Clinique Conjugale Sexologique

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Céline Dehez

Clinique conjugale sexologiques


PSYS2920 – Christine Reynaert

Christine Reynaert est psychiatre à Mont-Godinne au service psychosomatique


(faire le lien entre le vécu affectif et les maladies/les problèmes physiques).

Les objectifs du cours :


 Poser la question de la sexualité  outils sexologiques.
 « Plus jamais » mal à l’aise avec un membre de la famille (fonctionnement
du couple et plus précisément, fonctionnement d’un couple en situation de
PMA = procréation médicalement assistée).

La systémique est une façon de concevoir les problèmes en regardant l’influence


du système. Regarder un problème par sa cause et non par sa conséquence. Les
symptômes sont multifactoriels : médical, psychologique,…

Alexithymie = patients qui ne savent pas lire leurs émotions et qui peuvent ne pas
avoir conscience de leur agressivité. « Quelle est la conséquence sur votre vie ?
Quels sont les changements dans votre vie, dans votre entourage ? »  Bénéfices
secondaires (en systémique) ou fonction du ça (en psychanalyse).

Peu importe la pathologie, quand un comportement permet de vérifier l’affection


des siens, il y a peu de chance que ce symptôme disparaisse (chronicisation). Ce
n’est pas l’étiologie, mais en tout cas ça renforce. Le symptôme peut être utilisé
comme moyen de communication dans la relation (« depuis que j’ai mal à la tête,
mon mari prend plus soin de moi »).

Par exemple, une patiente commence une dépression et prend des antidépresseurs,
mais ça n’évolue pas. On fait alors venir son mari et on se rend compte qu’il y a
deux ans, il a perdu son boulot auquel il tenait beaucoup. En discutant, il explique
qu’il n’avait pas le temps de penser à son travail parce qu’il devait s’occuper de sa
femme. On peut donc user du recadrage en exprimant à la patiente le fait que sa
dépression pourrait être une preuve d’amour pour aider son mari à dépasser la
perte de son emploi. Pour notre prescription, on demande si on peut exprimer une
idée un peu bizarre, un peu audacieuse. On exprime que le corps de madame est
intelligent de faire une dépression au moment où son mari a des problèmes.

Quand on voit un patient pour la première fois, il faut toujours se demander


si on est son premier psychologue. A la première consultation, il faut être très

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empathique et accepter l’interprétation du patient (écouter), à la deuxième


consultation, dire qu’on a compris et à la troisième, une relation se construit et
on peut commencer à faire des recadrages. S’ils viennent deux et voire trois
fois, alors il y a une relation. Face au symptôme, importance de féliciter le patient.
Remercier les patients d’avoir eu le courage de s’exprimer sur un sujet si intime
(parce que ce n’est pas évident pour eux).

« Est-ce que vous avez 10 minutes par jour pour vous deux ? »  piste très
importante quand un couple vient en thérapie de couple. Beaucoup de ces couples
n’ont même pas 10 minutes par jour pour eux (téléphone et télévision coupée, et
personne d’autre dans la pièce). Donnez-vous rendez-vous et tirez au sort celui qui
commence pour mettre un peu de jeu dans le couple  celui qui est tiré au sort
doit masser l’autre pendant 5 minutes et juste penser à ses mains et celui qui se
fait masser doit penser à son dos. Le massage est un jeu pour retrouver ses
sensations. En plus de cette prescription : interdiction d’avoir des rapports
sexuels jusqu’à la prochaine consultation. Positifs pour certaines personnes
coincées dans la performance (éjaculateurs précoces et autres). Généralement, ils
arrivent à la consultation suivante en disant avec le sourire qu’ils ont désobéi. On
est ravi, mais on ne leur dit pas…

Si on n’est pas sexologue et qu’un patient nous parle d’une problématique sexuelle,
il faut faire des prescriptions simples. On peut aussi proposer au couple de se
masser mutuellement le corps sauf les seins et les parties génitales  ensuite,
tout le corps et les seins (chez les femmes comme chez les hommes, il y a une
sensibilité aux mamelons plus ou moins forte)  puis, caresser les parties génitales
 et enfin, pénétration.

Quand on fait cette prescription, on regarde la tête des deux personnes = langage
analogique (très important dans les études de communication). Quand on est
thérapeute en systémique, on ne laisse pas un message qui n’est pas congruent.

Différence entre hommes et femmes : dans le cas d’une dispute, pour la majorité
des hommes, on doit faire l’amour pour se réconcilier, tandis que pour la majorité
des femmes, on doit d’abord se réconcilier avant de faire l’amour.

Le thérapeute a-t-il un sexe ? Les médecins hommes ont une image de rival tandis
que les médecins femmes ont une image maternelle. Les pensées qui nous viennent,
il faut les utiliser  dire à une femme à qui on vient de conseiller de faire l’amour
pour régler les problèmes de couple : « oui, je sais, je suis un homme… » ; « vous
allez peut-être croire que je suis complice, mais non, c’est la prescription de
n’importe quel sexologue… ».

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Le symptôme (les problèmes dans le couple) est le résultat de malentendus.

On peut toucher les patients. Cela permet parfois de mettre en évidence certaines
choses, certains événements. Par exemple, en faisant un massage dans le dos d’un
patient, il a réagi rapidement en disant « non, ne venez pas derrière moi ». Il a
alors expliqué qu’il s’était une fois fait attaquer par derrière par un homme à cause
de son travail (mais il ne l’avait pas précisé durant les consultations).

L’aire de l’esprit critique diminuerait lorsqu’on est amoureux.

Le massage permet la redécouverte de l’autre et de prendre du temps pour son


couple (surtout quand on a des enfants).

Cas clinique : une jeune maman fait une tentative de suicide (TS). On fait donc une
anamnèse pour voir les ressources et un génogramme. Le mari est très présent et
adéquat, mais il est assez impulsif. Ils ont tous les deux eu des conjoints dans le
passé et on demande si on peut en parler en présence du conjoint actuel. Le mari
raconte que son ex-femme est devenue témoin de Jehova (qui ne peuvent pas fêter
les anniversaires, qui ne font pas de fête, qui ne peuvent pas recevoir de cadeau
et surtout, qui ne peuvent pas avoir de transfusion). La femme raconte qu’avec son
ex-mari, ils commençaient à s’ennuyer (il s’était rencontré dans leur enfance). Le
couple se dispute beaucoup depuis un an. Le mari travaillait à la SNCB et depuis un
an, il n’a que des petits boulots de « merde » (mais s’ils quittent son boulot, il n’aura
pas le droit au chômage). Et il est en train de faire une formation d’électricien. Le
mari reprochait à sa femme de ne jamais parler et un jour, en rentrant à la maison,
de la retrouver toute strangulée. Il lui a donc demandé de parler un peu plus. La
femme avait été élevée par son père qui aimait beaucoup ses enfants, mais sa mère
ne leur a jamais donné beaucoup de câlins. Le père n’était plus là au moment des
consultations et elle a donc demandé ce qu’il aurait dit s’il avait été là : « il n’aurait
pas été content parce qu’il était plein de vie ».

Le congé de maternité est assez court, pourtant le 4ème jour après l’accouchement,
c’est généralement le baby blues…

Il faut demander « à part moi, qui est au courant de vos difficultés sexuelles ? »,
car on peut parfois être étonné  les parents,…
Thérapie structurale de Minuchin : il faut que le couple ne parle de sexualité
qu’entre eux deux et avec personne d’autres. Il ne faut pas couper la relation,
mais faire en sorte que le symptôme ne nourrisse pas la relation.

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Modalités d’examen :
Un cas clinique auquel il faut réagir, répondre à des questions. Ne pas partir dans
une seule direction (pas tout psy, pas tout clinique ou autres), avoir une vue globale.
Dans les propositions thérapeutiques, ce qu’il faut faire dans n’importe quelle
situation de couple : « d’ici la prochaine fois, pouvez-vous faire un exercice un peu
difficile, un massage du dos réciproque sans rapport sexuel ». Ce n’est pas très
prenant, ça fait toujours du bien. Ensuite, voir s’ils le font et voir s’ils nous
désobéissent un peu. Et aller au cinéma, puis discuter du film. Faire le dessin d’un
génogramme. La surprendre !

La sexualité :
Dans un rapport sexuel, on a besoin d’un
corps, d’un esprit et d’une relation.
 Les organes génitaux : il y a des
problèmes physiques où la sexualité
ne marche plus très bien (comme les
troubles cardio-vasculaires). Il faut
un système vasculaire, un système
nerveux et un système endocrinien
en bon état. Il faut une intégrité du système vasculaire chez les hommes
pour que la sexualité fonctionne bien. Chez les femmes, il faut une bonne
vasodilatation, une bonne lubrification. Il faut un système nerveux en bon
état (par exemple, la sclérose en plaques pose problème). Il faut également
un système endocrinien en bon état, en particulier pour la testostérone : les
hommes en ont beaucoup et les femmes en ont un peu.
Ménopause = arrêt de travail des ovaires. La surrénale peut prendre le relais
et continuer à sécréter un peu de testostérone. Important de dire à
Madame : « la ménopause, c’est la nurserie qui est fermée, pas le terrain de
jeu ». Le diabète est une maladie en progression qui touche la sexualité 
l’hyperglycémie abîme les artères et les nerfs, ce qui peut provoquer des
difficultés sexuelles. Le cerveau, qui ne bouge pas, est le principal organe
sexuel : ce qu’on imagine par la vie fantasmatique (versant du support
matériel cognitif, affectif et imaginaire).
Pas besoin de connaître toutes les maladies en particulier, mais il faut
prendre le réflexe de demander aux personnes si elles ont des maladies et
si elles prennent des médicaments. On ne doit pas connaître tous les
médicaments mais il faut pouvoir s’y référer. Les problèmes de couple
peuvent être liés à une mal-adaptation face à une maladie ou à certains
médicaments qui ne sont pas bons pour la sexualité.
 La différence homme/femme : dans notre culture, on a l’illusion qu’on est
tous les mêmes, mais il reste une différence entre les hommes et les

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femmes. Dans un couple hétérosexuel, il y a une façon différente de traiter


les informations, de voir le monde. Par exemple, face à un film, l’homme et
la femme ne mettront pas en évidence les mêmes choses. Autre exemple :
la femme va dire « tu ne m’aimes pas » et l’homme va dire « mais si ». On va
alors demander à la femme pourquoi elle pense que son mari ne l’aime
pas. Souvent, elle pense ça parce l’homme ne fait pas attention à elle quand
il est occupé à autre chose (télé, voiture,…), mais c’est parce que l’homme
est différent, qu’il fait les choses par tiroir et qu’il ne sait pas faire deux
choses à la fois. La majorité des femmes font très vite des associations et
sont plus dans l’affectivité, tandis que les hommes sont plus dans l’action.
Dans notre société, les couples homosexuels ont des problèmes similaires
aux problèmes des couples hétérosexuels : l’ordre, le ménage,… Mais les
problèmes liés à la sexualité sont plus nombreux et particuliers étant donné
qu’ils ont une sexualité peut-être un peu plus particulière. Il y a la question
de la fidélité dans ces couples. Il ne faut pas être choqué. Entre adultes
consentants, dans notre société, tout est permis. Rencontre avec la
différence : il faut accepter de s’ouvrir à la différence.
 Le couple qui regarde dans la même direction : « s’aimer, ce n’est pas se
regarder dans les yeux, mais c’est regarder ensemble dans la même
direction ». Mais il faut quand même également se regarder dans les yeux.
Le projet de couple doit idéalement être le même pour les deux
partenaires (aventure d’une nuit ou s’engager, avoir une famille,…).
 Nous sommes dans une société où on a une grande liberté sexuelle. Mais
dans une société avec des valeurs de performance, d’activité et de réussite.
Une partie de la population a une profession et une autre partie est au
chômage et s’ennuie. Est-ce que les valeurs d’intimité, de chaleur humaine,
de relation sont-elles respectées dans notre société ? Je ne crois pas. On
ne peut pas prendre congé pour bien faire l’amour. Si on travaille avec des
gens d’une autre culture, il faut d’abord observer les coutumes, pour
comprendre les maladies et les problèmes sexuels également. Chez les
Africains, par exemple, quand un jeune couple a un problème, ils vont en
parler à la tante. Avant de faire de la sexologie dans une autre culture, il
faut se baigner dedans et voir ce qui est d’usage.
 Se sentir bien pendant l’acte : le bonhomme devant son miroir montre la
dimension narcissique de la sexualité. Quand on fait l’amour, on doit se
sentir bien avant et après. Il faut se sentir éblouissante. On ne doit pas
avoir peur d’être « égoïste », centré sur soi. Il faut un balancement entre
donner et recevoir dans la sexualité. Ne penser qu’à soi, ça ne va pas, mais
ne penser qu’à l’autre, ça ne va pas non plus. Il faut un équilibre. Les jeunes
hommes ont parfois des dysfonctions érectiles car il idéalise la femme : il

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faut qu’elle jouisse. Ils sont préoccupés par le plaisir de la femme, mais il
faut également un équilibre dans ce cas.
Il ne faut pas oublier qu’il y a quand même une certaine agressivité dans la
sexualité (qu’on canalise en faisant du sport). Il y a quand même un moment
où on prend l’autre. Dans le cas des femmes battues, il faut poser la question
de la sexualité. Il y a des couples qui se battent et qui se réconcilient en
faisant l’amour (et l’inverse également). Dans les violences conjugales, c’est
souvent la relation qui est fautive. Quand on creuse, on remarque souvent
que la femme ne veut plus faire l’amour depuis longtemps… Mais ça ne veut
pas dire qu’il faut excuser l’homme qui bat sa femme. Par contre, il faut
accepter une certaine forme d’agressivité car la sexualité est bonne pour
la santé et permet de vivre plus longtemps (exercice physique et
communication), sauf si on risque sa santé avec une maladie sexuellement
transmissible. Notre devoir du côté de la santé : ne pas oublier de mettre
un préservatif.
 Le cerveau est notre principal organe sexuel qui envoie aussi des messages
à l’hypothalamus et à l’hypophyse qui gèrent le système hormonal (sécrétion
d’hormones). Tous les systèmes sont en relation (pas de séparation).

La sexologie :
Bio = le rapport au corps. Corps lésionnel
(malade) ou fonctionnel. Un manque de
connexion entre imaginaire et corps peut
également être la cause des dysfonctions
sexuelles. Psycho = les pensées, l’image du
corps. Relationnel = le couple, la relation
entre les partenaires. Relationnel qui peut
être imaginaire dans la masturbation.
 Un rapport sexuel est bio-psycho-relationnel.

La sexualité pique des éléments, des informations dans l’interaction des systèmes
biologique, sociologique, médical et psychologique. Certains sociologues ont un outil
spécifique, sinon la sexologie, c’est tout à la fois.

Les phases de la réponse sexuelle :

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En psychiatrie, ces phases étaient bien différenciées dans le DSM-4, tandis que
le désir et l’excitation ont été mis ensemble dans le DSM-5.

