », afin que chaque répondant
puisse trouver la catégorie qui correspond le mieux à sa consommation habituelle.
Ces statistiques nationales, calculées sur les mêmes bases année après année, sont
intéressantes pour suivre l'évolution des grandes tendances de consommations d'un pays.
Cependant, elles restent assez grossières puisque fondées sur les seuls flux économiques.
Ramenées au nombre d'habitants, elles sont largement surestimées car les pertes aux
différents stades, depuis la production jusqu'à l'assiette du consommateur, ne sont pas
évaluées. Par ailleurs, il s'agit de moyennes nationales qui ne tiennent pas compte de
différents facteurs liés à l'alimentation comme l'âge, le sexe ou le niveau socioculturel.
Ainsi, ces données doivent être prises pour ce qu'elles sont, soit des données de
disponibilités alimentaires totales. Elles ne peuvent pas être assimilées aux consommations
totales, et encore moins aux consommations individuelles.
En France, l'INSEE et certaines sociétés privées réalisent régulièrement des enquêtes sur les
achats alimentaires des ménages. Ces études ont l'avantage de porter sur de larges
échantillons, mais présentent plusieurs inconvénients. Premièrement, elles ne sont en
général pas représentatives de l'ensemble des consommateurs français car certains panels
comportent des critères d'exclusion (exclusion des hommes vivant seuls ou des personnes
vivant en collectivité pour le panel SECODIP). Deuxièmement, les consommations hors
domicile ne sont habituellement pas prises en compte. Troisièmement, la consommation de
chaque membre du ménage n'est pas individualisable, puisque l'unité de base est le
ménage.
Enfin, ces données concernent les achats ; or, ce qui est acheté n'est pas forcément
consommé, et ce qui est consommé n'est pas forcément acheté.
L'INSEE fournit également tous les ans des statistiques nationales sur la consommation
(Annuaire statistique de la France) qui cette fois modulent les données de disponibilité
alimentaire et d'achats des ménages en y intégrant des données provenant des
professionnels de la distribution, de l'autoproduction, de la consommation dans les
institutions et hors domicile. Ces statistiques donnent une moyenne des consommations
estimées à partir des disponibilités par habitant, mais ne fournissent toujours pas
d'information sur la variabilité individuelle ou régionale.
soit par l'étude de l'alimentation dans sa globalité (ou « profil alimentaire »).
Enfin, les enquêtes nutritionnelles montrent que les consommations de certaines catégories
d'aliments sont corrélées entre elles pour diverses raisons culturelles, saisonnières ou de
contrainte de production locale. Par exemple, les consommateurs de fruits et légumes sont
généralement des consommateurs de poissons. Un consommateur d'huile d'olive est
souvent un mangeur de légumes. Dans ces conditions, il apparaît difficile de discerner la
contribution de l'un ou l'autre aliment (nutriment) à l'état de santé des individus. Dans ce
contexte, l'étude de l'alimentation dans sa globalité, ou des « profils alimentaires », apporte
un point de vue différent en considérant que la consommation d'un d'aliment ou d'un
nutriment ne peut être dissociée du reste de l'alimentation d'un individu.
L'exploitation des données sera bien évidemment différente selon qu'il s'agit d'un recueil de
l'apport alimentaire réalisé dans le cadre d'un entretien clinique ou dans le cadre d'une
enquête épidémiologique.
1. Estimation des apports moyens d'une population pour les comparer à d'autres
populations ou en fonction de certaines caractéristiques de la population.
4. Analyses qualitatives dans lesquelles les sujets sont classés en catégories selon
leurs apports alimentaires (les catégories sont définies par des intervalles
fixes) et la variable étudiée (le plus souvent en rapport avec l'état de santé :
présence ou non d'un cancer, d'une obésité, d'un syndrome métabolique, par
exemple).
[13] Beaton G.H. Approaches to analysis of dietary data: relationship between planned analyses and
choice of methodology. Am. J. Clin. Nutr., 1994, 59, 253S-261S.
