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Ioana Vultur
Le Seuil | « Poétique »
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Ioana Vultur
La réception de la Recherche :
une question de genre ?
même lorsque les critiques sont conscients de ce qui est une des innovations de
l’œuvre proustienne, à savoir l’analyse psychologique, ils ont souvent tendance à la
ramener à la tradition. Ce n’est que peu à peu qu’ils prennent conscience du fait
que les traits les plus prégnants de l’œuvre – ceux qui relèvent d’une psychologie
de la subjectivité – sont liés à la difficulté qu’il y a à ramener le roman dans un
genre et exigent plutôt qu’on le situe dans le cadre d’une vision de l’art qui trans-
cende les genres : le modernisme.
Dans un deuxième temps, je montrerai que les catégories génériques n’ont
cependant pas fonctionné uniquement comme des classifications par rapport aux-
quelles la singularité de l’œuvre proustienne ne pouvait apparaître que comme un
écart, mais qu’elles ont eu aussi une fonction positive, heuristique. Si les lecteurs
s’interrogent sur le genre de l’œuvre, c’est précisément parce qu’il s’écarte du modèle
du roman classique et du roman psychologique, donc justement parce qu’ils ont une
conscience de la différence entre sa généricité intrinsèque et l’horizon générique
constitué.
Conçu comme norme de lecture, on peut dire que le genre est un ensemble de
normes, de règles de jeu qui renseignent le lecteur sur la façon dont il devra com-
prendre un texte donné supposé relever du genre en question2. Cette norme de
lecture constitue en fait un horizon d’attente, un cadre donné d’avance, qui per-
met aux lecteurs de situer l’œuvre nouvelle qu’ils rencontrent dans un cadre plus
ou moins familier, susceptible d’orienter la lecture. Or, en réalité, le roman prous-
tien a marqué un tournant dans la littérature narrative. Sa nouveauté, sa structure
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Une première réaction a été tout simplement d’accuser l’œuvre d’être mal com-
posée. Selon Jacques Rivière, Du côté de chez Swann est « encore beaucoup plus
mal composé qu’aucun des livres de Larbaud »3, et il ajoute qu’« on voit tout ce
que le procédé implique d’abandon et de renoncement aux vertus classiques de
composition dont nous autres Français sommes en général si fiers »4.
Dans le Candide du 26 mai 1927, Louis Bertrand note qu’« un autre charme qui
éblouit les snobs, c’est l’amorphisme invraisemblable de [l]a composition », et que
la phrase de Proust est « très souvent un laborieux et volontaire galimatias, qui vise
à donner l’illusion de la profondeur, de l’extrême subtilité, ou de l’extrême délica-
tesse »5.
Au-delà de ce constat purement négatif, les critiques ont surtout tenté de rame-
ner l’œuvre à un horizon d’attente familier. L’horizon d’attente prévalent lors de la
parution du premier volume a été le cadre réaliste, cadre dominant à l’époque dans
le champ de la littérature narrative : le roman balzacien fonctionnait comme un
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modèle quant à la forme (c’est un roman qui a à la base une action, une intrigue)
et quant au contenu (le roman est surtout compris comme « peinture de la
société », comme roman de mœurs). Le public était donc prédisposé à ce mode de
réception, et a, dans un premier moment, tenté de ramener la Recherche au roman
balzacien.
Et en effet, dans les textes critiques de l’époque, la Recherche est souvent compa-
rée à la Comédie humaine de Balzac et sera appelée à son tour une « comédie
humaine ». Léon Daudet souligne que l’œuvre de Proust, tout comme celle de Bal-
zac, possède l’universalité6, la seule différence qu’il aperçoit étant que « la trame
romanesque » est « d’un grain moins serré que chez Balzac, par la constante pré-
sence et intervention de la personnalité de l’auteur »7.
Pour Benjamin Crémieux, l’œuvre de Proust n’est pas « un tableau de la société »,
mais – comme l’œuvre balzacienne serait-on tenté d’ajouter – « un essai sur la
transformation de cette société », « une somme de la vie française, des façons de
penser et de sentir françaises entre 1870 et 1914, et plus particulièrement
entre 1890 et 1902 »8. Au roman comme tableau de la société, comme peinture de
mœurs est opposé ainsi un roman qui explore des modes d’être, de penser, un ima-
ginaire social.
