Droit Pénal Général (Togo)

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Année universitaire 2019-2020

Université de Lomé

DROIT PÉNAL GENERAL

Cours de Akodah AYEWOUADAN


Intitulé du cours : Droit pénal général

Nom de l’enseignant : Akodah AYEWOUADAN

Grade : Agrégé des facultés de droit, Maître de conférences

Périodicité : Semestriel

Forme de l’enseignement : Cours magistral sans TD

Pré-requis souhaitable : Introduction à l’étude du droit, Méthodologie juridique

Objectifs du cours : Ce cours a pour objet de permettre à l’étudiant d’avoir une première
approche globale du droit pénal togolais à travers son histoire et sa construction. Le cours vise
également à doter l’étudiant des notions fondamentales du droit pénal. Il lui offre les outils
pour être à même de comprendre, analyser et expliquer les différents mécanismes de
l’incrimination et de la peine qui constituent la réponse sociale à certaines déviances. À la fin
du cours l’étudiant doit être capable de réfléchir sur une situation pénale et de rédiger un
exposé clair, cohérent sur les différentes notions enseignées.

Niveau d’enseignement concerné : Étudiants 2e semestre (Licence)

Évaluation : Les connaissances et les compétences acquises lors de ce cours seront évaluées à
la fin de semestre. Il s’agira d’une évaluation unique qui prendra la forme d’un QCM
(Question à Choix Multiples).

Mots clés :
Amende, amnistie, circonstances aggravantes circonstances atténuantes, code pénal, crime,
déchéance civique, dol général, dol spécial, excuse, grâce, immunité, infraction, légitime
défense, libération conditionnelle, peine, prescription, récidive, réhabilitation, sursis,
tentative.

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BIBLIOGRAPHIE

BOULOC (B.), Droit pénal général, Dalloz-Sirey, coll. Précis, 24e éd., 2015.

CONTE (Ph.), MAISTRE DU CHAMBON (P.), Droit pénal général, Colin U, Droit, 6e
éd. 2004, Procédure pénale Colin U, Droit 4e éd. 2002.

DESPORTES (F.) ET LEGUNEHEC (F.), Le nouveau droit pénal, t. 1, Droit pénal


général, Economica, 17e éd., 2010.

DREYER (E.), Droit pénal général, Lexisnexis, coll. Manuel, 4e éd. 2016.

FOURMENT (F.), Procédure pénale, Paradigmes, coll. Manuel, 16e éd. 2012

GUINCHARD (S.), Procédure pénale, Lexisnexis, coll. Manuel, 11e éd., 2017.

LEROY (J.), Droit pénal général, LGDJ, Coll. Manuel, 6e éd. 2016, Procédure
pénale, LGDJ, Coll. Manuel, 2e éd. 2011.

MAYAUD (Y.), Droit pénal général, PUF, coll. Droit privé fondamental, 5e éd. 2015.

PAULIN (P.), Droit pénal général, Lexisnexis, coll. Manuel, 6e éd. 2010.

PIN (X.), Droit pénal général, Dalloz, coll. Cours 8e éd. 2017.

PRADEL (J.), Droit pénal général, Cujas, coll. Références, 21e éd., 2016 ; Procédure
pénale, Cujas, coll. References, 18e éd, 2015.

RENOUT (H. W.), Droit pénal général, Paradigme, coll. Manuel, 16e éd., 2012.

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PREMIÈRE PARTIE. PRÉSENTATION DU DROIT PÉNAL

L’objet du droit pénal et des sciences criminelles (Chapitre 1er) et le fondement historique
de la législation pénale (Chapitre 2) fourniront la matière de nos développements.

CHAPITRE I. L’OBJET DU DROIT PÉNAL ET DES SCIENCES


CRIMINELLES

Le droit pénal ou droit criminel est l’une des matières juridiques les plus familières.
Chacun sait que le meurtre ou le viol d’une personne, le vol du bien d’autrui ou encore un
excès de vitesse en voiture sont interdits, sous peine d’aller en prison ou de se voir infliger une
amende. Chacun a une idée, même vague, de ce que recouvrent des notions telles que la

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légitime défense, la complicité ou la récidive. La matière est également largement médiatisée,
la presse, la télévision et la radio relatant régulièrement les procès de personnalités publiques
ou de criminels particulièrement odieux. Ce que le droit pénal est le reflet des valeurs de la
société, de ses interrogations, et évolue avec elle. Pour l’appréhender, il faut d’abord explorer
sa définition (Section I) et ensuite s’intéresser à son domaine (Section II).

SECTION I. DÉFINITION DU DROIT PÉNAL

Le droit pénal, qu’est-ce que c’est ? – Le droit pénal est le droit de la peine, autrement dit,
la branche du droit qui sanctionne les infractions aux valeurs sociales les plus élevées dans une
société donnée. Il est le droit par lequel l’État inflige une sanction aux trublions ou
délinquants à l’ordre public. L’objet du droit pénal est donc de déterminer quand le trouble à
l’ordre public est suffisamment grave pour que l’État soit amené à sanctionner, et aussi, de
déterminer les sanctions (amendes, jours-amendes, peines de prison, mesures de sûreté,
mesures de réinsertion…).
De manière succincte, l’objet du droit pénal est de déterminer les infractions et les
sanctions qui leur sont applicables.). La définition du droit pénal impose l’étude de son objet
(§1) et de ses fonctions (§2).

§ 1. L’OBJET DU DROIT PÉNAL


Toute société humaine organise les rapports entre ceux qui la composent en fixant des
règles. Toutefois, se contenter d’énoncer des principes n’est pas suffisant : il se trouvera
toujours quelqu’un pour enfreindre ces règles. Dès lors, il est nécessaire que la société se
défende, en réprimant les personnes qui violent les normes qu’elle fixe. C’est pourquoi les
autorités édictent et appliquent des sanctions.
Pour répondre aux comportements antisociaux, les réponses étatiques qui existent dans la
pratique sont diverses. Les sanctions disciplinaires sont nombreuses. Les autorités
administratives sont habilitées à prendre des mesures en cas de violation des règles
administratives. Il existe également des amendes fiscales, douanières et même civiles.
Toutefois, pour la majeure partie des infractions, en particulier pour les plus graves, le
législateur a organisé un régime répressif autonome, basé sur des juridictions spéciales et des
sanctions spécifiques.
En pratique, la définition de l’infraction pénale s’effectue d’une manière juridique. Est
pénale, l’infraction que le législateur ou le pouvoir réglementaire qualifie de pénale. La
qualification peut être plus ou moins claire selon les cas. Elle peut ainsi découler de la nature
de la sanction. Si la sanction encourue est l’une des peines que le Code pénal permet aux
juridictions pénales de prononcer à titre principal (par exemple, la réclusion criminelle ou
l’emprisonnement), l’infraction est pénale. À l’inverse, le législateur peut qualifier une sanction,
notamment une amende, de fiscale ou douanière. La nature pénale de l’infraction peut
également se définir par rapport aux autorités ayant qualité pour la connaître. Si le législateur
ou le pouvoir réglementaire donne compétence au système répressif pour poursuivre (par
l’intermédiaire du ministère public) et prononcer la sanction (via les tribunaux), l’infraction est
de nature pénale. Au contraire, si le prononcé de la sanction est dévolu à une autorité
administrative, par exemple le préfet, l’infraction échappe au droit pénal. Si le législateur n’a

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pas qualifié l’infraction expressément, la nature de celle-ci se déduit alors d’éléments
concordants.
Le but du droit pénal est la défense de la société contre les comportements qu’elle interdit,
la protection de l’ordre et de la sécurité publics, l’État organisant une réponse spéciale au
phénomène criminel. L’objet du droit pénal est l’infraction, le crime au sens large,
comportement interdit par les textes et réprimé par une peine. L’infraction, objet du droit
pénal, nécessite ainsi deux éléments indissociables, à savoir une incrimination (c’est-à-dire le
comportement interdit, le « crime ») et une peine (la sanction).
La morale, l’éthique jouent un rôle dans la détermination des règles sociales. Ériger un
comportement en infraction, c’est exprimer un jugement de valeur. Mais moralité et droit
pénal ne se confondent pas. La morale est une notion subjective, qui varie selon les individus,
alors que le droit est objectif car il est le même pour tous. Dès lors, des agissements qui
peuvent heurter la morale de certaines personnes ne constituent pas forcément des infractions.
Ainsi, l’homosexualité n’est pas réprimée en France, l’adultère ne l’est plus depuis 1975. Quid
du Togo ?

§2. LES FONCTIONS DU DROIT PÉNAL.


Le droit pénal a une fonction essentiellement répressive (A). Toutefois, il joue également
un rôle préventif (B), voire resocialisant (C).

A. LA FONCTION RÉPRESSIVE
L’objectif principal du droit est de défendre la société contre les criminels, au sens large du
terme. La fonction du droit pénal est, dans ces conditions, avant tout répressive. Le droit
pénal sanctionne les personnes qui ont commis des infractions. Il est donc basé sur l’idée de
rétribution ou d’expiation : le délinquant doit « payer » pour ce qu’il a fait. Pour compenser le
trouble qu’il a causé à l’ordre social et réparer sa faute, il doit subir un châtiment. Parfois la
prison, plus souvent le paiement d’une amende. Dans ce schéma classique, la peine a alors un
caractère afflictif, car elle cause au délinquant une souffrance, de la douleur ou plus
simplement du chagrin. Elle a également un caractère infamant, car elle constitue un blâme
que la société porte sur le délinquant.

B. LA FONCTION UTILITAIRE
Le droit pénal a également un rôle préventif qui est double. À l’égard du délinquant,
l’application d’une peine aura pour but de le dissuader de commettre de nouvelles infractions
à l’avenir. Surtout, en énonçant clairement les comportements prohibés et en prévoyant
l’application de peines en cas de commission de l’infraction, le droit pénal informe les
individus, lesquels ayant connaissance des risques encourus, s’interdisent d’agir de la sorte : le
droit pénal a donc un rôle de prévention générale, à l’égard de tous. C’est l’effet
d’intimidation collective.

C. LA FONCTION RESOCIALISANTE
Le droit pénal peut enfin se fixer l’objectif de réinsérer les délinquants dans la société. Les
sanctions sont alors des mesures de reclassement, de réadaptation ou de rééducation. Cet

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aspect du droit pénal a connu des développements particulièrement importants récemment.
Ce caractère éducatif est visible dans certaines peines : placement des mineurs délinquants
dans une institution spécialisée, stages de citoyenneté ou de sensibilisation à la sécurité
routière, TIG.
Certaines mesures de resocialisation sont destinées à soigner des individus dangereux en
raison de leur état de santé et peuvent alors avoir un caractère médical ou thérapeutique :
désintoxication des drogués, soins aux malades mentaux légers, suivi socio-judiciaire prononcé
pour les infractions sexuelles graves et qui peut comporter une obligation de soins.

SECTION II. LE DOMAINE DU DROIT PÉNAL

L’étude des caractères du droit pénal (§1) permet de préciser sa spécificité. Spécificité qui
s’étend à ses branches (§2).

§1. LES CARACTÈRES DU DROIT PÉNAL


Le droit pénal est autonome (A) et évolutif (B).

A. LE DROIT PÉNAL EST AUTONOME


Le droit pénal est-il partie du droit privé ou du droit public ? Cette question divise et
continue de diviser.
Pour certains, le droit pénal est partie droit public. Comme arguments au soutien de ce
point de vue, il est avancé l’intervention de la puissance publique notamment dans le procès
pénal (action publique) et surtout dans l’exécution des peines.
Pour d’autres, le droit pénal doit être rattaché au droit privé. Ceux-ci avancent que le
procès pénal est l’affaire des juridictions judiciaires et que les particuliers tiennent un rôle dans
la poursuite des infractions.
Il est difficile de donner raison à l’une de ces deux positions. Mais il faut admettre qu’il ne
s’agit pas de vérités exclusives. Le droit pénal serait un droit mixte, voire un droit distinct des
deux grandes branches et il est plus intéressant de rechercher ses caractères. Il comprend des
éléments de droit public et des éléments de droit privé.
Tantôt, il s’agit de défendre des droits des personnes en sanctionnant par exemple l’atteinte
au patrimoine (vol), à la vie (meurtre), à l’intégrité physique (violences), à l’honneur
(diffamation). Tantôt, les intérêts protégés ne sont autres que ceux de l’État lui-même
(espionnage), voire ceux de la société dans son ensemble (pollution de l’environnement).
Au stade de la poursuite de l’infraction, c’est l’État, par le biais du ministère public
(parquet) qui intervient principalement, mais les victimes peuvent jouer un rôle, en
déclenchant les poursuites par une plainte.
Les tribunaux judiciaires, et non administratifs, sont compétents pour appliquer la loi
pénale, mais il s’agit toutefois de formations spéciales : tribunaux de police et juridiction de
proximité, tribunaux correctionnels, cours d’assises, chambre des appels correctionnels de la
CA, chambre criminelle de la Cour de cassation.

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Le droit pénal est surtout caractérisé par son autonomie. S’il sanctionne la violation
d’obligations civiles et administratives, les textes sur lesquels il repose et les sanctions qu’il
prévoit lui sont propres. Les notions auxquels le droit criminel a recours sont largement
indépendantes de celles utilisées en droit public ou en droit privé : Il en va ainsi de la légitime
défense, de la complicité, de la récidive, pour ne citer que ces exemples.

B. LE DROIT PÉNAL EST ÉVOLUTIF


Le droit pénal est éminemment évolutif, que ce soit au niveau des incriminations ou des
peines. S’agissant des incriminations, le droit pénal connaît des phénomènes de
criminalisation ou de décriminalisation : de nouvelles incriminations sont créés, d’autres au
contraire vont sortir du champ du droit pénal. S’agissant des peines, le droit pénal connaît des
phénomènes de pénalisation ou de dépénalisation : les peines encourues pour une infraction
déterminée sont parfois alourdies, parfois allégées. Différentes raisons expliquent ces
évolutions.
En premier lieu, la conception de l’interdit change avec le temps et avec la société. Ce qui
était conçu comme antisocial et réprimé peut être toléré par la suite : par exemple, l’adultère
n’est plus pénalement sanctionné en France depuis 1975. À l’inverse, de nouvelles valeurs que
la société souhaite protéger apparaissent : la protection des consommateurs, de
l’environnement, des travailleurs. L’évolution porte sur les infractions mais également sur les
peines. Les autorités peuvent également modifier la nature des peines, lesquelles peuvent
prendre des formes nouvelles jugées plus efficaces, comme le TIG ou l’interdiction du
territoire.
En second lieu, la prise en compte des droits et libertés fondamentaux de l’homme joue un
rôle déterminant. Certaines infractions peuvent aujourd’hui apparaître comme violant les
droits de l’homme. Ainsi, l’incrimination de l’homosexualité entre adultes consentants a été
jugée contraire au droit au respect de la vie privée par la CEDH (arrêt Dudgeon contre RU du
22 octobre 1981, serie A, n° 45, v. p. 53). De même, des peines, telles la peine de mort ou les
traitements corporels, sont abandonnées car contraires aux valeurs actuelles de notre société.
Enfin, le droit pénal évolue parce que la criminalité elle-même évolue et prend des formes
nouvelles. Le délinquant peut ainsi utiliser des techniques non envisagées jusque-là. Les
fraudes informatiques en sont un exemple parmi tant d’autres. La criminalité prend par
ailleurs une dimension internationale.
Le droit pénal n’est qu’un instrument au service de l’État.

§2. LES BRANCHES DU DROIT PÉNAL

Le droit pénal a un vaste objet : l’infraction. Selon l’approche effectuée, on est en présence
de différentes matières juridiques ou scientifiques. On distingue : le droit pénal substantiel (A),
le droit pénal processuel (B) et les disciplines criminelles (C). Le droit pénal revêt également
une dimension internationale (D).

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A. LE DROIT PÉNAL SUBSTANTIEL
Le droit pénal général a pour objet les règles communes aux infractions et aux peines. Il
s’agit d’une étude abstraite de principes généraux relatifs à l’incrimination, à la responsabilité
pénale, à la peine.
Le droit pénal spécial étudie concrètement une à une les principales infractions, leurs
éléments constitutifs, et les peines qui leur sont applicables : l’escroquerie, le meurtre, le viol,
le vol… Le droit pénal spécial peut se subdiviser ensuite en différentes branches, selon le
thème ou le domaine étudié : droit pénal de l’environnement...

B. LE DROIT PÉNAL PROCESSUEL


La procédure pénale porte sur la poursuite des infractions, les règles de mise e, œuvre de la
répression. Elle examine l’organisation et les compétences des juridictions pénales, ainsi que le
déroulement du procès pénal au sens large, depuis les phases de l’enquête et de l’instruction
jusqu’au procès pénal au sens strict.

C. LES DISCIPLINES CRIMINELLES SPÉCIALISÉES


Le champ d’investigation est ici plus réduit.
Le droit pénal des mineurs comporte des règles spéciales, davantage axées sur la
rééducation et la protection.
La pénologie a pour objet spécifique l’exécution des peines. Si l’examen porte plus
particulièrement sur l’exécution des peines privatives de liberté en milieu carcéral, on parle
alors de science pénitentiaire.
La criminologie consiste en l’étude des causes de l’infraction, des facteurs du phénomène
criminel (en particulier les causes sociales du crime : environnement urbain, familial,
professionnel et affectif des délinquants).
La criminalistique englobe l’ensemble des procédés scientifiques destinés à constater
matériellement les infractions, à en rechercher les auteurs et à prouver leur culpabilité. Ces
procédés sont la toxicologie et la médecine légale (par exemple la recherche es causes d’un
décès), la police scientifique (procédés utilisés par la police dans le cadre d’une enquête pénale,
comme la balistique), l’anthropométrie (destinée à constater l’identité des criminels en
fonction de leur caractéristique physique).

D. LA DIMENSION INTERNATIONALE DU DROIT PÉNAL


Le droit pénal comparé confronte entre eux les systèmes répressifs des États pour en tirer
des principes communs et des enseignements.
Le droit pénal international règle les questions de conflit de compétence entre les lois et les
juridictions pénales des États. Il comprend également les règles de coopération pénale entre
États, comme celles relatives à extradition.
Le droit international pénal organise la répression par des juridictions pénales
internationales de crimes définies par des textes internationaux (génocide, crimes contre
l’Humanité, crimes de guerre, crime d’agression) : tribunal de Nuremberg établi en 1945 pour

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juger les criminels de guerre nazis, Tribunal pénal international de la Haye pour juger les
crimes commis en ex-Yougoslavie (1993), Tribunal ad’hoc d’Arusha pour juger les crimes
commis au Rwanda (1994), Enfin Cour pénale internationale (traité de Rome du 17 juillet
1998, entré en vigueur le 1er juillet 2002).

D. L’EXTENSION DU CHAMP DE RECHERCHES


La politique criminelle examine l’ensemble des procédés par lesquels l’État, ou même la
société dans son ensemble, lutte contre la délinquance, le phénomène criminel. Son champ
d’investigation déborde le droit pénal proprement dit. Il porte sur l’infraction, mais également
sur la déviance, les comportements antisociaux. Il comprend les sanctions pénales, mais
englobe également les réponse civiles (par exemple les dommages et intérêts), administrative
(ainsi du retrait d’une autorisation administrative ou des amendes administratives),
disciplinaire (comme les jours d’arrêt prononcés dans les armées ou les sanctions prononcées
par les ordres professionnels) ou même sociale. La politique criminelle s’intéresse à la
répression du phénomène criminel mais également à sa prévention (comme la politique
urbaine de l’État ou la prévention routière).

