S3 Moudiane Lexicologie FR

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Cours de
lexicologie
SOUAD MOUDIAN
Objectifs du cours
2
 Faire connaître par l’observation, l’analyse et l’exercice les
différents procédés de formation des mots en français.
 Amener l’étudiant à distinguer les différents types de relations
sémantiques entre les mots du français.
 Comprendre la spécificité du lexique et partant de la
lexicologie qui se situe au carrefour de la sémantique, de la
morphologie et de la syntaxe.
 Avoir conscience des problèmes relatifs à la description du
lexique.
 Faire la distinction entre les mots et les choses à travers la
dichotomie signe linguistique et référent.
 Connaitre et analyser les relations lexicales et sémantiques
entre les mots.
 Constituer et analyser un champ sémantique/lexical.
Contenu 3
 Semaine 1 : Introduction générale : Histoire et orthographe
 Semaine 2 : La formation des mots en français (étymologie /morphologie)
 Semaine 3 : Morphologie grammaticale vs morphologie lexicale
 Semaines 4 et 5 : Composition : savante, populaire
 Semaine 6 et 7 : Dérivation affixale et non affixale
 Semaine 8 : Champ lexical étymologique /morphosémantique
 Semaine 9 : Sémantique lexicale
 Semaine 10 : Relations lexicales formelles vs sémantiques
 Semaines 11 et 12 : Relations sémantiques : synonymie, antonymie,
hyponymie et partie-tout
 Semaines 13 et 14 : Polysémie : sens propre /sens figuré(s)
 Semaine 15 : Contrôle final
 Semaine 16 : Rattrapage
Bibliographie
 Apothéloz D., La construction du lexique français, Paris, Ophrys, 2002.
4
 Chaurant J., Histoire de la langue française, PUF, « Que sais-je ? » 1987.
 Delbecque N., Linguistique cognitive, comprendre comment fonctionne le
langage, Duculot, 2006.
 Dubois J., et Dubois-Charlier F., La dérivation suffixale en français, Paris, Nathan
université, 1999.
 Gardes-Tamine J., La grammaire, 1- phonologie, morphologie, lexicologie.
Méthodes et exercices corrigés, Paris, Armand Colin, 2005.
 Garric N., Introduction à la linguistique, Paris, Hachette, 2007.
 Guilbert L., La créativité lexicale, Paris, Larousse, 1975.
 Lehmann A., et Martin-Berthet F., Introduction à la lexicologie. Sémantique et
morphologie, Armand Colin, 2008.
 Mitterand H., Les mots français, Paris, PUF, QSJ, n°270, 1968.
 Monneret Ph., Exercices de linguistique, Paris, PUF, 1999.
 Niklas-Salminen A., La lexicologie, Paris, Armand Colin, 2010.
 Obadia M., Le lexique, Paris, Hachette, 1976.
 Perret M., Introduction à l’histoire de la langue française, Paris, Armand Colin,
2014. 5
 Picoche J., Précis de lexicologie française, l’étude et l’enseignement du
vocabulaire, Paris, Hachette, 1977.
 Picoche J., Structures sémantiques du lexique français, Paris, Nathan, 1991.
 Rey A., La lexicologie, Paris, klincksieck, 1970.
 Rey A., Le lexique : Images et modèles, du dictionnaire à la lexicologie, Armand
Colin, 1977.
 Soutet O. (dir), La polysémie, Presses de l’Université, Paris-Sorbonne, 2005.
 Taifi M., Sémantique linguistique. Référence, prédication et modalité, Publications
de la faculté des lettres de Fès, 2000.
 Zufferey S., et Moeschler J., Initiation à la linguistique, Paris, Armand Colin, 2014.
 Dictionnaires
 Dubois et al., Dictionnaire de linguistique, Paris Larousse, 1973.
 Mounin G., Dictionnaire de la linguistique, PUF, 1974.
 Dictionnaire des synonymes et des contraires, Larousse, 2009.
 Le Robert méthodique.
Introduction
 La lexicologie est une branche de la linguistique. 6
 Elle étudie les mots ou les unités lexicales d’une langue.
 Elle s’intéresse à la forme et au sens des mots ainsi qu’aux
relations qui existent entre le lexique et la syntaxe.
 J. Dubois la définit comme étant « l’étude scientifique du
vocabulaire » (1973 : 293).
 Il existe des études lexicales anciennes qui se sont intéressées à la
notion de mot, mais les études lexicologiques sont plutôt
récentes.
 L’étude de l’organisation sémantique du lexique fait l’objet de la
sémantique lexicale qui analyse le sens des mots ainsi que les
relations sémantiques entre les unités lexicales.
 La morphologie lexicale, par contre, s’occupe de l’organisation
formelle du lexique ; elle étudie la structure des mots.
Relations avec les autres domaines
7
 Cette discipline est étroitement liée à d’autres branches de la linguistique
et elle en subit l’influence.

 Elle s’intéresse à la forme des mots, qui est, par définition, variable et liée
à l’emploi et elle fait appel à la phonologie et à la morphologie puisque ces
dernières s’y intéressent aussi.

 La morphologie flexionnelle s’occupe de la flexion, c’est-à-dire de la


conjugaison, des déclinaisons et des variations en genre et en nombre. Quant à
la morphologie lexicale qui fait partie de la lexicologie, elle s’occupe de la
forme des mots. Morphologie lexicale et morphologie flexionnelle
rappellent l’opposition lexique vs grammaire.
 Elle se penche sur le sens des mots et sur les différentes relations que 8
ceux-ci entretiennent sur le plan formel et sémantique. On constate à partir
de là qu’elle est aussi liée à la sémantique puisque le sens d’un énoncé
n’est pas seulement la somme des sens des mots qui le composent, il
dépend également de la situation d’énonciation. La sémantique lexicale est
donc une partie de la sémantique (étude du sens et de la signification) et à
la syntaxe, les unités lexicales étant employées dans des phrases, celles-ci
faisant l’objet de la syntaxe (étude des propriétés combinatoires des mots).

 Cette discipline doit être distinguée de la lexicographie, technique de


la confection des dictionnaires ou réflexion sur les méthodes qu’exige cette
technique. La lexicologie et la lexicographie partagent la propriété
commune d’étudier le lexique, celui-ci étant représenté, quoique d’une
manière partielle, dans les dictionnaires.
Le lexique
9
 Système des signes que les locuteurs d’une langue donnée utilisent.

 Ensemble des mots dont se servent les membres d’une communauté linguistique pour
communiquer entre eux.

 Le lexique n’est pas une liste de mots classés par ordre alphabétique ; c’est un ensemble
ouvert et difficile à délimiter qui s’organise sur les deux plans formel et sémantique.

 Il en résulte que le lexicologue, à l’instar du lexicographe, ne peut en aucun cas en fournir


une description systématique.

 Le lexique commun : intersection des idiolectes, autrement dit, tous les mots communs à
tous les usagers.

 Le lexique total : réunion des idiolectes, tous les mots employés par tous les usagers.
Lexique et vocabulaire 10

 Traditionnellement, lexique, vocabulaire et dictionnaire étaient


considérés comme synonyme.

 De nos jours, les linguistes distinguent lexique et vocabulaire qui


signifie l’actualisation ou l’emploi du lexique, ensemble virtuel, par un
locuteur. Le vocabulaire est donc une sous-partie du lexique, un ensemble
de mots utilisés par un locuteur donné. Il se divise en deux types à savoir
le vocabulaire passif et le vocabulaire actif. Le premier englobe
l’ensemble des mots que le sujet parlant emploie généralement ou
habituellement. Quant au deuxième, il est constitué des mots qu’un
locuteur connaît et comprend lorsqu’ils sont utilisés par d’autres sujets
parlants mais qu’il n’emploie pas.
Difficultés
11
 La description du lexique se heurte à plusieurs difficultés dont les suivantes :

- Le lexique est situé au carrefour des autres disciplines de la linguistique, chose


qui empêche d’en faire une description systématique.
- La langue et partant le lexique ne cesse pas de changer et de subir des
déperditions et des enrichissements. La conséquence en est qu’aucune étude
lexicologique ne peut se prétendre exhaustive.
- Le lexique est employé par des locuteurs, ceux-ci donnent à chaque unité
lexicale un sens qui peut varier d’un locuteur à l’autre.
 D’une manière générale, le lexique est un « ensemble ouvert et non
autonome » (J. Gardes-Tamine, p.116) et dont la description diffère en fonction
du point de vue adopté par le lexicologue.
L’orthographe
12

 « l’utilisation d’un alphabet dans l’écriture d’une langue, tant au


niveau de l’attribution de valeurs particulières aux lettre et aux
groupements de lettres qu’à celui de leur distribution dans les mots »
(G. Mounin, p. 239).

 la manière correcte d’écrire les mots d’une langue. Il vient du


latin orthographia, lui-même issu du grec orthos (correct) et graphia
(graphie) ; son sens étant écrire correctement. Elle doit être conforme
à l’alphabet adopté ainsi qu’aux autres domaines notamment la
morphologie, la syntaxe et la sémantique.
 Le système graphique français contemporain a été hérité du latin. Il existe un
décalage énorme entre prononciation et écriture. Les signes graphiques français
13
correspondent à plusieurs phonèmes. Ainsi, ch représente [ch] ou [k], la lettre c
peut être prononcée /s/ ou /k/ ; un phonème peut être représenté par plusieurs
graphie : [k] s’écrit c, k, q, cq ; [o] est représenté par les graphies o, au, ot eau ; les
exemples sont multiples pour la majorité des sons français qui s’écrivent de
plusieurs façons. Ceci est dû au fait que la langue a évolué contrairement à
l’orthographe qui, n’ayant pas suivi le même rythme que celui de la langue, n’en
représente pas les faits phonologiques.

 L’orthographe assume plusieurs rôles, le plus important étant étymologique.


