Karl Marx Manuscrits de 1844 1
Karl Marx Manuscrits de 1844 1
Karl Marx Manuscrits de 1844 1
QUESNAY, Physiocratie.
MANUSCRITS DE 1844,>'i��
Traduction inédite
de
Jacques-Pierre GoUGEON
GF Flammarion
© Flammarion, Paris, 1996.
ISBN: 2-08-070789-2
INTRODUCTION
1 1. Ibid., p. 63.
10 MANUSCRITS DE 1844
1. Critique de l'économie politique 12
a) Hypocrisie
Le point de départ nécessaire de la critique de l'éco
nomie politique, c'est la contradiction flagrante entre
la pauvreté et la richesse dans le régime de la propriété
privée u. Une pléiade d'auteurs l'ont dénoncée, parmi
lesquels Hegel lui-même qui écrit : l'accumulation des
richesses augmente d'une part, mais d'autre part toute
une classe d'hommes, pour qui le travail n'est qu'une
corvée, est livrée à la pauvreté par les incessantes
variations du marché 14• On découvre soudain, ren
chérit Moses Hess, qu'il y a encore au xixe siècle des
ilotes 1'. De même que se sont opposés autrefois le
maître et l'esclave, plus tard le patricien et le plébéien,
ensuite le suzerain et le vassal, on voit s'opposer
aujourd'hui l'oisif et le travailleur, écrit Gans 16• Ainsi,
ce qui s'oppose à l'émancipation de l'humanité, c'est
l'inégalité sociale qui dresse les hommes les uns contre
les autres 1 7 •
Car la réalité est celle-ci : s'il est vrai que le travail
produit des merveilles pour les riches, il produit le
1 2. Tous les auteurs cités par Marx dans ces Manuscrits ne sont
pas, loin de là, mis sur le même plan. La critique vise l'économie
politique classique dont les principaux représentants sont : Smith,
Say, Ricardo, Malthus, Mac Culloch. Sismondi et Buret (sociali
sants), Pecqueur (partisan de la socialisation des moyens de pro
duction) illustrent plus souvent un développement qu'ils ne sont
matière à critique. Schulz (1797-1860), enfin, a une place à part :
son • matérialisme historique • sera l'une des sources essentielles de
L'idéologie allema nde; sa critique des économistes et des catégories
qu'ils emploient inspire assez largement Marx dans les Manuscrits ck
1844.
13. J. A. Giannotti, Origines ck la dialeczi4ue du travail, op. cit.,
p. 91.
14. G. W. F. Hegel, Principes ck la philosophie d u droit (1821),
§ 243, trad. A. Kaan, Paris, Gallimard, 1940, p. 261.
15. Th. Zlocisti, Moses Hess. Sozialistische Aufsiitze (1844-1847),
Berlin, Welt-Verlag, 1921, p. 33.
16. E. Gans, Rückblicke au/ Personen und Zustiinde, Berlin, Veit,
1836, p. 100-101. Marx suivit les leçons de ce Gans en 1836-1837,
à Berlin.
17. Cf. M. Hess, Die europâische Trian:hie, Leipzig, O. Wigand,
1841, p. 173.
INTRODUCTION 11
dénuement pour l'ouvrier 18. Smith affirme qu'à l'ori
gine « le produit entier du travail appartient à
l'ouvrier 19 •. Mais il reconnaît en même temps que
c'est la partie la plus petite et strictement indispen
sable du produit qui lui revient 20. L'économiste dit en
même temps que tout s'achète avec du travail, et que
les prolétaires sont contraints de se vendre au jour le
jour 2 1• Dans le cas d'un appauvrissement général,
l'ouvrier souffre dans son existence (misère croissante
de l'ouvrier) 22, le capitaliste « dans le profit de son
veau d'or inerte 23 •· Si la richesse de la société aug
mente, au contraire, une crise de surproduction sur
vient bientôt, qui entraîne la concurrence la plus
acharnée entre les petits capitalistes ruinés, tombés
dans le prolétariat, et leurs anciens employés (compli
cation de la misère) 24• Au plus haut niveau de la
richesse, le capitaliste n'est plus poussé à investir;
c'est l'état où le salaire est maintenu au plus bas
(misère stationnaire) 2 5• Aussi, tandis que, d'après les
économistes, l'intérêt de l'ouvrier ne s'oppose jamais à
l'intérêt de la société, la société s'oppose toujours et
nécessairement à l'intérêt de l'ouvrier 26•
Les économistes enseignent également que le salaire
est déterminé par le libre accord entre ouvrier et
patron. Mais ils confessent que la seule issue pour
l'ouvrier est d'accepter le salaire le plus bas possible!
