Cirad
Cirad
Cirad
Centre
de coopération
internationale
en recherche
agronomique
pour le
développement
Le World Food Model (WFM) : les prospectives alimentaires de la FAO pour l’horizon 2010 ...... 4
Le modèle alimentaire et démographique de l’IFPRI (IMPACT) : des visions pour 2020............ 14
Les limites biophysiques à la production alimentaire mondiale en 2040 ..................................... 16
D’autres approches complémentaires et contradictoires ............................................................. 18
Annexe ......................................................................................................................................... 47
Liste des encadres, figures et tableaux :...................................................................................... 50
Bibliographie................................................................................................................................. 51
Dans les prochaines décennies, pourrons-nous produire l’alimentation nécessaire à une
population mondiale extrêmement nombreuse ? Si les ressources de la planète semblent théoriquement
suffisantes pour alimenter la population actuelle, la gestion de ces ressources ne permet pas
aujourd’hui de satisfaire ces besoins partout dans le monde. Chacun reconnaît aujourd’hui que
l’insécurité alimentaire tient davantage aux dysfonctionnements des systèmes de production et de
répartition des produits alimentaires. Les inégalités et les inefficacités d’utilisation des facteurs de
production sont le plus souvent la cause des pénuries alimentaires de certaines populations, mais aussi
des risques d’épuisement et de dégradation des ressources. Si ces déséquilibres persistent sur une
planète peuplée de 11 milliards d’habitants en 2100, ils entraîneront l’épuisement et la dégradation de
certaines ressources locales, régionales ou globales. Il est donc indispensable d’identifier et de
quantifier les consommations d’inputs et l’usage des ressources nécessaires actuellement à la
production, à la distribution et à la consommation de nos alimentations. La connaissance du
fonctionnement physique de nos systèmes alimentaires permettrait ensuite d’évaluer leurs
conséquences et leurs risques pour notre environnement humain, économique et naturel. L’objectif
final de telles recherches est de préconiser des solutions durables et efficaces pour satisfaire les
besoins alimentaires.
Au Nord comme au Sud, certains systèmes de production agricole et alimentaire surexploitent
et polluent les ressources en sol et en eau, et menacent dès maintenant leur propre pérennité. La
production alimentaire représente aussi une part importante des activités humaines qui dégradent
l’atmosphère et le climat en produisant des gaz à effet de serre (GES) . En premier lieu, l’agriculture
produit des GES : CO2 par respiration des sols et des plantes, méthane par l’élevage et les rizières,
combustion d’énergies fossiles et de biomasse liée aux divers travaux agricoles. Mais l’agriculture
peut contrebalancer ces émissions grâce à la fixation et au stockage plus ou moins long du carbone par
les plantes et dans les sols. Mais ce sont surtout les activités en aval ou en amont de l’agriculture qui
consomment des énergies fossiles ou issues de la biomasse. Ces consommations doivent être gérées
rationnellement :
− d’une part pour assurer l’alimentation des populations locales et le développement harmonieux des
systèmes agroalimentaires (SAA), qui entraîneront à leur tour un développement socio-économique
équitable et à un équilibre entre villes et campagnes ;
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.2
− d’autre part pour participer à l’effort mondial de limitation des émissions de GES. Si l’on favorise
des modes de production et de répartition des aliments qui soient moins intensives, plus efficaces,
économiquement et socialement acceptables, alors les consommations d’énergie pourront augmenter
raisonnablement dans les pays en développement (PED), voir même diminuer dans les pays
développés (PD).
liée à la satisfaction des besoins alimentaires et de son évolution à travers le monde. Ce sera l’occasion
de rassembler des chercheurs de l’INRA, du CIRAD, du CNRS et du CIRED pour débattre des
champs disciplinaires, des termes d’analyse et de la méthodologie, mais aussi d’évaluer l’effort de
recherche à mobiliser.
Notre étude présentera d’abord quelques modèles prévisionnels et prospectifs de la demande
alimentaire mondiale, qui est un des déterminants de la demande énergétique du SAA. Nous
distinguerons les futurs enjeux de l’alimentation, les spécificités régionales, les méthodologies de ces
travaux, et les améliorations souhaitables. Ce bilan devra orienter les futurs choix méthodologiques et
les objectifs d’un futur modèle d’analyse et de prospective de la demande énergétique pour
l’alimentation. Pour relier structurellement cette demande alimentaire à une consommation
énergétique, il sera nécessaire d’établir une typologie énergétique des systèmes de production, de
transformation, de consommation en fonction des produits, des régions et des groupes sociaux. Pour
penser cette méthodologie, nous présenterons les concepts généraux de l’économie agroalimentaire et
les cas spécifiques de certaines régions ou groupes sociaux, afin de retracer les continuités, les
différenciations et les transformations des SAA en fonction des facteurs socio-économiques. Nous en
envisagerons les répercussions énergétiques de ses facteurs d’évolution et tenterons de les évaluer en
respectant, autant que possible, la cohérence entre les informations agrégées et désagrégées dont nous
disposons.
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.4
CHAPITRE 1.
LES PROSPECTIVES AGRICOLES ET ALIMENTAIRES MONDIALES
Les enjeux traités par ce modèle sont ceux de la sécurité alimentaire mondiale, la disponibilité
des ressources naturelles pour répondre aux besoins alimentaires et la durabilité des modes de
production et d’exploitation de ces ressources. Afin de prévoir la situation mondiale face à ces trois
enjeux, l’étude évalue les variables de disponibilités alimentaires par habitant, la nutrition, l’évolution
des excédents ou des déficits alimentaires dans les différentes régions et les moyens de les compenser,
les progrès futurs des rendements agricoles, le taux d’exploitation des ressources naturelles par
l’agriculture, etc. Ces projections des variables ne sont pas des extrapolations, c’est-à-dire qu’elles ne
font pas que reproduire les tendances du passé. D’autre part, les auteurs adoptent une attitude
positiviste, c’est-à-dire qu’ils essaient de prévoir l’évolution probable des variables ci-dessus et non
pas de déterminer les valeurs pour lesquelles ces variables assureraient la disparition des pénuries
alimentaires en 2010. Ces projections font donc appel à des expertises à partir d’informations locales
et globales. Il s’agit d’évaluer l’ampleur probable des déséquilibres alimentaires en 2010 afin
d’engager les actions politiques appropriées. L’Erreur! Source du renvoi introuvable. donne
quelques détails techniques de la construction du modèle.
Avant de présenter les principaux résultats de WFM, nous rappellerons certains commentaires
et précautions des auteurs concernant la portée et les limites des analyses et des choix
méthodologiques. Notre étude projet sera confrontée à des contraintes et des alternatives semblables.
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.6
Un modèle mondial
Construire un modèle mondial représente une tâche énorme et offre une multitude de champs
possibles d’analyse. Le choix des thèmes abordés est donc notamment déterminé par des contraintes
matérielles : l’existence de données complètes et comparables au niveau mondial ; les capacités de
recherches mobilisables ; les délais relativement courts vu l’urgence des enjeux.
Les implications du choix de l’échelle mondiale :
• Les problèmes abordés sont ceux qui revêtent une ampleur mondiale, à savoir la persistance de la
sous-alimentation et de l’insécurité alimentaire, et la pénurie et la dégradation croissantes des
ressources naturelles, et les relations entre cette pénurie et les besoins (aliments et revenus) d’une
population croissante. Dans le WFM, le cas des PED a été plus précisément abordé que celui des
PD, pour lesquels les évolutions attendues seront certainement très lentes et où le problème de
l’épuisement des ressources n’aura pas la même acuité.
• L’étude étant focalisée sur le secteur agricole, les auteurs n’ont pas construit leurs propres
hypothèses sur le développement économique des différents pays mais ils ont utilisé les scénarios
issus d’autres travaux.