En clinique, le problème est différent. Les méthodes de recueil des consommations décrites
ci-dessus, souvent longues et contraignantes, pourront être adaptées ou appliquées plus
simplement. Dans ce contexte, les enquêtes alimentaires sont avant tout des outils d'aide à
l'analyse du comportement alimentaire global du patient [14]. Elles permettent d'initier un
dialogue autour de l'alimentation et de repérer d'éventuels troubles du comportement
alimentaire. L'analyse du profil alimentaire est la première étape de la prescription
diététique et est essentielle pour le suivi du patient. Les informations les plus importantes à
recueillir portent sur les goûts et préférences alimentaires, les catégories d'aliments les plus
fréquemment consommés et les circonstances dans lesquelles ils sont consommés. Le
décompte exact des calories ne sera finalement que très rarement nécessaire.
[14] Romon M., Borys J.M. Dietary intake assessments: for who? why? Ann. Endocrinol., 2002, 63,
S25-S29.
Il ne faut pas pour autant renoncer aux enquêtes alimentaires ni en conclure qu'il s'agit de
mauvais instruments, mais plutôt comprendre que l'identification des erreurs est
importante pour l'interprétation des résultats.
Une méthode précise est une méthode reproductible, c'est-à-dire une méthode capable de
donner des résultats comparables lorsqu'elle est reproduite sur un même échantillon et
dans les mêmes conditions expérimentales. Autrement dit, la précision d'une méthode est
une estimation de la dispersion des valeurs obtenues dans les mêmes conditions d'étude. Il
est important de ne pas confondre la notion de précision (ou reproductibilité) avec la notion
d'exactitude. En effet, une méthode peut être très précise (ou reproductible) sans pour
autant estimer de manière exacte les apports alimentaires.
Une enquête alimentaire valide est une enquête qui estime de manière exacte les apports
alimentaires réels sur la période d'observation déterminée. Par exemple, un enregistrement
alimentaire est valide s'il permet de recueillir de manière exacte toutes les consommations
(aliments ou boissons) du sujet ayant eu lieu pendant la période d'enregistrement. Là
encore il convient de distinguer la notion de validité d'un enregistrement de la notion de
représentativité des apports habituels. En effet, un enregistrement peut être tout à fait
valide sans pour autant correspondre aux consommations habituelles du sujet, en
particulier lorsque la méthode utilisée pour recueillir les apports a eu pour effet de
modifier, consciemment ou non, les habitudes alimentaires du sujet enquêté.
Nous verrons plus loin qu'il existe des méthodes de validation [15] pour vérifier l'exactitude
de la méthode.
[15] Kaaks R., Ferrari P., Ciampi A., Plummer M., Riboli E. Uses and limitations of statistical
accounting for random error correlations, in the validation of dietary questionnaire assessments.
Public Health Nutr., 2002, 5, 969-976.
Une méthode idéale serait une méthode permettant de renseigner sur les consommations
des individus avec une précision et une exactitude irréprochables. Cela supposerait qu'il n'y
ait aucune erreur dans le recueil, l'analyse et l'interprétation des données. Assurément,
aucune méthode d'enquête alimentaire ne remplit les conditions d'une méthode idéale.
Quelle que soit la méthode employée, sa précision et son exactitude seront affectées par un
certain degré d'erreur.
Les erreurs sont classiquement classées en 2 catégories : les erreurs randomisées (ou
aléatoires), et les erreurs systématiques.
Les erreurs randomisées sont des erreurs attribuables au hasard. La présence d'erreurs
aléatoires augmente la variabilité des estimations et par conséquent diminuent la précision
de l'enquête. La précision des estimations étant déterminée par la taille de l'échantillon et la
variabilité du paramètre étudié, ce genre d'erreur peut être limité dans une enquête
alimentaire en augmentant soit le nombre d'individus observés, soit la durée d'observation
de chaque individu.
Les erreurs systématiques, par contre, ne sont pas randomisées et ne peuvent donc pas être
atténuées en augmentant le nombre d'observations. Il faut alors chercher à les éviter au
maximum car elles sont difficiles à corriger a posteriori. Il s'agit, par exemple, d'erreurs liées
à la méthode (questionnaire ou table de composition inappropriés). Ce genre d'erreur
conduit à l'apparition de biais dans l'estimation des apports alimentaires et altère la validité
de l'enquête.