Trois phases :
1. Le désir = tout ce qui se passe avant l’acte sexuel, rien de physiologique. Le
nœud de la dépression, c’est l’incapacité à éprouver du plaisir. Il doit
toujours faire marcher sa volonté si la libido spontanée ne fonctionne pas.
Il faut avoir un esprit psychologique, biologique et relationnel : quand ça a
l’air psychologique, ça peut valoir le coup de vérifier les autres dimensions.
Il faut avoir le réflexe de demander à nos clients « ok, ça ne se passe pas
bien au niveau sexuel, mais dans les autres domaines, le boulot, la famille,
les hobbies ? »  Si le client dit « oh ça oui, ça va très bien », alors c’est
effectivement un problème sexuel qu’on va travailler et non une dépression.
La dépression doit être reconnue et traitée. Et en Belgique, il y a de bons
antidépresseurs qui augmentent la sérotonine mais qui inhibent la sexualité.
Quand on fait une dépression, pourquoi ne pas prendre un antidépresseur.
Mais il ne faut pas les idéaliser. Beaucoup de médecins généralistes
prescrivent un antidépresseur, mais il faut également une thérapie.
2. L’excitation = phase où il se passe des choses de manière physiologique
(érection, vasodilatation, lubrification vaginale). Le viagra agit sur le NO
(monoxyde d’azote) = le sang arrive plus vite et reste plus longtemps dans
le pénis. Ensuite, quand l’excitation arrive à un plateau, c’est l’orgasme. Le
plateau n’existe pas chez les éjaculateurs précoces  il ne faut pas
contrôler l’éjaculation, car c’est involontaire, mais il faut contrôler les
muscles du bassin et moduler l’excitation.
3. L’orgasme = mouvement involontaire (contractions). Quand un homme se
plaint d’éjaculation précoce, il faut lui demander « est-ce que vous avez ça
avec toutes les femmes ? ». Il faut lui dire de ne pas essayer de contrôler
son éjaculation, mais d’essayer de contrôler son excitation. Dans les cas de

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viol, il peut y avoir un orgasme physiologique, mais sans plaisir évidemment.


Si une femme dit qu’elle a eu un orgasme en allaitant son bébé, il faut la
rassurer en normalisant et en disant que le mamelon est sensible.

La phase de résolution est plus ou moins longue selon les individus et leur âge
(phase plus longue avec l’âge). Lors de cette phase, l’excitation sexuelle redescend
au niveau de repas associé à une détente généralisée du corps et de l’esprit.
Pendant cette phase, il y a une sécrétion :
 D’ocytocine = hormone de l’attachement sécrétée durant l’allaitement. Les
conflits peuvent être mis de côté en faisant l’amour. L’ocytocine augmente
également après un massage, d’où l’importance d’en prescrire.
Chez les campagnols, une espèce vit dans les plaines et l’autre dans les
montagnes  ils ont un comportement très différent. Ceux des plaines
restent avec leurs petits et ceux des montages tirent leur coup et c’est
tout. La différence ne vient pas du climat, mais de l’ocytocine. Ceux des
plaines sécrétaient plus d’ocytocine.
 Des endorphines = antalgique naturel. Un mal de dos ou de tête ne doit donc
pas empêcher de faire l’amour, car on se prive alors de cet antalgique.

La fin de l’amour est parfois un moment délicat dans les couples, qu’il faut
interroger : « qu’est-ce que vous faites après avoir fait l’amour ? »

Les mois après la naissance = période où on doit se préoccuper de la relation


maman-bébé, mais aussi de la relation des parents.

La phase réfractaire est la phase durant laquelle aucune stimulation ne peut faire
renaître l’excitation. Cette phase n’existe classiquement pas chez la femme mais
certaines disent cependant l’éprouver. Les femmes sont donc généralement
capables d’avoir des orgasmes multiples ou dans les minutes qui suivent, ce qui se
heurte à la phase réfractaire de l’homme, ce qui peut l’effrayer.

Quand il y a un problème dans une relation, il faut demander :


 Depuis quand ce problème existe ?
 Est-ce qu’il y a eu un événement particulier ?
 Quelles sont les difficultés ?
 Est-ce que vous prenez des médicaments ?

Du normal au pathologique : à recadrer dans le système couple


 Normalité relative : quantitatif ?! Le normal est relatif. Pour un couple
stable qui vit ensemble, qui n’a pas de maladie, la normalité se trouve entre
3 fois par semaine et 1 fois par mois. S’ils font l’amour moins d’une fois par

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mois, sans problème physique ou sans circonstance exceptionnelle, c’est qu’il


y a un problème. Mais les gens font ce qu’ils veulent.
 Trois critères pour les deux partenaires :
1. Tension vers le bonheur, voire un plaisir : ça doit être agréable, sans
obligatoirement grimper aux rideaux à chaque fois.
2. Sentiment de sécurité, de réciprocité : si on fait l’amour en se disant
« j’aurais dû lui demander de mettre un préservatif » ou « pourvu qu’il ne
m’étrangle pas après ». Il faut être à l’aise. Sécurité : notre rôle consiste
également à demander s’ils utilisent bien un préservatif. Réciprocité :
par exemple, un pédophile se sent en sécurité alors que l’enfant non.
3. Augmentation de l’estime de soi ou, en tout cas, ne nuit pas à la santé :
après un rapport sexuel, en principe, on ne doit pas se sentir honteux, on
doit se sentir bien. On doit se retrouver en meilleure santé ou, en tout
cas, dans le même état de santé (pas moins bien). L’amour ne doit pas
nous nuire (ne pas ressortir avec des marques de strangulation). Cette
définition élimine donc les rapports non-consentants et ceux avec les
enfants, car ce n’est pas bon pour la santé. Dans le cas des couples
sadomasochistes, si les deux sont d’accord et qu’un des deux ne risque
pas de mourir, la condition est remplie. Par contre, s’il y a une atteinte
corporelle, il faut faire remarquer qu’ils mettent en danger leur vie. La
strangulation permet d’avoir un orgasme plus rapidement, mais ça reste
dangereux. Dès que la santé est en danger, on ne peut pas être complice.
Ces personnes manquent d’imaginaire et ont besoin d’aller toujours plus
loin. En tant que sexologue ou psychologue, on doit toujours être du côté
de l’intégrité physique et psychologique des deux partenaires. Il faut
que ceux-ci le fassent pour leur plaisir et non pour faire plaisir à l’autre.

Il faut faire en sorte que les patients puissent parler de leur sexualité au niveau
physique et au niveau psychologique. Mais dans certains cas, les patients sont trop
à l’aise, il y a comme une perversion où l’individu jouit de mettre le thérapeute mal
à l’aise, de le coincer. On écoute, mais si le patient continue, on peut lui dire
« comme c’est intéressant ce que vous me racontez, mais en quoi cela vous aide ? »

Les dysfonctions sexuelles : symptômes communs = anxiétés dues à


 La consultation : quand un patient vient consulter pour un problème sexuel,
dans la majorité des cas, les symptômes sont là depuis des mois ou des
années. Il faut demander ce qui s’est passé entre l’apparition du premier
symptôme et la première consultation (maintenant) ?
 La performance et la peur de l’échec : il y a une anxiété particulière de
performance « est-ce que je vais avoir un orgasme, est-ce que je vais
tenir ? ». Et il y a la peur de l’échec : quand on anticipe l’échec, ça se sent

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et c’est inévitable d’échouer. Avoir peur d’avoir une dysfonction sexuelle au


lieu de se lancer entièrement dans l’acte sexuel.
 Le rôle de spectateur (M & J)
 L’hypersensibilité aux réactions de l’autre
o Qui a un impact sur l’estime de soi, la peur du rejet, de l’abandon ou
sur le sentiment de culpabilité

Un symptôme sexuel peut être banal. Il y a alors


une véritable spirale vers l’anxiété anticipatoire.
C’est une spirale infernale qu’il faut couper.

La personne a son symptôme et tout ce qui lui


passe par la tête ! Et il y a également ce que le
conjoint se dit dans sa tête quand son partenaire
a un problème sexuel  « c’est ma faute ».

On se tracasse  anxiété  trouble sexuel :


On prescrit « pas de sexe » mais avec les massages, le baiser, etc. Le but est le
rapprochement physique et donc l’intimité, pour diminuer l’anxiété.

Que prescrire ?
 Sorties à deux : ciné + resto  le but est de ne pas parler du problème
(pendant le resto, parler du film), d’avoir un moment d’intimité et de se
redécouvrir.
 Interdire d’avoir des rapports complets, dans le but de couper l’anxiété
(de performance et du conjoint).
 Massages réciproques du dos, sans rapport sexuel après (positif pour les
femmes qui disent que les hommes ne pensent qu’à cela).
 Baiser profond sur la bouche (French Kiss).

Etiologies relationnelles :
N’importe quel problème sexuel, même évident, est toujours un problème de
couple. La réaction du conjoint est donc importante.
 Désinvestissement sensuel et érotique
 Présence de conflits
 Les réactions du conjoint par rapport au symptôme :
o Autocritique : « C’est ma faute, je ne lui plais plus suffisamment, je
ne suis pas assez séduisante »  ce n’est pas bon pour le moral de
dire que c’est de sa faute. La femme ne doit pas se culpabiliser.
o Intolérance : « Ce n’est pas possible que tu perdes ton érection, c’est
que tu ne m’aimes plus »  la femme se culpabilise, va se poser des

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questions ; « Oh, pauvre chou, ce n’est pas si grave, ne te fais pas de


souci »  la « cool » dit qu’elle va aller chercher des médicaments à
la pharmacie. Ce qui fonctionnement seulement si c’est un bon coup et
qu’il accepte que la femme prenne son problème en charge. Mais trop
de bienveillance, trop de chouchoutage, ce n’est pas forcément bon.
Surtout pour un homme qui doute déjà de sa virilité.
o Bénéfice : « Il est très populaire mais je ne dois pas craindre qu’il
aille voir ailleurs ! » ; « Il ne va jamais oser sauter sa secrétaire ». La
femme ne craint pas que son homme la trompe avec ses problèmes.

On perd la notion du pardon, mais il faut savoir


pardonner. On n’est pas des robots, on fait tous des
bêtises et on a tous besoin d’être pardonnés. La valeur
du pardon est une valeur importante.

TRAITEMENTS :
Il y a que 5% des personnes ayant un trouble sexuel
qui consultent, il est donc très important d’accueillir le
patient qui consulte avec bienveillance.
 Traitements de fond : traiter l’estime de soi, les affects anxiodépressifs,
la dysfonction conjugale,… Il faut toujours regarder l’état de couple.
 Traitements spécifiques :
o Thérapies comportementales (de Masters et Johnson) : exercice à
faire à la maison, pas en thérapie. Par exemple, un niveau supérieur
chaque semaine et les gens reviennent avec un feedback  massages
réciproques du dos : massage de tout le corps sans les zones érogènes
 avec les seins  avec les parties génitales  avec pénétration. Ces
exercices sont très techniques, ce qui a été reproché à Masters et
Johnson. D’où l’utilité d’amener ces exercices avec humour et que les
patients eux-mêmes en rajoutent.
o Thérapies cognitives = ce à quoi nous pensons. « Il faut que je tienne,
il faut que je tienne »  pourtant il faut penser à autre chose. « Elle
va me quitter pour un plus jeune » - « Pourquoi est-ce que vous pensez
ça ? Est-ce que c’est lié à la réalité ? ». On fait les 3 colonnes de
Beck : la pensée automatique dysfonctionnelle que l’on confronte à
la réalité et on fait une pensée plus positive. Il faut mettre en
évidence la pensée automatique dysfonctionnelle !
o Bibliothérapie : lire des romans érotiques, des livres sexologiques
éducatifs, par exemple.
o Hypnose : dans l’état de transe, de conscience modifiée, on renvoie
au cerveau d’autres sensations, pensées, images et conceptions. Il

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faut savoir que le vaginisme est une contraction involontaire du vagin :


« Imaginez d’abord votre vagin comme un nœud tout collant. Et
maintenant, imaginez qu’il devient une belle rose, qui s’ouvre… »
o Thérapie sexologique fonctionnelle (de Desjardin) : les tensions
musculaires, la respiration, la position du bassin peuvent jouer sur le
bien-être et la santé et donc nécessairement sur les rapports
sexuels. Cette thérapie ressemble à la pleine conscience (corps +
pensées), sauf qu’elle se concentre uniquement sur le corps, via la
respiration par exemple. On apprend à respirer normalement, à
contracter les muscles du périnée, à bouger son bassin et surtout, à
être plus conscient de son excitation.
o Psychodynamique  sexoanalyse (de Crépault) = analyse classique, 3
fois par semaine. La sexoanalyse = sous-branche de la psychanalyse
qui se centre sur l’imaginaire, sur les fantasmes sexuels et la vie
sexuelle des patients. On revient au premier fantasme originel, on y
ramène le patient sans culpabilité pour remettre ce 1er fantasme au
service de la sexualité actuelle. Cette méthode demande des
capacités imaginaires et associatives.
o Thérapie de couple systémique
o Méditation, pleine conscience : il s’agit d’accepter les pensées
dysfonctionnelles et de se concentrer sur les sensations agréables.

 On peut prendre des éléments de chaque traitement quand on les juge utiles
et les proposer aux patients. Il faut y croire et il faut que l’interaction avec
les patients soit positive.

EMDR : en cas de PTSD (abus sexuel, par exemple) : raconter son trauma +
mouvements oculaires réguliers.

Quand quelqu’un vient en thérapie avec un symptôme, il faut surtout se demander


depuis quand ce symptôme est présent et qu’est-ce qui a changé dans sa vie
quand ce symptôme est apparu. Il faut regarder les conséquences, les facteurs de
chronicisation. Si depuis que la femme n’a plus d’orgasme, l’homme s’occupe plus
d’elle, alors le souci risque de rester (chronicisation).

Le Zestra est une crème que l’on met sur le clitoris et les petites lèvres en cas de
dysfonctionnement sexuel chez la femme. Des placebos sont utilisés dans certains
cas, mais il ne faut jamais regarder avec mépris les personnes qui y réagissent.

Le bon thérapeute s’est réapproprié des outils de modèles différents et applique


sa méthode, qui est flexible pour qu’il s’adapte au patient. Même si on n’est pas

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psychanalyste, ils ont apporté la notion d’inconscient : il y a des résistances et des


mécanismes de défense. Les patients ont des mécanismes de défense et beaucoup
demandent « enlevez-moi la souffrance, mais ne me changez pas ». Accepter les
résistances et accepter le fait qu’il y a des éléments invisibles. L’être humain est
complexe et on n’a jamais le fin mot de la maîtrise. Pour la sexologie : vous avez la
bouche, parce que nous sommes des êtres de parole et parce qu’on peut aussi se
faire des câlins avec. Et le cerveau qui gère les hormones. Il faut un équilibre.

Intérêt de la psychothérapie :
 Diminuer la souffrance dans les pathologies mentales
 Soutenir et améliorer les styles d’adaptation dans les maladies somatiques
 Utiliser le psychisme pour aider à la guérison du corps (l’inverse en sexo ?)
 Faire émerger la prise de conscience dans les somatisations
 Améliorer les comportements de santé, le bien-être, le sentiment
d’autonomie

Les psychothérapies :
 400 types !
 Efficacités importantes et équivalentes, des différentes psychothérapies
(méta-analyses et études comparatives) (Denis & Janin, 2004 ; Garfield, 1998).
 Variables signifiantes : motivation positive du thérapeute et du patient.
 Résultat plus marqué en combinaison avec des médications (ex : dépression).

Lors d’une psychothérapie, au total, le patient prononce plus de mots que nous. Une
étude a été menée où des oncologues étaient formés à la communication et où ils
devaient transmettre des mauvaises nouvelles. Et des entretiens (le nombre de
mots prononcés par le médecin et le nombre de mots prononcés par le patient) ont
été enregistrés au temps 1 (avant la formation), au temps 2 (évaluation
intermédiaire) et enfin, au temps 3 (après la formation). Au temps 1, les médecins
prononcent plus de mots que les patients, tandis qu’au temps 3, c’est l’inverse (les
patients prononcent plus de mots que les médecins). Dans cette étude, on parle de
consultations médicales. Dans une consultation psychologique, le thérapeute ne
doit évidemment pas plus parler que le patient.

« Vous avez un cancer » - « Ah ben, je vais mourir alors ! » - « Pourquoi pensez-


vous ça ? ». Le patient s’exprime et on peut corriger ce qu’il dit.