CHAPITRE II. LE FONDEMENT HISTORIQUE DE LA


LÉGISLATION PÉNALE : LES DOCTRINES PÉNALES
Quel est le fondement de la peine ? Plusieurs courants de pensée ont tenté de déterminer
un fondement au droit de punir.
Le droit pénal moderne n’est compréhensible que si son étude est assise sur la connaissance
des principales idées pénales qui l’ont influencé (Section unique).

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SECTION. L’ÉVOLUTION DES IDÉES PÉNALES

Quatre grands mouvements ont progressivement structuré les diverses conceptions que l’on
a pu se faire du droit de punir et des sanctions adéquates.
D’abord, Le principe « Punitur quia peccatum est ». – La punition se rattache à l’acte
coupable. Et la Bible énonce que : le salaire du péché est la mort. Cette idée congénitale à
l’être humain est traduite dans le temps sous diverses approches.
Ensuite, dans les civilisations primitives. – Il est préconisé le sacrifice du coupable.
Ainsi, la loi du talion : « œil pour œil, dent pour dent » était fondée sur l’idée de la justice. La loi
du talion serait une règle de modération de la justice privée. En effet cette mesure commande
que pour un œil, la juste sanction serait : pas plus d’un œil. Telle est l’approche admise dans le
Code d’Hammourabi.
Par ailleurs, chez les philosophes grecs. – L’idée de justice fonde la responsabilité dans
l’œuvre de Platon. Plus tard, cette approche sera reprise dans l’œuvre de Kant sous l’idée de la
justice absolue.
Enfin, dans la doctrine chrétienne. – Cette approche est traduite dans les notions de
responsabilité morale et de pardon, le repentir pouvant absoudre la faute. Dès lors, il a été
admis que la sanction aurait des vertus utilitaires. De nos jours plusieurs écoles retiennent
l’attention : La philosophie des lumières (§1), l’école néoclassique (§2), l’école positiviste (§3)
et la doctrine de la défense sociale nouvelle (§4).

§1. LA PHILOSOPHIE DES LUMIÈRES


Le droit pénal de l’Ancien Régime était caractérisé par l’arbitraire et la cruauté. Des
hommes se sont élevés contre les erreurs de justice, la rigueur des peines et les incriminations
vicieuses, pour réclamer plus d’égalité et d’humanité dans la répression. Il s’agit entre autres de
Rousseau, Voltaire, Montesquieu. Ces préoccupations seront résumées par un auteur italien
César de Beccaria dans un livre paru en 1764, intitulé, Traité des délits et des peines. Quelques
principes révolutionnaires découlent de son œuvre.
Pour Beccaria, a répression doit être utile. Les comportements érigés en infractions doivent
être ceux qui causent effectivement un préjudice à la société. Les peines, en plus de leur
objectif classique d’amendement, se voient conférer une fonction d’intimidation, de
prévention, pour empêcher a priori la commission de l’infraction ou son renouvellement. Dans
ce but, il est donc indispensable que les incriminations et les peines soient fixées par avance et
avec certitude.
Il est donc affirmé le principe de légalité, qui permettra de contrer par ailleurs l’arbitraire de
la répression : la liste des infractions et le niveau des peines attachées à chaque infraction
doivent être fixés à l’avance par un texte écrit, qui ne peut être que la loi, expression de la
volonté générale. La loi pénale s’appliquant à tous sans distinction, et les citoyens connaissant
à travers elle les infractions et les peines, le principe de légalité concourt donc à l’égalité dans
la répression. La loi pénale est la même pour tous.
Beccaria prône enfin la répression plus respectueuse de la personne humaine : la torture et
les châtiments corporels doivent être supprimés. La détermination des peines doit être
fonction de la gravité de l’infraction.

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§2. L’ÉCOLE NÉOCLASSIQUE
La doctrine de l’école néoclassique, énoncée au XIXe siècle par Guizot, Jouffroy, Ortolan,
se résume dans cette phrase : « punir pas plus qu’il n’est juste, pas plus qu’il n’est utile ». La
répression doit être modérée et ne doit tendre qu’à la défense de la société. La doctrine est
ainsi résolument utilitariste.
À la base de cette doctrine, on trouve la liberté de l’homme : parce qu’il est libre, l’homme
est responsable de ses actes. Le fondement de la répression doit être la responsabilité morale
de l’individu. Dès lors, les peines prononcées doivent être fonction de la gravité de l’infraction
et du degré de culpabilité de son auteur. Au contraire de Beccaria, l’école néoclassique ne
prône pas l’égalité dans la fixation de la peine et son application mais une individualisation de
la peine, une modulation de celle-ci. Ce pouvoir d’individualiser la peine est confié au juge.

§3. L’ÉCOLE POSITIVISTE


La formulation de la doctrine positiviste est essentiellement le fait d’auteurs italiens, en
particulier LOMBROSO, FERRI et GAROFALO. L’originalité de cette approche du phénomène
criminel repose sur ses caractères largement scientifiques et surtout déterministes : à l’opposé
des doctrines classiques, les positivistes ne pensent pas que l’homme soit un être libre mais
considèrent plutôt que certains d’entre eux ont un destin criminel, qu’ils ont dangereux par
nature.
Cette dangerosité est due à des causes internes, tenant à la personnalité du délinquant, à
l’hérédité, et à des causes externes, le milieu physique et social du délinquant. Il existe à cet
égard différents types de criminels : criminels nés, criminels aliénés et criminels d’habitude,
reconnaissables à leurs traits physiques et psychologiques.
(l’école de l’anthropologie. Elle met l’accent sur les facteurs individuels du crime.
Lombroso dans son ouvrage « L’homme criminel », expose la théorie du criminel-né. D’après
celle-ci, certains hommes par leur constitution physique même, sont destinés à devenir des
criminels. Certains signes (stigmates) permettent de distinguer ces personnes : front fuyant,
asymétrie faciale, oreilles décollées…).)
(l’école de la sociologie. – Elle est tenue par Ferri et met l’accent sur les facteurs sociaux du
crime. La civilisation, l’économie (ou climat) sont des facteurs qui conditionnent la
commission des infractions. C’est une doctrine qui s’abreuve à la source de l’utilitarisme en ce
qu’elle considère l’infraction comme la traduction de la puissance de nuire ou nocuité
(temibilita) du délinquant, plus que l’infraction elle-même. La peine sera alors une mesure de
défense sociale, parmi bien d’autres.)
Ces criminels en puissance ayant des caractéristiques communes, il est possible de les
identifier scientifiquement et de prendre des mesures de prévention à leur encontre. La société
se défend de la sorte contre les individus objectivement dangereux. Par contre, elle fera preuve
de tolérance à l’égard des criminels d’occasion et des criminels passionnels.
Dans ce schéma, la sanction a dès lors deux caractéristiques :
- Elle va varier selon le type d’individus auquel elle va s’appliquer, elle est modulée selon
la dangerosité de l’individu : les criminels nés ou aliénés sont éliminés de la société par
la mort ou l’internement à vie, des condamnations conditionnelles peuvent frapper les
délinquants non dangereux, occasionnels ou passionnels,

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- Elle a un rôle non pas répressif mais préventif, et un caractère médical, thérapeutique
prononcé. C’est un traitement. On ne parle alors plus de peine mais de mesure de
sûreté.

§4. LA DOCTRINE DE LA DÉFENSE SOCIALE NOUVELLE


L’objectif assigné au droit pénal de défendre la société par des mesures de sûreté existait
déjà dans la doctrine positiviste. Après la seconde guerre mondiale, cette notion de défense
sociale va connaître de nouveaux développements, par le biais notamment de l’italien
GRAMATICA qui défend l’idée de mesures curatives et préventives à l’encontre des
délinquants.
En France, son représentant le plus célèbre est MARC ANCEL qui publie en 1954, la
défense sociale nouvelle. Cette doctrine fait une large place à la prévention ainsi qu’au
reclassement et se caractérise par son humanisme. Notamment, partant du constat que la
prison est criminogène, elle incite au développement des peines alternatives à
l’emprisonnement, celui-ci ne devant être prononcé qu’en dernier recours.
Les mesures de défense sociale, en prenant en compte la personnalité du délinquant et son
environnement, sont individualisées et largement préventives, leur objectif majeur est de
reclasser, réinsérer le délinquant dans la société. C’est l’idée de resocialisation.
L’individualisation de la répression est confiée au juge qui doit disposer d’une large gamme
de sanctions, mais elle doit également être étendue à l’application des sanctions, notamment
dans le régime pénitentiaire.

Le droit pénal applicable au Togo est le fruit de l’héritage colonial. Les dispositions
contenues dans les codes pénaux français ont été rendues applicables au Togo par le décret du
22 mai 1924. Après les indépendances ces mêmes normes ont été reconduites et ce n’est qu’à
partir de 1980 qu’elles ont connu des modifications par l’interventions de loi telles que
Loi n° 80-1 du 13 Aout 1980 instituant le Code pénal
Loi n° 83-1 du 2 mars 1983 instituant le code de procédure pénale ;
Loi n° 2015/6/10 du 24 novembre 2015 instituant le nouveau code pénal modifié par ma
loi n° 2016-027 du 11 octobre 2016.

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CHAPITRE III. LE PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ ET
L’APPLICATION DE LA LOI PÉNALE

Le principe de la légalité est la clé de voûte du droit pénal. Conçu à l’origine comme une
garantie fondamentale en droit positif, il a aujourd’hui subi des aménagements. Ce principe
signifie qu’il n’y a « aucun crime, aucune peine sans loi » : « Nullum crimen, nulla poena sine
lege ». On ne devrait pas punir sans qu’une loi ait préalablement déterminé le comportement
interdit et fixé la sanction applicable. C’est une condition de la légitimité du droit pénal.
Mais en réalité cette formule est insuffisante puisqu’elle ne prend pas en compte la
procédure. Dans les faits, le principe s’applique non seulement aux incriminations et aux
peines mais aussi à la procédure pénale. Aussi conviendrait-il de dire comme le
recommandent R. MERLE ET A. VITU : « nullum crimen, nulla poena, nullum judicium sine
lege ». L’étude du principe de la légalité précèdera (Section I) celui de l’application de la loi
pénale (Section II).

SECTION I. LE PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ

Ce principe est énoncé par de nombreux textes nationaux et internationaux. Le code pénal
togolais l’énonce d’emblée dans ses articles 3 et 4. Ce principe a également une valeur
constitutionnelle, article 19 al. 2 de la constitution togolaise de 1992 révisée en 2002 : « nul ne
peut être condamné pour des faits qui ne constituaient pas une infraction au moment où ils ont été
commis ». Il faut s’interroger sur les justifications du principe (§1) et sa force actuelle (§2).

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§1. LES JUSTIFICATIONS DU PRINCIPE

Quelles raisons sous-tendent le principe (A) ? Quel est le contenu du principe (B).

A. LES RAISONS
Deux raisons fondamentales justifient l’adoption et l’application du principe de la légalité :
Une raison idéologique et une raison politique.
Raison idéologique : Donner au droit pénal une origine légale, c’est éviter que le citoyen
n’ait à subir l’arbitraire du juge et assurer à tous un traitement égal. La légalité assure ainsi la
sécurité dans l’usage de la répression. Par-là, elle assure une mission intimidatrice. Cette
justification fut mise en avant par Beccaria puis par Portalis qui résumait le principe de
légalité en écrivant que « le législateur ne doit point frapper sans avertir ».
Raison idéologique : - Le principe de la légalité est une conséquence de la séparation des
pouvoirs (exécutif- législatif- judiciaire). Dans un État souverain, il appartient au peuple de
choisir, de décider ce qui est autorisé de ce qui est interdit, ce qui va se faire à travers les
décisions législatives. Seuls les représentants du corps social disposent de la légitimité de
décider des peines pouvant être infligées aux individus.

B. LE CONTENU
Le principe de la légalité comporte en réalité une double règle.
- Un fait ne peut déterminer l’intervention du juge répressif s’il n’a pas été,
formellement, prévu par un texte. C’est le principe de la légalité des incriminations
- Aucune peine ne peut être infligée à un individu si elle n’est déterminée, quant à son
origine, sa durée ou quantité par un texte. C’est le principe de la légalité des peines.

§2. LA FORCE ACTUELLE DU PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ


Aujourd’hui le principe de légalité n’a plus la même force qu’il avait à ses débuts. Dans son
évolution, il s’est éloigné de sa rigueur primitive. La concurrence du pouvoir législatif avec le
pouvoir exécutif y a fortement contribué. La loi apparaît toujours comme la source non
incontestée du droit pénal (A), cependant il convient également de porter le regard sur
d’autres sources qui n’en paraissent pas moins indiscutées (B).

A. LA LOI, SOURCE INDISCUTÉE DU DROIT PÉNAL


Les lois au sens strict (formelles) constituent la principale base du droit pénal (art 2, al. 1er
CPT). La loi pénale a la particularité d’être autonome dans la mesure où c’est elle qui définit
les actes à sanctionner, détermine les sanctions et les principes. Elle produit tous les outils
juridiques nécessaires à son application.

B. LES AUTRES SOURCES DU DROIT PÉNAL


Il s’agit ici des règlements (1), des traités et accords internationaux (2) et de la
jurisprudence (3) (Art 2, al. 2 CPT).

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1. Les actes du pouvoir exécutif : les règlements
On peut distinguer deux catégories de règlements : les règlements d’application et les
règlements autonomes. Les règlements d’application précisent une loi ou un règlement
(modalités d’application ou conditions de mise en œuvre, détails techniques). Dans ce cas,
c’est en général le législateur qui renvoie au pouvoir exécutif pour ces précisions. Les
règlements autonomes sont ceux qui portent sur toutes les matières autres que celles réservées
au domaine de la loi (art 85 de la constitution) : exemple de la détermination des
contraventions.

2. Les traités et accords internationaux


Le traité ou l’accord international vise ici toute convention internationale. La ratification
est une des conditions nécessaires à la validité du traité vis-à-vis des différentes parties à la
convention. Exemple des traités internationaux sur les trafics d’armes et de stupéfiants, qui
ont fait l’objet de conventions internationales. L’OHADA constitue l’une des principales
sources internationales du droit pénal des affaires au Togo.

3. La jurisprudence
En matière civile le juge peut jouer un rôle de créateur de normes à la différence du juge
pénal qui en principe, n’est pas admis à avoir ces compétences. Le principe de la légalité s’y
oppose semble-t-il : puisque l’incrimination doit avoir une base légale, la jurisprudence ne
peut tout au plus qu’interpréter, fixer le contenu d’une loi sans être autorisée à mener une
politique criminelle. Si la jurisprudence judiciaire n’est pas une source directe du droit pénal,
son rôle en matière d’interprétation des lois est loin d’être négligeable.

SECTION II. L’APPLICATION DE LA LOI PÉNALE

La question d’application de la loi pénale pose essentiellement, le problème d’application


dans le temps (§1) et celui de l’application dans l’espace (§2).

§1. L’APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS LE TEMPS


C’est parce que le principe de légalité est fondé sur la nécessité de prévisibilité, qu’il n’a
aucune raison d’être s’il était détaché du principe de non-rétroactivité. Ce principe est
constitutionnellement tout autant que conventionnellement défendu. Les règles précises
d’application des lois pénales dans le temps sont inscrites aux articles 1er 1 et 2 al. 2 C. pén.
togolais. L’application de la loi pénale dans le temps suppose que cette loi régisse des
situations nées après son entrée en vigueur. Le principe de la légalité s’oppose, en principe, à
l’application d’une loi nouvelle à des faits antérieurs à sa promulgation. Cependant il faut
distinguer les lois pénales de fond (A) et les lois pénales de forme (B).
1 Selon l’article premier du code pénal togolais « nul ne peut être frappé de sanctions pénales qui n’étaient pas prévues par la
loi avant la commission de l’infraction. Si la loi nouvelle est moins rigoureuse que l’ancienne, elle bénéficie aux auteurs
d’infractions antérieures non encore jugées ».

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A. LES LOIS PÉNALES DE FOND
La non rétroactivité des lois pénales est la règle (1) et la rétroactivité l’exception (2).

1. La non rétroactivité des lois pénales de fond


Elle suppose qu’une personne ne peut être poursuivie ou condamnée pour des faits qui
n’étaient pas érigés en infraction au moment où elle commettait ces actes. Les lois pénales de
fond sont celles qui déterminent une infraction (les incriminations) ou une peine applicable à
l’auteur de l’infraction (les sanctions). Elles créent, modifient, suppriment une incrimination
ou une pénalité, ou bien encore modifient le régime d’exécution des peines. Exemple des
règles de la récidive.
Ce principe est à l’avantage de l’individu en cause dans la mesure où il est protégé contre
les nouvelles lois plus rigoureuses.

2. La rétroactivité des lois pénales plus douces et des lois interprétatives


Certaines lois pénales de fond sont plus douces ou moins sévères et sont favorables à la
personne mise en cause. Dans ce cas, la loi pénale rétroagit. Il s’agit de la rétroactivité in
mitius.
La loi nouvelle moins sévère peut s’appliquer à une situation pour laquelle l’infraction a été
commise avant son entrée en vigueur sous certaines conditions. L’infraction commise ne doit
pas avoir fait l’objet d’une condamnation irrévocable ou passée en force de chose jugée. En
conséquence une loi pénale nouvelle plus douce qui intervient, en cours de procédure ou de
procès, peut profiter à la personne mise en cause, peu importe qu’elle soit intervenue au cours
d’une procédure engagée devant une juridiction du premier degré ou déclenchée devant celle
du second.
S’agissant de la loi interprétative elle est soumise au même principe que celui applicable à la
loi interprétée. Une loi nouvelle d’interprétation rétroagit dans la mesure où elle ne fait que
préciser une ancienne loi. Ce qui veut dire qu’une personne contre laquelle une action
publique a été engagée sous l’ancienne loi peut se voir appliquer la nouvelle loi tant que le
procès est en cours.

B. LES LOIS PÉNALES DE FORME


Les lois de forme sont celles relatives à la prescription (1), à la procédure (2) et à la
compétence (3).

1. Les lois sur les prescriptions


La prescription est fondée sur l’idée selon laquelle après l’écoulement d’un certain délai,
aucune poursuite ne doit plus être engagée. Si le délai de prescription est déjà écoulé au
moment où la loi nouvelle entre en vigueur, la situation est déjà acquise et la loi nouvelle ne
saurait la modifier.
Il faut relever une distinction entre la prescription de l’action publique et celle de la peine.
Selon l’article 7 du Code de procédure pénale, la prescription de l’action publique éteint le

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droit d’agir contre le délinquant et empêche l’ouverture du procès pénal alors que la
prescription de la peine (article 537 et autres du Code de procédure pénale) fait obstacle à
l’exécution d’une peine déjà prononcée lorsqu’un certain délai s’est écoulé depuis la
condamnation.
En clair, la rétroactivité in mitius s’applique à toutes les lois de prescription. En revanche, une
telle solution ne s’impose pas s’agissant des lois de procédure.

2. Les lois relatives à la procédure pénale


Ce sont celles fixant les modalités des poursuites et les formes de la procédure. Elles sont
applicables dès leur entrée en vigueur à tous les éléments de la procédure. Toutefois, les lois
relatives aux voies de recours (nature du recours, cas d’ouverture, délais…) ne s’appliquent
qu’aux décisions rendues après leur entrée en vigueur ; mais celles qui concernent la forme des
recours restent d’application immédiate.

