Paul FUSTIER - L'interstitiel Et La Fabrique de L'équipe
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Paul Fustier
2012/2 n° 14 | pages 85 à 96
ISSN 1951-9532
ISBN 9782749234465
DOI 10.3917/nrp.014.0085
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-de-
psychosociologie-2012-2-page-85.htm
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Paul Fustier
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L’essentiel de notre pratique clinique concerne les équipes institu-
tionnelles ; elle s’appuie sur de nombreuses interventions portant sur
des hôpitaux (le plus souvent psychiatriques ou pédopsychiatriques), sur
des institutions du travail social (par exemple les CHRS) et de l’éducation
spécialisée. C’est sur ce corpus que nous avons bâti nos hypothèses
concernant les interstices. 1
On sait qu’il existe, dans la vie d’une équipe institutionnelle, des espace-
temps ambigus, désignés comme interstitiels et qui font souvent l’objet
d’un fort investissement de la part des membres d’une équipe alors que,
pour l’observateur, ils seront fréquemment considérés soit comme étant
sans importance et donc négligés, soit comme du temps volé au travail. Il
s’agit de moments de rencontre des membres d’une équipe institutionnelle
dans des lieux banalisés comme le couloir, la cour de récréation, le vestiaire,
la cafétéria, la remise, le hall d’entrée. Une mention spéciale devrait être
accordée au bureau de la secrétaire ; c’est en effet dans ce bureau que
les professionnels viendront fréquemment déposer des mouvements d’hu-
meur, des réclamations, des regrets, comptant sur la discrétion silencieuse
de la secrétaire tout en espérant qu’elle pourra et saura en communiquer
quelque chose à la direction et cela sans trahir de secret ; une secrétaire
devrait toujours savoir ce que « taire les secrets » veut dire.
Ces interstices ne sont donc pas des lieux dans lesquels se réalise
directement la tâche primaire de l’institution, encore que les bureaux
où travaillent des professionnels puissent, à certains moments, devenir
interstitiels lorsque des échanges qui s’y réalisent concernent le travail
mais pas seulement le travail.
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doxe soit accepté, toléré, et qu’on admette qu’il ne soit pas résolu. On
peut résoudre le paradoxe, mais le prix à payer est la perte de la valeur
du paradoxe » (Winnicott, 1971, p. 4) 1.
Dans ce travail, nous nous appuierons sur cette conception de l’es-
pace interstitiel selon laquelle les échanges qui s’y produisent relèvent
du domaine privé et du domaine professionnel, de la raison et du plaisir,
du labeur et de la récréation. L’important n’est pas « de trancher » entre
ces composantes, mais de parvenir à contenir, sans choisir, les éléments
antagoniques qui construisent le paradoxe. Faire disparaître un des deux
termes au profit de l’autre serait susceptible d’entraîner, comme nous le
montrerons plus avant, une situation de crise dans l’institution.
DE LA BANALITÉ
LE TRAVAIL-NON TRAVAIL
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dernier comme les premières poussées adolescentes de l’aîné. Alors les
professionnels sont présents, mais comme s’ils étaient en récréation et se
laissaient aller à montrer de nouvelles facettes d’eux-mêmes. L’échange
indique que l’on peut vivre ensemble, au titre de personnes ayant des
préoccupations variées et pas seulement comme professionnels ayant à
réaliser une tâche programmée.
2. Souvent juxtaposées à des propos concernant la vie privée, des
considérations portant sur le travail seront objets d’échanges, mais d’une
manière peu technique : « l’ancien » pourra conseiller le « nouveau »
(« à ta place, moi je… »), des façons de faire seront confrontées, des
problèmes évoqués, des situations professionnelles racontées, des
mouvements émotionnels revécus. Des personnes se parlent alors et non
des « techniciens ». Dans le plaisir ou l’intérêt pris à échanger sur des
situations difficiles, et cela même dans la banalité, se construisent des
étayages réciproques et se renforce le sentiment de former une équipe.
Donnons un exemple qui permet de préciser comment peut se
présenter ce travail de l’interstice dans son rapport à la professionnalité.
Une équipe de pédopsychiatrie effectue avec moi un travail de clinique
institutionnelle. Le CMP occupe un appartement dans un immeuble HLM.
