Apocalypse 12 - Résumé Et Conclusion
Apocalypse 12 - Résumé Et Conclusion
Apocalypse 12 - Résumé Et Conclusion
Mais auparavant, chers amis, je désire revenir sur quelques idées émises dans
nos premières soirées. Je commence donc, en traitant de ces sujets, par vous en
rappeler encore le grand but, qui me paraît être double. Ils doivent avoir pour
premier résultat de nous détacher de ce monde, ce qui est un effet constant de toute
la Parole, bien entendu quand l’Esprit de Dieu agit, mais la prophétie est tout
particulièrement efficace sous ce rapport ; je veux dire qu’elle tend à nous séparer
de «ce présent siècle mauvais». En second lieu, elle est spécialement propre à nous
faire mieux comprendre le caractère de Dieu et ses voies envers nous. Tels sont les
deux grands fruits de l’étude des prophéties, qui me semblent très précieux.
On fait bien des objections à cette étude ; mais c’est ainsi que Satan agit
toujours à l’égard de la vérité. Je parle non d’objections contre telle ou telle vue,
mais d’objections contre l’étude de la prophétie elle-même ; et Satan agit toujours
ainsi à l’égard de la parole de Dieu tout entière. À l’un, il dit d’en suivre la morale,
et non pas les dogmes, parce qu’il sait que les dogmes soustrairont les hommes à
son pouvoir, par la révélation de Jésus et de sa vérité dans leur coeur. À tel autre, il
suggère de négliger la prophétie, parce qu’on y trouve le jugement du monde, dont
il est le prince. Mais n’est-ce pas blâmer Dieu, qui nous l’a donnée, et qui même a
attaché une bénédiction particulière à la lecture de cette partie réputée la plus
difficile de sa Parole ?
La prophétie jette une grande lumière sur les économies de Dieu, et, dans ce
sens, elle nous en donne beaucoup aussi pour notre affranchissement spirituel. Ce
qui empêche le plus l’âme de trouver cet affranchissement, c’est l’erreur que l’on
commet en confondant la loi avec l’Évangile, les économies passées avec
l’économie présente. Si, dans notre combat intérieur, nous nous trouvons en face de
la loi, il nous est impossible de trouver la paix. Et cependant, si l’on insiste sur la
différence qui existe entre la position des saints avant l’économie actuelle, et celle
des saints pendant cette économie, cela jette le trouble dans l’esprit de plusieurs.
Or, l’étude de la prophétie répand une grande clarté sur ces points, et, en même
temps, sur la règle même de conduite pour les fidèles ; car, tout en constatant
clairement un salut tout gratuit par la mort de Jésus, la prophétie nous fait
comprendre cette différence entière dont nous venons de parler entre la situation
des saints d’autrefois et celle des saints d’aujourd’hui, et éclaire de tous les conseils
de Dieu le chemin par lequel il a conduit les siens, soit avant, soit après la mort et
la résurrection de Jésus.
De plus, chers amis, comme nous l’avons dit, c’est toujours l’espérance qui
nous est présentée qui agit sur nos coeurs et sur nos affections. Il y a ainsi toujours
devant nous des jouissances qui impriment leur caractère sur notre âme : ce qui
occupe le coeur de l’homme comme espérance fait la règle de sa conduite.
De quelle importance n’est-il donc pas d’avoir l’esprit rempli d’espérances
selon Dieu ! On prétend que c’est vouloir vainement pénétrer dans des choses
cachées ; mais, s’il était vrai qu’on ne doit pas entrer dans la prophétie, il faudrait
dire aussi qu’on ne doit pas porter ses pensées au-delà du temps présent. Le moyen
de bien savoir ce que Dieu a voulu faire pour l’avenir, c’est assurément d’étudier la
prophétie qu’il nous a donnée. La prophétie, c’est l’avenir, le miroir scripturaire des
choses futures. Si l’on n’étudie pas ce que Dieu a révélé de l’avenir, on en vient
nécessairement à suivre ses propres idées. Dire que «la terre sera remplie de la
connaissance de l’Éternel», c’est déjà une prophétie, et l’on ne peut rien espérer de
certain quant aux voies de Dieu à cet égard, non plus que pour les choses célestes,
sans étudier la prophétie. Sans doute, on peut jouir de la communion de Dieu dans
le moment présent, et c’est là une chose qui est à nous dès maintenant ; mais, quant
à tous les détails de la gloire à venir, c’est encore là le sujet de la prophétie. Tout ce
qui dépasse le présent, et qui n’est pas la prophétie de Dieu, est une spéculation de
l’homme.
