Protocole D'interview Joseph Aouda
Protocole D'interview Joseph Aouda
Protocole D'interview Joseph Aouda
Monsieur le CEO,
Le magazine Investir au Cameroun, publication produite par l’Agence d’informations
économiques Ecofin, basée à Genève en Suisse, souhaite, pour son édition du mois
d’octobre 2017, s’entretenir avec vous, dans l’optique de braquer les projecteurs sur
votre entreprise, ainsi que le secteur ferroviaire au Cameroun, dans lequel vous êtes
l’un des rares prestataires local face à des étrangers.
Aussi, nous vous saurions gré de bien vouloir apporter des réponses aux
interrogations ci-dessous, afin d’édifier nos lecteurs triés sur le volet.
- Vous avez été l’une des chevilles ouvrières de la boucle ferroviaire ouest-
africaine. Comment êtes-vous arrivé sur ce gigantesque projet ferroviaire
porté par le groupe Bolloré ?
Avant toute chose, je pense que c’est le lieu pour moi de manifester ma gratitude au
groupe Bolloré sans lequel, je ne serai pas expert en ferroviaire. En effet, tout au long de
L’expérience que nous avons vécue sur ce chantier est énorme. Imaginez-vous que vous
soyez l’un des principaux acteurs de la conception à la réalisation d’une infrastructure
aussi gigantesque que le chemin la boucle ferroviaire de l’Afrique de l’Ouest. Le groupe
Bolloré avait un challenge : celui de réaliser mettre en évidence la capacité d’expertise
ferroviaire africaine avec des collaborateurs issus des deux concessions CAMRAIL et
SITARAIL. Donc la responsabilité de tout un continent pesait perpétuellement sur nos
épaules.
L’un des grands défis et non des moindres, était de construire le chemin de fer tout en
apprenant le métier aux1 200 nigériens qui comptait l’essentiel de la main d’œuvre utilisée
sur les chantiers. Nous devrions faire face à la rudesse du climat d’un côté et à la mentalité
des ouvriers totalement différente des nôtres ne serait-ce que sur le plan religieux et
culturel.
Pour finir, je m’en voudrai de ne pas revenir sur une anecdote où un octogénaire a défié
les gardes rapprochées de la présidence pour toucher le rail en disant tout en pleurant :
« J’ai attendu plus de soixante-dix ans que ce rêve se réalise. La cerise sur le gâteau est
que ce soit fait par un de mes fils noirs. Je peux mourir en paix. Même si vous voulez,
vous pouvez tirer sur moi ». Je vous assure qu’on ne vit pas ce genre d’émotion plusieurs
fois dans la vie.
- Comment vous est-elle venue l’idée de monter une entreprise active dans
l’ingénierie ferroviaire, domaine jusqu’ici réservé à des entreprises
étrangères ?
Je n’aime pas la routine, et tous mes anciens supérieurs hiérarchiques étaient au courant de
ce fait, c’est la raison pour laquelle j’estime qu’occuper les mêmes responsabilités pendant
plus de trois ans est contreproductif. L’idée de me monter une entreprise me hante il y a
de cela quelques années. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis inscrit en MBA à France
Business School. Une formation qui a renforcé ma volonté de créer une entreprise.
Lorsque je suis rentré au Cameroun, à la suite des différents qui ont opposé un homme
d’affaire béninois au gouvernement béninois et au groupe Bolloré et qui aboutit à la
suspension des travaux au Bénin, j’ai été approché par le promoteur initial de BEACOP en
la personne de BOUBA pour booster son entreprise. Chose que j’ai accepté le temps de
mettre sur pieds une entreprise propre à moi qui porterai le nom de JJ Consulting. Chemin
faisant et voyant la structuration que je commençais à donner à son entreprise et les
Compte tenu de mon humble expertise sur le plan ferroviaire, il était normal que nous
mettions l’accent sur le volet innovant au Cameroun qu’est l’expertise dans l’ingénierie
ferroviaire. C’est vrai que pour l’instant, ce domaine est le monopole des entreprises
étrangère, mais nous pensons que nous sommes un partenaire local sûr et incontournable.
- De quels atouts majeurs dispose le cabinet Beacop que vous dirigez, pour
faire face à la concurrence des entreprises étrangères, qui ont pratiquement
raflé tous les contrats dans le domaine ferroviaire africain depuis plusieurs
décennies ?
