Éruption Volcanique - Wikipédia
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Une éruption volcanique est un phénomène géologique caractérisé par l'émission, par un
volcan, de laves ou de téphras accompagnés de gaz volcaniques. Lorsqu'une éruption
volcanique provoque des dégâts matériels et des morts parmi l'espèce humaine mais aussi
chez d'autres espèces animales ou végétales ce qui est la majorité des cas pour les volcans
terrestres, ce phénomène constitue, à courte ou moyenne échéance, une catastrophe
naturelle ayant un impact local ou mondial et pouvant bouleverser les habitudes animales,
humaines, la topographie, etc.
Image satellite du panache volcanique coiffé d'un pileus et de nuées ardentes du Sarytchev en Russie au cours d'une
éruption plinienne.
Des recherches récentes montrent que les éruptions volcaniques ont un impact significatif
sur le climat mondial et doivent être considérées comme des phénomènes catalytiques
essentiels pour expliquer les changements écologiques et les bouleversements historiques
des sociétés humaines[1].
Mécanismes
Les éruptions magmatiques sont provoquées par le dégazage du magma sous l'effet d'une
décompression, qui produit une baisse de densité, laquelle propulse le magma vers le haut
par l'effet de la poussée d'Archimède.
Les éruptions phréatiques sont provoquées par la vaporisation de l'eau en contact avec le
magma, qui éjecte les matériaux encaissants, le magma restant en place.
Fréquence et durée
La durée des éruptions est très variable[2] : certaines durent quelques heures, telle l'éruption
du Vésuve en 79 ; sur les quelque 1 500 volcans terrestres actifs, un peu plus de la moitié des
éruptions ne dépasse pas deux mois d’activité et un peu plus d'une centaine dure plus d’un
an. Il y aurait selon les études 1,5 million de volcans sous-marins à l'origine de 75 % du
volume des laves émis chaque année par l'ensemble des volcans[3].
< 1 jour 10 10
entre 1 et 6 mois 28 72
entre 6 mois et 1 an 12 84
entre 1 et 2 ans 7 91
entre 2 et 5 ans 5 96
entre 5 et 10 ans 2 98
entre 10 et 20 ans 1 99
Plusieurs catégorisations des éruptions ont été proposées au cours du temps. En 1805,
George Poulett Scrope distingue les éruptions permanentes, intermédiaires et paroxysmales.
En 1891[6], James Dwight Dana, se base sur les études des volcans hawaïens pour distinguer
les éruptions explosives, intermédiaires et calmes[7]. Sous l'impulsion des études sur les
volcans italiens par Giuseppe Mercalli en 1907 et l'étude de l'éruption de la montagne Pelée
par Alfred Lacroix en 1908, une classification plus complexe s'élabore, basée sur la
géométrie des volcans (forme du cône volcanique), leur comportement (explosif ou calme) et
les produits qu'ils émettent (nuées ardentes, coulées de lave, blocs, fontaines de lave), ce qui
conduit à une classification en quatre types, hawaïen, strombolien, plinien/vulcanien, péléen,
enrichie plus tard par le type islandais et le stade solfatarien[8]. Cette classification reste
utilisée dans les manuels scolaires bien qu'elle résulte d'une mauvaise interprétation des
types d'explosions volcaniques[9].