D’autres fois, on dit que la prophétie est, sans doute, très importante quand
elle est accomplie, parce qu’alors cela prouve la vérité de la parole de Dieu. Mais
un enfant de Dieu peut-il tenir un tel langage, et prétendre borner l’emploi de la
prophétie à un tel usage ? C’est comme si, quelqu’un me traitant en ami, me
comblant de bienfaits, me communiquant toutes ses pensées, m’informant de tout
ce qu’il saurait devoir arriver, je ne me servais de ce qu’il m’a dit que pour
m’assurer plus tard, quand les choses arriveraient, qu’il était un homme véridique.
Chers amis, c’est une grande injure à la bonté, à l’amitié de Dieu, que d’agir ainsi
envers Lui. Et je dis que vous et moi, comme chrétiens, nous n’avons pas besoin de
voir l’événement avant de croire que Dieu a dit vrai. Vous croyez déjà que la
prophétie est la parole de Dieu.
D’ailleurs, la plupart des prophéties seront accomplies à la fin, dans les
derniers jours, et il sera trop tard alors pour être convaincu de leur caractère divin.
Elles nous sont données pour nous diriger maintenant dans les voies du Seigneur, et
pour être notre consolation, en nous faisant comprendre que c’est Dieu qui a tout
disposé, et non pas l’homme. Ainsi, les passions, au lieu de s’agiter dans la
politique, se calment ; je vois ce que Dieu en dit, je lis dans Daniel que tout est
réglé d’avance, et je me tranquillise. Tout à fait séparé de ces choses mondaines, je
puis étudier d’avance la profonde et parfaite sagesse de Dieu ; je m’éclaire et je
m’attache à Lui, au lieu de suivre mes propres vues. Je vois, dans les événements
qui se déroulent, le développement des pensées du Très-haut, et non pas un
domaine abandonné aux passions humaines. Et c’est par la prophétie, spécialement
dans les événements qui s’accomplissent à la fin, que le caractère de Dieu nous est
montré, tout ce que Dieu a voulu dire de lui-même, sa fidélité, sa justice, sa
puissance, son long support, mais aussi le jugement qu’il exécutera certainement
sur l’iniquité orgueilleuse, la vengeance éclatante qu’il tirera de ceux qui
corrompent la terre, pour que son gouvernement soit établi en paix et en
bénédiction pour tous. En un mot, comme ce qui est prédit par la bouche des
prophètes, quant aux Juifs, démontre le caractère de l’Éternel, sa fidélité et tous ses
attributs ; de même, ce qui est enseigné à l’égard de l’Église, développe le caractère
du Père. L’Église est en rapport avec le Père, et les Juifs avec l’Éternel, qui est le
nom caractéristique de leur relation avec Dieu.
On a cité à quelques-uns de vous, dimanche dernier, ce fameux passage de
Paul : Je n’ai voulu savoir autre chose que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié.
Je désire vous dire un mot là-dessus. On présente constamment ce passage
comme une objection contre l’étude de ce qui se trouve révélé dans la Parole. Cela
provient de deux causes : l’une est due à l’influence d’autrui, qui fait que souvent
l’on cite le passage sans avoir examiné le contexte ; l’autre cause est due, hélas ! à
un plus ou moins manque de droiture, à un désir de s’arrêter dans les voies du
Seigneur, et d’en savoir aussi peu que possible. Il n’est pas vrai, il n’est même pas
dit que nous devions nous borner à la connaissance de Jésus Christ, et de Jésus
Christ crucifié. Il faut que nous connaissions Jésus Christ glorifié, Jésus Christ à la
droite de Dieu ; il faut que nous le connaissions comme Souverain Sacrificateur,
comme Avocat auprès du Père. Nous devons connaître Jésus Christ autant que
possible, et ne pas dire : Je ne me suis proposé de savoir parmi vous autre chose
que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. C’est prendre la parole de Dieu pour en
abuser.