Le roman de Proust est donc lu selon le modèle balzacien. Mais en même temps
on se rend bien compte qu’il ne se conforme pas réellement à ce modèle. Il est révé-
lateur que, même pour rendre compte des écarts du roman proustien par rapport au
roman balzacien, on en reste souvent à un cadre réaliste. Ainsi, ceux qui soulignent le
manque de composition du roman le rapprochent de la tradition du roman anglais.
Partant de l’idée reçue selon laquelle, par opposition au roman français qui est syn-
thétique et bien composé, le roman anglais se caractérise par un goût du détail, un
sens de l’analyse et de l’observation, on prétend retrouver ces traits chez Proust. Paul
Souday par exemple critique les longueurs, les surcharges du roman, le « récit
touffu»9, les «phrases enchevêtrées»10, le «style surchargé»11, qu’il compare à celui de
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Raphael Cor, dans un article des Nouvelles littéraires, intitulé « Marcel Proust et
la jeune littérature », fait lui aussi un rapprochement avec le roman anglais, notant
qu’« il est regrettable que, procédant à la manière anglaise, qui est si peu celle de
chez nous, il s’évertue à tout dire, à ne faire grâce d’aucun détail, comme s’il crai-
gnait de laisser fuir le trait essentiel, celui-là justement que retiendrait le grand
artiste »14.
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Je viens d’employer le mot de romancier, bien que l’œuvre de Proust puisse être
dite plutôt une évanescence et une dissolution qu’une progression et un enrichisse-
ment du roman47.
des points communs entre Proust et les cubistes52, entre Proust et Freud, car
« comme l’œuvre de Freud, celle de Proust ouvre une voie nouvelle, une direction
nouvelle à la psychologie romanesque et littéraire »53, par la découverte de l’in-
conscient. D’autres critiques comparent Proust à Bergson et à Einstein54. Son
œuvre est analysée ainsi dans le contexte plus large de l’époque et de ce qui fait sa
modernité.
René Rousseau appelle Proust un « artiste de l’inconscient » puisqu’« il s’attache,
non pas à la signification conventionnelle de nos actions, mais aux états d’âmes,
causes premières de ces actions »55, tout en soulignant, à la différence de Rivière,
que « l’art de Marcel Proust » est « un art non pas intellectuel, mais psychique »56,
qui se situe à la frontière du conscient et de l’inconscient, à la frontière de l’Art et
du Rêve.
A partir de 1923, les interprétations en termes modernistes, subjectivistes abon-
dent. Dans « Le roman et la peinture de la société », André Chaumeix souligne ainsi
que « c’est un changement considérable [du genre romanesque] que de tenir […]
pour essentielle la multitude des impressions à peine conscientes qui composent la
vie sensible », « de compter désormais pour valable et significatif, non pas ce que
nous pensons, mais ce que nous sentons »57. Paul Souday affirme que Proust est
« subjectiviste » et « purement impressionniste », et que, « comme les Goncourt, à
défaut du génie philosophique, il a d’autres dons »58. Pour Benjamin Crémieux,
« la grande, l’essentielle nouveauté qu’apporte Albertine disparue »59 c’est « que les
sentiments existent »60. Bien qu’il apprécie qu’« au terme de la psychologie subjec-
tive de Proust, on trouve une sorte de psychologie sociologique, d’universalisme
mental et sentimental »61, il souligne que chez Proust « les sentiments existent en
soi, mais d’une existence contradictoire et hétérogène toute différente de celle que
nous décrivait la psychologie classique »62. Contrairement à un roman psycho-
logique, le roman de Proust fait découvrir aux critiques qu’est en jeu le concept
même de personne, ce qui a entraîné un changement du statut du personnage
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Dans un article de 1923, René Boylesve avance ainsi l’idée que Proust « a donné
à son épopée l’aspect de mémoires afin d’éviter que l’on vînt le chicaner » sur le
manque de composition de son œuvre66. Ce qui donne cohésion à cette œuvre
c’est un principe interne de la subjectivité. A la composition classique est opposé
ainsi un autre type d’ordre, celui de la production spontanée de l’œuvre, ordre qui
est plus propre au genre de l’essai, Proust réussissant selon Boylesve à renouveler le
roman, en mélangeant deux genres, roman et essai, qui étaient séparés auparavant.
