Le Stockage D'énergie Électrique
Le Stockage D'énergie Électrique
Le Stockage D'énergie Électrique
Les batteries utilisées dans les systèmes solaires autonomes sont en général de type plomb-
acide (Pb). Les batteries cadmium-nickel (NiCd) ne sont plus que rarement utilisées car leur
prix est beaucoup plus élevé et elles contiennent du cadmium (toxique). Leurs remplaçantes,
les batteries nickel-métal-hydrure (Ni MH) sont intéressantes et on en donnera quelques
paramètres typiques, leur emploi étant plus fréquent dans les applications professionnelles
haut de gamme, ou de très petite taille (< 2 Ah). D’autres batteries sont en développement
principalement chez les constructeurs s’intéressant à la voiture électrique. On peut citer
également un développement qui utilise de l’air comprimé comme accumulateur d’énergie,
l’intérêt potentiel de ce procédé étant la grande durée de vie prévue et l’absence de
composants chimiques à recycler.
1. Batteries au plomb
La batterie au plomb est un composant développé depuis le XIXe siècle et son fonctionnement
est bien connu. Deux électrodes de plomb et d’oxyde de plomb sont plongées dans un
électrolyte composé d’acide sulfurique dilué. En reliant les deux électrodes à un récepteur
externe consommant du courant, elles se transforment en sulfate de plomb et l’acide se dilue,
phénomène qui permet d’évaluer l’état de charge de la batterie en mesurant la densité d’acide.
En fournissant un courant opposé au système, l’acide se concentre et les deux électrodes
retournent à leurs états initiaux.
Charge
Å
PbO 2 + 2H 2SO 4 + Pb PbSO 4 + 2H 2 O + PbSO 4
Æ
Décharge
A l’électrode positive :
PbO 2 + 2H 2 SO 4 + 2H + + 2e − ⇔ PbSO 4 + 2H 2 O
A l’électrode négative :
Pb + H 2 SO 4 ⇔ PbSO 4 + 2H + + 2e −
La tension nominale d’équilibre est la somme des équilibres aux deux électrodes.
Nous arrêtons ici les détails électrochimiques des réactions des électrodes avec l’origine de la
tension ouverte de 2V pour donner quelques indications plus générales et pratiques ; le lecteur
qui voudrait approfondir ces questions peut se reporter à l’excellent article sur les batteries du
Dr. D. Bernt : Valve-regulated lead-acid batteries, Journal of Power Sources 100 (2001).
La masse positive chargée est un dioxyde de plomb brun, la masse négative chargée est en
plomb gris spongieux. Durant la charge, du dioxyde de plomb se forme sur l’anode tandis que
la cathode se transforme en plomb pur et que l’acide sulfurique se concentre. Durant la
décharge, une partie de l’électrolyte se lie au plomb et le transforme en sulfate de plomb ;
cette transformation produit de l’eau, ce qui fait baisser la densité de l’électrolyte. On peut
calculer cette variation de densité en fonction de la charge/décharge : pour chaque Ah de
décharge, 3, 654g d’acide se lient au plomb et 0, 672g d’eau est produit, la charge produisant
les mêmes valeurs en retour. Cette variation de densité est facile à mesurer dans les batteries
ouvertes pour contrôler l’état de charge.
La variation de densité de l’électrolyte a un autre effet important qui limite l’emploi des
batteries à basse température, sa température de congélation augmentant lorsque la batterie est
déchargée.
Chaque cellule de batterie plomb fournit une tension moyenne de 2V et l’on assemble en
série/parallèle le nombre d’éléments nécessaires pour atteindre une tension et un courant
désiré. Les petites capacités vont souvent par batterie de 6 ou 12V (3 ou 6 cellules en série)
alors que les grandes capacités partent d’éléments 2V, qui peuvent atteindre plusieurs milliers
d’Ah, connectés en série et en parallèle.
Construction
La première batterie développée par Planté en 1859 utilisait des plaques de plomb solides.