L’orthographe française est dite ‘’étymologisante’’, elle a été compliquée dans le
but de rappeler le lien génétique entre les mots français et leurs correspondants
latins. En effet, elle rappelle pour certains qu’ils ont une origine latine, grecque ou
autre : temps (tempus),
La formation des mots en français
(étymologie /morphologie) 14
1. Histoire des mots
 Selon J. Dubois, « L’étymologie est la recherche des rapports qu’un
mot entretient avec une autre unité plus ancienne qui en est l’origine » (p.
197). En linguistique historique, elle est « la discipline qui a pour fonction
d’expliquer l’évolution des mots en remontant aussi haut que possible
dans le passé, souvent au-delà même de l’idiome étudié, jusqu’à une unité
dite étymon, d’où fait dériver l’unité moderne. » (Ibid.). « On appelle
étymon toute forme donnée ou établie dont on fait dériver un mot ; il peut
être le radical ou la base à partir de laquelle on a créé avec un affixe un
mot récent […] il peut être aussi la forme ancienne d’où une forme
récente est venue […] Enfin, l’étymon peut être la forme hypothétique ou
racine établie pour expliquer une ou plusieurs formes modernes de la
même langue ou de langues différentes. » (Ibid.)
15
 L’étymologie est une discipline qui apporte beaucoup à
la lexicologie puisqu’elle lui fournit les informations
nécessaires sur les différentes couches du lexique.
 Les résultats de cette discipline peuvent intéresser le
lexicologue en ce qu’ils lui permettent d’asseoir certaines
règles ou principes concernant la formation des mots
français d’une manière générale et leur origine d’une
manière plus particulière. Sur le plan diachronique, la
lexicologie a essayé d’expliquer la forme des mots à partir
de leur origine.
2. Couches diachroniques du lexique français 16
 La forme des mots français démontre qu’ils ne forment
pas un ensemble homogène mais plutôt un ensemble
hétérogène constitué de fonds héréditaires et d’emprunts
aux langues étrangères.
 En français, les mots ont deux types d’origine :
- Une autre langue : héritage ou emprunt
- Procédé de formation : dérivation et composition
Toutefois, l’origine de certains mots n’est pas connue.
Le fonds primitif 17

 Certains mots sont d’origine gauloise et celtique. Ils concernent


essentiellement les noms des arbres et des plantes ainsi que
des techniques anciennes : alouettes, bec, charrue, savon,
changer…
 Les mots français proviennent du :
 fonds latin ou latin vulgaire ou populaire constitue le fonds
originel du français transmis de génération en génération à
travers le temps. Les mots subissent parfois des transformations
(chute d’un son, ajout d’un autre) qui laissent croire qu’il
n’existe aucune relation entre le mot latin et son équivalent
français : abortare (avorter), bastire (bâtir), accaptare
(acheter), battalia (bataille)… ce fonds va donner naissance à
des mots nouveaux par dérivation et composition.
 Le latin avait emprunté au grec (relations 18
politiques et commerciales). La culture
littéraire a adopté un grand nombre de mots
grecs. Le christianisme a fourni à cette langue
un grand nombre de mots religieux (amande,
blâmer, baptême, église…
 Legermanique a fourni également un grand
nombre de mots comme : balle, bière, brosse,
coiffe …
Les apports classiques 19
 En plus des mots issus directement du latin, le français a été influencé par des
mots empruntés au grec et au latin à travers les clercs. La conséquence en est
la création des doublets. En effet, « le mot d’emprunt, qui a conservé une
forme très voisine de son étymon (= la forme que la recherche étymologique
identifie comme étant à l’origine du mot) latin, double un mot primitif de
même étymologie. Dans ce cas, on parle de doublets » (Niklaas-Salminen : 50)
 Ex. métier et ministère proviennent du même étymon latin ministerium ; métier
est une forme ancienne qui a subi une évolution phonétique normale tandis
que ministère a été emprunté directement à une époque ultérieure. Le
caractère court ou long d’une forme, l’appartenance au lexique usuel
concret, par opposition au lexique abstrait sont des indices qui montrent que
la forme courte constitue la forme primitive. Il en va de même pour les termes
qui appartiennent au lexique usuel : frêle/fragile, livrer/libérer,
écouter/ausculter, poilu/pelu ; les doublets n’ont généralement pas le même
sens. Cela est dû au fait que les termes les plus anciens ont subi en plus de
l’évolution phonétique une évolution sémantique.
 Le grec a fourni des mots construits appartenant au domaine scientifique et
technique.
Les doublets 20
 « Les emprunts aux langues anciennes ont un statut particulier,
dû à leur importance et au fait que le latin est à la fois langue
originelle et langue d’emprunt. Les mots empruntés au latin et
au grec sont appelés mots savants (ou formes savantes), par
opposition aux mots populaires (ou formes populaires). Les
mots populaires, hérités du latin à date ancienne, se sont
modifiés suivant les lois de l’évolution phonétique, alors que les
mots gardent la forme de l’étymon latin, à part l’adaptation
au système français. Ces deux voies ont donné lieu à des
doublets, qui prennent des sens différents : par exemple, le
latin fragilis a donné une forme populaire, frêle, et une forme
savante, fragile. On peut citer encore : écouter et ausculter
(latin auscultare), naïf et natif (latin nativus), nager et naviguer
(latin navigare), poison et potion (latin potio-, -onis), recouvrer
et récupérer (latin recuperare), etc.
 Ces emprunts ont été faits par des gens savants, qui savaient
le latin et le grec, et les mots populaires étaient ceux du 21
peuple ; mais on voit qu’il ne faut pas confondre cet emploi
purement historique des adjectifs populaire et savant, avec la
valeur qu’ils ont en synchronie, où ils désignent un registre
(populaire) ou l’appartenance à une terminologie scientifique
et technique (savant) : populaire s’oppose alors à familier,
courant, soutenu, etc., et savant à commun. (…) les mots
savants (au sens de la morphologie historique) peuvent, en ce
qui concerne le vocabulaire contemporain examiné en
synchronie, appartenir au vocabulaire commun (ex. fragile),
et les mots populaires n’être pas marqués en registre (ex.
écouter) » Lehmann A., et Martin-Berthet F., Introduction à la
lexicologie. Sémantique et morphologie, Armand Colin, 2008,
p.146.
3. Les emprunts modernes 22
 L’italien : l’emprunt à l’italien à partir du début du XIVe
siècle, les grands emprunts se sont faits pendant la renaissance.
Ce phénomène touche surtout la littérature, les beaux arts, la
guerre, le sport : adagio, alarme, altesse, attaquer, baroque,
dessin, diva, grandiose, cavalier, coupole, antichambre,
appartement, aquarelle, espion, soprano, mezzanine, moche,
mosaïque, satin, soprano, espresso, fasciste, ténor, trio,
autostrade…
 L’espagnol : surtout à partir du XVIe siècle : alcôve, anchois,
artichaut, camarade, canot, disparate, fanfaron,
 Portugais : mandarin, fétiche, caravelle, acajou, bambou,
banane
 Arabe : élixir, orange, safran, guitare, calife…
 Allemand : loustic, choucroute, accordéon, boulevard, dalle, bière, blottir, 23
cauchemar, halte, élan, balle, huguenot, trinquer, obus, sabre, flinquer
 L’anglais : à partir du XVIIIe siècle. Emprunt massif : commerce : discount,
facturing, leasing, sponsor, marketing…, sport : volley-ball, football,
bowling, karting, skating, surf…,
 D’autres langues comme l’hébreu, le turc, néerlandais, l’arabe… Les parlers
régionaux, les lexiques spéciaux et les argots.
4. Les onomatopées
 L’onomatopée est composée de deux radicaux à savoir onomato- qui signifie
de nom et -pée qui signifie création ; donc onomatopée signifie création de
nom.
 « On appelle onomatopée une unité lexicale créée par imitation d’un bruit
naturel : tic-tac, visant à reproduire le son du réveil » (Ibid. p. 346).
 De par leur sonorité, certains termes imitent ce qu’ils désignent. Il s’agit 24
essentiellement des être ou des objets qui produisent un son ou un bruit
comme les cris de certains animaux, les sons des instruments de musique. Ce
sont dans la plupart des cas des signes linguistiques motivés puisqu’il existe
un lien nécessaire entre leurs signifiants et leurs signifié. Elles diffèrent
d’une langue à l’autre le coq fait cocorico en français, kikeriki en allemand.
(En arabe marocain ?).
 Il ne s’agit pas d’une imitation non linguistique mais plutôt d’un mot bien
intégré dans le système phonologique de la langue. Il fonctionne comme tous
les mots de la langue en question. Ainsi, il peut occuper les différentes
positions et assumer diverses fonctions.
 Les onomatopées peuvent être des interjections : boum, aïe ; des noms : un
crincrin (violon, amati), une teuf-teuf (tacot, bagnole) ; des verbes : miauler,
croasser (crier, hurler). Signalons enfin que les onomatopées peuvent être
qualifiées de phénomène rare et que, généralement, il n’existe pas de lien
analogique entre la forme et la réalité désignée par un mot.
Morphologie
25
 L’histoire des mots du français montre qu’ils proviennent soit d’une autre langue (héritage
ou emprunt), soit d’un procédé de formation : dérivation et composition.
 Toutefois, l’origine de certains mots n’est pas connue.
 Les mots français peuvent être répartis en mots simples qui ne peuvent être décomposés en
unités significatives plus petites et mots construits ou composés qui sont formés de deux ou
plusieurs morphèmes. Un mot simple ne peut subir la suppression d’aucun élément
phonique. On l’appelle aussi un mot radical ou mot base : exp. livre, table, souris
 Les mots construits se distinguent des mots simples par le fait qu’on y reconnaît au moins
soit deux éléments radicaux, soit un élément radical et un affixe. Ils sont le résultat d’un
processus de composition ou de dérivation. Donc, les mots construits comprennent :
a. Des mots composés : ils sont l’amalgame de deux mots simples :
• Gratte-ciel, pomme de terre, chemin de fer
b. Des mots dérivés : il s’agit de l’association d’un radical et d’un affixe
(préfixe ou suffixe).
Morphologie grammaticale vs morphologie lexicale 26
 Les phonèmes sont des unités dont les unités significatives sont formées et
qui servent à distinguer entre elles. Ils n’ont, toutefois, pas de sens
contrairement aux morphèmes qui constituent les unités significatives
minimales, c’est-à-dire les plus petites unités linguistiques porteuses de sens.
 La morphologie est l’étude de la forme des mots, de leur structure interne,
de leur formation et des variations formelles qu’ils subissent. La morphologie
est la discipline qui étudie les morphèmes, ceux-ci étant liés à la syntaxe du
fait qu’ils indiquent des relations syntaxiques (ex. l’accord), mais aussi à la
sémantique et au lexique. Il en résulte qu’elle ne jouit pas d’une grande
autonomie et que les faits morphologiques peuvent être traités en
morphosyntaxe ou en morphosémantique.
 Ex. de morphèmes : chanteur, chant est le contenu d’une action, eur
l’agent de cette action. L’article élidé l’ et la préposition à ont un sens, ils
sont par conséquent différents du phonème.
27
 Un mot est généralement constitué d’un ensemble de morphèmes. On peut
le définir comme étant la forme linguistique la plus petite qui ait une
autonomie.

 La segmentation de mots en morphèmes s’appuie sur la commutation et la


distribution. En effet, pour parler de morphème, il faut qu’il soit remplacé par
un autre élément. Le suffixe de chanteur peut être remplacé par -age, er par ex.
il en va de même pour le radical qui peut être remplacé par vol-, rong- par ex.