L’apôtre, parlant au milieu des païens, des philosophes de Corinthe, voulait
dire qu’il n’avait pas jugé devoir aborder le champ de la philosophie païenne, mais
se bornait à Jésus Christ, Jésus Christ le méprisé des hommes, pour abaisser par la
croix cette vaine gloire, et fonder leur foi sur la parole de Dieu, et non pas sur la
sagesse humaine. Mais il dit aussi, dans le même chapitre, que, du moment qu’il
vient au milieu des chrétiens, il agit tout autrement : il parle de «la sagesse parmi
les parfaits». Il ne voulait pas de philosophie humaine ; mais, dès qu’il était avec
les parfaits, il dit : «Nous parlons sagesse parmi les parfaits». Vouloir se borner à
Jésus crucifié, c’est, je le répète, se borner à aussi peu de christianisme que
possible. En Hébreux 6, l’apôtre dit qu’il ne veut pas faire ce qu’on lui fait dire ici ;
il condamne tout à fait ce qu’on nous propose sous les termes d’une fausse
humilité, et il dit : «Laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers
l’état d’hommes faits».
Après ces quelques observations sur l’étude générale de la prophétie, je vais
maintenant rappeler en peu de mots comment Dieu s’est révélé par elle.
Le 12° chapitre de l’Apocalypse nous présente le grand objet de la prophétie
et de toute la parole de Dieu, c’est-à-dire le combat qui a lieu entre le dernier Adam
et Satan.
C’est de ce centre de la vérité que rayonne toute la lumière qui se trouve dans
la Sainte Écriture.
Cette grande lutte peut avoir lieu ou pour les choses terrestres, et, dans ce cas,
c’est dans le peuple juif ; ou pour l’Église, et alors c’est dans les lieux célestes.
C’est pourquoi la prophétie a deux parties : les espérances de l’Église et celles
des Juifs, bien que la première, à proprement dire, ne s’appelle guère la prophétie,
qui concerne la terre et son gouvernement par Dieu.
Mais, avant d’en venir à ce grand dénouement, le combat entre Satan et le
dernier Adam, il faut que l’histoire du premier Adam soit développée, et c’est ce
qui est arrivé. Enfin, pour que l’Église soit mise en position de s’occuper des
choses de Dieu, il faut avant tout qu’elle ait l’heureuse certitude de sa propre
position devant Lui.
À son premier avènement, Christ a accompli toute l’oeuvre que lui avait
confiée la sagesse du Père dans les conseils éternels de Dieu ; c’est ce qui a assuré
la paix à l’Église. Le Seigneur Jésus est venu afin que la certitude du salut, la
connaissance de la grâce de Dieu fussent introduites dans le monde, c’est-à-dire
dans le coeur des fidèles. Après avoir accompli ce salut, il le leur communique en
leur donnant la vie. Son Saint Esprit, qui en est le sceau dans le coeur, leur révèle
les choses à venir comme à des enfants de la famille, héritiers des biens de la
maison. Dans la période qui sépare le premier avènement du Seigneur du second,
l’Église est rassemblée par l’action du Saint Esprit, pour avoir part à la gloire du
Christ quand il reviendra.
Voilà, en peu de mots, les deux grands sujets que je vous ai exposés ; c’est-à-
dire que, Christ ayant accompli tout ce qui est nécessaire pour le salut de l’Église,
ayant sauvé tous ceux qui croient, le Saint Esprit agit maintenant dans le monde
pour communiquer à l’Église la connaissance de ce salut. Il ne vient pas nous
proposer l’espérance que Dieu sera bon ; mais un fait, ce fait, encore une fois, que
Jésus a déjà accompli le salut de tous ceux qui croient, et, quand le Saint Esprit
communique cette connaissance à une âme, elle sait qu’elle est sauvée. Étant donc
en relation avec Dieu comme ses enfants, nous sommes ses héritiers, «héritiers de
Dieu, cohéritiers de Christ». Tout ce qui concerne la gloire de Christ nous
appartient, et le Saint Esprit nous est donné ; premièrement, pour nous faire
comprendre que nous sommes enfants de Dieu : c’est un Esprit d’adoption ; mais,
de plus, c’est un Esprit de lumière qui enseigne aux enfants de Dieu ce que c’est
que leur héritage. Comme ils sont un avec Christ, toute la vérité de sa gloire leur est
révélée, la suprématie qu’il a sur toutes choses, Dieu l’ayant établi aussi héritier de
toutes choses, et nous ses cohéritiers.
Christ ayant accompli tout ce qui était nécessaire, l’Église, jusqu’à la seconde
venue de son Sauveur, est prise d’entre toutes les nations et unie à Lui. Elle a la
connaissance du salut qu’il a accompli et de la gloire à venir, et le Saint Esprit est,
en ceux qui croient, le sceau du salut accompli et les arrhes de la gloire future.
