3 Sédimentation Continental Partie 3 Adaci Pp17-22

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4.5 Cas des régions karstiques


• Dans les pays calcaires (Ex. Monts de Tlemcen), l'eau courante est chargée d'ions de carbonate
de calcium en solution. Ce dernier se dépose chaque fois que la pression partielle en gaz carbonique
diminue : sortie de réseaux souterrains, cascades, activité des végétaux photosynthétiques... Cette
précipitation chimique donne un tuf calcaire (calcaire bulleux).

4.6 Critères de reconnaissance des dépôts fluviatiles anciens


Après diagénèse, les sédiments fluviatiles donnent des conglomérats, grès, siltites et argilites.
Les dépôts littoraux présentent les mêmes faciès que ceux fluviatiles. Les galets sont usés et aplatis ;
mais leur aplatissement est moins grand que dans le cas des galets littoraux. Les sables sont mal
ou bien classés (selon longueur du transport) ; les grains sont peu usés ou anguleux et montrent des
traces de chocs. La proportion d'argile est importante. Les conglomérats et les grès contiennent une
fraction de matrice. Les siltites et argilites présentent souvent des horizons de paléosols avec des
traces de racines, parfois sous forme de croûtes calcaires (calcrètes). Les faciès sont disposés
verticalement en enchainement (séquence).
Les séquences fluviatiles sont généralement grano-décroissantes (positives, galets à la base
et des limons au sommet). On trouve en particulier les structures sédimentaires : rides lingoïdes et les
grands litages obliques quand le réseau est méandriforme. Les structures orientées (litage oblique,
imbrications) montrent un courant en moyenne unidirectionnel. On observe des traces d'activité
organique dans les limons et rarement des fossiles. La formation Argilo-silto-gréseuse de l’Eocène de
Glib Zegdou (Sahara algérien) correspond à des dépôts fluviatiles méandriforme.
L'alternance des périodes d'érosion et de sédimentation dans l'histoire d'une rivière produit des
terrasses fluviatiles étagés ou emboités.

M. ADACI

 
Fig. 15 : Deux types de disposition de terrasses fluviatiles
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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5. LA SEDIMENTATION LACUSTRE
5.1 Généralités : Un lac est un corps d'eau permanent enclavé dans le continent et généralement
constitué d'eau douce. Sa taille est très variable, depuis les marécages de faible profondeur jusqu'aux
véritables mers intérieures. La salinité est très variable (la mer Morte, la mer Caspienne et la mer
Noire sont considérés comme des lacs salés). Les petits lacs ont des origines très diverses : lagune de
plaine côtière, méandre abandonné de plaine alluviale, lac de cratère… .Les grands lacs ont une origine
tectonique : lacs du Grand Rift Africain, mer Morte... Les caractères des lacs varient en fonction du
climat, de l'apport des rivières, de l'environnement géologique, de la végétation sur les berges et de
l'activité biologique dans le lac. Le confinement est très fréquent ; il conduit à la stratification de l'eau
et à l'anoxie du fond, à la précipitation de sels si le climat est chaud et sec. L'eau d'un lac est soumise
à l'action du vent (vagues en surface). L'agitation de l'eau est maximale le long des berges.
5.2 La sédimentation lacustre actuelle
a) La sédimentation détritique
Les matériaux apportés par les rivières se déposent dans un lac selon une zonation concentrique
assez théorique qui dépend de l’hydrodynamisme : galets le long des rives, sables dans les zones
périphériques soumises à l'action des vagues, vases dans le centre plus profond et plus calme. En fait
la distribution des matériaux dépend de la position des deltas dans le lac.

 
Fig. 16 : Distribution des matériaux dans le Lac Léman.

 
Fig. 17 : coupe schématique dans un lac oligotrophe.

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On distingue 3 types de milieux qui dépendent de l'hydrodynamisme et de la nature des apports
détritiques.
1)- les berges : dépôts grossiers (galets, sables) ; pour les petits lacs dont l'hydrodynamisme est
faible ne reçoivent que des dépôts fins bioturbés (vases).
2)- les pentes et le fond : hydrodynamisme faible, absence d’oxygène ; vases laminées à bulles de
méthane provenant de la décomposition de la matière organique ; précipitation possible de
carbonates ; horizons sableux (arrivée de turbidites). Les vases laminées peuvent montrer une
alternance de lamines claires et sombres correspondant aux varves (rythmicité annuelle).
Exemples : - Lac de Zurich: les lamines claires carbonatées se déposent l'été, les lamines sombres
détritiques se déposent l'hiver.
- Lac de Constance, les lamines claires de turbidites sableuses se déposent à la fin de
l'hiver, les lamines sombres de vases de décantation se déposent l'été.
• 3) l'éventail deltaïque sous-lacustre : il comporte des chenaux, des lobes ; des glissements et
des courants de turbidité se déclenchent quand l'apport détritique est important.