 Le deuxième critère est que les éléments segmentés doivent avoir un sens
puisque la définition le stipule. Dans revendiquer, re- n’est pas un suffixe et
vendiquer n’est pas un verbe, puisque vendiquer n’a pas de sens. Les exemples
peuvent être multipliés, comme chapeau, chapelle, bateau et batelle. On ne
peut pas attribuer un sens à chap- et à -eau.
 Le type de morphème et sa combinatoire permettent de distinguer
morphologie flexionnelle ou grammaticale dont s’occupe la morphosyntaxe et 28
morphologie dérivationnelle ou lexicale. Les deux domaines se différencient sur
les points suivants :

• La combinatoire : un affixe flexionnel ne modifie jamais la base


contrairement à l’affixe dérivationnel qui le peut. Chant (base verbale) + -
ons = verbe. Chant + -eur = base nominale.
• La régularité : un affixe flexionnel entre dans un paradigme, série close, il
se combine avec toutes les bases verbales. Par contre, un affixe
dérivationnel est moins prévisible ; on a chanteur, danseur mais on n’a
pas *rinçeur, ni *nettoyeur…
• La fonction : les affixes dérivationnels ont une fonction sémantique, ils
servent à créer des unités lexicales nouvelles.
La morphologie flexionnelle/grammaticale
29
 Elle comprend la flexion nominale (substantif et adjectif) et la
flexion verbale. La première porte sur le genre et le nombre des
deux catégories citées. Quant à la deuxième, elle concerne le
verbe.
La morphologie lexicale/dérivationnelle
 Elle concerne la formation des mots par dérivation ou par
l’adjonction d’un affixe à une base.
 Signalons qu’il existe d’autres procédés de formation de mots à
savoir la composition, l’emprunt, la siglaison et les abréviations et
enfin les néologismes.
2- Composition populaire 30
 La composition est un procédé qui consiste à assembler deux ou
plusieurs unités lexicales indépendantes qui fonctionnent comme
un mot simple ayant un sens unique et précis : chauve-souris.
 Les lexèmes composant un mot forment un tout difficilement
dissociable.
 Ils expriment une notion unique.
 le mot composé n’évoque pas plusieurs images correspondant
distinctivement au mot composé, mais une image unique. Le
sens d’un mot composé n’est pas contenu dans chacun des
éléments qui le forment. Le sens global ne provient pas
seulement de la simple combinaison des différents éléments :
 Une gueule de loup : une fleur
 Une pomme de terre : une patate.
 Le mot composé fonctionne dans un énoncé comme un
31
mot simple et il est commutable avec un mot simple.
 D’une manière générale, les éléments constitutifs d’un
mot composé ne peuvent recevoir ni expansion ni
modification.
 Chaque élément constitutif d’un mot composé peut
fonctionner d’une manière autonome dans la langue :
Chemin de fer : Ce chemin ne mène nulle part.
Il faut battre le fer tant qu’il est chaud.
Je suis satisfait de votre travail.
Pomme de terre : Cette terre est fertile.
Cette pomme est pourrie.
 A l’intérieur des mots composés, on peut distinguer les
mots juxtaposés comme timbre-poste et porte-monnaie, 32
et les mots recomposés comme télépathie et hydravion.
 Les recomposés, à l’encontre des composés, comportent
un élément issu soit du latin, soit du grec.
 Les recomposés comportent donc des éléments
étrangers : hydravion, télévision, télépathie, téléphone.
 Contrairement aux mots composés où chacun des
éléments peut fonctionner indépendamment dans la
langue, les mots recomposés apparaissent comme
soudés.
 Ex. hydr/avion où le premier élément a besoin d’un
support contrairement à avion qui peut fonctionner seul
Identification des mots composés 33

 La polylexicalité : sur le plan morphologique, un mot composé


est polylexical, c’est-à-dire qu’il est constitué de deux unités
lexicales indépendantes (voire plus). Le lien entre ces termes
lexicaux est nécessaire puisque l’effacement de l’un entraine un
changement de sens.
 L’opacité sémantique : sur le plan sémantique, un mot composé
est, généralement, opaque, en ce sens qu’il est difficile, voire
impossible dans certains, de déduire le sens à partir de somme
des sens des mots qui le composent (une seule image
conceptuelle). La chauve-souris n’est pas une souris qui est
chauve.
 Le blocage des transformations : sur le plan syntaxique, un cot
composé ne tolère aucune modification, c’est un groupe figé
L’appartenance catégorielle des mots composés
 Les mots composés peuvent être classés selon leur nature grammaticale en noms 34
composés, adjectifs composés, adverbes composés. Leur répartition sera donc
identique à celle du mot simple.
 Noms composés
Nom + nom : chou-fleur, chien-loup, café crème, wagon-restaurant, auto-stop,
poids plume, poids lourd, poids-mort
Nom+ préposition + nom : pomme de terre, chemin de fer, eau-de-vie, gueule de
loup, arc-en-ciel, pot-au-feu
Nom + adj : Coffre-fort, pied-noir
Adj + nom : grand-père, grand-mère
Nom + prép + nom : Fer à repasser, machine à laver
Verbe + nom : Coupe-ongles, garde-robe, cache-nez, chauffe-eau, coupe-papier,
attrape-nigaud, monte-charge
Verbe + prép + nom : Pince-sans-rire (qui pratique l’humour), tire-au-flanc (soldat qui
fuit), tire-au-ciel, boute-en-train (bouffon, amuseur)
Verbe + verbe : Savoir-faire, savoir vivre, laissez-passer, pousse-pousse, laisser-aller.
Adjectifs composés 35

 Adj
+ adj : sourd-muet, ivre-mort, clair semé,
court-vêtu, blanc-cassé
 Adj
+ nom : bon- marché, basse besogne,
dernier cri, pure-laine, haut-relief, bas-relief
(ouvrage de sculpture), gros sel
 Verbe + complément : fourre-tout, touche à tout
 Préposition + adj : contre révolutionnaire, avant-
coureur
 Pronoms composés 36
Celui-ci, celui-là, quelqu’un, n’importe qui, celui qui,
moi-même…
 Verbes composés
On ne peut parler de verbes composés que dans la
mesure où il existe des expressions figées formés à partir
d’un certain nombre de verbes : colporter, maintenir,
s’en aller, en venir à, etc. (Cf. locutions verbales)
 Adverbes composés
Sur le champ, sur le-qui-vive, à brûle pourpoint, à la
dérobée, d’arrache-pied…
 Prépositions composées 37
À cause de, grâce à, afin de…

 Conjonctions composées
Pour que, à seule fin que, à mesure que, en attendant
que, de manière à ce que…
Orthographe et accord des mots composés
38
 Sur le plan graphique, les composés populaires sont
formés avec des éléments français qui sont soit collés,
soit juxtaposés, ou encore séparés par un trait d’union.
Ce critère orthographique ne constitue pas un critère
linguistique étant donné les différences qu’on peut
relever d’un dictionnaire à l’autre.
 Quand le mot constitue un seul bloc, il ne pose pas de
problèmes, c’est le cas de : portemanteaux,
(contrairement à gentilshommes, bonshommes,
messieurs…).
Le genre 39

 L’accord du nom ou de l’adjectif composé dépend


parfois du rapport fonctionnel qui réunit les différents
éléments du mot composé.
 Les noms composés qui comportent une expression
nominale ont le genre du nom déterminé : un chien-
loup, un timbre-poste, un chou-fleur, un café-crème.
Concernant les composés à base verbale qui
désignent un objet inanimé, ils sont au masculin, c’est-
à-dire la forme non marquée : le savoir-faire, le laisser
passer, le garde-manger.
Le nombre 40
Le nombre des noms composés comportent une grande part d’arbitraire :
 Nom + Nom : les deux éléments sont variables : les wagons restaurants, les
choux-fleurs
 Nom + Nom : un seul élément est variable : des timbres-poste
 Nom + prép + Nom : des pommes de terre, des fils de fer
 Adj + Adj : les deux sont variables : des sourds-muets, des ivres-morts
 Adj + Nom : des blancs-becs.
 Verbes : les composés nominaux issus d’une base verbale sont invariables : des
chasse-neige, des croque-monsieur (entremets chaud), le nom est aussi
invariable.
 Verbe + nom : le nom est toujours au pluriel : un vide-ordures, un coupe-ongles,
un porte-bagages.
 Verbe + Nom : le nom peut être variable : des bouche-trous, un bouche-trou.
 On se base le plus souvent sur le sens du mot composé. Lorsque le complément
désigne un objet unique ou générique, la marque du pluriel n’apparaît pas :
- Des chasse-neige : des machines chassant la neige.
- Des timbres-poste : des timbres de la poste.
La recomposition ou la composition savante
41
 Les mots composés peuvent être d’origine française (composition
populaire), d’origine savante, grecque ou latine, (recomposition) ou
encore d’origine mixte (composition hybride).
 Un mot recomposé est formé d’éléments grecs ou latins. Ce type de
composition est appelée composition savante, interfixation (procédé
de construction lexicale articulant des bases latines et/ou grecques
dépourvues d’autonomie en français contemporain), confixation ou
recomposition.
 Sur le plan graphique, le mot composé forme un seul mot : philosophe,
photographe. La plupart des recomposés appartiennent au
vocabulaire scientifique et technique.
 Les mots latins sont moins fréquents que les mots grecs ; la première
partie de ces mots se termine généralement par i. Quant aux éléments
grecs, ils sont très nombreux ; la première partie de ces composés se
termine généralement par la voyelle o.
La composition savante est-elle un procédé de
42
composition ou de dérivation ?
 La composition savante associe deux bases liées
d’origine savante, héritées du grec et du latin, bases
qui ont un caractère hybride et spécial.
 Elles sont liées comme les affixes.
 Elles se rapprochent des mots lexicaux pleins par leur
sémantisme.
 Quatre arguments militent en faveur du classement
de ce procédé comme type de composition et non
comme procédé de dérivation (cf. Christian Bassac,
Principes de morphologie anglaise, Pessac, P.U. de
Bordeaux, coll. « Linguistica », 2004, p. 288) :
Critère positionnel 43

 Les affixes occupent une place fixe, ils sont soit suffixés,
soit préfixés au radical. Ceux qui sont antéposés à une
base (les préfixes) le sont d’une manière constante. Il
en va de même pour ceux qui sont postposés à une
base donnée, ils le sont également d’une manière
constante. Ce n’est pas le cas des radicaux des
recomposés qui occupent une place mobile :
Ex.
- Redéfinir, refaire, revoir
- Inflammation, informatisation, finition
- Epilogue, logique,
 Critères d’association : les affixes ne s’associent pas entre eux,
alors que les formes liées des recomposés peuvent s’associer 44
entre elles :
*reation, *dére,
Biologie, nécrophage.
 Critère de spécialisation sémantique : les affixes sont utilisés pour
former le lexique courant contrairement aux formes liées des
composés savants qui sont utilisées pour former le lexique
scientifique :
Redémarrer, augmentation
Anthropologie, morphologie.
 Critère formel : les affixes sont souvent monosyllabiques
contrairement aux bases liées des recomposés qui sont
généralement pluri-syllabiques :
Télé-, xéno-, méta-, micro-
Pré-, a-, re-, dé-
Recomposés avec des radicaux grecs
45
 Anthropo- (homme), anthropologie, philanthropie
 Thermo-(chaleur), thermomètre
 Auto-(soi-même), autobiographie
 Psycho-(âme), psychologie
 Biblio-(livre), bibliographie, bibliophile
 Bio- (vie), biologie
 Nécro- (mort), nécrologie
 Chrono- (temps), chronologie
 Micro- (très petit), microcosme
 Macro- (très grand), macrocosme
 Morpho- (forme), morphologie
 Radio- (rayon), radiologie
 …
Recomposés avec des radicaux latins 46

