SEQUENCE 

1 : Molière, Le Malade imaginaire, 1673 PARCOURS : « Spectacle et comédie »

Mme Fromholtz-Wachbar

EXPLICATION DE TEXTE LINEAIRE N° 1 :

Molière, Le Malade imaginaire, 1673, extrait de l’acte I, scène 5

Angélique au cœur de la dispute entre Toinette et

Le dialogue entre Toinette à gauche, Argan, au centre Argan. Photo de la mise en scène de Claude
et Angélique à droite. Photo de la mise en scène par Stratz pour la Comédie Française enregistrée en
Daniel Annotiau pour le théâtre des deux rives de
octobre 2021
Versailles, enregistrée au Théâtre des Arcades de Buc
le 9 mai 2015.

INTRODUCTION
Rappels de méthode : l’introduction doit comporter les éléments suivants :
- Une AMORCE pour CONTEXTUALISER le texte étudié : il faut choisir ce qui est le
plus en lien avec le texte
- Donner ensuite toutes les informations du paratexte : auteur, titre de l’œuvre, date
(si l’amorce ne l’a pas déjà établie) et un bref résumé de l’œuvre
- Situer l’extrait dans l’œuvre de façon précise : il s’agit de résumer tout ce qui pré-
cède pour dire ensuite le thème et la forme du texte ; ici, par exemple, il faudrait
dire que « dans la dernière partie de la longue scène 5 de l’acte I a lieu un dialogue
entre Toinette et Argan au cours duquel la servante s’oppose au projet du mariage
arrangé pour Angélique par son père »
- LECTURE EXPRESSIVE DU TEXTE à l’oral : pour ne pas l’oublier, notez sur votre
brouillon qu’il faut lire le texte
- Annoncer les MOUVEMENTS du texte en indiquant les lignes précises, en résu-
mant chaque mouvement, ce qui permet ensuite de dire la PROBLEMATIQUE
Remarques sur la forme : il faut parler ou écrire AU PRESENT ; à l’écrit, l’introduction doit
constituer un seul paragraphe
C’est à vous, entraînez-vous à rédiger l’introduction !
LECTURE EXPRESSIVE DU TEXTE
La lecture expressive se prépare, elle rend compte d’une bonne compréhension du texte.
 Pour le texte théâtral, il ne faut pas lire les didascalies ; attention au registre du texte, aux
interruptions du dialogue, si l’un des personnages coupe la parole à un autre, si les
répliques s’enchaînent rapidement.
Ici, il faudra faire ressortir le crescendo dans la dispute et toute l’ironie de Toinette ainsi que sa
forte opposition à Argan.
EXPLICATION LINEAIRE DU TEXTE
Présenter la structure du texte, les mouvements
préciser les différentes parties du texte et leur donner un titre (penser à préciser où commence et finit
chaque mouvement : n° de lignes/vers)
C’est à vous de vous entraîner !
 Problématiques possibles pour ce texte
- En quoi peut-on parler d’une scène comique ?
- En quoi cette scène comique montre-t-elle un renversement de pouvoir entre un maître et
sa servante ?
- Comment la scène de dispute à propos du mariage arrangé d’Angélique génère-t-elle du
comique ?

Fin de l’introduction
Début de l’analyse linéaire détaillée
I. L’argumentation persuasive de Toinette pour détourner Argan de son projet et
le refus obstiné d’Argan
TEXTE
PROCEDES ET INTERPRETATIONS,
TOINETTE – La tendresse
à vous de compléter l’analyse
paternelle vous perdra
a. La stratégie de Toinette
ARGAN – Elle ne me prendra
point.  Toinette essaye d’argumenter en faisant appel aux senti-

TOINETTE – Une petite larme ments d’Argan, elle a ainsi recours au lexique des sentiments

ou deux, des bras jetés « tendresse paternelle, tendrement, vous perdra, vous tou-

tendrement au cou, un « mon cher ». Cette stratégie argumentative qui fait appel aux senti-

petit papa mignon », prononcé ments relève de la persuasion.

tendrement sera assez pour

 caricature du père
vous toucher.
 redoublement ironique de l’adverbe « oui, oui »
ARGAN – Tout cela ne fera
rien.  familiarité lorsqu’elle dit « je vous connais » ou « bagatelles »