Ces vérités jettent un grand jour sur toute l’histoire de l’homme. Mais
rappelons-nous toujours que le grand objet de la Bible, c’est le combat entre Christ,
dernier Adam, et Satan.
Dans quel état Christ a-t-il trouvé le premier Adam ? Dans un état dans les
profondeurs duquel il a dû entrer comme chef responsable de toute la création. Il l’a
trouvé dans un état de chute, entièrement perdu. Voilà ce qui devait nécessairement
se développer avant la venue de Christ : Dieu n’a introduit son Fils comme Sauveur
dans le monde, que lorsque tout ce qui était nécessaire pour démontrer que
l’homme était incapable en lui-même de tout bien, fût consommé. Tout l’état de
l’homme, avant et après le déluge, sous la loi, sous les prophètes, n’a fait
qu’attester toujours plus clairement que l’homme était perdu. Il a failli partout, dans
toutes les circonstances possibles, jusqu’à ce que, Dieu ayant envoyé son Fils, les
serviteurs aient dit : «Voici l’héritier, tuons-le», et la mesure du péché étant alors
comblée, la grâce de Dieu a alors aussi surabondé et nous a donné l’héritage, à nous
pauvres pécheurs, l’héritage avec Christ dans la gloire céleste, dont nous possédons
les arrhes, ayant Christ en esprit ici-bas.
J’entre maintenant un peu plus dans la succession des économies, et aussi
dans ce qui concerne le caractère de Dieu à cet égard, et la première chose que je
désire vous faire remarquer, c’est le déluge, parce que, jusqu’à cette époque, il n’y
avait pas eu, pour ainsi dire, de gouvernement dans le monde. La prophétie qui
existait avant le déluge, c’est que Christ devait venir : voilà à quoi tendaient les
enseignements de Dieu. «Voici, le Seigneur est venu, disait Énoch, au milieu de ses
saintes myriades».
Mais je passe par-dessus ces temps-là.
En Noé, nous avons le gouvernement de la terre, et Dieu entrant en jugement
et commettant le glaive à l’homme.
Ce que je désire ensuite vous faire remarquer dans ces temps-là, c’est l’appel
d’Abraham. Remarquez que le principe du gouvernement n’est plus mis ici en
avant par la Parole, mais le principe de la promesse et l’appel à être en relation avec
Dieu, dans la personne de celui qui devient la racine de toutes les promesses de
Dieu, Abraham, le père des croyants. Dieu l’appelle, lui fait quitter sa patrie, sa
famille, en lui disant d’aller dans un pays qu’il lui montrera. Dieu se révèle à lui
comme le Dieu de promesse, qui sépare un peuple pour lui-même par une
espérance qu’il lui donne. C’est à cette époque que Dieu s’est révélé sous le nom de
Dieu Tout-puissant.
Après cela, parmi les descendants d’Abraham, par ce même principe de
l’élection, Dieu prend les enfants de Jacob pour être son peuple ici-bas, objet de
tous ses soins terrestres, et du sein duquel Christ doit venir selon la chair. C’est
dans ce peuple d’Israël qu’il déploie et développe tout son caractère comme
Éternel ; ce n’est pas seulement un Dieu de promesse, mais c’est un Dieu qui réunit
les deux principes de gouvernement et d’appel, qui avaient été chacun
successivement mis en évidence en Noé et en Abraham. Israël était le peuple
appelé, séparé, mais séparé pour des bénédictions terrestres, et pour jouir de la
promesse, en même temps que pour être l’objet de l’exercice du gouvernement de
Dieu selon sa loi.
Nous avons donc le principe signalé en Noé, celui du gouvernement de la
terre, et le principe signalé en Abraham, celui de sa vocation et de son élection ; et
voilà l’Éternel qui doit accomplir tout ce qu’il a dit comme Dieu de promesse, «qui
était, qui est et qui vient», et gouverner toute la terre selon la justice de sa loi, la
justice révélée en Israël.
Nous avons montré que Dieu a fait dépendre l’accomplissement de ses
promesses, dans ces temps-là, de la fidélité de l’homme, et qu’il a pris occasion de
l’éprouver et de manifester, en détail et comme en un petit tableau, tous les
caractères sous lesquels il agissait envers lui. C’est là ce qu’il a fait sous les
sacrificateurs, les prophètes, les rois, etc. Maintenant, je désire spécialement vous
faire observer que la prophétie nous développe la suite de ces relations de Dieu
avec Israël et avec l’homme, non pas seulement comme la manifestation de la chute
de l’homme, mais principalement comme la manifestation de la gloire de Dieu.