 - Aqua- (eau) aquarium, aquarelle


 -fique (faire), soporifique, frigorifique
 - pare (mettre au monde) vivipare
 - cide (tuer), insecticide
 - fuge (chasser, fuir), vermifuge
 - -fère (porter), mammifère, calorifère,
 - -vore (manger, dévorer), carnivore, herbivore, fumivore
 - -cole (cultiver), agricole, viticole
 - -culture (cultiver), apiculture
 …
Dérivation affixale
 Un mot dérivé est formé par l’adjonction d’un ou plusieurs affixes 47
à une base.
 La dérivation forme une unité complexe à partir d’un morphème
lié (unité linguistique dépendante, qui a besoin d’une autre unité
pour exister) et d’un morphème libre (unité linguistique
autonome).
 La dérivation affixale concerne les unités linguistiques dites
construites, c’est-à-dire formées d’une base et d’un affixe.
 Les affixes sont soit des préfixes, soit des suffixes.
 Les premiers se placent avant le radical ;
 les seconds se placent après lui.
 Rappelons que le radical (base/morphème lexical) est une unité
dépourvue d’affixes, ceux-ci sont toujours collés au radical et
n’existent pas de façon indépendante dans la langue. Autrement
dit, ils sont toujours associés à un radical :
Ex. ill-, re-, -erie, -tion…
Affixes et désinences 48
 Les deux sont des morphèmes liés.
 Les désinences sont les marques de la flexion (conjugaison,
déclinaisons, variations du genre et du nombre) : fais-i-ons, est un mot
fléchi, c’est une forme du verbe faire, il est constitué du radical
(morphème lexical) fais-, de la désinence temporelle (morphème
grammatical ou flexionnel) -i et de la marque personnelle (morphème
grammatical ou flexionnel) -ons. Elles s’organisent en paradigmes clos,
leur rôle étant d’adapter un mot à la syntaxe de la phrase et à la
référence (fonction, temps, personne…)
 Les affixes sont des morphèmes grammaticaux dérivationnels, ils sont
liés (les préfixes et les suffixes) et ils constituent les marques de la
dérivation. Leurs listes et leur sens sont difficiles à établir. Ils servent à
former des mots différents : dans faisable, l’ajout du suffixe -able au
radical verbal fais- donne lieu à un adjectif. Les désinences se placent
après les affixes : tap-ot-er, chat-on-s
Sens des affixes
Les affixes peuvent également entretenir des relations de 49
synonymie (plusieurs formes, même sens) ou d’homonymie (une
forme, plusieurs sens) par exemple.
Synonymie
Des formes différentes s’appliquent aux mêmes classes de base
avec le même sens. Ex. ventée, venteuse : plaine où il y a de
vent.
Les suffixes –(a)tion, -age forment des noms d’action, mais ils ne
sont pas substituables : Réparation / lavage, *réparage, *lavation
Enrichir, alourdir, *arichir et *enlourdir
Des formes qui s’appliquent à des bases différentes : in- et dé-
sont des préfixes négatifs qui s’associent respectivement à des
adjectifs et à des verbes. Incapable et défaire.
Homonymie 50
 Des affixes de même forme qui produisent des dérivés de sens très
différents, ce sont des affixes homonymes.
 Des affixes qui s’ajoutent à des bases différentes
-eur ----------> noms de qualité : grandeur (adj),
-eur ----------> noms d’agent : coureur (verbe)
-age ----------> noms d’action : dérapage (verbe),
-age ----------> noms de sens collectif : feuillage (N)
 Des affixes qui s’ajoutent à la même catégorie :
Dé- sens privatif : désobéir, défaire,
Dé- sens intensif : délaisser, démontrer, Des dérivés homonymes
-age + plume (N) : ensemble des plumes, -age + plume (V) : action de
plumer
Préfixation, suffixation et derivation 51

 Selon la position de l’affixe par rapport à la base, on parlera de


préfixation ou de suffixation.
 Un mot dérivé peut être formé à l’aide d’un préfixe (re-faire, dé-faire) ;
on parlera alors de préfixation ou de dérivation préfixale.
 Il peut être formé à l’aide d’un suffixe (mange-able, affich-age), on
parlera alors de suffixation ou de dérivation suffixale.
 La dérivation se fait par la succession d’affixes (préfixe(s) et/ou
suffixe(s)) : dette, endetter, endettement, surendettement. La base est
augmentée d’un affixe à chaque processus de dérivation qui fournit
ainsi une nouvelle base appelée base élargie.
 On parle de parasynthèse ou de dérivation parasynthétique quand un
mot est formé de l’association simultanée d’un radical et de deux
affixes : un préfixe et un suffixe : enrager, encourager.
La dérivation préfixale 52

 Définition du préfixe
 Le préfixe est une unité linguistique, un morphème grammatical lié de
la classe des affixes qui se place avant le radical. Les préfixes sont
toujours antéposés à la base : faire, refaire ; formuler, reformuler.
 Le préfixe ne modifie pas la classe de la base : faire (v), refaire (v) ;
agréable (adj), désagréable (adj) ; ordre (N), désordre (N). La seule
différence entre le radical et le dérivé est une différence d’ordre
sémantique dans la mesure où le préfixe ajoute une nuance de sens
au radical.
 Toutefois, il existe des préfixes qui échappent à ce dernier critère. En
effet, les préfixes anti- et inter- permettent de construire des adjectifs
à partir de noms : brouillard, antibrouillard ; ville, intervilles.
Fonctionnement du préfixe à l’intérieur d’un système 53
 Pour être considéré comme tel, un préfixe doit entrer dans un
système, c’est-à-dire qu’il doit entretenir des relations, des
rapports cohérents de sens et de forme avec un autre mot.
 On ne parlera de préfixe que par rapport à une base sentie
comme telle.
 Un préfixe peut opposer un mot simple à un mot dérivé : Faire,
refaire.
 Le préfixe permet d’opposer dans certains cas un mot dérivé à
un autre mot dérivé et ce, lorsque la forme simple n’est pas
attestée dans la langue encourager vs décourager.
 Un élément peut avoir la forme d’un préfixe sans en être un.
Ainsi, dans défendre, dé- n’est pas un préfixe, car il n’existe
pas de rapport de sens entre fendre défendre. Fendre existe
dans la langue mais avec un autre sens. Il en va de même
pour empêcher et décéder.
Répartition des préfixes selon la classe grammaticale 54
de leur base
 Préfixe + base verbal
 Re-, répétition, faire l’action exprimée par le verbe de nouveau) :
revoir, reprendre, réimprimer, réintégrer, réapparaître, rajuster,
revenir, redire…
 En- (em = assimilation), éloignement, à l’intérieur, mise en état :
enlever, emmener, emporter, encadrer, emprisonner,
s’endimancher…
 Dé- (négation) décoiffer, décharger, défaire, déshonorer…
 Contre- (opposition) : contrefaire, contredire, contresigner…
 Entre- (entremêler, entreposer, s’entraider, s’entredéchirer,
s’entrelacer…
 Mé(s)- méjuger, méconnaître, mésestimer…
 Sur- (excès) : surcharger, surestimer, surélever, surchauffer,
suralimenter, surabonder, surajouter, surclasser…
…
Préfixe + base nominale ou adjectivale 55

 Anti- (contre) : antirouille, anticancéreux, antibrouillard, antialcoolique, antibrouillage, antipollution, …


 Non- : non-violence, non-sens, non-agression, nonchalant…
 Ultra- (très, au-delà) : ultramoderne, ultra riche, ultracourt, ultrarapide…
 Archi- archiplein, archifou, archi célèbre, archiconnu…
 Extra- : extra lucid, extra-fin,
 Post- : postscolaire, postcommunion, postposition, postopératoire…
 Super : supermarché, superpréfet, superfin, supergrand, supercarburant, supersonique, super-intelligent…
 Dés- : désespoir, désagréable, désintérêt, désordre, déshonnête, déséquilibre, déshydraté…
 Intra- : intramusculaire, intraveineux, intradermique…
 Pro- : proaméricain, prochinois, procréation…
 In- / im- : infidèle, impitoyable, impiété, injustice, insensible…
 Pré- : préhistoire, pré-article, prénatal…
 Hypo- : hypotension…
 a- (préfixe privatif, absence) : anormal, amoral, agrammatical…
 il- illisible, illogique, illégal, illégitime,…
 ultra- ultrafiltration, ultramicroscope.
La suffixation ou la dérivation suffixale 56
 La dérivation suffixale est un procédé de formation de mots par
l’adjonction d’un suffixe, celui-ci étant toujours postposé à la base
 Admirablement, agréablement, durable…
 Définition du suffixe
 Le suffixe est un morphème grammatical lié de la classe des
affixes que l’on place après le radical et qui en modifie le sens :
Chant-eur = Radical + suffixe = Mot dérivé.
 Le suffixe est un morphème qui est senti comme pouvant servir à
former des mots entrant dans des séries comparables. Il n’a pas
d’existence autonome dans la langue, c’est-à-dire qu’il a besoin
de s’associer à un radical ; les suffixes -ette,-eur, -âtre n’existent
pas dans la langue en tant que morphèmes isolés et
indépendants : maigrelet, maisonnette, chanteur, rougeâtre.
Origine du suffixe 57

 La plupart des suffixes français sont issus du latin. Certains ont


été empruntés aux langues germaniques (allemand, hollandais,
suédois, norvégien). D’autres ont été créés à partir de suffixes
déjà existants. Les suffixes, comme les mots, sont soumis à la loi
de l’évolution de la langue. Ex d’un suffixe ‘’mort’’ : -dier dans
dinandier (artisan d’ustensiles en cuivre).
 Latin : -able, -esse, -er, -tion (acceptable, horloger, constatation,
enchanteresse)
 Grec : -isme, -iste, -ite (réalisme, réaliste, appendicite)
 Anglais : -er, -ing
 Germanie : -ard, -aud
 Suffixes créés par élargissement du français : -iser, -ifier.
Rôles du suffixe 58
 Les suffixes ont une fonction sémantique puisqu’ils introduisent un
changement de sens.
 les suffixes diminutifs et péjoratifs modifient la valeur d’emploi de la base
sans changer totalement son sens et sans changer sa catégorie
grammaticale : Rue-elle, amour-ette, rougeâtre
 Certains suffixes ont une fonction catégorisatrice ; ils indiquent la
catégorie grammaticale des dérivés : -tion (N) -isme (N), -ifier (v), -ance
(N), -iste (N). finition, journalisme, journaliste, surveillance.
 Certains suffixes indiquent le genre grammatical des dérivés : -tion, -
ance (F), -age, -isme (Masc)
 - Certains suffixes situent les mots dans des registres de langue particuliers
: -ite : encéphalite, appendicite (médecine), -ée : céphalée, rhinorée
(médecine), -acée : rosacée, liliacée (botanique)
 - Les suffixes permettent d’éviter une périphrase : l’animateur : celui qui
anime une émission par exemple.
Classement des suffixes 59
 Les suffixes peuvent être classés selon la catégorie
grammaticale du mot dérivé.
 Les suffixes verbaux qui servent à former des verbes
(suffixation verbale).
 Les suffixes nominaux qui servent à former des noms
(suffixation nominale).
 Lessuffixes adjectivaux qui servent à former des
adjectifs (suffixation adjectivale).
 Lessuffixes adverbiaux qui servent à former des
adverbes (suffixation adverbiale).
Suffixes diminutifs 60

 Ilss’ajoutent à des bases verbales, adjectivales


et nominales
 Bases verbales : -iller, -onner, -iner, oter, ouiller :
Sautiller, mordiller, chantonner, trottiner, siffloter,
neigeoter, voleter, machouiller
 Bases nominales : -ule, -illon, -eau, -ette, -ot, -elle :
Granule, oisillon, éléphanteau, louveteau,
clochette, amourette, frérot, ruelle
 Bases adjectivales : -elet : maigrelet, rondelet
Suffixes péjoratifs 61

 Base verbale : -asser, -ailler, -oter, -nicher : Crevasser,


rêvesser, criailler, écrivailler, vivoter, siffloter, frisoter,
pleurnicher.