À un moment donné, le psychologue du service se trouve quelque peu
malmené par l’équipe des soignants qui critique assez vertement le
« groupe d’analyse des pratiques » qu’il anime toutes les semaines, à
côté, dans la salle de réunion. En revanche, les soignants disent que leur
L’AFFECT ET L’INTERSTICE
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frustrations. On ne sait pas, dans ce qui est relaté, quelle est la part du
réel et quelle est la part de l’imaginaire, et c’est ce qui donne au récit
un statut de légende. Dans cette perspective, l’interstice pourrait être
compris comme un espace-temps pendant lequel un groupe de personnes
s’attache à convoquer pour le revivre cet heureux temps des origines,
dans la reprise existentielle d’un moment fondateur.
Cette expérience (qui renforce l’Idée du Moi dont nous parlons plus
haut) suppose l’activation de mécanismes archaïques. Revenons à Freud
(1930, p. 10) ; il parle d’un « Moi […] pour ainsi dire rétréci » pour quali-
fier le Moi, quand celui-ci parvient à se détacher du monde extérieur, à
quitter cet état de « narcissisme illimité » dans lequel il se confond avec
ce qui l’entoure. Nous proposons l’idée selon laquelle l’interstice est
un espace-temps qui fait vivre à ceux qui y participent une expérience
évoquant une fusion primitive, comme si se trouvait alors convoquée la
trace, pour partie effacée, d’un « Moi primitif » que je propose d’appeler
Moi communautaire (par opposition au Moi rétréci), dans lequel je suis
et Moi et les autres que je côtoie. Des expériences se vivent alors, dans
lesquelles on pourrait trouver trace de l’illusion groupale (Anzieu, 1975,
p. 110-113, et 1985, p. 161-182).
L’espace interstitiel fonctionnerait donc comme un espace utopique
qui se sépare du reste de l’institution, comme si un morceau de l’heu-
reux temps des origines s’y trouvait fixé, et revécu hors temporalité. Des
professionnels qui vivent dans les compromis imposés par les situations
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exemple, si les anciens occupent une place particulière que leur octroie
leur connaissance du passé ; on voudra savoir si les professionnels
nouvellement arrivés (ou le nouveau directeur) ont accepté « l’héritage »
que l’histoire leur propose ou s’ils cherchent à s’en débarrasser.
dans le bureau de cette permanente pour échanger « comme ça, sur tout
ou rien ».
C’est alors au directeur de s’en plaindre dans une autre réunion ;
il soupçonne les collègues de cette éducatrice de venir la visiter pour
y boire un café et « se faire plaisir » et pas du tout pour échanger des
informations utiles au travail éducatif. Les éducateurs se défendront en
disant qu’il s’agit d’un travail de liaison nécessaire, mais ils le disent
assez maladroitement, opposant travail et plaisir, comme pour chasser
l’idée de plaisir et affirmer, en retour, qu’il s’agit bien et exclusivement
d’un travail (transmettre et recevoir des informations). Ainsi tentent-ils
de se faire reconnaître non coupables par le directeur, mais en utilisant
le même langage que celui-ci, c’est-à-dire en opposant plaisir et labeur,
comme si le plaisir naissait nécessairement d’une absence de travail.
En vérité, les éducateurs avaient aménagé un espace-temps intersti-
tiel : dans ces rencontres informelles, il y avait du travail et du non-travail,
de l’évocation du plaisir pris au travail, du plaisir pris à parler travail et du
plaisir pris à parler d’autre chose. Ces rencontres contenaient ensemble
des éléments antagoniques.
Au lieu de contenir la situation, le directeur la démutise et « tran-
che » en opposant explicitement travail à prise de café, plaisir à obliga-
tion, sans laisser de place à l’ambiguïté. Il s’agirait de clarifier à tout prix
les comportements de chacun. Cette intolérance à l’incertitude, si elle se
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généralisait, pourrait réduire la vie institutionnelle à n’être qu’une juxta-
position d’actes fonctionnels construisant leur rationalité par élimination
du plaisir d’être ensemble. On voit qu’il n’est plus possible de « faire
équipe » quand les interstices ne sont plus tolérés.
Pris au piège de ce qui devient un clivage, délégitimés et acculés à
devoir se défendre contre une accusation (ils ne travaillent pas alors qu’ils
sont de service), les éducateurs reprennent à leur compte l’opposition
proposée par le directeur et se placent sur son terrain, celui du travail et
de ses obligations, sacrifiant (dans le discours) leur droit au plaisir à leur
devoir professionnel. C’est le lien nécessaire entre plaisir et travail qui
pourrait disparaître. On voit que détruire l’interstice est une manière de
tenter de séparer le plaisir d’un travail devenu seulement triste obligation,
une façon de renforcer le clivage entre le bon (les congés) et le mauvais
(le travail). Le faire équipe disparaît quand disparaît le modeste plaisir
d’être ensemble.