C'est que, pour que le contrat de travail ne fût point
un simple camouflage verbal, il faudrait qu'il fût passé
entre égaux ! Mais le monde du négoce est le monde
pratique de l'illusion et du mensonge. Enfin, le
18.Manuscrits de 1844, p. 1 1 1.
19. A. Smith, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations [1776), 1, VIU, trad. G. Garnier [revue par A. Blanqui],
Paris, GF-Flammarion, 199 1 , t. 1, p. 135.
20.Manuscrits de 1844, p. 61.
21. lbid.
22. Ibid., p. 60.
23. Ibid., p. 57.
24. Ibid., p. 58-59.
25. Ibid., p. 60.
26. lbid. , p. 62.
12 MANUSCRITS DE 1844
capital, l'économie politique l'admet elle-même, c'est
du travail accumulé 27, du travail amassé et mis en
réserve 28• La richesse sociale se décompose donc
ainsi : « (•••] travail accumulé ou propriété privée
d'une part, travail réel d'autre part 29 [•••] •; travail
vivant et travail mort ; travail rémunéré et travail volé.
b) Inhumanité
Les économistes reprennent à leur compte l'axiome
qu'Augustin Thierry voulait appliquer à l'histoire et
au droit : « Is fecit qui prodest 30• ,. Chez Smith, chaque
individu était engagé par sa nature à poursuivre son
intérêt propre ; mais il existait une harmonie prééta
blie entre les intérêts individuels 31• Les « vices
privés », pour reprendre le sous-titre du célèbre
ouvrage de Mandeville, étaient en même temps des
« bienfaits publics » 32• Cette récupération fort opti
miste d'un égoïsme postulé dans la nature humaine
(hypocrisie) a fait place, selon Marx, à une attitude
plus féroce : la morale de l'économie Politique consiste
désormais en ce qu 'elk fait. .. l'économie de la morale.
L'hypocrisie (Heuchelei), qui fait qu'elle semble recon
naître le travail comme la propriété active de
l'homme 33, a fait place insensiblement à la franche
inhumanité, au cynisme 34• C'est l'abjection de la réa
lité qui, finalement, se réfléchit tout entière dans la
théorie - laquelle n'est rien autre chose que la réalité
de la propriété privée devenue sujet (ais selbst) 35 .
2. Le Dieu-Argent
a) Le mouvement de la société
L'aliénation n'est pas une malédiction : c'est la
société qui prend nécessairement, mais historique
ment, une forme aliénée. La propriété privée a une
1 . Le travail aliéné
a) Origine de l'aliénation
A l'état de barbarie et de sauvagerie, l'homme ne
produit pas plus que ce dont il a besoin immédiatement.
La limite de son besoin est celle même de sa produc
tion 1 00• Peu à peu, cependant, mon travail donne lieu à
une « surproduction raffinée •, dit Marx 101, et puis, c'est
tout le produit qui devient un objet qui ne m'intéresse
plus que dans la mesure où il représente un équivalent du
produit d'autrui. La propriété privée est, précisément,
le résultat de l'activité ainsi aliénée 1 02• L'effon de pro
duction n'est plus stimulé que par la pré-jouissance du
travail d'autrui. Aussi le rappon social et la complémen
tarité du Moi et du Toi ne deviennent-ils qu'une pure
apparence (bloj3er Schein); et c'est la rouerie mutuelle
qui préside désormais à l'échange 1 03.
Dans la valeur d'échange, diront les Grundrisse, le
rappon social des personnes se transforme en une
1 1 1 . Ibid., p. 1 12.
1 12. Ibid. p. 58.