• Il faut éviter toute généralisation concernant les questions posées et les éléments de réponse. La
diversité des conditions écologiques et socio-économiques dans le monde aboutit à des
problématiques très variables et spécifiques à chaque région.
préférence pour l’analyse des PED, elle pourrait être moins marquée dans un modèle
alimentation / énergie. D’un côté le manque d’information sur les dépenses énergétiques des PED doit
être compensé par davantage de recherches, d’autant plus que ces régions constitueront un poids
considérable par leur population et par l’industrialisation de leurs systèmes agroalimentaires. Mais de
l’autre, les systèmes alimentaires des PD étant actuellement les plus coûteux en énergie, ils devront
fournir un effort important de diminution et de rationalisation de leurs consommations, sachant aussi
que les niveaux d’organisation, de réglementation et d’information des secteurs agroalimentaires des
PD sont le plus aptes à mettre en place des politiques énergétiques spécifiques.
L’horizon de prospective choisi s’étendra vraisemblablement à 30 ou 50 ans, afin de mieux
distinguer les effets durables de scénarios alternatifs concernant la production et la consommation
alimentaires, la démographie, les politiques agricoles et alimentaires et afin d’évaluer les
conséquences environnementales de ces scénarios.
Vu ces choix d’échelles et vu le manque d’information complète et fiable, notre analyse devra
certainement construire et utiliser des estimations qualitatives, rechercher des ordres de grandeur
cohérents de variables. Il s’agira de construire des scénarios prospectifs hypothétiques plutôt que de
prétendre prévoir les évolutions probables.
tubercules, légumes secs, sucre, huiles végétales, viande et lait) en prenant l’année 1970 comme base
de référence (Figure 1, Figure 2 et Figure 3).
2 1 0
2 0 1 0
1 9 0
1 7 0
1 9 9 0
1 5 0
1 3 0
1 1 0
1 9 7 0
9 0
7 0
C é r é a le s T o u te s R a c in e s e t L é g u m e s S u c re H u ile s V ia n d e L a it
c é r é a le s tu b e r c u le s s e c s v é g é ta le s
Figure 2 : Disponibilités alimentaires dans les PED – Evolutions 1970/1990, prospectives 2010 - FAO
2 5 0
B a s e 1 0 0 : 1 9 7 0 2 0 1 0
2 3 0
2 1 0
1 9 0
1 9 9 0
1 7 0
1 5 0
1 3 0
1 1 0
1 9 7 0
9 0
7 0
C é r é a le s T o u te s R a c in e s e t L é g u m e s S u c re H u ile s V ia n d e L a it
c é r é a le s tu b e r c u le s s e c s v é g é ta le s
Figure 3: Disponibilités alimentaires dans les PD– Evolutions 1970/1990, prospectives 2010 - FAO
2 5 0
B a s e 1 0 0 : 1 9 7 0
2 3 0
2 1 0
1 9 0
2 0 1 0
1 7 0
1 5 0
1 9 9 0
1 3 0
1 1 0
1 9 7 0
9 0
7 0
C é r é a le s T o u te s R a c in e s e t L é g u m e s S u c re H u ile s V ia n d e L a it
c é r é a le s tu b e r c u le s s e c s v é g é ta le s
Les plus fortes croissances des disponibilités alimentaires concernent les produits animaux
(viande et lait), les oléagineux et le sucre et se situent surtout dans PED. Cette situation se répercute
sur les céréales destinées à l’alimentation animales (comprises dans « toutes céréales »). L’évolution
des PD est beaucoup moins marquée.
La figure suivante représente l’évolution de la valeur énergétique totale de la ration
alimentaire en kcal / pers / j (Figure 4). Les disponibilités alimentaires totales augmentent de
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.9
2 500 kcal / jour / personne en 1995 à 2 700 kcal / j / pers en 2010, avec des différences régionales : le
Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Asie de l’Est, l’Amérique Latine et les Caraïbes dépasseront les
3 000 kcal / j / pers tandis que l’Afrique Subsaharienne stagne et que l’Asie du Sud progresse.
Figure 4 : Valeur énergétique de la ration alimentaire – Evolutions 1970/1990, prospectives 2010 - FAO
4 ,0
1 0 0 0 k c a l/j/p e r s
3 ,5
2 01 0
3 ,0
1 99 0
2 ,5
1 97 0
2 ,0
1 ,5
1 ,0
0 ,5
0 ,0
M o nd e 9 3 P E D A friq u e M o ye n A s ie E A s ie S A m . P ays E u ro p e A u tre s
e n t ie r S ub s O r. & L a t in e & D ev E & C E I p ays
A fr. N . C a r. d ev.
Figure 5 : Utilisation des céréales et oléoprotéagineux pour l’alimentation animale dans les PED - FAO
B ase1 00 : 19 70 2 01 0
8 00
6 00
1 99 0
4 00
1 98 0
2 00
1 97 0
0
9 3 P E D -C e r A fr. S u b - A fr. N & A s ie E - C e r A s ie S - C e r A m . L a t. & 9 3 P E D -
C er M o y. O - C er C a r. -C e r O lé a
Afrique Subsaharienne :
- La production par habitant décroîtrait mais moins que pendant la période 1980/90
- La croissance de la demande par habitant est presque nulle
- Les importations et l’aide alimentaire maintiendraient le niveau globale des disponibilités
alimentaires, qui resterait faible
- Les disponibilités alimentaires par habitant se redresseraient pour les céréales, légèrement pour les
légumes secs, les huiles, la viande et fléchiraient pour les racines et tubercules et le lait
Moyen-Orient et Afrique du Nord :
- La croissance de la production par habitant serait inchangée, inférieure à la croissance de la
demande, mais dans de plus faibles proportions
- Les disponibilités alimentaires par habitant se stabiliseraient pour les céréales, augmenteraient
pour les légumes secs (peu) et significativement pour le sucre, les huiles et fortement pour les
viandes et le lait
Asie de l’Est :
- La croissance de la demande alimentaire en céréales et en viandes est très élevée, ce qui devrait
se traduire par des importations et une forte réponse de l’offre locale
- Pour les autres produits, les croissances de la production et de la demande sont équivalentes
- Les disponibilités alimentaires se réduisent pour les racines et les tubercules, s’accroissent pour les
céréales, les huiles et le sucre et augmentent fortement pour les viandes et le lait
Asie du Sud :
- La croissance de la production par habitant serait plus élevée mais insuffisante vu la croissance de
la demande, ce qui accroîtrait les importations
- La croissance des disponibilités reste faible pour tous les produits
Amérique Latine et Caraïbes :
- L’alimentation en céréales et en protéagineux pour les animaux est équivalente à l’alimentation
humaine
- L’accroissement de la production devrait suivre en partie celui de la demande et entraîner une
hausse modérée des importations de céréales
- La croissance des disponibilités est moyenne
L’Ex-Europe de l’Est et l’Ex-URSS :
- La demande par habitant décroît plus vite que la production par habitant mais cette tendance n’est
pas stable
- Les disponibilités alimentaires par habitant se stabiliseraient pour tous les produits
- On s’attend à une baisse des importations de céréales bien que la consommation de viande
(volailles) puisse s’accroître
Les autres pays développés :
- La croissance de la production par habitant reste supérieure à la croissance de la demande
- Les disponibilités alimentaires continueraient à augmenter (le sucre, les huiles végétales et les
viandes augmenteraient ; les céréales pour l’alimentation humaine et les racines et tubercules
diminueraient)
- Ces pays pourront répondre à l’accroissement de la demande de céréales par un accroissement de
la production. Seuls les pays de l’UE ne sont pas en mesure d’accroître significativement leurs
exportations.
Les céréales :
- Dans les PVD, entre 1960 et 2010 la consommation a augmenté plus que la production, portant les
importations de 4,5 % à 10 % de la consommation et diminuant l’autosuffisance (de 98 % à 90 %).
Mais les situations des continents sont très contrastées.