3 Les lois d’organisation judiciaire et de compétence


Ces lois régissent le jugement non seulement des infractions commises après leur
promulgation mais aussi les infractions commises antérieurement, qui n’ont pas encore été
poursuivies ou même qui le sont déjà, à condition qu’il n’existe pas un texte qui écarte
expressément l’application immédiate de ces lois nouvelles. Lorsqu’une loi transforme un délit
en crime, il faut admettre que la cour d’assise devienne compétente immédiatement mais la loi
ancienne survit quand au fond c’est à dire que la cour d’assise applique les peines
correctionnelles. Cependant si l’affaire a déjà été jugée en premier ressort le délinquant a
acquis un droit à demeurer justiciable du même ordre de juridiction jusqu’à la fin de son
procès.

§2. L’APPLICATION DE LA LOI PÉNALE DANS L’ESPACE


Des difficultés peuvent survenir dans l’application de la loi pénale dès lors qu’un élément
d’extranéité intervient. Il peut s’agir du lieu de commission de l’infraction, de la nationalité des
personnes ayant participé à l’infraction ou subi les conséquences de l’infraction. Les règles
édictées en cette matière pour fixer la compétence de l’État (A) subissent un certain
assouplissement du fait du développement du droit pénal international (B).

A. LA TERRITORIALITÉ DE LA LOI PÉNALE


Le droit met en œuvre la souveraineté des États investis du droit de punir les auteurs des
infractions commises sur le territoire où s’exerce leur souveraineté. Il en résulte que les
tribunaux sont compétents pour juger conformément à la loi nationale les infractions
commises sur leur territoire national. L’article 6 CPT qui définit ce territoire et précise qu’il
comprend outre le territoire togolais, l’espace maritime, aérien et les navires ou aéronefs
auxquels la loi, les traités ou la coutume internationale reconnaissent la souveraineté nationale.
Lorsque l’aéronef ou le navire immatriculé à l’étranger se trouve sur le territoire togolais tel
que défini, la loi togolaise ne peut s’appliquer que dans trois cas :
1er cas : l’intervention togolaise a été sollicitée.

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2ème cas : une infraction qui a troublé l’ordre public togolais.
3ème cas : l’auteur ou la victime de l’infraction est togolais.
La loi pénale d’un pays s’applique à toutes les infractions commises sur le territoire de ce
pays quelque soit la nationalité du présumé coupable. Réciproquement, elle est sans influence
sur les infractions commises hors du pays même par des nationaux.
Mais que décider lorsque l’infraction est commise à l’étranger partiellement et sur le
territoire national ? La loi décide que l’infraction est réputée commise dans l’un quelconque
des lieux où est réalisé l’un des éléments constitutifs :
- Dans les divers lieux où est réalisé l’un des éléments constitutifs ;
- Dans les divers lieux où se prolonge ou se renouvelle le fait ;
- À l’endroit où est commis l’un des faits dont la répétition est nécessaire pour constituer
l’infraction ;
- Au lieu du fait de son but immédiat ou de son résultat.

B. LE RECUL DE LA TERRITORIALITÉ
Il est le fait des conventions internationales. Il s’agit notamment de la compétence
universelle instituée par la Convention des Nations Unies contre la torture et autres peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants, adoptée à New York le 10 décembre 1984. Les
faits qualifiés de crimes ou délits et constituant des tortures au sens de l’article 1er peuvent être
poursuivis et jugés sur le territoire dès lors que l’auteur s’y est trouvé. Une convention de cette
nature existe également en matière de terrorisme entre les États (Convention européenne sur
la répression du terrorisme).

§3. L’APPLICATION STRICTE DE LA LOI PÉNALE PAR LE JUGE

Il faut déterminer précisément le domaine de l’interprétation stricte de la loi pénale par le


juge (A) et la portée de cette interprétation (B).

A. LE DOMAINE DU PRINCIPE DE L’INTERPRÉTATION STRICTE


L’interprétation stricte de la loi pénale est un corollaire du principe de la légalité criminelle.
C’est l’alinéa 1er de l’article 4 du CPT qui pose ce principe « Les dispositions pénales sont
d’interprétation stricte ».
Une bonne loi pénale ne devrait pas être sujette à interprétation ; cependant ceci est
inéluctable, les lois sont loin de présenter les qualités requises que sont la précision et la clarté
et le juge est tenu de juger sous peine de déni de justice. Le juge saisi d’un fait est tenu de
statuer, cela découle de l’article 4 du Code civil.
Le juge ne peut non plus sous prétexte d’interprétation ajouter à la loi et sanctionner
arbitrairement des actes que le législateur n’a pas exclusivement prévus ou punis.
Cependant les textes eux-mêmes laissent parfois la place à l’hésitation. Il faut alors avoir
recours aux méthodes possibles d’interprétations.
- L’interprétation littérale : le juge doit rechercher le sens d’un texte dans les termes utilisés par
le législateur.

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- L’interprétation analogique : elle consiste à étendre l’application du texte à d’autres
comportements que ceux qu’il décrit.
- L’interprétation téléologique : elle consiste à rechercher le but poursuivi par le législateur, le
juge recherchera le sens du texte en se référant à l’intention, à l’esprit de la loi, à son
contexte historique et socio-économique. Les travaux préparatoires fournissent des
matières très utiles à l’interprète.

B. LA PORTÉE DU PRINCIPE DE L’INTERPRÉTATION STRICTE DE LA LOI


Interpréter une loi, c’est en dégager le sens afin d’en déterminer le champ d’application. La
portée du principe peut être dégagée à travers deux hypothèses : la loi est obscure (1) ou la loi
est claire (2).

1. La loi est obscure ou de portée douteuse


Parfois l’obscurité peut être levée presque immédiatement. Bien que la loi soit mal rédigée,
l’on peut en percer le sens sans trop de peine. On estime alors que le juge n’est pas lié par le
texte et qu’il doit rechercher la volonté de son auteur et faire prévaloir celle-ci sur la lettre.
Le plus souvent l’obscurité est plus caractérisée par l’absence de définition ou du caractère
très vague des termes utilisés. Mais le juge ne saurait refuser d’appliquer la loi compte tenu
des difficultés d’interprétation. Il doit donc faire un effort pour percer l’intention du
législateur en s’aidant s’il le faut des travaux préparatoires, des données rationnelles ou
s’inspirant du climat social, économique ou moral. Exemple du vol d’usage entraînant la
soustraction frauduleuse est réalisé lorsque l’appréhension révèle l’intention de se comporter
même momentanément comme propriétaire.
Si l’obscurité persiste irrémédiablement, le juge doit non se refuser à juger mais se refuser à
condamner ; in dubio pro reo, le doute doit profiter à l’accusé.

2. Le texte est clair


Si la loi est claire, le principe est l’interprétation stricte, ce qui conduit d’une part à ne
l’appliquer qu’aux seuls cas qu’elle prévoit (a) et d’autre part cette application doit être étendue
à toutes les hypothèses que la loi prévoit (b) : la Cour de cassation est ferme sur ce point ; elle
rejette l’interprétation par analogie.

a. L’application aux seules hypothèses prévues : principe et exceptions


Le juge doit appliquer le texte aux seules hypothèses qu’il prévoit ce qui exclut
l’interprétation extensive, allant au-delà du texte et issue de la méthode analogique.
Exemple : parce que la filouterie d’aliments ou grivèlerie n’est ni un vol, faute d’une
soustraction, ni une escroquerie faute de manœuvres frauduleuses, ni même un abus de
confiance faute de contrat, la jurisprudence a dû relaxer celui qui se faisait servir un repas,
alors qu’il était dans l’impossibilité de payer ; et il a fallu attendre une loi du 26 juillet 1873
pour que ce comportement devînt punissable.
Cependant l’interprétation large notamment par analogie in favorem est admissible pour
les textes favorables au prévenu ce qui est tout à fait légitime puisque la règle d’interprétation

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stricte a pour limite la protection de l’individu. L’exemple de l’immunité familiale prévue en
matière de vol et étendue à toutes les infractions voisines du vol comme l’escroquerie montre
bien cette tendance observée dans la jurisprudence.

b. L’application à toutes les hypothèses prévues


Cette idée condamne l’interprétation étroite de la loi pénale notamment la méthode
littérale. Il est alors admis que la loi doit avoir une certaine élasticité permettant au juge de
suivre son temps tout en restant fidèle à la politique criminelle.
Le juge doit suivre son temps. Le juge doit donner toute son ampleur au texte comme si le
législateur avait envisagé les progrès technologiques postérieurs à l’adoption de la loi.
Ainsi dans le développement de l’informatique, peut-on parler de vols de biens
informatiques qui constituent des biens incorporels alors que traditionnellement le vol ne
concerne que les biens mobiliers corporels ?
Le juge doit adapter la loi aux besoins de la politique criminelle indépendamment de
l’évolution des progrès technologiques. Pour ce faire, le juge est amené à préciser le domaine
d’application de certains textes pénaux.
Parfois c’est le texte lui-même qui invite le juge à une telle interprétation. Ainsi l’article
706 du CPF qui réprime « quiconque aura détruit, abattu, mutilé ou dégradé des monuments,
statues et autres objets destinés à l’utilité ou à la décoration publique et élevés par l’autorité
publique » est étendu à la dégradation d’un kiosque à journaux édifié sur le domaine public ou
de la pelouse d’un jardin public.
Il reste que hors la nécessité d’adaptation de la loi en cas d’insuffisance ou d’évolution
technique ou sociale ou de protection de l’intérêt du prévenu, le juge doit se tenir à une
interprétation stricte de la loi pénale quel que soit le caractère apparemment répréhensible des
faits qui lui sont soumis.

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PARTIE II. L’INFRACTION
La classification des infractions (Chapitre I ) et les éléments constitutifs de l’infraction
(Chapitre II ) constituent les axes des développement de cette partie.

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CHAPITRE I. CLASSIFICATION DES INFRACTIONS
Il est possible de procéder à d’innombrables classifications en retenant divers critères :
- Critère de l’objet : c’est celui retenu par le Code ; on distinguera à ce propos : infractions
contre les personnes, contre l’ordre des familles, contre les mœurs etc.
- Critère de la gravité : crimes, délits, contraventions
- Critère d’élément moral : infractions institutionnelles, infractions non institutionnelles.
Toutes ces classifications n’ont pas la même importance, elles n’induisent pas toutes des
conséquences juridiques importantes. La doctrine retient généralement une classification
principale (Section I) et quelques classifications secondaires fondées sur la nature des
infractions (Section II).

SECTION I. CLASSIFICATION PRINCIPALE

Le principe de la classification tripartite des infractions est assez récent. Il repose sur la
gravité de l’infraction (A). Cette classification est intéressante à plusieurs égards (B).

§1. LA CLASSIFICATION TRIPARTITE


Selon l’article 1er du CPT, « Les infractions pénales sont classées, suivant leur gravité, en crimes,
délits et contraventions.
1) les crimes sont punis de peines criminelles
2) les délits sont punis de peines correctionnelles ;
3) les contraventions sont punies de peines de police. ».
On distingue alors les crimes, les délits et les contraventions. En droit togolais, constitue
un crime, toute infraction punie de réclusion perpétuelle, de réclusion de 5 à 20 ans, de

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confiscation générale ou de déchéance civique (perte de tout mandat public, incapacité de
servir dans la fonction publique, d’enseigner).
Il y a délit lorsque l’infraction est punie de peines d’emprisonnement et/ou d’amende, de
confiscation mobilière et d’interdiction des droits (qui ne peut excéder 5 ans).
Il y a contravention lorsque l’infraction est punie de peines de police tel que le travail pénal
pendant une période ne pouvant excéder deux mois et d’une amende ne pouvant excéder
30 000 F.

§2. INTÉRÊT DE LA DISTINCTION


Selon l’article 84 de la Constitution togolaise, la détermination des crimes et des délits et
des peines qui leur sont applicables relève du pouvoir législatif alors que la détermination des
contraventions appartient au pouvoir réglementaire (art. 2 CPT). La distinction des crimes,
des délits et des contraventions intéresse à la fois le droit pénal de fond (A) et le droit pénal de
forme (B).

A. LES INTÉRÊTS À L’ÉGARD DES RÈGLES DE FOND


Nous pouvons distinguer les intérêts au regard de l’incrimination (1) et ceux liées à la peine
(2).

1. Sur les incriminations


La classification présente des intérêts sur l’élément matériel et l’élément moral de
l’infraction.
Élément matériel : la tentative est toujours punissable pour les crimes, uniquement lorsqu’elle
est prévue pour les délits et jamais pour les contraventions. La complicité est toujours
punissable pour les crimes et délits mais exceptionnelle en matière de contraventions.
Élément moral : les crimes sont nécessairement des infractions intentionnelles alors que les
délits sous la plume du législateur peuvent prendre la forme d’infraction d’imprudence ou de
négligence. En matière criminelle et délictuelle, l’accusation doit prouver la faute de la
personne poursuivie alors que cette faute est présumée en matière contraventionnelle.

2. Sur les peines


La règle de non cumul des peines posée par l’article 39 CPT prévoit que si plusieurs crimes
et délits sont jugés dans la même instance, les peines correspondantes prononcées ne peuvent
par leur cumul excéder le double du maximum de la plus lourde peine encourue. En matière
de contravention, c’est la règle du cumul qui prévaut, les peines se cumulent.

B. LES INTÉRÊTS À L’ÉGARD DES RÈGLES DE FORME


La gravité de l’infraction détermine tout d’abord la compétence. Les crimes sont jugés par
la Cour d’assises, les délits par les tribunaux correctionnels et les contraventions par les
tribunaux de police.

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Procédure L’instruction préparatoire est obligatoire en matière de crime sauf dispositions
spéciales prévues par la loi ; elle est facultative en matière délictuelle et exceptionnelle en
matière de contravention.
La procédure de flagrant délit prévue aux articles 43 et suivants du code de procédure pénale
n’est applicable qu’en matière de crime et de délit et jamais en matière de contravention. Les
mesures de détention provisoires ne peuvent être applicables qu’en matière de crime ou de
délit.
La prescription de l’action publique (article 7 du code de procédure) : 10 ans pour les crimes et
5 ans pour les délits (au lieu de 3 ans en France) et 1 an pour les contraventions.
La classification tripartite compte tenu des nombreux intérêts qui y sont attachés reste la
summa divisio, la division principale à côté de laquelle existent des classifications secondaires.

SECTION II. LA CLASSIFICATION SECONDAIRE

Elle est faite par rapport au caractère ou à la nature de l’infraction. Contrairement à la


classification selon la gravité de l’infraction qui est celle retenue par le code pénal, la
classification par nature ou par caractère est implicite et entend regrouper des infractions
dont le régime juridique est spécifique au regard de celui applicable aux infractions dites de
droit commun. En fait on se rapproche plus du domaine du droit pénal spécial. Il s’agit des
infractions politiques (§1), des infractions militaires (§2), des infractions d’affaires (§3).

§1. LES INFRACTIONS POLITIQUES


L’infraction politique porte atteinte non seulement à une personne dans son intégrité
physique ou morale, mais aussi à une entité, l’État ou la nation.
Le code pénal togolais ne prévoit pas expressément une catégorie d’infraction sous
l’appellation d’infractions politiques. Cependant le Titre IV consacré aux infractions contre
l’État regroupe deux catégories d’infractions que sont d’une part les attentats à la sûreté
extérieure de l’État, et les attentats contre la sûreté intérieure de l’État peuvent être classés
parmi les infractions politiques.
Intérêts attachés à la distinction : Pourquoi distinguer les infractions politiques des infractions
de droit commun ?
- Du point de vue du droit pénal international, l’infraction politique ne donne pas lieu à
extradition. Du point de vue du droit pénal interne, les auteurs d’infractions politiques
bénéficient d’un régime pénitentiaire spécial. Il est moins rigoureux par exemple la contrainte
par corps est inapplicable. Par ailleurs il existe parfois une échelle des peines particulières aux
infractions politiques : détention, bannissement, dégradation civique ou assignation à
résidence.

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§2. LES INFRACTIONS MILITAIRES
Les infractions militaires sont celles qui consistent en un manquement au devoir ou à la
discipline militaire et qui pour cette raison, ne peuvent être commises que par des militaires
(désertion, abandon de poste, insoumission, refus d’obéissance…).

§3. LES INFRACTIONS FISCALES


Relativement aux fraudes fiscales ; l’État a mis en place un arsenal juridique plus rigoureux
que s’agissant des infractions de droit commun (A) et une procédure particulière (B).

A. LES SANCTIONS APPLICABLES AUX INFRACTIONS FISCALES


Le droit fiscal connaît trois types de sanctions.
Les sanctions fiscales : entraînent des indemnités et intérêts de retard : ce sont des intérêts
moratoires destinés à réparer le préjudice éprouvé par le trésor du fait du retard dans la
perception des impôts. Il y a des majorations de droits dont la nature est mixte elles ont à la
fois un aspect réparateur et un caractère sanctionnateur.
Les sanctions administratives : interdiction de souscrire aux appels d’offre par exemple.
Sanctions pénales : ce sont des sanctions de droit commun.

B. PROCÉDURES FISCALES
L’administration fiscale dispose de pouvoirs exorbitants pour effectuer des vérifications, des
visites domiciliaires, des procès-verbaux de constatation des infractions. Les plaintes sont
d’abord adressées à l’administration, elles suivent la phase de contentieux devant
l’administration elle-même avant d’être soumises au juge. Possibilité de transaction dont l’effet
est de paralyser la mise en mouvement de l’action publique devant le juge.

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CHAPITRE II. LES ÉLÉMENTS DE L’INFRACTION

L’infraction se définit comme un fait puni par la loi pénale et pouvant être imputé à son
auteur. Cette définition comprend trois éléments : L’élément légal : le comportement doit être
prévue et punie par la loi. L’infraction va consister en une violation de la loi pénale. L’élément
matériel est constitué par l’action ou l’omission par laquelle la loi est violée. L’élément moral :
cet élément existe si le comportement est imputable à son auteur. Celui-ci doit avoir un
certain discernement.
Cette classification en trois éléments a fait l’objet de certaines critiques. Des auteurs ont
remis en cause l’existence même de l’élément légal. Ils ont prétendu qu’il ne saurait être
question d’élément légal dans la mesure où le texte qui prévoit l’infraction qui incrimine le
comportement ne fait pas partie de l’infraction, il est nécessairement extérieur et préalable à
l’infraction, ce qui est contestable. Il en résulte que finalement l’infraction ne comporte que
deux éléments : l’élément matériel (Section I) et l’élément moral (Section II).

SECTION I. L’ÉLÉMENT MATÉRIEL

L’élément matériel de l’infraction traduit l’acte (§1) et tout ce qui se rattache à la réalisation
de l’infraction (§2) et son résultat (§3).

§1. L’ACTE

L’accomplissement de l’acte est une condition importante de l’élément matériel (A), que
cet acte soit négatif ou positif importe peu (B).

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A. L’EXIGENCE DE L’ACTE
L’infraction définie comme une action suppose l’accomplissement d’un acte, une
réalisation, un évènement manifesté par une attitude extérieure. Sont donc exclues les seules
pensées et les seules opinions. Le droit pénal doit gouverner les conduites et non les
consciences. Nul n’est responsable pénalement que de son propre fait, la référence à la matérialité
est nettement affichée.