1. La sélection des sujets = biais de sélection (les sujets inclus dans l'étude ne
constituent pas un groupe représentatif de la population ciblée).
L'impact de chaque type d'erreur sera différent selon la nature de la question posée et la
méthode d'analyse utilisée pour y répondre [13].
La figure 1 résume les différentes sources d'erreurs rencontrées au cours d'une enquête
alimentaire.
Les apports alimentaires des individus ne sont pas stables dans le temps. Ils varient de
manière qualitative et quantitative d'un jour à l'autre, d'une semaine à l'autre voire d'une
année à l'autre. En général, le recueil des apports alimentaires ne peut se faire que sur de
courtes périodes et ne peut pas refléter les apports habituels (au long cours) des individus.
Lorsque l'objectif est d'estimer les apports habituels des sujets, pour mettre en évidence une
relation avec une pathologie chronique, par exemple, la variabilité journalière des apports
peut être considérée comme une erreur au sens statistique du terme (par opposition aux
erreurs de mesure) [13].
Tout d'abord, choisir des méthodes qui recueillent les apports habituels (histoire
alimentaire, questionnaires de fréquence) plutôt que celles recueillant les apports sur des
jours définis (rappel des 24 heures et enregistrements alimentaires) permet de diminuer
cette variabilité dite « intra-individuelle ». Cependant, ces méthodes ont leurs propres
erreurs de structure. En particulier, parfois trop réductionnistes, elles risquent en
contrepartie de sous représenter la variabilité interindividuelle qui, elle, n'est pas source
d'erreur mais au contraire source d'information pour classer les sujets selon leurs niveaux
de consommation.
[16] Dodd K.W., Guenther P.M., Freedman L.S. et al. Statistical methods for estimating usual intake
of nutrients and foods: a review of the theory. J. Am. Diet. Assoc., 2006, 106, 1640-1650.
Pour convertir avec la meilleure précision possible les données des aliments aux nutriments,
il faut disposer d'une table de composition de bonne qualité et adaptée à la méthode
d'enquête.
Pour être de bonne qualité, une table de composition doit répondre à plusieurs critères [4] :
[17] Puwastien P. Issues in the development and use of food composition databases. Public
Health Nutr., 2002, 5, 991-999.
Les erreurs d'estimation des quantités et de sous-estimation des apports sont très
fréquentes. Rumpler et al. [18] estiment qu'elles pourraient chacune contribuer, chez des
hommes jeunes et minces, à 1/3 de l'erreur totale observée avec un rappel des 24 heures.
Ces erreurs peuvent avoir des origines variées. Une des difficultés de leur traitement réside
dans le fait qu'il est difficile de savoir s'il faut les considérer comme des erreurs
randomisées ou systématiques.
[18] Rumpler W.V., Kramer M., Rhodes D.G., Moshfegh A.J., Paul D.R. Identifying sources of
reporting error using measured food intake. Eur. J. Clin. Nutr., 2007, 1-9.
La mesure quantitative des apports alimentaires est déterminée par la mesure correcte de la
fréquence de consommation et des quantités consommées. Différents outils permettent, en
dehors de la pesée directe des aliments, d'aider l'individu à estimer les quantités
consommées [19] : des outils en 3 dimensions comme les modèles d'aliments, ou en 2
dimensions comme les photographies, les dessins, les simulations graphiques
informatiques, etc. Cependant, l'estimation des tailles de portions représente une source
majeure d'erreur dans le recueil de données.
[19] Godwin S.L., Chambers E. 4th, Cleveland L. Accuracy of reporting dietary intake using various
portion-size aids in-person and via telephone. J. Am. Diet. Assoc., 2004, 104, 585-594.
L'identification des tailles de portion est un processus complexe dans lequel les facultés de
perception, de conceptualisation et de mémorisation jouent un rôle important [3]. La
perception correspond à la capacité d'un sujet à prendre conscience d'une quantité
d'aliments présente en réalité. La conceptualisation concerne sa capacité à construire
mentalement une quantité d'aliment qui n'est pas présente en réalité, et la mémorisation
permet de conceptualiser « avec précision ». Ces « compétences » sont plus ou moins
sollicitées selon le type de recueil (par rappel ou par enregistrement). L'estimation des
quantités est ainsi plus ou moins juste selon les capacités du sujet enquêté et la méthode de
recueil utilisée.