- La demande en céréales augmente en raison des besoins pour l’alimentation animale, qui
représenteraient 22 % de la consommation totale en 2010 (doublés en 20 ans) et entraîneraient
une hausse des importations. Cette demande pour l’alimentation animale dynamise globalement la
productivité du secteur mais peut provoquer des concurrences locales avec l’alimentation des
populations pauvres.
L’élevage :
- Dans les PED, la croissance de la production et de la consommation de viande est moins élevée
que par le passé. La croissance annuelle de la production augmente pour les bovins et
ovins/caprins, tandis qu’elle diminue pour le porc et les volailles.
- Le ralentissement de la consommation de lait devrait être important dans toutes les régions : la
baisse des subventions entraînerait une hausse des prix et une baisse des importations, tandis que
l’Asie de l’Est, dont la demande à l’importation alimentaire s’accroît, consomme peu de lait.
Les céréales fourragères
- Leur utilisation a fortement augmenté dans les PED depuis 1970, et les PED à revenu moyen en
sont durablement les plus gros importateurs.
- Les protéagineux, consommés par un petit nombre de PED, continueraient à croître plus
rapidement que la production animale.
Les racines, tubercules, plantains
- Ces aliments sont surtout consommés dans les économies domestiques des pays de l’Afrique
Subsaharienne, où ils sont peu transportés, et mal connus dans les statistiques. Leur part dans la
ration diminue par rapport aux céréales
- Ces plantes servent aussi pour l’alimentation du bétail, en fonction du rapport de compétitivité avec
les céréales sur le marché.
Les légumes secs
- En baisse depuis 1960, les PED consomment en moyenne 7,5 kg / an / personne aujourd’hui. Ces
produits sont surtout consommés par les plus pauvres et devraient se stabiliser en 2010.
Les oléagineux
- Avec une croissance de la production de 4 % par an ces 20 dernières années, ils concernent une
grandes variétés de plantes. Certains productions progressent et se substituent à d’autres, en
régression.
- La progression de la consommation par tête en PED devrait ralentir. La production de soja devrait
doubler de 1990 à 2010.
Le sucre
- Les PED en consomme globalement deux fois moins que les PD, exception faite de quelques PED
fortement consommateurs. Le marché se situe entre les PED, les pays de l’OCDE étant protégés.
- La consommation des PED augmenterait de 1 kg pour les 10 ans, pour atteindre 20 kg / an / pers
en 2010. La croissance de la production devrait fléchir (saturation de la demande des PD, fin du
programme éthanol Brésilien).
Le commerce international
Parmi les prévisions du modèle WFM sur le commerce agricole international, nous pourrions
retenir d’une part les variations des importations en volume mais aussi en proportion de la
consommation alimentaire régionale. Ceci afin de distinguer les facteurs de changements structurels
des disponibilités alimentaires (préférences des consommateurs pour les produits importés, aptitude de
l’agriculture locale à répondre à l’évolution de le demande, subventions à l’exportation) et les facteurs
démographiques. Cette information sur les échanges permettrait d’évaluer un indice de coût
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.12
énergétique des transports internationaux, qui participe au coût énergétique de la calorie alimentaire
servie.
La FAO porte les analyses suivantes sur les évolutions des échanges mondiaux :
− Les politiques nationales et internationales plus libérales augmenteront la variabilité des prix. Les
prévisions des évolutions durables du commerce alimentaire seront d’autant plus incertaines ;
− Les PED continuent à importer des denrées alimentaires qui ont sur leur marché des élasticités
revenu élevées et à exporter des produits agricoles, alimentaires ou non, vers des marchés saturés à
faible élasticité revenu et prix ;
− On ne peut pas garantir que l’accroissement espéré des revenus, consécutif aux politiques de
libéralisation, stimulera à son tour les marchés ;
− La réduction des subventions aux exportations des PD pourrait accroître les prix mondiaux et
freiner les importations des PED ;
− Les PED pourraient se transformer prochainement d’exportateurs nets en importateurs nets de
produits agricoles si la valeur des exportations et des importations de chaque produit évolue dans les
mêmes proportions que les volumes prévus.
La figure suivante montre l’évolution du solde net des PED pour les produits les plus
significatifs, entre 1990 et 2010 (Figure 6).
Figure 6 : Evolution probable du solde commercial net de quelques produits pour les PED - FAO
V ia n d e , œ u fs , p r o d . la itie r s
C é r é a le s
M a n io c , a u tr e s ra c in e s
1 99 0
F r u its
2 01 0
S u c re
b a is s e
O lé a g in e u x , h u ile s
v é g ., to u rte a u x
C a fé , c a c a o , th é
M illia r d s $ U S
-3 0 -2 5 -2 0 -1 5 -1 0 -5 0 5 10 15
Un indice des coûts des transports devra bien sûr exclure les produits agricoles non strictement
alimentaires, mais il devra inclure les échanges « intermédiaires » au court de la filière de
transformation des produits agricoles bruts et de commercialisation au consommateur final. Ces
transports concernent :
− les échanges entre les industries et / ou les artisanats agroalimentaires, quand les étapes de
transformations des produits sont séparées géographiquement ;
− les transports des aliments finis le long du réseau de distribution, du lieu de fabrication à des lieux
de stockages successifs et enfin de vente au détail.
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.13
Encadré 5 : Evolution des sols et des techniques agricoles dans les PED selon la FAO
Ce modèle, orienté vers l’évaluation offre, de la demande et des marchés agricoles peut nous
être utile surtout :
− par ses hypothèses de scénarios, qui donnent un ordre de grandeur des incertitudes d’évolution des
grandes variables globales à cet horizon ;
− par ses estimations de la sensibilité des variables endogènes.
Ces résultats pourraient être réintroduits comme variables exogènes d’un modèle prospectif
alimentation / énergie.
! Objectifs
Le modèle de l’Université Agricole de Wageningen explore les capacités biophysiques des
grandes régions mondiales à alimenter leurs populations en 2040 [PENNING DE VRIES, 1995]. Les
auteurs cherchent à montrer qu’un tel objectif de satisfaction des besoins alimentaires est réalisable
durablement compte tenu des ressources techniques et naturelles actuellement disponibles et connues.
Les obstacles socio-économiques à la réalisation de ces performances techniques et les éventuels sauts
technologiques ne sont pas pris en compte. Cette étude cherche donc à démentir l’idée que nous
atteignons les limites de charge démographique mondiale.
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.17
! Méthodologie
A partir de la description biophysique de la planète divisée en 15 régions, le modèle calcule
les potentialités de production agricole régionales. Les régions sont divisées en unités de territoires
appartenant à des zones climatiques et des bassins versants. Leur modèle calcule les capacités de
production agricole de ces unités en fonction de deux systèmes de culture : 1) un système « éco-
technologiques » intensif en inputs par hectare ; 2) un système « orienté environnement » à faible
densité d’input, plus durable mais plus exigeant en surfaces. Cette production agricole est représentée
dans le modèle par trois produits : le blé (céréale tempérée) ; le riz (céréale tropicale) ; les pâturages.
Ces trois produits étant définis par leur production biologique de base, un coefficient de récolte et de
post-récolte ; leurs rendements sont simulés en tenant compte des caractéristiques biophysiques des
unités géographiques. La demande alimentaire est calculée en fonction des scénarios de croissance
démographique fournis par l’ONU et en posant trois régimes alimentaires alternatifs définis par leur
niveau calorique et l’importance relative des protéines animales et végétales.
! Quelques résultats
Les trois régimes alimentaires alternatifs nous permettent d’évaluer le coût d’un supplément
de calories animales, en terme de production agricole supplémentaire. Le modèle évalue aussi le coût
en surface agricole supplémentaire, dans le cas d’un système « orienté environnement ».