13
Céline Dehez

Psychothérapies, les classiques :


Lors d’une consultation, le réflexe est de
demander « depuis quand ? ». On écoute
la personne et on essaye de savoir quel
événement de vie a eu lieu  un
événement extérieur (ou symbolique)
réveille des choses intérieures.

Il y a des chevauchements parce que


nous ne devons pas être gênés de piquer
des outils aux divers modèles.

Contribution de l’approche analytique ou psychodynamique :


 L’écoute
 Le « transfert/contre-transfert »  neutre et bienveillant
 Le processus de somatisation (pourquoi)
 Reconnaissance de l’inconscient
 Autonomie du sujet
 Remise en sens
 Insuccès relatif :
o Fascination de la métaphore
o Indifférence des réalités biologiques et médicales
o Qualités d’introspection sinon discours négatif (alexithymie)
o Risques de dépendance

Notre action sur le monde peut être une parole ou une pensée (nous avons une
bouche et un cerveau). Des mots peuvent soulager, d’autres peuvent blesser.

Consultations individuelles : effets de la formation à la communication :


Les améliorations au niveau des stratégies utilisées ont permis dans les
consultations simulées à
l’actrice de s’exprimer
davantage, ce qui est mis
en évidence par le nombre
de mots exprimés par
celle-ci. L’actrice suite à
la formation initiale
prononce 28% de mots en
plus.

14
Céline Dehez

Nous pouvons faires des interprétations


sous forme de questions dans l’anamnèse.

« Je note que vous avez mal de tête depuis


6 mois et vous avez changé de boulot…
est-ce qu’il aurait par hasard un lien ? »

Quand un patient a un symptôme sexuel, il faut faire un parallèle entre l’histoire


de la maladie, du symptôme et l’histoire de vie. On peut par exemple demander
« pensez-vous que vos parents étaient un couple heureux ? ».

Les biologistes du stress :


Ces biologistes ont dit que
ce qui était bon pour la
santé, c’était un active
coping. Notre physiologie
est toujours comme ça :
nous devons toujours avoir
une position active. Notre
cerveau nous permet de
penser. Active coping : on a
besoin d’adrénaline et de
noradrénaline pour fuir ou
attaquer. Quand on est
passif, ça se retourne
contre nous.

La testostérone est l’hormone du désir qui se déclenche plus chez les hommes qui
en ont plus. Un soldat qui vise et qui tire a une montée de testostérone. Donc
l’expression « faites l’amour, pas la guerre » n’est pas complétement fausse.

Il y a la sécrétion de cortisol, l’hormone du stress et d’acétylcholine, par le


système parasympathique = passive coping. Mais les passive coping sont mauvais
pour la santé.

Cognitivo-comportementale issue de la contribution des biologistes du stress :


 Mise en évidence de maillons biologiques : les gens acceptent le mot
« stress », contrairement à si on leur dit que c’est dans leur tête et qu’il
faut aller voir un psychologue (c’est dans notre culture).
 Style psycho-éducatif : ce style est apparemment plus facile à intégrer
dans une approche médicale.

15
Céline Dehez

 Tradition d’études empiriques d’évaluation.


 Utilisation d’un « label » acceptable par le patient.
 Intérêt d’une position active du patient : garder en tête que notre patient
ne doit pas être victime des événements.
 Extrapolations abusives du laboratoire à la clinique.
 Focalisation sur le symptôme.
 Pas de sens symbolique.

L’exposition graduée :
= exposer de manière progressive
pour contourner l’angoisse.

« Just do it » = il faut y aller


progressivement. Certaines techniques en sexologie s’inspirent de ça, sans le faire
aussi directement que la souris.

Une phobie (de l’ascenseur, par exemple), c’est avoir des crises d’angoisse. Il y a
des aversions sexuelles qui entraînent des crises d’angoisse. Quand on dit « je
n’aime pas… », ce n’est pas une phobie. Il faut demander comment ils se sentent
dans les moments qu’ils mettent en évidence et s’ils parlent de symptômes de crise
d’angoisse, c’est une phobie.

Informer à partir du modèle du stress :


« Nous pensons que vous souffrez de décharges d’adrénaline dans le système
nerveux central… Vous n’êtes pas responsable de l’apparition de ce symptôme, par
contre votre façon de vous y adapter peut en influencer le degré de sévérité et
de fréquence. »

Il y a une grande différence entre responsable et coupable : on essaye de


responsabiliser le patient, pas de le culpabiliser.

Carnet de bord :
Instrument qui vient des comportementalistes. Pratique pour les gens qui veulent
arrêter de fumer, qui veulent moins manger… Il faut noter : quand, comment et
avec qui ? Ça fait travailler le patient, déjà une action d’ouvrir le carnet et d’écrire.
Pour les patients qui veulent arrêter de fumer  ne changez rien, mais écrivez-le
et dites « pourquoi ».

« Quand on était en Tunisie, c’était bien »  donc en vacances, ça se passe bien.


Ça veut dire que ce sont les facteurs de stress autour d’eux qui dérangent.

16
Céline Dehez

Le comportement :
« Qu’en pensez-vous ? Que ressentez-vous ?
Quelle émotion avez-vous vécu ? »

Qu’est-ce qu’ils pensent quand ils font l’amour ?


Et leurs corps, leurs sensations ?

Pour chaque cas, chaque contexte, dans leurs


pratiques, les cliniciens sont plus ou moins dans
des zones de chevauchement entre leur
expérience et leur créativité. Art de la subjectivité, celle du patient et la nôtre.

Thérapies cognitives de Beck et Ellis :


Repérez les pensées dysfonctionnelles (généralisations négatives) et les changer
en pensées plus réalistes :
 « Je suis nul », « je rate tout », « je suis encore coupable », « elle va
sûrement me quitter », « il ne va plus m’aimer ».
 « D’où vous viennent ces croyances ? »
 « Je vais passer un bon moment », « nous nous entendons bien », « tout
compte fait je suis sûr de l’attachement de ma femme ».

Il faut essayer de corriger les pensées, mais les émotions vont-elles changer ?

Moments psychothérapeutiques dans la consultation sexologique :


 Qu’en pensez-vous ?
 Que comprenez-vous de la situation ?
 Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur ce que vous ressentez ?
 Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre problème ?
 Qui et qu’est-ce qui pourrait vous aider ?
 Qu’attendez-vous de moi ?
 Expliquez-moi comment se passent les rapports sexuels ?
 A quoi pensez-vous quand vous faites l’amour ?

Mais on ne doit pas tout résoudre à la première consultation.

Ingrédients d’une psychothérapie :


(en consultation, en hospitalisation et même en urgence)
 Une relation professionnelle d’aide.
 Un cadre : ce n’est pas parce qu’on vole des outils à toutes les thérapies
qu’on ne doit pas mettre un cadre  durée de 45 minutes, à trois reprises,…
 Un contrat : mettre le cadre et un contrat, avec empathie nécessairement.

17
Céline Dehez

Fonctions de la communication :
Nous nous sommes intéressés
aux effets de la formation sur
les stratégies de communication
regroupées selon les trois
fonctions principales de la
communication :
 L’évaluation : on essaye
de soutenir le patient et
de l’informer. Mais avant
de donner du soutien et de l’information, il faut d’abord évaluer, voir ce que
la personne demande et ce qu’elle sait déjà. L’évaluation comprend le fait de
rechercher des informations auprès du patient et de clarifier ensuite les
réponses données. Cette recherche et cette clarification peuvent porter
sur des informations d’ordre général ou sur des informations sur les
préoccupations psychologiques du patient et de son proche s’il est présent.
L’évaluation, si elle se centre sur l’exploration des sentiments et du degré
de connaissance du patient par rapport à la maladie, permet ensuite de
fournir des informations et un soutien approprié au patient et au proche.
Sans évaluation préalable, l’information et le soutien donnés courent le
risque d’être prématurés et de ne pas atteindre le but recherché.
 Le soutien
 L’information

Information excessive et réassurance prématurée : le patient ne va pas élaborer


P : « C’est un cancer alors ? »
M : « Oui, mais il y a des bons traitements, ne vous inquiétez pas. Ça, il faut bien
se dire qu’il y a des traitements, il ne faut pas… »
P : « Non, non. »
M : « …perdre espoir parce que vous avez un cancer. Un cancer, c’est toujours dur
de le savoir mais enfin, il y a des traitements très efficaces aussi… Je crois qu’il
faut vous soigner surtout. »
P : « Bon ! »

La consultation sexologique :
 Anamnèse
 Ecoute
 Décodage de la demande

18
Céline Dehez

Comment consulter ?
 En individuel
 En couple

Analyse de la demande (R. Neuburger) :


Neuburger est un psychanalyste qui a une formation systémique et qui a écrit un
article « comment analyser la demande ? »  il y a un éclatement de la demande :
- Qui demande ?
- Qui souffre ?
- Qui pose le problème ?

Une femme demande pour son mari, parce qu’il boit. « Et ça dure depuis combien
de temps ? » - « Ah depuis longtemps » - « Et pourquoi vous téléphonez seulement
maintenant ? » - « Parce qu’il s’est énervé sur les enfants ».
 La personne qui demande, c’est la femme, la personne qui pose problème,
c’est le mari et ceux qui souffrent, ce sont les enfants.

Questions éthiques spécifiques ?


 # Complique de meurtre, inceste, violences  le serment d’Hippocrate :
quand une personne blessée après un meurtre vient se faire soigner, on ne
peut pas la dénoncer. Le meurtre est déjà commis. Par contre, si on suspecte
cette personne de vouloir commettre un nouveau meurtre, on peut/doit la
dénoncer.
 Patients # amis : si un patient fait un transfert et nous considère comme
son ami, il faut remettre le cadre, mais rester agréable, gentil et flexible.
 Patients # amoureux (l’acte ~ inceste) : sauter un patient dans le contexte
d’une psychothérapie, c’est interdit !
 Relation médecin/patient = bonne distance  être à la fois chaleureux,
savoir toucher le patient (sauf si on est mal à l’aise), mais toujours une
relation professionnelle. Il arrive que certains patients (surtout des petites
dames) fassent la bise. En fonction de nous, soit on dit gentiment que ce
n’est pas possible, soit on accepte, parce que ça amène de la chaleur. Il ne
faut pas juger trop vite en termes éthique.
 Neutre et bienveillant : dans certains cas, il faut être plus bienveillant, dans
d’autres, il faut être plus neutre.
 Informer = écouter.
 Non projection de notre propre conception de la vie  valeur du patient. On
a nos propres idées sur différentes choses. On a le droit d’avoir nos valeurs,
mais avec nos patients, il faut s’adapter aux lois du pays dans lequel on est.
Il faut respecter les valeurs de nos patients (tant qu’il n’y a pas de meurtre,
pas d’inceste).

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Céline Dehez

 Secret professionnel ? Individu  couple, famille.

Règle de la relation dans une équipe : on n’est pas obligé d’être ami, mais ça ne doit
pas empiéter sur le patient.

Le suicide est le risque de notre métier. Expérience vécue par Madame Reynaert :
Une thérapie de couple était prévue, mais la femme n’est pas venue. Ayant
beaucoup de boulot, elle a dit que ce n’était pas grave et qu’on remettait ça à plus
tard. Le soir-même, l’homme s’est suicidé. Il était abandonné de sa femme, qui
n’était pas venue à la thérapie de couple, et il a potentiellement vécu comme un
abandon le fait que la thérapeute remette ça à plus tard. On a tendance à s’en
vouloir et à se sentir fautif. Pourtant, il ne faut pas penser qu’on est responsable
de la vie et de la mort de nos patients. Si un de nos patients se suicide 3 jours
après un entretien, ce n’est pas nécessairement notre faute, il peut se passer plein
de chose entre les deux.

Psychologie systémique :
« The idea that the individual can be analysed as separate from the system of
relationships of which he or she forms an integral part is the fundamental
epistemologic error of western thought » Mara Selvini-Palazzoli (1974).
 Quand il y a un problème extérieur au couple, il est important de rencontrer
la dyade pour la consolider, pour aider les partenaires à allier leurs forces.

Thérapie familiale/couple ≠ psychanalyse (qui est une thérapie individuelle). Quand


on voit une famille, ce n’est pas 4 psychanalyses différentes. On n’additionne pas
des thérapies individuelles, on travaille sur l’interaction. Ce n’est pas les problèmes
d’une personne à côté des problèmes d’une autre personne, mais c’est le lieu qui
existe entre ces deux personnes.

L’approche systémique : est très différente des autres approches


 L’individu n’est pas le problème. Le symptôme est le signal d’alarme d’un
dysfonctionnement d’un système.
 Théoriser le système « couple » : ce sont deux personnes.
 Etre attentif aux familles d’origine, à la famille nucléaire. La thérapie
familiale a été beaucoup critiquée.
 Etre conscient que le thérapeute introduit un « nouveau » système : le
thérapeute fait partie d’un nouveau système avec le couple. Il faut être
conscient de sa propre subjectivité. De ce nouveau système peut naître de
nouvelles informations. Nous ne sommes pas neutres dans un système, on a
notre histoire personnelle. Il faut s’utiliser au service du patient, il faut se
connaître soi-même car nous utiliserons nos émotions dans la thérapie.

20
Céline Dehez

Un système d’interactions :
Dans la famille, il y a plusieurs
niveaux qui sont hiérarchiques.
Il y a des sous-systèmes : la
sexualité ne doit pas être
racontée aux parents, ni aux
enfants. Dans le système couple,
il n’est pas rare qu’un des
grands-parents vienne court-
circuiter ce système (attention
aux alliances illégitimes). Il ne faut pas court-circuiter les niveaux hiérarchiques.

Plus précisément, voici l’attitude qui est préconisée actuellement lorsque les soins
à un malade adulte et autonome requièrent l’aide de son système familial :
1. Toujours passer par l’assentiment, le consentement du patient avant de
convoquer des membres de son entourage.
2. Solliciter le conjoint en premier lieu.
3. Ensuite, suivant les cas, convoquer les parents ou les beaux-parents mais
en présence du conjoint.
4. Impliquer parfois les enfants (suivant l’âge) pour re-nucléariser la famille.

 Ne jamais sauter ni l’étape du consentement du patient, ni celle des structures


qu’il a créé depuis son autonomisation avec sa famille d’origine (parfois difficile à
entendre pour les grands-parents).

En médecine psychosomatique, les dysfonctions dans les familles sont liées au fait
que les sous-systèmes ne sont pas respectés.

Quand on convoque une famille, le père et la mère doivent être présents. Si l’un
des deux parents n’est vraiment pas là, il faut laisser une chaise libre pour
représenter la personne absente et ne pas oublier d’en parler « et que dirait
Monsieur/Madame ? ».

Une femme se dispute avec son conjoint et rentre chez sa mère. Si la maman dit
« viens ma chérie, comme tu as eu raison de le quitter, d’ailleurs je t’ai toujours
dit que ce n’était pas un homme pour toi », alors la réconciliation va être difficile.
Par contre, si elle dit « viens prendre un café, mais après, tu l’as choisi cet homme,
donc tu retourneras chez lui avec ta valise », la réconciliation sera plus facile. Les
parents actuels vont en effet avoir une influence sur la relation.

21
Céline Dehez

Une crise de couple permet de voir ce que vous avez envie de faire dans le futur.
Le plus important, c’est la conséquence, la fonction du symptôme (en psychanalyse,
les bénéfices secondaires). Si vous vous entendez mieux depuis que vous êtes
malades avec votre maman, on va essayer qu’en même temps, vous alliez mieux et
que ça se passe toujours bien avec votre maman.

Bases théoriques : 1° cybernétique :


 Watzlawick Paul : Une logique de la communication, Paris, Seuil, 1972.
 Von Bertalanffy, L. General System theory, 1968. Théories générales des
systèmes, Dunod Paris, 1973.  Il s’agit de tous les systèmes.