,
2. Le travail humain
3. Le communisme
a) L'idéalisme de Hegel
La critique de Marx, d'autant plus pénétrante
qu'elle est écrite alors que les écrits d� jeunesse de
Hegel ne sont pas publiés, aboutit à la conclusion que
la praxis humaine - quoique mystifiée - est bien
présente chez celui-ci. Étudiant la Phénoménologie,
« source véritable et secret de la philosophie de
Hegel 187 », Marx y découvre deux tares essentielles
qui expliquent cette mystification : d'une part,
l'homme étant synonyme de la conscience de soi,
l'aliénation aussi bien que sa reprise se situent à l'inté
rieur de la pensée 1 88 ; d'autre part, cette suppression
n'est elle-même qu'un subterfuge théorique, puisque
la négation de la négation aboutit à la confirmation de
l'être aliéné par son exhaussement à la dignité philo
sophique 189•
Hegel n'a connu que le travail abstrait de
l'esprit 190• Le terme d'aliénation, qu'il a emprunté aux
économistes et au Contrat social de Rousseau, a,
d'ailleurs, supplanté chez lui (à partir de la période de
Francfort) celui de « positivité », qui disait plus fran
chement son nom : or le positif, comme le rappelait
J. Hyppolite, c'est « ce qui paraît s'imposer de l'exté
rieur à la raison » ; c'est, autrement dit, « le
donné » 191 • La dialectique est donc l'idée se dévelop
pant elle-même, qui s 'aliène en se transformant en
nature 192 • « La nature [...] n'existe, somme toute, que
grâce à la condescendance de l'idée 193• » L'aliénation,
245. Cf. à ce sujet : V. 1. Lénine, Les Trois Sources et les trois parties
constitutives du marxisme [ 1 9 1 3), Œuvres, Paris-Moscou, Éd.
sociales / Éd. en langues étrangères, 1967, t. XIX, p. 15-16.
246. K. Marx, Le Capital, l. 1, t. 1, 1,. section, chap. I, op. cit.,
p. 54 (dans la traduction de J.-P. Lefebvre et alii, p. 42).
247. Cf. J. A. Giannotti, Origines de la dialectique du travail, op.
cit., p. 109 : « Le jeune Marx imagine que le profit vient de la
circulation. •
248. K. Marx, Le Capital, l. 1, t. 1, 2• section, chap. V, op. cit.,
p. 164.
249. Ibid., l. 1, t. 1, 2• section, chap. VI, op. cit., p. 170.
46 MANUSCRITS DE 1844
CONCLUSION
SAI.AIRE
PROFIT DU CAPITAL
111 1 - Le capital
2 Le profit du capital
-
RENTE FONCIÈRE
Phénoménologie 68
A. La Conscience de soi.
1. Conscience. a) La certitude sensible : l'objet
immédiat et l'opinion. b) La perception : la chose et
l'illusion. c) La force et l'entendement : le phénomène
et le monde suprasensible.
II. Conscience de soi. La vérité de la certitude de
soi-même. a) Indépendance et dépendance de la cons
cience de soi, domination et servitude. b) Liberté de la
a. Feuerbach conçoit encore la négation de la négation, le
concept concret, comme la pensée qui se dépasse elle-même dans la
pensée et qui, en tant que pensée, veut être immédiatement intui
tion, nature, réalité.
1 62 MANUSCRITS DE 1844
conscience de soi. Le stoïcisme, le scepticisme, la
conscience malheureuse.
III . Raison. Certitude et vérité de la raison. a) Raison
observante. Observation de la nature et de la conscience
de soi. b) Réalisation de la conscience de soi rationnelle
par sa propre activité. Le plaisir et la nécessité. La loi du
cœur et le délire de la présomption. La vertu et le cours
du monde. c) L'individualité qui se sait elle-même
réelle en soi et pour soi-même. Le règne animal de
l'esprit et la tromperie ou la chose-même. La raison
législatrice. La raison examinant les lois.
B. L'Esprit.
1. L'esprit vrai ; l'ordre éthique.
II. L'esprit devenu étranger à lui-même, la culture.
III . L'esprit certain de soi-même : la moralité.
C. La Religion. Religion naturelle. Religion esthé
tique. Religion révélée.
D. Le Savoir absolu.
l'agriculture.
La diminution de l'intérêt de l'argent - que
Proudhon considère comme la suppression du capital
et comme la tendance à la socialisation du capital -
est donc plutôt un symptôme direct de la victoire
complète du capital actif sur la richesse oisive. Elle
signifie la transformation de toute propriété privée en
capital industriel, la victoire complète de la propriété
privée sur toutes ses qualités apparemment humaines
et l'assujettissement total du propriétaire privé à
l'essence de la propriété privée : le travail.