Quand Israël a transgressé la loi de toutes les manières possibles, même dans
la famille de David, qui était le dernier appui de la nation, au moment où elle faillit,
la prophétie commence, avec tous ses aspects, et ayant ces deux caractères : l’un, la
manifestation de la gloire de Christ, pour démontrer que le peuple avait manqué à
la loi ; l’autre, la manifestation de la gloire à venir de Christ, pour être l’appui de la
foi de ceux qui désiraient observer la loi, et qui voyaient que tous y faisaient défaut.
Il est trop tard pour faire attention aux prophéties quand elles sont déjà
accomplies. Ceux auxquels elles s’adressaient devaient se soumettre aux prophètes
lorsqu’ils prophétisaient : la parole de Dieu devait parler à leur conscience. Il en est
de même pour nous. En même temps, il y avait des prédictions qui annonçaient que
le Messie devait être envoyé, venir et souffrir pour accomplir d’autres choses
importantes.
La prophétie s’appliquait proprement à la terre : on ne prophétise pas à propos
du ciel ; il s’agissait de choses qui devaient arriver sur la terre, et c’est en quoi
l’Église s’est trompée : elle a cru qu’elle devait être elle-même l’accomplissement
de ces bénédictions terrestres, tandis qu’elle est appelée à jouir des bénédictions
célestes. Le privilège de l’Église est d’avoir sa part dans les lieux célestes, et, plus
tard, les bénédictions se répandront sur le peuple terrestre. L’Église est quelque
chose de tout à fait à part pendant le rejet du peuple terrestre chassé à cause de ses
péchés, et dispersé parmi les nations, du milieu desquelles Dieu choisit un peuple,
pour le faire jouir de la gloire céleste avec Jésus lui-même. Le Seigneur, ayant été
rejeté par le peuple juif, est devenu une personne entièrement céleste. C’est cette
doctrine que l’on trouve spécialement dans les écrits de Paul. Ce n’est plus le
Messie des Juifs, mais un Christ exalté, glorifié, et l’Église unie à Lui dans le ciel ;
et c’est, chers amis, faute de bien saisir cette vérité réjouissante, que l’Église s’est
tellement affaiblie.
Ayant retracé brièvement l’histoire de ces diverses économies, il nous reste
maintenant à voir l’Église glorifiée, mais sans que le Seigneur Jésus ait abandonné
aucun de ses droits sur la terre. Il était l’héritier ; il devait répandre ce sang qui
rachetait l’héritage. Comme disait Boaz, dont le nom signifie : à lui est la force :
«Au jour que tu achèteras le champ de la main de Naomi, tu l’achèteras aussi de
Ruth, la Moabite, femme du défunt, pour relever le nom du défunt sur son
héritage». Il fallait que Christ rachetât l’Église, cohéritière par la grâce (comme
Boaz, type de Christ, a racheté l’héritage en prenant comme épouse Ruth), à qui
l’héritage était dévolu dans les décrets de l’Éternel.
Voilà donc Christ et l’Église ayant droit à l’héritage, c’est-à-dire à toutes les
choses que Christ lui-même a créées comme Dieu. Mais quel est l’état de l’Église
actuellement ? Est-ce qu’elle hérite actuellement de ces choses ? Pas d’une seule,
parce que, jusqu’à ce que nous soyons dans la gloire, nous ne pouvons rien avoir,
rien posséder, sauf l’Esprit de la promesse qui est «les arrhes de notre héritage pour
la rédemption de la possession acquise». Jusqu’à ce temps-là, Satan est le prince de
ce monde, le dieu de ce monde ; il accuse même les enfants de Dieu dans les lieux
célestes, qu’il n’occupe d’ailleurs que par usurpation, ce qu’il ne doit qu’aux
passions des hommes, et à la puissance qu’il exerce sur la créature déchue et
éloignée de Dieu, quoique, en définitive, la providence de Dieu fasse tout tourner à
l’accomplissement de ses conseils.
Et maintenant, chers amis, ayant vu les droits de Christ et de son Église,
considérons comment Christ les fera valoir. Or, c’est précisément ce qui nous
conduit à voir, dans leur ordre, l’accomplissement de ces choses à la fin. Je dois
seulement, arrivé ici (car je n’ai parlé jusqu’à présent que des Juifs), jeter un coup
d’oeil sur les Gentils.