La base de la communication :
il y a un émetteur et il y a un
récepteur. Pour qu’il y ait une
bonne communication (que ce
soit dans le couple ou entre
nous et le patient), il faut que
l’intention soit superposable
le plus possible à l’effet. Il y
a des filtres, comme notre histoire personnelle, etc. Même si on n’est de la même
culture, le même mot n’est pas forcément interprété de la même manière. Ces
filtres sont souvent la source de grands malentendus. Pour être plus ou moins
équilibrés quand on a des émotions, l’idéal est d’en prendre conscience et de les
utiliser. Il y a un message qui passe entre deux personnes (un émetteur et un
récepteur). Et dans une bonne communication, l’intention de l’émetteur doit être
égale à l’effet sur le récepteur. Important de dire « est-ce que vous avez tout
compris, pouvez-vous résumer ? Qu’est-ce que vous avez retenu ? » = circulaire. Il
arrive que l’effet sur l’émetteur soit tout autre  les malentendus dans un couple.

Une logique de la communication (Watzlawick) :


1. Il est impossible de ne pas communiquer : on communique toujours quelque
chose. Dans un couple, il faut communiquer et bouder est une communication.
2. Toute communication a deux aspects :
o Contenu explicite
o Règle implicite

Quand on a des problèmes avec


quelqu’un, il faut s’arranger et se
demander quelle est la règle de la
relation. La règle de la relation
professeur-étudiant est implicite.

22
Céline Dehez

Quand il y a un problème dans une relation d’équipe, il faut s’arrêter et se


demander quelle est la règle de la relation. Pourquoi on est ensemble ?

Par exemple, alors qu’il fait froid de manière soudaine, votre maman vous téléphone
et vous dit « qu’il fait froid, n’oublie pas de mettre ta petite laine ». On peut lui
rappeler la relation en disant « merci beaucoup maman, mais tu es ma maman et je
suis ta fille, mais je suis une grande fille et je peux penser toute seule à ma petite
laine, mais merci beaucoup ». On a alors rappelé la règle de la relation implicite de
manière explicite.

Dans un couple, il est important de revenir à la base et de se demander ce qu’est


la règle implicite de notre couple. Cela permet de prendre conscience et de faire
des compromis car il y a toujours eu des règles implicites, mais elles évoluent.

La règle implicite de la relation va être rappelée de manière explicite quand il y a


un problème. Le contenu explicite = tout ce qui est dit. Quand il y a un conflit, il
faut se demander, « au fond, quelle est la règle implicite de la relation ? ». Si on
rappelait la règle à chaque fois qu’il y a un conflit, il y aurait beaucoup moins de
problèmes. Dans le cas d’un stage, si notre maître de stage nous traite comme de
la merde et nous demande uniquement d’aller chercher le café, on ne peut
certainement pas le dire comme ça. Surtout si on a peur pour nos points de fin de
stage. Par contre, on peut dire « vous êtes ma maître de stage, je suis votre
stagiaire, vous connaissez tant de choses (ne pas hésiter à rajouter un petit
compliment), mais si je ne peux pas vous suivre en consultation, je ne pourrai pas
apprendre pour mon futur métier ».

Avoir peur que les couples se séparent à cause de nous, il ne faut pas y croire. On
est dans une société où si des personnes se séparent, personne ne nous pointera
du doigt.

« Docteur, je voudrais divorcer, qu’en pensez-vous ? »  Que répondre ?


 « Je ne suis pas un avocat. »
 « Quelle bonne idée ! »
 « Ne faites surtout pas ça ! »
 « Je vais vous consoler. »
 « Dites m’en plus… »  très bien.
 « En avez-vous parlé avec votre mari ? »
 « Ne viendriez-vous pas avec votre mari ? »
 « Quelles seraient les répercussions sur votre santé ? » « Qu’est-ce qui
serait meilleur pour votre santé ? »

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Céline Dehez

« Pourquoi dites-vous cela ? »  mais le médecin peut être « bête » dans l’analyse
de la demande du patient (mais pas tous). On reste neutre, bienveillant et on
renvoie la question.

En thérapie de couple, c’est important de faire sortir les malentendus sur les
règles de la communication.

Toute communication est symétrique ou complémentaire :

Toute communication est :


 Symétrique : égalitaire, au même niveau.
 Complémentaire : les deux ne font pas la même chose.
Il faut les deux : on ne peut pas toujours rester dans l’un ou dans l’autre, il faut
une alternance (surtout dans un couple).

La relation entre médecin/psychologue et patient est une relation complémentaire


(relation d’aide dont la préoccupation est la santé du patient), mais au sein de cette
relation complémentaire, il y a des moments symétriques (quand on rencontre un
patient, quand on lui pose des questions). Mais c’est le médecin ou psychologue qui
tient le cadre, qui est censé aider le patient et qui a la théorie. Deux questions
importantes à poser aux patients qui peuvent avoir des idées auxquelles on ne
pense pas : « Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre problème ? » et
« Qu’est-ce qui pourrait vous aider ? ».

Dans un couple, pourquoi sont-ils ensemble ? Ce n’est pas nécessairement pour la


santé de chacun. Relation symétrique = je suis différent et j’essaye de convaincre
l’autre. On ne se rend pas compte qu’on veut le pouvoir dans un couple. Quand on
est face à un couple toxique, il faut se demander si ce serait mieux pour leur santé
qu’ils se séparent.

Une communication est toujours circulaire :


Le patient sort du cabinet en se précipitant pour tout
raconter à son conjoint et/ou à sa mère de manière
déformée. Il ne faut pas renforcer nous-mêmes les
communications toxiques et il faut voir comment les

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Céline Dehez

relations peuvent renforcer ou saboter indirectement (toujours sourire à la


famille ou leur dire un mot gentil pour avoir un allié à la maison, plutôt qu’un ennemi).

1. Interactions redondantes : il faut écouter les répétitions du couple et en


thérapie, il faut arrêter les interactions redondantes. Certains aiment les
petits rituels, d’autres aiment être créatifs. Il faut vraiment écouter ce
qu’aime le couple…
2. Interactions créatives.
 On a besoin des deux types d’interaction : avoir des rituels mais pouvoir innover,
ne pas être trop rigide !

Le médecin qui mène un entretien avec un patient seul doit dès lors connaître
l’importance de partir des préoccupations et des attentes en information du
patient pour apporter information et soutien. Il doit également dépasser ses
propres craintes de perdre le contrôle de l’entretien afin de favoriser cette
expression pour apporter information et soutien. Ces capacités du médecin
définiront alors son habilité à éviter le piège le
plus fréquent qui consiste à apporter aux patients
de l’information de manière prématurée.
 Toujours au service de la santé du patient,
ne pas le court-circuiter.

Les connotations positives en


entretien circulaire afin de
valoriser la présence et le rôle
du proche :
- Du médecin au patient,
elle permet au médecin
de reconnaître le coût
pour le proche du soutien offert au patient.
- Du médecin au conjoint, au proche, elle souligne l’utilité de ce soutien.
- Du médecin au couple, elle viser à reconnaître l’impact de la maladie sur le
couple formé par le patient et son proche.

A faire plutôt à partir de la 3ème consultation, quand la relation est établie, quand
il y a un lien et qu’on ne donne pas l’impression d’être ironique… Par contre,
remercier les patients de venir, à chaque fois.

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Céline Dehez

Même si on trouve que la femme est vraiment envahissante, il ne faut pas entrer
en escalade symétrique et en confrontation avec la famille.

Si un patient nous engueule, répondre « j’espère que ça vous a fait du bien, merci
de vous être exprimé ainsi »  on diminue l’agressivité du patient et la nôtre.

Le génogramme peut être utilisé comme un outil


thérapeutique pour voir le contexte du patient
 Demander à nos patients de dessiner leur
génogramme. Deux types :
 Celui qui reprend la famille.
 Celui en rond qui reprend les personnes
importantes tout autour de lui.
Intéressant de rappeler que le vrai sens de la
vie se trouve dans l’intimité affective et dans la chaleur des liens émotionnels.
Est-il impossible de nouer de forts liens affectifs, de rester attaché à sa famille
tout en développant de la créativité, de l’originalité et le sentiment d’être le
propre acteur de sa vie et surtout de santé ?

Modèle de Minuchin :
Minuchin est à la base d’un mouvement de thérapie structurale : remettre de
l’ordre, de la structure dans la famille. Stierlin a fait presque le même modèle avec
un point de vue plus psychologique. Luigi Omnis travaille dans une école de Rome
avec des enfants asthmatiques : ces enfants avaient aussi un rôle de leader dans
la famille. Impressionnant de voir comment l’enfant a pris une place centrale dans
sa famille à cause de sa maladie.

 Enchevêtrement : surinvestissement des membres les uns par rapport aux


autres, interférences et relais dans la communication. Des familles où un
membre commence une phrase et un autre la termine, où un membre
commence à pleurer et un autre se met également à pleurer. Nécessité de
remettre de l’ordre.
 Surprotection : chacun protège l’autre mais essentiellement sur un plan
matériel, dans le concret en méconnaissant la dimension émotionnelle (on ne
distingue pas bien les émotions).
 Rigidité : les règles familiales sont intransgressibles et immuables d’une
génération à l’autre. Les capacités d’adaptation aux changements sont
limitées. Les parents se demandent pourquoi leurs enfants ne s’occupent pas
d’eux, car selon eux, ce sont les enfants qui doivent s’occuper des parents
par la suite (ancienne vision). Il faut une souplesse, on ne peut pas
nécessairement fonctionner comme nos parents. Essayer de refaire

26
Céline Dehez

exactement la même chose qu’eux, ce n’est pas possible. Les périodes de


changement sont des périodes de fragilité (décès, mariage, naissance).
 Non-résolution des conflits : « nous sommes une famille dans laquelle
chacun voit le monde avec les mêmes yeux ». Il en découle un état de fusion
interne et d’isolement par rapport à l’extérieur. Ainsi l’ombre d’un
quelconque désaccord paraît déloyal vis-à-vis de la famille. Etre un petit peu
différent, est une trahison aux règles de la famille.

Famille « liée » :
 Equivalente aux familles enchevêtrées,
mythe de l’harmonie familiale.
 Refus du conflit, sollicitude réciproque
pour des préoccupations concrètes,
notamment les soins du corps.
 Frontières intergénérationnelles floues,
frontières vers l’extérieur trop rigides et trop stables.
 Hostilité aux nouveautés : fidélité aux règles des parents et des grands-
parents.
 En cas de changement, renforcement de l’homéostasie familiale.

Homéostasie : dès qu’il y a un changement, un membre fait tout ce qu’il peut pour
que la famille reste dans les mêmes règles (résistance au changement). Par
exemple, si le fils fait n’importe quoi à cause de l’adolescence, la fille va faire tout
ce qu’elle peut pour rattraper ça, comme donner plus d’amour. La famille ne veut
pas changer durant des périodes de changement, elle veut garder les règles de
base. Accepter les notions de changement et passer d’une homéostasie à une autre.
Un changement « bon » pour l’individu est mauvais pour l’homéostasie du système.

Famille « clivée » :
 Enfant harmonieusement fusionné
avec un des parents.
 Notion de sacrifice par amour pour
le « bon parent ».
 Difficulté à admette des sentiments
ambivalents.
 Coalition rigide.
 Possibilité de disputes et de violence.

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Céline Dehez

Une cohésion très faible et


une adaptation très forte =
famille désengagée, chaotique
pas de support affectif.
Une cohésion très forte et
une adaptation très faible =
famille enchevêtrée, rigide.

Il faut être souple, il ne faut


pas être rigide, mais à l’autre
extrême, c’est chaotique. Ça
ne donne pas des troubles
somatiques, mais plutôt des
problèmes caractériels, etc.

Les familles saines sont donc au milieu : un équilibre entre cohésion et adaptation.
La cohésion familiale, c’est plutôt bien, sauf si on se sent étouffé. Il y a des
résistances au changement dans l’individu, mais il y a également dans la famille.

Communication et vie affective et sexuelle :


 Puis-je vous poser une question intime ?
 Est-ce que votre maladie/votre médication a des répercussions sur votre
vie sexuelle ?  Partir de la demande initiale et se demande si le motif de
consultation a des répercussions sur la sexualité.
 Certains patients qui ont la même maladie/la même médication ont des
problèmes sexuels, est-ce votre cas ?  C’est une ruse, mais ça rassure le
patient de penser qu’il n’est pas le seul, comme c’est un sujet tabou.
 Avez-vous repris les relations avec Monsieur/Madame ?
 En avez-vous parlé avec votre partenaire ?
Par exemple : « Oh ma femme, je l’aime… » - « Vous lui avez dit ? » - « Bah
non, elle le sait sans doute »  Bien les renvoyer vers leur partenaire et les
pousser à communiquer ! Dans les thérapies individuelles, on peut méta-
communiquer = communiquer sur la communication. Cela permet de rendre
compte si la personne communique des choses positives ou négatives. La
communication est le vecteur de la relation humaine.

28
Céline Dehez

Il faut savoir poser ces questions. Il vaut mieux parle de sa sexualité, de ses
problèmes de sexualité en consultation ou à son médecin plutôt qu’à ses amis ou à
sa famille. Dire du mal de son conjoint équivaut à se disqualifier soi-même, donc
c’est mieux d’en parler à quelqu’un de confiance.

Etres humains = deux types de communication :


 Digitale = verbale  tout ce qu’on raconte.
 Analogique = non-verbale  le regard, le ton de la voix, les mouvements.
Le non-verbal fait partie de 83 à 90% de la communication.

Dans la sexualité, il y a du verbal et du non-verbal !

Le regard est très important pour communiquer. Le verbal et le non-verbal doivent


être en cohérence. C’est-à-dire que si on annonce une mauvaise nouvelle, il ne faut
pas rigoler et que si on dit quelque chose de joyeux, il ne faut pas tirer la gueule.
Nous devons être congruents entre notre verbal et notre non-verbal.

Discordance entre digital et analogique = le double message. Lorsque vous passez


un examen oral, je vous dis « très bien mademoiselle » et vous recevez un « zéro »
 message uniquement digital. Il faut relever la discordance  « vous me dites
que c’est très bien et vous me mettez zéro ». Le double message peut être
effrayant s’il vient d’une personne importante pour nous (ce n’est donc pas le cas
pour un professeur)  il est alors dysfonctionnel, toxique.

Quand votre maman ou votre amoureux vous envoie des doubles messages, vous
êtes mal… On s’envoie des doubles messages dans un couple. Soit on le démasque,
soit on le prescrit (= on prescrit ce qu’ils font). Par exemple, quand l’homme a
acheté des tickets pour aller au théâtre parce que la femme disait qu’elle voulait
faire des choses et qu’après, elle dit qu’elle est occupée.

Faire l’amour est un langage corporel. Le sexe, c’est deux corps, qui se câlinent,
qui se caressent = langage analogique.

N’oubliez pas, dans un couple, chaque fois qu’on fait une remarque, on doit
faire un compliment (normalement, c’est même 3 compliments pour 1 remarque).
L’amour est quelque chose à construire.

Ne conseillez jamais de prendre une maîtresse ou un amant. Il y a des moments


assez délicats… Quand elles sont trompées, les femmes disent souvent « c’est elle
ou moi », mais souvent, elles le regrettent après. Il faut lui dire qu’elle peut lui
demander de la quitter, mais il ne faut pas le mettre au défi, un ultimatum.

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Céline Dehez

Parfois, une tromperie permet de remettre la dynamique de couple. Pour la femme,


il faut faire une anamnèse de sa famille, il peut y avoir quelque chose : le décès
du père, la crise d’adolescence,… Il faut verbaliser

C’est à la 3ème consultation que vous pouvez lancer vos vannes  il ne faut pas que
le patient ait l’impression que vous vous foutez de lui, surtout s’il est somatique.