Selon André Gide ou Henri Ghéon, qui adoptent le point de vue du lecteur, son
livre « se lit page à page, à temps perdu, comme on lit les Essais »67.
Il ne faudrait cependant pas limiter le rôle des catégories génériques à cette seule
fonction de classification – battue en brèche dans le cas de Proust. Comme je l’ai
dit, le genre est aussi un outil heuristique, car il est une hypothèse sur le tout (sur
le sens d’ensemble du texte) qui est confronté aux parties, aux traits du texte ; il
sert à la découverte du sens et permet d’unifier l’interprétation68. Dans le cas
de Proust cet aspect heuristique est particulièrement important 1° du fait de la
complexité de l’œuvre et 2° du fait que les contemporains de Proust lisent les
volumes de la Recherche au fur et à mesure qu’ils paraissent, ils ne peuvent donc
pas avoir une vision d’ensemble de l’ouvrage avant la fin.
Jean Cocteau définit la Recherche comme «une miniature géante, pleine de mirages,
de figures, de jardins superposés, de jeux entre l’espace et le temps, de larges
touches fraîches à la Manet »89.
Jean de Pierrefeu parle d’un « univers recréé à neuf, source d’émotions jamais
éprouvées, dont la fraîcheur, la diversité des nuances, la mouvante féerie nous
transporte au pays des Mille et Une Nuits »90, alors qu’Henry Bidou juge que « la
variété et la richesse de la pensée qui emplit ses volumes est inépuisable comme
celle de la vie »91. L’art est devenu création car il a la capacité de métamorphoser le
monde, de recréer la vie, ce qui est suggéré par des termes comme « féerie », « pays
des Mille et Une Nuits », « mirages », mais en même temps il est comme la vie, une
vie plus intense, plus réelle, plus complexe.
Les critiques utilisent des termes très généraux pour définir la Recherche, termes
qui mettent en évidence sa complexité, et qui ou bien ne renvoient à aucun genre,
ou bien renvoient à un genre romanesque qui combine tous les genres, ou sous-
genres. Jean-Marie Schaeffer remarque d’ailleurs que dès qu’un texte nouveau
transforme le genre, on le considère comme agénérique, alors qu’en fait « les grands
textes se qualifient non pas par une absence de traits génériques, mais au contraire
par leur multiplicité extrême »92.
Lorsque Henri Ghéon note que le livre de Proust « n’est pas un roman, ni un
récit, ni même une confession »93 mais « une somme de faits et d’observations, de
sensations ou de sentiments, la plus complexe que notre âge nous ait livrée »94, il
situe la Recherche en dehors des cadres d’un genre précis. Ce qui est suggéré de
cette façon est que, loin de changer seulement les codes d’un genre, la Recherche
a marqué le début d’un changement plus profond de la sensibilité.
Avec tous ses défauts, il nous apporte un vrai trésor de documents sur l’hypersensi-
bilité moderne. On y trouve de la poésie – et de la plus belle, de la psychologie – et
de la plus neuve, de l’ironie – et de la plus originale, une peinture du « monde »,
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Enfin, l’œuvre proustienne ne transgresse pas seulement les frontières des genres,
elle est aussi vue comme déstabilisant en quelque sorte les frontières entre fiction
et non-fiction. Cette question est essentiellement problématisée à travers les dis-
cussions récurrentes concernant la question de savoir si l’œuvre proustienne relève
des Mémoires ou de l’autobiographie. Les premiers critiques de Proust ne lisent
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pas vraiment l’œuvre comme une autobiographie pure, même s’ils confondent
assez souvent l’homme et l’œuvre99.
Henri de Régnier rattache Marcel Proust à « l’autobiographie du Journal et de
la Vie de Henri Brulard, au psychologue et à l’observateur moraliste qui unit tou-
jours à la curiosité qu’il avait d’autrui le culte qu’il avait de soi-même »100. René
Rousseau juge que « cette acuité dans la sensation, cette soif de sentir, enfin ce don
de décomposer les mouvements les plus ténus du cœur » rapprochent l’art de
Proust de « l’art impressionnable et féminin de Jean-Jacques, le Jean-Jacques des
Confessions et des Rêveries »101, donc du genre autobiographique. Edmond Jaloux
considère que la composition de la Recherche « est spéciale à un type d’ouvrage
unique qui tient à la fois du roman des mœurs, de l’autobiographie et des
mémoires »102. La Recherche est située donc quelque part entre le roman et l’auto-
biographie.