Ces dénominations à partir de noms de volcans ou de régions ne doit pas faire croire que ces
volcans ont des éruptions systématiquement du type correspondant, ni donc le fait qu'un
volcan est caractérisé par un seul type d'éruption. Elles traduisent simplement le fait que la
description du modèle a été faite à partir d'une éruption de ce volcan ou de cette région. En
réalité les transformations que subit le magma dans la chambre magmatique induisent une
évolution des éruptions tant au cours de la vie du volcan qu'au cours d'un cycle éruptif. Le
refroidissement du magma au plafond de la chambre provoque une cristallisation fractionnée
de la phase liquide, les premiers cristaux à se former sont des minéraux basiques, plus
lourds, qui décantent au fond de la chambre et laissent au sommet un magma enrichi en
silice, ce qu'on appelle la différenciation du magma. Ainsi le début d'une éruption,
particulièrement si la précédente est ancienne, pourra être caractérisé par une lave plus
visqueuse et un type plus explosif que la suite. De plus, sur des périodes longues, le magma
a tendance à dissoudre partiellement les roches encaissantes. Pour les volcans continentaux
il s'agit en général de minéraux felsiques de la croûte qui vont là aussi enrichir le magma en
silice. Dans ce cas plus le volcan vieillira plus sa lave sera visqueuse et ses éruptions
explosives. Il y a des exceptions : si la chambre magmatique se trouve dans des sédiments
calcaires, comme dans le cas du Vésuve, le magma deviendra de plus en plus basique et les
éruptions de moins en moins explosives.
Éruptions effusives
Article détaillé : Éruption effusive.
Les éruptions effusives se caractérisent par l'émission d'un magma assez pauvre en gaz
dissous, qui se répand en formant des coulées de lave souvent de grande étendue. Ces
éruptions sont relativement calmes, sans grandes explosions. Le seul danger de ces
éruptions est l'avancée des coulées de lave (jusqu'à plusieurs dizaines de km/h) : les dégâts
économiques peuvent être considérables, mais les populations ont en général le temps
d'évacuer leur domicile en emportant quelques affaires.
Le magma émis est très généralement basaltique, pauvre en silice (SiO2) et donc très fluide,
et les gaz exsolvés s'en échappent facilement. Il existe aussi des coulées de lave de
composition plus riche en silice, et même des coulées d'obsidienne.
Les volcans dont les éruptions sont généralement effusives sont ceux des dorsales médio-
océaniques et des points chauds (comme ceux d'Hawaï, le Piton de la Fournaise et l'Etna).
Éruption hawaïenne
L'éruption hawaïenne est caractérisée par des laves très fluides, basaltiques et pauvres en
silice ce qui permet leur écoulement le long des flancs du volcan parfois sur des dizaines de
kilomètres. Le dégazage de la lave est très aisé et son éjection peut se faire soit sous la
forme de fontaines de laves de plusieurs centaines de mètres de hauteur et au débit régulier,
soit sous la forme d'un lac de lave plus ou moins temporaire prenant place dans un cratère.
Les volcans ayant des éruptions de type hawaïen sont le Mauna Kea, le Mauna Loa, le Piton
de la Fournaise, le Nyiragongo, l'Erta Ale, etc.
Éruption strombolienne
Style intermédiaire entre les types hawaïen et vulcanien, le type strombolien émet des laves
moyennement fluides sous forme de coulées et des tephras comme des bombes
volcaniques, des scories, etc. projetés par des explosions fréquentes. Un nuage de cendre
peut s'élever à quelques centaines de mètres de hauteur. La dangerosité dépend de la
proximité des implantations humaines.
Les volcans ayant des éruptions de type strombolien sont le Stromboli ou encore l'Etna bien
que ce dernier puisse parfois avoir des éruptions vulcaniennes.
Éruptions explosives
Article détaillé : Éruption explosive.
Les éruptions explosives émettent quant à elles des laves andésitiques, riches en silice et
donc très visqueuses et libérant leurs gaz volcaniques difficilement. Ces éruptions ne
forment pas de coulée de lave mais s'accompagnent plutôt d'explosions produisant de
grandes quantités de cendres donnant naissance à des nuées ardentes et des panaches
volcaniques. Environ 80 % des éruptions volcaniques se déroulent sur ce type de volcans[11].
Très dangereux car imprévisibles, ces types d'éruptions ne laissent parfois pas le temps
d'évacuer les populations menacées par les gaz et les cendres brûlants. Les volcans les plus
représentatifs sont les « volcans gris » de la « ceinture de feu du Pacifique » comme le
Pinatubo, le Krakatoa, le Mayon ou encore le Merapi.