D'après Maurer et al. [20], la sous-estimation des apports énergétiques pourraient concerner
2 à 85 % des individus selon les études. Phénomène très fréquent, il n'en reste pas moins
complexe à appréhender.
[20] Maurer J., Taren D.L., Teixeira P.J. et al. The psychosocial and behavioral characteristics related
to energy misreporting. Nutr. Rev., 2006, 64, 53-66.
[21] Black A.E., Cole T.J. Biased over- or under-reporting is characteristic of individuals whether
over time or by different assessment methods. J. Am. Diet. Assoc., 2001, 101, 70-80.
[22] Lafay L., Basdevant A., Charles M.A. et al. Determinants and nature of dietary underreporting
in a free-living population: the fleurbaix laventie ville santé (flvs) study. Int. J. Obes. Relat. Metab.
Disord., 1997, 21, 567-573.
[23] Vansant G., Hulens M. The assessment of dietary habits in obese women: influence of eating
behavior patterns. Eat Disord., 2006, 14, 121-129.
Pour identifier les sous-estimateurs, la technique la plus utilisée est celle de Goldberg et al.
[24] qui apprécie la validité des apports énergétiques déclarés (Energy Intake) par leur
comparaison aux besoins énergétiques (Energy Expenditure), en postulant que ces 2 valeurs
sont approximativement égales chez un sujet en poids stable. Lorsque ces 2 valeurs sont
exprimées comme multiples du métabolisme de base (Basal Metabolic Rate (métabolisme de
base)), on obtient l'équation suivante chez un sujet en poids stable : EI/BMR = EE/BMR. La
valeur EE/BMR peut être appréciée pour une population par le niveau d'activité physique
(Niveau d'Activité Physique). L'équation peut donc être réécrite sous la forme : EI/BMR =
NAP. Le NAP, défini par la littérature, varie de 1,2 pour les populations très sédentaires à
1,6-1,9 pour les populations actives jusqu'à 2,4-2,8 pour des groupes très actifs. Pour définir
les sous-estimateurs, Goldberg fixe un seuil de NAP à 1,35 qui correspond au NAP minimal
pour la plupart des sujets en poids stable. Ainsi, des apports énergétiques déclarés chez un
sujet en poids stable tels que EI/BMR < 1,35 sont improbables puisqu'ils devraient
normalement se traduire par une perte de poids.
[24] Goldberg G.R., Black A.E., Jebb S.A. et al. Critical evaluation of energy intake data using
fundamental principles of energy physiology: 1. derivation of cut-off limits to identify under-
recording. Eur. J. Clin. Nutr., 1991, 45, 569-581.
Cette méthode a l'avantage de dépister « à coup sûr » des sous-estimateurs, mais risque de
ne pas dépister tous les sous-estimateurs, notamment ceux qui ont une activité physique
importante (par exemple, un sujet ayant un NAP à 1,9 peut sous-estimer ses apports sans
que son rapport EI/BMR ne devienne inférieur à 1,35). Par ailleurs, ce seuil ne tient pas
compte de la variabilité des apports énergétiques. Pour pallier à cet écueil, Goldberg a
proposé une équation qui permet de calculer une valeur en dessous de laquelle l'apport
énergétique déclaré ne peut pas correspondre à la réalité, modulée par la variabilité des
apports, et par le niveau d'activité physique réel s'il peut être connu.
Une fois la sous-estimation identifiée, le problème est de savoir quelle attitude adopter pour
l'analyse des données.
En épidémiologie, ajuster sur l'apport énergétique n'est pas la meilleure solution car la sous-
estimation est sélective envers certains aliments et nutriments [25, 26]. Elle concerne
essentiellement les aliments gras et sucrés, l'alcool, les snacks et les prises alimentaires
extraprandiales.
[25] Heitmann B.L., Lissner L. Dietary underreporting by obese individuals-is it specific or non-
specific? BMJ, 1995, 311, 986-989.
