CCP 2021 - Maths 2 - Un Corrigé: Exercice

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CCP 2021 – Maths 2 – Un corrigé

EXERCICE
1 – Soit D  Dn    avec D  diag  1 ,...,  n  et soit A   ai , j 1i , j n . On a alors :
 1a1,1  1a1,n 
 
t
DA  DA      
 a 
 n n ,1   n an,n 
Donc D A   i ai ,i . Ainsi si A   Dn     on a en particulier pour Ek ,k avec k  1, n  :
n

i 1

0  E k , k A  ak , k
Donc les coefficients diagonaux de A sont tous nuls. Réciproquement, si i  1, n , ai ,i  0
n
alors pour toute matrice diagonale D  diag  1 ,...,  n  , on a D A    i ai ,i  0 .
i 1

L’orthogonal de Dn    est l’ensemble des matrices A Mn    dont tous les coefficients


diagonaux sont nuls.

PROBLÈME

Partie I : quelques exemples


2 – Si A est diagonalisable, on pose alors D  A et N  0 et on vérifie immédiatement que le
couple  D, N  vérifie les quatre propriétés de l’énoncé :
Si A est diagonalisable, sa décomposition de Dunford est  A,0  .
De la même façon et avec une vérification tout aussi immédiate :
Si A est nilpotente, sa décomposition de Dunford est  D, N    0, A .
1 1 1 0 0 1
On pose désormais A   , D  et N    . On a bien A  D  N , D est
0 2  0 2 0 0
 0 2 0 1
diagonalisable car diagonale, N est nilpotente car N 2  0 , mais ND    et DN   
 0 0 0 0
. On n’a donc pas ND  DN et le couple  D, N  proposé n’est pas la décomposition de
Dunford de A.

1
 0 1 
3 – Considérons la matrice A    ; son polynôme caractéristique est  A  X  1 . Si A
2

1 0 
avait une décomposition de Dunford  D, N  dans M2    alors d’après l’énoncé on aurait
 A   D et donc la matrice D diagonalisable dans M2    aurait un polynôme caractéristique
non scindé : absurde. Ainsi :
 0 1 
La matrice A    n’a pas de décomposition de Dunford dans M2    .
1 0 

4 – On a :
3 X 0 8
3 X 8
A   3 1  X 6  1  X   1  X   X 2  2 X  1
2 5  X
2 0 5  X
On a donc  A  1  X  .
3

Comme  A est scindé, A dispose d’une décomposition de Dunford notée  D, N  et la matrice


D a pour polynôme caractéristique  D   A   X  1 . Donc Sp  D   1 et D étant de plus
3

diagonalisable, elle est semblable à I3 qui n’est semblable qu’à elle-même.
Donc la décomposition de Dunford de A est  D, N  avec D   I3 et N  A  I3 , soit
 4 0 8
explicitement : N   3 0 6  .
 2 0 4 
 

5 – Comme  D, N  est une décomposition de Dunford de A on a A  D  N et ND  DN .


Ainsi exp  A  exp  D  exp  N  .
Comme D est ici diagonale, on a exp  D   exp   I3   diag  e1 ,e1,e 1   e 1 I3 .
 4 0 8  4 0 8   0 0 0 
On calcule maintenant N   3 0 6 
2   
 3 0 6    0 0 0  et par suite pour n  2
 2 0 4  2 0 4   0 0 0 
    
A  0 . Donc :
n

 5 0 8
 
exp  N   I3  N   3 1 6 
 2 0 3 
 
 5 0 8
1
Et finalement : exp  A    3 1 6  .
e 
 2 0 3 

6 – Posons P  X  X  1 . On a alors P  A2   A2  A2  I3   A2  A  I3  A  I3  . Donc :



0

2
P  X  X  1 est un polynôme annulateur de A2 .
Posons alors D  A2 et N  A  A2 .
● On a A  D  N .
● P est un polynôme annulateur de A2 , non nul, scindé et à racines simples. Donc A2 est
diagonalisable.
● Comme A et I3  A commutent, on a N 2  A2  I3  A  A2  A  I3  A  I3   0 , donc
2


0
N est nilpotente.
● Comme N et D sont des polynômes en A, on a ND  DN .
Les points (1) à (4) ont bien été vérifiés et  D, N    A2 , A  A2  est la décomposition de
Dunford de A.