TOINETTE – Oui, oui.  flatter Argan en le complimentant « vous êtes bon naturelle-

ARGAN – Je vous dis que je ment ».

n'en démordrai point.

a. Le refus obstiné d’Argan
TOINETTE – Bagatelles.
 l’omniprésence des négations dans les répliques d’Argan : la
ARGAN – Il ne faut point dire négation totale « ne…point » revient à plusieurs reprises
« bagatelles ».
 Argan emploie le futur
TOINETTE – Mon Dieu ! Je
 Argan perd patience, comme le prouve la reprise du verbe
vous connais, vous êtes bon
dire dans sa réplique « je vous dis que »
naturellement.
 ordre déguisé derrière le conseil « il ne faut point dire baga-
telles ». Il cherche ainsi à affirmer son statut de maître.
Conclusion partielle : faites la synthèse des idées du mouvement en montrant le lien du
titre du mouvement avec la problématique ; annoncez ce qui suit  c’est à vous de jouer !
I. Colère d’Argan face à la résistance insolente et irrespectueuse de Toinette au
projet de mariage : Toinette prend le pouvoir sur Argan
ARGAN, avec emportement –
a. Colère grandissante d’Argan
Je ne suis point bon et je suis
méchant quand je veux.  La didascalie « avec emportement » montre qu’il s’agit d’une
TOINETTE – Doucement, nouvelle étape dans le texte. On peut parler d’étapes du texte
Monsieur vous ne songez pas plutôt que de mouvements. On peut aussi dire « dans le pre-
que vous êtes malade. mier temps de la scène ; dans le deuxième temps, etc... » Ar-
gan perd patience
ARGAN – Je lui commande
absolument de se préparer à  Pléonasme + lexique « je ne suis point bon et je suis mé-
prendre le mari que je dis. chant »  réponse que pourrait faire un enfant.

TOINETTE – Et moi, je lui  L’adverbe « doucement » + la négation « vous ne songez

défends absolument d'en faire pas »  ironie de Toinette  « souvenez-vous que vous êtes
rien. malade » 

 verbe « commander » + l’adverbe « absolument » + proposi-

tion subordonnée relative « que je dis » qui complète le nom
« mari »  Argan affirme ici très fortement son autorité de
pater familias – père de famille,

 reprise de l’adverbe « absolument » + verbe « défendre » 

parallélisme de construction
ARGAN – Où est-ce donc
que nous sommes ? Et quelle a. Explosion de colère
audace est-ce là à une
coquine de servante de parler  deux questions rhétoriques
de la sorte devant son
 insulte envers Toinette
maître ?
TOINETTE – Quand un  servante / maître : lexique  rappeler à Toinette sa
maître ne songe pas à ce qu'il
place
fait, une servante bien sensée
est en droit de le redresser.  subordonnée circonstancielle de temps « quand un
maître ne songe pas à ce qu’il fait » + « en droit de » =
argumentation de Toinette

 « un maître ne songe pas » = insensé, fou ; antithèse

avec « bien sensée »
  « redresser » : Toinette outrepasse ses droits

Conclusion partielle : faites la synthèse des idées du mouvement en montrant le lien du

titre du mouvement avec la problématique ; annoncez ce qui suit  c’est à vous de jouer !