Éruption vulcanienne
Le risque humain est plus élevé car des projections de pierre ponce, cendres et bombes
peuvent se produire et s'élever à plusieurs kilomètres de hauteur. L'éruption type est la
dernière éruption du Vulcano entre 1888 et 1890.
Éruption péléenne
Dans ce type d'éruption, la lave pâteuse ne s'écoule quasiment pas et a tendance à former un
dôme de lave. Celui-ci, sous la pression du magma, peut se désagréger ou exploser en
produisant des nuées ardentes et des panaches volcaniques. Très meurtrier en raison du
caractère instable de l'éruption et de la vitesse des nuées ardentes, l'éruption type est celle de
la montagne Pelée qui fit 28 000 morts en 1902 en Martinique.
Les volcans ayant des éruptions peléennes sont la montagne Pelée, la Soufrière de
Montserrat, la Soufrière de la Guadeloupe, etc.
Éruption plinienne
Schéma d'une éruption plinienne.
Dans ce type d'éruption, la lave est extrêmement pâteuse car très riche en silice. Les gaz
volcaniques ne pouvant se libérer, la pression augmente dans la chambre magmatique et
produit des explosions qui pulvérisent la lave et parfois le volcan en projetant des cendres à
des dizaines de kilomètres de hauteur, atteignant ainsi la stratosphère. Le panache
volcanique retombe en général sous son propre poids et dévaste les flancs du volcan à des
kilomètres à la ronde. La présence de nappes phréatiques sur le chemin de la lave augmente
le risque explosif et la dangerosité de ces volcans dont la première description fut celle du
Vésuve en 79 par Pline le Jeune et qui détruisit Pompéi.
Les volcans ayant des éruptions pliniennes sont la majorité de ceux formant la « ceinture de
feu du Pacifique » tels le Merapi, le Krakatoa, le Pinatubo, le mont Saint Helens ou encore le
mont Augustine.
Éruption surtseyenne
Schéma d'une éruption surtseyenne.
Les éruptions surtseyennes sont des éruptions qui mettent en cause de grandes quantités
d'eau. Il s'agit en général d'éruptions sous-marines ou sous-lacustres proches de la surface,
en général moins de cent mètres de profondeur, ou sous-glaciaires lorsque la chaleur du
magma parvient à faire fondre de grandes quantités de glace[12].
Si l'éruption est sous-glaciaire, il faut que l'eau de fonte se retrouve piégée au-dessus du
volcan pour provoquer une éruption surtseyenne. Le Nevado del Ruiz n'a pas provoqué
d'éruption surtseyenne lors de son éruption en 1985 car l'eau provenant de la fonte des
glaces au sommet du volcan a dévalé les pentes du volcan en formant des lahars qui
détruisirent la ville d'Armero. En revanche l'éruption du Grímsvötn en 1996 sous le Vatnajökull
s'est transformée en éruption surtseyenne car les eaux de fonte de la calotte glaciaire ont
formé un lac au-dessus du volcan. Lors de l'arrivée du magma à la surface, des projections
cypressoïdes ont traversé la glace et le lac s'est vidé sous la forme d'un jökulhlaup.
L'indice d'explosivité volcanique de ce type d'éruption va de 2 à 5 mais il dépend grandement
du type de magma, selon qu'il est basaltique ou andésitique.
Éruption sous-glaciaire
Éruption sous-marine
Éruption phréatique
Schéma d'une éruption phréatique.