198 MANUSCRITS DE 1844
Certes, le capitaliste industriel est lui aussi un jouis
seur. Il ne retourne nullement à une frugalité contre
nature, mais sa jouissance n'est qu'une chose secon
daire, un délassement subordonné à la production. En
même temps, il s'agit d'une jouissance calculée, donc
conforme à l'économie politique. L'ayant ajoutée aux
frais du capital, il fait de sorte que le coût de ses
dépenses soit compensé avec profit par la reproduc
tion du capital. La jouissance est donc subordonnée
au capital et, contrairement à ce qui se faisait aupara
vant, le jouisseur est désormais subordonné à celui qui
accumule du capital. La diminution de l'intérêt n'est
donc un symptôme de l'abolition du capital que dans
la mesure où elle est un symptôme de sa domination
en voie d'achèvement, donc de l'aliénation qui, en
devenant totale, se hâte vers sa suppression. C'est en
somme l'unique manière par laquelle l'ordre existant
confirme son contraire.
La querelle des économistes à propos du luxe et de
l'épargne s5 n'est par conséquent que la querelle entre
l'économie politique qui a acquis une claire conscience
de l'essence de la richesse et celle qui est encore enta
chée de souvenirs romantiques, anti-industriels. Mais
aucune des deux parties ne sait ramener l'objet de la
querelle à son expression simple. En conséquence,
elles n'arrivent pas à venir à bout l'une de l'autre.
1 XXXIV 1 La rente foncière fut en outre renversée
en tant que rente foncière - car à l'opposé de l'argu
ment des physiocrates qui faisaient du propriétaire
foncier le seul vrai producteur, l'économie politique
moderne a démontré au contraire qu'il était en tant
que propriétaire foncier le seul rentier totalement
improductif. L'agriculture serait l'affaire du capitaliste
qui donnerait cet emploi à son capital s'il avait à en
attendre le profit habituel. Le principe posé par les
physiocrates - que la propriété foncière étant la seule
propriété productrice devrait seule payer l'impôt
d'État, devrait aussi seule décider de cet impôt et
prendre part à la gestion de l'État - se change donc
en définition inverse : l'impôt sur la rente foncière est
TROISIÈME MANUSCRIT 199
lA DMSION DU TRAVAIL
produisent. •
Voilà ce que dit Mill (Éléments d'économie politique,
Paris, 1 823).
Toutefois, l'économie politique moderne dans son
ensemble s'accorde sur le fait que division du travail et
richesse de la production, division du travail et accu
mulation d'un capital se conditionnent réciproque
ment, ainsi que sur le fait que seule la propriété privée
affranchie, laissée à elle-même, est à même de pro
duire la division du travail la plus utile et la plus
étendue.
On peut résumer ainsi le développement d'Adam
Smith : la division du travail confère au travail une
capacité infinie de production. Elle est fondée sur la
disposition à l'échange et au trafic, disposition spéci
fiquement humaine qui n'est vraisemblablement pas
fortuite_. mais conditionnée par l'usage de la raison et
du langage. Le mobile de celui qui pratique l'échange
n'est pas l'humanité, mais l'égoïsme s9 • La diversité
des talents humains est l'effet plutôt que la cause de la
division du travail, c'est-à-dire l'échange. C'est aussi
ce dernier seulement qui rend utile cette diversité. Les
qualités particulières des diverses races d'une espèce
animale sont par nature plus fortement marquées que
la diversité des dons et de l'activité humaine. Mais
comme les animaux ne peuvent pas échanger, la pro
priété différente d'un animal de la même espèce mais
de race différente ne sert à aucun autre animal. Les
animaux ne peuvent pas additionner les qualités diffé
rentes de leur espèce. Ils ne peuvent en rien contri
buer à l'avantage ou à la commodité communes de
leur espèce. Il en va différemment pour l'homme chez
qui les talents et les modes d'activité les plus dispa
rates sont utiles les uns aux autres parce qu'ils peuvent
rassembler leurs divers produits en une masse com
mune où chacun peut acheter. De même que la divi-
TROISIÈME MANUSCRIT 205
L'ARGENT
qualités propres.
