CHAPITRE V Enjeux Des Valeurs, Morale

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1 DESCARTES(R).- Discours de la Méthode, par J.-MFATAUD, Paris, BORDA, 1965, p. 45,46.

Le contenu de la raison a révélé progressivement un ensemble de valeurs


intrinsèques qui, au fil du temps, ont permis sans doute, de tendre, d’une
certaine manière, à une perfection de la conduite humaine dans la société. Ainsi,
la société moderne semble être celle qui est dotée de plus de principes et de lois.
Ces lois et ces principes ont pour objectif de réguler les actions humaines. Ce
qui suppose qu’en principe notre société devrait être exempte de tous les maux
et les calamitées qu’elle connaît aujourd’hui. Or, le tableau est tout autre. Les
valeurs fondamentales ont disparu de nos sociétés pour laisser libre cours à la
dépravation des mœurs, à l’injustice, la guerre, aux conflits sociaux, à la
violation des droits de l’homme, et surtout, au non-respect de la dignité
humaine.
La science par excellence qui étudie les valeurs a priori de l’être humain est
l’éthique. Actualisée, l’éthique se présente comme la science qui peut sans
doute, redorer le blason des valeurs humaines perdues. Elle pose, à la fois les
critères et le but de l’action humaine qui pourraient diverger d’une conception à
une autre et d’une société à une autre.

Notions de base document :


(a) Distinction entre morale et éthique ?
Étymologie : les termes morale et éthique renvoient à un même concept, celui de « moeurs » ;
seulement, l’un a une racine latine (morale vient de mores), l’autre a une racine grecque
(éthique vient de ethos).
Nuance sur le concept de «moeurs» : même si elles renvoient toutes les deux au concept de «
moeurs », il y a cependant deux aspects distincts se rattachant aux moeurs : il peut s’agir tout
autant d’un ensemble de valeurs données que d’un examen critique des valeurs. Certains
préconisent d’employer «éthique» pour désigner l’examen critique des valeurs et «morale»
pour désigner un ensemble de valeurs.
Dans cette optique, pour les personnes qui font cette distinction :

La morale : désigne un ensemble de convictions auxquelles adhère un groupe d’individus par


rapport à ce qui est bien ou mal, ce qui est juste ou injuste. Ces convictions interagissent avec
un ensemble d’éléments rattachés par exemple à une religion, à une philosophie, à une
idéologie, à une conception politique… Il s’agit pour ainsi dire d’une intériorisation d’un
certain héritage (socioculturel ou autre). Notons que l’ensemble des valeurs de la morale
n’est pas nécessairement lié à des religions, ça peut aussi être lié à un groupe social (ex. la
morale bourgeoise – sécurité, tranquillité…), à une idéologie ou une mouvance sociopolitique
(ex. la morale «progressiste»), etc.

L’éthique : désigne le déploiement d’une réflexion critique sur les conceptions morales et
tente d’expliciter et d’analyser les principes et justifications qui les sous-tendent (et éclairer
les enjeux). On parlera d’éthique philosophique lorsque la réflexion éthique englobe une
prétention à l’universalité.
Cela dit, cette division pose plusieurs problèmes sérieux. Ainsi, il est aussi fréquent que
«éthique» et «morale» soient utilisées comme des synonymes. La distinction pose
plusieurs problèmes qui sont exposés dans la capsule vidéo d’enseignement qui y a trait
(à écouter).

II. MORALE ET ÉTHIQUE


1- Qu’est-ce que la morale
La morale vient du mot latin more qui signifie mœurs. Elle se réfère à un
ensemble de valeurs et de principes qui permettent de différencier le bien du
mal, le juste de l’injuste, l’acceptable de l’inacceptable et auxquels il faudrait se
conformer
La morale selon RUSS est :
« Ensemble de règles de conduite tenues comme universellement et
inconditionnellement valables. Ensemble de règles ou normes de conduite
propres à une société donnée. »9
. Elle se fonde sur des valeurs dits morales et des principes dits moraux. Elle est
une manière d’être et de faire conforme à une certaine idée du bien et du mal
que l’on se fait. Elle se veut de soi à soi dans une vision universelle que l’on a
du bien et du mal et donc souvent subjective, sociétale.
Les valeurs morales se sont des idéaux supérieurs auxquels on croit important
d’obéir.