 Base nominale : -asse : papier, paperasse.

 Bases adjectivale : -ard, -âtre, -inet, -ot, -eron, -aud, -


ichon, -asse : verdâtre, blondinet, palôt, vieillot,
laideron, courtaud, lourdaud, folichon, fadasse.
La formation des noms dérivés 62

 Les suffixes nominaux créent des noms à partir de


bases verbales (découpage), adjectivales (bonté), ou
nominales (feuillage). Ils peuvent être classés en
fonction de leurs valeurs sémantiques ; c’est-à-dire
selon le sens qu’ils véhiculent. Ainsi, ils formeront des
groupes relativement homogènes même si certains
suffixes appartiennent à plusieurs ensembles.
Les noms d’action 63

 -age : découpage, lavage, élevage, atterrissage, pilotage,


vernissage.
 -ade : promenade, bousculade, glissade, baignade
 -aison: comparaison, livraison, salaison
 -ment : attachement, placement, investissement, groupement,
blanchissement.
 -(a)tion : dérivation, attribution, opération, finition, constatation.
 -ison : trahison, guérison.
 -ence : exigence, résidence.
 -ance : alliance, résistance.
Suffixes marquant le résultat d’une action 64

 -ée : entrée, arrivée.


 -ure: cassure, déchirure, blessure,
fermeture.
 -is : gâchis, hachis.
 Suffixes formant des noms dérivés marquant le contenu
 -ée : bouchée, gorgée, charretée, pelletée, cuillerée 65
 Les noms dérivés de lieu
 -erie : crèmerie, laiterie, cimenterie, chocolaterie.
 -oir : lavoir, abattoir, parloir.
 -ie : mairie.
 -ing : camping, pressing, dancing.
 Noms dérivés d’agent ou d’instrument
 -eur/-euse est un suffixe qui sert à former des noms d’instruments ou
d’agents. Il peut désigner une machine qui fait l’action : batteur (fouet,
mixeur), batteuse, planteuse (machine qui plante les pommes de terre),
tondeuse, moissonneuse, semeuse.
 En plus, un nom dérivé en -eur/-euse renvoie à une personne qui fait une
action (agent : +humain).
Suffixes adjectivaux 66
 -iel : ministériel.
 -in : enfantin.
 -ique : cosmique, chimique, typique.
 -iste : communiste.
 -u : barbu, ventru.
 -ain : mondain.
 -aire : planétaire, solaire, légendaire.
 -al : estival, gouvernemental, matinal, abdominal.
 -el : formel.
 -aque : maniaque.
 -é : ailé.
 -er : mensonger.
 -este, –estre : celeste, terrestre.
 -être : champêtre.
 -ais : français, portugais.
 -an : persan.
 -ain : marocain, africain. 67
 -esque : barbaresque.
 -ien : indien, italien.
 -in : alpin.
 -ois : chinois.
 -issime : grandissime, rarissime, richissime.
 -able : jetable, lisible, crédible, corrigible.
 -eux : boiteux.
 -eresse : enchanteresse.
 -é : effacé.
 -if : pensif, tardif, évolutif, explosif.
 -eur : vengeur.
 -ant : compromettant.
Les suffixes verbaux 68
 Le suffixe –er :
 a- Base nominale :
 crevasse : crevasser
 ciment : cimenter
 fouille : fouiller
 rêve : rêver
 b- Base adjectivale :
 bavard : bavarder
 content : contenter
 aveugle : aveugler
 présent : présenter
 Le suffixe –ir : 69
 a- Base nominale :
 fin : finir
 meurtre : meurtrir
 farce : farcir
 b- Base adjectivale :
 rouge : rougir
 obscur : obscurcir
 maigre : maigrir
 vert : verdir
 Les suffixes –iser et –ifier :
70
 a- Base nominale :
code : codifier
gloire : glorifier
tyran : tyranniser
drame : dramatiser
 b- Base adjectivale :
libéral : libéraliser
divin : diviniser
solide : solidifier
rare : raréfier
71
 Le suffixe –oyer :
 a- Base nominale
 larme : larmoyer
 guerre : guerroyer
 onde : ondoyer
 b- Base adjectivale
 rude : rudoyer
 rouge : rougeoyer
 c- Base pronominale
 tu : tutoyer
 vous : vouvoyer
La dérivation parasynthétique 72

 C’est un cas particulier de dérivation affixale, car les


mots sont formés par l’association simultanée d’un
préfixe et d’un suffixe entretenant une certaine
relation de solidarité, en ce sens qu’ils sont
dépendants l’un de l’autre et ils s’appliquent
simultanément à la base. Ils sont formés
synthétiquement par l’union simultanée d’un préfixe
et d’un suffixe au radical :
 - Laid/enlaidir, large/élargir, terre/enterrer
La dérivation non affixale (La dérivation impropre) 73
 La dérivation est dite impropre quand elle ne recourt pas à des affixes.
Elle est appelée également conversion, transfert et translation. C’est un
procédé de création lexicale où un mot change de catégorie
grammaticale sans modification formelle. Elle est appelé également
transcatégorisation ou de recatégorisation.
 Elle ne laisse pas de traces morphologiques.
 Elle consiste à transférer un mot d’une classe grammaticale à une
autre.
 La dérivation impropre est une opération qui permet de faire passer
une forme d’une catégorie grammaticale à une autre et qui provoque
un changement au niveau du sens du mot en question. Elle modifie la
classe syntaxique sans affixation, c’est-à-dire sans changement de
forme :
 Mauve : une robe de la couleur de la mauve, une robe mauve
 Sauf votre respect, le respect qui vous est dû étant sauf.
 Les noms 74
 Un nom propre peut devenir un nom commun pour
désigner par métaphore une personne ou une chose
qui rappelle soit un nom de lieu, soit un nom de
personne relié à une invention, à une découverte ou
à une qualité : un Tartuffe (un hypocrite), un Don
Juan (un séducteur), un Harpagon (un avar), une
poubelle (le nom du préfet de police qui a imposé
l’emploi de cet objet).
 Un nom peut devenir un adjectif : rose, marron,
province (un côté province)
 Un nom peut fonctionner comme une particule ou
comme une interjection : seigneur ! Marie ! attention
! peste !
 Les adjectifs
 Substantivation de l’adjectif : Adjectifs ---> Noms : le rouge ; le 75
sérieux, le vide.
 i. Ellipse du déterminé : la capitale (la ville capitale), une
circulaire (une lettre circulaire), un complet (un costume
complet)
 ii. Mise en évidence de la qualité ou du désavantage que
l’on considère dans l’être ou l’objet nommé : un malade (un
homme malade), un aveugle (un homme aveugle)
 iii. Emploi du neutre pour désigner l’abstrait : le vrai, le beau,
le mauvais, le rouge, une blonde, un rapide.
 Adjectif ------> adverbe : parler bas, parler haut, sentir bon,
parler fort, voter utile, chanter faux.
 Adjectif ------> préposition : plein les poches, sauf votre respect.
 Adjectif ------> interjection : Bon ! fermé !
 Les verbes
76
 Verbes ------> Noms : le boire, le manger, le rire, le
repentir, le pouvoir, le savoir, le déjeuner, le dîner.
 Participespassés et présents ------> noms : un militant,
un accusé, un assiégé, un écrit, une issue, un habitant,
un fabriquant. C’est aussi le cas de l’impératif : un
rendez-vous.
 Participe
passé et participe présent : un spectacle
charmant, un travail assuré, un appartement garni
 Participe présent ------> préposition : durant, suivant,
 Verbe ------> interjection : allons ! voyons ! allez !
 Préposition/ adverbes et interjection : 77
 Adjectif : un homme bien
 Adverbe : je suis pour, il faut faire avec.
 Noms : des si, des mais, le pourquoi, le comment, le bien, le
mal, les avant, le pour, le contre, des hélas.
 Les pronoms
 Ils
peuvent fonctionner comme des noms : le moi, le je, le
ça, un rien.
 Comme interjection : ça !
 L’Abréviation/troncation/apocope/aphérèse : 78
 Procédé de création lexicale par la troncation de la
finale d’un mot ; le mot est raccourci sans changer
de catégorie. Certaines abréviations sont
anciennes.
 D’autres sont plus récentes comme : frigo (machine,
chambre frigorifique), métro (métropolitain,
transports appartenant à la métropole), fac
(faculté), prof (professeur), télé (télévision),
problème, blème.
 Parfois,
un -o s’insère à la fin d’un mot : logo
(logopédie), proto (prototype), apéro (apéritif).
• La Siglaison 79

 La siglaison est une conséquence de la diversité des


réseaux et organisations qui nous entourent. On les
désigne par des sigles ; ceux-ci sont formés à partir des
initiales des mots composant l’appellation. On l’appelle
aussi un acronyme :
 vélo tout terrain, VTT ; police judiciaire, PJ ; train à grande
vitesse, TGV ; taxe sur la valeur ajoutée, TVA ; organisation
du traité de l’atlantique du nord, OTAN ; Organisation des
Nations Unies, ONU, Union Européenne, UE ; Syndrome
Immunodéficitaire Acquis, SIDA
Le Télescopage (Mot-valise) 80

 Un mot-valise est constitué de la combinaison de plusieurs


lexèmes. Ils renvoient à deux catégories lexicales qui
rappellent la fusion de deux catégories conceptuelles.
 foultitude (foule et multitude)
 framçaise (fram (publicité) et française)
 L’emprunt brunch (breakfast et lunch)
 Autobus (automobile et omnibus)
 Bionique (biologie et électronique)
 Motel (motor et hotel)
 Courriel (courrier et électronique)
L’emprunt 81

 Selon Josette Rey-Debove, « l’emprunt lexical au sens strict du


terme [est] le processus par lequel une langue L1 dont le
lexique est fini et déterminé dans l’instant T, acquiert un mot
M2 (expression et contenu) qu’elle n’avait pas et qui
appartient au lexique d’une langue L2 (également fixe et
déterminé) » (Rey-Debove 1973, p. 109). C’est un processus
qui participe de la vitalité d’une langue. Deux langues en
contact s’échangent souvent des mots, des syntagmes, des
constructions syntaxiques. Ceux-ci subissent généralement
des transformations avant leur installation définitive dans la
langue et leur reconnaissance comme mots lexicalisés et
intégrés au système de la langue par les outils
lexicographiques : ex. parking, walkman, tsunami, …
La sémantique lexicale 82