Les résultats sont présentés sous forme de ratios entre le potentiel de l’offre et celui de la
demande alimentaires régionales. Les régions peuvent être classées dans trois groupes : les zones à
risque (ratio ≤ 2) ; les zones largement excédentaires (ratio > 10) et les zones intermédiaires. Le
Tableau 1 résume ces résultats pour les scénarios régionaux les plus probables de régime alimentaire,
de croissance démographique et de système de production agricole :
mondiaux suivants (Pakistan, Egypte, Iran, Indonésie, Bangladesh, Ethiopie, Nigeria, Mexique, Brésil)
respectivement de 106 Mt ; et le troisième tiers du déficit étant réparti dans le reste du monde.
CHAPITRE 2.
LES SYSTEMES AGROALIMENTAIRES ET LEURS CONSOMMATIONS D’ENERGIE
ni des pertes aux stades de transformation, de stockage et de transport des produits alimentaires. Cette
composition de la ration alimentaire constitue un premier paramètre des niveaux de consommation
d’énergie.
La différenciation des rations alimentaires conduit à définir quelques grands modèles
agronutritionnels régionaux, décrits dans l’Encadré 8.
- Le modèle céréalier (Bangladesh), où les céréales dominantes sont parfois complétées par des
légumineuses pour leurs protéines ;
- Le modèle racines et tubercules (Rwanda) complété par des protéines végétales ;
- Le modèle colombien de type céréalier combiné avec des légumineuses et du sucre.
Les modèles traditionnels mixtes :
Ils comportent de fortes disponibilités relatives en céréales ou/et racines et tubercules et en certains
produits animaux. La ration alimentaire quotidienne est modérée : entre 2 400 et
3 000 kcal / pers / jour. On distingue trois groupes :
- Le modèle pastoral, avec une forte proportion de lait et produits laitiers (Somalie) ;
- Le modèle japonais, où le poisson accompagne les céréales comme en Asie du Sud Est (Japon) et
dans certains pays d’Afrique équatoriale et tropicale ;
- Le modèle uruguayen est typique des grandes zones d’élevage extensif d’Amérique Latine
(Argentine) ou d’Asie (Mongolie) où il y a abondance de viande et de céréales ;
leurs activités et leurs revenus, la stabilité de cette unité dans le temps et l’espace. On peut d’abord
définir deux types de MCA à l’opposé l’un de l’autre :
- Les sociétés domestiques à économie de subsistance : toutes les opérations de la chaîne
agroalimentaire se font au sein même de l’unité de consommation, à savoir la production, la
transformation, la conservation, et la préparation culinaire. Le pouvoir de consommer est ici
directement lié à l’accès aux facteurs de production (terre, travail, capital). Il s’agit donc de
sociétés rurales.
- Les sociétés industrielles à économie marchande : les activités domestiques sont le plus possible
transférées aux agriculteurs, à l’industrie agroalimentaire, à la restauration. La quasi-totalité des
biens transite par le marché. Le pouvoir de consommer dépend alors essentiellement du pouvoir
d’achat. Cette société se caractérise aujourd’hui par l’urbanisation, la tertiarisation des activités, la
réduction de la pénibilité du travail, l’activité des femmes, la généralisation de la journée continue.
On peut ainsi tenter de définir une typologie des MCA de transition dans les PED en fonction
de la localisation (ville ou campagnes), du pouvoir d’achat (société commercialisée) ou du pouvoir de
production agricole (pour l’autoconsommation) et de la persistance de liens (non commerciaux) entre
urbains et ruraux [MALASSIS, 1986] :
m a r g in a lis é
R u ral d e s u b s is ta n c e
c o m m e r c ia lis é
MCA p r iv ilé g ié
m a r g in a lis é
U r b a in in te r m é d ia ir e
p r iv ilé g ié
Le modèle urbain privilégié ne se généralise pas dans les PED en raison de l’inégalité du
développement économique et social, et de l’existence d’une domesticité abondante et bon marché qui
fait perdurer les traditions alimentaires.
Le modèle agro-industriel
La société de consommation de masse est un modèle marchand qui caractérise le type de
développement occidental. Elle peut aussi être qualifiée de modèle de consommation agro-industriel
(MAI), car au fur et à mesure de ce développement, la masse alimentaire marchande bénéficie surtout
à l’industrie et aux services incorporés dans les produits.
Le MAI est un modèle à haut profil énergétique en raison de la forte proportion de calories
animales, de la sophistication des produits agro-industriels, des pertes et gaspillages sur la chaîne
alimentaire et dans l’assiette du consommateur. La consommation finale apparente est de l’ordre de
3 500 kcal, dont 30 à 40 % de calories animales, soit l’équivalent d’environ 10 000 kcal végétales
initiales. Si nous tenons compte de la sophistication, des gaspillages et des pertes, il faut 8 à 10
calories biologiques par calorie finale dans la bouche du consommateur. Le MAI est donc un gros
consommateur de ressources biologiques. D’autre part, on observe une substitution de calories chères
(viandes, fruits, légumes) aux calories bon marché (céréales, légumes sec, tubercules). L’ensemble de
ces transformations est résumé par les « lois » statistiques internationales de la structure des
disponibilités alimentaires de LACEPEDE et LENGELLE (1953) : « Lorsque le niveau énergétique de
la ration s’élève, la quantité de calories apportées par les céréales, racines et tubercules croît, passe par
un maximum aux environs de 2 500 kcal finales, puis diminue, l’apport des légumes secs décroît, celui
de la viande, du lait et des corps gras augmente ».
Le MAI offre des « produits services » et des « produits servis », c’est-à-dire des denrées
nutritionnelles intégrant des quantités croissantes d’activités secondaires et tertiaires, facilitant les
opérations de la chaîne alimentaire qui subsistent encore dans les ménages (aliments services) ou se
substituant totalement à elles (aliments servis). Le travail domestique impayé est transformé en coût
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.24
additionnel de l’aliment par une valeur ajoutée industrielle supplémentaire. La proportion d’aliments
agro-industriels est croissante par rapport aux aliments agricoles : en France elle parvient à environ
80 %, elle est de 90 % aux Etats-Unis. Ces produits agro-industriels sont stabilisés, homogènes,
emballés, différenciés, marqués, ils simplifient les tâches culinaires et rendent possibles les prises
alimentaires individuelles. Ce modèle se caractérise par l’appel croissant à l’aliment servi, et donc au
secteur de la restauration. Aujourd’hui, plus de 40 % des dépenses alimentaires du consommateur
américain vont à la restauration, 1/3 pour le canadien. En Europe, la progression est plus lente, mais
cette part atteint déjà 15 à 20 % de budget alimentation.
Le MAI s’internationalise par l’intégration et le transfert de produits et de recettes du monde
entier. Cette internationalisation résulte de la croissance des échanges alimentaires, de la création de
marchés régionaux (UE), du rôle croissant des transnationales agroalimentaires, de la mobilité des
populations. Il résulte de toutes ces caractéristiques que le MAI a un coût social élevé (profil
énergétique élevé, incorporation de services, substitution de travail payé au travail domestique).
Quant aux quantités d’aliments consommées dans les économies urbaines développées, elles
croissent avec le revenu jusqu’à arriver à un niveau de saturation en terme de calories finales végétales
et animales. Quand le revenu augmente, la dépense alimentaire augmente en valeur absolue mais
diminue en valeur relative, jusqu’à atteindre une élasticité nulle.
Il en résulte que la fonction d’alimentation est pour toutes les sociétés, même industrialisées,
une des activités qui consomment le plus d’énergie, d’avantage que les autres secteurs industriels. Si
l’on prend en compte toutes les étapes de la production à la consommation de l’aliment, elles
consommeraient selon les régions autour de 30 % de l’énergie fossile totale [HEILIG, 1993]. La plus
grande partie de cette consommation (90 %) est d’ailleurs consacrée aux opérations qui succèdent à la
production agricole. Les paragraphes suivants détailleront la structure des consommations d’énergie et
leurs évolutions parallèlement à l’ensemble du modèle de consommation agroalimentaire.