C'est aussi comme force de perversion qu'il se
manifeste lorsqu'il se dresse contre l'individu et contre
les liens sociaux, etc., qui prétendent être des essences
pour soi. Il transforme la fidélité en infidélité, l'amour
en haine, la haine en amour, la vertu en vice, le vice
en vertu, le valet en maître, le maître en valet, l'idiotie
en intelligence, l'intelligence en idiotie.
Traduction active du concept de la valeur dans la
réalité, l'argent confond et échange toutes choses, il
est la confusion et la permutation universelles de
toutes choses : c'est le monde à l'envers, la confusion
et la permutation de toutes les propriétés naturelles et
humaines.
212 MANUSCRITS DE 1 844
Qui peut acheter le courage est courageux, même
s'il est lâche. Comme l'argent ne s'échange pas contre
une qualité déterminée, contre une chose déterminée,
contre des forces essentielles de l'homme, mais contre
tout le monde objectif de l'homme et de la nature, il
échange donc - du point de vue de son possesseur
- toute qualité contre toute autre, ainsi que sa qualité
et son objet contraires ; il est la fraternisation des
impossibilités. Il force les contraires à s'embrasser.
Si tu supposes que l'homme devient humain et que
son rapport au monde devient un rapport humain, tu
ne peux échanger que l'amour contre l'amour, la
confiance contre la confiance, etc. Si tu veux jouir de
l'art, il te faudra être un homme ayant une culture
artistique ; si tu veux exercer de l'influence sur
d'autres hommes, il te faudra être un homme pouvant
agir d'une manière réellement incitative et stimulante
sur les autres hommes. Chacun de tes rapports à
l'homme - et à la nature - devra être une manifes
tation déterminée, répondant à l'objet de ta volonté,
de ta vie individuelle réelle. Si tu aimes sans susciter
d'amour réciproque, c'est-à-dire si ton amour, en tant
qu'amour, ne suscite pas l'amour réciproque, si par ta
manifestation vitale en tant qu'homme aimant tu ne te
transformes pas en homme aimé, ton amour est
impuissant et c'est un malheur.
NOTES
1. La présente traduction, qui est due à Jacques-Pierre Gougeon,
a été faite sur le texte de la dernière édition allemande des Manus
crits économico-phi/osophiques (Marx-Enge/s-Gesamtausgabe [Nouvelle
MEGA], t. 1. 2 ; Berlin, Dietz Verlag, 1982). On trouve, à dire vrai,
deux versions des Manuscrits dans l'édition en question, car l'ordre
des diverses parties du texte ne peut pas être déterminé avec une
absolue certitude. C'est l'ordre de la • seconde version • figurant
dans cette édition (cf. t. 1. 2 : p. 323 à 438) qui a été suivi ici-même.
2. Marx fait ici allusion à son article paru, en 1843, dans les
Annales franco-allemandes (cf. n. 6, ci-dessous) : Contribution à la
critique de la philosophie du droit de Hegel. Introduction.
3. On peut considèrer que La Sainte Famille et L'Idéologie alle
mande constituent, à peu de choses prés, l'aboutissement des
recherches annoncées ici.
4. Wilhelm Weitling (1808-1871). Tailleur de son état, il avait
écrit, en 1838, à Paris (et ce, à la demande de la Ligue des Justes)
le premier ouvrage communiste allemand de quelque importance :
L'Humaniû relle qu'elle est et telle qu'elle devrait être (Die Menschheit
wie sie ist und wie sie sein solhe) ; cette œuvre de Weitling fut réim
primée in : Sammlung gese/Jschaftswissenschaftlicher Aufsiitze, hrgb.
von E. Fuchs, Munich, G. Heft, 1895 ; rééd. Munich-Vienne
Zurich, 1949. Influencé par Fourier et Lamennais, Weitling voyait
dans le christianisme primitif la forme première et comme le modèle
du communisme à réaliser. En décembre 1 842, il publia son
ouvrage capital : les Garanties de l'harmonie et de la liberté (Garantien
der Harmonie und Freiheit), qui fut fon apprécié par Feuerbach (cf.
la lettre que celui-ci adressa à Fr. Kapp, le 1 5 octobre 1844) et par
Marx lui-même.