L’oxyde était formé sur une plaque durant la charge. Ce type est encore utilisé pour des
applications spéciales aujourd’hui. Les désavantages de ces batteries sont qu’elles sont lentes
à fabriquer (donc chère) et que leur structure massive donne peu de contact entre la masse de
plomb et l’électrolyte, ce qui augmente la résistance interne RBi, qui est formée des résistances
de l’électrolyte et des contacts matière active-grilles. D’autre part, la faible proportion de
plomb actif rend la batterie très lourde avec une mauvaise densité énergétique.
Pour éviter ces problèmes, Sellon en 1881 inventa une électrode en deux parties : une grille de
plomb solide et une matière spongieuse de remplissage de matériel actif en oxyde de plomb
(PbO2) sur l’anode et en plomb sur la cathode.
Les grilles servent de support solide et de conducteur de courant. Les réactions chimiques
désirées interviennent seulement avec les masses actives de remplissage. Cette séparation des
fonctions permet une fabrication plus aisée et moins chère. D’autre part la structure poreuse
des électrodes permet un accès plus rapide au courant et abaisse la résistance interne. Cette
construction est encore la règle aujourd’hui. Entre les électrodes sont disposés des séparateurs
en plastique poreux laissant passer l’acide mais empêchant un court-circuit des électrodes.
Il est intéressant de bien comprendre le fonctionnement d’une batterie au plomb parce que
c’est un élément qui doit être entretenu pour éviter sa dégradation. Ceci spécialement dans les
pays chauds où les phénomènes de corrosion interne sont plus importants.
Le matériel actif est fait de micrograins liés avec de nombreuses cavités ou pores. Les
réactions chimiques ont lieu à la surface de ces grains et ceci demande une diffusion de
l’électrolyte à travers les pores. Ce mouvement est ralenti par la petite taille des pores, ce qui
rend la concentration de l’aide non uniforme à travers les plaques de la batterie.
L’uniformité n’apparaît que lorsque la batterie est restée au repos (en circuit ouvert) durant
plusieurs heures. A ce moment, la tension à vide VBi peut être déterminée empiriquement par
la formule :
Pour des batteries pleinement chargées, ρc est entre 1, 20 et 1, 28 g/cm3, ce qui donne pour
VBi des valeurs entre 2, 04 et 2, 12 V.
Le sulfate de plomb Pb SO4 a un volume 1,5 fois plus grand que l’oxyde Pb O2 et 3 fois plus
grand que le plomb. En conséquence, le matériel actif des électrodes gonfle durant la
décharge, empêchant la diffusion de l’électrolyte dans les pores et produisant des contraintes
mécaniques dans les plaques. Ces contraintes peuvent déloger le matériel actif des grilles,
spécialement de l’électrode positive. Le matériel délogé n’est plus utile et s’accumule au fond
du bac, réduisant la capacité, et pouvant finalement court-circuiter les plaques, rendant la
batterie inutile.
Electrolyte
L’électrolyte, constitué d’acide sulfurique dilué de l’eau distillée est un excellent transporteur
d’ions. Comme il se transforme durant la charge ou la décharge, sa densité varie.
Dans les batteries ouvertes, en fin de charge une petite partie de l’eau est électrolysée et de
l’hydrogène et de l’oxygène s’échappent : il faut donc régulièrement compenser cette perte en
rajoutant de l’eau distillée.
Dans les batteries fermées à soupape d’échappement (VRLA : Valve Regulated Lead-Acid),
l’électrolyte est maintenu par un gel de silicate de sodium ou absorbé dans un séparateur de
fibre de verre (AGM : Absorbent Glass Mat, la nature de cet électrolyte a un impact direct sur
la durée de vie des batteries fermées : l’électrolyte gel est le plus durable. Ce type de batterie
n’a pas de réserve excédentaire d’électrolyte et il est important d’éviter toute surcharge
électrolysant l’eau : Cependant en fin de charge, un peu d’hydrogène peut s’échapper par les
soupapes et l’oxygène diffuse de l’électrode positive vers l’électrode négative pour s’y
recombiner chimiquement.