I. La colère d’Argan éclate : la course-poursuite farcesque confirme que la

servante a pris le pouvoir et domine son maître.
ARGAN court après Toinette.
a. Course-poursuite et bastonnade farcesques
– Ah ! Insolente, il faut que je
t'assomme. Nouvelle étape dans le dialogue avec une mise en mouvement des
personnages comme le prouvent les didascalies de mouvements.
TOINETTE se sauve de lui –
Argan laisse éclater sa colère
Il est de mon devoir de
m'opposer aux choses qui
 « il faut que je t’assomme, que je t’apprenne à par-
vous peuvent déshonorer.
ler » : verbes  violence physique
ARGAN, en colère, court
 les insultes + gradation « insolente, chienne, pen-
après elle autour de sa
darde, carogne » : violence totale.
chaise, son bâton à la main. –
Viens, viens, que je
 La course-poursuite entre Argan et Toinette appartient
t'apprenne à parler.
au genre de la farce, tout comme la bastonnade : nom-
TOINETTE, courant, et se breux jeux de scène avec les meubles comme le
sauvant du côté de la chaise prouvent les didascalies « autour de sa chaise, du côté
où n'est pas Argan. – Je de la chaise où n’est pas Argan ». Si vous avez besoin de
m'intéresse, comme je dois, à revoir la définition de la farce, voici un lien vers le cours des Bons
ne vous point laisser faire de profs : https://www.youtube.com/watch?v=s6UbNlXXZJ0
folie.
 argument moral « il est de mon devoir… », « comme je
ARGAN – Chienne ! dois » : Toinette continue à argumenter + répétition de

TOINETTE – Non, je ne phrases négatives et emploi du futur  opposition au

consentirai jamais à ce projet de mariage arrangé très marquée.

mariage.
 stichomythies = rythme rapide  comique de langage.
ARGAN – Pendarde !
 victoire de Toinette  adverbe « plutôt », Toinette sou-
TOINETTE – Je ne veux point ligne la préférence d’Angélique pour elle et démontre
qu'elle épouse votre Thomas qu’elle possède plus d’autorité qu’Argan  renverse-
Diafoirus.
ARGAN – Carogne !
ment du pouvoir dans cette scène
TOINETTE – Et elle m’obéira
b. La défaite d’Argan
plutôt qu’à vous.
 Argan demande de l’aide à Angélique à l’aide d’une
ARGAN – Angélique, tu ne
veux pas m'arrêter cette
phrase interrogative formulée de façon familière puis-

coquine-là ? qu’il n’y a pas d’inversion du sujet et du verbe mais

aussi de façon atténuée avec la négation  aveu
ANGELIQUE – Eh ! Mon
d’échec et d’impuissance d’Argan,
père, ne vous faites point
malade.  Remise en question de l’autorité paternelle devant sa
propre fille
ARGAN – Si tu ne me
l'arrêtes, je te donnerai ma
 Sollicitude sincère d’Angélique qui reprend le thème
malédiction.
principal de la pièce, celui de la maladie d’Argan
TOINETTE – Et moi, je la
 Parallélisme de construction dans les répliques
déshériterai si elle vous
obéit.
d’Argan et de Toinette : deux structures hypothé-
tiques avec « si » et l’emploi du conditionnel, mais Ar-
ARGAN se jette dans sa
gan en appelle à des forces supérieures avec le terme
chaise, étant las de courir
« malédiction » alors que c’est Toinette qui avance la
après elle. – Ah ! je n'en puis
menace la plus importante « déshériter » : ce verbe
plus. Voilà pour me faire
devrait être prononcé par Argan, il appartient au
mourir.
lexique du maître  preuve de l’inversion complète
des rôle et de la prise de pouvoir par Toinette

 Argan finit par s’effondrer dans sa chaise de façon co-

mique dans ses mouvements comme dans ses paroles
« se jette » et l’exagération « voilà pour me faire mou-
rir »  mort symbolique du père dans cette scène

Conclusion partielle : faites la synthèse des idées du mouvement en montrant le lien du

titre du mouvement avec la problématique   c’est à vous de jouer !

CONCLUSION
Rappels de méthode la conclusion doit comporter les éléments suivants :

- Synthèse de ce qui a été démontré dans les différents mouvements

- Réponse définitive à la problématique
 - Ouverture : comparaison à un autre texte de l’œuvre ou du parcours ou à une autre
œuvre artistique ; vous pensez simplement parler de ce qui se passe dans la suite
de la pièce.
Remarques sur la forme : il faut parler ou écrire AU PRESENT ; à l’écrit, la conclusion doit
constituer un seul paragraphe
C’est à vous, entraînez-vous à rédiger la conclusion !

PROLONGEMENT : Entraînement à l’exercice écrit du commentaire

Ci-dessous, proposez pour ce texte un plan de commentaire composé (et non linéaire) en deux
ou trois parties avec des sous-parties (deux parties et deux sous-parties au minimum)