Comportements adéquats ? Irrespect, inceste, violence…


Communication sexuelle :
 La communication sexuelle dans le couple est un facteur important de la vie
sexuelle.
 Les hommes qui abordent le sujet ont une idée plus précise de ce qui procure
du plaisir à leur partenaire  comportements sexuels plus adéquats.
 Equilibre entre faire l’amour et parler de sexualité (analogique/digitale).
Parler hors du rapport mais dès que quelque chose plaît, il faut le montrer
(complimenter par exemple). Il y a des couples qu’on tire pour qu’ils parlent
et d’autres qu’on supplie d’arrêter. Equilibre à trouver en fonction de son
histoire personnelle et de sa bienveillance.

Le verbal, c’est bien : les partenaires ont une idée plus précise de ce qui procure
du plaisir à l’autre et prennent conscience d’autres problèmes relationnels.
 Comportements sexuels plus adéquats
 Plus de plaisir à vivre ensemble

Mais trop de verbal…


 Dés-érotise la relation (il n’y a plus de mystère)
 Fixation obsessionnelle sur le symptôme
 L’un des partenaires devient « l’aidant »

Théories générales des systèmes de Von Bertalanffy :


Le couple et la famille sont des systèmes

 La totalité : dans un système, si un élément change, les autres changent


aussi. Par exemple, un mari alcoolique dont la femme souhaite qu’il arrête de
boire. Il finit par arrêter de boire, et la femme fait une dépression  un
élément du système a changé, donc l’autre a également changé. Autre
exemple : si la femme se plaint du fait que son mari arrive toujours en
retard, que le souper est toujours trop froid ou trop cuit car elle ne sait
pas pour quelle heure précise il rentre (malgré les rappels et les plaintes).
On peut lui proposer de changer son comportement pour changer le
comportement de son mari, en rentrant également plus tard, toute

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Céline Dehez

pomponnée en faisant mine d’avoir oublié de faire le souper et d’avoir passé


une bonne soirée. Le mari se posera des questions et changera sûrement de
comportement (prévenir sa femme). Exemple de la femme qui veut changer
son mari : si le conjoint ne veut pas venir, on propose à la personne de
changer elle-même quelque chose.
 La non-sommativité : le résultat est plus que la somme des parties. Il y a
un homme, une femme et un couple (1 + 1 = 3). Deux personnes, ce n’est pas
seulement 1 + 1, c’est aussi leur dynamique, leur interaction. La qualité
émergente de l’interaction : à deux, ils créent quelque chose de nouveau. En
cas de dispute, il ne faut pas de prendre parti, rejeter la faute, c’est la
relation qui est problématique. Une femme qui dit qu’elle fait tout pour son
mari  est-ce que vous le faites pour votre mari ou pour votre couple ?
 L’équi-finalité : des causes différentes peuvent mener au même résultat
(tous les chemins mènent à Rome). Il faut donc se dégager des causes. Les
causes biologiques, écologiques et psychologiques s’entremêlent. Elle nous
permet de ne pas avoir des schémas. On peut se mettre à délirer parce qu’on
a une mauvaise mère, à cause d’événements, d’une fragilité cérébrale ou
génétique, d’un accouchement difficile,… Ne pas chercher un coupable, mais
chercher les conséquences et savoir y faire face.
 L’homéostasie (le thermostat  feedback positif et feedback négatif qui
permettent d’atteindre la bonne température) = revenir à l’équilibre. Les
gens ont du mal à changer et ça permet de théoriser la résistance au
changement. Connotation positive : on félicite les gens de ne pas changer.
Mais comme on félicite sur la pathologie, ce modèle n’est pas toujours très
satisfaisant. Par exemple, un adolescent rate l’école et accuse ses parents.
Le féliciter de ces comportements négatifs parce que ça permet à maman
et papa de rester les parents d’un petit enfant (= connotation positive et
recadrage pour redonner du sens au symptôme).

Une famille a trouvé son équilibre : deux personnes sont amoureuses, se mettent
ensemble et ont une fille. La fille devient une jeune femme. Mais les amoureux se
retrouvent à deux. Puisqu’ils font partie d’un système, le système familial, il y a un
élément qui change (leur fille), alors il faut qu’ils changent également. La famille
doit être un système assez souple pour se réaménager, ne pas se bloquer sur les
enfants. Quand les enfants grandissent et s’en vont, les parents doivent pouvoir
se retrouver, avoir une vie intéressante sans leurs enfants. Il faut que les parents
montrent sans culpabilité qu’ils savent vivre sans leurs enfants afin de faciliter le
départ de l’enfant.

Quand des parents se séparent, bien demander s’ils ont dit à leurs enfants qu’ils
les aimaient toujours… Parce que parfois les enfants pensent que c’est leur faute !

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Céline Dehez

Accueillir le patient, établir le cadre/le contexte et écouter le patient. « Qu’est-


ce qui vous amène ? Qu’attendez-vous ? ». Le regard est super important. La façon
dont vous regardez le patient, dont vous serrez sa main = le langage empathique,
pas toujours des mots.

Les mamans restent importantes dans la vie d’un homme. Pour réussir sa vie de
couple, il faut quand même avoir pris un peu de distance avec ses parents, être un
peu moins dépendant.

On peut toujours tout réparer. Les neurosciences ont montré que de nouveaux
circuits cérébraux pouvaient se créer, ce qui important pour les psychologues.

Il faut beaucoup de courage pour renoncer à sa souffrance. Quand on a été habitué


à souffrir, c’est difficile de combler ce vide quand on ne souffre plus.

L’agressivité passive :

D’abord, c’est une phase de construction inscrite dans notre physiologie affective.
Ensuite, le couple se fait la gueule, mais il ne se dispute pas = agressivité passive,
ce qui est toxique. Bouder, c’est vraiment la plus mauvaise façon de régler les
conflits. Dans une étude immunologique, on a noté l’activité des lymphocytes  ils
sont les plus altérés quand les couples boudent (contrairement aux personnes qui
cassent tout, qui se hurlent dessus, qui font l’amour ou autres pour régler leurs
problèmes). Si le couple reste silencieux en thérapie et sort de la séance en se
criant dessus, c’est qu’on a fait du bon travail. Ou s’il s’énerve en consultation alors
qu’il ne se dispute pas souvent comme ça, c’est aussi qu’on a fait du bon travail.

Qu’est-ce qu’un couple ? Il y a deux individus (un je et un tu)


avec leur autonomie, mais pour qu’il y a un couple, il faut une
entité commune (un nous). Se demander ce qu’il y a dans le nous :
il y a toute l’intimité mais aussi les conflits non-verbalisés.

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Céline Dehez

Faire ce dessin quand on est face à un couple. Mais au cours d’une vie, ce que ce
schéma contient peut changer.

1 + 1 = 3  Je + Tu + Nous = 3
Il faut que chacun garde sa personnalité, mais qu’ensemble, il crée cette entité qui
est le nous. Il y a un « je » et un « tu » avec toutes leurs qualités. Si l’un étouffe
l’autre, ça ne va pas. Il faut garder sa personnalité, tout en créant le « nous ».

En cas de conflit, aucun n’est fautif, c’est un malentendu dans la relation. Il faut
demander à l’autre s’il est au courant de ce qu’il dit et inversement. Même si on a
un problème avec quelqu’un et qu’on a raison, il vaut toujours mieux dire « je pense
qu’il y a eu un malentendu entre nous ». En tant que thérapeute, on ne peut jamais
s’empêcher de prendre un peu parti pour un des membres dans un couple, mais on
doit se demander pourquoi on pense ça et se demander ce qu’ils s’est passé dans
leur interaction pour que l’on pense cela.

Qu’est-ce qu’un couple normal ?


Dans un couple, il y a des moments
où nous sommes très proches et
des moments où nous le sommes
moins. Oscillation entre les deux
systèmes : il faut savoir passer
de l’un à l’autre. Il faut avoir
cette capacité d’exister en dehors du couple tout en sachant se retrouver. C’est
quand un couple est dans une situation et est en souffrance qu’il vient nous voir.

Le coup de foudre :
Qui est physiologiquement prévu par notre corps pour être attiré par un être qui
est capable de nous féconder. L’état amoureux passionnel est vraiment un état
physiologique : folie, dépendance, tout nous paraît beau, tout nous excite, tout est
merveilleux… Il y a une partie d’illusion, de fantasme. Cette euphorie dure environ
2 ou 3 ans, puis elle s’estompe, le couple s’habitue. Il est nécessaire de trouver de
nouveaux centres d’intérêt, d’amener des moments de passion dans le couple
(s’envoyer des messages un peu fous par exemple) et il faut accepter ce manque
d’adrénaline et accepter que la relation perdure.

Même les structures cérébrales change : l’esprit critique diminue quand on est
amoureux. Plus il y a de la passion, plus ça peut faire mal quand ça finit. Il faut que
les couples se rendent compte que la passion, c’est un moment.

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Céline Dehez

Livre « Comment devient-on amoureux ? » de Lucy Vincent qui explique comment


notre corps réagit physiologiquement. Par exemple, lorsqu’on rencontre quelqu’un
durant une période de stress, on aura plus tendance à tomber amoureux, étant
donné que les hormones du stress et de l’amour sont parallèles.

Le couple idéal = passion et sérénité :


Se tenir par la main, beaucoup de couple ne le font plus à partir d’un moment et on
peut les aider à réapprendre, à permettre à leur corps de réapprendre. En thérapie
de couple, on demande ce qui les a attiré l’un vers l’autre. Sur base de ça, il faut
remettre le couple dans ce contexte et lui permettre de refaire des activités.
Dans le couple idéal, il faut de la passion et de la tendresse, de la sérénité (avec
de la proximité, en se tenant la main par exemple).

La distance :
Il faut savoir respirer, mais être trop
distant, n’avoir aucune vie intime, ce n’est
pas positif. Certains couples ont peur
d’une trop grande proximité, mais en se
protégeant et en mettant de la distance,
ils n’auront pas de sexualité.

Le rapprochement, la proximité :
Des couples qui s’entendent bien, qui sont
très complices mais qui s’appellent papa et
maman. Il faut leur demander comment ils
s’appelaient avant d’avoir des enfants. Il
faut érotiser cette relation. Il faut voir
ce qui peut les différencier, parce qu’ils
font absolument tout ensemble. Il s’agit
de relations très proches mais complétement dés-érotisées. Il ne faut pas oublier
de continuer à séduire son partenaire. Il faut revoir ses valeurs, remettre de la
passion, en mettant des vêtements coquins, pas seulement quand on sort. Il faut
remettre un peu d’espace entre eux, pour retrouver le piment de la relation.

Il faut parfois une organisation matérielle différente : une famille qui vivait dans
une longue ferme, où les enfants étaient obligés de passer par la chambre de leurs
parents pour aller dans les leurs. Les parents n’avaient plus d’intimité et n’osaient
pas faire l’amour pour ne pas « perturber » leurs enfants. Il faut également parler
des détails « terribles » comme les odeurs.

En fonction du couple, il faut remettre soit de la proximité, soit de la distance.

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Céline Dehez

Quand prescrire la distance ? Quand prescrire le rapprochement ?

Pour les gens qui ne font plus jamais rien à deux, il faut leur prescrire un rendez-
vous à deux dans leur agenda et un massage du dos. Il faut également voir quand
le symptôme est apparu, si des événements de vie sont apparus.

Leur demander de repenser à l’endroit où ils étaient amoureux et les remettre


dans ce contexte. Par exemple, prescrire un rendez-vous à l’endroit où ils se sont
rencontrés, où ils ont été amoureux et bien à deux.

Masters et Johnson sont un couple gynécologue-psychologue :


Ce sont les fondateurs de la sexologie. Ils ont eu le courage d’étudier la sexualité
des gens normaux, en laboratoire, puis des personnes qui dysfonctionnent. Dans
les années 70, ils ont montré que les femmes pouvaient avoir des orgasmes dans
une société où l’on disait que les femmes étaient satisfaites seulement en étant
amoureuses. Ils ont également mis au point la prescription d’exercices, tels que le
fait d’aller à l’hôtel, de faire des massages du dos réciproques. Celui qui masse ne
pense qu’à ses mains et celui qui est massé ne pense qu’à son dos. On leur interdit
d’avoir une relation sexuelle avec pénétration. Et on leur demande d’éteindre la
télévision, les téléphones, l’ordinateur,… Au point de vue physiologique, le massage
permet la sécrétion d’ocytocine et donc le bien-être. On coupe donc l’anxiété de
performance. Et on espère que la prochaine fois qu’ils viennent nous voir, ils nous
disent qu’ils nous ont désobéi. Le massage est une prescription miraculeuse.

Est-ce que les conflits donnent des


troubles sexuels ? Oui, surtout les conflits
non-verbalisés.

Il y a des grands événements de vie. Un


avortement, par exemple, qui était décidé
conjointement, puis le mari a déposé la
femme à la clinique et le soir elle a dû
rentrer toute seule. Elle en a voulu à son mari, mais elle ne lui a pas dit.

Un exemple de placement des parents : l’un voulait prendre à la maison un de ses


parents et l’autre a dit non. Il ne lui a donc pas imposé mais il lui en a voulu. Il y a
des choses qui ne sont pas verbalisées dans les couples. Il y a ce qu’on dit, qui est

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Céline Dehez

explicite et il y a ce qui est implicite. Le pire dans les conflits, ce sont ceux qui ne
sont pas exprimés, qui dorment, les conflits non-verbaux. Ce sont des petites
choses qui s’accumulent et provoquent alors des rancœurs.

Et un trouble sexuel peut donner des conflits. Relation dans les deux sens !

La dépression est une maladie en


augmentation. Il y a le burnout qui est
une dépression liée au travail.

Il faut savoir s’il y a la perte de désir


dans le domaine sexuel ou de manière
générale : demander s’il y a une perte
de désir ailleurs que dans le domaine sexuel, sinon il peut s’agir d’un trouble
dépressif. Si le conjoint ne comprend pas, n’a jamais connu de dépressif, ça peut
donner un conflit conjugal. Un conflit conjugal peut donner un trouble sexuel. Par
contre, si la perte de désir se trouve uniquement dans le domaine sexuel, alors il y
a un trouble du désir.

Le meilleur antidépresseur n’amène à la rémission que 47% des patients et coupe


parfois la sexualité. Par contre, en liant l’antidépresseur à une psychothérapie, il
y a plus de rémission (environ 75%). Les antidépresseurs seuls, ce n’est pas un
traitement adéquat. Si vous faites une psychothérapie de soutien, il faut trouver
l’objet perdu : qu’est-ce qui s’est passé les derniers mois ? Ça peut être des choses
subtiles, très subjectives : une promotion, un changement de travail, une rupture,
la perte d’un animal (que tout le monde ne comprend pas, c’est vraiment subjectif),
une dispute avec une amie. Il y a toujours un événement de perte. Un trouble
sexuel est une perte, une perte de son identité sexuelle.

Est-ce que la relation avec l’entourage n’entretient pas le cercle ? Mais être
prudent et ne pas culpabiliser l’entourage.

Les psychologues sont des démineurs ou des détectives : ils essayent de voir ce
qu’il s’est passé. Ils trouvent toujours quelque chose qui s’est passé mais qui n’est
pas forcément arriver à la conscience de la personne.

Cas clinique : Jacqueline (J) et Pierre (P) n’ont plus de relations depuis 2 ans…
 J : « Pierre ne veut plus jamais faire l’amour, je pense que je ne l’intéresse
plus du tout. »
 Th : « Qu’en pensez-vous monsieur ? »  Aller vers monsieur.