Electrode négative
Pour réduire les grandes variations de volume de l’électrode négative, on ajoute à la masse
active de plomb pur des matériaux dilatateurs, comme par exemple le sulfate de baryum, et
pour améliorer sa conductivité on ajoute du carbone. Pour la composition des grilles,
l’important est de conduire le courant et de résister à la corrosion tout en gardant le contact
avec la masse active. La matière active est en général coulée et on ajoute au plomb de
l’antimoine pour améliorer la fluidité et la solidité de l’alliage. Anciennement la proportion
d’antimoine pouvait atteindre 5 à 10% mais ces batteries consommaient beaucoup d’eau et
avaient une autodécharge importante. Pour réduire ces effets, l’antimoine est réduit à moins
de 1% et l’alliage étant très difficile à couler, on ajoute d’autres matériaux comme de
l’arsenic, de l’étain, du cuivre et du soufre ou du sélénium pour arriver à couler les plaques.
Enfin pour produire une batterie dite « sans entretien », ne consommant pratiquement pas
d’eau, l’antimoine est remplacé par du calcium, de l’aluminium et de l’étain pour obtenir un
alliage plus solide, résistant à la corrosion et quand même ductile pour être coulé. Pour la
grille la tendance actuelle est d’utiliser un métal expansé contenant beaucoup moins de plomb
pour réduire son poids. Ceci n’est possible que pour la grille négative qui contient une masse
active de plomb pur favorisant la conduction.
Electrode positive
Il existe trois types d’électrode positive : les plaques planes, les électrodes tubulaires et le type
Planté.
Les premières électrodes de type Planté étaient en plomb pur coulé en plaques planes avec des
nervures et des sortes d’arêtes pour augmenter la surface. L’oxydation de la plaque se fait par
l’acide sulfurique et un anion (nitrate ou perchlorate) qui forme un sel Pb2+ soluble et
empêche la passivation totale de la plaque. La plaque finale de 6 à 12 mm d’épaisseur sera
formée d’une couche épaisse d’oxyde spongieux liée à du plomb pu, mélange très solide et
durable mais avec une faible proportion de masse active. La densité d’énergie typique d’une
batterie Planté est de l’ordre de 7 à 12 Wh / kg.
Pour les plaques planes qui représentent les batteries courantes et économiques, l’électrode est
constituée d’une grille de plomb remplie d’oxyde de plomb spongieux. Pour améliorer la
solidité et éviter une perte de masse active, on ajoute parfois une couverture poreuse de fibre
de verre ou de plastique retenant l’oxyde à l’intérieur de la grille.
Dans les batteries tubulaires, l’électrode positive est constituée de séries de tubes alignés
comme les dents de peigne. Les dents de la grille en plomb sont entourées d’oxyde de plomb
spongieux retenu par des tubes poreux de fibre de verre et protégés par une gaine de polyester
ou PVC. Ce type de plaque très solide autorise un grand nombre de cycles charge / décharge.
Séparateurs
Les séparateurs servant à empêcher le contact entre les deux grilles doivent être :
- résistant à l’électrolyte ;
- solide avec une épaisseur précise et uniforme ;
- perméable à l’électrolyte et aux gaz mais isolant électriquement.
Les séparateurs doivent résister à l’expansion de la masse active durant la décharge tout en
laissant passer l’électrolyte. Ils sont en général constitués de feuilles plastiques à surface
dentelée pour garantir mécaniquement la distance entre les plaques, la partie perméable se
trouvant dans les vallons entre les dents.
Dans les batteries destinées à un cyclage fréquent, on ajoute des couvertures poreuses en fibre
de verre ou plastique au matériel actif pour l’empêcher de sortir de son logement. Ces
couvertures sont constituées de séries de tubes dans les batteries dites tubulaires.
- Les avantages sont principalement que les bulles brassent l’électrolyte et le rendent
plus homogène, évitant la stratification de l’électrolyte : s’il n’est pas remué (comme
dans une batterie de véhicule par les secousses) l’électrolyte tend à se concentrer au
fond de la batterie, ce qui entraîne une corrosion plus rapide du bas des plaques.
En cas de surcharge, la batterie perdra de l’eau qui devra être remplacée. Si une partie des
plaques n’est pas recouverte d’électrolyte, des dommages irréversibles peuvent apparaître.