Notre premier atout, comme toute entreprise qui se respecte, est la compétence de nos
hommes en matière d’expertise ferroviaire. Nous pensons aussi qu’il serait de bon ton pour
les maîtres d’ouvrage d’inciter dans ces projets les entreprises étrangères de travailler avec
les locaux pour un meilleur transfert de compétence et une vulgarisation de cette expertise
sur le plan national. En plus de la raison universelle, nous pensons avoir cinq atouts :
1. Professionnalisme : BEACoP favorise le professionnalisme en engageant du
personnel permanent qualifiés et des consultants expérimentés. Nous avons la
prétention de développer un contexte de travail qualifiant et faciliter un
perfectionnement constant. Pour BEACoP, le professionnalisme comporte plusieurs
devoirs fondamentaux auxquels se rattachent quatre grandes valeurs :
Responsabilité, Compétence, Engagement Social et Sens de l’Ethique. Afin
d'illustrer ces concepts qui doivent guider les actions et les décisions des experts.
2. Proactivité : une écoute active et la recherche de solutions. Être proactif, chez
BEACoP, veut dire tout simplement que nous avons encadré notre réactivité de
manière à l’inscrive dans une stratégie d’action à moyen et à long terme. Nous
respectons nos engagements conformément au planning que nous élaborons. Notre
vision nous dicte l’impulsion nécessaire pour maintenir le cap et réajuster en temps
opportun notre trajectoire en cas de besoin. Nous passons du stade de spectateur à
celui de l’acteur. Ainsi nous ne subissons pas l’urgence et en réduisant les sources
de stress, ce qui a pour corollaire une amélioration du bien-être quotidien de nos
collaborateurs.
3. Transdisciplinarité : Chez BEACoP, nous promouvons des compétences
transversales au sein du groupe en plus de la connaissance de métier et du secteur
d’activité de chaque expert. La pluridisciplinarité dont il est question ici fait recours
au décloisonnement entre les différentes expertises. Les spécialités associées, tout
en gardant leur spécificité, participent à un projet collectif en y apportant leurs
savoirs et leurs méthodes. Elles collaborent et échangent entre elles pour répondre
aux besoins de l'action et de la compréhension. La transdisciplinarité : souvent la
mise en œuvre d'un travail commun engendre une complexité qui dépasse les
Nous nous sommes positionnés dans ce domaine parce que nous pensons qu’il y a un
besoin réel dans le domaine au Cameroun et dans la sous-région. Tellement les projets
ferroviaires sont rares que certains de mes ainés qui ont le potentiel n’ont pas voulu s’y
jeter. Nous pouvons vous affirmer, que pour le moment, BEACOP regorge les meilleurs
experts ferroviaires disponibles au Cameroun et dans la sous-région. Vous savez
l’expertise ferroviaire est tellement pointue que nous nous connaissons presque tous dans
la région subsahélienne. De notre humble connaissance des réseaux ferroviaires de la
sous-région, le Cameroun peut se targuer d’avoir les meilleurs experts dans domaine dans
la sous-région.
Nous pensons que le plus important n’est pas de créer une entreprise qui va s’occuper
de la gestion des infrastructures, mais encore faut-il mettre des personnes compétentes
et des experts chevronnés pour animer cette entreprise. Le contenu des prérogatives
qui sera mis dans « gestion des infrastructures ». Il ne faudrait pas que cette structure
soit un goulot d’étranglement dans les opérations de l’exploitation du
Concessionnaire. L’architecture du socle de l’organisation d’une telle structure devrait
être confiée à un cabinet qui comprend les contraintes de l’exploitation ferroviaire en
voie unique d’une part et celles du gouvernement d’autre part. il faudra définir
clairement les rôles du Concédant et du Concessionnaire, ainsi que la délimitation du
périmètre de champs d’action par rapport à cette gestion des infrastructures.
Il faut noter que le chemin de fer camerounais est construit à l’époque colonial et le
tronçon le plus récent a plus de 40 ans d’âge. Toutes les sections non renouvelées posent
énormément de problème de maintenance au Concessionnaire. Les types de matériaux
utilisés se font extrêmement rares, voire inexistante sur le marché mondial.
La voie ferrée : la ligne de l’Ouest devrait être complétement renouvelée sans délai avec
une forte action de déguerpissement des populations installées dans les emprises de la voie
ferrée. Pour ce qui est du Transcam, la section Pangar-Ngaoundéré est très préoccupante.
Un renouvellement dans le très court terme est indispensable, tellement l’entretien de cette
zone est techniquement inefficace et contreproductif pour le Concessionnaire. Il en est de
même pour le tronçon Douala-Yaoundé, mais dans une moindre mesure.
Compte tenu des potentiels disponibles, je donnerai la mention « peut mieux faire » au
réseau ferroviaire camerounais.