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Céline Dehez

 P : « Je ne sais pas ce qui ne va pas, j’aime Jacqueline mais je ne ressens


plus rien de sexuel. Elle pense que j’ai une maîtresse. »
 Th : « Est-ce vrai monsieur ? »  Il a amené un élément intéressant, il faut
mettre les pieds dans le plat en posant la question et en clarifiant. Quand il
y a un amant/une maîtresse, demander depuis quand, comment et pourquoi.
S’il n’y a pas d’amant/de maîtresse, il faut demander s’ils se masturbent.
Parfois, avec certaines personnes coincées, sortir un mot « cru », ça les
décoince un peu : « si je comprends bien, votre mari vous fait chier ! ».
 P : « Non, je n’ai d’intérêt sexuel pour personne. »  On croit nos patients.
 J : « Je voudrais divorcer. »
 Th : « Pourquoi ? »
 J : « Je ne supporte plus d’être rejetée. »  Histoire familiale = « Avez-
vous déjà été rejetée dans votre vie ? » et « Qui est au courant de vos
difficultés sexuelles ? »

Jeune couple qui consulte pour un trouble du désir, ils ne font plus l’amour. Le
thérapeute demande l’avis de l’un et de l’autre et ne laisse pas l’un raconter la
vie de l’autre. Plus de relations depuis 2 ans, donc que s’est-il passé il y a 2 ans ?

Pierre est issu d’une famille avec plusieurs enfants, trois frères qui ont fait
l’université, et un père exigeant. Jacqueline est fille unique et son père a quand
même beaucoup papillonné. Une fois fini, il retournait chez sa femme  ça permet
de comprendre l’interprétation de Jacqueline.

Il y a 2 ans, Pierre a eu une promotion et il est devenu chef d’équipe = un événement


plutôt valorisant. Le problème est que, en tant que chef d’équipe, on a d’autres
supérieurs. Ils voulaient plaisir à ses hommes et à ses supérieurs, il était donc en
sandwich entre les deux (ce sont les petits chefs qui sont le plus à risque de
burnout). Ce n’est pas la quantité de travail mais le manque de contrôle qui pose
problème. On se rend compte qu’il est très stressé. On demande à Jacqueline si
elle savait qu’il était stressé, mais non, il ne voulait pas l’inquiéter. Les hommes qui
ont des merdes au boulot ne les partagent pas avec leurs femmes pour différentes
raisons possibles : par gentillesse ou par honte par exemple. Quand Pierre l’a
délaissée, Jacqueline a été faire des confidences à sa mère, qui a commencé à
parler de ses déboires conjugaux. Elle était donc plongée dans les schémas
familiaux. Interventions :
- Pierre doit donc communiquer à propos de son stress.
- Jacqueline doit changer la communication avec sa maman et remettre le
couple au centre. Si elle téléphone tous les jours à sa mère, demandez-lui
qu’elle ne l’appelle plus qu’une fois sur deux. Et quand elle lui demande
comment se passe ses relations sexuelles, elle doit lui répondre qu’ils s’en

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Céline Dehez

occupent, puis changer de sujet. Couper la relation avec la mère serait très
compliqué, donc y aller progressivement en changeant la communication.
- Prescription croisée : elle doit aller voir le père de Pierre pour lui demander
s’il a félicité son fils pour sa promotion, comme ce qui manque à Pierre, ce
sont des compliments de son père. Et Pierre doit aller voir son beau-père
pour lui dire qu’il doit faire plus d’activités avec sa femme pour que la
relation entre la mère et le père se passe mieux et que la relation entre la
mère et la fille soit coupée.

Cas clinique :
Julia, 23 ans

Julia, jeune fille de 23 ans, a une symptomatologie depuis 4 ans : céphalée, perte
de connaissance, contracture musculaire, crise de type épileptique. Elle avait 17
ans = âge fragile. Ses parents sont biologistes. Jean, son frère, a 20 ans. Julia est
suivie par un psychologue avec qui elle a un bon contact. Il demande une
hospitalisation, durant laquelle elle n’a qu’un ou deux malaises. Elle est coupée de
son milieu habituel et de son copain de 30 ans. Cette hospitalisation lui a permis
de déterminer ce qui la tracassait : elle est inquiète pour sa famille et pour sa
maman de qui elle est très proche. Le psychologue demande alors un entretien avec
la famille. Les parents sont arrivés très souriants. Ils sont séparés depuis 2011
(début de la symptomatologie). Le père est parti avec une autre femme. La mère
semble dire que cette séparation était sereine, mais sa fille dit « mais maman, tu
étais quand même un peu déprimée ». Julia voulait être là pour aider sa maman.
Son père a eu des déboires, mais il ne le prend pas mal. Il avait quitté sa femme
pour une autre femme mariée, mais quand ils ont emménagé ensemble, c’était
épouvantable. Maintenant, il est avec une autre femme. A la fin de l’entretien, on
apprend que la mère a également un nouveau petit ami. La maman se met à pleurer

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Céline Dehez

comme une madeleine et quand elle pleure, sa fille se met à pleurer également. Le
frère dit que c’est toujours comme ça à la maison. C’est Julia qui a découvert la
relation de son père via des appels en absence sur le téléphone de celui-ci. Elle
n’en a pas parlé à sa mère, mais bien à son frère. Il était en train d’étudier mais il
s’en foutait un peu. Avec son caractère, elle est allée voir son père et lui a demandé
de quoi il s’agissait. Les parents essayent de ne pas dramatiser l’affaire. Les
enfants n’étaient pas particulièrement en colère contre leur père. Le couple séparé
était très à l’aise en entretien. Tout le monde semble avoir trouvé un équilibre, ils
sont tous très à l’aise.

La mère, quand elle raconte le décès de sa propre mère, se met à pleurer. Elle a
eu une sclérose latérale amyotrophique. Elle a été très malade et très mal pendant
2 ans, puis elle est décédée. Son père s’était énormément occupé d’elle à cette
période. Elle est décédée environ 1 an avant la naissance de Julia. Il est donc
encore plus étonnant que Julia se mette à pleurer avec sa mère.

La maman de Julia ne s’est pas occupée de sa mère pendant sa maladie car elle
faisait ses études et sa thèse. Elle ressent de la culpabilité de ne pas s’être assez
occupée d’elle  grosse crise émotionnelle et culpabilité. Elle n’a pas fait son deuil
durant les 20 dernières années. Elle pleurait tous les soirs et maintenant, elle est
contente car elle arrive à mettre des mots. Mais c’est un sujet tabou. Julia est
très proche de sa mère et développe une affection neurologique. Elle a fait tous
les hôpitaux de Belgique pour savoir ce qu’elle a et ils n’ont rien trouvé.

 Julia a pris tous les symptômes neurologiques de sa grand-mère pour que sa


maman puisse faire le deuil de sa mère. Elle donne ainsi l’occasion à sa mère
de s’occuper d’elle comme elle n’a pas pu le faire avec sa propre mère et
d’évacuer sa culpabilité.
 Comment faire le recadrage sans trop secouer et en évitant de dire qu’elle
fait la comédienne ? « Vous avez une jeune fille très sensible dont le corps
a pris comme une éponge. Ces liens très forts entre mère et fille sont sans
doute génétique. Certains gènes s’expriment et d’autres ne s’expriment pas
en fonction de l’environnement. »
 Julia est une merveilleuse jeune fille dont le corps a tout fait pour
détourner le chagrin de sa mère. La mère dit qu’elle n’est pas si malheureuse.
 Prescription :
o A la mère : « à chaque fois que vous êtes contente, envoyez un sms à
votre fille pour dire que vous avez passé une bonne journée/soirée... »
o A Julia : « reste malade… »  c’est un peu audacieux
o Au père et à la mère : se voir plus souvent, une fois par mois, pour
discuter des enfants.

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Céline Dehez

o Le frère n’a pas de prescription… Il aurait dû en avoir une, mais elle


n’en a pas trouvé.

Quand on met la mère sur la sellette, on dit « vous savez que si une mère n’est pas
adéquate, c’est souvent à cause de son homme qui ne s’occupe pas bien d’elle ».
Evidemment, comme les enfants étaient là, on n’a pas parlé de sexualité. Même
avec les gens futés, il faut leur demander de bien dire à leurs enfants que, quand
ils divorcent, c’est parce que leur couple ne fonctionne plus, mais qu’ils les aiment
toujours autant.

Cas clinique :

Patiente, Isabelle, dans une position


paranoïaque. Elle a fait un procès à
son ex-employeur qui lui réclamait
de l’argent parce qu’elle avait pris
quelque chose dans la commune.
Personne ne sait si c’est vrai, il y
avait du délire. Puis il y a des lettres
d’avocat qui remettent du vrai dans
l’histoire. Elle n’a pas voulu aller
dans un centre de jour car, pour
elle, c’était pour les fous. Donc, elle
a continué les consultations.

De plus, elle a des poussées de créativité. Elle a perdu son procès et il y a eu une
saisie chez elle. Elle décrit une situation conjugale. Elle a eu beaucoup d’hommes
et une enfance avec un père qui a fait faillite et une maman ambivalente. Elle s’est
alors réfugiée dans son imaginaire. Dans sa relation : ils sont ensemble depuis 10
ans, s’entendent bien mais ils n’ont plus aucune relation sexuelle depuis 9 ans parce
qu’elle ne veut plus. Ils ont énormément d’animaux dans leur maison, parce qu’elle
accepte tous les chats qu’elle trouve. Il y a également des perruches.

Un jour, elle ne vient pas en consultation, mais son conjoint, Henry, vient à sa place.
Il sent mauvais alors qu’il est représentant de commerce. Il a dit dans le
couloir qu’Isabelle ne viendrait pas, car elle avait une crise et qu’elle voulait se
couper tous les cheveux… Quand elle rentre, Madame Reynaert lui dit qu’il ne sent
pas bon. Il explique qu’il n’arrive pas à accéder à la salle de bain, à la douche, à
cause des animaux. Et il demande un certificat pour Isabelle, mais pas possible
quand la personne n’est pas présente.

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Céline Dehez

Ça fait 10 ans qu’ils sont ensemble. Avec tous ces animaux, il fait très sale et ils
ne nettoient plus. Et du coup, ils sentent tous les deux mauvais et elle ne veut plus
rien faire. Elle ne travaille plus et ne sort plus de chez elle. Elle a des absences :
elle était en train de faire des choses et quand elle reprenait conscience 5 heures
plus tard, elle n’avait pas avancé. Elle ne fait plus rien pour son plaisir. Ils n’ont
plus de meuble et même plus de lit, juste un petit lit bancal.

Prescription du massage du dos : mais ils ne voient pas comment et où et en plus,


ils ne savent pas se laver.

La famille de Henry n’aime pas Isabelle, et après une dispute, il est parti vivre
chez sa mère. Pour Isabelle, ça s’est cassé dans son cœur. C’était il y a 9 ans, et
depuis, plus rien. Les seules relations sexuelles qu’elle a, c’est avec des hommes
qu’elle n’aime pas, et ce sont des bad boys. Elle n’arrive pas à avoir des relations
sexuelles avec les hommes qu’elle aime. Elle aime Henry, donc elle n’arrive pas à
faire l’amour avec lui. C’était déjà comme ça avec son ancien mari. Elle n’arrive pas
à associer sexe et amour. Au fur et à mesure des discussions sur la sexualité, ils
semblaient un peu remotivés. Mais une fois seuls, Isabelle se démotive. Elle
repousse toutes les tentatives d’aide en trouvant des excuses quand Madame
Reynaert leur parle de massages et de week-ends en amoureux, par exemple.

Elle est fort abandonnique et elle a tendance à vouloir rester une victime. Elle clive
« plaisir sexuel » et « affection ». Dans la littérature, on trouve des cas de
personnes qui clivent « amour physique » et « amour psychique ».

La sexualité intéresse Henry, mais il a un peu fait une crois dessus… Au début de
leur relation, il n’y avait que l’alcool qui lui permettait d’avoir des relations
sexuelles sans le côté « bad boy ». Elle est très fragile, il faut prendre du temps,
sinon elle risque de fuir.

Dans des cas comme ça, il faut prescrire des massages ! Les gens ne sont jamais
choqués concernant les massages du dos. Et s’ils ne le font pas, ils ne le font pas.

Le père d’Henry, qui est décédé, avait de l’argent. Lui et son frère pensaient
hériter, ainsi Henry et sa compagne pensaient acheter une maison plus grande (une
moitié pour eux et l’autre pour les chats). Mais c’est la mère qui a pris l’argent.

41
Céline Dehez

Cas clinique :
Un homme complétement
déprimé parce que sa
femme est partie avec un
de leurs amis. Il n’a
jamais vu de psychologue.
Mais il y a une peur qu’il
se suicide, vraiment.

Blessure parce que son


papa est parti quand il
avait 5 ans. Il ne voulait
pas abandonner ses
enfants. Et il avait une rage terrible contre son ami. Quand il est arrivé en
hospitalisation, c’est parce qu’il avait peur de perdre ses enfants. Il ne s’était
jamais occupé d’eux, c’était sa femme qui faisait tout. Du coup, il a pris une baby-
sitter qui va chercher les enfants et qui s’occupe de faire les devoirs, etc. Elle
prépare à manger avec lui.

Il commence à dire que c’est sa femme qui a besoin d’aide, pas lui. Je n’ai plus
besoin de vous, mais je vous envoie ma femme et mon fils. Le fils de 12 ans est
apparemment en colère contre sa mère, il la provoque. Il a juste besoin d’attention
et la séparation de ses parents l’a beaucoup touché. Le père essaye d’esquiver mais
on lui dit qu’ils ont besoin de lui pour continuer.

La maman a pleuré en parlant du décès de sa mère  relation conflictuelle entre


mère et fille. Elle était en bagarre depuis 2 mois avant la Saint-Nicolas. Elle est
morte brutalement, sûrement une rupture d’anévrisme. Elle comblait le vide du
père à la maison. Elle ne s’est pas sentie soutenue par son mari à la mort de sa
mère, et le couple a pris des distances. Elle n’en pouvait plus de la solitude et elle
a décidé de partir. Pendant l’hospitalisation, le mari espérait qu’elle revienne. Puis
elle a voulu revenir et lui ne voulait plus. Ça va être l’anniversaire du fils de 12 ans,
et il sera chez son père, mais ce dernier ne veut pas inviter la mère. Il y a eu une
sorte de switch. Il est défensif et il voulait s’en aller. Ils sont séparés, mais pas
divorcés. On voit bien que ce sont des moments où il faut entourer les gens.

Cas clinique : Madame Z, 60 ans - perte de désir depuis deux ans


 Il y a 5 ans, mariage de la dernière fille, investissement
dans des activités artistiques.
 Il y a 2 ans, pension du mari.

42
Céline Dehez

 De plus, la gardienne des enfants de sa fille part à l’étranger, le mari trouve


génial qu’elle prenne « la relève ».
 Madame Z n’ose pas refuser le rôle de grand-mère.

Il faut qu’ils trouvent une autre solution que les grands-parents !

Madame Z a une perte de tout désir. La maman s’occupe des enfants et son mari
travaille. Les enfants quittent le domicile et depuis le mariage de la plus jeune, la
maman a repris des activités artistiques. Maintenant le mari a pris sa pension
(événement de vie très important dans un couple) : c’est plus dur pour les hommes
que pour les femmes. Les hommes mettent tout dans leur travail et dans l’image
d’eux-mêmes : nourrir sa famille et besoin d’une activité manuelle. Ici, le mari n’a
pas vu grandir ses enfants et se retrouve avec des petits-enfants = papy gâteau.
Quand la gardienne est partie, il a dit que c’était génial, comme il est à la retraite :
il pouvait s’occuper de ses petits-enfants avec sa femme (sans lui demander son
avis).

Dès qu’il y a un symptôme, il faut se demander « depuis quand le symptôme est


présent ? » + « quels événements y a-t-il eu à ce moment-là ? ».