D’autre part, les courbes en températures suivent des parallèles régulières et on peur
déterminer une dépendance linéaire de la tension maximale en température qui vaut par
élément de 2V :
dV
= − 5 mV / K
dT
Pour les installations photovoltaïques, le régime de courant est très souvent faible et l’on peut
considérer que la batterie reste à la température ambiante (la dissipation interne due à RBi est
négligeable). Les contrôleurs peuvent ainsi simplement mesurer la température ambiante pour
respecter ces conditions de charge.
La proportion de masse active par capacité emmagasinée est de 11,97 g / Ah. Comme la
tension d’un élément est de l’ordre de 2V, la densité énergétique maximale théorique de la
batterie est environ de 170 Wh / kg. En pratique cette valeur est beaucoup plus faible car les
grilles en plomb, le boîtier et l’électrolyte pèsent aussi et la densité est ramenée en général
entre 20 et 40 Wh / kg.
Caractéristique de décharge
VB = VBi − I . R Bi
La capacité nominale CB d’une batterie est la quantité d’Ah qui peut être extraite en un temps
donné. Typiquement la fin de décharge nominale est une tension de 1, 85 V /élément.
L’équation de décharge montre que si le courant de décharge augment, VBi sera plus élevé
lorsque cette tension sera atteinte, donc la capacité baisse lorsque le courant augment. La
figure 3 quantifie ce phénomène.
Figure 3 – Capacité en fonction de la durée de décharge. C(%) est une capacité relative,
égale à 100 pour C10
Etat de charge
L’état de charge d’une batterie ECH est la quantité d’électricité encore disponible en Ah divisé
par la capacité nominale de la batterie : si ECH = 1, la batterie est pleine, si ECH = 0, la batterie
est vide.
Pour comparer deux batteries, il faut connaître leur capacité au même courant de décharge, ou
au moins à la même vitesse de décharge. C’est le régime de travail de la batterie. Les batteries
professionnelles (par exemple tubulaire) sont souvent données pour une décharge en 10
heures alors que pour de petits systèmes photovoltaïques, la valeur de capacité pour une
décharge de 20 heures est assez pratique : c’est souvent le niveau de courant d’utilisation de la
batterie. On parle alors de capacité C10, C /10 ou 0, 1 C (pour 10h), et C20, C /20 ou 0, 05 C
(pour 20h).
REMARQUE
Température et rendement
Température
A température élevée (> 20°C), il faut également prévoir la compensation thermique pour
éviter l’évaporation de l’électrolyte ; à ces températures, on utilise souvent un électrolyte
moins concentré (ρe entre 1, 20 et 1, 22) pour limiter la corrosion interne de la batterie. La
mobilité augmentée par la température compense la baisse de densité et RBi ne varie pas trop.
Rendement
Le rendement à petits courants de charge / décharge est pratiquement constant : pour une
batterie neuve on prend une valeur de 0, 83 en Wh ou 0, 9 en Ah. Ce rendement est fortement
fonction de l’état de charge de la batterie : pour un état de charge « moyen », il est élevé et il
baisse ensuite rapidement lorsque l’on atteint la fin de charge et que le courant n’est plus
absorbé par la masse active mais commence à électrolyser l’eau.
Le tableau 1 donne quelques chiffres typiques de cycles et durée de vie des batteries au plomb
ainsi que les coûts d’investissement et de l’énergie stockée en kWh sans tenir compte du
rendement charge / décharge et des coûts financiers (loyer de l’argent). Ces coûts sont des
valeurs hors taxe qu’un consommateur final peut obtenir en France en 2004.
Les batteries modernes sont la plupart à faible autodécharge, c’est-à-dire qu’elles perdent
moins de 3% de capacité par mois à 20°C. Cependant cette valeur triple à 30°C et dans la
gestion d’un stock de batteries ou lors de montage de grands systèmes en pays chauds, il faut
impérativement en tenir compte et prévoir des charges d’appoint si un stock reste non utilisé
longtemps.