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dans celui-ci s’étaient en quelque sorte approprié une espèce de cagibi,
dans lequel elles se changeaient, prenaient un café et discutaient entre
elles. Un nouveau directeur, trouvant cette pièce par trop inconfortable
et même un peu indigne, fait aménager une salle agréablement située,
avec une grande baie vitrée, un mobilier de qualité, des armoires de
rangement, une machine à café perfectionnée, des journaux. On dirait un
salon. Bizarrement, les femmes de service ne sont pas du tout d’accord
avec cette initiative et en font une sorte de casus belli. Ce don serait
empoisonné (Fustier, 2000, p. 43-52).
Que disent donc les femmes de service ? Cadeau trop beau pour
être honnête, on ne se sent pas à l’aise dans cette nouvelle pièce. Le
cagibi est présenté, à l’inverse, comme un lieu où l’on est bien parce que
chez soi. L’important est qu’on peut y bavarder à l’aise. On y parle de
sa famille, de ses préoccupations domestiques, de ses soucis et de ses
plaisirs.
Mais on y parle aussi du quotidien du service de pédopsychiatrie.
Dans leur cagibi, les femmes de service ont notamment l’habitude de
comparer la manière dont les soignants et éducateurs prennent soin des
enfants accueillis avec la façon dont elles élèvent, ou ont élevé, leurs
propres enfants. Cette conversation, qui entrelarde le privé et le profes-
sionnel, se fait confrontation et ne tourne pas à l’avantage des éduca-
teurs et soignants ; dans cette institution, disent les femmes de service,
il n’y aurait plus ni autorité, ni règles, ni discipline, les enfants seraient
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formant corps.
Le cagibi est dedans-dehors, comme un trouvé-crée transitionnel.
Dans la réalité, il est à l’intérieur de l’institution, mais les valeurs reven-
diquées à partir desquelles les femmes de service font équipe sont des
valeurs issues du monde extérieur, des traces de culture ouvrière. Les
mots qu’elles expriment ou marmonnent dans le cagibi sont du dehors
mis au dedans. Une acceptation par l’équipe soignante de l’importance
des valeurs populaires véhiculées par les femmes de service devrait enri-
chir la problématique soignante ; mais ce n’est pas ce que l’on observe.
Tout se passe, au contraire, comme s’il y avait deux équipes et qu’elles
étaient clivées, l’une étant délégitimée par l’autre. Une équipe vieillotte
et sans formation spécifique versus une équipe moderne et formée. La
première est dans l’obscurité, du côté du cagibi, la deuxième est dans la
clarté, du côté du nouveau local. Partant de l’opposition entre ces deux
espaces antagoniques, cagibi et nouveau local, un travail institutionnel
devrait s’intéresser à ce qu’ils représentent ou symbolisent ; il s’agit là
encore de contenir le paradoxe ou l’ambiguïté, c’est-à-dire de donner à
chaque élément une place par rapport à l’autre, sans que soit éliminé l’un
des deux termes, et particulièrement celui qui est attaqué, à savoir ce
que représente le cagibi.
On sait le faire en peinture : cela s’appelle le clair-obscur et il s’agit
d’un oxymore.
REPRISE CONCLUSIVE
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3. Cet affect qui « soude » les membres de l’équipe tient sa puis-
sance du fait qu’il entre en résonance avec la nostalgie d’un passé
légendaire et sollicite chez chacun les traces d’un Moi communautaire
(instance identitaire indifférenciée).
4. Un « corpus » qui se constitue alors à partir des contenus des
échanges va se trouver intériorisé par chacun ; il prendra une place
particulière en se substituant à une partie du Moi idéal 2 dont l’utopie de
l’heureux temps des origines est une figuration. Ainsi chaque individu
se crée-t-il un objet interne qui est le même que celui que ses collègues
vont se constituer. De ce point de vue, on dira que des individus forment
équipe quand ils sont devenus partiellement des semblables, semblables
parce qu’ils ont en commun le même objet interne, et partiellement parce
que l’objet ne concerne qu’une partie de leur Moi idéal (ce qui différencie
l’équipe de la secte formée d’individus « décérébrés » ayant renoncé à la
totalité de la sphère de l’Idéal au profit de l’objet-secte intériorisé). Cette
manière de « penser pareil », cette connivence dans les interventions, cet
objet commun intériorisé va fabriquer ce corpus que l’on désigne comme
culture d’équipe ou culture institutionnelle.