Ce statut ambigu entre fictif et factuel est souligné par Louis Bertrand qui parle
de « roman à clé »103, parce que les personnages ont des modèles dans la réalité. Il
faut noter que si Bertrand rapporte l’œuvre à la réalité, cela est contredit par la
conception de Proust, qui écrit dans une lettre à J. de Lacretelle que son œuvre
n’est pas la copie d’un modèle de la réalité, mais une synthèse imaginaire d’un réel
qui se décompose en une multiplicité d’images :
Cher ami, il n’y a pas de clefs pour les personnages de ce livre ; ou bien il y en a
huit ou dix pour un seul ; de même pour l’église de Combray, ma mémoire m’a
prêté comme « modèles » (a fait poser) beaucoup d’églises. […] Je vous le répète, les
personnages sont entièrement inventés, et il n’y a aucune clef104.
Selon François Fosca, l’œuvre proustienne diffère des Mémoires dans la mesure
où elle ne reproduit pas textuellement la vie réelle de Proust et ne contient pas les
portraits authentiques des individus que Proust fréquenta ou rencontra ; par ailleurs,
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GENETTE, Gérard, et al. (1986), Théorie des genres, Paris, Ed. du Seuil, coll. « Points ».
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NOTES
1. Jean-Marie Schaeffer, « Du texte au genre », in Théorie des genres, Paris, Ed. du Seuil, coll. « Points », 1986, p. 199.
2. Wolf Dieter Stempel, « Aspects génériques de la réception », in Théorie des genres, op. cit., p. 170.
3. Jacques Rivière, « Extrait de “L’évolution du roman après le symbolisme” », 1918, Quelques progrès dans l’étude du
cœur humain, Cahiers Marcel Proust no 13, Paris, Gallimard, coll. « NRF », 1985, p. 38.
4. Ibid.
5. Louis Bertrand, « Marcel Proust », Candide, 26 mai 1927.
6. Voir Léon Daudet, « L’universalité et le roman », NRF, 23 novembre 1922.
7. Ibid.
8. Benjamin Crémieux, « La psychologie de Marcel Proust », Les Nouvelles littéraires, 15 octobre 1924, p. 854.
9. Paul Souday, « Les livres : Le Côté de Guermantes », Le Temps, 4 novembre 1920.
10. Ibid.
11. Ibid. ; voir aussi Jacques Rivière, « Extrait de “L’évolution du roman après le symbolisme” », loc. cit., p. 38 : « Le style
d’autre part est lourd et surchargé. »
12. Paul Souday, « Les livres : Du côté de chez Swann », Le Temps, 10 décembre 1913.
13. Ibid.
14. Raphael Cor, « Marcel Proust et la jeune littérature », Les Nouvelles littéraires, 15 mai 1926, p. 50.
15. Paul Souday, « Les livres : Du côté de chez Swann », loc. cit.
16. Henri de Régnier, « La Prisonnière », Le Figaro, 1er avril 1924.
17. Ibid.
18. Orion, « Sur Marcel Proust », L’Action française, 3 septembre 1925.
19. Lucien-Alphonse Daudet, « Du côté de chez Swann », Le Figaro, 27 novembre 1913.
20. Benjamin Crémieux, « La psychologie de Marcel Proust », loc. cit., p. 860.
21. Voir Jacques Rivière, « Le prix Goncourt », 1er janvier 1920, Quelques progrès dans l’étude du cœur humain, op. cit.,
p. 55. « […] il renouvelle toutes les méthodes du roman psychologique, il réorganise sur un nouveau plan cette étude du
cœur humain, où excella notre génie, mais que le Romantisme avait, même chez nous, affaiblie, relâchée, obscurcie. »
22. Jacques Rivière, « Le roman de Marcel Proust », 1919-1920, in ibid., p. 49.
23. Jacques Rivière, « Marcel Proust et la tradition classique », 1er février 1920, in ibid., p. 62.
24. Ibid.
25. Jacques Rivière, « Marcel Proust et la tradition française », in NRF, Hommage à Marcel Proust, 1871-1922, Paris,
Gallimard, coll. « NRF », 1923, p. 135-136.