B. L’ACTE POSITIF ET L’ACTE NÉGATIF


Il revient ici de porter le regard sur les infractions de commission et sur les infractions
d’omission. L’infraction de commission consiste à commettre positivement un acte prohibé
par la loi pénale. Exemple des coups portés, une parole prononcée, une lettre envoyée. À
l’inverse, par l’infraction d’omission, le législateur vise l’inaction, la passivité, le fait de laisser
les choses en l’état.

1. La commission par omission


D’un point de vue philosophique, SAINT AMBROISE disait que « celui qui ne repousse pas
lorsqu’il le peut, l’agression dirigée contre son semblable est aussi coupable que s’il la commettait elle-
même ». Et pour LOYSEL « qui peut et n’empêche pèche ».

2. Les infractions de pure omission


Ici le législateur réprime un comportement en lui-même, indépendamment des
conséquences qu’il a pu engendrer :
- la non dénonciation d’un crime
- omission volontaire d’empêcher un crime ou certains délits
- de porter secours à une personne en péril
- de témoigner en faveur d’un innocent
- abstention de combattre un sinistre

§2. LES MODES DE RÉALISATION DE L’ACTE


Rappelons tout d’abord que l’infraction est un évènement, de ce fait elle entretient des
rapports forts étroits avec le temps. Servent alors de références, tantôt le nombre d’acte (A),
tantôt la durée des agissements (B).

A. LE NOMBRE D’ACTES

Il faut distinguer entre les infractions simples, complexes et les infractions d’habitude (1).
Une telle distinction revêt un intérêt certain (2).

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1. Les infractions simples, complexes et les infractions d’habitude
L’infraction simple est celle qui se réalise par l’accomplissement d’un seul acte matériel.
Exemple : un seul coup de feu permet de commettre un crime. L’infraction complexe sous-
entend l’accomplissement de plusieurs actes matériels. Ces actes concourent à une fin unique,
la réalisation entière de l’infraction, Exemple de l’escroquerie qui se réalise complètement par
l’utilisation de moyens frauduleux et par la remise de la chose convoitée ; les actes ici sont de
natures diverses.
Nous pouvons également avoir la pluralité des actes de même nature, et lorsque la
répétition d’actes identiques est exigée, on parle d’infraction d’habitude. L’exigence a conduit
à ne retenir que l’infraction du moment où l’acte est répété. Exemple du harcèlement sexuel
ou les menaces de mort.

2. Intérêts de la distinction
Procédure : la compétence territoriale est au cœur de la distinction.
L’infraction complexe comme l’infraction d’habitude peuvent être éclatées dans l’espace,
plusieurs juridictions sont alors en concurrence. On peut se retrouver dans une configuration
où la juridiction nationale peut s’opposer à une juridiction étrangère. La compétence
territoriale se satisfait d’un acte matériel.
Prescription de l’action publique : le délai de prescription commence à courir sans référence
à la date des premiers actes, à compter du dernier acte caractérisant l’infraction.

A. LA DURÉE DES AGISSEMENTS


On distingue les infractions instantanées (1) des infractions continues (2).

1. Les infractions instantanées, permanentes et continues


Les infractions instantanées sont celles qui se réalisent en « un trait de temps ». Exemple
du meurtre ; peu importe les agissements meurtriers, le meurtre ne se réalise qu’avec la mort
de la victime. Échelonnée sur plusieurs semaines voire plusieurs mois, l’escroquerie n’est pas
moins une infraction instantanée qui se réalise avec la remise de la chose.
Lorsque les effets de l’infraction se prolongent dans le temps, la doctrine parle
d’infractions permanentes. Exemple de la bigamie, construction sans permis de construire.
Certaines infractions se prolongent dans le temps et révèlent une volonté réitérée de
l’auteur, ce sont des infractions continues ou successives. Le législateur incrimine alors, non
plus un acte isolé mais la persistance d’une situation illégale, l’infraction continue se réalise
dans la durée (port illégal de décoration, recel de la chose volée).

2. Les intérêts de la distinction


Compétence territoriale : - infraction instantanée : la juridiction compétente est celle du
lieu de l’infraction.

29
- La nature continue ou successive des infractions peut multiplier le nombre des juridictions
compétentes, les actes s’étant déroulés en plusieurs lieux.
L’action publique : Rappelons que la prescription court à partir de la réalisation de l’infraction.
- Pour les infractions instantanées, le problème ne se pose pas, le délai court à partir du
moment où l’infraction est réalisée.
- Pour les infractions continues, on retarde au contraire la course du temps. Le point de
départ de l’infraction est suspendu jusqu’au moment où l’infraction a pris fin.
Sur la loi applicable : L’infraction instantanée est soumise aux dispositions de la loi en vigueur
au moment où elle est commise. Le principe de la non rétroactivité interdit donc par
définition qu’une loi plus sévère intervenue depuis les faits puisse s’appliquer. En revanche la
règle est inversée pour les infractions continues. Se poursuivant dans le temps, elle est
rattrapée par la loi nouvelle qui s’applique malgré sa plus grande sévérité.
Sur la question de la chose jugée : On retrouve ici le principe non bis idem qui interdit de juger
deux fois pour la même infraction qui est une règle pour les infractions instantanées, la règle
s’efface pour les infractions continues. Tant que l’infraction perdure, la personne peut être
poursuivie alors même qu’elle a déjà été condamnée une ou plusieurs fois pour les mêmes
faits ; exemple du non-paiement des pensions alimentaires.

§3. LE RÉSULTAT
Le résultat est la conséquence dommageable de l’infraction. Sa nature est variée (A).
Toutefois, la tentative peut être punie (B).

A. L’EXIGENCE DU RÉSULTAT, L’INFRACTION MATÉRIELLE


La plupart des infractions sont des infractions matérielles ; on entend par là qu’elles se
réalisent uniquement par la survenance d’un résultat.
- le seul décès de la victime ne saurait imposer autoritairement la qualification de
meurtre. Seule une analyse minutieuse des faits pourra le cas échéant faire la part entre
l’assassinat, le meurtre ou encore les violences ayant entraîné la mort sans intention de
la donner.
- Ensuite sous la pression législative qui fonde la répression en fonction du résultat, il
importe de connaître avec précision la conséquence réelle du dommage causé par
l’activité délictueuse de l’auteur.

B. LA TENTATIVE
La tentative est selon Claude LOMBOIS, une action coupable, destinée à la réalisation
d’une infraction mais qui n’accomplit pas l’intégralité de ses éléments constitutifs.
La solution retenue par le CPT exige que la tentative soit manifestée par un
commencement d’exécution (la conception objective). Cependant la tentative est punie
comme l’infraction consommée (la conception subjective). En fin de compte, la solution légale
est à mi-chemin entre l’une et l’autre des deux conceptions.
Aux termes de l’article 46 CPT, la tentative comporte deux éléments, le commencement
d’exécution (A) et une absence de désistement volontaire (B). La réunion de ces deux
éléments va entraîner la répression de la tentative.

30
1. Le commencement de l’exécution
Dans le déroulement d’un fait délictueux on distingue généralement trois phases.
1ère phase : la résolution criminelle ; il s’agit d’un concept psychologique et le droit pénal ne
saurait punir un simple projet. A ce niveau il n’y a aucun trouble social.
2ème phase : les actes préparatoires ; ce sont des actes matériels qui confirment peut-être la
résolution criminelle sans la consommer l’infraction. Ils se situent avant les actes d’exécution.
Ils ne sont jamais punissables sauf si la loi les incrimine par eux même. Exemple achat d’une
arme à feu (meurtre, vol à main armée ou simple défense).
3ème phase : la phase d’exécution : cette exécution n’est pas encore menée à son terme mais la
pensée criminelle est manifestée par des faits extérieurs, des faits matériels. Toute la difficulté
va résider dans la distinction entre l’acte préparatoire non punissable et le commencement
d’exécution punissable en l’absence de désistement volontaire.
Pour les tribunaux il faut que l’acte commis soit en rapport direct avec l’infraction.

2. L’absence de désistement volontaire : l’interruption involontaire


La tentative sera retenue et donc punissable en l’absence de désistement volontaire (a). Si le
désistement est volontaire il n’a pas de tentative punissable (b).

a. Le caractère volontaire ou involontaire du désistement


Le désistement volontaire est un désistement spontané. Il marque le renoncement de
l’agent à son entreprise criminelle : l’agent s’arrête de son propre chef dans son entreprise. On
dit généralement que la cause est interne à l’agent. C’est un mouvement du for intérieur que
les juges n’ont pas besoin de scruter. Exemple de l’agent qui après avoir visé à l’aide de son
arme la victime, renonce à tirer.
Le désistement est involontaire lorsque, l’interruption est provoquée par une force
extérieure irrésistible telle que sans elle, l’agent aurait atteint son but. Exemple : Le
cambrioleur est surpris et neutralisé par la jeune dame chez qui il allait voler.
Il existe cependant des cas où l’hésitation est permise. L’agent s’arrête délibérément mais
sous l’influence d’une cause extérieure. Selon les auteurs, il convient de rechercher quel a été
l’élément déterminant de l’interruption : l’interruption est involontaire lorsque l’élément
externe a été déterminant. Les solutions jurisprudentielles sont plutôt rigoureuses, la
jurisprudence admet rarement le caractère volontaire lorsque l’agent a été influencé par une
cause extérieure réelle ou imaginaire. La crainte d’une dénonciation par un témoin est un
désistement involontaire2 , cas également des bruits ou des passants. Ces solutions sont
critiquées pour leur sévérité.

b. Un désistement antérieur à l’infraction


Le désistement volontaire doit être antérieur à l’infraction. Si ce désistement intervient
après la réalisation de l’infraction, pour la doctrine c’est le repentir actif. C’est le cas de l’agent

2 Crim. 29/05/1902 D. 1904, I, 31

31
qui après avoir commis l’infraction éprouve un remord qui est ici tardif. Sa responsabilité
pénale sera quand même retenue mais il pourra bénéficier de circonstances atténuantes.

SECTION II. L’ÉLÉMENT MORAL

L’infraction quelques soit sa nature, n’est constituée que si son auteur a eu la volonté ou la
conscience, de violer la loi pénale (§1). La volonté peut être plus précise dans le cas du dol
spécial (§2) et il faut dans certains cas la rechercher lorsque l’infraction est non intentionnelle
(§3).

§1. L’INTENTION CRIMINELLE


Encore appelé dol criminel, elle est la condition de tout crime ou délit : « il n’y a point de
crime ou de délit sans intention de le commettre » (art. 121-3, CPF). Mais pour la plupart des
auteurs c’est « la volonté de commettre l’infraction telle qu’elle est déterminée par la loi, plus la
conscience chez le coupable d’enfreindre les prohibitions légales ». Cette définition a l’avantage de
s’appliquer à la majorité des infractions. L’intention ou dol général est une donnée commune à
toutes les infractions intentionnelles (A). Il faut la distinguer du mobile (B).

A. LA NOTION DE DOL GÉNÉRAL


La définition du dol général (1) et sa preuve (2) fourniront les éléments de cette partie.

1. La définition
L’intention réside dans la volonté de commettre le fait prohibé, qui matérialise une valeur
sociale protégée, et dans la conscience d’enfreindre une interdiction légale. Pour Merle et Vitu,
le dol général est « la conscience et la volonté infractionnelle ». C’est à la fois la connaissance de
ce qui est interdit et la volonté de transgresser l’interdit malgré tout. L’existence de l’intention
va-t-elle se déduire de la seule constatation que le fait a été volontairement commis, ou bien le
juge doit il rechercher le mobile, les raisons qui ont poussé le délinquant à agir ? La réponse à
cette question est : l’intention du fait infractionnel est suffisante ; le mobile est indifférent.

2. La preuve du dol général


La preuve va porter sur les éléments du dol général :
S’agissant de la connaissance de la loi, elle ne se prouve pas, elle est présumée de manière
irréfragable : nul n’est censé ignorer la loi ; cependant il faut admettre que dans certains
contextes particuliers où règne l’analphabétisme et où les textes de lois ne sont pas
suffisamment diffusés, le juge puisse nuancer la rigueur de cette affirmation.
S’agissant de la volonté, il appartient à la partie qui réclame la peine (ministère public ou
partie civile) de faire la preuve de l’intention puisque celle-ci est un élément constitutif de
l’infraction.

32
En pratique, la distinction est faite selon les infractions. Dans certaines infractions,
l’élément intentionnel résulte de la nature même de l’infraction Exemple de l’infraction de la
diffamation ou de contrefaçon d’œuvre littéraire et artistique, la bonne foi est inopérante.
Dans d’autres infractions, il faut prouver la volonté d’atteindre le résultat. Dans l’émission
de chèque sans provision, le juge va déduire souverainement la mauvaise foi du prévenu du fait
qu’il n’a pas procédé à la vérification de la provision avant d’émettre le chèque.

B. LA DIFFÉRENCE ENTRE LE DOL ET LE MOBILE


Le mobile est l’intérêt ou le sentiment qui a déterminé l’action ou encore le motif impulsif
et déterminant de l’acte criminel. Exemple de la jalousie qui a motivé le vol ou la haine qui a
motivé le meurtre. En principe le mobile est indifférent (1) mais ce principe comporte
quelques exceptions (2).

1. Le principe
Le mobile n’est pas un élément constitutif de l’infraction, il en résulte que l’infraction
existe dès que l’intention criminelle existe quelque soit le mobile qui l’a inspiré. Dans ce sens,
la licéité ou la noblesse du motif ne fait pas disparaître l’infraction et n’exerce aucune influence
sur la peine encourue.
Pour le droit pénal africain moderne qui s’inspire de la conception classique pour la
distinction entre intention criminelle et mobile, la situation est plus complexe du fait de la
permanence de la tradition et la confusion qu’elle entraîne entre l’intention et le mobile. Le
juge africain appelé à statuer conformément aux dispositions du droit pénal moderne se trouve
être confronté à une situation de droit ou de fait qu’il ne peut ignorer et qui est pour lui une
grande source d’embarras.
Dans un article intitulé « La justice face à la sorcellerie’ »3, Me MATHEY affirme que
« parfois aussi la sorcellerie se manifeste par le meurtre rituel qui peut être défini comme le meurtre
accompli pour calmer les esprits par un sacrifice humain. Ce meurtre n’est pas un acte de vengeance
mais le simple accomplissement d’un devoir social ». A l’analyse on peut constater qu’il n’y a aucun
rapport objectif entre l’auteur et la victime. Il s’agit d’un crime rituel. Cependant le législateur
moderne a pris parti : l’homicide volontaire commis dans un but rituel ou d’anthropophagie
était puni de mort (art. 45 CPT ancien).

2. Les exceptions au principe de l’indifférence du mobile


Parfois, l’intention définie comme une volonté abstraite ne suffit à constituer l’infraction.
Il faut que l’infraction soit inspirée par un mobile déterminé intégré dans le champ
infractionnel. Exemple de l’attentat à la pudeur (art. 388 CPT), l’excitation des sens constitue
le mobile de l’infraction. Si ce mobile fait défaut, l’infraction n’est pas consommée.
Une autre exception tirée de l’attitude des juges. Bien souvent, les juges de fond en
considération du mobile des délinquants peuvent leur accorder des circonstances atténuantes
permettant d’abaisser le quantum de la peine en dessous du minimum légal. Ainsi en 1984,

3 Recueil PENANT 1976, 316

33
une cour d’assises a acquitté un individu qui a tiré sur son père (parricide) à la demande de
celui-ci désireux de ressusciter.

§2. LE DOL SPÉCIAL


Le dol spécial est une volonté criminelle précisée (A) et il présente différentes formes (B).

A. LA NOTION DE DOL SPÉCIAL


Le dol spécial est une volonté criminelle plus précise plus affinée : c’est une donnée
psychologique qui vient s’ajouter au dol général. En d’autres termes, le dol spécial c’est la
conscience de provoquer un préjudice, la recherche d’un résultat déterminé. Le dol spécial
joue deux rôles.
Premier rôle : il permet de choisir entre plusieurs qualifications susceptibles de s’appliquer à
un même fait. Exemple : un coup de couteau peut recevoir plusieurs qualifications.
1ère qualification : assassinat ; cette infraction requiert en plus de la volonté abstraite
l’intention spéciale ou particulière de tuer.
2ème qualification : le meurtre simple : le dol consiste dans la volonté de donner des coups sans
la volonté de donner la mort.
3ème qualification : coup mortel, il s’agit d’un accident ; l’agent n’a eu aucune volonté.
Deuxième rôle : le dol spécial est nécessaire pour retenir la qualification : il est indispensable à
l’existence de l’infraction. En l’absence du dol spécial, il n’y a pas d’infraction : le fait matériel
ne reçoit aucune qualification pénale.
Le vol requiert non seulement le dol général défini ici comme la conscience de s’emparer
de la chose d’autrui mais également un dol spécial qui consiste dans la volonté d’agir en
maître sur la chose. Sans cette volonté, il n’y a pas vol. Les auteurs ont critiqué cette doctrine
en estimant que le délinquant en soustrayant l’objet se comporte déjà en maître de celui-ci
d’où la confusion entre dol général et dol spécial.

B. LES DIFFÉRENTES FORMES DE DOL SPÉCIAL


Le dol spécial peut être défini d’après l’intensité de la volonté délictueuse entraînant dol
simple, dol aggravé (1) ou d’après le résultat, celui-ci est imprécis, excessif ou voulu ? On
parlera de dol déterminé, de dol praeter intentionnel ou de dol éventuel (2).

1. Le dol simple, le dol aggravé


On retient ici le critère de l’intensité. Le dol est envisagé dans son expression. On oppose le
dol simple au dol aggravé. Le dol simple est caractérisé par une intention morale, une
détermination spontanée et autonome qui entraîne une peine ordinaire.
Le dol aggravé ou prémédité traduit un effort psychologique particulier de l’agent. Son
intention est caractérisée par une réflexion mûrie qui entraîne une aggravation de la peine
ordinaire prévue par la loi.

34
Le dol atténué ou provoqué : Il s’agit d’une intention en relation de causalité avec
l’excitation imputable à un tiers. Exemple de l’excuse de provocation.

2. Les différentes autres formes de dol spécial


Par hypothèse, le délinquant n’a pas formellement voulu les conséquences de son acte,
mais il les a prévus ou aurait dû les prévoir. Il s’agit alors de décider si le résultat doit lui
être imputé comme s’il l’avait voulu. La distinction est fondée sur le résultat de la volonté
délictueuse.

§3. L’ÉLÉMENT MORAL DANS LES INFRACTIONS NON INTENTIONNELLES : LA


FAUTE PÉNALE

L’élément moral existe dans toutes les infractions y compris celles qui ne requièrent pas une
intention criminelle. Ici l’élément moral consiste en une simple faute : la faute pénale ou la
faute non intentionnelle. Aujourd’hui la doctrine dominante admet l’existence de deux
catégories de faute : la faute d’imprudence (A) et la faute contraventionnelle (B).

A. LA FAUTE D’IMPRUDENCE
La faute n’est pas définie par le Code pénal. L’on s’accorde cependant à reconnaître une
portée générale au texte de l’article 17 ; al. 3 CPT qui vise la maladresse, l’imprudence, la
négligence, l’inattention et l’inobservation des règlements. Analyse de la notion de faute
d’imprudence : c’est la non prévision du résultat, c’est un relâchement de la vigilance. Elle
contient plusieurs concepts : La maladresse, l’imprudence, l’inattention, la négligence,
l’inobservation des règles. La faute pénale coïncide avec la faute civile.