Nous avons vu que, lorsque la chute de la nation juive fut complète, Dieu
avait transporté le droit de gouvernement aux gentils ; mais le gouvernement sur la
terre fut alors séparé de l’appel et des promesses de Dieu. Nous avons vu, réunies
dans le peuple juif, ces deux choses, l’appel de Dieu et le gouvernement sur la
terre ; elles furent distinctes du moment qu’Israël eut été mis de côté. Nous avons
déjà vu ces deux principes : gouvernement en Noé, et appel en Abraham. Chez les
Juifs, ces principes étaient réunis ; mais Israël faillit, et il cessa dès lors de pouvoir
manifester le principe du gouvernement de Dieu, parce que Dieu en Israël agissait
en justice, et qu’Israël injuste ne pouvait plus être le dépositaire de la puissance de
Dieu. Dieu donc quitta son trône terrestre en Israël. Toutefois, quant à la vocation
terrestre, Israël continua d’être le peuple appelé, car Dieu ne se repent pas de ses
dons et de son appel. Quant au gouvernement, Dieu peut le transporter où il veut, et
il l’a transporté chez les Gentils. Il y a des appelés d’entre les nations, mais c’est
pour les cieux. Jamais l’appel de Dieu pour la terre ne se transfère aux nations : il
reste chez les Juifs ; si je veux une religion terrestre, je dois être Juif.
Du moment que l’Église perd son caractère céleste, elle perd tout. Que sont
devenues les nations après la remise qui leur a été faite du gouvernement ? Elles
sont devenues des «bêtes» ; c’est ainsi que sont appelées les quatre monarchies.
Une fois le gouvernement transféré aux gentils, ils deviennent les oppresseurs du
peuple de Dieu. Ce sont, en premier lieu, les Babyloniens ; en second lieu, les
Mèdes et les Perses ; puis, les Grecs ; puis, les Romains. Eh bien, cette quatrième
monarchie a consommé son crime au même instant que les Juifs accomplissaient le
leur ; c’est-à-dire qu’elle a accédé, dans la personne de Ponce Pilate, aux voeux de
la nation rebelle, pour tuer Celui qui était le Fils de Dieu et Roi d’Israël. La
puissance gentile est en état de déchéance, comme le peuple appelé, le peuple juif.
En attendant, qu’arrive-t-il ? Premièrement, le salut de l’Église. L’iniquité de
Jacob, le crime des nations, le jugement du monde, celui des Juifs, tout cela devient
le salut de l’Église et a été accompli dans la mort de Jésus. Secondement, tout ce
qui s’est passé depuis n’a pour but que le rassemblement des enfants de Dieu. Dieu
montre en cela beaucoup de patience. Les Juifs, le peuple appelé, devenu rebelle,
chassé de la présence de Dieu, les nations devenues également rebelles, mais le
gouvernement toujours là : en état de chute, il est vrai, mais la patience de Dieu
toujours là aussi, attendant jusqu’à la fin. Puis qu’arrive-t-il ?
L’Église va rejoindre le Seigneur dans les lieux célestes.
Maintenant, supposons qu’au temps arrêté par Dieu, toute l’Église soit
assemblée ; que deviendra-t-elle ? Elle ira immédiatement à la rencontre du
Seigneur, et les noces de l’Agneau auront lieu, le salut sera consommé au siège
même de la gloire, dans les lieux célestes. Où en seront alors les nations ? Le
gouvernement de la quatrième monarchie sera toujours là ; les Juifs s’assembleront
dans cet état de rébellion, et même, pour la plupart, se soumettront à l’Antichrist,
pour faire la guerre à l’Agneau. Pourquoi cela, et pourquoi l’Évangile n’a-t-il pas
empêché un tel état de choses ? Parce que Satan, jusqu’à cette heure, n’a jamais été
chassé du ciel, et que, par conséquent, tout ce que Dieu a fait ici-bas pour l’homme
a été gâté, soit le gouvernement des gentils, soit les rapports actuels des Juifs avec
Dieu ; tout a été détérioré par la présence de Satan, toujours là, exerçant sa funeste
influence.
Mais, maintenant, Dieu va prendre les choses en main. Et que doit-il faire ?
Déposséder Satan, le chasser du pouvoir. C’est ce que Jésus fera quand l’Église
sera réunie à Lui, et qu’il commencera à agir pour remettre toutes choses en bon
ordre.