 La sémantique lexicale s’occupe de l’étude de l’organisation


sémantique du lexique. Autrement dit, elle analyse le sens des
mots ainsi que les relations de sens qu’ils entretiennent. Tous
les mots ont un sens ; le but de la sémantique lexicale est de
rendre compte des sens des mots en emploi et hors emploi.
En effet, malgré les différentes occurrences d’un mot, on
peut constater un invariant sémantique ou un noyau
sémantique pour chaque mot qui peut être décrit en relation
avec ses différents emplois.
 L’analyse du sens dépend du cadre théorique. On peut
parler de quatre modèles théoriques :
La définition par inclusion 83
 c’est une réponse à la question qu’est-ce qu’un x ? la
réponse est une périphrase basée sur les catégories logiques.
Le dictionnaire offre des exemples concrets de ce type
d’analyse du sens sous plusieurs appellations : la définition par
inclusion, définition logique, hyperonymique, par le genre
prochain, par inclusion. Les limites de ce modèle sont
essentiellement sa non application à tous les types de mots
comme par exemple les mots dits primitifs (la source de la
chaîne des inclusions) et les mots grammaticaux (dont le
contenu sémantique est très pauvre).
 L’analyse sémique ou componentielle 84
 théorie à visée linguistique, c’est une approche
intralinguistique et différentielle ; elle est fondée sur la
notion de valeur définie par Saussure et où le sens d’un mot
dépend de ses relations avec les autres. Le sémanticien
procède à l’analyse du signifié d’un signe linguistique en
traits distinctifs appelés sèmes, composants.
 La substance sémantique d’un mot se compose d’un
ensemble de sèmes, l’ensemble de ceux-ci appelé
sémème. Cette analyse se heurte à des difficultés
méthodologiques et théoriques comme la délimitation de
l’ensemble lexical, la sélection des sèmes…
La théorie des conditions nécessaires et suffisantes 85
 Pour ce modèle, les membres d’une catégorie
donnée ou d’une même classe partagent les mêmes
propriétés et l’appartenance à la classe se fait sur la
base de la possession de ces traits : pour qu’un x
appartienne à un une catégorie, il faut et il suffit qu’il
ait les attributs communs à cette catégorie.
 Les limites de ce modèle : établir des limites nettes
entre les catégories, présenter les catégories comme
étant homogènes, les définitions sont analytiques ou
toujours vraies.
La théorie du prototype 86

 La question « sur quels critères peut-on décider de l’appartenance


d’un objet à une catégorie donnée ? » est remplacée par une autre à
portée linguistique « quels sont les principes qui gouvernent le
regroupement des référents dans une même catégorie désignée par
un nom ? » On passe des catégories au sens lexical. La catégorisation
est traitée sous deux aspects : la structure interne des catégories et la
structuration entre les catégories.
 La catégorisation interne des catégories : elle repose sur le degré de
ressemblance avec le meilleur exemple (meilleur représentant) de la
catégorie appelé prototype (ex. moineau pour les oiseaux). La théorie
a évolué pour parler de trait prototypique (voler pour les oiseaux).
 Structuration entre catégories : un objet peut être rangé dans des
catégories différentes et être nommé de façons différentes.
Les relations sémantiques 87
 Il s’agit des principes généraux qui régissent les relations de sens entre les
unités lexicales.
 Les unités lexicales sont analysées en fonction du sens.
 Les relations sémantiques entre les unités lexicales sont de deux types :
 Relations hiérarchiques et d’inclusion : elles concernent dans ce cas des
unités qui n’ont pas le même rang. Les hyponymes et les hyperonymes ne
sont pas du même rang. Il en va de même pour la relation partie/tout.
 Relations d’équivalence et d’opposition : elles concernent des unités
ayant le même rang ; c’est le cas des synonymes, des antonymes et des
cohyponymes.
 L’hyponymie, la synonymie et l’antonymie sont des relations qui
structurent le lexique sur le plan paradigmatique, en ce sens qu’un
hyperonyme peut commuter avec un hyponyme ou le remplacer dans
un contexte donné. Les synonymes et les antonymes sont aussi
susceptibles de commuter les uns avec les autres.
Relations de hiérarchie et d’inclusion
88
 L’hyponymie et l’hyperonymie
 L’hyperonymie désigne la relation du genre à l’espèce :
 animal est hyperonyme de chien. L’hyponymie désigne la
relation de l’espèce au genre : chien est un hyponyme de
animal.
 L’hyponyme, appelé aussi un sous-ordonné, est lié au
superordonné.
 L’hyponymie est une relation hiérarchique entre un terme
spécifique et un autre plus général.
 Fleur et tulipe, morille et champignon.
 Dans le cadre de l’analyse sémique, on parle d’incluant
(terme générique) et d’archilexème.
• Inclusion extensionnelle et intensionnelle 89

 Du point de vue de la référence : la classe de


référents qui sont des tulipes est incluse dans la classe
des référents qui sont des fleurs. L’inclusion est, dans
ce cas, extensionnelle.
 Du point de vue du sens : le sens de fleur est inclus
dans le sens de tulipe. L’inclusion est intensionnelle :
 Les sèmes de fleur : production, venant de végétaux,
colorée, souvent parfumée, sont inclus dans le
sémème de tulipe qui comprend en outre : racine
bulbeuse, fleur évasée, couleurs vives.
Relation d’implication 90
 Un hyperonyme peut remplacer son hyponyme dans n’importe quel
contexte, mais l’inverse n’est pas possible.
 C’est un rapport d’implication unilatérale entre deux entités : si x est une
tulipe, alors x est une fleur. L’inverse n’est pas possible : *si x est une fleur,
alors x est une tulipe. J’ai cueilli des roses peut être remplacé par j’ai
cueilli des fleurs, mais j’ai cueilli des fleurs ne peut pas être remplacé par
j’ai cueilli des roses, car cueillir des fleurs peut être des lilas ou une autre
fleur. C’est pourquoi, dans le discours, la relation s’établit de l’hyponyme
à l’hyperonyme. L’hyperonyme, désignant ce que désigne l’hyponyme,
lui sert d’anaphorique :
 Un chat entra. L’animal était malade.
 *Un animal entra. Le chat était malade.
 La même raison explique la non possibilité de l’ordre suivant :
 Paul a demandé des tulipes et d’autres fleurs.
 *Paul a demandé des fleurs et d’autres tulipes.
Structures hiérarchiques 91
 L’hyponymie est une relation qui structure le lexique :

Sapin, conifère, arbre, végétal

Tulipe précoce/ tulipe/ fleur/ plante

Redingote/ manteau/ vêtement.

 Les séries lexicales ne dépassent généralement pas trois/quatre


degrés.

 Au-delà, on fait appel à des termes généraux comme truc, chose,


machin.

 Vers le bas, c’est l’emploi des périphrases.


 Cette relation diffère d’une langue à l’autre (trous
lexicaux). 92
 Il existe un double classement pour certains mots :
Structures lexicales et catégories liées à l’organisation
des connaissances : chat : mammifère carnivore ou
félidé, soit félin ou animal domestique. (Cf. hésitations
des dictionnaires).
 Cela rappelle la divergence entre savoir non
spécialisé et connaissances spécialisées.
 Hyponyme de courgette n’est pas légume mais fruit.
 La baleine n’est pas un poisson mais un mammifère.
 Elle concerne les autres catégories, notamment les
verbes (manger/grignoter, couper/cisailler), les
adjectifs (rouge/pourpre, gai/guilleret).
Rôle de l’hyponymie 93
Apprentissage du lexique.
On peut parler d’objets dont on ne
connaît pas le nom en recourant à
l’hyperonyme.
On peut aussi ne retenir que la relation
liant un hyponyme à un hyperonyme
sans savoir en quoi ils se différencient
(varan et lézard).
La cohyponymie 94
 Les mots qui partagent une même relation hiérarchique avec un hyperonyme sont appelés
des cohyponymes. Il s’agit d’une relation triangulaire :

- Tulipe, œillet : cohyponymes de fleur.

- Printemps, été : cohyponymes de saison.

- Cèpe, morille, girole : cohyponymes de champignon.

 Les cohyponymes ont le même rang. Mais ils se différencient par un ou plusieurs traits
spécifiques. La négation de l’un des cohyponymes n’implique pas nécessairement
l’affirmation de l’autre.

- Si x n’est pas une tulipe, x peut être une pivoine, un œillet…


 Ils entretiennent un rapport d’exclusion mutuelle : 95
 Une fleur est ou une tulipe, ou un œillet, ou une
pivoine.
 Exemples
 J’ai mangé une pomme implique : J’ai mangé un
fruit.
 J’ai vu un corbeau implique : J’ai vu un oiseau.
 La vache est un mammifère ; or, le mammifère est un
animal ; donc, La vache est un animal. (Syllogisme
ou relation transitive).
La relation partie-tout 96
 C’est une relation hiérarchique entre deux termes dont l’un dénote
une partie de l’autre et l’autre le tout relatif à cette partie :
 guidon/bicyclette, poignée/valise, bras/corps, ongle/doigt,
porte/maison, voile/bateau.
 Guidon est le méronyme (le nom de la partie) de bicyclette, c’est-
à-dire une partie de bicyclette. Bicyclette désigne le tout ou
l’holonyme (nom du tout) de guidon.
 Cette relation concerne les noms comptables, divisibles en parties
de natures différentes de la nature du tout. Les noms massifs non
dénombrables se divisent en parties de même nature que le tout :
 une partie de l’eau est de l’eau, une partie de beurre est du beurre.
Méronymie et hyponymie 97
 Les deux partagent des propriétés communes, en ce sens qu’elles exigent la liaison
à un autre terme :

- N hyponyme est une sorte de N hyperonyme : tulipe est une sorte de fleur.

- N méronyme est une partie de N holonyme : guidon est une partie de bicyclette.

 Les deux structurent le vocabulaire ; elles sont des relations logiques


d’implication :

- Ongle partie de doigt, doigt partie de main, main partie de bras, bras partie du
corps humain.

- Ongle (synonyme de griffe) partie de patte, patte partie de animal.


98
 Les deux relations se différencient au niveau de la
paraphrase :
 Guidon/bicyclette : le guidon est une partie de la
bicyclette, la bicyclette a un guidon
 Tulipe/fleur : la tulipe est une fleur.
 Elles se différencient aussi au niveau des propriétés :
 Un hyperonyme impose ses propriétés à ses hyponymes : les co-
hyponymes de fleur comme tulipe, œillet, pivoine possèdent les
propriétés de fleur (pétales, parfum…)
 Les propriétés du tout (holonyme) ne sont pas obligatoirement
transmises à ses parties : les méronymes de bicyclette comme
guidon, roue, ne partagent pas les propriétés de bicyclette du fait
qu’elles ne sont pas homogènes.
 Les reprises anaphoriques sont possibles dans le cas de la 99
méronymie, impossibles dans le cas de l’hyponymie.

- Il prend le stylo, la plume est cassée ; il contemple l’arbre, le


tronc est craquelé.

 Cas particulier les noms des parties du corps :

- *Le garçon a couru sous la pluie, les pieds étaient mouillés.

- Le garçon a couru sous la pluie, ses pieds étaient mouillés.


Catégories concernées 100

- Membre/ensemble : arbre/forêt, musicien/orchestre

- Composant/assemblage : anse/tasse, roue/voiture

- Portion/masse : part/gâteau, flocon/neige

- Matière/objet : cuir/valise, acier/bicyclette

- Activité/phase : discours/péroraison

- Zone/lieu : oasis/désert.
Relations d’équivalence et d’opposition
 La synonymie 101
 Critères de définition

 Elle renvoie à une pratique intuitive très familière.