Les statistiques (Tableau 2) montrent qu’en 1960 et 1990, alors qu’on observe une
augmentation modeste des surfaces cultivées et irriguées à travers le monde, les consommations de
fertilisants azotées sont multipliées par plus de 2 dans les pays en développés et par 14 dans les pays
en développement. L’agrochimie a ainsi permis des gains considérables de productivité en
affranchissant l’agriculture des contraintes naturelles de la qualité des sols ou des risques
phytosanitaires. Elle est aussi devenue une des principales consommations d’énergie pour la
production agricole, représentant entre 1/3 et 90 % de l’ensemble des consommations directes et
indirectes d’énergies, quoique ces évaluations soient difficiles dans le secteur agricole [HEILIG, 1993].
Les estimations de l’énergie consommée pour les fertilisants sont variables en fonction de l’évolution
des procédés industriels et des types de fertilisants. Certains ont estimé que la production d’une unité
de fertilisant nécessite 12 600 kcal pour l’azote, entre 1 500 kcal pour les phosphates, et 1 665 kcal
pour le potassium [cité par HEILIG, 1993]. Mais il ne faut pas exagérer l’importance de la consommation
d’énergie pour la production des fertilisants. Les fertilisants azotés produits à partir de gaz naturel, qui
représentent 70 % de la production mondiale de fertilisants azotés chimiques, ne participent que pour
1 % à la consommation d’énergie mondiale. Même dans les pays en développement, où l’agriculture
tient une place prépondérante, la consommation d’énergie pour la production de fertilisants ne
représente que 2,7 % des consommations totales. La totalité des consommations énergétiques pour
l’agriculture ne représente que 4 % des consommations énergétiques globales, environ 1 % pour les
fertilisants et 2 à 3 % pour la mécanisation, l’irrigation, les transports, etc. Notons que ces
consommations modestes ont néanmoins permis d’énormes gains de productivité.
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.26
• Etats-Unis :
Aux Etats-Unis, une étude retrace l’évolution des quantités d’énergie consommées pour
produire du maïs entre 1945 et 1985 [PIMENTEL, 1990]. Le tableau suivant (Tableau 3) évalue
l’évolution de la valeur énergétique de l’input et de l’output. Puis on montre (Figure 7) la répartition
des consommations d’énergie entre des coûts directs liés à certains travaux agricoles (irrigation,
carburant, transport & électricité, séchage, travail humain) et indirects liés à la fabrication d’autres
inputs nécessaire à la production (semences, engrais, produits phytosanitaires, machines).
Globalement, entre 1945 et 1985, la consommation d’énergie est multipliée par 4 tandis que
l’équivalent énergétique de la production de maïs est multiplié par 3, ce qui correspond à une
diminution de l’efficacité énergétique, exprimée ici par le ratio énergétique output / input qui passe de
3,2 à 2,9. Dans le même temps, la structure de la consommation d’énergie est bouleversée, avec une
baisse de la part du fuel et des machines, une forte hausse de la part des fertilisants, de l’irrigation, des
produits phytosanitaires et du séchage. La part du travail humain, déjà faible en 1945 apparaît
négligeable en 1985, quoique que l’estimation énergétique du travail humain soit très discutable.
Figure 7 : Evolution des postes de consommations d’énergie pour la production de maïs aux Etats-Unis
100 2 2
% 5 Elec.& Transport 7
7
Séchage
80 11 22
Irrigation
4
60 Prod. Phyto. 5
Semences
57
40 Engrais 38
Carburant
20 Machines
12
16 Travail humain
1 10
0
1945 1985
Source : [PIMENTEL, 1990]
Les principales céréales alimentaires humaines que sont le blé et le riz ont des ratios
énergétiques faibles (respectivement 2,7 et 1,1), comparés à l’avoine, le soja et le maïs destinés à
l’alimentation animale dont les ratios se situent entre 5,1 et 3,5. On peut donc supposer que la future
hausse de la demande de riz en Asie exigera une modernisation de la production et une forte
consommation énergétique, vu la faible efficacité énergétique de ces systèmes.
Enfin, les auteurs comparent les Etats-Unis avec d’autres systèmes de production agricole à
travers le monde (Tableau 5). On voit que l’augmentation du rendement grâce à la mécanisation se fait
souvent au détriment de l’efficacité énergétique.
• France
En France, les évaluations énergétiques de l’agriculture portent un éclairage complémentaire
sur l’évolution de l’intensité énergétique des agricultures modernes [BONNY, 1993]. Les résultats
montrent que l’intensité énergétique (énergie requise pour produire une certaine quantité d’output) de
l’ensemble de l’agriculture française augmente d’abord (de 1959 à 1977) puis diminue à partir de
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.28
Tableau 6 : Evolution des coûts énergétiques de la production intensive de blé (en %) – Bassin Parisien
Inputs 1955/60 1980 1990
Semences 1 5 7
Fertilisant N 39 52 49
Fertilisant P 10 4 4
Fertilisant K 5 3 3
Phytosanitaires 1 4 6
Tracteur et moissonneuse 33 22 20
Inputs fixes (machines & bâtiments) 11 10 10
Coût énergétique total (MJ / ha) 17,2 23,2 22,8
Rendement ( t / ha ) 4,5 6,5 8,5
Intensité globale ( MJ / t ) 3,82 3,57 2,68
Figure 8 : Evolution des postes de consommation d’énergie du blé intensif en Bassin Parisien (MJ / ha)
4
MJ/t 0,42
0,35
3 Coûts fixes
1,27 0,80
Machines
0,15 0,27
0,04 0,09 Herbicides 0,54
2 0,18 0,15 0,15
0,38 Engrais K
0,08
Engrais P 0,12
1 1,85
Engrais N 1,32
1,49
Semences
0,04 0,17 0,20
0
1955/60 1980 1990
Source : BONNY, 1993.
On remarque encore qu’une économie d’énergie substantielle est réalisée sur le poste des
fertilisants azotés, ceci principalement grâce à la baisse d’intensité énergétique des industries d’engrais
permise par l’évolution des procédés de fabrication. Les autres facteurs de baisse de l’intensité
énergétique sont notamment l’amélioration des rendements par sélection variétale et les pratiques de
l’agriculteur visant à ajuster les apports d’inputs aux besoins des cultures. Ces résultats sont
contradictoires avec ceux de PIMENTEL sur le maïs, du fait que ce dernier ne prend pas en compte
l’évolution des consommations d’énergie indirectes pour la production industrielle de fertilisants
azotés. Quant aux différences entre l’évolution des cultures de blé et celle de l’intensité énergétique
globale de l’agriculture française, elles s’expliquent par le fait que la culture de blé en Bassin Parisien
correspond à un système dont la modernisation est plus avancée. Les résultats montrent que
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.29
l’évolution de ce système précède celle de l’ensemble de l’agriculture française et qu’on peut encore
anticiper une amélioration de l’intensité énergétique de cette dernière.
• Suisse
En utilisant une méthodologie similaire de comptabilisation des consommations d’énergie
directes et indirectes, un modèle prospectif de l’agriculture suisse [FISHER, 1999] prévoit d’ailleurs une
réduction significative des consommations énergétiques globales du secteur agricole, consécutive à la
mise en place d’une politique d’extensification, au progrès technique et au développement de
l'agriculture biologique. Ces facteurs de diminution de l’intensité énergétique contrebalancent certains
facteurs d’accroissement : le plus grand recours à l’importation d’aliments concentrés pour animaux
(lié à l’extensification suisse qui limite la production de céréales fourragères), le développement des
productions de volailles et de cultures sous serres (fortes consommatrices d’énergie). Les
consommations diminueraient de 6,5% entre 1998 et 2003, et rejoindrais ainsi les objectifs des accords
de Kyoto en permettant une diminution d’environ 8% des émissions de CO2 dans l’atmosphère.