Chers amis, dès que l’Église aura été reçue auprès de Christ, la bataille dans le
ciel aura lieu, afin que le siège céleste de gouvernement soit purgé de ces sources
fécondes en mal, de ces agents actifs des maux de l’humanité et de toute la
création. Le résultat d’un tel combat est facile à prévoir ; Satan sera expulsé du ciel,
sans être encore lié ; mais il sera précipité sur la terre en grande fureur, parce qu’il
sait qu’il n’a que peu de temps. Dès ce moment, la puissance se trouvera établie
dans le ciel selon les vues de Dieu. Mais, sur la terre, il en sera tout autrement,
parce que, quand Satan sera chassé du ciel, il excitera toute la terre, et soulèvera, en
particulier, la terre apostate révoltée contre la puissance de Christ venant du ciel. Il
est dit : «C’est pourquoi réjouissez-vous, cieux et vous qui y habitez. Malheur à la
terre et à la mer ! ...»
Les cieux créés seront donc occupés par Christ et son Église, et Satan en
grande fureur sur la terre, n’ayant que peu de temps. Sous l’influence de
l’Antichrist, la quatrième monarchie deviendra la sphère spéciale sur laquelle se
déploiera alors l’activité de Satan, qui réunira les Juifs à ce prince apostat contre le
ciel. Je n’entre pas ici dans les preuves scripturaires : nous en avons déjà parlé ; je
ne résume que les faits dans l’ordre de leur accomplissement. Il n’est pas besoin de
dire que le résultat de tout cela sera le jugement et la destruction de la quatrième
Bête et de l’Antichrist. Jésus Christ anéantira, dans ce même jugement, la puissance
de Satan dans le gouvernement que nous avons vu confié aux gentils. Celui qui
manie cette puissance, s’étant joint aux Juifs, et s’étant placé à Jérusalem comme le
centre du gouvernement de la terre, sera détruit par la venue du Seigneur des
seigneurs et du Roi des rois, et Christ occupera de nouveau ce chef-lieu du
gouvernement, qui deviendra le siège du trône de Dieu sur la terre.
Mais, quoique le Seigneur soit descendu sur la terre, que la puissance de Satan
soit détruite, et le gouvernement établi dans les mains du Juste, la terre ne sera
cependant pas encore réduite sous son sceptre. Le résidu des Juifs est délivré, et la
Bête et l’Antichrist détruits ; mais le monde, ne reconnaissant pas encore les droits
de Christ, désirera posséder ce qui est son héritage, et il faudra que le Seigneur
déblaie le terrain, pour que les habitants de la terre jouissent des bénédictions de
son règne sans interruption ni empêchement, et que la joie et la gloire soient
établies dans ce monde, si longtemps assujetti à l’Ennemi.
La première chose donc que fera le Seigneur sera de purifier sa terre (le pays
qui appartient aux Juifs) des Tyriens, des Philistins, des Sidoniens, d’Édom, et de
Moab, et d’Ammon, en somme de tout ce qui se trouve entre l’Euphrate et le Nil.
Cela s’effectuera par la puissance de Christ en faveur de son peuple rétabli par sa
bonté. Voilà donc le peuple en sécurité ; puis, tout ce qui reste d’Israël sera
rassemblé d’entre les nations. Quand le peuple sera ainsi chez lui en pleine paix, un
autre ennemi viendra : c’est Gog ; mais il n’y arrivera que pour sa perte.
Je crois qu’il y aura dans ces temps-là, probablement au commencement de
cette période, outre ces jugements publics, une manifestation beaucoup plus calme,
beaucoup plus intime, du Seigneur Jésus aux Juifs. C’est ce qui aura lieu, lorsqu’il
descendra sur la montagne des Oliviers, où ses pieds se tiendront... sur la
montagne..., suivant l’expression de Zacharie 14:3 et 4. C’est toujours le même
Jésus ; mais il se révélera paisiblement, et se montrera non pas comme le Christ du
ciel, mais comme le Messie des Juifs.
À la suite du rétablissement des Juifs et de la présence du Seigneur, viendra
aussi la bénédiction des gentils. L’Église aura été bénie, l’apostasie de la quatrième
monarchie n’existera plus, le Méchant sera retranché, ainsi que les Israélites
infidèles ; enfin, le pays des Juifs sera en paix.
Mais ensuite il y aura le monde à venir, préparé et introduit par ces jugements
et par la présence du Seigneur, qui remplacera la présence du mal et du Malin.