 Elle est la relation d’équivalence sémantique, d’identité de sens entre deux ou plusieurs unités
lexicales ayant des formes ou des signifiants différents. Deux mots sont synonymes lorsqu’ils ont un
même signifié et des signifiants complètement différents, contrairement à l’homonymie qui est une
relation entre deux ou plusieurs mots ayant le même signifiant et des signifiés différents. Pour repérer les
synonymes, on se base sur leur substitution dans un même contexte :

 La sauce est forte = la sauce est épicée.

 Cependant, les synonymes ne sont pas toujours interchangeables dans tous les contextes :

 Cette femme est forte = * Cette femme est épicée.


 La synonymie concerne les mots, les syntagmes de même catégorie grammaticale :
Pédicure/podologue, policier/agent de police.
102

 La synonymie est une relation relative et approximative : il n’existe pas de


synonymie absolue. Sauf dans certains cas particuliers dans les lexiques spécialisés
(sonore/voisé, entrée/adresse). On parle de parasynonymie ou de quasi-synonymie.

 On distingue alors la synonymie totale ou absolue et la synonymie approchante,


relative ou approximative. La première est plutôt rare, elle suppose une substitution
des synonymes dans tous les contextes, voire hors contexte. Ils figurent surtout dans
les nomenclatures scientifiques comme le domaine de la médecine où des termes
scientifiques doublent d’autres plus courants : ictère/hépatite.

 La synonymie est en étroite relation avec la polysémie : la synonymie ne porte que


sur une seule acception d’un terme polysémique.
La différenciation des synonymes
103
 Les synonymes se différencient sur les plans syntaxique,
sémantique et pragmatique :

o Sur le plan syntaxique : Deux mots sont synonymes dans


certains contextes et non dans d’autres. Cela est dû à la
polysémie. On parle alors de synonymie partielle ou contextuelle
(contexte linguistique et non situationnel).

o Sur le plan sémantique : les différences entre les sémèmes des


synonymes concernent des sèmes spécifiques.
 Sur le plan pragmatique : les différences pragmatiques des 104
synonymes renvoient aux variations lexicales traitées dans les
dictionnaires sous la forme de marques d’usage comme vx, fam.
Litt., :
 Variations diachroniques : bru/belle-fille, épatant/super,
clinquant/ blingbling
 Variationsgéographiques : wassingue (nord de la France),
panosse (dans le Midi), serpillière.
 Variations liées aux registres de langue :
 Familier, populaire/standard : futal/pantalon, tronche/tête
 Littéraire / standard : croisée/fenêtre
 Argot (verlan) / langue commune : meuf/femme, keuf/flic
 Variations liées à l’opposition langues de spécialité/langue commune :
105
rhinite/rhume, préposé/facteur, encéphalite spongiforme bovine/maladie
de la vache folle.

 Connotations (valeurs sémantiques secondes qui viennent se greffer sur


le sens dénotatif) :

• Péjoration : nègre (être humain par rapport à noir ou à black.).

• Euphémismes : longue maladie / cancer, demandeur d’emploi /


chômeur, plan social / plan des licenciements, technicien de surface
pour balayeur, hôtesse de caisse / caissière, SDF / sans-abri.

 Ces synonymes sont substituables dans les mêmes énoncés.


Conclusion 106

La synonymie se distingue des autres


relations sémantiques par deux points :

- Dépendance du contexte syntaxique.

- Liens avec les contraintes stylistiques (éviter


les répétitions).
L’antonymie 107
 L’antonymie est le contraire de la synonymie ; c’est une relation qui
s’établit entre deux termes de sens différents et contraires.

 Les deux antonymes doivent quelques traits en commun. Il ne faut pas, par
exemple, mettre en relation beau et chaise. Cependant, beau et laid
peuvent être comparés.

 L’antonymie concerne surtout les mots qui représentent des qualités, des
quantités, des déplacements, des rapports chronologiques :

 Beau / laid, vrai / faux, Grand / petit, haut / bas, avant / après, peu / beaucoup,
mort / vivant.
Antonymes complémentaires ou non gradables (les contradictoires)
108
 Soient les oppositions suivantes :

 Présent / absent

 Mort / vivant

 Homme / femme

 Mâle / femelle

 Ces termes entretiennent un rapport d’exclusion. Entre chacun des deux cas, il
n’existe pas d’intermédiaire. Ils n’acceptent pas la gradation. Ainsi, on ne
pourrait dire :

 *Plus ou moins vivant, car ou on est mort, ou on est vivant (sauf au sens figuré).
 Plus ou moins femme, car on est soit une femme, soit un homme. 109

 On parle d’antonymes complémentaires quand la négation de


l’un implique l’affirmation de l’autre :

 Mort non vivant.

 Non vivant mort.

 Non mort vivant.

 Vivant non mort.


Antonymes gradables (les contraires) 110
 Soient les deux oppositions suivantes :

 Grand / petit

 Chaud / froid

 Deux antonymes complémentaires supposent un choix simple et binaire entre


termes.

 Dans le cas d’antonymes gradables, par contre, nous avons affaire à une
échelle qui tourne autour d’un point de référence. L’un des deux termes
implique une valeur positive, l’autre une valeur négative.
 Les deux antonymes se placent aux extrémités d’une 111
échelle et désignent des points de référence entre
lesquels on peut placer d’autres termes d’une
manière graduelle :
 Grand – moyen – petit.
 Froid – frais – tiède – chaud.

 Dans ce cas, l’emploi du superlatif est possible :


 Jean est plus grand que Pierre.
 D’une manière générale, la négation de l’un implique nécessairement l’affirmation de
112
l’autre, mais l’affirmation de l’un n’implique pas nécessairement la négation de l’autre :

 Jean est riche Jean n’est pas pauvre.

 Jean est pauvre Jean n’est pas riche.

 Jean n’est pas pauvre n’implique pas : Jean est riche., car il peut être ni riche,

ni pauvre.
Les antonymes réciproques (les converses) 113

 On parle d’antonymes réciproques quand chacun des


deux termes évoque automatiquement l’autre (et ce,
d’une manière systématique) :
 Acheter / vendre
 Mari / femme
 Père / fils
 Prêter / emprunter
 Supérieur / inférieur
Termes incompatibles 114
 Soient les ensembles suivants :

 Rouge / bleu / gris …

 Lundi / mardi / mercredi …

 Hiver / printemps / été / automne.

 Il existe une relation d’incompatibilité entre les termes de ces ensembles, on parle
alors de termes incompatibles.

 L’antonymie recouvre un grand nombre de phénomènes différents. Un seul terme


peut avoir plusieurs antonymes, c’est le contexte qui permet l’emploi de tet ou de
tel antonyme.
 L’antonymie est rendue, dans certains cas, par deux mots 115
n’entretenant aucun rapport morphologique, on parle alors
d’antonymie lexicale : beau / laid, jeune / vieux.

 Dans certains cas, l’antonymie est prise en charge par un préfixe


négatif, on parle alors d’antonymie grammaticale : logique /
illogique, compatible / incompatible.

 D’une manière générale, l’antonymie dépend du contexte :

 Un esprit profond (superficiel) / un sommeil profond (léger).


La polysémie 116
 Définition
 La polysémie est une relation sémantique ; elle concerne les signes linguistiques ayant une
pluralité de sens liés et non disjoints (plusieurs signifiés / plusieurs acceptions). Autrement dit, un
signe linguistique est dit polysémique lorsqu’il est doté d’un seul signifiant et de plusieurs signifiés
(ou au moins deux) liés les uns aux autres par des relations sémantiques.

 canard : animal, sucre trempé, fausse note, fausse nouvelle, journal.

 tilleul : arbre, bois, fleurs, infusion.

 Un mot monosémique, par contre, a un seul sens. Ex. décélérer : réduire la vitesse.

 Un terme polysémique fait partie du lexique général (foyer, cœur…), tandis qu’un terme
monosémique (azote, phonème…) appartient le plus souvent à un domaine scientifique. C’est le cas
de phonème qui relève du domaine de la phonologie.
 Un terme lexical est dit polysémique au niveau de la
langue et non au niveau du discours où un seul sens 117
est actualisé, les autres étant neutralisés.
 Il arrive dans certains cas que, même au niveau du
discours, plusieurs sens soient actualisés :
 Cette pièce est agréable
 Nous dirons que la phrase est ambiguë du moment
qu’on peut lui donner deux interprétations différentes.
 Il faudra que le contexte soit suffisamment fort pour
éliminer les autres sens :
 Cette pièce est aérée.
 Cette ambiguïté peut être levée par la situation
d’énonciation :
 Par exemple, être dans un appartement et émettre la
phrase supra.
Causes de la polysémie
118
 La polysémie est un phénomène linguistique universel qui concerne toutes les langues
naturelles.

 Elle est essentielle au fonctionnement du langage et des langues.

 Elle peut être expliquée par le principe de l’économie du langage (économie


linguistique) : un même signe linguistique est utilisé par plusieurs usagers pour des
contenus diversifiés et variés.

 Face à la réalité : nombre limité de signes vs nombre illimité de contenus, les membres
d’une communauté linguistique donnée ont tendance à utiliser les mêmes signes pour des
réalités nouvelles.

 Ex. souris : boîtier connecté à un ordinateur.


 Les principales causes de la polysémie sont les suivantes : 119
a. La fréquence d’emploi : plus un mot sera utilisé, plus il pourra
acquérir d’autres sens.

b. L’aire sémantique : les termes polysémiques sont ceux qui ont une
aire sémantique très grande et dont le sens se spécifie selon le
contexte

c. La structure syntaxique : c’est elle qui détermine le sens que


revêtira un mot donné : tenir quelque chose, tenir de quelqu’un,
tenir à quelqu’un, tenir encore.
Changements de sens 120
 Le passage d’un sens à l’autre (transfert sémantique) peut être étudié d’un point de vue
synchronique ou diachronique.

- Diachronie : l’évolution sémantique est étudiée à travers l’ordre d’apparition des différents
sens.

- Synchronie : on analyse les relations que les différents sens d’un terme polysémique
entretiennent (relations régulière) en se basant sur les procédés de transfert sémantique
(tropes). Autrement dit, on explique le passage du sens propre aux sens dérivés.

 Remarque : les dictionnaires accompagnent ces changements de sens par des indicateurs
métalinguistiques comme : Fig. (figuré), Par anal. (par analogie), Par ext. (par extension),
Spécialt. (Spécialement).
Les liens entre les différents sens d’un mot (ou transferts sémantiques)
121
 La métonymie « permet de mettre l’accent sur les différentes parties qui
composent une entité complexe : soit en prenant l’ensemble pour ne
désigner qu’une partie, soit en prenant seulement une partie pour désigner
l’ensemble. » (N. Delbecque, Linguistique cognitive, De boeck, Duculot,
2010).