26. Paul Souday, « Les livres : Sodome et Gomorrhe II », Le Temps, 12 mai 1922.
27. Voir René Rousseau, « Marcel Proust et l’esthétique de l’inconscient », Mercure de France, 15 janvier 1922, p. 362-
368.
28. Léon Daudet, « Un nouveau et puissant romancier », L’Action française, 12 décembre 1919. Voir aussi Léon Dau-
det, « A propos d’un nouveau livre de Marcel Proust », L’Action française, 8 octobre 1920 : « Œuvre singulière et cependant
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semble être cette étonnante, cette affreuse histoire, où l’amour, la vie et la mort finissent par se confondre après s’être
empruntés leurs prestiges au-delà des lois naturelles ; et où les affres du patient sont examinées avec la sagacité magique de
quelque savant qui tiendrait sous sa loupe le microbe amour. Surprenantes, effrayantes recherches d’un neurologue, sur
lui-même et sa propre neurasthénie et les extrêmes limites des vibrations de sa sensibilité, des effets de l’imagination et de
l’intuition combinés en poisons. »
41. Jean de Pierrefeu, « Quelques aspects de Proust », Les Nouvelles littéraires, 6 octobre 1928.
42. Edmond Jaloux, « Sur la psychologie de Marcel Proust », in Hommage à Marcel Proust, op. cit., p. 156.
43. Ibid., p. 157.
44. Alden W. Douglas, Marcel Proust and his French Critics, Los Angeles, Lymanhouse, 1940, p. 90.
45. Albert Thibaudet, « La Prisonnière », loc. cit., p. 179.
46. Ibid.
47. Ibid.
48. Voir Jacques Rivière, « Conclusions. Une nouvelle orientation de la psychologie », 31 janvier 1923, in Quelques
progrès dans l’étude du cœur humain, op. cit., p. 181 : « Le résultat est un évanouissement de l’être volontaire dans l’être
percevant et pensant. »
49. Henri Ghéon, « Quelques mots », in Hommage à Marcel Proust, op. cit., p. 235.
50. Benjamin Crémieux, « La psychologie de Marcel Proust », loc. cit., p. 857.
51. Ibid.
52. Jacques Rivière, «Conclusions. Une nouvelle orientation de la psychologie», loc. cit., p. 180: Le cubisme «[…] a donc
voulu peindre l’objet tel que le démembre la conscience affective ; il a peint l’objet dans la conscience, mais non plus seu-
lement tel qu’il s’y trouve au moment où il tombe (comme le peignait l’impressionnisme), il l’a peint tel qu’il devient
après y avoir séjourné, au moment où on se le rappelle, c’est-à-dire avec tous les prolongements, tous les vantaux, tous les
pavillons affectifs qui se sont greffés sur lui et ont dissocié sa forme. Oui, c’est bien quelque chose d’analogue que nous
trouvons chez Proust ; […] ».
53. Ibid., p. 182.
54. Voir, par exemple, Camille Vettard, « Proust et Einstein », NRF, juillet 1922.
55. René Rousseau, « Marcel Proust et l’esthétique de l’inconscient », loc. cit.
56. Ibid., p. 384.
57. André Chaumeix, « Le roman et la peinture de la société », La Revue des Deux Mondes, 1er avril 1928, p. 693.
58. Paul Souday, « Les livres : Albertine disparue », Le Temps, 28 janvier 1926.
59. Benjamin Crémieux, « Nouveauté d’Albertine disparue », NRF, 1er février 1926, p. 219.
60. Ibid.
61. Ibid.
62. Ibid.
63. Jean de Pierrefeu, « La leçon de Proust », Les Nouvelles littéraires, 21 septembre 1928.
64. Ibid.
65. Ibid.
66. René Boylesve, « Premières réflexions sur l’œuvre de Marcel Proust », in Hommage à Marcel Proust, op. cit., p. 111.
67. Henri Ghéon, « Du côté de chez Swann », NRF, 1er janvier 1914, p. 142.
68. Antoine Compagnon, « Onzième leçon : Genre et réception », Théorie de la littérature : la notion de genre, cours sur
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83. Voir, par exemple, L’Esthétique de Marcel Proust d’Emeric Fiser ou Etude sur Marcel Proust d’Edmond Kind, parus
en 1933.