On demande comment va son mari depuis qu’il a pris sa pension et elle répond qu’il
ne va pas trop mal. Mais que la gardienne de ses enfants part à l’étranger et que
son mari, sans lui demander, à accepter de garder les enfants. En tant que mère
de bonne famille, elle n’ose pas refuser le rôle de grand-mère, mais le couple a de
l’empathie. Le mari dit « ah bon, je ne savais pas, je pensais que tu aimais bien ».
Lors des consultations, ils ont décidé que l’idéal était de s’occuper des enfants,
mais pas tous les jours  Rester à disposition en cas de problème, mais que de
manière systématique, il fallait qu’ils trouvent une gardienne ou une garderie.

Elle est venu consulter et ils sont inquiets : elle a développé une phobie d’impulsion
et a peur de tuer son petit-fils. Avant qu’il n’arrive à la maison, elle allait cacher à
la cave tous les objets dangereux, pour ne pas risquer de tuer son petit-fils. C’était
quand même un symptôme très inquiétant…

Toujours remettre la dyade de couple !!! Le grand-père a dit « pas de problème »,


sans se concerter avec sa femme, manque de communication  ça donne des
rancœurs. Ce sont des règles tacites dans un couple  il faut toujours se
concerter pour les grandes décisions. Ils arrivent que, dans certains couples, l’un
des conjoints ne soit pas au courant que l’autre a changé de travail, par exemple.

43
Céline Dehez

Pour ce qui est du GSM de l’autre, les couples doivent se mettre d’accord : est-ce
qu’elle peut voir dans mon GSM ou non ? Si on est bien élevé, c’est normal de ne
pas aller voir dans le GSM de son conjoint… Mais c’est vrai que quand on commence
à avoir des soupçons, c’est tentant. Ils arrivent que certains conjoints autorisent
que leurs femmes consultent leur GSM. C’est parfois triste que des femmes
quittent leur mari parce qu’ils l’ont trompé… Sans explication. Mais ça peut arriver.

Pourl’examen :
 Poser la question de la sexualité
 Etre à l’aise devant un couple
 Quand on ne sait pas quoi prescrire : il faut prescrire de faire des
choses à deux et des massages, surtout !
 Baguette magique : si j’avais une baguette magique, qu’est-ce que je
changerais chez l’autre, chez moi ?

Monsieur Z, 35 ans :
 Divorcé il y a 3 ans, dépression réactionnelle
 Sa situation a évolué :
o Une promotion professionnelle (ingénieur commercial)
o A rencontré une femme
 Depuis qu’ils vivent ensemble, ça ne va plus :
o Impuissance situationnelle après des altercations
o Sa compagne le supporte mal  « preuve de désamour »

Le divorce n’a pas été facile. Il a eu une promotion professionnelle et il a rencontré


une femme. Et depuis qu’ils vivent ensemble, ça ne va plus, il y a une impuissance
ou dysfonction érectile aujourd’hui. C’est devenu un enjeu dans la relation.

Bilan organique négatif : il est jeune, en bonne santé, n’a pas de maladie cardiaque,
pas de diabète… Ses troubles sont situationnels et non constants.
 On remarque surtout que madame a une très forte personnalité et que
monsieur est quand même frustré par son autoritarisme et son
intransigeance, sans qu’il n’ose s’y opposer.
 Le symptôme devient un conflit de pouvoir :
o Compromis entre son désir de s’opposer à son amie et sa peur de
l’affronter directement. A la limite, c’est son corps, son pénis qui
parle pour lui.
o Sa dysfonction érectile permet de maintenir un pseudo équilibre dans
le couple.

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Céline Dehez

 Traitement : diminuer la peur d’affrontement, donner du sens au symptôme


et apprendre au patient à s’affirmer face à sa compagne. Eventuellement
prescrire du Viagra pour couper l’anxiété de performance.

Parfois, on fait des choses qui sont censées faire plaisir à l’autre, mais qui ont un
impact négatif sur le couple : Monsieur ne parle pas beaucoup et donc il ne lui dit
pas qu’il va vendre son appartement. Elle tombe sur les papiers et fait une crise et
dit que ce n’est pas le moment de vendre… Elle pense qu’il lui cache des choses. A
ce moment-là, la dysfonction érectile a vraiment décomposé. Pourtant, il voulait lui
faire une surprise et rénover l’appartement. Ensuite, la femme a changé la
disposition des pièces, ça partait d’une bonne intention, mais quand l’homme s’est
rendu compte que toutes ces affaires avaient bougées, il a flippé. Il faut relancer
la machine sans peur.

Madame B :
 Mammectomie partielle.
 Désespérée parce que son mari ne fait plus de proposition sexuelle.
 « Je ne suis plus une femme » ; « il ne m’aime plus ».
 Encouragement à venir consulter en couple.
 Mari : « je n’osais pas » ; « j’avais peur de rouvrir la plaie ».
 Happy end !

Cas classique : Madame qui a eu une mammectomie partielle et qui confie à


l’oncologue que depuis qu’elle n’a plus qu’un sein, son mari ne lui fait plus l’amour et
elle pense qu’il ne l’aime plus. Demander si elle est sûre qu’il ne l’aime plus. Elle dit
non, mais qu’il ne lui fait plus l’amour. Certains couples s’aiment sans se le dire.

En sexologie, il y a des cas relativement simples, où il faut se voir à peine quelques


fois, 2 ou 3, pour que ça soit réglé. C’est un lieu où ils peuvent communiquer.

Madame A : très important de travailler en équipe dans ce genre de cas !


 Mammectomie pour un cancer hormono-dépendant R/ anti-œstrogènes. Les
anti-œstrogènes ne sont pas bon pour la sexualité et diminue le désir. Ils
sont donnés pendant une période variable.
 Elle a une perte de désir et refuse d’avoir des rapports sexuels.
 Le mari a des aventures ponctuelles « pour ne pas l’ennuyer » et le médecin
traitant est au courant.
 Après 6 mois, madame finit ces anti-œstrogènes et est demandeuse, mais
le mari a alors une dysfonction érectile. Le médecin traitant est consterné.
C’est lui qui prend contact avec une sexologue. Elle demande au médecin

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Céline Dehez

traitant de les envoyer en couple et elle fait semblant de ne pas être au


courant de l’infidélité. Aucun des deux n’a jamais fait allusion à cette
infidélité. Elle a proposé des solutions : massages du dos, sortie à deux… Et
les problèmes ont été réglés.

Peu importe le modèle psychothérapeutique, il faut demander si madame le sait et


si elle est d’accord, car dans ce cas, monsieur dit ce que madame pourrait penser
en disant « je n’ai pas envie de l’ennuyer ».

On peut travailler en équipe avec des gens qu’on connaît bien et mais aussi avec
des gens qu’on ne connaît pas, comme c’était le cas de ce médecin traitant.

Monsieur C :
 Prostatectomie radicale totale.
 Dysfonction érectile due à une lésion nerveuse. Souffrance d’autant plus
important car c’est un séducteur, il a un comportement de style Don Juan.
Il est gêné et n’ose plus draguer à cause de sa dysfonction érectile.
 Psychothérapie : relation à la mère, rapport aux femmes, vécu de sa
masculinité… Il faut lui dire que les femmes trouvent ça mignon et qu’il doit
leur dire. Sa croyance concernant les femmes est fausse : elles veulent de
la tendresse et de l’attachement la plupart du temps. Il y a un rôle joué par
la psychoéducation. On apprend qu’il a été abusé physiquement par sa mère
dans son enfance. De plus, il était très attaché à elle.
 Premier engagement affectif stable : il finit par rencontrer une femme et
par tomber amoureux.
 Guérison de son dysfonctionnement !

Monsieur D :
 Intervention majeure pour un cancer de la prostate. Séquelle : incontinence.
 Opération uro pour l’incontinence réussie. Le mari dit à sa femme que ça va
mieux, mais qu’il n’arrive plus à faire l’amour.
 Plainte sexuelle : proposition de « pompe externe », en présence de l’épouse.
La pompe externe permet à l’homme d’avoir une érection.
 Reproche de l’épouse après la consultation.
 Essai solitaire devant un porno en se masturbant avec un aspirateur qui fut
infructueux et surtout, surpris par son épouse rentrée à l’improviste.
 Crise de couple : elle en parle aux enfants et petits-enfants qui le voient
comme un pervers. Sa femme ne veut plus lui parler. Le sexologue propose
au mari d’inviter sa femme au restaurant pour lui expliquer : ça a été mieux.
 L’urologue fut stupéfait parce que la femme était au courant qu’il avait
proposé la pompe externe à son mari.

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Céline Dehez

Madame Y, 35 ans :
 Réduction mammaire à cause de « maux de dos ».
 Réussite esthétique.
 Conflit avec le mari : perte de désir sexuel.
 Entretien de couple : mari choqué car sa 1ère épouse, sa mère et sa tante
étaient décédées d’un cancer du sein.

Une belle femme et depuis cette opération, elle est en conflit avec son mari qui ne
lui proposait plus de faire l’amour. La sexologue essaye de voir le mari. Il ne
comprenait pas qu’on se fasse opérer et anesthésier alors qu’on n’a pas de maladie.
La sexologue se dit que peut-être il regrette les gros seins. Mais en creusant, elle
apprend que son ex-femme, sa mère et une tante étaient toutes décédés d’un
cancer du sein. Pour lui, que sa femme se fasse opérée alors qu’elle n’avait pas de
cancer, pour un problème esthétique, ça le mettait hors de lui.

Madame C, 40 ans :
Elle souffre d’infections vaginales et urinaires à répétition qui lui gâchent la vie.
Depuis 2 ans, elle souffre également de douleurs pelviennes chroniques et refuse
les rapports sexuels. Elle a repris son métier de coiffeuse. Avant, elle travaillait
dans le commerce artisanal avec son mari. Pour elle, ses douleurs sont dues à la
position debout qu’exige toujours ce métier. Au cours d’un entretien de couple,
Monsieur rappelle une scène familiale d’il y a 2 ans : sa fille (issue d’un premier
mariage), qui travaillait avec le couple dans le commerce, a eu un violent conflit
avec Madame sur une question professionnelle et Monsieur avait donné raison à sa
fille. Madame décide alors de ne plus travailler avec eux, ce qui est une souffrance
pour le mari qui rêvait d’un couple fusionnel. Elle avait complétement oublié,
refoulé  il y a des amnésies de faits marquants. Elle n’aurait jamais eu ce
renseignement si elle l’avait vu en thérapie individuelle… Traitement : accepter le
sens symbolique et s’affirmer plutôt que se plaindre  reconstruire un couple,
avoir un métier à soi,…

Madame L, 55 ans :
Toux rebelle existant depuis
2 ans et dont la mise au point
n’a révélé qu’un discret reflux
gastro-œsophagien laissant
les pneumologues insatisfaits.

Son époux est décédé il y a 2 ans et demi de troubles pneumologiques (BPCO ou


broncho-pneumopathie chronique obstructive), ce qui pourrait faire penser que sa
toux pourrait être la trace mnésique de son mari. Mais la patiente explique qu’elle

47
Céline Dehez

ne s’entendait pas avec son mari, qu’ils faisaient chambre à part, qu’il était
alcoolique et violent et qu’elle souhaitait parfois sa mort. Mais au niveau des dates,
ça ne colle pas. Donc, on creuse encore… Sa sœur est venue vivre pendant 6 mois
avec elle au moment du deuil. Elle avait plein d’enfants, mais en pleine activité
professionnelle, elle ne les voyait pas beaucoup sauf quand ça n’allait pas et qu’elle
toussait toute la nuit. On propose de faire régulièrement des réunions de famille,
sans que maman ne doive être malade. On voit que le symptôme, elle ne le faisait
pas exprès, il avait une valeur symbolique. Mais le soutien familial joue aussi.

On peut dire : « votre corps est intelligent, il se souvient des règles de famille :
quand une personne est malade, la famille est là ».

Thérapie systémique :
 Communication efficace.
 Diminution du « patient non-demandeur » : si quelqu’un vient chez nous,
mais que c’est le conjoint qui a téléphoné, il ne faut pas l’oublier.
 Préventif de chronification : le symptôme et l’expression du symptôme sont
récupérés comme moyen de communication pour vérifier la relation,
l’affection, l’attachement aux autres. Si on réussit à ce que la
communication passe sans symptôme, alors on a gagné.
 Détection des troubles émotionnels : par exemple, la personne raconte son
problème de couple de manière indifférente, mais une fois qu’on parle des
parents, il explose.
 Recadrage sur les conséquences « hic et nunc » : quand on voit un problème
quel qu’il soit, on se demande quelle est la cause… Dans la thérapie, il faut
se concentrer sur les conséquences depuis l’apparition du symptôme (faire
de la systémique via nos questions).
 Agent de non-culpabilisation : la thérapie systémique ne veut pas rendre
couple. Personne n’est désigné comme le coupable, c’est la relation qui
souffre, il n’y a que des malentendus.
 Qualité de vie du soignant : augmentation de la satisfaction professionnelle
et diminution du stress professionnel.

Sexualité = santé (relation qui va


dans les deux sens). Les gens qui font
l’amour vivent plus longtemps. C’est
vrai, ce sont des corrélations. Les
flèches vont dans les deux sens. La
sexualité, c’est du sport, donc c’est
bon pour la santé, pour autant qu’on
n’attrape pas une maladie.

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Céline Dehez

L’évolution des espèces :


Les hommes et les femmes ont peut-être évolué différemment. Avant les GPS, il
pouvait y avoir de fameux conflits : l’homme conduisait et la femme tenait la carte.

Linguistic skills and sensitivity :


 The male brain : the more independant functionning of the left hemispheres males
linguistic constructions of reality more factual, linear, and goal directed.
 The female brain : the more configured and interconnectec functionning of the
two hemisphers makes linguistic constructions more sensitive to nuances, hidden
meaning and associations.

Dans la littérature, on dit que notre cerveau est organisé de façon différente
entre l’homme et la femme. Le cerveau de l’homme : il utile une zone de son cerveau
plus dirigé vers un but. Alors que le cerveau de la femme est plus interconnecté
entre les deux hémisphères. Ça nous permet de faire des liens, des associations
beaucoup plus facilement, de donner des nuances, de mettre une information dans
son contexte. Quand on donne des tâches à des femmes et à des hommes : des
zones s’activent dans les deux hémisphères pour les femmes et dans un seul pour
les hommes.

Beaucoup de couples viennent en thérapie et la dame


dit que son mari ne l’aime plus, qu’il ne l’entend pas. Les
hommes ne savent faire qu’une chose à la fois et c’est
quelque chose d’incompréhensible pour les femmes.
C’est peut-être culturel, mais il y a vraiment une grande
différence. La majorité des femmes, quand elles
travaillent et qu’elles sont interrompues par un coup de
téléphone, arrivent à reprendre le travail sans
problème après. Les hommes doivent fermer le tiroir
pour ouvrir l’autre. Les hommes sont souvent soulagés
quand on leur dit qu’ils ne savent faire qu’une seule chose à la fois.

49
Céline Dehez

On dit égalité des sexes, mais pas du tout. Il y a encore des violences faites aux
femmes. Dire qu’on est différent ne veut pas dire qu’il y a un genre supérieur à
l’autre.

La différence entre homme et femme est-elle culturelle ou naturelle ? Les deux,


selon madame Reynaert. Actuellement, il y a quand même des variables biologiques,
physiologiques. Le bébé masculin a énormément de testostérone. Mais on peut
élever les garçons comme les filles, sans doute qu’ils deviendront les uns plus
féminins et les autres plus masculins.

 Oser poser la question de la sexualité même si on n’est pas en sexologie


 Quand il y a un problème sexuel, il ne faut pas avoir l’esprit que c’est tout
psychologique ou tout somatique… Il faut avoir une approche globale, ce qui
est indispensable en sexologie.
 A n’importe quel problème de couple, vous conseillez d’aller au ciné puis au
resto, et au resto, de parler du film et pas de leurs conflits + de se faire
des massages sans pénétration.
 Au quotidien, les massages et 10min sans distraction comme la télévision.