Groupement de batteries
On peut connecter en série / parallèle des batteries solaires exactement identiques et de même
âge. La mise en parallèle n’est cependant pas recommandée ; il faut la réserver aux
installations où la fourniture des grands éléments n’est pas possible. Dans ce cas, il faut veiller
à l’équilibrage des courants par un câblage symétrique. Pour chaque chaîne de batterie
(ensemble de batteries câblées en série), monter un fusible en série dans le câblage. Pour les
petits systèmes, il est toujours avantageux de surdimensionner une batterie au départ, la mise
en parallèle de batteries d’âges différents étant fortement déconseillée, la batteries la plus âgée
faisant vieillir prématurément la nouvelle.
Pour alimenter quelques lampes et d’autres petits récepteurs en courant continu dans un site
de petites dimensions (caravanes, bateaux, petits chalets…), une tension de 12 V est préférée
parce que c’est la tension la plus courante pour trouver des appareils et accessoires provenant
souvent du matériel automobile. Cependant à 12 V, dès que le niveau de courant atteint
quelques ampères, les sections de câble deviennent importantes si l’on veut éviter des pertes
ohmiques élevées. La batterie solaire 12 V standard la plus grande a une capacité de 220
Ah/20 et pèse environ 65 kg. Si les besoins dépassent ce stockage (environ 2,5 kWh), on
préfèrera en général passer à 24 V plutôt que de connecter plusieurs telles batteries en
parallèle.
Pour des besoins plus importants comme les petits réseaux, des tensions nominales plus
élevées sont choisies mais il est impératif dans ce cas de dominer l’évolution du groupe de
batteries en mesurant des tensions intermédiaires. On a expérimenté dans de grands systèmes
à tension nominale de plus de 200 V des explosions de batteries lors de cycles importants.
Une grande batterie du type utilisé dans les installations de secours (plusieurs MWh) est
constituée souvent de plus de 100 éléments 2 V en série. Dans ces systèmes, la batterie est
maintenue en floating et déchargée partiellement occasionnellement. Dans un système
photovoltaïque de mêmes dimensions, la batterie subit des cycles journaliers, atteint
régulièrement la fin de charge et au besoin doit se décharger profondément pour répondre à la
demande. Si la régulation contrôle uniquement la tension globale, lors de chaque fin de
charge, les éléments les plus faibles de la série sont surchargés et perdent plus d’électrolyte,
ils vieillissent plus vite et perdent encore plus de capacité, comparé aux autres éléments. En
cas de décharge importante, un de ces éléments peut être complètement déchargé alors que les
autres éléments peuvent encore fournir du courant, dans ce cas, si la décharge continue, sa
tension va s’inverser et augmenter rapidement parce que sa résistance interne est élevée, le
stade ultime étant la destruction de cet élément, ce qui peut provoquer un incendie. Pour une
batterie à tension élevée subissant des cycles importants, il faut mesurer les tensions
intermédiaires des éléments et réguler en conséquence : l’institut Fraunhofer
(http://www.ise.fhg.de/) en Allemagne a développé un régulateur spécial qui contrôle chaque
élément séparément et transfère les charges nécessaires entre les cellules pour équilibrer la
batterie.
2. Batteries au nickel
Dans ce paragraphe, on passe en revue brièvement les paramètres principaux de la batterie au
NiMH (Nickel-métal-hydrure). Cette batterie, qui a pratiquement remplacé la batterie au NiCd
(nickel-cadmium) est utilisée dans les appareils portables. Il existe un seul fabricant
produisant des batteries au NiCd pour applications professionnelles mais avec les problèmes
de recyclage du cadmium, il est peu probable que ces batteries se développent encore.
Pourtant, des batteries Ni Cd haut de gamme, très onéreuses et de très longue durée de vie
(de15 à 20 ans) sont encore employées dans des systèmes photovoltaïques très particuliers,
quand l’accès au site est très compliqué (haute montagne, désert…). Aussi ne présenterons-
nous que le NiMH, composant moins polluant et possédant d’autres avantages sur le NiCd
comme une plus grande densité énergétique. Précisons que la gamme de ces accumulateurs
NiMH est de faible capacité : modèles « bâtons » ou « boutons » de quelques mAh à quelques
Ah, et donc réservés aux applications de faible capacité (photopiles intérieures et modules <
5Wc).