b) La sédimentation chimique et biochimique


Sa nature dépend du climat, du chimisme de l'eau et de l'activité organique :
- En climat froid, l'hydroxyde ferrique précipite en pisolites, les diatomées s'accumulent.
- En climat tempéré, il y a surtout précipitation de carbonate de calcium par mécanisme
purement chimique ou par l'intermédiaire d’organismes (algues, cyanobactéries, mollusques...).
- En climat humide et frais, la végétation herbacée se décompose sur place en tourbe.
- En climat chaud et humide, l'eau se stratifie et le fond devient anoxique. La matière
organique s'accumule en grande quantité et donne un sapropèle (vase noire) ou un lignite (débris de
matière ligneuse).
- En climat sec, l'évaporation est forte et les sels précipitent sur les berges (gypse, halite...)

Les calcaires lacustres montrent généralement des traces d'activité ou des débris organiques et
contiennent des détritiques siliceux. Les principaux faciès sont les calcaires laminés, les calcaires
micritiques massifs à mollusques, à charophytes, à ostracodes. Sur les berges temporairement
émergées et dans les marécages se déposent les calcaires palustres renfermant des traces de racines, 
des restes de plantes aériennes, des fentes de dessiccation, des indices de pédogénèse, des traces 
d'activité alguaire (stromatolithes). 

 
Fig. 19 : Milieux palustres et lacustres.
 

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5.3- Sebkhas continentales.
Dans les régions où l'évaporation est importante (climat aride), l'eau des lacs s'évapore en
partie ou totalement pendant la saison sèche. Le lac devient sursalé (sebkhas) où se précipite des
évaporites et se mélangent avec de nombreux matériaux détritiques. Ces sebkhas occupent
généralement des dépressions fermées (endoréiques). C'est le cas des chotts de la marge nord du
Sahara et de la grande sebkha d’Oran.

5.4 Les sédiments lacustres anciens (critères de reconnaissance)

* absence de faune marine ; fossiles terrestres ou d'eau douce (Gastéropodes pulmonés, certains
bivalves, poissons, mammifères...); restes de végétaux.
* peu de figures sédimentaires d'origine hydrodynamique à la différence du milieu marin (pas de
marée, action des vagues faible); traces d'exondation fréquentes.
* cortège évaporitique particulier, la composition chimique de l'eau est différente de celle de la mer.
* traces fréquentes de paléo-altérations (croûtes calcaires, paléosols).
• Parmi les sédiments lacustres ou palustres anciens :
- les calcaires lacustres et palustres de Méridja (Ouest de Béchar);
- les dépôts houillers du carbonifère de Kénadza (accumulation de végétaux dans des marécages);
- les lignites du bassin lacustre tertiaire d'Aix en Provence (France).

6. LES CONCRETIONS DE GROTTES


Les concrétions de grottes des pays calcaires, ou spéléothèmes, ont la même origine chimique
que les travertins. L'eau des précipitations, enrichies en dioxyde de carbone, s'infiltre par les fissures
et dissout la calcite de la roche. Le carbonate de calcium précipite quand la teneur en CO2 diminue
et/ou que l'eau s'évapore. Ainsi se forment toutes les variétés de concrétions (stalactites,
stalagmites...). Ces concrétions peuvent être datées.

7. CONCLUSION
La sédimentation continentale est essentiellement constituée par des accumulations détritiques.
Les sédiments d'origine chimique ne se trouvent guère que dans les lacs, marécages, sebkhas et
grottes. Les sédiments et les roches correspondantes sont consignés dans le tableau ci-dessous.

Agent de transport Milieu de dépôt Sédiment Roche


Gravité seule Pente Eboulis Brèche
Gravité + Eau Pente Coulée boueuse Brèche
Torrent Pente, vallée Galets Poudingue
Rivière Plaine Sables, Limons (tuf Grès, Pelite (tuf calcaire)
calcaire)
(Rivière) Lac et marécage Sable, Boue carbonatée, Tuf calcaire, Travertin
Travertin
Eau d’infiltration Grottes Spéléothèmes Spéléothèmes
Glace Montagne, Zones polaires Moraines Tillites (=brèche)
Vent Zones arides Sables, poussières Grès, Siltite, Lœss