B. LA FAUTE CONTRAVENTIONNELLE
Cette faute résulte du seul fait de la transgression d’une prescription légale ou
réglementaire. Cette faute est considérée comme présumée dans la mesure où le ministère
public est dispensé d’en ramener la preuve et que l’intéressé n’a pas la faculté de prouver qu’il
n’a commis aucune faute
Se fondant sur ces différentes caractéristiques, certains auteurs ont fait valoir qu’il s’agissait
en réalité de délits purement matériels c'est à dire de délits exposant leur auteur à la sanction
pénale, indépendamment de la recherche d’une faute intentionnelle ou non intentionnelle et
existant dès lors que le fait matériel est constaté.
Au vrai, les infractions contraventionnelles conservent un élément moral minimum ; un
élément moral extrêmement mince dans la mesure où il est admis que la preuve de la
contrainte, de la démence, ou de la minorité est susceptible de permettre à la personne
poursuivie de s’exonérer de sa responsabilité pénale.

35
PARTIE III. LA SANCTION PÉNALE

La notion de sanction ou de peine est au centre de la définition du droit pénal ; c’est le


point central fixant l’objet de ce droit. Pour MERLE ET VITU, le droit pénal est « l’ensemble des
règles juridiques qui organisent la réaction de l’Etat vis-à-vis des infractions et des délinquants ». Le
terme sanction inclut aussi bien la prévention et la rééducation. La doctrine classique mettait
l’accent sur la répression mais aujourd’hui sous l’influence de la doctrine de la défense sociale
nouvelle, l’accent n’est plus uniquement mis sur la répression mais aussi sur la rééducation du
délinquant. La sanction pénale cherche à atteindre trois buts essentiels : l’intimidation, la
rétribution, la réadaptation. Les caractères de la peine (Section I), les mesures de sûretés
(Section II), les principes directeurs de la détermination des peines (Section III) fourniront les
éléments des développements à suivre.

SECTION I : CARACTÈRES DE LA PEINE

La peine a un caractère afflictif (§1), infamant (§2), déterminé (§3) et définitif (§4).

§1. LE CARACTÈRE AFFLICTIF


Il est lié à la rétribution. La peine est ressentie comme une souffrance, une privation :
peine de prison, amende. Pour être en conformité avec le but d’intimidation, l’on va renforcer
ce caractère. Pour poursuivre un but de réadaptation, l’on va jouer sur la personnalisation des
peines. Il faut une souffrance juste, tantôt on portera atteinte à la liberté, tantôt au
patrimoine, tantôt aux droits de l’individu. Tout dépend de l’infraction et de son auteur.

36
§2. LE CARACTÈRE INFAMANT
La peine désigne le condamné à la réprobation publique. SALEILLES employait le terme
très fort de déshonneur. Le caractère infamant met l’accent sur le blâme adressé à celui qui
remet en cause l’ordre social en portant atteinte à l’une des valeurs protégées.

§3. LE CARACTÈRE DÉTERMINÉ


La peine devrait être déterminée pour atteindre son but d’intimidation et de rétribution.
Dès le jour du jugement, le condamné doit connaître le montant de l’amende qu’il doit payer,
combien de temps durera la peine de privation de liberté. Le caractère déterminé de la peine
est un moyen de se garder de l’arbitraire des services administratifs chargés de faire exécuter la
condamnation. Mais il faut admettre que dans le but de réadaptation, la peine exécutée se
différencie de celle qui avait été prononcée, elle-même distincte de celle qui était encourue.

§4. LE CARACTÈRE DÉFINITIF


Le principe est qu’après l’expiration des délais de recours, la peine n’est plus susceptible de
modification. Il y a des atténuations : Exemple d’une nouvelle loi plus douce supprime
l’incrimination.

SECTION II. LES MESURES DE SÛRETÉ

Ce sont « des mesures individuelles coercitives, sans coloration morale, imposées à des individus
dangereux pour l’ordre social, afin de prévenir les infractions que leur état rend probables »4. Elles
sont prévues par le chapitre V, art. 112 et s. CPT, ce sont l’interdiction de séjour, la
confiscation et la fermeture d’établissement. Ces mesures n’ont pas de coloration morale (§1),
ont une durée indéterminée (§2), sont révisables (§3) et ne peuvent être remises en cause (§4).

§1. ABSENCE DE COLORATION MORALE


La mesure de sûreté n’a pas un caractère afflictif ou infamant. Le but recherché est la
protection de la société par la réadaptation de l’individu sans blâme pour celui-ci. Nous avons
le recours à des moyens éducatifs (rééducation des mineurs), curatifs (désintoxication), des
mesures disjonctives (mesures tendant à empêcher la conjonction de facteurs criminogène :
interdiction de séjour), des mesures de surveillance (régime du sursis avec mise à l’épreuve),
des mesures à prédominance neutralisatrice (expulsions des étrangers délinquants).

4 B. BOULOC, Pénologie, Dalloz, 1988, n°55.

37
§2. LA DURÉE INDÉTERMINÉE
La mesure doit être adaptée à l’état dangereux constaté. Cet état peut évoluer. Il faut que la
mesure suive cette évolution. Ce qui fait que la nature et le but de la mesure de sûreté
postulent l’indétermination de sa durée. Toutefois certaines mesures sont considérées comme
des peines accessoires ou complémentaires dont la durée doit être déterminée ; et sur un plan
général la sauvegarde de la liberté individuelle, elles exigent que certaines limites soient posées.
Cela a incité des auteurs à proposer un « maximum indicatif et reportable ».

§3. LE CARACTÈRE RÉVISABLE


Ce caractère complète le précédent. Alors que la peine est fixée une fois pour de bon et est
revêtue de l’autorité de la chose jugée, la décision sur l’état dangereux peut toujours être
remise en question.

§4. LA NON REMISE EN CAUSE


La grâce, la prescription, l’amnistie fondées sur le pardon ou l’oubli, s’appliquent mal, dit-
on aux mesures de sûreté. Le législateur contemporain est beaucoup moins catégorique.

SECTION III. LES PRINCIPES DIRECTEURS DE LA DÉTERMINATION


ET DU RÉGIME DES PEINES

Deux principes commandent la détermination et le régime des peines : c’est le principe de


la légalité des délits et des peines (§1) et le principe de subjectivité (§2).

§1. LE PRINCIPE DE LA LÉGALITÉ DES DÉLITS ET DES PEINES


Le principe de la légalité criminelle s’applique au crime mais aussi aux peines. Le
législateur détermine souverainement les peines dans le cadre fixé par la constitution. Il ne
peut qu’édicter des peines impersonnelles et générales. Il peut tout au plus raisonner par
catégorie (mineurs), l’individualisation concrète de la peine sera réalisée par le juge. Le
législateur doit édicter des peines précises ; nous avons un système du maximum et du
minimum de la peine adopté en 1810 dont le CPT a hérité. Ceci est une conséquence directe
de l’application du principe de légalité, le justiciable devrait connaître d’avance ce qu’il risquait.
Le législateur est tenu de respecter certains principes tel que le principe de la non
rétroactivité de la peine encourue, le principe d’égalité des citoyens devant la peine, le principe
de proportionnalité dans la détermination des peines, la règle non bis in idem, le principe du
respect de la dignité humaine dans l’exécution des peines.

§2. LE PRINCIPE DE SUBJECTIVITÉ


Ce principe signifie que les peines doivent être personnelles dans leur édiction et qu’il faut
développer leur individualisation. La peine ne doit atteindre que celui qui a commis le fait

38
délictueux comme auteur ou comme complice. Le principe impose d’adapter la peine à la
personnalité de l’auteur de l’infraction. Le législateur incitera le juge à l’individualisation, mais
ce n’est pas lui qui pourra y procéder.
Plan : Chapitre I. Les sanctions prévues par la loi, Chapitre II. La sanction appliquée à
l’individu

39
CHAPITRE 1ER. LES SANCTIONS PRÉVUES PAR LA LOI
Un comportement illicite n’est une infraction que s’il est sanctionné d’une peine. Sans
peine, point d’infraction et sans infraction point de peine. Quelque soit la dénomination
choisie, « peine applicable » ou peine « encourue », la peine est prévue par un texte comme
conséquence d’une infraction. Les sanctions prévues par le CPT sont classées suivant la
gravité de l’infraction, les peines : criminelles, correctionnelles, de police et des mesures de
sûreté. Une classification juridique des peines a été proposée (Section préliminaire). À côté de
celle-ci, il faut compter les sanctions portant atteinte à la personne (Section I), à son
patrimoine (Section II) et à ses droits (III).

SECTION PRÉLIMINAIRE. LES CLASSIFICATIONS JURIDIQUES DES


PEINES

Nous excluons ici la classification bipartite des peines et des mesures de sûreté et retenons
trois classifications.

§1. LA DISTINCTION DES PEINES PRINCIPALES DES AUTRES


Les peines principales sont prévues pour chaque infraction et doivent être expressément
prononcées par le juge (sauf à faire application des circonstances atténuantes). En pratique, les
deux peines les plus importantes sont l’emprisonnement et l’amende. Si la loi prévoit deux
peines principales à propos d’une infraction déterminée, elle peut soit imposer au juge de les
prononcer l’une et l’autre (elles sont cumulatives), soit lui donner le choix entre les deux
(alternatives).
Les peines accessoires et complémentaires s’ajoutent à la peine principale et supposent le
prononcé d’une peine principale. Elles ne sont pas forcément prévues à propos de chaque

40
infraction, elles peuvent résulter de textes généraux tels que les statuts réglementant une
profession par exemple. Ces deux sortes de peines ne s’appliquent pas de la même façon.
Une même sanction peut être une peine complémentaire obligatoire pour une infraction
ou une peine complémentaire facultative pour une autre.
Les peines alternatives peuvent être prononcées à la place d’une autre peine. Il existe en
matière correctionnelle deux sortes de peines alternatives
- d’une part celle qui peuvent être prononcées lorsque le texte d’incrimination prévoit
l’emprisonnement et/ ou l’amende
- d’autre part le travail d’intérêt général qui peut être prononcé lorsque
l’emprisonnement est prévu.

§2. LA DISTINCTION DES PEINES CRIMINELLES, CORRECTIONNELLES ET DE


POLICE

Il faut faire une distinction de ces peines selon qu’il s’agit des personnes physiques ou
morales. S’agissant des personnes physiques, les peines criminelles sont (art 68 CPT) : la
réclusion perpétuelle, la réclusion de 5 à 50 ans, la confiscation générale, la déchéance civique.
En matière correctionnelle, les peines (art. 74 CPT) sont l’emprisonnement, l’amende, la
confiscation mobilière, l’interdiction des droits, le jour amende, les TIG.
En matière contraventionnelle, les peines de police (art. 34) sont le travail pénal pendant
une période ne pouvant excéder deux mois et l’amende ne pouvant excéder 30 000F.
S’agissant des personnes morales, la distinction trinitaire est remplacée en droit français par
une distinction binaire : il n’y a plus de peines criminelles, correctionnelles et
contraventionnelles mais d’une part des peines criminelles et correctionnelles et d’autre part
des peines contraventionnelles.
Il faut rappeler ici que les peines criminelles et correctionnelles ne peuvent être prévues que
par un texte d’origine législative alors que les peines contraventionnelles sont choisies par le
pouvoir réglementaire. Pour le législateur togolais (art. 53CPT) les peines applicables aux
personnes morales sont l’amende, l’exclusion temporaire ou définitive des marchés publics
(peines complémentaires facultatives), la fermeture temporaire de l’entreprise (qui se
substitue à l’emprisonnement) ; la dissolution qui se substitue à la réclusion (art. 53-7 CPT).

§3. LA DISTINCTION DES PEINES POLITIQUES ET DE DROIT COMMUN


Cette distinction a déjà été faite en matière des infractions. Nous rappelons simplement
qu’en matière criminelle, il existe une peine politique par sa nature (détention criminelle)5. En
revanche, en matière correctionnelle les mêmes peines s’appliquent aux infractions politiques
et aux infractions de droit commun. Mais l’intérêt de cette distinction reste limité.

5 La détention est considérée comme moins grave que la réclusion, elle est soumise à un régime plus souple

41
SECTION I. LES ATTEINTES À LA PERSONNE

Il s’agit des atteintes à la personne physique et des atteintes à la personne morale.


Concernant ces dernières, les atteintes encourues sont très réduites. Il faut toutefois souligner
la fermeture temporaire et la dissolution qui peut s’apparenter à la peine de mort pour les
personnes physiques. Nous présenterons ici les atteintes à la personne physique qui sont
corporelles (§1) ou à la liberté individuelle (§2).

§1. LES ATTEINTES CORPORELLES


Les peines corporelles portant atteintes corporelles sont devenues marginales depuis
l’abolition de la peine de mort au Togo. Il faut souligner qu’on peut retrouver certaines peines
dans d’autres législations qui peuvent constituer des atteintes corporelles.
Par exemple en droit français nous avons les mesures de désintoxication des alcooliques
dangereux et des toxicomanes.

§2. LES ATTEINTES À LA LIBERTÉ INDIVIDUELLE


Il peut s’agir de peines privatives de liberté, de peines restrictives de liberté (A), ou de
mesures de sûreté (B).

A. LES PEINES PRIVATIVES DE LIBERTÉ


La peine privative de liberté présente de grands atouts : elle protège la société en mettant à
l’écart le délinquant. Elle doit permettre de châtier celui-ci, de lui infliger une souffrance.
Enfin elle doit permettre son amendement par le travail pénitentiaire.
Les peines privatives de liberté sont criminelles ou correctionnelles.
- peines privatives de liberté criminelles (art 67 CPT) sont la réclusion perpétuelle ou la
réclusion à temps de 5 à 30 ans selon les infractions. Pendant leur détention les
réclusionnaires sont frappés d’incapacité civile et leurs biens sont gérés par un tuteur
comme ceux d’un mineur.
- Peine privative de liberté correctionnelle : il s’agit de l’emprisonnement.

B. LES PEINES RESTRICTIVES DE LIBERTÉ


Ce sont le travail d’intérêt général ou travail pénal (1) (art. 84 et s CPT) et
l’accomplissement de prestations en nature (2).

1. Le travail d’intérêt général


C’est une prestation accomplie au profit d’une collectivité publique, d’un établissement
public ou d’une association habilitée.
Il répond à diverses fonctions telle que favoriser la réinsertion sociale, associer la collectivité à
la lutte contre la délinquance, constituer une riposte appropriée à l’encontre de la petite
délinquance.

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2. L’accomplissement d’une prestation en nature
La condamnation peut consister en une prestation positive imposée au condamné. Elle
peut être assortie d’une astreinte. La prestation peut consister dans la remise d’un bien en
l’état ; la cessation d’agissements illicites ou la remise d’un document ou d’une pièce.

SECTION II. LES ATTEINTES AU PATRIMOINE

Elles se présentent sous plusieurs formes : l’amende (§1), la confiscation (§2) et la fermeture
d’établissement (3). Elles s’appliquent aussi bien aux personnes physiques et aux personnes
morales.

§1. L’AMENDE
C’est l’obligation pour le condamné de payer à l’État une somme d’argent (art 76 et 77
CPT). L’amende prive le délinquant d’une partie de son patrimoine ; ce qui lui confère une
valeur intimidante. Son recouvrement est assuré par le percepteur, agissant au nom du
procureur de la république.

A. LE DOMAINE
Pour les personnes physiques, elle est la sanction en matière de délit et de contravention.
En matière criminelle, elle est rarement prononcée.
Pour les personnes morales, elle est la peine de principe applicable que ce soit en matière
criminelle, correctionnelle ou contraventionnelle. Cela signifie que toute infraction commise
par une personne morale, la peine encourue de droit est l’amende, les autres peines n’étant
encourues que dans les cas prévus par la loi.
Le taux maximum de l’amende applicable aux personnes morales est égal au quintuple de
celui prévu pour les personnes physiques par la loi qui réprime l’infraction.

A. LE MONTANT
En matière correctionnelle, l’amende constitue parfois une peine principale : exemple de
l’art. 290 CPT : atteinte à l’honneur (amende de 500 000 F à 2 000 000 F) ; parfois une peine
complémentaire appliquée en même temps que l’emprisonnement.
En matière contraventionnelle, c’est la peine principale.

§2. LA CONFISCATION
Elle se présente sous deux formes en droit togolais : la confiscation générale (A) et la
confiscation mobilière (B).

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A. LA CONFISCATION GÉNÉRALE
Il s’agit d’une peine appliquée le plus souvent aux infractions contre l’État. C’est une peine
criminelle facultative. Elle consiste dans la mainmise de l’État sur l’intégralité du patrimoine
du délinquant (biens présents uniquement) (art. 70 CPT).

B. LA CONFISCATION MOBILIÈRE
C’est une peine correctionnelle facultative que le juge peut prononcer à la place de l’amende
ou de l’emprisonnement lorsque celui-ci est inférieur à trois mois. Elle consiste dans
l’attribution à l’État d’un ou plusieurs biens appartenant au condamné (art. 78 et 79 CPT).

§3. LA FERMETURE D’ÉTABLISSEMENT


Elle consiste à fermer l’établissement, le fonds de commerce, usine, magasin, officine, dans
lequel certaines infractions ont été commises. Il s’agit d’une peine complémentaire facultative
(Art 53-4 CPT.

SECTION III. LES ATTEINTES AUX DROITS

Elles peuvent être définies comme des déchéances de certaines prérogatives. L’idée est de
priver le délinquant de la jouissance ou de l’exercice d’un certain nombre de droits : le
délinquant voit sa capacité juridique limitée. Ce sont la déchéance civique (§1), l’interdiction
de certains droits (§2) et l’incapacité civile (§3).

§1. LA DÉCHÉANCE CIVIQUE


Cette peine fonctionne le plus souvent comme une peine accessoire à une peine criminelle.
Son domaine est plus étendu. Elle entraîne la destitution et l’exclusion de toutes les fonctions,
des emplois ou offices publics ; les privations du droit de vote, d’éligibilité, de tous les droits
civiques, du droit de porter des décorations…(art. 73 CPT).

§2. L’INTERDICTION DES DROITS


Les tribunaux peuvent également prononcer l’interdiction des droits à titre de peine
complémentaire de certains délits correctionnels (art. 80 CPT). Le contenu est le même que
s’agissant de la dégradation civique mais ici la peine est facultative. L’interdiction
professionnelle est une interdiction de droits.

§3. L’INCAPACITÉ JURIDIQUE


Le réclusionnaire (le condamné à une peine de réclusion) ne pourra plus accomplir d’acte
juridique. Il devient un majeur incapable placé sous la tutelle d’un administrateur et tous ses
actes sont frappés de nullité.

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CHAPITRE II. LA SANCTION APPLIQUÉE À L’INDIVIDU
Il revient ici de voir les règles générales d’application de la sanction à l’individu, à chaque
délinquant. Les unes permettent la fixation, détermination de la sanction (Section I), et les
autres sont relatives à l’exécution de la sanction (Section II).

SECTION I. LA DÉTERMINATION DE LA SANCTION

Après la commission d’une infraction, comment déterminer le quantum de la peine.


Le système adopté par le CPT est à mi-chemin entre les peines arbitraires et les peines
fixes. La loi prévoit pour chaque infraction la peine maximum et minimum qui sont des
peines fixes. Cependant le juge a la latitude de prononcer le maximum, le minimum ou une
peine se situant entre les deux. Il peut même par le jeu des circonstances aggravantes ou
atténuantes, dépasser le maximum prévu ou descendre en dessous du minimum.
C’est l’individualisation de la peine. La mesure passe par une certaine indulgence (§1) ou
aggravation de la peine (§2).