Partie II : un exemple par deux méthodes


7 – On calcule en un premier temps le polynôme caractéristique de A :
3  X 1 1 2  X 1 1 1 1 1
A   2 X 1   2  X X 1   X  2 1  X 1
C1 C1 C2
1 1 2  X 0 1 2  X 0 1 2 X
Puis en retranchant la première colonne à la troisième et en développant par rapport à C3 :
1 1
 A   X  2  2  X    X  1 X  2 
2

1 X
Il s’en suit que A est diagonalisable si et seulement si E2  A  ker  A  2I3  est un plan. Or
 1 1 1 
 
A  2I3   2 2 1  . Les deux dernières colonnes ne sont pas colinéaires, donc
 1 1 0 
 
rg  A  2I3   2 et par suite avec le théorème du rang dim  ker  A  2I3    1 . E2  A  n’est donc
pas un plan : A n’est pas diagonalisable.
 X  2
2
Comme les polynômes X  1 et sont premiers entre eux on a
ker   A  A    ker  A  I3   ker  A  2I3  , et avec le théorème de Cayley-Hamilton :
2

 3  ker  A  I3   ker  A  2I3   ker  u  id   ker  u  2id  .


2 2

2 x  y  z  0
 x  0
8 – Pour X   x, y, z    3 , on résout : AX  X  2 x  y  z  0  
t
. On pose
x  y  z  0 1 1 3  y  z
L L L


 0,1,1 et ker  u  id   Vect e1 .
t
alors e1 

3
x  y  z  0
 z  0
. On pose alors e2  1,1, 0  et
t
Puis on résout : AX  2 X  2 x  2 y  z  0  
x  y  0 x  y

ker  u  2id   Vect e2  .
 1 1 1  1 1 1   0 0 0 
    
On calcule  A  2I3 
2
  2 2 1  2 2 1    1 1 0  ;
 1 1 0  1 1 0   1 1 0 
    
alors  A  2I3  X  0  x  y .  0, 0,1  e2 , e3 
2 t
On résout On pose e3  et et
ker  u  2id   Vect e2 , e3 . Cette famille étant visiblement libre, elle constitue une base de
2

ker  u  2id  et comme  3  ker  u  id   ker  u  2id  on a par concaténation :


2 2

Une base de  3 est  e1 , e2 , e3  avec e1   0,1,1 , e2  1,1, 0  et e3   0, 0,1 .


t t t
En outre
ker  u  id   Vect e1 , ker  u  2id   Vect e2  et ker  u  2id   Vect e2 , e3 .
2

On a alors : u  e1   e1 , u  e2   2e2 . On calcule u  e3   1,1, 2   e2  2e3 . Ainsi :


t

1 0 0
La matrice B de u dans la base  e1 , e2 , e3  est B   0 2 1  .
 0 0 2
 

1 0 0 0 0 0
9 – Posons D0   0 2 0  et N 0   0 0 1  . On a clairement
 
B  D0  N 0 , D0 est
 0 0 2 0 0 0
   
0 0 0
diagonalisable, N 0  0 et N 0 est ainsi nilpotente et enfin : D0 N 0   0
2 
0 2   N 0 D0 .
0 0 0 

La décomposition de Dunford de B est ainsi  D0 , N 0  où D0 et N 0 sont les matrices définies
ci-dessus.
Appelons f et g les endomorphismes ayant pour matrices respectives D0 et N 0 dans
B =  e1 , e2 , e3  . Il apparait alors clairement que  f , g  est la décomposition de Dunford de u.
Or A est la matrice dans la base canonique de u, donc si on appelle D et N les matrices
respectives de f et g dans la base canonique alors  D, N  vérifie les points (1) à (4) et constitue
la décomposition de Dunford de A.
 0 1 0
La matrice de passage de la base canonique à B est P   1 1 0  et on a ainsi D  PD0 P 1
1 0 1
 
 x, y , z   a , b, c 
t t
et N  PN 0 P 1 . On détermine P 1 en résolvant, pour X  et Y  :

4
y  a  x  a  b
 
PX  Y   x  y  b   y  a
x  z  c z  a  b  c
 
 1 1 0
Donc P 1   1 0 
0  et :
 1 1 1 

1 0 0  1 1 0 0 1 0  1
0 2 1 0 0
    
  
D  P0 2 0  1 0 0  1 0  1
1 0  2 0 1 0
0 0 2 
1 1   1 0 1 
2 2   1 1 2 
  1  2
0 0 0  1
1 0  0 1 0  0
0 0 1 1 1 
Ainsi que : N  P  0 
0 1  1
0
 
0  1

 
1 1    1
1 0  1 1 1.

0 0 0 
1 1   1 0 1 
0 0   0 0 0 
  1  0
2 0 0  1 1 1 
La décomposition de Dunford de A est  D, N  avec D   1 1 0  et 
N  1 1 1 .

 1 1 2  0 0 0
   

10 – La décomposition en éléments simples d’écrit sous la forme :


1 a b c
  
 X  1 X  2  X  1 X  2  X  2 
2 2

● On multiplie par X  1 et on évalue en 1 : a  1 .