% E n g r.& p h y to . M a c h in e s C o n s . to ta le 8 5 M te p
C o n s . to ta le 7 2 90
400 Ir r ig a tio n C r o is s . to t a le
80
350
70
300
60
250
50
200
40
150
30
100 20
50 10
0 0
A m e r. E u r. O P a c if. A u tre s A fr. A m e r. M oyen A u tre s A s ie E u r.E & M onde
N OCDE PD S ubs. L a t. O r. A s ie P .C . U rs s
L’évolution de la structure des coûts énergétiques des PD et des PED est comparée dans le
graphique suivant (Figure 10, voir aussi Tableau 14 et Tableau 15 en annexe).
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.30
P h y to 7 2 /7 3
8 5 /8 6
P a y s e n D é v e lo p p e m e n t
Ir r ig a t io n
M a c h in e s
E n g r a is
P a y s D é v e lo p p é s
Ir r ig a t io n
M a c h in e s
E n g r a is
On observe que, dans les PED, la part des consommations liées aux engrais est plus
importante que celles liées aux machines ; c’est l’inverse dans les PD. L’intensification de
l’agriculture des PED est donc liée à l’utilisation d’engrais plutôt qu’à la mécanisation, vu la main
d’œuvre agricole abondante. Dans les deux cas, la part du poste « machines » diminue et celle du poste
« engrais » augmente entre 72/73 et 85/86. Dans cette prospective, les auteurs considèrent que la
répartition entre les coûts directs (de fonctionnement) et les coûts indirects (de fabrication), pour les
postes « machines » et « irrigation » restent stables entre 1972/73 et 1985/86 et qu’elle diffère peu
entre les différentes régions du monde (voir Tableau 16, en annexe).
• La méthode « bottom-up » :
Certaines des études précédentes choisissent d’évaluer l’énergie consommée pour produire
une culture donnée dans une région donnée, en affectant des coûts énergétiques fixes et variables à
cette activité. Une des difficultés de cette méthode de définir l’itinéraire moyen pratiqué par les
agriculteurs de la région, c’est-à-dire d’évaluer l’utilisation moyenne de l’appareil de production et les
quantités moyennes d’inputs consommés pour cette activité. La diversité des exploitations,
l’interdépendance des activités au sein de chaque exploitation et l’interdépendance des exploitations
entre elles rendent difficile la reconstitution d’un itinéraire moyen pour un produit. Si cette méthode
« bottom-up » est envisageable pour des études de produits et de systèmes de production particuliers,
elle ne nous paraît pas réaliste pour une évaluation globale de l’agriculture, pour de grandes régions, ni
à l’intégration du reste de la filière alimentaire. Par conséquent, il sera difficile de prévoir l’évolution
de la consommation énergétique de l’agriculture en fonction de l’évolution de la nature des
productions et des hypothèses plus globales sur le développement agricole sont nécessaires. Il serait
cependant envisageable de distinguer les productions animales, dont on connaît globalement l’effet sur
l’accroissement de la production végétale initiale (Tableau 7) :
Les Etats-Unis
De nombreuses études [STOUT, 1980], menées aux Etats-Unis dans les années 70 et 80,
évaluent l’ensemble des consommations d’énergie liées à l’alimentation, en aval de la production
agricole. Les résultats de ces études sont représentés dans les figures suivantes. D’abord (Figure 11),
les différentes industries sont comparées en terme de part de la consommation d’énergie, de la valeur
ajoutée et de l’emploi du secteur industriel global (voir Tableau 17 en annexe).
Figure 11 : Part des principales industries dans la consommation d’énergie, la VA et l’emploi industriel
100
% 20
Autres
industries
80 8 Aliments et
apparentés
11 Papiers et 65
60 apparentés 76
9
Mineraies non
10 métalliques
40 Pétrole et
23 charbon 10 3
Chimie et 3 7 3
20 apparentés 3
4
19 Métaux 10 4 1
primaires 6 5
0
Consommation d'énergie Valeur Ajoutée Emploi
On peut caractériser chaque secteur par l’intensité énergétique du travail (nombre de tep
consommées par emploi) et l’intensité énergétique de la valeur ajoutée (nombre de tep consommées
pour une VA de 1 000 $) (Figure 12). Il apparaît ici que l’industrie agroalimentaire est relativement
faible consommatrice d’énergie par unité de valeur ajoutée. Cette position dépend de la part des
industries lourdes, fortement consommatrices d’énergie. Pour notre étude, ce type d’indicateurs
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.34
pourrait être calculé localement, quand l’information est disponible, puis être généralisé à d’autres
régions de développement similaire, afin d’estimer les consommations d’énergie.
T o u t e s in d . t e p / 1 0 0 0 $
A u tr e s in d .
A lim e n t s & a p .
P a p ie r s & a p .
M in . n o n m é t a l.
P é tr o le & c h a r b .
C h im ie & a p .
M é t a u x p r im .
T o u t e s in d .
A u tr e s in d .
A lim e n t s & a p .
P a p ie r s & a p .
M in . n o n m é t a l.
P é tr o le & c h a r b .
C h im ie & a p .
M é t a u x p r im . t e p / e m p lo i
0 5 0 1 0 0 1 5 0 2 0 0
Tableau 8 : Part des activités alimentaires dans les coûts énergétiques sectoriels - Etats-Unis
% cons. sect.
Industrie 13
Commerce 23
Ménages 18
Transport 18
Source : [STOUT, 1980]
Figure 13 : Part du système alimentaire dans la demande énergétique totale – Etats-Unis – 1976
Transport
Production agricole Industrie alimentaire
0,4%
2,9% 4,8% Vente en gros et en détail
1,3%
Préparation au foyer
4,3%
On vérifie que dans les modèles de consommation agro-industriels, les activités en aval de la
production agricole tiennent une place prépondérante, particulièrement les stades de la transformation
industrielle et de la préparation au foyer et hors foyer. Cependant, l’importance des transports semble
ici encore sous-estimée.
Une autre étude [cité dans STOUT, 1980], qui évaluent les consommations d’énergie pour fournir
3 000 kcal / pers / j aux Etats-Unis, aboutit à une répartition des coûts énergétiques dans le système
alimentaire (Figure 14, et Tableau 18 en annexe). L’énergie consommée pour la préparation des repas
hors foyer ne figure pas spécifiquement dans ces résultats.
150
Mtep Total
Autres
100 Pétrole
Gaz naturel
Electricité
50
0
71 72 74 75 76 77 85 90 2000
Source : [STOUT, 1986]
Le cas de la France :
Une étude française récente [CNRS / ECODEV, 1998] a entrepris de reconstituer les
consommations d’énergie par besoin dans une approche « top-down ». Cette méthode consiste d’abord
à décomposer autant que possible la consommation énergétique finale de la France par secteur et sous-
secteur de l’économie, puis de reconstruire un tableau des consommations par besoin fondamental
(alimentation, logement, habillement, santé, éducation, loisir et culture). Les consommations d’énergie
par secteur ou sous-secteur sont décomposées plus finement grâce à des données physiques, sociales et
économiques. Disposant d’une information désagrégée beaucoup plus complète pour la France, les
consommations indirectes d’énergie peuvent d’avantage être prises en compte. Les parts des
consommations directes et indirectes à chaque étape du système alimentaire sont représentées dans la
figure suivante (
Figure 16) :
Figure 16 :Consommation d’énergie dans le système alimentaire en France entre 1980 et 1990
50
Mtep
40 Ménages - CI 3,0
Ménages - CD 7,8
2,2
30
Services - CD 3,9
6,1
2,6 2,6
2,1 Transports - CI 4,3
20
3,0
Transports - CD 8,8
7,1
10 Agric.& IAA - CI
La structure de la consommation d’énergie reste à peu près stable entre 1980 et 1990. La faible
diminution de la part de la production agricole et alimentaire est compensée par une augmentation des
transports, des services et des ménages. Les plus fortes hausses de consommation (en croissance
propre) concernent les services (+ 50 %) puis les transports (+ 35 %), la consommation des ménages
(+ 30%) et enfin la production agricole et alimentaire (+ 20%). Par contre, les secteurs qui comptent le
plus dans la croissance globale sont
− la production (36 %), avec surtout les consommations directes et indirectes des IAA ;
− les ménages (28 %), avec une part importante de consommations liées au froid ;
− les transports (20 %), particulièrement de denrées alimentaires ;
− les services (15 %).