Caractéristiques de charge
Les figures 6 et 7 présentent des courbes typiques de charge à courants constants pour une
cellule NiMH à trois températures. On remarque que ces courbes de charge varient en
fonction de la température et du niveau de courant et que la fin de charge dépend également
de la température. On constatera également l’absence de courbe de charge aux températures
négatives : bien des accumulateurs NiMH ne peuvent prendre aucune charge en dessous de
0°C, il s’agit des petits modèles au format pile. Les grosses batteries industrielles, elles, se
chargent jusqu’à – 20°C. Dans les deux cas, la décharge est tout à fait possible aux
températures négatives.
Ces effets rendent difficile la conception d’un régulateur de charge : en effet le courant du
panneau varie avec l’ensoleillement, et la force dépendance à la température et au niveau de
courant impose de mesurer la tension, les variations de tension en fonction du temps, le
température et d’intégrer l’énergie entrante. Les chargeurs rapides d’accumulateurs NiMH
fonctionnant sur le secteur sont en général équipés d’un processeur surveillant toutes ces
valeurs.
Caractéristiques de décharge
Température
20°C 106 100 87 81 63
0°C 100 94 80 82 58
20°C 87 80 58 40
Autodécharge
Un désavantage important du NiMH en application solaire est son taux de pertes internes qui
est beaucoup plus élevé que celui du plomb. Le tableau 3 donne le taux de pertes de capacité
en fonction de la température et de la durée de stockage.
On remarque que pour une batterie ayant une autonomie de 5 jours à 30°C, il faut
surdimensionner les panneaux solaires de 20% pour tenir compte de l’autodécharge. Pour un
usage en pays chaud, il est impératif d’installer les batteries dans un endroit à l’ombre et bien
ventilé ou mieux dans une cave. Ne jamais installer de système compact qui contient des
batteries dans un boîtier sous le panneau solaire. L’expérience a montré qu’une lampe
compacte contenant à la fois un panneau solaire, un tube fluorescent et une batterie NiCd
utilisée en Afrique voyait son autonomie réduite à quelques minutes par jour au lieu des 3 à 4
heures prévues : la température des batteries atteignait 75°C en milieu de journée.
Le rendement charge / décharge du NiMH est en général plus faible que pour le plomb :
calculé en Ah, il vaut en général 80 à 85% et 65 à 70% calculé en Wh. De plus il baisse
lorsque le courant de charge diminue : il est couramment < 50% en Ah en dessous de C50. Le
panneau solaire qui lui sera associé devra être dimensionné pour charger entre C30 et C10 afin
d’avoir un bon rendement de charge (il décroît ensuite pour des courants inférieurs).
C’est le paramètre le plus favorable des batteries au NiMH : elles fournissent en général 500 à
700 cycles à 80% de décharge et elles supportent d’être stockées déchargées 3 à 5 ans. Leur
durée de vie est fonction de la température : elle atteint facilement 10 ans à 20°C d’ambiance
et perd 20% par chaque 10°C d’augmentation.
Ici également, le NiMH demande plus de soins : lorsque l’on monte plusieurs cellules de 1,2
V en série, si le système n’est pas équipé d’un régulateur coupant les utilisateurs au-dessous
d’environ 1 V par cellule, il faut impérativement mesurer tous les éléments de batterie et
appairer les capacités avant de les connecter en série. Si les éléments ne sont pas identiques,
en cas de décharge totale, l’élément à plus faible capacité va devoir supporter une inversion
de sa tension alors que les autres cellules peuvent encore débiter du courant : cet effet réduit
rapidement la durée de vie de cet élément. Pour la mise en parallèle, les mêmes précautions
que pour le plomb doivent être observées.
Prix
Les batteries au NiMH sont nettement plus chères que celles au plomb : pour comparer avec
les batteries fermées au plomb (VRLA), leur coût à capacité équivalente est en général 4 à 5
fois plus élevé. Pour une utilisation à courte durée (autonomie faible), le coût au kWh sera
environ 2 fois celui du plomb.