84. Jacques-Emile Blanche, « III. Marcel Proust », Les Nouvelles littéraires, 21 juillet 1928.
85. Lucien-Alphonse Daudet, « Du côté de chez Swann », loc. cit.
86. Edmond Jaloux, « Le Temps retrouvé », Les Nouvelles littéraires, 3 décembre 1927.
87. Ibid.
88. Ibid.
89. Jean Cocteau, « Marcel Proust », Excelsior, 23 novembre 1913.
90. Jean de Pierrefeu, « La leçon de Proust », loc. cit.
91. Henry Bidou, « Le Temps retrouvé », Revue de Paris, 25 octobre 1927.
92. Jean-Marie Schaeffer, « Du texte au genre », in Théorie des genres, op. cit., p. 204.
93. Henri Ghéon, « Du côté de chez Swann », loc. cit., p. 142.
94. Ibid.
95. Ibid.
96. François Mauriac, « L’Art de Marcel Proust », Revue hebdomadaire, février 1921, p. 373-375.
97. Benjamin Crémieux, « La psychologie de Marcel Proust », loc. cit., p. 854.
98. René Boylesve, « Premières réflexions sur Marcel Proust », in Hommage à Marcel Proust, op. cit., p. 114.
99. Lorsque Paul Souday écrit, dans un article publié dans Le Temps du 10 décembre 1913, que Proust est « un
impressionniste, un nerveux, un sensuel, un rêveur », ou lorsque, dans Le Temps du 4 novembre 1920, il appelle Proust
« un esthète nerveux, un peu morbide, presque féminin », il ne définit pas pour autant son œuvre comme une autobio-
graphie, mais comme des « mémoires romanesques ». Lors de la parution du Côté de Guermantes en octobre 1920, Paul
Souday tout comme Boulenger accusent le narrateur proustien de snobisme, tout en admettant qu’il ne faut pas
confondre le narrateur et l’auteur. Dans un article intitulé « La psychologie de Marcel Proust » de la NRF du 15 octobre
1924, Benjamin Crémieux affirme que « le meilleur sujet (au double sens du mot) que Proust pouvait prendre pour une
étude positive des rapports entre la conscience et l’inconscient, c’était assurément lui-même : oisif, hypersensible, malade,
impulsif et observateur à la fois, “polymorphe”, comme le qualifie Rivière, sacrifiant tout pour recevoir “l’empreinte
exacte de la vie” » (p. 850). Le fait que dans La Prisonnière, Albertine appelle le narrateur « mon pauvre Marcel » lui per-
met d’identifier Proust et le narrateur, mais en même temps il souligne que la biographie que s’attribue Proust est
inexacte. Cette affirmation ne l’empêche pas de qualifier par la suite « Un amour de Swann » de « véritable roman psy-
chologique » (p. 852) et de définir la Recherche comme « le roman de la crise la plus caractéristique de la fin du XIXe et du
début du XXe siècle » (p. 854).
100. Henri de Régnier, « La Prisonnière », loc. cit.
101. Voir René Rousseau, « Marcel Proust et l’esthétique de l’inconscient », loc. cit.
102. Edmond Jaloux, « Le Temps retrouvé », loc. cit.
103. Louis Bertrand, « Marcel Proust », loc. cit.
104. J. de Lacretelle, « Les clefs de l’œuvre de Proust », in Hommage à Marcel Proust, op. cit., p. 201-202.
105. François Fosca, « La couleur temporelle chez Marcel Proust », in Hommage à Marcel Proust, op. cit., p. 240.
106. Albert Thibaudet, « La Prisonnière », loc. cit., p. 179.
107. Voir Antoine Compagnon, Les Cinq Paradoxes de la modernité, Paris, Ed. du Seuil, 1990, p. 34-36.
108. Alden W. Douglas, Marcel Proust and his French Critics, op. cit., p. 130.
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