Le cas de l’Afrique :
Une étude de la FAO a tenté d’évaluer les consommations d’énergie de la production agricole
et alimentaire africaine, à partir d’une étude de dix pays représentatifs de la diversité des situations
africaines. L’étude des PED présente des difficultés supplémentaires :
− le manque de comptabilisation des énergies traditionnelles (biomasses) dans les statistiques
énergétiques,
− le manque d’informations sur les secteurs artisanaux et des ménages.
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.38
Des scénarios prospectifs ont été élaborés pour 2010, dans lesquels la croissance agricole et
alimentaire est variable. Les résultats, en terme de croissance des consommations énergétiques par
poste sont représentés ci-dessous (Figure 17) :
M énages -2 %
A u t r e s in d u s t r ie s 75%
119%
165%
IA A 221%
2%
T r a n s p o r t s a g r ic o le s 18%
49%
49%
A g r ic u lt u r e 81%
119%
Mais cette étude est difficilement exploitable pour notre objectif, qui consiste à évaluer
l’ensemble des énergies (non vivantes) consommées pour le besoin d’alimentation de la population
d’une région :
− d’une part, cette étude ne tient compte que des énergies commerciales, lesquelles ont une part
mineure dans la consommation énergétique de certains secteurs des PED ;
− d’autre part, cette étude comptabilise l’ensemble des énergies consommées par l’agriculture et les
industries avales, y compris par les cultures non alimentaires (tabac, caoutchouc…) et les cultures
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.39
d’exportation, lesquelles peuvent tenir une place prépondérante dans la consommation totale
d’énergie commerciale de cette région.
La variété des consommations en aval de la production agricole et le manque d’informations
directes sur leur ampleur posent de nombreuses questions méthodologiques d’évaluation et de
classification de ces coûts. En nous aidant des études précédentes, nous ferons quelques propositions
pour un modèle de prospective mondiale. Ceci nécessitera notamment :
− de choisir un découpage en régions relativement homogènes du point de vue du développement
économique et alimentaire,
− de définir une structure du coût énergétique de l’alimentation qui soit pertinente pour toutes les
régions du monde et pour la prospective,
− de faire des propositions méthodologiques et des poser des hypothèses pour combler le manque
d’informations.
• La régionalisation :
Dans une première approche, nous ne pourrons différencier qu’un nombre très limité de
régions du monde, construites sur des critères de développement économique et alimentaire. Ce
découpage grossier est imposé par le choix d’une analyse mondiale mais aussi par le manque de
précision sur les informations. A partir de statistiques du World Resource Institute et de la Banque
Mondiale, nous avons constitué 10 régions mondiales puis reconstruit leur consommation totale
d’énergie commerciale (Tableau 11) et la répartition de cette consommation par secteur (Figure 18).
28 25
33 38 36
45 45 44
54
68
39 30 12 33 54
20 39
7 34
2 26
1 6 3 9
18 24 4 2 5 3 4
33
26 26 15
14 15 14
13
13 11 3 3 5 3 3 2 3 5
AmN EurO aPD Trans. AmL-C AfN- AfSub AsS AsESE Chine
MO
Ces statistiques nous permettent de calculer les intensités énergétiques des grands secteurs
économiques de ces régions (tep consommées pour 1000$ US95 de valeur ajoutée crée dans ce
secteur, Figure 19). Les plus fortes intensités énergétiques concernent les PED, en raison de procédés
de fabrications moins économes en énergie, et de la forte part des secteurs primaires et secondaires
dans l’activité économique, tandis que les PD ont fortement augmenté la part des activités tertiaires
dans leur PIB (voir aussi Tableau 21 en annexe).
Figure 19 : Intensité énergétique de la valeur ajoutée des secteurs économiques (tep / 1000 $) – 1995
2 ,5
te p /1 0 0 0 $
2 ,0
S e r v ic e s A g r ic u ltu r e In d u s tr ie T o ta l
1 ,5
1 ,0
0 ,5
0 ,0
Am N E u rO aPD T ra n s . A m L -C A fN - A fS u b A sS A sE S E C h in e
M O
Soulignons que ces informations ne concernent que les énergies commerciales alors que les
consommations d’énergies traditionnelles, non commerciales, peuvent être prépondérantes dans
l’approvisionnement de l’agriculture et des ménages des pays en développement. On peut estimer par
exemple que les énergies traditionnelles de la biomasse, qui sont largement non commerciales,
comptent pour 20 à 50% de la consommation totale réelle des pays en développement.
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.41
• La méthode top-down
Dans le cas des pays développés, et principalement des pays de l’OCDE, une base de données
relativement complète et détaillée permet de reconstruire le coût énergétique de l’alimentation. Les
statistiques de l’Agence Internationale de l’Energie (IEA) fournissent par exemple, les consommations
énergétiques nationales :
− de l’agriculture,
− du commerce et des services,
− des ménages,
− de l’industrie de l’alimentation et du tabac
− des transports (notamment par voie aérienne, routes, voies ferrées et par navigation interne)
Quant ces données existent, il s’agit d’extraire la part de l’énergie destinée à des activités
alimentaires. Si on dispose au niveau national, pour un certain nombre de pays représentatifs, des
tableaux d’échanges interindustriels, des statistiques énergétiques plus détaillées, d’information sur la
nature et les quantités de marchandises transportées, sur les échanges de produits agricoles et
alimentaires brutes et transformés, sur l’équipement des ménages, sur les services de restauration,
alors on peut désagréger les consommations d’énergie par secteur dans une méthode « top-down », et
moyennant quelques hypothèses simplificatrices sur l’affectation des coûts énergétiques. Les
consommations d’énergies liées à l’alimentation peuvent être alors regroupées [CNRS / ECODEV, 1998].
Cette méthode est cependant fastidieuse et limitée à un certain nombre de pays. Les structures de coût
et les intensités énergétiques ainsi obtenues pourront être parfois généralisées à des régions ou des
pays dont le niveau de développement et la structure économique sont comparables.
transport. Ces transports intra-branches peuvent être désignés sous le terme de logistique [HEILIG,
1993].
L’affectation d’une partie de la consommation des ménages à l’alimentation peut donc faire
varier fortement les résultats du coût énergétique de l’alimentation des PED.