3. Tendances futures
- batterie au plomb ;
- systèmes à oxydoréduction ;
- super-conducteurs ;
- volant d’inertie ;
- air comprimé ;
- batterie zinc-air.
Au moment de l’écriture de cet ouvrage, le projet n’était pas terminé mais nous pouvons déjà
après le mi-terme de cette étude esquisser quelques conclusions et faire le point sur les
principaux développement récents de la batterie au plomb qui restera un composant
incontournable pour encore des décennies.
Plusieurs développements récents se sont intéressés à améliorer la durée de vie des batteries
fermées qui offrent certains avantages sur les batteries ouvertes :
- le transport des batteries est facilité, une fuite d’électrolyte étant en principe
impossible ;
Pour atteindre une durée de vie maximale, il faut absolument éviter de surcharger les batteries
fermées : en cas de surcharge, on génère de l’hydrogène et de l’oxygène en excès et la
corrosion augmente exponentiellement. L’hydrogène excessif est expulsé par les valves de
surpression et il va rester un excédent d’oxygène corrodant l’électrode positive. D’autre part,
la perte d’hydrogène induit une perte d’eau et une concentration de l’acide qui perd du
volume. Comme la batterie est fermée, on ne peut pas compenser une perte de liquide et si le
phénomène est répété, la batterie va sécher et perdre la capacité. Cependant si la batterie reste
constamment sous-chargée, les risques de sulfatation et ramollissement de la masse active
augmentent, il est donc tout de même conseillé d’effectuer une charge de compensation
régulièrement.
fonctionnement présente un autre avantage pour les grands systèmes d’électrification rurale
où la charge d’égalisation est obtenue par un générateur diesel : lorsque le diesel fonctionne
chaque jour, c’est à rendement maximum (la batterie acceptant tout le courant produit) et
l’égalisation moins fréquente permet d’économiser typiquement 30% d’usage de la
génératrice.
Les phénomènes de vieillissement par sulfatation sont dus à l’accroissement de la taille des
cristaux de PbSO4 sur l’électrode positive lorsque la batterie est déchargée. Ces cristaux plus
gros laissent moins bien passer le courant provenant de la grille de contact et peuvent même
se détacher, réduisant la capacité, et, dans le cas d’une batterie ouverte, tomber au fond du
boîtier. Pour pallier cet inconvénient, il paraît intéressant de trouver un moyen obligeant la
masse active à rester en contact avec la grille. Les moyens mécaniques imposant une pression
ne sont pas possibles avec des séparateurs AGM composés de fibre de verre fragile ou avec
des gels. Une société américaine, Daramic a développé un nouveau séparateur (ASJ) qui
supporte une contrainte mécanique élevée sans se déformer et permet d’imposer une pression
permanente sur la pile de plaques. Une publication récente [M. Perrin et al. : Extending cycles
life of lead-acid batteries : a new separation system allows the application of pressure on the
plate group, Journal of Power Source 105 (2002)] présente l’utilisation de ces séparateurs et
le gain de performances obtenus en imposant différentes pressions sur la pile de plaques d’un
élément de batterie :
Batteries au nickel
Trois matériaux différents sont utilisés avec le nickel : le cadmium, les hydrures métalliques
et le zinc :
- les batteries NiMH sont en train de remplacer les anciennes NiCd pour des raisons
environnementales ;
- pour les batteries NiZn, peu de constructeurs proposent des modèles et nous n’avons
pas encore assez de données pour estimer leur intérêt dans cette étude.
Le nickel ne sera probablement jamais largement utilisé dans les systèmes photovoltaïques
mais restera intéressant pour certaines applications portables.
Batteries au lithium
- Les batteries Li-ions présentent un comportement beaucoup plus stable : les cellules
atteignent 3 à 4V et la densité énergétique est la plus élevée aujourd’hui pour une
batterie longue durée. L’électrolyte est à base de solvant organique, il n’y a donc pas
de consommation d’eau par électrolyse et de perte de liquide en fin de charge, la
batterie peut être complètement étanche et ne demande pas de courant de maintien.
- Les batteries Li-polymère utilisent des technologies sèches avec des matériaux en
feuilles empilées et enroulées ; l’intérêt est d’augmenter encore la densité énergétique
pour les applications portables. Beaucoup de matériaux sont étudiés et les premiers
modèles devraient bientôt apparaître sur le marché.