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ENCROUTEMENTS GRESO-CARBONATES (calcrète, dolcrète…)
I- HISTORIQUE ET TERMINOLOGIE
La genèse des encroûtements est discutée depuis plus d’un siècle. Certains auteurs l’ont expliqué
par la remontée des solutions capillaires du sol et précipitation en surface des matières dissoutes « per
ascensum ». D’autres ont invoqué l’hypothèse par « descensum », expliquée par les processus
aboutissant à la différenciation d’horizons de sol.
En pays sub-aride et notamment au Maghreb, l’épigénie et les encroûtements se développent
sur des supports rocheux de nature et d’âges différents.
Pour les francophones, le terme « calcretes » englobe les encroûtements calcaires ou
dolomitiques liés aux mécanismes pédologiques, à l’action des eaux météoriques et des nappes
phréatiques dans un climat aride à semi-aride à forte saison sèches. Il s’agit d’un phénomène
qui se produit sur une roche préexistante par le remplacement à volume constant d’un minéral
ou d’une roche par un autre minéral de composition différente, quel que soit le matériau
d’origine. Ce remplacement s’exprime, d’un point de vue géochimique, d’une part par, par la
dissolution des particules détritiques, notamment du quartz et des argiles, et d’autre part, par la
néoformation de palygorskite qui peut être elle-même remplacée tantôt par de la calcite, tantôt par de
la dolomite et ainsi " l’encroûtement issu " est qualifié de calcrète ou dolocrète. La palygorskite est
généralement associée aux sols formés sous climat aride à semi-aride ou calcrètes.
II- MECANISMES DE LA GENESE DES CARBONATES PAR ENCROUTEMENTS
PEDOGENETIQUE OU SOUS COUVERTURE.
Les calcrètes et dolocrètes ne correspondent ni à une dynamique sédimentaire ni à une
diagénèse d’enfouissement. Ils résultent d’encroûtements pédogénitiques et/ou de néogénèses sous
couverture.
1- Encroûtements de type pédogénétique
Ce sont des encroûtements polyphasés liés à la pédogénèse et ainsi à l’activité des
microorganismes. Cette activité microbiologique est marquée par la présence de pellicules rubanées
et notamment de microcodiums. Les microcodiums (un critère d’identification) assurent la bio-
corrosion du calcaire des roches et la biosynthèse de prismes calcitique. Le mécanisme
d’encroûtement se manifeste en deux périodes :
- une période humide, où les solutions carbonatées dissolvent le quartz détritique et les phylittes.
Les ions en solutions sont transportés par la circulation latérale des eaux de nappes à travers la
perméabilité des sédiments détritiques silto-gréseux.
- une phase sèche, pendant laquelle les éléments en solution (silice, magnésium, fer, aluminium,
…) favorisent le développement de la palygorskite. Puis, à pH élevé, les solutions carbonatées
sursaturées provoquent la précipitation de calcite ou de la dolomite.
Enfin, il y’a une alternance de phases d’ "humidité-dissolution" et de "dessication-
recristallisation.
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2- Encroûtements sous couverture
Il est caractérisé par la néogénèse de la palygorskite (argilogénèse) suivie par l’épigénisation
carbonatée, et parfois siliceuse, qui s’effectue d’abord à travers les fractures, diaclases, fissures et
discontinuités de l’affleurement. La silicification (génèse des silcrètes) résulte de la précipitation des
silicates issus de la dissolution du quartz et qui sont transportés par les battements des nappes.
Macroscopiquement, la roche présente un aspect bréchique avec un débit en boules avec
desquamation où persiste encore des reliques (témoins) du sédiment détritique originel.
En plaque mince, le quartz restant présente des golfes de corrosion et il est entouré par une
auréole microsparitique et/ou dolomicrosparitique. On note également la présence de témoins
(reliques) du matériel originel sous forme d’ilots non affecté par l’épigénie.

 
 
PEDOGENITIQUE
  PALUSTRE
LACUSTRE
Calcrète pédogénitique

 
Calcrète de nappe phréatique

 
Surface de la nappe

Niveau Max. du lac


 
Niveau Min. du lac

 
Diagénèse

 
Nappe phréatique
 

 
Pédogénitique Pédogénitique & nap. phréatique
 

 
Accentuation du degré du développement
 
Calcrètes Dépôts palustres Lacustre
 

 
Marmorisation
  Grains corrodés Gastéropodes
 
 
Nodules carbonatés Fentes de dessiccations Ostracodes
 
Structure alvéolaire septale Intraclastes micritiques Grains micritiques enrobés (palustre)
 
Microcodium Moules de racines Ciment sparitique calcitique
 

  Dépôts clastiques Boue carbonatée primaire

Fig. 36 : Environnements de dépôt carbonates palustre et lacustre et des calcrètes. Les cinq principaux 22 
  faciès palustre (4-8) et lacustre (8). La plus part des caractères spécifiques des calcrètes sont schématisés
dans les figures 1-3. (Alonso-Zara, 2003 modifiée).

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