● On multiplie par  X  2  et on évalue en 2 : c  1 .
2

● On multiplie par X et on regarde la limite en  : 0  a  b et donc b  1 .


1 1 1 1
Finalement :    .
 X  1 X  2  X  1 X  2  X  2 
2 2

Par suite : 1   X  2    X  1 X  2    X  1   X  2    3  X  X  1 .


2 2

Si on pose U  3  X et V  1 on a l’égalité de Bézout :  X  1U   X  2  V  1 et de plus


2

deg U   2 et deg V   1 .

11 – On va utiliser à plusieurs reprises dans cette question que des polynômes en u commutent.
Ainsi partant de  X  1U   X  2  V  1 on a U  u    u  id   V  u    u  2id   id , puis en
2 2

évaluant en x  3 : p  x   q  x   x .
En outre  u  id   p  x    V  u    u  id    u  2id   x  . Or d’après le théorème de messieurs
2

Cayley et Hamilton on a  u  id    u  2id   0 et donc p  x   ker  u  id  .


2

De même  u  2id   q  x    U  u    u  id    u  2id   x   0 et q  x   ker  u  2id  .


2 2

x  p  x  q  x

En résumé, pour x  3 :  p  x   ker  u  id  , et  3  ker  u  id   ker  u  2id  .
2


q  x   ker  u  2id 
2

5
On en déduit que p est la projection sur ker  u  id  de direction ker  u  2id  et que q est la
2

projection sur ker  u  2id  de direction ker  u  id  .


2

12 – On rappelle que B =  e1 , e2 , e3  et que  e1  est une base de ker  u  id  et que  e2 , e3  est


1 0 0
une base de ker  u  2id  . Donc la matrice de p dans B est  0 0 0  et celle de q est
2

0 0 0
 
0 0 0 1 0 0
   
 0 1 0  . La matrice de p  2q dans B est alors  0 2 0  .
0 0 1  0 0 2
   
On reconnait là la matrice D0 de la question 8 donc p  2q  f (cf question 9 : on a appelé
 f ,g la décomposition de Dunford de u). Il s’en suit que :
D  V  A  A  2I3   2U  A  A  I3    A  2I3   2  3I3  A  A  I3 
2 2

Après développement : D   A2  4 A  2I3 et N  A  D  A2  3 A  2I3 .

Partie III : une preuve de l’unicité de la décomposition

13 – Soit  une valeur propre de u et x  E  u  . On a alors u  x   x et donc v  u  x   v  x 


. Sachant v  u  u  v on en déduit u  v  x    v  x  et donc v  x   E  u  . On a montré :
Tout sous-espace propre de u est stable par v.
p
Comme u est diagonalisable, on a E   Ei  u  , et en appelant vi l’endomorphisme induit par
i 1

u sur Ei  u  , vi est diagonalisable (car endomorphisme induit sur un sous espace stable par un
endomorphisme diagonalisable). Soit Bi une base de vecteurs propres de vi . Les vecteurs de
Bi sont également vecteurs propres de u car éléments de Ei  u  . Donc les vecteurs de Bi sont
vecteurs propres communs à u et à v.
p
Comme E   Ei  u  , la concaténée B des Bi est une base de E, dont les vecteurs sont vecteurs
i 1

propres communs à u et à v : on a trouvé une base commune de diagonalisation pour u et v.

14 – Soient A et B diagonalisables qui commutent d’endomorphismes associés  et . Il existe


alors une base de vecteurs propres communs à  et . Soient A ' et B ' les matrices diagonales
de  et  dans cette base commune de diagonalisation. La matrice dans cette base de    est
alors la matrice diagonale A ' B ' , ce qui montre que A  B est diagonalisable.

15 – On se donne A et B nilpotentes qui commutent, d’indices de nilpotence respectifs a et b.


Comme elles commutent, on a avec le binôme de Newton :
a b a  b
 
 A  B     1
a b a b k
Ak B abk
k 0  k 

6
Or pour a  k  a  b on a Ak  0 et pour 0  k  a on a a  b  k  b donc B abk  0 , et donc
 A  B   0 : A  B est nilpotente.
a b

16 – Supposons que M Mn  K  soit diagonalisable et nilpotente, et soit f son endomorphisme


canoniquement associé. Il existe alors une base B dans laquelle la matrice D de f est diagonale
et il existe par ailleurs k   tel que M k  0 . On a alors f k  0 puis D k  0 . D s’écrit
D  diag  1 ,...,  n  et alors D k  diag  1k ,...,  kn  et comme D k  0 les  i sont tous nuls. Donc
D  0 puis f  0 et finalement M  0 .
La matrice nulle est la seule matrice diagonalisable et nilpotente.