§1. L’INDULGENCE QUANT À LA PEINE


Cette exigence peut s’observer au niveau du législateur (A) ou du juge (B).

A. L’INDULGENCE DU LÉGISLATEUR
Elle se réalise par deux procédés principaux : les excuses (1) et les immunités (2).

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1. Les excuses légales
Ce sont des faits limitativement déterminés par la loi qui laissent subsister l’infraction et la
responsabilité pénale mais abolissent complètement la peine (excuse absolutoire) (a) ou
assurent au délinquant l’atténuation de la peine (excuse atténuante) (b).

a. Les excuses absolutoires


Elles procurent au coupable une sorte de pardon, d’absolution (art. 30 et s). L’auteur du
délit est exempt de la peine normalement prévue. Le CPT prévoit quelques excuses
absolutoires. La principale est prévue par l’article 31-1, qui est une sorte de prime à la délation.

b. Les excuses atténuantes


Ce sont des faits qui entraînent une réduction de la peine encourue (32 et 33 CPT). Les
excuses atténuantes se distinguent des causes de mitigation des peines qui adoucissent les
conditions d’exécution de la peine dans un souci d’humanité (vieillard, femme, mineur…). Les
excuses atténuantes se distinguent également des circonstances atténuantes ; les premières
sont légales, les secondes sont judiciaires. Hormis l’excuse spéciale à propos du dénonciateur
tardif de complot, les principales excuses atténuantes sont l’excuse de provocation et l’excuse
de minorité.
L’excuse de provocation (art 33-1 CPT), peut être retenue dans le cadre des délits
d’homicide et de violences volontaires dans trois cas : violences ou mesures graves contre les
personnes, escalade et effraction d’un lieu d’habité, le flagrant délit d’adultère.
La provocation n’est pas admise en matière contraventionnelle. L’excuse de minorité : joue
pour les mineurs de 13 à 16 ans.

2. Les immunités
Les immunités constituent des causes d’exception de la peine. Dans la mesure où le juge
s’aperçoit que la poursuite vise une personne bénéficiaire de l’immunité, il doit l’abandonner.
L’immunité peut être liée à une situation politique, juridique, sociale ou familiale.
L’immunité parlementaire : Elle est prévue par l’art 53 al. 1&2 de la constitution de 1992.
Au sens strict, l’immunité interdit toute poursuite pénale du député pendant et après le
mandat pour les infractions résultant des opinions ou votes émis dans l’exercice de ses
fonctions. Elle se distingue de l’inviolabilité qui empêche les poursuites pénales et l’arrestation
des députés en dehors du cas de flagrant délit sans l’autorisation de l’Assemblée Nationale.
L’immunité diplomatique : Elle bénéficie aux agents diplomatiques et à leurs familles,
elle couvre toutes les infractions.
L’immunité judiciaire : Couvre les discours prononcés et les écrits produits devant les
tribunaux. Elle bénéficie aux parties et à leurs conseils.

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L’immunité familiale (art. 427 et s) 6 : Elle se justifie par le souci de ne pas troubler la paix
des familles. L’immunité familiale s’applique aux appropriations frauduleuses surtout au vol
(art 102) escroqueries et abus de confiance.

B. L’INDULGENCE DU JUGE
Elle intervient à propos des faits pouvant provoquer un abaissement de la peine et dont
l’appréciation est laissée au juge. Il s’agit d’une individualisation judiciaire de la peine. Elle
intervient dans deux hypothèses : les circonstances atténuantes (art 36 et s. CPT) (1) et la
dispense de peine (2).

1. Les circonstances atténuantes


Elles ressemblent aux excuses en ce qu’elles déterminent comme elles, un abaissement de la
peine mais s’en éloignent car laissées à la libre appréciation du juge. Les circonstances
atténuantes présentent l’avantage de permettre l’adaptation du châtiment à la culpabilité de
l’agent en tenant compte des circonstances particulières de la cause, de la personnalité du
prévenu et de ses charges familiales.
Exemple pour un crime passible de mort, la réduction de peine est limitée à 10 ans de
réclusion. Les circonstances atténuantes ne modifient pas la nature de l’infraction. Le crime
pour lequel une peine correctionnelle a été prononcée reste un crime et ne se transforme pas
en délit.

2. La dispense de peine
C’est une déclaration de culpabilité assortie de dispense de peine consacrée par l’art 97
CPT. Lorsque le prévenu aura, avant le jugement, assuré la réparation du préjudice causé par
le délit, le juge, en considération des gages d’amendement présentés, pourra tout en déclarant
sa culpabilité, le dispenser de toute peine.

§3. L’AGGRAVATION DE LA PEINE


Le délinquant peut voir sa peine aggravée par l’effet de certains faits qui accroissent la
gravité de sa faute. L’aggravation peut être due aux circonstances de l’infraction (A) ou à la
répétition de l’infraction (B).

6 Article 427 : Ne peuvent donner lieu qu’à des réparations civiles les vols commis par le mari au préjudice de
sa femme, par la femme au préjudice de son mari, par un veuf ou une veuve quant aux choses qui avaient
appartenu au conjoint décédé.

Article 428 : Ne peuvent donner lieu qu’à des réparations civiles et uniquement à la demande de la victime, les
vols commis :

1. par les enfants ou autres descendants au préjudice de leurs père ou mère ou autres ascendants, par des
père ou mère ou autres ascendants au préjudice de leurs enfants ou autres descendants ;
2. par des alliés au même degré, à condition que les soustractions soient commises pendant la durée du mariage et en
dehors d’une période pendant laquelle les époux sont autorisés à vivre séparément

47
A. LES CIRCONSTANCES AGGRAVANTES
Elles obligent le juge à élever la peine au-dessus du maximum prévu pour l’infraction. Les
circonstances aggravantes ne sont pas des éléments constitutifs de l’infraction. Le fait de
commettre un vol en compagnie d’autres personnes constitue un vol mais la réunion n’est pas
un élément constitutif de l’infraction conformément au principe de la légalité des délits et des
peines. Le législateur prévoit à l’avance et limitativement la liste des évènements susceptibles
d’aggraver la responsabilité du délinquant. Ces évènements tiennent tantôt à la matérialité des
faits (circonstances aggravantes réelles) tantôt elles tiennent à la personne de l’agent
(circonstances aggravantes personnelles).

B. LA RÉCIDIVE
Un délinquant est en situation de récidive, lorsqu’après avoir été frappé par une
condamnation définitive pour une première infraction, il en commet une ou plusieurs autres
dans des conditions définies par la loi.

1. Les conditions de la récidive


Deux conditions sont nécessaires : il faut une première condamnation, premier terme de la
récidive et une infraction postérieure à cette condamnation, deuxième terme de la récidive
(art 43 et s CPT).

2. Les formes
La loi togolaise a simplifié les formes de la récidive. Selon les termes de l’art 43, la récidive
n’existe que si le condamné d’un crime ou d’un délit a commis un nouveau crime ou un
nouveau délit de même catégorie et cela dans un délai de dix ans pour le crime et un délai de
trois ans pour les délits.

3. Les effets
L’infraction commise en récidive entraîne une aggravation de la peine selon l’échelle
contenue dans l’art. 45 CPT qui dispose qu’en cas de récidive, le maximum des peines
d’amende et des peines privatives de liberté est porté au double et le juge a la possibilité de
substituer la peine de mort à la réclusion perpétuelle.
Exemple : Le vol simple constitue une infraction contre les biens, condamnation à trois ans en
1992, définitive en 1992 ; en 1994, une escroquerie est commise constituant une infraction
contre les biens il y a récidive. La peine sera de 6 ans de prison et une amende (100 000 x2) de
200 000F.

§3. LE CUMUL D’INFRACTIONS : CONFUSION DES PEINES


Il y a cumul réel ou concours réel d’infractions lorsque plusieurs infractions distinctes ne
sont pas séparées les unes des autres par une condamnation définitive. C’est le cas quand les
différents actes ont été commis presque en même temps de sorte qu’ils peuvent donner lieu à

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la même poursuite. C’est le cas également lorsque les divers actes ont été découverts
successivement et ont donné lieu à des poursuites séparées.
Le cumul réel d’infractions doit être distingué du concours idéal : ici on suppose qu’un fait
est susceptible de plusieurs incriminations. Exemple : un attentat à la pudeur commis dans un
lieu public tombe sous le coup de l’attentat à la pudeur et outrage aux bonnes mœurs.
Dans le concours réel d’infraction il y a pluralité d’infractions, les faits sont distincts et ne
sont pas rassemblés par une qualification unique.
La répression peut dans ces conditions être organisée de plusieurs manières :
1- considérer les infractions commises de façon isolée et procéder au cumul des peines ;
2- considérer les infractions globalement et ne prononcer que la peine la plus élevée : c’est
le non cumul des peines en droit français. Le NCPF a précisé la portée de ce principe :
le juge peut prononcer la plus forte des peines de chaque nature sanctionnant des
infractions en concours ;
3- tenir compte de la pluralité d’infractions et ne prononcer cependant qu’une seule peine
en élevant le maximum de la peine la plus grave : c’est le système du cumul limité, ce
qui est retenu par le législateur togolais art. 8.
En cas de pluralité de poursuite, il y a confusion des peines.

SECTION II. L’EXÉCUTION DE LA SANCTION

Traditionnellement et conformément au principe de la séparation des pouvoirs, lorsque le


juge prononce une peine, le reste c'est à dire l’exécution ne relève plus de sa compétence, mais
de celle du pouvoir exécutif. Cependant peu à peu, les textes ont reconnu une certaine
compétence au juge en matière d’application des peines. L’exécution de la sanction peut être
retardée par décision du juge ou du ministère public (§1), elle peut être éteinte par suite d’une
décision ou de l’écoulement du temps (§2).

§1. LA SUSPENSION DE LA SANCTION


Elle se produit en cas de libération conditionnelle (A) ou en cas de sursis (B).

A. LA LIBÉRATION CONDITIONNELLE
Elle est prévue par l’article 51 du CPP spécialement pour les peines privatives de liberté. La
liberté conditionnelle est accordée par le Garde des Sceaux, ministre de la Justice au
condamné qui a accompli la moitié au moins de sa peine lorsque celui-ci présente des gages
sérieux d’amendement et de réadaptation sociale. Cette mesure est généralement assortie
d’obligations. En cas de nouvelle condamnation, d’inconduite notoire ou d’inobservation des
obligations, la décision de liberté conditionnelle pourra être révoquée.

B. LE SURSIS
En droit togolais, le sursis d’exécution de la peine prononcée est prévu par les art 507 et
suivants du CPP. La loi donne au juge le pouvoir de décider que la peine qu’il prononce ne

49
sera pas immédiatement exécutée mais qu’il sera sursis à exécution. On distingue deux formes
de sursis : simple, avec mise à l’épreuve.

§2. L’EXTINCTION DES SANCTIONS


La toute première cause d’extinction est le décès du délinquant : le décès arrête l’exécution
des peines. L’extinction normale se produit par l’exécution de la peine. Il existe cependant des
modes exceptionnels d’extinctions : la grâce (A), l’amnistie (B), la réhabilitation (C), la
prescription de la peine (D).

A. LA GRÂCE
Traditionnellement, la grâce est une faveur, une mesure de clémence prise
discrétionnairement par le chef de l’État en vertu de laquelle un condamné est dispensé, en
tout ou partie de l’exécution de sa peine. Elle laisse intacts les effets de la condamnation. Le
principe de grâce est fixé par l’article 73 de la constitution de 1992 et ses modalités sont
contenues dans les articles 515 à 522 du CPP et 104 et 105 CPT. Le recours en grâce est
adressé au président de la République soit directement soit par l’intermédiaire du ministère
public. Le condamné peut invoquer les motifs : injustice, bonne conduite. La critique souvent
adressée à la grâce est qu’elle est contraire à la séparation des pouvoirs en ce sens qu’il y a un
double emploi avec d’autres institutions. La grâce s’analyse en une dispense de peines
définitives et exécutoires. Elle laisse subsister la condamnation (art 592 CPP) « la grâce n’a pas
d’effet amnistiant ».

B. L’AMNISTIE
L’amnistie est une mesure d’oubli d’ordre législatif, elle fait disparaître la peine et
l’infraction. Elle joue un rôle politique et social d’apaisement des esprits après des périodes
troublées. Elle ne peut résulter que de la loi (art 84 al. 7 de la constitution). Si l’amnistie efface
l’infraction, elle laisse intact le droit de la victime à obtenir la réparation du préjudice subi du
fait de l’infraction.

C. LA RÉHABILITATION
Elle suppose une juste condamnation dont on veut socialement effacer certains effets pour
l’avenir. Elle n’a d’effet que pour l’avenir. Elle tend à rendre à l’individu condamné tous les
droits qu’il a perdus par l’effet de la condamnation. Elle fait disparaître les déchéances et les
incapacités qui accompagnaient la condamnation. Toute personne condamnée peut adresser la
demande de réhabilitation au Procureur de la République après 5 ans pour une condamnation
à une peine correctionnelle.

D. LA PRESCRIPTION
La peine prononcée n’a pas été exécutée mais un laps de temps s’est écoulé depuis la
condamnation : on considère que le trouble causé par le délit s’est apaisé, le condamné qui a
su échapper à l’exécution de sa peine n’a plus intérêt à faire parler de lui (Art. 106 et s CPT).
La prescription signifie qu’après un certain délai, les pouvoirs publics ne peuvent faire

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exécuter sa peine à un condamné. On a pu considérer que c’est une prime à la délivrance. Le
délai de prescription est de 25 ans pour les peines criminelles, de 5 ans pour les délits et de 2
ans pour les contraventions. Le délai court à compter de la date ou la condamnation est
devenue définitive.

PARTIE IV. LA RESPONSABILITÉ PÉNALE


La responsabilité pénale peut se définir « comme l’obligation de répondre de ses actes ». La
responsabilité pénale est alors l’obligation de subir l’effet que le droit pénal attache à un fait
qu’il incrimine. Le fait générateur de la responsabilité pénale est l’existence d’un
comportement qui viole la loi pénale ou en d’autres termes d’une infraction. Tout individu
qui commet une infraction doit répondre de cet acte devant les tribunaux. Mais quelles sont
les personnes pénalement responsables ? (Chapitre 1er) Y a-t-il des causes d’irresponsabilité ?
(Chapitre 2).

51
CHAPITRE 1ER. LES PERSONNES PÉNALEMENT
RESPONSABLES
Les personnes pénalement responsables sont les personnes physiques (Section 1) et les
personnes morales (Section II).

SECTION I. LA PERSONNE PHYSIQUE PÉNALEMENT RESPONSABLE

En droit positif, le responsable d’une infraction peut être l’auteur principal ou le complice.
L’auteur principal (§I) est considéré comme le responsable principal du fait reproché, de
l’infraction, le complice (§II) apparaît comme un responsable de second ordre. Mais les deux
responsabilités obéissent au même principe général de la responsabilité personnelle.

§1. L’AUTEUR PRINCIPAL


La responsabilité pénale de l’auteur principal d’une infraction répond du principe de la
responsabilité personnelle. Ce principe signifie que l’auteur d’une infraction ne peut être
poursuivi que pour ses propres agissements ou omissions (A). Ce principe est parfois tempéré
et laisse apparaître une responsabilité pour le fait d’autrui (B).

A. LE PRINCIPE DE LA RESPONSABILITÉ PERSONNELLE


Loysel disait : « en crime, il n’y a pas de garant », seul celui qui a commis un méfait doit en
répondre.
Pour pouvoir être soumis à une sanction pénale, il faut que l’individu puisse être considéré
comme responsable de ses actes, c'est-à-dire qu’il ait agi en toute conscience et volonté. Dans
le cas contraire, la faute ne peut être imputée à son auteur. Cette aptitude à comprendre et à
vouloir est suffisante. Dès lors qu’elle est établie, la responsabilité pénale est encourue.
L’auteur de l’infraction ne peut invoquer l’ignorance de la loi pénale pour se disculper.
Se fondant sur des données subjectives, la responsabilité pénale ne peut qu’être
personnelle ; c’est ce qu’a déclaré la cour de cassation en affirmant qu’en principe, nul n’est
passible de peine qu’à raison de son fait personnel 7 . Le CPT ne mentionne pas la
responsabilité personnelle mais ce principe guide notre droit de la responsabilité pénale.

1. L’auteur matériel
Selon le code pénal ivoirien, « est auteur d’une infraction celui qui le commet matériellement. »,
ce texte désigne celui qui réunit en sa personne tous les éléments constitutifs de l’infraction et
plus précisément l’élément de son comportement qui est exactement l’action ou l’omission
que la loi prévoit.

7 Crim. 28 février 1956, JCP 1956 II n° 9304.

52
Dans l’hypothèse du vol, l’auteur matériel est l’agent qui s’empare de la chose d’autrui.
L’individu qui n’a pas personnellement soustrait la chose n’est pas l’auteur matériel. Dans le
meurtre, l’auteur est l’individu qui tue, on parle également d’auteur direct :
- s’agissant des infractions d’omission : la qualité d’auteur matériel est reconnue à l’agent
auquel incombait l’obligation, ce que la loi prescrit.
- la qualité d’auteur est également reconnue à l’auteur de la tentative, il n’est donc pas
indispensable d’exécuter des actes matériels jusqu’au bout pour être auteur matériel.
Le coauteur : En principe lorsque plusieurs personnes ont participé à l’acte incriminé, elles
sont coauteurs chacune a de son côté commis personnellement l’infraction. La coaction exige
une entente préalable et en l’absence d’entente, elles sont des auteurs distincts. Le coauteur
est un auteur à part entière qui se distingue du complice.

2. L’auteur moral
L’auteur est défini par l’art 28 CPT comme « tout individu qui, sciemment et sans équivoque,
incite un tiers par l’un des moyens… à commettre un crime ou un délit. Même si ce crime ou ce délit
n’a pas été tenté ou commis ». C’est d’abord celui qui fait commettre une infraction par un autre,
il joue souvent un rôle essentiel dans la mesure où c’est lui qui provoque l’infraction. Cette
solution fait double emploi avec la complicité par provocation, mais l’intérêt peut résider dans
les cas où il n’existe pas de fait principal punissable. Le CPT ne fait pas de distinction entre
l’auteur matériel et l’auteur moral sauf dans des infractions particulières comme celles
relatives à la sûreté de l’État, où les commanditaires sont punis en cette qualité.

B. LA RESPONSABILITÉ POUR LE FAIT D’AUTRUI


La jurisprudence a souvent rappelé que « nul n’est punissable qu’à raison de son propre fait ».
Aucune poursuite ne peut être engagée, a fortiori aucune sanction prononcée, contre un
individu qui n’a en rien participé, matériellement et moralement, à une infraction. Le
principe de la responsabilité pénale personnelle souffre d’un certain nombre de tempéraments.
Dans des cas exceptionnels, la responsabilité pénale peut naître du fait d’autrui où
certaines obligations légales imposent le devoir d’exercer une action directe sur les faits d’un
auxiliaire ou d’un subordonné. Parfois, la responsabilité pénale du fait d’autrui est
expressément prévue par le législateur notamment en matière économique. Parfois, elle
découle de la jurisprudence. C’est le cas de la responsabilité des chefs d’entreprises à qui sont
personnellement imposés les conditions et le mode d’exploitation de leurs industries 8.
Mais malgré ces exceptions, le principe demeure que nul n’est pénalement responsable que
de ses propres actes accomplis avec conscience et volonté.