Pourquoi les femmes sont plus jalouses ? Pour protéger notre petit nid pour élever
nos poussins. Les hommes aiment bien avoir des projets. Aimer une femme, c’est
également faire des projets avec elle. Si on n’accepte pas les différences entre
homme et femme, on va tous finir homosexuels.

Le masculin et le féminin :
« En ce qu’ils ont de commun, les deux sexes sont égaux ; en ce qu’ils ont de
différent, ils ne sont pas comparables. »

La puberté pour les hommes, c’est la découverte du plaisir rapide. Pour les filles,
c’est l’arrivée des règles. L’arrivée des menstruations est quelque chose de très
intéressant dans les consultations psychologiques ou sexologiques. Il faut

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Céline Dehez

demander quand sont arrivées les premières règles et comment ça s’est passé ?
Quand on devient une femme, les mots qu’on met là-dessus sont très importants
(par la mère ou toute autre personne). Beaucoup de prescriptions de pilules sont
faites pour diminuer les douleurs pendant les règles. Ces douleurs ne sont pas
forcément psychologiques, parfois psychosomatiques.

Le plaisir solitaire se fait plutôt via le clitoris. Le vagin comme organe n’est
vraiment découvert que grâce/à cause des hommes.

L’homme est plus proactif, il a un désir moins fragile. L’amour, c’est aussi faire un
petit effort pour comprendre les besoins de l’autre. La femme a besoin de 8
minutes pour s’exciter. Dire que l’homme est plus proactif ne veut pas dire que la
femme est passive. Etre réceptive, c’est quand même être active.

Toute relation est circulaire. L’un caresse l’autre. Mais dans certaines
prescriptions, comme le couple n’est de toute façon pas d’accord : un jour sur deux,
c’est l’homme qui est complétement passif.

Les règles de la communication peuvent tout à fait s’appliquer aux relations


sexuelles : circularité, complémentaire physique (la femme peut prendre des
initiatives), le langage analogique et le langage digital s’exprime très fort quand
on fait l’amour (trouver son équilibre). Et elles peuvent aussi parfois aider les
couples à essayer de voir quel est le problème. L’introduction sur la systémique
peut quand même s’appliquer à la sexologie.

On est différent et dans notre société, on fait vraiment semblant qu’on est
unisexe, on en arrive même à ce fameux langage inclusif (= ajouter le féminin à
chaque mot). Avec certains patients, il faut revenir à la différence justement.

Beaucoup de problèmes de couple sont liés à l’impression qu’il y a une différence


de pouvoir. Notre société évolue, les femmes évoluent progressivement.

Excitation plus visuelle chez les hommes (magasine, porno) et plus fantasmatique
chez les femmes (visions de relations précédentes, de fantasmes). Maintenant
est-ce que ça évolue avec l’âge ?

Zenith Survey, 2003 :


La vie affective et sexuelle des
Belges :

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Céline Dehez

Les Belges sont actifs : il y a eu 2844 réponses, sans difficulté, avec un peu plus
de femmes que d’hommes. Ils recevaient juste un Bic, donc les Belges ne sont pas
si coincés sur le sujet de la sexualité.

Une vie sexuelle satisfaisante n’est possible


que s’il y a une relation amoureuse profonde :

Pour un groupe de femmes de plus 60 ans,


c’est comme si elles évoluaient : au début,
elles étaient coincées par l’attente du prince charmant et pour finir, elles se
dégagent de ce besoin d’être aimée pour prendre du plaisir. La sexualité de la
femme est quand même quelque chose qui évolue. Dans les couples stables, la
femme se lasse plus vite que l’homme, elle a besoin de plus de fantaisie.

L’amour selon Freud et Spinoza :


« L’amour est désir et le désir naît du manque »
« L’amour est une joie qu’accompagne l’idée de sa cause »

En cas de problèmes sexuels, les gens vont plus facilement voir un généraliste.
Donc quand on s’installe en tant que sexologue, il vaut mieux aller voir le médecin
généraliste du coin pour se présenter et lui dire qu’on est là.

Derrière le mot « amour », il y a quand même des interprétations différentes.


Quelque chose qui peut être important de creuser, surtout dans les cas de violence
conjugale : quand on demande à la femme pourquoi elle reste avec cet homme, elle
répond que c’est parce qu’elle l’aime. Schéma fréquent : une femme qui a été battue
est maintenant avec un homme gentil et respectueux, elle a alors des problèmes
sexuels. Elle confond l’excitation et être amoureuse.

Il faut essayer d’avoir de l’empathie pour le conjoint, essayer de le comprendre.


Il faut que la qualité du professionnel de la santé soit mise aussi entre les conjoints
dans la relation.

Que prescrire ? Renforcer le couple :


Avant de voir les parents ou les grands-
parents, il faut renforcer la dyade-
couple !

Dans les consultations, c’est souvent des


femmes qui ont eu un père alcoolique

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Céline Dehez

qu’elles n’ont pas su aider, qui sortent ensuite avec un homme alcoolique et qui
espèrent réussir à l’aider.

Beaucoup de problématiques d’adolescents s’arrangent quand on fait venir les


parents en consultation.

Trouble de l’orgasme chez la femme : Beltramy et Couture en 1998


 Une bonne entente dans le couple
 Des préliminaires de plus de 20 minutes
 Et une pénétration d’une durée de 10 à 20 minutes

La femme ressent l’intérêt sexuel à une excitation satisfaisant mais n’arrive


pas à l’orgasme

« Il n’y a pas de femme frigide, il n’y a que des hommes qui ne savent pas s’y
prendre. »

Avant de dire qu’une femme n’a pas d’orgasme, il faut quand même être sûr qu’il y
a une bonne entente dans le couple. Une femme ne se laisse pas aller quand elle en
veut à son conjoint.

Quand il y a une bonne entente dans le couple, des préliminaires de plus de 20


minutes et une pénétration de 10 à 20 minutes et qu’il n’y a pas d’orgasme à chaque
fois, alors il y a un problème. Pour qu’il y ait de l’orgasme, il faut qu’il y ait du désir
et de l’excitation.

Attitude de l’homme face à une femme anorgasmique, multi-orgasmique ou


simulatrice :
Certaines femmes peuvent avoir plusieurs orgasmes en suivant = multi-orgasmique.

Réflexe éjaculatoire/orgasme féminin fragile :


Quand l’homme n’a pas d’érection, on peut proposer à la femme de caresser le
périnée (entre les testicules et l’anus) ou les mamelons pour certains hommes.

Comportements adéquats ?
Plus de préliminaires :

Association entre les activités


sexuelles et l’attente de l’orgasme :
(coït = pénétration)

La façon de faire l’amour est aussi importante !

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Céline Dehez

Comportements adéquats ? Rapport sexuel d’une certaine durée


Les femmes ont besoin en moyenne de 8 minutes pour atteindre l’orgasme.
 Comment ça se passe quand elles sont avec un homme qui a une dysfonction
érectile ou une éjaculation précoce ?

Indice de l’EP chez les partenaires de 578 femmes vivant en couple et consultant pour
une dysfonction sexuelle féminine :

L’éjaculation précoce, ça se traite, avec un dérivé d’antidépresseur avec une durée


d’action plus courte = la Dapoxetine. L’éjaculation précoce n’est pas une maladie !

La femme devient active, au-dessus de l’homme et fait tous les mouvements,


comme ça l’homme ne doit pas se concentrer sur le musculaire et peut se
concentrer pour faire durer l’acte.

Chacune est responsable de son propre plaisir !


Etre très attentif au langage non-verbal
 Connaissance de son sexe et de son fonctionnement : d’abord se connaître,
savoir que nous aussi, on peut s’appliquer, érotiser.
 Erotisation.
 Gestion de la tension musculaire.
 Perception des stimuli (+ lâcher prise) : être attentif à tous ces stimuli.
Qu’est-ce que vous aimez chez Monsieur ? Plus sensible au toucher… S’il
n’est plus sexy, alors penser à un acteur = ce n’est pas tromper !
 Activité fantasmatique.
 Exercices de Kegel = prise de conscience des muscles du périnée à
contracter plusieurs fois par jour. Contracter notre périnée, participer au
rapport sexuel + bouger son bassin. Si la femme ne sait pas ce que c’est,
proposer que la prochaine fois qu’elle urine, elle se retienne quelques
secondes après avoir commencé  c’est le même muscle. Si elle n’y arrive
toujours pas, on peut demander de l’aide aux kinésithérapeutes.
 Mouvements du bassin (réceptivité, proactivité) : les mouvements du bassin
sont très importants. Mettre son corps en position de réceptivité.

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Céline Dehez

En cas de baisse générale de la libido, demander à la patiente si elle veut


commencer par le haut/la tête ou par le bas ?

- Depuis quand avez-vous votre problème ?


- Et que s’est-il passé à ce moment-là ?

L’homme face à l’orgasme de la femme :


Profils réactionnels de l’homme :
 (+) Renforcement dans sa virilité (plus si P).
 (-) Anxiété liée à la jouissance de sa partenaire. Certains hommes sont
anxieux face à la jouissance de leur partenaire. Une femme qui crie, qui
jouit, ça leur fait peur. Il faut laisser le temps. C’est souvent le cas des
veufs quand il retrouve une vie sexuelle, avec une femme très active…

La femme « multi-orgasmique » :
 Les orgasmes multiples correspondent à la capacité de jouir plusieurs fois
durant le même rapport sexuel sans pause nécessaire  privilège des
femmes.
 Seulement un petit nombre de femmes affirment vivre plusieurs orgasmes
consécutifs.
 Différences individuelles dans l’intensité du plaisir.

L’homme face à une femme « multi-orgasmique » :


Profils réactionnels :
 (+) Renforcement de la virilité de l’homme qui s’attribue l’exploit.
 (-) Mise sous pression quant à la durée de la relation sexuelle.

L’anorgasmie des femmes :


Fréquence de la difficulté à atteindre
l’orgasme (6824 femmes française de
18 à 69 ans) :

 Simulant son plaisir


 Déclarant son manque ou son
absence de plaisir

L’homme face à l’anorgasmie de la femme : Si la femme simule :


 (+) Excite davantage la plupart des hommes.
 (+) Sert d’auto-stimulant pour la femme.
 (-) Signe de communication érotique pauvre avec ses conséquences (si
systématique).
 (-) Blesse si la simulation est découverte.

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Céline Dehez

Si la femme signal son anorgasmie :


 (+) A deux à la recherche du plaisir de la femme.
 (-) Risque de focalisation sur le problème.
 (-) Peut perturber la réponse sexuelle de l’homme.

 Plusieurs profils réactionnels de l’homme ! Lorsque l’anorgasmie est dévoilée :

L’homme passif face à l’anorgasmie de la femme : ce n’est pas terrible


 Hommes peu soucieux du plaisir de la femme.
 Hommes restant indifférents, tentant de faire comme si de rien n’était (à
court-terme, c’est ok).
 Homme banalisant et rationalisant le problème, en invoquant le stress, la
fatigue, les ennuis, sans doute parce qu’il se culpabilise, cherche à se
rassurer.

L’homme aidant face à l’anorgasmie de la femme :


+ -
 Fonction de réassurance  Pression à réussir
 Fonction d’apprentissage mutuel  Focalisation sur la performance
 Accent sur les limites
 Plus technicien ou co-sexologue
qu’érotique
 Angoisse de la contre-performance
qui projette la femme dans un rôle
de spectatrice, étouffant toutes
ses réactions sexuelles

Prendre un bain plein de mousse en couple ou se caresser avec des plumes : parfois
un objet transitionnel peut aider certains couples.

Le petit chéri devient un technicien, un co-sexologue, ce qui est négatif. Et si elle


est en train de se dire « cette fois-ci, je vais avoir un orgasme », ça peut empêcher
d’avoir un orgasme.

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Céline Dehez

L’homme blessé face à l’anorgasmie de la femme :


 Hommes atteints dans leur amour propre.
 Hommes cherchant à se rassurer dans une relation extraconjugale.
 Hommes chez qui ça provoque une dysfonction sexuelle masculine.
 Hommes devant hostiles-agressifs. Le blessé va se vexer et risque d’être
désagréable dans d’autres domaines que la sexualité.

Comportements adéquats ? Communication sexuelle :


 Communication sexuelle dans le couple = facteur important de la vie
sexuelle.
 Les hommes abordant le sujet ont une idée plus précise de ce qui procure
du plaisir à leur partenaire  comportements sexuels plus adéquats.
 Equilibre entre faire l’amour et parler de sexualité.

Est-ce qu’il faut communiquer dans le couple ? Communiquer dans une bonne
ambiance, bienveillante,… mais avec beaucoup de délicatesse. Les limites du couple
moderne : ça peut parfois inhiber. Le plus adéquat, c’est pendant qu’on fait l’amour
et qu’on reçoit une caresse qu’on apprécie, le signifier à ce moment-là et pas à
froid après ou le lendemain. C’est très bien de faire des remarques, mais à chaque
fois qu’on fait une remarque, il faut faire un compliment.

Le « coital alignment technique » ou CAT :

 Variation de la position du missionnaire


 Pas un va et vient, mais un glissement calme et répété entre les deux bassins
 la base du pénis stimule le clitoris. Ce n’est pas un pénis dans un vase
passif, ce sont deux bassins qui ondulent.

Que prescrire ?
Quel que soit le problème, il faut dire « est-ce que je peux vous demander
quelque chose de difficile… ? » avant de faire une prescription.

 Interdire les rapports complets


 Massage du dos réciproque :
o Tirer au sort : qui commence ?

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Céline Dehez

o Couper vos GSM, la télévision, l’ordinateur


o Celui qui est massé pense à son dos et celui qui masse pense à
ces mains
 Faire des sorties à deux : aller au ciné, puis au restaurant et parler du
film, pas des problèmes !

La circularité de la communication :
Ne pas laisser un membre de la
famille décrire tous les symptômes.
Il faut interrompre pour questionner
les autres membres présents  c’est
l’interaction qui est importante.

Quand vous les voyez à deux, c’est la relation qui est mise en cause : il n’y en a pas
un qui est vilain, pas un qui est malade. C’est un malentendu dans la relation. Et
quand un parle, demander à l’autre ce qu’il en pense. Ne pas laisser un seul parler.

Modèle de la double contrainte réciproque dans le couple : Mony Elkaïm


PO = Programme Officiel
CM = Carte du Monde

On demande à l’autre quelque chose qui


n’est pas ce qu’on a connu. Intéressant
de le faire vraiment comme Mony l’a fait.
Quand la patiente dit qu’elle aimerait
que son conjoint soit plus câlin, il faut lui
demander qui a déjà été câlin avec elle.

L’homme, Benedetto, demande l’attention et la femme, Anna, demande de


l’affection, de l’amour. Premièrement, question de bon sens (sortir à deux) et
petits conseils pratiques. Un des reproches de Benedetto : quand elle invite des
amis, elle parle en néerlandais et il ne comprend rien. Essayer de voir sa carte du
monde : Benedetto a été confié à ses grands-parents et vers 14-15 ans, il a été
repris et son père a été vraiment dégueulasse avec lui (tu es vraiment un bon à
rien). Il ne recevait pas d’intention. Et Anna, en parlant néerlandais à ses amis et
en s’occupant de son fils, reproduit la carte du monde de Benedetto. On retrouve
des éléments dans le passé qui font que la carte du monde est reproduite. Anna,
adorée par un père qui voulait absolument une petite fille. Mais à Noël, vers 5-6
ans, on lui dit qu’il est parti en voyage. En réalité, il était en prison. Sa carte du
monde : quand j’ai de l’amour que je suis adorée, ça ne peut pas durer, tout s’arrête
d’un coup. Comme quoi, il ne faut pas cacher des choses honteuses aux enfants.

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