17 – On suppose qu’il existe deux couples  D, N  et  D ', N ' vérifiant les propriétés (1) à (4)
et tels que D, N, D ' et N ' soient des polynômes en A.
Comme D et D ' sont des polynômes en A, D et D ' sont deux matrices diagonalisables qui
commutent. D’après la question 14 D  D ' est diagonalisable. De la même façon avec la
question 15, N  N ' est nilpotente. Or de A  N  D  N ' D ' on déduit N  N '  D  D ' .
Donc N  N ' est nilpotente et diagonalisable donc nulle d’après la question 16. Ainsi N  N '
puis D  D ' . On a montré :
La décomposition de Dunford d’une matrice à polynôme caractéristique scindé est unique.

Partie IV : non continuité de l’application A  D

 1 2021
18 – Soit A    . On a visiblement Sp  A   1 et si A était diagonalisable elle serait
0 1 
semblable à I 2 qui n’est semblable qu’à elle-même. On aurait ainsi A  I 2 ce qui est gênant.
 1 2021  0 0 
Donc A n’est pas diagonalisable. Or A     , matrices toutes deux
0
 0  0 1
 
U V
diagonalisables (la première car ayant 2 valeurs propres et étant de taille 2).
On vient d’exhiber un exemple de matrices appartenant à D dont la somme n’est pas dans D,
donc D n’est pas un sous-espace vectoriel de Mn    lorsque n  2 .
On obtient un contre-exemple plus général lorsque n  3 en prenant (avec les décompositions
A 0  U 0 
par blocs) M    qui n’est pas diagonalisable pour la même raison et D1   
 0 I n 2   0 0
V 0 
et D1    qui sont diagonalisables et de somme égale à M.
 0 I n2 
Finalement : D n’est pas un sous-espace vectoriel de Mn    lorsque n  2 .
Par ailleurs pour P inversible, l’application M  PMP 1 est linéaire sur l’espace de dimension
finie Mn    et à ce titre continue.

19 – Soit M  Mn    . On sait que Sp  M    .

7
1er cas : si Sp  M  est un singleton
Sp  M    . On sait alors qu’il existe une matrice inversible P telle que M  PTP 1 où
T est une matrice triangulaire dont tous les coefficients diagonaux sont égaux à . Soit
1
D  diag 1, 2,..., n  et pour k   : Tk  T  D . Tk est une matrice triangulaire dont
k
1 2 n
les coefficients diagonaux sont   ,   ,...,   ; ceux-ci sont deux à deux distincts
k k k
et donc Tk a n valeurs propres deux à deux distinctes et est à ce titre diagonalisable. Il
s’en suit que M k  PTk P 1 est diagonalisable. Or lim Tk  T donc avec la continuité de
k 

la question 19 : lim M k  M . On a écrit M comme limite d’une suite de matrices


k 

diagonalisables.
2ième
cas : si card  Sp  M    2
Soient alors 1,...,  p les valeurs propres deux à deux distinctes de M ; il existe une
matrice inversible P et une matrice triangulaire T dont les coefficients diagonaux
appartiennent à 1,...,  p  telles que M  PTP 1 . On pose r  min  i   j  0 . Soit
1i  j  p

 r r 1
D  diag  r , ...,  et pour k   : Tk  T  D et M k  PTk P 1 . On a de la même
 2 n k
jr
façon lim M k  M . De plus les coefficients diagonaux de Tk s’écrivent  i j  pour
k  kn
j  1 n et avec i j  1, r  .
 r   mr  r   m
Pour 1  m    n et k   on a   i      im 
 kn   kn 

   i  im  
kn
. Si

i   im la quantité ci-dessus est strictement positive, et sinon  i   im  r tandis que


r    m  r  n  1 r   m
0
kn

n
 
 r . Donc i   im 
kn
 0.
Ainsi les termes diagonaux de la matrice triangulaire Tk sont deux à deux distincts et Tk
est diagonalisable et on termine comme dans le premier cas.
Ainsi dans tous les cas, pour M  Mn    , il existe une suite  M k  k de matrices
diagonalisables qui converge vers M : D est dense dans Mn    .

20 – On note tout d’abord que toute matrice M  Mn    a un polynôme caractéristique scindé


dans   X  et donc une unique décomposition de Dunford. L’application  de l’énoncé est
donc bien définie sur Mn    . D’après la question 2, si AD alors   A  A et donc :
La restriction de  à D est l’identité de D.
Si  était continue sur Mn    on aurait alors par densité   IdMn   et la matrice de la question
4 fournit un exemple de matrice A telle que   A  A . Donc :  n’est pas continue sur Mn   

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