Éruption phréato-magmatique
Éruption limnique
Éruption du
Tambora en Tambora 1815 92 000[15]
Indonésie
1815
Éruption du
Krakatoa Krakatoa 1883 36 417[15]
Indonésie
en 1883
Éruption du
> 1 500 corps retrouvés, < 33 000 habitants
Vésuve en Vésuve Italie 79
probables de la région
79
Éruption de
la
Montagne France
montagne 1902 29 000[15]
Pelée (Martinique)
Pelée en
1902
Éruption du
Nevado del Nevado
1985 25 000[15]
Ruiz en del Ruiz Colombie
1985
Éruption du
mont Mont
Japon 1792 15 000
Unzen en Unzen
1792
Éruption du
Kelud en Kelud 1586 10 000
Indonésie
1586
Éruption du
Laki en Laki Islande 1783 9 336[15]
1783
Éruption Volcan Pays Date Nombre de morts
Éruption du
Santa Santa
1902 6 000[15]
María en María Guatemala
1902
Éruption du
Kelud en Kelud 1919 5 115[15]
Indonésie
1919
Lors d’une éruption volcanique, un volcan projette de la lave et des téphras. Pour estimer
l'endroit où ces projections vont tomber, on peut utiliser les équations suivantes :
Prévision de la distance
avec :
: distance horizontale ;
: distance verticale ;
: module de la vitesse initiale ;
: temps ;
: accélération de la pesanteur ;
: angle de la vitesse initiale avec l'horizontale.
Prévision de la vitesse
avec :
- Vitesse d'éjection
- Pression dans le gaz
- Pression atmosphérique
- Densité du magma
Wilson utilise également une seconde équation dérivée du théorème de Bernoulli, l’équation
du canon, qui est utilisée pour calculer la vitesse de projectiles rapides passant par une
ouverture étroite :
avec :
- Pression initiale
- Masse du projectile
- Vitesse d'éjection
- Accélération gravitationnelle
- Constante de Bernoulli
Notes et références
3. Henry Gaudru, Gilles Chazot, La belle histoire des volcans, De Boeck Superieur, 2018 (lire
en ligne (https://books.google.com/books?id=fktyDwAAQBAJ) [archive]), p. 278.
4. (en) « The Pu‘u ‘Ō‘ō Eruption Lasted 35 Years : 1983 – 2018 Pu‘u ‘Ō‘ō Eruption » (https://
www.usgs.gov/volcanoes/kilauea/pu-u-eruption-lasted-35-years) [archive], sur
USGS.gov (consulté le 18 février 2021).
5. (en) How Long do Volcanic Eruptions Last? (http://www.volcanolive.com/predictions.ht
ml) [archive], données de volcanolive.com.
6. (en) James Dwight Dana, Characteristics of volcanoes : with contributions of facts and
principles from the Hawaiian Islands, Dodd, Mead and Co., 1891, 391 p. (lire en ligne (http
s://archive.org/details/characteristicso00dana) [archive]).
7. (en) Payson D. Sheets, Donald K. Grayson, Volcanic Activity and Human Ecology, Elsevier,
2013, p. 20.
9. Jean-Claude Tanguy, Giuseppe Patanè, L'Etna et le monde des volcans, Diderot Editeur,
1996, p. 261.
10. (en) Bernie Joyce, Volcano tourism in the New Kanawinka Global Geopark of Victoria and
SE South Australia (http://www.kanawinkageopark.org.au/wp-content/uploads/2010/06/
JOYCE_2010_Volcano_Tourism.pdf) [archive], chapitre 20 de Patricia Erfurt-Cooper et
Malcolm Cooper, Volcano And geothermal tourism.
11. (en) Smithsonian Institution - Part du nombre d'éruptions en fonction du type de volcan (h
ttp://www.volcano.si.edu/education/questions/index.cfm?faq=03) [archive]
15. (fr) Jacques-Marie Bardintzeff, Connaître et découvrir les volcans, Genève, Suisse, Liber,
octobre 1997, 209 p. (ISBN 2-88143-117-8), p. 163-166
Voir aussi
Sources et bibliographie
(en) Physics of Eruptions (http://ffden-2.phys.uaf.edu/212_fall2003.web.dir/Andrea_Steffk
e/eruptions.htm) [archive] sur ffden-2.phys.uaf.edu
Articles connexes
Volcan
Prévision volcanologique
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