5. Les Vingt et une feuilles (Einundzwanzig Bogen aus der
Schweiz), qui avaient été éditées en 1843, à Zurich, par le poète
Georg Herwegh, contenaient trois articles de Moses Hess : • Phi
losophie de l'action •, • Socialisme et communisme • et • La liberté
considérée dans son unité et sa totalité •. Ce titre singulier (Vingt
et une feuùles) sonnait comme un défi à la censure prussienne :
216 MANUSCRITS DE 1844
capital fait tous ses efforts pour s'emparer de l'emploi qui se trouve
occupé par un autre. La portion attribuée au fermier par le proprié
taire foncier est la plus petite dont celui-ci puisse se contenter sans
être en perte (cf., ici-même, p. 92). Le salaire est déterminé par la
lutte ouverte entre capitaliste et ouvrier (ibid., p. 55). Il est inverse
ment proportionnel aux intérêts du capital (ibid., p. 127). Partout,
en économie, la lutte est reconnue comme le fondement (ibid.,
p. 92).
13. Marx parlera plus tard, dans Le Capital, de • plus-value rela
tive • à propos du gain supplémentaire qu'occasionne pour le capi
taliste tout progrés dans les procédés de fabrication. L'augmenta
tion de la productivité du travail, parce qu'elle entraîne une
diminution du temps socialement nécessaire à la production des
marchandises fabriquées, permet au capitaliste de tirer un plus
grand profit de cette partie de la journée de l'ouvrier que celui-ci lui
concède gratuitement ; cf. à ce propos, Karl Marx Le Capital, 1. 1,
,
chap. XII (• La plus-value relative •), Paris, Éd. Sociales, 1948, t. II,
p. I l et passim (trad. J.-P. Lefebvre et alii, 1983, p. 357).
14. • La masse entière du peuple •, déclarait Lorenz von Stein
(1815-1890), personnage ambigu, que le gouvernement prussien
avait chargé d'aller étudier les doctrines socialistes et communistes à
Paris, • est divisée entre possédants et non-possédants, entre ceux
qui joignent à la force de travail un capital et ceux qui ne sont que
des ouvriers. [...] Le peuple, lui, a comme seule richesse sa force de
travail, c'est ce qui le caractérise. • (Socialismus und Communismus
tks heutigen Frankreichs, Leipzig, Otto Wigand, 1 842, p. 73).
1 5. Le travail lucratif implique dans son concept, que l'ouvrier
ne soit pas ce qu'est le produit de son travail, répétera Marx à la ,
a) Texte allemand
Ôkonomisch-philosophische Manuskripte, in Marx-Engels
Gesamtausgabe [Nouvelle MEGA], t. 1. 2 Berlin, Dietz
Verlag, 1 982 : p. 323 à 438.
b) Traductions françaises
Trad. J. Molitor, in K. MARx, Œuvres philosophiques, t. VI,
Paris, A. Costes, 1 937, p. 9-1 35.
Trad. É. Bottigelli, in K. MARx, Manuscrits de 1844 : Éco
nomie politique et philosophie, Paris, Éd. Sociales, 1 962.
Trad. M. Rubel, in K. MARx, Manuscrits parisiens, in Karl
Marx. Philosophie, Paris, Gallimard, 1 968 ; rééd. 1 994,
p. 135 à 222.
Trad. K. Papaioannou, in K. MARx, Critique de l'économie
politique, Paris, Union générale d'éditions, • 1 0- 1 8 •,
1 972, p. 65-301 (rééd. sous le titre : Écrits de jeunesse,
Paris, Quai Voltaire, 1 994).
On trouve également, dans ce même ouvrage (p. 29-64),
une traduction de l'article d'Engels : Esquisse d'une critique
de l'économie politique.
m. OUVRAGES GÉNÉRAUX
* *
CHRONOLOGIE
1818 : Naissance de Karl Marx, à Trèves, en Rhénanie, le
5 mai. Son père, Hirschel Marx, est issu d'une famille de
rabbins, mais s'est converti au protestantisme en 1 8 1 6,
afin de ne pas être contraint de renoncer à sa carrière de
juriste.
MANUSCRITS DE 1 844 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
Premier manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
Deuxième manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 25
Troisième manuscrit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 35
G F- C O R P U S
Imprimé en France