[26] Lafay L., Mennen L., Basdevant A. et al. Does energy intake underreporting involve all kinds of
food or only specific food items? Results from the fleurbaix laventie ville santé (flvs) study. Int. J.
Obes. Relat. Metab. Disord., 2000, 24, 1500-1506.
La sous-estimation peut donc conduire à des erreurs importantes dans l'estimation des
apports absolus et moyens d'une population, mais aussi dans le classement des sujets en
fonction de leurs apports, ce qui compromet l'analyse des relations entre les apports
alimentaires et l'état de santé. Pour ces différentes raisons, certains auteurs préfèrent
simplement exclure les sous-estimateurs de l'analyse [27], en attendant de trouver des
solutions plus probantes [28].
[27] Smith W.T., Webb K.L., Heywood P.F. The implications of underreporting in dietary studies.
Aust. J. Public Health, 1994, 18, 311-314.
[28] Nielsen S.J., Adair L. An alternative to dietary data exclusions. J. Am. Diet. Assoc., 2007, 107,
792-799.
En clinique, bien que l'objectif habituel ne soit pas d'obtenir une mesure précise des apports
énergétiques, l'identification des sous-estimateurs est intéressante dans le cadre de
l'évaluation globale du patient. La sous-déclaration est à prendre en compte, elle peut être le
signe d'un trouble du comportement alimentaire ; la prise en charge n'en sera que mieux
adaptée.
Nous venons de voir qu'il n'existe pas de méthode d'enquête alimentaire qui puisse
mesurer les apports sans erreur. Cela ne signifie pas qu'il faille renoncer aux enquêtes
alimentaires, mais plutôt que la connaissance des erreurs est importante pour l'adaptation
de l'analyse et l'interprétation des résultats. Seulement, comment peut-on valider les
données d'une enquête en l'absence de méthode de référence ?
Les biomarqueurs [29] sont des mesures biologiques qui reflètent l'apport énergétique ou
l'apport alimentaire d'un nutriment. Ils sont utilisés comme méthode de validation parce
qu'ils fournissent une estimation de l'apport alimentaire indépendante de la déclaration des
sujets.
[29] Bingham S.A. Biomarkers in nutritional epidemiology. Public Health Nutr., 2002, 5, 821-827.
[30] Schoeller D.A., Schoeller D.A. Validation of habitual energy intake. Public Health Nutr., 2002,
5, 883-888.
[31] Arab L., Akbar J. Biomarkers and the measurement of fatty acids. Public Health Nutr., 2002, 5,
865-871.
Ces techniques souvent coûteuses et parfois invasives restent aujourd'hui réservées aux
protocoles de recherche et sont rarement utilisées en pratique quotidienne.
IV RESUME ET CONCLUSION
Les enquêtes alimentaires sont des méthodes développées pour évaluer les apports
alimentaires d'un individu, ou d'un groupe d'individu. Certaines permettent d'estimer les
consommations sur des jours définis, d'autres évaluent les consommations habituelles.
Comme tout outil, les méthodes d'enquêtes alimentaires présentent des limites qu'il
convient de connaître pour l'interprétation des résultats. Le choix de la méthodologie à
utiliser dépend de très nombreux critères : objectifs de l'étude, nutriments/aliments/groupe
d'aliments d'intérêt, caractéristiques de la population (âge, sexe, éducation, lettrisme,
motivation, niveau socioculturel, etc.), recueil d'informations sur un groupe ou sur un
individu, volonté d'estimer des apports absolus ou relatifs, temps et moyens disponibles.
Pour résumer et aider à orienter les choix, le tableau I présente les principaux avantages et
inconvénients de chaque méthodologie d'enquête.
Tableau I : Principaux avantages et inconvénients présentés par les différents types d'enquête
alimentaire
V ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
Arab L., Akbar J. : Biomarkers and the measurement of fatty acids. Public Health
Nutr., 2002, 5, 865-871.
Biró G., Hulshof K.F.A.M., Ovesen L., Amorim Cruz J.A. : Selection of methodology
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ABREVIATIONS
BMR : Basal Metabolic Rate (métabolisme de base)
EE : Energy Expenditure
EI : Energy Intake