2. Nous faisons ici allusion au modèle pensé par Freud en 1921 concernant le
chef, mais aussi, ce qui intéresse surtout notre propos, l’idéologie. Toutefois, si
nous parlons de Moi idéal et non d’Idéal du Moi comme le fait Freud, c’est pour
indiquer que nous plaçons dans le préœdipien le processus que nous décrivons.
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parmi les premiers visés puisqu’ils ne sont, pour le manager, que du
temps perdu. Les pratiques des professionnels seront l’objet d’une sorte
de clarification ou de purification. Disparaît ce qui n’est pas essentiel, ce
qui ne va pas « droit au but ». Dans cette perspective, nous proposons
ailleurs (Fustier, 2000, p. 61-78) de distinguer deux formes de producti-
vité. À la productivité d’objets qui vise la tâche primaire de l’institution
nous opposons la productivité de liens qui se construit, entre autres, dans
les interstices qui ménagent ce temps perdu pour la productivité d’objets
qui est du temps gagné pour se sentir bien au travail et constituer, avec
d’autres, une équipe. Sans productivité de liens, il y a juxtaposition d’in-
dividus préoccupés exclusivement par la réalisation de la tâche qu’ils ont
à remplir, sans qu’il y ait place pour le tissu interstitiel nécessaire pour
faire équipe. Et donc, à terme, l’absence de productivité de liens nuira à
la productivité d’objets.
Ce que nous avons écrit dans cet article, à partir d’expériences
portant essentiellement sur des institutions psychiatriques et du travail
social, est-il applicable aux entreprises ? Peut-être, mais probablement
à la condition de pondérer différemment la place que prennent les espa-
ces interstitiels et la productivité de liens par rapport à la place occupée
par le travail lui-même et la productivité d’objets. Il nous semble alors
possible que les graves situations de crise que l’on peut actuellement
constater dans les entreprises et services publics puissent être partielle-
ment comprises comme l’effet d’une destruction de ces lieux ambigus
BIBLIOGRAPHIE
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(sous la direction de), L’institution et les institutions, Paris, Dunod,
p. 157-178.
WINNICOTT, D. W. 1971. Jeu et réalité, Paris, Gallimard, 1975.
RÉSUMÉ
Dans la vie en institution, il existe des espaces-temps paradoxaux qui sont des
lieux où s’entremêlent des échanges concernant les pratiques professionnelles
mais aussi la vie privée. Ces zones de « travail-non travail » nommés espaces
interstitiels sont des espace-temps qui ont affaire à la fabrique de l’équipe.
L’apparente banalité des paroles qui s’y échangent recouvre en vérité des affects
puissants ; c’est, en effet, dans les interstices, que les membres d’une institution
expérimentent le plaisir de vivre ensemble en se reconnaissant mutuellement
comme étant partiellement des semblables. Cette reconnaissance mutuelle dans
le « faire équipe » provient du partage d’une même utopie, celle qui s’exprime
dans la légende des origines de l’institution. Dans les interstices se produit un
travail groupal de la pensée concernant la place que les pratiques professionnelles
laissent au Désir.
MOTS-CLÉS
Ambiguïté, banalité, interstice (espace interstitiel), fondation, Moi communau-
taire, Moi idéal, paradoxe, utopie.
ABSTRACT
In the life of an institution there are spatiotemporal « moments » where profes-
sional and private matters become entangled… These « working-non working »
moments, or space interstitiels, contribute to the making of the team. The banal-
ity of the exchanges can scarcely conceal the powerful feelings which under-
lay the conversation. It is thanks to the interstitiels that the members of the
institution, by recognizing one another as similar, can feel the pleasure of living
together. This togetherness takes birth from the sharing of the same utopia,
the utopia which expresses itself in the legend of the origins of the institution.
Thanks to interstitiels, the group, by discovering that professional practice gives
way to pleasure, becomes deeply transformed.
KEYWORDS
Ambiguity, banality, interstitial, foundation, communal ego, ideal ego, paradox,
utopia.
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