 « La métonymie, ou synecdoque, met en jeu surtout la contiguïté entre les


différentes notions ou entités. La contiguïté, en tant que mise en contact,
peut s’articuler sur diverses relations. » (M. Taifi, Sémantique
linguistique, 2000, Ed. de la faculté des lettres de Fès).
 « Les métonymies les plus fréquentes sont celle qui mettent 122
en jeu les relations de cause à effet (se faire la bile pour
s’inquiéter), de contenant/ contenu (boire un verre, une
main de farine), de lieu/ produit (du bordeaux), de
possesseur / objet possédé, de concret / abstrait (avoir un
argument frappant pour un argument convaincant). »
Choi-Jonn et Delhay.
 « Un référent peut être dénommé d’après l’une de ses
parties, jugées particulièrement caractéristiques, que ce
soit un composant, une couleur, ou toute autre propriété.
On appelle poire, prune ou mirabelle un alcool blanc fait à
partir de ces fruits. Le mot lapin peut désigner aussi bien un
animal que la viande de cet animal, la fourrure de cet
animal ou un vêtement fait à partir de cette fourrure » Ibid.
 La métaphore « réunit des éléments qui n’ont pas nécessairement quelque chose en
123
commun. Elle consiste à transposer un élément d’un premier domaine, le domaine
source, à un deuxième domaine, le domaine cible… elle est basée sur la
ressemblance que l’on perçoit entre plusieurs choses. » N. Delbecque, Ibid.

 « La métaphore … s’articule essentiellement sur deux phénomènes sémantiques : la


comparaison et la transposition du sens du concret à l’abstrait. » M. Taifi, Ibid.

 « La relation métaphorique se fait entre une acception concrète et une acception


abstraite » (Introduction à la méthodologie en linguistique, Choi-Jonn et Delhay, p.
294).

 L’analogie ou l’extension s’établit entre deux acceptions concrètes, elle concerne des
caractéristiques morphologiques, physiques ou relatives aux qualités.
Exercice 124
1. Le seul canard que je peux reconnaître est le colvert.

2. Hier j’ai mangé du canard à l’orange.

3. Chaque mois cette revue fait courir des canards.

4. J’ai lu cette nouvelle dans différents canards.

5. J’ai fait un couac de canard dans le premier morceau que j’ai joué à
l’examen.

6. Il ne peut pas s’empêcher de faire un canard en prenant le pousse-café.


7. A l’école, c’est toujours lui qui est le vilain petit canard. 125
8. La Mercedes est partie sans payer.

9. Il a bu toute la bouteille.

10. Le fruit d’un arbre, le fruit d’un travail.

11. Le pied d’une montagne.

12. La salle applaudissait à chaque apparition de l’artiste.

13. Jean a le cœur noir.


Les relations formelles 126
 La paronymie

 Les paronymes sont des signes linguistiques ayant des signifiés différents
et des signifiants presque identiques :

 Ex. collision / collusion, allocation / allocution, précepteur / percepteur,


recouvrir / recouvrer, conjoncture / conjecture.

 Les paronymes entrainent souvent des confusions, car la différence


phonique ou graphique est minime et ne porte que sur une unité : son
(phonème), lettre (graphème).
Au niveau du mot 127
 Les paronymes sont mots qui se ressemblent par leur forme, mais qui n’ont ni les
mêmes règles d’emploi, ni le même sens. Ils présentent une différence phonique
ou graphique qui porte sur soit sur une voyelle soit sur une consonne.
 Au niveau des voyelles
 Allusion / illusion, cimetière / cimeterre, attention / intention, affection /
infection, éminent / immanent, justesse / justice.

 Fable / câble / table / sable.

 Grève / crève / trêve / brève.

 La ressemblance est donc partielle et approximative. Il y a une opposition ou une


différence de sens entre les unités paronymiques.
Au niveau des locutions 128
 Dans certaines locutions figées, il suffit d’introduire un élément
nouveau ou de changer le déterminant pour obtenir une autre
expression ayant un sens différent :

 Faire feu / faire du feu, l’œil-de-bœuf / l’œil du bœuf.

 Dans le cas des paronymes, l’orthographe même voisine


débouche sur un sens différent.
L’homonymie 129
 On parle d’homonymie quand il n’existe aucune relation sémantique entre deux formes
identiques.

 Cette relation s’établit entre plusieurs signes linguistiques ayant le même signifiant (même
forme sonore ou graphique), mais des signifiés (sens, images conceptuelles) radicalement
différents :

- Pain, pin, peint.

- L’étalon et la jument, l’étalon de l’or.

- Un livre intéressant, une livre de beurre.

 étalon signifie cheval mâle dans le premier cas et mesure de quantité dans le second. Il en va
de même pour livre qui signifie pages reliées qu’on lit et mesure de poids.
 Sont donc homonymes deux signes linguistiques (ou plus) qui comportent des signifiants
identiques et des signifiés différents. 130

 On distingue généralement deux types d’homonymie selon qu’il s’agit de formes orales ou
écrites à savoir l’homophonie et l’homographie.

 Quand deux signes linguistiques ont la même forme phonique, c’est-à-dire la même
prononciation, mais deux formes orthographiques différentes, on parle d’homophonie :

 Ton / thon, aire / ère, saut / sot, conte / compte / comte, coq / coque / coke.

 L’homophonie est partielle quand les deux termes n’appartiennent pas à la même classe
grammaticale : sein (nom) / saint (adj), chair (nom) / cher (adj), verre (nom) / vert (adj).

 Elle est absolue quand les deux termes appartiennent à la même classe grammaticale : sain /
saint (adj), bal / balle (nom).
 Analyse d’un exemple : 131
 Vers quel verre,
 Œil vert,
 Diriges-tu tes regards chaussés de vair. (R. Desnos).

 Quand les deux termes ont la même orthographe


(identité graphique) sans avoir la même
prononciation ou ayant la même prononciation, on
parle d’homographie : fils / fils, fin / fin, aide / aide, …
 Dans ce cas, c’est le contexte qui permet de lever l’ambiguïté :
132
- Ils négligent… / un enfant négligent.

- Les poules du couvent / les poules couvent.

- Il but / avoir un but.

- Les portions / nous portions.

- Tirer un corner / corner une nouvelle.

 L’homonymie implique une pluralité de signes distincts. Elle ne se limite pas au mot,
elle peut concerner plusieurs unités de la langue :

- Unités lexicales : seau / sceau / sot / saut, sol / sole, amende / amande.

- Morphèmes grammaticaux : a / à, on / ont, et / est, ses / ces.

 Le rôle des signes diacritiques est de distinguer à l’écrit ce qui est identique à l’oral.
- Préfixes : agrandir / anormal.
133
- Suffixes : déroulement / gentiment.

- Syntagmes : un marchand de thés anglais

- Phrases :

o J’aime ta femme autant que toi.

o Si haut qu’on monte, on finit par descendre.

o Je suis le guide.

o La belle ferme le voile.

o Il les suit, ou… ?

o L’art romantique, ou… ?


Les causes de l’homonymie lexicale 134
 Plus un mot est court, plus il a de chance de
coïncider avec d’autres mots.
 La plupart des mots homonymiques se composent
de peu de syllabes.
 L’ambiguïté de certains homonymes est due au
contexte qui peut ne pas être suffisamment clair.
Nous signalons ici le rôle du contexte et de la
situation d’énonciation.
Comment distinguer homonymie et polysémie ?
135
 Un terme polysémique est une unité linguistique qui a plusieurs sens. L’homonymie
concerne deux ou plusieurs termes ayant un seul signifiant et plusieurs signifiés ne
partageant aucun sème en commun. Il est parfois difficile de trancher entre les deux
notions. Il s’agit d’un problème auquel se heurtent les lexicographes. La différenciation
entre ces deux relations se fait à travers les critères suivants :

- Morphosyntaxe :

o La catégorie grammaticale : trouble = N, adj., verbe ; capital = N, adj.

o Genre grammatical : mousse, voile, solde = féminin, masculin.

o Nombre : un échec, des échecs.


- Orthographe : compter et conter sont issus du latin computare, mais ils ont
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rompu tout lien sémantique.
- Etymologie : flamme (1) provient du latin flamma, mais flamme (2) est issu
du grec phlebotomos. Quand deux mots n’ont pas le même étymon, ils sont
des homonymes.
- La distribution : semer quelqu’un / semer quelque chose.
- La dérivation : la dérivation est un indice de différence de classe et de sens.
Les dérivés appartiennent à des champs sémantiques différents : Bouton ;
étalonner.
- Le sens : délicat = fin, raffiné et par extension fragile et faible. Mais fraise =
fruit, outil de coupe…
Champ dérivationnel / champ sémantique
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 « La notion de champ dérivationnel repose sur la constatation que
la même séquence phonique se distingue, dans diverses
significations, par une série différente de dérivés. Par exemple,
s’abstenir 1 déterminera une série abstention, abstentionniste,
pendant que s’abstenir 2 déterminera une série abstinence, abstinent.
» (J. Dubois, Dictionnaire de linguistique).

 « On appelle champ sémantique l’aire couverte, dans le domaine de


la signification, par un mot ou un groupe de mots de la langue. »
(Ibid.).
 Champ sémantique : « ensemble des unités lexicales dénotant un ensemble
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de concepts inclus dans un concept étiquette qui définit le champ » (G.
Mounin, Dictionnaire de la linguistique, p. 65).

 Champ lexical : on va « du concept ou de la signification aux différents


synonymes utilisés pour désigner ce concept. » on traite « des mots qui ont
une signification similaire, c’est-à-dire des relations de synonymie, comme
par exemple celle qui existe entre riche et opulent. [et on regroupe] les mots
qui ont des significations contraires et qui présentent dès lors une relation
d’antonymie, comme celle qui oppose riche à pauvre […], les mots qui sont
reliés sémantiquement comme richesse, fortune, pauvreté, etc. ; [qui]
constituent un champ lexical. » (Delbecque, ibid).
Champ lexical étymologique /morphosémantique
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 Le champ associatif est « l’ensemble des mots utilisés pour renvoyer à
une même notion et réunissant des parties du discours différentes, comme
autour du champ de l’amour, aimer, passion, intensité, ardeur, désir,
désire, amant, maîtresse, aimable, adorer, adorable, adoration, etc. le
champ associatif est plus large que le champ sémantique. C’est lui que
l’on retrouve en particulier dans les textes littéraires, sous la forme de
réseaux de mots. » J. Gardes-Tamine, (2005), p. 165). Il englobe tous les
mots qui concernent une notion donnée. Nous donnons comme exemple le
thème de la réussite : gloire, vedette, réussir, briller, percer, célèbre,
victoire, succès, star, etc.
 « Champ dérivationnel : ensemble de termes formés par dérivation sur un même
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radical, loge, loger, déloger, reloger, logis, logement, logeable, etc. » (Ibid.). Les
mots formant un champ dérivationnel sont constitués par l’adjonction de préfixes et
de suffixes à un même radical lexical : coiffer, coiffeur, coiffeuse, coiffure,
décoiffer, etc.

 « Champ sémantique : Association à une notion d’un ensemble de termes (champ


lexical). Il s’agit d’un ensemble clos et structuré de termes appartenant à la même
partie du discours. » (ibid.) Autrement dit, un ensemble de termes lexicaux (= un
champ lexical) est associé à une notion particulière (= champ notionnel). Ainsi, le
champ sémantique des sentiments = champ notionnel sentiments auquel on associe
le champ lexical constitué des mots comme : amour, indignation, haine, adoration,
admiration, mépris, pitié, etc.

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