§2. LE COMPLICE
En dehors des hypothèses de participation à un groupe criminel ou à un organisme, il peut
arriver qu’une personne décide d’apporter à un agent une aide à la réalisation d’une infraction
déterminée : par exemple le complice fournit le revolver qui va servir à commettre l’assassinat
ou la voiture qui va servir à transférer les bijoux volés lors d’un braquage (Art. 48 CPT).

8 Crim. 28 février 1956.

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La complicité suppose une pluralité de participants dans la réalisation d’une même
entreprise délictueuse. La complicité sous certaines conditions (A) est punissable (B).

A. LES CONDITIONS DE LA COMPLICITÉ PUNISSABLE


La répression de la complicité est soumise à deux conditions : un fait principal punissable
(1), un acte de complicité et une intention (2).

1. La nécessité d’une infraction principale punissable


Une chose est certaine, les actes du complice n’ont pas par eux même une coloration pénale,
ils doivent se rapporter à l’infraction qui a été commise pour être punissables.

2. La nécessité d’un acte de complicité


A l’instar de l’acte commis par l’auteur, l’acte de complicité se caractérise tant par son
élément matériel (a) que moral (b). Elle suppose la commission d’un acte figurant parmi ceux
énumérés par l’art 48 CPT.

a. L’élément matériel de la complicité


La complicité peut se faire par aide ou assistance, par provocation et par instruction

L’aide et assistance

Elle est sans doute la forme la plus usitée de la complicité. Elle consiste à fournir son aide
ou son assistance au moment de la préparation ou de la consommation de l’acte principal. Les
termes utilisés par le législateur dans l’article 48 ne désignent pas un acte précis, mais plutôt
des comportements indéterminés dont le résultat est de faciliter la réalisation de l’infraction.
C’est l’exemple d’« une intervention tendant à assurer la fuite de l’auteur principal, dès lors que
cette protection résulte d’un accord préalable à l’infraction ».

La provocation

Le provocateur est celui qui incite par des procédés l’auteur à commettre l’infraction. La
provocation doit être adressée à une personne déterminée, être précise et avoir été suivie
d’effets pour avoir la qualité de la complicité. Exemple de la remise d’une somme d’argent, la
promesse d’une rémunération après l’exécution de l’infraction…

La complicité par instruction

Contrairement au provocateur, l’instructeur n’exerce pas de pression sur l’auteur principal. Il


se contente de lui fournir des renseignements utiles à la conduite de l’infraction. Les
renseignements doivent être suffisamment précis9. Exemple : fournir à un détenu un plan
d’évasion, donner l’adresse d’un logement à cambrioler…

9 Crim. 23 mai 1973, Bull. n° 236

54
b. L’élément moral
L’élément intellectuel de la complicité est nécessairement intentionnel. Le complice devait
avoir non seulement connaissance de l’infraction envisagée mais aussi la volonté de s’y
associer. Ainsi celui qui parle trop ou fournit naïvement des renseignements utiles à une
infraction n’est pas considéré comme un complice. Si l’élément intentionnel de la complicité
se caractérise par la connaissance de l’intention criminelle de l’auteur principal, il est sans effet
que le complice ait entendu ou non partager cette même intention.
L’élément moral de la complicité chemine donc près de l’élément moral de l’infraction
principal sans pour autant s’y confondre ; la complicité de crimes contre l’humanité est
retenue à l’égard d’une personne qui, sans partager la volonté de l’auteur connaissait les
funestes desseins de celui-ci10.

B. LA RÉPRESSION DE LA COMPLICITÉ
Aux termes de l’article 51 CPT « Les coauteurs ou complices d’un crime ou d’un délit sont punis
des mêmes peines et des mêmes mesures de sûreté que l’auteur principal de ce crime ou de ce délit, sauf
lorsque la loi en dispose autrement. ». Le législateur retient le principe de l’identité des peines, il
en précise la signification et la portée.
Ce principe signifie essentiellement que la peine applicable au complice est identique dans sa
nature et dans sa durée à celle prévue par la loi à l’auteur principal. Exemple d’un violeur puni
de 5 à 10 ans de réclusion criminelle, le complice qui a joué très fort de la musique pour
couvrir les cris de la victime encourt également une peine de 5 à 10 ans.
Dans le même sens, les peines accessoires et complémentaires sont applicables au complice.
En pratique, la peine appliquée judiciairement au complice peut être différente de celle
subie par l’auteur principal. Elle peut être plus faible ou plus lourde. Hormis les cas que le
législateur lui-même pourrait ménager, le juge peut tenir compte de la culpabilité propre du
complice et des circonstances de l’infraction.
Ces circonstances peuvent être distinguées : elles sont réelles, mixtes ou personnelles.
- les circonstances réelles sont celles qui se rattachent à l’infraction elle-même et en modifient
la nature (la qualification). Ce sont des faits extérieurs qui accompagnent l’infraction. Le
législateur admet que ces circonstances puissent minorer ou aggraver la peine du complice.
Exemple le délit de proxénétisme à l’article 401 CPT est aggravé par l’article 405 (peine
portée à 10 ans d’emprisonnement) lorsque le coupable livre des mineurs à la prostitution. On
dit que les circonstances réelles se communiquent.
- les circonstances mixtes tiennent à la fois compte de la personne de l’auteur et de l’acte.
Exemple de la qualité de parent de la victime qui transforme le meurtre en infanticide ou la
préméditation qui change le meurtre en assassinat. Solution marquée par une certaine
hésitation.
- les circonstances personnelles à l’auteur n’exercent aucune influence sur la peine applicable
au complice. Les immunités restent propres à leur auteur et n’étendent pas leurs effets au
complice non parent. Exemple celui qui aide un fils à voler son père.

10 crim. 23 janvier 1997, D. 1997, p. 147, note J. Pradel

55
SECTION II. LA RESPONSABILITÉ DES PERSONNES MORALES

Traditionnellement les personnes morales ont toujours été maintenues en dehors du droit
pénal pour plusieurs raisons. N’ayant pas une volonté autonome, elles ne peuvent pas
commettre d’infraction, elles ne peuvent pas non plus subir des peines prévues pour des
personnes physiques. Par ailleurs, les personnes morales sont régies par le principe de la
spécialisation, elles ne naissent juridiquement que par et pour leur objet, elles n’existent pas en
dehors de cette spécialité.
Aujourd’hui, de nombreuses législations à l’instar de celle togolaise adoptent la
responsabilité pénale des personnes morales. Ainsi aux termes de l’article 53 du CPT, « Les
personnes morales togolaises ou étrangères, à l'exclusion de l'Etat, sont pénalement responsables des
infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants ». L’article 54 définit les
peines applicables qui peuvent consister en une amende, une exclusion temporaire des
marchés publics, la fermeture et la dissolution.

56
CHAPITRE II. LES CAUSES D’IRRESPONSABILITÉ OU
D’ATTÉNUATION DE LA RESPONSABILITÉ PÉNALE
Les causes peuvent être soit objectives (Section I) soit subjectives (Section II).

SECTION I. LES CAUSES OBJECTIVES

Ce sont les circonstances objectives qui déterminent la réaction sociale et ce,


conformément aux intérêts profonds de la société elle-même. L’existence de ces circonstances
aboutit en fait à ce qu’un acte prohibé, prévu et puni par la loi pénale cesse d’être une
infraction. On parle de faits justificatifs qui sont au nombre de trois : la légitime défense (§1),
l’état de nécessité (§2), l’ordre de la loi et le commandement de l’autorité légitime §3)
auxquels il y a lieu d’ajouter le consentement de la victime (§4).

§1. LA LÉGITIME DÉFENSE


Elle est fondée sur l’idée de permission. En effet, aux termes de l’article 19 ; il n’y a pas
d’infraction lorsque l’homicide ou les violences étaient commandées par la nécessité actuelle
de la légitime défense de soi-même ou d’autrui.
Nul ne peut se faire justice à soi-même, mais en cas de défaillance de l’intervention sociale,
c’est un droit pour la victime d’une agression injuste d’assurer sa défense individuelle.
Cependant la loi a fixé les conditions (A) et la charge de la preuve incombe à celui qui
l’invoque (B).

A. LES CONDITIONS DE LA LÉGITIME DÉFENSE


Il faut une attaque (1) et une riposte (2).

57
1. L’attaque
L’acte d’agression doit être actuel et injuste. Il doit avoir pour objet l’atteinte à l’intégrité
physique de la personne de soi-même ou de celle d’autrui.

Le caractère actuel ou imminent de l’attaque

Le législateur parle de nécessité actuelle c'est à dire qu’elle exclut une attaque déjà passée
qui s’apparente à une vengeance ; il exclut par ailleurs le cas où l’attaque n’est qu’une simple
menace. Il faut que l’auteur du délit ait été menacé d’un mal imminent contre lequel il n’a pu
réagir qu’en commettant le délit. Ce mal imminent ne doit pas être imaginaire.

Le caractère injuste de l’attaque

C’est ce caractère qui rend la riposte légitime. Cela signifie que l’agression n’est ni
autorisée ni fondée sur la loi. A contrario, lorsque l’agression est juste et fondée, la défense
n’est plus légitime. Si l’acte d’agression est juste, il faut le subir.

L’objet de l’attaque

En principe, le législateur n’a envisagé prévu que la protection de la personne physique, il


n’a prévu que le danger physique. La jurisprudence a interprété ce texte de façon large : elle
assimile au danger physique le danger simplement moral et elle admet la possibilité de
légitime défense en cas d’agression aux biens.

2. La riposte
Pour être légitime, la riposte doit être nécessaire et proportionné à l’attaque. L’acte de
défense devient illégitime lorsqu’il cause un mal en disproportion manifeste avec celui
résisterait de la menace réalisée.

Le caractère nécessaire

La riposte est nécessaire lorsqu’elle constitue le seul moyen de se défendre contre


l’agresseur. Mais cette exigence est assouplie, on admet qu’il y a légitime défense même
lorsque l’agent attaqué avait la possibilité de prendre la fuite et de faire appel aux forces de
l’ordre.

Le caractère proportionné de la riposte à l’attaque

Il faut que la riposte soit en rapport avec le danger couru. Ce n’est pas le cas par exemple
lorsqu’on répond à une gifle par un coup de revolver ; il y a un usage abusif de la légitime
défense. L’appréciation du caractère mesuré est une question de fait relevant du pouvoir
souverain des juges de fond, la cour de cassation leur fait obligation de vérifier si cette
condition est remplie.
Lorsque la riposte est disproportionnée, la légitime défense est exclue. L’agent bénéficiera
éventuellement des circonstances atténuantes. Celui qui a tué le gifleur pourra bénéficier de
l’excuse de provocation.

58
B. LA CHARGE DE LA PREUVE DE LA LÉGITIME DÉFENSE
C’est à celui qui invoque la légitime défense, c'est à dire à l’accusé ou au prévenu, qu’il
appartient d’en faire la preuve. Cependant la loi elle-même prévoit deux cas où la légitime
défense est présumée. Selon l’art 21 CPT, « Est présumé avoir agi en état de légitime défense
celui qui commet l’infraction :
1) pour repousser, de nuit, l'entrée par escalade, effraction, violence ou ruse dans un lieu habité,
dans un magasin, dans un bâtiment d’exploitation ou dans toute autre dépendance d’un lieu
loué ;
2) pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence. ». La
jurisprudence considère que ces présomptions ne sont pas irréfragables.

§2. L’ÉTAT DE NÉCESSITÉ


C’est la situation dans laquelle se trouve un individu qui menacé d’un péril imminent le
concernant ou concernant autrui est obligé de commettre une infraction (art. 24 CPT). Il
doit subir le dommage ou commettre une infraction. C’est l’exemple de la femme qui pour
sauver son enfant mourant de faim vole du pain. Mais à la différence de la légitime défense où
la victime de l’infraction est un agresseur, dans l’état de nécessité, la victime est un tiers
innocent qui voit son intérêt sacrifié au profit d’un intérêt jugé sur le moment supérieur.
L’état de nécessité est désormais consacré. Des critères permettent d’admettre cette cause
d’irresponsabilité :
- l’existence d’un danger actuel ou imminent menaçant une personne ou un bien
- la nécessité, pour sauvegarder cette personne ou ce bien, de commettre une infraction
- la proportion entre les moyens employés et la gravité de la menace.
Il faut rappeler que l’état de nécessité n’a que des effets limités, elle ne supprime que la
responsabilité pénale, laissant subsister la responsabilité civile.

A. LA SITUATION DE NÉCESSITÉ
L’agent se trouve devant un danger (1) qui lui offre la possibilité d’un choix (2).

1. Le danger
La situation de nécessité découle d’un état de danger dont la nature est indifférente. Le
péril redouté peut viser deux personnes : soit l’auteur de l’infraction nécessaire (l’affamé qui
vole du pain pour éviter des malaises), soit le tiers un médecin qui commet une infraction au
code de la route pour se rendre en urgence auprès d’un patient gravement malade. Le péril
peut se rapporter à un bien : le danger doit être réel et non hypothétique.
Un bijoutier a prétendu que compte tenu de l’état général d’insécurité, il était obligé de
stationner près de son magasin pour effectuer la livraison de bijoux transportés. Il peut aussi
arriver que l’auteur ait cru de bonne foi à la réalité d’un péril inexistant : l’état de nécessité
putatif.
Le péril doit être injuste : l’agent est tenu de supporter certains périls : il ne peut pas
déserter le combat en prétextant l’état de nécessité. De même l’état de nécessité ne peut pas

59
être évoqué pour s’opposer à un acte autorisé par la loi. Le danger doit être actuel et imminent,
ce qui suppose une situation d’urgence.

2. La possibilité d’un choix


L’agent doit avoir le choix entre subir le péril ou commettre l’infraction. Dans ce sens, l’état
de nécessité se distingue de la contrainte qui ôte toute volonté à l’agent. L’état de nécessité
justifie l’infraction.

3. L’infraction nécessaire
L’agent choisit d’éviter le péril, il n’a pas d’autre solution pour y parvenir, que de
commettre l’infraction. A ce stade, la possibilité de choix disparaît. Il faut que le but que
réalise l’infraction soit socialement utile, cela implique le dommage qu’elle cause doit être
proportionné à celui qu’elle permet d’éviter. A défaut l’infraction cesse d’être nécessaire.
L’automobiliste choisit de percuter un véhicule en stationnement plutôt que de heurter un
piéton.

§3. L’ORDRE DE LA LOI OU DE L’AUTORITÉ LÉGITIME


La justification tirée de l’ordre de la loi ou de l’autorité légitime s’impose sous peine
d’incohérence du système répressif. L’on ne comprendrait pas que la loi reprouve ce qu’elle
ordonne ou autorise et punisse dans le même temps et punisse dans le même temps celui qui
s’y conforme (art. 22 et 23 CPT).
L’ordre de la loi : L’agent accomplit un acte que la loi lui ordonne. La loi est prise ici au
sens large. Un OPJ, lors d’une enquête de flagrance réalise des saisies d’objets que la loi lui
impose, il commet une infraction contre la propriété d’autrui. Si la loi après avoir imposé au
médecin le secret professionnel l’oblige à déclarer aux autorités sanitaires les maladies
contagieuses, il ne peut être poursuivi pour violation du secret professionnel. L’infraction est
justifiée par la simple autorisation de la loi.
L’ordre de l’autorité légitime : L’autorité légitime s’entend de l’autorité civile ou militaire.
Il va de soi qu’il ne peut s’agir d’une autorité ennemie. Il ne peut s’agir d’une autorité privée
ainsi le salarié qui agit sur ordre de son patron n’est pas justifié. Il en va de même pour le fils
qui agit suivant les ordres de son père.
L’autorité légitime est l’autorité légalement installée. Elle joue le rôle de commandement
légal au regard de la justification. La légalité du commandement de l’autorité légitime est
indiscutable lorsqu’elle est prévue par la loi elle-même. La loi s’adresse le plus souvent au
supérieur hiérarchique. En cas de commandement illégal, trois théories ont été avancées pour
décider si la sanction doit intervenir ou non.
1- L’obéissance passive : on doit toujours obéir aux ordres du supérieur. Dans cette logique, si
l’ordre illégal est exécuté il n’y a pas d’infraction.
2- Les baïonnettes intelligentes : le subordonné est tenu d’apprécier le caractère légal et de
n’exécuter que les ordres légaux. Au cas contraire, il encourt la sanction.
3- Il faut distinguer selon que l’ordre est manifestement illégal ou non. C’est cette solution
qui est consacrée par le NCPF (art 122-4).

60
Le législateur togolais n’a prévu aucune disposition à ce sujet.

§4. LE CONSENTEMENT DE LA VICTIME


L’on ne cause pas de tort à celui qui consent. Une infraction a été commise, la victime était
consentante. Est-ce que l’auteur de l’infraction pourra être poursuivi ? Le consentement de la
victime est-il un fait justificatif de telle sorte que la personne qui a accepté les relations
sexuelles ne puisse pas se plaindre de viol et que les héritiers de la personne qui a demandé que
l’on abrège ses souffrances ne puissent pas poursuivre l’agent ?
La réponse est négative en principe, car la répression ne saurait dépendre de la volonté d’un
individu. Cette position de principe est confortée par certains textes particuliers. L’ancien
article 334-5 du code pénal français punit l’avortement pratiqué sur une femme enceinte ou
supposée l’être qu’elle y ait consenti ou pas. Certains cas de consentements ont soulevé des
problèmes, c’est l’exemple de l’euthanasie entraînant l’acte mettant fin à une vie pour faire
cesser une souffrance à la demande de l’intéressé. C’est donc un homicide.
En général l’infraction est toujours retenue mais l’auteur bénéficie de circonstances
atténuantes.
La position de principe ne peut être retenue dans tous les cas. Ainsi :
- on ne viole pas une femme qui se prête d’elle-même aux relations sexuelles.
- il n’ y a pas rapt si la personne séduite a consenti à suivre son ravisseur.
- il n’y a pas vol d’une chose si le propriétaire lui-même donne la permission de la prendre.

SECTION II. LES CAUSES SUBJECTIVES

Elles sont expressément prévues par le code pénal togolais. Nous avons quatre causes :
l’altération des facultés mentales (§1), la contrainte (§2), l’erreur (§3) et la minorité (§4).

§1. L’ALTÉRATION DES FACULTÉS MENTALES


Elle résulte de l’analyse de l’infraction commise par le dément à qui il manque un élément
essentiel, l’élément moral ; pas de responsabilité pénale sans faute. Traditionnellement, on dit
que le fou est semblable à un mort. Aux termes de l’article 26 CPT « N'est pas pénalement
responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou
neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes.
La personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant
altéré son discernement ou entravé le contrôle de ses actes demeure punissable ; toutefois, la juridiction
tient compte de cette circonstance lorsqu'elle détermine la peine et en fixe le régime ».
Deux conditions sont donc nécessaires pour que l’altération des facultés mentales soit
retenue : il faut être en état de trouble psychique ou neuropsychique (démence), et ceci au
moment des faits.

61
A. L’ÉTAT DE DÉMENCE
La démence se définit comme une altération des facultés psychiques telle que le délinquant
n’a pas conscience de ses actes. Elle revêt plusieurs formes : démence stricto sensu, délire
chronique, état d’excitation, troubles de l’intelligence…
La doctrine parle plutôt d’états pathologiques voisins de la démence qui peuvent
supprimer la responsabilité pénale dans la mesure où ils font disparaître le discernement et la
volonté. Il faut préciser que la détermination de l’état de démence est une question de fait
apprécié souverainement par les juges de fond : ils ont néanmoins le devoir de faire appel aux
médecins experts.
Ainsi généralement l’ivresse ne constitue une cause d’irresponsabilité que lorsqu’elle est
accidentelle (le délinquant s’est enivré avec une boisson dont il ignorait la nature). L’ivresse
peut être une circonstance aggravante, exemple du délinquant qui s’est enivré pour se donner
du courage.