L’évaluation de la part des biomasses traditionnelles, qui sont pour la plupart non
commerciales et consacrées à des activités agricoles et alimentaires nous permet également d’estimer
leur poids dans le bilan énergétique de l’alimentation (Tableau 13) :
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.43
Tableau 13 : Part des bioénergies traditionnelles et modernes dans la consommation totale (%)
Biomasse Biomasse
traditionnelle moderne
Amérique du Nord 2 1
Europe de l’Ouest 1 1
Pays en transition 2 0
Autres pays développés 0 1
Amérique Latine & Car. 21 7
Afrique du Nord et Moyen Orient 6 0
Afrique Subsaharienne 49 2
Asie Est & Sud-Est & Pacifique 26 1
Asie du Sud 46 3
Source : à partir du WEC et de l’IIASA – 1990
Quel est le coût énergétique de notre alimentation ? p.44
sols etc. La réflexion à propos des consommations d’énergie dans le reste de la filière alimentaire est
aujourd’hui en plein développement, notamment sous la pression des politiques de taxation des
pollutions industrielles et de l’intérêt croissant des consommateurs pour des produits « propres » et
sains. Particulièrement en Europe du Nord (Hollande, Finlande, Suède, Allemagne), des bilans
environnementaux du « cycle de vie » des produits alimentaires permettent de comparer le coût
économique, social et environnemental de différents produits alimentaires voire même de filières
alimentaires nationales. Ces bilans prennent en compte d’autres facteurs de pollution ou de danger
sanitaire comme les emballage alimentaires, les divers traitements et additifs alimentaires, la chaîne du
froid et proposent des solutions techniques pour améliorer l’efficacité du système et minimiser ses
nocivités. On peut par exemple comparer le coût énergétique d’importation de certains légumes à celui
de leur production locale sous serre. De même, différents types de conservation par le froid des
produits frais (CFC, azote liquide) et la transformation en produits stabilisés (séchage, conserverie)
sont comparés du point de vue énergétique et sanitaire. Toute une ingénierie de l’environnement et de
la maîtrise de l’énergie retrouve ainsi un développement important, incité notamment par la fixation de
nombreuses normes environnementales de fabrication et de fonctionnement des équipements et des
produits. Ces travaux nous fournissent non seulement des informations techniques sur le
fonctionnement actuel des systèmes agroalimentaire mais aussi des propositions d’amélioration de
l’efficacité énergétique, de recyclage des déchets, de cogénération, de limitation des pertes,
d’utilisation des énergies renouvelables
Outre ces approches d’ingénieur, il faut évaluer les conséquences des évolutions de
l’alimentation sur le développement rural et économique global, sur la santé humaine. Ainsi les
possibilité de substitution entre les facteurs énergie, eau, terre, ressources biologiques et humaines au
sein de l’agriculture et des IAA sont soumises à des contraintes d’ordre économique, environnemental
et social. Par exemple, la substitution entre énergies traditionnelles et énergies commerciales a divers
effets : les énergies commerciales peuvent accroître la dépendance extérieure, les énergies de la
biomasse peuvent constituer un revenu complémentaire pour l’agriculture mais aussi se placer en
concurrence par rapport aux terres alimentaires. Dans le cas des IAA, le choix de tel ou tel type de
transformation alimentaire sur des critères énergétiques peut avoir des impacts sur la valeur
nutritionnelle des aliments et sur les risques sanitaires. En bout de chaîne, les possibilités
d’intervention sur les consommations d’énergie des ménages pour l’alimentation dépendent de
variables sociales (travail des femmes, taille des ménages, pouvoir d’achat).
Notre modèle prospectif devra donc évaluer et analyser la contribution de la filière alimentaire
à ces enjeux globaux - de l’agriculteur, éleveur ou pêcheur, jusqu’au consommateur. Même si une
information agrégée et homogène n’est pas encore directement disponible sur ce sujet, une prise de
conscience des acteurs de la filière commence à constituer des sources d’information. Dans le domaine
des industries agroalimentaire, un projet énergétique régional a été lancé au sein de l’Organisation des
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Nations Unis pour le Développement Industriel, donnant lieu a des propositions concrètes de maîtrise
de l’énergie. Les scientifiques et techniciens de l’environnement et de l’énergie ont ainsi construit des
bases d’informations locales et nationales, des méthodologies d’évaluation et de diagnostic des
filières, des procédés de rationalisation des coûts énergétiques et de réduction des pollutions diverses.
Notre objectif est d’exploiter ces différentes sources d’information, plus ou moins agrégée, puis
d’envisager et d’évaluer les multiples impacts des tendances alimentaires mondiales et des
propositions techniques et politiques de maîtrise des consommations d’énergie.
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Annexe
Tableau 14 : Prospectives mondiales sur les consommations agricoles d'énergie commerciale (%)
Machines Total agriculture
Engrais Irrigation Pesticides
agricoles (Mtep)
72/73 85/86 72/73 85/86 72/73 85/86 72/73 85/86 72/73 85/86
PD. 35,3 44,2 61,5 53,0 1,2 1,1 2,0 1,7 110 150
Amer. N 35,0 48,2 60,7 48,2 1,7 1,4 2,6 2,2 51 70
Eur. O 34,3 39,7 63,3 58,2 0,7 0,6 1,7 1,5 50 67
Pacif. OCDE 25,5 35,9 73,0 62,9 0,9 0,9 0,5 0,4 3 5
Autres PD 51,3 52,4 46,9 46,0 1,5 1,4 0,3 0,2 6 8
PED. 63,6 70,3 27,9 23,5 7,4 4,3 1,0 1,9 22 68
Afr. Subs. 54,0 56,8 42,6 37,4 1,7 1,6 1,7 4,2 2 5
Amer. Lat. 49,0 55,4 47,4 41,3 2,0 1,6 1,7 1,6 7 20
Moyen Or. 51,1 60,4 29,7 28,7 18,3 9,4 0,8 1,4 4 14
Autres Asie 83,5 87,4 7,8 6,6 8,2 4,1 0,4 1,9 9 29
PPC* 56,6 65,4 38,0 31,4 2,5 1,4 2,9 1,7 49 102
Asie PC 76,3 79,2 9,6 12,5 8,5 4,6 5,5 3,7 10 20
Eur.E & URSS 51,6 62,0 45,2 36,2 0,9 0,6 2,3 1,2 39 81
Monde 44,5 56,5 51,1 39,9 2,3 1,9 2,1 1,7 180 319
*PPC : Pays à Planification Centrale
Source : [STOUT, 1980]
Tableau 15 : Prospectives mondiales sur les consommations agricoles d'énergie commerciale (10e15 J)
Machines % du total
Engrais Irrigation Pesticides Total agriculture
agricoles mondial
72/73 85/86 72/73 85/86 72/73 85/86 72/73 85/86 72/73 85/86 72/73 85/86
PD. 1 635 2 800 2 851 3 355 57 67 93,6 107,4 4 637 6 329 61,0 47,0
Amer. N 750 1 429 1 299 1 427 36,6 42,0 55,3 64,5 2 141 2 963 28,1 22,0
Eur. O 724 1 130 1 337 1 656 15,5 18,4 36,8 41,4 2 113 2 846 27,8 21,1
Pacif. OCDE 35 69 100 121 1,3 1,7 0,7 0,7 137 192 1,8 1,4
Autres PD 126 172 115 151 3,6 4,6 0,8 0,8 245 328 3,2 2,4
PED. 586 2 003 257 670 68,6 122,1 9,3 53,4 921 2 849 12,1 21,1
Afr. Subs. 38 111 30 73 1,2 3,1 1,2 8,3 70 195 0,9 1,5
Amer. Lat. 153 468 148 349 6,1 13,7 5,3 13,8 312 845 4,1 6,3
Moyen Or. 86 351 50 167 30,8 54,7 1,4 8,3 168 581 2,2 4,3
Autres Asie 309 1 073 29 81 30,5 50,6 1,4 23,0 370 1 228 4,9 9,1
PPC* 1 160 2 808 778 1 349 50,5 61,3 59,8 73,7 2 048 4 292 26,9 31,9
Asie à PC 317 683 40 108 35,3 39,5 23,0 32,2 415 863 5,5 6,4
Eur.E & URSS 843 2 125 738 1 241 15,2 21,8 36,8 41,5 1 633 3 429 21,5 25,5
Monde 3 381 7 611 3 886 5 374 176,1 250,1 162,7 234,5 7 606 13 470 100,0 100,0
*PC : Pays à Planification Centrale
Source : [STOUT, 1980]
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Tableau 20 : Classement des IAA par intensité énergétique (tep / tonne de produit) – Etats-Unis
Spiritueux distillés 1,68
Plats surgelés 1,13
Fruits déshydratés 0,58
Sucre de canne brut 0,50
Vins et spiritueux 0,33
Café torréfié 0,28
Fruits de mer en conserve 0,28
Huile de soja 0,22
Fromages 0,22
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