Les propriétés de lithium le destinent plutôt aux applications portables où sa grande densité
énergétique, son rendement élevé et son autodécharge très faible sont de grands avantages. Il
est peu probable qu’il sera largement utilisé dans les systèmes photovoltaïques de puissance.
Les technologies comme les super-condensateurs ou les volants d’inertie ont des propriétés
qui les destinent aux mêmes applications de stockage à très court terme avec des grandes
durées de vie. Ces éléments servent plus souvent pour leurs propriétés de filtrage ou de lissage
d’énergie que pour un stockage réel. Il y a très peu de chance qu’ils soient un jour utilisés
dans des applications d’électricité rurale.
Batterie métal-air
Les batteries métal-air rechargeables demandent une infrastructure complexe à mettre en
œuvre : le faible nombre de cycles peut être augmenté au prix de recyclage des électrodes qui
doivent être démontées et remplacées régulièrement dans les bacs de batterie. Mais l’intérêt
premier de cette technologie est sa grande densité énergétique qui la limite probablement aux
applications portables à court terme car l’autodécharge est très élevée.
Systèmes redox
Les batteries redox utilisent des électrodes plongées dans deux liquides servant de stockage
d’énergie. La taille des électrodes détermine l’échange, donc la puissance. Une membrane
sélective laisse passer les ions mais empêche le mélange des solutions. Un grand nombre de
couples ioniques sont possibles comme Fe-Cr, Zn-Br, Br-S…Le stockage d’énergie se fait par
les électrolytes maintenus dans des cuves externes et qui peuvent être gardés longtemps sans
pertes. Pour échanger de l’énergie, on fait circuler les électrolytes par pompage et l’échange a
lieu dans le réservoir à électrodes et membrane sélective.
Les applications actuelles des batteries redox sont plutôt comme sources d’énergie de crête à
la demande dans les réseaux. La grande variété des technologies en compétition rend leur
évaluation difficile et leur utilisation comme stockage d’énergie renouvelable n’est pas encore
compétitive.
Air comprimé
La dernière technologie étudiée, l’air comprimé, présente un point commun avec la
précédente : les entrées/sorties de courant mettent en œuvre des transducteurs
électromagnétiques : à l’entrée un compresseur, et à la sortie un moteur hydraulique couplé à
une génératrice. Si l’on veut fournir de l’électricité à n’importe quel utilisateur, il faudra
compter avec les pertes de la génératrice à vide.
L’intérêt de l’air comprimé est qu’une grande partie de la technologie est déjà développée et
disponible partout : le stockage de gaz comprimé et tous les composants nécessaires
(bobonnes, robinets, vannes, tuyaux…) se trouvent dans tous les pays. Les seuls éléments
nouveaux sont des compresseurs adiabatiques qui récupèrent la chaleur produite pendant la
compression.
L’air comprimé est idéal si on a besoin d’énergie mécanique parce que dans ce cas le
rendement de décharge est supérieur à 90% avec un bon moteur hydraulique : les besoins
mécaniques typiques en milieu rural sont des machines agricoles de traitement des céréales
(moulins, décortiqueuses de grains…), les machines à traire, le froid (compresseur), le
pompage et la ventilation. D’autres applications mécaniques devraient apparaître
prochainement comme des petits transporteurs qui peuvent se recharger rapidement (transfert
d’air comprimé en quelques dizaines de secondes). Beaucoup de projets s’intéressent à l’air
comprimé pour les voitures.
Un avantage de cette technologie est que la batterie peut être augmentée facilement par
addition de bouteilles sans problème d’âge ou taille des éléments.
Cette technologie est une réelles alternative au plomb actuel avec de grands avantages sur le
plan environnemental : pas de métaux lourds, pas d’acide, une durée de vie très élevée, pas de
vieillissement rapide à température ambiante élevée et le coût énergétique du stockage le plus
faible actuel. Cependant il est difficile de savoir si elle pourra s’imposer alors que les batteries
traditionnelles sont largement implantées partout.