Les principes moraux sont des règles que l’on trouve fondamentaux auxquels
l’on se sent et croit important d’obéir. Ils découlent des valeurs morales.
Un jugement moral que l’on porte est un jugement qui découle des valeurs et
principes moraux comme critères de référence.
À travers les époques et les cultures, des individus et groupes ont défendus
différentes conceptions de ces principes et valeurs. C’est différentes conceptions
de la morale sont appelées des « morales ». Pour exemple, le Christianisme
propose un ensemble de valeurs (la charité, le pardon) et de principes (« aime
ton prochain comme toi-même ») devant guider l’agir de l’humain. Pour y
référer, on parle de la « morale chrétienne ». On a alors plusieurs morales.
2- Démarcation entre éthique et morale

Le rapport entre éthique et morale est très étroit mais il y’a une ligne de
démarcation. Pendant que la morale est un ensemble de valeur et de principes.
L’éthique est une réflexion argumentée en vue de bien agir. Elle propose de
réfléchir et de s’interroger sur les valeurs morales et les principes moraux
qui devraient orienter nos actions, dans différentes situations, dans le but
d’agir conformément à ceux-ci.
La réflexion éthique peut se faire à plusieurs niveaux, du fondamental au
pratique.
(b) Les types de jugements sur la réalité
Il y a trois (ou quatre, selon que l’on distingue ou non les jugements de valeur et les
jugements d’interprétation) grands types de jugements sur la réalité :

Les jugements de fait : ceux-ci rapportent un état de choses, ils traitent du «comment» sont
les choses, évènements, phénomènes… Par exemple, dire que «le mur est blanc», c’est faire
un jugement de fait. Parfois, déterminer la validité d’un jugement de fait peut être
relativement simple (par exemple, si on se demande s’il pleut à l’extérieur), parfois complexe
(par exemple, si on se demande comment on peut démontrer que la terre forme une ellipse
autour du soleil). Cela dit, même si la validité des jugements de fait n’est pas toujours facile à
établir, ces jugements sont par principe soit vrais, soit faux. Aussi, il y a dans les jugements de
fait un idéal d’objectivité (c’est comme ceci ou comme cela, c’est vrai ou faux).

Les jugements de préférence (ou jugements de goût) : ceux-ci expriment les préférences et
goûts d’une personne en particulier, ou d’un groupe en particulier. On est dans la subjectivité,
ces jugements sont résolument personnels : on peut espérer que lorsqu’ils sont énoncés, ils
répondent à un idéal de sincérité (identifier sa véritable préférence), mais ils n’ont pas de
vérité en tant que telle, au sens où ils n’ont pas à représenter ce qui serait valable… Dans cette
mesure, si on le veut, on peut expliquer nos préférences et nos goûts, comme on peut
expliquer nos motivations, mais on n’a jamais à les justifier (il n’y a pas à argumenter sur ses
goûts).
Les jugements de valeur et les jugements d’interprétation : ceux ci attribuent une valeur
ou un sens (signification, direction/finalité) aux choses, évènements, phénomènes ou faits. Ils
sont en quelque sorte à mi-chemin entre les jugements de préférence/goût et les jugements de
fait. À la différence des jugements de préférence/goût, les jugements de valeur et les
jugements d’interprétation impliquent une prétention à la vérité : ils se présentent comme
quelque chose de valable au-delà de notre petite personne, ils se présentent comme quelque
chose de «vrai», par-delà les préférences et goûts des uns ou des autres. Cependant, à la
différence des jugements de fait, les jugements de valeur et d’interprétation ne peuvent pas
prétendre à «l’objectivité», car ils ne font pas que dresser l’état de choses, mais lui donnent un
sens, une valeur. Bref, la différence essentielle entre les jugements de préférence/goût, d’un
côté, et les jugements de valeur et jugements d’interprétation, de l’autre côté, c’est que dans le
premier cas, l’affirmation est résolument subjective et elle n’exprime que le penchant d’une
personne ou d’un groupe en particulier, alors que dans le second cas, les jugements se
présentent comme s’ils pouvaient prétendre avoir une validité allant au-delà des préférences
personnelles. En fait, cette distinction, on la présuppose fréquemment dans la vie quotidienne,
même si on ne s’en rend pas toujours compte : par exemple, si on présuppose que le plaisir du
sadique n’est pas une préférence aussi valable que la préférence de celui qui ne veut pas en
faire les frais, c’est que l’on présuppose que toutes les préférences/goûts ne sont pas
nécessairement aussi valables (ce qui implique une prétention à la vérité, même si
l’objectivité y est impossible).
(d) Le rapport entre l’éthique et le droit (le moral et le légal
– ou le juridique) page 11

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