B. LA DÉMENCE TEMPORAIRE AUX FAITS (AU MOMENT DE L’ACTION)


Si la démence de l’agent au moment des faits est établie, celui-ci n’encourt aucune
responsabilité pénale. Il est cependant responsable si l’infraction est commise dans un
intervalle de lucidité. La démence antérieure aux faits est une cause d’atténuation de la
responsabilité. Lorsqu’elle est postérieure, il faut distinguer deux cas :
Elle intervient avant le jugement, le dément ne peut être jugé ni condamné ; Elle intervient
après le jugement, elle constitue un obstacle à l’exécution des peines.

§2. LA CONTRAINTE : L’ABSENCE DE LIBERTÉ


C’est une cause psychologique qui enlève toute liberté à la volonté. Sans une volonté, il n’est
plus qu’un instrument passif (art. 27 CPT). On distingue la contrainte physique qui pèse sur
le corps de l’individu et la contrainte morale qui s’exerce sur la volonté de l’agent.

A. LA CONTRAINTE PHYSIQUE
Elle peut résulter d’un évènement externe ou interne. La contrainte physique externe est
celle qui s’exerce sur l’individu soit par une force brutale de la nature, soit par le fait d’une
tierce personne : on lui tient la main.
La contrainte physique interne est celle qui résulte d’une cause inhérente à la personne
même du délinquant (n’est pas admise dans tous les cas). Exemple du voyageur qui sous l’effet
d’une grande fatigue s’endort et dépasse la station pour laquelle il avait pris son billet. On
prend en considération la grande distance et la grande fatigue.

B. LA CONTRAINTE MORALE : INTERNE ET EXTERNE


La contrainte morale externe : l’agent a agi sous la menace d’un tiers entraînant violence.
La contrainte morale interne : elle a sa source dans la personne même de l’auteur. Elle
suppose que la conduite de l’agent ait été édictée par l’état maladif ou passionnel : la haine, la
colère etc…

62
Elle n’est pas retenue comme cause d’irresponsabilité pénale. Pour toutes les formes de
contraintes, la jurisprudence exige qu’elle ait été irrésistible c'est à dire indépendante de la
volonté humaine et imprévisible. Ce qui l’assimile pratiquement à la force majeure en droit. Il
faut ensuite que la contrainte ne soit pas précédée d’une faute antérieure, exemple de l’ivresse.

§3. L’ERREUR
L’erreur commise par un délinquant peut elle supprimer sa responsabilité pénale ? La règle
c’est que nul n’est censé ignoré la loi et constitue un obstacle à cette irresponsabilité (Art. 28
CPT). La doctrine distingue l’erreur de droit (A) de l’erreur de fait (B).

A. L’ERREUR DE DROIT : L’ABSENCE DE CONNAISSANCE


Elle consiste dans l’ignorance de la loi. Aucun citoyen ne peut prétendre ignorer la loi de
bonne foi.
La jurisprudence française a toujours refusé d’admettre l’erreur de droit comme cause
d’irresponsabilité. Selon elle, « l’erreur n’est ni un fait justificatif ni une excuse, l’ignorance
alléguée étant sans influence sur l’intention coupable ».
L’art 122-3 NCPF institue l’erreur de droit comme cause d’irresponsabilité ; pour en
bénéficier, l’auteur de l’infraction devra établir qu’il n’était pas en mesure d’éviter cette erreur
autrement dit que l’erreur était invincible.

B. L’ERREUR DE FAIT
C’est la méprise de l’agent sur la matérialité de l’acte. Exemple il a confondu les personnes.
Il a pris le véhicule d’un tiers pour le sien.
Elle porte sur l’une des circonstances de l’infraction. Elle n’est admise que partiellement
par la jurisprudence : ceci uniquement pour les infractions intentionnelles. L’erreur de fait
laisse subsister la culpabilité en cas d’infractions non intentionnelles. Ainsi l’agent qui tue un
individu croyant tirer sur un animal est coupable d’homicide involontaire et non de meurtre.
Dans les infractions intentionnelles, l’erreur exclut la responsabilité pénale lorsqu’elle porte sur
une condition préalable de l’infraction ou sur l’un de ses éléments constitutifs.
S’agissant des infractions qui ne requièrent qu’une faute d’imprudence ou de négligence,
l’erreur de fait non invincible c'est à dire par hypothèse fautive, ne peut avoir aucune efficacité.
Cette erreur est impardonnable car loin d’excuser la faute, elle démontre cette faute.
Le chasseur qui blesse une personne en nettoyant son fusil qu’il croyait déchargé ne peut
s’abriter derrière cette erreur puisqu’elle révèle sa négligence.

§4. LA MINORITÉ
Aux termes de l’article 35 al 1er CPT « Les enfants âgés de moins de quatorze (14) ans ne sont
pas pénalement responsables ». Ce qui signifie qu’en dessous de 14 ans aucun mineur ne pourra
être condamné pénalement. Il est incapable pénalement. Entre 14 et 18 ans ; la responsabilité
n’est pas absolue. Il y a une présomption simple d’irresponsabilité pénale. Le mineur de 18
ans est passible de sanctions pénales.

63
TABLE DES MATIÈRES
BIBLIOGRAPHIE ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 3

PREMIÈRE PARTIE. PRÉSENTATION DU DROIT PÉNAL ----------------------------------------- 4


CHAPITRE I. L’OBJET DU DROIT PÉNAL ET DES SCIENCES CRIMINELLES ------------------------------- 4
Section I. Définition du droit pénal ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 5
§ 1. L’objet du droit pénal ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 5
§2. Les fonctions du droit pénal. ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 6
A. La fonction répressive --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 6
B. La fonction utilitaire ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 6
C. La fonction resocialisante ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 6
Section II. Le domaine du droit pénal ------------------------------------------------------------------------------------------------- 7
§1. Les caractères du droit pénal ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 7
A. Le droit pénal est autonome --------------------------------------------------------------------------------------------------- 7
B. Le droit pénal est évolutif ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 8
§2. Les branches du droit pénal ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 8
A. Le droit pénal substantiel ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 9
B. Le droit pénal processuel ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 9
C. Les disciplines criminelles spécialisées --------------------------------------------------------------------------------------- 9
D. La dimension internationale du droit pénal --------------------------------------------------------------------------------- 9
D. L’extension du champ de recherches ---------------------------------------------------------------------------------------- 10
Chapitre II. Le fondement historique de la législation pénale : les doctrines pénales --------------------------- 10
Section. L’évolution des idées pénales ------------------------------------------------------------------------------------------------- 11
§1. La philosophie des Lumières --------------------------------------------------------------------------------------------------- 11
§2. L’école néoclassique -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 12
§3. L’école positiviste ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 12
§4. La doctrine de la défense sociale nouvelle ------------------------------------------------------------------------------------ 13
Chapitre III. Le principe de la légalité et l’application de la loi pénale ------------------------------------------ 14
Section I. Le principe de la légalité ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 14
§1. Les justifications du principe --------------------------------------------------------------------------------------------------- 15
A. Les raisons ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 15
B. Le contenu ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 15
§2. La force actuelle du principe de la légalité ------------------------------------------------------------------------------------ 15
A. La loi, source indiscutée du droit pénal ------------------------------------------------------------------------------------- 15
B. Les autres sources du droit pénal --------------------------------------------------------------------------------------------- 15
1. Les actes du pouvoir exécutif : les règlements --------------------------------------------------------------------------- 16
2. Les traités et accords internationaux -------------------------------------------------------------------------------------- 16
3. La jurisprudence ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 16
Section II. L’application de la loi pénale ---------------------------------------------------------------------------------------------- 16
§1. L’application de la loi pénale dans le temps ---------------------------------------------------------------------------------- 16
A. Les lois pénales de fond ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 17
1. La non rétroactivité des lois pénales de fond ---------------------------------------------------------------------------- 17
2. La rétroactivité des lois pénales plus douces et des lois interprétatives ---------------------------------------------- 17
B. Les lois pénales de forme ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 17
1. Les lois sur les prescriptions ----------------------------------------------------------------------------------------------- 17
2. Les lois relatives à la procédure pénale ----------------------------------------------------------------------------------- 18
3 Les lois d’organisation judiciaire et de compétence --------------------------------------------------------------------- 18
§2. L’application de la loi pénale dans l’espace ----------------------------------------------------------------------------------- 18
A. La territorialité de la loi pénale ---------------------------------------------------------------------------------------------- 18
B. Le recul de la territorialité ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 19
§3. L’application stricte de la loi pénale par le juge ------------------------------------------------------------------------------ 19
A. Le domaine du principe de l’interprétation stricte ------------------------------------------------------------------------ 19
B. La portée du principe de l’interprétation stricte de la loi ----------------------------------------------------------------- 20
1. La loi est obscure ou de portée douteuse --------------------------------------------------------------------------------- 20
2. Le texte est clair ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 20
a. L’application aux seules hypothèses prévues : principe et exceptions --------------------------------------------- 20
b. L’application à toutes les hypothèses prévues ------------------------------------------------------------------------ 21

PARTIE II. L’INFRACTION ----------------------------------------------------------------------------------- 22


Chapitre I. Classification des infractions --------------------------------------------------------------------------- 23
Section I. Classification principale ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 23
§1. La classification tripartite ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 23

64
§2. Intérêt de la distinction ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- 24
A. Les intérêts à l’égard des règles de fond ------------------------------------------------------------------------------------- 24
1. Sur les incriminations ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 24
2. Sur les peines ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 24
B. Les intérêts à l’égard des règles de forme ----------------------------------------------------------------------------------- 24
Section II. La classification secondaire ------------------------------------------------------------------------------------------------ 25
§1. Les infractions politiques -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 25
§2. Les infractions militaires -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 26
§3. Les infractions fiscales ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 26
A. Les sanctions applicables aux infractions fiscales -------------------------------------------------------------------------- 26
B. Procédures fiscales ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 26
Chapitre II. Les éléments de l’infraction ---------------------------------------------------------------------------- 27
Section I. L’élément matériel ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 27
§1. L’acte ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 27
A. L’exigence de l’acte ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 28
B. L’acte positif et l’acte négatif ------------------------------------------------------------------------------------------------- 28
1. La commission par omission ---------------------------------------------------------------------------------------------- 28
2. Les infractions de pure omission ------------------------------------------------------------------------------------------ 28
§2. Les modes de réalisation de l’acte ---------------------------------------------------------------------------------------------- 28
A. Le nombre d’actes -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 28
1. Les infractions simples, complexes et les infractions d’habitude ---------------------------------------------------- 29
2. Intérêts de la distinction -------------------------------------------------------------------------------------------------- 29
A. La durée des agissements ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 29
1. Les infractions instantanées, permanentes et continues -------------------------------------------------------------- 29
2. Les intérêts de la distinction ----------------------------------------------------------------------------------------------- 29
§3. Le résultat ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 30
A. L’exigence du résultat, l’infraction matérielle ------------------------------------------------------------------------------ 30
B. La tentative ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 30
1. Le commencement de l’exécution --------------------------------------------------------------------------------------- 31
2. L’absence de désistement volontaire : l’interruption involontaire --------------------------------------------------- 31
a. Le caractère volontaire ou involontaire du désistement ------------------------------------------------------------- 31
b. Un désistement antérieur à l’infraction ------------------------------------------------------------------------------- 31
Section II. L’élément moral ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 32
§1. L’intention criminelle ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 32
A. La notion de dol général ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 32
1. La définition ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 32
2. La preuve du dol général --------------------------------------------------------------------------------------------------- 32
B. La différence entre le dol et le mobile --------------------------------------------------------------------------------------- 33
1. Le principe ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 33
2. Les exceptions au principe de l’indifférence du mobile ---------------------------------------------------------------- 33
§2. Le dol spécial ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 34
A. La notion de dol spécial ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 34
B. Les différentes formes de dol spécial ---------------------------------------------------------------------------------------- 34
1. Le dol simple, le dol aggravé ----------------------------------------------------------------------------------------------- 34
2. Les différentes autres formes de dol spécial ----------------------------------------------------------------------------- 35
§3. L’élément moral dans les infractions non intentionnelles : La faute pénale --------------------------------------------- 35
A. La faute d’imprudence -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 35
B. La faute contraventionnelle ------------------------------------------------------------------------------------------------- 35
Partie III. La sanction pénale ---------------------------------------------------------------------------------------- 36
Section I : Caractères de la peine ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 36
§1. Le caractère afflictif -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 36
§2. Le caractère infamant ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 37
§3. Le caractère déterminé ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 37
§4. Le caractère définitif ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 37
Section II. Les mesures de sûreté ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 37
§1. Absence de coloration morale -------------------------------------------------------------------------------------------------- 37
§2. La durée indéterminée ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 38
§3. Le caractère révisable ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 38
§4. La non remise en cause ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- 38
Section III. Les principes directeurs de la détermination et du régime des peines ---------------------------------------------- 38
§1. Le principe de la légalité des délits et des peines ----------------------------------------------------------------------------- 38
§2. Le principe de subjectivité ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 38
Chapitre 1er. Les sanctions prévues par la loi ----------------------------------------------------------------------- 40

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Section préliminaire. Les classifications juridiques des peines --------------------------------------------------------------------- 40
§1. La distinction des peines principales des autres ------------------------------------------------------------------------------ 40
§2. La distinction des peines criminelles, correctionnelles et de police ------------------------------------------------------- 41
§3. La distinction des peines politiques et de droit commun ------------------------------------------------------------------- 41
Section I. Les atteintes à la personne -------------------------------------------------------------------------------------------------- 42
§1. Les atteintes corporelles --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 42
§2. Les atteintes à la liberté individuelle ------------------------------------------------------------------------------------------- 42
A. Les peines privatives de liberté ----------------------------------------------------------------------------------------------- 42
B. Les peines restrictives de liberté ---------------------------------------------------------------------------------------------- 42
1. Le travail d’intérêt général ------------------------------------------------------------------------------------------------ 42
2. L’accomplissement d’une prestation en nature ------------------------------------------------------------------------ 43
Section II. Les atteintes au patrimoine ------------------------------------------------------------------------------------------------ 43
§1. L’amende -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 43
A. Le domaine --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 43
A. Le montant --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 43
§2. La confiscation -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 43
A. La confiscation générale ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 44
B. La confiscation mobilière ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 44
§3. La fermeture d’établissement --------------------------------------------------------------------------------------------------- 44
Section III. Les atteintes aux droits ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 44
§1. La déchéance civique ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 44
§2. L’interdiction des droits --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 44
§3. L’incapacité juridique ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 44
Chapitre II. La sanction appliquée à l’individu ------------------------------------------------------------------- 45
Section I. La détermination de la sanction ------------------------------------------------------------------------------------------- 45
§1. L’indulgence quant à la peine --------------------------------------------------------------------------------------------------- 45
A. L’indulgence du législateur --------------------------------------------------------------------------------------------------- 45
1. Les excuses légales ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 46
a. Les excuses absolutoires ------------------------------------------------------------------------------------------------- 46
b. Les excuses atténuantes ------------------------------------------------------------------------------------------------- 46
2. Les immunités --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 46
B. L’indulgence du juge ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 47
1. Les circonstances atténuantes ---------------------------------------------------------------------------------------------- 47
2. La dispense de peine -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 47
§3. L’aggravation de la peine -------------------------------------------------------------------------------------------------------- 47
A. Les circonstances aggravantes ------------------------------------------------------------------------------------------------ 48
B. La récidive ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 48
1. Les conditions de la récidive ----------------------------------------------------------------------------------------------- 48
2. Les formes -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 48
3. Les effets ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 48
§3. Le cumul d’infractions : confusion des peines -------------------------------------------------------------------------------- 48
Section II. L’exécution de la sanction ------------------------------------------------------------------------------------------------- 49
§1. La suspension de la sanction ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 49
A. La libération conditionnelle -------------------------------------------------------------------------------------------------- 49
B. Le sursis ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 49
§2. L’extinction des sanctions ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 50
A. La grâce ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 50
B. L’amnistie ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 50
C. La réhabilitation --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 50
D. La prescription ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 50
Partie IV. La responsabilité pénale ---------------------------------------------------------------------------------- 51
Chapitre 1er. Les personnes pénalement responsables -------------------------------------------------------------- 52
Section I. La personne physique pénalement responsable -------------------------------------------------------------------------- 52
§1. L’auteur principal ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 52
A. Le principe de la responsabilité personnelle -------------------------------------------------------------------------------- 52
1. L’auteur matériel ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 52
2. L’auteur moral --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 53
B. La responsabilité pour le fait d’autrui --------------------------------------------------------------------------------------- 53
§2. Le complice ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 53
A. Les conditions de la complicité punissable --------------------------------------------------------------------------------- 54
1. La nécessité d’une infraction principale punissable --------------------------------------------------------------------- 54
2. La nécessité d’un acte de complicité -------------------------------------------------------------------------------------- 54
a. L’élément matériel de la complicité ----------------------------------------------------------------------------------- 54

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L’aide et assistance ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 54
La provocation ----------------------------------------------------------------------------------------------------------- 54
La complicité par instruction ------------------------------------------------------------------------------------------ 54
b. L’élément moral ---------------------------------------------------------------------------------------------------------- 55
B. La répression de la complicité ------------------------------------------------------------------------------------------------ 55
Section II. La responsabilité des personnes morales -------------------------------------------------------------------------------- 56
Chapitre II. Les causes d’irresponsabilité ou d’atténuation de la responsabilité pénale ------------------------- 57
Section I. Les causes objectives --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 57
§1. La légitime défense --------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 57
A. Les conditions de la légitime défense --------------------------------------------------------------------------------------- 57
1. L’attaque ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 58
Le caractère actuel ou imminent de l’attaque ------------------------------------------------------------------------ 58
Le caractère injuste de l’attaque ---------------------------------------------------------------------------------------- 58
L’objet de l’attaque ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 58
2. La riposte --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 58
Le caractère nécessaire -------------------------------------------------------------------------------------------------- 58
Le caractère proportionné de la riposte à l’attaque ------------------------------------------------------------------ 58
B. La charge de la preuve de la légitime défense ------------------------------------------------------------------------------ 59
§2. L’état de nécessité ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 59
A. La situation de nécessité ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 59
1. Le danger --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 59
2. La possibilité d’un choix ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 60
3. L’infraction nécessaire ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 60
§3. L’ordre de la loi ou de l’autorité légitime -------------------------------------------------------------------------------------- 60
§4. Le consentement de la victime ------------------------------------------------------------------------------------------------- 61
Section II. Les causes subjectives ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 61
§1. L’altération des facultés mentales ---------------------------------------------------------------------------------------------- 61
A. L’état de démence -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 62
B. La démence temporaire aux faits (au moment de l’action) --------------------------------------------------------------- 62
§2. La contrainte : l’absence de liberté --------------------------------------------------------------------------------------------- 62
A. La contrainte physique ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 62
B. La contrainte morale : interne et externe ---------------------------------------------------------------------------------- 62
§3. L’erreur ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 63
A. L’erreur de droit : l’absence de connaissance ------------------------------------------------------------------------------- 63
B. L’erreur de fait ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 63
§4. La minorité ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 63

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