Ceux qui auront vu cette gloire manifestée à Jérusalem iront en annoncer la venue
aux nations. Celles-ci se soumettront à Christ ; elles reconnaîtront les Juifs comme
le peuple béni de son Christ, les ramèneront dans leur pays, et deviendront elles-
mêmes le théâtre d’une gloire qui, de Jérusalem comme son centre, s’étendra en
bénédiction partout où la race humaine pourra jouir de ses effets. Le témoignage de
la gloire étant répandu partout, les coeurs, remplis de bonne volonté, se soumettront
aux conseils et à la gloire de Dieu en répondant à ce témoignage. Toutes les
promesses de Dieu étant accomplies, et le trône de l’Éternel étant établi à
Jérusalem, ce trône deviendra pour toute la terre la source de son bonheur ; le
rétablissement du peuple de Dieu sera pour le monde comme une vie d’entre les
morts.
Une chose est à ajouter, c’est qu’à cette époque Satan sera lié, et, par
conséquent, la bénédiction sera sans interruption, jusqu’à ce qu’il soit «délié pour
un peu de temps». Au lieu de l’adversaire en haut, au lieu de son gouvernement
dont le siège est aujourd’hui dans l’air, au lieu de la confusion et de la misère qu’il
produit autant que la chose lui est permise, ce sera Christ et les siens qui seront là,
source et moyen de bénédictions toujours nouvelles. Le gouvernement des lieux
célestes deviendra la garantie, et non pas l’empêchement ou l’instrument forcé des
bienfaits de Dieu. L’Église glorifiée, témoin pour tous, par son état même, de
l’étendue de l’amour du Père, et de cette fidélité qui a accompli toutes ses
promesses, et a plus que comblé les espérances de nos faibles coeurs, remplira de sa
joie les lieux célestes, et fera par son service le bonheur du monde, pour lequel elle
sera l’instrument des grâces dont son coeur jouira. Telle sera la Jérusalem céleste,
témoin en gloire de la grâce qui l’aura placée si haut. Du milieu d’elle, coulera ce
fleuve de vie où se trouve l’arbre de vie, dont les feuilles sont pour la guérison des
gentils ; car, dans la gloire même, l’Église conservera ce doux caractère de grâce.
En même temps, sur la terre, la Jérusalem terrestre sera le centre du gouvernement
et du règne de la justice de l’Éternel. Témoin, par sa position et sa gloire ici-bas, de
la fidélité de l’Éternel son Dieu, comme elle l’a été, dans ses misères, de sa justice,
elle deviendra comme le lieu de son trône, le centre de l’exercice de cette justice ;
«la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront». Car, dans cet état de
gloire terrestre, bien que placée là par la grâce de la nouvelle alliance, cette ville
conservera aussi son caractère normal, afin qu’elle soit témoin du caractère de
l’Éternel, comme l’Église l’est de celui du Père. Dieu réalisera la pleine
signification de ce nom de «Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre» ; et
Christ remplira, dans leur plénitude, les fonctions de Sacrificateur selon l’ordre de
Melchisédec, qui, après la victoire remportée sur les ennemis du peuple de Dieu,
bénira Dieu de la part du peuple, et le peuple de la part de Dieu. (Voir Gen. 14:18
et suivants.)
Chers amis, vous comprendrez qu’il y a une infinité de détails dans lesquels je
ne suis pas entré ; par exemple, les circonstances des Juifs qui seront persécutés
dans la Judée. Il y a des passages qui nous en instruisent, mais cette esquisse
générale vous engagera à considérer par vous-mêmes la parole de Dieu sur ce sujet.
J’attache, quant à moi, plus d’importance aux grands traits de la prophétie, et voici
pourquoi. Comme je l’ai dit, il y a, d’un côté, la distinction des économies, qui
deviennent, par la considération de ces vérités, extrêmement claires ; et, de l’autre,
le caractère de Dieu, qui est de cette manière pleinement dévoilé. Quoi qu’il en soit,
rien n’empêche d’étudier la prophétie dans ses menus détails. Si l’on examine ainsi
les oeuvres des hommes, on trouve bientôt, il est vrai, quantité d’imperfections ;
mais c’est le contraire dans les oeuvres de Dieu : plus on entre dans leurs moindres
détails, plus on en voit la perfection.
Que Dieu accomplisse en nous, et en tous ses enfants, ce détachement du
monde qui doit être, devant Dieu, le fruit de l’attente de l’Église, à la vue des
bénédictions célestes, et aussi des jugements terribles dont sera frappé tout ce qui
tient le coeur de l’homme lié à ce monde ! car le jugement viendra sur tous ces
objets terrestres. Que Dieu accomplisse aussi les désirs de mon coeur, et le
témoignage du Saint Esprit !